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FANTASMES

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Aurélie Van HOEYMISSEN

F a n t a s m e S

LE C

ERCLE

V A U V E N A R O G U E S

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© VAUVENARGUES 1998, pour la première édition ISBN 2-7443-0163-9

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UN DOIGT DE MAGIE

Je m'appelle Claire, j'ai 32 ans et j'ai le don de faire bander les hommes. Disons plutôt que j'ai eu le don de faire bander n'importe quel homme à n'importe quel moment dans n'importe quel endroit pourvu que je le désire en cet instant. Il y a bientôt deux ans que je n'ai pas usé de ce pouvoir, ma situation sentimentale ne tolérant plus le genre de frasques qu'un tel pouvoir autorise. À vrai dire, je ne suis pas certaine de posséder encore ce privi- lège, mais l'incertitude n'est pas un moteur assez puissant pour que je m'ose à de nouvelles aventu- res. J'ai abusé de ce talent jusqu'à le banaliser à mes yeux ; je crains en l'activant à nouveau de lui donner une fraîcheur qui ne pourrait que me pertur- ber. À présent je ne fais bander qu'un homme mais je n'ai besoin que de lui ; je ne regarde plus dans l'assiette de la voisine avec un sentiment d'envie.

Et quand cet homme me désire, je sais que c'est parce que je me suis donnée beaucoup de mal, que j'ai tout fait pour éveiller son amour. Plus encore que de lever un index.

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J'avais le don de les faire tous bander et je sais que toutes les femmes qui se donnent un minimum de peine peuvent en faire bander un certain nombre, certaines moins que d'autres, handicapées de nature, battues d'avance, la palette entière des mâles ne leur est pas accessible, elles piochent à leur niveau mais leurs victoires n'en sont pas moins glorieuses que celles des créatures volup- tueuses qui n'ont qu'à paraître pour émerveiller. Ces dernières, à se contenter de leurs atouts innés, en deviennent fades et insipides; il leur manque cette hargne qui pare de charme et de mystère les moins gâtées. Et puis à présent, je sais que les hom- mes ne sont pas des robots qui ne répondent qu'à des stimuli extérieurs ; longtemps pourtant je l'ai cru, et ce sentiment m'a conforté dans l'usage de mon don ; je pensais que les hommes n'étaient que mécaniques, que chaque femme cachait son petit truc de garagiste. Et puis s'il fallait que je me place moi aussi dans cet éventail de femmes, je n'aurais pas peur d'avouer aujourd'hui que la nature ne m'a pas faite reine de mon sexe. Je n'ai jamais eu à en souffrir ni à m'essouffler pour m'élever au-dessus des autres, mais avec le recul et la sécurité de l'amour que je vis à présent, je pense que je n'aurais peut-être pas eu la force ni l'imagination pour batailler ma place au milieu de mes sœurs. Combien d'hommes auraient alors posé leurs yeux sur moi, combien m'auraient désirée ? Je ne sais si je dois remercier le ciel ou l'enfer pour ce talent qui m'a préservée de tant d'humiliations et de déses- poirs amoureux. Il subsiste un soupçon d'orgueil en moi lorsque je pense à tous ces hommes que j'ai voulus et que j'ai eus.

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Mon don s'est révélé à moi lorsque j'avais quinze ans ; j'étais alors élève d'une classe de troi- sième dans un collège de banlieue parisienne. Je n'étais pas une tête de bande, je n'étais pas non plus un vilain petit canard, j'avais des amies qui brico- laient avec leur langue avec d'autres langues dans les recoins sombres du préau à l'heure de la cantine, qui bricolaient aussi l'après-midi dans des sauteries d'adolescents, qui tiraient sur leur jupe quand les garçons essayaient de les remonter. Ce n'était pas pourtant l'envie qui leur manquait de se lancer dans la grande aventure des premiers émois ; c'était l'esprit pratique qui les bridait, les dessous pas tou- jours affriolants de gamines qui rêvent d'être des femmes, des après-midi fiévreux de touche-pipi dans une chambre quand les parents sont dans le salon. À cet âge, les garçons sont plus téméraires mais n'apportent pas pour autant les solutions qui tranquillisent les pucelles dans le badinage. J'étais au milieu de ces demoiselles effarouchées et sur- voltées, éternelle amie de la fameuse autre, celle que tous les gamins reluquent et convoitent. On me faisait passer des petits mots, transmettre des mes- sages, des envies, des cochonneries. J'avais l'impression de mener une folle adolescence délurée ; je me contentais de vivre tout ce tumulte par procuration, trop heureuse qu'on me mît dans la confidence plutôt que de me laisser à l'écart. Alors bien sûr, je n'étais pas de toutes les fêtes, ou seule- ment avec l'assurance que je vienne avec ma célè- bre amie. Je crois que je m'en fichais j'essayais de copier des attitudes et je ne me sentais pas si mal à l'ombre de ces jeunes filles en fleur dont le pistil commençait à salement poisser. Ce n'était pas que les gaudrioles maladroites ne m'attiraient pas ; elles

