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― 41 ― (1) A l’occasion du trentième anniversaire du jumelage des villes de Fukuoka (Japon) et Bordeaux (France), nous avons eu le privilège d’animer une soirée autour de deux immenses figures du paysage littéraire français et bordelais, Michel de Montaigne et François Mauriac. S’agissant d’un salon littéraire auquel participaient des francophiles japonais non spécialistes de littérature française, notre objectif fut triple : présenter les deux auteurs, susciter l’intérêt des participants, et les inviter à la parole 1 . Pour ce faire, il nous a semblé judicieux d’entrainer notre public sur un terrain qu’il connaissait bien : sa propre littérature, la littérature japonaise. Notre démarche fut dès lors celle d’une mise en parallèle, d’une recherche de correspondances, avec le désir d’éveiller des résonances, des réminiscences ; une démarche qui consistait à tendre des perches pour tracer une voie qui nous conduirait à une espèce de lieu magnétique où se croisent le penseur humaniste et l’auteur catholique d’une part, des poètes et des écrivains japonais de l’autre, dialoguant au-delà de leurs différences. Il est commun de croire que la pensée occidentale et la pensée japonaise forment deux univers inconciliables. Il est vrai que pour l’Occidental, la logique se doit d’être au centre de tout comportement, alors que le Japonais ne voit pas toujours la nécessité d’écarter de soi ou en soi l’existence des contraires. Les évidentes contradictions qui ponctuent la vie sont acceptées au Japon, intégrées dans un système de cohabitation et d’harmonie inhabituel en Occident. Or, à la relecture des Essais de Montaigne et des romans de Mauriac, nous avons été étonnée de constater combien nombreux étaient les passages qui semblaient de nature à être accessibles aux lecteurs japonais, à leur paraître familier ; combien, rédigés dans un contexte culturel foncièrement différent, ils pouvaient receler de promesses de complicité réciproque et de communion. Les textes que nous avons présentés ont été choisis dans le but de proposer un cheminement littéraire croisé. Nous sommes toutefois consciente des limites de notre sélection, de la fragilité de certains rapprochements ou de l’omission par ignorance de certains antagonismes non négligeables. Pour Evoquer, au Japon, deux grands écrivains bordelais, Michel de Montaigne et François Mauriac. Justification d’un choix. Hélène De Groote 1 Montaigne n’a-t-il pas noté dans ses Essais que le plus fructueux et naturel exercice de l’esprit était à son gré « la conférence » (la conversation) et qu’il en trouvait l’usage plus doux que d’aucune autre action de la vie (Essais III, 8, p.900 ) Les références aux Essais de Montaigne renvoient à l’édition de la Pléiade : Michel de Montaigne, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1962. Critiquer, c’est parler de soi-même en utilisant les œuvres d’autrui. Kobayashi Hideo Le génie grec sera mieux compris par l’opposition d’une statue grecque à une statue égyptienne ou asiatique, que par la connaissance de cent statues grecques. André Malraux, Ecrits sur l’Art.

Evoquer, au Japon, deux grands écrivains bordelais, Michel

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A l’occasion du trentième anniversaire du jumelage des villes de Fukuoka (Japon) et Bordeaux (France), nous avons eu le privilège d’animer une soirée autour de deux immenses figures du paysage littéraire français et bordelais, Michel de Montaigne et François Mauriac.

S’agissant d’un salon l i t téraire auquel participaient des francophiles japonais non spécialistes de littérature française, notre objectif fut triple : présenter les deux auteurs, susciter l’intérêt des participants, et les inviter à la parole1. Pour ce faire, il nous a semblé judicieux d’entrainer notre public sur un terrain qu’il connaissait bien : sa propre littérature, la littérature japonaise. Notre démarche fut dès lors celle d’une mise en parallèle, d’une recherche de correspondances, avec le désir d’éveiller des résonances, des réminiscences ; une démarche qui consistait à tendre des perches pour tracer une voie qui nous conduirait à une espèce de lieu magnétique où se croisent le penseur humaniste et l’auteur catholique d’une part, des poètes et des écrivains japonais de l’autre, dialoguant au-delà de leurs différences.

I l es t commun de croire que la pensée occidentale et la pensée japonaise forment deux univers inconciliables. Il est vrai que pour l’Occidental, la logique se doit d’être au centre de tout comportement, alors que le Japonais ne voit pas toujours la nécessité d’écarter de soi ou en soi l’existence des contraires. Les évidentes contradictions qui ponctuent la vie sont acceptées au Japon, intégrées dans un système de cohabitation et d’harmonie inhabituel en Occident. Or, à la relecture des Essais de Montaigne et des romans de Mauriac, nous avons été étonnée de constater combien nombreux étaient les passages qui semblaient de nature à être accessibles aux lecteurs japonais, à leur paraître familier ; combien, rédigés dans un contexte culturel foncièrement différent, ils pouvaient receler de promesses de complicité réciproque et de communion.

