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Famille de médicaments, médicaments de famille, trois observations au long cours § Family of medications, family medications, three long-term observational studies Pédiatre homéopathe, 9, avenue Émile-Boissier, 44000 Nantes, France Disponible en ligne sur SciVerse ScienceDirect le 16 janvier 2013 I l m'est arrivé bien souvent de soigner des enfants dont j'avais suivi l'un des parents. Plus rarement, de donner mes soins aux deux parents des bébés de la génération sui- vante. Mais cet enchaînement de soins m'a permis de constater que souvent « les chiens ne font pas des chats ». . . et qu'à chaque famille humaine correspond une famille de médicaments homéopathiques. PREMIÈRE OBSERVATION La première observation concerne un père, Henri, que j'ai suivi étant enfant, et son ls. Henri, le père n décembre 1969, Henri fait une carrière artistique (avec des hauts et beaucoup de bas) de musicien folk rock. Je l'ai suivi et traité de 1977 à 1985. Depuis tout jeune (je l'ai connu en décembre 1977, âgé de 8 ans, à l'oc- casion d'une forte crise d'asthme vue en urgence à ma consultation, hospitalière à l'époque), Henri a toujours eu l'air très satis- fait de lui-même. C'était un enfant très « nature », au développement et au psy- chisme harmonieux. Ses parents ont divorcé de façon tapageuse en mai 1976 : une grande rupture dans l'harmonie naturelle du petit gar- çon, qui a tout d'un coup perdu le contrôle de lui-même. Le père était parti subitement, après une bagarre physique avec la mère, à laquelle Henri avait assisté, tapi dans un coin de la salle à manger. Immédiatement après, Henri avait commencé à tousser, puis à sifer et à suffoquer. Il n'avait jamais eu de bronchiolite ni d'asthme (un peu d'eczéma dans sa première année). D'abord hospitalisé, Henri était traité, assez lourde- ment par l'allopathie « de l'époque » François Gassin Mots clés Enfants Famille Homéopathie Lanthanides Pédiatrie Keywords Child Family Homeopathy Lanthanides Paediatrics § Texte issu d'une communication présentée lors des 30 es Rencontres des pédiatres homéopathes, Bourges, 9-11 novembre 2012. Adresse e-mail : [email protected] RÉSUMÉ Trois observations, réalisées à partir de trois familles, chacune composée d'un ou même des deux parents et des enfants, ont été suivies par le même pédiatre pendant quelques décennies. . . Chaque famille est analysée et un synoptique parents, enfants et médicament homéopathique est dressé pour chacune d'elle. Une grande famille de médicaments homéo- pathiques émerge de ces constatations : les lanthanides. © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. SUMMARY Three observational studies, carried out with three families, each made up of one or both parents and children, were followed up by the same paediatrician for several decades. Each family was analysed and a parent, child and homeopathic remedy synoptic view was drawn up for each of them. A large family of homeopathic medications emerged from these observations: lanthanides. © 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. La Revue d'Homéopathie 2013;4:1318 Pratiques © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.revhom.2012.12.001 13

Famille de médicaments, médicaments de famille, trois observations au long cours

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La Revue d'Homéopathie 2013;4:13–18 Pratiques

Famille de médicaments,médicaments de famille, troisobservations au long cours§

Family of medications, family medications, threelong-term observational studies

François Gassin

Pédiatre homéopathe, 9, avenue Émile-Boissier, 44000 Nantes, France

Disponible en ligne sur SciVerse ScienceDirect le 16 janvier 2013

Mots clésEnfantsFamilleHoméopathieLanthanidesPédiatrie

KeywordsChildFamilyHomeopathyLanthanidesPaediatrics

RÉSUMÉTrois observations, réalisées à partir de trois familles, chacune composée d'un ou même desdeux parents et des enfants, ont été suivies par le même pédiatre pendant quelquesdécennies. . . Chaque famille est analysée et un synoptique parents, enfants et médicamenthoméopathique est dressé pour chacune d'elle. Une grande famille de médicaments homéo-pathiques émerge de ces constatations : les lanthanides.© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

SUMMARYThree observational studies, carried out with three families, each made up of one or both parentsand children, were followed up by the same paediatrician for several decades. Each family wasanalysed and a parent, child and homeopathic remedy synoptic view was drawn up for each ofthem. A large family of homeopathic medications emerged from these observations: lanthanides.

l m'est arrivé bien souvent de soigner des de 1977 à 1985. Depuis tout jeune (je l'ai

I enfants dont j'avais suivi l'un des parents.Plus rarement, de donner mes soins aux

deux parents des bébés de la génération sui-vante. Mais cet enchaînement de soins m'apermis de constater que souvent « les chiensne font pas des chats ». . . et qu'à chaquefamille humaine correspond une famille demédicaments homéopathiques.

