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Panel 15: Réponses communautaires : du local au global Président de Séance: Henri Lo (IDRC) Mathias Affoukou: Stratégie nationale de prévention et de gestion contrôlée des feux de forêts au Bénin pour lutter contre les changements climatiques Bertrand Joël Foe Eloundou: Changements climatiques, pêche et santé communautaire : l’urgence d’un partage de connaissances comme moyen d’amélioration des stratégies locales d’adaptation au sein des communautés des petits pêcheurs de Ganvié au Bénin Félicien Kabamba Mbambu: Les migrants climatiques en quête d’adaptation. Les éleveurs Mbororo du nord de la RD Congo Isabelle Dabire: Sécurisation de la production agricole à travers la micro-assurance climatique au Burkina Faso

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Panel 15: Réponses communautaires : du local au global Président de Séance: Henri Lo (IDRC)

Mathias Affoukou: Stratégie nationale de prévention et de gestion contrôlée des feux de forêts au Bénin pour lutter contre les changements climatiques

Bertrand Joël Foe Eloundou: Changements climatiques, pêche et santé communautaire : l’urgence d’un partage de connaissances comme moyen d’amélioration des stratégies locales d’adaptation au sein des communautés des petits pêcheurs de Ganvié au Bénin

Félicien Kabamba Mbambu: Les migrants climatiques en quête d’adaptation. Les éleveurs Mbororo du nord de la RD Congo

Isabelle Dabire: Sécurisation de la production agricole à travers la micro-assurance climatique au Burkina Faso

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Résumé du panel

Isabelle Dabiré : Sécuriser la production agricole à travers la micro-assurance climatique au Burkina

Faso

Les prévisions permet de faire des anticipations (mais il faut des précautions en cas d’erreurs et tenir

compte des microclimats)

Assurance climatique : fondée sur le principe de précaution (calculée sur la base d’un indice

climatique), identification des risques et vulnérabilités : risque de pluie élevé dans un secteur

Perspectives : Amener les services de micro finances de prendre en compte les préoccupation

sagricoles, mise en place d’un bon système de communication pour les agriculteurs (bonne info au

bon moment)

Félicien Kabamba Mbambu : les migrants climatiques en quête d’adaptation. Les éleveurs Mbororo

du nord de la RD Congo

Les Mbororo viennent de l’Afrique centrale et de l’ouest, migrants armés = 6 000 personnes dans la

zone

Conséquences : tensions avec les autochromes, modes de production différents, dégâts matériels sur

les champs, augmentation exponentielle de la densité humaine, pression sur la biodiversité,

problèmes de citoyenneté

La question Mbororo concerne plusieurs pays, les politiques nationales doivent répondre à ces

besoins

Matias Affoukou : Stratégie nationales de prévention et de gestion contrôlée des feux de forêts au

Bénin pour lutter contre les changements climatiques

Impacts des feux tardifs, : sécurité alimentaire, (perte de 3O tonnes de mais par an), pertes en vie

humaines, conséquences économiques, conflits inter ethniques, fertilité des sols , émission des GAS

Stratégie nationale : cadre juridique de gestion des forêts, campagne d’allumage des feux précoces,

campagne de communication avec les radios de proximité, programmes forestiers avec un système

d’alerte

Bertrand Foe : Changements climatiques, pêche et santé communautaire : l’urgence d’un partage

de connaissances pour l’amélioration des stratégies locales d’adaptation au sein des petits

pêcheurs de Ganvié au Bénin

Problèmes : Réduction de la production journalière, moins de bénéfices, augmentation de la journée

de travail

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Actions : amélioration des outils de pêche (diminution des mailles de filet), vulgarisation de l’élevage

des poissons dans les enclos, transformation des pirogues étalage commerciale

Conclusion : les stratégies d’adaptation ne sont pas toujours durables, les impacts sur la santé sont

peu connus (motiver la prise en considération de l’aspect santé, recherche action santé –

environnement, apporter des réponses aux épidémies récurrentes ).

Discussions

- Les Mbororo contribuent ils beaucoup à la déforestation en RDC ? Prise en considération du

genre ? La migration des Mbororo est elle bénéfique pour les pays voisins ?

