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BULLETIN DE SEPTEMBRE-OCTOBRE 1954SUPPLÉMENT A LA NOUVELLE N. R. F.

DU l« OCTOBRE 1954

N° 22

r

PUBLICATIONS DE SEPTEMBRE

Les ouvrages analysés dans cette rubrique sont ceux dont la mise en vente aété prévuepour le courant du mois. Il est cependant possible que, pour des raisonstechniques, la mise en vente de certains d'entre eux se trouve reportée plus tard.

ROMANS

ALLEINS (Madeleine) L'ÉTRANGÈRE DANS LES PORTES.

Jenny a dix-huit ans. Elle vit au sein d'une famille un peu détraquée par l'isole-ment et l'ennui dans une petite ville de France. Pour y échapper, Jenny épouseJérôme, qu'elle connaît à peine et qui l'emmène en Algérie dans sa propre famille.Jenny, très vite, étouffe dans ce milieu grand bourgeois. Un jour, une conférence,faite par un Père Blanc, l'émeut profondément. Le mysticisme est sa voie mais elleveut y entrer seule, sans directeur. Elle va tout abandonner pour que.son sacrificeau Dieu qu'elle cherche soit complet, elle choisira le métier de bonne à tout fairechez un couple de petits bourgeois coloniaux.

C'est une véritable expérience de la sainteté qu'elle va tenter. Rien ne lui paraîtassez dur les macérations, les paroles ignobles de sa patronne, les services répu-gnants auxquels son état la contraint. Quand elle croit ne plus vivre que par l'es-prit, elle décide d'entrer au couvent et va consulter enfin un prêtre, qui laramène à son mari.

Jérôme et sa famille reçoivent Jenny avec affection. Mais elle n'a rien de communavec ce bonheur qu'on lui offre. Elle était affamée de bien autre chose. Le jour oùelle découvre qu'elle est enceinte, elle comprend que Dieu l'a quittée.

Madeleine Alleins a su analyser magistralement les tentations d'une âme chrétienneéprise d'absolu. Et, dans ce premier roman, la fermeté de l'écriture répond à lasûreté de la pensée.

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ARÉGA (Léon) LE MÊME FLEUVE.

L'abbé Gérald Penguern, curé d'un village pyrénéen, a un problème difficile àrésoudre choisir entre faire du bien et combattre le mal.

La France est occupée. L'abbé fait partie d'une chaîne de passeurs qui aident lesrésistants à franchir la frontière espagnole. Il se trouve devant le dilemme suivantfaire passer en Espagne un couple qui fuit l'occupant, ou un officier français quidésire, lui aussi, être de « l'autre côté» pour reprendre le combat contre l'ennemi.

L'occupant, c'est le mal, pense l'abbé Gérald car, «s'il n'était que l'ennemi,nous serions même condamnés à l'aimer ». Il fait venir Joseph, le passeur, au pres-bytère et lui dit à peu près ceci « Vous aurez beau faire la charité, vous aurez beaufaire du bien autour de vous, le mal ne s'en portera pas moins bien pour autant. »Joseph cède et part avec l'officier. Celui-ci passera, mais Joseph sera tué.

Cela n'est qu'une anecdote, mais le récit, la composition du livre l'élargissent infi-niment. Les personnages se révèlent peu à peu, prennent toute leur valeur roma-nesque. Léon Aréga (qui avait déjà publié Comme si c'était fini et A l'essai) estmaintenant en pleine possession de tous ses moyens, et sa « technique » est à lahauteur de son inspiration.

BRISVILLE (Jean-Claude) D'UN AMOUR.

A la suite d'un rendez-vous manqué, le héros de ce récit reçoit de sa maîtresseune lettre où elle avoue qu'elle est fiancée. Après l'avoir revue une dernière fois,il commence à écrire sur son amour, avec l'espoir modeste de souffrir moins, touten s'efforçant de voir clair dans sa peine. Trois mois plus tard, il met le point finalà cette sorte de journal qui l'a aidé à vivre un moment difficile de sa vie et tire laconclusion- peut-être provisoire- de sa mésaventure.

Dans ce commentaire d'une passion déçue, l'auteur s'est efforcé de ne pas sacri-fier la sensibilité à la lucidité et de trouver un certain équilibre entre le cœuret la raison, la tendresse et l'intelligence, la pureté de style et la chaleur des senti-ments.

Jean-Claude Brisville est né en 1922. En 1946, il obtient le prix de la Nouvelle de« La France au Combat ». Deux ans plus tard, il publie son premier roman Pro-logue. En 1951, sa pièce Saint-Just est montée par la Radiodiffusion Nationale etdonnée en représentation exceptionnelle par le théâtre du Vieux-Colombier.J.-C. Brisville prépare un récit Le Disparu, et une comédie.

CABANIS (José) JULIETTE BONVIOLLE.

Après avoir prolongé l'âge de l'amour, Juliette connaît celui du délaissement,Dans la maison où elle s'est retirée, sans parents ni amis, chacun l'observe, et bientôtla prend pour victime. Parce qu'elle est seule, qu'elle n'est plus belle et qu'iln'est plus utile avec elle de se gêner, tous ses gestes deviennent suspects, toutesses démarches tournées en ridicule, toute sa bonne volonté sans emploi. S'attache-t-elle à une enfant, dont l'amitié lui donne un bonheur qu'elle ne connaissait pas,cela même lui est reproché, et bientôt défendu. Cette maison apparemment pai-sible devient pour elle un enfer. Encore ne sait-elle plus où aller, quand elle est,pour finir, jetée à la rue. Mais cette enfant qu'elle aimait et les jardins frais de laville où elles se promenaient ensemble lui auront appris à connaître, un peu tard,« ce que pleurent les morts ».

Roman d'atmosphère et d'intrigue, ce livre est aussi un roman de caractères.Aux côtés de Juliette, un singulier ecclésiastique, plusieurs femmes tourmentées,un satyre forment une galerie de portraits inquiétants et que le talent de l'auteurde L'Age ingrat et de L'Auberge fameuse ne nous permettra pas d'oublier.

CHAMSON (André) LE CHIFFRE DE NOS JOURS.Au début de ce siècle, dans un des plus vieux pays de la vieille France, les Cévennes,

un petit garçon fait la découverte du monde. Tour à tour triomphant ou humilié,dévasté par le désespoir ou transfiguré par la joie, il fait l'apprentissage de la vie

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BULLETIN D'OCTOBRE 1954

entre les rêveries de son père et le dialogue avec Dieu de son aïeule, à côté d'uneItalienne aux yeux prophétiques, d'un patriarche bâtisseur de routes, d'un notaireami des Muses, d'une fille qui le poursuit jusque sur la plus haute branche d'unmagnolia. Au milieu du fourmillement de plus de cinquante personnages, dans lafamiliarité de pauvres en esprit, de peintres et de poètes, de voyous et de saints,d'une mère qui parle avec les morts, de pêcheurs de lune et d'attrapeurs de nuages,nous pouvons accompagner cet enfant à l'école de Malivert et découvrir avec lui lepouvoir des formes et des couleurs. Nous pouvons courir derrière lui aux bataillesde la montagne, rêver avec lui sous l'ombre du cèdre ou devant la lueur de la bougieet, dans un temps où la France était le premier pays de la terre, voir monter lessignes avant-coureurs d'une catastrophe qui transformera le monde.

