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Oléron, dans les pas d’Ernest et de Louis Lessieux
l e m u s é e d e l ’ Î l e d ’ o l é r o n
S a i n t - P i e r r e d ’ O l é r o n
Exposition présentée au Musée de l’île d’Oléron du 23 mai au 30 septembre 2008
Lessieux-catalogue-int:Lessieux-Catalogue1 24/04/08 18:49 Page 1
RemerciementsCette exposition n’aurait pu se faire sans lesprêts généreux de collectionneurs privés quiont souhaité conserver l’anonymat. Que toussoient ici remerciés.
Nous tenons à remercier tout particulièrementla famille Basset-Lessieux pour le soutienapporté : Madame Lysmée Basset, fille et petite-fille desartistes peintres, pour les souvenirs de famille.
Merci également à :• Monsieur Christian Gendron, conservateur
en Chef des Musées de Niort.• L’Association des Amis du Musée de l’île
d’Oléron qui, par leurs actions, contribuentau rayonnement de ce musée.
• Monsieur Jean-Claude Pelletier pour le commentaire des aquarelles du port de la Cotinière.
Nos remerciements s’adressent aussi àl’ensemble du personnel de la Communauté de communes de l’île d’Oléron, dont la RégieMusées et Patrimoine qui a œuvré à la bonneréalisation de cette exposition.
Cet ouvrage et cette exposition ont pu êtreréalisés grâce au soutien financier de laCommunauté de communes de l’île d’Oléron, du Pays Marennes-Oléron, du Conseil général de la Charente-Maritime, de la Direction régionale des affaires culturelleset de la Région Poitou-Charentes.
Commissaires de l’expositionChristophe HuguetSophie Lessard
Scénographie de l’expositionMarie-Annick Beauvery
Conception de l’ouvrageMarie AjelloMarie-Catherine CharrueauChristophe Huguet Sophie Lessard
Conception graphique et éditionSophie Auriol et Hélène Baron Agence Ambodexter, Bordeaux, [email protected]
Reproductions des œuvresAlain Béguerie, Bordeaux
ImpressionBlf-impression, Le Haillan(marque Imprim’Vert 2008)
Ouvrage diffusé par le Local à Saint-Pierred‘Oléron
L’édition courante a été tirée à 1000 exemplaires.L’édition particulière de cet ouvrage, imprimée sur papier Inuit, Arjowiggins, certifié ECF(Elementary Chlorine Free) a été tirée à 50 exemplaires numérotés et signés par la fille et petite-filledes peintres, Lysmée Basset.
ISBN : 978-2-9529179-1-9 © 2008 Le Musée de l’île d’Oléron, 9 place Gambetta, 17310 Saint-Pierre d’Oléron, www.oleron-nature-culture.com Tous droits de reproduction réservés pour tous pays.Dépôt légal, mai 2008.
Cet ouvrage est publié à l’occasion de l’exposition
organisée par le Musée de l’île d’Oléron
du 23 mai 2008 au 30 septembre 2008.
La rétrospective que le Musée de l’île d’Oléron va offrir, à partir
de mai 2008, rend hommage à deux générations successives
d’artistes peintres. MM. Lessieux père et fils ont, avec l’habileté
artistique qui les caractérise, réussi à capter et fixer, dans leurs
aquarelles, la lumière du ciel d’Oléron.
Le Musée de l’île d’Oléron – Musée de France – s’affirme,
une fois de plus, comme un lieu de vie, ouvert, accessible à tous,
qui donne envie de venir et d’y revenir. Le nombre d’expositions
depuis la réouverture du musée en 2006 et leur qualité scientifique
ont su créer une dynamique incontestable. Cette exposition est
avant tout une rencontre entre la famille Basset-Lessieux,
dont « le maître de l’aquarelle » et son fils ont laissé un souvenir
très vivant dans l’île, et un lieu de partage, le Musée de l’île
d’Oléron.
Je suis heureux de féliciter ici tous ceux et celles qui ont été
associés à cette entreprise. Jamais exposées et peu connues,
les œuvres oléronaises se voient ici présentées pour la première fois
avec ampleur. Ce ne sont pas moins de 157 aquarelles,
huiles et dessins qui sont aujourd’hui montrés au public !
Un grand remerciement donc aux nombreux propriétaires qui ont
accepté de prêter leurs œuvres au musée, convaincus de l’intérêt
culturel de cette exposition. Enfin, je tiens à remercier
chaleureusement la famille Basset-Lessieux qui a grandement
collaboré, pendant plusieurs mois, à cette exposition.
Jean-Claude Blémon
Président de la Communauté de communes de l’île d’Oléron
3Présentation
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4 Avertissements
Sommaire5
11 Partie 1 Les chers amis12 Les amis d’Ernest Lessieux20 La Maison des Aïeules, “La
commande de Pierre Loti”23 Les amis de Louis Lessieux
à la Cotinière27 Partie 2 Les lieux de prédilection
28 La Cotinière38 L’Hôtel de l’Horizon40 La maison « Les Ajasses »
51 Partie 3 Impressions d’Oléron
52 L’Île d’Oléron et les aquarelles de Louis Lessieux, d’après Paul Enard
64 L’île aux cent moulins
6 Avant-propos
7 Lessieux père et fils, aquarellistes
par Christian Gendron
75 Partie 4
Au-delà de l’aquarelle76 Ernest et Louis Lessieux,
illustrateurs80 Louis Lessieux
et la photographie84 Lessieux, les peintres
voyageurs
87 Les adieux
87 L’adieu d’Henry Mériot à Ernest Lessieux
89 Hommage de Paul Enardà Louis Lessieux
90 Au fil du temps, entretienavec Lysmée Basset 108 À savoir
108 Le mystère des prénoms110 Quelques dates
Ernest et Louis Lessieux ne dataient passystématiquement leurs œuvres. Nous nepouvons donc pas les classer chronologi-quement. C’est pourquoi nous avons pri-vilégié un regroupement thématique.