Migration en vagues (éclaireurs, bêtes et enfin familles entières avec femmes et enfants)

Contrôle difficile de l’exploitation du bois car secteur informelle, étude sur la dégradation des forêts

par le bétail détenu par les forestiers (arbres et sols)

Les Mbororo apportent la richesse dans l’inégalité et les conflits avec les autochtones sont récurrents

Nécessicité de la prise en charge de la question à l’échelle régionale et internationale

-Les feux de brousse sont ils tous néfastes ?

Ils sont un outil de gestion de la savane (aménagements, ordures ménagères) , culture des

communautés locales

-Les paysans sont ils prêts à souscrire à une police d’assurance ? Des exemples d’assurances

climatiques en Afrique ?

Etude de marché pour les agences d’assurances (mesure de la capacité des paysans), les paysans

prêts à payer sont des cultivateurs de coton qui ont une forte capacité financière.

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Mathias Affoukou

LONG EXTRAIT PRESENTATION

PANEL 15 : RÉPONSES COMMUNAUTAIRES : DU LOCAL AU GLOBAL

____________________________________________________________________

Titre : Stratégie nationale de prévention et de gestion contrôlée des feux de forêts au Bénin pour lutter contre les changements climatiques

Présentateurs : Achille Orphée Lokossou, (+229) 95 45 07 24, [email protected] & Mathias Ogouto Affoukou (+229) 95 34 64 80 [email protected]

Direction Générale des Forêts et des Ressources Naturelles (DGFRN)

BP : 393 Cotonou Bénin Tel : (+229) 21330662

Introduction

Les feux de forêts constituent une des causes majeures de la dégradation des ressources forestières au Bénin. La destruction du couvert végétal par les feux, induit une réduction des capacités de séquestration de carbone dans les arbres et dans les sols. Les incendies de forêts augmentent, de plus ils participent à la libération de gaz à effet de serre. C’est pour cela, que la gestion des feux de forêts est perçue comme un des principaux axes d’intervention nécessaires de protection et de gestion durable des ressources forestières pour réduire les effets néfastes des changements climatiques.

Cette communication ressort la stratégie nationale de gestion contrôlée des feux de forêts au Bénin. Elle présente l’état des lieux des feux de forêts au Bénin, résultant d’une série d’analyses diagnostiques régionales avant la stratégie proprement dite d’intervention pour réduire l’utilisation incontrôlée des feux au Bénin.

Présentation du Bénin

Situé entre 6°10’ et 12°25’ latitude nord et 0°45’ et 3°55 longitude est, puis entre le Nigeria et le Togo, le Bénin fait partie des Etats de l’Afrique de l’ouest. Il est caractérisé par deux saisons de

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pluies et deux saisons sèches au sud contre une saison de pluie et une saison sèche au Nord. Sa superficie est de 114 763 km2 avec une densité de 59 habitants/km2.

Typologie des feux de forêts

Les investigations sur la gestion des feux de forêts au Bénin ont permis d’identifier neuf catégories de feux de forêts selon les pratiques socioculturelles : Les feux agricoles, de chasse ou de cueillette, de renouvellement du pâturage ou feux pastoraux, de protection des biens et des personnes, de renouvellement du feuillage de Vitex doniana, les feux accidentels, criminels, d’aménagement ou de gestion des forêts et les feux d’entretien ou d’ouverture des voies de circulation.

Grands axes de la stratégie nationale de gestion des feux de forêts

La stratégie nationale de gestion contrôlée des feux de forêts repose sur six axes :

(i) amélioration du pilotage de la gestion contrôlée des feux de forêts ;

Il s’agit du cadre institutionnel. En effet, la gestion des feux est sous la responsabilité de la DGFRN en collaboration avec certains Ministères sectoriels et structures ci-après :

♦ Ministères sectoriels (en charge de l’Agriculture, Sécurité, Décentralisation) ♦ Les collectivités locales ♦ Les tribunaux ♦ Les gendarmeries et police ♦ Les organisations socioprofessionnelles (Usagers de bois, Producteurs d’anacarde, …) ♦ Les OCB (filières agricoles et structures de gestion participative des forêts) ♦ Les ONG

(ii) institutionnalisation de la gestion contrôlée des feux de forêts ;

La gestion des feux de forêts est régie par les textes législatifs et réglementaires ci-après :

♦ La Loi N° 93-009 du 2 juillet 1993 portant régime des forêts en République du Bénin et son décret nr 96-271 du 2 juillet 1996.