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me fascinaient, j'en rêvais dans le silence de ma chambrette, me mariant aux grands des classes supérieures, mouchant d'un coup mes copines dévergondées. Il y avait deux raisons majeures à ma sagesse forcenée : premièrement, je n'étais pas ce qu'on peut appeler une mignonne petite jeune fille ; sans avoir le physique ingrat, je n'étais pas non plus particulièrement féminine et il arrivait qu'on m'appelle monsieur dans certains magasins. Deuxièmement, toutes ces cavités baveuses et mouillées qui faisaient le terrain de jeux favori de mes comparses me dégoûtaient franchement. J'avais quelque mal à imaginer ma bouche fouillée par un animal visqueux et excité, d'autant plus qu'à ce que me racontaient mes amies, cette incursion s'accompagnait de tripotages furieux et pas tou- jours adroits dans diverses parties de notre anato- mie. Très peu pour moi, je préférais m'accrocher à cette seconde raison plutôt que d'accepter en effet qu'aucun garçon ne s'intéressait à moi. C'était l'âge aussi de mes premières cigarettes fumées sans aucune grâce pour me donner une contenance pen- dant les interclasses solitaires. À ces années encore, les premiers fantasmes œdipiens, un professeur sexy ou le père d'une amie qu'on aimerait bien pousser au détournement de mineurs sans savoir en quoi cela consiste ; je me persuadais comme tant d'autres sûrement qu'il n'y avait qu'un homme d'âge mûr pour dévoiler le papillon sensuel qui sommeillait dans son cocon peu avenant.

Je n'ai pas découvert le don, il s'est offert à mon innocence et je n'ai pas saisi tout d'abord sa portée ni son sens. Soudain quelque chose s'est passé, ce quelque chose était incongru, je ne le comprenais pas, il était gênant pour certaines personnes et je ne

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savais pas vraiment non plus comment tout cela fonctionnait. Pauvre professeur de mathématiques qui en a fait les frais ! Je me rappelle cette invrai- semblable envie d'uriner qui me prit en début de cours, de celles qui vous font transpirer, que vous tentez d'oublier en vous concentrant sur un objet mais qui ne vous lâche pas une seconde, qui vous font penser que cette fois, c'est bon, vous allez pis- ser devant tout le monde parce que vous n'aurez jamais le cran de demander l'autorisation d'aller aux toilettes. En tous les cas, je n'étais pas du genre à me faire remarquer en plein cours pour un simple petit besoin. Je me dandinais comme un bébé qui danse sur le coin de ma chaise, je secouais les jam- bes en cadence en épiant discrètement la grande aiguille de ma montre. Je n'allais pas pouvoir tenir tout le cours, alors je trouvai une solution de dépan- nage pour tenter de retarder le dénouement humi- liant. Je pris ma gomme bleu et rose et je me la coinçai dans l'entrejambe comme pour bloquer la sortie de mon minou, un bouchon de fortune qui me donnait l'illusion que je ne pourrais me déverser sur le carrelage. Je procédai au positionnement de la gomme en ramenant ma jupe d'été ensuite très vite sur mes genoux ; la matière rugueuse poussait directement contre mon bouton de gamine et c'est en toute sécurité que je continuais mon fox-trot sous la table tout en me concentrant sur ce que disait le professeur. Je n'ai jamais été forte en mathématiques, cette année-là je faisais des efforts parce que le professeur était un homme et qu'il me semblait plus indulgent avec moi que n'avaient pu l'être les femmes qui l'avaient précédé dans cette besogne. À cette époque, je me souviens que je ne pouvais me trouver en face d'un représentant du

