51
INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES Evaluation des patients amputés de membre inférieur unilatéraux appareillés : Comparaison du bilan Amputee Mobility Predictor avec le test de marche de six minutes. Etude de corrélation FANNY LE TALLEC Année scolaire 2012-2013

Evaluation des patients amputés de membre inférieur

  • Upload
    others

  • View
    5

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

INSTITUT DE FORMATION

EN MASSO-KINESITHERAPIE DE RENNES

Evaluation des patients amputés de membre

inférieur unilatéraux appareillés :

Comparaison du bilan Amputee Mobility Predictor

avec le test de marche de six minutes.

Etude de corrélation

FANNY LE TALLEC

Année scolaire 2012-2013

clarisse
Zone de texte
Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est illégale.
Page 2: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

Ministère de la Santé et des Sports

Région Bretagne

Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie de Rennes

Evaluation des patients amputés de membre

inférieur unilatéraux appareillés :

Comparaison du bilan Amputee Mobility Predictor

avec le test de marche de six minutes.

Travail personnel présenté par :

FANNY LE TALLEC

EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME D’ETAT DE MASSEUR-KINESITHERAPEUTE

Année scolaire 2012-2013

Page 3: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

REMERCIEMENTS :

Je souhaite tout d’abord remercier l’ensemble des patients ayant participé à l’étude,

pour leur gentillesse et leur disponibilité.

Pour leur aide précieuse dans la réalisation de ce travail écrit, je tiens également à

remercier:

- Mon directeur de mémoire,

- L’ensemble de l’équipe du service de Neurologie du centre de Perharidy à Roscoff (29),

- L’ensemble de l’équipe du service ABCRV du centre de Kerpape à Ploemeur (56),

- Le Centre Régional de Gériatrie de Chantepie (35), et plus particulièrement Monsieur

Stéphane Desbois,

- La société Össur®, et plus particulièrement Monsieur Philippe Troyon,

- La société Protéor® de Roscoff (29),

- L’équipe d’orthoprothésiste du centre de Kerpape, et plus particulièrement Monsieur

Nicolas Guillemot,

Enfin je remercie l’ensemble de mes camarades avec qui j’ai passé ces trois dernières

années, ainsi que ma famille pour m’avoir soutenu tout au long de mon parcours.

Page 4: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

SOMMAIRE

Introduction ........................................................................................................................ 1

I - Cadre théorique .......................................................................................................... 7

A - Amputation du membre inférieur .............................................................................. 7

1 - Epidémiologie .............................................................................................................. 7

2 - Causes et conséquences de l’amputation du membre inférieur ................................. 7

3 - Tests existants utilisés .................................................................................................. 9

4 - Remboursement et niveaux d’activités ..................................................................... 11

B - Le test de marche de six minutes ............................................................................. 12

1 - Matériel utilisé ............................................................................................................ 12

2 - Réalisation du test ...................................................................................................... 13

3 - Résultats attendus ...................................................................................................... 14

C - Le Bilan Amputee Mobility Predictor ....................................................................... 15

1 - Matériel utilisé ............................................................................................................ 15

2 - Déroulement du test ................................................................................................... 15

3 - Résultats attendus ...................................................................................................... 17

D - Problématique ............................................................................................................. 18

II - Etude .............................................................................................................................. 19

A - Méthode ....................................................................................................................... 19

1 - Choix des patients ....................................................................................................... 19

2 - Tests effectués ............................................................................................................ 21

3 - Corrélation .................................................................................................................. 21

Page 5: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

B - Résultats ........................................................................................................................ 22

C - Discussion ..................................................................................................................... 23

1 - Analyse des résultats obtenus.................................................................................... 23

2 - Identification des biais de l’étude .............................................................................. 24

3 - Discussion sur le bilan AMP ........................................................................................ 26

Conclusion .......................................................................................................................... 28

Bibliographie .................................................................................................................... 29

Annexes

ANNEXE 1 : Classification des niveaux d’activités .................................................................. I

ANNEXE 2 : Classification de Pohjolainen (1990) .................................................................. II

ANNEXE 3 : Les différents types de genoux prothétiques ................................................... III

ANNEXE 4 : Les différents types de pieds prothétiques ...................................................... IV

ANNEXE 5 : Echelle de Borg modifiée ................................................................................... V

ANNEXE 6 : Fiche de résultats .............................................................................................. VI

ANNEXE 7 : Fiche de résultats pour le bilan Amputee Mobility Predictor ......................... VII

ANNEXE 8 : Résultat d’un test de marche réalisé à Kerpape ............................................... IX

ANNEXE 9 : Résultats des tests de marche de six minutes

Tableau A : Résultats ......................................................................................................... X

Tableau B : Remarques ..................................................................................................... XI

Page 6: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

RéSUMé :

Lors d’un stage, un séminaire a été organisé afin de présenter le bilan Amputee

Mobility Predictor (AMP), développé en 2002 par GAILEY (USA), à une assemblée de

professionnels de santé. Suite à cela, nous avons recherché dans la littérature, quels étaient

les bilans réalisés en France chez les amputés de membre inférieur, parmi ceux-ci le test de

marche de six minutes est l’un des plus utilisés.

Ce travail est une étude expérimentale de corrélation, qui vise à comparer les

résultats du bilan Amputee Mobility Predictor avec ceux d’un test de marche de six minutes

réalisé chez des patients amputés de membre inférieur unilatéraux.

Trois centres de rééducation (CRG de Chantepie, Kerpape, Perharidy) ont participé à

l’élaboration de cette étude, et huit patients ont été retenus. Nous avons fait passer le bilan

AMP à ces patients (dont le score correspond à un niveau d’activité), puis un test de marche

de six minutes, à l’issue duquel le kinésithérapeute référent du patient lui attribuait un

niveau d’activité (prenant donc en compte la subjectivité du thérapeute). Les résultats de

ces deux tests ont ensuite été comparés pour chacun des patients, et mettent en évidence

une bonne corrélation pour l’échantillon étudié.

Le bilan AMP est validé aux Etats-Unis mais pas en France, or c’est un bilan spécifique

pour les amputés de membre inférieur, qui présente un intérêt majeur dans l’évaluation de

ces patients. La profession de masseur-kinésithérapeute tend vers l’Evidence Based Practice.

Actuellement, la prise en charge des prothèses est assurée en totalité par la sécurité sociale,

mais de plus en plus, celle-ci exige des bilans justifiant les remboursements, et il faut donc

des bilans qui soient fiables, valides, et reproductibles. L’AMP pourrait donc faire partie des

outils utilisables par les praticiens.

MOTS CLéS :

- Evaluation fonctionnelle des amputés de membre inférieur

- Amputee Mobility Predictor

- Test de marche de six minutes

- Amputation

- Pratique basée sur les données probantes

Page 7: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

ABSTRACT :

During an internship, a seminar was held to present the results Amputee Mobility

Predictor (AMP), developed in 2002 by GAILEY (USA), at a meeting of health professional.

Following this, we searched the literature, what were the assessments made in France in

lower limb amputees, among them the test of six-minute walk is one of the most used.

This work is an experimental study of correlation, which aims to compare the results

Amputee Mobility Predictor balance with those of a test conducted six-minute walk in

patients with unilateral lower limb amputees.

Three rehabilitation centers (CRG Chantepie Kerpape, Perharidy) participated in the

preparation of this study, eight patients were included. We increased the AMP to the

patients (whose score corresponds to a level of activity), then a six-minute walk test,

following which the referent of the patient's physical therapist assigned a level activity thus

taking into account the subjectivity of the therapist). The results of these tests were then

compared for each patient, and show a good correlation for the sample studied.

The AMP is validated in the United States but not in France, or it is a specific

assessment for lower limb amputees, which has a major interest in the evaluation of these

patients. The profession of physiotherapist tends to Evidence Based Practice. Currently

supported prostheses is provided entirely by social security, but increasingly, it requires

balance justifying reimbursement, and must therefore balance sheets that are reliable, valid,

and reproducible. AMP could be part of the tools used by practitioners.

KEY WORDS :

- Functionnal Evaluation of lower-limb amputee

- Amputee Mobility Predictor

- Six-minute walk test

- Amputation

- Evidence Based Practice

Page 8: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

1

INTRODUCTION

Lors d’un séminaire le 21 septembre 2012 au Pôle Saint-Hélier de Rennes, le bilan

américain « The Amputee Mobility Predictor » (dont l’abréviation est AMP) fut présenté à

une assemblée de médecins rééducateurs, masseur-kinésithérapeutes et orthoprothésistes.

Encore inconnu pour le plus grand nombre, ce bilan permet d’établir un score grâce à

21 items, évaluant l’équilibre assis et debout, ainsi que la marche chez les amputés de

membre inférieur unilatéraux ou bilatéraux. Il est réalisable avec ou sans appareillage, ce qui

présente l’intérêt de pouvoir évaluer le patient avant même la phase de prothétisation. Le

score obtenu lors de ce bilan se veut de correspondre à l’un des cinq niveaux d’activité de la

classification MFCL (Medicare Functional Classification Level, traduit de l’anglais en

ANNEXE 1) adoptée en 1995 par la HCFA (Health Care Financing Administration), c'est-à-dire

l’organisme qui gère les remboursements de santé aux Etats-Unis (GAILEY, 2002). La HCFA se

base sur le niveau d’activité attribué au patient pour effectuer le remboursement des

prothèses pour les personnes amputées du membre inférieur.

Actuellement aux Etats-Unis, l’attribution d’un niveau d’activité pour un patient amputé de

membre inférieur se fait en collaboration avec le médecin et le prothésiste, c’est donc une

évaluation très subjective.

En France, l’évaluation est également subjective. A ce jour, il n’existe pas de

classification spécifique pour les amputés de membre inférieur. Le choix d’une prothèse est

donc réalisé en collaboration avec le médecin de rééducation, l’orthoprothésiste et le

masseur-kinésithérapeute, en adéquation avec les attentes et le projet de vie du patient.

