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06. EXEMPLES DE RESTAURATION REMARQUABLES Ce volet du coffre à outils du patrimoine bâti de la MRC de L’Assomption présente, à partir d’exemples puisés partout au Québec, plusieurs cas de restauration particulièrement réussie. Chacun des cas est le sujet d’une courte fiche où l’on retrouve quelques informations sur l’histoire de la maison. S’y trouve un résumé des travaux de restauration effectués ainsi que des illustrations de son état avant et après la restauration pour en montrer les avantages. Les exemples proposés sont puisés parmi différentes typologies architecturales et servent à illustrer plusieurs types d’intervention (entretien, restauration, remplacement, agrandissement), ainsi que des projets simples ou élaborés. Par ailleurs, ces cas de restauration sont essentiellement expliqués par des interventions extérieures dont ils ont fait l’objet, bien que la plupart d’entre eux aient aussi bénéficié de travaux intérieurs. Il faut donc voir dans ces exemples non pas des interventions à reproduire parfaitement, mais plutôt des approches d’interventions qui prônent l’entretien, la conservation des éléments encore sains, la bonne connaissance historique, le respect de l’évolution du bâtiment, la cohérence des gestes posés, la coordination étape par étape des travaux et le rétablissement des composants perdus en fonction de l’époque de construction de la maison. Avec de la planification, des efforts et de la patience, on parvient à réaliser de grandes choses…

EXEMPLES DE RESTAURATION REMARQUABLES - MRC de …€¦ · cohérente avec son époque de construction en privilégiant des ... son avant-toit complet a été entièrement réalisée

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06.EXEMPLES

DE RESTAURATION REMARQUABLES

Ce volet du co�re à outils du patrimoine bâti de la MRC de L’Assomption présente,

à partir d’exemples puisés partout au Québec, plusieurs cas de restauration

particulièrement réussie. Chacun des cas est le sujet d’une courte �che où l’on

retrouve quelques informations sur l’histoire de la maison. S’y trouve un résumé

des travaux de restauration e�ectués ainsi que des illustrations de son état avant et

après la restauration pour en montrer les avantages. Les exemples proposés sont

puisés parmi di�érentes typologies architecturales et servent à illustrer plusieurs

types d’intervention (entretien, restauration, remplacement, agrandissement), ainsi

que des projets simples ou élaborés. Par ailleurs, ces cas de restauration sont

essentiellement expliqués par des interventions extérieures dont ils ont fait

l’objet, bien que la plupart d’entre eux aient aussi béné�cié de travaux intérieurs.

Il faut donc voir dans ces exemples non pas des interventions à reproduire

parfaitement, mais plutôt des approches d’interventions qui prônent l’entretien,

la conservation des éléments encore sains, la bonne connaissance historique,

le respect de l’évolution du bâtiment, la cohérence des gestes posés, la coordination

étape par étape des travaux et le rétablissement des composants perdus en fonction

de l’époque de construction de la maison. Avec de la plani�cation, des e�orts et de la

patience, on parvient à réaliser de grandes choses…

06.EXEMPLESDE RESTAURATION REMARQUABLES

6.1 Maison Grenier,Calixa-Lavallée (1804)Esprit français(restauration et agrandissement)

6.2 Maison Bussières,Québec (1915-16)Vernaculaire(entretien et agrandissement)

6.3 Maison Massue,Varennes(1885)À mansarde(rénovation, entretien et agrandissement)

6.4 Le 391, rue de la Fabrique, Pointe-du-Lac (1934) Boomtown (rénovation et entretien,changement de fenêtres)

6.5 Ancien magasin général, Saint-Placide (vers 1850) À mansarde(restauration)

6.6 Maison Alexis-Sauvageau, La Prairie (fin 18e s.)Néoclassique(restauration et reconstitution)

6.7 Manoir De Blois,Trois-Rivières (1828) Néoclassique(restauration)

6.14 8320, 1re Avenue, Qc(1880) Second Empire(restauration, harmonisa-tion des agrandissementsau volume d’origine)