Si une grande partie des œuvres est lo-calisée au dos par les Lessieux, certainesont eu des titres attribués. Ceux-ci sontpurement descriptifs, et la proximité desthèmes peut entraîner des répétitions ousimilitudes.
Il convient aussi de préciser que les œu-vres présentées appartiennent à des par-ticuliers ainsi qu’au musée de l’île d’Olé-ron et à celui de Fouras.
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Le Musée de l’île d’Oléron a choisi de présenter en 2008 une grandeexposition consacrée aux Lessieux, père et fils : Ernest (1848-1925) et Louis (1874-1938).
Ernest Lessieux, né à La Rochelle, plusieurs fois célébré à Menton par sa ville d’adoption1, n’a jamais véritablement connu de rétrospectiveconsacrée au regard qu’il a porté sur l’île d’Oléron2. C’est désormais chose faite avec cette exposition qui retrace à la fois le travail du père mais également celui de son fils, Louis.
Louis Lessieux, artiste reconnu pour ses œuvres orientalistes, est certainement le plus oléronais des deux peintres. Il a su, dans la mouvance de l’art nouveau, immortaliser tant les paysages que les scènes de vie de notre île.
Les aquarelles d’Ernest comme celles de Louis sont réputées en Angleterre et aux États-Unis.
L’exposition Oléron, dans les pas d’Ernest et de Louis Lessieux symbolise un chemin, dans ce territoire qu’est l’île, de la fin du xix
e siècle au début du xx
e. Les œuvres recueillies s’attachent à mettre en avant la part méconnue ou disparue de notre patrimoine. Ce catalogue met en lumière les principales sources d’inspiration des peintres, leurs environnements, leurs relations et amitiés.
L’exposition a été rendue possible grâce à Lysmée Basset, petite-fille et fille des artistes, que nous tenons à remercier pour son aide précieusedans nos recherches.
Sophie Lessard
et Christophe Huguet
Iln’est pas rare de lire et d’entendreque les œuvres de Lessieux père
(E. Lessieux, 1848-1925) et de son fils(1874-1938), qui signe le plus souventE. Louis Lessieux ou E. L. Lessieux, peuventêtre facilement confondues. C’est sansdoute un peu vrai, mais de nombreuxdétails techniques voire les coloris et lavigueur du geste peuvent nous apporterd’utiles précisions.
Ernest Lessieux : maître de l’aquarelle
Chez le père, les aquarelles avec les dessinsqui forment l’essentiel de son œuvre sont lereflet d’une technique très reconnaissablequi peut incontestablement le placer en têtedes maîtres véritables de son époque tant savirtuosité comme la vivacité de sa touchesont grandes. Si l’aquarelle cultive pardéfinition l’art de la transparence, onconnaît beaucoup d’œuvres de salons quiperdent leur force et leur puissanceévocatrice pour céder la place à la pâleur,
1 E. Lessieux 1848-1925, Musée municipal deMenton du 15 décembre 1979 au 2 mars1980 ; Un maître de l’aquarelle, Ernest-LouisLessieux, Palais de l’Europe à Menton du 7 octobre au 15 janvier 2007.
2 L’exposition consacrée aux Lessieux père etfils et organisée par l’Association des amis dumusée de l’île d’Oléron du 10 juillet au 27 août1979, place Gambetta à Saint-Pierre d’Oléron,présentait aussi bien des œuvres de la côteméditerranéenne que de la façade atlantique.
Avant-propos6 7
Lessieux père et fils,aquarellistes
qui est le risque généré par cette technique,et à la mièvrerie. Difficile à dompter, cematériau fragile est trop souvent tombédans les mains d’amateurs qui y ont vu unaccès facile à la peinture. L’aquarelle vivanteest une école difficile que Lessieux pèremaîtrise au travers dequelques détails quidressent son art aurang de la peinture« noble ». Commele veut la traditionaquarelliste, ilménage très souventdes réserves blanches,qui utilisent la couleurnaturelle du papier,pour poser en certainspoints de ses œuvres, généralement les sols,des touches colorées juxtaposées avec uneffet final « impressionniste ». Il faut noterchez lui une palette à tonalités fortes etcertainement l’utilisation de pigmentsintenses et de grande qualité dont la tenue
Détail montrant latechnique d’aquarellistede Lessieux père
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dans le temps est remarquable, ce quidonne aux œuvres du père comme du filsune fraîcheur caractéristique. La luminositédes œuvres de Lessieux père doit beaucoupà ces minuscules zones de réserve quiévitaient aussi aux couleurs de se mélanger.En ce sens le maître obéit donc aux règlesfondamentales de l’aquarelle qui est un artde la tache colorée plus ou moins maîtrisée.Ce dernier point importe beaucoup. Eneffet, chez cet artiste, les touches coloréesjuxtaposées ont une forme définie. Elles nese fondent pas sur un papier largementhumidifié au préalable, ce qui facilite beaucoup la diffusion de lacouleur, dans un système difficile àcontrôler où la part du hasard n’est pasnégligeable. Notre remarque ne vautsurtout que pour les sols et végétations qu’il traite souvent avec une certainenervosité, une grande discipline du gestecomme dans la remarquable vue de la côteà marée basse où deux femmes en coiffe
Ernest Lessieux
Le Moulin de la Cotinière (voir p. 66)
Ernest Lessieux, Pêcheuses à Oléron (voir p. 36)
Louis Lessieux, Le Moulin(voir p. 67)
Louis Lessieux,Barques sur la dune(voir p. 52)
8 9
partent à la pêche. Ici, la géologie même dela côte est indiquée par de grandes lignesdirectionnelles aux tons de verts et dejaunes soutenus, sur fond de sable rendupar de larges zones à peine teintées reflétant une importante lumière qui estune constante chez le peintre.
