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Adoptez la green attitude DÉVELOPPEMENT DURABLE EPHARMA Téléconsultation : trouver son partenaire idéal EPHARMA Téléconsultation : trouver son partenaire idéal FACE À FACE Aline Cristiani Directrice générale de L’Oréal Cosmétique Active France FACE À FACE Aline Cristiani Directrice générale de L’Oréal Cosmétique Active France

FACE À FACE Aline Cristiani Directrice générale de L’Oréal ......et Nutergia, par exemple, commencent seulement à vraiment communiquer sur le sujet. Depuis 2018, la marque d’Expanscience

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  • Adoptez lagreen attitude

    DÉVELOPPEMENT DURABLE

    E-PHARMATéléconsultation : trouver

    son partenaire idéal

    E-PHARMATéléconsultation : trouver

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    FACE À FACEAline Cristiani

    Directrice générale de L’OréalCosmétique Active France

    FACE À FACEAline Cristiani

    Directrice générale de L’OréalCosmétique Active France

    PHM186-0001 COUV.qxp_Gab_PHM_01_COUV 22/03/2019 16:12 Page1

  • 20 Pharmacien Manager n° 186 - avril 2019

    Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », lançait JacquesChirac au Sommet mondial sur le développement durable, en2002. Depuis, il s’est passé une prise de conscience collectiveet le rapport de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitairede l'alimentation, de l'environnement et du travail) de janvier dernier,qui alertait sur la composition des couches pour enfants et qui aentraîné le retrait de la vente du lait Modilac, a connu un fort reten-tissement dans l’opinion publique. C’est pourquoi marques etenseignes agissent pour montrer leurs efforts “durables” : 25 marquesinternationales (dont Oral-B, Nivea Men…) vont engager unedémarche zéro déchet au printemps, via un système de consignebaptisé “Loop”. A partir de cette année, Monoprix cesse de distribuerses catalogues en boîtes aux lettres, ce qui équivaut à 2400 tonnes depapier par an épargnées ; Intermarché a supprimé le plastique de sescotons-tiges ; le groupe Casino a créé l’enseigne Franprix Noé pourune « consommation plus responsable »... « Greenwashing »ou sincèrevolonté d’agir pour la planète ? L’avenir, nous le dira ! Car le dévelop-pement durable (DD) « répond aux besoins du présent sans compro-mettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs », selonle rapport Brundtland, réalisé pour les Nations Unies en 1987. C’estdonc un vaste programme qui concerne chacun ! Y compris les phar-macies. De nombreux titulaires agissent de façon sporadique : l’uns’éclaire de LED, l’autre trie ses déchets… D’autres, beaucoup moinsnombreux, essaient de mettre tout en œuvre pour faire mieux, avecune stratégie « clean ». Quitte à passer pour des originaux… assumés.

    DOSSIER DÉVELOPPEMENT DURABLE

    iStock - Renphoto

    DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE, MISE EN CAUSE DES FORMULESCOSMÉTIQUES ET DES PRODUITS ALIMENTAIRES

    ULTRA-TRANSFORMÉS, RÉNOVATION DES BÂTIMENTS,NOUVEAUX MODES DE MANAGEMENT, LE DÉVELOPPEMENTDURABLE – DD POUR LES INTIMES – CONCERNE TOUT ET

    TOURNE AUTOUR DE TROIS PILIERS : LE SOCIAL, LE SOCIÉTALET L’ENVIRONNEMENTAL. DANS LES PHARMACIES AUSSI, DD

    AVANCE PAS À PAS.PAR FABIENNE COLIN

    VéroniqueSimon-Baytitulaireà Vire (14)

    Olivier Bascoulèsco-titulaire àLézat-sur-Lèze (09)

    DominiqueVaissièresco-titulaire àCastelginest (31)

    Carline Bilheudetitulaire àHardricourt (78)