© 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

§Texte issu d'une communicationprésentée lors des 30es

Rencontres des pédiatreshoméopathes, Bourges,9-11 novembre 2012.

Adresse e-mail :[email protected]

PREMIÈRE OBSERVATION

La première observation concerne un père,Henri, que j'ai suivi étant enfant, et son fils.

Henri, le père

Né fin décembre 1969, Henri fait une carrièreartistique (avec des hauts et beaucoup debas) de musicien folk rock. Je l'ai suivi et traité

© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.revhom.2012.12.001

connu en décembre 1977, âgé de 8 ans, à l'oc-casion d'une forte crise d'asthme vue enurgence à ma consultation, hospitalièreà l'époque), Henri a toujours eu l'air très satis-fait de lui-même. C'était un enfant très« nature », au développement et au psy-chisme harmonieux. Ses parents ont divorcéde façon tapageuse en mai 1976 : une granderupture dans l'harmonie naturelle du petit gar-çon, qui a tout d'un coup perdu le contrôle delui-même. Le père était parti subitement, aprèsune bagarre physique avec la mère, à laquelleHenri avait assisté, tapi dans un coin de lasalle à manger.Immédiatement après, Henri avait commencéà tousser, puis à siffler et à suffoquer. Il n'avaitjamais eu de bronchiolite ni d'asthme (un peud'eczéma dans sa première année). D'abordhospitalisé, Henri était traité, assez lourde-ment par l'allopathie « de l'époque »

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(corticoïdes per os, bronchodilatateurs, cromoglycate), ce quin'empêchait pas les crises fréquentes et violentes. Son absen-téisme scolaire était massif et la situation entre les parents nes'arrangeait pas du tout.La première fois que je l'ai vu, il était au CHU sous oxygène :j'ai simplement ajouté Sulfur en 9, 12, 15 et 30 CH sur 4 jours.Henri était un petit blond, joli aux grands yeux (myopie), il nerespirait jamais bien « avait toujours un poids sur la poitrine »et une dyspnée nocturne. Il vivait seul avec sa maman, voyaitpeu son père.Antécédents : on trouve une naissance à terme, sans réani-mation néonatale, un ictère physiologique intense, une hospi-talisation à deux mois pour une grave pyélonéphrite due à unreflux vésico-rénal (qui disparaîtra spontanément vers5-6 ans). En plus de son asthme, Henri a fait moult pneumo-pathies et bronchites jusqu'au milieu des années 85 (soignéesle plus souvent par mon homéopathie pluraliste).Suivi de 1977 à 1985 : Sulfur est resté son médicamentcentral, plus toute la sauce d'homéopathie que vous imaginez,avec une année complète de rémission (1982-1983) après uneprise de Magnesia carbonica, semble-t-il.Une psychothérapie paraît l'avoir bien aidé.Pendant les sept années où je l'ai suivi, Henri était, peu à peu,redevenu ce qu'il devait être : autonome, assez sûr de lui etparfois même très satisfait de lui-même (grâce à la musique enparticulier), assez têtu, voire rigide parfois. Il donnait l'impres-sion forte de toujours vouloir se contrôler, mais il avait peu degoût pour le rôle de « petit chef » (plus tard, participant à lacréation de groupes de musique folk rock, il restera toujourstrès mauvais organisateur).

1Patricia Le Roux (décédée le 15 octobre 2011) m'a apporté une aide précieusedans ces trois observations. Toute son œuvre écrite (voir "Pour en savoir plus'')constitue un apport déterminant à la littérature médicale homéopathique dans sonensemble.

