EXERCICE, EXPÉRIENCE ET PRATIQUES DE LA … · Exercice, expérience et pratiques de la parentalité, Observatoire des jeunes et des familles, ... Conditions et qualité de logement

EXERCICE, EXPÉRIENCE ET PRATIQUESDE LA PARENTALITÉ

PROGRAMME D’ÉTUDES 2014

2 Les TIC : usages et appropriation par les jeunes, Observatoire des jeunes et des familles, 2015

3Les TIC : usages et appropriation par les jeunes, Observatoire des jeunes et des familles, 2015Exercice, expérience et pratiques de la parentalité, Observatoire des jeunes et des familles, 2015

QUI SOMMES-NOUS ?

Fondation catholique reconnue d’utilité publique, acteur engagé de la prévention et de la protection de l’enfance, Apprentis d’Auteuil développe en France et à l’international des programmes d’accueil, d’éducation, de formation et d’insertion pour redonner aux jeunes et aux familles fragilisés ce qui leur manque le plus : la confiance.

L’Observatoire des jeunes et des familles a été créé en 2012 pour identifier les perceptions qu’ont les jeunes et les familles de leur environnement et connaître leurs aspirations, dans un contexte économique et social difficile.

Cette volonté d’Apprentis d’Auteuil de se doter d’une capacité d’étude et de recherche a pour principaux objectifs :

n De porter la parole des jeunes et des familles sur les problématiques qui les concernent, en menant des travaux de recherche au-delà des publics accompagnés par Apprentis d’Auteuil ;

n D’éclairer la réflexion d’Apprentis d’Auteuil sur l’évolution de ses prestations, en questionnant directement les jeunes et les familles sur leurs besoins et leurs attentes ;

n D’enrichir la vision d’Apprentis d’Auteuil et de ses partenaires internationaux en réalisant des études transnationales auprès de jeunes et de familles de différents pays.

Les différents éléments et considérations évoqués dans le cadre de ses travaux d’études n’engagent que l’Observatoire des jeunes et des familles et les différentes personnes qui y ont contribué.

Ils sont le fruit d’une réflexion qui reste fortement ancrée dans la parole des jeunes et des familles. À ce titre, ils ne se veulent pas universels mais peuvent servir de point de départ à un débat élargi sur le sujet.



SommaireMETHODOLOGIE ET CARACTERISTIQUES DES ECHANTILLONS 6

CHAPITRE 1 : VULNERABILITE ECONOMIQUE ET EDUCATION 9

I. Les critères de vulnérabilité économique 9

1. Le non-emploi 9

2. Conditions et qualité de logement 10

3. Environnement de vie 12

II. Situation économique des familles et éducation des enfants 12

1. Un impact négatif sur l’éducation des enfants pour un tiers des parents d’enfant d’AA 12

2. Les critères de vulnérabilité impactant l’éduca-tion des enfants 13

CHAPITRE 2 : L’EXERCICE DE LA PARENTALITE 15

I. Être parent aujourd’hui, un rôle jugé difficile 15

II. Le style parental ou l’exercice de l’autorité 16

1. Le style parental des parents d’enfant d’AA : essai de définition 16

2. Les liens entre styles et profils parentaux 18

III. Le contenu du rôle éducatif du parent 20

1. La préoccupation des parents d’enfant d’AA pour la scolarité, l’orientation et l’avenir de l’enfant 20

2. Style parental et réussite scolaire 21

CHAPITRE 3 : L’EXPERIENCE DE LA PARENTALITE 22

I. Éduquer ou comment répondre aux besoins de son enfant 22

1. Élever ses propres enfants : une difficulté relative par rapport au rôle attendu de parent 22

2. Répondre aux besoins de son enfant : les principes éducatifs des parents 22

II. Les difficultés rencontrées dans l’éducation des enfants 24

1. Les principales difficultés des parents d’enfant d’AA 24

2. Difficultés liées à l’éducation des enfants et vulnérabilité socio-économique 25

3. Difficultés liées à l’éducation des enfants et style parental 26

CHAPITRE 4 : LA PRATIQUE DE LA PARENTALITE 28

I. Disponibilité et partage des activités quotidiennes avec son enfant 28

1. Les activités de la maison au centre de la pratique des parents d’enfant d’AA 28

2. Une répartition du temps passé avec son enfant au détriment des devoirs scolaires ? 29

II. Les sources de conflit avec les enfants 30

1. Résultats ou devoirs scolaires : quelle est l’origine du problème ? 31

2. Les conflits parent-enfant sur les résultats scolaires sont-ils le révélateur de difficultés dans l’éducation ? 31

III. Sentiment d’isolement et soutien de la part des proches 31

1. Le sentiment de solitude chez les parents isolés 31

2. Les soutiens dans l’éducation des enfants 32

ELÉMENTS DE CONCLUSION 33

ANNEXES 34

GRAPHIQUES 36

6 Les TIC : usages et appropriation par les jeunes, Observatoire des jeunes et des familles, 2015Exercice, expérience et pratiques de la parentalité, Observatoire des jeunes et des familles, 2015

Qu’est-ce qu’être parent ? Comment les parents perçoivent-ils et exercent-ils leur rôle de parent auprès de leurs enfants ? Quels sont les facteurs pouvant influencer positivement ou négativement la perception ou l’exercice de ce rôle ?

Cette enquête, réalisée par l’Observatoire des jeunes et des familles, vise à étudier la perception et l’exercice du rôle de parent dans les familles dont un enfant est accompagné par Apprentis d’Auteuil (hors protection de l’enfance). Le questionnement de cette enquête a été élaboré avec le concours de M. Christophe Beau, responsable du programme Familles et parentalité au sein d’Apprentis d’Auteuil et en s’appuyant sur le concept de parentalité développé en France dans les années 90 par le Groupe Houzel1.

Méthodologie :

Cette enquête comporte deux volets quantitatifs soient 1645 familles interrogées se répartissant comme suit :

n Une enquête réalisée sur système CATI (Computer Assisted Telephone Interview) auprès de 600 parents ayant au moins un enfant accompagné par Apprentis d’Auteuil, interrogés sur la période du 18 juin au 25 juin 2014.

n Une enquête réalisée sur système CAWI (Computer Assisted Web Interview) auprès d’un échantillon de 1045 parents ayant au moins un enfant de moins de 26 ans à charge, représentatif de la population française, sur la période du 18 juin au 4 juillet 2014.

Ces enquêtes ont été confiées à l’institut d’études OpinionWay.

Le concept de « parentalité » en France se déploie en trois axes : l’exercice de la parentalité (droit), l’expérience de la parentalité (affects) et la pratique de la parentalité (éducation et soin)1.

n L’exercice de la parentalité : cet axe recouvre toutes les prérogatives juridiques, les droits et devoirs qui définissent le rôle d’un parent dans une société donnée.

n L’expérience de la parentalité : ce second axe recouvre le ressenti, l’affectif et le vécu de la personne dans et envers son rôle de parent.

n La pratique de la parentalité : ce dernier axe inclut l’ensemble des actes concrets que la personne effectue en tant que parent pour son ou ses enfant(s). Ces actes quotidiens recouvrent aussi bien les tâches domestiques que l’éducation des enfants proprement dite.

Le concept de parentalité dépasse la seule notion d’autorité parentale. Ces trois axes ou champs de la parentalité permettent d’analyser cette dernière et d’identifier les points sur lesquels elle est défaillante ainsi que les interactions avec des éléments contextuels. En effet, la parentalité s’exerce dans un contexte donné, qui peut influer, positivement ou négativement, sur la parentalité. Catherine Sellenet propose une déclinaison du contexte en quatre types : contexte juridique, contexte institutionnel, contexte socio-économique et contexte affectif et familial2.

1 Houzel, D., Les enjeux de la parentalité, Toulouse, Eres, 1999. Voir Annexe 1.2 Sellenet, C., La parentalité décryptée. Pertinence et dérive d’un concept, Paris, L’Harmattan, 2007.

Méthodologie et caractéristiquesdes échantillons


Nous nous attacherons plus singulièrement à décrire et analyser l’influence du contexte socio-économique sur la perception qu’ont les parents de leur rôle dans une première partie.

Nous étudierons par la suite la perception du rôle de parent chez les deux populations étudiées à travers les trois dimensions de la parentalité. Nous consacrerons une partie à chacun des trois axes.

Caractéristiques des échantillons :

Les profils des deux populations, qui divergent sur un certain nombre de points, constituent un facteur décisif dans l’explication de certains écarts relevés au cours de cette étude.

La part de femmes parmi les répondants est plus élevée dans l’échantillon des familles dont un enfant est accompagné par AA : 75 % contre 55 % (+20 points). Par contre, les parents âgés de moins de 34 ans sont proportionnellement moins nombreux parmi les parents d’enfants accompagnés par AA que parmi les autres. Cela s’explique par la faible part des enfants de moins de 6 ans dans la population des jeunes accompagnés par AA.

Les structures familiales diffèrent sur les points suivants :

n La part des parents célibataires, séparés ou divorcés et veufs, i.e. des parents isolés, est plus importante chez les parents d’enfant d’AA.

n La part des familles monoparentales est plus élevée chez les familles d’AA : 22 % contre 9 % (+13 points).

n En moyenne, les parents d’enfant hors AA ont 1,9 enfant contre 2,9 pour les parents d’enfant d’AA. La structure par âge des enfants varie significativement, les plus de 14 ans étant surreprésentés parmi les familles d’enfant d’AA, et les moins de 6 ans sous-représentés. Ces proportions sont cohérentes avec la structure par âge des jeunes accompagnés par AA.

Les familles d’AA se distinguent également par un niveau de diplôme du parent plus faible : 10 % sont sans diplôme contre 2 % des familles n’ayant pas d’enfant à AA. 45 % des parents d’AA ont un niveau de diplôme inférieur au Bac tandis que 35 % des parents n’ayant pas d’enfant confié à AA ont un niveau supérieur à Bac +2.


Caractéristiques des deux échantillons :

Familles hors AAFamilles d’Apprentis

d’Auteuil

Effectifs bruts % redressés Effectifs bruts % redressés

Base 1 045 600

Sexe

Homme 473 45 % 151 25 %

Femme 572 55 % 449 75 %

Âge

Moins de 34 ans 237 23 % 37 6 %

35-49 ans 590 56 % 396 66 %

50-64 ans 198 20 % 159 28 %

65 ans et plus 19 1 % 8 0 %

Nombre d’enfants

1 enfant 418 40 % 105 18 %

2 enfants 387 37 % 244 41 %

3 enfants 199 19 % 146 24 %

4 enfants et plus 42 4 % 88 17 %

Âge des enfants

0 à 3 ans 261 25 % 62 10 %

4 à 6 ans 230 22 % 93 15 %

6 à 10 ans 345 33 % 171 29 %

11 à 13 ans 240 23 % 194 32 %

14 à 17 ans 282 27 % 359 60 %

18 ans et plus 282 27 % 290 48 %

Type de famille

Traditionnelle 812 78 % 372 62 %

Monoparentale 101 9 % 129 22 %

Recomposée 125 12 % 91 15 %

Homoparentale 7 1% 3 0 %

Niveau de diplôme

Aucun diplôme 18 2 % 62 10 %

Inférieur au Bac 201 19 % 212 35 %

Bac 237 23 % 19 18 %

Supérieur au Bac 589 56 % 26 37 %

Région

Île-de-France 191 18 % 281 47 %

Nord-Ouest 274 26 % 108 18 %

Nord-Est 261 25 % 63 10 %

Sud-Ouest 88 9 % 100 17 %

Sud-Est 232 22 % 47 8 %

Exercice, expérience et pratiques de la parentalité, Observatoire des jeunes et des familles, 2015

9Exercice, expérience et pratiques de la parentalité, Observatoire des jeunes et des familles, 2015

Chapitre 1 : vulnérabilité économiqueet éducation

Quelle influence le contexte socio-économique peut-il avoir sur la perception des parents quant à leur rôle éducatif ? Quels critères définissent ce contexte socio-économique ? Tel que conçu par C. Sellenet, le contexte peut influencer positivement comme négativement les axes de la parentalité.