Louis Lessieux : disciple de son père
Si la lumière est aussi présente chez le fils,elle l’est souvent moins car ce dernier nepeint pas véritablement avec la mêmetechnique que son père sauf, croyons-nous,dans une partie de son œuvre, la plusancienne, où l’influence du père est encoretrès présente. Ainsi la très belle vue d’unedune avec deux barques au sec sur fond demer d’un outremer saturé est-elle de cettepériode. Le premier plan de sable lavé debleu et de vert laisse une large place auxzones lumineuses en apparence, épargnées,mais en fait très légèrement lavées de jaune
pâle. Cette réflexion vaut encore plus pourla vue d’un moulin à l’entrée d’un village où la touche fragmentée des sols ménageaussi des « blancs » qui éclairent le paysage.Comme chez son père, Lessieux fils lavebeaucoup plus généreusement ses ciels où le fond du papier n’a plus le même rôleque sur les sols, ce que l’on n’attend pas forcément. À la même époque,beaucoup d’aquarellistes utilisent aucontraire la blancheur du papier poursuggérer par tachisme les formesincontrôlées des nuées. Chez Lessieux pèretout spécialement, les ciels ont unmouvement perceptible, la forme desnuages est maîtrisée comme leur direction.Ainsi en est-il d’un remarquable paysage dedunes à marée basse ou d’un autre plusnerveusement rendu où des bouquets devégétation indiquent la force du vent demer. Ce dernier constitue une véritablesymphonie de turquoise et de verts.D’une façon générale il est possible
d’affirmer que Lessieux fils ne fragmente pas sa touche colorée autant que son père etmaître. Après une période plus ancienne,celle où il peint La Maison des Aïeules oùrepose Pierre Loti, on le voit traiter l’aquarellecomme un véritable peintre de chevalet qu’il est réellement. Il faut sans douterapporter à une seconde période, celle de la maturité, nombre d’œuvres comme les pêcheurs débarquant sur la grève sur fond de bateaux à voiles et d’un phare. Ici, aucune place n’est faite aux réservesclaires ; la surface du papier légèrementgrenu est entièrement peinte, d’une matièrefluide et très couvrante, à tel point qu’il estfort difficile à la vue d’une simplephotographie de qualifier la matière de l’œuvre. Normalement, par un héritagenaturel de son père, Lessieux fils pousse très haut la tonalité de ses œuvres et utilisecertainement les mêmes pigments de hautequalité que son père. La palette, déjà vivechez le père, comme dans le paysage
Ernest LessieuxPlage de Matha(voir p. 73)
Louis LessieuxLa Maison des Aïeules
où repose Pierre Loti(voir p. 22)
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P A R T I E 1
Louis LessieuxBarque à la Cotinière(voir p. 33)
Ernest Lessieux Le Calvaire à Dolus(voir p. 60)
10
au calvaire entre deux bouquets de pins,atteint chez le fils une moderne crudité qui parle immédiatement au regard. Les bleus saturés, les émeraudes vifscomplémentaires de l’orange des voilescomme sa touche étirée et fluide vont le définir comme un peintre moderne digne de son temps.
Paysages et liberté artistique
Il n’est pas inutile d’examiner avecparcimonie l’œuvre de nos deux artistespour constater par exemple qu’ils ontparfois utilisé les mêmes décors naturelspour camper des paysages différents
sans qu’il nous soit possible de savoirlaquelle de ces œuvres a pu correspondre à la vérité géographique. Ainsi dans lepaysage au calvaire entre deux bouquets de pins, du père, comme dans le paysage avec moulins et village du fils remarque-t-onle même ensemble de cinq pins maritimes,disposés à gauche et reproduits à l’identiquechez les deux artistes.Qui dit vrai ? Cela nous importe assez peu, et l’on doit supposer que ces admirablespaysages comportent une part de vérité,recomposée pour des raisons artistiques tantil est vrai que l’art est la nature vue au travers d’un tempérament, comme le suggérait Émile Zola.
Christian Gendron, Conservateur en chef des musées de Niort
� Les amis d’Ernest Lessieux 12
� La Maison des Aïeules, la commande de Pierre Loti 20
� Les amis de Louis Lessieux à la Cotinière 23
11
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12
Il n’y a pratiquement pas de
textes décrivant l’environne-
ment social et amical d’Ernest Les-
sieux. Des relations familiales sui-
vies avec son
cousin Charles
Doublet, méde-
cin à Rochefort,
éclairent sa pé-
riode atlantique,
mais nous de-
vons surtout à son environnement
artistique les témoignages sur ses
amitiés et ses relations.
Ernest Lessieux était d’un naturel
ouvert et savait s’intégrer dans la
vie locale qu’elle fût rochefortaise
ou mentonnaise. Son ouverture
vers l’enseignement en tant que
professeur de dessin à Rochefort,
ou d’aquarelle à la colonie anglaise
de Menton, lui a procuré un ré-
seau relationnel et une reconnais-
sance venant s’ajouter à celle que
lui valurent les expositions de ses
œuvres.
