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67 Faciliter l’entrée en vigueur du Traité L’article XIV du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires porte sur l’entrée en vigueur de cet instrument. Il prévoit un mécanisme de conférences ordinaires (communément appelées “Conférences convoquées en vertu de l’article XIV”) destinées à faciliter l’entrée en vigueur si celle-ci n’est pas intervenue trois ans après la date de l’ouverture du Traité à la signature. La première Conférence convoquée en vertu de l’article XIV a eu lieu à Vienne en 1999. Les conférences suivantes se sont tenues à New York en 2001, 2005 et 2009, et à Vienne en 2003 et 2007. Le Secrétaire général de l’ONU convoque la Conférence à la demande des Etats qui ont ratifié le Traité. Les représentants des Etats ratifiants sont invités à participer aux discussions. Les Etats signataires, les Etats non signataires, les organisations internationales et les ONG y sont invités à titre d’observateurs. Les Conférences convoquées en vertu de l’article XIV permettent normalement d’examiner et d’arrêter par voie de consensus les mesures qui pourraient être prises suivant le droit international en vue d’accélérer le processus de ratification et de faciliter ainsi l’entrée en vigueur du Traité. CONDITIONS DE L’ENTREE EN VIGUEUR L’entrée en vigueur du Traité est sub- ordonnée à sa ratification par chacun des 44 Etats énumérés à son Annexe 2. Ces Etats sont ceux qui ont participé à la dernière étape des négociations du Traité en 1996 et qui possédaient alors des installations nucléaires. A l’heure actuelle, 35 de ces 44 Etats ont ratifié le Traité. Sur les 9 qui ne l’ont pas ratifié, 3 ne l’ont pas encore signé. NEW YORK, 2009 Réunie les 24 et 25 septembre 2009 au Siège de l’ONU à New York, la sixième Conférence en vue de faciliter l’entrée en vigueur du Traité a témoigné une fois de plus de la détermination politique renforcée de réaliser l’entrée en vigueur et l’universalité du Traité. Des représentants de 103 Etats, dont 87 Etats ratifiants, 13 Etats signataires et 3 Etats non signataires, ont participé à la Conférence, qui a été ouverte en présence d’un nombre sans précédent de hautes personnalités. Parmi les 13 Etats signataires figuraient 6 Etats dont la ratification est exigée pour que le Traité entre en vigueur, à savoir la Chine, l’Egypte, les Etats-Unis d’Amérique, l’Indonésie, Israël et la République islamique d’Iran. Les trois Etats non signataires étaient l’Arabie Saoudite, le Pakistan et la Trinité-et-Tobago. PRESIDENCE PARTAGEE La présidence de la Conférence a été assurée conjointement par les Ministres des affaires étrangères de la France et du Maroc, MM. Bernard Kouchner et Taïb Fassi Fihri. Ce fait a reflété la nature mondiale du Traité. Invitant tous les Etats qui n’avaient pas encore signé ou ratifié le Traité à le faire, M. Kouchner a souligné que “le Traité n’a jamais été aussi proche de son entrée en vigueur”. Il a été soutenu dans son appel par M. Fassi Fihri, qui a mis l’accent sur le fait qu’un “moratoire volontaire sur les essais nucléaires ne saurait se substituer à la ratification du Traité”. EXPRESSIONS D’UN SOUTIEN FORT La Conférence a été caractérisée par de nombreuses expressions d’un soutien fort en faveur du Traité et de son entrée en vigueur. La Conférence a été ouverte par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, qui a évoqué le nouvel élan politique en faveur du Traité. Il a dit que cet élan devait être entretenu, et a promis de consacrer tout

Faciliter l’entrée en...Mathews, Présidente de la Dotation Carnegie, au nom de 40 ONG du monde entier. “L’entrée en vigueur du traité est essentielle et elle est urgente”,

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Faciliter l’entrée en vigueur du Traité

L’article XIV du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires porte sur l’entrée en vigueur de cet instrument. Il prévoit un mécanisme de conférences ordinaires (communément appelées “Conférences convoquées en vertu de l’article XIV”) destinées à faciliter l’entrée en vigueur si celle-ci n’est pas intervenue trois ans après la date de l’ouverture du Traité à la signature. La première Conférence convoquée en vertu de l’article XIV a eu lieu à Vienne en 1999. Les conférences suivantes se sont tenues à New York en 2001, 2005 et 2009, et à Vienne en 2003 et 2007.

