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LES DOSSIERS DE L’IRDS N° 18 - OCTOBRE 2011 FFTT/Vincent Kovacs I nstitut Régional de Développement du Sport LE TENNIS DE TABLE EN ÎLE-DE-FRANCE Du 11 au 13 novembre 2011, Paris accueille à la Halle Carpentier, la 32 e édition de la coupe du monde individuelle messieurs de tennis de table. Un moment opportun pour dresser un état des lieux de la discipline en Île-de-France. D’autant qu’elle sera également sous les projecteurs en 2013 dans le cadre cette fois, des championnats du monde au Palais Omnisport de Paris-Bercy. Paris, point d’origine de la diffusion du tennis de table en France Alternativement appelé Pim-pam, Whiff-whaff ou encore Ping-pong selon les périodes et les continents, le tennis de table est né il y a environ 130 ans en Angleterre. À son origine, il s’agit d’un divertissement que l’on pratique dans les salons mondains. Le matériel est simple : un cof- fret de jeu comprenant un filet que l’on fixe sur la table du salon ou sur la table de billard, deux raquettes et une balle. La Fédération française de tennis de table (FFTT) est créée à Paris en 1927 (1) , soit une quarantaine d’années plus tard, avec seulement deux clubs en activité à ses débuts, localisés à Paris. Le tennis de table se répand plus largement à par- tir des années 1930, lorsqu’il pénètre les salles de café et remplace peu à peu le billard. Il reste cependant pratiqué, comme beaucoup de sports à cette époque, par les « gens du monde », en parti- culier les joueurs et joueuses de tennis qui s’adonnent à ce jeu l’hiver en attendant les beaux jours pour reprendre le chemin des courts. En 1933, la 8 e édition des championnats du monde se déroule à Paris pour la première fois. La FFTT souhaite donner au tennis de table l’image d’une activité résolument sportive. Ce sera sa deuxième participation, alors que les championnats se déroulent chaque année depuis 1926. La France se place en 5 e position, derrière la Hongrie, la Tchécoslovaquie, l’Autriche et la Pologne, nations dominantes à cette époque avant que le Japon, la Corée et la Chine n’installent leur suprématie dans les années 1960. Aujourd’hui, les Européens rivalisent de nouveau avec les nations asiatiques dans les compétitions, même si celles-ci restent les maîtres en la matière et sont les principales tenantes du titre dans les grandes compétitions, en messieurs comme en dames. Entrée aux JO et professionnalisation de la discipline En Île-de-France, le tennis de table occupe la 10 e place des sports olympiques avec un peu plus de (1) Naissance de la fédération internatio- nale en 1926.

FFTT/Vincent Kovacs LES DOSSIERS DE L’IRDSLES DOSSIERS DE L’IRDS N 18- OCTOBRE 2011 FFTT/Vincent Kovacs Institut Régional de Développement du Sport LE TENNIS DE TABLE EN ÎLE-DE-FRANCE

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LES DOSSIERS DE L’IRDSN° 18 - OCTOBRE 2011

FFTT/Vincent Kovacs

Institut Régional de Développement du Sport

LE TENNIS DE TABLE EN ÎLE-DE-FRANCEDu 11 au 13 novembre 2011, Paris accueille à la Halle Carpentier, la 32e éditionde la coupe du monde individuelle messieurs de tennis de table. Un momentopportun pour dresser un état des lieux de la discipline en Île-de-France. D’autantqu’elle sera également sous les projecteurs en 2013 dans le cadre cette fois, des championnats du monde au Palais Omnisport de Paris-Bercy.

Paris, point d’origine de la diffusion du tennis de table en France

Alternativement appelé Pim-pam, Whiff-whaffou encore Ping-pong selon les périodes et lescontinents, le tennis de table est né il y a environ130 ans en Angleterre. À son origine, il s’agitd’un divertissement que l’on pratique dans lessalons mondains. Le matériel est simple : un cof-fret de jeu comprenant un filet que l’on fixe surla table du salon ou sur la table de billard, deuxraquettes et une balle. La Fédération française detennis de table (FFTT) est créée à Paris en1927(1), soit une quarantaine d’années plus tard,avec seulement deux clubs en activité à sesdébuts, localisés à Paris.Le tennis de table se répand plus largement à par-tir des années 1930, lorsqu’il pénètre les salles decafé et remplace peu à peu le billard. Il restecependant pratiqué, comme beaucoup de sports àcette époque, par les «gens du monde», en parti-culier les joueurs et joueuses de tennis quis’adonnent à ce jeu l’hiver en attendant les beauxjours pour reprendre le chemin des courts. En

1933, la 8e édition des championnats du mondese déroule à Paris pour la première fois. La FFTTsouhaite donner au tennis de table l’image d’uneactivité résolument sportive. Ce sera sa deuxièmeparticipation, alors que les championnats sedéroulent chaque année depuis 1926. La Francese place en 5e position, derrière la Hongrie, laTchécoslovaquie, l’Autriche et la Pologne,nations dominantes à cette époque avant que leJapon, la Corée et la Chine n’installent leursuprématie dans les années 1960. Aujourd’hui,les Européens rivalisent de nouveau avec lesnations asiatiques dans les compétitions, mêmesi celles-ci restent les maîtres en la matière etsont les principales tenantes du titre dans lesgrandes compétitions, en messieurs comme endames.

Entrée aux JO et professionnalisationde la discipline

En Île-de-France, le tennis de table occupe la 10e

place des sports olympiques avec un peu plus de(1) Naissance de la fédération internatio-nale en 1926.

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33000 licences, juste devant un autre sport deraquette, le badminton (29 000 licences)(figure 1). En France la fédération recense191200 licences, ce qui positionne la discipline àla onzième place sur les 30 présentes aux jeux(2).En 1988, 61 ans après la création de la fédéra-tion, le tennis de table fait son apparition auxJeux olympiques de Séoul. Les clubs comptabili-sent alors environ 16800 licences sur la région et118500 licences sur toute la France.En 1996, la discipline se professionnalise avecl’apparition du Pro Tour, qui regroupe l’ensem-ble des compétitions de tennis de table organi-sées par la fédération internationale (ITTF) etcomptant pour le classement mondial. Suite à cetournant, la discipline subit des petites transfor-mations afin de mieux se positionner sur la scènemédiatique. Il s’agit notamment de rendre le jeuplus « télégénique» en ralentissant la vitesse deséchanges (augmentation du diamètre de la balleen 2000), en raccourcissant et en redynamisantles matchs (4 sets gagnants en 11 points et nonplus 3 sets en 21, en 2001) et enfin en rendantplus visibles les engagements (en 2003, lesrègles sont complétées par l’interdiction de mas-quer la balle au moment du service).

Progression constante de la pratique,notamment en Île-de-France

Entre sa naissance officielle en 1927 en France etson arrivée aux J.O., le tennis de table a vu lenombre de ses licenciés s’accroître régulière-ment. L’objectif était de passer d’une activité«d’arrière salle de café» à une discipline spor-tive à part entière, reconnue en tant que telle. Cesera chose faite avec l’entrée de ce sport aux JO,à la fin des années 1980. La politique fédérale estalors axée sur la compétition. Il s’agit de formerdes champions. Des noms comme JacquesSecrétin à la fin des années 1970, puis Jean-Philippe Gatien qui obtiendra la médaille d’ar-gent aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992et la médaille d’or aux championnats du mondeen 1993 font briller la discipline en France.Depuis le début des années 1980 et jusqu’àaujourd’hui, le nombre de licences s’est accru de112 % sur la France et plus encore sur l’Île-de-France : 134 % (figure 2).