Mais Ernest Lessieux a surtout
connu une vie sociale engagée dans
sa période mentonnaise, qui cor-
respond à sa maturité artistique.
Ernest Lessieux était connu et re-
connu tant par la bourgeoisie locale
que par les étrangers de passage,
et ses expositions et cours d’aqua-
relle étaient renommés et prisés.
Ses œuvres ornaient les luxueuses
villas de la région de Menton, le
« Royaume du Printemps ».
Les amis d’Er nest Lessieux 13Les chers amis
Henry Mériot, né en 1856 àMarennes, mort à Rochefort en1938, est de la même générationqu’Ernest Lessieux. Il crée son ate-lier de reliure en 1878. Artisand’art et bibliophile, il est égalementpoète et participe activement à lavie culturelle rochefortaise. Quelbibliophile ne possède pas de livreillustrant le travail de ce relieur etencadreur réputé ? Quel amateurd’aquarelle n’a pas un jour — audos d’un cadre d’époque — vu l’éti-quette « Encadrement Mériot » ou« Henry Mériot. Maison fondée en1878. Encadrements, Reliure etDorure, 16 rue Audry-de-Puyra -vault à Rochefort s/Mer » ?Lecteur averti, critique reconnu, ilavait ouvert, près de son atelier dereliure et d’encadrement, un cabi-net de lecture qui était très appré-cié. Les journaux gardent trace denombreux articles de sa plume,mais son œuvre poétique fut sonprincipal engagement culturel.
Ernest Lessieux poseaffectueusement son bras sur l’épauled’Eugénie Doubletentourée de sa famille,le 15 mai 1911.
Henry Mériot, relieur et encadreur à Rochefort
Cinq recueils de poésies furent pu-bliés, et c’est dans Les Poésies(1925), rassemblant Le Jardin deflore, Les Lys de minuit, les Flûtes dejade et Les Scabieuses, qu’HenryMériot publia deux poèmes, unpour louer le talent d’aquarellisted’Ernest Lessieux et l’autre pourtémoigner de son amitié à MmeLessieux.Il honore un prince de l’Aquarelle :
La Nature salue en toi son Chroniqueur,
Et consacre à jamais ton œuvre studieuse
Sculptant les mots avec techniqueet effort, il veillait à l’équilibre de
Henry Mériot par Barbotin
Les amis d’Ernest Lessieux
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Les amis d’Er nest Lessieux 1514 Les chers amis
d’Henry MériotRecueil publié en 1925
À un Prince de l’Aquarelle, Ernest Lessieux
Les couleurs, les parfums, et les sons se répondent ;Les cerveaux sont pareils, qu’émeut le même accord.En bas, la foule passe avec son bruit discord,Sans voir le pays où nos âmes se confondent.
Que ton noble souci mène tes pas errantsVers la Rome sévère ou les grèves d’Attique,Que sous tes clairs pinceaux quelque donjon gothiqueBaigne ses contreforts sous les flots transparents ;
Que la vague, pour toi, revête l’émeraudeEt les saphirs discrets, ou que, pompeusement,Les arbres et les fleurs te content leur tourment,Qu’auprès des iris bleus la demoiselle rôde ;
À tes yeux éblouis que les vastes jardinsOù de fiers cardinaux, fatigués des conclaves,Près des jeunes patriciens aux cheveux flavesDescendant sous les ifs par de larges gradins
Te livrent leur beauté, ta main religieuseA dit tous leurs Aspects dans un rythme vainqueur.La Nature salue en toi son Chroniqueur,Et consacre à jamais ton œuvre studieuCar chaqueaurore est un nouvel enchantement
Pour ton âme d’élu, serve des paysagesOù ta Brocéliande aux multiples visagesRévéla les secrets de son être charmant.
Elle adorne pour toi ses retraits les plus sombres ;Ses clairières, où le Soleil, en sequins d’or,Se glisse en souriant près de l’étang qui dort,Et s’insinue avec douceur entre les ombres.
Si fraîche, avec des chants grêles d’harmonicas,Chaque source s’émeut, agile, à ton approcheEt court se perdre en sautillant, de roche en roche,Parmi les joncs fluets aux thyrses délicats.
C’est notre Peintre aimé, disent les digitalesD’une voix attendrie, aux clochettes des bois ;Quand tu passes, elles se courbent à la fois,Comme aux autels incendiés des cathédrales
Font les enfants de chœur, de pourpres revêtusSous le nuage en fleur des surplis de dentelles,Lorsque vers les cieux purs, comme des tourterelles,Les clairs alléluia s’élancent éperdus.
Heureux qui, comme toi, réalise son rêve !Dont le jour rayonnant est suivi d’un beau soir,Et qui peut, dans une œuvre aux splendeurs d’ostensoir,Enchaîner l’Idéal où son âme s’élève !
EnvoiÀ Madame Lessieux
D’un marbre blanc veiné de rose,Jadis, un sculpteur fit jaillirUne bacchante dont la poseSemblait provoquer le désir.
Tintoret, Guide, Giorgione,Bolonais et Vénitiens,Ont tracé plus d’une madoneAux seins nus, aux contours païens.
Dans ce livre où la Fantaisie,Frêle enfant de la Poésie,Se mêle à plus d’un souvenir,
J’ai mis à nu toute mon âme ;Heureux si quelque jour, Madame,Vous voulez bien le parcourir.