    Témoignages

    Appelez-moi

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  • Pharmacien Manager n° 186 - avril 2019 21

    iStock - Renphoto

    DD !LES EXPERTS

    Pascale BrousseFONDATRICE DETREND SOURCING

    SybilleFoingDIRECTRICEMARKETINGET RÉFÉRENT RSEDE MUSTELA

    GuillaumeJaquetDIRECTEURGÉNÉRAL D’ANTON& WILLEM

    EricMauryDIRECTEURCOMMUNICATIONET RELATIONSPUBLIQUES DENUTERGIA

    ValérieThiventFONDATRICE DETERRE 2 VERRE

    OlivierTomaFONDATEUR DEL’AGENCEPRIMUM NONNOCERE

    PHM186-0020_0027 Dossier.qxp_Mise en page 1 22/03/2019 10:40 Page21

  • « Les enjeux de qualité de vie au travail sontidentifiés par une grande majorité des structures répondantes »,selon la 2e enquête « Mon observatoire du développement durable » menée dans les établissements sanitaires et médico-sociaux en 2018.

    ENQUÊTE

    22 Pharmacien Manager n° 186 - avril 2019

    Il est vrai que le chantier peut effrayer tant il est ambi-tieux. Voici des éléments pour comprendre comments’y prennent les pionniers du « sustainable » actif.

    EN FRONT-OFFICEUn assortiment ciblé

    Beaucoup de commerces commencent leur démarcheéco-friendly en sélectionnant davantage les produitsqu’ils vendent. C’est le cas d’enseignes comme Biocoopet son offre biologique. En 2015, la chaîne a mêmeouvert un pop’up store 100 % vrac, pour montrer qu’onpouvait éviter les emballages. De son côté, Naturalias’est déclinée en Naturalia Vegan depuis 2017…« Certains consommateurs adorent les applis, commeYuka, qui analysent la composition des produits. Ils s’enservent comme gendarme auprès des enfants, mais ilsn’ont pas forcément envie de passer leur temps à scanner.D’où l’intérêt de rentrer dans un magasin qui abaisse lacharge mentale, où on retrouve de la confiance dansson commerçant », souligne Pascale Brousse, fondatricede Trend Sourcing. Créatrice de la page Facebook «VieSaine Pascale » et du compte Instagram « PascaleBrousse Healthy Living », elle ajoute : « on constate chezle consommateur, une demande grandissante de trans-parence et surtout de cohérence ». Le citoyen n’est pastoujours logique : d’un côté, il peut passer commandesur Amazon pour se faire livrer dans l’heure, et de l’autre,chercher uniquement des produits bios et locaux. Quoiqu’il en soit, il place la barre haut. Or, même pour un

    pharmacien qualifié, analyser une formule et bien choi-sir son offre reste compliqué. « Parfois au sein d’unemême gamme, seuls certains produits ne contiennentpas des ingrédients néfastes pour la santé », s’étonneValérie Thivent, fondatrice de l’agence de conseil et deformation sur le développement durable Terre 2 Verre.« Parmi les déodorants que j’ai testés sur les appliscomme Yuka et Clean Beauty, aucun parmi les marquesleaders en officine n’était correct. Je ne pensais pasqu’on en était à ce degré-là. J’avais espoir que les produitssoient moins dangereux en pharmacie qu’en GMS. Il estprimordial que le conseil du pharmacien ressorte, si laprofession souhaite que cette activité reste chez eux ».

    DÉMÊLER le vrai du faux. Pourtant de nombreusesmarques sont engagées dans une démarche de déve-loppement durable, qui va au-delà des allégations« sans » (paraben, silicone… potentiellement rempla-cés par des ingrédients pire). Selon les cas, elles fabri-quent en France, maîtrisent leurs approvisionnements,produisent bio, équitable, proposent du vrac, des éco-recharges… Et jusque-là presque discrètement. Mustelaet Nutergia, par exemple, commencent seulement àvraiment communiquer sur le sujet. Depuis 2018, lamarque d’Expanscience parle de ses valeurs dans sespublicités grand public, avec le slogan « Je veux dunaturel ».Cette année, la fabrication en France des pro-duits Mustela sera également mise en avant pour lapremière fois. De son côté, l’an dernier, Nutergia a faitvisiter son laboratoire flambant neuf et à l’empreintecarbone minimale. Une sorte de première prise de