Les textes que nous avons présentés ont été choisis dans le but de proposer un cheminement littéraire croisé. Nous sommes toutefois consciente des limites de notre sélection, de la fragilité de certains rapprochements ou de l’omission par ignorance de certains antagonismes non négligeables. Pour

Evoquer, au Japon, deux grands écrivains bordelais, Michel de Montaigne et François Mauriac.

Justification d’un choix.

Hélène De Groote 

1 Montaigne n’a-t-il pas noté dans ses Essais que le plus fructueux et naturel exercice de l’esprit était à son gré « la conférence » (la conversation) et qu’il en trouvait l’usage plus doux que d’aucune autre action de la vie (Essais III, 8, p.900 ) Les références aux Essais de Montaigne renvoient à l’édition de la Pléiade : Michel de Montaigne, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1962.

Critiquer, c’est parler de soi-mêmeen utilisant les œuvres d’autrui.

Kobayashi Hideo

Le génie grec sera mieux compris parl’opposition d’une statue grecque à unestatue égyptienne ou asiatique, que parla connaissance de cent statues grecques.

André Malraux, Ecrits sur l’Art.

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notre défense, nous pourrions avancer que notre connaissance lacunaire de la littérature japonaise nous a paradoxalement aidée à rester dans l’intuitif et l’émotion, qualités essentielles au Japon, et à suivre le principe de Kobayashi Hidéo (1902-1983), éminent critique littéraire qui s’engageait à transcender l’observation lucide de la critique par une création « passionnée 2 ».

MONTAIGNE

André Gide affirme dans l’étude qu’il lui consacre que Montaigne est l’auteur d’un seul livre, un livre unique, écrit sans composition préétablie, au hasard des événements et des lectures, dans lequel il se donne tout entier3. L’auteur des Nourritures terrestres remarque en même temps que Montaigne n’offre à ses lecteurs aucune méthode, ni aucun système philosophique ou social, que rien n’est moins ordonné que sa pensée qu’il laisse vagabonder et courir à l’aventure ; que son scepticisme même n’est que l’expression d’une ambiguïté foncière dont lui, Gide, ne saurait se satisfaire. Il invite par conséquent le lecteur de Montaigne à trouver dans les Essais « plus et mieux que des doutes et des interrogations4 ». Cependant, le lecteur japonais, loin de se sentir frustré par cette mise en question des certitudes, s’y trouvera à l’aise et se reconnaîtra dans la disposition d’esprit de Montaigne. Le Japonais a en effet le sentiment qu’aucune vérité n’est absolue. L’incertain régit son mode de penser, le vagabondage des idées lui est salutaire. Le poète Matsuo Bashô (1644-1694) qui se définit comme un « lambeau de nuage » flottant « à l’invite du vent » n’a cessé de nourrir « des pensers vagabonds 5 ». Et dans un registre à la fois différent et semblable, Kobayashi Hideo revendique haut et fort l’instable et le changeant, notions qui selon lui sont idéalement adaptées à la formulation des idées par le langage, ce système fonctionnel « qui aime l’aventure, les découvertes, les échecs et les erreurs6 ».

La voie empruntée par Montaigne fut celle de la flânerie au gré de l’écriture, un cheminement libre et volontaire.

J’ai pris une route par laquelle, sans cesse et sans travail, j’iray autant qu’il y aura d’ancre et de papier au monde (Essais III, 9, p. 922)

Parallèlement, à l’exemple des mois et des jours, ces « passants perpétuels », et des ans qui se relaient, Matsuo Bashô fit du voyage son gîte et de l’écritoire sa compagne de route7, et ses flâneries spacio-scripturaires lui étaient non seulement coutumières, mais vitales. Elles le sensibilisaient à l’idée d’impermanence et d’imminence, l’invitant à un retour constant sur soi-même.

Je sors mon nécessaire à écrire, et sous la lampe, étendu, les yeux clos, je me frappe la tête et me torture…8

Ce questionnement du moi se trouve au cœur de l’œuvre de Montaigne qui, dans son avis au lecteur, affirme n’avoir rien fait d’autre que d’interroger l’être qu’il nommait « moi ». Il déclare qu’il est lui-même la matière de son livre dans lequel il a consigné ses réflexions, ses défauts, ses imperfections et sa forme naïve.