Le Chiffre de nos Jours est, d'abord, une confession, la confession que touthomme porte en lui André Chamson ne s'était jamais démasqué comme il le faitdans ce livre. Si, dans La Neige et la Fleur, il avait tenté de comprendre l'universdans lequel vivent les jeunes gens et les jeunes filles de notre époque, c'est sapropre jeunesse qu'il nous livre maintenant.

FORTON (Jean) LA FUITE.

Un soir d'été, Jean-François s'éveille. Sa femme, Laure, dort près de lui d'un pro-

fond sommeil. Jean-François aime Laure, mais elle le rend malheureux. Il a beau laconnaître depuis toujours, elle demeure pour lui mystérieuse et intangible.

Jean-François décide de s'enfuir. Mais à peine a-t-il franchi la porte qu'il se trouveen proie au regret de tout ce qu'il abandonne sa ville, ses amis, les souvenirs deson enfance, et surtout Laure qu'il ne cesse d'aimer.

C'est une nuit de fête et tout se ligue contre Jean-François pour l'empêcher defuir. Le jeune homme rencontre Maité, jeune fille à peine sortie de l'enfance, pourqui il se prend d'un amour soudain. Elle lui apporte tout ce que Laure lui a refuséla confiance, la gentillesse, la compréhension.

D'autres personnages essayent de retenir Jean-François Hugo le clochard, le.vieux copain Robert et Françoise la maîtresse de celui-ci.

Jean-François ira-t-il jusqu'au bout de sa lâcheté ? Aura-t-il le courage de fuirpour de bon ? C'est l'intrigue même de La Fuite.

Jean Forton est né en 1930, à Bordeaux, où il exerce actuellement la profession delibraire. En 1950, il fonde une petite revue littéraire, La Boîte à Clous, qui tiendratreize numéros. Il publie en 1951 une longue nouvelle Le Terrain vague. La Fuiteest son premier roman.

GROUSSARD (Serge) UN OFFICIER DE TRADITION.

1945. M. Brücken, ex-colonel de la Wehrmacht, démobilisé, traîne une vie

misérable à Cologne. Ses multiples blessures font de lui une sorte de loque. Clo-chard, chômeur, homme-sandwich, huissier, il ne perd pourtant rien de sa hauteur,de sa froideur, voire de sa morgue.

Au cours de son procès de dénazification, on s'aperçoit que sa cafrière militairea été jalonnée d'atrocités. Mais ces atrocités et c'est là une des originalités dulivre- ne sont pas des atrocités nazies. Brücken démontre (et on le croit) que lesexécutions sommaires et pendaisons qu'il a ordonnées ont été des mesures stric-tement militaires. Bref, c'est un officier allemand de tradition, implacable, inflexible,mais non cruel. D'ailleurs, il est aussi dur avec lui-même dans l'adversité qu'il l'aété jadis envers autrui dans la guerre. Sa famille décimée, sa femme violée, sonpays démantelé, sa propre misère ne lui arrachent ni une larme ni un soupir.

Cet Officier de Tradition est un personnage qui se hausse jusqu'au type (type queSerge Groùssard introduit, pour la première fois, dans la littérature française),à la fois fascinant et inhumain et que l'on ne peut s'empêcher d'admirer tout enlehaïssant.

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MASSIP (Renée) LA RÉGENTE.

Claude Commun va arriver en retard à l'enterrement de sa mère. Cette éduca-

trice forcenée ne sera plus là pour punir la dernière faute de sa fille. Claude remontele chemin des angoisses de sa vie. La mère avait une main de fer. Dans la famille,le gant de velours était figuré par le père. Mais que peut un gant de velours, sinonsouffrir lui aussi, et le premier, de la main de fer? Claude ressent maintenant unetendresse infinie pour ce gant de velours qui n'est plus animé.

En remontant la route des angoisses, Claude Commun découvre, sous la terriblepersonnalité qu'elle redoutait à chaque heure, un être tourmenté d'anxiétés etd'orgueils, auquel il n'est plus temps d'ouvrir les bras.

Ce livre est un roman d'une forme originale. L'invention y prend l'allure del'évocation. Le présent et le passé s'y fondent comme dans chaque vie lorsque n'in-tervient pas l'ordre logique.

Autour du visage puissamment vivant de la Régente passent, ombres cocasses,des visages de province les Désestruc, les Apistin, Mademoiselle de la Poste.

La Régente nous ouvre la porte de domaines qui furent hantés par la peur et ledésespoir enfantins, où la tendresse a pourtant pris racine.

MORIO (Daniel) LA DEUXIÈME CHANCE.

Orphelin de bonne heure, Bernard a été sauvé, puis recueilli par Jacqueline, desix ans son aînée, médecin d'enfants dont la carrière s'annonce des plus brillantes.Il doit l'épouser; en attendant, il se laisse entretenir par elle. Un jour, au coursd'un voyage à Rome, il rencontre Francesca, et l'équilibre de sa vie est rompu.Alors commence la ronde Juana, Ellen, la Robe Blanche, Denise. Pour conquérirune femme, Bernard a besoin de la célébrité, mais, au moment de travailler, il rêvede femmes. Dans cette ronde, où alternent la joie et le désespoir, un homme, parderrière, tire les ficelles l'invisible Dr Fuchs, médecin sans médicaments, conseiller

qui ne conseille jamais.Avec lui intervient dans le roman le thème de la psychanalyse, mais elle est mêlée

à l'intrigue sans en être l'objet, et son rôle y est envisagé sans prise de positionextrême elle n'est ni une supercherie parfois dangereuse, ni une formule magiquedu bonheur, mais une aide pour un deuxième départ vers un destin que le sujetdevra lui-même assumer.

PARON (Charles-Louis) CETTE TERRE

Dans l'Inde qui se débat contre la misère, le vieil Aziz Abdâl a gagné sa retraiteau Département des Finances du Pundjab. Libre maintenant, il s'offre pour œuvrerau bien des musulmans et il est repoussé par les musulmans en place. Il a cru enl'amitié, et un drame de famille lui découvre le vrai visage de l'ami d'enfance. Ils'était imaginé les choses immuables, leur ordre bien établi, il pensait qu'il mourraitbientôt étant donné son âge, et il s'aperçoit qu'innombrables sont ceuxqui meurentavant l'heure. Il vit à Lahore; ailleurs on vit aussi, mais on meurt plus vite dans lesvillages bombardés du Nord-Ouest. Et sa fille Ouzrah, militante syndicale, est assas-sinée par les hommes de main d'un grand propriétaire terrien.

