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Sylvie Maria Filion Mon temps d’éternité Prise deparole Poésie Extrait de la publication

Extrait de la publication - storage.googleapis.com...Du même auteur Les bonbons des horreurs et Petite chose à genoux, Ottawa, Éditions du Vermillon, coll. Parole vivante, 2004

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C.P. 550, Sudbury (Ontario)CANADA P3E 4R2

705-675-6491http://pdp.recf.ca

J’attaquerai la réalité pour ne plus qu’elle revienne

Ou, si elle devait me revenir, il faudrait qu’elle me soit

totalement soumise

Sylvie Maria Filion

Mon tempsd’éternité

Prise deparole

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Poésie

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Mon tempsd’éternité

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Extrait de la publication

Mon temps d’éternité

Book 1.indb 1 2007-11-06 16:09:56

Extrait de la publication

Du même auteur

Les bonbons des horreurs et Petite chose à genoux, Ottawa, Éditions du Vermillon, coll. Parole vivante, 2004.

Le musée des lèvres, Ottawa, Le Nordir, coll. Résonance, 2002.Métapholies, Sudbury, Prise de parole, 1998.

AvertissementToute ressemblance ou similitude avec des personnages ayant existé ou existant serait totalement attendue et n’engagerait que l’imagination

irresponsable de l’auteure.

Cinquante exemplaires de cet ouvrageont été numérotés et signés par l’auteure.

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Extrait de la publication

Sylvie Filion

Mon temps d’éternité

Poèmes

Prise de paroleSudbury 2007

Book 1.indb 3 2007-11-06 16:09:56

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives CanadaFilion, Sylvie, 1970- Mon temps d’éternité / Sylvie Maria Filion.

ISBN 978-2-89423-199-9 I. Titre.PS8561.I5328M66 2007 C841’.54 C2007-901818-1

Distribution au Québec (QC) J7H 1N7 •450-434-0306

Ancrées dans le Nouvel-Ontario, les Éditions Prise de parole appuient les auteurs et les créateurs d’expression et de culture françaises au Canada, en privilégiant des œuvres de facture contemporaine.

La maison d’édition remercie le Conseil des Arts de l’Ontario, le Conseil des Arts du Canada, Patrimoine canadien (Programme d’appui aux langues officielles et Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition) et la Ville du Grand Sudbury de leur appui financier.

Œuvre en page de couverture : Yolande Forget, La foudre, huile sur toile, 2004Conception de la page de couverture : Olivier LasserNous désirons remercier Gille de Seze de nous avoir aimablement autorisé à reproduire dans ce recueil, aux pages 35 et 36, sa traduction de « Ode à une beauté nue » de Pablo Neruda.

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.Imprimé au Canada.Copyright © Ottawa, 2007Éditions Prise de paroleC.P. 550, Sudbury (Ontario) Canada P3E 4R2http ://pdp.recf.ca

ISBN 978-2-89423-199-9ISBN 978-2-89423-397-9 (Numérique)

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Quand le mystère est trop impressionnant, on n’ose pas désobéir.

Antoine de Saint-Exupéry

Le petit prince

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Mon temps d’éternité

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Dis, DieuSoyons ensemble pour écouter « La Moldau »Je n’entends plus que cette maudite musique de rivière

Nous avons besoin d’un peu de temps, nous deuxDieuJ’ai besoin d’un peu de temps avec Toi

Un repos de sacré

Violons, veux-Tu Dieu ?Violons la richesse des richesViolons la pauvreté des pauvres

Dis, Tu veux ?

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Chercher la faveur des jacassementsDes lèvres sententDes el sarape nous enroulentNous enrôlentComme des egg rolls

Tendons vers des illégitimités connuesJe cherche l’enfant qui flétrira les bibelots meurtriers

La poésie — gesticule — làPhilippe s’approche de moiIl me dit : « c’est beau ta poésie… »« c’est pour moi que tu l’as écrite, puisque tu parles de mes yeux — c’est ça — sur la photo, c’est mon regard, on voit mon œil à gauche et, à droite, c’est une autre photo qui montre un trou dans l’asphalte… »

Je lui dis que je suis heureuse qu’il ait aimé ce que j’ai fait pour lui…La couche d’ozone se réveilleLe conseil des hirondelles s’est prononcéPhilippe continue en me disant :

« J’ai le cancer, mais, tu vois, je ne mourrai pas Je … »

Le jour signe au bas de la feuilleUn rayonL’arrêt des refoulements

Puis le jour s’éteint comme le jeuneIls ont tous les deux des teintes d’aurélieIls ont tous les deux un teint transparent

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Et vont vivre sur une plage où il n’y a rien d’autre qu’un soleil et PhilippeIls se regardent grandir

L’un est le miroir de l’autreEt vice-versa

Peu à peuLa poésie s’écrit comme un mal d’éternité

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Je le remercie parce que j’ai aimé ce qu’il a été pour moi

Des fois, je crois que je suis imprégnée d’une sensualité bénigneDes fois, je crois que je suis atteinte d’une sensualité maligne

Dans mes rêves de crack headJe deviens maligneJe deviens maline-Staline satin

Mille hommes viennent me faire l’amour derrière le rideau de verreCinq mille me font l’amourMon corps, lui, va à la pêche

Il attrape des poissonsMa foiC’est une pêche miraculeuseDe voir tant d’hommes pris dans le même filet

Il faut déclarer ça aux news de six heures

Mon corps fait la paix avec les news de six heuresMais avec les hommes c’est une autre histoire

Des anges sont possédés par la beauté des actes frigidesL’intention est saccagéeMes fantasmes corrigent l’humain