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sexe opposé, jeune ou vieux, sans sonder d'un œil inquisiteur le renflement de sa braguette. Je ne m'y entendais pas vraiment en outils masculins et c'était un regard de curieuse plutôt que de connais- seuse que j'adressais à ce quelque chose de mou que je savais pouvoir devenir dur sans pour autant oser donner forme à la courbe d'une érection. J'étais intriguée par ce macaroni grisâtre sur un lit de poils denses que j'avais aperçu à la télévision ou dont je me souvenais pour avoir vu celui de mon père dans mon enfance, cette trompe ratatinée qui se devait d'être l'échelle menant à l'extase fémi- nine, concept plus que flou encore pour mes quinze ans. M. Le Toulouze n'était pas bel homme, il était professeur, pas gigolo, père de famille de surcroît et pas la moindre réputation de pervers de récréation. Mais il était rassurant comme un bon vieux papa que je n'avais plus, sa bête lubrique en était moins effrayante, peut-être qu'inconsciemment j'étais amoureuse de lui. Il faut bien trouver une explica- tion au fait qu'il fut ma première victime. À force de m'aiguiser le joyau sur le bout bleu et dur de ma gomme, j'en vins à me répandre dans ma culotte. Cette sensation d'inondation et de paralysie sou- daine de mon bas-ventre me figea dans mon balancement ; ma jupe et mes dessous étaient trem- pés, la gomme sans aucun doute imbibée de mon urine et cependant mon envie de pisser persistait, sourde juste avant l'épanchement, plus violente à présent. Je parvins à la maîtriser pourtant, déconte- nancée par l'humidité froide qui me ventousait à ma chaise. Je plongeai ma main sous ma jupe jusqu'à mon abricot et tâtai le bouchon d'écolière et ce qu'il était sensé boucher. Cachant ensuite mon visage derrière mes cheveux je reniflai mes doigts

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et fus confuse de ne pas y trouver l'odeur âcre de l'urine mais un fumet d'humidité de cave, une sen- teur douce quasiment transparente qui avait enduit mes doigts d'une pellicule glissante. L'heure s'écoulait lentement mais allait sûrement toucher à sa fin sans que je me vide comme un chien sur le plancher. J'étais convaincue que M. Le Toulouze avait noté mon inattention. Il me lançait quelque- fois un regard soucieux et, devançant l'arme fatale du professeur qui pour tester le sérieux d'un élève le contrôle en pleine dissipation, je levai le doigt afin de répondre à une de ses interrogations à la classe. Il acquiesça à ma demande et lorsque la main toujours en l'air, j 'y allais de mes maigres connaissances en mathématiques, la chose se pro- duisit. Plus tard, j'ai compris à quel point cet instant était lourd de tension fantastique, comme une césure du temps présent dans un film de science- fiction. La seconde d'avant, j'avais l'index levé et je parlais à mon professeur, la seconde d'après, le professeur était gros comme un taureau et s'excu- sait auprès de la classe avant de quitter la salle au pas de course.

L'élève naïve et consciencieuse que j'étais n'avait pas remarqué le pourquoi de la gêne de M. Le Toulouze. Doublement obnubilée par mon envie d'uriner et ma volonté de briller auprès du maître, j'étais même quasiment frustrée de ne pas avoir été félicitée pour ma bonne réponse. Mais comme les autres, je me mis à ricaner, et bientôt je me gonflais d'une fierté non dissimulée à l'idée d'avoir mis le professeur dans l'embarras. Les garçons faisaient des gestes obscènes, montrant leurs bras et serrant le poing pour imiter le braquemard monstrueux qu'avait fait augurer la bosse du pantalon de M. Le

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Toulouze. Chacun y allait de son commentaire sur mon sex-appeal ravageur et soudain. Les filles éberluées se regardaient en roulant des billes écœu- rées. Il me fallut bien dix minutes avant de com- prendre que j'avais fait bander M. Le Toulouze en levant l'index et en lui parlant.

Je ne suis pas arrivée seule à cette conclusion, ce sont les autres, amis ou pas, qui me l'ont apportée sur un plateau d'argent. À moi ensuite de deviner de quoi le plat était composé puisque j'étais sensée en être la cuisinière. Toute blanche oie que je pou- vais être, jamais je ne me serais imaginée que mon professeur de mathématiques ait pu subitement succomber à mes charmes physiques, ce qu'appa- remment tous les autres paraissaient croire. Réac- tion logique bannissant l'incursion du fantastique dans le quotidien. Mais moi, je sentais bien que le phénomène était plus complexe et dès ce moment, je combinais à l'infini tous les éléments de cette journée qui avaient pu contribuer à l'élévation vio- lente du chibre de mon professeur: une furieuse envie de pisser, une gomme bleu et rose, de l'urine sur mon doigt levé et sur la gomme et le fait bien entendu de parler au malheureux M. Le Toulouze. Mon Dieu, fallait-il que je me pisse sur les doigts pour que tous les hommes tombent à mes pieds ! Abasourdie par la vulgarité de ce sort, je me pro- mettais de rester vierge si telle était la condition de mon succès auprès de la gent masculine. Je gardais pour moi ces réflexions et les craintes qui en décou- laient, et, pour mes amies, je devenais celle qui cachait bien son jeu, je jouais dans la cour des grands.

