Fabrique de l Urbanit Nantes Art Espace Public 2009

7/29/2019 Fabrique de l Urbanit Nantes Art Espace Public 2009

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DOSSIER DOCUMENTAIRE n1

La fabrique de l urbanitFocus sur l I le de Nantes

art [espace] public est un cycle de rencontres-dbatspropos par le Master 2 professionnelProjets Culturels dans l 'Espace Publicde l universit Paris 1 Panthon-SorbonneEn partenariat avec Stradda, le magazinede la cration hors les murs

3 me dition : du 30 janvier au 13 mars 2009


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La fabrique de lurbanit. Focus sur lIle Nantes / dossier-documentaire / cycle art [espace] public 2009 2

La fabrique de l urbanitFocus sur l I le de NantesDe plus en plus doprations de renouvellement urbain sinscrivent dans une approche globale,intgrent des volets artistiques et culturels, associent aux expertises techniquestraditionnelles, une expertise sensible porte par des artistes. Au-del du strict cadre bti, cesprojets interrogent lagir et ltre urbain contemporains, revisitent les formes et les usages, lesreprsentations collectives et les imaginaires partags. Pourquoi les artistes sont-ils invits participer ces projets ? Que peuvent-ils faire la ville en construction ? Commentcontribuent-ils la cration de nouvelles urbanits ? Forts de lexprience du projet urbain delle de Nantes, Alexandre Chemetoff, architecte et paysagiste, grand prix de lurbanisme(2000), et Franois Delarozire, concepteur et constructeur de machines de spectacle,notamment des Machines de lle, nous racontent comment sinvente la transformation de ceterritoire, lune des plus intressantes engage ces dernires annes en Europe.

Questionner la fabrique de la ville, cest focaliser lattention sur des ralisations effectives,examiner plus attentivement non pas la ville faite ou faire, mais la ville en train de sefaire. 1

Rencontre prpare par Armelle Bellenger, Adrienne Ferr, Claire Huberson, Marie Tranchet,tudiantes au sein du Master Projets Culturels dans l'Espace Public.

Vendredi 30 janvier 2009, 19h-21h la Sorbonne, amphi Richelieuhttp://art-espace-public.c.la

Dans le cadre du troisime cycle art [espace] public propos du 30 janvier au 13 mars 2009 la Sorbonne par le Master 2 Projets Culturels dans l'Espace Public de lUniversit Paris 1Panthon-Sorbonne, sous la direction de Pascal Le Brun-Cordier, professeur associ,directeur du Master. En partenariat avec Stradda, magazine de la cration hors les murs.

Programme complet du cycle art [espace] public et archives sonores :www.art-espace-public.c.la

Site de Stradda : www.stradda.fr

Journal de bord du Master : http://masterpcep.over-blog.comMdias partenaires : Radio Grenouille, Poptronics

1 La fabrique ordinaire de la ville , in Histoire urbaine 2007- 2, n 19.


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[Prsentation des intervenants]

Alexandre ChemetoffAlexandre Chemetoff est architecte, urbaniste et paysagiste.Il est n le 2 fvrier 1950 Paris. Il tudie lcole Nationale Suprieure dHorticulture de

Versailles. Il devient paysagiste DPLG en 1977. En 1983, il fonde le Bureau des Paysages, unestructure constitue darchitectes, de paysagistes et de personnes de formations diversesimpliques dans le domaine de lamnagement du territoire. En 1998, il obtient le titredarchitecte qui confirme llargissement du champ de son intervention.Il ralise aujourdhui des tudes et des oprations de matrise doeuvre qui vont du jardin laville, en passant par la construction, dans un souci de comprhension globale des phnomnesde transformation du territoire : du dtail la grande chelle. Parmi ses premiresralisations, on signale le Jardin des Bambous au Parc de la Villette Paris (1985-87). Entre1987 et 1999, il est aussi enseignant dans diffrentes coles et Institutions. Enfin, AlexandreChemetoff obtient diffrents prix et reconnaissances dont le Grand prix de lUrbanisme (2000).On peut citer quelques projets reprsentatifs de son travail actuel : la transformation de lIlede Nantes depuis 2001, lamnagement des rives Meurthe Nancy depuis 1989, le Grand

Projet de Ville du Plateau de Haye Maxeville, Laxou et Nancy (2004), ou encore le Parc PaulMistral Grenoble (depuis 2004).

