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C Éditions Gallimard, 1965.

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L'Inégalité est le second Discours de Rousseau, écritcomme le premier en réponse à une question mise auconcours par l' Académie de Dijon et annoncée dans leMercure. Entre les deux annorwes, l'intervalle est dequatre années (octobre 1749 et novembre 1753) les deuxrédactions ont pris chacune six mois environ. Maisl'auteur de la première était inconnu, Fauteur de laseconde est célèbre. La gloire est venue à Rousseau toutd'un coup, par la publication en 1750 (il a trente-huit ans)du Discours sur les Sciences et les Arts. Cet ouvragea fait un effet prodigieux, allumant une immense contro-verse et celle-ci a formé la principale occupation de Rous-seau jusqu'à la rédaction du second Discours. Ce secondDiscours doit être situé dans le fil de la controversé excitéepar le premier Rousseau reprend sous un autre anglele thème de la corruption progressive qu'il avait abordédans le premier Discours.

Ce thème a hanté toute la vie de Rousseau et hante

toute son œuvre. A mesure qu'il avance en âge, Rousseau,obsédé par le même problème, le saisit de mieux en mieuxet le formule plus exactement. Par rapport au traitement

tardif des Dialogues (vers 1774), les deux Discours appa-raissent comme des fanfares d'ouverture, plus éclatantesque substantielles. C'est pourquoi l'on a cru bon de fondercette introduction sur les expressions les plus mûries duthème fondamental.

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Sur l'origine de l'inégalité

« Si tous les hommes me ressemblaient, il régneraitsans doute une extrême langueur dans leur industrieils auraient peu d'activité et n'en auraient que par brusqueset rares secousses; mais ils vivraient entre eux dans unetrès douce société. Pourquoi n'y vivent-ils pas ainsi 1ts

Voilà comment Rousseau énonce, d la fin de sa vie, laquestion qui a inspiré, à partir du Discours des Scienceset des Arts, tout le développement de son œuvre. Osonsdire sommairement sa réponse: les rapports humainssont doux tandis que la sympathie en est seule cause, ilat'aigrissent à mcsure qu'ils sont commandés par l'utilité.

Rousseau se représente très clairement l'évolutionsociale comme un progrès successif dans l'ampleur et lacomplexité de l'association de travail, qui permet à Chommede satisfaire, et donc aussi d'éprouver, de nouveauxbesoins. Mais il lut semble qu'àà mesure que l'hommedépend plus de ses semblables pour la satisfaction de sesbesoins, ses rapports avec eux par là se corrompent.« Le méchant n'est méchant qu'à cause du besoin qu'ila des autres, que ceux-ci ne le favorisent pas assez, queceux-là lut font obstacle, et qu'il ne peut ni les employerni les écarter à son gré s. »

Dans VAge d'Or qu'il imagine, la hommes n'étaientpoint méchants, comme n'ayant pas besoin les uns desautres « Tant qu'ils ne s'appliquèrent qu'à des ouvragesqu'un seul pouvait faire, et qu'à des arts qui n'ont pasbesoin du concours de plusieurs mains, ils vécurentlibres, sains, bons et heureux autant qu'ils pouvaientl'être par leur nature, et continuèrent à jouir entre euxdes douceurs d'un commerce indépendant 8. »

(1) Rousseau, ;uge de Jean-Jacques, Second Dialogue.(2) Ibidem.(3) Discours de l'Inégalité.

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Présentation

Ce qu'il entend par « commerce indépendant ti,.r.e sontdes rencontres gratuites comme celles qu'il nous dépeintformatrices des premières langues. Aux sources, « lesjeunes filles cimaienl prendre de Veau pour le ménage,les jeunes hommes venaient abreuver leurs troupeaux.Là se firent les premières fêtes les pieds bondissaientde joie, le geste empressé, ne suffisait plus, la voix l'accom-pagnait d'accents passionnés. Im fut enfin le vrai ber-ceau des peuples, et du pur cristal des fontaines sortirentles premiers feux de F amour 1. »

Les première* langues ainsi nées, il les appelle « fillesdu plaisir et non du besoin » l'erpressinn est forte, ilsuffit de la transporter aux relations sociales pour entendrece qu'il cent dire selon qu'il les nomme pures ou corrompues.