♦ La Loi N° 2002-16 du 18 octobre 2004, portant régime de la faune en République du Bénin

♦ La Loi N° 98-030 du 12 février 1999 portant Loi-cadre sur l’environnement en République du Bénin

♦ Les lois sur la décentralisation

♦ Arrêté annuel portant modalités d’exécution des feux précoces par le Ministre en charge de l’Environnement pour lancement campagne annuelle.

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(iii) développement des capacités de gestion de l’information et de suivi-évaluation et (iv) éducation et communication pour la gestion contrôlée des feux ;

IEC sur les radios nationales et locales pour une pratique plus courante des feux précoces

(v) développement des capacités techniques de gestion des feux incontrôlés ;

Formation de tous les acteurs impliqués.

(vi) recherche – développement et capitalisation de pratiques ;

Ce sont diverses expériences notamment :

♦ La mise en place des Coopératives de protection des plantations dotées de cellules de surveillance et d’alerte se servant des équipements comme : Miradors, Camion citerne, système de transmission..

♦ La gestion contrôlée des feux par les chasseurs traditionnels. Les structures traditionnelles locales (chefferies traditionnelles, chefs de cultes traditionnels, confréries de chasseurs) assument des rôles importants dans l’organisation de l’allumage des feux précoces et de lutte contre les feux tardifs.

♦ L’expérience de coopération décentralisée pour la gestion contrôlée des feux à Djougou (les sapeurs pompiers volontaires sont formés par les coopérants d’Evreux en France).

♦ Expérience du PAMF, ProCGRN, PGFTR et autres projets qui reconvertissent les auteurs (chasseurs/braconniers) dans des Activités alternatives Génératrices de Revenus en visant la généralisation des feux précoces et contrôlés.

♦ Expérience des UCGRN en cours dans le Borgou. ♦ La politique « sans feu » conduite dans les départements du Borgou et de l’Alibori.

Leçons tirées

Il en résulte que les feux de forêts sont d’abord utilisés par les communautés rurales et autres usagers pour des buts spécifiques qu’aucun autre outil ne peut permettre de satisfaire de façon optimale. C’est donc leur gestion inappropriée qui pose problème.

Le brûlage dirigé en début de saison sèche devrait être pratiqué tôt le matin lorsque la végétation au sol est recouverte de rosée. L’acquisition de ces compétences est relativement facile, mais requiert un fort coefficient de main-d’œuvre, car des contrôles rigoureux sont nécessaires, généralement sous la forme de lignes pare-feu pour démarrer le brûlage et de lignes additionnelles pour empêcher sa propagation excessive. D’où la nécessité et la force des structures communautaires. Par conséquent, la période des brûlages contrôlés ne doit pas coïncider avec celles des cultures. Si elle est bien planifiée, la pratique est une source de revenus

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lorsqu’il n’y a pas d’autre offre d’emploi. Outre l’emploi, la productivité des terres boisées augmente car les jeunes troncs demeurent intacts et peuvent être récoltés pour servir de poteaux et de taillis (FA0, 2002).

Conclusion

La politique nationale de gestion contrôlée des feux de forêts est de contribuer au développement durable du Bénin par la préservation des moyens d’existence et de production des communautés rurales, suivant une approche participative, alliant une bonne coordination sectorielle et intersectorielle, éduquant et responsabilisant notamment les principaux utilisateurs locaux dont la jeunesse ainsi que l’administration locale.

Cette compétence devra être davantage transférée aux communes en vue d’une gestion de proximité des feux de forêts afin de limiter les effets néfastes des feux tardifs.

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Félicien Kebamba Mbambu

LES MIGRANTS CLIMATIQUES EN QUETE D’ADAPTATION.