Le Secrétaire général de l’ONU convoque la Conférence à la demande des Etats qui ont ratifié le Traité. Les représentants des Etats ratifiants sont invités à participer aux discussions. Les Etats signataires, les Etats non signataires, les organisations internationales et les ONG y sont invités à titre d’observateurs.

Les Conférences convoquées en vertu de l’article XIV permettent normalement d’examiner et d’arrêter par voie de consensus les mesures qui pourraient être prises suivant le droit international en vue d’accélérer le processus de ratification et de faciliter ainsi l’entrée en vigueur du Traité.

CONDITIONS DE L’ENTREE EN VIGUEUR

L’entrée en vigueur du traité est sub-

ordonnée à sa ratification par chacun

des 44 Etats énumérés à son Annexe

2. Ces Etats sont ceux qui ont participé

à la dernière étape des négociations du

traité en 1996 et qui possédaient alors

des installations nucléaires. A l’heure

actuelle, 35 de ces 44 Etats ont ratifié le

traité. Sur les 9 qui ne l’ont pas ratifié,

3 ne l’ont pas encore signé.

NEW YORK, 2009

Réunie les 24 et 25 septembre 2009 au Siège de l’ONU à New York, la sixième Conférence en vue de faciliter l’entrée en vigueur du traité a témoigné une fois de plus de la détermination politique renforcée de réaliser l’entrée en vigueur et l’universalité du traité.

Des représentants de 103 Etats, dont 87 Etats ratifiants, 13 Etats signataires et 3 Etats non signataires, ont participé à la Conférence, qui a été ouverte en présence d’un nombre sans précédent de hautes personnalités. Parmi les 13 Etats signataires figuraient 6 Etats dont la ratification est exigée pour que le traité entre en vigueur, à savoir la Chine, l’Egypte, les Etats-Unis d’Amérique, l’indonésie, israël et la République islamique d’iran. Les trois Etats non signataires étaient l’Arabie Saoudite, le Pakistan et la trinité-et-tobago.

PRESIDENCE PARTAGEE

La présidence de la Conférence a été assurée conjointement par les Ministres des affaires étrangères de la France et du Maroc, MM. Bernard Kouchner et taïb Fassi Fihri. Ce fait a reflété la nature mondiale du traité. invitant tous

les Etats qui n’avaient pas encore signé ou ratifié le traité à le faire, M. Kouchner a souligné que “le traité n’a jamais été aussi proche de son entrée en vigueur”. il a été soutenu dans son appel par M. Fassi Fihri, qui a mis l’accent sur le fait qu’un “moratoire volontaire sur les essais nucléaires ne saurait se substituer à la ratification du traité”.

EXPRESSIONS D’UN SOUTIEN FORT

La Conférence a été caractérisée par de nombreuses expressions d’un soutien fort en faveur du traité et de son entrée en vigueur. La Conférence a été ouverte par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, qui a évoqué le nouvel élan politique en faveur du traité. il a dit que cet élan devait être entretenu, et a promis de consacrer tout

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son temps et toute son énergie à faire en sorte que l’entrée en vigueur soit prochaine, en affirmant que c’était là “la voie à suivre vers un monde exempt d’armes nucléaires”. Le Secrétaire général a décrit le traité comme un élément fondamental pour un monde exempt d’armes nucléaires et un pilier important de sa proposition en cinq points pour la non-prolifération et le désarmement nucléaires. M. Michael Douglas, Messager de la paix des Nations Unies, a affirmé que les Etats devaient ajuster leur politique stratégique à l’attention nouvelle qui était accordée au désarmement nucléaire, et que le traité devait être l’outil du XXie siècle pour avancer vers cet objectif.