Chez l'homme de la société moderne, ces relations sontfondées sur les besoins: de là cette corruption dont Rous-soin a pu observer les manifestations ri«/i de tel chezV homme de la nature comment Rousseau le sait-il?a

A '<ssi par observation, mais intérieure, u D'où le peintreet Cnpologiste de la nature, aujourcV luii si défigurée etcalomniée, il avoir tiré son modèle, si re n'est de sonpropre cœur? Il U a décrit comme il se sentait liii-mâme2. »

Porte c'est Rousseau tel qu'il se voit qui nous feraennnaître l'homme de la ruilure « En un mot, ses amuse-Tiieitts, .sis pUiisirs sont innocents et doux comme sestuivaux, comme sks penchants: il n'y a pas dans son âmeun goût qui soit hors de la nature, ni coûteux oif criminelà satisfaire »

A'ous voilt't préparés à comprendre la déclaration qui setrouve dans /'Inégalité

<• Les hommes sont méchants une triste et continuelleespérience dispense de la preuve; cependant l'homme est

(1 ) lissai sur /'origine des tangua.(2) 7'roisièmn Dialogue.(3) Setond Dialogue.

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Sur l'origine de l'inégalité

naturellement, bon, je crois l'avoir démontré; qu'est-cedonc qui peut l'avoir dépravé à ce point sinon les change-ments survenus dans sa constitution, les progrès qu'il afaits et les connaissances qu'il a acquises? Qu'on admiretant qu'on voudra la Société humaine, il n'en sera pasmoins vrai qu'elle porte nécessairement les hommes às'entre-haïr à proportion que leurs intérêts se croisent 1.»

Cette citation s'éclaire par la précédente si les hommessont méchants, c'est parce qu'ils contractent dans lasociété des goûts dont la satisfaction est coûteuse ou cri-minelle. Cela paraît bien fort les désirs qu'inspirentles biens de fortune ne sont point si violents. Rousseaules estime capables d'être portés à l'extrême par l'amour-propre naturel et légitime est « l'amour de soi », tandisque l'amour-propre est un produit de la société.

« L'amour-propre est toujours irrité ou mécontent,parce qu'il voudrait que chacun nous pré f érât à tout età lui-même, ce qui ne se peut; il s'irrite des préférencesqu'il sent que d'autres méritent, quand même ils ne lesobtiendraient pas; il s'irrite des avantages qu'un autrea sur nous, sans s'apaiser par ceux dont il se sent dédom-magé. Le sentintent de l'infériorité à un seul égard empoi-sonne alors celui de la supériorité à mille autres, et l'onoublie ce que l'un a de plus, pour s'occuper uniquementde ce qu'on a de irwins. Vous sentez qu'il n'y a pas à toutcela de quoi disposer l'âme à la bienveillance.

« Si vous me demandez d'où naît cette disposition àse comparer, qui change une passion naturelle et bonneen une autre factice et mauvaise, je vous répondraiqu'elle vient des relations sociales, du progrès des idées,et de la culture de l'esprit. Tant qu'occupé des seuls besoinsabsolus on se borne à rechercher ce qui nous est vraimentutile, on ne jette guère sur d'autres un regard oiseux;mais à mesure que la société se resserre par le lien des

(1] Inégalité note IX.

