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Degaucheàdroite,lesabominablescartouchesrégle- mentaires73et73/90concoctéesparleComitéde l'Artillerie .Adroite,lavéritablecartouchecorrespon- dantàl'alésagedechambredu73établipar M .Delvigne,reconstituéeparl'auteur . 1 HISTOIREDESARMES ARMESDEPO1NG Lacartouchedurevolver1873constitue unfiascomonumental .Encesannées 1877,laMarineprotestecontre lesineptiesducomitédel'Artilleriemais elleestminoritairedansleprogramme . Ellegardesaproprecartouchetroisfois pluspuissanteetdéfinitsonpropre chambrage73M . Evaluation balistique du1873 (2epartie) C urieusementle1873n'estpas foréencotemétriquemaispos- sèdegénéralementuncanonrayé à452ou453encoteaméricaine,soit11,48 à11,51mmàfondderayure .Ontrouveoc- casionnellementdescanonsjusque455,ce quin'estpasfavorableautirdeprécision . Tousles45américainssontrayésà16 poucespartour,soit40cm .Lepasderayu- redu73mesureenviron35cm,cequiest correctetluipermetdeguiderdesballes longuesetlourdessinécessaire .Lefaitque CI a

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De gauche à droite, les abominables cartouches régle-mentaires 73 et 73/90 concoctées par le Comité del'Artillerie . A droite, la véritable cartouche correspon-dant à l'alésage de chambre du 73 établi parM. Delvigne, reconstituée par l'auteur .

1

HISTOIRE DES ARMESA R M E S D E P O 1 N G

La cartouche du revolver 1873 constitueun fiasco monumental. En ces années1877, la Marine proteste contreles inepties du comité de l'Artillerie maiselle est minoritaire dans le programme.Elle garde sa propre cartouche trois foisplus puissante et définit son proprechambrage 73 M.

Evaluationbalistique

du 1873 (2e partie)

C urieusement le 1873 n'est pasforé en cote métrique mais pos-sède généralement un canon rayé

à 452 ou 453 en cote américaine, soit 11,48à 11,51 mm à fond de rayure . On trouve oc-casionnellement des canons jusque 455, cequi n'est pas favorable au tir de précision .Tous les 45 américains sont rayés à 16pouces par tour, soit 40 cm . Le pas de rayu-re du 73 mesure environ 35 cm, ce qui estcorrect et lui permet de guider des balleslongues et lourdes si nécessaire . Le fait que

CI a

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les

rayurestournent en sensinverse du 45américain est sansconséquence. Le ca-non est doté de 4 rayures très larges et pro-fondes et totalement atypiques . Le haut derayure est plus large (5 mm) que le fondcreux (4 mm). La profondeur de rayure estun respectable 25/100 mm. Le forcementde la balle va donc être important et il neviendra j'espère à l'idée de personne de ti-rer autre chose que du plomb . Les balles se-ront au maximum en alliage Lyman n° 2demi-dur . Le haut de rayure détermine undiamètre vers 11,05 mm, le creux de rayu-re étant vers 11,50 selon le forage du ca-non. J'ai trouvé que plus la balle est lourde,plus ce canon est précis . Avec cette étran-ge rayure et la balle ronde de 230 grains, laprécision devient fabuleuse .

Le jeu entrecanon et barillet sera

vérifié périodiquement .La cale d'épaisseur de 30/100

pas passer, la cote idéale étantne doit20/100 .

Les sorties du barillet sont plus serrées quele canon, entre 449 et 450 soit 11,40 à11,43 en moyenne . Cette disposition est àl'origine de quelques problèmes de rechar-gement du 1873 . Le recalibrage d'une bal-le à 449 est hors standard et difficile . On nesavait probablement pas à l'époque que labalistique est optimale lorsque la sortie ba-rillet a un diamètre égal ou supérieur de3/100 au diamètre du canon à fond derayure, c'est-à-dire 453 ou 454 (Voir le nu-méro de Cibles d'août 98 Anatomie du re-volver) .

