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Issu d’une famille « tissée serrée », ce descendant de la quatrième génération de Fortin assure la relève de son arrière- grand-père venu à Val-Paradis au temps de la colonisation. Il s’agit de Jean-Christoph Picard, le principal actionnaire de la ferme Tourne-Sol, qui souhaite maintenant assurer la pérennité de son entreprise agricole. M. Picard, pourriez-vous nous relater l’historique de votre entreprise? Désireux de profiter de la politique du ministère de la Colonisation quidistribuait à l’époque Duplessis une terre de 40 hectares aux colonisateurs repoussant les frontières de l’Abitibi, mon arrière-grand-père est venu s’établir à Val-Paradis. À son arrivée au printemps 1940, la région commençait à peine à être habitée. En 1973, il a opté pour céder au coût d’un dollar sa terre à l’un de ses fils, dans ce cas-ci mon grand-père. Ce n’était rien de plus qu’une terre non drainée que mon arrière-grand-père n’avait pas achevé de défricher. Vingt-six ans plus tard, mes grands-parents séparaient par moitié une entreprise comprenant quelques lots défrichés et quelques têtes de bétail. Alors que l’une était pour ma mère, l’autre est allée à mon oncle qui a fondé la ferme Fortin-Farrell. Quant à moi, je suis copropriétaire avec ma mère de la ferme Tourne-Sol depuis l’an 2000. Bien que je sois le principal actionnaire, nous symbolisons uneentreprise familiale dans laquelle chacun met du sien; mes deux frères sont également très impliqués en plus de ma mère, de mon père et de mon grand-père qui continue de nous orienter par ses conseils judicieux. Comment est-ce que le métier d’agriculteur et de producteur bovin s’est manifesté à vous? Nous sommes nés dans ce domaine! Je n’ai jamais connu le chômage ni un autre emploi non relatif à l’entreprise de mon grand-père. Gabriel et moi, l’un de mes deux frères, avons chacun obtenu un diplôme d’études professionnel en Production bovine. Raphaël, bien qu’il demeure aussi intéressé que nous à l’élevage bovin, a quant à lui gradué en Protection et exploitation des territoires fauniques. L’école nous a beaucoup aidés pour les questions de génétique, mais pour le reste, on avait déjà bien appris avec grand-père. Selon moi, les deux facteurs clefs qui m’ont permis d’être aujourd’hui où je suis sont le goût de poursuivre l’aventure familiale et l’opportunité d’affaires suscitée par les divers legs familiaux depuis la période de mon arrière-grand-père. Jean-Christoph Picard Avez-vous reçu de l’aide de la part d’intervenants socioéconomiques? En ce qui concerne l’aide d’intervenants socioéconomiques de notre secteur, nous avons été appuyés par la Corporation de développement économique de V.V.B. et par le Syndicat de gestion de La Sarre. Ces deux organismes nous ont apporté de l’aide d’ordre technique et économique : techniquement parlant, pour des trucs variés tels que le plan d’affaires; financièrement parlant, nous avons perçu une subvention provenant du fonds Jeune promoteur grâce à laquelle nous avons acheté du bétail. Également, depuis 2007, nous avons été grandement soutenus par le Programme de mise en valeur des ressources du milieu forestier volet 2 qui est tant qu’à lui administré par la Conférence régionale des élus de la Baie-James et le ministère des Ressources naturelles et de la Faune. On a utilisé l’aide financière de ce programme pour mettre en valeur nos fonds de terres non défrichés. Jusqu’ici nous sommes parvenus à défricher 114 hectares de terres que nous pouvons depuis cultiver. Ce pro- gramme me paraît très prometteur pour les agriculteurs de la Jamésie puisque dans notre secteur le principal problème n’est pas nécessairement le prix des terres, mais le fait qu’elles ne soient pas cultivables puisque non défrichées. Défricher une terre demande d’énormes investissements en machinerie en plus du temps que l’on doit y consacrer. Une autre aide financière que j’ai perçue il y a longtemps est survenue suite à l’obtention de mon diplôme en Production bovine. En effet, la Financière agricole du Québec remet un montant de 20 000 $ aux agriculteurs diplômés lorsque ces derniers se partent en