Dans cette partie, nous étudierons plus précisément les critères pouvant influencer négativement la perception des parents de leur capacité à éduquer leurs enfants, ce qui amène à la notion de risque et de vulnérabilité.

I. Les critères de vulnérabilité économique

La notion de vulnérabilité économique renvoie aux difficultés socio-économiques auxquelles les familles sont exposées et qui impactent leur bien-être ainsi que la perception de leur capacité à éduquer leurs enfants.

L’enquête menée en 2013 par l’Observatoire des jeunes et des familles3 a révélé que les parents seuls ou isolés étaient les plus vulnérables et que le principal facteur augmentant la vulnérabilité économique était le non-emploi.

1. Le non-emploi

Qu’ils aient ou non un enfant accompagné par Apprentis d’Auteuil, environ 2 parents sur 10 déclarent être sans emploi i.e. inactif ou en recherche d’emploi (respectivement 22 % et 19 % de non-emploi soit +3 points). L’enquête réalisée en 2013 avait mis en évidence une plus grande exposition des familles d’AA à ce facteur de risque : seuls 75 % déclaraient être en emploi en 2013 contre 85 % des autres parents (-10 points).

Pour les deux échantillons, le non-emploi touche principalement les femmes, les non-diplômés (ou détenteurs d’un diplôme de niveau inférieur au Bac pour les parents d’enfant hors AA), les personnes célibataires, ainsi que les familles monoparentales et recomposées.

On peut constater que le taux d’emploi diminue avec le nombre d’enfants par famille : chez les parents d’enfant d’AA, le taux baisse significativement pour les parents ayant 4 enfants ou plus. Le non-emploi de ces derniers correspond probablement en grande partie à une inactivité choisie (parent au foyer) et non à une situation de chômage contraint.

De plus, on note que le non-emploi qui touche les personnes célibataires et les familles recomposées est plus important chez les parents d’enfant d’AA (respectivement +6 et +7 points).

3 Les parents d’enfants de moins de 26 ans. Une étude comparée France-Apprentis d’Auteuil, Observatoire des jeunes et des familles, 2013.

10 Exercice, expérience et pratiques de la parentalité, Observatoire des jeunes et des familles, 2015

Actuellement, êtes-vous en emploi ? (% Non) – EN FONCTION DE…

Parents d’enfant hors AA

Parents d’enfant d’Apprentis d’Auteuil

Ecart (parents AA- hors AA)

Ensemble 19 % 22 % 3

Homme 12 % 10 % -2

Femme 25 % 26 % 1

ST Inférieur au Bac 28 % 22 % -6

ST Bac 24 % 15 % -9

ST Supérieur au Bac 14 % 19 % 5

Aucun diplôme 36 % 41 % 5

Célibataire 30 % 36 % 6

Marié 19 % 21 % 2

Famille traditionnelle 18 % 18 % 0

Famille monoparentale 24 % 26 % 2

Famille recomposée 23 % 30 % 7

2. Conditions et qualité de logement

La quasi-totalité des familles interrogées vivent avec au moins un des enfants au domicile familial. Le nombre moyen d’enfants vivant dans le logement est de 2,1 chez les familles d’AA, contre 1,7 pour les autres familles. Cela montre que la majorité des enfants vivent au domicile de leurs parents4 .

La part des familles dont les enfants sont issus de différentes unions est plus importante chez les familles d’enfant d’AA (+6 points). Cela renvoie au fait que les familles recomposées sont légèrement plus représentées chez les familles d’enfant d’AA (+3 points).

Les parents d’enfant d’AA dans des conditions de logement moins favorables

La part des parents propriétaires de leur logement est plus faible parmi les familles ayant un enfant accompagné par AA : 5 sur 10 sont propriétaires contre 69 % des familles d’enfant hors AA (-19 points). Par ailleurs, 34 % des parents d’enfants d’AA sont locataires (+13 points) et 11 % vivent dans un logement social (HLM, résidence sociale, etc.) (+4 points).

Les caractéristiques des parents les plus concernés par ces situations de logement sont :

n Le non-emploi : la part des parents d’enfant d’AA sans emploi locataires de leur logement (44 %) dépasse celle des propriétaires (37 %).

n Le fait d’être un parent seul ou isolé : la part de parents célibataires, séparés ou divorcés, qui déclarent être propriétaires varie de 11 % à 31 %, contre 50 % pour l’ensemble de l’échantillon. De plus, 18 % des parents célibataires et 21% des familles monoparentales vivent dans un logement social.

Alors que la moyenne du nombre d’enfants par foyer est plus importante parmi les familles ayant un enfant accompagné par AA, la proportion de familles habitant un logement de plus de 4 pièces est moindre (-10 points).

Parmi l’échantillon des familles ayant un enfant d’AA, 17 % des parents habitant un 3 pièces y vivent avec plus de 2 enfants (contre 6% pour les parents hors AA).

4 Le nombre moyen d’enfants des familles d’enfant d’AA est de 2,5 contre 1,9 chez les autres. Les familles nombreuses sont surreprésentées parmi les familles d’enfant d’AA par rapport aux autres. De plus, les familles ayant des enfants âgés de plus de 14 ans sont également surreprésentées parmi les familles d’enfant d’AA.


Combien de pièce votre logement comporte-il (hors salle de bain et cuisine) ?

Nous avons alors construit un indicateur : le rapport du nombre d’enfants vivant dans le foyer sur le nombre de pièces du logement. Lorsque ce rapport est supérieur à 1, cela signifie que la famille vit avec plus d’enfants que de pièces pour les accueillir (hors cuisine et salle de bains).

La majorité des logements des familles d’enfant d’AA comptent plus de pièces que d’enfants vivant au domicile parental (83 %). En revanche, pour 17 % des foyers, ce rapport est inversé : le logement accueille autant ou plus d’enfants qu’il ne comporte de pièces (hors cuisine et salle de bains).

Rapport du nombre d’enfants vivant dans le foyer sur le nombre de pièces que comporte le logement – Parents d’enfants d’Apprentis d’Auteuil


Moins de 1 83 %

De 1 à moins de 2 12 %

2 et plus 5%

Ce manque de confort en termes de nombre d’enfants par pièce concerne des foyers par ailleurs exposés à d’autres facteurs de vulnérabilité.

Les foyers d’enfant d’AA les plus vulnérables vis-à-vis du logement

Plus d’un tiers des parents sans emploi habitent dans un logement avec un enfant ou plus par pièce. Le non-emploi est le premier facteur de risque identifié. Dans une moindre mesure, le fait de vivre dans un quartier dit « sensible » et d’être un parent célibataire sont également corrélés avec de mauvaises conditions de logement en termes de nombre d’enfants par pièce.

Indicateur : Rapport du nombre d’enfants vivant dans le foyer sur le nombre de pièces que comporte le logement – Part des foyers ayant un rapport supérieur ou égal à 1

Parents d’enfant d'Apprentis d'Auteuil

Ecart à l’ensemble

Ensemble 17 % -

Parents sans emploi 34 % 17

Vivant dans un quartier sensible 28 % 11

Célibataire 28 % 11

8

Le non-emploi : la part des parents d’enfant d’AA sans emploi locataires de leur logement (44%) dépasse celle des propriétaires (37%).

Le fait d’être un parent seul ou isolé : la part de parents célibataires, séparés ou divorcés, qui déclarent être propriétaires varie de 11% à 31%, contre 50% pour l’ensemble de l’échantillon. De plus, 18% des parents célibataires et 21% des familles monoparentales vivent dans un logement social.

Alors que la moyenne du nombre d’enfants par foyer est plus importante parmi les familles ayant un enfant accompagné par AA, la proportion de familles habitant un logement de plus de 4 pièces est moindre (-10 points).

Parmi l’échantillon des familles ayant un enfant d’AA, 17% des parents habitant un 3 pièces y vivent avec plus de 2 enfants (contre 6% pour les parents hors AA).

Combien de pièce votre logement comporte-il (hors salle de bain et cuisine) ?

Nous avons alors construit un indicateur : le rapport du nombre d’enfants vivant dans le foyer sur le nombre de pièces du logement. Lorsque ce rapport est supérieur à 1, cela signifie que la famille vit avec plus d’enfants que de pièces pour les accueillir (hors cuisine et salle de bains).

La majorité des logements des familles d’enfant d’AA comptent plus de pièces que d’enfants vivant au domicile parental (83%). En revanche, pour 17% des foyers, ce rapport est inversé : le logement accueille autant ou plus d’enfants qu’il ne comporte de pièces (hors cuisine et salle de bains).


Une bonne qualité estimée qui masque des inégalités de logement

Qu’ils aient un enfant accompagné par AA ou non, au moins 9 parents interrogés sur 10 jugent leur logement de bonne voire très bonne qualité et ne pas souffrir souvent du froid (« pas du tout » ou « de temps en temps »).

La qualité du logement s’améliore avec le nombre de pièces. Néanmoins, les familles d’AA ayant 4 enfants ou plus jugent un peu plus sévèrement la qualité de leur logement que les autres (+11 points de mauvaises opinions).

Ainsi, un quart des parents d’enfant d’AA qui habitent un logement avec un enfant ou plus par pièce, estime leur logement de mauvaise ou très mauvaise qualité (contre 17 % pour le reste de l’échantillon). Et 13 % des parents d’enfant d’AA qui habitent un logement avec un enfant ou plus par pièce, déclarent souffrir du froid souvent ou en permanence dans leur logement (contre 5%).

3. Environnement de vie

En termes d’éloignement des différents services de proximité, au moins 6 parents sur 10, qu’ils aient un enfant accompagné par AA ou non, déclarent que ces services sont plutôt ou très proches de chez eux. Cette proportion atteint même plus de 80 % pour certains types de service, tels que le médecin ou le professionnel de santé et la PMI.

Concernant la proximité de certains équipements, on relève plusieurs écarts entre les deux populations interrogées. A l’exception des établissements scolaires (-7 points pour les familles d’AA), les parents d’enfant d’AA déclarent plus que les autres être proches des services sociaux (+8 points), des crèches et haltes garderie (+9 points) et des transports en commun (+9 points sur l’item ‘très proches’).

La proportion de parents d’enfant accompagné par AA déclarant vivre dans un quartier dit sensible est supérieure à celle des autres parents interrogés (+6 points). Dans les deux échantillons, le sentiment de vivre dans un quartier sensible est plus important en Ile-de-France que dans les autres régions.

II. Situation économique des familles et éducation des enfants

Dans cette partie, nous allons explorer le ressenti des parents vis-à-vis de l’impact de leur situation socio-économique sur l’éducation de leurs enfants. Nous tenterons de déterminer quels sont les critères identifiés précédemment qui impactent le plus l’éducation des enfants selon les parents interrogés.

1. Un impact négatif sur l’éducation des enfants pour un tiers des parents d’enfant d’AA

Un tiers des parents d’enfant accompagné par AA déclarent, souvent ou très souvent, que leur « situation économique rend difficile l’éducation de leurs enfants » contre seulement 20 % des autres parents (+13 points). Qu’ils aient un enfant accompagné par Apprentis d’Auteuil ou non, ce ressenti touche particulièrement les parents sans diplôme, les parents isolés ou les familles monoparentales et les personnes sans emploi.