LES ELEVEURS MBORORO IMPLANTES AU NORD DE LA RD CONGO

Par

Félicien KABAMBA MBAMBU

Email : [email protected]

Téléphone : 243 818-120-166

Kinshasa / RD CONGO

Introduction Une grande partie de l’agriculture africaine est une agriculture sous pluie. Avec l’accélération des changements climatiques, des grandes perturbations dans l’articulation des saisons des cultures affectent durement la sécurité alimentaire humaine et animale. Si la production agricole nécessaire à l’alimentation humaine est de plus en plus affectée, celle destinée à l’alimentation animale est devenue à la fois rare et couteuse. Cette carence liée au changement climatique pose des réels problèmes d’adaptation aux éleveurs africains venant souvent de plusieurs kilomètres de la frontière congolaise. Notre réflexion se focalisera sur une catégorie particulière d’acteurs durement frappés par les changements climatiques qui ont induit des changements des conditions de température, des régimes des saisons culturales ainsi que l’organisation pastorale dans son ensemble. Ils sont localement appelés MBORORO. L’absence des politiques nationales en matière d’adaptation dans leurs pays respectifs amènent ces pasteurs à émigrer vers le nord de la République démocratique du Congo où les conditions climatiques offrent des bonnes opportunités d’affaires. Le postulat de base qui guide notre réflexion repose sur le fait que l’activité pastorale est un déterminant socioéconomique de base pour ces populations, et donc leur vulnérabilité s’accroit à la vitesse des changements climatiques. Voilà qui réconforte la thèse des migrations comme l’un des principaux modes d’expression d’adaptation.

1. Adaptation ou migrations collectives des Mbororo en RD Congo

En République démocratique du Congo, les Mbororo sont considérés comme des personnes étrangères à la nation congolaise. Ils viennent des divers pays de l’Afrique centrale, du Nord et de l’Ouest. Leur première tentative de migrer en République Démocratique du Congo date des années 1980. Ils ont alors été chassés par l’armée congolaise. Cependant, profitant des conflits armés avec l’occupation de la partie Nord du pays par les rebelles du Mouvement de Libération du Congo et du Rassemblement Congolais pour la Démocratie, ils vont par vagues successives, occuper le Nord-Est du pays au cours de la décennie 2000.

Aujourd’hui, ils sont localisés dans la province orientale, District des Bas Uélé. En quête des

meilleurs pâturages pour leurs bétails, ils se sont implantés dans le territoire d’Ango qui est l’un des six territoires composant ce district. Le territoire d’Ango qu’ils ont choisi d’occuper est le plus vaste de ce district avec une superficie de 34.704km2 et une densité de +50 habitants par km2. C’est une zone du pays qui est en partie savanicole et en partie forestière. Elle présente des avantages certains pour l’activité tant agricole que pastorale. Les populations habitant cette partie du territoire sont des agriculteurs qui s’adonnent à la culture de riz, d’haricots, de manioc. La particularité de ce mouvement migratoire est qu’il est à la fois collectif et violent. Il concerne des familles entières et leurs dépendances. Ces migrants sont souvent armés ou finissent par le devenir en échangeant du bétail avec les armes dans une région où le trafic d’armement est assez courant.

2. Migration comme mode d’expression d’adaptation

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Les pays d’où viennent les Mbororo sont durement frappés par le changement climatique et n’ont pas développé des capacités d’adaptation adéquate. Les transformations de ces milieux naturels associées aux changements climatiques n’ont pas permis une bonne activité pastorale. Par contre, elles ont contribué à accroitre la précarité de leurs conditions socioéconomiques. Face à une gestion chaotique des risques climatiques, les savoir-faire traditionnels n’ont pas été suffisants pour vaincre la vulnérabilité toujours croissante dont ils étaient l’objet. Dans ce contexte, ils se sont vus contraints à l’exode à cause des impacts des dérèglements climatiques. Ainsi donc, Migrer à la recherche des nouvelles conditions climatiques garantissant la survie de leurs bétails était devenu pour les Mbororo, le moyen le plus efficace de limiter les dommages sévères sur leur cheptel. En 2000, on estimait à plus de 20.000 têtes le nombre des bétails qu’ils avaient sous leur garde. Ce nombre s’est beaucoup accru au cours des dix dernières années en raison de la disponibilité des pâturages et des nouvelles vagues des migrations.