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16 Les chers amis Les amis d’Er nest Lessieux 17
Une assiette commémorant la finde la guerre de 1914-1918 a étéspécialement exécutée pour ErnestLessieux par Charles Perret-Gentil(1885-1985), fils d’Eugène Perret-Gentil (1859-1922), et dédicacée àson intention. La maquette dudécor de l’assiette met en avantune relation artistique avec cettecélèbre famille mentonnaise. Seulsdeux exemplaires de cette assiettesont répertoriés.La famille Perret-Gentil est réputéepour son savoir-faire de céra-mistes de père en fils. Lesbarbotines de Menton— assiettes, plats etobjets divers —étaient décoréesde citrons, d’oran -ges, de feuilles defruits, de pétalesde fleurs. Toute unetechnicité était miseen œuvre pour l’élabora-tion de moules confectionnés surdes copies parfaites des fruits etfeuilles de la région. Un petit tam-ponnoir réalisé à l’aide d’une peau
de fruit si-mulait avecperfection lapeau des agrumes.Au-delà de la techniqued’élaboration des moules, de laconduite de la cuisson, le céra-miste rejoignait le peintre dans
la maîtrise du pinceau et descouleurs. La célèbre
signature en libel-lule fut rapide-
ment la mar quede fabrique ap-posée au dosdes barbo-
tines.L’existence d’un
petit vase dédicacéà Paul Enard, ami de
Louis Lessieux, par CharlesPerret-Gentil souligne les liensentre les amitiés mentonnaises etcharentaises.
Décor de l’assiettede Charles Perret-Gentil.Revers : « A Mon.Lessieux. Souvenirrespectueusementamical Ch. P-G »
La famille Perret-Gentilla forme. Ce patient labeur en pro-cure aujourd’hui une lecture leplus souvent désuète. Ses œuvresparnassiennes sont restées confi-dentielles et peu mises en avant.
Heureux qui, comme toi, réaliseson rêve !
Dont le jour rayonnant est suivi d’un beau soir,
Et qui peut, dans une œuvreaux splendeurs d’ostensoir,
Enchaîner l’Idéal où l’âmes’élève !
Les liens entre les deux artistes secroisent également avec l’encadre-
ment. Beaucoup d’aquarelles deLouis et d’Ernest Lessieux ont étéencadrées à l’origine par l’atelierMériot. Et c’est Henry Mériot quimit en relation Ernest Lessieuxavec son ami Pierre Loti, pour laréalisation d’une aquarelle de la« Maison des Aïeules » à Saint-Pierre d’Oléron (voir page 20). Ilfit également appel au peintrepour illustrer la couverture de LaFeuille rose (1883-1886), revueéphémère qui mettait en avantdes poètes de toute la France, dontbien évidemment Pierre Loti.
Étiquette d’Henry Mériotau dos d’un encadrement
d’époque
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Gabrielle Réval (1870-1938)
était le pseudonyme litté-raire de Gabrielle Loge-
rot. Elle fut l’une despremières diplômées(classe 1890) del’École normalesupérieure de jeu -nes filles de Sè -vres, créée en1881 et terraind’entraînement
pour les femmes del’élite intellectuelle à
la Belle Époque.Elle passa son agréga-
tion en 1893 et enseignaau lycée laïc de filles à Niort
jusqu’en 1899. Elle a écrit dansplusieurs journaux (notammentL’Œuvre et Le Journal) et donné desconférences dans toute l’Europe.Mais c’est comme romancière queGabrielle Réval connut une cer-taine célébrité. Ses romans lui va-lurent une série de distinctions etnotamment la Légion d’honneur.Elle a également marqué l’écriture
des femmes en tant que co-fonda-trice du prix « La Vie heureuse »qui devint le prix Femina dont ellefut l’une des présidentes.Son premier roman, Les Sé-vriennes, mettait en avant sa pro-pre expérience : celle d’une jeunefemme luttant pour passer desconcours dans un environnementprovincial et un système scolairefait par des hommes et pour deshommes. Elle devint la pionnièredes Sévriennes.Féministe d’avant-garde et femmed’une grande beauté, elle eut unevie sentimentale riche et mouve-mentée. Son premier mari, Émilede Laforterie, était un notable éru-dit qui possédait un château àNiort. Plus âgé de 40 années, il duts’installer avec elle à Paris et éviterainsi les rumeurs d’une provincetraditionnelle. Ils eurent un fils.Après la mort de son époux, début1900, Gabrielle Réval eut une liai-son pendant plus de dix ans avecJosé Paz, fondateur du journal ar-gentin La Presa. Hom me riche et
doté d’un fort charisme,ministre plénipoten-tiaire du gouvernementargentin, il habitait lavilla Miraflores àMonte-Carlo. Ensem-ble, ils firent construireen 1908 à Cap d’Ail —sur des plans de la villaMiraflores — la villaMirasol où s’installa Ga-brielle Réval. José Pazdécéda d’une crise car-diaque dans les couloirsdu casino de Monte-Carlo en 1912(la presse de l’époque le donnamort à son domicile pour évitertout scandale compte tenu de sanotoriété).Puis, Gabrielle Réval épousa en se-condes noces son cousin et filleulde guerre, Fernand Fleuret (1883-1945), poète et romancier, frèrespirituel de Guillaume Apolli-naire, avec lequel il édita quelquesouvrages, mais aussi grand ami deRaoul Dufy. Le salon littéraire desFleuret connut son heure de gloireavant de tomber dans l’oubli.Amoureuse de Menton et du« Royaume du Printemps », elleentretint une relation filiale et devoisinage avec Ernest Lessieux,avec lequel elle prenait volon-tiers le thé dans sa villa Mirasol
Gabrielle Réval, une amie du « Royaume du Printemps »
dont les murs étaient revêtus debelles aquarelles du peintre.Elle dédicaça son livre Le Royaumedu Printemps (1913) à Ernest Les-sieux, le « brillant aquarelliste ».Un tirage spécial en 25 exem-plaires sur papier de Hollande futréalisé. Ernest Lessieux orna de dé-licates aquarelles, en bordure depage, l’exemplaire n° 25 que Ga-brielle Réval s’était réservé.Pour l’anecdote, la villa Mirasolfut revendue pour une somme dé-risoire à Mme Rouzaud, fonda-trice et propriétaire des chocolats« La Marquise de Sévigné ». Cettedernière avait convaincu Ga-brielle Réval de lui céder sa villaau cours d’une séance de spiri-tisme, pratique en vogue à cetteépoque.
