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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ? Exercice 1 Sur le long terme, la Révolution industrielle a fait basculer l’humanité dans une nouvelle période de son histoire. En effet, depuis celle-ci, nous connaissons une croissance économique permanente. En 2000, les humains sont, en moyenne, 12 fois plus riches qu’en 1800 : les seuls Européens sont 20 fois plus riches. Au XXe siècle, cette croissance s’est accélérée : le PIB/hab mondial a doublé de 1800 à 1900, il a été multiplié par 6 entre 1900 et 2000. Doc 1 : PIB par habitant entre l’an 1 et 2008 (en dollars de 1990) Source : A. Maddison Nous avons analysé au premier chapitre, les causes de la croissance économique. Nous avons négligé un élément : la nature. En effet, les activités économiques utilisent des ressources naturelles : ressources énergétiques, matières premières, etc. En outre, les activités économiques ont des conséquences sur la nature par les pollutions qu’elles dégagent. L’augmentation de la production économique a eu pour conséquence que l’utilisation des ressources naturelles n’a pas cessé d’augmenter ; de la même façon, les pollutions que rejettent les activités économiques n’ont pas cessé de s’accroître depuis deux siècles, particulièrement depuis 50 ans. Cela pose une question essentielle : la croissance économique peut-elle durer éternellement ? Y a-t- il une limite écologique à l’augmentation de la production économique ? Pouvons-nous avoir éternellement de la croissance si nous dégradons en permanence l’environnement ? Nous verrons que les économistes sont partagés sur la question. Toutefois, tous sont d’accord sur le fait que l’État doit mettre en place des politiques environnementales pour faire face à l’impact croissant des activités économiques sur la nature. Toutefois, avant cela, nous allons analyser en détail l’impact croissant des activités économiques sur la nature. Question : Quelles sont les principales problématiques du chapitre ? Formulez les sous la forme de questions. 1 0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000 0 5 000 10 000 15 000 20 000 25 000 Monde Europe Asie

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Exercice 1

Sur le long terme, la Révolution industrielle a fait basculer l’humanité dans une nouvelle période deson histoire. En effet, depuis celle-ci, nous connaissons une croissance économique permanente. En2000, les humains sont, en moyenne, 12 fois plus riches qu’en 1800 : les seuls Européens sont 20 foisplus riches. Au XXe siècle, cette croissance s’est accélérée : le PIB/hab mondial a doublé de 1800 à1900, il a été multiplié par 6 entre 1900 et 2000.

Doc 1 : PIB par habitant entre l’an 1 et 2008 (en dollars de 1990)

Source : A. Maddison

Nous avons analysé au premier chapitre, les causes de la croissance économique. Nous avonsnégligé un élément : la nature. En effet, les activités économiques utilisent des ressources naturelles :ressources énergétiques, matières premières, etc. En outre, les activités économiques ont desconséquences sur la nature par les pollutions qu’elles dégagent.

L’augmentation de la production économique a eu pour conséquence que l’utilisation des ressourcesnaturelles n’a pas cessé d’augmenter ; de la même façon, les pollutions que rejettent les activitéséconomiques n’ont pas cessé de s’accroître depuis deux siècles, particulièrement depuis 50 ans.

Cela pose une question essentielle : la croissance économique peut-elle durer éternellement ? Y a-t-il une limite écologique à l’augmentation de la production économique ? Pouvons-nous avoiréternellement de la croissance si nous dégradons en permanence l’environnement ?

Nous verrons que les économistes sont partagés sur la question. Toutefois, tous sont d’accord sur lefait que l’État doit mettre en place des politiques environnementales pour faire face à l’impactcroissant des activités économiques sur la nature.

Toutefois, avant cela, nous allons analyser en détail l’impact croissant des activités économiques surla nature.

Question : Quelles sont les principales problématiques du chapitre ? Formulez les sous la forme dequestions.

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Exercice 2 : le « pic » de production du pétrole

Document 1

La vision d’une croissance continue des émissions porte en elle-même sa proprecontradiction. En effet, elle signifie une « prospérité énergétique » qui, sur toute la durée duscénario (de 50 à 100 ans), ne s’est heurtée à aucune limite physique : ni crise deressources, ni guerre, ni… changement climatique majeur qui empêcherait la poursuite de lacroissance des émissions. Or, les limites à notre expansion, nous allons en trouver dès àprésent pour le pétrole et bientôt pour le gaz. Il ne s’agit pas de la « fin du pétrole », mais dela fin de la croissance de la production du pétrole, suivie de son déclin, d’ici 5 à 15 ans.

Comme il faut 100 à 1 000 millions d’années pour produire du pétrole ou du gaz à partir duplancton et de l’ordre de 300 millions d’années pour former du charbon à partir des fougèresde carbonifère, nous pouvons considérer que les stocks de pétrole, de gaz et de charbonexistants ont été donnés une fois pour toutes au début de la civilisation industrielle. Dès lorsque le stock extractible possède une limite finie, il est facile d’admettre que nous ne pouvonsextraire du pétrole en quantité indéfiniment croissante, ni même en quantité indéfinimentconstante (cela signifierait que le stock extractible est infini). Il y aura un maximum absolu,qui s’appelle souvent le « pic ». Cette conclusion s’applique au pétrole, au gaz, au charbonet à tout minerai métallique, puisque la dotation initiale a là aussi été déterminée une foispourt toutes. En pareil cas, les seuls débats sont la date et le niveau du pic […].

J.-M. Jancovici, Changer le monde, tout un programme !, Calmann-Lévy, 2011

Document 2 : Évolution de la production de pétrole, gaz et charbon (milliards de tonneéquivalent pétrole)

Gtep : giga tonne équivalent pétroleLa « tonne équivalent pétrole » est l’unité de mesure utilisée pour mesurer des quantités d’énergie de sources différentes.

Question 1 : Que veut dire l’auteur lorsqu’il parle de « prospérité énergétique » (début du texte) ?Question 2 : Pourquoi peut-on considérer le pétrole, le gaz et le charbon (ce que l’on appelle les énergies fossiles) comme des ressources « non renouvelables » ?Question 3 : Expliquez les phrases soulignées.Question 4 : Que va-t-il se passer à partir de maintenant pour la production du pétrole ? (document 1 et 2)Question 5 : Quel impact cela va-t-il avoir sur la production économique ?

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Exercice 3 : Les ressources halieutiques épuisées

Six décennies de pêche industrielle ont porté l’exploitation des mers et des océans à desniveaux insoutenables. Alors que le monde prélevait 13 millions de tonnes de poissons desmilieux marins en 1950, ses ponctions atteignent désormais chaque année 70 millions detonnes. Signe de l’épuisement de ces écosystèmes, les prises stagnent depuis les années1980. Les trois quarts des stocks de poissons du monde seraient aujourd’hui exploités aumaximum de leurs capacités, et bien souvent au-delà : en témoigne l’effondrement soudainde certaines pêcheries multiséculaires, à l’instar de celle de la morue au large de Terre-Neuve dans les années 1990. Les populations de grands prédateurs, comme le thon ou lecabillaud, sont aujourd’hui largement décimées et la pêche se tourne désormais vers desespèces jugées moins nobles, parce que situées à un maillon inférieur de la chaînealimentaire. Malgré de nombreux signes alarmants, cette surexploitation ne faiblit pas. Deplus en plus consommé dans les pays du Nord comme dans ceux du Sud (particulièrementen Chine), le poisson occupe en effet une place importante dans les régimes alimentaires : ilreprésente ainsi aujourd’hui 20 % de l’apport moyen de protéines pour 1,5 milliard depersonnes dans le monde. […] On estime que la flotte mondiale de bateaux de pêchepossède actuellement une capacité 2,5 fois supérieure à ce que l’océan peut “produire” demanière durable.