Seuls les appareillages haut de gamme, à savoir les genoux hybrides électroniques et les

pieds de classe III à restitution d’énergie font l’objet de critères spécifiques, liés

essentiellement à la marche (vitesse, périmètre, activités supérieures de marche), pour leur

attribution (Texte 56, 2009) ; tout comme les prothèses de sport ou de bain. Pour les autres

appareillages, la Sécurité Sociale assure l’ensemble de la prise en charge financière.

Lorsqu’un bilan est effectué pour un amputé, il s’agit relativement souvent du test de

marche de six minutes. Il n’existe pas de norme pour les sujets amputés, en revanche pour

les sujets sains, les normes sont calculées en fonction du sexe, de l’âge, du poids et de la

taille du sujet (ENRIGHT, 1998).

Page 9: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

2

Une recherche bibliographique a été menée, en recherchant dans un premier temps

des ouvrages papiers comportant des informations de base sur l’amputation et les

évaluations fonctionnelles des amputés de membre inférieur, puis des revues spécialisées

telles que Kiné La Revue ou les Annales de Réadaptation et de Médecine Physique.

Ensuite, des bases de données informatiques ont été interrogées, essentiellement PubMed

et PEDro, mais aussi Google® afin de chercher des articles correspondant au thème choisi.

Les mots clés utilisés étaient les suivants :

- Lower-limb amputee

- Functionnal evaluation

- Amputation

- Amputee mobility predictor

Enfin parmi les articles trouvés, certains comportaient de riches bibliographies qui ont été

examinées avec attention. Les titres précis des articles supposés intéressants ont été relevés

puis retranscrits dans Google® afin de les obtenir. La méthode de sélection d’un article

utilisée est celle de l’Agence Nationale de l’Accréditation et d’Evaluation en Santé (ANAES,

2000).

Les critères d’inclusions étaient les suivants :

- articles écrits ou traduits en langue française ou anglaise

- articles publiés après 1990

- articles accessibles gratuitement

- articles portant sur des patients amputés du membre inférieur

A l’heure actuelle l’AMP n’est pas validé en France, en revanche il a fait l’objet d’une

étude de validité et de fiabilité aux Etats-Unis (GAILEY, 2002). Cette étude, intitulée « The

Amputee Mobility Predictor : an instrument to assess determinants of the lower limb

amputee’s ability to ambulate », est d’ailleurs l’un des rare articles traitant de l’AMP, mais

réalisée par son créateur, la question de la crédibilité est soulevée.

L’auteur est parti du postulat qu’aucun test n’existait pour évaluer les capacités

fonctionnelles des amputés de membre inférieur. Il a donc cherché à créer un instrument qui

soit à la fois efficient et facilement réalisable en termes de temps et de matériel ; mais aussi

que celui-ci puisse guider la prescription prothétique, en fonction des niveaux d’activités

établis par la HCFA (Health Care Financing Administration) américaine.

Page 10: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

3

L’intérêt de l’AMP est qu’il peut être réalisé avant même le premier appareillage, et

une formule mathématique permettrait de prédire la distance au test de marche de six

minutes à partir du résultat du test réalisé sans prothèse (le résultat est alors noté

« AMPnoPRO »).

Par ailleurs, il est simple, rapide et requiert peu de matériel (deux chaises à accoudoirs, un

chronomètre, un petit objet comme un cône, un mètre-ruban, des barres parallèles et un

obstacle de 10 cm).

Figure 1 : Matériel nécessaire à la réalisation du bilan AMP

Le but de l’étude était de déterminer la fiabilité inter et intra-examinateur, de

construire la validité du test, de vérifier la corrélation entre l’AMP et les autres tests utilisés

et d’examiner la validité prédictive de l’AMP en déterminant une relation entre le résultat du

test réalisé sans prothèse (« AMPnoPRO ») et le test de marche de six minutes.

L’étude a porté sur 191 sujets, 167 pour l’étude de validité et 24 pour l’étude de

fiabilité. Les amputés bilatéraux ont été exclus de l’étude de validité. Les résultats obtenus

indiquent que l’AMP est fiable inter et intra-examinateur, que le test soit réalisé avec ou

sans prothèse, avec un intervalle de confiance compris entre 0,86 et 0,99. En ce qui

concerne la validité concourante, l’auteur a recherché des corrélations en calculant un

coefficient de corrélation « r » qui est compris entre 1 (corrélation parfaite) et -1 (corrélation

inversée). Les calculs montrent que l’AMP réalisé avec une prothèse serait plutôt bien

corrélé au test de marche de six minutes (réalisé objectivement, r = 0,82). En revanche, le

coefficient de corrélation entre l’AMP et l’âge ou l’indice de comorbidité est très faible

et négatif (respectivement r = - 0,56 et r = - 0,38).

Page 11: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

4

Enfin GAILEY (2002) a établi une formule de prédiction pour le test de marche de six

minutes en fonction du score obtenu lors du bilan AMP réalisé sans prothèse :

6-min dist = - 12,239 - 1,226(age) + 0,129(amp mo) + 7,956(AMPnoPRO) - 6,235(co. score).

Cette formule prend en compte l’âge du patient (âge), le nombre de mois depuis

l’amputation (amp mo), le score obtenu à l’AMP réalisé sans prothèse (AMPnoPRO), et le

score de comorbidité (co. score).

Cependant, lorsque cette formule est appliquée aux résultats obtenus par les patients

participant à l’étude, nous trouvons des résultats aberrants car certains donnent des

distances négatives. L’interrogation repose principalement sur le score de comorbidité : il est

précisé qu’une version du score de comorbidité de Charlson (DE DECKER, 2009) a été utilisée

(Melchiorre Comorbidity Scale), mais aucune information supplémentaire n’est apportée

dans l’article, et l’étude de la littérature n’a pas donné plus de résultat. Nous avons donc

contacté dans un premier temps la société Össur® qui a présenté ce bilan lors du séminaire,

mais elle ne dispose pas de plus d’informations à ce sujet ; puis dans un second temps nous

avons cherché à contacter l’auteur de l’article par email mais sans succès. Nous avons donc

choisi de ne pas utiliser cette formule, étant donné qu’il manquait des informations capitales

à sa compréhension.

Nous précisons que nous n’avons aucun conflit d’intérêt avec la société Össur®.

Outre-Atlantique, les physiothérapeutes utilisent essentiellement des outils et des

bilans validés, fiables, et reproductibles. La plupart des articles retrouvés dans la littérature

établissant la validité et la fiabilité des bilans sont d’ailleurs en langue anglaise. En France

également, les pratiques sont en train d’évoluer avec l’émergence de l’Evidence Based

Practice, c'est-à-dire la pratique basée sur les preuves (REGNAUX, 2009). Elle est dérivée de

l’Evidence Based Medicine (EBM), décrite dans les années 1980, que l’on traduit en français

par « médecine factuelle ». Les preuves découlent d’études ayant une méthodologie de

recherche bien conduite telles que des études randomisées, en double aveugle, ou des

méta-analyses. Différents niveaux de preuves peuvent être obtenus, et les gradations des

recommandations telles que celle de la Haute Autorité de Santé (HAS) sont issues de ces

données. Ainsi, les recommandations réalisées par la HAS permettent d’avoir des

référentiels pour l’évaluation et la pratique, dans la majeure partie des domaines médicaux

et paramédicaux.

Page 12: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

5

La décision clinique, au regard de l’Evidence Based Practice, se fait en trois phases :

tout d’abord en rassemblant les informations scientifiques données par la littérature, puis

elle prend en compte l’expérience clinique du praticien ainsi que le projet du patient. En

kinésithérapie, la démarche de soin comprend cinq étapes que sont l’anamnèse, le bilan

initial (évaluation), les objectifs de traitement, les moyens mis en œuvre et enfin le bilan

final (réévaluation). Dans ce modèle, l’Evidence Based Practice intervient à trois niveaux :

dans le choix des bilans (initiaux et finaux) et dans le choix des moyens mis en œuvre, au

regard des données probantes de la littérature, des souhaits du patients, ainsi que de

l’expérience clinique du thérapeute.

La réforme des études en masso-kinésithérapie, actuellement en discussion, se situe

dans cette ligne conductrice. En effet, une unité d’enseignement (U.E.) spécifique à la

méthodologie de recherche et d’analyse sera mise en place, incluant une formation aux

statistiques. Les nouveaux professionnels seront donc fortement sensibilisé à évaluer la

validité et la fiabilité des outils et bilans utilisés en kinésithérapie.

Lors de mes études à l’institut de formation en kinésithérapie de Rennes, l’Evidence

Based Practice était présentée dès la première année d’enseignement. Nous avons donc pu

développer un sens critique quant à la découverte de nouveaux outils, quels qu’ils soient, et

nous avons été fortement sensibilisés à la recherche de la fiabilité, de la validité et de la

reproductibilité des tests utilisés en toutes circonstances. Cependant, lors des stages en

centres de rééducation, ces notions sont peu connues et peu considérées. Les modèles

rééducatifs sont bien souvent fondés sur des connaissances provenant d’expériences

cliniques, et les méthodes basées sur l’autorité et les habitudes de la profession.

Ce travail écrit est une étude expérimentale, dont l’objectif est de comparer les

résultats obtenus lors du bilan AMP réalisé avec une prothèse (noté « AMPPRO ») avec les

résultats du test de marche de six minutes chez des patients amputés de membre inférieur

unilatéraux. Le critère pris en compte est l’attribution de niveaux d’activité, prenant ainsi en

compte le caractère subjectif de l’évaluation comme elle est réalisée le plus souvent à

l’heure actuelle.

Page 13: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

6

La problématique de recherche de ce mémoire est :

Les résultats du bilan « Amputee Mobility Predictor » validé aux Etats-Unis sont-ils

corrélés avec les résultats du test de marche de six minutes réalisé en France chez les

amputés de membre inférieur unilatéraux, lors de l’attribution de niveaux d’activité ?

L’hypothèse de départ est : « les résultats du bilan Amputee Mobility Predictor et ceux du

test de marche de six minutes sont corrélés. »

Dans un premier temps, nous aborderons le cadre théorique dans lequel s’inscrit ce

travail, où seront développés les principaux éléments de cette étude à savoir, l’amputation

de membre inférieur, le test de marche de six minutes ainsi que le bilan AMP. Dans un

second temps, nous développerons l’étude, c'est-à-dire la méthode employée, les résultats

obtenus et leur analyse, et nous terminerons par une discussion.

