Par Dr Félicien KABAMBA

Groupe de travail Climat-REDD de la société civile congolaise

LES MIGRANTS CLIMATIQUES EN QUETE D’ADAPTATION.

LES ELEVEURS MBORORO DU NORD DE LA RD CONGO

Plan

1. Position du problème2. Contexte général du pays3. Migration collective à la lisière du chaos4. Adaptation au contexte local5. Conséquences des migrations dues aux

changements climatiquesConclusion

1.Position du problème

Une grande partie de l’agriculture africaine est une agriculture sous pluie. Avec l’accélération des changements climatiques, des grandes perturbations dans l’articulation des saisons des cultures affectent durement la sécurité alimentaire humaine et animale. Si la production agricole nécessaire à l’alimentation humaine est de plus en plus affectée, celle destinée à l’alimentation animale est devenue à la fois rare et couteuse. Cette carence liée au changement climatique pose des réels problèmes d’adaptation aux éleveurs africains venant souvent de plusieurs kilomètres de la frontière congolaise.

1.Position du problème Notre réflexion se focalisera sur une catégorie

particulière d’acteurs durement frappés par les changements climatiques qui ont induit des changements des conditions de température, des régimes des saisons culturales ainsi que l’organisation pastorale dans son ensemble. Ils sont localement appelés MBORORO. L’insuffisance des politiques nationales en matière d’adaptation dans leurs pays respectifs les amènent à émigrer vers le nord de la République démocratique du Congo où les conditions climatiques offrent des bonnes opportunités d’affaires. Le postulat de base qui guide notre réflexion repose sur le fait que l’activité pastorale est un déterminant socioéconomique de base pour ces populations, et donc leur vulnérabilité s’accroit à la vitesse des changements climatiques.

• La RDC possède un potentiel La RDC possède un potentiel forestier important évalué à forestier important évalué à 145 millions d’hectares, soit 145 millions d’hectares, soit 60% des forêts denses 60% des forêts denses humides d’Afrique Centrale, humides d’Afrique Centrale, 38% des forêts tropicales 38% des forêts tropicales d’Afrique et 10% du monde.d’Afrique et 10% du monde.

• Ces forêt ont un fort potentiel Ces forêt ont un fort potentiel en bois d’œuvre estimé à plus en bois d’œuvre estimé à plus de 10 millions de mètres de 10 millions de mètres cubes par an.cubes par an.

• Poussés par l’austérité du Poussés par l’austérité du changement climatique, les changement climatique, les Mbororo ssont venus habités Mbororo ssont venus habités la partie du pays couverte par la partie du pays couverte par la forêt mosaïque la forêt mosaïque caractérisée par l’articulation caractérisée par l’articulation des savanes et de la forêtdes savanes et de la forêt

• Ce territoire fait partie du Ce territoire fait partie du bassin du Congo et est bassin du Congo et est suffisamment arrosé en eaux suffisamment arrosé en eaux doucesdouces

2- Contexte général du pays

ALTERNANCE NATURELLE DE SAVANE ET DE FORET

FORET DENSE ET HUMIDE

3.Migrations collectives à la lisière du chaos

Immigrer en RDC procède d’une démarche individuelle, toute immigration collective restant illégale.

Les Mbororo viennent des divers pays de l’Afrique centrale et de l’Ouest

Il existe plusieurs groupe. Nous en avons identifié trois en raison des différences de langue et des caractéristiques raciales:

- Un groupe assez métissé venu de l’Afrique de l’ouest

- Un groupe parlant une langue tchadienne- Un groupe venu de la République centrafricaine

3.Migrations collectives à la lisière du chaosLeur première tentative de migrer en

République Démocratique du Congo date des années 1980. Ils avaient alors été chassés par l’armée congolaise

Cependant, profitant des conflits armés avec l’occupation de la partie Nord du pays par les rebelles du Mouvement de Libération du Congo de Jean Pierre Bemba, ils vont par vagues successives, occuper le Nord-Est du pays au cours de la décennie 2000

ils se sont implantés dans le territoire d’Ango qui a une superficie de 34.704km2 et une densité de +50 habitants par km2.

3.Migrations collectives à la lisière du chaos

La particularité de ce mouvement migratoire est qu’il est à la fois collectif et violent. Il concerne des familles entières et leurs dépendances. Ces migrants sont souvent armés ou finissent par le devenir en échangeant du bétail contre les armes dans une région où le trafic d’armement est assez courant.

Aujourd’hui, leur nombre est estimé à plus de 6.000 personnes et leur bétail qui était estimé à 20.000 têtes en 2000 est passé à plus de 45.000 têtes en 2010.

4.Adaptation au contexte localLes Mbororo sont inféodés au politique (un

pastoralisme clientéliste)Complicité avec les milieux judiciairesObtention irrégulière des papiers et des

autorisationsL’utilisation du bétail et de ses dérivés (lait,

fromage, etc.) dans l’opération d’achat des consciences des dirigeants locaux ou encore d’approvisionnement des mouvements rebelles

La pluriactivité (exploitation artisanale du bois, braconnage, etc.)

Développement des aptitudes belliqueuses

4.Adaptation au contexte local

 Corrélation entre vulnérabilité et nomadisme

Souvent définis à tort comme peuple nomade, les Mbororo se sont nettement sédentarisés en République démocratique du Congo. Ils habitent le territoire d’Ango de façon permanente. On n’observe pas des mouvements migratoires vers d’autres territoires. Du coup, le nomadisme apparait comme une notion conjoncturelle commandée par des facteurs physiques et climatiques. Ce sont des conditions climatiques austères qui en constituent le principal facteur explicatif.

5.Conséquences des migrations climatiques des MbororoLa migration comme mécanisme d’adaptation est

aujourd’hui source de nombreux clivages qui s’expriment sous des nouvelles formes:

- Tensions et conflits collectifs opposant les autochtones et cette catégorie d’allochtones mais aussi entre les deux modes de production très antagonistes

- Conflits fonciers récurrents entre agriculteurs et éleveurs- Conflit entre les deux modes de production très

antagonistes- Augmentation exponentielle de la densité de la

population- Et de ce fait, Ango est devenu un pole important de

pression sur la biodiversité - Accroissement du taux de déforestation- Accélération de la dégradation des forêts et du sol- Problèmes de citoyenneté

• La question Mbororo concerne plusieurs pays. Une prise de conscience se traduisant par un engagement accru à l’échelle sous régionale et internationale est requise. Cela implique des mesures anticipées. Laisser la gestion de ce genre de problèmes à la souveraineté de chaque Etat est dommageable aux populations vulnérables.

• Des politiques nationales en matière d’adaptation doivent répondre aux besoins concrets

• Un effort allant dans le sens d’un fond international pour la gestion des migrations climatiques serait à encourager

Conclusion

Merci