    DOSSIER DÉVELOPPEMENT DURABLE

    Bientôt un labelAprès avoir travaillé avec lelaboratoire Pierre Fabre àl’accompagnement dequelque 70 officines dansune démarche RSE,l’agence biterroise, Primunnon nocere, a eu l’idée decréer un label de qualitéTrès Haute Qualité Sanitaireet Environnementale(THQSE) pour unepharmacieéco-responsable. Lesprincipaux objectifs :améliorer la qualité de vie,augmenter lesperformances, structurer ladémarche, essaimer lesbonnes pratiques, limiterl’impact environnemental etco-construire une vision à

    long terme. « Le tierscertificateur Socotecmènera des audits entremars et juin, dans30 établissements. Nousavons fait en sorte que tousles types d’établissementsde la chaîne de santé soientreprésentés : la pharmacie,les laboratoires, unambulancier, un cabinetmédical, une clinique, unEhpad... A maconnaissance, il n’existe pasde label certifiant lesdémarches RSE en santé. Ilexiste des certifications,mais pas des labels »,explique Olivier Toma,fondateur de l’agencePrimum Non Nocere.

    Nor

    me

    RSE

    En vrac et local. Certains concepts comme Franprix Noé promettent du mieux,sinon du parfait avec des produits en vrac, des produits locaux, etc.

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  • Pharmacien Manager n° 186 - avril 2019 23

    parole, alors que l’entreprise répond aux normes envi-ronnementales ISO 14001 depuis… 2012. D’où la diffi-culté, parfois, pour les pharmaciens de savoir qui faitquoi. Et ce, même pour des professionnels très sensibi-lisés au sujet. Ainsi, Dominique Vaissières, co-titulairede la Pharmacie de la Tour à Castelginest, qui définit ledéveloppement durable comme « l’essence du phar-macien » raconte : « On est sans arrêt à la recherche dela composition des produits pour répondre aux questionsdes patients… On se doit d’être rigoureux […] Parfois

    on doit demander une première fois une information surla traçabilité, puis envoyer un e-mail, relancer… A titred’exemple, ça fait deux ans que j’attends la formule deNovanuit demandée à Sanofi ! ».Celle qui s’était engagéedans la démarche éco-responsable proposée par PierreFabre en 2015 (projet que le groupe castrais ne va fina-lement « pas poursuivre dans l’immédiat »), a déjà faitdu tri dans son assortiment. « On a sorti la pseudoéphé-drine (notamment présent dans l’Actifed, NDLR) depuiscinq ans ! », se félicite-t-elle. « En phyto, nous exigeons désormais au minimum du bio. Nous essayons de trouverla mieux tracée. Nous croyions jusque-là qu’une AMM

    Apprendre de ses pairsIngénieur environnement, Gérald Townsend a travaillé plus de dix anschez LVMH, et notamment chez Sephora. Aujourd’hui, responsable dudéveloppement durable de l’enseigne de surgelés Picard, il explique àPharmacien Manager les enjeux du « soutenable ».

    Pharmacien manager. Comment la sociétéévolue-t-elle sur le développement durable ?Gérald Townsend. « Il y a quinze ans, onpouvait me demander en quoi consistait monmétier. Depuis la COP21 en 2015, il n’y a plusde débat à ce propos. Les Français sont endemande de transparence, de naturalité,concernant les produits et les magasins. Deuxthématiques ont porté cela : le changementclimatique, dont on parle notamment depuisle rapport du GIEC, et l’extinction massive desespèces. Le niveau de maturité desconsommateurs crée ainsi une demande fortede “verdissage” de tous les acteurséconomiques, pour aller vers un monde unpeu plus « soutenable ». Le pilierenvironnemental est le plus connu dudéveloppement durable, mais les thématiquessociales et sociétales ne sont pas en reste.Notamment du fait des lois Sapin (relative à laprévention de la corruption et à latransparence de la vie économique et desprocédures publiques, NDLR), et « duediligence », qui demandent aux gros acteursdes plans d’actions pour maîtriser leur chaîned’approvisionnement. »

    P.M. Comment les marquessensibilisent-elles les citoyens au DD ?G.T. « La montée en éveil des consommateursse traduit par la structuration des services « développement durable ». Il y a quinze ans,on comptait au maximum deux personnesdédiées dans les grands groupes. Aujourd’hui,on trouve des services avec dix personnes ou

    plus… Et ils sont de plus en plus souventrattachés à la direction générale. »