6.8 Maison Louis-Asselin,Saint-Pierre-de-l’Iled’Orléans (vers 1830) Régency(entretien et agrandissement)

6.9 Maison DuRepos,Saint-Joseph-du-Lac(1832) Québécoise(restauration, isolation,reconstitution)

6.10 Maison Bordeleau-Prévost,Neuville (1742-43)Esprit français(restauration etagrandissement)

6.11 Vieux presbytèrede Saint-Nicolas,Lévis (1825)Néoclassique rurale (recyclage et entretien)

6.12 Maison Joseph-Gauvreau,Rimouski (1906-07) Éclectisme victorien(restauration)

6.13 Relais de poste, Deschambault(entre 1735 et 1758) Mélange de styles(restauration)

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6.1 MAISON GRENIER, Calixa-Lavallée

La maison Grenier au début des années 1970, avant les travaux de restauration. Photo : MCCCFQ.

La maison Grenier en 2008, après les travaux de restauration.Photo : Patri-Arch.

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La maison Grenier est située dans le rang de la Beauce de la petite municipalitéde Calixa-Lavallée en Montérégie, lieu reconnu pour sa concentration de maisonsancestrales datant du 18e siècle et du 19e siècle bien préservées. Datant de 1804, cette résidence en pièce sur pièce est représentative des maisons de transitionqui possèdent à la fois des caractéristiques de l’architecture d’esprit français dessiècles précédents et des nouveautés architecturales qu’on attribue au modèle dela maison traditionnelle québécoise. Comme plusieurs maisons de cette époque,cette résidence a connu son lot de modifications au fil des ans, notamment auniveau des revêtements extérieurs. Dans les années 1970, la maison se présentaitavec un revêtement d’amiante-ciment, une toiture en tôle pincée et une galeriemunie de poteaux en fer ornemental.

Lorsque le propriétaire actuel, M. Grenier, acquiert la maison vers 1975, il entameune série de travaux de restauration qui s’échelonneront sur plusieurs décennies.L’objectif du propriétaire est alors de redonner à cette maison une apparencecohérente avec son époque de construction en privilégiant des techniques etdes matériaux traditionnels. Plusieurs recherches documentaires et des obser-vations sur des maisons comparables ont permis au propriétaire d’intervenir defaçon éclairée sur son bâtiment.

LA MAISON GRENIER Photo : Patri-Arch, 2008.

TRAVAUX DE RESTAURATION

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RÉFÉRENCES

LAFRAMBOISE, Belles maisons québécoises.

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6.2 MAISON BUSSIÈRES, Québec

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LA MAISON BUSSIÈRES

TRAVAUX DE RESTAURATION

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6.3 MAISON MASSUE, Varennes

La maison Massue avant les travaux de restauration.Photo : Ville de Varennes.

La maison Massue après les travaux de restauration, 2008. Photo : Patri-Arch.

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Érigée vers 1885 par Louis Huet Massue, cette maison à mansarde située dansle village de Varennes aurait été agrandie par une annexe latérale à toit plat vers1907. Passant entre les mains de plusieurs propriétaires tout au long du 20e siècle,la maison aurait logé la caisse populaire du village de 1944 à 1958.

La résidence est typique des maisons à mansarde implantées dans les villages etson volume modeste, sa toiture mansardée, sa façade symétrique et ses fenêtresà battants à grands carreaux en sont ses principales caractéristiques. Les mursextérieurs de la maison ont été revêtus de papier-brique vers les années 1940ou 1950 alors que ce matériau d’imitation était en vogue. Pour le reste, la maison avait conservé l’essentiel de ses composants, bien qu’en piètre état, lors de sonacquisition par les propriétaires actuels à la fin des années 1990.

LA MAISON MASSUE, 2008 Photo : Patri-Arch.