1-lo

" 1A droite le barillet du Remington 1863 Army à percussion qui permet de charger jusqu'à 35 grainsde P .N . derrière la balle de 183 grains . Les cartouches de gauche à droite : la 45 ACP target avecballe SWC 200 grains sur étui de 22,8 mm qui nous sert de référence technique pour comparaison.Ensuite la cartouche sur étui de 22 mm à bourrelet pour laquelle le revolver 73 a été chambrépar M . Delvigne, reconstituée par l'auteur . Au centre la stupide cartouche "73 De Guerre" surétui de 17,4 mm . Elle délivre le tiers de la puissance du Remington et le quart de celle du Colt .Ensuite comparaison des étuis Delvigne et réglementaire Artillerie . A l'extrême droite, la car-touche optimale sur étui de 24 mm que je suis en train de recalculer . Elle aurait pu voir le jouren 1890 au lieu de la stupide 73/90 . Mon ami Larry Smith de Cheyenne, Wyoming, est en traind'aléser pour moi un barillet et va faire les chronométrages à 800 bars . Nous espérons 240 m/s avecla balle SWC 200 grains .

La canonnerie du 73 est atypique comparée à celle du1911 45 ACP d'aujourd'hui . Les quatre rayures sont trèslarges et profondes pour guider la balle en plomb mou .Le creux en est plus large que le saillant sur l'empreinte .Il est hors de question de tirer autre chose que du plombavec un pareil forcement. A droite, les six rayures du Colt45 ACP avec canon civil custom . Les pas de rayures sontvoisins .

Une abomination ∎

Visiblement le concepteur de la cartouchen'avait ni la compétence de base ni l'expé-rience du combat rapproché . Les erreursénormes sautent aux yeux les plus candides .La cartouche 73 contient 11 grains de P .N .propulsant une balle de 172 grains à130 m/s, vitesse qui montera à 180 m/s dansla cartouche 73/90 . L'idée de tirer sur un ca-valier ennemi au galop une balle 1873 à130 m/s est saugrenue ou demande unebonne dose d'inconscience . Toute person-ne qui a rechargé un revolver à percussionen 44/45 genre Remington 1858 Army saitque la charge de 11 grains ou 0,7 grammede P .N . est ridicule et même comique à lacible comme à la guerre . En 1873, tout lemonde avait vu et utilisé le Remington im-porté à la hâte des Etats-Unis trois ans au-paravant . A percussion ou à cartouche, celane change rien et les données de charge-ment de P .N . en calibre 45 sont immuables .La qualité de la P .N . fine peut faire varier les

chiffres de 10 % tout auplus :

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Chargement du revolver à percussion Remington 1863 Army en cal .45

En chargement de combat, ces revolvers an-ciens à percussion dépassent facilement les30 kilogrammètres qui constituent le seuild'énergie acceptable du revolver de guerre .Avec 183 grains, la balle ogivale duRemington constitue une charge de combatcorrecte et une densité de section en des-sous de laquelle il ne faut pas descendre . Aupassage on note que l'on obtient grossomodo 1 kilogrammètre d'énergie par grainUS de P .N . et que ce rendement énergétiqueaugmente rapidement avec les balleslourdes. Même les sourds et les aveugles sa-vaient tout cela en 1873 .Comparons maintenant le 73 à ses rivauxd'alors et au 45 ACP qui va nous servir deréférence technique :

Comparaison des armesde référence en 45

Si l'on étudie le tableau ci-dessus, il y a clai-rement un problème accablant, le couplearme-cartouche français se situant au quartde la puissance de ses concurrents . Cela n'apas empêché l'Etat-Major de dormir . LesFrançais qui ne sont pas tous des ânes ne sesont pas interrogés sur l'écrasante différen-ce avec notre cartouche Marine du 73M .Pour situer les choses, le calibre 45 nationalse situe en puissance à 10 kg .m et au niveaudu 6,35 auto, avec une pénétration quasi-nulle . Il faut attendre 17 ans la très médiocrecartouche 73/90 pour obtenir 17 kg .m . Ellese situe encore en dessous du 7,65 auto etelle est toujours montée sur l'étui court de17,4 mm avec des contorsions byzantinesde fabrication et de chambrage. Cette der-nière cartouche est encore très loin du ni-veau militaire minimal et elle ne pourra ja-mais abattre ni le cuirassier à cheval, ni in-fliger au cheval une blessure incapacitante,