Les chers amis18 19Les amis d’Er nest Lessieux
Ernest Lessieux Cap-Martin, aquarelle ayant orné lesalon de la villa Mirasol,70 x 50 cm, coll. part.
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la commande de Pierre Loti
20 Les chers amis
Dans une lettre manuscrite
d’août 1917, adressée à « Mon
cher Ami1», Pierre Loti demande
de prier Monsieur Ernest Lessieux
d’accepter de faire une aquarelle de
ma vieille maison familiale, et en
outre de consentir à un prix d’artiste
et d’ami. La maison en question est
« la Maison des Aïeules » qui se
situe dans une ruelle de Saint-
Pierre sur l’île d’Oléron. La famille
maternelle de Loti, les Renaudin, y
a vécu plus de deux siècles. Pierre
Loti l’a rachetée en 1899. Il y
séjournera très peu, mais envisa-
gera dès 1919 d’y reposer après
sa mort.
Le destinataire de cette lettre, son
« cher Ami », est en fait Henry
Mériot. Il sert ainsi d’intermédiaire
entre l’écrivain et l’artiste.
Pierre Loti a une idée très précisede l’aquarelle qu’il souhaite voirexécuter par Lessieux car il luidemande de la faire dans le grandsoleil d’été, éblouissante de chaux unpeu arabe, et très caduque dans unciel intensément bleu. Pierre Loti
La Maison des Aïeules 21
propose à l’artiste soit de s’installerdans la cour et prendre le porche del’intérieur soit dans la rue toujoursdéserte et la prendre du dehors. C’esten fait la deuxième propositionque retiendra Lessieux, fidèle auxrecommandations de l’écrivain.Autre précision, Pierre Loti de-mande de reconstituer le long du murblanc la petite bordure de gazon demahon rose (souligné dans la lettremanuscrite) qui a été détruite sansmon assentiment. Ce détail sera,bien sûr, pris en compte par lepeintre. Henry Mériot, dans la let-tre qu’il adressera à Lessieux, sou-lignera l’importance du gazon :Vous verrez pour le petit parterre degazon comme il s’en trouve dans pasmal de villages chez nous, ce qu’il dé-sire, si vous faites la maison vue de de-hors. Le gazon de Mahon rose estla Julienne de Mahon, plante an-nuelle, rustique et gazonnante,d’une hauteur de 25 cm, servantpour les bordures ou pour lesplates-bandes.Henry Mériot est en relation avecle monde littéraire et artistique etse fait un plaisir dans la part mo-deste qu’il a pu apporter, voire abou-tir ainsi pour le mieux. Il n’hésitepas à informer Lessieux de la visite
que le peintre Charles-Amable Lenoir (1860-1926) lui a faite lemême jour.Dans une lettre non datée, PierreLoti, une fois l’aquarelle exécutée,remercie l’artiste : Cher monsieur.Je viens de recevoir l’exquise aqua-relle, qui est exactement et idéalementce que je rêvais qu’elle fût ; vousm’avez fait un très grand plaisir et jevous en remercie de tout cœur. Je ten-terai d’aller vous remercier demainlundi quoique je reparte le soir mêmepour l’armée. S’il vous était agréablede voir ma mosquée, qui plairait sansdoute à vos yeux d’artiste, elle vous se-rait ouverte aujourd’hui entre 3 et5 heures, ou demain aux mêmesheures. Veuillez, cher monsieur, mecroire bien cordialement à vous.
Pierre LotiEn 1924, dans La Petite Illustration,une reproduction en couleurs de
,
1. Archives des descendants de Lessieux.
Aquarelle d’Ernest Lessieux reproduitedans le Journal intime de Pierre Loti.
Louis LessieuxLa Maison des Aïeules,encre de Chine, 10 x 15 cm, coll. part.
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Les amis de Louis Lessieux à la Cotinière
2322 Les chers amis
cette aquarelle illustre le Journal in-time de Pierre Loti, publié par sonfils Samuel Viaud.Une seconde aquarelle de « laMaison des Aïeules » a été réali-sée par Louis Lessieux en 1934.Elle est intitulée « La Maison desAïeules » où repose Pierre Loti àSaint-Pierre d’Oléron. Elle repré-sente la façade de la demeure,prise depuis la cour intérieure,avec une vue du perron.
Louis Lessieux était d’un
naturel solitaire mais avait
cependant lié des amitiés solides
avec Paul Enard et son fils Pierre,
qui fut son élève, ainsi qu’avec le
docteur Wagner. Ces deux per-
sonnes faisaient partie du cercle
intellectuel du village, tant pour
ses écrits pour l’un, que pour ses
talents en dessin pour l’autre.