Franois DelarozireInventeur et constructeur de dcors et de machines, Franois Delarozire est diplm delcole des Beaux Arts de Marseille. Il conoit et dirige la fabrication, depuis plus de 15 ans, degrandes machines de spectacle dont les plus emblmatiques, celles de la compagnie de thtrede rue Royal de Luxe : le Livre de la vritable Histoire de France, le Gant, le Rhinocros, lePetit Gant, les Girafes, la Petite Gante et le Grand lphantIl est galement lauteur de :- la rue du Cargo Melquiades-Ville de Nantes (1992)- le mange de Catimini (1994)

- le Beau Mange Toulouse (1996)- le Mange dAndra (1999)- le dcor du Passager pour le Channel, scne nationale de Calais (2000) et il participeactuellement la rhabilitation du lieu comme scnographe associ lquipe de larchitectePatrick Bouchain.- la scnographie de lexposition Lisbonne/Lisboa pour ltablissement public du parc de LaVillette Paris (2002).- le Gant des sept mers , crature hybride de 15 tonnes (lment central de lascnographie du spectacle du Forum 2004 Barcelone).En 2004, il a initi et mis en scne Nantes Le grand Rpertoire des Machines de spectacle. Lexposition a t prsente au Grand Palais Paris lt dernier. Il a sign, en tantquauteur, un ouvrage du mme nom, aux ditions Actes sud dans la collection Beaux livres.

En 2004, il a cr avec le compositeur Mino Malan La Symphonie mcanique , spectacleactuellement en tourne. Depuis plusieurs annes, Franois Delarozire enseigne audpartement Scnographie de lcole darchitecture de Nantes et encadre de nombreux stagesde formation dintermittents du spectacle, de constructeurs, de marionnettistes et membres decompagnies.2Franois Delarozire est depuis 1999 directeur de lassociation La Machine. Le projet de laMachine est n de la collaboration dartistes, constructeurs, techniciens et dcorateurs despectacles. Cette association loi 1901 a pour objectif de mener bien tous les projetsartistiques et rves, mme les plus fous : spectacles de thtre mcanique, dcorsmonumentaux, objets en mouvement, machineries de spectacles La Machine est cratrice despectacles et prestataire de services pour le spectacle vivant. 3.

2 Dossier de Presse Les Machines de lle, juin 2007, site officiel www.lesmachines-nantes.fr3 Site officiel de lassociation La Machine : www.lamachine.fr


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[Cadrage]

URBAIN : En tant que civitas, la ville est considre comme une entit politique qui se dfinit par letype dassociation qui y a t ralise entre ses habitants. [..] La notion de civitas signifie la

communaut politique et religieuse, telle quelle a t dveloppe dans la cit.Considre comme urbs, la ville est un ensemble de remparts et de btiments, elle est unespace dlimit, organis et bti. Mais elle est dabord une clture [] la ville est la fois unecit et un espace construit, une organisation politique et un espace organis, une ide et uneralit spatiale. Jean-Marc Besse4

URBANITE :Approche philosophique : Puisque lexprience urbaine, celle qui entrecroise une potique, une scnique, une politique,celle qui imbrique priv et public, associait naturellement lurbs et la civitas, un lieu et unemanire dtre, une forme urbaine et un type dhomme, bref une urbanit, cest bien cette

dissociation, ce divorce progressif de lurbs et de la civitas qui inquite. Olivier Mongin5