affaires ou deviennent majoritaires dans une entreprise. De là découlait la décision de ma mère de me transférer 60% des parts de son entreprise en 2000. Par la suite, je pourrais dire que la Fédération des producteurs bovins nous aide à maintenir la cadence dans les nouvelles tendances agricoles. Nous assistons régulièrement aux réunions. Finalement, comme tout producteur agricole, nous sommes membres de l’Union des producteurs agricoles. Quel est le principal défi que vous avez rencontré au cours de votre démarche entrepre- neuriale ? Je dirais que le principal défi pour une entreprise bovine comme la nôtre est littéralement de survivre année après année. En effet, bien que la qualité de nos bouvillons soit toujours la même (ils sont classés dans la catégorie A+), nous constatons une baisse constante du prix de vente à la livre. Lorsque nous écou- tons aux nouvelles que le prix du bovin a chuté de 67% depuis les dix dernières années, ce n’est pas une assertion qui nous surprenne ! De l’autre côté, le prix du carburant a pratiquement doublé depuis l’an 2000. En résumé, alors que les coûts de production augmentent, les revenus des ventes baissent. Tout compte dit, un éleveur bovin doit augmenter grandement sa production et la dose consécutive de travail pour avoir les mêmes bénéfices bruts. Trois travailleurs. De gauche à droite : Gabriel Picard, Jean-Christoph Picard et Raphaël Picard Apparaissant sur la photo de famille : Première rangée, de gauche à droite : Brigitte Gauthier, Alfred Fortin, Jean-Christoph Picard et Véronique Caron avec dans leurs bras les jumelles Éthel-Ann et Alexianne Picard, Marie-France Fortin. À l’arrière : Gabriel Picard, Léo Picard et Raphaël Picard. Quelles sont les particularités de votre entreprise qui favorise son succès et qui vous distingue des autres producteurs bovins? La force majeure de la ferme Tourne-Sol est l’attention que l’on porte à nos animaux. Selon notre point de vue, il faut que les enclos soient propres, que les animaux soient confortables et qu’ils aient une bonne alimentation. Nous surveillons donc de près la qualité de notre production de fourrage. Notre agronome nous a confirmé que ces axes prioritaires de travail se répercutent positivement dans les états de résultats et dans les statistiques de notre entreprise; il nous a confié que notre ferme enregistre un spec- taculaire taux de survie de ses veaux! Ces soins attentionnés et ce suivi impeccable que nous effectuons auprès de nos vaches et des bouvillons au long de leur croissance nous permettent ainsi de nous démar- quer des autres producteurs bovins. Que souhaitez-vous pour votre entreprise dans les années futures? Nous souhaitons devenir encore plus performants et également réussir à apporter quelques changements à notre entreprise de manière à ce que ce soit vraiment plaisant d’y travailler. Si l’on pouvait accomplir ce que l’on rêve de faire, c’est-à-dire des sites environnementaux afin que notre enclos soit divisé en de plus petits compartiments comprenant seulement 25 vaches chacun, on serait très contents. La tâche quo- tidienne serait moins ardue et les enclos encore plus hygiéniques. Finalement, quel a été votre plus grand apprentissage au cours de votre démarche entrepreneuriale ? Notre plus grand apprentissage a sans aucun doute été de s’imprégner de la notion de « réflexion avec une perception à long terme ». En d’autres mots, nous avons appris que si l’on opte pour un choix particulier aujourd’hui, c’est parce que l’on est capable de faire avec ce choix pendant les dix années subséquentes. Cela n’a pas été facile pour des gens impulsifs comme nous! De plus, depuis tout jeune avec notre grand- père, nous avons dû apprendre à être débrouillards et ingénieux afin de pallier aux problèmes constants de l’entreprise et également apprendre à travailler ensemble et à répartir les tâches et les décisions de manière à ce que l’on reste uni. 134138JP Entrepreneurs, profitez du service de mentorat d'affaire ainsi que des nombreux autres services offerts par le Centre d'entrepreneurship nordique. N'hésitez pas à vous informer auprès de Mme Catherine Beaupré, au 418-748-3847.