    P.M. A quoi les entreprises, qui ne se sontpas encore lancées dans le DD,doivent-elles s’attendre ?G.T. « Les marques doivent être de plus enplus exemplaires et transparentes. La prisede conscience vient notamment de la presse,des réseaux sociaux et des applicationscomme Yuka ou BuyOrNot, auxquelles lesgénérations Y et Z sont beaucoupconnectées. Ces jeunes recherchent du sensdans leurs actes d’achat. Une marque qui n’apas cherché à rendre son actionparticulièrement transparente, risque d’êtreblacklistée. Et, selon moi, cette transparences’hérite jusqu’au magasin, qui doit pensercomment il présente les produits, à leurtransport, l’impact énergétique dubâtiment… Je pense que cette transparencedes commerces sera de plus en plusdemandée par les consommateurs. Celaimplique, par exemple, que le magasinquestionne un minimum les marques qu’ildistribue pour éviter d’éventuels biaisenvironnementaux dans la chaîned’approvisionnement. Les retailers vontdevoir mettre en cohérence les valeurs qu’ilsdéfendent et les marques qu’ils vendent. Lepharmacien doit tenter de refuser tel ou telproduit s’il sait ou soupçonne qu’uningrédient épuise une flore de la forêtamazonienne, par exemple ! »

    P.M. Faut-il communiquer immédiatementsur ses actions ?G.T. « Communiquer tout de suite peutconduire à se faire suspecter degreenwashing. Le mieux est d’interroger lesparties prenantes (ses clients, salariés,actionnaires, les acteurs des environs…) pouridentifier quelques enjeux liés à son activité,mener quelques actions sur trois ou quatreans, et enfin, commencer à communiquerdessus. L’idée est, alors, de montrer quel’entreprise a fait des efforts et qu’à partir desrésultats obtenus, elle sent qu’elle peut allerbien au-delà, de façon structurée avec desobjectifs à moyen terme. Elle peut ensuitedonner rendez-vous chaque année pourmesurer les efforts réalisés. »

    P.M. La communication DD est-elleforcément humble ?G.T. « Oui c’est le bon mot. La communicationdoit être humble, car nous sommes tous face àd’énormes enjeux, pas simples à adresser. Etce notamment parce qu’on hérite de modèleséconomiques, qui n’intègrent pas encore assezles dimensions RSE. Il faut faire preuve depragmatisme, d’authenticité, et apprendre deses pairs, en rejoignant des réseaux telGénération Responsable par exemple – dontPicard est membre. »

    AILLEURS

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  • Une consommation responsable. A la Pharmacie Bilheude, on offre dessacs réutilisables et on a, par exemple, référencé Saforelle pour ses éco-recharges.

    Une démarche de développement durable touche toute l’activité del’officine : des produits vendus, à la façon de gérer ses livraisons enpassant par le management des équipes.

    Les titulaires mobilisés sur le sujet sont des pionniers peu nombreux,mais très actifs. Ils acceptent l’idée d’être très pragmatiques etd’avancer pas à pas.

    Les attentes des consommateurs sont élevées, et ces derniersattachent surtout de l’importance à la cohérence des actions menéesde la part d’une entreprise capable d’expliquer ces dernières, en toutetransparence.

    La communication sur la RSE est nécessaire, mais seulement une foisque plusieurs actions sont bien mises en place.

    L’ESSENTIEL

    74%DES FRANÇAIS DÉCLARENT VOULOIRCONSOMMER DAVANTAGE DE PRODUITS LOCAUX,64 % DAVANTAGE DE PRODUITS EN VRAC, SELONUN SONDAGE HARRIS INTERACTIVE, MENÉ DU 8 AU10 JANVIER 2018.