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Présentation

besoins mutuels, à mesure que l'esprit s'étend, s'exerceet s'éclaire, il prend plus d'activité, il embrasse plusd'objets, saisit plus de rapports, examine, compare;dans ces fréquentes comparaisons, il n'oublie ni lui-mêmeni ses semblables, ni la place à laquelle il prétend parmieux. Dès qu'on a commencé de se mesurer ainsi l'on necesse plus,etlecœur ne saitpluss'occuper désormaisqu'à mettre tout le mondeaudessous denous. Aussi~M'a nteMre <OM< ~e monde au deMOMS de noM~. ~tM~tremarque-t-on généralement, en confirmation de cettethéorie, que les gens d'esprit, et surtout les gens de lettres,sont de tous les hommes ceux qui ont la plus grande inten-sité d'amour-propre, les moins portés à aimer, les plusportésà haïr 1. »

Contrastez le passage suivant où Rousseau peint Jean-Jacques « Toujours occupé de lui-même ou pour lui-même,et trop avide de son propre bien pour avoir le temps desonger au mal d'un autre, il ne s'avise point de cesjalouses comparaisons d'amour-propre, d'où naissent lespassions haineuses dont j'ai parlé. J'ose même dire qu'iln'y a point de constitution plus éloignée que la sienne dela méchanceté; car son vice dominant est de s'occuper delui plus que des autres, et celui des méchants, au contraire,est de s'occuper des autres plus que d'eux 2. »

Ce dernter trait est bien caractéristique le méchantest celui qui s'occupe des autres, n'importe qu'il rechercheleurs services pour sa richesse et son ostentation, ou qu'ilrecherche leur bonne opinion pour sa réputation ou sapuissance! Mais ce méchant se rend malheureux: car lesservices qu'il s'est acquis ne lui suffisent pas, car les opi-nions qu'il a voulu gagner lui échappent. Dans le tempsmême où il réussit, il ne fait que se rendre esclave: « Taliberté, ton pouvoir, ne s'étendent qu'aussi loin que tes

(1) Second Dialogue.(2) Ibidem.

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Sur l'urigine de l' inégalité

forces naturelles, et pas au-delà; tout le reste n'est qu'es-clavage, illusion, prestige. La domination même estservile, quand elle tient à ropinion; car tu dépends despréjugés de ceux que tu gouvernes par les préjugés. Pourles conduire comme il te plaît, il faut te conduire comme illeur plaît. Le seul qui fait sa volonté est celui qui n'apas besoin, pour le faire, de mettre les bras d'un autreau bout des siens d'où il suit que le premier de tous lesbiens n'est pas l'autorité mais la liberté. L'homme vrai-ment libre ne veut que ce qu'il peut, et fait ce qui luiplaît. Voilà ma maxime fondamentale 1. »•

La question mise au concours par F Académie deDijon avait été formulée dans les termes suivants: « Quelleest l'origine de l'inégalité parmi les hommes, et si elle estautorisée par la Loy naturelle. s Or la seconde partie dusujet n'a pas été traitée par Rousseau, elle est dépêchéedédaigneusement dans les cinq ou six lignes finales oùl'on remarquera d'ailleurs que V inégalité politique (lecontraste commandement-obéissance) est citée avantl'inégalité de richesse. Rousseau indique clairement quela dénonciation des inégalités régnantes est un thèmebanal, auquel il ne saurait être rien ajouté et que leproblème intéressant est la genèse de cette inégalité.

Tout le Discours est consacré ostensiblement d la

genèse historique de V inégalité mais nous reconnaissonsqu'au-delà de cette genèse historique, sa préoccupations'attache à la genèse logique. « Origine a signifie commen-cement mais signifie aussi source. Ce qui a eu un commen-cement peut at'oir une fin, mais ce qui est alimenté par unesource ne peut cesser d'être que par extinction de la source.En tant que l'inégalité est un produit historique, elle

|1) Emile, Livre II.

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peut être détruite ou réduite par un « tournant de l'his-toire y>. En tant qu'elle est établie, consacrée par des ins-titutions, et qu'elle tient à ces institutions, il paraîtranécessaire et suffisant d'abolir ces institutions ainsila Révolution française abulira l'institution nobiliaireet la Révolution russe l'institution de la propriété. Rous-seau, qui est foncièrement évolutionniste, a très bien sentique l'avenir apporterait de grands bouleversements ins-titutionnels cela n'a point suffi à le rendre optimisteil évoque un ouvrage qui pourrait être écrit « où l'ondévoilerait toutes les faces différentes sous lesquellesl'inégalité s'est montrée jusqu'à ce jour, et pourra semontrer dans les siècles futurs, selon la nature de cesgouvernements, et les révolutions que le tempsy amèneranécessairement » 1.