L’ouverture à de nouveaux publicsMais depuis la fin des années quatre-vingt, àl’instar de nombre de disciplines, les effectifslicenciés en tennis de table progressent certesencore, mais beaucoup moins rapidement qu’aucours des années 1950-1980 – véritable «âged’or(3) » de la pratique licenciée. La croissanceannuelle moyenne, qui était de 11 % entre 1957et 1987, est ainsi passée à 2 %. Pour assurer leurpérennité, les organisations sportives sont désor-mais contraintes de «démarcher» de nouveauxpublics. C’est ainsi que dans les années 90, lafédération s’ouvre aux pratiques non compéti-tives. Elle crée la licence «promotionnelle»(1996), qui permettra à des publics plus orientés« loisir» – et notamment les femmes – d’entrerdans les clubs. Elle donne également un cadre à

N° 18 - OCTOBRE 2011

LE TENNIS DE TABLE EN ÎLE-DE-FRANCE2

Ligues Licences 2009-2010Tennis 246 513Football 239 998Equitation 99 282Judo-jujitsu et disciplines associées 99 086Natation 55 496Basketball 48 899Handball 47 319Gymnastique 46 208Athlétisme 35 391Tennis de table 33 128Badminton 28 845Tir 20 194Escrime 18 412Voile 17 173Volley-ball 15 876

Figure 2 - Rythme d’évolution du nombre de licences en Île-de-France et en France depuis 1980 (base100)

Figure 1 - Les 15 principales ligues francilienne olympiques

100

120

140

160

180

200

220

240

260

1980/1981

1982/1983

1984/1985

1986/1987

1988/1989

1990/1991

1992/1993

1994/1995

1996/1997

1998/1999

2000/2001

2002/2003

2004/2005

2006/2007

2008/2009

Île-de-France

FranceMétropolitaine

Source : Recenssement des licences sportives 2009. MEOS, Ministère de la santé et des sports.

En Île-de-Francele tennis de table avec un peu plus

de 33 000 licences,occupe la 10e placeau sein des disci-plines olympiques.

(2) Chiffres 2010, source : Fédération.(3) «Un demi-siècle de licences spor-tives » - STAT-Info n° 04-06, novem-bre 2004 – ministère de la Santé, desSports et du Haut commissaire à laJeunesse.

Lecture du graphique : pour 100 licences en 1980, l’Île-de-France en compte234 contre 212 en France en 2010.Source : MEOS, Ministère de la santé et des sports.

FFTT/Vincent Kovacs

Adrien Mattenet n°1 françaiset licencié de l’AS Pontoise-Cergy TT - (95), a été sélectionné pour les J.O. de 2012 à Londres.

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LE TENNIS DE TABLE EN ÎLE-DE-FRANCE 3

la pratique scolaire car depuis le lancement deson opération «Premier Pas Pongiste» au seindes écoles primaires, de nombreux élèves suiventdes cycles d’initiation à la discipline en accordavec les inspections académiques.La création de la licence «promotionnelle», parailleurs moins chère que la licence compétitive, arelancé la dynamique de la croissance. Alors queles licences dites traditionnelles n’augmententplus, voire régressent très légèrement sur ces 10dernières années (0,2 % de croissance annuellemoyenne en Île-de-France et - 0,7 % en Franceentre 1996 et 2010), les licences promotionnellesse multiplient (+ 6 % dans la région et + 8 % enFrance, cf. figure 3). Aujourd’hui, ces licencesreprésentent en Île-de-France plus du tiers dutotal (41 % contre 35 % en France).

L’Île-de-France, terre pongisteL’Île-de-France compte près de 33500 licencesréparties dans 391 clubs pour la saison 2010-2011. Avec 28 licences pour 10000 habitantscontre 30 en moyenne sur la France, la région sesitue à la 12e place. Depuis ses débuts parisiens,la discipline s’est largement diffusée aux autresrégions, en maintenant toutefois une prédomi-

nance au nord (cf. carte, figure 4). Les écartssont importants entre régions, avec de fortesconcentrations pongistes dans les Pays de laLoire (57 licences pour 10000 habitants) ouencore en Lorraine (44 pour 10000). La pratiqueest en revanche peu développée en ProvenceAlpes Côte d’Azur (13 licences pour 10000) ouencore en Midi Pyrénées (16 pour 10000).

Licencespromotionnelles

Licencestraditionnelles

0

25 000

25 000

25 000

25 000

25 000

1996

/1997

1998

/1999

2000

/2001

2002

/2003

2004

/2005

2006

/2007

2008

/2009

Centre

Aquitaine

Rhône-Alpes

MidiPyrénées

Bretagne

Bourgogne

Lorraine

Auvergne

Picardie

Pays dela Loire

Limousin

PoitouCharente

Corse

Alsace

Provence-AlpesCôte d’Azur

Franche-Comté

BasseNormandie

Île-de-France

LanguedocRoussillon

ChampagneArdenne

HauteNormandie

Nord-Pasde-Calais

Seine-et-Marne

Yvelines

Essonne

Val-d’Oise

Paris

Val-de-Marne

Seine-St-DenisHauts-

de-Seine

Taux de licencespour 10 000 habitants :

moins de 20entre 20 et 25entre 25 et 30entre 30 et 40plus de 40Source : Fédération Française de Tennis de table,

saison 2009-20010

0 100 km

Figure 3 - Évolution du nombre de licences promotionnelles et traditionnelles en Île-de-France entre 1996 et 2010

Source : Fédération Française de tennis de table.

Figure 4 - Taux de pénétration du tennis de table selon les régions

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LE TENNIS DE TABLE EN ÎLE-DE-FRANCE4

Val-de-Marne et Yvelines : record de licencesDans la région Île-de-France, la répartition deslicenciés est loin d’être homogène (figure 5).Deux départements ressortent fortement : lesYvelines et le Val-de-Marne avec respectivement61 et 54 licences pour 10000 habitants alors queParis et la Seine-Saint-Denis font figure de«désert pongiste» (11 et 12 licences pour 10000habitants). Rappelons toutefois que la Seine-Saint-Denis se caractérise par un faible taux desportifs(4), toutes disciplines confondues : 55 %des habitants pratiquent une activité physique ousportive régulière(5) contre 62 % en moyenne surl’Île-de-France. Le département des Yvelines pré-sente à l’inverse le taux élevé de 69 %. Cettesituation n’est pas propre à la seule discipline dutennis de table. Elle renvoie plus à des questionsstructurelles quant au développement du sport engénéral sur le territoire séquano-dyonisien qu’à ladiffusion de la discipline elle-même. D’ailleurs cedépartement est terre d’accueil d’un grand clubfrancilien du tennis de table (cf. encadré page 6).À Paris, si le taux de pratique sportive est un peuplus élevé (61 %) qu’en Seine-Saint-Denis, denombreuses disciplines y sont également peureprésentées et on a tendance à l’expliquer princi-palement par un faible taux d’équipements spor-tifs. Les résultats sont plus surprenants sur ledépartement des Hauts-de-Seine qui affiche untaux de licences de tennis de table de 24 pour10000 habitants alors que ce département estlégèrement plus «sportif» en moyenne (63 % depratiquants réguliers) et présente généralementdes taux d’équipements meilleurs. Finalement

c’est le Val-de-Marne que l’on peut qualifier de«fief pongiste». Avec un taux de pratique spor-tive régulière de «seulement» 60 %, ce départe-ment se caractérise par une vraie spécificité enmatière de tennis de table.

Les comités en développement : « loisir vs compétition»?Lorsqu’on s’attache à observer le mode de répar-tition des licences « loisir» et «compétition» ausein des comités, un constat s’impose : ceux quiaccueillent le plus de licences promotionnellessont aussi ceux qui accueillent le plus de licencestraditionnelles (figure 6). Il semble que ces deuxtypes de pratique ne s’opposent pas, au contraire.Le phénomène décrit indiquerait plutôt unebonne vitalité des comités et des clubs concer-nés. Dans les départements où les licences pro-motionnelles sont nombreuses, en règle générale,une politique de promotion de la discipline ausein des écoles est aussi solidement ancrée. C’estune volonté forte des comités de s’adresser à cespublics afin de les initier à la discipline et, quisait, d’en faire de futurs licenciés qui pratique-ront en compétition. À ce titre, la fédération vientd’étendre le dispositif «Premier pas Pongiste»,auparavant limité aux enfants de 8 à 11 ans (CE1au CM2), aux enfants de 4 à 7 ans(6) («Babyping» de la maternelle au CP). Soulignonscependant que les comités ne peuvent s’impli-quer dans l’école sans l’accord des conseillerspédagogiques en sport auprès des inspectionsacadémiques. Ces derniers sont plus ou moinsouverts à une coopération étroite avec les clubs.En outre, le tennis de table entre en concurrence

(4) Enquêtes de l’IRDS sur les pratiquessportives des Franciliens de 2007 à2010 : www.irds-idf.fr(5) Pratique régulière : au moins une dis-cipline sportive pratiquée au moins unefois par semaine dans l’année.(6) Le dispositif « Baby-ping » pour les4/7 ans est en place depuis la saison2010-2011.

Figure 5 - Répartition des licences et des clubs franciliens par département

Source : Ligue Île-de-France de tennis de table 2010-2011.