sa mission essentielle pourtant . La démons-tration faite par la Marine avec sa cartouchede 1877 produisant 30 kg .m est superbe-ment ignorée .La configuration du revolver n'est pas en cau-se . Le barillet 73 mesure 34,5 mm de long,une longueur tout à fait convenable en 45 .Les très redoutables revolvers Webley 455Mark 1 à Mark VI disposent d'un barillet de37 mm de long, ce qui situe notre 73 dansune norme très honnête . Trente ans plus tardla cartouche de 45 ACP mesurera 32,4 mmhors tout, indiquant que le gabarit méca-nique et balistique du 73 est correct et enavance sur l'époque . La longueur de quatrepouces et demi du canon ne pénalise pas labalistique. Le choix du calibre 452 s'aligne

sur les Anglo-saxons et jusque-là les choixsont judicieux . Mais le dessin de la cartouchedans cet alésage est lamentable . La munitiona mauvaise allure et ressemble à une grossebosquette de tir de foire . Le marquage duculot indique sans complexe "73 Guerre" au

HISTOIRE DES ARMESA R M E 5 D E P O 1 N G

cas où il y aurait un doute sur la marchandise. La cartouche 1873 présente une longueurtotale de 29 mm et un étui très court de17,4 mm . L'étui n'occupe que la moitié dela chambre, comme s'il n'osait pas occuperla place qui lui est réservée . Le pauvre étui73 n'abrite au mieux que 11 grains depoudre noire. L'enfoncement de la balle ré-duit à 10 mm la hauteur utile de la chambreà poudre, une misère . Pourquoi cette confi-guration chétive et exiguë ? La balle d'origi-ne de 172 grains est tout aussi surprenante .Elle dépasse l'étui de 12 mm, étant de for-me inutilement allongée avec 15,5 mm delong . Elle semble avoir été fabriquée par ma-triçage à froid (swaging) avec un début debase creuse ou Minié dont je garantis l'inef-ficacité. Comme sur une 22 LR, la base de laballe est sous-calibrée au diamètre de10,6 mm pour ne pas faire apparaître la surépaisseur du cuivre qui la maintient sur unehauteur de 3,5 mm . Un sertissage latéral ap-proximatif qui n'est étanche ni à l'huile ni àl'eau tient le montage assemblé .Comparons la configuration 45 ACP bienconnue. Un rechargement target avec SWC200 grains coulée typique mesure 31 mmhors tout, dont 22,8 mm pour l'étui, une va-leur voisine du chambrage réel du 73 . L'étuidu 45 ACP est pris ici comme référence bienconnue de volume-pression-vitesse et de ga-barit . Cet étui à gorge chambrant sur la lèvreest mal adapté au revolver sans clip en demi-lune. Un étui genre 45 Auto-rim aurait faitun excellent choix de chambre . Ce gabaritbalistique du 45 ACP ou 45 Auto-rim

Le barillet 73 est correctement dimensionné avec34,3 mm de long. De gauche à droite : la cartouche73 de Guerre . L'étui de 22,8 mm de la cartouche45 ACP au centre pour comparaison . C'est à peuprès le gabarit pour lequel le revolver a été prévuet chambré par M . Delvigne. Ensuite la 45 Long Coltqui demande un barillet de 44 mm . A droite, un an-cien montage Paris-Sport proposé au rechargementil y a quelques années .

Spécifications 45 Percussion 73 français SAA 45 Colt 45 ACP

Remington 1863 Armée Terre Army 1911

Longueur barillet Utile 35 mm 34,5 mm 42 mm

Longueur d'étui 17,4 32,6 22,8

Longueur cartouche Equival.34 max 29,3 40,6 32,3

Poids balle grains 185 max 172 250 200 à 230

Poids P.N . grains 34 max 11 42 Nitreuse

Vitesse m/s 245 130 260 250

Energie kg .m 36 max . 10 56 49

Balle ronde 143 grains 2 grammes de P .N . V° = 260 m/s E°= 32 kg.mBalle ogivale 183 grains 2 grammes de P .N . V° = 245 m/s E°= 36 kg.m