TRAVAUX DE RESTAURATION

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6.4 LE 391, RUE DE LA FABRIQUE,

Pointe-du-Lac

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LE 391, RUE DE LA FABRIQUE, 2009

TRAVAUX DE RESTAURATION

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6.5 ANCIEN MAGASIN GÉNÉRAL, Saint-Placide

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ANCIEN MAGASIN GÉNÉRAL DE SAINT-PLACIDE

TRAVAUX DE RESTAURATION

Au moment où Denise Caron et Louis-Georges l’Écuyer, ébéniste de profession,acquièrent la propriété en 1996, le bâtiment est abandonné depuis un an et le toitfuit. Ils n’en sont pas à leurs premières armes puisqu’il s’agit de la troisième maisonancienne qu’ils restaurent. La famille commence les travaux de restauration del’ancien magasin en 1997, chantier qui durera deux bonnes années. L’observationattentive tout au long du curetage permettra de reconstituer des composants àpartir de vestiges retrouvés.

- Après l’enlèvement des multiples couches de revêtement de la toiture, la tôle àla canadienne irrécupérable a été remplacée par une tôle pincée artisanale;

- Des fenêtres à battants de bois à six carreaux occupent à nouveau les baies demême que des portes avec impostes;

- La longue galerie a été refaite à l’identique avec ses détails d’ornementationaprès consultation de certains résidents du secteur qui ont fourni des photo-graphies anciennes et des détails de cet élément architectural démoli dans les années 1950. La fabrication de la galerie avec ses grands poteaux ouvragés, sesaisseliers et son avant-toit complet a été entièrement réalisée en atelier;

- La brique, qui a retrouvé sa couleur d’origine, a nécessité un travail de longuehaleine avec son nettoyage suivi du remplacement de quelques unités ainsique du rejointoiement;

- À l’intérieur, l’enlèvement de plafonds récents a permis de retrouver les plafondsd’origine qui diffèrent selon les parties, en fonction des époques respectives.Quant à la mouluration, c’est grâce à de petites pièces que l’ornementationintérieure a pu être reconstituée.

- Des interventions essentielles ont été effectuées sur la structure, notammentle renforcement de poutres cassées et fissurées à l’aide de plaques de métalhabilement dissimulées sous des pièces de bois. L’isolation et l’électricité ontété entièrement refaites suivant des interventions minimales.

En 1998, la famille Caron-L’Écuyer reçoit le prix de mérite de l’Association des amiset propriétaires de maisons anciennes du Québec (APMAQ) pour la qualité de larestauration d’un bâtiment ancien. L’année suivante, le Conseil des monumentset sites du Québec (CMSQ) leur décerne un certificat d’honneur pour la mise envaleur du patrimoine. À Saint-Placide, la restauration de l’ancien magasin générala incité d’autres propriétaires à remettre en état leurs bâtiments, ce qui a amélioréde façon significative le paysage bâti du centre du village.

RÉFÉRENCE

BERGERON, André. La rénovation des bâtiments. Sainte-Foy : Les Presses de l’Université Laval, 2000, 419 p.

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6.6 MAISON ALEXIS-SAUVAGEAU, La Prairie

Intérieur de la maison restaurée. Tiré dePassion Maisons, André Morin (auteur) et Christian Lamontagne (photo-graphe), Éditions Trois-Pistoles, p. 73.

Détail d’une lucarne de la maison Alexis-Sauvageau. Photo : Patri-Arch, 2006.

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La maison Alexis-Sauvageau prend place sur une concession des Jésuitesconstituée dès 1670. Elle est la troisième maison à être érigée sur ce même siteet s’appuie sur les fondations d’une deuxième habitation érigée à la fin du 18e

siècle. Cette maison, non classée ni citée, fait toutefois partie de l’arrondissementhistorique de La Prairie, décrété en 1975.