Ce n'est qu'une année plus tard que j'ai osé par- ler de cette aventure à une amie de lycée, Olivia,

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plus experte que moi en matière de sexe. Elle a désembrouillé pour moi les divagations auxquelles je m'étais adonnée pendant l'année de silence qui suivit l'affaire Le Toulouze. C'est elle aussi qui me poussa à exercer à nouveau mon don en m'aidant à en déchiffrer le mode d'emploi. Autant vous dire qu'entre-temps je m'étais allègrement aspergé les doigts de pisse en contemplant les photos de mes idoles et ceci malgré mon vœu de chasteté.

M. Le Toulouze, professeur de mathématiques au collège X.

Claire n'a jamais brillé en mathématiques. C'était une élève discrète, très attentive et pleine de bonne volonté. Rarement dispersée, elle ne faisait d'ailleurs pas partie du noyau dur de la classe. Elle paraissait être un peu l'amie de tout le monde, bonne camarade, j 'a i remarqué qu 'elle se laissait parfois dominer par d'autres jeunes filles plus sûres d'elles. Elle rougissait souvent quand je l'interrogeais, mais quelle jeune fille de cet âge ne rougit pas quand un homme lui parle. À travailler avec des fillettes qui se prennent pour des presque- femmes, vous savez, on en vient à ne plus voir leurs petites minauderies et leurs airs romantiques. Il y en avait dans sa classe qui étaient beaucoup plus aventureuses et qui ne se gênaient pas pour vous faire des avances à demi-voilées en pleine classe. Alors est-ce par pure effronterie ou par besoin de côtoyer l'homme à la place de l'adolescent? J'avoue n'avoir jamais tenté d'en savoir plus mal- gré tout l'attrait que peut avoir pour un homme de mon âge une jeunette curieuse et soumise. Je ne pourrais vous expliquer ce qui s'est passé ce jour- là avec Claire ou à cause de Claire. Quelques jours

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plus tard des bruits couraient dans le collège que Claire était une sorcière et qu 'elle m 'avait jeté un sort. Etrange sortilège que celui de m'imposer une trique digne du Colosse de Rhodes sans qu'elle ne puisse profiter à qui que ce soit! J'avais bien remarqué une certaine agitation chez Claire durant tout ce cours ; c 'est vrai que j'avais pensé la mettre dans l'embarras juste avant qu'elle ne se propose de répondre à ma question. Que se serait- il donc passé si j'avais refusé qu'elle parle ? Tout ce que je sais, c'est qu'à peine elle eut prononcé deux mots, je sentis ma verge éclater dans mon slip. Imaginez donc, je ne vous parle pas d'une érection lente et consentie, je vous décris une sensation qui serait plus proche de celle d'un homme qui se ferait étirer la queue par un diablotin farceur et tout cela en un temps record. Sans évoquer la douleur pro- voquée par cette violente trique. Un instant j 'a i même craint de m 'être pollué comme un adolescent car cela tenait plus d'une réaction hormonale que d'une montée de désir. Alors c'est vrai, j 'ai pani- qué et j 'a i quitté la salle. Et tout de suite j 'a i lié Claire à cet événement, tant son comportement depuis le début du cours m'avait semblé bizarre. Lorsque je me suis retrouvé aux toilettes, le sexe à l'air et le pantalon sur les genoux, j 'a i eu peur de ce que j 'a i vu ; ce phallus n'était pas à moi, il ne m 'appartenait plus, c'était un être maléfique qui se faisait là une fierté de son indépendance, et puis je ne m'étais jamais vu si long, si gros, si impression- nant. Je pensais que j 'allais devoir me défaire de cette érection honteuse en m'expédiant de la main dans les toilettes du collège mais elle est morte d'elle-même comme une fleur qui se fane en accé- léré. Comme si dans ce face-à-face avec moi-même

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dans ce lieu sordide, elle n'avait plus de raison d'être. Ensuite je suis allé voir la surveillante géné- rale pour lui demander de m'excuser auprès de mes élèves et je suis rentré chez moi en me gardant bien de dévoiler à ma femme le motif de mon malaise. Mais bien sûr, il a fallu que je revoie Claire ou du moins que je partage le même espace de la salle de classe. Après cet incident, il y a eu quelques railleurs pour faire les intéressants, et quelques brailleuses alléchées pour s'intéresser de plus près à mon pantalon. Le professionnalisme a gagné la partie ; je ne suis pas certain que cet évé- nement ait beaucoup aidé Claire dans ses progrès en mathématiques, elle n'osait plus participer en cours et je confesse ne pas l'avoir incitée à mieux faire. C'est dommage, c'était une gentille fille, pas très loquace et transparente, un peu maigrelette et peu formée pour son âge ; je l'ai parfois regardée de plus près après cette aventure pour me convain- cre que même inconsciemment, je n 'aurais pu dési- rer une telle jeune fille. Et je vous l'assure, je suis formel, ce genre d'adolescente ne me fait pas ban- der.