Le sentiment que la situation économique impacte négativement l’éducation des enfants est également croissant avec le nombre d’enfants pour les deux échantillons de parents interrogés ; les parents ayant des enfants âgés de 11 à 17 ans sont plus concernés que les autres. En revanche, les parents ayant un enfant de 18 ans et plus accompagné par AA sont davantage touchés par ce ressenti négatif.


Vous diriez que votre situation économique rend difficile l’éducation de votre ou de vos enfants… :

2. Les critères de vulnérabilité impactant l’éducation des enfants

Quels facteurs socio-économiques impactent négativement l’éducation des enfants selon les parents ?

Sur cette question de l’impact de la situation économique sur l’éducation des enfants, on relève les écarts suivants entre les parents d’enfants d’AA et les autres :

n Parents séparés ou divorcés de leur conjoint : +25 points pour les parents d’enfant d’AA,

n Parents de 3 enfants : +19 points,

n Parents d’enfants âgés de 18 ans et plus : +18 points,

n Parents de famille monoparentale : +16 points.

En revanche, cet écart est moindre entre les deux populations de parents qui sont sans emploi. En effet, 32 % des parents hors AA et 39 % des parents d’enfant d’AA déclarent que leur « situation économique rend difficile l’éducation de leurs enfants » souvent ou très souvent ; soit 7 points d’écart.

Le non-emploi ne suffit pas à expliquer le sentiment de vulnérabilité dans leur rôle éducatif des parents d’enfant d’AA

Près d’un tiers des parents d’enfant hors AA sans emploi déclarent que leur situation économique impacte souvent ou très souvent l’éducation de leurs enfants, contre 18 % pour les parents hors AA qui travaillent soit 14 points de plus.

On peut constater que cet écart n’est que de 7 points chez les parents ayant un enfant accompagné par AA. Ainsi, pour les parents d’AA, le non-emploi explique moins que chez les autres parents interrogés leur ressenti négatif vis-à-vis de l’impact de leur situation économique sur l’éducation des enfants.

11

Vous diriez que votre situation économique rend difficile l’éducation de votre ou de vos enfants… :

2. Les critères de vulnérabilité impactant l’éducation des enfants

Quels facteurs socio-économiques impactent négativement l’éducation des enfants selon les parents ?

Sur cette question de l’impact de la situation économique sur l’éducation des enfants, on relève les écarts suivants entre les parents d’enfants d’AA et les autres :

Parents séparés ou divorcés de leur conjoint : +25 points pour les parents d’enfant d’AA, Parents de 3 enfants : +19 points, Parents d’enfants âgés de 18 ans et plus : +18 points, Parents de famille monoparentale : +16 points.

En revanche, cet écart est moindre entre les deux populations de parents qui sont sans emploi. En effet, 32% des parents hors AA et 39% des parents d’enfant d’AA déclarent que leur « situation économique rend difficile l’éducation de leurs enfants » souvent ou très souvent ; soit 7 points d’écart.

Le non-emploi ne suffit pas à expliquer le sentiment de vulnérabilité dans leur rôle éducatif des parents d’enfant d’AA

Près d’un tiers des parents d’enfant hors AA sans emploi déclarent que leur situation économique impacte souvent ou très souvent l’éducation de leurs enfants, contre 18% pour les parents hors AA qui travaillent soit 14 points de plus.

On peut constater que cet écart n’est que de 7 points chez les parents ayant un enfant accompagné par AA. Ainsi, pour les parents d’AA, le non-emploi explique moins que chez les autres parents


Vous diriez que votre situation économique rend difficile l'éducation de votre ou vos enfants... – ST Souvent ou très souvent EN FONCTION DE Actuellement, êtes-vous en emploi ?

Parents d’enfant hors AA


Écart (parents AA- hors AA)

Ensemble 20 % 33 % 13

Emploi 18 % 32 % 14

Non-emploi 32 % 39 % 7

Ainsi, l’emploi, ou le non-emploi, ne suffisent pas à expliquer le sentiment de difficulté dans l’éducation exprimé par les parents d’enfant d’AA.

Le logement, le lieu de vie et l’isolement : un ensemble de facteurs explicatifs des difficultés éducatives des parents

L’analyse des corrélations entre le sentiment de vulnérabilité économique et les différents critères pouvant qualifier la situation ou l’environnement social des familles a permis de mettre en évidence un certain nombre de facteurs explicatifs (Voir Graphique 1 en annexe). Ainsi, pour les parents d’enfant d’AA, le fait de déclarer que sa situation économique rend souvent ou très souvent difficile l’éducation de ses enfants est liée à5 :

n Résider dans un quartier dit « sensible »

n Un rapport enfants/nombre de pièces égal à 2 ou plus

n Être une famille monoparentale

n Un rapport enfants/nombre de pièces compris entre 1 et 2

n Habiter dans un logement en tant que locataire

n Habiter dans un logement social de type HLM, etc.

Ainsi, les conditions de vie de la famille en termes de logement (type et taille) et de quartier habité ainsi que le fait d’être une famille monoparentale sont les principaux facteurs de vulnérabilité économique qui impactent l’éducation des enfants.

L’analyse montre donc que le non-emploi n’est pas la principale variable explicative des difficultés exprimées par les parents dans l’éducation de leurs enfants ; il s’agit d’une variable indirecte qui amène à constater que les difficultés éducatives sont liées à une superposition de facteurs de fragilité. On peut estimer que c’est de l’interaction entre ces différents éléments que naissent les difficultés éducatives des parents.

5 Par ordre décroissant d’importance


Chapitre 2 : l’exercice de la parentalité

Dans le chapitre précédent, nous avons observé que les difficultés exprimées par les parents dans l’éducation de leurs enfants étaient liées à différents facteurs socioéconomiques.

Cette partie de l’étude va nous permettre d’explorer la vision qu’ont les parents de leur rôle ainsi que la manière dont ils l’exercent. Pour cela, nous nous baserons sur l’analyse du premier axe de la parentalité décrit par Didier Houzel, l’exercice, à savoir ce que l’individu (et la société) conçoit comme étant le rôle de parent.

I. Être parent aujourd’hui, un rôle jugé difficile

Être parent est considéré par l’ensemble des parents interrogés comme plutôt voire très difficile par au moins 7 parents sur 10. Les parents d’enfant d’AA sont proportionnellement plus nombreux que les autres à déclarer qu’être parent aujourd’hui est très ou plutôt facile (+8 points), et paradoxalement, plus nombreux à considérer ce rôle de parent comme très difficile (+6 points).

Vous diriez qu’être parent aujourd’hui est :

Parmi les parents d’enfant d’AA, les parents les plus enclins à considérer le rôle de parent comme étant difficile sont :

n Les femmes (+8 points par rapport aux hommes),

n Les parents célibataires (+14 points) et les parents séparés ou divorcés (+9 points),

n Les parents vivant dans un quartier qu’ils jugent sensible (+16 points par rapport au reste de l’échantillon),

La difficulté du rôle de parent est également croissante avec le nombre et l’âge des enfants (+6 à +13 points entre les tranches extrêmes). Les parents d’AA âgés de 25-34 ans sont proportionnellement moins nombreux que les 35-49 ans à juger le rôle de parent difficile (+10 points). La plupart de ces écarts s’observent également chez les parents d’enfant hors AA. 13

Dans le chapitre précédent, nous avons observé que les difficultés exprimées par les parents dans l’éducation de leurs enfants étaient liées à différents facteurs socioéconomiques.

Cette partie de l’étude va nous permettre d’explorer la vision qu’ont les parents de leur rôle ainsi que la manière dont ils l’exercent. Pour cela, nous nous baserons sur l’analyse du premier axe de la parentalité décrit par Didier Houzel, l’exercice, à savoir ce que l’individu (et la société) conçoit comme étant le rôle de parent.

I. Etre parent aujourd’hui, un rôle jugé difficile

Etre parent est considéré par l’ensemble des parents interrogés comme plutôt voire très difficile par au moins 7 parents sur 10. Les parents d’enfant d’AA sont proportionnellement plus nombreux que les autres à déclarer qu’être parent aujourd’hui est très ou plutôt facile (+8 points), et paradoxalement, plus nombreux à considérer ce rôle de parent comme très difficile (+6 points).

Vous diriez qu’être parent aujourd’hui est :

Parmi les parents d’enfant d’AA, les parents les plus enclins à considérer le rôle de parent comme étant difficile sont :

Les femmes (+8 points par rapport aux hommes), Les familles monoparentales (+14 points par rapport à l’ensemble) ; ainsi que les parents

célibataires (+14 points) et les parents séparés ou divorcés (+9 points), Les parents vivant dans un quartier qu’ils jugent sensible (+16 points par rapport au reste de

l’échantillon),

CHAPITRE 2 : L’EXERCICE DE LA PARENTALITE


II. Le style parental ou l’exercice de l’autorité

La plupart des auteurs qui se sont penchés sur les comportements parentaux et leur influence sur le développement de l’enfant s’appuie sur le concept de « style parental » élaboré par Diana Baumrind (1991) à partir de la notion de contrôle. Le style parental vise à décrire comment les parents agissent afin de contrôler et socialiser leur enfant.

Baumrind décrit trois styles parentaux : autoritaire, démocratique, et permissif. Ces styles parentaux donnent donc une typologie des pédagogies, des manières d’exercer son autorité en tant que parent.

1. Le style parental des parents d’enfant d’AA : essai de définition

Notre questionnement sur l’autorité et le comportement des parents a été construit à partir de cette typologie. Il repose sur neufs propositions portant sur la manière d’exercer son autorité – comment poser des règles à son enfant, comment faire respecter ces règles, comment faire (faire) des choix – dont les combinaisons nous fournissent une grille de lecture6.

Les parents d’enfant d’AA privilégient des attitudes de conseil et de négociation dans leur comportement parental

On relève tout d’abord le fait que, dans l’ensemble, les deux échantillons de parents se sont positionnés sur deux pédagogies : les styles autoritaires et démocratiques. Les propositions relevant du style permissif n’ont pas recueillis un nombre significatif de répondants.

D’une part, les parents des deux échantillons semblent s’accorder en ce qui concerne la manière de poser les règles et de les faire suivre : plus de la moitié des répondants se positionnent sur « fixer à son enfant des règles strictes à ne pas dépasser » et « surveiller les comportements de son enfant », propositions qui relèvent du profil autoritaire.

D’autre part, en ce qui concerne la manière de faire (faire) les choix pour ou avec son enfant, la majorité des parents veille à rester en position de conseiller. Cette posture, qui laisse une place à l’enfant dans le choix à faire, est celle privilégiée (1er choix) par les parents d’enfant d’AA par rapport aux autres parents (+7 points).

En revanche, le premier élément cité par les parents qui n’ont pas d’enfant accompagné par Apprentis d’Auteuil est le fait de « surveiller les comportements de son enfant ». Cet élément est en retrait de 12 points chez les parents ayant un enfant accompagné par Apprentis d’Auteuil (54 % contre 66 % pour les autres parents).

De plus, plus de 4 parents d’enfant d’AA sur 10 privilégient également le fait de « négocier avec son enfant ce qu’il peut faire et ne pas faire » par rapport aux autres parents interrogés (+14 points). Le fait de négocier est plus le fait des femmes de l’échantillon des parents d’enfant d’AA.

Ainsi, selon les profils définis par D. Baumrind, les parents qui ont un enfant accompagné par Apprentis d’Auteuil semblent plus enclins à adopter un style « démocratique » alors que les autres parents adoptent quant à eux une posture parentale plus « autoritaire ».