3. Corrélation entre vulnérabilité et nomadisme

Il existe une corrélation entre vulnérabilité climatique et nomadisme. Souvent définis à tort comme peuple nomade, les Mbororo se sont nettement sédentarisés en République démocratique du Congo. Ils habitent le territoire d’Ango de façon permanente. On n’observe pas des mouvements migratoires vers d’autres territoires. Du coup, le nomadisme apparait comme une notion temporelle commandée par des facteurs physiques et climatiques. Contrairement aux idées véhiculées sur le pastoralisme Mbororo, il n’est pas une activité soumise à un nomadisme inévitable. Ce sont des conditions climatiques austères qui en constituent le principal facteur explicatif.

4. Adaptation au changement climatique et nouvelles formes de clivages

Les éleveurs Mbororo constituent une catégorie très vulnérable du changement climatique. La perspective de migration comme mécanisme d’adaptation est aussi source de nombreux clivages qui s’expriment sous des nouvelles formes. L’actuelle déliquescence de l’appareil de l’Etat en RD Congo n’a pas favorisé une insertion paisible de ce genre particulier d’immigrants au sein du corps social. Elle a plutôt été à l’origine des clivages, des tensions et des conflits collectifs opposant les autochtones agriculteurs aux nouveaux arrivants dont les activités nuisent, à coup sûr, à la production agricole et donc à la survie de ces premiers. L’on assiste ainsi à des conflits portant aussi bien sur le foncier communautaire que sur les modes de production antagonistes (agricole et pastoral). Déjà durement frappée par les conflits armés, la RD Congo fait aujourd’hui face à des nouveaux types de conflits découlant des changements climatiques qui posent à la fois des problèmes des droits collectifs et de citoyenneté.

Conclusion

Les migrations collectives des populations issues des zones désertifiées et donc impropres à la vie humaine et animale sont devenues un phénomène inéluctable. Une prise de conscience à l’échelle internationale implique des mesures anticipées. Laisser la gestion de ce genre de problèmes à la souveraineté de chaque Etat est dommageable aux populations vulnérables. Un effort allant dans le sens d’un fond international pour la gestion des migrations climatiques serait à encourager. C’est à ce prix que les mesures d’adaptation vont s’insérer dans les stratégies plus vastes de lutte contre la pauvreté.

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Isabelle Dabire Sécuriser la production agricole à travers la

micro assurance climatique

La saison des pluies connait une forte perturbation ces

dernières décennies en Afrique de l’ouest, à la fois en terme de quantité

d’eau reçue qu’en terme de distribution temporelle et spatiale. Ce

dérèglement climatique pose des défis de nouvelles techniques

culturales, de restaurations des sols, de la maitrise du cycle saisonnier et

surtout de la mise en place d’un mécanisme de prévention efficace. Le

Burkina Faso à l’instar des autres pays, confronté à ce problème, Œuvre

dans la recherche des meilleures stratégies d’adaptation telles que : la

gestion intégrée des ressources en eau, le système d’irrigation goutte à

goutte, les techniques de conservation, les technique de récupération et

de fertilisation des sols dégradés comme le zaï et aussi les prévisions

saisonnières.

La prévision saisonnière pourra avoir un impact positif sur la

production agricole car, intégrer l’information météorologique pendant

l’exécution du calendrier culturale permet de réduire l’incertitude face

aux risques climatiques. La prévision saisonnière apporte une

information supplémentaire en fonction de l’état réel, et non d’un état

moyen de l’atmosphère ; Il s’agit précisément de prévision de la moyenne

de certains paramètres (températures, précipitations) sur une durée de

plusieurs mois (une saison) ; c’est une prévision fondamentalement

probabiliste (car la méthode scientifique pour gérer l’incertitude liée à

une information consiste à la théorie des probabilités); elle se présente

comme une prévision de scénarios associés à des probabilités de

réalisation; pour les températures, la saison à venir sera décrite

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comme « chaude », « normale » ou « froide » et pour les précipitations, elle

sera décrite comme « humide », « normale » ; ou « sèche » (Eric, 2005).