Le développement impressionnant de l’aquaculture plus d’un tiers de la productionmondiale de poissons aujourd’hui, contre 15 % au début des années 1990 constitueparadoxalement une pression supplémentaire sur les écosystèmes marins : un quart despoissons pêchés en mer sert en effet à l’alimentation de poissons d’élevage carnivores.

Marc Chevallier, « Les sept plaies d’une planète durable », Alternatives Économiques Hors-série,n° 083, décembre 2009

Graphique : Pourcentage des prises totales de poissons effectuées dans les eaux maritimes européennes et considérées comme au-delà des limites biologiques de sécurité (en%)

Lire ainsi : 51 % des prises d’espèces comme le cabillaud, le haddock, etc., s’effectuent au-delà des limitesbiologiques de sécurité. Au-delà de ces limites, les risques de réduction des capacités reproductrices dustock deviennent très élevés.

Question 1 : Pourquoi les poissons sont-ils une ressource « renouvelable » ?Question 2 : Pourquoi des stocks qui existent depuis des siècles comme la morue (autre nom ducabillaud) de l’Atlantique Nord se sont-ils effondrés ?Question 3 : Lisez la donnée portant sur les saumons (graphique).Question 4 : Que font les pêcheurs face à la baisse de leur production ? Est-ce une solution durable ?

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Exercice 4 :

La situation mondiale des forêts est contrastée. Le déclin historique de la couvertureforestière observé dans les zones tempérées s’est inversé à la fin du XXe siècle et celle-ci agagné 30 000 km2 entre 1990 et 2005. À l’inverse, dans les tropiques, la déforestation, qui adémarré beaucoup plus tard, a continué pendant la même période au rythme annuel de130 000 km2. Le bilan global est donc lourdement négatif.

L’Amérique latine, qui représente un quart de la couverture forestière mondiale, est en trainde la perdre rapidement : 66 % des surfaces de forêt disparues entre 2000 et 2005 sontsituées sur ce continent. […] L’Afrique est quant à elle le continent qui connaît le taux dedéforestation le plus rapide au monde. La région perd 40 000 km2, soit 0,62 % de ses forêtschaque année (contre une moyenne de 0,18 % dans le monde) […] Le commerceinternational du bois, l’urbanisation anarchique et la conversion en terres cultivées ou enpâturage pour l’élevage restent les principales causes de ce phénomène.

Les forêts sont des puits de carbone naturels : comme les océans, elles absorbent le CO2contenu dans l’atmosphère et le stockent. La lutte contre la déforestation est donc un enjeuimportant pour limiter le réchauffement climatique, en particulier dans les zones tropicales oùles forêts sont les plus gourmandes en CO2. À l’échelle mondiale, la déforestation seraitactuellement responsable de 20 % des émissions de gaz à effet de serre.

L’autre raison de sauvegarder les forêts de l’intervention humaine, c’est leur caractèreessentiel pour la préservation de la biodiversité : à elle seule, l’Amazonie représenterait50 % de la biodiversité mondiale.

Marc Chevallier, « Les sept plaies d’une planète durable », Alternatives Économiques Hors-série,n° 083, décembre 2009

Question 1 : Pourquoi les forêts sont-elles des « ressources renouvelables » ?Question 2 : Pourquoi leur superficie ne cesse-t-elle pas, pourtant, de diminuer ?Question 3 : Qu’est-ce que la biodiversité ? Quelles peuvent-être les conséquences de sa disparition ?

Exercice 5

Rendement de la production de blé en France, en tonnes par hectare

Question 1 : Lisez la donnée pour l’année 2007 (document 2).Question 2 : Comment peut-on expliquer celle-ci ?

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Exercice 6 :

L’empreinte écologique, exprimée en hectare par habitant, est la surface terrestre moyenne qui estnécessaire à un individu d’un pays donné pour obtenir et renouveler les ressources naturelles qu’ilutilise chaque année. Par exemple, un Américain a besoin de l’équivalent 8 hectares de planètechaque année pour obtenir et renouveler les ressources naturelles dont il a besoin.

Question 1 : Lisez la donnée pour les États-UnisQuestion 2 : Quelle relation peut-on établir entre PIB/Habitant et empreinte écologique ?Question 3 : Comment peut-on expliquer le lien entre croissance et empreinte écologique ?

Synthèse des exercices 2 à 6 : Pourquoi les ressources naturelles posent-elles une limite à lacroissance économique ?

Exercice 7 :Document : Évolution du PIB mondial et d’indicateurs environnementaux (base 100 = 1990)

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12PIB/Habitant et empreinte écologique en 2007

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

La production économique, depuis la Révolution industrielle, s’appuie prioritairement sur les énergiesdites fossiles (gaz, pétrole, charbon) : voiture, centrale électrique (au charbon), usines, etc. utilisenttoutes ces énergies fossiles. Or, leur utilisation a pour conséquence le relâchement de gaz dansl’atmosphère, en particulier du CO2.

Question 1 : Faites une phrase avec la donnée entourée dans le document 1.Question 2 : Quel lien peut-on établir entre le PIB mondial et les émissions de CO2

?Question 3 : Comment expliquer ce lien ?

Exercice 8 :

Document 2 : Scénarios du GIEC sur l’évolution des températures en 2010

Le réchauffement climatique est, sans doute, la conséquence la plus célèbre de la croissanceéconomique. Il résulte de la pollution atmosphérique liée aux activités de production qui utilisent,comme on l’a vu, des énergies fossiles et dégagent notamment du CO2

.

Les quantités de CO2 présentes dans l’atmosphère ont, ainsi, augmenté de 50 % depuis laRévolution industrielle. Or, le CO2, comme d’autres gaz comme le méthane, est un gaz à effet deserre. Cela signifie qu’il laisse entrer les rayons du soleil dans l’atmosphère, mais qu’il piège lachaleur qui résulte de ces rayons, comme dans une serre. Par conséquent, plus il y de CO2 dansl’atmosphère, plus la température s’accroît sur la terre. On est ainsi aujourd’hui quasiment certain quele réchauffement climatique en cours est d’origine « anthropique », c’est-à-dire qu’il est laconséquence de l’homme.

En fonction de différents scénarios d’évolution des émissions de CO2, le Groupe d’expertsintergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui est l’organisme international chargéd’étudier ce réchauffement climatique, a évalué l’élévation de la température d’ici la fin du siècle : latempérature augmentera de 2° en cas de baisse de plus de moitié des émissions à près de 5° si lesémissions continuent à augmenter au rythme actuel. Autrement dit, même si l’on pollue moins latempérature va augmenter : en effet, le CO2 présent dans l’atmosphère ne disparaît pas et continue àproduire son effet de serre.

Question 1 : Qu’est-ce que le réchauffement climatique ?Question 2 : Pourquoi est-il une conséquence de la croissance économique ?