Approche potique :Lurbanit est la faon dont une ville faonne ses habitants dans ce quils ont de plus intime.Pendant la rnovation Haussmannienne la fin du 19me sicle, Baudelaire soupire que Levieux Paris n'est plus (la forme d'une ville / Change plus vite, hlas ! Que le cur d'unmortel) 6. Faisant chos luvre du grand pote parisien, lcrivain ligrien Julien Gracqcrit pour Nantes le roman La Forme d'une ville, ouvrage peupl de souvenirs et de fantasmes.La Revue 303 prsente ainsi cette uvre : "La forme" dune ville est bien le titre, lemblme[], ce titre et Julien Gracq y est explicite livre le vritable secret de louvrage : "forme",empreinte, forme que la ville [Nantes] a donne, de manire capitale et durable ce "je" quiparle, regarde et se souvient. 7

Approche sociologique et urbanistique :Franois Barr, consultant pour des projets culturels urbains, interroge le concept durbanit etla ralit des projets urbains. Ces concepts ne finissent-ils pas par sonner comme desabstractions un peu vides de sens ? Selon lui, le sociologue Yves Chalas, dfinit lurbanitnouvelle autour de sept piliers : la mobilit, le territoire, la nature, le polycentrisme, lechoix, le vide, le temps continu8. Franois Barr interroge ainsi cette dfinition de lurbanit : Les questions poses par un tel constat sont majeures. Qui fait les villes? Qu'est-ce qui faitville? Est-ce que cela se pense, se dlibre, se programme, se projette? Ou n'est-ce que lersultat improbable d'une rgulation spontane, d'un destin inluctable mlant la maininvisible du march et les effets visibles de ses promoteurs, les aspirations des consommateurset les atermoiements des urbanistes ? [] L'urbaniste ne court-il pas derrire l'inluctable []et n'appelle-t-il pas urbanit et mergence un pandage urbain, un all overde la ville du grandtout ? [] La ville est partout. L o il y a un territoire, grand ou petit, public ou intime,naturel ou artificiel, il y a de la ville , affirme Chalas. [] Ville de ples monofonctionnels etde zoning, pouvant faire regretter la pluralit de fonctions de l'espace public traditionnel, ellerecle selon lui, "en tous lieux, des qualits de l'urbanit". On nous permettra d'en douter. 9

4 Besse Jean-Marc, Vues de ville et gographie au XVIe sicle : concepts, dmarches cognitives, fonctions , inFrdric Poussin (dir.), Figures de la ville et construction des savoirs, Architecture, urbanisme, gographie, CNRSEditions, Paris, 2005, p.27

5 Mongin Olivier, La condition urbaine. La ville lheure de la mondialisation, Seuil, 2005, p.1336 Baudelaire Charles, Les Fleurs du Mal, section Les tableaux parisiens , pome Le cygne, Victor Hugo , 1857.7 Extrait de la Revue 303, lire sur la page http://www.jose-corti.fr/titresfrancais/forme-d-une-ville.html8 Cf. Yves Chalas, Villes Contemporaines, Editions Cercle d'art, 20029 In : Le Monde des Livres, jeudi 16 mai 2002, lire sur la page http://pweb.ens-lsh.fr/omilhaud/chalas.doc


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FABRIQUE : Lide de fabrique de lurbain dsigne dabord son caractre construit, interminablementconstruit, processus la fois politique, conomique et culturel. Comme dautres fabriques,celles qui nous intressent ici organisent des facteurs de production, crent des externalits,sont sujettes des critiques et controverses et s'appuient parfois (souvent!) sur des logiquesconniventes et rticulaires. Lespace urbain est ici pour nous espace de dispute et decontestations car cest un milieu plein dans lequel sobservent des adaptations, cooprations

en fonction de ressources spcifiques (affordances dans le langage cologique) 10

10 LAUA, Laboratoire Langages, Actions Urbaines, Altrits de lEcole Nationale Suprieure dArchitecture de Nantes,projet scientifique 2006-2009.