Alors que le Japon est le pays de la non-affirmation de soi, le pays du « moi atténué9 », Bashô était animé, comme Montaigne, d’une incroyable volonté de rapporter ses pensées et ses émotions, convaincu que la connaissance du monde ne s’acquiert que par les mouvements du cœur et de l’esprit, selon le principe du mono no aware, ces émotions ressenties par le « moi » face au monde des hommes et de la nature10. Dans ses Journaux de voyage, Bashô décrit ses impressions, les sensations qui l’envahissent ; il confie à la page blanche ses idées sur la nature, les choses, et expose sa vision artistique qu’il ne cesse de remettre

2 Voir l’article de Philippe Forest « Sur un mot de Kobayashi Hideo », ds. D’après le Japon, sous la dir. de Laurent Zimmerman, Nantes, Editions nouvelles Cécile Defaut, 2012, pp.11-28.3 André Gide, Les pages immortelles de Montaigne, Paris, Corréa, 1948, p.7.4 Idem, p.14.5 Bashô, La Sente Etroite du Bout-du-Monde, ds. Journaux de voyage, trad. René Sieffert, Paris, Publications orientalistes de France, 1978, p. 69.6 Voir Hitoshi Oshima, Le développement d’une pensée mythique, trad. Marion Saucier, Paris, Osiris, 1994, p.113.7 Bashô, Journaux de voyage, o.c., pp. 69, 101.8 Idem, p. 64.9 Robert Guillain, Le Japon supergrand, Tokyo, Daisan Shobo, 1986, p. 50.10 Hitochi Oshima, Le développement d’une pensée mythique, o.c., p. 71.

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en question. Inlassablement, il consigne sentiments, pensées philosophiques et méditations, sans pour autant se vouloir docte et pédant. Sa langue est pure et limpide comme celle qu’affectionne Montaigne qui note :

Le langage que j’ayme est s imple et naturel ( …) Mon stile et mon esprit vont vagabondant de mesmes ( …) J’ayme l’alleure poetique, à sauts et à gambade(Essais III, 9, p. 973)

Ce goût de la simplicité que l’humaniste du 16e siècle et le poète japonais du 17e ont en partage s’accompagne chez l’un comme chez l’autre d’un profond sentiment d ’humi l i t é , de modes t ie , d ’humour e t même d’autodérision !En dépit de la finesse de ses écrits, Bashô évoque la légèreté et l’inanité de ses vers :

Moi qui au vent d’hiver sème vers badinsme voici à Chikusaï

pareil11

Montaigne, lui, souligne la vanité et la frivolité de son ouvrage, et avec humour il tente de dissuader le lecteur d’employer à un sujet aussi médiocre son temps précieux :

Ainsi, lecteur, je suis moy-mesmes la matière de mon livre : ce n’est pas raison que tu employes ton loisir en un subject si frivole et si vain. A Dieu donq. (Essais. Au Lecteur. p. 9)

Ce sujet qu’il qualifie de si vain et si futile, Montaigne l’a pourtant creusé, remué, exploré, poursuivant sa quête du « moi » pour, en premier lieu, comprendre et peindre l’homme. Qui se connaît, connaît aussi les autres, écrit-il, car :

…chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition (Essais III, 2, p.782)

Il offre ainsi à ses lecteurs une merveilleuse leçon de fraternité et de tolérance :

J’estime tous les hommes mes compatriotes (Essais III, 9, p.950)

Dans un pays comme le Japon où des facteurs géographiques ont engendré une mentalité isolationniste, cette sentence de Montaigne peut et doit, de nos jours plus que jamais, servir de précepte, car si dans ce pays l’intérêt pour l’étranger est intense, la barrière entre l’identité japonaise et celle de celui qui vient d’ailleurs se dresse toujours solide, et, sous les discours lénifiants et diplomatiques de certains politiciens la pensée nationaliste reste latente. Dans son texte consacré aux « Caractéristiques fondamentales de la société et de la culture japonaises », l’historien et penseur japonais Katô Shûïchi12 (1919-2008) analyse la vision de cette société marquée par le conflit entre le « naka » (l’intérieur) et le « soto » (l’extérieur), entre le consensus au sein du groupe et l’élément extérieur jugé perturbateur. Mais l’intellectuel japonais montre également que, parallèlement, son pays, qui ne considère pas que « l’un » soit le contraire de « plusieurs », a toujours fait preuve d’une extraordinaire faculté d’intégration d’éléments culturels étrangers (soto). Les cultures de la Chine, de la Corée et de l’Occident ont ainsi marqué de leur sceau de vastes champs de la vie et de la culture japonaises, attirant des génies libres et contestataires.

C’est dans cet esprit que Fukuzawa Yûkichi (1835-1901), le plus connu des intellectuels de l’ère Meiji et un des premiers passeurs de la civilisation occidentale, reprend les propos de Montaigne quand il avance l’idée de l’égalité de tous les hommes et dénonce l’extrême hiérarchisation de la société japonaise, affirmant que « le ciel ne crée aucun homme supérieur ni aucun homme inférieur aux autres hommes13 ». Si différence entre les hommes il y a, dit-il, elle s’explique par les disparités d’accès à l’étude. Pour Fukuzawa comme pour Montaigne, l’étude et l’éducation constituent le ressort fondamental qui assure la formation et le développement de l’homme, cet être que l’humaniste français qualifie de « caduque », de « misérable » et de « néant » (Essais II, 2, p.528). Pour sa part Fukuzawa clame que l’homme qui n’étudie pas est « un ignorant et un homme ignorant est un