0

500

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

3 500

4 000

4 500

5 000

Paris

Seine

-Sain

t-

Denis

Val d

’Oise

Seine

-et-M

arne

Esso

nne

Hauts-

de-S

eine

Val d

e Marn

e

Yveli

nes

Licences traditionnelles

Licences promotionnelles

Figure 6 - Répartition par département du nombre de licences promotionnelles et traditionnelles

Source : Ligue Île-de-France de tennis de table 2010-2011.

Entre 11 à 61 licences pour 10 000

habitants selon les départements

franciliens.

Comité Nombre Total Licencesdépartemental de clubs 2010

Paris 48 2 404

Hauts-de seine 44 3 647

Seine-Saint-Denis 28 1 752

Val-de-Marne 41 7 070

Seine-et-marne 58 3 372

Yvelines 73 8 557

Essonne 56 3 616

Val d’Oise 43 3 057

Total 391 33 475

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LE TENNIS DE TABLE EN ÎLE-DE-FRANCE 5

avec d’autres comités également très actifs dansla promotion scolaire de leur sport à l’école.Enfin, accueillir des classes la journée impliqueque des créneaux horaires soient disponiblesdans les équipements et que ces derniers soientsuffisamment nombreux, adaptés (salles spéci-fiques) et situés à proximité des établissementsd’enseignements (écoles, collèges, lycées) pourinciter les classes à pratiquer. En outre, le clubdoit être en capacité de mettre à disposition unpersonnel qualifié(7) et rémunéré pour encadrer lapratique sur le temps scolaire.Les Yvelines comme le Val-de-Marne, quiaccueillent le plus grand nombre de licences pro-motionnelles, ont vu leurs effectifs de licencestraditionnelles progresser entre les saisons 2000-2001 et 2009-2010 respectivement de + 6 % et+ 2 % (alors qu’on observe sur la France une ten-dance à la décroissance). À l’inverse, la Seine-Saint-Denis, Paris, ou le Val d’Oise qui délivrentpeu de licences promotionnelles ont vu le nom-bre de leurs licences traditionnelles diminuer res-pectivement de - 9 %; -2 % et -13 % au cours des9 dernières années. Seule la Seine-et-Marne faitfigure d’exception, avec une progression de22 % sur la période.Le développement de la pratique au sein desclubs repose donc sur une réflexion d’ensembleet non sur des politiques menées séparément, loi-sir d’une part, compétition d’autre part.

Une bonne couverture territorialeLe territoire francilien est particulièrement bienirrigué en clubs, y compris dans les secteurs plu-tôt ruraux de grande couronne. Si de gros clubsdominent dans les zones urbaines denses, la pré-sence de petites structures assure la bonne diffu-sion de ce sport lorsqu’on s’éloigne du cœur del’agglomération. Cela explique que des départe-ments comme l’Essonne ou plus encore la Seine-et-Marne présentent des ratios de licenciés parclub plus proches de la moyenne française, avecrespectivement 65 et 58 licenciés par structure.Cette offre fait que la plupart des communesfranciliennes comptent parmi leurs habitantsquelques pongistes (cf. carte, figure 7).Encore peu de clubs prennent appui sur desstructures intercommunales (moins d’unedizaine)(8) pour se développer. Pourtant, le plande développement fédéral encourage cette straté-gie, notamment pour atteindre des seuils mini-maux de licenciés par club (plus de 50), dans lebut également d’augmenter leurs ressourcesfinancières, ou encore pour bénéficier d’une aidelogistique plus importante (créneaux supplémen-taires dans les équipements…). Mais il est vraiqu’en Île-de-France, quelle que soit la discipline,cette échelle est encore peu pratiquée(9).

libre

limite de l’agglomération parisienne

mixtecorpo

Sources : Ligue Île-de-France de Tennis de Table / Juin 2011Traitement : IRDS

Type de club :

10 km0

Nombre de licenciés pour10 000 habitants au seinde la commune :

10 25 50 100

Figure 7 - Nombre de pongistes pour 10 000 habitants (2010-2011)

(7) L’encadrant doit détenir un diplômed’état. La fédération a également mis enplace un certificat de qualification pro-fessionnel (CQP en cours de publicationau Journal officiel).(8) Il est toutefois difficile de repérer trèsprécisément les clubs qui bénéficient ounon de l’appui financier ou logistique decommunes regroupées en intercommu-nalités.(9) « Sport et intercommunalité en Île-de-France ». Les dossiers de l’IRDS, n° 16,juin 2011.

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LE TENNIS DE TABLE EN ÎLE-DE-FRANCE6

Des clubs qui s’étoffent…Si toutes les fédérations ont pour objectif d’aug-menter le nombre de pratiquants, elles s’inscri-vent pour la plupart dans un processus inverse ence qui concerne le nombre de clubs. Il s’agit demieux structurer l’offre en favorisant l’émer-gence de structures associatives de taille consé-quentes pour assurer leur stabilité et y maintenirune dynamique (nombre suffisant de joueurs etjoueuses dans les différentes catégories), voirepour que l’emploi s’y développe (encadrementadministratif et pédagogique). Ces clubs sontalors plus à même de construire des projets dedéveloppement à long terme. Ils se professionna-lisent, leur économie est plus stable et les résul-tats sportifs s’en ressentent. Le tennis de table estdans ce cas. L’objectif est clairement énoncé dansson plan de développement 2010-2012. En 25ans, alors que les effectifs licenciés sont enconstante progression, le nombre de clubs dimi-nue (130 en moins dans la région) (figure 8). Enconséquence, les structures franciliennes quicomptaient en moyenne 28 licenciés par club en1985, en sont à 86 en 2010. C’est mieux que surla France entière (50 licenciés par club), mais ilest vrai que l’Île-de-France, région capitale, estaidée en cela par son poids démographique. Unemoyenne encore relativement faible par rapport àd’autres disciplines comparables. Ainsi, le bad-minton, sport de raquette qui présente un poids àpeu près équivalent en termes de pratiquantslicenciés, compte en moyenne 117 licences parclub en Île-de-France ; le tennis présente lui unratio de 247. Des variations existent cependantselon les départements : le Val de Marne détientle record avec 157 licenciés en moyenne, ce quiconfirme le dynamisme de la discipline sur ceterritoire. Arrivent ensuite les Yvelines, avec 113licenciés.

Et qui se «professionnalisent»À la fin des années 1980, la ligue Île-de-France,en lien avec la Fédération, s’engage dans uneréflexion sur la qualité de l’encadrement dans lesclubs, ce qui la conduit à mener des actionspilotes en matière de formation. Dès 1993, Laligue est agréée par la Direction régionale du tra-vail (DRTEFP) en tant qu’organisme de forma-tion et plus précisément bénéficie du statut decentre de formation d’apprentis. Soutenue alorspar le Conseil régional au titre de sa compétencegénérale en matière de formation professionnelleet de sa politique sportive, ce dernier lui attribueen 1998 une participation financière pour l’acqui-sition et la rénovation de locaux dans lesquels laligue y établit son siège et des salles de formation.

En 1985 le tennis de table francilien

comptait en moyenne28 licenciés par club

contre près de 90 aujourd’hui.

Un sport individuel qui se joue en équipeLe tennis de table est au départ un sport indi-viduel mais il se joue également par équipe etles rencontres de ce type occupent une placede choix dans les différentes compétitions.Dans cette discipline, même si le classementindividuel des joueurs reste primordial, celuides clubs par équipe est également trèsimportant. Et, en la matière, l’Île-de-Franceaffiche de bons résultats avec en 2011 denombreux clubs comptant des équipes quiévoluent en nationale 1 mais aussi en Pro A etPro B aussi bien chez les hommes que chezles femmes ;Les meilleurs clubs franciliens en 2011-2012 :- Qualifiés pour la Coupe d’Europe, en liguedes champions par équipe (masculins)Levallois SC (92) et Pontoise-Cergy-AS (95)dont le joueur Adrien Mattenet, numéro 1français et 23e joueur mondial s’est qualifiépour les JO de 2012 à Londres- Pro A Dames : USKB (Le Kremlin-Bicêtre)(94)- Pro A Messieurs : Levallois SC (92), Saint-Denis US TT (93), Saint Maur VGA (94) etPontoise-Cergy AS (95)- Pro B Dames : ATT Serris (77), Entente Marlyle Roi US/Elancourt CTT (78) et BeauchampCTT (95)- Pro B Messieurs : EP Isséenne (92), USFontenaysienne (94)- Nationale 1 Dames : Saint Maur VGA (94) ;EP Isséenne (92), Entente Saint-DenisEaubonne (93 et 95) et Paris TT 13 (75).- Nationale 1 Messieurs : Pontault-CombaultUSM (77), Courbevoie Sport (92) ; EPIsséenne (92) ; L’Hay Les Roses CA (94) ;

1984/1985

1986/1987

1988/1989

1990/1991

1992/1993

1994/1995

1996/1997

1998/1999

2000/2001

2002/2003

2004/2005

2006/2007

2008/20090

50

100

150

200

250

300

350

400

450

500

550

Nombrede clubs

Nombrede licenciés par club

Figure 8 - Évolution du nombre de clubs et de licences entre 1984 et 2010 en Île-de-France

Source : Ligue Île-de-France de tennis de table 2010-2011.