Même si, de tout temps, il en avait été ainsi, le viel Abdâl ne peut plus l'accepter.Il a toujours été doux et paisible, mais il souhaite maintenant que meurent ceuxqui font mourir avant l'heure par la misère et que l'on ait, comme sa fille Ouzrah,le courage de les dénoncer.

Charles-Louis Paron est né à Bruxelles en 1914. De 1935 à 1938, il est correspon-dant,de guerre dans le Moyen-Orient. Il a publié aux éditions de la" N. R. F.Zdravko le Cheval, Et puis s'en vont et Marche avant. Prix de la Guilde du Livre,Lausanne, 1945 Prix André-Baillon, Bruxelles, 1947.

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PERRET (Vivette) LA TRESSE.

Deux femmes aiment le même homme. L'une, Marie, est malade cinq ans aupa-'ravant,elle a quitté Lyon,où elle vivait confortablement avec son mari, pour suivreJacques à Paris. L'autre, plus jeune, aime Jacques plus simplement. Les deux femmesse trouvent réunies dans la chambre de Marie le jour où le drame va se dénouerelles ignorent encore comment.

Tout au long de cette journée grise, pluvieuse, dans une chambre où l'une d'ellesest couchée, les deux femmes vont parler et se souvenir leurs vies et celle deJacques se sont mêlées au cours des années comme les trois brins d'une tresse.

A mesure que tombe la nuit, Marie se sent plus faible. Mais Jacques revient enfin.Et c'est seulement au moment où Marie va mourir qu'il croira l'aimer, elle et nonl'autre, elle à qui il voudrait alors tout donner, mais trop tard.

On retrouve ici les traits qui caractérisaient déjà La Vie privée de Vivette Perretla même passion et la même réserve, et aussi le même talent pour évoquer uneville- Lyon cette fois, avec ses brumes et ses fleuves.

PILOTAZ (Paul) KANDA.

Kanda, fils de Citafa, le chef de village, est un Noir africain. On le voit d'abordparmi les siens dans le village de Coyah il joue de la viole, et, peu à peu, dans seschansons et dans ses rêves se précise l'image d'une jeune fille entrevue lors d'unvoyage, Mariama. C'est pour la retrouver qu'il part. Il travaille ici et là, enfinil arrive au pays de l'or et descend dans les mines.

Quand \i revient, ne rapportant qu'un petit sachet de poudre d'or, son père estmort, empoisonné par son oncle, qui est maintenant le chef et entend le demeurer.Il marie d'abord Kanda- avec une Mariama qui n'est pas celle du rêve, mais qui ledeviendra- quand soudain il meurt en accusant Kanda. Personne au village necroit à cette accusation, mais la coutume est formelle les paroles d'un mourant sontsacrées. Kanda est chassé de la communauté.

Avec Mariama, il va s'installer au flanc d'une montagne d'où il domine la plainede Coyah. Ils bâtissent une case, défrichent, sèment. Un bonheur, durement gagné,une paix extraordinaires comblent Kanda. Avec l'or qui lui reste, il fait façonnerpar le forgeron du village une étoile qu'il attache sur le front de Mariana. Bientôtils auront un fils quelques hommes viennent se grouper autour d'eux, des casess'élèvent sur la montagne.

Une étrange sérénité- étrange parce rien ne la justifie apparemment- se dégagede ce récit on a le sentiment que tout est présent et vrai et qu'on est en attenteau bord d'une vérité essentielle- qui ne doit pas être révélée.

Paul Pilotaz, planteur de bananes en Guinée depuis 1926, a publié jusqu'ici unrécit Soleil noir, et deux romans La Part de Ciel (Prix de la Guilde du Livre, 1950,et Prix de l'A.-O. F., 1952) et Combat avec l'Homme.

ROUVIER (Suzanne) LA RUE DE L'OUED.

Trois personnages, dont le destin Charles et Sandra, qui vont s'aimer, au Maroc,en 1940 Aude, qui est leur ombre et qui fait leur malheur.

L'histoire des deux amants serait simplement passionnée sans l'histoire d'Audequi la traverse et l'obscurcit. Aude semble connaître Charles, elle sait ce queSandra ne sait pas qu'il est agent allié. Familièrement, elle l'appelle Charlie. Il apassé par Harvard mais, franco-suédois, il s'appelle aussi Cari et Karl est le nomde l'officier allemand qu'Aude, avant la guerre, a aimé uniquement et qu'elle fuiten Afrique. Charles le fait venir. Aude l'évite. Il ne sera jamais que suggéré, aperçuà l'improviste. Mais il motivera les pièges, les doutes, les jeux de la jalousie oùSandra, qui écrit le récit dans l'ignorance de ses mobiles secrets, finira par déses-

pérer de son amour et par le détruire.Suzanne Rouvier, française avec des antécédents italiens et américains, est fille

de Raoul Vignon, souvent cité par Claudel pour ses ouvrages de philosophie et de

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biologie. Elle s'est mise à écrire pendant la guerre, en exil, d'abord en vers (fran-çais, anglais), et puis en prose, avec un roman d'enfance d'une atmosphère étrange:Chasse (1947).

TRADUCTIONS

CALDWELL (Erskine) UN PATELIN NOMMÉ ESTHERVILLE.Traduit de l'américain par Charles Cotteley.

Collection « La Méridienne ».

Le roman nous conte les tribulations d'un couple fraternel de métis, celui de

Ganus et de sa sœur Kathyanne. Poursuivis par la fureursexuelle des blancs, dupéset humiliés par eux, ils sont obligés de quitter, l'un après l'autre, les places où ilstravaillent. Ganus finira tué à coups de hache par un bûcheron, dont la femme l'aaccusé, à tort, de l'avoir violée.

Sa soeur a plus de chance. Engrossée par un blanc, elle rencontre un homme desa race qui l'aime et accepte de l'épouser. C'est un « bon docteur » blanc qui réaliseleur union et c'est lui qui prononce les paroles d'espoir sur lesquelles s'achèvecette tragédie «Je sais, dit-il à un policier qui s'est fait une spécialité de traquerles Noirs, que vous avez l'intention d'éliminer tous les nègres, et vous n'êtespas le seul, mais, là, vous vous trompez. Le monde a pas mal changé en une généra-tion et il changera encore au cours de la prochaine.»

t

JACOBSEN (J. F.) BARBARA.

Traduit du danois par Karen et André Martinet.Collection « La Méridienne ».