    24 Pharmacien Manager n° 186 - avril 2019

    bacs Dastri (pour les déchets à risques) aux agricul-teurs. « C’est mon rôle. On ne travaille plus de façonlinéaire, mais de façon circulaire. Car, même une bouteillevide contient quelques gouttes de médicament. Il faut ledire et le répéter ». Au comptoir, elle parle de dévelop-pement durable quand son interlocuteur aborde lesujet. « Je ne veux pas être moralisatrice », précise cellequi s’est mise en scène dans une courte vidéo pourexpliquer sur Facebook ce qu’il fallait rapporter à lapharmacie. Petit à petit, ça marche. Un jour, elle a pro-posé à une dame utilisatrice d’un traitement quotidiensous forme de dosettes, de lui rapporter ces contenants.Un mois après, la patiente lui remettait ses fioles. « Ellem’avait écoutée, elle avait pris conscience du danger, lemessage était passé… ça m’a fait tellement plaisir queje lui ai offert un cadeau ! Et désormais, elle revient tousles mois avec ses dosettes vides ». Et bien sûr, en back-office, la Pharmacie Centrale trie tous les déchets. L’achatde sac poubelle aurait été divisé par cinq en un an.

    DÉPASSER l’ère du “tout jetable”. CarlineBilheude aussi, affiche clairement ses principes. « Ici,on n’aime pas le gâchis », résume la titulaire depuis30 ans de la pharmacie éponyme à Hardricourt (78).Bons de livraisons, copies de factures… tous les papiersblancs sont recyclés. On a aussi prohibé les sacs plas-tiques, remplacés depuis deux ans par des poches réuti-lisables. « Au comptoir, on sensibilise sur l’emballage ali-mentaire, on parle des bouteilles d’eau en verre… Quantaux sacs offerts, nous les avons changés. Au départ, nousavions choisi des grands modèles, désormais nous don-nons des petits, qui tiennent mieux dans un sac à main.Si un patient à qui on a déjà donné un sac vient lesmains vides, on lui en prête un, en lui demandant de lerapporter pour qu’il serve à quelqu’un d’autre. C’est uncoût. J’ai dû dépenser 1000 € au maximum, mais cen’est pas un souci, car à terme je ne devrais plus avoirà en racheter », espère Carline Bilheude. « Ça vaut lecoup. A mes yeux, c’est important d’éviter de retrouverces plastiques accrochés aux arbres, partout, poursuitla titulaire. De même, on briefe nos clients sur le gâchisdes médicaments. Face à un nouveau traitement, on nedélivre pas le conditionnement trimestriel. On demandeaux patients d’essayer et de revenir… Et s’ils nous rap-portent des sacs pleins, on leur fait la morale… », recon-naît celle qui, par ailleurs, envisage des travaux pourlesquels elle souhaite faire appel à des artisans locaux.

    DOSSIER DÉVELOPPEMENT DURABLE

    garantissait une traçabilité irréprochable, mais ce n’estpas le cas », poursuit celle qui travaille aussi avec uneétudiante en train de mettre au point un outil destinéaux titulaires pour mieux interroger les laboratoires.

    UNE AFFAIRE de comportement. Adopter DD, c’estmodifier son comportement jusqu’au comptoir. A laPharmacie Centrale à Vire (14), on comprend vite lesconvictions de la titulaire Véronique Simon-Bay. « J’aiappliqué à ma pharmacie, ce que je m’applique. Quandun produit rentre à la maison, j’attache de l’importanceà ce qu’il génère le moins de déchet possible, à la proxi-mité de sa provenance… », explique celle qui tend versle zéro déchet chez elle… D’une manière générale, laquinquagénaire se fixe un objectif, tâche de le rempliravant de passer à un autre. Et le premier fixé pour l’of-ficine qu’elle a reprise en 2017, après y avoir été salariée,concerne le recyclage des médicaments. Dans cettepharmacie, dont un quart de l’activité provient des pro-duits vétérinaires, la titulaire a cessé de facturer les

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  • DOSSIER DÉVELOPPEMENT DURABLE

    Un rayon durable.Nommée référente développement durable avec le titulairede la Pharmacie de la Lèze à Lézat-sur-Lèze (09), la préparatrice, Marie-Pierre, acommencé par repérer les « bons » produits dans l’officine, avant de les placerprochainement dans un rayon identifié « durable ».