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La ligue dispense ainsi, en plus des formationstechniques initiées par la fédération (brevets) etdes formations plus générales à destination desbénévoles, des formations diplomantes ou quali-fiantes(10). Jusqu’en 2009, la ligue délivrait desbrevets d’état de niveau IV option tennis detable(11). Elle propose depuis 2010, du fait de larénovation de la filière de formation adoptée parle ministère, le DEJEPS(12) de niveau III mention« tennis de table», en lien avec le Centre de res-sources pour l’expertise et la performance spor-tives (CREPS) de Châtenay-Malabry. Le centrede formation francilien est le seul, avec le site deMontpellier, à présenter ce diplôme. Dans les pre-mières années, lorsque les besoins étaient élevésla ligue formait par an une quarantaine de sta-giaires candidats au BEES. En 2008, elle encomptait «seulement» 19. Cette année (2011), 15stagiaires sont inscrits dont 10 franciliens. Endiminution, ce nombre s’explique essentiellementpar le phénomène de «saturation» du marché del’emploi. En effet, les efforts de formation pour-suivis depuis plusieurs années ont sans contestecontribué à développer l’emploi salarié au seindes associations. Aujourd’hui, les clubs franci-liens comptent en moyenne 0,26 emplois salariéséquivalent temps plein(13) par club contre 0,13 auniveau national. Dorénavant, l’enjeu réside dansla pérennisation de ces emplois qui relèvent leplus souvent des dispositifs d’appui public(emplois aidés) de l’État ou des régions, tout enpoursuivant la politique de professionnalisationdes clubs. C’est d’ailleurs dans cette optique quela fédération a sollicité et obtenu une subventiondu Fonds social européen afin de conduire unplan d’accompagnement au développement del’emploi, de la formation, et de l’insertion profes-sionnelle des salariés dans les structures pon-gistes. Cette opération est ciblée dans un premiertemps sur la région Île-de-France.

Une relative vitalité des clubs «corpo»Le sport corporatif, plus connu aujourd’hui sousle nom de sport associatif d’entreprise a connuses heures de gloire principalement au début desannées 1950 et jusqu’à la fin des années 1970(14).Aujourd’hui, il revient sur le devant de la scènemais sous une forme différente avec, entreautres, l’arrivée de prestataires de services spor-tifs extérieurs à l’entreprise qui proposent diffé-rents produits (professeurs chargés d’animer descours, propositions «clés en main» de stagenature, séminaire de « team building(15) » etc.).Avec 78 associations d’entreprises, soit 20 % desclubs franciliens affiliés à la FFTT, le tennis detable est plutôt bien représenté dans le monde du

travail. Il s’inscrit plus dans l’héritage des clubscorpos de l’après-guerre que dans le mouvementactuel qui lie sport et management des ressourceshumaines en en faisant un outil de formation etde motivation des salariés.Plusieurs facteurs expliquent la bonne résistancede la filière «corpo» au fil des années au sein dela FFTT, même si, comme pour d’autres disci-plines, ce modèle est en perte de vitesse avec unetendance à la diminution du nombre de clubs :premièrement, une commission « sport dans l’en-treprise » très structurée au niveau fédéralcomme à la ligue francilienne, notamment pardes rencontres (par équipe) inter-entreprisesrégulières organisées jusqu’au niveau national.Deuxièmement, si le sport en entreprise est enperte de vitesse, c’est en partie lié à la disparitiondu patrimoine foncier sportif des entreprises quia été revendu ces dernières années pour des ques-tions notamment de coûts de gestion (patrimoinedes grandes entreprises automobiles ou encorede la RATP, de la Poste etc.). Or, l’avantage dutennis de table est de consommer peu de place. Sicertaines associations utilisent des équipementsmunicipaux ou bénéficient encore d’équipe-ments sportifs appartenant à l’entreprise, ellessont nombreuses à disposer de tables. Une à deuxtables suffisent à maintenir le club en activité, dumoins pour les plus petites associations. Et, saufexception, les clubs de tennis de table en entre-prise sont aujourd’hui de taille réduite (7 licen-ciés en moyenne par club).En Île-de-France, les clubs corpos sont naturelle-ment très présents dans les départements quiconcentrent l’emploi. C’est le cas dans les Hautsde Seine (50 % de l’offre), où plusieurs clubssont en réalité mixtes : le sport d’entreprise s’ap-puie sur des clubs «civils» pour maintenir etdévelopper la pratique. Les «corpos» sont égale-ment bien implantés à Paris et dans le Val-de-Marne (36 % des clubs).

Le tennis de table existe aussi en dehors de la FFTT

Le tennis de table est également pratiqué demanière plus ou moins intensive au sein desfédérations affinitaires(16) ou omnisports, dans lesfédérations spécifiques aux personnes en situa-tion de handicap, ou encore dans les associationsen lien avec les fédérations du sport scolaire etuniversitaire.

De nombreux partenariats tissésLa FFTT entretient, via la signature de conven-

La ligue Île-de-Franceest un centre de formation agréé et dispense des for-mations diplomantes.

(10) La ligue vient d’être habilitée à déli-vrer le nouveau CQP (certificat de qualifi-cation professionnel).(11) BEES : brevet d’état d’éducateursportif. Le niveau IV correspond au niveauBaccalauréat.(12) DEJEPS : diplôme d’état de la jeu-nesse de l’éducation populaire et dusport de niveau III (bac + 2).(13) Hors cadre d’État et conseillers édu-cateurs des APS détachés ou mis à dis-position des clubs et hors joueurs oujoueuses professionnels. Situation 2010-2011. Recensement fédéral.(14) PIERRE Julien, S’investir corps etâme en entreprise – Contribution à unesociologie de la mobilisation des cadrespar le sport, juin 2009, thèse soutenue àl’Université de Strasbourg.(15) « Construction d’équipe ». Le Teambuilding désigne un processus permet-tant de construire une cohésion d’équipedans une entreprise.(16) Fédération affinitaire : fédérationcréée autour d’un lien d’affinité, de typeprofessionnel (ex. Fédération de la Policefrançaise), territorial (ex. Fédération dusport en milieu rural), statutaire (ex :Fédération française de la Retraite spor-tive) ou idéologique (Union française desŒuvres laïques d’Education physique),etc.

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tions déclinées au niveau régional, des relationsétroites avec d’autres fédérations : Fédérationfrançaise du sport en entreprises (FFSE) ; UnionFrançaise des Œuvres Laïques d’EducationPhysique (Ufolep), Union nationale du sport sco-laire (UNSS), etc. Ces conventions, dont l’objec-tif principal est de développer la pratique du ten-nis de table, favorisent la mise en place de com-missions mixtes (FFTT et fédération concernée)à tous les échelons territoriaux (comités régio-naux, départementaux) afin d’établir des com-plémentarités que ce soit sur le plan de la forma-tion des animateurs sportifs, de l’organisationdes compétitions, etc. Il est difficile d’établir unephotographie précise de l’ensemble des prati-quants de tennis de table de ces fédérations.Nombre d’entre elles proposent des licencesmultisports qui ne permettent pas de mesurer lapratique par discipline. On peut toutefois mettrel’éclairage sur certaines d’entre elles.

Assez bien implanté dans les collèges, quasi absent du supérieurLe tennis de table déjà bien implanté dans lesécoles primaires, occupe une place non négligea-ble dans le second degré. 13306 collégiens etlycéens franciliens pratiquent le tennis de tabledans les associations sportives affiliées à l’Unionnationale du sport scolaire (UNSS). La disciplinereprésente 9 % des effectifs UNSS et concerneprès de 600 établissements scolaires (22 % descollèges et lycées publics et privés sous contrats).