11 Bashô, La Sente Etroite du Bout-du-Monde, Journaux de voyage, o.c., p. 30.12 Shûïchi Katô, « Caractéristiques fondamentales de la société et de la culture japonaises » (1983), trad. Yves-Marie Allioux, ds. Cent ans de pensée au Japon, T.II., Paris, éd. Philippe Picquier, 1996, pp.333-367.13 Yûkichi Fukuzawa, « L’Appel à l’étude », trad. Christian Galan, ds. Cent ans de pensée au Japon, T.II., o.c., pp.7-20.

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imbécile14 ». Le salut de l’homme réside dans l’acquisition

d’une pensée critique. Il lui faut apprendre à bien juger, à bien parler, à chercher l’instruction dans la compagnie des autres hommes.

Pour apprendre à bien juger et à bien parler, il faut frotter et limer nostre cervelle contre celle d’autruy. Il faut se promener par des nations voisines où le langage est plus esloigné du nostre. (Essais I, 26, p. 152)

Fukuzawa à son tour souligne l’importance du « commerce » des hommes de diverses appartenances pour former un esprit critique et s’élever mutuellement.

Les peuples ( …) respirent le même air et sont animés des mêmes sentiments humains (…) Nous devons apprendre les uns des autres et nous éduquer mutuellement…15

Mais si, selon Fukuzawa, il n’est rien de plus important que d’œuvrer à la formation de « l’homme de bien16 », Montaigne souligne la beauté et la légitimité « de faire bien l’homme » (Essais III, 13, p. 1091). Les deux formules semblent similaires et les pensées de ces deux auteurs sont certes avoisinantes, toutefois une divergence conséquente se profile car chez l’intellectuel japonais, la finalité de l’étude réside moins dans le bien-être de l’homme individuel, que préconise Montaigne, que dans l’élaboration d’un Etat stable, garanti par l’existence d’hommes éduqués dont l’identité s’efface devant la fonction qu’ils incarnent.

S’il est tout à fait naturel de respecter un fonctionnaire du gouvernement, le respect qui lui est dû ne va pas à l’homme lui-même, mais au fait que grâce à son talent et à ses capacités, il s’acquitte d’une tâche importante qui concerne les lois dont bénéficie le peuple. Ce n’est pas l’homme qui mérite ici le respect, ce sont les lois du pays17.

Montaigne par contre fait l’apologie de la réflexion

et de la valeur personnelles de l’individu cultivé, nourri de vertus humanistes, qui tout en assumant ses responsabilités au sein de la société, n’est pas tenu à sacrifier pour elle son identité. La philosophie de Montaigne s’oriente vers une sagesse plus épicurienne, un art de vivre qui consiste à « bien faire l’homme » selon une morale basée sur la liberté et la recherche raisonnée du plaisir.

J’ayme une sagesse gaye et civile, et fuis l’aspreté des mœurs et l’austérité, ayant pour suspecte toute mine rébarbative (…) Je hay un esprit hargneux et triste qui glisse par-dessus les plaisirs de sa vie. (Essais III, 5, p.822)

Pour moy donc, j’ayme la vie et la cultive (Essais III, 13, p.1093)

Et de conclure avec sagesse et humour que

C’est une absolue perfection (…) de sçavoir jouyr loiallement de son estre. (…) Les plus belles vies sont, à mon gré, celles qui se rangent au modelle commun et humain, avec ordre, mais sans miracle et sans extravagance. (Essais III, 13, p.1096) Nous avons (…) beau monter sur des eschasses (…) encores faut-il marcher de nos jambes. Et au plus eslevé throne du monde, (…) ne sommes assis que sus nostre cul. (Essais III, 13, p.1096)

S’accommoder de sa précarité et vivre en l’absence de miracle avec humilité et modestie, voilà une moralité qui rappelle au lecteur japonais un style de vie qui lui est familier, de même que l’aveu que fait Montaigne d’aimer la vie et de vouloir en jouir, résonne dans son cœur. Textes en prose et poèmes japonais ont chanté des préoccupations analogues.

Le voyage fait partie des agréments de la vie. Découvrir le monde était une activité à laquelle Montaigne se livrait sans rechigner, avec intérêt et

14 Yûkichi Fukuzawa , « L'Appel ā l'étude », ds. Cent ans de pensée au Japon, T.ll., o.c., pp.11-12.15 Idem, pp.13-14.16 Idem, p.15.17 Idem, p.16.

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délectation.