Malgré les avantages et l’intérêt que la prévision saisonnière pourra

avoir sur la production agricole, nous nous somme confronté à une

méfiance de certains producteurs quant à la l’intégration de l’information

météorologique dans leur décision de production pour la simple raison

que, l’impact d’une erreur de prévision saisonnière est significatif sur la

production agricole.

Par ailleurs, l’adoption des technologies innovantes necessite

souvent des nouveaux investissements dont le coût n’est pas à la portée

des producteurs. D’où le besoins de crédit agricole. Cependant les

microfinances hésitent à accord des crédits aux producteurs. Cela est dû

au fait que le secteur agricole reste toujours un domaine très complexe là

où rythme quotidiennement incertitude, à cause des aléas climatiques.

Comment sécuriser la production agricole contre ces aléas et ainsi

réduire la vulnérabilité des producteurs face au changement climatique ?

Un nouveau besoin en stratégie d’adaptation a donc été identifié : une

assurance aux risques climatiques. En effet, la micro-assurance

pourrait être une stratégie d’adaptation permettant aux producteurs de

sécuriser sa production.

L’objectif de cette étude est d’évaluer les besoins de sécurisation de

la production agricole et d’analyser la possibilité de mettre en place cette

assurance basée sur un indice climatique.

A l’image d’autres pays tel que le Malawi qui a déjà un système

d’assurance aux risque climatique, notre étude va permettre d’évaluer les

fondements scientifique de l’assurance climatique indiciaire, d’identifier

les différents risques climatiques aux quels sont exposées les populations

(A partir d’une matrice de sensibilité). La matrice de sensibilité permet

d’identifier la spéculation(ou secteur d’activité) la plus exposé aux

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risques climatiques et le risque le plus élevé. Une fois que l’on connaît le

risque et la spéculation la plus vulnérable, la question que l’on doit se

posée est le montant que les producteurs sont prêts à payer pour le

transfert du risque (la prime d’assurance). A travers un questionnaire,

chaque producteur a donc manifesté sa volonté à payer une certaine

somme d’argent (le consentement à payer des producteurs).

Cette étude à été menée sur deux sites :

Le premier site est Houndé, un département de la province du

TUY à l’Ouest du Burkina Faso. Ce choix se justifie par le fait que la

localité a été un site d’intervention de la météorologie nationale avec le

projet CFAR (climate forecasting for agricultural resource) et donc les

populations connaissent et utilisent les prévisions saisonnière dans leur

décision de production.

Le second site est Pontièba, village de la commune rurale de Dano,

province du Ioba dans le Sud – Ouest du Burkina Faso. Ce choix se

justifie d’une part, par le fait que cette localité est une zone

représentative d’une des diversités agro- écologiques qui composent la

région du Sud- Ouest et d’autre part parce qu’elle est une zone neutre

par rapport l’intervention des services météorologiques.

La méthode de travail est essentiellement basée sur une synthèse

bibliographique des études, méthodes et données existantes, une

enquête de terrain auprès des producteurs a été réalisée pour identifier

les pratiques agricoles, les conditions socio économiques des producteurs

à partir d’un questionnaire administré à un échantillon de 50 ménages

par village, choisi de façon aléatoire.

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Maurizio, B., Lorenzo, G., Andrea, d. V., Idrissa, A., Birama, D., & Mamadou, N. (2008).

Les prévisions saisonnières et leurs impact sur la prévention de l'insécurité alimentaire:

Le cas d’étude de la campagne 2007/2008 et la prévision pour la campagne 2008/2009.

Seasonal forecasting in West Africa, its applications and anticipating future climate

change (p. 38). Niamey

Neil, L., James, A., Vicente, B., Ian, B., Jyoti, K., & Rodel, L. (2008). Climate change and

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(2009). Index insurance and climate risk: Prospects for development and disaster

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USA.

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Bertrand Joël Foe Eloundou Changements climatiques, pêche et santé communautaire : l’urgence d’un partage de

connaissance comme moyen d’amélioration des stratégies locales d’adaptation au sein des communautés des petits pêcheurs de Ganvié au Bénin.