La résidence, d’influence néoclassique, a été bâtie par le distillateur Alexis Sau-vageau vers 1845-1850. Il s’agit d’une résidence recouverte de briques rougesavec murs coupe-feu, au volume épuré et où une symétrie sans faille ordonnel’emplacement des ouvertures et des souches de cheminées dans la traditionnéoclassique. Un décor sobre orne la façade qui se compose de pilastres auxlucarnes, de quelques motifs ponctuels sur certaines rangées de bardeaux, d’une corniche à la mouluration épurée et d’un toit en appentis surplombant l’entréeprincipale.

La maison Alexis-Sauvageau a connu plusieurs vies dont celle de maison dechambres, entourée de stationnements et d’une taverne au 20e siècle. Durantcette période, les lucarnes de la façade arrière avaient été remplacées par d’autresouvertures et des balcons.

LA MAISON ALEXIS-SAUVAGEAU, LA PRAIRIE Photo : Patri-Arch, 2006.

TRAVAUX DE RESTAURATION

Lorsqu’Andrée Bossé et Michel Gauthier achètent la maison en 1972, ils sont lesderniers d’une longue suite de 28 propriétaires. La maison, laissée à l’abandon,est vouée à une démolition imminente. Les travaux majeurs débutent alors et sedéroulent sur une période de trente ans.

- La brique a été restaurée. La maison a retrouvé son toit en bardeaux de cèdre,matériau qui avait été remplacé par de la tôle. Les lucarnes de la façade arrière ont été complètement reconstituées à l’image de celles de la façade princi-pale;

- Les fenêtres de bois à petits carreaux ont été reconstituées d’après un exempletrouvé à la cave. En l’absence de photographies anciennes et d’exemples con-crets pour les portes, le choix s’est porté sur des modèles anciens en harmonieavec le style de la résidence;

- Une galerie couverte a été construite à l’arrière et occupe partiellement lafaçade avec son toit indépendant en bardeaux de cèdre;

- Les fondations de pierre ont été renforcées et la cave en terre a été creusée, àbras d’homme, pour gagner de nouveaux espaces intérieurs. Après avoir dé-couvert les assises d’un petit caveau attenant au nord, les propriétaires ont prisle parti de reconstruire cet élément suivant les techniques traditionnelles demaçonnerie;

- Un curetage minutieux a révélé la présence de foyers ainsi que de planchersirrécupérables qu’on a refaits à partir de planchers de maisons démolies à Mon-tréal.

Ce cas illustre tout le doigté et la patience dont ont fait preuve les propriétairespassionnés durant une trentaine d’années. Étape par étape, chacun des compo-sants traditionnels a été traité selon les ressources financières disponibles jusqu’aurésultat final.

RÉFÉRENCE

MORIN, André et Christian Lamontagne. Passion Maisons. Trois-Pistoles : Éditions Trois-Pistoles, 2006, p. 68-77.

La maison Alexis-Sauvageau avant la restauration, vers 1970. Tiré dePassion Maisons, de André Morin (auteur)et Christian Lamontagne (photographe),Éditions Trois-Pistoles, p. 71.

La maison Alexis-Sauvageau après la restauration, 2007. Photo : Christian Lemire. MCCCFQ.

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6.7 MANOIR DE BLOIS, Trois-Rivières

Le manoir De Blois, 2009. Photo : Patri-Arch.

L’intérieur du manoir De Blois. Tiré dePassion Maisons, André Morin (auteur) et Christian Lamontagne (photographe), Éditions Trois-Pistoles, p. 60.

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Situé au centre-ville de Trois-Rivières, le manoir De Blois est l’une des maisonsayant survécu à l’incendie de 1908 qui a ravagé le tiers de la ville. Construit en1828 par le deuxième maire de Trois-Rivières et sénateur Antoine Polette, lemanoir passe aux mains de la famille Girard jusqu’en 1964 pour ensuite abriter uncabinet d’avocats.