Léo, le fils

Presque 20 ans après, je vois réapparaître Henri qui m'apporteson petit bébé de six mois, Léo, né en janvier 2004. Léo avaiteu, coup sur coup, peu après son entrée à la crèche : unevaricelle épouvantable suivie par un chapelet d'otites moyen-nes aiguës (OMA) et surtout. . . des bronchiolites, désormaisdésignées par nos professeurs sous le vocable d'« asthmefébrile du nourrisson ».Henri avait conçu ce petit Léo (né à terme, sans réanimation niautre problème jusqu'à son admission à la crèche) avec unecharmante chanteuse (de hard rock !).L'examen de Léo ne montrait rien de spécial sinon une ectopietesticulaire gauche (opéré avec un résultat parfait à 2 ans),pas d'eczéma, un test diagnostique aux allergènes respiratoi-res Phadiatop® positif.Léo a reçu entre 2004 et 2009 : Phosphorus, Aurum metalli-cum (qui a fait disparaître les OMA), Aceticum acidum (car ilsupportait mal les séparations. . . et que son papa et même samaman étaient souvent absents) et, bien sûr, Arsenicumalbum (d'autant plus que la quasi-disparition de l'asthme avaitfait place à de fréquentes gastro-entérites aiguës).En septembre 2010, à la suite d'une gastro-entérite violente etde l'arrivée au CP, Léo réalise la plus belle crise d'asthme de savie ! Mis sous fluticasone/salmétérol (Sérétide®) en continu :tout va bien.À six ans, Léo est un petit bonhomme harmonieux, sûr de lui,très autonome et revendicateur, il ne se laisse pas faire ! Il setrouve un peu trop négligé par ses parents souvent absents,mais fait preuve d'une bonne résilience.

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Je n'ai pas parlé de la mère, car je ne l'ai pas suivie dans sonenfance. Je la voyais assez peu, car Léo venait le plus souventseul avec Henri.La chose la plus importante que j'ai apprise sur elle est qu'elleavait été violée ou « abusée » sexuellement vers le début desa puberté (12-13 ans) par un ami de sa mère et qu'elle avaitsurmonté ce traumatisme avec vigueur ; elle s'occupe d'ail-leurs actuellement (en plus de la musique) d'un groupe thé-rapeutique de femmes victimes d'abus sexuels.À la suite de la grave crise de septembre 2010, j'ai repris le casde Léo en remontant à celui d'Henri, bien sûr, avec l'aide dePatricia Le Roux1.La synthèse des deux cas, dans la « substance de l'être » dupère et du fils, nous a conduits vers un élément minéral, de lafamille des lanthanides : Gadolinium metallicum pour Henri etl'un de ses sels : Gadolinium oxydatum pour Léo (et peut-êtrepour sa maman. . . ?).La « thérapie familiale » aux lanthanides a consisté à donnerune dose MK de Gadolinium aux trois protagonistes.En novembre 2011, Léo a repris une autre dose de Gadoliniumoxydatum MK et a pu arrêter le Sérétide®. Revu en juil-let 2012, il va très bien à tous points de vue.

Synoptique Henri, Léo et Gadolinium

Mots-clés pour HenriPathologie respiratoire (asthme, pneumopathies, bronchites) ;diagnostic différentiel (DD) : Sulfur ; rupture d'harmonie ;déteste les querelles ; myopie ; oppression thoracique ; auto-nomie ; piètre organisateur.Mots-clés pour LéoPathologie immunitaire déficitaire ; asthme (nourrisson) ;ectopie testiculaire ; revendicateur, ne se laisse pas faire ;enfant négligé par ses parents ; résilience.Mots-clés pour la mèreSexuellement abusée dans l'enfance (adolescence) : elledevient thérapeute pour les victimes d'abus sexuels.Particularités de Gadolinium oxydatumDysharmonie par insuffisance d'amour dans l'enfance ;retrouve spontanément son équilibre.

DEUXIÈME OBSERVATION

La deuxième observation est celle de Mélanie, de Bertrand etde leurs enfants, Julie et Lino.