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Exercice 9

Les conséquences de ce réchauffement climatique sont multiples et partiellement imprévisibles.Elles ont toutes pour conséquence de diminuer « l’hospitalité terrestre », c’est-à-dire la capacité de laplanète à offrir un cadre satisfaisant à nos activités économiques. Nos civilisations actuelles sont, eneffet, fondées sur le climat actuel : si celui-ci se dérègle, cela aura un impact important sur celles-ci.

Ainsi, le réchauffement climatique va provoquer une hausse du niveau de la mer (par la fonte de lacalotte glacière et des glaciers qu’il engendre). Celle-ci va avoir un important impact économiquedans la mesure où la majorité des populations humaines vivent près des côtes : des pays sont menacés(îles du Pacifique, Bangladesh, etc.), de même qu’un nombre important des plus grandes métropoles.

De la même façon, le réchauffement climatique aura pour conséquence une remontée des terresagricoles vers le Nord : des zones entières, actuellement fortement peuplées et fortement agricoles,vont connaître une sécheresse croissante (bassin méditerranéen).

Le réchauffement climatique conduit également à la diffusion de maladies et d’espèces invasives quiremontent avec la hausse des températures : par exemple, il est possible que la malaria remonte versl’Europe, où elle a disparu depuis un siècle.

Enfin, le réchauffement climatique ne conduit pas seulement à une montée des températures : ilprovoque également la multiplication d’événements climatiques extrêmes et une instabilité croissantedu climat : des événements comme la canicule de 2003 (38 000 morts en Europe) ou le cycloneKatrina (destruction de la Nouvelle-Orléans) vont se multiplier dans l’avenir.

Question 1 : Pourquoi le réchauffement climatique va-t-il avoir un coût économique futur trèsimportant ?

Exercice 10

C’est un fait peu connu, mais une majorité de biologistes considèrent que la Terre avance àgrands pas vers la sixième crise d’extinction massive des espèces de son histoire. Unévénement comparable à l’extinction des dinosaures, à la nuance près que, cette fois, c’estl’homme qui est responsable de cette catastrophe.

Concrètement, le taux d’extinction d’espèces est estimé entre cent et mille fois plus élevé àl’heure actuelle que ce que l’on a connu jusqu’ici au cours de l’évolution de la vie sur Terre.Chaque année, entre 17 000 et 100 000 espèces disparaîtraient de la planète. L’homme enest directement responsable, en particulier par la fragmentation des habitats, l’exploitationdirecte des espèces ou encore la destruction des écosystèmes les abritant. […] Que laplanète se réchauffe de plus de 3,5 °C et ce sont alors 40 % à 70 % des espèces quipourraient disparaître.

La préservation de la biodiversité n’est pas seulement un souci pour les amis de la faune etde la flore. Elle est la condition même de la vie de l’Homme sur la Terre. L’alimentationhumaine repose pour une partie importante sur le bon fonctionnement des écosystèmes.Sans parler du rôle joué par les océans, plus de 70 % des cultures, dont presque tous lesarbres fruitiers, les légumes, les oléagineux, les protéagineux, les épices, le café ou le cacaosoit 35 % du tonnage de ce que nous mangeons dépendent fortement ou totalement d’unepollinisation animale. D’où l’inquiétude légitime que la disparition des abeilles peut susciter.

Marc Chevallier, « Les sept plaies d’une planète durable », Alternatives Économiques Hors-série,n° 083, décembre 2009

Question 1 : Pourquoi peut-on parler d’extinction massive ?Question 2 : Quel impact va avoir cette extinction massive ?

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Exercice 11

La mondialisation marque une nouvelle rupture dans l’échelle des problèmes créés parl’homme. Le seul fait de la croissance chinoise bouleverse l’équilibre entre l’offre et lademande de ressources naturelles. Pour les cinq matières premières de base que sont lescéréales, la viande, le pétrole, le charbon et l’acier, la Chine est quatre fois en tête de laconsommation mondiale, la seule exception restant, provisoirement, le pétrole, où elle restedépassée par les États-Unis . […]

Si la Chine devait se caler sur les habitudes de consommation américaines, elle pourraitconsommer, dès 2030, les deux tiers du niveau de production mondiale de céréales tellequ’elle est disponible aujourd’hui. Si sa consommation de papier rejoignait celle des États-Unis, elle en consommerait 305 millions de tonnes : de quoi engloutir l’ensemble des forêtsde la planète. Comme le résume Lester Brown : « Le modèle économique occidental estinapplicable à une population de 1,45 milliards de Chinois (en 2030) ». Et pas davantageévidemment à l’Inde dont la population sera à cette date supérieure à celle de la Chine.

Si les Chinois devaient posséder un jour, à l’exemple des Américains, trois véhicules pourquatre habitants, […] elle pourrait alors consommer 99 millions de barils par jour. Or, laproduction est actuellement de 84 millions de barils par jour, et elle ne devrait pas tarder àse réduire. […]

Daniel Cohen, La Prospérité du vice, Albin Michel, 2009

Question 1 : Quelle est la conséquence de la croissance des pays émergents ?Question 2 : Pourquoi le mode de production actuel des pays riches, qui leur assure leur prospérité, nepeut pas être généralisé à l’ensemble de la planète ?

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Exercice 12

Nous avons vu que notre mode de croissance fait face à des limites écologiques importantes : ilsépuisent les ressources naturelles sur lesquelles il se fonde ; il détruit l’environnement dans lequelprennent place les activités humaines. Il n’est donc pas durable.

La prise de conscience de son caractère non durable débute véritablement à partir de 1972 avec lapublication du rapport « Halte à la croissance », dit rapport « Meadows » (ou rapport du Club deRome), qui dresse des prévisions catastrophiques pour l’avenir (chute importante de la population vers2100 en raison de la pollution et de l’épuisement des ressources). Les chocs pétroliers achèvent cetteprise de conscience : le pétrole apparaît à leur suite comme une ressource rare, dont le prix est destinéà augmenter. Les accidents écologiques majeurs durant les années 1980, en particulier l’explosion dela centrale électrique nucléaire de Tchernobyl en 1986, qui contamine plus du tiers du territoire de laBiélorussie, montrent les destructions environnementales que peut provoquer notre mode deproduction.

En 1987 les Nations Unies publient le rapport « Brundtland » (du nom de Gro Harlem Brundtland,ancien premier ministre norvégien, qui dirigea la commission qui l’écrivit). C’est dans ce rapportqu’est défini la notion de développement durable (ou développement soutenable, en fonction de latraduction que l’on adopte du terme anglais : sustainable development) :

Le développement durable est le développement qui répond aux besoins du présent sanscompromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins.

Cette définition pointe l’enjeu essentiel auquel est confronté notre mode de croissance actuel : danssa forme actuelle, il n’est pas durable puisque les générations futures ne pourront pas satisfaire leursbesoins comme nous le faisons, puisque nous leur léguerons un monde avec un environnementdégradé et doté de moins de ressources naturelles. Le développement durable a donc un premierpilier : le respect de l’environnement.

Mais il a également un pilier social : il s’agit que les besoins de tous soient satisfaits. De tropgrandes inégalités économiques et sociales conduisent à ce que aujourd’hui le niveau de bien-être desplus pauvres soit faible. Enfin, le développement a un pilier économique : sans productionéconomique, il n’y aurait aucun bien ou service disponible pour satisfaire nos besoins. Ledéveloppement durable fixe donc un objectif : produire et répartir les richesses de manière à satisfaireles besoins de tous aujourd’hui, tout en léguant aux générations suivantes suffisamment de capitalnaturel pour qu’elles satisfassent les leurs. Ces objectifs sont également résumés en anglais par les « 3P » : Planet, People, Profit.

