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LE MASSACRE DE MELOUZA AIgérie-juin 1957

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LE MASSACRE DE MELOUZA

AIgérie-juin 1957

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www.librairieharmattan.comdi[fusion [email protected].

harmattan 1@wanadoo. fr

@L'Harmattan, 2006ISBN: 2-296-00472-5EAN : 9782296004726

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Jacques SIMON

LE MASSACRE DE MELOUZA

L'Hannattan Hongrie

Konyvesbolt

Kossuth L. u. 14-16

1053 Budapest

Algérie-juin 1957

Publié avec le concours du FASILD

L'Harmattan5-7, rue de l' École-Polytechnique; 75005 Paris

FRANCE

Espace L'Harmattan Kinshasa L'Harmattan ltalia L'Harmattan Burkina Faso

Fac..desSc.Sociales,Pol.et ViaDegliArtisti,15 1200 logementsvilla96Adm. ; BP243, KIN XI 10124 Torino 12B2260

Université de Kinshasa - RDC ITALIE Ouagadougou 12

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Collections CREAC-Histoire - Politique et SociétéCentrede Rechercheset d'Étudessur l'AlgérieContemporaine

Le CREAC entend:- Promouvoir la publication d'ouvrages anciens, tombés dans le domainepublic dont la richesse historique semble utile pour l'écriture de l'histoire.- Présenter et éditer des textes et documents produits par des chercheurs,universitaires et syndicalistes français et maghrébins.

Déjà parus:La Fédération de France de l'USTA (Union Syndicale des Travailleurs Algé-riens. Regroupés en 4 volumes par Jacques SIMON, en 2002).- Le premier Congrès Ouin 1957).- Le deuxième Congrès (novembre 1959).- FLNcontre USTA.- Son journal : La Voix du Travailleur Algérien.

- Messali Hadj (1898-1974), Chronologie commentée.

Avec le concours du Fasild-L'immigration algérienne en France de 1962 à nos jours (œuvre collective sousla direction de Jacques Simon)-Les couples mixtes chez les enfants de 1'immigration algérienne.

Bruno LafJort .- La Gauche en France et la colonisation de la Tunisie. (1881-1914).

Mahmoud Faroua, .

- L'Etoile Nord-Africaine (1926-1937), Jacques Simon,.- Le MTLD (Le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (1947-1954)(Algérie), Jacques Simon- La réglementation de, l'immigration algérienne en France.

Sylvestre Tchibindat.

- Un Combat laïque en milieu colonial. Discours et œuvre de la fédération deTunisie de la ligue française de l'enseignement (1891-1955).Chokri Ben Fradj-Novembre 1954, la révolution commence en Algérie. J Simon-Les socialistes français et la question marocaine (1903-1912)Abdelkrim Mejri- Les Algériens dans le Nord pendant la guerre d'indépendance. Jean René Gen-!y.

- Le logement des Algériens en France. Sylvestre Tchibindat.- Les communautés juives de l'Est algérien de 1865 à 1906. Robert Attal.-Le PPA (Le Parti du Peuple Algérien) JSimon-Crédit et discrédit de la banque d'Algérie (seconde moitié du XIXè siècle)M.L.Gharbi-Afilitant à 15 ans au Parti du peuple algérien. H. BaghricheA paraître-Constantine, le cœur suspendu. R.Attal, « LibreAlgérie »S.Tchibindat-JSimon

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Remerciements

À Dalila Cherif et Sylvestre Tchibindat pour leurs recherchessur la documentation et leurs contributions à l'élaboration despremiers chapitres.

À Danièle Liberge pour l'organisation et la relecture de l'ou-vrage.

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Introduction

Le 27 mai 2004, le quotidien algérien El Watan annonçait latenue d'un« séminaire sur le massacre de Melouza et l'évoca-tion d'une page noire de I 'histoire contemporaine ». Le lende-main, « les hautes autorités du pays craignant un débordementsur d'autres sujets plus complexes ont décidé d'étouffer cette ini-tiative, en évoquant l'autorisation et d'autres artifices ». Ainsi leprésident Bouteflika demande à la France de stigmatiser son passécolonial, alors que dans son pays, il interdit l'écriture d'une his-toire honnête de la révolution algérienne.

Depuis sa création, le CREACs'est employé à éclairer les pa-ges sombres de cette histoire. C'est ainsi qu'il a publié un dossierspécial sur le massacre de Melouza (n022, 3è trimestre 2001). Ilestime maintenant faire œuvre utile en consacrant un livre à ca-ractère scientifique sur Melouza, c'est-à-dire en replaçant les faitsdûment vérifiés dans leur contexte et dans une histoire longue dela révolution algérienne.