Au manoir De Blois, un porche autrefois cloisonné, surmonté d’un frontontriangulaire, donnait accès à l’entrée principale. Avec deux longues cheminées enbrique, une disposition symétrique de ses ouvertures, ses chambranles en pierrede taille et son haut toit pavillonnaire, cette grande maison relève de la traditionnéoclassique anglaise. L’ornementation, concentrée au rez-de-chaussée, est assezélaborée : grandes colonnes à chapiteaux ioniques et fronton.

À une certaine époque, le toit de cette maison en pierre de Saint-Marc-des-Carrières était recouvert d’ardoise. C’est d’ailleurs ce qui aurait sauvé la maisonde la déflagration de 1908 contrairement aux maisons voisines dotées de toitsen bardeaux de cèdre. Toutefois, les murs du portique en bois auraient probable-ment disparu lors de cet événement de même que les lucarnes. L’allongementdes lucarnes serait donc postérieur à cette date. Les modèles des nouvelles ou-vertures avec impostes et motifs sont d’ailleurs d’influence victorienne. Au coursdes années 1950, elle est agrandie vers l’arrière.

MANOIR DE BLOIS, TROIS-RIVIÈRES, 2002 Photo : Patri-Arch.

TRAVAUX DE RESTAURATION

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RÉFÉRENCE

MORIN, Passion Maisons.

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6.8 MAISON LOUIS-ASSELIN,Saint-François-de-l’Île-d’Orléans

La maison Louis-Asselinavant les rénovations de 1968. MCCCFQ.

L’intérieur de la maison Louis-Asselin.Tiré de, Passion Maisons, André Morin (auteur) et Christian Lamontagne (photographe), Éditions Trois-Pistoles, p. 52.

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Classée monument historique en 1968, la maison Louis-Asselin fait égalementpartie de l’arrondissement historique de l’Île-d’Orléans constitué deux ans plustard.

Construite pour le capitaine de vaisseau Louis Asselin, la maison apparaît vraisem-blablement sur le site actuel au cours de la première moitié du 19e siècle. Cetterésidence néoclassique illustre l’adoption des nouveaux styles qui se répandent auQuébec durant cette période. Le néoclassicisme se traduit ici par l’emplacementsymétrique des ouvertures ainsi que par un toit à croupes de pente moyenne. Onassocie plus particulièrement la maison Louis-Asselin à la période Regency.

Vers 1960, et ce, jusqu’en 1967, la maison est inhabitée. L’année de son classe-ment, en 1968, des travaux d’importance sont réalisés, visant notamment leretrait des galeries avant et arrière, de leurs avant-toits et du crépi sur la maçon-nerie. Un nouveau balcon est installé à l’arrière et l’entrée, faisant face à la route,est agrandie.

LA MAISON LOUIS-ASSELIN, SAINT-FRANÇOIS-DE-L’ÎLE-D’Or LÉANS, 2005Photo : Christian Lemire. MCCCFQ.

TRAVAUX DE RESTAURATION

Lorsque le propriétaire actuel acquiert la résidence, aucune intervention majeuren’est requise à l’extérieur. Celui-ci se consacre à redonner son lustre d’antan àl’intérieur et à concrétiser un projet audacieux : l’ajout d’une grande verrière.

- L’insertion d’un élément aussi important sur une maison ancienne nécessiteune excellente planification, ce à quoi s’attèle le propriétaire en faisant appelà une architecte. On cible alors la façade arborant autrefois une grande galerie dotée d’arches, information révélée par une photographie ancienne. Le planest étudié dans ses moindres détails afin d’être soumis à l’approbation des au-torités;

- L’architecte et le propriétaire ont accordé une attention particulière à la struc-ture, à la volumétrie et au style de la verrière. À ce titre, le nouvel élément s’étiresur la largeur de la façade tout en laissant libre le soubassement à l’ instar de la galerie ancienne. D’ailleurs, les arches de cet élément disparu sont rappeléesdans la forme supérieure des ouvertures. Dans cet esprit, on a pris soin deplacer la porte latéralement afin de ne pas briser le rythme des baies. Le choixdes grands carreaux marque de manière discrète qu’il s’agit bien là d’un ajoutpostérieur à la construction de la maison. Une ornementation néoclassiqueorne les espaces pleins grâce à des pilastres et une mouluration épurés;

- À l’intérieur, la restauration a permis de redonner aux poutres, moulures etplinthes existantes leur patine ancienne. De plus, une chambre convertie encuisine a retrouvé sa fonction initiale. Les portes du salon, dissimulées dans lemur, ont pu être reconstituées.