Page 14: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

7

I - CADRE THÉORIQUE

A - AMPUTATION DU MEMBRE INFERIEUR

1 - EPIDEMIOLOGIE

Selon ANDRE (2006), membre du COFEMER1, l’amputation du membre inférieur

concerne environ 90 000 personnes en France (prévalence : 1,7/1000), et on dénombre 8300

nouveaux cas par an (incidence : 0,14/1000) (Filière amputés, 2009). Les hommes sont plus

touchés que les femmes (ratio de deux hommes pour une femme), et l’étiologie est

vasculaire dans près de 75% des cas après 55 ans, tandis que les traumatismes causent 65%

des amputations avant 50 ans (accidents de la voie publique, accidents du travail, tentatives

d’autolyse). Globalement le nombre d’amputation tend à diminuer grâce à l’avancée de la

médecine et de la chirurgie, ainsi qu’à la diminution du nombre de traumatismes et de

cancers. En revanche, d’autres facteurs sont en défaveur de cette tendance, à savoir

l’augmentation des pathologies vasculaires et le vieillissement global de la population.

2 - CAUSES ET CONSEQUENCES DE L’AMPUTATION DU MEMBRE INFERIEUR

L’amputation se définit comme l’ablation d’un membre ou d’un segment de membre

(LAROUSSE, 2013).

Plusieurs étiologies sont décrites (ANDRE, 2006) :

- l’origine vasculaire : elle concerne près des trois quarts des amputés de membre inférieur

en France. La pathologie mise en cause est bien souvent l’artériopathie oblitérante des

membres inférieurs (A.O.M.I.), et le diabète en est le principal facteur de risque. L’âge

moyen des patients se situe autour de 70 ans. L’amputation peut concerner seulement un

orteil ou la totalité du membre jusqu’à l’amputation de cuisse.

- l’origine traumatique : souvent dues à des accidents de la voie publique ou encore des

tentatives d’autolyse, l’âge des patients concernés se situe plutôt entre 20 et 50 ans. La

décision d’amputation est plus tardive car elle intervient fréquemment après l’échec d’une

tentative de sauvetage du membre au bloc opératoire.

1 Collège Français des Enseignants Universitaires en Médecine Physique et de Réadaptation

Page 15: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

8

- l’origine tumorale : il s’agit de cancers des os (ostéosarcomes), ou de métastases issues de

tumeurs primitives situées dans d’autres régions de l’organisme. Les tumeurs sont à l’origine

des cas de désarticulations de hanche.

- l’origine congénitale : plutôt rare, elle concerne environ vingt nouveaux cas par an en

France.

On peut également classer les amputations selon leur niveau :

- Hémi-pelvectomie.

- Désarticulation de hanche.

- Amputation trans-fémorale.

- Désarticulation de genou.

- Amputation trans-tibiale.

- Amputation de Lisfranc, et de Chopart.

- Amputation trans-métatarsienne.

- Amputation de l’avant-pied.

- Amputation d’orteil (isolé ou multiple).

Figure 2 : Niveaux d’amputation (ADEPA1)

La prise en charge de l’amputation de membre inférieur doit être précoce et adaptée

au patient. Il faut prendre en compte l’étiologie, le niveau de l’amputation, l’âge du patient

et son projet de vie. La phase de prothétisation est primordiale, le patient doit pouvoir être à

l’aise et se sentir en sécurité avec sa prothèse.

Ce travail écrit s’intéressera plus particulièrement aux amputations trans-tibiales et

trans-fémorales, unilatérales.

1 Association de Défense et Etude des Personnes Amputées.

Page 16: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

9

3 - TESTS EXISTANTS UTILISES

De nombreux tests existent pour évaluer l’équilibre et la marche des patients, et

ceux-ci peuvent être utilisés entre autres pour les patients amputés de membre inférieur.

Les principaux tests retrouvés dans la littérature sont présentés, mais cette liste n’est pas

exhaustive.

Parmi ces tests, l’un des plus simples à réaliser est le Timed Up and Go test (TUG).

Dérivé chronométré du « Get Up and Go test », et décrit essentiellement pour les

populations âgées, il a fait l’objet d’une étude sur plus de 400 personnes âgées de 65 à

85 ans afin d’établir une norme, fixée à 12 secondes pour les sujets de cet âge (BISCHOFF,

2003). Une valeur supérieure à 30 secondes correspond à un niveau de dépendance élevée

(HAS, 2005). Le déroulement du test est le suivant : le patient est assis sur une chaise avec

des accoudoirs, il doit se lever, parcourir une distance de trois mètres, faire demi-tour, et

enfin revenir s’asseoir sur la chaise. Il permet donc d’évaluer le transfert assis-debout, la

marche et les changements de direction. SHOPPEN (1999) a démontré sa validité, ainsi que

sa fiabilité intra-examinateur et inter-examinateur (respectivement r = 0,93 et r = 0,96), chez

les amputés de membre inférieur.

Plus élaboré que le TUG, le test de Tinetti, également appelé P.O.M.A (Performance

Oriented Mobility Assessment), est l’un des tests les plus couramment utilisé (PERENNOU,

2005 ; HUGONOT-DIENER, 2007). Sa réalisation nécessite approximativement dix minutes, et

il permet d’observer l’équilibre et la marche chez les sujets âgés. Habituellement utilisé pour

évaluer le risque de chute, ceci n’a pourtant pas de valeur scientifique car aucune étude de

validation n’a été conduite pour le démontrer.

« L’observation des anomalies de l’équilibre repose sur treize situations posturales cotées

selon trois niveaux (normal, adapté et anormal) et celle de la marche sur neuf autres temps

d’examen cotés selon deux niveaux (normal et anormal). La cotation de ces items repose sur

des constatations sémiologiques parfois très fines et les anomalies constatées peuvent être

directement secondaires à une maladie ou liées aux mécanismes de compensation et

d’adaptation posturale nécessaires lorsqu’une fragilité de l’équilibre existe » (HAS, 2005).

Page 17: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

10

Il existe plusieurs versions du test de Tinetti, mais la plus utilisée est celle notée sur

28 points, et où plus le score est bas, plus le risque de chute est considéré comme élevé.

L’équilibre statique est évalué grâce à neuf items, notés de 0 à 1 ou 2 points chacun selon les

items. Le score de cette partie est de seize points au maximum.

La partie dynamique comporte sept items évaluant la marche, notés de 0 à 1 ou 2 points

selon les items également. Le score maximum pour cette partie est de douze points.

L’ensemble du test est donc noté sur 28 points. Un score inférieur à 26 points indique déjà

un problème, un score inférieur à 20 points correspond à un risque de chute très élevé.

L’équilibre est également évalué par le bilan « Berg Balance Scale » décrit par BERG

en 1989, et traduit en français par « l’Echelle d’équilibre de Berg » (2004). Il comporte

quatorze items évaluant l’équilibre et les transferts d’un sujet au cours de différentes tâches

fonctionnelles. Ces items sont cotés de 0 (mauvais) à 4 (bon), le score total maximum étant

de 56 points. Un score supérieur à 45 points est le témoin d’une bonne autonomie motrice.

Comme le rappellent LOIRET (2005) et CALMELS (2001), l’évaluation varie en fonction

du niveau d’amputation et de l’âge, et doit reposer sur plusieurs critères :

- l’évaluation de l’appareillage : technicité, tolérance, acceptabilité, douleur.

- l’évaluation du patient :

* le contexte clinique : l’âge, l’étiologie, le niveau d’amputation, la technique

chirurgicale utilisée, l’état général et le projet de vie du patient.

* les déficiences observées : douloureuse, cutanée, trophique, articulaire,

musculaire, sensitive, fonctionnelle.

- l’évaluation du couple amputé-appareillage :

* La performance de marche : le périmètre et vitesse de marche, parfois une analyse

instrumentale avec une évaluation du coût énergétique.

* Les modalités d’utilisation : le temps de port de la prothèse, l’utilisation ou non

d’aide technique, la profession et les loisirs du patient.

CALMELS (2001) ajoute d’une part, que beaucoup d’outils récents et validés existent,

principalement en langue anglaise, mais sont peu utilisés ; et d’autre part que les activités de

la vie quotidienne, d’une manière générale, sont peu analysées.

Page 18: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

11

Une classification de la déambulation spécifique à l’amputé de membre inférieur a

été établie par POHJOLAINEN en 1990 (ANNEXE 2), mais elle n’est que très rarement

utilisée, d’ailleurs aucun des masseur-kinésithérapeutes interrogés ne la connaissait.

4 - REMBOURSEMENT ET NIVEAUX D’ACTIVITES

Aux Etats-Unis, la prise en charge des appareillages se fait en fonction de la MFCL

(Medicare Functional Classification Level), cette classification comporte cinq niveaux,

comme décrit en ANNEXE 1. Chaque patient amputé de membre inférieur se voit donc

attribuer un niveau d’activité, de K0 à K4, ce choix est réalisé par son médecin et son

prothésiste (parfois également par son masseur-kinésithérapeute). La sélection de la

prothèse se fera en fonction de ce niveau d’activité, car le remboursement de l’appareillage

est en lien avec les niveaux d’activité outre-Atlantique.

En France, le choix de la prothèse se fait également en collaboration avec le médecin

rééducateur, le prothésiste et le masseur-kinésithérapeute, et de manière relativement

subjective. En effet, aucun bilan spécifique aux amputés de membre inférieur n’est réalisé et

il n’existe pas de classification pour guider le choix des soignants.