6 Voir le détail de la grille de lecture élaborée pour le questionnement de l’enquête en Annexe 2.


7 Cette analyse consiste à établir le nombre de cooccurrences de chaque modalité avec chacune des autres deux à deux afin d’identifier les groupes de modalités les plus cités.

Pour vous, être parent c’est… (3 réponses possibles) (% répondants) :

Les styles parentaux des parents d’enfant d’AA

Le questionnement reposant sur la combinaison des propositions, il nous a paru important d’étudier les cooccurrences7 deux-à-deux des réponses des parents d’AA et de tenter de construire une représentation du style parental.

Les principaux enseignements de cette analyse sont les suivants :

n Le fait de « conseiller son enfant sur les choix à faire » est central dans les comportements parentaux : il compte le plus grand nombre de cooccurrences parmi les propositions ;

n Par ordre d’importance, ce conseil est respectivement associé à « fixer à son enfant des règles strictes » (11,8% des cooccurrences), « surveiller ses comportements » (11,1 %) et « négocier ce qu’il peut faire et ne pas faire » (9,2 %).

n Dans une moindre mesure, « fixer à son enfant des règles strictes » est lui-même cité avec « surveiller ses comportements » (9,2 % des cooccurrences) et « négocier ce qu’il peut faire et ne pas faire » (6,5 %).

Malgré la prépondérance de la notion de conseil, dans l’absolu, la majorité des parents d’enfant d’AA présente un style parental combinant les styles démocratique et autoritaire.

Un tiers (34 %) des parents d’AA associent conseiller son enfant et fixer des règles strictes. Parmi eux, 37 % associent la surveillance (soit 12,5 % de l’ensemble des parents d’AA) et 27 % associent la négociation (soit 9 % de l’ensemble).

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En revanche, le premier élément cité par les parents qui n’ont pas d’enfant accompagné par Apprentis d’Auteuil est le fait de «surveiller les comportements de son enfant ». Cet élément est en retrait de 12 points chez les parents ayant un enfant accompagné par Apprentis d’Auteuil (54% contre 66% pour les autres parents).

De plus, plus de 4 parents d’enfant d’AA sur 10 privilégient également le fait de « négocier avec son enfant ce qu'il peut faire et ne pas faire » par rapport aux autres parents interrogés (+14 points). Le fait de négocier est plus le fait des femmes de l’échantillon des parents d’enfant d’AA.

Ainsi, selon les profils définis par D. Baumrind, les parents qui ont un enfant accompagné par Apprentis d’Auteuil semblent plus enclins à adopter un style « démocratique » alors que les autres parents adoptent quant à eux une posture parentale plus « autoritaire ».

Pour vous, être parent c’est… (3 réponses possibles) (% répondants) :

Les styles parentaux des parents d’enfant d’AA

Le questionnement reposant sur la combinaison des propositions, il nous a paru important d’étudier les cooccurrences7 deux-à-deux des réponses des parents d’AA et de tenter de construire une représentation du style parental.

7 Cette analyse consiste à établir le nombre de cooccurrences de chaque modalité avec chacune des autres deux à deux afin d’identifier les groupes de modalités les plus cités.


Analyse des cooccurrences – Parents d’enfant d’AA – Pour vous, être parent c’est… (% répondants) :

Nous pouvons donc retenir deux principaux schémas de parentalité pour les parents d’enfant d’AA :

n L’association de conseiller son enfant, fixer des règles strictes et surveiller son comportement qui tend plus vers le style autoritaire.

n Et l’association de conseiller son enfant, fixer des règles strictes et négocier ce qu’il peut faire qui tend plus vers le style démocratique.

Ces schémas n’excluent pas le fait qu’une minorité de parents d’enfant d’AA semble montrer des comportements parentaux plus permissifs.

2. Les liens entre styles et profils parentaux

La plus grande dispersion des réponses des parents d’enfant d’AA à la question « être parent c’est… » nous laisse penser que des profils différents peuvent être identifiés parmi les parents d’enfant d’AA. Le fait que les comportements des parents d’enfant accompagné par AA empruntent des éléments issus de deux styles de la typologie définie par Baumrind renforce cette idée.

Les parents d’adolescents ou jeunes adultes : des comportements parentaux plus uniformes

Certains comportements parentaux des parents hors AA sont croissants avec l’âge des enfants, notamment à partir de l’adolescence (11-13 ans ou 14-17 ans) : le respect de l’intimité de l’enfant, la négociation sur ce qu’il peut faire ou ne pas faire mais aussi la surveillance de son comportement.

Les comportements des parents d’adolescents (14-17 ans) et de jeunes adultes (18 ans et plus) hors AA se rapprochent de ceux d’AA.

Concernant le rôle de parent, les parents d’adolescents et jeunes adultes hors AA ont des opinions assez proches des parents ayant un enfant à Apprentis d’Auteuil sur le fait de conseiller son enfant sur les choix à faire (-2 points) et surveiller ses comportements (-6 points).

En revanche, les parents d’AA se démarquent sur le fait de négocier avec leur enfant adolescent ou jeune adulte ce qu’il peut faire ou ne pas faire (+11 points) et, dans une moindre mesure, sur le fait de laisser son enfant libre de ses choix (+6 points).

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Les principaux enseignements de cette analyse sont les suivants :

Le fait de « conseiller son enfant sur les choix à faire » est central dans les comportements parentaux : il compte le plus grand nombre de cooccurrences parmi les propositions ;

Par ordre d’importance, ce conseil est respectivement associé à « fixer à son enfant des règles strictes » (11,8% des cooccurrences), « surveiller ses comportements » (11,1%) et « négocier ce qu’il peut faire et ne pas faire » (9,2%).

Dans une moindre mesure, « fixer à son enfant des règles strictes » est lui-même cité avec « surveiller ses comportements » (9,2% des cooccurrences) et « négocier ce qu’il peut faire et ne pas faire » (6,5%).

Malgré la prépondérance de la notion de conseil, dans l’absolu, la majorité des parents d’enfant d’AA présente un style parental combinant les styles démocratique et autoritaire.

Un tiers (34%) des parents d’AA associent conseiller son enfant et fixer des règles strictes. Parmi eux, 37% associent la surveillance (soit 12,5% de l’ensemble des parents d’AA) et 27% associent la négociation (soit 9% de l’ensemble).

Analyse des cooccurrences – Parents d’enfant d’AA – Pour vous, être parent c’est… (% répondants) :

Nous pouvons donc retenir deux principaux schémas de parentalité pour les parents d’enfant d’AA :

L’association de conseiller son enfant, fixer des règles strictes et surveiller son comportement qui tend plus vers le style autoritaire.


Pour vous, être parent c’est… - Parents d’enfant de 14 ans et plus (3 réponses possibles) (% répondants) :

Les profils de comportements parentaux parmi les parents d’enfant d’AA

D’autres facteurs ou critères pouvant influencer significativement les comportements des parents d’enfant d’AA peuvent être identifiés.

Il convient d’abord de noter que les variations observées portent presque exclusivement sur les quatre comportements principaux identifiés précédemment (les quatre premiers items du graphique ci-dessus).

Les jeunes parents (âgés de 25-34 ans) d’enfant d’AA semblent d’abord attachés à poser les règles. 67 % d’entre eux se positionnent sur « fixer des règles strictes » contre, au plus, la moitié des autres parents d’AA. Ceci s’effectue au détriment de « conseiller son enfant » et de « négocier ce qu’il peut faire et ne pas faire » (de -8 à -15 points par rapport aux autres parents interrogés). On peut raisonnablement penser que cela tient en partie au plus jeune âge des enfants.

La taille des fratries est également un facteur qui impacte le style parental. Les parents de grandes fratries (4 enfants et plus) se positionnent moins que les autres parents sur le conseil dans les choix à faire (-6 points) et la négociation sur les choses à faire ou ne pas faire (-12 points) mais sont plus nombreux à citer la surveillance des comportements des enfants (+11 points).

Les parents en situation de non-emploi se positionnent plus que les autres parents sur la surveillance des comportements (+10 points) et moins sur le conseil dans les choix à faire par rapport à ceux ayant un emploi (-11 points).

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Pour vous, être parent c’est… - Parents d’enfant de 14 ans et plus (3 réponses possibles) (% répondants) :

Les profils de comportements parentaux parmi les parents d’enfant d’AA

D’autres facteurs ou critères pouvant influencer significativement les comportements des parents d’enfant d’AA peuvent être identifiés.

Il convient d’abord de noter que les variations observées portent presque exclusivement sur les quatre comportements principaux identifiés précédemment (les quatre premiers items du graphique ci-dessus).

Les jeunes parents (âgés de 25-34 ans) d’enfant d’AA semblent d’abord attachés à poser les règles. 67% d’entre eux se positionnent sur « fixer des règles strictes » contre, au plus, la moitié des autres parents d’AA. Ceci s’effectue au détriment de « conseiller son enfant » et de « négocier ce qu’il peut faire et ne pas faire » (de -8 à -15 points par rapport aux autres parents interrogés). On peut raisonnablement penser que cela tient en partie au plus jeune âge des enfants.

La taille des fratries est également un facteur qui impacte le style parental. Les parents de grandes fratries (4 enfants et plus) se positionnent moins que les autres parents sur le conseil dans les choix à faire (-6 points) et la négociation sur les choses à faire ou ne pas faire (-12 points) mais sont plus nombreux à citer la surveillance des comportements des enfants (+11 points).

Les parents en situation de non-emploi se positionnent plus que les autres parents sur la surveillance des comportements (+10 points) et moins sur le conseil dans les choix à faire par rapport à ceux ayant un emploi (-11 points).


III. Le contenu du rôle éducatif du parent

Après avoir abordé la notion de style parental, nous allons tenter de nous interroger sur les sujets relatifs à l’éducation qui selon les parents relèvent de leur rôle.

1. La préoccupation des parents d’enfant d’AA pour la scolarité, l’orientation et l’avenir de l’enfant

Les sujets identifiés comme étant les plus importants pour les familles d’enfant d’AA sont la santé de son enfant, son orientation et son avenir ainsi que la scolarité de leur enfant.

Si la santé et la scolarité sont des sujets communs aux deux échantillons de parents, l’orientation est en revanche davantage citée par les parents d’enfant d’AA que les autres (+18 points).

L’importance accordée à l’orientation et l’avenir de l’enfant est croissante avec l’âge de l’enfant pour les deux populations interrogées. En revanche, on relève un écart entre les deux populations sur les parents ayant un enfant âgé de moins de 10 ans.

Ainsi sur cette tranche d’âge, plus de 50% des parents d’enfant d’AA citent l’orientation et l’avenir, contre moins de 30% des parents hors AA.

Les parents d’AA isolés (célibataires ou séparés-divorcés) sont plus soucieux de la scolarité de leur enfant que les autres parents d’enfant d’AA : respectivement 71% et 64% d’entre eux citent la scolarité contre environ 50% des parents d’AA en couple (mariés ou en couple non-mariés, ni pacsés).

Pour vous, le rôle de parent, c’est avant tout s’occuper de… (3 réponses possibles) (% citations) :

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III. Le contenu du rôle éducatif du parent

Après avoir abordé la notion de style parental, nous allons tenter de nous interroger sur les sujets relatifs à l’éducation qui selon les parents relèvent de leur rôle.

La préoccupation des parents d’enfant d’AA pour la scolarité, l’orientation et l’avenir de l’enfant

Les sujets identifiés comme étant les plus importants pour les familles d’enfant d’AA sont la santé de son enfant, son orientation et son avenir ainsi que la scolarité de leur enfant.

Si la santé et la scolarité sont des sujets communs aux deux échantillons de parents, l’orientation est en revanche davantage citée par les parents d’enfant d’AA que les autres (+18 points).