Le voyage me semble un exercice profitable. L’âme y a une continuelle excitation à remarquer les choses incogneuës et nouvelles ; et je ne sçache point meilleure escolle,comme j’ay dict souvent, à former la vie que de luy proposer incessamment la diversité de tant d’autres vies, fantasies et usances, et luy faire gouster une si perpetuelle varieté de formes de nostre nature. Le corps n’y est ny oisif ny travaillé et cette modérée agitation le met en haleine. (Essais III, 9, p. 951)

Autant que ses vertus pédagogiques et thérapeutiques, Montaigne prisait la liberté que lui offrait le voyage de se laisser conduire par la curiosité et le plaisir.

Moy, qui le plus souvant voyage pour mon plaisir, ne me guide pas si mal. S’il faict laid à droicte, je prens à gauche (…) Je ne trace aucune ligne certaine, ny droicte, ny courbe. ( Essais III, 9, p.963)

Voyageur, Bashô l’était comme l’humaniste, et comme lui, il s’en allait librement de par le monde (le Japon), suivant les eaux et les nuages, sans desseins précis, au gré du vent et de son bon vouloir.

La traversée de lieux inconnus se révélait pour l’écrivain humaniste une bonne école. Pour le poète japonais, elle était une source de sagesse, un prétexte à l’écriture et à l’expression de sensations.

Le long des sentiers, entre plaines et montagnes, Bashô découvrait les vestiges du passé, gardiens de souvenirs millénaires. De la pierre rencontrée, sculptée de mains d’homme, il évoque dans ses haïkus les ondes brûlantes qui s’élèvent et épousent, entre rêve et conscience, l’émotion qui le submerge, alors que sur le tronc du vieux cerisier se déroulent, comme sur un « kakejuku » imaginaire, les hauts faits des âges écoulés.

Hautes d’une toise et six pieds

ondes de chaleurdessus la pierre

Nombreux et diverssont les souvenirs qu’évoquele cerisier18

Par cette remontée du temps, Bashô se sent relié à tous les poètes qui, avant lui, avaient chanté les lieux abandonnés offerts à ses yeux. L’émotion lui fait oublier l’inconfort du trajet et les affres de sa maladie chronique, douloureux « privilège » qu’il partageait avec Montaigne, mais qui paradoxalement lui enseigna la précarité de la vie, le fugitif et l’impermanence.

Lointain est le but de mon voyage, et voilà qu’une pareille maladie le rend hasardeux ; toutefois, qui pérégrine par des régions écartées fait fi de la vie et admet l’impermanence19.

Le monde n’est que changement. Des règnes de splendeur ne restent que des pierres dispersées, reconquises par la nature.

…des bâtiments détruits, il ne reste que les pierres de fondation, les logis conventuels disparus ont cédé la place aux champs et aux rizières, la statue du Bouddha d’une toise six pieds est ensevelie sous une verte couche de mousse et la tête seule s’offre à ma dévotion20

Un siècle auparavant, la vue de l’incessante mutation des choses, inspira à Montaigne de semblables pensées.

Finalement, il n’y a aucune constante existence, ny de nostre estre, ny de celui des objets. Et nous, et nostre jugement, et toutes choses mortelles, vont coulant et roulant sans cesse. Ainsin il ne se peut establir rien de certain de l’un à l’autre, et le jugeant et le jugé estans en continuelle mutation et branle. (Essais II, 12, p.586)

18 Matsuo Bashô, Le carnet de la hotte. Journaux de voyage, o.c., p.51.19 Matsuo Bashô, La Sente Etroite du Bout-du-Monde, o.c., p.78.20 Idem, pp.51,52.

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Entre le « fuéki » (不易) que l’on pourrait traduire en français par l’universel, l’invariant, la continuité dans le recommencement, et le « ryûkô »

(流行), le fluctuant, la dissolution continuelle, Bashô choisissait de saisir, pour l’exprimer dans ses vers, l’imperceptible et fugitif instant du présent. Montaigne, ce Japonais qui s’ignorait, se préoccupait de l’insaisissable entre-deux. « Je ne peins pas l’être », écrivait-il, « je peins le passage ».

Le monde n’est qu’une branloire perenne. Toutes choses y branlent sans cesse : la terre, les rochers du Caucase, les pyramides d’Ægypte, et du branle public et du leur. La constance mesme n’est autre chose qu’un branle plus languissant.Je ne puis asseurer mon object. Il va trouble et chancelant, d’une yvresse naturelle. Je le prens en ce point, comme il est, en l’instant que je m’amuse à luy. Je ne peints pas l’estre. Je peints le passage21. (Essais III, 2, p.782)

Eternel les f luctuat ions, imperceptibles métamorphoses… Même les livres n’y échappent. « Tous les livres », note le critique Kobayashi Hideo, « sont des légendes. Rien de vraiment définitif n’y est écrit. Ce sont des êtres vivants qui à chaque instant évoluent, au fur et à mesure que nous changeons22 ». Sans nier cette évidence, nous sommes portée à croire que Montaigne et Bashô appartiennent malgré tout, et incontestablement, au monde du « fuéki » (不易), le monde de l’invariant, autant qu’il est certain qu’ils participent aussi du « ryûkô » (流行), le monde flottant. Ils se situent justement dans ce « passage » que prétendait peindre Michel de Montaigne.