C'est indiquer clairement qu'autant il est possible dedétruire les inégalités sociales sous des aspects qui choquentprésentement, autant il faut s'attendre à la voir se mani-fester sous de nouveaux aspects. Et pourquoi donc ?Parceque la source du phénomène demeure jaillissante. « Sic'était ici le lieu d'entrer dans des détails, j'expliqueraisfacilement comment Finégalité de crédit el d'autoritédevient inévitable entre les particuliers, sitôt que réunisen une même Société, ils sont forcés de se comparer entreeux, et de tenir compte des différences qu'ils trouvent dansFusape continuel qu'ils ont à faire les uns des autres 2. »

Cette phrase permet d'espérer l'abolition des inégalitésqui sont fondées par le passé et ne correspondent plus àl'usage présent que les hommes font les uns des autres,mais annonce comme inévitable un processus d' émergenced'inégalités nouvelles présentant cette correspondance.Ce qui suggère un ouvrage sur les métamorphoses de F iné-galité sociale au cours de l'évolution.

(1) et (2) InégaliU. seconde partie.

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Sur l'origine de l'inégalité

Métamorphose et non suppression, car le progrès et P iné-galité apparaissent à Rousseau compagnons inévitables« Je remarquerais combien ce désir universel de réputation,d'honneurs, et de préférences qui nous dévore tous, exerceet compare les talents et les forces. (nous lui devons) cequ'il y a de meilleur et de pire parmi les hommes l.»En somme c'est le principe même du progrès.

Ce qui intéresse profondément Rousseau, c'est lagenèse psychologique de l'inégalité. Pourtant le Discourstraite principalement de la genèse historique. A cet égard,sa lecture peut être facilitée par la constatation que l'his-toire sociale du genre humain, au cours des millénaires,est éclairée pour Rousseau par l'histoire sociale de laSuisse au cours de quelques générations.

C'est ce que l'on peut voir lorsqu'il nous décrit lesSuisses faisant paître leurs troupeaux propres sur desterres communes, pratiquant la culture « épars sur leursrochers », et l'hiver isolés dans leurs demeures partic,u-.lières. « Les communications étaient toujours pénibles,quand les neiges et les glaces achevaient demies fermer,chacun dans sa cabane était forcé de se suffire à lui-mêmeet à sa famille de là l'heureuse et grossière industrie;chacun exerçait dans sa maison tous les arts nécessairestous étaient matons, charpentiers, menuisiers, charrons.Les rivières et les torrents qui les séparaient les uns desautres donnaient en revanche à chacun les moyens de sepasser de ses voisins. chacun vivant sur son sol parvintà en tirer tout son nécessaire, à s'y trouver ait large, à nedésirer rien au-delà. Les intérêts, les besoins ne se croisant

point et nul ne dépendant d'un autre, tous n'avaient entre

(1) Inégalité, seconde partie.

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eux que des liaisons de bienveillance et d'amitié 1. »C'est illustré par un exemple plus proche de nous, l'étatidyllique où les relations sont filles du plaisir et nondu besoin.

« Mais ces hommes rustiques. en se défendant contreles autres nations apprirent à les connaître. n Et c'est là,dans la pensée de Rousseau, un moyen de corruption:

« Tout ce qui facilite la communication entre les diffé-rentes nations, porte aux unes non les vertus des autretmais leurs crimes, et altère chez toutes les mœurs qui sontpropres à leur climat et à la constitution de leur gouver-nement a. » Les Suisses entrés au service des princesétrangers comme mercenaires contractèrent de nouveauxbesoins: « Insensiblement ils s'avilirent et ne furent plusque des mercenaires. Le goût de l'argent leur fit sentirqu'ils étaient pauvres; le mépris de leur état a détruitinsensiblement les vertus qui en étaient l'ouvrage.De là l'introduction du commerce, de l'industrie et duluxe, qui liant les particuliers à l'autorité publique parleurs métiers et par leurs besoins, les fait dépendre de ceuxqui gouvernent beaucoup plus qu'ils n'en dépendaientdans leur état primitif3. »