Actuellement, pour la plupart des prothèses, la prise en charge est assurée en totalité

par la Sécurité Sociale, à l’exception des prothèses de bain ou de sport, et de certains

genoux comme le Powerknee® ou le Génium® qui permettent de monter les escaliers et sont

très onéreux (respectivement 80 000 € et 35 000 €). Cependant, d’après certains

orthoprothésistes rencontrés lors de la réalisation de ce travail écrit, il est possible que dans

les années à venir, une classification basée sur le modèle américain soit établie en France,

afin de réguler le remboursement des prothèses. Ainsi l’obtention d’une prothèse de classe

supérieure sera soumise à conditions, par exemple la vitesse ou le périmètre de marche, ou

encore les activités supérieures de marche. Pour l’heure, seules les prothèses les plus

élaborées font l’objet de critères particuliers pour leur attribution :

- Les pieds à restitution d’énergie :

« La prise en charge des pieds de classe I et II est assurée pour les patients amputés : dont le

périmètre de marche en continu est supérieur à 500 mètres, et la vitesse de marche est

supérieure ou égale à 3 km/h, et qui ne présente pas par ailleurs de handicap lourd invalidant

associé. »

Page 19: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

12

Le prix limite de vente au public de ces pieds est de 608,73 € pour les pieds à restitution

d’énergie de classe I, et de 985,03 € pour les pieds de classe II.

« La prise en charge des pieds de classe III est assurée pour les patients amputés : marchant

vite, c'est-à-dire ayant une vitesse de marche supérieure ou égale à 4,5 km/h et/ou

pratiquant une activité sportive. »

Le prix limite de vente au de ces pieds les plus élaborés est de 2674,71 €. (Texte 56, 2009).

- Les genoux hydrauliques, type C-LEG® :

« (...) elle est réservée aux sujets amputés actifs qui ont une vitesse de marche supérieure ou

égale à 3 km/h et un périmètre de marche en continu supérieur à 500 mètres. La prothèse est

garantie cinq ans. Le renouvellement ne sera autorisé qu’après expiration de la garantie. (...)

3C100 C-LEG® ne doit être adapté que sur un pied à restitution d’énergie de classe II ou III. Le

choix de la prothèse 3C100 C-LEG® se fera à l’issue d’une période minimale d’essai de quinze

jours.

A l’issue de la période d’essai, la prothèse 3C100 C-LEG® sera effectivement prescrite si les

performances suivantes sont vérifiées par le médecin lui-même : périmètre de marche en

continu supérieur à 2 km, vitesse de marche supérieure à 4 km/h, descente possible d’un plan

incliné d’au moins 15%, descente possible d’un escalier à pas alternés. (...) La prescription

doit être faite par un médecin de médecine physique et de réadaptation. »

Le prix limite de vente de ces genoux 3C100 C-LEG® est de 16 050,00 €.

Avec l’aide d’un orthoprothésiste, une échelle des différents types de genoux et de

pieds prothétiques a été réalisée. Ces graphiques sont répertoriés en ANNEXE 3 et 4.

B - LE TEST DE MARCHE DE SIX MINUTES

1 - MATERIEL UTILISE

Le matériel nécessaire à la réalisation du test de marche de six minutes est le suivant

(LEBAS, 2010) :

• Un couloir de 30 mètres étalonné tous les 5 mètres

• Un chronomètre

• Deux cônes (demi-tours)

• Une chaise mobilisable dans le couloir

Page 20: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

13

• Une aide technique si besoin

• Une fiche placée sur un support rigide ou un bloc-notes, et un stylo

• Une échelle visuelle analogique d'évaluation de la dyspnée (Echelle de Borg modifiée)

• Un saturomètre

• Un tensiomètre

2 - REALISATION DU TEST

Une fois le matériel réuni, le test se déroule comme ceci (LEBAS, 2010 ; ATS, 2002) :

a) Le patient doit être habillé et chaussé confortablement, et être bien reposé.

b) Les paramètres de départ sont à prendre après que le patient soit resté assis pendant au

moins 10 minutes devant la ligne de départ.

- tension artérielle (TA) en mmHg

- niveau de dyspnée (avec l’échelle de Borg modifiée : ANNEXE 5)

- saturation (SpO2) en pourcentage (%)

- fréquence cardiaque (FC) en battements par minute (BPM)

c) Instructions au patient :

"Le but de ce test est de parcourir la plus grande distance possible pendant 6 minutes. Vous

ferez des allers-retours dans ce couloir, en faisant demi-tour autour des cônes. Vous pouvez

ralentir, ou vous arrêter pour vous reposer si nécessaire. Vous pouvez vous appuyer contre le

mur pendant le repos, mais vous devrez reprendre la marche dès que possible. Pendant le

test, vous ne pouvez pas parler, car cela influence vos performances. Je vous indiquerai le

temps restant toutes les minutes, et je vous demanderai de vous arrêter après 6 minutes.

Êtes-vous prêt ?

Rappelez-vous que vous devez marcher aussi loin que possible pendant 6 minutes, mais sans

courir. Allez-y maintenant ou dès que vous êtes prêt."

Le chronomètre est enclenché lorsque le patient commence à marcher.

Page 21: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

14

d) Repères donnés au patient pendant l’épreuve :

– Après 1 minute : ‘‘C’est très bien, plus que 5 minutes, continuez ainsi ’’

– Après 2 minutes : ‘‘C’est très bien, plus que 4 minutes, continuez ainsi ’’

– Après 3 minutes ‘‘Vous êtes à la moitié du temps, continuez comme cela ’’

– Après 4 minutes ‘‘C’est très bien, plus que 2 minutes, continuez ainsi ’’

– Après 5 minutes ‘‘C’est très bien, plus que 1 minute, continuez ainsi ’’

– Après 5 minutes et 45 secondes ‘‘Je vais bientôt vous dire de vous arrêter ’’

– Après 6 minutes : ‘‘Et maintenant, arrêtez-vous ’’

e) Rôle de l’opérateur pendant le test :

Il marche derrière le patient et note la distance parcourue, la fréquence cardiaque et la

saturation en oxygène à la deuxième, la quatrième et la sixième minute du test et

d'éventuelles remarques telles que les arrêts et leur durée ou les symptômes ressentis par le

patient. A la sixième minute, l’opérateur note également le niveau de dyspnée grâce à

l’échelle de Borg.

f) Fin du test : Le patient s’assoie et se repose jusqu'à ce que la fréquence cardiaque ait

rejoint sa valeur mesurée au départ. L’opérateur note ce temps de repos.

Pour faciliter la prise d’informations par les masseur-kinésithérapeutes participant à

la réalisation de ce test de marche de six minutes, une fiche de résultats a été établie, elle

est présentée en ANNEXE 6.

3 - RESULTATS ATTENDUS

Chez les sujets sains, une formule permet d’estimer la distance que peut parcourir un

individu lors du test de marche de six minutes, en fonction de son sexe, de sa taille, de son

âge et de son poids (ENRIGHT, 1998).

Chez les hommes la formule est la suivante :

Distance ♂ = (7,57x taille cm) - (1,76 x poids kg) - (5,02 x âge) - 309 m

Chez les femmes, la formule diffère un peu :

Distance ♀ = (2,11 x taille cm) - (2,29 x poids kg) - (5,78 x âge) + 667 m

En revanche, il n’existe pas de normes établies pour les sujets amputés de membre inférieur.

Page 22: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

15

C - LE BILAN AMPUTEE MOBILITY PREDICTOR

1 - MATERIEL UTILISE

Le matériel nécessaire à la réalisation de l’AMP est le suivant :

• Deux chaises avec accoudoirs

• Une règle de trente centimètres

• Un objet (cône, balle)

• Un chronomètre

• Des barres parallèles

• Un parcours sur sol plat de 3,66 mètres (12 pieds) et deux repères (bandes de couleurs

antidérapantes)

• Un obstacle de dix centimètres de hauteur

• Une aide technique si besoin

• Une fiche placée sur un support rigide ou un bloc-notes, et un stylo

2 - DEROULEMENT DU TEST

Le bilan AMP comporte 21 items, et nécessite un peu moins de vingt minutes de

temps, avec l’habitude 15 minutes peuvent suffire :

1 - Equilibre assis : le sujet est assis sur une chaise avec des accoudoirs et doit décoller son

dos du dossier pendant au moins 60 secondes.

2 - Atteindre un objet en position assise : le patient est toujours assis sur la chaise avec

accoudoirs, il doit attraper un objet situé à 30 cm au delà de ses bras tendus. Cet item évalue

l’équilibre assis du patient, lors d’un déséquilibre intrinsèque.

3 - Transferts de chaise à chaise : chacune ayant des accoudoirs, elles sont placées

perpendiculairement l’une à l’autre (α = 90°). L’opérateur demande au patient de se lever de

la première chaise puis de s’asseoir sur la seconde.

4 - Se lever d’une chaise : L’opérateur demande au patient de se lever de sa chaise, si

possible sans utiliser les bras.

5 - Tentatives pour se lever d’une chaise

Pour les items 3, 4 et 5, il faut observer la stratégie du patient, et noter s’il utilise ses mains

ou une aide technique.

6 - Equilibre immédiat en position debout (durant les cinq première secondes).

Page 23: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

16

7 - Equilibre en position debout (durant 30 secondes).

Les items 6 et 7 sont réalisés successivement en une seule fois : l’opérateur demande au

patient de se mettre debout, et observe l’équilibre immédiat (5 secondes), puis l’équilibre

bipodal durant 30 secondes.

8 - Equilibre unipodal (durant 30 secondes), non réalisé si le sujet n’a pas de prothèse. Cet

item évalue l’équilibre sur le pied sain, puis sur la prothèse, avec ou sans aide technique.

9 - Atteindre un objet en position debout : le patient doit saisir un objet situé à 30 cm au

delà de ses bras tendus, c’est le même exercice que l’item 2 en position debout. Cet item

évalue l’équilibre du patient, lors d’un déséquilibre intrinsèque.

10 - Test de la poussée : le patient est debout, l’opérateur effectue une poussée sur son

thorax trois fois de suite, la force de la poussée est suffisante si les orteils décollent du sol.

Cet item évalue également l’équilibre du patient, lors d’un déséquilibre extrinsèque.

11 - Equilibre avec les yeux fermés : le patient est debout, et doit fermer les yeux durant

30 secondes. Cet item évalue l’équilibre du patient lorsqu’il est privé de la vision, il doit alors

faire appel à son système somesthésique (proprioception) et vestibulaire (oreille interne).

12 - Ramasser un objet par terre : le patient est debout, et doit ramasser un objet situé par

terre, à 30 cm en avant de ses pieds. Il doit être capable de se baisser puis de revenir en

position debout.