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[Problmatique]

Si le fait urbain concerne aujourdhui 80% de la population franaise selon les chiffres delINSEE, il apparat pour beaucoup que lurbanit serait au final une condition partage partous : selon le philosophe Thierry Paquot : nous vivons dans un monde entirement

urbanis. Lurbanisation nest pas une donne quantitative mais qualitative 11

. Mais lurbanitsemble galement en souffrance, voire inexistante et impossible, dans les villescontemporaines12.Il nous semble que certains des grands projets urbains en cours tentent justement defabriquer une urbanit qui runirait les dimensions du bti et de la citoyennet.Cette volont semble se traduire par la multiplication doprations de renouvellement urbainsinscrivant dans une approche globale, intgrant des volets artistiques et culturels, associantaux expertises techniques traditionnelles, une expertise sensible porte par des artistes,rejoints de plus en plus par les architectes sur cette dimension. Au-del du strict cadre bti,ces projets interrogent ainsi lagir et ltre urbain contemporains, revisitent les formes et lesusages, les reprsentations collectives et les imaginaires partagsTrois axes pourront questionner la pertinence de ces projets dans leur volont de fabriquer delurbanit :Comment ces projets permettent le passage dun projet d'amnagement urbain une fabriquede lurbanit ?Comment intgrer les diffrents acteurs au processus de fabrication de la ville ?Et enfin, comment fabriquer les lieux de lurbanit ?

De la construction de lurbain la fabrique de lurbanit ?Dans le cadre du projet de lIle de Nantes, les artistes comme les architectes et les urbanistesprennent en compte les aspects culturels du renouvellement urbain et accordent une grandeimportance aux espaces publics et aux espaces partags. Au cur de ces projets, la ville nesprouve plus seulement comme un ensemble bti, lurbain , mais comme un vcu socialet minemment culturel, lurbanit . Ainsi, larchitecte et paysagiste Alexandre Chemetoffsattache-t-il faire vivre et voluer son chantier selon la faon dont les acteurs se

lapproprient, quils soient des acteurs privs, des personnes publiques ou des habitants. Pourlui, il sagit donc de laisser leur place aux initiatives et aux propositions qui se font jour tout eninsufflant une ligne, un esprit dans ce chantier, et non den orchestrer le dveloppement avecun objectif final prconu. Cest pourquoi selon son expression le projet est son propremdia : lurbanit de lle sinvente et se cre limage des Machines de lle exhibant leurpropre fabrique au cours de la construction et lors de rptitions vue. Dans quelle mesure lesprojets dAlexandre Chemetoff et Franois Delarozire dclenchent-ils, accompagnent-ils lesmutations culturelles de lle ?

Quand les positionnements dartiste, darchitecte, durbaniste fusionnent ?Le projet de lle de Nantes runit dans un dialogue fcond artistes, acteurs culturels eturbanistes. Franois Delarozire, concepteur des Machines de lle, affirme ainsi que dans la

rencontre avec larchitecte Alexandre Chemetoff, qui assure la matrise duvre urbaine de ceprojet de renouvellement, cest le sens mme de son projet artistique qui sest modifi13.Frottements, altrit nourricire, les artistes et les architectes construisent ensemble la ville dedemain. Mais au-del du dialogue, cest peut-tre la permabilit entre les positionnementsdartistes, dacteurs culturels, darchitectes, de paysagistes et durbanistes qui est en jeu. ANantes, Franois Delarozire pratique ainsi de larchitecture en mouvement . Jean Blaise,directeur du Lieu Unique et concepteur de la biennale dart contemporain Estuaire Nantes > La valeur de lancien progresse sur lle de Nantes. Elle part dassez baset progresse peu prs au mme rythme que le neuf, tout en lui restant videmmentinfrieure car Beaulieu et Rpublique ntaient pas des secteurs trs valoriss. Donc pour lesclasses moyennes qui veulent effectuer des acquisitions, il faut se prcipiter ! Un appartement