Mélanie, la mère

Née en octobre 1972, Mélanie était une petite fille d'aspectfragile, très gracieuse et souvent malade : bronchites, otitesséromuqueuses (OSM), problèmes cutanés (eczéma croû-teux, avec ou sans OSM, nombreuses verrues très tenaces,etc.).J'ai eu l'occasion de la soigner à plusieurs reprises à 7 ans(1979), 11 ans (1983) et plus souvent au cours de sa puberté

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(1986, 1987, 1989) en raison d'une grande fragilitéémotionnelle.Mélanie, adolescente, devenait de plus en plus jolie, maisvulnérable et facilement résignée. Cependant, elle tentait,comme beaucoup d'adolescents, de dissimuler ses faiblessespar des comportements compulsifs, cachés à ses parents etqui la culpabilisaient beaucoup.Mélanie était très attachée à sa mère — institutrice — qui le luirendait bien (et cette relation lui a permis de surmonter lesnombreuses vicissitudes survenues dans sa vie adulte). Cer-tainement pour cacher ses faiblesses, Mélanie avait décidé devivre assez dangereusement, ce qui explique probablement lechoix de son compagnon, père de ses deux enfants.Dans mes fiches « papier » de 1979 à 1989, je retrouve pourelle des prescriptions récurrentes : Natrum muriaticum,Medorrhinum, Thuya, Lac Caninum, Silicea ; mais surtoutPulsatilla (un choix qui me paraît toujours très valableactuellement).

Bertrand, le père

J'ai rencontré Mélanie enfant, mais j'ai surtout soigné long-temps Bertrand, son mari, que j'ai vu dès sa naissance enmai 1975 à la maternité où je travaillais (je n'étais pas encore« converti » à l'homéopathie !).Bertrand est devenu clown après une enfance et une adoles-cence assez chaotiques. Devenu délinquant, il est actuelle-ment emprisonné !Bertrand était plutôt en bonne santé physique, il supportaittout : ses parents assez pénibles, ses copains agressifs, etmême toute la panoplie de vaccins de l'époque (3 ou 4 fois leBCG, par exemple).En revanche, il était très anxieux, mais seulement la nuit : sesrêves étaient peuplés de monstres, sorcières, fantômes. . . etdonc il refusait de se coucher, ce qui le conduisait souventà ma consultation (et aussi à celle des « psys » de tout poil !).Il avait toujours le nez bouché la nuit avec des difficultésrespiratoires qui aggravaient ses troubles du sommeil. Il avaitdû être opéré d'un strabisme. Bien que très doué, il détestaitl'école qu'il considérait comme une prison et ses étudescomplètement ratées l'ont conduit au métier de clown decirque, puis de marginal et enfin de bandit ! Le cauchemarqui l'a longtemps poursuivi avait pour thème sa propre déca-pitation (ce qui pouvait être prédictif, mais, heureusement, laguillotine a cessé de fonctionner dès 1981). Bertrand auraitcertainement pu bénéficier d'un lanthanide, que je ne connais-sais pas à cette époque. . .

Julie, la fille

Née en février 2000, Julie est amenée à mon cabinetdébut 2001 par ses deux parents que j'avais si bien connusau siècle précédent, c'est-à-dire Mélanie, devenue spécialistedes machines à coudre, car costumière de théâtre, et son pèreBertrand, clown dans un cirque, mais déjà très marginal !Julie était un beau bébé, né à terme, sans aucun problèmeparticulier, longtemps nourrie au sein, peu vaccinée et jamaismalade. . . jusqu'en 2003.Alors que Mélanie était enceinte de 7 mois de son deuxièmeenfant, Bertrand a disparu avec une bande de malfrats pari-siens. Julie a très mal supporté la situation : l'arrivée de sonpetit frère Lino en juillet 2003 et la disparition de son papa.