13 - S’asseoir sur une chaise : le patient est toujours debout, l’opérateur lui demande alors

de s’asseoir, si possible sans l’aide des bras, et observe sa stratégie, et note s’il utilise une

aide technique.

14 - Initiation de la marche : le patient est debout sur la ligne de départ d’un parcours de

3,66 mètres (12 pieds), l’opérateur lui demande de commencer à marcher, et observe s’il y a

une hésitation.

15 - Longueur et hauteur du pas à droite et à gauche : le patient doit effectuer le parcours,

des repères (bandes de couleurs, antidérapantes) sont placés à chaque extrémité pour

savoir quand effectuer les demi-tours. Quatre allers-retours sur 3,66 mètres sont nécessaires

pour observer ces critères (deux allers-retours par jambe). Pour la longueur du pas,

l’attribution du point se fait si le pied s’avance d’au-moins 30 cm (depuis le décollement des

orteils jusqu’à l’attaque du talon du même pied). Pour la hauteur du pas, l’opérateur vérifie

que le pied décolle du sol sans déviation importante.

Page 24: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

17

16 - Continuité des pas : lors de la marche, l’opérateur vérifie que le mouvement est fluide,

et note s’il est saccadé, ou si le patient s’arrête.

17 - Faire demi-tour : Après 3,66 mètres le patient doit faire demi-tour, l’opérateur attribue

le point si l’exercice nécessite moins de 3 pas.

18 - Cadence variée : lors de la marche, l’opérateur demande au patient d’accélérer, et note

s’il est capable d’enchainer rapidement et en toute sécurité deux allers-retours de 3,66

mètres, à une vitesse rapide.

19 - Enjamber un obstacle de dix centimètres de hauteur : dans les barres parallèles,

l’opérateur place un obstacle de 10 cm, et demande au patient de l’enjamber. Il note si le

mouvement est fluide ou bien si le patient s’arrête ou accroche le pied dans l’obstacle.

20 - Escaliers : le patient doit monter au moins trois marches puis les descendre. L’opérateur

note si ceci est effectué avec l’aide des bras, et si la montée et/ou la descente se fait marche

par marche.

21 - Aide technique utilisée : l’opérateur note l’aide technique utilisée par le patient lors du

test (fauteuil roulant, déambulateur, béquille, canne simple, aucune).

Les cotations pour chacun des items sont répertoriées en ANNEXE 7, sur la fiche à

remplir lors du test.

3 - RÉSULTATS ATTENDUS

Niveau d’activité

correspondant

Résultat « AMPnoPRO »

Test réalisé sans prothèse

Résultat « AMP PRO »

Test réalisé avec une prothèse

K0 0-8 -

K1 9-20 15-26

K2 21-28 27-36

K3 29-36 37-42

K4 37-43 43-47

Tableau 1 : Valeurs indicatives de l’AMP

Page 25: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

18

D - PROBLÉMATIQUE

Comme nous l’avons vu précédemment, le test de marche de six minutes est un test

référencé (ATS, 2002) qui est très régulièrement utilisé pour évaluer les amputés de membre

inférieur, bien qu’il ne soit pas spécifique de cette population. Le bilan Amputee Mobility

Predictor, quant à lui, a été mis au point exclusivement pour cette population. Dans la

démarche de soins, au regard de l’Evidence Based Practice, ce bilan pourrait s’avérer être un

outil très intéressant pour la pratique clinique car il est fiable et validé.

L’hypothèse de départ est que les résultats de l’AMP sont corrélés à ceux du test de

marche de six minutes.

Pour vérifier cette hypothèse, nous avons recherché en Bretagne plusieurs structures

prenant en charge des patients amputés, afin de pouvoir réaliser les deux bilans nécessaires

à la comparaison : l’Amputee mobility predictor et le test de marche de six minutes.

Tout d’abord, le service de Neurologie A de Perharidy à Roscoff (29), fréquenté dans

le cadre d’un stage de troisième année, fut sollicité ; puis nous avons contacté le service

ABCRV du centre de Kerpape à Ploemeur (56) où l’équipe de rééducation avait été déjà

rencontrée lors d’un stage de deuxième année ; et enfin le kinésithérapeute en charge des

patients amputés dans le service de rééducation du Centre Régional de Gériatrie de

Chantepie (35). Par ailleurs, nous avons également contacté des sociétés d’appareillage,

telles que Protéor® (Roscoff, 29) et le service d’ortho-prothèse de Kerpape (56), afin de

connaitre les modalités d’attribution des prothèses mais aussi de rencontrer des amputés

ayant terminé leur rééducation pour élargir notre panel de patients.

La problématique de ce mémoire est :

Les résultats du bilan « Amputee Mobility Predictor » validé aux Etats-Unis sont-ils

corrélés avec les résultats du test de marche de six minutes réalisé en France chez les

amputés de membre inférieur unilatéraux, lors de l’attribution de niveaux d’activité ?

Page 26: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

19

62%

38%

Etiologies

Vasculaire

Traumatique

25%

75%

Sexe

Femmes

Hommes

37%

25%

38%

Age

26-45 ans

46-65 ans

> 65 ans

II - ETUDE

A - METHODE

1 - CHOIX DES PATIENTS

Les patients retenus pour l’étude étaient tous des amputés de membre inférieur

unilatéraux, trans-fémoraux ou trans-tibiaux.

Des critères d’exclusions ont été admis pour la bonne conduite de l’étude :

- les amputés de membre inférieur bilatéraux ou de membres supérieurs,

- les patients présentant des pathologies cardiaques ou respiratoires incompatibles avec la

réalisation du test de marche de six minutes,

- les patients ayant des troubles cognitifs ou neurologiques majeurs,

- les patients décrivant des douleurs au niveau du moignon supérieures à 6/10 selon l’échelle

visuelle analogique.

Huit patients ont donc été retenus pour participer à cette étude, la présentation est faite

dans le tableau 2. Il y avait 75 % d’hommes et 25 % de femmes. L’étiologie de l’amputation

était vasculaire pour 62 % des cas, et traumatique pour 38 %, il n’y avait pas de cas d’origine

tumorale, ni infectieuse, ni congénitale. Ils étaient âgés de 33 à 86 ans (âge moyen = 58,8

ans), et l’amputation avait eu lieu entre 14 jours et 1 an et 3 mois avant le jour des bilans.

Figure 3 : Répartition des patients participant à l’étude.

Page 27: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

20

Tableau 2 : Présentation des patients participant à l’étude.

1 cette patiente disposait habituellement d’un genou à microprocesseur, mais qui était en réparation.

Patient Amputation

Sexe Age Niveau

d’amputation

Coté droit

ou gauche

Date de

l’amputation Etiologie

Date du premier

appareillage

Type d’appareillage

Pied Genou

1 F 86 ans Trans-fémoral Gauche 20.09.2012 vasculaire 16.01.2013 Classe I à verrou

2 H 45 ans Trans-fémoral Droit 13.06.2012 vasculaire 30.11.2012 Classe I polycentrique

3 H 33 ans Trans-tibial Gauche 25.07.2011 traumatique 27.09.2012 Classe III -

4 F 34 ans Trans-fémoral Gauche 30.08.2011 traumatique 15.12.2012 Classe III polycentrique1

5 H 47 ans Trans-tibial Gauche 14.01.2013 traumatique 15.02.2013 Classe III -

6 H 86 ans Trans-fémoral Droit 05.12.2012 vasculaire 21.01.2013 Classe I à verrou

7 H 65 ans Trans-fémoral Droit 08.12.2012 vasculaire 18.02.2013 Classe II polycentrique

8 H 74 ans Trans-tibial Droit 01.02.2013 vasculaire 08.03.2013 Classe I -

Page 28: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

21

2 - TESTS EFFECTUES

Les deux bilans devaient être réalisés le même jour afin de garantir l’état physique du

patient, cependant ceci n’a pas toujours été possible (patients 2, 6, 7), pour des raisons

d’organisation, et de disponibilité des patients. Dans ce cas, il a été admis que les deux bilans

soient réalisés dans un intervalle de 48 heures.

Le bilan AMP était réalisé par un premier opérateur, tandis que le test de marche de six

minutes était réalisé par un second opérateur, qui était le masseur-kinésithérapeute

référent du patient. Dans le cas des patients recrutés dans les sociétés d’appareillage

(patient 3), le test de six minutes de marche était réalisé par le masseur-kinésithérapeute qui

l’avait pris en charge lors de son séjour en centre de rééducation.

Le résultat de l’un des tests de marche de six minutes est présenté en ANNEXE 8, et

l’ensemble des résultats des tests de marche de six minutes est présenté en ANNEXE 9

(tableaux A & B).

3 - CORRELATION

Dans un premier temps, le score obtenu lors de l’AMP était relevé et le niveau

d’activité correspondant au nombre de point était attribué au patient.

Ensuite, la distance parcourue lors du test de marche de six minutes était notée sur une

feuille vierge ainsi que la vitesse moyenne de marche ainsi obtenue. Il était alors demandé

au second opérateur d’attribuer un niveau d’activité au patient grâce à l’ANNEXE 1. Le but

étant de prendre en compte la vitesse de marche, qui constitue un des critères principaux

lors de l’attribution des prothèses les plus élaborées, mais aussi la subjectivité de l’opérateur

qui connaissait le patient.

Les résultats des deux tests et des niveaux d’activités obtenus ont été synthétisés dans le

tableau 3.