Document : Les trois dimensions du développement durable

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Question 1 : À partir de quand la préoccupation du développement durable est-elle apparue ?Question 2 : Quels sont les fondements du développement durable ?Question 3 : Quel lien entre développement et PIB/hab permet d’établir le document 12 p.20 ?Question 4 : Pourquoi ce lien ne se vérifie pas toujours ? En quoi cela illustre le « pilier social » dudéveloppement durable ?

Exercice 13

Une autre manière d’analyser les dimensions du développement durable est de s’intéresser auxdifférents « capitaux » (ici défini dans un sens large, proche de celui des théories de la croissanceendogène) nécessaires au bien être des populations. Le bien être passe par ce que Amartya Sen appelleles « capabilités », c’est-à-dire des possibilités réelles d’accomplir ce que l’on souhaite. La richessematérielle est nécessaire pour accomplir beaucoup d’activité, mais elle ne suffit pas. On peutconsidérer que ces « capabilités » impliquent que les individus disposent de cinq types de« capitaux », qui sont en interaction les uns avec les autres.

Premièrement, le capital physique, c’est-à-dire l’ensemble des moyens de production durables.Celui-ci est indispensable, puisque aucun besoin ne peut être satisfait sans production de biens etservices. C’est grâce à son accumulation (« investissement ») que nos vies sont plus riches depossibilités : nous disposons de longs moments de loisirs, tout en ayant un niveau de vie plus élevé ;notre travail est moins harassant, etc. En effet, comme nous l’avons vu au chapitre 1, nous sommesaujourd’hui 8 fois plus riches, tout en travaillant deux fois moins qu’il y a un siècle (1500 heuresenviron par an contre plus de 3000 en 1900), parce que nous disposons de ce capital, qui incorpore leprogrès technique, et nous rend plus productif.

Deuxième type de capital : le capital humain, c’est-à-dire l’ensemble des savoirs, descompétences, des savoirs-faire, des expériences qu’a accumulés un individu. Son accumulationconduit à accroître la production et le bien-être des individus. Comme on l’a vu au chapitre 1, lecapital humain permet d’être plus productif : il offre ainsi à un individu des carrières professionnellesbeaucoup plus variées et enrichissantes. Ainsi, une année d’étude supplémentaire se traduit par unsalaire supérieur (5 % en plus par année, dans le cas de la Suède par exemple). La formation permetd’échapper aux emplois non qualifiés, marqués par un chômage et une précarité élevés.

En outre, par les externalités positives que dégage le « capital humain », toute l’économie devientplus productive : tous les autres individus profitent de l’accroissement des compétences d’unepersonne donnée.

Mais il y a plus : de nombreuses études montrent que plus les individus ont de « capital humain »,meilleur est leur bien être. Par exemple, ils sont en meilleure santé, car ils ont une meilleure hygiènede vie (meilleure alimentation, moindres pratiques à risque : alcool, cigarette, surpoids, etc.). Unemeilleure instruction rend, en effet, les individus davantage capables de comprendre les risquesqu’impliquent ces pratiques, et d’être attentifs aux conseils médicaux.

Le capital humain est étroitement lié au capital technologique que l’on a vu au chapitre précédent :l’ensemble des connaissances, innovations et savoir-faire que les hommes possèdent collectivement.C’est grâce à ce capital technologique que les hommes produisent plus : c’est lui qui est à l’origine dela croissance intensive. Il permet également l’apparition d’innovation de produit. Il accroît donc lebien être matériel des hommes.

Troisième capital : le capital institutionnel, c’est-à-dire l’ensemble des institutions vues auchapitre 1, c’est-à-dire l’ensemble des contraintes qui structurent les interactions entre les hommes :institutions formelles (État, droit) ; institutions informelles (confiance, etc.). Comme on l’a vu, les

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

institutions formelles sont des conditions à toute production économique. En outre, le capitalinstitutionnel permet le développement de relations sociales riches entre individu (appelées « capitalsocial ») : une société pacifiée par l’État (pas de violence), où la justice fait respecter le droit(notamment de propriété), où les individus se font confiance est une société où les individusinteragissent les uns avec les autres. Ils y trouvent donc la possibilité de créer des relationsmarchandes (accroissement de la production), mais également des relations de solidarité entre lesindividus (ce qui accroît donc le bien être des individus). C’est par exemple le cas des sociétésscandinaves où ce « capital social » est important : ce qui se traduit par l’ existence de nombreusesassociations (le taux d’adhésion à des organisations volontaires est le plus fort du monde), des fortesrelations entre voisins dans un quartier, etc. Il y a donc un lien fort entre ce capital institutionnel et lecapital social : les deux notions sont parfois regroupés sous le terme de « capital social etinstitutionnel ».

Il y a, enfin, le capital naturel. Comme on l’a vu, la nature fournit les éléments à la base de touteproduction économique (énergie, matières premières). Les conditions environnementales jouentégalement un rôle essentiel dans l’état de santé des individus (et donc leur bien-être) : la qualité del’air, de l’eau, le niveau de bruit ont un impact direct sur la santé physique ou psychologique. Selonl’Organisation Mondiale de la Santé, un quart des maladies dans le monde ont ainsi des causesenvironnementales. La nature forme le socle de notre environnement, même en milieu urbain : unenature dégradée nous conduit à vivre dans un environnement dégradé. Et elle nous offre des élémentsessentiels de nos loisirs : forêts, parcs, lacs accroissent nos possibilités de loisirs, et influent donc surnotre qualité de vie.

Question : remplissez le tableau suivant.

Type de capital Définition Exemples Effets sur le bien-être

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Exercice 14 :

Ces cinq formes de capital sont en interaction entre elles : elles se complètent et se renforcent entreelles. En outre, elles peuvent, au moins en partie, se substituer l’une à l’autre (on verra que le fait desavoir à quel point elles sont substituables est une question cruciale).

C’est, par exemple, parce que nous disposons de plus de capital « physique » que nous pouvonsproduire plus avec moins de temps de travail. Cela libère du temps pour que nous nous formionsdavantage, ce qui permet d’accroître le capital humain. Réciproquement, c’est le capital humain quipermet à l’économie d’innover et de mettre en œuvre ces innovations : il faut, en effet, pour cela despersonnes qui ont une formation suffisante pour faire de la R&D et une main d’œuvre suffisammentqualifiée pour utiliser les innovations. De la même façon, le capital social et institutionnel estindispensable pour qu’une économie soit efficace : les activités économiques sont handicapées par uneabsence de confiance entre les individus. Réciproquement, une économie efficace grâce à un abondantcapital physique permet aux individus de consacrer du temps à leurs relations sociales.

Les capitaux sont partiellement substituables entre eux. Le capital naturel peut être partiellementremplacé par du capital technologique et du capital physique. Le capital technologique peut, en effet,permettre de mettre au point des innovations qui sont susceptibles de remplacer une ressourcenaturelle. Par exemple, il est possible de produire des fruits et légumes de climat chaud dans des paysau climat tempéré grâce à des techniques comme les serres, ou la création de nouvelles variétés et,inversement, il est possible d’avoir une agriculture dans des climats semi-désertiques, grâce à destechniques de culture comme l’arrosage au goutte à goutte et de nouvelles variétés.