C’est un peu mieux que sur l’ensemble de laFrance (6 % des effectifs). Le tennis de tablen’est pas aussi pratiqué que le hand-ball, le bad-minton ou encore le football, qui occupent lespremières places au sein du sport scolaire mais ilse situe toutefois en 9e position. Comme pourtoutes les disciplines, c’est au collège que l’offreest la plus développée : 514 associations spor-tives accueillant 12085 élèves.Au sein des universités et des grandes écoles, letennis de table est quasiment inexistant, dumoins pour ceux qui pratiquent en compéti-tion(17). En 2009-2010, à peine 30 étudiants ontété recensés en Île-de-France. On connaît certesles difficultés rencontrées dans la région quantau développement des pratiques sportives engénéral dans les universités(18) (carences en équi-pements notamment) mais il semble que cettesituation soit valable pour les autres régions éga-lement. Au total, moins de 600 étudiants prati-queraient le tennis de table en compétition surl’ensemble de la France, université et grandesécoles rassemblées. À titre de comparaison lebadminton est bien mieux représenté : rien qu’enîle-de-France, entre 300 à 400 étudiants se pré-sentent en compétition chaque année.

Personnes en situation de handicap: balbutiements pour le sport adaptéDeux fédérations spécifiques, avec leurs comitésterritoriaux et leurs clubs, organisent le sportpour les personnes en situation de handicap : la

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Le tennis de tablegagnerait à être plus

présent au sein des universités et

des grandes écoles.

(17) Seuls les licenciés engagés en com-pétition sont connus. Les chiffres concer-nant les pratiquants « loisirs » ne sont pasdisponibles.(18) Les Cahiers de l’IAURIF n° 143.Octobre 2005. Peuvergne Claire « Lesuniversités en Île-de-France » ; article :« Le sport à l’université : des conditionspeu favorables à la pratique ». FF

TT/Clément Sogorb

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fédération handisport (FFH) qui accueille plusparticulièrement celles en situation de handicapmoteur, les déficients sensoriels et les personnesde petite taille, et la Fédération su sport adapté(FFSA) qui concerne les personnes en situationde handicap mental ou atteintes de troubles psy-chiques. Il existe également des sections spécia-lisées handisport ou sport adapté implantées ausein de clubs ordinaires(19). Deux conditions sontincontournables au développement de la pratiquesportive en général et du tennis de table en parti-culier auprès des personnes en situation de han-dicap : l’accessibilité des équipements à tous leshandicaps (moteurs, sensoriels, intellectuels…)et la mise en place d’une démarche sociale enamont (préparation à une acceptation réciproquedes personnes ordinaires et des personnes ensituation de handicap).En Île-de-France la pratique sportive des per-sonnes en situation de handicap physique est plusdéveloppée que celle des personnes en situationde handicap mental et cela est confirmé dans letennis de table.Aujourd’hui, seuls 4 à 5 clubs relevant du comitéSport adapté francilien(20) proposent cette disci-pline, et aucune section n’est recensée à ce jourau sein des clubs ordinaires. Le comité recensaiten 2010 à peine 35 licenciés. Ce chiffre varieselon les années, en 2011, il serait descendu à 20.Pourtant, la demande existe. C’est pourquoi lecomité francilien du sport adapté s’est rapprochédu comité de tennis de table. L’objectif est d’ar-river à développer l’offre. D’abord en augmen-tant les possibilités d’entraînement dans les clubsordinaires : ouverture de sections spécifiques etformation des encadrants ; ensuite en structurantprogressivement un circuit de compétitions :adaptation des règles pour faciliter l’accès à lapratique(21) et instauration de huit journées decompétitions dans une année (une compétitionpar département).Le tennis de table handisport est une des disci-plines les plus pratiquées en Île-de-Francepuisqu’elle arrive en 5e position sur les 43 propo-sées par la fédération handisport. 28 associationsoffrent la possibilité de pratiquer ce sport dans larégion et comptent 181 licences dont 37 % encompétition. Les licences franciliennes représen-tent 12 % des licences France entière. L’activitése pratique en simple et en double, debout ou enfauteuil roulant. Ce sport est un des premiers àavoir été mis en place pour les personnes handi-capées physiques dans les années 1950. LaFrance possède d’ailleurs des champions d’ex-ception, comme le médaillé d’or aux jeux para-lympiques de Pékin, Christophe Durand.

Un fort potentiel de développement…

Aujourd’hui, les instances du tennis de table s’in-terrogent sur ses marges possibles de développe-ment. La concurrence est rude. Les adhérents nesont plus «captifs». Une offre multiple s’estdéveloppée et chaque discipline tente de diversi-fier ses pratiques pour séduire de nouvelles caté-gories de population ou pour arriver à maintenircelles que l’on croyait acquises. Alors que cer-taines ont créé ou exploité des formes existantesde jeux, plus ludiques ou plus attrayantes parceque plus en phase avec la demande actuelle pourmaintenir leur vitalité (futsal, beach volley, bas-ket à 3 etc.), le tennis de table ne présente pas demouvement équivalent. Pourtant, la disciplineconnaît une pratique très forte liée au loisir, quece soit dans l’espace privé des familles équipéesd’une table (dans le jardin, dans le garage), dansles centres de vacances, ou encore dans lesespaces publics (square, maison de quartier…).Ce versant loisir, très développé, sans que l’onpuisse réellement le quantifier et que l’ondésigne alors plus couramment sous l’appellationping-pong, constitue une particularité que l’onretrouve pour d’autres sports comme le badmin-ton ou encore le football : sports de performancesstructurés jusqu’au plus haut niveau, et jeux quis’improvisent dans de multiples lieux dans un butavant tout de convivialité et de divertissement.Les instances du tennis de table se demandentaujourd’hui s’il est possible d’attirer ne serait-cequ’une partie de ces pratiquants occasionnelsvers les clubs et comment ? En plus de ce public,le tennis de table doit en conquérir un autre : celuides femmes. Car jusqu’à maintenant, ce sportattire très peu le sexe féminin.

Augmenter la pratique féminine…Avec seulement 19 % de licences fémininesrecensé dans les clubs franciliens (17 % enFrance), le tennis de table fait partie des sportsles moins pratiqués par les femmes. Même lesassociations sportives scolaires (UNSS), qui ontpourtant l’habitude de faire mieux en la matièreque leurs homologues à la ville, n’arrivent pas àattirer un public de pongistes féminines (17 % defilles). Des disciplines olympiques telles que lebadminton ou le tennis, sports de raquette égale-ment, comptent chacune entre 32 % (tennis) et40 % (badminton) de licences féminines(22). Lebasket, ou encore le hand, sont à 39 et 37 %. Sile comité francilien réussissait à atteindre untaux de féminisation ne serait-ce que de 30 %, ilpourrait tabler sur près de 3700 licences supplé-mentaires.

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(19) Ordinaire s’emploie par opposition àun milieu spécialisé dans l’accueil despersonnes en situation de handicap. Ici ils’agit de clubs gérés par les fédérationsolympiques ou non olympiques.(20) Environ 70 associations Sportadapté existent en île- de-France, toussports confondus.(21) Par exemple, autoriser un secondrebond au moment de renvoyer la balle.(22) Source MEOS, ministère des sports,licences 2009, France entière.

La disciplineconnaît une pra-tique très forte liéeau loisir, en dehorsdes clubs.

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Les compétitricesEst-ce à dire que le tennis de table est une pra-tique résolument masculine? Difficile à croire. Ilest vrai que la discipline s’est longtempsconstruite au travers de la forme la plus compéti-tive afin de gagner sa place dans la cour desgrands. Or, de nombreuses études et enquêtes ontmontré que ce n’était pas, loin s’en faut, la pre-mière motivation des femmes pour le sport. Quiplus est, il semble que les pongistes féminines,même les plus compétitives, ont du mal à se faireune place dans ce sport. Les classements sontsans appel, les chinoises dominent le palmarès.En Chine, le tennis de table est le sport numéroun avec plusieurs millions de pratiquantes. Il y abeaucoup de bonnes joueuses et donc beaucoupde concurrence. En France, les femmes, nette-ment moins nombreuses à pratiquer - à peine31500 sur l’ensemble du territoire et seulement6300 en Île-de-France - sont loin de faire lepoids et ont beaucoup de chemin à parcourir pourespérer des titres. De quoi décourager les pluscombattives et même la fédération qui auraitpendant un temps, aux dires de certains, un peutrop misé sur les hommes et un peu oublié lesfemmes. Mais ces temps sont révolus. La fédéra-tion a ainsi appliqué le «Parcours d’ExcellenceSportive» (PES) mis en place par le ministère, autennis de table. Elle y a inclus un volet spécifiqueaux féminines. L’objectif étant de déboucher surun parcours individualisé différent du modèlemasculin et donc plus adapté. Le PES se déclineau niveau régional. Chaque comité doit l’intégreren tenant compte des spécificités propres à sonterritoire. En Île-de-France(23), le tennis de table