Barbara est une jeune veuve (son premier mari était l'ancien pasteur) habitéepar le démon de la chair et dont les frasques font le sujet de tous les commérages.Nous sommes dans les îles Féroé, au XVIIe siècle.

Barbara aime M. Paul, le nouveau pasteur, et celui-ci, quoique prévenu contre lacharmante pécheresse, se laisse séduire. Ils connaissent quelques mois de bonheurparfait. Mais Barbara s'enfuit avec Andréas. A son tour, elle sera délaissée et sondésespoir étonnera tous les habitants de l'île.

La touchante histoire de Barbara doit beaucoup de sa magie à la poésie de la meret du vent dont est baignée cette terre âpre des Vikings.

ESSAIS

BRISVILLE (Jean-Claude) LA PRÉSENCE RÉELLE.

Ceci est le portrait d'un jeune écrivain que travaille « la difficulté d'être » et quia cru trouver sa solution dans la création littéraire. Mais,à la suite de la chute d'une

pièce en laquelle il mettait tout son espoir, il s'aperçoit que, croyant arriver à l'es-sentiel, il ne s'approchait de rien. Devenu absent de lui-même, ne serait-il qu'undéfroqué de la littérature ?

En filigrane de ce portrait, c'est la critique de la « vocation » que l'auteur a vouluinscrire. L'exigence de l'artiste envers l.ui-même a sa grandeur, qu'il n'est pas ques-tion de discuter. Mais il faut rappeler à quel prix elle est obtenue. Par les techniquesconjuguées du journal, du portrait, de la maxime et même du pastiche critique,l'auteur s'est permis, d'autre part, de formuler sur la littérature, la conduiteartistique et quelques sujets non moins graves, un certain nombre de remarquesqui lui tenaient à cœur.

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IBROWN (John) PANORAMA DE LA LITTÉRATURE CONTEMPORAINE AUXÉTATS-UNIS.

Collection « Le Point du Jour »,dirigée par René Bertelé.

Ce livre, établi selon la formule du Panorama de la nouvelle Littérature françaisede Gaëtan Picon, comprend deux parties principales une introduction et un choixde textes.

L'introduction constitue, pour la première fois, sans doute, en France, une étuded'ensemble, méthodique et suivie, de la littérature américaine contemporaine àtravers ses diverses tendances et ses différentes manifestations le roman, la poésie,le spectacle, le mouvement des idées, etc., dans ces trente dernières années. Entrois cents pages substantielles, les écrivains et leurs œuvres principales sont ana-lysés de façon aussi précise et complète que possible- parfois sous un éclairagenouveau pour le lecteur français, car l'auteur nous propose en général, dans cePanorama, un certain reclassement des valeurs.

La critique de John Brown n'est jamais abstraite, mais s'efforce, au contraire, detenir compte des réalités concrètes la vie des auteurs, leur milieu, les conditionshistoriques et sociales qui, aux États-Unis plus qu'en France peut-être, déterminentla création littéraire. John Brown consacre à ces facteurs d'importants développe-ments.

Ainsi, cette introduction, prolongée de 300 pages de textes (dont certains inéditsen français) d'écrivains américains contemporains et illustrée de 16 hors-textephotographiques, veut être, autant qu'un essai critique, l'évocation d'une civili-sation à travers une littérature.

ETIEMBLE LE MYTHE DE RIMBAUD, 1 GENÈSE DU MYTHE.

Collection « Bibliothèque des Idées »

« Plusieurs excellents esprits ayant feint de se méprendre sur la Structure duMythe, je précise que, paradoxalement, lorsque j'écris du Mythe de Rimbaud,c'est du mythe en effet de Rimbaud que j'écris (c'est-à-dire, pour ceux qui essaie-raient, cette fois encore, de ne pas comprendre de Rimbaud en tant qu'il est senti,interprété comme un mythe; de Rimbaud en tant qu'il est l'objet de ferveurs etd'erreurs collectives).

» Après la Structure, avant le Succès, voici donc la Genèse du Mythe. De 1869 à1949, je cherche à reconstituer le système de mensonges et d'aberrations qui, desemaine en semaine et de pays en pays, a propagé le nouvel évangile. En France,oui, mais en Allemagne, aux États-Unis, en Grèce, en Hollande, en Espagne,au Mexique, en Angleterre, au Danemark, en Norvège, en Italie, au Japon, enU. R. S. S. et dans le Proche-Orient, etc.

Les bibliographies, d'ordinaire, ça ne se lit pas. Il m'a donc semblé piquantd'en écrire une et de la vouloir amusante. J'ai fait en sorte qu'on pût la lire dans lebon sens et même à rebours, à la façon d'un roman policier; aussi qu'on y pûtjouer ainsi qu'au jeu de l'oie.

» ETIEMBLE.»

PROUST CONTRE SAINTE-BEUVE suivi de NOUVEAUX MÉLANGES.

A la fin de l'automne 1908, Proust rentre de Cabourg épuisé. Depuis longtemps,il arenoncé à son œuvre. Profitant d'un répit que lui laisse sa maladie, il commenceun article pour Le Figaro Contre Sainte-Beuve. Six mois plus tard, l'article estdevenu un essai de trois cents pages. Conversant librement avec sa mère, l'au-teur entrelace, autour d'une réflexion sur Sainte-Beuve, les souvenirs personnels,les portraits d'amis, les impressions de lecture. Voici le château de Guermantes

,voici M. de Quercy et Mme de Cardaillac, grands lecteurs de Balzac, mais qui res-semble à s'y méprendre à Charlus et à Gilberte. Sans le savoir, Proust vient delibérer son génie.

Cet extraordinaire document est beaucoup plus qu'un document. Proust ne vou-

lait pas qu'on mît des idées dans un roman. Toutes les analyses qu'il a écartées de

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LA

~0 U vELLE l~~REVUE MENSUELLE DE

Rédacteurs en chef JEAN PAULHAN, MARCELJ

publiera dans

ANTONIN ARTAUD Fragmentations.GEORGES BATAILLE. L'Au-delà du Sérieux.MARCEL BISIAUX. Les Petites Choses.ËDITH BOISSONNAS. Le Grand Jour.GEORGES BRAQUE Nouveaux Propos.ALBERT CAMUS.La Pierre qui pousse.RENÉ CHAR Poèmes.RENÉ DAUMAL. La Transmission de la Pensée.LOUIS-RENÉ DES FORETS. La Chambre des Enfants.PAUL DESMETH. Un Miroir, Souvenir.MIRCEA ELIADE Le Mythe du bon Sauvage.ÉTIEMBLE Mots d'Enfant.GALILÉE Lettres.HEIDEGGER Situation de Georges Trakl.EUGÈNE IONESCO. La Vase.MAX JACOB Trois nouveaux Figurants.KAFKA.Amerika (chapitres inédits).MARCEL JOUHANDEAU. Éléments pour une Éthique.GEORGES LAMBRICHS. Ondique.PAUL LÉAUTAUD. Journal littéraire.F. G. LORCA. Le Public.ANDRÉ MALRAUX. La Métamorphose des Dieux (III).HENRI MICHAUX Témoin, qu'as-tu fait de tes Yeux?JEAN PAULHAN. Les Douleurs imaginaires.FRANCISPONGE. Textes.GEORGES POULET. Le Cercle infini chez Flaubert.MARCEL PROUST Carnets inédits.JEAN-PIERRE RICHARD. Dynamique de Baudelaire.ANDRÉ SUARÈS Le Paraclet.JULES SUPERVIELLE. Quarante Ans après.PAUL VALÉRY Lettres.