Puis je suis rentrée au lycée. Ainsi je n'allais plus croiser M. Le Toulouze et son sourire gêné dans les couloirs. Pendant les grandes vacances, mes amies partaient soit dans des camps entre elles, soit avec leurs parents, mais retrouvaient toujours sur leur lieu de villégiature d'autres amies beau- coup plus amusantes que moi, des amies de vacan- ces. J'en crevais d'aller aussi dans ces endroits d'où elles revenaient toutes avec mille aventures plus salaces les unes que les autres. Bref, moi, je n'y allais pas et mes saletés il fallait bien que je me les

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invente. Cela doit être à peu près à cette période que j'ai commencé à me pencher sur le concept de l'orgasme solitaire. Je n'ai pas honte, cela me tra- vaillait l'esprit, j'en suis venue à me travailler le corps à l'aveuglette. Je ne me trouvais pas franche- ment attirante ; seules mes mains me désiraient sin- cèrement. J'étais convaincue que j'allais aimer le sexe sans savoir pourquoi ; ma béance me pesait au fil des exploits de mes amies. J'avais la sensation de sentir l'air s'y engouffrer ; ses allées et venues à la longue étaient douloureuses. Alors dans le noir tout d'abord, sous ma couette, puis lorsque je sus maîtriser la décharge adorée, devant une glace pour pouvoir y admirer le reflet de ma noix nacrée, je m'adonnais à ce passe-temps passe-fièvre où me pisser sur les doigts était inutile pour me rendre glissante et déchaînée. Ma mésaventure et l'intime conviction qu'une énergie exceptionnelle four- millait au bout de mon index me faisaient craindre une confrontation masculine; l'épreuve était au- dessus de mes forces ; je me rassurais dans mes scé- narii secrets.

Et j'ai rencontré Olivia par hasard, presque par erreur, elle s'est assise à ma table parce qu'il n'y avait plus de place ailleurs. Ce n'était pas que le cours était inintéressant, mais Olivia ne pouvait tenir en place. Elle me fit passer un mot pour se pré- senter en quelques formules lapidaires qui me firent sourire et le tour était joué. Olivia était plus âgée que moi, elle venait d'avoir son permis de conduire et le fait de la suivre partout dans ses périples dans son auto branlante me donnait un vertige qui res- semblait à de l'indépendance. Les garçons tour- naient autour d'Olivia comme des mouches énervées, et ce n'était pas à cause de son physique

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qu'elle plaisait mais bien parce qu'elle affichait une désinvolture et une insolence vis-à-vis des choses du sexe qui n'était pas habituelle chez une lycéenne. J'aurais pu devenir à nouveau l'amie de celle qu'on regarde et admire mais Olivia n'aurait pas permis qu'on me mette à l'écart. Partout, c'était nous deux ou personne. Certes je n'avais pas son aura ni son charisme, mais elle m'en enveloppait et la manœuvre faisait illusion. Olivia était petite, robuste; j'étais dégingandée et trop grande pour mon âge. On riait de notre couple insolite, mais faire rire les autres était notre atout, c'était ainsi qu'Olivia avait tous les garçons dans sa poche et parfois plus loin, dans sa culotte. Elle parlait haut et son humour était masculin, toujours lourd de sexe, bourré de sous-entendus. Même son visage n'avait pas la finesse qui aurait pu faire oublier son anato- mie noueuse : un minuscule nez rond, un menton en galoche, les cheveux bruns et frisés presque crépus mais les yeux était d'un bleu pur et métallique. Elle battait des cils en souriant vicieusement quand le poisson avait mordu à l'hameçon. Moi qui étren- nais mes premiers soutiens-gorge, je ne pouvais la jalouser avec ses seins en maigre prolongement de ses muscles pectoraux.

C'est à Olivia que j'ai parlé de mon don pour la première fois. L'aveu m'a échappé entre deux con- fessions alcoolisées un soir dans sa chambre. Tout d'abord je lui annonçai comme si elle ne pouvait s'en douter que j'étais vierge, puis qu'il m'arrivait de me masturber. Toutes ces paroles qui m'avaient pesé jusqu'à ce moment et qui me blessaient alors que je les prononçais n'avaient aucune importance à ses yeux ; elle les accueillit en acquiesçant douce- ment, sans ironie ni moquerie. Elle me dit simple-

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ment que mon heure arriverait et que je les déclasserais toutes. Alors je n'ai pu contenir plus longtemps mon secret ; je lui avouai que j'avais un don et cela la fit sourire ; je lui racontai M. Le Tou- louze, allant même jusqu'à évoquer ces litres de pisse que j'avais répandus ensuite sur mes mains. Olivia éclata de rire et cela ne me vexa pas tant j'étais consciente du ridicule de mes propos. Olivia me donna ma première leçon d'amour charnel.