    EN BACK-OFFICEdes prestataires triés

    De fait, choisir ses partenaires en dit long sur ses convic-tions. Ainsi, certains groupements font des efforts « dura-bles ». Des exemples ? PHR a ajouté un volet DD dansle référentiel de qualité QMS Pharma. 210 de ses adhé-rents suivent la démarche, selon son président LucienBenattan. Sans avoir de programme structuré pour lemoment, le réseau de pharmacies spécialisées en santéalternative, Anton & Willem, agit déjà sur trois niveaux.« En amont, nous choisissons des partenaires aux valeursRSE comme le Laboratoire Pierre Caron, fournisseur de90 % de notre MDD… », détaille Guillaume Jaquet, sondirecteur général. En interne, le réseau encourage letélétravail, les horaires flexibles pour améliorer le bien-être des salariés, leur éviter de polluer dans les bou-chons aux heures de pointe… Enfin, il agit au niveaude ses adhérents. Et même face à ces pharmaciens sen-sibilisés à l’écologie, les efforts demandés doivent êtredétaillés. « Nos sacs sont un peu chers. C’est à nousd’expliquer aux titulaires que nous sommes peu nom-breux et qu’ils sont fabriqués en France… De même,quand on leur rend visite, on ne peut pas forcément arri-ver tôt chez eux, car nous voyageons plutôt en trainqu’en avion… Pour les travaux, on privilégie des artisans

    locaux… . Ces pharmaciens comprennent, parce qu’ilspartagent ces valeurs.»

    STRUCTURER une démarche de qualité.Devenue une enseigne du groupement ObjectifPharma, après une prise de participation majoritairepar la filiale de la coopérative Welcoop en juillet 2017,Anton & Willem entend désormais mieux organiser sadémarche verte. Un groupe de travail « RSE » a étéconstitué depuis novembre, en parallèle à la montéeen puissance du réseau qui devrait passer de 12 offi-cines en 2017 à 30 fin 2019 et 100 d’ici quatre ans.« Jusque-là nous n’avons pas pu mener correctementune réflexion RSE », concède Guillaume Jaquet.« Désormais, nous aimerions, d’ici à la fin de l’année,être en mesure de proposer à nos partenaires pharma-ciens des mesures tangibles, structurées, documentéeset formalisées. Nous voulons proposer des actions quiconcerneront le quotidien opérationnel des pharmacienset qui, avec une vision long-termiste, permettront auxconsommateurs de percevoir notre engagement auprèsd’eux, par l’éducation, la sensibilisation… Il nous fautpartager ces valeurs. L’intérêt d’une démarche RSE estqu’elle soit dupliquée chez les uns et les autres ».

    MIEUX éduquer. De fait, la pédagogie est clé. ChezNutergia, on va jusqu’à impliquer les titulaires. « Sur tousles bons de commande est inscrit, en gras et en gros“Engagez-vous avec nous pour une planète propre, regrou-pez vos commandes”», explique Eric Maury, le directeur

    Les actions les pluscourantes

    Les officines très impliquées dans une démarche dedéveloppement durable travaillent principalement sur :• L’environnemental : elles trient, recyclent ou donnent lescartons, les palettes, sensibilisent les clients sur lerecyclage, regroupent leurs commandes pour éviter lescartons presque vides… Objectif : limiter l’impact carbone !• Le sociétal : elles valorisent les marques bio, éthiques,locales, certifiées, équitables, transparentes sur la formuleet leur contenant. Objectif : pouvoir expliquer en quoi c’estmieux, même quand ce n’est pas parfait !• Le social : elles regroupent les heures de travail pouréviter de faire revenir le personnel dans la journée, formentles équipes au développement durable... Objectif :améliorer la qualité de vie au travail !

    Expé

    rienc

    e

    Pour 67 % des Français, lesentreprises du médicament sont légitimes pour agir efficacementen faveur de la protection de l’environnement, selon une étudeIpsos réalisée pour le LEEM en août 2018.

    AGIR POUR L’ENVIRONNEMENT

    26 Pharmacien Manager n° 186 - avril 2019

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  • “Made in France”. Depuis cette année, Mustela communique sur la fabricationfrançaise de ses produits, avec une PLV d’1,5 m qu’elle n’envoie qu’aux pharmaciensqui le souhaitent.