des poèmes, essais et récits de

Arthur Adamov, Roland Barthes, Béatrix Béck, Julien Benda, Marc Bernard, Yves Bonnefoy,Léon Bopp, Henri Bosco, André Breton, Louis de Brogjie, Roger Caillois, Jean Cassou,L.-F. Céline, Jacques Chardonne, E.-M.Cioran,Ch.-A. Cingria, Paul Claudel, Michel Cournot,F. Crommelynck, Noël Devaulx, André Dhôtel, Jean Follain, L. Dormandi, Paul Gadenne,Pierre Gascar, Jean Giono, Julien Gracq, Julien Green, Jean Grenier, Jean Grosjean, Jean

Guéhenno, Louis Guilloux, Franz Hellens, E. Ionesco, Philippe Jacottet, Valery Larbaud, jQ'aGeorges Limbour, Armen Lubin, Félicien Marceau, Roger Martin du Gard, Louis Massi-gnon, Henry de Montherlant, Paul Morand, Roger Nimier, Norge, Brice Parain, GeorgesPoulet, Henri Pourrat, Jean Rostand, Saint-John Perse, Nathalie Sarraute, GeorgesSchéhadé, Jean Schlumberger, A.-M. Schmidt, Jean Tardieu, Michel Vinaver.

des textes de

Gottfried Benn, Jorge Borges, George Borrow, Thomas Brown, Dostoïevski, Lewis. Carroti,William Faulkner, William Goyen, Kafka, Henry Miller, Robert Musil, Alexis Remizov,,

R.-M. Rilke, Strindberg, Dylan Thomas, Giuseppe Ungaretti.de vieux textes français et des inédits de: ~(!

Benjamin Constant, L.-P. Fargue, Flaubert, André Gide, Mérimée, Péguy, Marcel Proüst.,C.-F. Ramuz, Jules Renard, A. de Saint-Exupéry, Paul Valéry.

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^VELLE

~ue FrançaiseIRATURE ET DE CRITIQUE

^D. Secrétaire de Rédaction DOMINIQUE AURY

*pchains numéros:

Jean Paulhan et Marcel Arland reçoivent le mercredi, de 5 d7 heures.

La Revue n'est pas responsable des manuscrits qui lui sont adressés.

Les auteurs non avisés dans un délai de trois moisde l'acceptation de leurs manuscritspeuvent les faire reprendre au bureau de la Revue, où ils restent à leur dispositionpendant un an.

Les manuscrits accompagnés des timbres nécessaires pour les frais de poste sontseuls retournésà leurs auteurs.

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BULLETIN D'OCTOBRE 1954

La Recherche du Temps perdu, on les trouvera ici. Nerval, Chardin, Balzac, Goethe,Joubert et Chopin sont étudiés en des pages d'une intelligence et d'une sensibilitéégalement profondes. Elles nous confirment ce dont on se doutait déjà que Proust,le plus grand romancier de son siècle, pourrait bien en être aussi le plus grand cri-tique.

DOCUMENTS

BOBARD (Mag) L'INDOCHINE, C'EST AUSSI COMME ÇA.Collection « L'Air du Temps »,

dirigée par Pierre Lazareff.

Depuis que Mag Bodard a achevé son livre, l'armistice est survenu en Indochineet a partagé en deux le pays. Ainsi les événements justifient douloureusement l'opi-nion de l'auteur dès les premiers mois de son séjour.

C'est une femme qui parle (car elle n'écrit pas, elle raconte avec un syle qui esttout personnel) en se défiant toujours des grands mots. Elle fait son reportage toutpersonnel, et il se trouve à la fin que sa petite histoire éclaire singulièrement lagrande. Mag Bodard n'a pas écrit non plus un ouvrage humoristique sur l'Indochine.

Il n'y a d'ailleurs pas que la guerre dans le livre de Mag Bodard la découverted'un pays surprenant aux yeux d'une Occidentale, de la baie d'Angkor aux petitsrestaurants de Cholon, la rencontre de types d'humanité bizarres illustrent sonlivre et donnent la mesure de la vie en Indochine pendant le conflit.

L'Indochine, c'est aussi comme ça est-il un livre de femme ?Oui, si on penseque, sur un problème nouveau et un drame, une femme pose un regard de bon sens,de justice et d'amitié. Mag Bodard, ou « la vérité sort de la bouche des femmes ».

SILVAGNI LA PEAU DES MERCENAIRES.

Préface de Marcel Sauvage.

Collection « L'Air du Temps »,dirigée par Pierre Lazareff.

En écrivant La Peau des Mercenaires, Silvagni nous donne ce choc, jamais ressentidepuis le premier livre de Céline il crée un monde en nous restituant son langageparticulier. Dès lors, plus de pittoresque de cinéma et de chansons. Pour la premièrefois, c'est la Légion qui parle (et dans un langage parfois, faut-il le dire, qui nepermet pas de mettre le livre entre toutes les mains).

L'auteur, Giulio Cesare Silvagni, est chevalier romain. Dans son entourage,on parle français, on parle de la France, et c'est tout naturellement que Silvagnise rend. à, Paris dès qu'il le peut, afin de poursuivre ses études de peinture etrencontrer les personnages qui l'intéressent Germaine Dulac, pour laquelle ilfait des décors qui marquent une époque Antonin Artaud, pour qui il matérialise« la ports et la serrure » de La Coquille et le Clergyman Carl Dreyer, qui luidemande des décors pour le Vampyr.

Aujourd'hui, Silvagni dirige une galerie de la rive gauche. Il a exposé à Paris et àl'étranger.

Cet homme, que toutes les aventures spirituelles trouvaient disponible, s'estsenti attiré par la Légion étrangère. Il y a servi avant, pendant et après la guerre.Au milieu des combats, dans l'ennui des bleds, partout, du désert en Alsace, Sil-vagni portait ses deux musettes réglementaires, et la troisième qui contenait sescahiers. Documentaire inestimable Mais ce ne sont pas que des cahiers de route.C'est une histoire de l'homme, de l'homme légionnaire. Étrange bouillonnementde passions, de déraison, d'enthousiasmes, comme si ladisc.pline de fer ne servaitqu'à exalter les forces individuelles, à les pousser à leur paroxysme.