Ce cas illustre qu’il est possible, même dans un lieu très contrôlé comme unarrondissement historique, d’agrandir un bâtiment ancien dans le respect deses caractéristiques par une bonne planification et un grand souci des détails.L’architecture patrimoniale n’est donc pas un monument figé dans le temps, maisaussi un milieu de vie que l’on peut adapter.

RÉFÉRENCES

MORIN, André et Christian Lamontagne. Passion Maisons. Trois-Pistoles : Éditions Trois-Pistoles, 2006, p. 46-55.

RÉPERTOIRE DU PATRIMOINE CULTUREL DU QUÉBEC : www.patrimoineculturel.gouv.qc.ca/RPCQ/detailBien.do?methode=consulter&bienId=92484

La maison Louis-Asselin,avant la restauration, 2003. Photo : Marie-Claude Côté. MCCCFQ.

L’arrière de la maison Louis-Asselinaprès les interventions. Tiré, de PassionMaisons, de André Morin (auteur) et Christian Lamontagne (photographe),Éditions Trois-Pistoles, p. 48.

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6.9 MAISON DUREPOS, Saint-Joseph-du-Lac

La maison DuRepos, avant la restauration, 1974. Photo : Ronald DuRepos.

La maison DuRepos, après la restauration. 2008. Photo : Ronald DuRepos.

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La maison DuRepos est une résidence en pièce sur pièce, à tenons en coulisses,construite en 1832 pour Thomas Gemme dit Carrière. Ce patriote, assez à l’aise,vend la maison en 1854 à la suite du décès de sa première femme. Jusqu’à cettedate, une moitié de la maison sert également de magasin général. Après avoirchangé de propriétaires à quelques reprises, la maison devient finalement uneremise agricole au cours des années 1930.

La résidence, avec son toit à deux versants dotés de larmiers débordants et re-courbés, s’inscrit dans la tradition néoclassique de la maison québécoise de lapremière moitié du 19e siècle. Ce modèle, tant répandu dans les campagnesquébécoises, retrouvera tout son lustre avec son nouveau propriétaire, RonaldDuRepos. Lorsqu’il s’en porte acquéreur en 1974, la maison souvent inoccupéependant de longues périodes avait conservé boiseries, portes, fenêtres, plan-chers et cloisons d’origine. Le propriétaire déplace la maison à un kilomètre deson emplacement d’origine et entreprend sa restauration.

LA MAISON DUREPOS, 2008 Photo : Ronald DuRepos.

TRAVAUX DE RESTAURATION

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RÉFÉRENCE

DUREPOS, La maison DuRepos.

6.10 MAISON BORDELEAU-PRÉVOST, Neuville

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MAISON BORDELEAU-PRÉVOST, 2009

TRAVAUX DE RESTAURATION

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6.11 VIEUX PRESBYTÈRE DE SAINT-NICOLAS, Lévis

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LE VIEUX PRESBYTÈRE DE SAINT-NICOLAS, 2004

TRAVAUX DE RESTAURATION

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6.12 MAISON JOSEPH-GAUVREAU,

Rimouski

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MAISON JOSEPH-GAUVREAU DE RIMOUSKI

TRAVAUX DE RESTAURATION

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RÉFÉRENCES

Les Promenades historiques de Rimouski.

6.13 RELAIS DE POSTE, Deschambault

Le relais de poste de Deschambault, vers 1945-1950. BAnQ, Fonds Ministèrede la Culture, des Communications etde la Condition féminine.