Elle a eu, en quelques mois : une énorme éruption érysipé-latoïde pubo-inguinale, avec probable septicémie à staphylo-coques, d'où une hospitalisation pour antibiothérapie IV ; puisune varicelle carabinée (soignée par Anacardium) ; puis unecoqueluche ; et enfin une anémie ferriprive intense lui faisantune tête de « bal des vampires ».En même temps, elle est devenue déchaînée et très fâchéecontre son père : un personnage méchant à l'âme noire. Touts'est aggravé quand une juge a donné, en 2008, au père,réapparu subitement, un droit de visite avec droit de gardependant la moitié des vacances scolaires : « Il nous emmènedans un camping-car dégoûtant, atroce, qu'il conduit aprèsavoir bu, j'ai peur de lui, je le déteste. . . », dixit Julie.Elle a alors été suivie par un excellent service de pédopsy-chiatrie vendéen, car elle était très déprimée, voyait tout ennoir, détestait tout le monde. Elle se sentait profondémentmortifiée d'avoir le père qu'elle avait. D'où des réactions extrê-mes, un comportement « sans limites », une attitude sadoma-sochiste liée à sa mère et à son petit frère (et un déchaînementtotal dans mon cabinet). En même temps, elle se sentait seuleau monde, méchante et « sale ».Symptômes physiques : des problèmes ophtalmo (des dru-ses), des problèmes respiratoires – depuis la fameuse coque-luche –, des diarrhées, des coliques, enfin un épisode dethrombopénie attribué à une virose.De plus, Julie était devenue « addict » aux jeux vidéo.Prescriptions : Thuya, Mancinella (!), Phosphorus, semble-t-il, aggravé par Pulsatilla puisque sa thrombopénie s'est pro-duite après une rhino traitée par Pulsatilla 9 CH (d'après unexcellent acupuncteur « ni-ni » qui soigne parfois sa maman).En septembre 2010, Bertrand, le père, a été emprisonné pourattaque à main armée. Depuis, Julie va très bien, travailleà l'école, continue sa psychothérapie allégée et a reçu quel-ques doses de Thulium metallicum (30, 200 MK) avec beau-coup de bonheur (conseil de Patricia Le Roux avec qui j'avaistravaillé ce cas).

Lino, le fils

Le père est donc parti au 7e mois de la grossesse. Mélanie acependant accouché de Lino le 10 juillet 2003 dans d'assezbonnes conditions physiques et psychologiques, grâce à sapropre mère qui a su s'occuper très bien du petit trio aban-donné par ledit père.Symptômes physiques : Lino a été très vite abonné à maconsultation : reflux gastro-œsophagien (RGO) intense, accèsde dyspnée nocturne violente sans bronchite le lendemain,trois pneumopathies virales plus un mycoplasme des voiesrespiratoires. Il a été également affecté de troubles du som-meil, qui m'ont rappelé ceux de son père, et s'est finalementréfugié dans une surdité intense due à une OSM pour fuir leshurlements de sa sœur, surtout dès lors que le père a repris lesenfants dans son camping-car en 2008.Prescriptions: Tuberculinum, Medorrhinum, beaucoup deMercurius de toutes sortes, Aurum metallicum, Conium macu-latum, etc. Chaque fois avec un succès symptomatique dignede notre homéopathie nationale.Tout a été vite guéri pour Lino dès septembre 2010 : il va voirson père en prison de temps en temps (avec Julie et Mélanie,bien sûr) et il m'a fait de superbes dessins de geôles trèssophistiquées avec d'impressionnants barreaux.Lino a également reçu une dose de Thulium (à noter la proxi-mité d'Aurum metal.).

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F. GassinPratiques

Synoptique Mélanie, Bertrand, Julie, Lino etThulium, « roi de Thulé »

Mots-clés pour MélanieMélanie : prénom et état d'être « Thulium is dark like the darkNorth » ; problèmes cutanés ; grande fragilité émotionnelle(DD : Pulsatilla), comportements compulsifs, culpabilité « Ican never be good », autonomie, désir de vivredangereusement.DD : Thuya.Mots-clés pour Bertrand« Quand je suis méchant, je suis quelqu'un » ; rêves demonstres, de diables ; problèmes respiratoires ; strabisme ;enfant « surdoué » (highly gifted) ; fantasmes dedécapitation.DD : Phosphorus, Mancinella (Mancinella a peur d'être pos-sédé par le démon, Thulium a peur d'être un diable).Mots-clés pour JulieSepticémie, anémie, thrombopathie ; pathologies digestives ;père méchant, à l'âme noire ; sadomasochisme.DD : Thuya, Phosphorus, Mancinella ; aggravation par Pulsa-tilla (?).Mots-clés pour LinoRGO, dyspnée nocturne ; pneumopathies ; sommeil perturbé,cauchemars, « méchant » puisqu'enfant abandonné.

TROISIÈME OBSERVATION

Cette troisième observation concerne les cas de Marie et deses enfants, Nina et Alexandre.