Nous verrons que la question de savoir à quel point le capital naturel est substituable est unequestion cruciale pour évaluer la possibilité que nous avons de poursuivre notre mode dedéveloppement.

Question 1 : Comment les capitaux se renforcent-ils mutuellement ?Question 2 : Que signifie le terme « substituable » ? Illustrez-le à travers un exemple. À quel terme

s’oppose-t-il ?

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Exercice 15 :

Pour que le bien-être économique des générations futures soit, au minimum, égal à celui desgénérations précédentes, il importe que le stock de capital à disposition de la société reste intactd’une génération à l’autre. Celui-ci est composé d’équipements, de connaissances et decompétences, ainsi que de ressources tirées de la nature. […] L’hypothèse que les néoclassiquesretiennent est celle de la substituabilité entre les différentes formes de capital : une quantité accrued’équipements, de connaissances et de compétences doit pouvoir prendre le relais de quantitésmoindres de capital naturel pour assurer le maintien, à travers le temps, des capacités de productionet satisfaction du bien-être des individus. […] Les ressources naturelles ordinaires, qui ne nousintéressent que pour leur capacité à produire des biens et des services, doivent pouvoir êtreremplacées. Il y a ainsi un échange qui s’effectue dans le temps : la génération présente consommedes services environnementaux et des ressources naturelles, mais elle lègue en contrepartie auxgénérations futures davantage de capacités de production créées par les hommes. […]

[Certains] travaux empiriques semblent corroborer ces propositions : la substitution entre lesressources naturelles qui se raréfient et celles qui sont abondantes s’est parfaitement réalisée ;l’accumulation des connaissances, les compétences et le savoir-faire acquis dans les domainesconcernés ont joué un rôle important ; la disponibilité de certaines ressources s’est même accrue ;l’équité intergénérationnelle, mesurée en termes des disponibilités des ressources et de productivité,aurait été respectée.

On le voit, dans cette version de la soutenabilité, qui est qualifiée de « faible », les contraintes quipèsent sur la dynamique du système économique ne sont pas très importantes : réaffirmation duprimat de la croissance, confiance dans le progrès technique […].

Franck-Dominique Vivien, Le développement soutenable, La Découverte, 2005

Question 1 : Pourquoi pour ces théories la disparition d’une partie du capital naturel n’est-elle pasnécessairement incompatible avec le développement durable ?Question 2 : Quel est le mécanisme essentiel qui permet la substitution entre capitaux ?Question 3 : Pourquoi ces théories réaffirment le « primat de la croissance » ?

Exercice 16

Si le monde disposait seulement d’une offre fixe de ressources naturelles nonrenouvelables, comment les générations futures pourraient-elles satisfaire leurs besoins ?L’exemple typique est celui du pétrole. Lorsque la quantité disponible sera épuisée, lesgénérations vivant à ce moment-là devront s’en passer et auront un niveau de vie moinsélevé.Malgré le caractère presque évident de ces arguments, des économistes répondent que leprogrès technique donne souvent des moyens de dépasser ces limites. Si on comparel’économie d’aujourd’hui à l’économie du passé, on peut observer que la manière d’utiliserles ressources naturelles s’est modifiée, parfois dans le sens d’une amélioration. Lesvoitures consomment moins, les maisons neuves ont des performances énergétiquessupérieures. L’extraction du pétrole est plus efficiente. Le développement d’énergiesalternatives permet de substituer des ressources renouvelables à des ressources nonrenouvelables.Guillaume Girmens, « Développement durable et principes économiques », IDEES, n°144, juin 2006.

Question 1 : Identifiez les trois mécanismes par lesquels le progrès technique permet de pallier à ladiminution de la quantité de pétrole.Question 2 : Généralisez : en quoi le capital technologique est-il substituable au capital naturel ?

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Exercice 17Intensité énergétique

En tonnes d’équivalentpétrole / PIB

1973 1979 1986 1998

OCDE – Amérique du Nord 0,40 0,37 0,30 0,27OCDE – Pacifique 0,14 0,13 0,11 0,12OCDE – Europe 0,24 0,23 0,20 0,17France 0,18 0,17 0,16 0,15Asie 0,25 0,26 0,24 0,26

N ot e : d a ns ce doc ume n t , l ’ i n t e ns i t é éne rgé t ique me su re l a qua n t i t é d ’ é ne rg i e néc e s sa i re pou r pr odu i r e 1000do l l a r s de P I B en do l l a r s de 1999 .A ins i , en 1973 , pou r p r odu i re 1000 do l l a r s de 1999 de P I B , on ava i t be so in e n F ra nc e d ’ une é ne rg i e é qu iva le n t eà 0 ,18 tonne de pé t r o l e , a lo r s qu ’e n 1998 , pou r pr odu i r e l a mê me qua n t i t é de P I B , i l ne fa l l a i t p lu s quel ’é qu iva l e n t de 0 ,15 tonne de pé t r o l e .

Joël MAURICE, Le prix du pétrole, Rapport du Conseil d’Analyse Économique, La Documentation Française, 2001.

Question 1 : Faites une phrase avec les données en gras.Question 2 : En quoi ce document confirme la thèse de la soutenabilité faible ?

Exercice 18

Courbe environnementale de Kuznets

La thèse de la soutenabilité faible trouve son illustration dans la courbe « environnementale deKuznets ». Cette courbe explique que la pollution augmente au fur et à mesure que le revenu parhabitant s’accroît (c’est ce que nous avons vu dans le I), mais que, à partir d’un certain niveau de vie,la pollution diminue.

Il en est ainsi parce que, au fur et à mesure qu’une société s’enrichit, les habitants sont plussensibles à la nécessité de préserver le capital naturel : ils sont suffisamment riches pour que leur butne soit plus d’avoir de la croissance quelles qu’en soient les conséquences. Au contraire, leur bien êtreimplique, maintenant qu’ils sont riches, un environnement de qualité.

Cela pousse les habitants à mettre en œuvre la substitution du capital technologique au capitalnaturel que nous avons vu précédemment.

Question 1 : Pourquoi la corrélation entre croissance et destruction de l’environnement est-elle censées’inverser à partir d’un certain niveau de vie ?

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Exercice 19

Un premier argument qui met en doute les théories de la soutenabilité faible est l’effet rebond. Ceteffet rebond tient dans le fait que la baisse de l’usage des ressources naturelles et de la pollution quepermet le progrès technique est le plus souvent, par la suite, rapidement éliminée par une hausse de laconsommation de ces ressources naturelles. Par exemple, une baisse de la consommation de carburantpar kilomètre des automobiles, qui permet d’utiliser moins de pétrole et de polluer moins, peut voirses effets annulés si elle s’accompagne d’une augmentation de l’usage de la voiture (plus de voituresvendues et/ou plus de kilomètres parcourus).

Il y a le plus souvent effet rebond parce que la technologie, en permettant d’utiliser moins deressources naturelles, rend leur usage moins coûteux. Et comme l’usage est moins coûteux, les acteursvont en accroître la consommation. Par exemple, si le progrès technique permet de consommer moinsde pétrole par kilomètre parcouru, cela veut dire que chaque kilomètre en voiture coûte moins cherqu’auparavant, ce qui va pousser les acteurs à en parcourir davantage, pour un budget identique.