féminin a bien du mal à exister. Les champion-nats départementaux périclitent. De moins enmoins d’équipes s’y disputent la première placepour monter en régional. Le constat dressé par laligue dans son PES est sans appel(24) : insuffi-sance du nombre de compétitrices ; dévalorisa-tion du niveau de jeu des féminines en général etdes systèmes de jeu en particulier ; peu ou pasd’entraineur intéressé par l’entrainement spéci-fique des jeunes filles jugé pas assez porteur ;pas de haut niveau en France permettant auxjeunes filles de s’identifier. En conséquence, lecomité a lancé cinq pistes d’actions : valoriser lesrésultats des filles ; constituer un groupe régionalélite au Pôle Espoir ; individualiser l’entraîne-ment ; favoriser l’intégration de cadres fémininsou masculins intéressés par ce public ; former descadres à l’entraînement des féminines en inté-grant les spécificités de ce public, notamment àl’adolescence, compte tenu de la perte impor-tante des effectifs à cet âge ; développer les capa-cités physiques ainsi que la notion de duel très tôtafin qu’elles prennent goût à la compétition dèsle plus jeune âge.

Les pratiquantes hors compétitionLa fédération encourage les comités et les clubsà se tourner également vers des publics féminins,jeunes et moins jeunes qui ne souhaitent pass’inscrire dans un parcours compétitif mais quiont d’autres attentes (sociabilité, remise enforme etc.). Ce n’est pas un hasard, c’est aussi undes objectifs du ministère, lequel conditionne lasubvention triennale qu’il accorde aux fédéra-tions agréées, à la mise en place d’actions dans

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(23) La fédération a présenté deux clubspour la mise en place d’un PES féminin,un seul en Île-de-France, celui de Saint-Denis qui compte déjà 25 % de fémi-nines.(24) Extrait du PES régional. Comité Île-de-France de tennis de table.

Les femmes ont du mal à trouverleur place dans la discipline.

FFTT/Vincent KovacsPhoto prise lors de la finale

des championnats de France2006 à Dinan. Finale rempor-tée par Carole Grundisch (à gauche) face à Xian YiFang (à droite).

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ce domaine. Le concept «ping tonic», à l’essaidans des comités extérieurs à la région et soutenupar la fédération, a été conçu dans cet esprit. Ils’agit d’offrir aux femmes plus que du tennis detable en développant en parallèle d’autres activi-tés sportives de « forme» (step, gym, stret-ching…) et conviviales (randonnées, momentsfestifs, etc.). Si l’idée est probablement bonne, ledispositif n’est pas simple à mettre en place etexige des clubs une grande polyvalence. Difficilede répondre à la fois à des objectifs d’excellence(sortir des champions et des championnes) et àdes objectifs de «massification», le tout avec desmoyens quasi identiques, notamment en ce quiconcerne l’encadrement mais aussi les équipe-ments. C’est quoi qu’il en soit une petite révolu-tion pour la plupart des clubs que de proposerautre chose que du tennis de table et un autremodèle que celui compétitif. D’ailleurs, aucunclub francilien n’a pour le moment développél’outil en son sein.

Avancer l’âge d’entrée dans les clubsLe tennis de table est un sport que l’on peut com-mencer tôt et une partie des pratiquants connaîtune première expérience dès 7 ans (figure 9). Lacatégorie des poussins, c’est-à-dire les moins de9 ans représente 12 % des effectifs. La fédérationsouhaite cependant avancer l’âge d’entrée desenfants en les incitant à pratiquer dès le plusjeune âge, c’est-à-dire dès 4 ans. Aujourd’hui, les4-6 ans représentent moins de 1 % des effectifsdans les clubs franciliens. La mise en place dudispositif «baby-ping», lancé cette année par lafédération à destination des écoles (cf. plushaut), mais aussi des familles lors de journéesportes ouvertes, a été élaboré dans ce sens. Il nes’agit pas dans ces âges de démarrer d’emblée

sur la table de ping-pong mais plutôt de dévelop-per une motricité orientée sur le rapport à laraquette et à la balle.Derrière cet objectif se trouvent deux enjeux :augmenter le nombre de licenciés en général etdétecter et former plus tôt les futurs championset championnes.

Fidéliser les 13-17 ansLes cadets (13-14 ans) et les juniors (15-17 ans)représentent 14 % des effectifs, respectivement 8et 6 % des licenciés franciliens, soit moitié moins(figure 10) que les poussins et les benjamins (12et 20 %). À cette période de l’adolescence, lesclubs éprouvent des difficultés à maintenir lesjeunes dans l’activité. Une partie de ceux-cis’écarte des structures encadrées. Seuls les plusengagés au niveau compétitif persévèrent. Leprocessus n’est pas propre au tennis de table, laplupart des disciplines sont touchées par le phé-nomène de même que d’autres activités cultu-

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Figure 9 - Pyramide des âges des licenciés franciliens en 2010-2011

05101520253035404550556065707580859095

2 000 1 800 1 600 1 400 1 200 1 000 800 600 400 200 0 200 400 600

Hommes Femmes

Poussins12 %

Île-de-France

Benjamins20 %

Minimes12 %Cadets

8 %Juniors

6 %

Séniors21 %

Vétérans21 %

Figure 10 - Répartition des licenciés par catégorie 2010-2011

Source : Ligue Île-de-France de tennis de table 2010-2011.

Source : Ligue Île-de-France de tennis de table 2010-2011. Exploitation IRDS.

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relles ; les conservatoires par exemple ont égale-ment d’importantes déperditions de musiciensautour de ces âges. À cette période de la vie, leréseau social des «copains» compte plus quetout autre type de relations. L’enjeu pour le clubet l’entraîneur est donc de développer un climatet une émulation de groupe qui donneront envieau jeune licencié de continuer à pousser au moinsune fois par semaine la porte de son club. Samotivation première ne sera peut-être plus alorsle tennis de table mais le besoin de retrouver ungroupe d’amis. Le but recherché est bien d’éviterque le licencié ne rompe définitivement avec ladiscipline.

Accroitre encore la pratique des seniorsLe tennis de table est une discipline qui peut sepratiquer à tout âge car elle est reconnue commetrès peu traumatique. La part des plus de 40 ansn’y est d’ailleurs pas négligeable au sein desclubs : 26 % en Île-de-France. Le calendrier descompétitions des licenciés vétérans est bien rem-pli, et ce jusqu’au niveau international (cham-pionnats d’Europe et Championnats du monde).Si la plupart des pratiquants sont des anciens quin’ont jamais cessé de jouer depuis leur plus jeuneâge ou bien qui ont repris l’activité sur le tardaprès une longue interruption, plus rares sontceux qui y viennent spontanément pour la pre-mière fois. Pourtant, compte tenu du vieillisse-ment annoncé de la population française, et

même si la région Île-de-France vieillira moinsvite que les autres régions du fait notamment deson profil migratoire, le tennis de table franciliengagnera à renforcer les primo-pratiquants chezles seniors. La discipline possède de nombreuxatouts à mettre en avant : apprentissage réputéfacile même sur le tard (du moins à un premierniveau de jeu) ; maintien des pratiquants enbonne santé par un renforcement musculaire etdes bénéfices reconnus sur le plan neurologique(traitement des informations pour renvoyer laballe) ; permettant une socialisation (sportd’équipe et possibilité de jouer en doubles, sportde confrontation mais sans contact physiquedirect avec l’adversaire) ; sans oublier l’aspectludique et intergénérationnel. Reste à attirer dansles clubs ses primo séniors qui a priori ne se tour-neront pas spontanément vers le tennis de table.La gymnastique ou encore la marche sont les dis-ciplines vers lesquelles se dirigent plus naturelle-ment les personnes d’un certain âge à qui l’onrecommande de pratiquer une activité physique.C’est pourquoi la fédération propose un outil depromotion avec la journée nationale du ping. Lesclubs qui le souhaitent organisent une animationpongiste d’au moins une demi-journée ouverte àtous : tournois des familles, ateliers de décou-verte, exhibition, etc. L’objectif est alors de pro-mouvoir la discipline en donnant une image posi-tive de l’activité, à la fois ludique, sportive etaccessible à toutes les générations.