Par Bertrand FOE

Alors même que les changements climatiques continuent de dépasser les prévisions scientifiques, les populations locales quant à elles continuent de subir les impacts sur différents secteurs sociaux. Dans la cité lacustre de Ganvié au Bénin, les changements climatiques sont perceptibles par les populations qui les vivent au quotidien. La pêche, moteur de l’économie de la cité s’identifie comme l’une des premières victimes. La production de pêche diminue et les revenus financiers des ménages, engendrés par le commerce des produits halieutiques voient leurs taux s’amoindrir au fil du temps. A côté de cette nouvelle réalité, le paludisme reste et demeure au centre préoccupation et défis sanitaire des ménages. A Ganvié comme dans la plupart des régions du pays, il reste la principale cause de mortalité touchant particulièrement les enfants âgés de 0-5 ans et les femmes enceintes (Rall Back Malaria 2009 ; World Bank 2009). Que ce soit les mesures de prévention (usage des moustiquaires ou encore la prise en charge des cas de maladie, ceux-ci restent étroitement liés aux revenus financiers des ménages dont une part considérables est destinée à la santé (Breman et al. 2004 ; Roger et al. 2009). Ainsi, au-delà des souffrances que le paludisme cause aux individus, aux familles et aux communautés, il aggrave et accroît la pauvreté au sein des groupes déjà soumis à une situation économique précaire du fait de la facture financière qu’il impose aux pouvoirs publics et aux populations. A elle seule, l’Afrique perd chaque année environ 12 milliards US$ en coûts directs et bien davantage encore en pertes économiques annuelles (Rall Back Malaria 2009). Avec les changements climatiques, le défi devient plus important du fait de l’incidence de ces aléas sur les économies locales et par ricochet sur le pouvoir financier des ménages.

Malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics pour améliorer l’offre aux soins de santé publique et notamment la réduction du poids économique du paludisme au sein de la sphère social, l’analyse de l’impact des changements climatiques sur les moteurs des économies locales des communautés vulnérables démontre que beaucoup reste à faire. Entre confusion et incompréhension, l’identification des impacts et incidences

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directs et indirects y afférentes restent une équation loin d’être résolue par ces groupes. La santé communautaire, notamment le lutte contre le paludisme, contrairement aux activités économiques (pêche, agriculture…) tarde à trouver des réponses dans ce nouveau contexte. Pour mieux cerner cette problématique, ce travail s’est proposé d’analyser grâce à une étude de cas, les interactions entre l’impact des changements climatiques sur le moteur économique local et les incidences directs/indirects sur le système de santé communautaire, notamment dans la lutte contre le paludisme. Dans une approche Ecosanté, l’étude a été réalisée dans la cité lacustre de Ganvié du département de l’Atlantique au Bénin. Avec environ 22.000 habitants, les principaux usagers du plan d’eau sont les pêcheurs et pisciculteurs, les femmes transformatrices et commerçantes des produits halieutiques, les commerçants des produits pétroliers, de matériaux de construction et de divers produits manufacturés et les promoteurs des visites touristiques. Pour assurer la collecte de données, quarte (03) groupes cibles ont été choisis à savoir les pêcheurs, les vendeuses des produits halieutiques et le personnel de santé.

A la Question « pensez-vous que le temps a changé ? Pour la quasi-totalité des enquêtés, la réponse est oui et le référent reste « la chaleur» traduisant l’effet du réchauffement global. L’origine de ces changements ne fait pourtant pas l’unanimité au sein de la masse populaire. A Ganvié, la pêche et le commerce des produits halieutiques restent les deux secteurs d’activités répertoriés par la masse populaire comme ceux subissant l’impact des nouveaux aléas climatiques. La production halieutique ne cesse de chuter pendant que l’agriculture qui constitue une activité annexe est perpétuellement sous la menace des inondations et de l’infiltration des champs par des eaux salées qui détruisent les semences. Les variations de température et le réchauffement des eaux influencent de manière significative le métabolisme, le taux de croissance, la reproduction saisonnière et la susceptibilité des poissons. Ce réchauffement des eaux qui de surcroît augmente leur salinité provoque la migration des poissons, ce qui menace les ressources halieutique déjà surexploitées à Ganvié.