Extrait de la publication

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BULLETIN D'OCTOBRE 1954

TRADUCTIONS

WHITE (Theodore H.) LE FEU SOUS LA CENDRE.

Traduit de l'américain par Jean Bué.

Collection « L'Air du Temps »,dirigée par Pierre Lazareff.

Les cendres sont celles de l'Europe meurtrie, déchirée le feu, c'est la vie quisurgit des décombres. Les espoirs et les craintes que fait jaillir ce renouveau de vie,Theodore H. White les analyse pour nous avec une remarquable maîtrise et uneprofonde connaissance historique du sujet.

La lucidité et l'intelligence avec lesquelles l'auteur traite le problème de la Francedonnent la mesure de son talent et aussi de son honnêteté, car il avoue son impuis-sance à comprendre où va ce pays, paré de toutes les gloires et de toutes les richessesde traditions, d'habileté, de courage, de beautés.

Theodore H. White, l'un des plus remarquables journalistes de ce temps, dis-tingué à l'unanimité par The Book of the Month (le Livre du Mois), est Américain.Il est bienveillant, il aime avant tout les hommes et croit en eux, et,à ce titre, quellesque soient les appartenances ou les opinions du lecteur, il ne pourra que trouvermatière à réflexion dans ce document admirablement conçu.

c

RELIURES D'ÉDITEUR

d'après la maquette de PAUL BONET.

HÉRIAT Philippe L'Innocent, 500 ex. numérotés sur vélinlabeur 1.800 fr.

©

DIOGÈNEREVUE INTERNATIONALE DES SCIENCES HUMAINES

SOMMAIRE DU NUMÉRO SEPT

A.-C. PIGOU Quelques aspects du Welfare State.Charles G., BELL Réflexions sur la Tragédie.Eric DARDEL Signification du Mythique. >*Arnaldo MOMIGLIANO Cent Ans après Ranke.Gerhard RITTER Démocratie directe et Totalitarisme.

Raoul ERGMANN Les Chances d'un Dialogue Berenson et• Malraux.

Jean-Paul ARON. Le Problème de l'Évolution.

Prix du N° 200 fr. -Abonnement annuel (4 n08) France 700 fr. Étranger 875fr.Les abonnements sont reçus au « Service Abonnements Diogène », LibrairieGallimard, 5, rue Sébastien-Bottin, Paris (7e) C. C. P. Paris 169-33,

et chez tous les libraires.

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BULLETIN D'OCTOBRE 1954

PUBLICATIONS DU 15 JUILLETAU 15 SEPTEMBRE

On trouvera ici tous les renseignements biliographiques sur les ouvrages effec-tivement parus du 15 juillet au 15 septembre 1954 et dont l'analyse a été publiéedans l'un de nos précédents bulletins ou dans le présent bulletin.

ROMANS

ALLEINS Madeleine L'Étrangère dans les Portes. 272 p., in-16double couronne. Collection blanche. 500 fr.

CABANIS José Juliette Bonviolle. 232 p., in-16 doublecouronne. Collection blanche. 450 fr.

CHAMSON André LeChiffredenosJours.4l6p., in-8» soleil.Collection blanche. 790 fr.

GROUSSARD Serge Un Officier de Tradition. 244 p., in-16double couronne. Collection blanche. 450 fr.

MASSIP Renée La Régente. 272 p., in-16 double'cou-ronne. Collection blanche 540 fr.

PARON Charles-Louis Cette Terre 240 p., in-16 double cou-ronne. Collection blanche 490 fr.

PERRET Vivette La Tresse. 160 p., in-16 double couronne.Collection blanche. 320 fr.

ÉTIEMBLE Le Mythe de Rimbaud. I. Genèse duMythe. 1868-1949. Bibliographie ana-

(Renseignements bibliographiques.)

20 ex. numérotés sur pur fil LafumaNavarre 1.800 fr.

20 ex. numérotés sur pur fil LafumaNavarre 1.500 fr.

5 ex. numérotés sur Hollande 5.000 fr.50 ex. numérotés sur pur fil LafumaNavarre. 2.400 fr.

60 ex. numérotés sur pur fil LafumaNavarre. 1.500 fr.

20 ex. numérotés sur pur fil LafumaNavarre. 1.800 fr.

20 ex. numérotés sur pur fil LafumaNavarre. 1.500 fr.

20 ex. numérotés pur fil LafumaNavarre 1.000 fr.

LITTÉRATURE

Xus. if'

lytique et critique, suivie d'un supplé-ment aux iconographies. 544 p., in-8ocarré. Collection « Bibliothèque desIdées»» 1.100 fr.

Extrait de la publication

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BULLETIN D'OCTOBRE 1954

GIDE André. Journal 1939-1940. Souvenirs Si leGrain ne meurt. Souvenirs de la Courd'Assises, Voyage au Congo, LeRetour du Tchad, Carnets d'Egypte,Feuillets d'automne, Et nunc manetin te. Ainsi soit-il ou les Jeux sontfaits. 1.280 p., in-16 double couronne,reliure pleine peau, présentation sousemboîtage en matière plastique trans-parente. 2.800 fr.

PROUST Marcel Contre Sainte-Beuve suivi de NouveauxMélanges. Préface de Bernard de Fallois.448 p., in- I6 double couronne. Collec-tion blanche. 900 fr.

10 ex. numérotés sur japon. 30.000 fr.75 ex. numérotés sur Hollande. 10.000 fr.

500 ex. numérotés sur pur fil LafumaNavarre 2.700 fr.

DOCUMENTS

KESSEL Patrick La Vie de Saint-Exupéry. 112 p. au for-mat 16,5 x 21,5, comportant 87 illus-trations en simili 750 fr.

SÉRIE NOIRE

ARD William. On tue le veau gras. Traduit de l'améri-cain par Michèle Laurent.

CHASE J. H. Partie fine. Traduit de l'anglais parJ. Witta.

SIMONIN Albert Le Cave se rebiffe.

GOODIS David. Le Casse. Traduit de l'américain parL. Brunius:

PRATHER S. Richard Pas un poil de sec. Traduit de l'améri-cain par Maurice Tourneur.

CHABER M. E. Voué au blanc-bleu. Traduit de l'amé-ricain par Janine Hérisson.

REEVES Robert. Au Finish. Traduit de l'américain parBruno Martin.

CHASE J. H. Traquenards. Traduit de l'anglais parHélène Hécat.

MALLEY Louis. L'Indic. Traduit de l'américain par BrunoMartin.

Chacun de ces volumes 220 fr.

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BULLETIN D'OCTOBRE 1954

.EXTRAITS DE PRESSE

GUILLOUX (Louis): PARPAGNACCO ou LA CONJURATION,roman.