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+ SWC plomb 200 grains eût été compa-tible du chambrage d'un barillet 73 sous ré-serve de limiter la pression vers 800 bars etla vitesse vers 230 m/s . Ce dimensionnementnous aurait produit 36 kilogrammètres sansforcer sur la pression . Les tables américainesdonnent les charges et pressions engendréespar cette référence 45 universelle au mêmecalibre que notre 73, une aide précieusepour notre étude . Et j'en ai tiré des milliersen chargement target au plomb sans pro-blème dans un barillet modifié par laRésistance . En fait, si l'on devait refaire l'étu-

de de la cartouche

de guerre aujourd'hui, j'opterais pour unalésage de barillet encore plus long destinéà un étui de 24 mm qui me paraît devoirproduire la puissance maximale avec unepression raisonnable dans un barillet de34,5 mm . Les calculs indiquent qu'on pour-rait atteindre 245 m/s et 40 kilogrammètres .Alors pourquoi ces choix débiles d'une car-touche bosquette à 10 kilogrammètres,même si la poudre noire limite un peula performance ?

∎ Vingt-cinq ans de service ∎

On aurait espéré un étui long on a gaspillé5 mm sur la longueur de la chambre à

7 2

CIBLES - 12/99

poudre . Rappelons que ces quelques milli-mètres perdus sur la chambre à poudre in-duisent une terrible différence d'énergie :on mesure 2 mm de différence de longueurd'étui entre la 9 Para et la 9 court, 1 mmavec le 9 Makarov et 3,4 mm entre le 38SPet le 357 . Chaque millimètre de longueurd'étui participe au potentiel balistique . Avecune balle trapue à méplat, on pouvait aug-menter l'étui à 22 mm de long sans réalé-sage, ce qu'a fait la Marine à peu de chosesprès . Avec réalésage et étui à 24 mm, il se-

rait resté encore 10 mm pour le nezde la balle, une configurationredoutable et puissante sansaugmenter lapression .

I A droite, la 73 d'origine avec sa balle à base creuse Minié complètement ratée qui allège bêtement une balledéjà trop légère . Il n'y a aucune chance d'expansion de la jupe creuse censée redonner du volume à une chambreà poudre trop petite . L'étui de 17,4 mm ne dégage que 10 mm de hauteur utile pour la poudre, balle sertie enplace . Ensuite la cartouche assemblée avec un joli travail de sertissage à la tenaille . . . On fait mieux au Pakistan .

Plus à gauche, la cartouche Delvigne reconstituée qui n'a jamais vu le jour, sur étui de 22 mm . C'est pour cettecartouche que l'alésage de chambre d'origine a été établi . A l'extrême gauche, la 45 ACP de référence, peudifférente de la précédente .

Réaléser à 24 mm les six chambres d'un ba-rillet 73 aurait pris 40 minutes d'un ouvrierde l'époque pour un coût très modeste. Lachambre à poudre aurait presque doublé devolume, l'énergie serait montée à plus de 30kg .m avec 24 grains de P .N . sous une ballede 200 grains. Un étui de 22 à 24 mm auraitégalement permis l'adaptation aux nouvellespoudres sans fumée, comme pour son cou-sin le Colt 45 S .A .A. Ces 5 mm perdus bê-tement par le dessin de la cartouche vontplomber la carrière du 1873 Terre . Maispourquoi cette obstination bornée duComité de l'Artillerie ?La Marine conservera mordicus la cartoucheGévelot dite 12 mm à étui long produisant

30 kilogrammètres et on la comprend . Lalittérature dit que le 73 Marine avait un alé-sage de barillet particulier . Je suis l'heureuxpropriétaire du 73 M n° 3609 de 1878 etj'ai mesuré des chambres et drageoirs tota-lement identiques à celles du 73 Terre . Ladifférence de mon spécimen réside dansl'alésage des sorties de barillet opportu-nément augmentées à 11,53 mm = .454",ce qui prouve que la Marine avait parfaite-ment identifié les erreurs de l'Artillerie . Maisil n'y a pas trace de reforage des chambrescomme onvoit générale-ment dansles cocu-

le

ments . En tout casla Marine avait correctement déduit trois élé-ments pour établir son propre chambrage73/77 :- Le diamètre de sortie barillet doit être ré-glé juste au-dessus du diamètre du canondu revolver . Avec un alésoir expansible de11 mm de base, il est possible de réaléser àla main un barillet Terre au standard Marineen cinq minutes .- La balle de l'Armée de terre est trop légè-re à 165 grains pour un rendement correctde la charge de P .N . La balle Marine pèse200 grains pour cette raison et pour une lé-talité correcte . Densité de section oblige .- L'étui Marine est plus long que l'étui typeArtillerie . La balle sertie se trouve correcte-ment logée après le rétreint dans l'alésagecylindrique de sortie barillet . La cartoucheoccupe toute la longueur utile du barillet .Et pourtant ces éléments évidents sanction-nés par un triplement des performances

4 .

