14
L'arrivée des Portugais en Chine: la perception chinoise d'après l'Histoire Officielle des Ming Author(s): André Lévy Source: Nouvelle Revue du XVIe Siècle, Vol. 16, No. 1, Extrême Orient (1998), pp. 7-19 Published by: Librairie Droz Stable URL: http://www.jstor.org/stable/25598862 . Accessed: 15/06/2014 15:44 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Librairie Droz is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Nouvelle Revue du XVIe Siècle. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.21 on Sun, 15 Jun 2014 15:44:44 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Extrême Orient || L'arrivée des Portugais en Chine: la perception chinoise d'après l'Histoire Officielle des Ming

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Extrême Orient || L'arrivée des Portugais en Chine: la perception chinoise d'après l'Histoire Officielle des Ming

L'arrivée des Portugais en Chine: la perception chinoise d'après l'Histoire Officielle des MingAuthor(s): André LévySource: Nouvelle Revue du XVIe Siècle, Vol. 16, No. 1, Extrême Orient (1998), pp. 7-19Published by: Librairie DrozStable URL: http://www.jstor.org/stable/25598862 .

Accessed: 15/06/2014 15:44

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

Librairie Droz is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Nouvelle Revue du XVIeSiècle.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 185.2.32.21 on Sun, 15 Jun 2014 15:44:44 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 2: Extrême Orient || L'arrivée des Portugais en Chine: la perception chinoise d'après l'Histoire Officielle des Ming

Nouvelle Revue du Seizieme Siecle - 1998 - N? 16/1, pp. 7-19

L'ARRIVEE DES PORTUGAIS EN CHINE: LA PERCEPTION CHINOISE

D'APRES L'HISTOIRE OFFICIELLE DES MING

Le 25 juillet 1511, jour de la Saint Jacques, Afonso de Albuquerque se lan?ait a P attaque de Malacca dont les Portugais s'empareront un

mois plus tard, aides notamment, dit-on, par quatre cents Chinois qui avaient insiste pour lui preter main-forte1. Eurent-ils, par la suite, a s'en repentir? Nous n'en savons rien. Ce n'est pas dans les archives officielles chinoises que ces activites illegales pouvaient etre prises en consideration. Malacca se reclamant de la suzerainete et protection chinoise, l'apparition de Portugais au large de Canton en 1517 fut res sentie negativement en haut lieu ou Ton ignorait la presence d'une stele erigee par Jorge Alvares, membre d'une expedition envoyee par

Albuquerque2, des 1514 sur Pile de Tunmen dans la sous-prefecture de

Dongwan3. Bref, les autorites centrales n'avaient sans doute pas la meme perception de ces evenements que certains elements de la

population locale enrichie par le commerce maritime. Notre propos n'est pas de tenter la synthese de ces contradictions4, mais de presen ter et de commenter celle qui figure dans l'histoire officielle des Ming (1368-1644), compilation des services centraux. Nous nous bornerons a la premiere partie qurse rapporte a Parrivee et au refoulement des

Portugais, de 1517 au milieu du siecle; la seconde moitie de la notice

1 Cf. Bouchon Genevieve, Albuquerque Le lion des mers d'Asie, Paris, Editions

Desjonqueres 1992, p. 200. Les marchands chinois auraient mal support^ les exactions du Sultan.

2 Barros Joao de, Decada 3 da Asia, Livro VI, cap. 2., (1552), Lisbqnne 1778

1781, p. 20 3

La monographie de la sous-prefecture le confirme, cf. Dongwan xianzhi, s.d.,

juan.31,pp. lOb-lla. 4

Sur ce point cf. Chang Tien-tse, Sino-Portuguese Trade from 1514 to 1644, a

synthesis of Poruguese and Chinese sources, Brill, Leyden 1933, 1969, en particulier p. 83. Pour les plus sources portugaises qui ne nous concernent pas ici, cf. Cortesao

Armando, The Suma Oroiental of Tome Pires, Londres 1944; Boxer C.R., South China in the Sixteenth Century, being the narratives of Galeote Pereira, Fr. Gaspar da Cruz,

O.P., Fr. Martin Rada, O.E.S.A., Londres 1953, et du meme auteur, Portuguese conquest and commerce in Southern Asia 1500-1750, Londres, Variorum 1985.

This content downloaded from 185.2.32.21 on Sun, 15 Jun 2014 15:44:44 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 3: Extrême Orient || L'arrivée des Portugais en Chine: la perception chinoise d'après l'Histoire Officielle des Ming

8 ANDRE LEVY

concerne leur legalisation et installation a Macao: le sujet depasserait la dimension de ce modeste article.

Une tradition alors bien etablie voulait que toute nouvelle dynastie instruise Phistoire de celle qui Pavait precedee. Les fondateurs de la

dynastie mandchoue des Qing (1644-1911) n'y manquerent pas, quoique avec une lenteur sans precedent. Ne cherchons pas a en exa miner les raisons: elles ne concernent pas notre propos. Le bureau

d'historiographie etablie en 1645, reactive en 1665, ne commen?a a

s'occuper serieusement de cette tSche qu'en 1682 sous la direction de

Wang Hongxu (1645-1723), grace au travail mene en prive par Wan

Sitong (1638-1702): le Mingshi gao (Esquisse d'une histoire des Ming) fut presente au trone en 1723, base de la version definitive etablie en 1739 sous la direction de Zhang Tingyu (1672-1755). Avec ses 332 juan, volumes ou chapitres, c'est la plus volumineuse des 24 histoires