    Transparence et pédagogie. A laPharmacie de la Tour à Castelginest (31),on a remis cette plaquette aux patientspour expliquer la démarche.

    communication et relations publiques.Car la livraison, jusqu’à trois fois par jour,pose question pour l’environnement.Nutergia est allé plus loin. Les fiches pro-duit ne sont plus glissées dans le colis,mais à disposition en ligne, afin d’éviterl’utilisation abusive du papier. « Nousavons aussi audité nos transporteurs pourconnaître leurs efforts en matière de flotte,d’optimisation de collecte et de distribu-tion », ajoute-t-il. Reste que les titulairessont encore rarement demandeur de telles initiatives defaçon proactive. C’est un peu la cerise sur le gâteau.

    UN MANAGEMENT revisité.Le développement dura-ble nécessite une vraie implication du titulaire, car ilrequiert de changer sa façon de manager, dans le respectde chacun. Olivier Bascoulès, co-titulaire de la Pharmaciede la Lèze à Lézat-sur-Lèze (09) a lui aussi été sollicitépar le laboratoire Pierre Fabre pour intégrer la cohorted’officines qui souhaitaient engager une démarche dura-ble structurée. Aujourd’hui, ses convictions l’aident, parexemple, à trouver du personnel. Basé à 44 km deToulouse, il a longtemps eu du mal à recruter « Un postede préparateur est resté vacant près d’un an ! Le côtésocial du développement durable, le travail sur la qualitéde vie… a pu donner envie ». En 2017, il a signé avec

    Marie-Pierre, une préparatrice qui pendant son entretiend’embauche, s’est révélée très motivée par le dévelop-pement durable. Plus récemment, un adjoint a rejointl’équipe après avoir lu le site de l’officine, très loquacesur ses actions DD. Ici, par exemple, les bulletins de paiecomme les factures ne sont plus imprimés. Aujourd’hui,Olivier Bascoulès vise carrément le futur label dévelop-pement durable (lire encadré p.22). Son équipe a accèsaux formations du comité pour le développement dura-ble en santé (C2DS) et à celles de Primum Non Nocere.

    La formation concerne notammentle rayon naturel, pour lequel le patientattend des conseils très spécifiques.C’est d’autant plus vrai que ceconsommateur-là est particulière-ment exigeant et souvent pointu. « Leséquipes ont besoin de se former, pouraller plus loin dans le décodage desformules, concernant la provenancedes ingrédients, le lieu de fabrication,les certifications, le contenant recyclé,

    recyclable…Les jeunes parents font du benchmark avecdes applis comme Yuka, le pharmacien n’est plus leurseule source d’informations », remarque Sybille Foing,directrice marketing et référent RSE de Mustela.D’ailleurs, « les titulaires nous demandent de les aideren étant présent sur les réseaux sociaux où sont lesjeunes mamans, d’avoir de bonnes notes sur ces applis,et de leur proposer des PLV pour expliquer ce que nousfaisons ». Mais la situation est complexe. Ainsi quanden 2014, la marque avait proposé une opération derecyclage des solaires en incitant les clients à rapporterleurs vieilles crèmes pour les sensibiliser à jeter les pro-duits de l’année précédente, aux capacités filtrantesdégradées, seules 500 pharmacies avaient joué le jeu…Bref, au premier abord, tout le monde semble aimerDD, mais de là à vivre avec… •

    61%DES FRANÇAIS DÉCLARENT PRIVILÉGIER LAFABRICATION FRANÇAISE LORS DE LEURS ACHATS DEPRODUITS D’HYGIÈNE ET DE BEAUTÉ, SELONL’OBSERVATOIRE CETELEM DE LA CONSOMMATION 2019QUI REMARQUE QUE LES EUROPÉENS VEULENT« CONSOMMER PLUS LOCAL ET RESPONSABLE. »

    20%DES MEMBRES DU CLUBWELLPHARMA AYANT RÉPONDU À UN SONDAGEEN AOÛT 2018 (GROUPEMENT OBJECTIFSANTÉ/GROUPE WELCOOP), ONT DÉCLARÉ QUE« CONSOMMER RESPONSABLE » ÉTAIT « UNERÈGLE DE VIE ».

    Pharmacien Manager n° 186 - avril 2019 27

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