Dans la plupart des livres d'histoire sur la guerre d'Algérie, lemassacre de Melouza est évoqué. Par ailleurs, le documentaire«Les années algériennes» de Bernard Favre et Benjamin Stora (1991),projeté en plusieurs émissions sur Antenne 2 a montré aux téléspecta-teurs certaines réalités de la guerre d'Algérie. L'un des mérites dufilm est d'avoir mis en lumière l'ampleur du massacre de Melouza,exécuté d'une manière froide et préméditée à l'encontre de tous leshommes du village, pour des raisons politiques. À ce propos, l'on aentendu Mohammedi Saïd, chef de la willaya III qui n'aurait apprisqu'après coup le massacre mais qui a tenté de l'expliquer - sinon dele justifier - en prétendant que les habitants de Melouza étaient destraîtres et en ajoutant: « il faut tuer les traîtres avant les soldats ITan-çais ».1

L'on a entendu aussi l'ex-capitaine Combette qui a déclaré avoirpris contact avec des groupes du MNAqui l'auraientinformédu mas-sacre qu'il est allé constater,ce qui confmnerait les déclarationsde Mo-hammedi Saïd. Si l'on rapproche ces deux déclarations, il pourraitsembler que le massacre de Melouza serait la conséquence des rela-tions qui se seraient établies entre le MNAet l'armée française.

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Pourtant, dans les faits, le capitaine Combette n'eut des contactsqu'avec des envoyés de Bellounis, chef d'un maquis. Mais ce der-nier a tenu, dès sa première déclaration publique à se différencierde Messali et du MNA. Et Messali comme le MNA n'ont jamaisconsidéré Bellounis comme le responsable de l'ALN à composantemessaliste. Ils ont toujours affirmé et prouvé leur attachement àdeux principes essentiels: l'indépendance de l'Algérie et la souve-raineté du peuple algérien.

Le défaut du film est d'avoir révélé, sans l'expliquer, l'un des my-thes les plus tenaces de la guerre d'Algérie, à savoir l'analogie faiteentre le Gouvernement provisoire de la république française(GPRF) présidé par le général de Gaulle à Alger et le GPRA, commecelle faite entre l'ALN/FLN et le Conseil National de la Résistance(CNR). Précisons que le GPRF comprenait des ministres des partiscommuniste et socialiste qui n'avaient pas renié leur programme. Ilen est de même du CNR qui, lors de sa première réunion plénière du27 mai 1943, a unifié toutes les forces militaires, syndicales et politi-ques de la Résistance.

Le CNR admettait en son sein les FTP et FFI de sensibilité diffé-rente, sans exiger comme le FLN leur dissolution et l'entrée dans leCNR à titre individuel. Quant à la CGT réunifiée, elle était, à la diffé-rence de l'UGTA, courroie de transmission du FLN dans le mondesyndical, structurellement indépendante du GPRF. Enfm, à l'issue de laguerre, le GPRF n'a pas été destitué par l'armée d'Afrique et il aorganisé des élections libres à une Assemblée Constituante. Le FLN,par contre, s'est construit en particulier après la décision prise parAbane Ramdane de liquider tous les militants et sympathisantsmessalistes, comme un parti totalitaire de type stalinien. 2

Le second défaut du film est d'avoir détaché Melouza de soncontexte historique et politique, ce qui interdit d'élucider les circons-tances et les causes de cette tragédie.

A partir de ce film, sans doute utilisé par le président Bouteflikapour interdire le séminaire algérien sur Melouza, nous avons cherché,en dépouillant la presse française et internationale de l'époque, à fairemétier d'historien sur cette tragédie. Dans une première partie, un cha-pitre est consacré au contexte historique, puis, à partir du dépouille-ment de la presse française et internationale, nous avons précisé les

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faits et les réactions qu'elles ont suscitées: celles des autorités, cellesdu MNA et du FLN, celle du lobby français du FLN et celles de la gau-che socialiste et révolutionnaire.

Dans une seconde partie, il sera montré que si la plupart des histo-riens et hommes politiques algériens et français ont parlé de Melouza,bien peu ont pris la mesure de l'événement comme nous l'établissonspour chacun d'entre eux et dans notre conclusion générale.

Pour terminer, il nous est paru indispensable d'établir une chrono-logie commentée pour établir que le massacre de Melouza ne fut pasun simple épisode de la guerre intestine entre deux partis rivaux maisqu'il s'inscrit, avec le terrorisme urbain de Yacef Saadi, la liquidationde la direction de l'Union syndicale des travailleurs algériens (DSTA),la caporalisation de l'émigration algérienne, la bataille de France lan-cée par le FLN et la formation du GPRA, comme des moments condui-sant à la défaite de la révolution algérienne, dans le contenu social etpolitique qu'elle conservait jusque-là.

Notes

1 Mohammedi Saïd, ancien agent de l'Abwehr, confirme cette version, dans un articleintitulé: Pourquoi Melouza ? in Algérie Actualité n° 1359 du 31 octobre au 6 novem-bre 1991. Il conteste la mort de 301 civils désarmés et ne retient que le chiffre de 41 « etce des deux côtés, car ne l'oublions pas, ce n'est pas une paisible communauté villa-geoise que le FLN a attaqué, mais un véritable camp de guerre du MNA, dont les hom-mes utilisaient la population comme bouclier.»2 Mohamed Lebjaoui fait d'Abane Ramdane « le Jean Moulin algérien» in « Véritéssur la révolution algérienne », Gallimard, 1972, Ch.XII. Lebjaoui savait pourtant qu'àla mi-mars, après le refus du MNA de se dissoudre dans le FLN, Abane a publié le 1er

avril un tract où il déclarait la guerre aux messalistes.

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