Page 29: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

22

B - RÉSULTATS

Tableau 3 : Résultats de l’étude Corrélation

entre les

niveaux

d’activités

Patient Bilan AMP Test de marche de six minutes

Sexe Niveau

d’amputation

Coté

(D/G)

Date

d’appareillage

Date des

bilans

Score

AMPPRO

Niveau

d’activité 1

Distance

(mètres)

Vitesse

(km/h)

Niveau

d’activité 2

1 F Trans-fémoral G 16.01.2013 13.02.2013 24 K1 33 0,33 K1 OUI

2 H Trans-fémoral D 30.11.2012 13.02.2013 3 17 K1 60 0,60 K1 OUI

3 H Trans-tibial G 27.09.2012 14.02.2013 46 K4 480 4,8 K3 NON

4 F Trans-fémoral G 15.12.2012 07.03.2013 38 K3 255 2,55 K3 OUI

5 H Trans-tibial G 15.02.2013 07.03.2013 46 K4 535 5,35 K3 NON

6 H Trans-fémoral D 21.01.2013 14.03.2013 4 35 K2 225 2,25 K2 OUI

7 H Trans-fémoral D 18.02.2013 14.03.2013 4 32 K2 125 1,25 K1 NON

8 H Trans-tibial D 08.03.2013 22.03.2013 42 K3 270 2,70 K2 NON

1 Niveau attribué en fonction du score AMP (tableau 1)

2 Niveau attribué par le kinésithérapeute du patient grâce à l’ANNEXE 1

3 Bilan AMP réalisé le 13.02.13, mais le test de marche a été réalisé le 14.02.13 car le patient était fatigué.

4 Bilans AMP réalisés le 14.03.13, mais les tests de marche ont été réalisés le 18.03.2013 pour des raisons d’organisation dans le service.

Page 30: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

23

C - DISCUSSION

1 - ANALYSE DES RESULTATS OBTENUS

D’après le tableau 3, il apparait que la moitié des résultats coïncide (patients 1, 2, 4

et 6). Le niveau K1 est toujours corrélé entre le score AMP et le test de marche de six

minutes associé à la subjectivité du kinésithérapeute (patients 1 et 2). Un niveau K1 a été

attribué au patient 7, possiblement parce que ce patient avait effectué un arrêt lors du test

de marche de six minutes, le second opérateur l’a donc considéré comme inapte à réaliser

l’exercice en totalité. Des différences sont observées entre les niveaux K3 et K4 (patients 3 et

5). En effet, le niveau K4 est décrit comme « la capacité ou le potentiel d’utiliser une

prothèse pour des besoins qui dépassent la simple locomotion, il peut supporter des forts

impacts ou d’importantes contraintes. Profil du patient enfant, adulte actif ou sportif et

athlète de haut niveau. » Or, les patients rencontrés lors de la réalisation de ce travail écrit

n’étaient jamais des athlètes de haut niveau, bien qu’ayant obtenu le niveau K4 lors du score

AMP PRO. Les masseur-kinésithérapeutes référents ont donc, à chaque fois, attribué au

patient le niveau K3 décrit comme « la capacité ou le potentiel de marcher à différentes

vitesses, il peut surmonter la majorité des obstacles environnants et peut exercer une activité

qui requiert l’utilisation d’une prothèse au delà de la simple locomotion que ce soit pour des

raisons professionnelles, thérapeutiques ou récréatives. »

En discutant avec eux, il s’est avéré que la mention « athlète de haut niveau » les avait

freiné, bien que le niveau K4 corresponde également aux « adultes actifs et sportifs ». Nous

aurions donc du être plus vigilants quant à la lecture des niveaux d’activité.

Enfin, concernant le patient 8, un niveau K2 lui a été attribué à l’issue du test de

marche de six minutes par le second opérateur, ce dernier explique son choix par les

pathologies associées et le mode de vie relativement précaire de ce patient.

La dispersion des résultats obtenus est mise en évidence sur la figure 4. Il apparait

que les niveaux obtenus sont contenus dans deux intervalles : différence de « moins un

niveau » ou de « zéro niveau » (résultats corrélés).

Page 31: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

24

0

1

2

3

4

5

- 2 niveaux - 1 niveau CORRELE + 1 niveau + 2 niveaux

Nombre de cas

Corrélation obtenue

Figure 4 : Corrélation entre les niveaux d'activité

2 - IDENTIFICATION DES BIAIS DE L’ÉTUDE

La comparaison au TDM6 a été choisie, car c’est le test le plus utilisé pour les

amputés au sein des structures de rééducation, mais il ne prend en compte que la capacité

de marche, et est classiquement décrit pour évaluer les capacités à l’effort des patients dans

le champ clinique cardio-respiratoire, plutôt que la qualité et la quantité de la marche en

elle-même.

Le bilan AMP, mis au point par Robert Gailey, médecin américain de l’université de

Miami, a fait l’objet d’une étude pour établir sa validité et sa fiabilité (GAILEY et al, 2002),

comme décrit en introduction. Cependant, cette étude menée par Gailey et ses

collaborateurs est la seule étude recensée pour ce test, il existe donc un biais à ce niveau car

l’étude proposée est menée par le créateur du bilan lui-même. De plus, en recherchant des

informations auprès de la société Össur®, qui avait présenté ce bilan lors du séminaire, il

apparait que Gailey est l’un de leur partenaire, c’est pourquoi ce bilan est présenté lors des

formations Össur Academy®. On peut donc se demander s’il existe un conflit d’intérêt entre

Robert Gailey et la société Össur®.

D’autre part, certains biais ont du être acceptés dans l’étude réalisée dans ce travail

écrit. En effet, la population recherchée était spécifique et nous avions également des

contraintes de temps.

Page 32: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

25

Tout d’abord, le nombre de patient de l’échantillon n’est pas suffisant pour établir

une réelle puissance statistique, qui montrerait une corrélation entre les deux tests.

Cependant, la figure 4 montre que les résultats ne sont pas dispersés. Pour quatre patients

(1, 2, 4, 6), le bilan AMP et le test de marche de six minutes aboutissent à l’attribution du

même niveau d’activité. Pour les quatre autres patients (3, 5, 7, 8), le test de marche de six

minutes conclue à un niveau d’activité inférieur de un niveau. D’autre part, cet échantillon,

de part son faible nombre, ne peut pas être représentatif de l’ensemble de la population des

patients amputés de membre inférieur unilatéraux. La population de patients amputés dans

un centre de rééducation est hétérogène à une période donnée, et nous avons donc pu

recruter seulement huit patients au total, sur les trois centres ayant participé à l’étude, car

nous nous sommes attachés à respecter les critères d’exclusions décrits initialement.

En ce qui concerne la méthode, lors de la réalisation des tests de marche de six

minutes dans les différents centres, le protocole n’a pas pu être parfaitement identique à

chaque fois, car les habitudes varient d’une équipe à l’autre, et la conduite du protocole

stricte n’a pas pu être respectée. Les différences portaient essentiellement sur trois critères :

la date des bilans, le matériel disponible et enfin sur la notion d’encouragement.

Initialement, la méthode exigeait que les deux bilans soient réalisés le même jour, or

pour trois patient (2, 6, 7), ceci n’a pas été possible, d’une part pour des raisons propres au

patient (fatigue) et d’autre part pour des raisons d’organisation : le couloir de marche était

occupé par d’autres activités. Ensuite chacun des établissements ne disposait pas du même

matériel. L’un des centre disposait d’un bracelet relié au saturomètre, ce qui permettait de

ne pas gêner le patient lors de la marche, tandis que les deux autres avaient des

saturomètres classiques qui ont gêné deux patients (6 et 7) durant le test car ils marchaient

avec un déambulateur, ils ont donc été retirés. En outre, la longueur du parcours de marche

variait en fonction des centres de rééducation, il était au minimum de 30 mètres et au

maximum de 65 mètres. Enfin, en ce qui concerne les encouragements, certaines équipes

n’ont pas pour habitude d’encourager verbalement leur patient lors de ce type de test de

marche, nous avons donc choisi de respecter leurs habitudes, pour satisfaire le plus possible

aux évaluations faites usuellement, cependant cela peut influencer les performances du

patient.

Page 33: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

26

Ceci met en évidence que les tests utilisés, comme le test de marche de six minutes, bien

que référencés (ATS, 2002), ne sont pas toujours réalisés de la même façon par l’ensemble

des professionnels. Les modalités pratiques varient selon les habitudes des centres de

rééducation, des outils disponibles et des praticiens.

Par ailleurs, ma présence a pu également influencer la réalisation des tests. Une

étude en aveugle aurait pu être mise en place, avec un opérateur indépendant qui aurait

réalisé les bilans AMP, mais dans le temps imparti pour la réalisation de ce travail écrit, il n’a

pas été possible de trouver un masseur-kinésithérapeute extérieur pouvant participer à

l’ensemble des tests dans les différents centres de rééducation.

3 - DISCUSSION SUR LE BILAN AMP

Le bilan Amputee Mobility Predictor se révèle être complet, il prend en compte

l’équilibre assis et debout, les capacités de transferts, les capacités de marche et les activités

supérieures de marche (escaliers, obstacle, accélération).

De plus, à l’instar des tests existants (test de marche de six minutes, test de Tinetti, Timed up

and Go test), c’est un bilan spécialement destiné aux amputés de membre inférieur, de tous

type, qu’ils soient trans-fémoraux, trans-tibiaux, désarticulés de hanche ou de genou, uni ou

bilatéraux, et qu’ils soient appareillés ou non.

La traduction complète de ce bilan a été proposée par la société Össur® lors du

séminaire en septembre dernier, a priori les termes sont bien retranscrits, mais il n’y a

aucune certitude quant à la traduction exacte car ce bilan n’a pas bénéficié d’une étude de

validation par un comité apte à la réaliser (BEATON, 1998).

Les bilans et outils utilisés par les masseur-kinésithérapeutes ne sont pas toujours

référencés, et la tradition orale de la profession fait que les bilans effectués ne sont pas

systématiquement inscrits de manière conventionnelle dans les dossiers des patients.

Cependant, la prise en charge des actes kinésithérapiques commence à être revue : en

pratique libérale, la Sécurité Sociale considère que l’une des séances est un bilan, facturé à

ce titre (AMK 8.1), le praticien doit alors en faire parvenir une synthèse au médecin

Page 34: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

27

prescripteur, ainsi qu’à la caisse de remboursement sur demande. La pratique

masso-kinésithérapique s’oriente donc vers une traçabilité des actes et ne se limite donc

plus à la tradition orale du métier en place jusqu’alors. De ce fait, il serait intéressant d’avoir,

pour chaque pathologie, des bilans adaptés, qui soient fiables, valides et reproductibles.

Le bilan Amputee Mobility Predictor, d’après Gailey, répondrait à ces critères : ses

résultats indiquent que l’AMP est fiable inter et intra-examinateur, avec un intervalle de

confiance supérieur à 0,86. Il est également valide, corrélé au test de marche de six minutes

(réalisé objectivement, r = 0,82). La reproductibilité parait également bonne car ce test

nécessite peu de matériel et les consignes sont relativement simples.