dynastiques, apres celle des Song (960-1279). La compilation repartit la matiere sous la forme traditionnelle de ce genre d'ouvrage, une sorte de tres volumineux dossier: 24 annales fondamentales, se rap

portant aux regnes des empereurs, 75 monographies, 13 tableaux et 220 biographies. Ce dernier terme se rapporte aussi bien a des indivi dus qu'a des collectivites que sont tribus, populations frontalieres, ou

entites que sont les pays etrangers, waiguo; le mot etait alors une

innovation a prendre sans doute au sens litteral, de ?pays en

dehors ?. C'est ainsi que pour la premiere fois nos Portugais prennent place dans un ouvrage officiel chinois, entre le Bresil et la Hollande, a

la fin du 325e volume, principalement consacre a diverses contrees de Plnsulinde. La notice, en moins de quinze cents caracteres, n'est pas une description du Portugal, mais un resume de ses relations avec la Chine jusqu'a la chute de la dynastie des Ming en 1644. Dans ce cas

particulier le texte resulte d'un decoupage d'archives officielles aussi bien que de sources officieuses dont nous ne ferons generalement pas etat, de crainte d'alourdir indiiment l'expose qui nous semble donner un bon aper?u de la perception bureaucratique chinoise.

On ne saurait s'etonner que les Portugais n'apparaissent pas sous le nom qu'on leur donne aujourd'hui en chinois, Putaoya, une transcrip tion recente du debut du siecle. Elle ne laisse pas d'etre un jeu de mot,

puisque putao est un mot chinois vieux de deux mille ans qui designe la vigne, un emprunt a quelque ancienne langue indo-europeenne d'Asie centrale5 -

hommage au Porto? C'est une autre transcription du mot Portugal qui apparait dans la notice de l'histoire officielle des

5 Cf. Laufer Berthold, Sino-Iranica, Chinese Contributions to the History of Civi

lization in Ancient iran, Chicago 1919, Taipei 1967, p. 225.

This content downloaded from 185.2.32.21 on Sun, 15 Jun 2014 15:44:44 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 4: Extrême Orient || L'arrivée des Portugais en Chine: la perception chinoise d'après l'Histoire Officielle des Ming

L'ARRIVEE DES PORTUGAIS EN CHINE 9

Ming consacree a TItalie, au chapitre suivant 326, a propos de la patrie du missionnaire Yang Manuo, nom chinois du Pere Emmanuel Diaz

(1574-1659), le jeune, ne a Castelo-Branco6: Boerduwaer7, transcrip tion impeccable, compte tenu de la phonologie du chinois. On y recon nait le souci d'exactitude des Jesuites, telle qu'elle apparait dans la

description de I'Europe par le Pere Giulio Aleni (1582-1649), ne a

Brescia8, Ai Rultie: le Zhifang waiji, appele a rester l'ouvrage de refe rence en la matiere jusqu'a l'entree de la Chine dans le concert des nations a la suite de la seconde guerre de l'opium de 1860. Mais tout

porte a croire que les compilateurs de ces notices ignoraient que le Boerduwaer du chapitre 326 etit quelque rapport avec le Folangji du

chapitre precedent9. Le fait temoigne de l'abime qui separait la per ception que ces Chinois avaient des missionnaires de la cour de celle des marchands ou pirates qui rodaient autour des cotes meridionales de la Chine. La notice que nous allons examiner ne concerne evidem ment que ces derniers. L'origine de leur appellation est suggeree des la

premiere phrase: Le Folangji se trouve pres de Malacca. Inutile de s'attarder sur la transcription de Malacca en Manlajia. Si

l'on se reporte a la notice consacree a Lusong, transcription de Lugon, 1'ile principale des Philippines, on apprend que ces memes Folangji s'en etait emparees

- une confusion qui peut s'expliquer par l'union ulterieure du Portugal et de l'Espagne, de 1578 a 1641. A cela s'ajoute celle qu'atteste le gros ouvrage en deux volumes sur Macao publie en 1751 ou Ton explique que ?le Folangji s'appelle aussi Castille, pays appele presentement Folangxi ou Falangxi?10

- la variante Falanxi est devenue aujourd'hui la transcription officielle du mot ?France?,

quand bien meme Ton se contente couramment de la premiere syllabe en disant ou ecrivant Faguo. Le Pere Aleni avait pourtant mit les choses au point un siecle plutot dans le deuxieme volume consacre a

I'Europe de sa geographie du monde en chinois, publie a Hangzhou en 1623: ?Au moyen age le roi Saint Louis, outre de ^occupation de la Judee par les Musulmans, avait commence par lever des troupes pour faire campagne contre eux et avait ete le premier a fabriquer des bom bardes. Comme son pays est en Europe, les Musulmans appellent les

6 Cf. Dehergne Joseph, Repertoire des Jesuites de Chine de 1552 a 1800, Paris, Letouzey/Rome, 1973, p. 76.

7 Cf. Mingshi, P6kin, Zhonghua shuju 1975, p. 8461. 8

Cf. Dehergne, op. cit, pp. 6-7. 9 Cf. Mingshi, Pekin, Zhonghua shuju 1975, p. 8430. 10

Cf. Yin Guangren et Zhang Rulin, Aomen jiliXe, reedite* notamment dans Biji xiaosho daguan xubian, vol.V, Taibei, s.d., pp. 5139-5174.