Beaulieu avec vue sur Loire cest de lordre de 2000 euros le mtre carr. Vous ne trouverezun tel prix nulle part ailleurs dans le centre ville. Aujourdhui lle de Nantes reste un quartierplutt populaire par rapport la moyenne de la ville. Comment assurer la prennit de cettedimension populaire ? Nous y travaillons notamment dans le quartier Rpublique-les Ponts, parle traitement de lespace public, lamlioration de lhabitat, lactivit conomique. Nous tentonsdamliorer la vie de ce quartier sans quil se bobose pour autant. Cest une volont politique.Quant aux oprations neuves, elles concernent un vaste ventail social. On parle toujours dedeux ou trois oprations face la Loire, face au centre ville, mais lintrieur de ce quartier ily a aussi place pour les employs, les cadres moyens videmment, il y a des logements 3500 euros le mtre carr et plus qui sont achets par des gens plus aiss, dont une partprovient de lextrieur, des Parisiens notamment. Mais a fait partie de lattractivit nantaise.Nous ne voulons pas que cette population soit majoritaire, ou vive dans des espces de

rserves. Et puis nous allons quand mme faire au moins 7 000 logements qui sajouteront ceux qui existent. La population de lle va doubler. Un quartier de ville doit dabord trehabit.

THIERRY GUIDET > Je voudrais prolonger largumentation de Goulven Boudic. La perceptionde la ralit finit par faire partie de la ralit. Mme sil y a de vrais efforts pour maintenir etdvelopper la mixit sociale sur lle, lessentiel de la communication sadresse un certaintype de population, quon les appelle bobos ou nouvelles lites urbaines

GOULVEN BOUDIC > Oui, cest la question de limputation. Est-ce que les lecteurs ne vontpas attribuer aux politiques des responsabilits sur des phnomnes quils ne matrisent pasvraiment, le prix de limmobilier notamment ? Jusqu quand va tenir lalliance entre lescouches populaires, les nouvelles lites urbaines et ce quil reste en ville des classesmoyennes?

LAURENT DEVISME > Il y a des choses qui sont de lordre de la politique de communication, dumarketing urbain lgard desquelles il faut se montrer vigilant. Attention aux associationsentre htels quatre toiles, paquebots, casinos Par ailleurs, on aborde la question de lagentrification 3 qui dpasse videmment le chantier de lle de Nantes. La rponse cettetendance, ce sont bien les 25 % de logements sociaux en train de se construire, mais quandon regarde le commerce de proximit sur lle, les restaurants, les brocantes branches, on naplus aucun doute sur la bobosation de lle.

GILLES PINSON > Je vais jouer le vilain petit canard. Sur la gentrification, des travaux ont traliss Paris et montrent que le problme principal, ce nest pas la gentrification, maislembourgeoisement accru de quartiers qui taient dj trs bourgeois et la sgrgation destrs pauvres. Mais les autres quartiers parisiens sont des quartiers moyens mlangs. Ce quime proccupe, ce nest pas tant la gentrification que la manire dont on rflchit audveloppement conomique partir de spculations peu fondes sur la nouvelle conomie. Jesuis effar par tout ce qui se colporte sur les classes cratives soi-disant au cur de lanouvelle conomie et qui attireraient les entreprises. Attention la focalisation des politiquesconomiques sur les industries culturelles, sur les activits lies la communication, audesign, etc. ! ct de a, on oublie de valoriser des industries plus traditionnelles. La Franceinvisible, ce nest pas seulement la France des exclus, cest aussi celle des patrons de PME quibidouillent dans leur coin.