Ferme Tourne-sol

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Ferme Tourne-sol

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Issu d’une famille « tissée serrée », ce descendant de la quatrième génération de Fortin assure la relève de son arrière-grand-père venu à Val-Paradis au temps de la colonisation. Il s’agit de Jean-Christoph Picard, le principal actionnaire dela ferme Tourne-Sol, qui souhaite maintenant assurer la pérennité de son entreprise agricole.

M. Picard, pourriez-vous nous relater l’historique de votre entreprise?Désireux de profiter de la politique du ministère de la Colonisation quidistribuait à l’époque Duplessis une terre de 40 hectares aux colonisateurs repoussant les frontières de l’Abitibi, mon arrière-grand-père est venu s’établir à Val-Paradis. À son arrivée au printemps 1940, la région commençait à peine à être habitée. En 1973, il a opté pour céder aucoût d’un dollar sa terre à l’un de ses fils, dans ce cas-ci mon grand-père. Ce n’était rien de plus qu’une terre non drainée que mon arrière-grand-père n’avait pas achevé de défricher. Vingt-six ans plus tard, mes grands-parents séparaient par moitié une entreprise comprenant quelques lots défrichés et quelques têtes de bétail. Alors que l’une étaitpour ma mère, l’autre est allée à mon oncle qui a fondé la ferme Fortin-Farrell. Quant à moi, je suis copropriétaire avec ma mère de la ferme Tourne-Sol depuis l’an 2000. Bienque je sois le principal actionnaire, nous symbolisons uneentreprise familiale dans laquelle chacun met du sien; mes deux frères sont également très impliqués en plus de mamère, de mon père et de mon grand-père qui continue de nous orienter par ses conseils judicieux.

Comment est-ce que le métier d’agriculteur et de producteur bovin s’est manifesté à vous?Nous sommes nés dans ce domaine! Je n’ai jamais connu le chômage ni un autre emploi non relatif à l’entreprise de mon grand-père. Gabriel et moi, l’un de mes deux frères,avons chacun obtenu un diplôme d’études professionnel en Production bovine. Raphaël, bien qu’il demeure aussi intéressé que nous à l’élevage bovin, a quant à lui gradué enProtection et exploitation des territoires fauniques. L’école nous a beaucoup aidés pour les questions de génétique, mais pour le reste, on avait déjà bien appris avec grand-père.Selon moi, les deux facteurs clefs qui m’ont permis d’être aujourd’hui où je suis sont le goût de poursuivre l’aventure familiale et l’opportunité d’affaires suscitée par les diverslegs familiaux depuis la période de mon arrière-grand-père. Jean-Christoph Picard

Avez-vous reçu de l’aide de la part d’intervenants socioéconomiques?En ce qui concerne l’aide d’intervenants socioéconomiques de notre secteur, nous avons été appuyéspar la Corporation de développement économique de V.V.B. et par le Syndicat de gestion de La Sarre.Ces deux organismes nous ont apporté de l’aide d’ordre technique et économique : techniquementparlant, pour des trucs variés tels que le plan d’affaires; financièrement parlant, nous avons perçu unesubvention provenant du fonds Jeune promoteur grâce à laquelle nous avons acheté du bétail. Également, depuis 2007, nous avons été grandement soutenus par le Programme de mise en valeurdes ressources du milieu forestier volet 2 qui est tant qu’à lui administré par la Conférence régionaledes élus de la Baie-James et le ministère des Ressources naturelles et de la Faune. On a utilisé l’aidefinancière de ce programme pour mettre en valeur nos fonds de terres non défrichés. Jusqu’ici noussommes parvenus à défricher 114 hectares de terres que nous pouvons depuis cultiver. Ce pro-gramme me paraît très prometteur pour les agriculteurs de la Jamésie puisque dans notre secteur leprincipal problème n’est pas nécessairement le prix des terres, mais le fait qu’elles ne soient pas cultivables puisque non défrichées. Défricher une terre demande d’énormes investissements en machinerie en plus du temps que l’on doit y consacrer. Une autre aide financière que j’ai perçue il ya longtemps est survenue suite à l’obtention de mon diplôme en Production bovine. En effet, la Financière agricole du Québec remet un montant de 20 000 $ aux agriculteurs diplômés lorsque cesderniers se partent en affaires ou deviennent majoritaires dans une entreprise. De là découlait la décision de ma mère de me transférer 60% des parts de son entreprise en 2000. Par la suite, jepourrais dire que la Fédération des producteurs bovins nous aide à maintenir la cadence dans lesnouvelles tendances agricoles. Nous assistons régulièrement aux réunions. Finalement, comme toutproducteur agricole, nous sommes membres de l’Union des producteurs agricoles.