A ce jour, peu de bilan concernant spécifiquement les amputés existe en langue

francophone, l’AMP traduit en langue française présenterait donc un intérêt majeur dans

l’évolution des pratiques dans ce champ de la kinésithérapie. De plus, ce bilan prend en

compte des populations variées concernant le type d’amputation, toutes les amputations du

membre inférieur sont considérées.

Toutefois, ceci présente aussi un inconvénient : pour les amputés de membre

inférieur bilatéraux, l’AMPnoPRO est peu réalisable. Cette population a d’ailleurs été exclue

lors de l’étude de validité, bien qu’aucune mention ne révèle que ce bilan ne s’adresse pas

aux amputés bilatéraux. Beaucoup d’items se révèlent quasiment impossible à réaliser sans

prothèse (position debout impossible), alors que par ailleurs avec ses prothèses, le patient

peut se déplacer en cannes anglaises, voire même sans aide technique.

Page 35: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

28

CONCLUSION

La validation des outils dans le domaine de la kinésithérapie se développe de plus en

plus depuis quelques années, et ceci est indispensable pour faire valoir la qualité et

l’efficacité de nos méthodes. Ce travail nous aura permis de développer davantage notre

sens critique, en examinant la littérature avec attention. Nous avons également découvert la

méthodologie de recherche, indispensable pour mener à bien une étude, ceci nous a incités

à être rigoureux dans toutes les phases de l’étude, mais aussi à identifier les différents biais

qui peuvent être rencontrés.

Nous avons porté notre intérêt sur un bilan, l’Amputee Mobility Predictor, très peu

connu en France, mais qui a été validé depuis 2002 outre-Atlantique, concernant les

amputés du membre inférieur. Nous avons donc mené une étude expérimentale

multicentrique, et d’après les résultats obtenus, la subjectivité du masseur kinésithérapeute,

quant à l’évaluation de son patient par le test de six minutes de marche, s’est révélée plutôt

proche du résultat du bilan AMP. Lors de la présentation de ce bilan, les différents centres

ayant participé à l’élaboration de ce travail écrit (Perharidy, Kerpape, CRG de Chantepie) se

révélaient être plutôt favorables à son utilisation future pour évaluer les capacités de leurs

patients amputés. En effet, à l’heure actuelle, aucun bilan réalisé n’est spécifique aux

amputés de membre inférieur, le plus souvent les thérapeutes doivent combiner différents

tests afin d’obtenir une évaluation assez complète (test de marche de six minutes, Timed up

and go test, test de Tinetti, entre autres).

En définitive, il serait intéressant de mener une étude de plus grande ampleur afin

d’établir la validité de cet outil et de répandre son utilisation dans les centres de rééducation

en France. En effet, nous nous trouvons à un carrefour entre la kinésithérapie basée

uniquement sur l’expérience clinique, et l’Evidence Based Practice, où cette expérience

clinique est associée aux données de la littérature et au projet du patient pour aboutir à une

décision clinique justifiée par des outils et des bilans validés.

Page 36: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

29

BIBLIOGRAPHIE

ABDELKAFI S, DEBOECK G. Question 3-7. Le test de marche de six minutes en réhabilitation

respiratoire. Revue des maladies respiratoires, 2005, vol. 22, n°5, p. 7S54-7S58

ADEPA (Association de défense et étude des personnes amputées) [en ligne]. 10 février

2013. Disponible sur internet <www.adepa.fr> (Consulté le 10 février 2013).

ANAES. Guide d’analyse de la littérature et gradation des recommandations, Agence

Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé, 2000, 60 p. Disponible sur internet :

<www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/analiterat.pdf> (Consulté le 12

novembre 2012).

ANDRE JM, PAYSANT J. Les amputés en chiffres : épidémiologie. Collège Français des

Enseignants Universitaires de Médecine Physique et de Réadaptation (COFEMER) [en ligne].

07 avril 2006. Disponible sur internet :

<www.cofemer.fr/UserFiles/File/AP2Amp_Chiffres.pdf> (Consulté le 09 février 2013).

ATS Committee on Proficiency Standards for Clinical Pulmonary Function Laboratories.

American Thoracic Society Statement : Guidelines for the six-minute walk test. American

Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, 2002, vol. 166, p. 111-117.

BEATON D, BOMBARDIER C, GUILLEMIN F, et al. Recommendations for the Cross-Cultural

Adaptation of Health Status Measures. Supported by the American Academy of Orthopaedic

Surgeons and the Institute for Work & Health. 1998, 29 p.

BERG K, WOOD-DAUPHINEES S, WILLIAMS JI et al. Mesuring balance in the elderly.

Preliminary development of an instrument. Physiotherapy Canada, 1989, n°41, p. 304-311.

Page 37: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

30

BISCHOFF HA, STAHELIN HB, MONSCH AU et al. Identifiying a cut-off point for normal

mobility : a comparison of the timed « up and go » test in community-dwelling and

institutionnalised elderly women. Age ageing, 2003, n°32, p. 325-320.

BORG GA. Psychophysical bases of perceived exertion. Medicine and Science in Sports and

Exercise, 1982, vol. 14, n°5, p. 377-381.

CALMELS P, BETHOUX F, LE QUANG B et al. Echelles d’évaluation fonctionnelles et

amputation du membre inférieur. Annales de réadaptation et de médecine physique, 2001,

n°44, p. 499-507.

DE DECKER L. L’indice de co-morbidité de Charlson. Annales de Gérontologie, 2009, vol. 2,

n°3, p. 159-160.

Echelle d’équilibre de Berg. Kinésithérapie, les cahiers, 2004, n°32-33, p. 50-53

ENRIGHT PL, SHERRIL DL. References equations for the six-minute walk in healthy adults.

American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, 1998, n°158, p. 1384-1387.

Filière Amputé. Unité Mobile de Coordination Adultes des SSR du Bassin de St-Etienne [en

ligne]. 22 octobre 2009. Disponible sur internet :

<http://www.parhtage.sante.fr/re7/rha/doc.nsf/VDoc/8F73746E57412548C12576570062F7

67/$FILE/fiche_amputes.pdf> (Consulté le 10 février 2013).

GAILEY RS, ROACH KE, APPLEGATE EB. et al. The Amputee Mobility Predictor : an instrument

to assess determinants of the lower limb amputee’s ability to ambulate. Archives of Physical

Medicine and Rehabilitation, 2002, vol. 83, p. 613-627.

Page 38: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

31

HAS (Haute Autorité de Santé). Recommandations pour la pratique clinique. Masso-

kinésithérapie dans la conservation des capacités motrices de la personne âgée fragile à

domicile. 2005, 44 p. Disponible sur internet :

<www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/argumentaire.pdf> (Consulté le 16

février 2013)

HUGONOT-DIENER L. Evaluation de l’équilibre et de la marche. In Guide pratique de la

consultation en gériatrie. 2e éd. Paris : Masson, 2007. p. 49-59.

LAMANDE F., DUPRE JC., BAUDIN O., et al. Rééducation de la personne amputée de membre

inférieur. Encyclopédie médico-chirurgicale, Kinésithérapie-Médecine Physique-Réadaptation

(Editions scientifiques et médicale Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés). 26-270-A-10,

2011, 21 p.

LAROUSSE. Dictionnaire de poche. Paris : Larousse, 2013, 800 p.

LEBAS P. Test de marche de 6 minutes [en ligne]. 10 février 2010. Disponible sur Internet :

<http://pps.hug-ge.ch/physiotherapeutes/3.04Testde6minutes.pdf> (Consulté le 2 avril

2013).

LOIRET I, PAYSANT J, MARTINET M, et al. Evaluation des amputés. Annales de réadaptation

et de Médecine Physique, 2005, n°48, p. 307-316.

MENAGER D. Amputation du membre inférieur et appareillage. Encyclopédie Médico-

Chirurgicale : Appareil Locomoteur (Editions scientifiques et médicale Elsevier SAS, Paris, tous

droits réservés). 15-896-A-10, 2002, 15 p.

PERENNOU D, DECAVEL P., MANCKOUNDIA P, et al. Evaluation de l’équilibre en pathologie

neurologique et gériatrique. Annales de réadaptation et de médecine physique, 2005, n°48,

p. 317-335.

Page 39: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

32

POHJOLAINEN T, ALARANTA H, KÄRKKÄINEN M. Prosthetic use and functional and social

outcome following major lower limb amputation. Prosthetics and Orthotics International,

1990, n°14, p. 75-79.

REGNAUX JP, GUAY V, MARSAL C. Evidence Based Medicine ou la pratique basée sur la

prevue en reeducation. Kiné, La revue, 2009, n°94, p. 55-61.

ROMMERS GM, VOS LD, GROOTHOFF JW et al. Mobility of people with lower limb

amputations : scales & questionnaires : a review. Clinical Rehabilitation, 2001, n°15, p. 92-

102.

SHOPPEN T, BOONSTRA A, GROOTHOF JW et al. The timed « up and go » test : reliability and

validity in persons with unilateral lower limb amputation. Archives of Physical Medicine and

Rehabilitation, 1999, vol. 80, n°7, p. 825-828.

Texte 56 relatif aux tarifs et aux prix limites de vente au public (PLV) en euros TTC visés à

l’article L. 165-1 (LPP) du code de la sécurité sociale. Journal Officiel n°0201 du 1er septembre

2009, p.14444. Disponible sur internet :

<http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=A5F040ECE31742C254EB4BAE50A

9B036.tpdjo08v_2?cidTexte=JORFTEXT000021011108&dateTexte=&oldAction=rechJO&cate

gorieLien=id> (Consulté le 16 février 2013).