This content downloaded from 185.2.32.21 on Sun, 15 Jun 2014 15:44:44 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 5: Extrême Orient || L'arrivée des Portugais en Chine: la perception chinoise d'après l'Histoire Officielle des Ming

10 ANDRE LEVY

Occidentaux 'Francs' et ils'en est suivi que l'on appelle aussi par ce mot les canons?n. La proximite du Portugal et de Malacca s'explique sans doute par Pincapacite des informateurs musulmans de situer precise ment le pays d'origine ces nouveaux venus. L'ignorance des meilleurs lettres de Pepoque est confirmee par le celebre ouvrage de GU Yanwu

(1613-1682) sur l'etat de Pempire qui affirme: ?Le pays de Folangji, situe au sud de Java, est inconnu des textes anciens.?n

Vers le milieu de I'ere Zhengde (1506-1521) ils se sont etablis sur le territoire de Malacca et en ont chasse le souverain. Ce nyest qu'en Van 13 (1518) que leur nom fut porte a notre connaissance lorsque se

presenta I'envoye Jiabidanmo et autres apportant des produits locaux en tribut. La transcription Jiabidanmo ne souleve aucun pro bleme d'identification: on reconnait le portugais captao mor, une

confusion entre le titre du commandant de la flotte et le nom de Pam bassadeur Tome Pires, que l'on trouve aussi bien ecrit Thomas Perez ou Peres13, autre confusion peut-etre avec le patronyme du comman

dant de la flottille qui convoyait Pambassadeur, Fernao Peres de Andrade.

Ordre fut donne de leur remette la valeur des produits locaux et de les renvoyer. Est-ce la une conclusion intempestive des compilateurs du fait que la flotte commandee par Peres de Andrade repartit en sep tembre 1518, laissant Pambassade attendre a Canton Pautorisation de se

diriger vers Pekin? Elle ne laisse pas d'etre significative, quoique contraire a la realite des faits verifiables dans les archives. L'ambassade

qui avait quitte Lisbonne le 7 avril 1515 avait atteint Canton en sep tembre 1517. En depit d'intempestifs saluts a coup de canon, elle avait ete bien accueillie par les autorites locales puisque le gouverneur s'etait soucie de leur faire donner des lemons d'etiquette a la mosquee de Can ton dans les semaines qui suivirent, en attendant la reponse imperiale.

Leurs gens prolongeaient leur sejour ety au lieu de se retirer, se

livrerent a des pillages au long de leurs voyages, allant jusqu'a enle ver des enfants pour les manger. Le frere de Peres de Andrade, Simao

revint en aoflt 1519 avec une flotte renforcee, fit construire un fortin a

Tunmen, et y proceda a la pendaison d'un de ses hommes; puis, a son

arrivee a Canton, apres une salve de coups de canon, il aurait interdit

11 Cf. Zhifang waiji, chap. 2, sous la rubrique Folangcha (transcription a.partir du

latin), p. 11 de l'appendice a Binchun, Chengcha biji, 1869, Changcha, Hunan renmin

1981. 12

Cite" dans Zhang Weihua, Mingshi Ouzhou siguozhuan zhishi, 1965, Shanghai

gujil982,p.3 13

Cf. T'ien-tse Chang, Sino-Portuguese Trade from 1514 to 1644, a synthesis of

Poruguese and Chinese sources, Brill, Leyden 1933,1969, p. 43, n. 5.

This content downloaded from 185.2.32.21 on Sun, 15 Jun 2014 15:44:44 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 6: Extrême Orient || L'arrivée des Portugais en Chine: la perception chinoise d'après l'Histoire Officielle des Ming

L'ARRIVEE DES PORTUGAIS EN CHINE 11

a ses concurrents etrangers tout trafic avant l'ecoulement de sa propre cargaison: autant d'atteintes aux prerogatives de la puissance souve raine qui mettaient l'ambassade dans une position difficile. L'accusa tion de manger les petits enfants temoigne de la deterioration de

l'image des Portugais aupres de la population; d'autres depredations n'y sont pas etrangeres; sans doute repose-t-elle sur la pratique ibe

rique alors courante de se procurer des esclaves de gre ou de force dans tout pays non chretien. Les propos recueillis aux Monts de la Lune se montrent fort disert sur cette question qui laisse Gu Yanwu

sceptique14: ?Ces gens-Id aiment manger les petits enfants. Ils assurent

que les gens de hauts rangs peuvent en obtenir librement dans leur pays, mais pas ceux de classes inferieures. Ils en arriverent a s'en procurer secretement moyennant une centaine de sapeques pour un gosse de dix ans. De jeunes voyous de Canton en kidnappaient sans compter pour les approvisionner. Voici leur mode de preparation: ils font chauffer de Veau dans des marmites geantes jusqu'a ebullition et mettent les enfants dans une cage de fer au-dessus de la vapeur de fagon a les faire suer a

fond avant de les ecorcher vivants avec un brosse en fer, puis, apres les avoir tues, leur ouvrir le ventre, les vider et les manger cuits a la vapeur. Au bout de deux ou trois ans de sejour de ces gens-la, le nombre des enlevements avait tant augmente que la region entiere en etait affligee.?15

Puis en circonvenant par leurs intrigues les eunuques, ils obtinrent Valorisation de se rendre a la capitate. Le terme de zhonggui, ?hono rables de la [cour] interieur ? est l'appellation des eunuques. II est done

improbable, comme le proposent certains commentateurs, que soit ici vise le commissaire16 Wu Tingju,? docteur ? de Pannee 1487, auquel fut

reprochee sa complaisance a 1 egard des Portugais en septembre 1517. II fut d'ailleurs mute quelques mois plus tard17. L'accusation de corrup tion semble plus generalement viser le reseau d'influence des

eunuques, en conflit recurrent avec la bureaucratie mandarinale. Comme Vempereur Wuzong etait alors en tournee au sud, leur

envoye, le Hoja Asan> s'introduisit dans la suite imperiale grace a

Jiang Bin18. Vempereur trouvait un amusement dans Vetude occa

14 Cf. Tianxia junguo libing shu, chap. 119, p. 54.

15 Yueshan congtan, cite* par Zhang Weihua, p. 7.

16 Le rdle du buzhengshi (?envoye au deploiement de l'administration ?) etait

alors principalement fiscal: il etait logique que Wu Tingju fut favorable a l'expanston du commerce maritime.