Démocratiser la pratique?Selon une enquête de la FPS(25), jouer au tennisde table serait plus fréquent dans les catégoriesprofessionnelles supérieures. Ainsi on compte-rait 10 % d’ouvriers au Ping-Pong contre 26 %au badminton par exemple. Il est vrai que ceschiffres prennent en compte toutes les modalitésde pratique que ce soit en loisir de manière enca-drée ou non, ou encore en compétition… Or,détenir une table de ping-pong au fond de sonjardin n’est pas à la portée de toutes les bourses.Est-ce à dire que cette représentation sociolo-gique se poursuit dans les clubs? Ce n’est pascertain. Au badminton, une étude(26) a montré quece sont au final les cadres les plus représentés ausein des clubs. La caractéristique de ces sportsest donc de proposer deux modalités de pratiquebien distinctes. On peut cependant faire l’hypo-thèse qu’un enfant ayant tapé la balle sur la tablede son jardin peut éprouver l’envie de poursuivredans un club, mais c’est sans compter les effortsimportants menés par les clubs pour faire décou-vrir cette discipline aux écoliers et donc à l’en-semble de la population sans distinction. Par ail-

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(25) AUBEL Olivier, LEFEVRE Brice, TRI-BOU Gary, Sports et sportifs en France.Points de repères issus de l’Observatoiredu sport FPS/IPSOS 2007, Edition de laFédération professionnelle desEntreprises du Sport et des Loisirs (FPS).(26) Étude sur les licenciées de laFédération française de badminton.2007. Université Marc Bloch.

Le tennis de table,réputé peu trauma-tique, est un sportqui peut se prati-quer à tout âge.

FFTT/Ronan ElièsL’ancien champion Jacques

Secrétin a honoré de sa participation l’opération « 100 tables au Stade de France ».

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leurs, des actions sont menées au travers d’unpartenariat avec l’association Ping attitude por-tée par l’ancien joueur Jean-Philippe Gatien afind’amener les jeunes issus de milieux défavorisésà pratiquer. Cette association a pour but entreautres de démocratiser l’image du tennis de tableen le rendant accessible à tous. Plusieurs comitéset clubs se sont engagés dans cette voie commeen Seine-Saint-Denis ou encore dans le Val-de-Marne…Autre exemple, durant l’été 2010, les instancesdu tennis de table (fédération, ligue et club local)en lien avec la région ont organisé une opérationde promotion de la discipline en installant destables au stade de France(27). Ateliers de décou-verte, de démonstration etc. se sont succédé pourfaire partager les joies du «ping» au plus grandnombre. L’idée étant de sortir des gymnases pouraller à la rencontre de nouveaux publics.L’opération a eu un grand succès.Quoi qu’il en soit, la discipline gagnerait àconnaître plus finement le profil de ses prati-quants, à l’intérieur de ses clubs mais aussi àl’extérieur afin de parvenir à une politique dedéveloppement ciblée sur les différents publics etleurs attentes.

Surfer sur la vague : le «ping» (re) devien-drait « tendance»191000 licences de tennis de table ont été déli-vrées sur l’ensemble de la France en 2011, maisle nombre de joueurs, y compris occasionnels,s’élèverait à 5,4 millions selon l’étude FPS(28). Lapratique du ping-pong est donc un phénomènequi dépasse largement les clubs. La question estde savoir si ces pratiquants représentent deslicenciés potentiels. Le tennis de table s’est his-

toriquement construit en opposition au ping-pong de loisir même si, depuis la fin des années1990, la discipline a pris conscience de la néces-sité de s’ouvrir à une pratique non compétitive.Or, il semble que le tennis de table connaisse unrenouveau, en tout cas plusieurs signes l’attes-tent. D’abord aux États-Unis où les «SpiN» oules « tables tennis social club» ont été récem-ment ouverts dans plusieurs grandes villescomme à New York, ou encore Los Angeles. Cessalles de pratique et de cours ont la particularitéd’offrir des aménités de type bar, restaurant,salons, voire bassins de natation. En France, onpeut trouver l’équivalent mais seulement dans lefootball avec une offre de salle privée qui sedéveloppe autour d’un concept similaire : terrainde jeux pour le foot à 5 associés à un bar, un res-taurant, un grand écran pour voir les matchsentre amis… A Paris, il est question de l’ouver-ture d’un café qui tournerait autour de l’activitéPing-Pong. En outre, c’est en s’inspirant desphotos du début du XIXe, représentant des per-sonnes de la haute société s’adonnant à un jeu envogue à l’époque : le tennis de salon, qu’un équi-pementier a eu l’idée de concevoir un kit com-posé d’un filet pouvant se fixer sur n’importequelle table, de deux raquettes et d’une balle. Unproduit qui a connu un vrai succès et s’est venduen 2010 à plusieurs milliers d’exemplaires. Afinde réconcilier les deux aspects de la discipline :loisir et sport, l’équipementier a eu la bonne idéepour tester le kit d’inviter deux joueurs de niveauinternational, à disputer un match dans les ruesde Paris dans des conditions extrêmes (sur le toitd’un abri bus, sur les tables ou le comptoir d’uncafé…), le tout filmé et posté sur le net. Autresigne, le centre commercial des Halles à Paris a

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(27) Opération «100 tables au Stade deFrance » le 10 juillet 2010.(28) Op. cit.

FFTT/Clément Sogorb

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mis à disposition de ses clients au moment dessoldes plusieurs tables de ping-pong à différentsendroits pour faire une pause entre deux achats !Il reste que les réponses apportées aujourd’huipar des opérateurs privés à une demande de pra-tiques nouvelles ne sont pas toujours transposa-bles dans les équipements publics actuels. Laplupart des salles de tennis de table, même lesplus grandes, disposent très rarement en Franced’un club house, ou d’un quelconque espace per-mettant de créer de l’animation et de la convivia-lité avant ou après l’entraînement. Toutesconçues sur un modèle avant tout monofonction-nel (fonction sportive), ces salles limitent l’accèsà une demande sociale plus large. Sans appliquerles valeurs essentiellement consuméristes deséquipements privés sportifs, les équipementspublics gagneraient à innover dans leur concep-tion dans le but de servir une population pluslarge.

Les équipements, un frein au développement de la discipline

Salles spécifiques et salles polyvalentesAu tennis de table, comme dans beaucoup desports, une salle égale un club. Avec près de 370salles pour 391 clubs, l’Île-de-France est dans lanorme. Seule une vingtaine d’associations par-tage « son» équipement avec une autre. Cetteautre association est souvent un club corporatifqui pratique à des moments différents (pauseméridienne) ou qui bénéficie du même encadre-ment sportif en fin de journée. Mais il y a desdifférences manifestes entre les équipements. Enécartant les clubs corporatifs, lesquels se«contentent» souvent d’une à deux tables locali-sées dans l’entreprise, on peut observer que lessalles des clubs «civils» sont de taille très varia-bles : entre 2 à 32 tables, sachant qu’une tablereprésente dans des conditions optimales (com-pétition) une aire de jeu de 12x6 m. Les sallescomprenant le plus grand nombre de tables (10tables et plus) sont généralement des salles réser-vée à la discipline dans lesquelles le matérielreste à demeure. Pour les autres, et notammentcelles de taille moyenne, les plus courantes (entre6 à 9 tables), il s’agit parfois de salles polyva-lentes (salle de danse, salle de gym etc.). Dans cecas le club est obligé d’installer et de désinstallerles tables à chaque séance. Même si l’améliora-tion du matériel fait que celui-ci est de plus enplus facile à manipuler (tables moins lourdes etsystème de pliage simplifié), ce modèle com-porte plusieurs inconvénients : une perte detemps sur la séance d’entraînement, une usureplus rapide du matériel, des créneaux moinsnombreux et une difficulté plus grande à animerla vie du club (diversification des pratiquesnotamment).

La question de l’économie des clubsSi le modèle de la salle spécifique est plébiscitépar les clubs lorsque cette dernière atteint unetaille conséquente (au minimum 5 tables), tousne peuvent justifier auprès des communes d’unéquipement à plein temps. Le club doit en effetêtre en capacité de maintenir une activité à lajournée, soit en direction des établissements sco-laires ou des centres de loisirs, soit auprès d’unpublic d’adultes disponibles en journée (retraités,non actifs…) ou encore d’association d’inser-tion, de centres spécialisés dans l’accueil depublic en situation de handicap, etc. L’animationde ces séances nécessite un ou plusieurs anima-teurs sportifs diplômés qui encadrent les diffé-rents publics. Cela sous-entend que le club est en

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B. Basset/IAU îdF

Un grand centre commercialmet des tables de ping pong à disposition de ses clientsdurant les soldes.