Page 40: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

ANNEXES

ANNEXE 1 : Classification des niveaux d’activités

ANNEXE 2 : Classification de Pohjolainen (1990)

ANNEXE 3 : Les différents types de genoux prothétiques

ANNEXE 4 : Les différents types de pieds prothétiques

ANNEXE 5 : Echelle de Borg modifiée

ANNEXE 6 : Fiche de résultats

ANNEXE 7 : Fiche de résultats pour le bilan Amputee Mobility Predictor

ANNEXE 8 : Résultat d’un test de marche réalisé à Kerpape

ANNEXE 9 : Résultats des tests de marche de six minutes

• Tableau A : Résultats

• Tableau B : Remarques

Page 41: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

I

ANNEXE 1 : CLASSIFICATION DES NIVEAUX D’ACTIVITÉS

Niveau

K0

Le patient n’a pas la capacité ou le potentiel d’effectuer des déplacements

ou des transferts en sécurité avec ou sans assistance, et une prothèse

n’améliore pas la qualité de vie ou le niveau de mobilité.

Niveau

K1

Le patient a la capacité ou le potentiel d’utiliser une prothèse pour

effectuer des transferts ou des déplacements sur une surface plane et à

une cadence unique.

Typique du patient restreint à l’environnement proche de son domicile.

Niveau

K2

Le patient a la capacité ou le potentiel de se déplacer avec la possibilité de

traverser des obstacles de son environnement comme des trottoirs, des

escaliers ou des surfaces inégales.

Typique du patient évoluant dans un environnement urbain.

Niveau

K3

Le patient a la capacité ou le potentiel de marcher à différentes vitesses, il

peut surmonter la majorité des obstacles environnants et peut exercer une

activité qui requiert l’utilisation d’une prothèse au delà de la simple

locomotion que ce soit pour des raisons professionnelles, thérapeutiques

ou récréatives.

Niveau

K4

Le patient a la capacité ou le potentiel d’utiliser une prothèse pour des

besoins qui dépassent la simple locomotion, il peut supporter des forts

impacts ou d’importantes contraintes.

Profil du patient enfant, adulte actif ou sportif et athlète de haut niveau.

Page 42: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

II

ANNEXE 2 : CLASSIFICATION DE POHJOLAINEN (1990)

Classe I Déambule avec une prothèse mais sans autre aide technique.

Classe II

Indépendant au domicile, déambule avec une prothèse mais requiert une canne ou une béquille pour les activités à l’extérieur.

Classe III

Indépendant à l’intérieur, déambule avec une prothèse et une béquille, mais requiert deux béquilles à l’extérieur et occasionnellement un fauteuil roulant.

Classe IV

Déambule à l’intérieur avec une prothèse et deux béquilles ou un déambulateur, mais requiert un fauteuil roulant pour les activités à l’extérieur.

Classe V

Déambule à l’intérieur seulement sur de courtes distances, se déplace la plupart du temps avec un fauteuil roulant.

Classe VI

Déambule avec des aides techniques mais pas de prothèse.

Classe VII

Se déplace uniquement en fauteuil roulant.

Page 43: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

III

GENOUX A VERROU

CARACTERISTIQUES

EXEMPLES

DE GENOUX

prix approximatif

Avantages :

- Stable et sécuritaire

- Facilité d’apprentissage

Inconvénient :

- Marche non physiologique

Indiqué pour les personnes

âgées ou pour débuter la

rééducation

GENOUX ARTICULES GENOUX A

MICROPROCESSEUR

1 axe

Frein mécanique

ou hydraulique

Conditions :

- Tonus musculaire suffisant

- Absence de pathologie

cardiaque associée

invalidante

- Phase pendulaire acquise

Plusieurs axes

Biellette

- Très sécuritaire

- Vitesse de marche

maximum de 4 km/h

- Stabilité

- Performant

- Vitesse > 4 km/h

- Pente et escalier

Avantages :

- Sécuritaire et performant

- Pente élevée et descente

des escaliers en pas alternés

possible

Inconvénient :

- Batterie

GENOU

A FREIN

GENOU

MONOCENTRIQUE

GENOU

POLYCENTRIQUE

3R92® (Otto Bock)

TK 2000® (Össur)

3R60® (Otto Bock)

2000 €

MAUCH® (Össur)

3R80® (Otto Bock)

2500 €

Pris en charge par la Sécurité

Sociale :

- Rheo® (Össur)

- C-Leg® (Otto Bock)

15 000 €

Non pris en charge par la

Sécurité Sociale :

- Power knee® (Össur)

Genou motorisé

80 000 €

- Genium® (Otto Bock)

Non motorisé mais un capteur

permet de monter les escaliers

35 000 €

ANNEXE 3 : LES DIFFÉRENTS TYPES DE GENOUX PROTHÉTIQUES

Page 44: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

IV

PIED DE BASE CLASSE I CLASSE II CLASSE III

CARACTERISTIQUES

EXEMPLES DE PIED

prix approximatif

Pied articulé

au niveau

de la cheville

(un axe)

Pied offrant une

légère restitution

d’énergie.

Permet la flexion

et la rotation

Pied

comportant

une lame carbone

Pied à restitution

d’énergie comportant

une lame carbone.

Répondant à des

critères d’attribution

spécifiques pour la

prise en charge par la

Sécurité Sociale.

SureFlex® (Össur)

1C30® ‘‘Trias’’ (Otto bock)

Dynastep® (Protéor)

MultiFlex® (Blatchford)

1D10® (Otto Bock)

500€

Chez Össur :

- VariFlex®

- FlexWalk®

Chez Otto Bock :

C-Walk 1C40®

C-Walk 1C60® ‘‘Triton’’

1500€

ANNEXE 4 : LES DIFFÉRENTS TYPES DE PIEDS PROTHÉTIQUES

Page 45: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

V

ANNEXE 5 : ECHELLE DE BORG MODIFIÉE

D’après vous, l’intensité de l’effort est :

0 Aucun effort

0,5 Effort très très faible

1 Effort très faible

2 Effort faible

3 Effort modéré

4 Effort un peu difficile

5 Effort difficile

6

7 Effort très difficile

8

9

10 Effort très très difficile

Page 46: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

VI

ANNEXE 6 : FICHE DE RÉSULTATS

FICHE DE RÉSULTATS

Nom : ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................

Prénom : ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ..........

Date de naissance : ................ ................ ................ ......... ................ .......... ................ ................ ...................

Niveau d’amputation : ................ ................ ................ .. ................ . ................ ................ ................................

Droite/Gauche : ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ...............

Date d’amputation (+ cause) : ................ ................ ................ ................ ................ ................................ ...

Date du premier appareillage : ................ ................ ....... ................ ................ ......................... ................ ..

Type d’appareillage :

- Pied : ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................................

- Genou : ................ ................ ................ ................ ........... ................ ................ ................ ................

TDM6 :

- Départ t = 0 min : FC0 = ................. SpO20 = ..... ...... ............ TA0= ................... Borg0 = ................

- t = 2 min : ______ FC2’ = ................ SpO22’ = ............ .......... Distance2’ = ................ ................

- t = 4 min : ______ FC4’ = ................ SpO24’ = ........ .............. Distance4’= ............. ...................

- Fin t = 6 min : ___ FCf = ................. SpO2f = ........ ................ TAf= .................... Distancef = ....... .........................

Borgf= ................

- Arrêts : ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................

- Symptômes : ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................

- Temps de repos nécessaire après le test : ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................

- Remarques : ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................

........................... ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ...........................

................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ........................... ................

................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ................ ........................... ................

Page 47: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

VII

ANNEXE 7 : FICHE DE RÉSULTATS POUR LE BILAN AMPUTEE MOBILITY PREDICTOR

(mise à disposition par Össur®)

Page 48: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

VIII

Page 49: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

IX

ANNEXE 8 : RÉSULTAT D’UN TEST DE MARCHE RÉALISÉ À KERPAPE

Page 50: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

X

ANNEXE 9 : RÉSULTATS DES TESTS DE MARCHE DE SIX MINUTES

TABLEAU A : RÉSULTATS

Patient Départ A t = 2 min A t = 4 min A t = 6 min

FC0 SpO20 TA0 Borg0 FC2 SpO22 D2 FC4 SpO24 D4 FCf SpO2f TAf Borgf Df

1 72 94 140/80 0 78 96 12 78 96 25 80 95 135/80 1 33

2 81 95 140/90 0 93 98 17 70 97 38 103 95 140/90 4 60

3 100 94 120/85 0 110 95 160 107 94 320 119 94 120/90 1 480

4 89 98 130/80 0 92 95 95 103 95 175 127 96 150/90 3 255

5 81 94 110/80 0 106 94 170 123 95 355 108 95 120/70 1 535

6 64 98 110/80 0 NR1 NR1 80 NR1 NR1 155 82 97 130/70 1 225

7 74 94 110/70 0 NR1 NR1 40 NR1 NR1 85 72 93 140/80 3 125

8 79 95 130/70 0 94 93 NR1 97 93 NR1 102 94 140/80 1 270

1 : NR = Non renseigné, le centre de rééducation ne disposait pas du matériel ou des repères nécessaires à la prise de ces informations lors du test.

Unités utilisées : - Fréquence cardiaque (FC) en battement par minutes (bpm)

- Saturation en oxygène (SpO2) en pourcentage (%)

- Tension artérielle (TA) en millimètre de mercure (mmHg)

- Distance parcourue (D) en mètres (m)

- La dyspnée (Borg) évaluée par l’échelle de Borg modifiée (ANNEXE 5)

Page 51: Evaluation des patients amputés de membre inférieur

XI

TABLEAU B : REMARQUES

Patient Temps de retour

à FC0 Remarques

1 1 min 22 sec - Utilisation d’un déambulateur

2 2 min 21 sec - Utilisation d’un déambulateur

- Deux arrêts : au bout de 3 min 11 sec puis au bout de 5 min 08 sec (durée 5 secondes chacun).

Cause : douleur dans le dos, EVA = 5/10.

3 1 min 47 sec

4 1 min 34 sec - Utilisation de deux cannes anglaises

- La patiente ne disposait pas de sa prothèse habituelle (en réparation)

5 1 min 04 sec

6 2 min 42 sec - Utilisation d’un déambulateur

- Aucun arrêt

7 2 min 07 sec - Patient bénéficiant d’un traitement comportant des Bétabloquants

- Utilisation d’un déambulateur

- Arrêt au bout de 5’20’’ à cause d’un essoufflement

8 2 min 34 sec - Utilisation d’une canne simple

- Aucun arrêt