LAURENT THRY > On ne pouvait pas imaginer que le projet de lle de Nantes se dveloppe

sans quil dclenche un phnomne de valorisation. Ou plutt : si le projet de lle de Nantesnavait pas dclench un processus de valorisation, il se serait arrt. Nous essayons dematriser les conditions de cette valorisation. Cest vrai quen termes dimage, lle de Nantes


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est associe larrive de ces nouvelles couches, les cratifs, les bobos et aux formesarchitecturales qui leur correspondent. Il faut assumer cette attractivit condition dtrecapables de la matriser et de ne pas rserver lle cette population. Sur ce que disait GillesPinson propos de la nouvelle conomie, nous pensons que la vitalit culturelle et artistique Nantes produit des effets conomiques. Mais, et on la crit dans le prcdent numro de Placepublique, la force de Nantes, la force de cette mtropole, cest de connatre un dveloppementconomique qui se fonde sur des services, sur une industrie qui demeure forte, sur le tourisme

li la cte. Cette diversit des moteurs a permis de gnrer de nombreux emplois locaux,souvent faiblement qualifis. Nous nous trouvons dans une situation assez particulire parrapport aux autres mtropoles franaises, cest une force. Pour finir, un mot sur les images duprojet. Llphant qui va dambuler sur lle, cest quelque chose de trs populaire. On esprebien que a va attirer aussi des touristes. Mais cet objet extraordinaire est dabord destin faire rver les gosses de Nantes. Et le Hangar bananes qui va accueillir des bars, unecrperie, une brasserie, une bote de nuit, des restaurants, une salle dexposition dartcontemporain, il sera frquent par tout le monde. Enfin, on verra bien Mais ce que nousavons recherch, cest un lieu festif pour toutes les catgories de Nantais 49

Une culture vitrine au service de la communication ?

Lors des lections municipales de 2008, une liste alternative Culture(S) a t constitue.Le cot du projet des Machines de lIle a prt controverse, certains acteurs culturels nantaissuggrant que ce projet empchait lmergence dinitiatives culturelles locales dans la mesureo il attire lui trop de financements.

A-partisan et part, Culture(S), qui runit des citoyens, est le poil gratter de la campagne.Prambule. Culture(S) le dit et le redit : Nous ne sommes ni un parti politique, ni unsyndicat, ni un groupe corporatiste, mais un ensemble de citoyens se retrouvant autour desproblmatiques actuelles lies la culture.Avec un grand S. Son nom dit dj tout. CultureS ne dfend pas la culture avec un grand Cmais avec un grand S. Les cultures ou, autrement dit, une pluralit des cultures que ce soitdans son approche, ses lieux, ses formes... Ces Robins des Bois des cultures pluriellesexpriment, avec le sens de la formule, vouloir que le rayonnement culturel d'une ville vienned'une fort d'arbres diffrents et vigoureux, et pas d'un ou deux baobabs sur un sol aride . Ilsne veulent pas d'une culture vitrine au service de la communication, symbolise, mmesi nous les apprcions, par Royal de luxe, le Lieu Unique ou l'Elphant 50.

49 Extrait du dossier Ile de Nantes: une vile se construit sus nos yeux, Table ronde Une le rserve aux bobos ?,Place Publique #450 Vronique Escolano, Ouest France, http://www.nantes.maville.com/actu/actudet_-La-liste-des-petits-de-la-culture-S-_loc-563021_actu.Htm


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[Repres et mots-cls]

Convention publique damnagement (CPA)Lacte par lequel une collectivit territoriale donne mandat un tiers de raliser une oprationdurbanisme. Selon larticle 300-4 du code de lurbanisme : L'Etat, les collectivits locales ouleurs tablissements publics peuvent confier l'tude et la ralisation des oprations

d'amnagement prvues par le prsent livre toute personne publique ou prive y ayantvocation. Lorsque la convention est passe avec un tablissement public, une socitd'conomie mixte locale [], elle peut prendre la forme d'une convention publiqued'amnagement. Dans ce cas, l'organisme cocontractant peut se voir confier les acquisitionspar voie d'expropriation ou de premption, la ralisation de toute opration et actiond'amnagement et quipement concourant l'opration globale faisant l'objet de la conventionpublique d'amnagement. Cet article prvoit explicitement que ce type de contrat est exclu duchamp des dlgations de service public pour ce qui regardait les conditions de publicit et demise en concurrence [] .