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capacité de créer et de pérenniser un ou plusieursemplois ce qui ne peut-être que le cas de struc-tures suffisamment importantes. On en revient àla problématique de la taille des clubs.Cependant la course à la licenciation n’est pas unprojet sportif suffisant en soi. C’est pourtant par-fois les fédérations elles-mêmes qui poussent lesclubs sur cette voie en échange de « récom-penses(29) » qui ne sont pas toujours à la mesuredes conséquences d’une augmentation du nom-bre de licences en matière d’organisation.Difficile en effet pour un club de se développersans diversifier ses sources de financement(mécénat…) ; sans réfléchir à son territoire d’in-tervention (intercommunalité) ; sans imaginer denouvelles formes de promotion (animation duclub, communication) ; sans développer une offrenouvelle d’activités qui répondent à la demandesociale (pratiques ludiques et conviviales, à fai-bles contraintes, de santé etc.) ; sans engager sesbénévoles et ses salariés éventuels sur de la for-mation et enfin sans adapter l’équipement enconséquence.

Salle spécialisée «élitiste» et salle spéciali-sée «pour tous»Le modèle érigé aujourd’hui de la salle spéciali-sée monofonctionnelle (sport de compétition)comprenant parfois, mais pas toujours (coûts deconstruction calculés au plus juste) un espace devie, généralement placé sous la responsabilitéd’un club et limité aux adhérents et aux scolairesatteint ses limites. Il en va de même pour la sallepolyvalente(30). Car, dans la pratique, l’équipe-ment spécialisé tend à exclure des publics, tandisque celui polyvalent en voulant répondre à tous,ne répond pleinement à aucun. Qui plus est, lasalle spécialisée, telle que programméeaujourd’hui, rentre rarement dans les exigencesde développement durable. Un exemple : une col-

lectivité peut se retrouver à chauffer une grandesalle spécialisée pouvant accueillir plus de 30tables de ping-pong pour une poignée de vété-rans qui viennent occuper 2 à 3 tables sur descréneaux laissés libres en journée.Le tennis de table(31) s’il souhaite prendre encompte les nouvelles modalités de pratiques, êtreperformant sur l’entraînement des compétiteurset répondre aux enjeux en matière de développe-ment durable doit réfléchir à un nouveau modèled’équipement.Les nombreux pratiquants extérieurs aux clubsn’ont pas accès aux salles spécialisées de tennisde table et pourtant ils représentent une demandesociale importante et constituent un potentiel dedéveloppement pour les clubs.La discipline gagnerait à aller vers des salles spé-cialisées mais polyvalentes dans ces publics, aumoins pour les plus grandes. Une salle où le clubdisposerait des espaces indispensables pour lesentraînements, les compétitions, la vie au quoti-dien de ses adhérents, tout en offrant d’autresespaces, plus ouverts, partagés, permettant despratiques plus libres, plus accessibles, à faiblescontraintes. L’animation de ces espaces favorise-rait le croisement des publics sur des tempsforts : compétition mais aussi démonstrations,tournois originaux (ouverts à tous et/ou pour unecause particulière, festifs etc…). Ainsi, en tennisde table, on pourrait très bien imaginer desespaces ou toutes les tables n’aient pas lesdimensions habituelles (plus petites, tables enétoile, rondes…) et où les échanges seraientbasés sur le spectaculaire, voire l’acrobatique.Les joueurs des catégories cadets ou juniors queles clubs ont bien du mal à fidéliser ou bienencore les féminines pourraient être attirées pardes formes de jeux plus souples, plus esthéti-santes, moins conventionnelles.

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(29) Quelques places pour un événementsportif, un kit de matériel (ballons,raquettes ou autres selon les disciplines)etc.(30) Conférence des territoires. 9 juin2011 - Nantes. Eléments de sociologie etde prospective du sport. G. Baslé.(31) La fédération a élaboré un schémadirecteur d’aménagement du territoire ensalles spécifiques (2007-2012), en lienavec chaque comité régional. Il fixe lespriorités pour les années à venir. Enrégion Île-de-France, pas moins de 22localisations de salles ont été identifiées,14 en grande couronne et 8 en petitecouronne.

Concevoir des équi-pements innovantspour une diversitéde pratiques et des pratiquants.

Hervé Hamon-MS

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En conclusion, le tennis de table francilien

Pouvant se prévaloir de 33500 licenciés, de plu-sieurs clubs de haut niveau et d’excellentsjoueurs de compétition, l’Île-de-France est sansconteste un territoire pongiste. Aujourd’hui, lecomité régional connaît globalement un tasse-ment quant à la progression de ses effectifs,comme la plupart des comités des autres régionsfrançaises. Mais ce constat masque des situationstrès contrastées entre comités départementaux

franciliens. Le tennis de table est bien implantésur quelques territoires (Yvelines, Val-de-Marne)alors que pour d’autres il l’est moins (Paris,Seine-Saint-Denis). Enfin, certains comités sonten progression (Seine-et-Marne…) alors qued’autres perdent des licenciés (Val-d’Oise…). Ledéveloppement de la discipline reposeaujourd’hui sur un élargissement du profil de sesadhérents, l’émergence de nouvelles pratiques etenfin sur une nécessaire amélioration de l’offreen équipements spécifiques à la fois sur le planquantitatif et qualitatif.

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Institut Régional de Développement du Sport

Département autonome de l’IAU île-de-France15 rue Falguière 75740 Paris Cedex 15Tél. : 01 77 49 77 00 - Fax : 01 77 49 79 07http://www.irds-idf.fr

Directeur de la publication Gérard LacosteRédaction Claire PeuvergneConception-Réalisation Olivier CransacCartographie Nicolas Corne-Viney, Jean-Eudes Tilloy

Prix du dossier 5 €Librairie d’Île-de-FranceTél. : 01 77 49 77 40ISSN : 1959-1020

REMERCIEMENTSCette note n’aurait pas été réalisée

sans le soutien du comité de pilotage :Ligue Île-de-France de tennis de table :

Evenelle Lepoittevin-Dubost, Bernard Mahé, Jean Claude Molet,

Christian Palierne ; CESER : Patrick Sieradzki ;

Conseil régional : Luc de Bezenac,Michaël Pouillard ; CROSIF : Jean ClaudeMolet ; DRJSCS : Christophe Bernard ;

Fédération française de tennis de table :Nicolas Barbeau.

La coupe du monde individuelle Liebherr messieursL’événement se déroulera pour la 5e fois en France et pour la seconde fois (2006) àParis à la Halle Georges-Carpentier du 11 au 13 novembre 2011. La coupe avait attiréil y a 5 ans environ 12000 spectateurs, répartis sur les trois jours.Cette épreuve annuelle réunira les plus grands champions du tennis de table :

- Le vainqueur de l’édition 2010, le chinois Ma Lin ;- Le champion du monde 2011, le chinois Zhang Jike ;- Les 8 meilleurs joueurs du classement mondial dont un européen, l’Allemand Timo Boll, numéro 1 auclassement mondial ;- Le champion de chacune des 6 unions continentales ;Deux joueurs bénéficiant d’une invitation de l’ITTF : le Francilien Adrien Mattenet et Christophe Legout(région Paca).

Les championnats du monde à Bercy en 2013Le Palais Omnisports de Paris-Bercy (POPB) accueillera de nouveau (précédemment en 2003) leschampionnats du Monde individuels mixtes de tennis de table qui ont lieu tous les deux ans. La coupedu Monde en 2011 à Paris, le Top 12 Européen à Villeurbanne en 2012 et de nouveau les mondiaux enmai 2013 à Paris : les grands évènements pongistes se bousculent en France. C’est une volonté de laFédération de faire revenir des manifestations internationales sur le territoire pour développer le tennisde table en France. Les collectivités se sont engagées au côté de la FFTT : l’État, mais aussi le ConseilRégional d’Île-de-France et la Ville de Paris représentés physiquement lors des mondiaux à Moscou parFrancis Parny, vice-président chargé des Sports et par Jean Vuillermoz, adjoint aux sports de la capi-tale pour soutenir la candidature.Les mondiaux organisés en 2003 également au POPB, avaient attiré sur les 8 jours de compétition90000 personnes. La volonté de la fédération est de faire de cet événement un succès populaire. LaFFTT va donc organiser en amont de la compétition de nombreuses manifestations afin que ping-ponget tennis de table se rencontrent enfin.