Quel est le principal défi que vous avez rencontré au cours de votre démarche entrepre-neuriale ?Je dirais que le principal défi pour une entreprise bovine comme la nôtre est littéralement de survivreannée après année. En effet, bien que la qualité de nos bouvillons soit toujours la même (ils sont classésdans la catégorie A+), nous constatons une baisse constante du prix de vente à la livre. Lorsque nous écou-tons aux nouvelles que le prix du bovin a chuté de 67% depuis les dix dernières années, ce n’est pas uneassertion qui nous surprenne ! De l’autre côté, le prix du carburant a pratiquement doublé depuis l’an2000. En résumé, alors que les coûts de production augmentent, les revenus des ventes baissent. Toutcompte dit, un éleveur bovin doit augmenter grandement sa production et la dose consécutive de travailpour avoir les mêmes bénéfices bruts.

Trois travailleurs. De gauche à droite :Gabriel Picard, Jean-Christoph Picard et Raphaël Picard

Apparaissant sur la photo de famille :Première rangée, de gauche à droite : Brigitte Gauthier, Alfred Fortin, Jean-ChristophPicard et Véronique Caron avec dans leurs bras les jumelles Éthel-Ann et AlexiannePicard, Marie-France Fortin. À l’arrière : Gabriel Picard, Léo Picard et Raphaël Picard.

Quelles sont les particularités de votre entreprise qui favorise son succès et qui vous distingue des autres producteurs bovins?La force majeure de la ferme Tourne-Sol est l’attention que l’on porte à nos animaux. Selon notre pointde vue, il faut que les enclos soient propres, que les animaux soient confortables et qu’ils aient une bonnealimentation. Nous surveillons donc de près la qualité de notre production de fourrage. Notre agronomenous a confirmé que ces axes prioritaires de travail se répercutent positivement dans les états de résultats et dans les statistiques de notre entreprise; il nous a confié que notre ferme enregistre un spec-taculaire taux de survie de ses veaux! Ces soins attentionnés et ce suivi impeccable que nous effectuonsauprès de nos vaches et des bouvillons au long de leur croissance nous permettent ainsi de nous démar-quer des autres producteurs bovins.

Que souhaitez-vous pour votre entreprise dans les années futures?Nous souhaitons devenir encore plus performants et également réussir à apporter quelques changementsà notre entreprise de manière à ce que ce soit vraiment plaisant d’y travailler. Si l’on pouvait accomplirce que l’on rêve de faire, c’est-à-dire des sites environnementaux afin que notre enclos soit divisé en deplus petits compartiments comprenant seulement 25 vaches chacun, on serait très contents. La tâche quo-tidienne serait moins ardue et les enclos encore plus hygiéniques.

Finalement, quel a été votre plus grand apprentissage au cours de votre démarche entrepreneuriale ?Notre plus grand apprentissage a sans aucun doute été de s’imprégner de la notion de « réflexion avec uneperception à long terme ». En d’autres mots, nous avons appris que si l’on opte pour un choix particulieraujourd’hui, c’est parce que l’on est capable de faire avec ce choix pendant les dix années subséquentes.Cela n’a pas été facile pour des gens impulsifs comme nous! De plus, depuis tout jeune avec notre grand-père, nous avons dû apprendre à être débrouillards et ingénieux afin de pallier aux problèmes constantsde l’entreprise et également apprendre à travailler ensemble et à répartir les tâches et les décisions de manière à ce que l’on reste uni.

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