17 Cf. Zhang Weihua, op. cit, p. 8.

18 Cf. Goodrich edit., Dictionary of Ming Biography 1368-1644, Columbia Uni versity Press 1976, pp. 230-232. Militaired'origine obscure d'une region frontaliere, Jiang Bin etait devenu le favori de l'empereur Zhengde depuis 1512, exergant sur lui une influence jugee execrable par les historiens officiels.

This content downloaded from 185.2.32.21 on Sun, 15 Jun 2014 15:44:44 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 7: Extrême Orient || L'arrivée des Portugais en Chine: la perception chinoise d'après l'Histoire Officielle des Ming

12 ANDRE LEVY

sionnelle de leur langue. Wuzong est le nom de temple de l'empereur Zhu Houzhao, ne en 1491, mieux connu sous le nom de son regne, Zhengde (1506-1521). Sa tournee au sud se situe entre le 15 septembre 1519 et le 18 Janvier 152119. II se trouvait a Nankin en mai 1520. Sans doute a-t-il rencontre alors Pinterprete de l'ambassade portugaise, un musulman chinois qui portait le titre transcrit plus couramment khoja, ici, semble-t-il, confondu avec l'ambassadeur20. La curiosite pour le

portugais est presentee ici comme un nouveau caprice d'un empereur fantasque, ailleurs juge libidineux et paranoi'aque. Elle n'en semblait

pas moins augurer une attitude favorable, contraire a celle de la majo rite de ses conseillers. La mort du souverain, le 20 avril 1521, y aurait

coupe court. Tandis qu'ils sejournaient au relais de poste de Huaiyuan, leurs

enlevements ou achats de gens d'honnete condition se multipliaient. Ils construisaient des maisons et elevaient des fortifications dans Vintention d'y demeurer indefiniment. La flottille qui amenait l'am bassade avait jete l'ancre devant le relais de poste de Huaiyuan en sep tembre 1517 dans l'espoir d'une reponse que les autorites de Canton tardait a transmettre; c'est en 1519, semble-t-il, que Simon de

Andrade entreprit de consolider les positions portugaises a Tunmen ou des Portugais avaient d^barque des aotit 1517 et avaient repousse des attaques de pirates Pannee suivante21.

Van 15 (1520) [le censeur] Qiu Daolong?2: ?Alors que Malacca est un pays auquel nous avions confere la vassalite, les Folangji ont eu I'audace de Vannexen Ils nous tendent lepiege de la perspective de

profits en sollicitant que leur soit confere le privilege de porter tribut, ce qu'il faut resolument nepas leur permettre. II convient de refuser leur ambassade et de proclamer clairement leur insoumission: ils ne

seront autorises a presenter tribut a la Cour que s'ils restituent le ter ritoire de Malacca. Au cas ou ils s'obstineraient dans leur erreur, il

faudrait la denoncer hautement aupres de tous les barbares, les declarer coupables etproceder a leur chatiment.?

19 Cf. Goodrich edit., Idem, pp. 312-3.

20 Le titre etait donne en principe aux descendants de Mahomet par l'une de ses

epouses, mais semble avoir et? souvent usurpe par de riches marchands. II 6tait connu

des Chinois depuis que les conquerants mongols avaient pris a leur service des Maures en possession de ce titre. Cf. Pelliot Paul, ?Le H6ja et le Sayyid Husain de l'histoire des Ming?, Toung Pao, series 2, 38 (1948), p. 81.

21 Cf. T'ien-tse* Chang, Sino-Portuguese Trade from 1514 to 1644, a synthesis of

Poruguese and Chinese sources, Brill, Leyden 1933,1969, pp. 44-45. 22

On trouve une notice sur la carriere de Qiu Daolong, ?docteur? de la promo tion de 1514 dans la la monographic de la prefecture de Tingzhou de Li Fu, Tingzhou

fuzhi, qui lui attribue le merite d'avoir le premier pr6conise l'expulsion des Portugais.

This content downloaded from 185.2.32.21 on Sun, 15 Jun 2014 15:44:44 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 8: Extrême Orient || L'arrivée des Portugais en Chine: la perception chinoise d'après l'Histoire Officielle des Ming