L’importance accordée à l’orientation et l’avenir de l’enfant est croissante avec l’âge de l’enfant pour les deux populations interrogées. En revanche, on relève un écart entre les deux populations sur les parents ayant un enfant âgé de moins de 10 ans.

Ainsi sur cette tranche d’âge, plus de 50% des parents d’enfant d’AA citent l’orientation et l’avenir, contre moins de 30% des parents hors AA.

Les parents d’AA isolés (célibataires ou séparés-divorcés) sont plus soucieux de la scolarité de leur enfant que les autres parents d’enfant d’AA : respectivement 71% et 64% d’entre eux citent la scolarité contre environ 50% des parents d’AA en couple (mariés ou en couple non-mariés, ni pacsés).

Pour vous, le rôle de parent, c’est avant tout s’occuper de… (3 réponses possibles) (% citations) :

Style parental et réussite scolaire


8 Notamment ceux de Alpert et Dunham (1986), Waddell (1990) et Rumberger (1990 et 1993)9 « Participation et style parental en relation avec le risque de décrochage scolaire », Protvin, P., Marcotte, D., Fortin, L., Royer, E. - Colloque sur les

compétences parentales - Université de Sherbrooke, pp.11-12, Nov 2001.

2. Style parental et réussite scolaire

De nombreux travaux8 sur la relation entre le style parental et la réussite scolaire des enfants ont identifié le manque d’implication des parents dans la scolarité et le style parental « permissif », caractérisé entre autres par un manque de « surveillance » parentale, comme des facteurs de risque associés au décrochage scolaire9.

La majorité des recherches s’accordent à considérer que le style démocratique est celui qui favorise le plus la réussite scolaire de l’enfant. Or, nous avons constaté les faits suivants :

n Les parents d’enfant d’AA présentent un style parental caractérisé par une attitude de conseil dans les choix de l’enfant associée au souci de fixer un cadre et des règles strictes et de surveiller les comportements de son enfant.

n L’orientation et l’avenir ainsi que la scolarité des enfants tiennent une place importante dans le rôle de parent pour les parents d’enfant d’AA

Les postures parentales des parents d’enfant d’AA telles que nous les avons décrites ne semblent donc pas, à première vue, être des facteurs de risque en matière de décrochage scolaire pour leur enfant.

Cependant, certains parents d’adolescent d’AA indiquent plus que les autres adopter des comportements parentaux plus permissifs (tel que laisser son enfant libre de ses choix).


Chapitre 3 : l’expérience de la parentalité

La question de l’expérience de la parentalité renvoie au second axe de D. Houzel ; c’est à dire ce que l’individu ressent personnellement dans et vis-à-vis de son rôle de parent.

Afin de prendre en compte les différentes dimensions de l’éducation d’un enfant, les éléments de questionnement visant à étudier l’expérience du rôle de parent ont été construits à partir du paradigme des douze besoins décrit par J .P. Pourtois et H. Desmet.

Ces auteurs catégorisent les besoins humains en 4 typologies : affectifs, cognitifs, sociaux et de valeurs. Chacune de ces typologies identifiées répond à une dimension essentielle de la construction de la personne humaine : l’affiliation, l’accomplissement, l’autonomie sociale et l’idéologie (système de valeurs). Par ailleurs, dans le paradigme de Pourtois et Desmet, chacun de ces besoins renvoie à une pluralité de pédagogies adaptées pour y répondre10.

I. Éduquer ou comment répondre aux besoins de son enfant

Le questionnement sur l’expérience de la parentalité a été élaboré à partir des trois premiers types de besoins (affectifs, cognitifs, sociaux) décrits par ce paradigme afin de pouvoir étudier quelles sont les pédagogies privilégiées et mobilisables par les parents interrogés pour répondre aux besoins de leur enfant.

1. Élever ses propres enfants : une difficulté relative par rapport au rôle attendu de parent

Pour près de 4 parents sur 10, qu’ils aient un enfant accompagné par AA ou non, « élever leur enfant » aujourd’hui leur semble plutôt facile ou très facile. Ce taux est plus élevé que celui observé précédemment quant à la difficulté d’ « être parent aujourd’hui » pour les deux populations (+14 points pour les parents d’enfant d’AA et +15 points pour les parents hors AA).

Néanmoins, par rapport à l’idée que certains parents se font de la difficulté (ou de la facilité) d’être parent à l’heure actuelle, une part d’entre eux semble considérer l’éducation de leur propre enfant comme étant relativement facile.

Comme cela a été observé sur la perception du rôle de parent, les parents d’enfant d’AA sont proportionnellement plus nombreux à considérer qu’élever leur enfant est plutôt ou très facile (+7 points).

2. Répondre aux besoins de son enfant : les principes éducatifs des parents

Comme indiqué précédemment, le questionnement de cette partie vise à étudier les réponses apportées par les parents aux besoins de leur enfant.

On constate dans un premier temps que les réponses des deux échantillons présentent la même hiérarchie. Valoriser son enfant, pouvoir lui consacrer du temps et se préoccuper de son avenir sont des éléments importants pour plus de 9 parents sur 10 dans les deux échantillons. Les points de difficultés rencontrés par les parents tiennent à la capacité à fixer un cadre à son enfant et à gérer le stress généré par son comportement.

Au-delà de ces principaux éléments, on relève un certain nombre de divergences :

n Les parents d’enfant d’AA semblent particulièrement attachés aux trois principes évoqués ci-dessus : plus de la moitié d’entre eux déclarent les mettre en œuvre très souvent, contre environ 4 parents hors AA sur 10 (de +15 à +20 points).

10 Voir le paradigme des 12 besoins selon Pourtois et Desmet (2004) ainsi que le questionnement élaboré à partir de ce même paradigme en Annexes 3 et 4.


Ces trois propositions renvoient aux pédagogies suivantes : renforcement (valorisation positive et intentionnelle des capacités de son enfant), communication (interactions de qualité entre parent et enfant) et investissement (engagement du parent à l’égard de l’avenir de son enfant), chacune contribuant au développement d’un des facteurs de construction de l’identité11.

n La part des parents d’enfant d’AA déclarant ne jamais être surpris par les compliments faits à leur enfant, ne jamais être stressé par ses comportements et ne jamais avoir de difficulté à fixer un cadre est également plus importante que chez les autres parents.

On notera que, de manière générale, les parents d’enfant d’AA se prononcent davantage sur les modalités de réponses extrêmes par rapport aux autres parents.

n Les parents d’enfant d’AA rencontrent plus de difficultés que les autres à fixer des règles : 34 % d’entre eux ont souvent ou très souvent des difficultés à fixer un cadre, des règles à leur enfant (+7 points). Paradoxalement, 29 % déclarent ne jamais rencontrer cette difficulté.

Cette divergence au sein des parents d’enfant d’AA interroge surtout dans la mesure où fixer un cadre à son enfant est un des piliers du style parental décrit précédemment.

n Enfin, seuls 61 % des parents d’enfant d’AA ont souvent ou très souvent l’occasion de partager des activités ludiques ou culturelles avec leur enfant, contre 75 % des autres parents (-14 points).

Les difficultés à fixer un cadre à son enfant et la rareté des moments partagés pour des activités ludiques ou culturelles sont donc les deux points d’attention différenciant les parents ayant un enfant accompagné par Apprentis d’Auteuil des autres parents interrogés.

Par ailleurs, on note que sur l’ensemble des propositions, les parents d’enfant d’AA se positionnent davantage que les autres parents sur les valeurs extrêmes (Jamais). Nous ne pouvons formuler d’hypothèse pour expliquer ce fait.

Vous diriez que… :

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Par ailleurs, on note que sur l’ensemble des propositions, les parents d’enfant d’AA se positionnent davantage que les autres parents sur les valeurs extrêmes (Jamais). Nous ne pouvons formuler d’hypothèse pour expliquer ce fait.

Vous diriez que… :

Les difficultés à fixer un cadre à son enfant, facteur de stress et d’inquiétude

L’analyse des corrélations entre les réponses des parents d’enfant d’AA révèlent l’existence de fortes corrélations entre certains éléments (Voir Graphique 2 en annexe).

On constate tout d’abord que rencontrer des difficultés à fixer un cadre et des règles à son enfant est fortement corrélé avec le fait de s’inquiéter pour son enfant en son absence et de stresser en raison de ses comportements.

Le fait que les comportements de son enfant soit une source de stress est lié au fait d’avoir peu ou pas d’occasion de partager des activités ludiques et culturelles avec son enfant. Inversement, partager fréquemment des activités ludiques et culturelles avec son enfant est lié au fait de peu ou pas stresser en raison de son comportement. Cela souligne l’intérêt que pourrait représenter le

11 Voir le paradigme des 12 besoins selon Pourtois et Desmet (2004) ainsi que le questionnement élaboré à partir de ce même paradigme en Annexes 3 et 4..


Les difficultés à fixer un cadre à son enfant, facteur de stress et d’inquiétude

L’analyse des corrélations entre les réponses des parents d’enfant d’AA révèlent l’existence de fortes corrélations entre certains éléments (Voir Graphique 2 en annexe).

On constate tout d’abord que rencontrer des difficultés à fixer un cadre et des règles à son enfant est fortement corrélé avec le fait de s’inquiéter pour son enfant en son absence et de stresser en raison de ses comportements.

Le fait que les comportements de son enfant soit une source de stress est lié au fait d’avoir peu ou pas d’occasion de partager des activités ludiques et culturelles avec son enfant. Inversement, partager fréquemment des activités ludiques et culturelles avec son enfant est lié au fait de peu ou pas stresser en raison de son comportement. Cela souligne l’intérêt que pourrait représenter le développement des habiletés et compétences parentales sur ces champs (jeux, activités communes…) en termes de bénéfices émotionnels ou éducatifs.

La rareté des sorties et activités culturelles avec ses enfants est par ailleurs liée au manque de temps à consacrer à son enfant et au manque de valorisation de son enfant lorsqu’il réussit quelque chose. On peut également penser que le manque de moyens économiques peut impacter la fréquence des sorties et activités culturelles.

II. Les difficultés rencontrées dans l’éducation des enfants

Parmi les problèmes rencontrés par les parents, comprendre le comportement ou les réactions de son enfant est la première difficulté soulevée par les deux populations.

A l’exception d’aider ou conseiller son enfant dans son orientation et trouver un soutien pour l’éducation de son enfant, les parents d’enfant d’AA sont proportionnellement moins nombreux que les autres à déclarer rencontrer souvent ou très souvent des difficultés dans l’éducation de leur enfant, en particulier sur le fait de répondre aux besoins de son enfant (-9 points) et de protéger son enfant autant qu’ils le souhaitent (-7 points).

1. Les principales difficultés des parents d’enfant d’AA

Comprendre le comportement ou les réactions de son enfant

Comprendre le comportement ou les réactions de son enfant est la première difficulté citée par les deux populations de parents. 4 parents d’enfant d’AA sur 10 déclarent avoir souvent ou très souvent des difficultés sur ce point.

De plus, parmi les parents d’enfant d’AA déclarant des difficultés à élever leur enfant (difficile ou très difficile), 70 % déclarent également avoir souvent ou très souvent des difficultés à comprendre le comportement ou les réactions de leur enfant.

Cela confirme les résultats de l’enquête menée en 2013 selon laquelle cet élément est central dans la compréhension des difficultés que connaissent les parents dans l’éducation de leurs enfants. En effet, cette année comme l’année dernière, les parents ayant exprimé des difficultés à comprendre les comportements de leur enfant déclarent davantage de difficultés sur l’ensemble des autres éléments testés.