De fait, si l’on regarde le document de l’exercice 7, on constate que les émissions de CO2 n’ont pascessé d’augmenter dans le monde : elles ont moins augmenté que le PIB mondial, ce qui montre que leprogrès technique a permis une meilleure efficacité énergétique et une baisse de la pollution, maiselles ont néanmoins augmenté, ce qui montre que l’effet rebond a été le plus fort.

Question 1 : Donnez d’autres exemples d’effet rebond.Question 2 : Définissez l’effet rebond.Question 3 : Pourquoi l’effet rebond conduit à mettre en doute les théories de la soutenabilité faible ?

Exercice 20 :

Dessin de Ed Stein, 1977Traduction : « Une pénurie de bisons ? Quelle pénurie de bisons ? Donnez-moi assez d’argent pour acheter des armes etembaucher des éclaireurs et je vous trouve tous les bisons dont vous avez besoin ! »

Question 1 : Quelle hypothèse fondamentale de la théorie de la soutenabilité faible ce dessincaricature-t-il par l’absurde ?Question 2 : À quelles ressources peut-on appliquer cette critique ?

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Exercice 21 :

L’accident survenu en 1986 à la centrale nucléaire de Tchernobyl (Ukraine) constitue la plus grandecatastrophe de toute l’histoire de l’industrie nucléaire et probablement aussi le plus grave accidentindustriel à ce jour.

Le 26 avril 1986, suite à une série d’erreurs humaines, le réacteur n° 4 de la centrale de Tchernobylexplosait. Les deux explosions successives, ainsi que l’incendie qui s’en est suivi et qui s’est prolongépendant dix jours, ont projeté dans l’atmosphère une énorme quantité d’éléments radioactifs. Cesderniers se sont répandus sur une zone très étendue, touchant principalement la Biélorussie, l’Ukraineet la Russie […]. Les deux principaux (mais non les seuls) éléments en cause sont l’iode 131 à duréede vie courte et qui se fixe sur la glande thyroïde, et le césium 137 dont on considère que l’effet ne sesera estompé notablement que d’ici 300 ans.

Outre la zone d’exclusion de trente kilomètres délimitée autour de la centrale et totalement interdite,55 000 km2, dont 25 000 de forêts, ont été contaminés par le Césium 137 en Ukraine, soit 4,8 % duterritoire, regroupant 12 oblasts (régions) et 2 300 villes et villages et abritant environ deux millionsde personnes. […]

En Biélorussie, 2,1 millions de personnes, soit 20 % de la population dont 700 000 enfants, viventsur les 18 000 km2 les plus contaminés. 485 villages ont été évacués dont 70 ont été rasés et enfouissous une couche de terre.

« Tchernobyl, 20 ans après », La documentation française, 2007

Question 1 : Quelles sont les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl ?Question 2 : Quelles actions ont-elles été prises pour faire face à ces conséquences ?Question 3 : Pourquoi cette catastrophe conduit à critiquer l’idée que capital physique ettechnologique sont substituables au capital naturel ?

Exercice 22 :

Le dernier argument de la théorie de la soutenabilité forte peut se résumer dans une phrase : unecroissance infinie est impossible dans un monde aux ressources naturelles finies. En effet, il y atoujours une base matérielle à notre production : nous avons toujours recours au capital technique, quiest fabriqué grâce à de la matière et de l’énergie et qui utilise de la matière et de l’énergie pourfonctionner. Or, la quantité de matière totale et d’énergie totale dans notre monde est limitée, mêmepour les ressources renouvelables.

En outre, elle se dégrade et devient moins utilisable pour les hommes : c’est ce que l’on appelle« l’entropie ». Ce terme renvoie à une théorie physique, qui explique qu’il y a dégradation qualitativede l’énergie dès que l’on met en œuvre un processus de transformation énergétique, comme c’est lecas avec la production économique. Pour reprendre un des exemples de Georgescu-Roegen, lesparticules de gomme laissés sur les routes par les pneus des automobiles n’ont pas disparu, mais ellessont devenues inutilisables pour les sociétés humaines. C’est au prix d’un temps infini et d’unequantité énorme d’énergie que l’on pourrait récupérer et réutiliser cette matière dispersée dans lanature.

D’après Franck-Dominique Vivien, Le développement soutenable, La Découverte, 2005

Question 1 : Pourquoi le fait que notre production prenne appui sur du capital physique impose unelimite à la croissance économique, selon les tenants de la soutenabilité forte ?Question 2 : Donnez un autre exemple d’une ressource recyclable qui se dégrade avec son usage.

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Exercice 23

Pour les économistes favorables à la théorie de la soutenabilité forte, le progrès technique n’est passuffisant pour remplacer éternellement les ressources naturelles épuisées, pour notamment troisraisons :

1. L’effet rebond limite notre capacité à limiter la pollution et à substituer du capital technologiqueau capital naturel grâce au progrès technique.

2. Certains biens naturels ont une valeur intrinsèque : leur destruction entraîne donc une perteirréversible. On ne peut pas les remplacer grâce au progrès technique.

3. Il y a une base matérielle à toute notre production économique, et la quantité de matière totaledont nous disposons est limitée (et se dégrade).

Par conséquent, pour que les générations futures puissent satisfaire leurs besoins aussi bien quenous, il faut respecter plusieurs principes, notamment :

1. Ne pas utiliser les ressources renouvelables au-delà de leur capacité de régénération parce quel’on espère que le progrès technique nous permette, un jour, de nous en passer.

2. Ne pas émettre plus de polluants dans l’environnement que celui-ci n’est capable d’en assimiler.3. Préserver absolument toutes les ressources naturelles qui ont une valeur « intrinsèque ».La conséquence est que, pour les économistes favorables à cette « soutenabilité forte », la croissance

économique actuelle n’est pas soutenable, puisqu’elle ne respecte aucun de ces principes. Et le progrèstechnique ne va pas nous permettre de trouver des solutions dans l’avenir à tous les problèmes quepose notre mode de croissance actuel. Il nous faut donc limiter notre taux de croissance, voireaccepter une économie « stationnaire », où il n’y aurait plus de croissance.

Question 1 : Pourquoi parle-t-on de soutenabilité « forte » ?Question 2 : Pourquoi la soutenabilité « forte » conduit à être favorable à une « économie

stationnaire » ?

Exercice 24

Soutenabilité faible Soutenabilité forte

Degré de substituabilité desressources naturelles

Confiance dans le progrès technique

Nature du capital dont le volume doitrester constant

Taux de croissance de l’économieenvisageable à long terme

Question : remplissez le tableau à partir des éléments vus dans le II.

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Exercice 25

Notre mode de production détruit le capital naturel. Notre croissance n’est pas, sous sa formeactuelle, soutenable. Et, pourtant, les acteurs économiques n’en tiennent pas compte. Pourquoi ? Parceque le marché est défaillant : il ne régule pas efficacement les comportements. Le marché ne parvientpas à coordonner le comportement des acteurs en matière environnementale. Il ne conduit pas àl’optimum social. En effet, la destruction des ressources naturelles et la pollution relève de deuxdéfaillances du marché : les externalités (négatives) et les biens publics (et communs).

Les externalités sont les effets qu’a l’action d’un acteur sur d’autres acteurs, sans que ces effets nedonnent lieu à une transaction marchande (comme un paiement). La pollution est un cas d’externaliténégative. L’acteur qui pollue inflige aux autres agents un coût. Il n’a pourtant pas à indemniser cesagents qui sont victimes de sa pollution. Pour l’acteur qui pollue, la pollution n’a donc aucun coût.