La Secrétaire d’Etat des Etats-Unis, Mme Hillary Clinton, a déclaré devant la Conférence que les Etats-Unis étaient heureux d’être de retour à cette tribune après presque 10 ans. Elle a ajouté: “Nous travaillerons, dans les mois à venir, à solliciter l’avis et le consentement du Sénat des Etats-Unis en vue de la ratification du traité, et à obtenir la ratification d’autres Etats de sorte que le traité puisse entrer en vigueur”. Le Secrétaire exécutif a observé que, comme le démontrait la participation de haut niveau à la Conférence et au Sommet du Conseil de sécurité, le traité figurait de nouveau parmi les premières priorités de la communauté internationale en matière de maîtrise des armements. il a également souligné qu’il était temps pour les responsables politiques de franchir l’ultime étape d’un long voyage et d’atteindre leur destination finale: l’entrée en vigueur du traité. L’Ambassadeur des Pays-Bas, M. Jaap

Ramaker, précisant qu’il quittait ses fonctions de Représentant spécial chargé de promouvoir le processus de ratification, a lui aussi déclaré que les responsables politiques devaient maintenant mettre tout leur poids pour faire avancer le traité. “La balle est entièrement dans le camp des politiques”, a-t-il ajouté.

Adoptée par consensus dès le début de la Conférence, la Déclaration finale, rédigée en termes vigoureux, exprime les inquiétudes que partagent les Etats concernant les essais nucléaires et le temps que requiert l’entrée en vigueur du traité. Elle invite les Etats qui ne l’ont pas encore fait, en particulier les neuf Etats de l’Annexe 2 dont les ratifications sont nécessaires pour l’entrée en vigueur, à signer et à ratifier le traité. La Déclaration finale évoque également la condamnation au niveau international de l’essai nucléaire effectué par la République populaire démocratique de Corée en mai 2009, et observe que l’essai annoncé a “mis en lumière la nécessité urgente d’une entrée en vigueur rapide du traité et, partant, de la mise en place du régime de vérification de son application à la date de son entrée en vigueur ”.

Dans un geste symbolique, le Secrétaire général de l’ONU, en sa qualité de dépositaire du traité, a annoncé aux médias du monde, assemblés là juste avant le Sommet du Conseil de sécurité de l’ONU sur la non prolifération et le désarmement nucléaires, que la Déclaration finale avait été adoptée à l’unanimité. il était accompagné des Coprésidents de la Conférence, MM. Bernard Kouchner et taïb Fassi

Fihri, du Messager de la paix des Nations Unies, M. Michael Douglas, et du Secrétaire exécutif de la Commission préparatoire de l’OtiCE, M. tibor tóth.

CONSEIL DE SECURITE DE L’ONU: UN APPEL POUR UNE ENTREE EN VIGUEUR RAPIDE

Le 24 septembre, le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu une réunion au sommet à New York. Cette réunion, présidée par le Président des Etats-Unis, M. Barack Obama, portait sur la non-prolifération et le désarmement nucléaires. Le traité a été placé au cœur des délibérations du Sommet, ainsi que de la résolution adoptée à l’unanimité. Cette résolution invite tous les Etats “à signer et ratifier le traité d’interdiction complète des essais nucléaires afin qu’il entre rapidement en vigueur”.

MESSAGE DE SOUTIEN DES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES

La Conférence s’est achevée sur un message prononcé par Mme Jessica Mathews, Présidente de la Dotation Carnegie, au nom de 40 ONG du monde entier. “L’entrée en vigueur du traité est essentielle et elle est urgente”, a indiqué Mme Mathews en ajoutant que la prolifération nucléaire était la plus grande menace à la sécurité du XXie siècle, et que l’entrée en vigueur du traité était une condition absolue pour que les mesures qui devaient l’être soient prises afin de combler les lacunes béantes du régime de non-prolifération.