Originaire de Saint-Quentin de
Chalais en Charente, Paul Enardétait du même âge que Louis Les-sieux. Son enfance s’est déroulée àRochefort où son père, charpen-tier et compagnon du tour deFrance, s’était établi. Commissairede marine, il effectua de nom-breux voyages autour du monde,et notamment en Chine et auJapon pour les Messageries Mari-
Paul Enard, un protecteur des moulins
De gauche à droite : Lysmée, sa mère, Marie-LouisePortmann, puis Hélène et Paul Enard à la Cotinière.
Louis Lessieux« La Maison des Aïeules » où repose Pierre Loti à Saint-Pierre d’Oléronaquarelle, 48 x 29 cm, coll. part.
La Maison des Aïeules
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times. Il se fixa avant la guerre de1914 sur l’île d’Oléron où safemme avait des attaches ainsi quela famille de sa mère. Marié àHélène, née Borel, il commerçaitles crevettes : il les achetait à lacriée, les faisait cuire et les expé-diait à Paris. Il devait aussi aiderau magasin de marine que sonbeau-père tenait sur le port.Érudit, il écrivait des articles dansL’Illustration pour faire découvrirl’île d’Oléron. En 1913 et 1914, il
s’est engagé comme secrétaire aumontage du projet d’érection de laCotinière et des hameaux voisins.Ce projet devait permettre la sé-paration d’avec la commune deSaint-Pierre et mettait en avantl’éloignement des écoles, le mau-vais état des chemins et l’absencede développement du port. Ceprojet fut rejeté par le ministre del’Intérieur le 10 mai 1922. Au seind’une association pour la défensedes moulins, il répertoria l’ensem-ble des moulins d’Oléron etœuvra pour leur protection.En 1921, Paul Enard acheta la mai-son des tamarins qui jouxte l’hôtelde l’Horizon. Cette maison restadans la famille. Aujourd’hui, elleest devenue un glacier réputé.Son fils Pierre, après des études degraveur lithographe et un servicemilitaire au Maroc, vivait égale-ment à la Cotinière. Marin aguerrià la barre de ses bateaux, LaMouette et La Nina, doué d’uneforte nature (il se baignait dans leport en hiver et pouvait dévorercomme quatre), il se passionnaitpour la peinture et l’aquarelle.Louis Lessieux détecta en lui unpotentiel et lui donna des leçons.Pierre Enard apprit en copiant les
aquarelles de Louis et réalisa éga-lement des huiles et autres œuvresen propre.Mais c’est en pleine force de l’âgeque la maladie le faucha, alors queson troisième bateau, destiné àfaire un tour du monde, était enconstruction à La Rochelle — il ve-nait de recevoir l’accord du célèbrepeintre Marin Marie de lui donnerson nom — et qu’il allait se marieravec Jeannette Couillaud. Unesimple appendicite et une évacua-tion retardée sur le Pierre Loti eu-rent raison de sa jeunesse enjanvier 1939, seulement 3 moisaprès la mort de son père en octo-bre 1938. Hélène resta seule pourtenir le magasin de marine. L’œu-vre artistique de Pierre Enard restaconfidentielle dans sa diffusion.Ses rares aquarelles et huiles setrouvent dans les familles oléro-
Pierre Enard, La Cotinière,
aquarelle, 48 x 28 cm, coll. part.
Louis Lessieux, La Cotinière,
huile sur bois, 24,5 x 17,5 cm,
coll. part.
Louis Lessieux, Portrait
de marin,huile sur toile,
47 x 64 cm, Saint-Pierre d’Oléron,
Le Musée de l’îled’Oléron.
Pierre Enard, La Lanterne des morts, aquarelle, 48 x 28 cm,coll. part.
Pierre Enard, Plage de Matha, huile sur bois, 18 x 14 cm, coll. part.
Les chers amis24 25Les amis de la Cotinière
naises. Il réalisa cinq cartes postalesillustrées représentant des por-traits de pêcheurs et femmes dupays.
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27
� La Cotinière — 28
� L’Hôtel de l’Horizon — 38
� La maison “Les Ajasses” — 40
26 titre courant partie
Konrad Wagner connut LouisLessieux à Paris. Médecin et artiste,il s’était spécialisé en illustrationartistique et médicale. Il illustraittant des revues ou livres médicauxet d’histoire naturelle que desromans, périodiques, menus,diplômes. Son atelier était situéavenue du Maine proche de celuide Louis Lessieux. Ce goût com-mun pour le dessin était doublé
Konrad Wagner, médecin et artiste
par la connaissance d’Oléron. Kon-rad Wagner y possédait une petitemaison en bois, faite de ses mains,au bord de la plage de la Cotinière,juste au-dessus de l’ancien moulin.Polonais d’origine, il avait la répu-tation d’un homme très « vieilleFrance », courtois et cultivé, maisrévolutionnaire et engagé au tra-vers de ses dessins au graphismetorturé.
P A R T I E 2
Carte publicitairede Konrad Wagner
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Le port de La Cotinière 29
À l’origine, le site de la
Cotinière est un simple abri
naturel. La création du port
remonte seulement au XIXe siècle.