Par conséquent, quand il agit, cet acteur ne prend pas en compte sa pollution, puisqu’il n’en paye pasle coût. La recherche de son intérêt individuel ne coïncide donc pas avec l’intérêt collectif, parce quele marché ne lui fait pas payer le prix de sa pollution et qu’il ne la prend donc pas en considération.

Par exemple, une entreprise dont la production rejette des polluants dans l’atmosphère (quiprovoquent, par exemple, des maladies) n’en tient pas compte : le marché ne lui oblige pas à payer lecoût de ces maladies. La conséquence est qu’elle produit plus que si on lui imposait de payer le coûttotal de sa production, qui est constitué du coût privé (celui qu’elle paye), mais aussi du coût qu’elleimpose aux autres, mais qu’elle n’a pas à payer. De la même façon, les consommateursconsommeraient moins, s’ils devaient payer le coût social de leur consommation, qui intègre lespollutions qu’elle entraîne : ils rouleraient moins avec leur voiture ; ils utiliseraient moinsd’électricité, etc.

Graphique 1 : Coût social et coût privéCoût externe

Coût externe

Question 1 : Pourquoi le marché est-il défaillant pour réguler le comportement des acteurs en matièrede pollution ?Question 2 : Sur le graphique, indiquez la quantité que va produire l’entreprise polluante, et cellequ’elle produirait si on lui faisait payer le coût de sa pollution.

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Prix

ProductionQuantité 1Quantité 2

Demande

Offre avec comme seul coût le coût privé

Offre qui intègre le coût externe

Coût externe

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Document 1 : Classification des biens

exclusion non-exclusion

Rivalité Bien privé Bien commun (bien public impur)

Non rivalitéBien de club ou Bien à péage

Bien public (bien public pur)

Les raisons de la non exclusion peuvent être multiples, mais le cœur du problème est qu’il est a) difficile (ou impossible)d’attribuer des droits de propriété b) et/ou qu’il est difficile (ou impossible) de faire respecter ces droits de propriété.

Exercice 26

Les problèmes environnementaux résultent, pour une grande part, du fait que le marché estdéfaillant pour organiser les activités économiques au regard de leurs conséquencesenvironnementales. Il ne fait pas payer les effets externes de la pollution et il ne régule pas laconsommation des biens publics et communs.

Face à ces deux défaillances majeures du marché, l’État doit donc mener une politiqueenvironnementale. Cette politique ne s’oppose pas nécessairement totalement au marché : comme onva le voir, il est possible de s’appuyer sur des mécanismes de régulation marchande pour mener unepolitique environnementale. Il y a trois grands types de politique possibles : la réglementation ; lacréation de quotas d’émission et, enfin, la taxation.

Le but de la politique environnementale est de pousser les acteurs à diminuer leur impact surl’environnement : à diminuer leur pollution et leur usage de ressources non renouvelables et, aucontraire, à les pousser à avoir recours à des ressources renouvelables. Indirectement, cela pousseégalement à l’apparition d’un progrès technique qui permet de substituer aux ressources nonrenouvelables des ressources renouvelables et/ou qui diminue les pollutions. En effet, si les acteurssont incités à moins utiliser de ressources non renouvelables, ou à diminuer leur pollution, ils setourneront vers des solutions techniques qui leur permettent de le faire.

Question 1 : Pourquoi est-il nécessaire que l’État mène des politiques environnementales ?Question 2 : Quel est le but de la politique environnementale ?

Exercice 27

La réglementation est la politique environnementale la plus « interventionniste », au sens où l’Étatse substitue entièrement au marché pour organiser les activités économiques. En effet, il impose unrèglement que tous les acteurs doivent suivre, au lieu d’être guidés par les prix du marché.

Les réglementations visent à imposer un comportement aux acteurs qui les contraignent à respecterl’environnement. Il peut, par exemple, s’agir d’une norme (exemples : le pot catalytique qui estobligatoire en France pour toutes les voitures depuis 1994 et qui diminue les pollutions les plusdangereuses des gaz d’échappement ; l’interdiction des gaz CFC dans les réfrigérateurs ou lesaérosols, responsables de la destruction de la couche d’ozone) ou de mesures réglementaires diverses(comme la circulation alternée (les voitures à numéro de plaque pair ne peuvent circuler qu’un jour surdeux, et les plaques impaires l’autre jour), qui est imposée soit à l’année (Athènes) soit en cas de picde pollution (Bruxelles)).

Il y a deux grands intérêts à choisir la réglementation, plutôt qu’une autre mesure. Laréglementation présente, tout d’abord, un maximum de garantie quant au résultat final, si l’on parvientà l’imposer. Si l’on sait exactement ce que l’on veut, et que l’on dispose de la capacité en moyens decontrôle, alors la réglementation est efficace.

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Pour cette raison, elle est donc le moyen à privilégier lorsque l’on veut interdire des comportementsqui sont extrêmement dangereux (gaz CFC, amiante, etc.)

La réglementation n’est, toutefois, pas nécessairement la mesure la plus efficace. Premièrement, ilfaut être capable de déterminer précisément la norme que l’on veut imposer. Or, ce n’est pas toujourspossible : l’État n’a pas toujours l’information nécessaire pour trouver le bon niveau. S’il impose unniveau très élevé, celui-ci ne pourra pas être respecté par les acteurs, ou alors à un coût économiquetrès élevé. Si le niveau est trop faible, la collectivité se prive d’une mesure plus efficace. En langageéconomique, on dit que la réglementation n’est pas la mesure la plus efficace en cas d’informationimparfaite. D’autre part, la réglementation n’a pas de caractère incitatif. En effet, elle ne contraint lesacteurs à faire uniquement ce qu’elle demande, et pas davantage.

Question 1 : Pourquoi la réglementation est-elle la mesure qui s’oppose le plus à la régulationmarchande ?

Question 2 : Dans quels cas, le recours à la réglementation s’impose-t-il ?Question 3 : Est-ce le seul avantage de la réglementation ?Question 4 : Dans quelles situations la réglementation peut-elle être efficace

environnementalement mais inefficace économiquement ?Question 5 : A quelle condition, la réglementation peut-elle être efficace économiquement et

efficace environnementalement ?Question 6 : Expliquez la phrase soulignée.

Exercice 28

La mesure la plus anciennement proposée par les économistes est la taxation. On parle parfois de« taxe Pigou » ou « taxe pigouvienne » en l’honneur de A.C Pigou, l’économiste qui l’a proposée lepremier, en 1920, dans son livre The Economics of Welfare. (On trouve parfois également le termed’écotaxe). Le principe de la taxe Pigou est celui du pollueur-payeur. Le but de cette taxe est, en effet,de faire payer au pollueur le coût social total de sa pollution. En plus du coût privé qu’il supporte déjà,il s’agit, ainsi, de lui faire payer le coût externe (l’externalité négative) qu’il impose à la société sansavoir à l’assumer.

Si le pollueur doit payer le coût de sa pollution, alors il va changer de comportement : dans lamesure où le coût est plus élevé, il va diminuer sa consommation jusqu’à atteindre le niveau qui seraitcelui qui correspondrait à une situation où les payeurs payent le coût de leur pollution. Autrement dit,le taux optimal de la taxe devrait refléter le dommage marginal (c’est-à-dire le coût marginal externe)provoqué par les émissions ou résultant de l’utilisation de produit polluant.