Friche industrielleLongtemps considres par les dcideurs urbains comme des territoires problmatiques, les

friches sont aujourdhui au cur des enjeux de la ville nouvelle.

Machine Le progrs, lvolution technologique transforment les machines, les rendent plusperformantes. Chaque modle est dpass par le suivant : le magntophone bande par lelecteur CD, laspirateur sac par celui sans sac, etc. En revanche les machines qui nousintressent sont dune autre nature : elles semblent transcender leur simple fonctionmcanique en imposant un autre sens, leur fonction potique les place hors du temps. Cesmachines de spectacle sont dune qualit assez particulire : elles nous font accder aurve. 51

Matrise duvre

Le matre duvre propose une solution esthtique et technique qui permet de raliser unprojet, dans lenveloppe budgtaire et les dlais qui lui sont assigns. Pour les projetscomplexes, il est gnralement compos dun cabinet darchitecte associ un bureaudtudes techniques52. Dans le cadre du projet de lle de Nantes, Alexandre Chemetoff et lesAtelier de lle de Nantes assurent la matrise duvre urbaine.

Matrise douvrageLa SAMOA est charge du pilotage global du projet et de la matrise d'ouvrage oprationnelle.Cre le 2 octobre 2003, son objet statutaire est la ralisation dans le cadre dudveloppement de la Mtropole Nantes Saint-Nazaire et titre principal sur le territoire de lIlede Nantes, de toutes oprations, actions et programmes damnagement de renouvellementurbain et toutes actions de valorisation territoriale . Cest elle qui a conclut avec NantesMtropole une convention publique damnagement le 31 octobre 2003. Le matre d'ouvrageest la personne (personne morale, prive ou publique) pour le compte de laquelle sont ralissles travaux de construction, elle dfinit l'objectif du projet, son calendrier et le budget consacr ce projet. Le rsultat attendu du projet est la ralisation et la livraison d'un produit, appelouvrage. Dans le cas du renouvellement urbain de lle de Nantes, la SAMOA est charge entreautres des tudes, des acquisitions foncires, du traitement de lespace public, de la gestionimmobilire.

March publicLes marchs publics sont des contrats conclus titre onreux entre les pouvoirsadjudicateurs et des oprateurs conomiques publics ou privs, pour rpondre leurs besoinsen matire de travaux, de fournitures ou de services selon larticle 1 du Code des MarchsPublics. Les pouvoirs adjudicateurs sont par exemple les collectivits territoriales.

51 Franois Delarozire, Le Grand Rpertoire. Machines de spectacle52 Dfinition Wikipedia


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Projet urbainLe projet urbain est devenu un nouvel instrument de laction publique : il est la fois une situation dans laquelle laction collective est organise autour de groupes dacteursmobiliss pour prendre en charge les difficults dun territoire circonscrit et un mode dactionen soit. Dans une situation de plus grande concurrence entre territoires, il devient primordial pour lesvilles dafficher une intention, des vocations pour mobiliser en interne et se rendre visible

lextrieur. Le plan amnageait la ville-espace, le projet fait parler la ville-acteur 53

.

Samoa La Samoa est une socit dconomie mixte dont les actionnaire principaux sont lescollectivits publiques, les chambres de commerce et dindustrie, le port autonome de NantesSaint-Nazaire, la Caisse de Dpts et Consignations, et plusieurs banques. Cest une structurelgre de 17 personnes qui garantit la souplesse et la ractivit indispensables la ralisationdu projet. [] Son objet principal est lle de Nantes. Son territoire et sa comptence ne selimitent pas cela. Elle a en charge danimer la dfinition de la stratgie mtropolitaine. 54

Socit dconomie mixte (SEM)Socit anonyme de droit priv, mais dont la part dinvestissement public dans le capital peut

slever jusqu 85%. Ces structures assurent des dlgations de service public. Les SEMjouent un rle de facilitation et dacclration de laction.