Les conseils qui sont à présent donnés aux peuples quel'on dit « sous-développéset n'importe que ces conseilsproviennent d'experts occidentaux ou soviétiques, sont endirecte opposition avec la doctrine de Rousseau. Que les

(1) Projet de Constitution pour la Corse. Voir aussi la deecriptiondes Montnpnons des environs de Neucbâtel dans la Lettreà d'Alembert.Notez qu'elle s'ouvre par Je me souviens d'avoir vu dans majeunesse.rIl ne s'agit donc pas d'une fantaisie d'imagination. Celaa pu être l'état du genre humain puisque Rousseau même a eul'occasion de l'observer.

(2) Préface de Narcisse, note d.(3) Corse.

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Sur l'origine de l'inégalité

familles agricoles se suffisent â elles-mêmes, c'était auxyeux de Rousseau la garantie de leur indépendancequ'elles deviennent vendeuses et acheteuses, c'est lacondition essentielle du développement. Il faut pousserla division du travail, bonne parce qu'elle accroît la pro-ductivité, mauvaise dit Rousseau parce qu'elle accroîtla dépendance. Nécessaire est l'esprit d'entreprisec'est toujours captation des forces d'autrui, mauvaiseaux yeux de Rousseau. Il est hostile d C introduction denouveaux besoins et à V émulation, regardés par les expertscomme excitants nécessaires de la croissance. Combien

de fois n'a-t-on pas entendu des amis indiens déplorercomme obstacle à leur progrès la faiblesse dans leurpays des sentiments que Rousseau condamne/

Faut-il donc repousser la pensée de Rousseau commeune réverie nostalgique ?Tel est le parti que prirent sesamis les Encyclopédistes, d mesure qu'il développaitsa pensée, se tournant enfin en ennemis. N'avons-nousrien à apprendre de ce grand homme et, qui plus est, decet homme profondément attachant?Si fait1 Il nousempkhe d'oublier, dans Fenivrement de nos succès tech-nologiques, que la douccur des mœurs est d'immenseImportance. En le lisant nous sommes avertis que c'estla le domaine où nous risquons de subir des pertes encontrepartie de nos succès matériels. Il n'est point niableque nos progrès ont amélioré la condition des travailleurset permis d'objectiver la préoccupation sociale en insti-tutions réparatrica. Nous sommes en meilleure postureâ bien des égards que si nous eussions suivi les conseilsde Rousseau. Mais n'y a-t-il point des aspects moinsmesurables de la vie moderne auxquels il nous invite àprendre gardeP

Bertrand de Jouvenel.

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Non in depravatis, sed in his quce benesecundum naturam se habent, consi-il'rundum est quid sit naturale.

Aristot. Politic. I. 2.

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A LA RÉPUBLIQUE DE GENEVE

MAGNIFIQUES, TRÈS HONORGS,ET SOUVERAINS SEIGNEURS,

Convaincu qu'il n'appartient qu'au Citoyen ver-tueux de rendre à sa Patrie des honneurs qu'ellepuisse avouer, il y a trente ans que je travaille à meriterde vous offrir un hommage public et cette heureuseoccasion suppléant en partie à ce que mes efforts n'ontpu faire, j'ai cru qu'il me seroit permis de consulterici le zéle qui m'anime, plus, que le droit qui devroitm'autoriser. Ayant eu le bonheur de naître parmivous, comment pourrois-je mediter sur l'égalité que lanature a mise entre les hommes et sur l'inégalité qu'ils"ont instituée, sans penser à la profonde sagesse aveclaquelle l'une et l'autre, heureusement combinées danscet État, concourent de la manière la plus approchantede la loi naturelle et la plus favorable à la societé, aumaintien de l'ordre public et au bonheur des particu-

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