Pour les pêcheurs, la diminution du niveau d’eau du lac a conduit à la disparition de certaines espèces de poissons et l’apparition des certaines espèces de plantes néfastes à la pêche (jacente d’eau). Peux ces groupes, 20 années en arrières, certaines techniques de pêche tel que le filet épervier, les nasses étaient très utilisées. Mais aujourd’hui, face aux CC, ils ont opté pour l’élevage des poissons dans des « acadja » (technique d’élevage de poissons dans des enclos/parcs). Mais avec cette technique le problème est loin d’être résolu car, le temps d’élevage s’allonge de plus en plus. Pour la même récolte, l’on est passé de 2-3 mois à 24-36 mois selon la plupart des enquêtés. L’installation d’un parc nécessite beaucoup d’investissement dans une communauté où les capitaux font

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généralement défaut. Ces parcs ont rendent la navigation lagunaire très difficile du fait de leur disposition anarchique, entraînant ainsi des conflits entre leurs exploitants et les autres usagers du Lac. Sur le plan écologique, le couvert végétal est continuellement détruit suite aux prélèvements des branchages; ce qui fait reculer sans cesse les zones d’approvisionnement en branchages. Les enclos, abandonnés contribuent à la pollution constante du lac, rendant impossible la survie de certaines espèces de poisson. Tout la remise en question constante de cette technique de pêche qui tout en apportant une tentative de solution aux pêcheurs offre plus tard un environnement hostile à l’activité de pêche, réduisant ainsi les rendements. Pour les femmes revendeuses de poissons, les changements climatiques en influençant la pêche, impactent leur activité de commerce car, pour plusieurs d’entre-elles, les produits de pêches sont la base de leur commerce. Elles reçoivent, achètent, vendent et revendent les récoltes des pêcheurs. Elles remarquent de plus en plus une diminution des quantités de poissons mises à leur disposition et lesquels ne sont plus gros et moins matures. Avec l’adoption par les pêcheurs de filets aux mailles plus serrées, pour assurer une capture optimale les femmes déplorent de plus en plus la présence de poissons immatures dans leurs paniers. Les clients se faisant de plus en plus rares, les revenus de leurs activités en paient le prix fort. Tout ceci affecte le spectre de régulation du système de santé communautaire.

A Ganvié, le paludisme reste le principal problème de santé communautaire. Plus de 95% des dépenses d’offre aux soins de santé sont attribuables à la prise en charge du paludisme. Avec la réduction constante des revenus des ménages, les budgets destinés à la prise en charge du paludisme s’amoindrissent au fil des jours. Bien que le programme renforcé de lutte contre le paludisme favorise la prise en charge à domicile du paludisme simple chez les enfants âgés de 0-5 ans, la problématique du poids économique de cette endémie est loin d’être résolue. A Ganvié, la fréquence de l’état de morbidité lié au paludisme, qui affecte les autres membres du ménage en est un parfaite indicateur. Les pêcheurs, sont constamment soumis aux piqûres de moustiques durant leur activité nocturne et notent une augmentation des cas de maladie qui conduit à une diminution générale du temps d’activité.

Contrairement aux activités génératrices de revenus tel que la pêche ou encore le commerce des produit halieutiques où les impacts des changements climatiques sont clairement identifiés par la population, le système de santé communautaire reste très peu ou presque pas identifié comme secteur subissant des impacts directs ou indirects des changements climatiques par les populations. Pour ce qui est de la lutte contre le paludisme par exemple, peu d’attention est accordé pour une identification individuelle

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ou collective des défis qu’imposent les changements climatiques sur la prévention et la prise en charge du paludisme simple.

Cependant dans le secteur de la médecine traditionnelle fortement impliquée dans le système de santé communautaire, et plus spécifiquement dans l’usage des plantes médicinales, la quasi totalité des praticiens, est unanime sur les difficultés croissantes à se procurer les plantes nécessaires à leur activité.