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n'ont été pris en compte ni par le comité del'Artillerie, ni par l'industrie stéphanoise trèssuiviste en la matière . Le revolver 73 n'estjamais pris en défaut mais une vraie car-touche de guerre demande un étui de 22 à24 mm de long .L'étui de la nouvelle cartouche Terre 73/90restera désespérément identique et totale-ment inadapté à l'emploi de poudre sansfumée. Le chargement à la pyroxylée dansune chambre à poudre aussi réduite produitune impulsion brève et brutale sans donnerde propulsion efficace . Le revolver cassealors au niveau de son point faible, la bridesupérieure juste devant le cran de mire, cequi arrive encore dans nos stands de tir au-jourd'hui . La modernisation de la cartoucheest impossible sans allongement de l'étuiet/ou réalésage . Nous avons deux questionsfondamentales à clarifier .- Quelle est la vraie résistance de ce revol-ver à la pression ?- Pourquoi s'être obstiné à monter la car-touche sur un étui aussi ridiculement court ?

' La pression de serviceadmissible

Le revolver 73 est éprouvé à 600 bars, dit lafable, dans une ode à la gloire de l'armure-rie française . Je ne sais comment on mesu-rait alors la pression, mais l'horrible car-touche 73 ne génère pas plus de 500 bars .J'estime que le revolver est bien plus robus-te que cela et je conteste la limite de 600bars pour cinq bonnes raisons .- Un revolver 73 français (ou US) cassed'abord par rupture de la bride supérieure,ensuite plus rarement par explosion de lachambre du barillet . J'ai vu casser des brides

La robustesse du 73 ne peut pas être mise en cause. Lesdimensions généreuses compensent la qualité de l'acierde l'époque .

à la Bal 0 dans l'étui de 18 mm ce qui n'estguère surprenant, nous y reviendrons .Pourtant cette bride est robuste, avec unesection de 36 mm2 à son point faible de-vant le cran de mire . Un acier bas de gammes'étire puis rompt vers 70 kg/mm 2 . Ce quinous amène à une rupture à 2 500 kg, l'éti-rement commençant vers 1 700 kg . L'acierSchneider n'était pas un bas de gamme,mais un acier fondu au carbone d'une qua-lité encore utilisée aujourd'hui en méca-nique . Cet acier de bonne ténacité était pro-duit par décarburisation de la fonte auconvertisseur Bessemer . Une cartouche de45 a une surface de culot de 1,1 cm 2 et avecun chargement target modéré à 800 barselle exerce une traction de l'ordre de 900 kgsur la bride, un effort normal à la moitié dela force d'étirement .- L'épaisseur la plus mince de la paroi du ba-rillet à la périphérie est de 2,2 mm . Le canondu 1911 en 45 ACP travaille au doublejusque 1 400 bars avec une épaisseur moyen-ne de 1,9 mm . L'acier moderne du Colt est

HISTOIRE DES ARMESA R M E S D E P O 1 N G

La Marine se tient soigneusement à l'écart de ces aber-rations . Elle conserve son propre alésage et sa propre car-touche très respectable . Les revolvers Marine approchentde la perfection . Ils sont marqués 1873 M avec une ancresous l'anneau de calotte. Hélas, ils sont trop rares et tropchers pour sortir de la vitrine et se rendre au stand de tir .