Marie, la mère

Il s'agit d'une femme née en 1978, que j'ai commencé à soignerpetite fille à l'âge de 5 ans (en 1983) qui m'avait alors étéadressée de Paris par une consœur pédiatre homéopathe.Son passé pathologique était clairement parisien : bronchio-lites, otites, troubles du sommeil, divorce des parents.Sa maman, psychothérapeute, était venue s'installer à Nantesoù elle avait une partie de sa famille. Le père était très attachéà sa petite fille, mais était resté à Paris.Marie était, à 5 ans, une enfant à la fois timide (surtout à sanouvelle école) et très sûre d'elle, élégante et toujours habilléecomme une princesse.Silicea a vite résolu ses problèmes ORL (avec le très bonclimat tempéré nantais).Mais il restait de nombreux problèmes : ses hurlements stri-dents « à la mort » à la moindre réprimande de sa mère (crishorribles qui s'étaient aggravés depuis la séparation desparents), des peurs intenses et inexpliquées accompagnéesde vomissements impressionnants, une grande timiditéconduisant au « blocage » à l'école et des troubles du som-meil intenses et persistants.Je me souviens d'elle comme d'une petite fille avisée etsérieuse, posant des questions largement au-dessus de sonâge (elle avait rapidement établi avec moi une relation deconfiance. . . il faut dire qu'elle est venue presque tous lesmois entre 1983 et 1987 !).Son développement mental, psychologique et physique étaitaccéléré et elle défendait toujours son papa lorsque la mère lecritiquait devant moi, ce qui était fréquent.

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Elle avait une mémoire prodigieuse et pouvait facilement êtreclassée dans les « surdoués précoces » (highly gifted).Symptômes généraux :� constipation, fissure anale fréquente ; pieds froids et trans-piration ; goût pour le sucré et le pain ; déteste les alimentschauds ;

� endormissement difficile avec sommeil de chat, elle estéveillée à la moindre alerte, au moindre bruit (ce qui s'estencore aggravé lorsqu'elle a eu ses enfants : Nina en2004 et Alexandre en 2009) ;

� comportement caractéristique : aversion absolue de l'auto-rité « n'a jamais supporté qu'on la commande » (c'est tou-jours vrai en 2012). Peur de la nouveauté malgré une grandecuriosité liée à sa précocité.

Prescription : outre Silicea, Argentum nitricum, Argentummetallicum, Nitricum acidum, Platina.Une « key-note » pour Nitricum : petite fille très élégante, trèssensible aux remarques positives sur sa beauté et ses beauxatours. Le miroir est son instrument favori.Suivi pendant plus de 10 ans (1983-1994) : bonne santéphysique, diminution progressive des peurs et des troublesdu sommeil, puberté plutôt harmonieuse (règles très doulou-reuses dès l'âge de 12 ans). Sa fausse timidité a complète-ment disparu.Elle a fait, plus tard, de bonnes études à la fac de psycho(comme sa mère) et est actuellement reconvertie dans les« thérapies naturelles » avec une spécialisation en somato-psychopédagogie (méthode de Denis Bois ou psychopédago-gie perceptive).Pendant ces 10 années, deux médicaments m'ont paru toutà fait utiles : Silicea et Platina, cependant il fallait les donnerassez souvent et je cherchais un remède introuvable« caché » (c'est mon complexe du Loch Ness, qui m'habitetoujours !).Marie devenue grande adolescente et moi président duSNMHF, nos liens se sont distendus, et je devais la retrouveren 2004 à la naissance de son premier enfant : Nina.

Nina, la fille

Prématurée (31 semaines PN : 1 200 g), Nina a vécu sespremiers rapports avec le monde en août 2004 à travers lesvitres des incubateurs en néonatologie nantaise.À ce propos, Marie, elle-même beau bébé né à terme, a étéfrappée par une analogie en regardant sa fille dans la cou-veuse : « C'est comme si, moi aussi, j'avais vécu, enfant,à travers des vitres : j'ai l'impression d'avoir passé une partiede mon enfance dans un cocon, derrière une vitre invisible. »Cela peut, peut-être, s'expliquer par la relation avec sa mère,assez phobique et toujours distante, et par le comportement« papa poule » de son père, intermittent du fait de la sépara-tion, mais très culpabilisé.Nina, sortie du CHU, a connu bien des misères : allaitement ausein impossible, pneumopathies à répétition (son papa était unancien « spécialiste des pneumonies »), gastro-entérite aiguëviolente en 2006 à cause d'un vilain rotavirus qui la ramène auCHU, nouveau séjour à l'hôpital trois semaines plus tard poursepticémie à Gram négatif, plus des OMA.Le père de Nina est d'une constitution fragile, souvent malade,parfois dépressif et sujet à des attaques de panique. Il estchroniquement demandeur d'emploi.Malgré tout cela, Nina s'est bien développée. Elle devientrapidement une petite fille très indépendante et autoritaire,