Maudite rectitudeMaudite érectitudeMaudite décrépitude

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Extrait de la publication

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La perversion et moi« Comme on le sait tous », me dirait Pierrec’est le frère et la sœurle fond de ma pochethe back of my handNous nous connaissons

Mais, je crois que j’ai comme un petit peu raison

La cour dans laquelle je joue avec mes fantasmes est à ce point vide et ridiculeMes fantasmes n’ont pas de bras, ni d’yeux, ni de visagesIls n’ont que des noms et des gestes

Des squelettes en robes de chambre viennent me raconter des histoires pour m’endormir

Je suis la seule enfant qui joue et je dois gagner à tout prixEt c’est moi qui ai inventé le sable, le soleil, la lune, les étoilesEt quand la réalité revientJe dois me battre à nouveau

Moi et la jouissance jetons une ancre dans l’univers des fouets

Je suis la petite fille qui jouit mieux que tout le mondeC’est moi qui ai inventé le mondePuis la réalité revient

Un jourJe la tuerai

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Pour qu’elle ne revienne plus jamais

Parfois, le temps garde les choses briséesParfois, il les répareParfois, on s’aperçoit trop tard que des choses se brisent et ne se réparent plus jamaisComme des amours de fousOu des amours de folles

Bref

Chez certains humains, il s’agit seulement de leur dire qu’on les aimePour d’autresIl s’agit de ne leur rien dire du toutPour d’autresIl s’agit de leur faire croire qu’on les a aimés

Parfois, on est enragé comme des zèbres sado-masoParfois, on n’est enragé que pour plaire à son âge

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Mon DieuEntends mon cri !Mon Dieu, entends-Tu mon cri ?

Entends-Tu les cris de tout l’Univers ?

Un tas de bernaches se signentCe ne sont plus des voiliersCe sont des croix dans le cielDes croix de bernaches

Elles crient

L’automne, elles sont des clous de chemin de fer qui vont se perdre dans des soufflés de pop-cornAu printemps, elles suivent le chouc ! chouc ! des locomotives — I wear my sunglasses at nightLe nez des draveurs couleDes carottes sauvages sentent bon

Des chanoines rapiècent leur robe de grisaille

Entends-Tu ?

Veux-Tu que nous crions tous les deux, mon Dieu ?

Veux-Tu que nous flirtions ?Conquerrons…

Je T’en prie, mon DieuPleurons tous les deuxMangeons tous les deux

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Suons le même sang au même jardin des OliviersTissons le même linCousons la même étoffeCausons le même morsePosons nos mêmes mains sur les mêmes torses blancs

guérisseurs

Aboyons !J’ai mal !Il fait trop blanc !Il fait trop temps !Il fait « pourtant… il reste du temps ! »

Entends-Tu mes claustrophobies de mineur !Sacrons ! Veux-Tu, Dieu ? Des humains se pelotonnentDes humains se servent des autres pour tricoter des gilets sur lesquels apparaissent des motifs de mouettes

Lamentons-nous, mouettes !

Perdons nos cœurs, perdreaux !

Il faut cantonner nos ébatsIl faut chantonner nos enceintesIl faut propulser nos cœurs de calanque

Allons nous baigner, Dieu !

Allons-nous-en aux souvenirs

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L’étang derrière chez vous, c’est de ToiUne ClaireUne amie revient m’embrasserIl n’y a pourtant pas de Judas ?Pourquoi la vie alors m’emmène-t-elle, traîtresse, loin des paix ?

Lac ClaireLa ClaireMarchera-t-elle sur l’étang ?Sur les nénuphars avec Toi ?Tu te rappelles de cette maison à jamais terminée ?

Le champ des cris

Entends-Tu les étangs crier, Dieu ?

Cette maladie qui nous resteVouloir vivre sans colère

Irons-nous prier, aussi, Dieu ?Demain, ferons-nous des batailles de branches mortes ?Des épées sans bourgeons seront plantées le long des granges effondrées

Garderai-je le même sentiment de désespoir ?Garderai-je le même port d’Amsterdam dans mon utérusOù se posent toutes les brumes des drakkars ?

Irons-nous en Irlande secouer les terres indéfrichables, Dieu ?

J’ai envie d’imaginer le rien, tout d’un coupJ’ai envie de mourir un risque

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Pour une foisPour une seule larme

Boire un poison d’épices lentes, de curry qui déchireBraver la Turquie, le Pakistan, l’AfghanistanTous les pays finissant en « an »

Le frisson n’est plus ville aux millions de lumièresC’est un cadeau qui se brise avant d’arriver chez toi

J’ai envie de ne plus croire

L’atroce a disparuDepuis que tu as disparuJe ne crie plus seule maintenantJe crie avec Dieu

Il saigne mes lassitudes

Entends-Tu, Dieu ?

Entends-Tu, Dieu, devenir l’amant qui se perche ?La peine d’amour s’étirer le cou ?

Je tente de T’aimer, et puis…

Il y a la faiblesse du dérangement…Mon corps est copeauMon corps est campoQui a déjà appartenu à une certaine forme

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Extrait de la publication

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705-675-6491http://pdp.recf.ca

J’attaquerai la réalité pour ne plus qu’elle revienne

Ou, si elle devait me revenir, il faudrait qu’elle me soit

totalement soumise

Sylvie Maria Filion

Mon tempsd’éternité

Prise deparole

Prise deparolePrise

de

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Mon

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ps

d’ét

erni

Poésie

Poésie

Sylv

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Fili

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Sylvie MariaFilion

Mon tempsd’éternité

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