Les parents d’enfant d’AA célibataires ainsi que ceux séparés ou divorcés sont respectivement 47 % et 46 % à rencontrer souvent ou très souvent ces difficultés de compréhension du comportement de leur enfant (respectivement +6 et +5 points). Les parents d’enfants d’AA âgés de 14 à 17 ans sont également 47 % à l’exprimer.

Aider ou conseiller son enfant dans son orientation et trouver un soutien

La seconde difficulté citée par les parents d’enfant d’AA est d’aider ou conseiller son enfant dans son orientation scolaire et professionnelle (6e rang pour les autres parents). De plus, 15 % des parents d’enfant d’AA déclarent rencontrer très souvent des difficultés sur ce point, contre 7 % des autres parents (+8 points).


Cela fait écho à la plus grande préoccupation des parents d’enfant d’AA pour l’orientation et l’avenir de leur enfant que nous avons déjà évoquée.

Les parents qui rencontrent le plus de difficulté sur le sujet sont notamment ceux qui sont sans emploi (45 % soit +7 points), ont des enfants âgés de 14 à 17 ans (44 % ; +6 points) ou sont célibataires ou séparés (43 % et 46 % respectivement +5 et +8 points).

Paradoxalement, 26 % des parents d’enfant d’AA déclarent ne jamais avoir de difficultés pour aider leur enfant dans leur orientation (+4 points par rapport aux autres parents interrogés).

On observe des écarts semblables pour le fait de trouver un soutien pour l’éducation de son enfant.

Il semble donc que l’aide à l’orientation et le fait de trouver un soutien soient également des facteurs de divergence au sein des parents d’enfant d’AA.

En tant que parent, avez-vous déjà eu le sentiment d’avoir des difficultés à...

2. Difficultés liées à l’éducation des enfants et vulnérabilité socio-économique

Est-on plus susceptible de rencontrer des difficultés à élever son enfant lorsqu’on se trouve en situation de vulnérabilité économique ? Cette partie vise à établir les liens entre les difficultés déclarées et les critères de vulnérabilité identifiés en première partie.

Les parents vivant en zone dite sensible sont particulièrement exposés aux difficultés d’éducation

Outre les critères cités précédemment, on constate que le fait de vivre dans une zone considérée comme sensible ou dans de mauvaises conditions de logement sont des facteurs aggravant les difficultés que les parents peuvent rencontrer dans l’éducation de leur enfant.

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Aider ou conseiller son enfant dans son orientation et trouver un soutien

La seconde difficulté citée par les parents d’enfant d’AA est d’aider ou conseiller son enfant dans son orientation scolaire et professionnelle (6e rang pour les autres parents). De plus, 15% des parents d’enfant d’AA déclarent rencontrer très souvent des difficultés sur ce point, contre 7% des autres parents (+8 points).

Cela fait écho à la plus grande préoccupation des parents d’enfant d’AA pour l’orientation et l’avenir de leur enfant que nous avons déjà évoquée.

Les parents qui rencontrent le plus de difficulté sur le sujet sont notamment ceux qui sont sans emploi (45% soit +7 points), ont des enfants âgés de 14 à 17 ans (44% ; +6 points) ou sont célibataires ou séparés (43% et 46% respectivement +5 et +8 points).

Paradoxalement, 26% des parents d’enfant d’AA déclarent ne jamais avoir de difficultés pour aider leur enfant dans leur orientation (+4 points par rapport aux autres parents interrogés).

On observe des écarts semblables pour le fait de trouver un soutien pour l’éducation de son enfant.

Il semble donc que l’aide à l’orientation et le fait de trouver un soutien soient également des facteurs de divergence au sein des parents d’enfant d’AA.

En tant que parent, avez-vous déjà eu le sentiment d'avoir des difficultés à...


75 % des parents vivant en zone sensible et 72 % de ceux estimant leur logement de mauvaise qualité déclarent qu’élever leur enfant est difficile. Ces deux critères ont été identifiés précédemment comme des facteurs aggravant la vulnérabilité des familles.

Les deux catégories de parents citées précédemment sont proportionnellement plus nombreuses à connaître chaque difficulté listée, en particulier celles identifiées comme les points les plus difficiles, notamment comprendre le comportement ou les réactions de son enfant.

Il semble donc que les familles les plus vulnérables sur le plan socio-économique se trouvent plus exposées à des difficultés dans l’éducation de leur enfant, confirmant de ce fait leur ressenti.

On peut émettre l’hypothèse suivant laquelle les facteurs de vulnérabilité identifiés créent chez les parents un sentiment d’impuissance, de non-capacité à pouvoir répondre aux besoins essentiels de leur enfant (protection, orientation, résolution de problèmes…).

En tant que parent, avez-vous déjà eu le sentiment d’avoir des difficultés à... (ST Souvent) – Parents d’enfant d’AA

Parents vivant en zone sensible

Parents ayant mauvaise qualité de

logementEnsemble

Identifier les besoins de votre enfant

50 % (+15) 52 % (+17) 35 %

Répondre aux demandes de votre enfant

52 % (+21) 45 % (+14) 31 %

Protéger votre enfant autant que vous le souhaitiez

48 % (+11) 54 % (+17) 37 %

Comprendre le comportement ou les réactions de votre enfant

63 % (+22) 60 % (+19) 41 %

Trouver un soutien pour l'éducation de votre enfant

45 % (+10) 55% (+20) 35 %

Aider ou conseiller votre enfant dans son orientation scolaire et/ ou professionnelle

50 % (+12) 54 % (+16) 38 %

Aider votre enfant à résoudre les problèmes qui le concerne

43 % (+9) 55 % (+21) 34 %

3. Difficultés liées à l’éducation des enfants et style parental

Quels liens peut-on identifier entre les différents styles parentaux et les difficultés rencontrées par les parents d’enfant d’AA (Voir Graphique 3 en annexe) ?

Comme nous l’avons développé précédemment, si la majorité des parents d’enfant d’AA présente un comportement parental combinant les styles autoritaire et démocratique, certains se montrent parfois plus permissifs, notamment dans le fait de laisser son enfant libre de ses choix.

Laisser son enfant libre de ses choix est corrélé avec le fait de considérer qu’élever son enfant est plutôt ou très facile. En effet, 52 % des parents ayant cité cette modalité déclarent qu’élever son enfant est plutôt ou très facile.

Si l’on considère les deux principaux schémas identifiés pour les parents d’enfant d’AA, on note que le profil « conseiller son enfant, fixer des règles strictes et surveiller son comportement » est lié au fait d’avoir peu ou jamais rencontré de difficultés à protéger son enfant et à l’aider et le conseiller dans son orientation.


Par ailleurs, on relève un certain nombre de corrélations entre certains comportements permissifs et la rencontre de difficultés liées à l’éducation de leur enfant.

n Respecter l’intimité de son enfant est corrélé avec la rareté (peu souvent ou jamais) des difficultés à aider ou conseiller son enfant dans son orientation, comprendre ses comportements ou réactions et identifier ses besoins.

n Inversement, négocier avec son enfant ce qu’il peut faire est corrélé avec de fréquentes difficultés à aider ou conseiller son enfant dans son orientation, et comprendre ses comportements ou réactions.

n Et tolérer que son enfant puisse ne pas respecter toutes les règles est corrélé avec les difficultés à aider ou conseiller son enfant dans son orientation.

On peut avancer les réflexions suivantes :

Le fait de négocier avec son enfant ou de tolérer des écarts par rapport aux règles, semblent liés aux difficultés ressenties par les parents pour comprendre son comportement et/ou l’aider dans son orientation.

Il est intéressant de rappeler que la négociation sur ce qu’il peut faire ou ne pas faire et le respect de l’intimité de son enfant concernent particulièrement les parents de jeunes adolescents. On peut émettre l’hypothèse que leur orientation est un sujet délicat.

Faut-il penser que la négociation ne permet pas à ces parents d’aider leur enfant adolescent dans son orientation ?

On ne peut pas émettre plus d’hypothèse sur les corrélations entre ces comportements et les difficultés ressenties par les parents.


Chapitre 4 : la pratique de la parentalité

Comment cet exercice et cette expérience de la parentalité se traduisent-ils au quotidien ? Quels sont les pratiques, les moments, activités ou personnes qui peuvent influencer ces dernières ? Nous étudierons dans cette partie la pratique de la parentalité et ses relations avec l’expérience des parents, en particulier avec les difficultés relevées dans l’éducation des enfants.

I. Disponibilité et partage des activités quotidiennes avec son enfant

En moyenne, les parents d’enfant d’AA semblent consacrer plus de temps au quotidien à leurs enfants que les autres parents.

44 % des parents d’enfant hors AA disent passer en moyenne 2 à 4 heures par jour avec leur enfant, tandis que 42 % de ceux d’AA disent passer en moyenne plus de 4 heures au quotidien avec leur enfant. De plus, 18 % des parents d’enfant d’AA déclarent passer plus de 8 heures par jour avec leur enfant contre 7 % des parents hors AA (+11 points). La proportion des parents sans emploi (dont une part peut être inactive) ne suffit pas à expliquer cet écart.

Paradoxalement, ce temps passé avec leurs enfants ne semble pas se traduire systématiquement par des moments de partage et la réalisation d’activités communes.

1. Les activités de la maison au centre de la pratique des parents d’enfant d’AA

Les repas sont les moments les plus partagés par les parents des deux populations avec leurs enfants, loin devant les autres activités : 69 % des parents des deux échantillons passent très souvent les repas avec leur enfant. Le repas apparaît comme un temps familial de partage incontournable pour 9 parents sur 10.

En revanche, les parents d’enfant d’AA investissent moins de temps sur les activités communes suivantes que les autres parents : les devoirs scolaires (-12 points), les activités sportives (-9 points), et les activités culturelles (-9 points). Plus généralement, les parents d’enfant d’AA semblent être proportionnellement moins nombreux à partager les loisirs de leur enfant.

La moindre participation des parents d’enfant d’AA aux devoirs scolaires interpelle dans la mesure où la scolarité et l’orientation scolaire et professionnelle ont été identifiées comme des préoccupations importantes pour ces derniers.

On peut penser que ces parents ne s’investissent pas directement dans la scolarité de leur enfant à cause d’un certain nombre de facteurs les éloignant de la « chose » scolaire (manque de compétences, de temps…) mais ils peuvent par ailleurs être pleinement impliqués dans la réussite de leur enfant (en le confiant par exemple à des associations, des grands frères ou sœurs, etc…).

Sur ces trois items, l’écart relevé entre les deux échantillons ne se situe pas sur les extrêmes mais sur la modalité ‘Souvent’. Il semble donc que ce soit le comportement moyen qui soit en recul chez les parents d’enfant d’AA.

Le fait qu’une partie des enfants accompagnés par AA soient hébergés en Internat Educatif et Scolaire (IES) peut expliquer en partie ce résultat. La part des familles dont un enfant est hébergé en IES dans la population des parents d’enfant d’AA est de 30 %.

Outre les repas, les activités pratiquées avec les enfants aussi fréquemment que les autres parents sont les courses et les tâches domestiques. Ainsi, il semble que les activités domestiques – repas, courses, tâches ménagères – soient au centre des moments passés entre parent et enfant d’AA.


38 % des parents d’enfant d’AA déclarent par ailleurs que du fait de leur travail ils sont peu disponibles pour leur enfant (+2 points), tandis que 38 % déclarent que ce n’est pas du tout le cas (+9 points). Cela nous amène donc à étudier les activités réalisées avec les enfants en fonction du temps disponible des parents.

2. Une répartition du temps passé avec son enfant au détriment des devoirs scolaires ?

Comment les parents emploient-ils le temps passé avec leur enfant quand celui-ci est restreint ? Et au contraire, lorsqu’il est important ? Quel est l’impact de la contrainte de temps sur leur pratique, notamment vis-à-vis des devoirs scolaires ?