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bien que craintive de la nouveauté, elle décide tout ce qu'elleveut au risque d'avoir des difficultés dans la réalisation (parexemple, pour apprendre à nager).Un trait caractéristique de Nina : depuis sa toute petite enfanceelle refuse tout ce qui ne lui a pas été très clairement expliqué(elle hurle de terreur avec les docteurs. . . sauf avec moi !).Elle présente des symptômes physiques constants : hépato-splénomégalie modérée, mais totalement inexpliquée, stra-bisme avec difficultés dans le regard vertical, fréquentes nau-sées sans raison, douleurs erratiques principalementthoraciques hautes (et non abdominales comme tous lesenfants).Prescriptions principales : Silicea, Argentum metallicum,Nitricum acidum, Platina (ça vous rappelle quelqu'un ?) etparfois Sulfur.De passage à Marseille, en route pour des vacances à Cannes,Nina est examinée par Patricia Le Roux qui lui prescrit Lan-thanum nitricum 200 K une dose et, à ma grande surprise,Nina n'est plus malade pendant plus d'un an.En septembre 2006, Marie subit une interruption médicale degrossesse (IMG) pour fœtus à ventricule unique, très malvécue par toute la petite famille.

Alexandre, le fils

Malgré une grossesse difficile, en particulier à cause de per-turbations du sommeil : Marie rêvait régulièrement que « sonpère la violait et qu'elle lui écrasait la tête avec une grossepierre », Alexandre est un beau bébé, né à terme enseptembre 2009 !Marie me révèle alors qu'elle avait souvent eu ce type decauchemar dans son enfance et son adolescence (mais nem'en avait jamais parlé).Alexandre est nourri au sein, entouré de thérapies naturelles etd'homéopathie, paisible. Seul accident : en février 2010, uneéthmoïdite droite à la suite d'une grippe Arsenicum entraînantun petit passage de trois jours au CHU.Après une discussion sur le cas de Marie et de sa fille Ninaavec Patricia Le Roux, cette dernière est certaine que leremède caché se situe dans les lanthanides (en raison del'efficacité de Lanthanum nitricum pour Nina).Les désirs d'autonomie, de liberté, de « self-control », desoigner les autres, la pathologie de l'immunité. . . sont révéla-teurs des lanthanides en général.L'histoire de la couveuse, de l'impression de voir le mondeà travers une vitre (cf. le cas de Glenn Gould), de l'extrêmeprécocité et vigilance, de la peur de la nouveauté, de lanécessité de n'agir qu'en sachant à l'avance ce que cela vaproduire. . . et des cas que Patricia avait rencontrés peu detemps auparavant (en particulier d'une petite fille traitée poursepticémie à Gram négatif à l'hôpital), tout cela suggère unremède caché : Cerium metallicum (ou « la difficile déclarationd'indépendance »).Ainsi s'expliqueraient les résultats obtenus avec des médica-ments voisins : Silicea, remèdes de la série de l'argent, Lan-thanum nitricum.La prescription d'une dose unique de Cerium metallicum200 K au petit Alexandre a été très efficace : il n'a plus jamaisété malade depuis presque deux ans !J'ai donné une fois Cerium à Marie et à Nina, avant leur départen vacances 2012, toujours à Cannes : une affaire à suivre !

Synoptique Marie, Nina et Cerium

Mots-clés pour MarieTrès sûre d'elle, princesse ; grands yeux (mégalocornée) ;hurlements épouvantables dans l'enfance, peurs inexpli-quées, vomissements, blocage à l'école par timidité, pertur-bations du sommeil (vigilance de chat), sérieuse et avisée,curieuse, défendait son papa, mémoire prodigieuse, ne sup-porte pas qu'on la commande ; fissure anale.DD : Argentum, Nitricum acidum, Platina.Mots-clés pour NinaÀ travers le miroir, cocon : pneumopathies, OMA, déshydra-tation ; indépendance, autoritaire, peur de la nouveauté, maisenvie d'entreprendre, explications claires ; hépatosplénomé-galie ; strabisme.Particularités de CeriumRêves de viol (par le père) pendant la grossesse « lui écrasantla tête » (avec une pierre) ; éthmoïdite ; pathologies immuno-déficitaires, maladies auto-immunes ; très réceptifà l'homéopathie.