Elle voulait savoir si le don agissait aussi sur les femmes. Mais il fallait que je la désire car mes peti- tes envies d'uriner n'y étaient pour rien dans la recette ; mon index-baguette magique n'était effi- cace que s'il s'enduisait de la liqueur de mon désir. Je n'eus pas peur ; j'admirais Olivia, je me sentais en confiance avec elle ; j'enviais tous ces garçons qui pouvaient l'enlacer, l'embrasser et d'autres choses encore que je n'osais imaginer, qui éprou- vaient un sentiment encore plus fort que le mien à son égard. Olivia se déshabilla méticuleusement en gloussant; ses sous-vêtements de coton fantaisie l'avaient marquée d'anneaux rouges et avaient ridé sa peau. Son pubis brun s'épanouissait sur l'inté- rieur de ses cuisses ; elle était large et généreuse, et quand je me dévêtis à mon tour, je me sentis chétive et honteusement adolescente. Ma carcasse poussait sous ma peau, mes hanches saillaient et mes deux pommes pointaient timidement. Je n'avais pas le droit de la toucher, je devais la contempler et atten- dre que le désir monte en moi. Elle se caressait la gorge, la nuque puis descendait sur sa poitrine, son ventre dans une parodie de mauvais strip-tease. Cependant j'étais très impressionnée par la femme que je découvrais, que son corps n'effrayait pas, qui assumait et chérissait ses imperfections. Je tes-

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tais quelques fois ma praline pour tenter d'y déceler la moiteur provoquée par Olivia. À genoux, les jambes écartées, je patientais tandis qu'Olivia per- sévérait dans sa parade nuptiale. Lorsque je sentis mon doigt s'enfoncer dans l'humidité de mon antre, j'adressai à Olivia un soupir ravi et levant l'index vers elle, je lui dis « Olivia, ça y est ». Elle m'emporta dans son élan quand elle se jeta sur moi, me colla à la moquette de sa chambre et mon visage dans ses mains, plongea sa langue dans ma bouche jusqu'à m'étouffer. Au diable à cet âge-là le plaisir du baiser qui cherche doucement à s'immiscer dans le secret des lèvres, à dix-sept ans ce sont les mou- linets de langue qui priment. Et comme je ne m'y entendais pas du tout dans cette gymnastique, je me laissais porter par le mouvement rapide du petit animal d'Olivia qui m'absorbait, m'engloutissait. Elle tâtonnait sur mes fraises, les pinçant, les mas- sant, s'amusant à prendre avec une délicatesse maladroite la pointe entre deux doigts, puis elle les lécha, les suçota. Les bras en croix, les yeux rivés au plafonnier, j'analysais au fil de la promenade d'Olivia les diverses sensations de l'extase mam- maire et je souhaitais, sans en approfondir la raison, qu'elle s'aventurât un peu plus bas sur ma motte. Elle y arriva et autorisa que je m'appuie sur mes coudes afin d'observer l'experte à l'œuvre. Elle m'ouvrit les cuisses en remontant mes genoux vers l'extérieur et frôla du dos de sa main mes babines frémissantes. J'avais mal, je souffrais tant que je faillis lui demander de cesser là ces mignardises. Et puis elle enveloppa mon mont de Vénus de sa main et ma douleur s'apaisa ; elle appuyait sur ma touffe et, de son pouce machiavélique, virevolta sur mon bouton. Je sentais ma sève dégouliner et réchauffer

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l'entrée de mon bijou. Elle me couvrait d'un regard ébahi ; je pouvais l'apercevoir sourire à travers mes paupières mi-closes. Son visage se perdit entre mes jambes ; je n'osais lui suggérer d'attacher ses che- veux afin que je puisse la voir en action. Elle m'effeuilla, me lissa l'intérieur des cuisses, m'exposa, me fendit, et l'air vint tourmenter l'entrée de ma caverne. La coquine petite chatte se mit à me laper du bout de la langue d'abord, puis de toute sa surface, mêlant sa salive à ma saveur, écra- sant mon buisson, mon massif, ma fleur, recouvrant le tout dans ses moindres replis de la senteur de sa respiration exaltée. Son nez venait fouiller par inadvertance dans mes poils ou butait contre mon clitoris; à chaque heurt, j'étais riche d'une décharge extatique de plus. Olivia ahanait, laissait échapper des bruits de succion et de déglutition, et je ne savais si elle m'avalait ou me recrachait tant mon minou me semblait liquéfié. Ma furieuse amie et maîtresse se redressa, le menton visqueux, ses yeux roulaient dans leurs orbites comme ceux d'une bête sur le point se faire abattre. Je ne com- pris pas comment son cul vint atterrir sur ma figure mais c'était certainement sans aucune arrière-pen- sée qu'elle me fit subir cette curieuse posture, son seul but n'étant apparemment que de me faire hur- ler de plaisir. Me chevauchant à l'envers et par le fait m'emprisonnant encore plus fermement dans l'équerre de ses cuisses, elle repartit en apnée dans mon intimité mais cette fois elle me pénétra du dard de sa langue, plus loin que je n'avais jamais osé aller. Elle prit mes fesses dans ses mains et me sou- leva d'un coup sans cesser son exploration ryth- mée. Ses lèvres frottaient toujours contre ma perle et au bout de quelques secousses anormalement