224 p. in- 16 double couronne. Coll. blanche. 450 fr.Iex. num. sur Hollande 3.500 fr.60 ex. num. sur pur fil 1.500 fr.

500 ex. num. sur vélin labeur, reliés d'après lamaquette de Mario Prassimos En préparation.

Un conte, une aventure, une fantaisie vénitienne traitée avec une légèreté deScaramouche. Louis Guilloux écrit là pour le plaisir, et le plaisir déborde.

Kléber HAEDENS, Paris-Presse, 4 juillet 1954.

Un roman où le merveilleux et l'angoisse peuplent la ville incomparable, Venise,de personnages hallucinants et tendres que l'on n'avait encore jamais rencontrésdans les romans de Guilloux. C'est un récit très neuf, très libre, où l'auteur, en

somme, ne doit rien à personne, et pas plus à Hoffmann, à Poe ou à Conrad qu'àses premières œuvres.

Henri PETIT, Le Parisien Libéré, 13 juillet 1954.

Le ravissant Parpagnacco, de Louis Guilloux, tient à la fois du conte fantastiqueet du roman d'aventures. Personnellement il m'a enchanté.

Robert MARGUERITE, Le Populaire du Centre, 13 juillet 1954.

Un des chefs-d'œuvre du conte moral d'aujourd'hui.

Jean BLANZAT, Le Figaro Littéraire, 24 juillet 1954.

on en sera enchanté.

Maurice FAURE, Les Lettres Nouvelles, ler août 195^.

poétique mélange d'émerveillement vénitien et de nostalgies nordiques.

René LALOU, Les Annales, I" août 1954.

Depuis L'Enfant de la Haute Mer de Supervielle, aucun récit fantastique, aucuneféerie ne m'enchante autant que Pirpagnacco de Louis Guilloux. De la critique7Non, sans doute. Mais une crise d'amour.

Robert KEMP, Le Soir (Bruxelles), 14 août 1954.

Mélodrame magique, où tout se croise et se dédouble. Il fallait un singuliertoupet à Louis Guilloux et la maîtrise que cela suppose- pour oser caser sonhistoire à Venise, dont chaque pierre a été cent fois décrite et dont il a réussi àrajeunir certains aspects les plus resucés.

Hervé BAZIN, L'Information,1septembre 1954.

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BULLETIN D'OCTOBRE 1954

SALACROU (Armand) THÉATRE, VI. L'ARCHIPEL LENOIR ou IL NE FAUT PASTOUCHER AUX CHOSES IMMOBILES. Note surlaVie et la Mort de Charles Dullin. POOF

(Comédie-Ballet). Note sur mes Certitudes et Incertitudes Morales et Politiques. DIEU LESAVAIT ou LA VIE N'EST PAS SÉRIEUSE.

Un volume in- Idouble couronne 570 fr.30 ex. numérotés sur pur fil Lafuma Navarre.. 1.800 fr.

1.000 ex. num. sur alfa, reliés d'après la maquettede Mario Prassinos 1.480fr. (à paraître en octobre).

Lasincérité des propos de cette espèce de confrontation hautaine et doulou-reuse découvre un Salacrou moraliste dont le cri rappelle à bien des égards unPascal. Même hauteur de pensée, même orgueil, même humilité, mais le pari enmoins. Testament de l'auteur peut-être. Pages admirables d'un de nos grandsdramaturges contemporains.

Yvon HECHT, Paris-Normandie, Iljuin 1954.

Salacrou va vers un classicisme moderne. Ses personnages sont directs, ils sonthumains, ils subjugent leurs interprètes. Ils ont l'aspect conformiste de notre époque,et pourtant ils ont une volonté tenace qui laisse transparaître leur véritable gran-deur qui, elle, est de tous les temps. Le théâtre de Salacrou est un théâtre trèsécrit avec une force et surtout un dynamisme excellemment théâtral, avec en plusune maîtrise technique éblouissante.

Charles DULLIN, Propos sur L'Archipel Lenoir recueillis par AndréBrissaud et publiés dans les Cahiers de la B. M. le 15 juin 1954.

L'Archipel Lenoir, Poof et Dieu le savait, un triomphe et deux succès plusdiscutés ces derniers pour des motifs où le « puffisme » et l'hypocrisie sont, certes,pour quelque chose. la vie et la mort de Charles Dullin, poignant hommage. et« mes Certitudes et Incertitudes », profession de foi rationaliste et émouvanteconfession de l'auteur.

Gaston JOLY, L'Aurore, 5 juillet 1954.

Une petite fille violée il y a vingt siècles par un bourreau de Tibère, un procèscontre Aspects de la France, les étincelles de l'art publicitaire, les mugissementsd'une grève sur les quais du Havre, le bourdonnement d'un insecte captif inspirentcette méditation grave et simple d'un homme du demi-siècle, une méditation qu'ilfaut lire.

L'Express, 10 juillet 1954.

.qui font d'Armand Salacrou le premier dramaturge français d'aujourd'hui.Cette fois, le témoignage est total, avec une intensité dramatique qui étreint lelecteur.

Armand Salacrou y a livré les cris les plus poignants de la longue querelle qu'ilcherche à Dieu parce que son cœur et son esprit souffrent de ne pas comprendrela vie.

Georges SION, La Nation belge, 25 juillet 1954.

C'est en mesurant mes termes que je dirai que cette note est d'un grand écri-vain. Et l'inquiétude qui sourd à chaque ligne de ce texte contribue sûrement àson extrême qualité.

la minutie scrupuleuse de l'honnêteté de Salacrou. ses échappées humoris-tiques ou poétiques. Il faut les lire.

Roger STÉPHANE, France-Observateur, 8 septembre 1954.

Extrait de la publication

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BULLETIN D'OCTOBRE 1ÙS44

ÉCHOS PROJETSLe 8août 1954,Honfleur, à l'occasion du centenaire de la naissance d'Alphonse

Allais, un jury composé d'Henry Jeanson, Fernand Ledoux, Pierre Varenne, JeanFerry, Max Favalelli, André Warnod, Henry Magnan (avaient voté par correspon-

dance Raymond Queneau, René Clair, Jacques Lemarchand.AnatoleJakosky, MarcelAchard et Paul Gilson), a unanimement décerné le « Prix séculaire d'Horticultureallaisienne) à Eugène Ionesco, qui a obtenu, en outre, la faveur exceptionnelle defaire partie du prochain jury (en 2054).

Le Théâtre d'Eugène Ionesco paraît cet automne en librairie; le volume com-prend Les Chaises, La Cantatrice chauve, La Leçon, Jacques ou La Soumission,Victimes du Devoir, Comment s'en débarrasser, et une préface de JacquesLemarchand.

• Le Livre et la Scène.