Les activités délaissées ou privilégiées en fonction du temps passé avec l’enfant

Sans surprise, les parents d’enfant d’AA qui passent 1 à 2 heures par jour avec leur enfant au quotidien se démarquent de l’ensemble de l’échantillon par une pratique moins fréquente de chacune des activités réalisées avec les enfants (à l’exception de la pratique religieuse).

Les activités qui pâtissent le plus du manque de temps des parents sont les courses (-18 points), les activités culturelles et sorties (-15 points), la télévision (-10 points) et les devoirs scolaires (-9 points).

Parmi les activités suivantes, lesquelles réalisez-vous avec votre enfant ? – ST Souvent ou Très souvent – Parents d’enfant d’AA

Ensemble des parents d’enfant

d’AA

Parents passant 1 à 2h par jour avec leur

enfant

Ecart (passe 1 à 2h- passe plus de 4h)

Faire les courses 57 % 40 % -18

Faire des activités culturelles, des sorties, des ballades

69 % 54 % -15

Regarder la télévision 67 % 57 % -10

Faire les devoirs scolaires 47 % 38 % -9

Réaliser les tâches domestiques (ménage, cuisine, lessive, etc.)

44 % 36 % -8

Faire des activités sportives 37 % 30 % -7

Jouer à des jeux vidéo ou aller sur internet

31 % 24 % -7

Avoir une pratique religieuse 17 % 15 % -2

Prendre les repas 95 % 91 % -4

MOYENNE 52 % 43 % -9

A l’inverse, les parents d’enfant d’AA passant plus de 8 heures par jour avec leur enfant réalisent plus d‘activités avec ce dernier : en moyenne, 60 % réalisent souvent des activités communes, contre 52 % de l’ensemble.

Cependant, on relève que, par rapport à l’ensemble de l’échantillon, ce surplus de temps passé avec leur enfant est d’abord mis à profit pour faire les courses (+16 points), réaliser les tâches domestiques (+10 points) et pratiquer une religion (+12 points) puis, dans un second temps, pour faire des activités culturelles, et des activités sportives (+9 points).

En revanche, ils ne sont pas plus nombreux que les autres parents d’enfant d’AA à réaliser les devoirs scolaires avec leur enfant (0 points). Il semble donc que les parents passant plus de temps que la moyenne auprès de leur enfant privilégient les activités ludiques (après les tâches de la maison) par rapport aux travaux scolaires.


Parmi les activités suivantes, lesquelles réalisez-vous avec votre enfant ? – ST Souvent ou Très souvent – Parents d’enfant d’AA

Ensemble des parents d’enfant

d’AA

Parents passant plus de 8h par jour avec

leur enfant

Ecart (passe plus de 8h - ensemble)

Faire les courses 57 % 74 % 16

Avoir une pratique religieuse 17 % 29 % 12

Réaliser les tâches domestiques (ménage, cuisine, lessive, etc.)

44 % 54 % 10

Faire des activités culturelles, des sorties, des ballades

69 % 78 % 9

Faire des activités sportives 37 % 46 % 9

Jouer à des jeux vidéo ou aller sur internet

31 % 40 % 8

Regarder la télévision 67 % 73 % 6

Prendre les repas 95% 97 % 3

Faire les devoirs scolaires 47 % 48 % 0

MOYENNE 52 % 60 % 8

En définitive, outre les courses (et tâches domestiques dans une moindre mesure) qui sont la première variable d’ajustement, il apparaît que les activités culturelles et sportives sont celles qui s’ajustent le plus en fonction du temps disponible des parents. Les devoirs scolaires s’ajustent principalement à la baisse et sont la troisième activité à pâtir du manque de temps des parents.

II. Les sources de conflit avec les enfants

La première source de conflit citée par les parents, qu’ils aient un enfant accompagné par AA ou non, est le temps passé devant l’ordinateur, la tablette ou avec le téléphone portable pour environ 4 parents sur 10. Bien que commun aux deux échantillons, c’est un sujet plus fréquent chez les parents d’AA dont 18 % déclarent que le temps passé devant les écrans est très souvent source de conflit (+8 points par rapport aux autres parents).

On relève également la place prépondérante de la scolarité de l’enfant parmi les sujets conflictuels dans les familles d’enfant d’AA. En effet, les résultats et les devoirs scolaires de l’enfant (temps et contenu des devoirs) sont les principales sources de conflit (après les écrans) pour plus d’un tiers d’entre eux, (respectivement +13 et +5 points par rapport aux autres parents interrogés). Les résultats scolaires sont le sujet sur lequel les deux échantillons divergent le plus12.

En revanche, le comportement de leur enfant avec les autres ou en public (en famille, chez des amis, dans des lieux publics) ne semble pas être source de difficulté ou de conflit pour les parents d’enfant d’AA : au moins 50 % ne sont jamais gênés par le comportement de leur enfant dans les lieux qu’ils fréquentent.

Pour les parents hors AA, les horaires de coucher, la participation aux tâches ménagères et l’alimentation de leur enfant devancent les problématiques scolaires qui n’apparaissent respectivement qu’en 5e et 9e

position.

Les conclusions de l’enquête de 2013 menée auprès des parents sur les difficultés scolaires peuvent nous éclairer. D’une part, les familles d’AA déclaraient davantage de difficultés scolaires chez leurs enfants et d’autre part, l’enquête a montré l’existence d’un lien entre les difficultés connues par les parents lors de leur propre scolarité et celles, actuelles, de l’enfant. Ces résultats peuvent expliquer la place des problématiques scolaires dans les conflits parent-enfant.

12 En toute logique, on relève une corrélation entre les conflits portant sur les résultats scolaires et ceux portant sur les devoirs..


1. Résultats ou devoirs scolaires : quelle est l’origine du problème ?

Contrairement aux parents hors AA, les résultats scolaires semblent être un sujet de conflit plus important que les seuls devoirs pour les parents d’enfant d’AA.

Les conflits portant sur les résultats scolaires est un phénomène croissant avec l’âge des enfants dans les deux échantillons.

En revanche, les familles monoparentales d’AA sont deux fois plus nombreuses que celles hors AA à connaître souvent ou très souvent des conflits avec leurs enfants au sujet des résultats scolaires de ces derniers (40 % contre 20 %).

Par ailleurs, si ce phénomène est décroissant avec le niveau de diplôme des parents dans l’échantillon hors AA, ce n’est pas le cas parmi les parents d’enfant d’AA. Ce type de conflit est souvent ou très souvent rencontré par plus d’un tiers des parents d’enfant d’AA quel que soit leur niveau de diplôme. 36 % des parents d’enfant d’AA ayant un niveau de diplôme supérieur au Bac déclarent que les résultats sont souvent ou très souvent sujets à des conflits, contre 19 % des parents hors AA (+17 points)13 .

Paradoxalement, les devoirs scolaires comme objet de conflit est un phénomène croissant avec le niveau de diplôme des parents d’enfant d’AA.

Ainsi, il semble que si le résultat scolaire est un sujet de dispute de même importance quel que soit leur niveau de diplôme, le temps consacré et le contenu des devoirs est davantage un sujet de conflit pour les plus diplômés de l’échantillon d’AA.

2. Les conflits parent-enfant sur les résultats scolaires sont-ils le révélateur de difficultés dans l’éducation ?

Les problématiques liées à la scolarité de l’enfant semblent se manifester différemment entre les deux populations de parents interrogés.

Il semble que les parents d’enfant d’AA se focalisent davantage que les autres sur les performances scolaires de leur enfant.

De plus, on constate que les conflits sur la scolarité sont corrélés avec les difficultés déclarées par les parents à éduquer leur enfant. En effet, parmi les parents d’enfant d’AA ayant déclaré qu’élever leur enfant est très difficile :

n Les résultats scolaires sont souvent ou très souvent une source de conflit pour 60 % d’entre eux (+23 points par rapport à l’ensemble des parents d’enfant d’AA).

n Les devoirs scolaires sont souvent ou très souvent une source de conflit pour 51 % d’entre eux (+17 points).

Ces proportions sont respectivement de 48 % et 45 % pour les parents d’enfant d’AA ayant déclaré que l’éducation de leur enfant est plutôt ou très difficile.

Pour les parents estimant qu’élever leur enfant est facile ou très facile, ces proportions sont à peine de 20 %.

On peut émettre l’hypothèse suivant laquelle les problèmes liés à la scolarité des enfants, qui se cristallisent autour des résultats scolaires, tiennent une place importante dans le ressenti des parents sur leurs difficultés dans l’éducation de leurs enfants.

III. Sentiment d’isolement et soutien de la part des proches

1. Le sentiment de solitude chez les parents isolés

Les parents d’enfant accompagné par AA ressentent moins souvent un sentiment de solitude que les autres parents : 40 % disent ne jamais se sentir seul contre 17 % des familles n’ayant pas d’enfant accompagné par AA (+23 points).

13 Sachant que les détenteurs d’un diplôme de niveau supérieur au Bac sont sous-représentés chez les parents d’AA


En revanche, la part de ceux déclarant se sentir seul souvent ou très souvent est d’environ 30 % pour les deux échantillons (-4 points).

Les parents isolés d’enfant d’AA (célibataires ou séparés-divorcés) sont plus exposés à ce sentiment de solitude : plus de 50 % déclarent avoir souvent ou très souvent le sentiment d’être seul (respectivement 57 % et 55 %) contre moins de 20 % des couples (mariés, pacsés ou en couple). C’est également le cas chez les parents hors AA, dans de plus grandes proportions. On relève le même constat sur les familles monoparentales.

Ce sentiment de solitude est donc logiquement lié à l’isolement du parent dans son rôle éducatif. En effet, 54 % des parents d’enfant d’AA qui se disent seuls à exercer l’autorité parentale expriment souvent ou très souvent un sentiment de solitude au quotidien. Il faut noter également que la part des parents qui se disent seuls à exercer l’autorité parentale est plus importante chez les parents d’enfants accompagnés par AA : 30 % contre 21 % (+9 points).

De plus, 40 % des parents d’enfant d’AA qui considèrent ne pas partager les mêmes principes éducatifs que l’autre parent expriment souvent ou très souvent le sentiment d’être seul. Ce sentiment de ne pas partager les mêmes principes éducatifs touche particulièrement les personnes séparées ou divorcées (40 %) et les familles recomposées (41 %) (contre 25 % pour l’ensemble)14.

Ainsi, le sentiment de solitude des parents est également lié à la difficulté ressentie par ces derniers à élever leurs enfants. Parmi les parents d’enfant d’AA qui se sentent seuls, 7 sur 10 déclarent qu’élever leur enfant est plutôt ou très difficile (contre 55 % pour l’ensemble).

À l’inverse, l’absence de sentiment de solitude est liée à l’expression d’une facilité à élever son enfant.

L’isolement (et le sentiment de solitude qui en découle) est donc un facteur de vulnérabilité qui rend les défis éducatifs plus difficiles pour le parent.

2. Les soutiens dans l’éducation des enfants

Face à ce sentiment de solitude, quels sont les soutiens dont les parents peuvent bénéficier ?

Les principaux soutiens pouvant apporter aide et conseil aux parents, qu’ils aient un enfant accompagné par AA ou non, pour l’éducation des enfants sont la famille, les amis et des professionnels de l’établissement scolaire de l’enfant. Cependant, les parents d’AA sont proportionnellement plus nombreux que les autres à trouver du soutien auprès de tous ces relais (écarts de 9 à 31 points).

L’établissement scolaire de l’enfant tient une place spécifique chez les parents d’AA qui le placent devant les amis par rapport aux autres parents interrogés : 47 % des parents d’enfant d’AA déclarent trouver souvent ou très souvent un soutien auprès des professionnels de l’établissement contre 16 % pour les autres (+31 points).