Un exemple de taxe Pigou est la taxe carbone, qui fait payer un prix pour chaque tonne de CO2

émise. Cette taxe n’a pas été adoptée en France, mais l’émission de CO2 est déjà taxé, à travers unetaxe spécifique pour le pétrole (TIPP), le gaz naturel (TICN) et le charbon (TICC). La TIPP taxe, parexemple, chaque litre de carburant d’un certain montant (qui dépend du type de carburant : parexemple, chaque litre de super sans plomb est taxé 0,6 €, ce qui représente à peu près 40 % du prixtotal du litre). Ces taxes ont pour effet de pousser les Français à moins consommer de produitspétroliers et à chercher des alternatives dans les ressources renouvelables. Par exemple, cela va lespousser à faire des économies de chauffage, en isolant mieux leur domicile, et à utiliser pour sechauffer d’autres énergies que le pétrole (comme l’électricité).

Question 1 : Quel est le principe de la « taxe Pigou » ?Question 2 : A partir du graphique de l’exercice 25 déterminez quel niveau devrait avoir la « taxe

Pigou » pour être pleinement efficace.

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Exercice 29

Pourquoi vaut-il mieux imposer une taxe sur le carbone, plutôt que de réglementerdirectement ses émissions ? Tous les économistes connaissent la réponse : les efforts pourréduire les émissions peuvent avoir lieu en beaucoup de « marges », et nous devons faireen sorte de donner des incitations aux individus qui les poussent à exploiter toutes cesmarges. Est-ce que les consommateurs doivent utiliser moins d’énergie eux-mêmes ?Doivent-ils transférer leur consommation vers des produits dont la production nécessiterelativement moins d’énergie ? Doit-on produire l’énergie à partir de sources à faiblesémissions (par exemple le gaz naturel) ou des sources qui n’émettent aucune émission (parexemple l’éolien) ? Doit-on s’efforcer de retirer le CO2 de l’air une fois que le carbone a étébrûlé, par exemple grâce à des usines de recapture et de séquestration ? La réponse est :toutes les solutions ci-dessus. Et mettre un prix au carbone donne, de fait, aux individus uneincitation pour adopter toutes les solutions ci-dessus.

Par contre, il serait très difficile de définir un ensemble de règles qui permettent d’accomplirtous ces objectifs. Même comparer les émissions de deux alternatives aussi simples queconduire ou prendre l’avion vers une ville distante de quelques centaines de miles n’est enrien un problème facile. Par conséquent, taxer le carbone est la solution que l’on doitadopter.

Paul Krugman, « Gambling with Civilization », The New York Review of Book, novembre 2013

Question 1 : Pourquoi une taxe sur le carbone pousse les individus à chercher toutes les solutionspossibles ?Question 2 : Pourquoi est-ce que cela fait de la taxation une solution généralement plus efficace quela réglementation ?

Exercice 30

Les économistes préfèrent souvent les taxes aux réglementations, parce qu’elles sont souvent plusefficaces, c’est-à-dire capable d’atteindre le but poursuivi à un moindre coût. Il en est ainsi notammentparce qu’elles s’appuient sur un mécanisme propre à la régulation par le marché : le prix. En effet, laréglementation s’applique de la même manière pour tous. Par exemple, la circulation alternées’impose de la même manière à celui pour qui il est très difficile d’aller au travail sans voiture et àcelui qui prend sa voiture alors qu’il pourrait prendre le métro. Au contraire, si l’on impose un péage àl’entrée de la ville (comme le fait Londres), les efforts seront répartis en fonction des coûts de chacun.Ceux qui peuvent s’adapter à faible coût (par exemple ceux qui peuvent facilement prendre le métro)le feront ; tandis que ceux qui ne le peuvent pas prendront leur voiture et payeront le péage. En fait, lataxation conduit chacun, en fonction de ses préférences, à diminuer sa pollution jusqu’à ce que le coûtqu’il y a à moins polluer soit égal à la taxe (plus précisément que le coût marginal qu’il y a à moinspolluer soit égal à la taxe). Autrement dit, la taxe s’adapte à la situation de chacun.

Le défaut de la taxation est qu’elle n’est souvent pas assez élevée pour refléter l’ensemble dudommage marginal qu’impose la pollution. Autrement dit, l’incitation n’est pas assez forte. Il en estainsi notamment pour des raisons politiques. Les ménages estiment cette taxe injuste, notammentparce qu’elles frappent les bas revenus comme les ménages les plus riches. Les entreprises dénoncentcette taxe parce qu’elles l’accusent de leur faire perdre en compétitivité par rapport aux entreprises

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

étrangères qui ne la supportent pas.

Question 1 : Expliquez la phrase soulignée.Question 2 : En quoi la taxe Pigou se fondent-elles sur un mécanisme propre à la régulation par le

marché ?Question 3 : Pourquoi la taxe Pigou a-t-elle rarement son niveau optimal ?Question 4 : Pourquoi l’idée que la taxe Pigou est injuste est-elle en partie fondée ?

Exercice 31

Taxes et quotas d’émission sont, du point de vue théorique, absolument équivalents. En effet,lorsque l’on fixe une taxe, c’est-à-dire que l’on met un prix à l’émission de carbone (par exemple unetaxe de 20 € la tonne de CO2), cela va pousser les acteurs à baisser leur production (ou leurconsommation) jusqu’à un certain niveau (par exemple des émissions de 130 millions de tonnes deCO2).

Avec les quotas d’émissions, c’est l’inverse : on fixe un certain niveau de pollution (par exemple130 millions de tonnes de CO2). Et, en fonction de ce niveau maximum de pollution, les quotasd’émission vont se fixer à un certain prix (ici, 20 € la tonne).

Par conséquent, si l’on fixe un niveau de pollution identique à celui obtenu avec la taxe, alors lesquotas d’émission auront la même valeur que la taxe. Ainsi, pour 130 millions de tonnes de CO2d’émission, on aura des quotas qui coûteront 20 € la tonne. Et, réciproquement, pour une taxe à 20 € latonne, on obtiendra, logiquement, une pollution de 130 millions de tonnes. C’est ce que montre legraphique 1 (au-dessus) : à un prix correspond un certain niveau de production. Et à un certain niveaude production correspond un certain prix.

Toutefois, en pratique, taxes et quotas ne sont pas toujours équivalents. En effet, le régulateur neconnaît pas toujours le prix du CO2 qu’il faut adopter pour obtenir un certain niveau de pollution. Sic’est le cas, alors il est préférable de choisir les quotas d’émission, plutôt que la taxe : ainsi, on estcertain d’obtenir le niveau d’émission que l’on souhaite. Par ailleurs, leur acceptabilité n’est pas, nonplus, équivalente. Ainsi, il a été, jusqu’à aujourd’hui, impossible d’instaurer une taxe au niveauinternational, alors qu’il existe plusieurs systèmes de quotas internationaux (notamment en Europe).Les quotas ne sont pas des impôts : ils ne posent pas de questions de souveraineté (qui va récolter lataxe ? Qui répartira les revenus de la taxe ? A qui iront-ils ?)

Question 1 : Pourquoi, théoriquement, quotas et taxes sont-ils équivalents ?Question 2 : Pourquoi, en pratique, ce n’est pas toujours le cas ?

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Chapitre 3 : La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?

Exercice 32 :

Réglementation Taxation Quotas d'émission

Principe

Avantages

Inconvénients

Question : complétez le tableau.

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