Ville crative Lle de Nantes est un trs beau projet parce quil est un objet qui permet prcismentdillustrer les villes cratives [] La ville crative cest une ville ouverte linnovation. Orce qui nous intresse cest la fois de mener une rflexion sur les moyens de dvelopper et deconserver lessence dune ville europenne, sous tous ses aspects. En particulier on est trsattentifs et on encourage beaucoup toutes les pratiques qui visent reconstruire, composeravec lexistant. Les villes cratives sont des villes-gouvernements, qui prennent leur destin enmain. Cest une mthode pragmatique qui fabrique la ville de demain 55.

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Gilles Pinson, Le projet comme instrument daction public , in Lascoumes P. et Le Gals P., Gouverner par lesinstruments, Presses de Sciences Po, 200554 Entretien avec Laurent Thry, directeur de la Samoa, revue Actualits de la Scnographie, septembre 200655 Ariella Masboungi, entretien extrait de Rapport final ENSAN Avril 2006 Lanalyse pragmatique dun projet urbain ;la mise lpreuve du plan-guide en projet de lle de Nantes


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[Ressources]

Bibliographie

- Actualit de la Scnographie, revue, Septembre 2007.- Baudelaire Charles, Les Fleurs du Mal, section Les tableaux parisiens , pome Le

cygne, Victor Hugo , 1857.- Chalas Yves, Villes Contemporaines, Editions Cercle d'art, 2002.- Delarozire Franois, Le grand rpertoire. Machines de spectacle, Actes sud, 2003.- Devisme Laurent, Lanalyse pragmatique dun projet urbain ; la mise lpreuve du

plan-guide en projet de lIle de Nantes , Rapport final ENSAM, 2006.- Gracq Julien, La Forme d'une ville, Corti, 1985.- Mongin Olivier, La condition urbaine. La ville lheure de la mondialisation, Seuil, 2005.- Pinson Gilles, Le projet comme instrument de laction publique , in Lascoumes et Le

Gals, Gouverner par les instruments, Paris, Presses de SciencesPo, 2005.- Place Publique #4, revue urbaine, juillet-aot 2007, Nantes-Saint-Nazaire.

Webographie

- www.lesmachines-nantes.fr : site officiel des Machines de lle. Notamment le dossier depresse Machines de lle de Nantes .

- www.lamachine.org : site officiel de lassociation La Machine.- www.nantesmetropole.fr : site officiel de la communaut urbaine de Nantes Mtropole.- http://www.jose-corti.fr/titresfrancais/forme-d-une-ville.html : site de lditeur Corti.- http://pweb.ens-lsh.fr/omilhaud/chalas.doc : publication internet de lEcole Normale

Suprieure de Lettres et Sciences Humaines de Lyon.

Entretiens

Entretien ralis avec Alexandre Chemetoff, 22 janvier 2009, Paris.Entretien ralis avec Franois Delarozire, 24 janvier 2009, Nantes, dans le cadre duvoyage dtude du Master Projets Culturels dans l'Espace Public.Entretien ralis avec Jean Blaise, 26 janvier 2009, Nantes, dans le cadre du voyage dtudedu Master Projets Culturels dans l'Espace Public.

Dossier documentaire ralis dans le cadre du cycle art [espace] public 2009 par elle Bellenger, AdrienneFerr, Claire Huberson, Marie Tranchet, tudiantes au sein du Master Projets Culturels dans l'EspacePublic. Sous la direction de Pascal Le Brun-Cordier, professeur associ, directeur du Master ProjetsCulturels dans l'Espace Public, Universit Paris 1 Panthon-Sorbonne. www.art-espace-public.c.la

Janvier 2009

Documents

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