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violentes, je me crispai, faisant claquer mes cuisses sur le visage d'Olivia ; je la suppliai d'arrêter et en sanglotant, je lui annonçai que je pensais avoir joui. Utiliser ces mots me fit vieillir soudainement ; je me sentais fière de les prononcer maintenant que j'avais rencontré pour la première fois l'extase. Rien à voir avec mes modestes tressaillements soli- taires trop souvent provoqués par la fatigue d'un clitoris épuisé et ankylosé par des frottements dénués d'excitation. Non, là, mon ventre était pétri- fié, mes intestins s'étaient figés, mon petit trou était pris de convulsions comme s'il cherchait à rejeter une vague de plaisir dévastatrice. Je forçai Olivia à ôter son postérieur de mon buste, elle s'assit près de moi et je m'attendais à ce qu'elle m'initie aux déli- ces de l'activité mais elle se recroquevilla sur elle- même, s'appuya contre son lit et s'assoupit brus- quement. J'eus peur qu'elle ne soit tombée dans les pommes et je me voyais déjà aller réveiller ses parents pour leur annoncer que suite à des ébats saphiques tumultueux leur fille avait perdu con- naissance. Je n'eus que le temps de m'inquiéter car bientôt elle rouvrit les yeux, eut un moment d'effa- rement lorsqu'elle toucha sa bouche poisseuse puis émit un sifflement admiratif. J'attendais des expli- cations, la description de ses sensations. Elle se souvenait de tout mais avec un recul anormal comme si elle avait contemplé quelqu'un d'autre faire ce qu'elle avait fait avec moi. Elle n'avait éprouvé aucun besoin d'être à son tour contentée. La preuve, elle se frotta le hérisson et me tendit une main que l'humidité n'avait pas souillée. Je la sen- tais réticente à l'idée d'admettre la puissance du don que je possédais. Elle m'avoua que de toute façon, elle en avait eu envie depuis longtemps et

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que don ou pas, elle serait passée à l'acte. Elle vou- lait à présent me voir en situation avec un garçon ; elle était mon amie, elle n'avait pu être totalement victime de mes sortilèges. Elle me rappela que j'étais encore vierge et que je devais saisir cette chance pour choisir celui qui me déflorerait. Je la laissais prendre ma destinée en main ; je partageais dorénavant mon secret avec elle; je considérais qu'elle avait un droit de regard sur mes agissements puisqu'elle m'avait ouvert les yeux sur mes capaci- tés. J'avoue que l'idée de pouvoir désigner ma future victime parmi le cheptel masculin était plaisante ; je passais en revue les lycéens qui m'attiraient sans que j'aie pu jusque-là envisager l'éventualité de leur déclarer ma flamme. Il me fal- lait le plus beau, celui dont rêvaient toutes les autres ; il me fallait des témoins pour constater ma victoire. Olivia m'arrêta dans mes errances ; je ne pouvais me faire décapsuler par quelqu'un qui irait le raconter à tout le lycée. Ce territoire ne m'était pas encore ouvert. Nous décidâmes de jeter notre dévolu sur un parfait inconnu, de préférence plus âgé et expérimenté afin que je garde de la perte de ma virginité un souvenir indélébile. Je n'osais con- fier à Olivia que c'était à elle que je rattacherais ma première expérience amoureuse. J'étais toute sou- mise à la moindre de ses volontés ; elle me soula- geait du poids de mon talent fantastique ; elle s'amusait d'en jouer à travers moi.