L'ARRIVEE DES PORTUGAIS EN CHINE 13

Le censeurHe Ao23fit valoir: ?Les Folangji sont des plus ruses et

feroces. Leur armement est le seul a etre superieur a celui de tous les autres barbares. Montes sur de gros navires, ils ont fait irruption ces dernieres annees a la capitate provinciate de Canton dont le sol a tremble sous les coups de canon. Ceux retenus auxpostes de relais ont

enfreint les restrictions de communication, ceux qui sont entres a la

capitate sont arrogants et en disputent la preseance. Si nous leurper mettons d'aller et venir pour commercer, la situation aboutira ine luctablement a des rixes, meurtres et destructions: les malheurs qui se

dechaineraient au sud risqueraient d'atteindre une gravite sans pre cedent. Du temps de nos ancetres la presentation de tributs a la Cour

sefaisait a dates fixes, limiteepar des regies constantes, de sorte que les tributaires etaient peu nombreux. Recemment, arguant de la

penurie d'epices offertes a Votre Majeste, le commissaire aux

finances Wu Tingju a pris de leurs marchandises a leur arrivee sans se demander en quelle annee ils y etaient autorises, de sorte que les navires etrangers atteignent nos cotes maritimes sans discontinuer et

que les barbares affluent dans nos villes. Le relachement des prohibi tions leur permet de se familiariser de mieux en mieux avec nos voies d'eau. C'est ainsi que les Folangji en ontprofite pour faire intrusion. Je suggere que soient chassis tous les bateaux etrangers dans nos

baies ainsi que les barbares qui se sont installes en cachette. Que toute communication privee soit interdite et nos defenses soigneuse

ment preparees dans I'espoir de pouvoir maintenir la paix dans la

region toute entiere.? Vu de Pekin, le commerce maritime ne pouvait Stre tolere que sous couvert du systeme tributaire: etant un souverain de l'univers, Fils du Ciel, l'empereur de Chine se devait d'accorder

protection aux porteurs de tribut qui faisait ainsi acte d'allegeance; il lui incombait alors de rendre des cadeaux d'une valeur superieure.

Aux yeux de Padministration centrale il importait de restreindre l'ex

pansion d'un systeme d'un poids economique negatif et source de

complications incontrolables. Les remontrances furent transmises au ministere des rites qui

repondit: ? Qiu Daolong est un ancien magistrat de Shunde24, dont He Ao est natif. Aussi sont-ils profondement conscients du pour et du contre de la situation. II convient d'attendre Parrivee de I'envoye de

23 ? Docteur ? de la promotion del517, censeur, repute pour son franc-parler, He Ao fut peu apres batonne pour avoir critique^ la tournee au Sud de l'empereur Zhengde. II reprit du service aupres de son successeur. Cf. Mingren zhuanji ziliao

suoyin, Taipei 1965, p. 278 24

Sous-prefecture dans la dependance de la prefecture de Canton.

This content downloaded from 185.2.32.21 on Sun, 15 Jun 2014 15:44:44 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 9: Extrême Orient || L'arrivée des Portugais en Chine: la perception chinoise d'après l'Histoire Officielle des Ming

14 ANDRE LEVY

Malacca a la Cour pour I'interroger sur la culpabilite des Folangji dans I'agression des pays voisins et sur les troubles qu'ils y ont pro voques. Que soit presente en consequence un rapport sur les mesures a prendre. Pour le reste qu'il en soit fait comme le proposent les cen seurs.? La reponse fut approuvee. Selon les Archives veridiques, Shilu, du mois d'aotit 1521, Penvoye de Malacca25 denonga les Folangji et sollicita une aide militaire qui fut soumise au ministere de la guerre, lequel se plaignit de ne pas avoir ete tenu au courant de ces depreda tions dans les mers du Sud par le commandement de la defense contre les pirates japonais26.

Plus arrogant que jamais d'etre au service de l'empereur, Asan entra dans la capitate avec la suite imperials L'empereur fut de retour a Pekin le 8 Janvier 1521. Faut-il conclure que Pinterprete aurait precede le gros de Pambassade portugaise ?

Loge a I'Hotel de I'Union21, il fut requ par le Directeur? Liang Chao29. Comme il refusait de s'agenouiller devant lui, ce dernier

s'emporta et le fit batonner. Jiang Bin en fut grandement indigne: ?Lui, s'agenouiller devant un fonctionnaire aussi minable que toi, alors qu'il lui arrive deplaisanter avec le Fils du Ciel??

Vannee suivante l'empereur Wuzong deceda. Inculpe, Asan se dit etre en fait chinois, envoye par les barbares qui subirent alors les

rigueurs de la loi et furent interdits de tribut a la Cour. L'empereur Zhu Houzhao mourut le 20 avril 1521. La delegation portugaise fut

renvoyee deux jours plus tard et gardee prisonniere a Canton ou elle arriva au bout de trois mois. Seuls trois des treize membres de Pam bassade survecurent.

En aout de cette annee-la, ils revinrent avec des produits locaux

solliciter I'autorisation de commercer sous pretexte d'apporter des

2:> II y est nomme Weixiying, probablement un titre non identifie dufils du roi de Malacca en fuite, Tuan Mohammed, ou Tuao Nacem Mudaliae, selon Danvers Frede

ric, The Portuguese in India, Londres: 1894, vol. I, p. 227. 26

Beiwo duzhihui La declaration du representant de Malacca est fidelement rap

portee par Cristovao Vieyra dans Barros Joao de, Decada 3 da Asia, Livro VI, cap. 1.,

(1552), Lisbonne 1778-1781, p. 6. 27

Le centre d'accueil, Huitong guan, gere par le ministere des rites ou etaient

normalement logees les delegations etrangeres 28

Exactement: gouverneur militaire prepose aux affaires d'un bureau [du minis tere des rites], tidu zhushi.

29 Selon la monographie de la sous-prefecture de Nanhai par Liu Tingyuan, juan

11, ?docteur? de la promotion de 1514, Liang Chao s'etait deja oppose a PEmpereur en avril 1519. Asan y est associe aux mefaits d'un autre favori musulman de l'empereur Zhengde, le Sayyid Husain, originaire de Hami. II fut execute" comme Jiang Bin, peu

apres la mort de l'empereur. Cf. Pelliot Paul, ?Le H6ja et le Sayyid Husain de l'histoire

des Ming?, Toung Pao, series 2, 38 (1948), pp. 81-292.