LES LANTHANIDES

Les lanthanides ou lanthanoïdes sont des métaux, des « ter-res rares », utilisés dans toutes les industries de pointe duXXIe siècle. Leur rareté apparente est due à leur forte liaisonà d'autres éléments, ce sont des « pierres cachées ».En réalité, le cérium est plus abondant sur la planète que lecuivre, le thulium plus abondant que l'argent !Jan Scholten, médecin néerlandais, a été le premier à expé-rimenter les lanthanides en homéopathie en réalisant desprovings avec de nombreux collaborateurs. Il a systématiséleur utilisation en thérapeutique homéopathique, « la nouvellescience homéopathique émergente » utilise d'ailleurs large-ment ces métaux. Il a également publié de très nombreusesobservations, en particulier dans son ouvrage Secret Lantha-nides dont voici un extrait qui nous servira de conclusion : « Àla suite de la série Or, où l'individu est confronté aux problèmesde pouvoir sur l'autre, le patient ayant besoin d'un remèdeappartenant aux lanthanides est confronté aux problèmes depouvoir sur lui-même et sur sa part d'obscurité. Le mot« auto » est ici de première importance. Les lanthanides sontconcernés par l'acquisition de l'autorité, et la recherche de soi-même et sont indiqués lorsqu'il y a difficulté à reconnaître cequi appartient à soi et ce qui appartient à l'autre, comme dansles maladies auto-immunes.La question aujourd'hui n'est plus « Pourquoi de nouveauxremèdes ? ». Nous en avons déjà bien assez, mais« Comment avons-nous fait jusqu'à présent sans leslanthanides ? ».

Déclaration d'intérêtsL'auteur déclare ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec cetarticle.

POUR EN SAVOIR PLUS

Le Roux P. Les métaux en homéopathie. Paris: Publibook; 2006. Pourobtenir plus d'information sur les ouvrages de P. Le Roux: www.

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Page 6: Famille de médicaments, médicaments de famille, trois observations au long cours

Lanthanides, métaux et sels

Voici les grandes applications, industrielles et homéo-pathiques, des lanthanides :Utilisations industriellesSupraconducteurs, optique, compacts disques, écranscouleur, lasers, microscopes électroniques. . .Grandes lignes des pathogénésies des lanthanides� « Self » (autonomie) : veulent être eux-mêmes ; autonomie ; connaissance et contrôlede soi.

� Obscurité/lumière : dans une compréhensionpsychique (côté noir "dark side'', côté lumièrede la personnalité).

� Vérité : recherche de la vérité, de l'honnêteté(avec soi-même) pas forcément avec lasociété.

� Pouvoir : désir de contrôler ; pouvoir principa-lement mental ; enfant hypersensible, meilleurdiscernement que les adultes–opposants ; ris-que de confusion : dyslexie, dyspraxie.

� Monde intérieur : souvent plus important que lemonde extérieur ; aversion pour les personnessuperficielles.

� Responsabilité : désirent prendre leur vieà pleines mains ; se sentent responsables detout.

� Isolement : refusent l'aide d'autrui ; se cachent,détestent les réceptions, les "parties''. . .

� Sexualité : souvent forte sensualité ; recherchede formes "extrêmes'' ; refus de se laisser dom-iner par les pulsions sexuelles.

� Sémiologie somatique : pathologies immuni-taires ; maladies auto-immunes, déficits immu-nitaires ; accident vasculaire cérébral ;migraines ; hyperthyroïdie ; pathologies ocu-laires (réfraction) ; pathologies respiratoires(pneumoconioses) ; pathologies hépatiqueset spléniques ; anomalies des organes géni-taux externes chez l'homme, stérilité féminine ;rhumatologie.

F. GassinPratiques

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publibook.com/librairie/auteur.php?id = 4511 et www.narayana-

publishers.com/Patricia-Le-Roux/en/a1230Scholten J. Secret lanthanides. Utrecht: Alonissos; 2007. Cet ouvrage

a été traduit en français sous le titre L'odyssée des Lanthanides et

édité chez Narayana en 2012.