On retrouve l’idée que l’établissement scolaire de l’enfant tient une place importante pour les parents d’AA. Cette idée se retrouve dans la confiance accordée aux professionnels et le besoin de les rencontrer.

Le besoin de participer à des rencontres avec des enseignants pour discuter de la scolarité et/ou de l’orientation de ses enfants concerne un parent d’enfant d’AA sur 2 contre 23 % chez les autres (+28 points). C’est le seul point sur lequel les parents d’enfant d’AA se distinguent des autres en matière de participation à des événements en lien avec l’éducation de leurs enfants.

Contrairement aux autres, les parents d’enfants accompagnés par AA accordent plus de confiance aux enseignants qu’au médecin de famille ou la PMI. On note un écart important sur les enseignants entre les deux populations. Comme cela a été établi dans les précédentes enquêtes réalisées auprès des familles d’AA15, le rôle des éducateurs et la confiance qui leur est accordée est une spécificité de cette population. On peut penser que cela tient à la particularité de la prise en charge des enfants et jeunes chez AA.

14 A la différence des parents d’enfants non accompagnés par AA, les parents d’enfant d’AA célibataires ou les familles monoparentales ne se démarquent pas de l’ensemble sur ce point.

15 Les parents d’enfants de moins de 26 ans. Une étude comparée France-Apprentis d’Auteuil, Observatoire des jeunes et des familles, 2013.


Éléments de conclusionÀ travers cette étude nous avons abordé différents éléments qui constituent la « sphère » de la responsabilité parentale et les problématiques qui s’y rattachent.

Ainsi parmi les principaux éléments, il a été observé qu’une mauvaise situation socioéconomique impacte négativement l’éducation des enfants et ce phénomène s’aggrave avec le nombre d’enfants présents au foyer. On pourra noter que sur cette question la population des parents qui ont un enfant âgé de 11 à 17 ans est davantage concernée que les autres.

De plus, les corrélations entre le sentiment de vulnérabilité économique et les différents critères pouvant qualifier la situation ou l’environnement social des familles a permis de mettre en évidence un certain nombre de facteurs explicatifs comme le fait de résider dans un quartier dit « sensible », habiter un logement de petite taille au regard du nombre d’enfants, être locataire ou en logement social ou d’être une famille monoparentale.

On a pu constater que les problèmes et conflits liés à la scolarité des enfants, qui se cristallisent autour des résultats scolaires, tiennent une place importante dans le ressenti des parents sur leurs difficultés dans l’éducation de leurs enfants. De plus, les difficultés à fixer un cadre et la rareté des moments partagés pour des activités ludiques ou culturelles sont des points d’attention différenciant les parents ayant un enfant accompagné par Apprentis d’Auteuil des autres parents interrogés et sont génératrices de conflits.

Afin de résoudre ces difficultés dans l’éducation, les parents trouvent du soutien, de l’aide et des conseils auprès de la famille, des amis et des professionnels de l’établissement scolaire de leur enfant. Ce dernier point est davantage présent chez les parents d’AA qui sont proportionnellement plus nombreux que les autres à trouver du soutien auprès des établissements et à accorder leur confiance aux professionnels qu’ils rencontrent.

Contrairement à une idée reçue, ne pas occuper d’emploi n’est pas la principale variable explicative des difficultés exprimées par les parents dans l’éducation de leurs enfants. En effet, l’étude indique que les difficultés éducatives sont liées à une superposition de facteurs de fragilité et on peut estimer que c’est de l’interaction entre ces différents éléments que naissent les difficultés éducatives des parents.

En conclusion, il apparaît nécessaire au regard des éléments mis en évidence dans cette étude de penser la question de la parentalité de manière multidimensionnelle dans son accompagnement, son développement et la résolution des difficultés des parents à l’incarner pleinement. C’est pourquoi les actions destinées à soutenir ou développer la question de la parentalité ne peuvent être standardisées dans la réponse qu’elles apportent aux parents. L’étude montre que ces réponses se doivent d’être différenciées en fonction du public auxquelles elles s’adressent (parent isolé, divorcé…), des conditions matérielles de vie quotidienne (précarité énergétique, surendettement…), de l’âge des enfants du foyer…


AnnexesAnnexe 1 : Les axes de la parentalité :

Références : Houzel, D., Les enjeux de la parentalité, Toulouse, Eres, 1999. ; Sellenet, C., La parentalité décryptée. Pertinence et dérive d’un concept, Paris, L’Harmattan, 2007.

Annexe 2 : Éléments de questionnement :

Les profils de comportements parentaux établis d’après la typologie des styles parentaux de Diana Baumrind (1966) :

Une pédagogie « autoritaire » a été traduite par les propositions suivantes :- Fixer à son enfant des règles strictes à ne pas dépasser- Surveiller les comportements de son enfant- Imposer ses choix à son enfant en cas de désaccord

Une pédagogie « démocratique » :- Négocier avec son enfant ce qu’il peut faire et ne pas faire- Respecter l’intimité de son enfant- Conseiller son enfant sur les choix à faire

Une pédagogie « permissive » :- Laisser son enfant agir sans contraintes- Tolérer que son enfant puisse ne pas respecter toutes les règles- Laisser son enfant libre de ses choix

Références : Baumrind, D. (1966). Effects of Authoritative Parental Control on Child Behavior, Child Development, 37(4), 887-907. ; Baumrind, D. (1967). Child care practices anteceding three patterns of preschool behavior. Genetic Psychology Monographs, 75(1), 43-88.

37

Annexe 1 : Les axes de la parentalité :

Références : Houzel, D., Les enjeux de la parentalité, Toulouse, Eres, 1999. ; Sellenet, C., La parentalité décryptée. Pertinence et dérive d'un concept, Paris, L’Harmattan, 2007.

Annexe 2 : Eléments de questionnement :

Les profils de comportements parentaux établis d’après la typologie des styles parentaux de Diana Baumrind (1966) :

Une pédagogie « autoritaire » a été traduite par les propositions suivantes : - Fixer à son enfant des règles strictes à ne pas dépasser - Surveiller les comportements de son enfant - Imposer ses choix à son enfant en cas de désaccord

Une pédagogie « démocratique » :

- Négocier avec son enfant ce qu’il peut faire et ne pas faire - Respecter l’intimité de son enfant - Conseiller son enfant sur les choix à faire

Une pédagogie « permissive » :

- Laisser son enfant agir sans contraintes

ANNEXES


Annexe 3 : Paradigme des douze besoins selon Pourtois et Desmet :

Ces auteurs catégorisent les besoins humains en 4 typologies : affectifs, cognitifs, sociaux et de valeurs. Chacune de ces typologies identifiées répond à une dimension essentielle de la construction de la personne humaine : l’affiliation, l’accomplissement, l’autonomie sociale et l’idéologie (système de valeurs). Par ailleurs, dans le paradigme de Pourtois et Desmet, chacun de ces besoins renvoie à une pluralité de pédagogies adaptées pour y répondre.

Références : Pourtois, J.P., Desmets, H., L’éducation post-moderne, PUF, 2004.

Annexe 4 : Éléments de questionnement :

Questionnement établi d’après le paradigme des 12 besoins de Pourtois et Desmets :

Intitulé de proposition Pédagogie Facteur

Vous vous préoccupez de l'avenir de votre (vos) enfant(s) Investissement

AffiliationLorsque votre (vos) enfant(s) n'est pas avec vous, vous vous inquiétez pour lui

Attachement

Les comportements de votre (vos) enfant(s) sont une source de stress pour vous

Acceptation

Vous valorisez votre (vos) enfant(s) quand il réussit quelque chose

Renforcement

Accomplissement

Vous encouragez votre (vos) enfant(s) à chercher lui-même les réponses aux problèmes qu'il rencontre au quotidien et/ou dans ses activités

Stimulation

Vous avez l’occasion de partager avec votre (vos) enfant(s) des activités ludiques ou culturelles (cinéma, théâtre, jeux au parc, jeux de société, sport...)

Expérimentation

Lorsque votre (vos) enfant(s) vous sollicite pour parler avec vous, vous pouvez lui consacrer du temps

Communication

Autonomie socialeIl vous arrive d'être surpris par les compliments que d'autres personnes font à votre (vos) enfant(s) pour ce qu'il fait

Considération

Vous rencontrez des difficultés à fixer un cadre, des règles à votre (vos) enfant(s)

Structures

38

- Tolérer que son enfant puisse ne pas respecter toutes les règles - Laisser son enfant libre de ses choix

Références : Baumrind, D. (1966). Effects of Authoritative Parental Control on Child Behavior, Child Development, 37(4), 887-907. ; Baumrind, D. (1967). Child care practices anteceding three patterns of preschool behavior. Genetic Psychology Monographs, 75(1), 43-88.

Annexe 3 : Paradigme des douze besoins selon Pourtois et Desmet :

Ces auteurs catégorisent les besoins humains en 4 typologies : affectifs, cognitifs, sociaux et de valeurs. Chacune de ces typologies identifiées répond à une dimension essentielle de la construction de la personne humaine : l’affiliation, l’accomplissement, l’autonomie sociale et l’idéologie (système de valeurs). Par ailleurs, dans le paradigme de Pourtois et Desmet, chacun de ces besoins renvoie à une pluralité de pédagogies adaptées pour y répondre.

Références : Pourtois, J.P., Desmets, H., L’éducation post-moderne, PUF, 2004.


GraphiquesClés de lecture des graphiques de corrélation :

n Chaque point représente une variable correspondant à un item des questions soumises à cette analyse.

n Chaque trait signifie qu’il existe une corrélation statistique entre les deux éléments reliés. Plus le trait est large, plus la corrélation est importante.

n Une corrélation traduit l’existence d’un lien statistique entre deux variables mais se signifie pas qu’une relation de causalité existe entre les deux.

n Les couleurs des traits ou textes permettent seulement de faciliter la lecture du graphique.

Graphique 1 : Analyse des corrélations (AFC) : Facteurs de vulnérabilité (Extrait du cadran droit) – Parents d’enfants accompagnés par AA :

40

Graphique 1 :

Analyse des corrélations (AFC) (Extrait du cadran droit) – Parents d’enfants accompagnés par AA :

GRAPHIQUES

Clés de lecture des graphiques de corrélation :

Chaque point représente une variable correspondant à un item des questions soumises à cette analyse.

Chaque trait signifie qu’il existe une corrélation statistique entre les deux éléments reliés. Plus le trait est large, plus la corrélation est importante.

Une corrélation traduit l’existence d’un lien statistique entre deux variables mais se signifie pas qu’une relation de causalité existe entre les deux.

Les couleurs des traits ou textes permettent seulement de faciliter la lecture du graphique.


Graphique 2 : Analyse des corrélations (AFC) : Réponses aux besoins de son enfant – Parents d’enfants d’AA

41

Graphique 2 :

Analyse des corrélations (AFC) : Réponses aux besoins de son enfant – Parents d’enfants d’AA


Graphique 3 : Analyse des corrélations (AFC) : En tant que parent, avez-vous déjà eu le sentiment d’avoir des difficultés à... ET Pour vous être parent c’est… – Parents d’enfant d’AA :

42

Graphique 3 :

Analyse des corrélations (AFC) : En tant que parent, avez-vous déjà eu le sentiment d'avoir des difficultés à... ET Pour vous être parent c’est… – Parents d’enfant d’AA :


Œuvre d’Église - Fondation reconnue d’utilité publiqueSiège social : 40, rue Jean de La Fontaine - 75781 Paris Cedex 16

Tél. : 01 44 14 75 75 - Fax : 01 44 14 74 01

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