C'est par erreur que nous avions annoncé que, dans sa pièce Les Cyclones,Jules Roy jouerait le rôle du général en revanche, c'est un autre romancier,François Darbon, auteur des Suspects, qui interprète le rôle de l'ingénieur.

Georges Herment, l'auteur des Brise-Fer, a tenu sa partie de jazz, pendant toutle mois de septembre, à Saint-Tropez, dans l'orchestre de Jimmy Rena.

Gaëtan Picon·a quitté définitivement le Liban, où il dirigeait depuis trois ansl'École Supérieure des Lettres, pour occuper, à partir du Ier novembre prochain,un poste de professeur à l'Institut français de Florence. Gaëtan Picon (qui vient derecevoir l'exemplaire justificatif de son Panorama de la Nouvelle Littérature fran-çaise dans la traduction japonaise) fera des conférences au milieu d'octobre, àGenève, Lausanne, Dolémont et La Chaux-de-Fonds. Sujets choisis « La Littéra-ture et le Temps », « Situation de la Critique française contemporaine» et « DesGoûts et des Couleurs faut-il discuter ? ».

• Marcel Jouhandeau doit donner une conférence, le 20 octobre, à Bruxelles,sur « La Littérature confidentielle ».

Enid Mac Leod, auteur d'un très beau livre sur Héloïse paru en traductiondans la collection « Leurs Figures » en 1940, et l'un des amis les plus actifs dela culture française, vient diriger, à partir du mois d'octobre, les services duBritish Council à Paris.

Jean Giono met la dernière main au manuscrit du Bonheur fou, qui paraîtraau début de l'année 1955 on sait qu'il s'agit de la suite du Hussard sur le toit.Giono a, d'autre part, entrepris deux traductions fort différentes d'abord, en colla-boration avec Catherine d'Ivernois, L'Expédition d'Humphrey Clincker, le dernierroman écrit (en 1771) par Smollet;-ensuite, en collaboration avec Mme de Saen-ger, le Simplicius Simplicissimus, de Grimmelshausen, longue épopée familièrecontemporaine de la Guerre de Trente ans, écrite en vieil allemand mêlé d'ancienpatois et de vieux tchèque.

• Un laboratoire souterrain de biologie a été créé à Moulis, dans une grotte del'Ariège, sur l'initiative du professeur René Jeannel, auteur des Fossiles vivantsdes Cavernes (« passionnant comme un roman », dit Queneau) ce centre scienti-fique est dirigé par le professeur Vandel, auteur de L'Homme et l'Évolution.

• Rencontre de titres.

Jean Guéhenno s'excuse d'avoir, sans le savoir, repris, pourun livre qu'il a récem-ment publié, le titre d'un beau livre de Mlle Nathalie Clifford-Barney, qu'il regrettede n'avoir pas connu plus tôt Aventures de l'esprit. Il est venu de lui-même àcette alliance de mots, « aventure de l'esprit », comme à une expression profon-dément conforme à sa propre pensée et à son propre langage.• Pour paraître, entre autres, en octobre, les romans de Simone de BeauvoirLes Mandarins de Roger Vailland Beau Masque de Louise de Vilmorin LesBelles Amours le poème d'Aragon Les Yeux et la Mémoire un album de JeanEffel La Création du Monde, IV Le Ciel et Mallarmé lycéen, par Henri Mondor.

Extrait de la publication

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LA NOUVELLE

NOUVELLE

Revue Française

KATHERINE MANSFIELD

ou

LA GRACE D'ECRIRE

« Dieu soit béni de nous avoir accordé la grâced'écrire » ces mots de Katherine Mansfield sont datés

du 10 octobre 1922 elle mourut trois mois plus tard, à

trente-quatre ans. Dieu mesure sa grâce.

Mais cette grâce, il est bien vrai que Mansfield l'avait

reçue, et qu'elle en fut digne. Elle en connaissait le prixje ne crois pas qu'il entre la moindre amertume dans son

acte de reconnaissance. Déjà, pourtant, elle se trouve à la

limite de ses forces, celles de l'esprit comme celles du

corps. Voilà des années qu'elle traîne, tuberculeuse, de

villa meublée en chambre d'hôtel ou de pension, d'Angle-terre en France, en Italie, en Suisse, en France de nou-

veau, appelant un refuge qu'à peine trouvé elle doit fuir,

une présence qui, dès qu'obtenue, lui fait mieux sentir

sa solitude. Mais elle a pu écrire. Solitude, appels et

conflits, espoir et détresse qui mutuellement s'aiguisent,

tant de rencontres, de scènes et de paysages, tant deT

Extrait de la publication

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1,A NOUVELLE N.R.F.

jours divers dans l'année, dans le jour tant de nuancesquoi qu'elle ait connu, elle lui a donné, par l'écriture,une valeur irremplaçable. Ce fut là le meilleur de sa vie

elle y a trouvé sa justification, on peut dire son propresalut. Après cela, dans l'action de grâces qu'élève la

jeune femme à la veille de sa mort, je ne vois rien que desimple mais d'une simplicité si rare, encore qu'on ladût attendre de tout écrivain, qu'elle suffit à montrerla qualité d'une âme. Je feuilletais, l'autre année,

quelques livres de Mansfield depuis longtemps, je ne les

avais repris, et je craignais un peu d'être déçu. Mais au

détour d'une page s'offrit la phrase que j'ai citée. Elle mesuffit pour ce jour-là. A plus tard l'examen les réserves,les louanges. Il ne s'agissait plus d'art, mais du son justeet pur que rend un être.

Où en sommes-nous, après trente-deux ans, avec cette

jeune morte ? Je cherche, j'hésite. Il ne me semble pas

que nos écrivains nouveaux songent beaucoup à elle

c'est qu'ils la trouvent peut-être un peu sentimentale,

un peu simple précisément et toutefois un peu

fleurie. (Elle l'est, n'en doutons point.) On m'assure que,dans le grand public, elle a gardé ou renouvelé ses fer-

vents, que l'on fleurit sa tombe, que parfois l'on vient

demander, dans un hôtel, la chambre qu'elle occupa.Mais cette sorte de culte ne s'adresse pas toujours aux

meilleurs éléments d'une œuvre et plutôt que l'œuvre,

c'est l'image, c'est la légende, mettons l'histoire, qui les

suscite. De fait, voilà depuis quelques années trois ou

quatre livres qui se proposent à nous comme les clés

d'une histoire et d'une âme. M. Roland Merlin, par

exemple, entend nous révéler « le drame secret de Kathe-

rine Mansfield » M. Louis Pauwels consacre une partie

de son Gurdjieff aux derniers mois de la jeune femme ce

bref et mortel séjour qu'elle fit au Prieuré d'Avonon vient enfin de traduire et de publier les lettres qu'elle

adressa, de 1913 à igi8, à John Middleton Murry.

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Extrait de la publication