Nous n'attendîmes pas plus d'une semaine pour mettre notre projet à exécution. Olivia m'avait déguisée en une androgyne-catin, maquillée, coif- fée et plus déshabillée que vêtue. Je m'étais défen- due tout d'abord; pourquoi avais-je besoin de m'améliorer puisqu'il me suffisait de lever l'index

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pour provoquer le désir ? Elle m'avait convaincue de miser sur la séduction afin de ne pas éveiller le doute chez ma proie qu'il fallait de toute façon que j'approche avant d'agir. Elle m'emmena dans une boîte de nuit réputée pour y rassembler les fils de familles aisées des environs. L'argent rend plus beau et plus bête ; elle ne cachait pas son envie de m'accoupler à un spécimen racé. Elle rabattrait le gibier et je n'aurais ensuite qu'à isoler l'animal. Nous nous fîmes offrir des coupes de champagne par deux jeunes hommes en veste et cravate, che- veux gominés et lunettes à montures dorées. Olivia les avait provoqués en mimant une danse des sept voiles prometteuse sur la piste et puis elle les avait ferrés avec quelques propos évasifs sur ses habitu- des sexuelles. Nous nous étions installés autour d'une table basse et ils avaient commandé une bou- teille de Champagne, accaparés et convaincus par la discussion animée d'Olivia. Ils me lançaient par- fois un regard soucieux, se demandant certaine- ment comment ils allaient bien pouvoir faire pour se délester de cette amie gênante et empotée qui sirotait son verre en avalant son rouge à lèvres. Ils n'avaient d'yeux que pour elle et elle en profitait, mais d'une manière adroite, dont elle seule avait le secret. Elle me mêlait à la conversation et bientôt je prenais de l'assurance, osant me rapprocher de celui qui allait me consommer dans quelques heu- res. Il s'appelait Louis, il était mon aîné de huit ans, étudiant en je ne sais quoi, j'acquiesçai à tout en me demandant comment j'allais procéder pour l'isoler. Il vivait chez ses parents, qui, ô comble de notre chance, étaient partis en week-end à Deauville ; il nous invita à finir la soirée chez lui et à déboucher quelques bonnes bouteilles volées à la cave de ses

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parents. Je ne pouvais que l'encourager à une telle hospitalité, préférant pour mes premières prouesses sexuelles un lit moelleux au mur carrelé de toilettes de boîte de nuit. Je me mettais en condition douce- ment alors qu'il me parlait de je ne sais plus quoi ; je m'imaginais dans ses bras alors qu'il m'enlace- rait fébrilement, sa bouche dans mon cou, sur mes seins à reproduire la chorégraphie dont Olivia m'avait déjà gratifiée. À partir du moment où dans ma tête son pantalon tombait sur les chaussures, tout devenait flou et je me rassurais en pensant qu'il saurait toujours me montrer ce que je devais faire. Olivia s'occupait de son voisin plus que consentant qui réclamait qu'on quittât les lieux au plus vite. Nous nous retrouvâmes chez Louis, dans une demeure élégante au milieu d'un parc. Dans la voi- ture, Olivia m'avait prodiguée maints conseils quant aux moyens que je devais utiliser pour ame- ner Louis à se retrouver seul avec moi. Elle me ras- sura aussi, me prévint de la douleur que j'allais peut-être éprouver à me faire dépuceler; elle me suggéra d'éviter de sangloter sur mon oiseau perdu, les hommes n'aiment pas cela. J'étais triste à l'idée de me donner à quelqu'un d'autre qu'Olivia mais elle le voulait, j'allais m'exécuter. Louis improvisa une ambiance tamisée dans le salon, choisit une musique discrète, apporta quatre verres et de nom- breuses bouteilles. Je le trouvais attirant mais je tentais d'assourdir tout sentiment, car je savais qu'après cette nuit, je ne voudrais pas le revoir. Il se mouvait avec une aisance bien différente de celle des lycéens que j'avais chéris, une assurance d'homme dans un intérieur cossu et riche. Il n'avait rien à prouver à une adolescente comme moi. Ses cheveux étaient châtain clair, courts et bouclés dans

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sommeil, plus tard, il ne s'en rendra même pas compte, tout juste acceptera-t-il dans son assoupis- sement la caresse de la chaleur de son épouse ; ou bien ce sera l'inverse et il appréciera de se retrouver seul dans le salon, toutes lumières éteintes, à con- templer le jardin obscur, à guetter le chat qui en a fait son terrain de chasse; avant de monter à l'étage, il laissera sur la terrasse une assiette de thon pour son compagnon nocturne. Ensuite il lira dans le lit près de Mado endormie, ou bien sans qu'il en ait demandé l'autorisation, mais Mado sait, et elle le tolère, il ira dans la chambre d'amis pour parcou- rir les dernières pages du roman de Mado. S'ils se sentent d'humeur, ils parleront, combleront le retard silencieux de leur passé de tonalités nouvel- les, d'histoires étranges et envoûtantes. Mado lais- sera s'évader son intrus intime ; la troisième voix se mêlera à la discussion sans en contrarier l'harmo- nie. Jacques observera la sensualité transformée de Mado, et il oubliera doucement cette autre épouse discrète qu'il a tant aimée.

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