This content downloaded from 185.2.32.21 on Sun, 15 Jun 2014 15:44:44 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 10: Extrême Orient || L'arrivée des Portugais en Chine: la perception chinoise d'après l'Histoire Officielle des Ming

UARRIVEE DES PORTUGAIS EN CHINE 15

secours a I'ambassade. Les autorites chargees de la protection de la

provinceproposaient de lever les taxes coutumieres, mais l'edit impe rial renouvela le refus. En fait les hostilites semblent avoir ete declen chees des juin devant le refus des Portugais de suspendre leur com merce et se retirer30. Les autorites centrales ne l'ont peut-etre appris qu'un mois plus tard.

Leur amiral, Biedulu, apres avoir ravage les pays de Malacca au

moyen de leur grosse artillerie et de leurs armes efficaces, sillonnant les mers, repartit avec son adjoint Sushili conduire cinq navires a

I'attaque du Bresil pour s'en emparer. Biedulu est probablement la

transcription de Pedro Homen, qui n'etait que le capitaine du Syseiro, que transcrit Susheli, ainsi confondu avec son lieutenant. On sait que la decouverte du Bresil est attribue a Cabral (1460-1526) vers 1500.

Van 2 de I'ere Jiajing (1522-1566), ilsfirent ensuite une descente sur la baie de Xicaowan dans la sous-prefecture de Xinhui31. Le com

mandant Ke Rong et le chef de centaine Wang Ying'en les repousse rent. Ils poursuivirent le combat a Shaozhou. Pan Dinggou de

Xianghuafut le premier a monter a I'abordage. Tous passerent a I'at

taque, firent prisonniers quarante-deux hommes dont Biedulu et

Sushili, couperent trente-cinq tetes et capturerent deux bateaux. Le reste des pirates reprit avec les trois autres le combat au cours duquel tomba Wang Ying'en, tandis qu'ils prenaient la fuite. On appela des lors folangji les canons dont s'etait empare I'armee imperiale et que le sous-commissaire a la defense cotiere Wang Hong32 presenta a la Cour. Les prisonniers furent executes le 23 septembre 1523 apres confirmation par l'empereur de la peine de mort proposee par les autorites locales.

A Vautomne de Van 9 (1530), parvenu a la fonction de censeur en

chef de droite, Wang Hong proposa en haut lieu: ?Ce n'est pas que tertres et redoutes manquent le long de nos frontier es: si elles souf

frent des ravages defrequentes incursions, c'est que les tertres ne sont

quepostes d'observation et les redoutes sans armes de longue portee. II conviendrait d'utiliser des canons de Folangji. Les petits, de moins de vingt livres, pouvant atteindre six cents pas, conviendraient aux tertres: une batterie serviepar trois hommes sur chaque plate-forme.

Les grosses piece, deplus de soixante-dix livres, dont la portee est de

30 Cf. Chang T'ien-tse, op. cit, p. 54.

31 Dans la prefecture de Canton au sud de la ville.

32 ?Docteur? de la promotion de 1502, meurt en 1536.Cf.Goodrich, op. cit.,

p. 525. Sur sa fonction de haidao fushi, cf. Chang T'ien-tse\ op. cit., p. 54 n.5.

This content downloaded from 185.2.32.21 on Sun, 15 Jun 2014 15:44:44 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 11: Extrême Orient || L'arrivée des Portugais en Chine: la perception chinoise d'après l'Histoire Officielle des Ming

16 ANDRE LEVY

cinq ou six /is33, seraient utiUsees dans les redoutes, trois dans cha

cune, gardee par dix hommes. Moyennant un tertre tous les cinq lis, une redoute tous les dix lis, petites et grosses pieces s'appuyant les unes sur les autres, a longue et courte portees, les assaillants n'au

raientplus la possibility de mettre lepied ou que ce soit et nouspour rions nous assurer le merite d'une defense sans combats,? Le plan plut a I'Empereur qui le mit aussitot a execution. L'artillerie fut des lors dotee de folangji, mais hommes et officiers s'en servaient si mal

qu'ils nepurent controler les incursions. Le texte complet du rapport preserve dans les Archives veridiques confirme qu'il s'agit des fron tieres du nord-ouest permeables aux incursions des gens de la steppe

mongole. Au debut les emoluments mensuels des fonctionnaires civils et

militaires de la province du Guangdong etaient pour la plus grande

partie assures en marchandises des barbares. Comme il en etait resulte que I'arrivee de marchandises se rarefiait, on en vint a propo ser le retablissement de I'autorisation a commercer en faveur des

Folangji. Comme le Grand Secretaire Wang Xiwen34 s'y opposait vehementement, il fut decide d'interdire tout trafic en dehors du moment alloue aux porteurs de tribut contingentes. L'arrivee de navires etrangers s'interrompit des lors presque completement. Le

Gouverneur Lin Fu35fit valoir en haut lieu: ?Les depenses publiques et privies au Guangdong dependent pour la plus grande part des

taxes commerciales: si les bateaux barbares ne viennent plus, tout

fonds public ou prive se tarit. Or, il y aurait quatre avantages a auto

riser les Folangji a commercer: en dehors des tributaires reguliers, il

existait du temps de nos ancetres la regie depercevoir un pourcentage

leger qui suffisait aux besoins imperiaux. Tel est le premier avantage. Le second est que les deux Guang*6 ont annuellement des besoins

militaires qui epuiseraient le tresorsi l'on ne pouvait plus puiser sans

inquietude dans ces ressources pour approvisionner I'armee. Le

Guangxi pauvre depend des richesses du Guangdong; qu'un incident

minime s'y produise, on ne pourrait plus legerer. Si les bateaux bar

bares circulent, il est facile de porter secours; c'est le troisieme avan

33 Le li de l'epoque faisait pres de 560 metres, totalisant 360 pas d'environ 155

centimetres. 34 ? Docteur? de la promotion de 1529, Wang Xiwen fut promu jishizhong au

ministere de la justice. 35 ? Docteur ? de la promotion de 1502, le xunfu Lin Fu fit une longue carriere de

haut fonctionnaire au Guangdong. Cf. Mingren zhuanji ziliao suoyin, Taipei 1965,

p. 295. 36

Les provinces meridionales et frontalieres du Guangdong et du Guangxi.