L’annexe arrière du relais de poste de Deschambault après restauration,2006. Photo : Jean-François Rodrigue. MCCCFQ.

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Depuis sa construction entre 1735 et 1758, le relais de poste de Deschambault aprésenté maintes fonctions. Le bâtiment abrite l’une des premières auberges dusecteur et sert également de magasin général dès 1804, de relais de poste (1832-1879) ainsi que de comptoir postal (1835-1900). Il redevient une résidence en1900 puis, à nouveau un hôtel, avec le Winter Stage de 1940 à 1960.

Agrandi vers l’est entre 1826 et 1850, le long corps de logis principal en piècesur pièce reçoit une annexe en pierre comprenant deux foyers et cheminées, uncellier de même qu’un four. Le bâtiment typique de l’architecture domestiqued’inspiration française du 18e siècle est modifié au siècle suivant par l’allongementdu larmier de la toiture au-dessus de la nouvelle galerie en façade que l’on doted’une ornementation de style Regency. Abandonné pendant près de vingt ans,le relais de poste de Deschambault a retrouvé sa fonction résidentielle grâce auxnouveaux propriétaires qui entreprennent un vaste chantier de restauration, ap-puyés notamment par le programme du ministère, car le bâtiment est classémonument historique en 2004.

LE RELAIS DE POSTE DE DESCHAMBAULT

après restauration, 2006. Photo : Jean-François Rodrigue. MCCCFQ.

TRAVAUX DE RESTAURATION

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RÉFÉRENCE

RÉPERTOIRE DU PATRIMOINE CULTUREL DU QUÉBEC :

6.14 LE 8320, 1RE AVENUE, Québec

Le 8320, 1re Avenue à Québec, 1898.Tiré de Biographies et histoire des gens deCharlesbourg, p. 1366. Ville de QuébecCentre de documentation, SAT.

Le 8320, 1re Avenue à Québec avec ses annexes mal intégrées à la maison d’origine, 2005. Photo : Christian Lemire. MCCCFQ.

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Construite par Charles-Eusèbe Duhault en 1880, cette maison de style SecondEmpire était autrefois implantée au coeur d’un véritable domaine, avec uneentrée grillagée. De 1928 à 1957, elle a servi de résidence au docteur AlphédorBilodeau et sa famille, avant d’être vendue à Claire Bélanger qui la transforme enétablissement de soins de santé, le Repos Sainte-Claire. La maison est alors consi-dérablement transformée et on l’agrandit vers l’arrière. En 1967, l’édifice prend le nom de Pavillon Marie-Chantale.

Les caractéristiques architecturales de cette maison Second Empire sont satoiture mansardée à quatre versants dotée d’une tour centrale dont la terrassefaîtière est surmontée d’une crête en fer. L’ornementation soignée de la résidenceen brique, formée de cartouches et de boiseries décoratives, accompagne lesélégantes ouvertures arquées. Parmi les modifications apportées à la demeurelors de sa conversion en 1957, notons la volumétrie qui a été complètementremaniée avec l’ajout d’annexes modernes à l’arrière et sur le côté, le remplace-ment des fenêtres et des portes traditionnelles par des modèles en aluminiumainsi que des balustrades et poteaux de galerie en bois sculpté par des élémentsen fer ornemental. Des escaliers de secours déparaient aussi cer taines façades et la brique a été peinte. Bref, la perte d’éléments essentiels à la définition de sonstyle architectural et de sa monumentalité en avait réduit beaucoup l’harmonieet la valeur de cette maison d’exception. En revanche, certains composants ontété préservés tels la tôle à baguettes de la toiture, le bardeau de bois, les impo-santes cheminées ornées, les cadres des ouvertures en bois, les corniches et lesinsertions de pierre dans la brique, qui n’ont cependant pas été entretenus.

LE 8320, 1RE AVENUE À QUÉBEC, 2009 Photo : Patri-Arch.

TRAVAUX DE RESTAURATION

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