En 1843-1844, une digue de 135 m
en pierre sèche est construite pour
faciliter l’accès aux navires. En
1862, le lieu est pourvu d’une jetée
et d’un quai, en 1890 d’une nou-
velle jetée et enfin d’un phare en
La Cotinière
La plage de la Cotinière,
Le peintre a placé sonchevalet dans la partienord-ouest du port, nonloin de la naissance du
grand quai (grande jetée). Ilregarde en direction de l’est. C’est une belle fin de matinéed’été (les ombres sont courtes).
Louis Lessieux La Cotinière,aquarelle, 48 x 30 cm,coll. part.
Nous sommes à peu près à mi-marée, c’est-à-dire avec troisheures de flots, la laisse de pleinemer est encombrée de varech.Au premier plan, l’herbe desdunes est présente. Deux embar-cations sont halées au sec : ungrand canot typique de ce début
Le port de la Cotinière
28 Les lieux de prédilection
1900. Le port est alors spécialisé
dans la vente de sardines. En 1908,
une première conserverie est
construite par un industriel roche-
lais, puis, en 1910, la criée.
Au début du siècle, le port de la
Cotinière abrite de nombreux ba-
teaux qui se livrent à la pêche de la
sardine, de la sole, du homard, de
la crevette et d’autres poissons.
Deux cafés, « La Gaîté » et « L’Es-
pérance », font face au port et pro-
posent, en plus des boissons et des
dégustations, des produits de la
pêche. Ces baraques seront ensuite
démolies. En 1913, l’hôtel de l’Ho-
rizon est inauguré.
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de siècle (avec fort banc de nage etchambre) et une pinasse (à fondplat) avec la sole passée au coaltar.Deux femmes assises à même lesable, coiffées de la kissnot, re-maillent des filets à sardine. Unmarin en béret, un peu en contre-bas, est certainement occupé à lamême tâche.Plus loin, quatre marins débar-quent de deux canots. Trois ba-teaux gréés en sloop (avec foc surbout, dehors trinquette, grand
Ernest LessieuxCabane
à la Cotinièrehuile sur bois,
17 x 14 cm,coll. part.
Louis Lessieux, La Cotinière,huile sur bois, 23 x 17 cm, coll. part.
Louis LessieuxVue des Tamaris, aquarelle, 21 x 15 cm - coll. part.
voile aurique et flèche) sont cap àterre. L’un a gardé sa grand-voile,ils attendent certainement que lamer monte pour s’embosser surtrois chaînes cap au large, à leurspostes de corps morts respectifs.Le quai en moellons, en forme desoc de charrue, n’offre que peu deprise au ressac et évite les affouillements. L’épi du Colom-bier (avec deux personnages) li-mite la partie est du port. Lesdunes en direction de Matha sont
30 Les lieux de prédilection
très hautes. La « Ca-bane », l’abri du premierbateau de sauvetage en1866, deviendra la mai-son d’habitation du gar-dien de phare. L’autremaison, en bois certaine-ment pour une partiepeinte en vert, n’est autreque le Café de la Gaîté.
31Le port de La Cotinière
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chaînes, ils seront cap au large,bout à la houle ou au ressac.Au premier plan, un canot (sansdoute de retraité) qui est certaine-ment gréé d’une voile au tiers, carson mât est abattu. Les deux ma-rins mettent de l’ordre à bord.L’un d’eux, les jambières retrous-sées, pour ne pas mouiller sonpantalon, porte une ceinture de
Louis LessieuxBarque à la Cotinière,aquarelle, 48 X 28 cm, coll. part.
Louis Lessieux Paul Enard,
le marchand de faïences, aquarelle, 32 x 23 cm,
coll. part.
Ernest LessieuxBateau séchant ses voiles, La Cotinière,aquarelle, 45,5 x 28 cm, coll. part.
En ce beau débutd’après-midi d’été, lesbateaux viennent derentrer au port. La mermonte mais il n’y a pasencore assez d’eau
pour qu’ils s’amarrent sur leschaînes de corps morts à leuremplacement respectif. Ils sont capà terre, alors qu’embossés sur leurs
Les lieux de prédilection32 33Le port de La Cotinière
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flanelle rouge et un petit gilet sansmanche. Tous deux sont coiffés dutraditionnel béret. Un casier est vi-sible à l’arrière de ce canot. Ils pra-tiquent certainement la pêche auxhomards.Deux autres grands canots, des an-nexes des grands bateaux, sontamarrés sur les chaînes des corpsmorts. Quand les bateaux serontamarrés à poste, les marins em-barqueront dans ces canots pourregagner la terre. Ils seront alorshalés au sec, sur le sable, hors d’at-teinte de la mer.
Le joli sloop, avec le pavois peinten vert, porte encore son foc, sagrand-voile et sa flèche commebeaucoup d’autres navires du port.Le matelot vient d’amener la trin-quette. La brise est nulle ou trèsfaible. L’eau du port est un vérita-ble miroir. Le patron, assis sur lerouf, est occupé à quelques travauxde matelotage.Le haut du phare, construit enmême temps que l’allongement dela grande jetée en 1900, n’est pasencore peint en rouge.
Louis Lessieux Tanches de mer,aquarelle, 27 x 18,5 cm, coll. part.
Louis LessieuxLa Piscine d’eau de mer sur le port, aquarelle, 54 x 37 cm, coll. part.
La plage de la CotinièreLouis Lessieux
La Jetée de la Cotinière, huile sur bois, 31 x 23 cm, coll. part.
Louis LessieuxQuai de la Loge, 1919,
aquarelle, 23 x 15 cm, coll. part.
Les lieux de prédilection34 35
Lessieux-catalogue-int:Lessieux-Catalogue1 24/04/08 18:52 Page 34