MAURIAC

Les romans du grand écrivain nobélisé déploient un univers qui peut paraître inconciliable avec la sensibilité japonaise, et parce que le temps nous faisait défaut pour évoquer l’ensemble de l’œuvre de cet implacable analyste des passions humaines, de cet auteur

déchiré, rongé par un constant sentiment de culpabilité, obsédé par le mystère du mal et des voies du salut des âmes pécheresses, de même que pour exposer la critique du sévère censeur vis-à-vis de la grande bourgeoisie bordelaise, nous avons décidé de présenter plutôt un florilège de textes illustrant le lien très fort qui unissait Mauriac à la nature et l’émoi que celle-ci éveillait en lui, désirant par ce choix atténuer auprès de notre public japonais le dépaysement que les descriptions mauriaciennes des passions auraient pu provoquer. Il nous a semblé que le thème de la nature pouvait servir de gué aux auditeurs japonais pour aborder, ultérieurement, les rives moins familières de l’auteur.

L’œuvre de Mauriac a une portée universelle, mais l’on sait qu’elle a germé dans les terres de son enfance bordelaise, dans le sol des Landes girondines. L’on sait aussi que la nature au Japon se trouve au cœur des préoccupations, qu’elle y est un motif incontournable, indissociable de l’âme et de la pensée. Elle est, dans l’Archipel, le principe qui régit toutes les choses, la vie, l’étude, la société, l’art... Celui qui l’ignore fait figure de brute sauvage. Matsuo Bashô nous le rappelle en nous exhortant à suivre la nature en toutes circonstances et à faire des quatre saisons des compagnes de route.

Qui dans les formes ne voit la fleur est pareil aux Barbares. Qui en son cœur ne ressent la fleur s’apparente aux bêtes brutes23.

Loin d’être absente, la nature agrémente ou hante les pages de Mauriac, elle épouse les déchirures, habille les tourments des personnages, mais nourrit également leurs réflexions de mouvements harmonieux et sa vue devient souvent une source d’émotion et de sérénité.

Dans Thérèse Desqueyroux, la colère et la révolte de l’héroïne, enterrée vivante dans cette cage aux barreaux innombrables qu’est une famille bourgeoise, sont comparées à l’embrasement d’une forêt de pins.

… feu sournois qui rampe sous la brande, embrase un pin, puis l’autre, puis de proche en proche crée une forêt de torches24.

21 Nous soulignons.22 Hideo Kobayashi, Lettre à X, trad. Masayuki Ninomiya, ds. Cent ans de pensée japonaise T.I. , o.c., p.205.23 Matsuo Bashô, Le carnet de la hotte. Journaux de voyage, o.c.,p.45.24 François Mauriac, Thérèse Desqueyroux. Œuvres romanesques et théâtrales complètes, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1979, T. II., p.37.

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Evoquer, au Japon, deux grands écrivains bordelais, Michel de Montaigne et François Mauriac. Justification d’un choix.(Groote) ― 47 ―

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Les landes deviennent le symbole de la désolation de sa vie provinciale :

Le silence d’Argelouse. Les gens qui ne connaissent pas cette lande perdue ne savent pas ce que c’est le silence : il cerne la maison comme solidifié dans cette masse épaisse de forêt où rien ne vit, hors parfois une chouette ululante, nous croyons entendre, dans la nuit, le sanglot que nous retenions25.

Cet espace naturel représente le lieu souche de l’existence de Thérèse, façonnée à l’image de l’étendue noire dont l’odeur résineuse emplit la nuit. Les pins, « pareils à l’armée ennemie invisible mais toute proche », « ces gardiens dont [elle] écoute la plainte sourde » la voient « languir au long des hivers, haleter durant les jours torrides26 ». Ils sont les témoins de son étouffement. Pourtant la haine de Thérèse ne se dirige pas vers la nature nue qui hante ses pensées et ses rêves. Des pins des Landes, l’héroïne mauriacienne garde l’amour dans le sang. Ils la rendent à son intériorité, bercent ses méditations.

Innombrables sont au Japon les exemples de la nature intériorisée, de la nature pénétrant le nerf de la conscience, des sensations. Un exemple parmi d’autres : Mori Arimasa (1911-1976). Cet ancien boursier du gouvernement français expatrié en France où il devait mourir, s’est nourri du spectacle de la nature pour alimenter sa pensée. Ainsi, au terme d’un bref retour au pays, les arbres géants du jardin botanique de Sapporo dont certains, fendus en deux par la foudre, n’avaient pour autant cessé de grandir, dictent à l’essayiste et philosophe japonais l’image de l’homme même qui continue à vivre et à mûrir après avoir réchappé de profondes blessures27.