This content downloaded from 185.2.32.21 on Sun, 15 Jun 2014 15:44:44 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 12: Extrême Orient || L'arrivée des Portugais en Chine: la perception chinoise d'après l'Histoire Officielle des Ming

L'ARRIVEE DES PORTUGAIS EN CHINE 17

tage. Les petites gens vivent du commerce; avec un sou de marchan

dises, ils peuvent developper les echanges, se nourrir etse vetir. Tel est le quatrieme avantage. Venrichissement du peuple et l'aide a l'Etat sont interdependants, aussi ce qui prof ite au peuple sert ses interets: ne pas ouvrir d'issue au profit pour le peuple, c'est entrer dans une

escalade de malheurs.? On suivit ces conseils. En realite le long rap port de Lin Fu pr^conisait de rouvrir le commerce maritime a Pexclu sion des Portugais et en en reservant le monopole h Canton37.

Les Folangji purent des lors pratiquer le commerce a Macao dans la sous-prefecture de Xiangshan. Mais leurs congeneres recommen

qaient a violer les frontieres pour commercer au Fujian, ne cessant d'alleret venir, jusqu'a ce qu'en Van 26 (1547), Zhu Wan3* etant gou verneur, tout commerce fut severement interdit. Faute d'endroits oil

gagner des profits, leurs gens s'organiserent pour envahir les ports de

Yuegang et Wuxu dans les prefectures de Zhangzhou et Quanzhou. [au Fujian]. Le sous-commissaire a la defense cotiere Ke Qiao39 les

repoussa. En Van 28 (1548) ils envahirent cette fois Zhao'an [au

Fujian]. Varmee imperiale les rencontra a Zoumaqi40 et captura quatre-vingt seize hommes dont leur chef Li Guangtou41. II y a des discordances dans les sources chindises qui different sensiblement de la version des temoins portugais qui en rechapperent42. Les autres

s'enfuirent. Comme Zhu Wan avait pris sur lui de les faire decapiter, le censeur Chen Jiude43, qui lui en voulait, Vaccusa d'avoir agi arbi trairement. Vempereur envoya le grand secretaire du censorat Du

Ruzhen mener une enquete. La reponse fut la suiv ante: ? C'etait des marchands de Malacca qui sont invites chaque annee par des indivi dus sans aveu a des aUees et venues pour trafiquer; il n'y avait eu ni

pillages ni outrages. Zhu Wan s'etait arroge la liberte de leur infliger

37 Cf. texte complet du rapport dans Zhang Weihua, op. cit, p. 28; Chang T'ien

tsS, op. cit., p. 74 n.3. 38

Sur Zhu Wan (1494-1550), dont l'autorite s'6tendait aux trois provinces mari times du Zhejiang, Fujian et Guangdong, cf. Chang T'ien-ts6, op. cit., pp. 81-85 (trans crit Chu Huan); Goodrich, op. cit, pp. 372-375; Elizabeth Peyraube, Wang Zhi (?

-

1560), Pirate ou Negociant? Un cas de dissidence dans les relations commerciales sino

japonaises au XVIe siecle, These de 3e Cycle non public, Paris VII, juin 1981, p. 62 n. 2. 39 ? Docteur ? de la promotion de 1529. 40

Lieu-dit du Fujian ou les forces imperiales se sont heurtees a une bande venue de Shuangxu,

? Tile double ?, au large de Ningbo au Zhejiang, alors Ie principal point d'appui portugais sur la c6te de Chine. Cf. Chang T'ien-ts6, op. cit., pp. 76-78.

41 Le collaborates chinois que Gaspar da Cruz appelait Luthissi. Cf. Goodrich,

op. cit, p. 1004. 42

Cf. Goodrich, op. cit., pp. 374 et 1004. 43 ? Docteur ? de la promotion de 1541.

This content downloaded from 185.2.32.21 on Sun, 15 Jun 2014 15:44:44 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 13: Extrême Orient || L'arrivée des Portugais en Chine: la perception chinoise d'après l'Histoire Officielle des Ming

18 ANDRE LEVY

la peine capitate, exactement comme le lui reproche le censeur.? Arrete, Zhu Wan sesuicida. L'enqueteur ignorait, semble-1

il, que le Malacca etaient aux Folangji. II n'est pas sfir que la

remarque soit pertinente, car, devenu portugais, les gens de Malacca, Chinois ou Malais, musulmans ou non, collaboraient avec des Folangji en bien plus petit nombre dans le commerce a la Chine. Le rapport de Zhu Wan du 15 avril 1549 ne fournit que onze noms a consonance por tugaise sur 239 prisonniers44.

Apres la mort de Zhu Wan fen 1550], I'interdiction du commerce maritime s'etant a nouveau relachee, les Folangji purent sillonner les mers sans etre inquietes.