Les tireurs utiliseront le 73 de base pour la cible .

meilleur, mais la géométrie même du barilletsans cannelure est plus favorable . D'ailleursla bride du 73 lâche bien avant le barillet encas de surpression . Le barillet évidé du mo-dèle officier de 74 est moins robuste . Pour letir, on préférera le 73 standard .- Le tir pendant la guerre de cartouches de45 militaires a constitué un test destructeurauquel des 73 ont survécu . L'épreuve estterrible car la balle blindée doit se forcerdans la profonde rayure pour plomb mou .Mais ce test limité à un niveau probable de1 200 bars conforte notre analyse d'une rup-ture totale vers 1 600 bars, avec pression detravail vers 800 bars .- Un point faible éventuel du barillet seraitl'encoche de verrouillage angulaire . Un ban-deau circulaire renforce l'arrière du barilletmais affaiblit la bride supérieure de la car-casse qui est évidée pour lui laisser passage .Une configuration en fait fragilisante et unepetite erreur qui limite la bride à 36 mm 2 .La construction des étuis modernes avec unebase en cuivre massive éloigne tout dangerde rupture sur l'encoche de verrouillage à lapression de 800 bars .- Le tir de milliers de cartouches à ballescoulées SWC 200 grains à 7 ou 800 bars surétui de 22 à 24 mm ne produit pas de fa-tigue de l'arme . D'après les tables US pour laballe en plomb SWC 200 grains, les char-gements classiques génèrent des vitesses de215 m/s à 600 bars et 245 m/s à 800 barsaux dimensions 45 ACP target . Sur étui al-

CIBLES - 1 7/ O

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HISTOIRE DES ARMESA R M E S D E P O/ N G

longé à 24 mm l'impulsion balistique aug-menterait et la pression baisserait encore .- Le seul point qui peut créer un souci c'estle cône d'entrée du canon à la jonction dubarillet . La paroi en est assez mince, quoiqueje n'aie jamais observé d'accident à ce ni-veau .Je serais très reconnaissant si un lecteur deCibles travaillant dans la métallurgie pouvaitpratiquer des tests Brinell sur l'acier du 73au niveau barillet, canon et carcasse . Cestests permettraient de compléter le dossiertechnique de cette arme qui le mérite bien .Contacter la rédaction de Cibles si quelqu'unsouhaite amener sa pierre à l'édifice .

Couloir de balle

111,42 ..-au calibre 45

M 11,51

Rétreint

dg

É ~`1

_ .

CHAMBRE

Le Colt 45 et après lui le 38 SP sans parlerdu 44 Spécial ont démarré leur carrière à laP .N . et ont survécu à la transition de lapoudre sans fumée . Le Colt 45 S .A.A .d'époque n'est pas plus robuste ni enmeilleur acier que notre 73, il supporte lamême pression .Le revolver est au-dessus de tout soupçon,mais l'ignorance des tireurs et rechargeursa produit des dégâts considérables . C'est lachambre à poudre minuscule de la car-touche 73 montée sur un étui trop court quiest à l'origine du problème français . Lachambre réduite est incapable d'assurer unepropulsion énergique en P .N. et elle va gé-

74 CIBLES 12/99

1873

nérer une onde de pression cassante avec lapoudre sans fumée .

Chambré pour∎ une puissante cartouche ∎

Aujourd'hui le 1873 ne va plus conquérir denouveaux territoires ni traverser les septmers . Il restera comme il est et nous ne vou-lons que redéfinir un chargement correctpour la cible et reposant pour l'arme dansson chambrage d'origine . Ce que j'ai vu iciou là ne me satisfait pas et je me méfie com-me de la peste des idées reçues . Je veux fai-re mes propres mesures .

Chambrage du revolver 1873

Dessins de chambre et de cartouche 1873 Terre et Marine. Les chambres de 1873 connaissent des dispersionsde plusieurs centièmes . A gauche du croquis, la chambre moyenne reconstituée . L'alésage est établi pour unétui de 22 mm de long, une excellente disposition prise par M . Delvigne . Un rétreint mène au passage cylin-drique de balle de diamètre 11,42 mm pour l'Armée de Terre . Pour la version marine M la sortie barillet est fortopportunément réalésée à 11,53 mm. Je n'ai pas les autres dimensions exactes de la chambre Marine sur monspécimen . Dans une cartouche moderne, l'épaisseur du cuivre tenant la balle augmente le diamètre de 5 à6/10 mm . Ici la cartouche est lisse et il faudra ruser avec la balle au rechargement . Le jeu fonctionnel chambre-cartouche est normalement de 2/10 mm dans les normes C .I .P . Au centre, la cartouche 73 Terre avec la balle àceinture de forcement surcalibrée à 11,60 mm . L'étui a été raccourci pour loger la balle plus bas que le rétreint,une configuration stupide et jamais vue ailleurs . Il y a forcement de la balle au franchissement du rétreint quimarque l'entrée du couloir cylindrique, une notion d'artillerie qui n'a rien à voir avec le revolver . Il s'agit véri-tablement d'une bosquette, plus courte et moins puissante que la cartouche nominale . La balle d'une cartouchenormale chambrée doit loger dans le couloir cylindrique de la sortie barillet, comme sur la cartouche Marine ettoutes les cartouches du monde . Le salut vient toujours des Etats-Unis . A droite l'étui 44-40 qui va sauver lamise pour refabriquer notre nouvelle cartouche modèle 73/2000 inspirée de la cartouche 77 Marine . L'épaisseurdu bourrelet devra être reprise de 6/10 pour une feuillure correcte .

Quelles sont les vraies mesures de la car-touche 73 et de l'alésage de chambre qui lareçoit ? La norme officielle a disparu ou bienelle est sous la poussière quelque part aumusée des Invalides. Il faut mesurer deséchantillons et spécimens, observer les dis-persions, faire une moyenne . Un travail debénédictin que j'ai fait pour vous . Mes re-volvers J 2910 de 1883 et H 8763 de 1879sont à l'état neuf . Les six cotes d'usinage dessix chambres sont toujours différentes dequelques centièmes, indiquant l'usure desoutils d'alésage ou leur changement encours d'usinage . Sans outils de coupe enacier au cobalt, c'était inévitable à l'époque .

Une grave erreur

Une chose est certaine : les concepteurs durevolver sont une équipe différente de cel-le de la cartouche . On reconnaît le coup depatte, l'excellence d'un côté et la nullité del'autre . On peut même affirmer qu'il n'yavait aucune coordination entre les deuxéquipes, car Monsieur Delvigne savait fortbien réaliser une cartouche et l'avait am-plement prouvé . Mais l'Artillerie s'était ré-servé la conception et j'ai un scoop à vouslivrer avec 130 ans de retard : la cartouche73 classique sur étui 17,4 mm ne corres-pond pas du tout au chambrage du revol-ver, pas plus que les rechargements qui voussont habituellement proposés aujourd'hui .Nous allons relever en détail la géométrie deschambres et celle de la cartouche, comme lefait la C .I .P . dans ses feuillets de spécifications .La chambre montre une partie légèrementconique de 22 mm de longueur puis un lé-ger rétreint . Au-delà on voit une partie cy-lindrique de longueur 12 mm au diamètre11,42 soit 449 à 450 selon les chambres . Lasortie de barillet est donc plus serrée que lecanon, ce qui n'était pas anormal àl'époque . Le barillet du 73 Marine a des sor-ties plus larges, vers 11,58 ce qui est unebonne chose . La chambre, après une entréeà 12,1 ou 12,2 mm, prend rapidement lacote de 12 mm. A 17 mm de profondeur onmesure 11,9 démontrant une conicité trèslégère facilitant l'extraction de l'étui . Il fautun bon éclairage pour voir le rétreint et desjauges cylindriques calibrées pour mesurerl'intérieur . La jauge constituée par une car-touche 45 ACP chargée mesurant 11,98 àla lèvre rentre au 1/3 de la chambre, mon-trant des inégalités de forage/alésage . Unétui vide recalibré à 11,85 pénètre aux deuxtiers . La balle plomb de 450 force un peudans le rétreint du 73 Terre .Cette conception du revolver n'est pas en dé-faut . Mais, divine surprise, c'est une chambrepour un étui de 22 mm et non pas de 18 mmcomme on nous l'a affirmé pendant six gé-nérations . La chambre définie par MonsieurDelvigne est clairement établie pour uneautre cartouche que celle de l'Artillerie . Lacartouche Marine est justement cette bellecartouche sur étui long . Bon sang, mais c'estbien sûr ! Cette cartouche aurait été à un ga-barit global voisin du 45 ACP ou plus exac-tement du 45 Auto-rim, son équivalent pourle revolver. Et avec 35 ans d'avance sur J .M .Browning . L'équipe Delvigne avait une visiontrès avancée pour l'époque .Pourquoi cette cartouche imbécile sur étui de17,4 mm, s'agit-il d'une compatibilité mon-tante comme le 38 SP pour le 357 Mag ? Non

Page 7: Evaluation balistique du 1873 - gbourrat.free.frgbourrat.free.fr/Cibl1873/cibles357-full.pdf · larges et profondes pour guider la balle en plomb mou. Le creux en est plus large que

point, il s'agit d'une grave erreur, une erreurde compréhension qui perdure aujourd'hui .