Les correspondances entre l’homme et la Nature se déclinent partout en mouvements alternatifs, allant des sensations qu’elle éveille en lui aux innombrables nuances dont il la pare. Le poète Kitamura Tôkoku (1868-1894) s’est fait le chantre et le théoricien de cette complicité spontanée.

L’homme, quoi qu’on en dise, n’a dans sa nature rien de sec. L’univers, quoi qu’on en dise, n’a dans sa nature rien de fade. Une unique fleur, à condition qu’on l’observe dans tous ses détails, a de quoi faire naître une infinitude de rêveries. La Création a beau être immuable, elle éveille dans le cœur de l’homme mille échos divers28.

Mauriac, moins que quiconque ne restait sourd aux appels de la nature et ornait son œuvre d’arborescences d’une sensibilité que l’on pourrait qualifier de japonaise. En témoignent ces deux passages qui décrivent, unis dans une même attention soutenue aux harmonies du soir, et l’auteur de Pays de Neige, Kawabata Yasunari (1899-1972), et le docteur Courrèges, personnage du Désert de l’amour :

…dans la cour (…) on entendait crier les insectes depuis les buissons sombres au pied des cerisiers noirs (…) Je ralentis mes pas pour mieux écouter ces stridulations et, sous leur emprise, je cherchais à ne pas m’éloigner de cette cour29.

Le docteur, s’étant rapproché de la fenêtre et penché dans la demi-ténèbre, occupa son esprit à décomposer la rumeur nocturne : un crissement continu de grillons et de sauterelles, une mare coassante, deux crapauds, les notes ininterrompues d’un oiseau qui n’était peut-être pas un rossignol30.

Avec les quatre saisons pour compagnes, Mauriac a signé des descriptions qui renferment, si on y est attentif, de nombreux « haïkus », délicats fils de brocart que Bashô ne renierait pas. En voici quelques-uns :

Le printemps.

…des boutons pointent aux vieux sarments,

25 François Mauriac, Thérèse Desqueyroux, o.c., p.63.26 Idem, p.80.27 Arimasa Mori, Et les arbres dans un ruissellement de lumière…, trad. Dominique Palmé, ds. Cent ans de pensée japonaise, T. II., o.c., pp.272.28 Tôkoku Kitamura, Essai sur la vie intérieure, trad. Dominique Palmé, ds. Cent ans de pensée japonaise, T. I., o.c., p.104.29 Yasunari Kawabata, Récits de la paume de la main, trad. Cécile Sakai, ds. Du Japon, dir. Philippe Forest, Paris, Gallimard, NRF, 2012, p.245.30 François Mauriac, Le Désert de l’amour, Œuvres romanesques et théâtrales complètes, T. I., o.c., p.807.

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nuits de lune rousse où la gelée menace

Les feuilles de figuier, pareilles à de petites mains, tournent leur paumes vers le soleil

La plaine aspire le fleuveainsi qu’un papier buvard

Les averses lointainesunissent le ciel et la terre31

L’été.

Les cigales s’allumant de pin en pinsous le ciel commençait à ronfler

la fournaise de la lande

Cadaujac, Podensac, Barsac, Preignac…les villages girondins s’égrènent

au long du fleuve

Petites gares pareillesvibrant dans la chaleur32

Il ne reste plus qu’à laisser face à facele soleil et la vigne33

L’automne.

Les grands arbres (…) agitaient leurs feuillages pluvieux

sous le ciel amolli

Le vent au loin (…) devant les vignes sacréesde Sauternes… ne savait où se prendre34

L’hiver.

…l’entre-deux-mers (…) Malagar (…)

l’hiver mêmedemeure si tiède

qu’y fleurissent les mimosas35

Bordeaux.

Mâtinée de soleil et de brume (…)le fleuve, ému par la marée du lointain océan

exhale une odeur marine

Les sirènes des remorqueurs, les sonneries de trams…montent vers moi

comme d’une autre planète36

L’été… terrible, sans eau et tel que depuisnul autre n’accabla de ce ciel intolérable

la ville pierreuse

Bordeaux, que des collines défendent contre le vent du Nord

qu’assiègent jusqu’à ses portes les pins et le sable,où la chaleur se concentre, s’accumule37

Observées ainsi, à travers le prisme d’un miroir magique laissant apparaître en surbrillance des fragments, des éclats étincelants de poésie, ces descriptions de la nature ont peut-être atténué auprès des auditeurs l’idée préexistante d’étrangéïté liée à l’âpreté et ā l’obscurité supposée des analyses mauriaciennes, c’est du moins l’impression que nous a laissé leur réaction , découvrant cet auteur qui déployait lā une sensibilité pareille à la leur.

Il se peut que, suivant la perspective adoptée,

nous ayons suggéré au cours de cette soirée littéraire franco-japonaise une perception inhabituelle des deux écrivains bordelais et interprété leurs discours sous un éclairage particulier. Nous tenons néanmoins à souligner

31 François Mauriac, La chair et le sang, Œuvres romanesques et théâtrales complètes, T. I., o.c., p.293.32 Idem, pp. 195, 198.33 François Mauriac, Génitrix, Œuvres romanesques et théâtrales les complètes, T. I., o.c., p. 622.34 Idem, pp.623, 624.35 François Mauriac, La chair et le sang, Œuvres romanesques et théâtrales complètes, T. I., pp.203, 204.36 François Mauriac, Préséances, Œuvres romanesques et théâtrales complètes, T.I., p.402.37 François Mauriac, Le Désert de l’amour, Œuvres romanesques et théâtrales complètes, T.I., o.c., p.753.

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Evoquer, au Japon, deux grands écrivains bordelais, Michel de Montaigne et François Mauriac. Justification d’un choix.(Groote) ― 49 ―

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qu’un texte étant par principe un espace de liberté, un espace polysémique de création de sens, il se prête à de nombreuses lectures et, observé dans ses détails, nous dirions, en paraphrasant Kitamura Kôtoku, qu’il génère, à l’image de l’univers, un rayonnement d’infinis échos.

Ajoutons à cela que sachant que la littérature déplie ce lieu magique où les altérités s’aimantent, nous avons délibérément omis de suivre dans notre sélection d’associations littéraires l’homogénéité d’un axe temporel linéaire, adoptant plutôt le concept bouddhiste selon lequel tous les espaces-temps coexistent et se croisent en un mouvement perpétuel.

« Etudier la voie du Bouddha, c’est s’étudier soi-même38 » affirmait Dôgen (1200-1253), le maître du bouddhisme zen. Ce fut le propos de Montaigne, et c’est aussi en lui-même que Mauriac sondait le mystère de l’âme et embrassait les harmonies de la nature. Bashô n’avait d’autre objectif que de traduire les mouvements de son propre cœur. Kobayashi Hidéo voyait dans la critique littéraire le moyen de parler de soi en utilisant les œuvres d’autrui. Mais « s’étudier soi-même, c’est aussi s’oublier » continuait le maître Dôgen, et pour cet esprit supérieur, « s’oublier » signifiait « détacher des liens de ce monde son esprit et son corps ainsi que l’esprit et le corps des autres ».

A la soirée du jumelage Bordeaux-Fukuoka, nous n’avons pas suivi ce précepte que le grand philosophe laissa à ses disciples : la soirée fut l’occasion pour chacun de creuser sa propre intériorité, à l’instar des écrivains et des poètes évoqués, non pas pour s’en détacher, mais au contraire, pour l’ouvrir à celle d’autrui. Par le miracle de la littérature.

BIBLIOGRAPHIE

BASHÔ, Journaux de voyage, trad. René Sieffert, Paris,

Publications orientalistes de France, 1978.FOREST Philippe, « Sur un mot de Kobayashi Hideo », ds. D’après le Japon, dir. Laurent Zimmerman, Nantes, Ed. nouvelles Cécile Defaut, 2012.FUKUZAWA Yûkichi, « L’Appel à l’étude », trad. Christian Galan, ds. Cent ans de pensée au Japon, éd. établie par Yves-Marie Allioux, T.II., Paris, Philippe Picquier, 1996.GIDE André, Les pages immortelles de Montaigne, Paris, Corréa, 1948.GUILLAIN Robert, Le Japon supergrand, Tokyo, Daisan Shobo, 1986.KATO Shûichi, « Caractéristiques fondamentales de la société et de la culture japonaises », trad. Yves-Marie Allioux, ds. Cent ans de pensée au Japon, T.II., Paris, Philippe Picquier, 1996.KAWABATA Yasunari, Récits de la paume de la main, trad. Cécile Sakai, ds. Du Japon, dir. Philippe Forest, Paris, Gallimard, NRF, 2012.KITAMURA Tôkoku, Essai sur la vie intérieure, trad. Dominique Palmé, ds. Cent ans de pensée japonaise, T.I., Paris, Philippe Picquier, 1996.KOBAYASHI Hideo, Lettre à X, trad. Masayuki Ninomiya, ds. Cent ans de pensée au Japon, T.I., Paris, Philippe Picquier, 1996.MAURIAC François, Œuvres romanesques et théâtrales complètes, T.I.-T.IV., Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1979. MONTAIGNE Michel de, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1962.MORI Arimasa, Et les arbres dans un ruissellement de lumière…, trad. Dominique Palmé, ds. Cent ans de pensée japonaise, T.II., Paris, Philippe Picquier, 1996.OSHIMA Hitoshi, Le développement de la pensée mythique, trad. Marion Saucier, Paris, Osiris, 1994.

38 Voir Hitoshi Oshima, Le développement d’une pensée mythique, o.c., p.29.