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COUVERTURE MEDIATIQUE MONDIALE

La campagne médiatique volontariste et diversifiée qui a été menée s’est traduite par une attention internationale sans précédent de la part des médias. En ciblant directement les journalistes,

en diffusant une note à l’intention des médias dans les six langues officielles des Nations Unies, en mettant à profit les outils de réseaux sociaux et en organisant cinq conférences de presse très suivies à vienne, à New York et à Washington, le Secrétariat a pu sensibiliser le monde entier aux enjeux de la Conférence, au

traité et à l’OtiCE. Ainsi, la couverture de l’événement a été exceptionnelle dans la presse écrite, dans les émissions de radio et de télévision et sur l’internet. Cette couverture très internationale a été le fait notamment de médias de premier plan en Chine, aux Etats-Unis, en Europe, en inde, au Japon et au Moyen-Orient.

ARTICLE XIV du Traité

ENTREE EN VIGUEUR

1. Le présent Traité entre en vigueur le cent quatre-vingtième jour qui suit la date de dépôt des instruments de ratification de tous les Etats indiqués à l’Annexe 2 du Traité, mais en aucun cas avant l’expiration d’un délai de deux ans à compter de la date de son ouverture à la signature.

2. Si le présent Traité n’est pas entré en vigueur trois ans après la date de l’anniversaire de son ouverture à la signature, le Dépositaire convoque, à la demande de la majorité des Etats ayant déjà déposé leur instrument de ratification, une conférence desdits Etats. Ceux-ci déterminent à cette conférence dans quelle mesure la condition énoncée au paragraphe 1 a été remplie, puis se penchent et se prononcent par consensus sur les mesures qui pourraient être prises suivant le droit international en vue d’accélérer le processus de ratification et de faciliter ainsi l’entrée en vigueur du Traité à une date rapprochée.

3. A moins qu’il n’en soit décidé autrement à la conférence visée au paragraphe 2 ou lors d’autres conférences de cette nature, cette procédure est engagée de nouveau à l’occasion des anniversaires ultérieurs de l’ouverture du présent Traité à la signature, jusqu’à ce que celui-ci entre en vigueur.

4. Tous les Etats signataires sont invités à assister en qualité d’observateur à la conférence visée au paragraphe 2 et à toutes conférences ultérieures qui seraient tenues conformément au paragraphe 3.

5. A l’égard des Etats dont l’instrument de ratification ou d’adhésion est déposé après l’entrée en vigueur du présent Traité, celui-ci entre en vigueur le trentième jour qui suit la date de dépôt de cet instrument.

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Faciliter l’entrée en vigueur du Traité

M. Jaap Ramaker (Pays-Bas), Représentant spécial chargé de promouvoir la ratification.

M. Carl Bildt, Ministre des affaires étrangères de la Suède. Mme Hillary Clinton, Secrétaire d’Etat des Etats-Unis d’Amérique.

M. John Silk, Ministre des affaires étrangères des Iles Marshall. M. Kanat Saudabayev, Secrétaire d’Etat et Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan.

M. Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’ONU.

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Mme Jessica Mathews, Présidente de la Dotation Carnegie pour la paix internationale. M. Maged Abdelaziz, Représentant permanent de l’Egypte auprès de l’ONU.

M. Yu Myung-hwan, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la République de Corée.

Sur le podium (de gauche à droite): M. Michael Douglas (Messager de la paix des Nations Unies), M. Sergio Duarte (Sécrétaire général adjoint de l’ONU et Haut Représentant pour les affaires de désarme-ment), M. Ban Ki-moon (Secrétaire général de l’ONU), M. Bernard Kouchner (Ministre des affaires étrangères et européennes de la France et Coprésident de la Conférence), M. Taïb Fassi Fihri (Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc et Coprésident de la Conférence) et M. Tibor Tóth (Secrétaire exécutif de la Commission préparatoire de l’OTICE).

M. Sergey A. Ryabkov, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie.

M. Juan Manuel Gómez-Robledo, Vice-Ministre des affaires étrangères pour les affaires multilatérales et les droits de l’homme du Mexique.

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