Képi galonné

,et crâne obtus

Tournons-nous encore vers la misérable car-touche 73 . L'étui mesure 11,90 de diamètreà la base et 11,60 en haut, ce qui assure unjeu fonctionnel correct dans la partie co-nique de chambre réservée à l'étui . Nous ar-rivons au problème et même au cauchemar .On découvre que la balle est surcalibrée à11,60 et ne peut donc pas entrer dans le ré-treint cylindrique à 11,42 mm censé la lo-ger au chambrage . Elle reste en retrait dansl'alésage réservé à l'étui, comme une bos-quette dans une chambre 22 LR .Il est courant de prévoir une ceinture d'étan-chéité/forcement surcalibrée sur un projec-tile, mais le forcement se fait dans le canon,jamais dans le rétreint d'un barillet . Organiserun forcement de la balle au départ à l'inté-rieur du barillet au niveau du rétreint est uneidée diabolique, jamais vue ailleurs . Et pour-tant notre artilleur, qui a oublié de laisser sonnom à l'Histoire, a tenu mordicus pour cetteerreur de conception qui perdure encore au-jourd'hui dans le rechargement . Pour pou-voir chambrer la cartouche sans problème,

E.S.P.

il a tout bonnement tronqué l'étui de 5 mmet redescendu la balle surcalibrée sous le ré-treint où elle aurait dû se loger . C'est doncune cartouche de tir réduit que l'on nous aservie. Avec une telle conception la ballen'avait plus besoin d'un sertissage très cos-taud et c'est pourquoi la cartouche res-semble à une grosse bosquette de foire ser-tie à la tenaille . Tant d'incompétence en képiconstitue un record pour le Guiness .Et voilà comment a été massacrée la carriè-re d'un excellent revolver dans l'indifférencesomnolente de l'Etat-Major, avec la compli-cité active de l'industrie stéphanoise et desmédias de l'époque . Le boycott de la Marineorganisé par l'Artillerie a permis d'étouffer lescandale de la cartouche . Personne n'a prisla peine d'analyser les raisons de la perfor-mance minable du couple arme-munition .Avec cette cartouche, le revolver ne corres-pond ni à un usage militaire, ni à la police, nià la défense, ni au sport . En Californie, un demes amis expert en armement utilisait un1873 comme presse-papier sur son bureau,convaincu que tout autre usage était exclu .Personne dans le commerce ou l'industrie n'apris la peine d'offrir l'option du chambrageMarine et de la puissante cartouche Gévelotqui aurait valorisé le revolver pour le marchécivil, l'export et les colonies sans coûter un

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Pour les collectionneursla cartouche Marine estdevenue carrémentintrouvable.

sou de recherche ou développement . Centtrente ans plus tard, les équipementiers pro-posent la même cartouche à étui court op-tant pour la tradition plutôt que pour l'or-thodoxie balistique . Ce revolver pouvait sor-tir 35 kilogrammètres en poudre noire et pro-bablement 40 kilogrammètres en poudresans fumée avec une cartouche sur étui longqui aurait été correctement réétudiée en1890, avec reprise d'alésage du barillet . Onreste confondu devant cette exception cul-turelle française et toutes ces occasions man-quées. Aujourd'hui les auteurs qui écriventsur le 1873 passent brièvement sur la genè-se et les performances de la cartouche et l'oncomprend pourquoi . Pour les collectionneurs,la cartouche Marine est devenue carrémentintrouvable . Tireurs, mes frères, ne désespé-rez pas, nous verrons bientôt comment noussortir de ce bourbier très franchouillard etnous définirons un rechargement que nousbaptiserons fièrement 1873/2000 .

John C . FROST

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