En fait, les Portugais ne furent officiellement autorises a commer cer qu'a partir de 1554 et furent bientot, en 1557, fixes a Macao qui connaitra son age d'or vers 1580. L'union avec PEspagne amenera la menace hollandaise, puis anglaise, tandis que le Japon se fermait au

siecle suivant. Du point de vue de Pekin le probleme que posaient les

Portugais etait epidermique. La menace exterieure principale venait alors des steppes du nord-ouest. Le danger mandchou n'etait pas encore apparent. Rebellions et soulevements internes commengaient a miner Passise de la dynastie. La piraterie japonaise, mal recurrent du XVe siecle, s'etait a nouveau developpee au milieu du XVP siecle, alliee a une formidable extension de la contrebande maritime. Elle n'avait pu etre efficacement reprimee qu'en renongant a la prohibi tion du commerce maritime prive. Sans doute y avait-il dans le souci des autorites a ne pas laisser les Portugais remonter plus au nord, Pin

quietude de les voir s'allier a de puissants chefs de pirates chinois. En

depit de la mobilite de leurs navires et de leur puissance de feu, les

Portugais etaient trop peu nombreux pour destabiliser un Etat orga nise qui avait une longue experience de la lutte contre la piraterie. Le modus vivendi de Pinstallation a Macao etait de nature a satisfaire les deux parties. En n'ouvrant que la seule fenetre de Canton, Padminis tration chinoise maintenait le cordon sanitaire sans se priver de la

manne economique d'un commerce exterieur favorable. Le risque d'une conquete du pays par la mer, sans aucun precedent, devait lui

paraitre impensable. II n'est pas dans le role des bureaux de se poser des problemes a long terme et encore moins de les resoudre. On s'ex

plique Pinsouciance a se mieux renseigner sur les nouveaux venus et a

prendre en compte leur relative superiority navale. L'amelioration des connaissances geographiques ne fera que conforter le sentiment de

securite que donnait la distance fabuleuse separant la Chine de ces

44 Cf. Goodrich, op. cit, p. 1004

This content downloaded from 185.2.32.21 on Sun, 15 Jun 2014 15:44:44 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 14: Extrême Orient || L'arrivée des Portugais en Chine: la perception chinoise d'après l'Histoire Officielle des Ming

L'ARRIVEE DES PORTUGAIS EN CHINE 19

ennemis potentiels. II ne sera perturbe qu'au debut du XIXe siecle,

lorsque la balance commerciale deviendra defavorable et les distances raccourcies par P amelioration des techniques navales.

Universite de Bordeaux III. Andre Levy.

La perception chinoise dans VHistoire officielle des Ming

Ai Rulue 3c frS BS Nanhai xianzhi ^ M Jt !& Aomenjiliie &| fl *? H& PANDinggou iT^ Beiwo duzhihui ? f? 9 *? ff Pwtaoya M M ̂ Biedulu #J W> P Qin8 ** Binchun 3ft $# QiuDaolong #5 ?t ̂ Boerduwaer fa jfff IP E # Quanzhou H jf-H Buzhengshi ft ft flg Shaozhou ft *M CHANGT'ien-tse X^S St/sfey/j ft t? flj ChenJiude 6fc A fil Tianxia junguo libing shu ^ T ?U ̂ ^ Chengcha biji HI fll H tE '"** z/,Ms/" * ^ Dongwan ^ fg Tingzhoufuzh *J" jl'H /fr ;& Dongwan xianzhi "?%&!& Tunmen ife fj Du Ruzhen th fk l? wa/gwo ft S

Fagwo & B WAN Sitong 75 *f H Falangxi & j!P g? Wang Hong ?? & Fflfawri jfe ^ ? WANGHongxu i ? * Fulangcha ffi ?P f? Wang Xiwen i # ^C Fo/awg// I* ?P 4a WanS Ying'en i ifi JR Folangxi ? IP ffi Weixiying 7*3 S |? GU Yanwu I^g WU Tingju ^ M & haidao fushi ft St fl ft Wuxu * *

He Ao fpj 3t Wuzong j? ^ He Qiao M fir Xianghua fpj >ft

Huaiyuan ffi TZ? Xiangshan # LU Huitongguan ? R t| Xinhui #f <& Jiabidanmo j}$ <& ̂ 3fc *"?/w $1 il Jiajing % fl| YANGManuo PB ^ ^ Jiang Bin ?X % YIN Guangren ft! it &

jishizhong *& ^ 4? Yuegang J=j *? /i/aw & Yueshan congtan ft |1| M T&

KeRong ftjj |jg ZHANG Rulin *^(I XAoyaHusain A # 32 = ZHANG Tingyu Jfc jg 3L Li Fu, ^ ft ZHANG Weihua & $ # Li Guangtou i? -fa W. Zhangzhou *S jj+l

Liang Chao ?R Ml Zhao'an fg $ Lin Fu

' ** 8 Zhengde IE $?

LiuTingyuan *lj $? 7C Zhifang waiji $ # ft ?ci Lwso?# g 7^ zhonggui 41 Ifc Manlajia H #lj #n ZHUHouzhao * ? 88 Mingren zhuanji ziliao suoyin$% A # IE Zhu Wan t(c $\

? ft X g I Zoumaqi j? A g Mingshi H? & Mingshi gao HJ? ? f$ Mingshi Ouzhou siguozhuan zhushi B^ 5fc

K #? Q B# an

This content downloaded from 185.2.32.21 on Sun, 15 Jun 2014 15:44:44 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions