18
Fiche 1 : Les conteurs Fiche 2 : Réunion : Le lièvre et la tortue Fiche 3 : Mayotte : Le cabri et le boeuf Fiche 4 : Réunion : Ti Zan èk sitrouy Fiche 5 : Madagascar : Un bois qui parle Fiche 6 : Seychelles : Pa loulou et Sililine Fiche 7 : Maurice : Le petit panier Fiche 8 : Rodrigues : Ti Jean et la Bête à sept têtes Les contes de l’Océan Indien Sommaire

Fiche 1 : Les conteurs Fiche 3 : Mayotte : Le cabri et le ...ien-stdenis2.ac-reunion.fr/fileadmin/user_upload/... · Le lièvre et la tortue (recueilli à Dos d’Ane) Il y avait

  • Upload
    others

  • View
    6

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Fiche 1 : Les conteurs

Fiche 2 : Réunion : Le lièvre et la tortue

Fiche 3 : Mayotte : Le cabri et le boeuf

Fiche 4 : Réunion : Ti Zan èk sitrouy

Fiche 5 : Madagascar : Un bois qui parle

Fiche 6 : Seychelles : Pa loulou et Sililine

Fiche 7 : Maurice : Le petit panier

Fiche 8 : Rodrigues : Ti Jean et la Bête à sept têtes

Les contes de l’Océan Indien

Sommaire

1. Observe les fiches de présentation des conteurs page suivante.

2. Complète le tableau ci-dessous.

Je m’appelle Je viens de ... Mes particularités

3. Place sur la carte le nom des conteurs ainsi que le nom du pays d’où ils

viennent.

Les contes de l’Océan IndienFiche 1

Les conteurs

Les contes de l’Océan IndienFiche 1

Les conteurs

Anny GRONDIN

Marthe RASOANANTENAINA

Ahmed Saïd Ali SOUMETTE

FANFAN

L’île Rodrigues a particulièrement bien

conservé son âme créole parce que les

contes y ont bercé plus longtemps

qu’ailleurs les veillées...

Rosange en est la preuve vivante, son

enfance a été nourrie par les récits fan-

tastiques qu’il partage depuis long-

temps...

Fondateur de plusieurs groupes culturels,

il est invité dans tout l’Océan Indien

pour représenter la tradition créole.

Comédien, metteur en scène, jeune, et déjà un

grand parcours : ce natif de Moroni a participé

à de nombreux festivals ainsi qu’à des chan-

tiers internationaux de formation théâtrale.

Il est chargé d’une partie de la programmation

culturelle locale à l’Alliance française de Moroni.

Le conte l ’ i n t e r-

p e l l e de plus

e n plus.

Conteur, ségatier, Louis Gabriel Joseph

est né en 1930. À l’âge de 11 ans, il ren-

contre la musique et apprend jouer et

fabriquer la ravane. Cet amour pour la

musique l’a sorti du cloisonnement de la

misère et de son enfance d’orphelin reje-

té.

Fanfan le militant culturel n’a pas la lan-

gue dans sa poche, il se fait entendre

dans les fêtes où il conte et chante la

réalité de classe ouvrière, accompagné

de sa ravane. Il invente ses histoires,

inspiré par son quartier, les gens, les

moineaux, les matous...

Née en 1932, c’est une grande ar-

tiste polyvalente, qui commence sa

carrière comme comédienne (Mo-

lière). Ensuite, elle ajoute à ses cor-

des dans et chant traditionnels mal-

gaches. Dès 1970, elle devient ar-

tiste internationale (Japon, Kenya,

France ...). En 1989 elle se forme au

conte, qui est actuellement son acti-

vité principale. Toujours disponible,

prête à partager son expérience,

dotée d’un grand talent, elle est

considérée comme une figure im-

portante de la culture malgache.

Cette conteuse de la Réunion a baigné dans

les contes populaires créoles depuis son en-

fance. À partir de 1982, elle les met en bou-

che et les reprend à son compte, au gré du

temps, au gré des gens. Elle ajoute “son grain

de sel” dans la transmission de la tradition

orale créole en intervenant dans les formations

de raconteurs d’histoires, et en publiant des

livres-CD de contes.

Rosange ANDRE

Un conte d’animaux.

Le lièvre et la tortue(recueilli à Dos d’Ane)

Il y avait une fois compère lièvre et compère tortue. Alors, compère tortue dit à compère lièvre : “Bécali ! Tous les jours je cherche du travail sur la terre, mais il y a belle lurette qu’on n’en trouve plus. - Eh bien, répond l’autre, il faudra essayer de monter une fois auprès du Bon Dieu et de chercher du travail là-haut. Compère tortue accepte la proposition. - Eh bien, montons. Alors compère lièvre lui dit : - Tu vas pouvoir monter toi, avec ton allure de sénateur ? Compère tortue répond : - Bien sûr ! - Eh bien, allons nous préparer. Demain nous partons. Compère tortue se prépare de très bonne heure. Il se cache dans la bretelle de compère lièvre. Ce dernier se lève tôt ; il prend sa bretelle, la met sur son dos. En route. Il arrive là-haut, pose sa bretelle par terre ; il voit compère tortue devant lui, mais il n’a pas vu d’où il sortait. “Mais ! Avec ton allure de sénateur, comment se fait-il que tu sois arrivé ici avant moi ? - Ah ! dit l’autre, je marche lentement, mais tu n’as pas l’air de te douter que depuis hier soir je suis en route ! Compère lièvre répond : - Ah Bon ! Tu marches la nuit, toi ! - Bien sûr que je marche la nuit ! - Bon ! Allons au travail.” Ils font leur journée. Arrive le soir. Compère lièvre ne voit pas compère tortue entrer furti-vement dans sa bretelle. Compère lièvre transporte de nouveau l’autre jusqu’en bas. Une fois arrivés, ce dernier saute à terre. “Eh bien ! Mais tu es drôlement fort ! Je quitte à l’instant le Bon Dieu, et toi tu es déjà ar-rivé ici ! - Tiens ! Je marche moi ! Tu ne vois donc pas que je descends en faisant des culbutes ?” Enfin, une semaine passe ; puis un mois, puis deux mois. Le troisième mois, compère lièvre aperçoit compère tortue montant dans sa bretelle. Il se dit qu’après tout il va le porter jusque là-haut. Arrivé là-haut, il pose sa bretelle par terre. Compère tortue saute hors de la bretelle. “Eh bien ! dit l’autre, en tout cas, tu es fort ! Je ne croyais pas que tu pourrais trouver du travail sans moi. - Tu vois, peux le faire.”

Les contes de l’Océan Indien

Fiche 2

Conte de la Réunion

Compère tortue fait sa journée. Le soir, une fois sa journée terminée, compère lièvre lui dit : “Compère tortue, je vais te dire quelque chose ; tu sais, je vais brûler ma bretelle. - Non ! Ne fais pas ça ! dit compère tortue. - Mais si ! Mais si ! Je brûle ma bretelle. - Non ! Ne le fais pas ! Mais pourquoi brûler ta bretelle ? Attends d’être arrivé en bas ; tu la brûleras là-bas ! - Non ! Je la brûle ici même !” Compère lièvre ramasse des feuilles, en fait un tas, y met le feu. Il prend sa bretelle, la jette dedans. Compère tortue attrape la bretelle et la retire du feu. L’autre la saisit de nou-veau, et la remet dans le feu. Compère tortue l’attrape de nouveau, la retire du feu en di-sant : “Ne fais pas ça !” Quand compère tortue voit que la bretelle se consume, il s’assied et pleure. Compère lièvre lui dit : “Eh bien ! Pourquoi pleures-tu ? - Ah oui ! C’est la fumée que dégage ta bretelle qui me brûle les yeux. Je ne pleure pas !” La bretelle se consume. Le pauvre compère tortue, maintenant, est là assis, en pleurs. Compère lièvre lui dit : “Allons, compère tortue, en route ! - Descends, toi. J’arrive.” Resté en arrière, le voilà qui grimpe sur un mao ; il en épluche l’écorce ; il épluche, il épluche, il épluche... Un brin après l’autre, un brin après l’autre, il tresse une corde avec laquelle il va essayer de descendre. Il prend la corde en écorce de mao et l’attache à un tronc d’arbre. Suspendu à la corde, il commence à descendre. Il descend, il descend... Mais, au bout d’un moment, la corde n’atteint pas le fond. Alors il lâche la corde et tombe derrière la maison de compère lièvre. Ce dernier entend la chute et s’écrie : “Qui est en train de lancer des cailloux sur ma maison ? - C’est moi, dit compère tortue. Compère lièvre accourt pour voir. - Qu’est-ce qui t’arrive, compère tortue ? dit-il. - Ah oui ! Qu’est-ce qui m’arrive ? Tu ne voyais donc pas que j’entrais tous les jours dans ta bretelle pour monter là-haut et en redescendre ? - Eh bien, dorénavant, tu comprendras qu’il te faut prendre ton courage à deux mains et ne pas trop compter sur les autres pour gagner ta vie.”

Extrait de Encyclopédie de la Réunion, Tome 7, “Les contes populaires”

Les contes de l’Océan Indien

Fiche 2

Conte de la Réunion

Un conte d’animaux.

Le cabri et le boeuf

Si l’on dit de quelqu’un : ”Aazima shi mbuzi na yombe”, c’est-à-dire “ Il a emprunté comme boeu-et-cabri”, ce n’est guère flatteur et son partenaire a sans doute de quoi se plaindre. À Mayotte, rendre service est courant et inévitable, mais comporte parfois des désagré-ments.

On dit qu’autrefois, le cabri était beaucoup plus grand que le boeuf. À dire vrai, il avait la taille du boeuf, et le boeuf celle du cabri, et tous deux étaient forts bons amis.

Le boeuf voulut se rendre à une noce, arusi, et alla demander au cabri de lui prêter sa taille :

- Je te donne ma parole que dès mon retour je te la rendrai !

Le cabri laissa donc sa taille au boeuf et l’échange fut fait. Au mariage, le boeuf fut félicité par tous ceux qui le connaissaient !

En rentrant, il oublia complètement la promesse faite au cabri. Celui-ci attendit longtemps que le boeuf lui fasse signe... Il attendit encore, et à bout de patience, alla réclamer sa taille au boeuf.

L’animal fit semblant d’ignorer ce qui s’était passé, s’étonna qu’on parla d’un quelconque prêt, menaça le cabri, maintenant plus petit, d’un châtiment, s’il ne voulait cesser ce qu’il qualifiait de diffamation.

Quand vous rendez service, sachez que cela peut se retourner contre vous. Le “prêt du cabri et du boeuf” est devenu une expression courante à Mayotte.

Extrait de Légendes et histoires drôles de Mayotte, Youssouf Saïd, Editions UDIR, 1986

Les contes de l’Océan Indien

Fiche 3

Conte de Mayotte

Une histoire de Tizan

Ti Zan èk SitrouyKriké kraké ! Kriké shass !

La plas grandiab la brulé, in bèl pié-d-sitrouille la poussé, moman tijan la bien di alu :- Tijan, Tijan kass pa sitrouille la, sa sitrouille bébète sa, sa in pié la maji.Mé tijan, lu i ékout pa sa k’son moman i di, sa in marmaille koko lé dur konm galé bord-mèr, kosa li fé ? In jour lu vey son momon tann dormi, li sé kassé le sitrouille, mèt sa dan son bertèl é li kol shemin, li sava.

Kriké kraké ! Kriké shass !

Ayayaille, kosa li la parti fé ? Dann bertèl-la sitrouille i grossi, i grossi, aforstan i grossi, lé tro lour pou porté. Tijan i artien pa , li poz atèr dann bor shemin, li sava.Mé alapa le sitrouille i sot dann le bértèl, i kour dérièr Tijan, i di alu :- Toué la kass amoin, toué va port amoin ! Toué la kass amoin, toué va port amoin !Tijan la lof devan, sitrouille dérièr, talèr va kraz alü. Tijan i trouv gro bèf lu di :Gro bèf, gro bèf, aminn amoin, na in bèl sitrouille i poursuiv amoin, li vé kraz amoin.- Tijan, in sitrouille toué la pèr, mont si mon do, in kout-pat, dé kout-d-korn ma mont sitrouille la

kèl koté brinjél i sharj !Gro bèf i ésey kraz le sitrouille, i guingne pa minm. Kap kap, la tranblad i mont desu, lu sé-d-mèt a galopé. Sitrouille i larg pa i kour dérièr, lu vien pli bèl ankor li di :- Toué la kass amoin, toué va port amoin !Gro bèf la guingne la krintiv :- Tijan, sort aou si mon do ! Kèl kalité sitrouille ou la parti kassé, talèr sa i sar kraz domoune, sort

aou la, alé dégaj !Tijan, la guingne la zèl, li kour ; li kour minm, in moman doné li voi in kabri ; li di :- Kabri, kabri  aminn amoin, na in bèl sitrouille i poursuiv amoin, li vé kraz amoin !- Tijan, in sitrouille toué la pèr, mont si mon do, si li koné pa moin, li koné pa tomat !Soman, la pa tardé, kabri la perd lèr akoz sitrouille la té in goyave de franss, li té arèt pa grossi. Kabri la di :- Tijan, sort si mon do, dessann aou la, bébète la va kraz anou talèr, moin la pa di aou fé la

kouyoniss !

Boum badaboum, Tijan atèr, lu la pran in lélan, son kilot la rèt atèr.

Kriké krakéKriké shass

Lu kour, lu kour minm, in moman doné lu voi in nafèr dann milié shemin. Jedmo, kosa in shoz ? in devinèt, in devinaille pou kass koko, pou shof la tèt.« pavé dessu, pavé dessou » sé in zanimo, lu lé ti lanp, ti lanp. Wi ! Tortu

Tijan i trouv tortu, lu di :

Les contes de l’Océan Indien

Fiche 4

Conte de La Réunion

Langue : Créole réunionnais

- Tortu, tortu, si ou plé sov amoin , na in bèl sitrouille i poursuiv amoin, lu vé kraz amoin !- Tijan, Tijan, ou voi kosa i ariv kan ou ékout pa out moman, lavé bien di aou kass pa sitrouille,

ou lé dan la kol jak astèr. Alé vien ma kashèt aou sou mon kok, sirtou fé pa dézord, ou bouj pa in !

Tortu la fé la plass sou son kok, Tijan, voup, la rant dosou, kashièt, bouj pu…

Sitrouille la arivé, sa té bèl, bèl konm la kaz Madam Débassin, lu la debout dovan tortu, lu la krié :- Tortu, tortu, larg Tijan mi di aou, sinon mi pran in lélan dopi madam Gaskar laba mi sot si toué é

mi kraz atoué.Lé dé (tortu ék tijan ) i réponn pa rien. Sitrouille la fé konm li la di, la pran in lélan, la sot si le tor-tu……Paf, la krazé, krazé, krazé…

Kriké krakéKriké shass

Lerk le bèl sitrouille la sot si la kok le tortu, bin lu minm la krazé ! La kok la lé dur sa. Tijan la sort desou, lu la romersié tortu, sèt la la pa fé ène, la pa fé dé, palapiak, palapiak, ti dousman, ti dous-man, lu la manj tout sitrouille lavé pété dann shemin, vant pliské plin.Moin la parti domann in ti morso pou moin fé ène ti kari asoir, Tijan la done amoin in kou-d-pié dan mon dérièr, la anvoie amoin tèrla pou moin rakont azot zistoir la. Antouka si lé mantèr la pa moin lotér.

Kriké krakéKriké shass

Les contes de l’Océan Indien

Fiche 4

Conte de La Réunion

Langue : Créole réunionnais

Un bois qui parleLes anciens, dit-on, vivaient là, ils vivaient là, héééé ! Dans le village où ils vivaient, il y avait un homme célèbre et très vieux ; il était pêcheur. Tout le monde le connaissait. Il habitait là avec ses pe-tits fils et avec sa femme. Un jour, tôt le matin, il partit à la pêche. Arrivé là, près de la rivière, il longea la rive, il marchait, marchait, marchait. Soudain, il aperçut une petite graine en difficulté, emportée par le torrent ; celle-ci l’interpella et l’implora : “Hééé ! Hééé ! S’il vous plaît, l’homme, aidez-moi à me sortir de cette eau”. Le vieil homme, surpris, murmura : “ Ce n’est pas possible ! Une graine qui parle ! Je n’en crois pas mes oreilles !” La graine continuait toujours à lui adresser la parole : “Si tu peux me sauver, demain, je te récompenserai”. Sans hésitation, car il était généreux, le vieil homme la sortit de l’eau et la mit dans son panier. Aussitôt après, il décida de rentrer chez lui mais en attendant, il fit un saut à son champ, et prit du manioc pour le repas du midi. Tout en creusant pour chercher le manioc, le panier se renversa et la petite graine se mêla avec la boue. Une fois le panier rempli, il s’empressa de retourner chez lui sans souci. Il pensait que la graine était toujours à l’intérieur de son panier. Alors, à la maison, au beau milieu du repas, il raconta à sa femme son aventure en détail. Celle-ci, piqué par la curiosité et intriguée, lui dit : “Montre moi cette graine étrange”. Quelle fut la déception du vieillard quand il vit que le panier était vide ! La petite graine avait disparu et le vieux pêcheur fut vraiment désolé. D’ailleurs, ce jour là, il pleuvait très fort, très fort, et la graine s’enlisait dans la boue. Au bout de quinze jours il retourna à son champ et il vit une petite pousse qui se dressait là. Il lui dit : “ Il y a une nouvelle ! Il y a une nouvelle ! Regardez en haut ! Regardez en bas ! A ce moment-là, l’homme lui déclara : “ Toi, si tu veux apporter à moi et à ma famille le bonheur et la santé, et bien parle “. Immédiatement, elle reprit parole alors qu’elle n’était qu’une petite pousse : “ Je suis ce qu’on appelle la plante ou l’arbre, et me voici maintenant arrivé au terme de l’en-quête pour savoir et comprendre ce que c’est l’homme. Si vous savez m’entretenir, je vous apporterai le bonheur. Je suis la petite graine que tu as sauvée de la noyade. Ecoute bien ce que je te dis : - Avec mes feuilles, je te donnerai de l’ombre. - Sous mon pied ou avec mes racines, il y a des vers de terre qui sont contents de leur vie. - Avec mon tronc et mes branches, tu peux faire et avoir beaucoup de choses telles que du charbon, du bois de chauffage, des planches, etc... - Avec mes fleurs, tu auras du parfum.

Les contes de l’Océan Indien

Fiche 5

Conte de Madagascar

Langue : français

- Avec mes fruits, toi, ta famille et tes descendants vous serez servis ainsi que d’autres animaux ”. En considération de ce qu’il avait entendu, l’homme mit la plante en sécurité. Au bout de quel-ques années, l’arbre de bonne volonté adressa ces dernières paroles à l’homme : “ Eh toi, l’homme, tu peux fabriquer une barque ou une pirogue avec mes descendants et aussi un cercueil pour te protéger dans ta tombe. De plus, apprenez à vous multiplier, c’est à toi de me sui-vre car je n’ai pas eu plus de quatre enfants et pourtant, nous sommes partout dans le monde ”. Un jour, l’homme fabriqua une pirogue qui lui permit de traverser l’eau. Et l’arbre dit encore ceci : “ Et vous, hommes, femmes, enfants, tout le temps vous voyez une pirogue qui traverse la ri-vière ou la mer, mais elle ne laisse pas de trace.” Par là, l’arbre voulait faire savoir à l’homme comment mener vie. La vie est possible grâce à la nature, c’est à dire tout ce que nous voyons autour de nous. C’est pourquoi nous devons protéger la nature, car jusqu’à aujourd’hui l’arbre rend toujours service à l’homme. Contes, contes ! Sornettes, sornettes !... Ce n’est pas moi qui mens, mais les gens qui nous l’ont transmis.

Extrait de La femme qui a des ouïes et autres récits de la tradition orale malgache, Anthologie, Edi-tions K’A, 2008

Les contes de l’Océan Indien

Fiche 5

Conte de Madagascar

Langue : français

Pa Loulou et SililineIl était une fois un “Pa loulou” qui s’appelait Zaloumbé. Il habitait une petite maison près de la forêt. Là, il y avait un gros citronnier qui était toujours couvert de citrons. Non loin, vivaient une femme et sa petite fille, Sililine. C’était une petite fille têtue, qui faisait tout ce que sa maman lui disait de ne pas faire. Elle avait une manie : aller cueillir tous les jours les citrons de Zaloumbé. Chaque fois, à son retour, sa maman la grondait : “Sililine, ma petite, cesse de faire le mauvais enfant ; cesse de voler les citrons de Zaloumbé. Un jour il t’attrapera.” Un matin, Sililine se dit : “Tous les jours, Maman me gronde, mais aujourd’hui elle ne pourra pas sentir l’odeur. Je mangerai mes citrons là-bas toute seule.” Alors Sililine prend tout ce qu’il faut pour faire sa salade : son couteau, son petit bol, du sel, du poivre, du sucre, du vinaigre, du piment. Arrivée près du citronnier, elle regarde les alentours et ne voit personne. Elle grimpe vite à l’ar-bre et s’attaque aux citrons. Au bout d’un moment, elle entend un bruit dans la paille. Elle regarde. Que voit-elle ? Zaloumbé arrivant, un grand sac sur le dos et une hache à la main. Sililine se met à trembler, elle songe à ce qu’a dit sa maman. Sililine se dit en elle-même : Alors Sililine prend tout ce qu’il lui faut pour faire sa salade : Elle arrive alors près du citronnier et regarde un peu les alentours. Elle ne voit personne. Elle grimpe vite sur le citronnier et s’installe sur fourche. Là, elle s’attaque aux citrons. Au bout d’un petit moment, elle entend un bruit dans la paille. Elle regarde. Qu’est-ce qu’elle voit ? Zaloumbé ! Oui, Zaloumbé qui arrivait avec un grand sac sur le dos et une hache à la main. Oh là là ! Sililine se met à trembler, elle songe à ce qu’a dit sa maman ; elle avait envie de crier, de sauter à terre mais c’était trop tard. Aussitôt elle entend Zaloumbé dire de sa grosse voix : “Il y a de la chair fraîche ici ! Il y a de la chair fraîche ici !” Ah là là ! A ce moment là, Sililine se fait petite, petite ; elle pense que Zaloumbé ne la voit pas. Zaloumbé dit alors : “Sililine ! Sililine ! Descends de là ! Sililine répond : - Tu vas me manger ! Zaloumbé reprend : - Sililine ! Sililine ! Descends de là ! Sililine répond : - Tu vas me manger, Zaloumbé ! - Eh bien, je vais couper le citronnier.” Sililine tremble. Le citronnier s’abat ; aussitôt Zaloumbé saute sur Sililine, la met dans son grand sac et s’enfuit avec. Il rentre dans sa maison, la pose sur son lit de feuilles de cocotier qui était plein d’insectes de toute sorte : punaises, cent-pieds, scorpions, mille-pattes, araignées, moustiques, rats... Il couvre Sililine avec une grande natte et bloque sa porte avec un “bâton coco”. Il est très con-tent. Zaloumbé grince des dents ; il commence à allumer un grand feu et réfléchit : “Je ne peux pas manger Sililine tout seul. Je vais plutôt aller chercher mes amis pour que nous faisions un bon re-pas”. Il va alors chercher tous les Pa loulou : Matoumak, Songor, Capilère, Simite, Yoyote, Boudoum. Il leur dit : “Apportez votre fourchette de bois !”Ils se mettent alors en route pour venir festoyer chez Zaloumbé et se régaler de la chair de Sililine. Mais pendant ce temps, la maman de Sililine était en train de chercher son enfant. Quand elle arrive

Les contes de l’Océan Indien

Fiche 6

Conte des Seychelles

Langue : français

dans la forêt, elle voit le citronnier abattu : son coeur bat et la veine de son cou palpite. Elle porte la main à son front et se dit en elle-même : “Zaloumbé a dû s’emparer de Sililine.”Elle court près de la maison de Zaloumbé ; elle voit la porte bloquée par un “bâton coco”. Elle a le courage d’ouvrir la porte, elle voit Sililine couverte d’une natte. Elle est en grand danger de mort. Il y a là un panier, elle y met Sililine ; elle prend un tronc de bananier et l’installe à la place de Sililine. En retournant dans la forêt, elle rencontre la bande qui venait festoyer avec Zaloumbé. Zaloumbé lui dit : “Madame, venez avec nous vous régaler chez moi.”À ce moment-là, il ne sait pas que Sililine est dans le panier. La femme lui répond : “Je suis trop pressée : je ne peux pas revenir sur mes pas.”Alors, quand Zaloumbé arrive avec ses amis, il les fait entrer. Ils ne soulèvent pas la natte mais commencent à piquer avec leurs fourchettes. Ils croient que c’est vraiment de la viande. L’un pique et dit : “Elle est maigre. Un autre dit : - Elle est amère.”Alors Zaloumbé soulève la natte. Qu’est-ce qu’il voit ? Un tronc de bananier : ses compères lui disent alors : “Eh bien, aujourd’hui tu vas la sentir passer !”Ils se mettent à le battre et le laissent à demi mort. Pendant ce temps, Sililine était arrivée. Sa ma-man lui donne deux oeufs pourris et lui dit : “ Retourne dans la forêt avant que Zaloumbé ne vienne te chercher ici et, s’il te court après, jette ces oeufs derrière toi, ensuite cours et reviens ici.”Sililine s’en va. Quand elle aperçoit Zaloumbé qui arrive en courant, elle jette les deux oeufs pourris derrière elle et se met à courir. Ces oeufs deviennent une grande rivière. Zaloumbé crie : “Voilà Sililine. Attrapons-la.”Ils commencent à faire un pont sur la rivière avec des “bâtons coco”. Au moment où ils le franchis-sent, le pont se casse, tout le monde à l’eau ! Sililine est très contente. Elle rentre chez elle, satis-faite. Moi, j’ai couru pour voir ce qui se passait et je suis tombé moi aussi dans la rivière.

Extrait de Contes créoles de l’Océan Indien, Editions Fleuve et Flamme, 1979

Les contes de l’Océan Indien

Fiche 6

Conte des Seychelles

Langue : français

Le petit panierPetit Jean avait une soeur, une soeur orgueilleuse, comme il n’est pas permis de l’être. Aucun de ses prétendants ne trouvait grâce à ses yeux. Mais un jour, Grand Diable s’est fait beau. Il s’est présenté à elle et elle le regardait comme un trésor. Alors Grand Diable la demande en mariage. Elle accepte. Petit Jean dit à sa soeur : “Soeur, je vais venir habiter chez toi. -Non ! Répond-elle.”Elle refuse car elle a honte de lui. Petit Jean est galeux. Une fois mariée, elle s’en va, en cachette. Mais petit Jean finit par la retrouver. Il dit à Grand Diable - car il sait bien, lui, qu’il s’agit de Grand Diable- : “Beau-frère, monte là-haut et apporte-moi un peu de joli vave. J’en ferai de la tisane pour me guérir. - Oui, mon enfant, répond Grand Diable, je vais t’en apporter.”Alors, il lui apporte un peu de cette herbe médicinale. Mais Petit Jean dit à sa soeur : “Soeur, tu crois avoir épousé un homme : tu as épousé un diable ! - Si tu ne sors pas d’ici, je vais le lui dire : il va te tuer, il va te demander si j’ai épousé un diable ?”- Soeur, si tu ne veux pas me croire, ce soir, je vais attacher ton orteil avec une ficelle ; je vais aller dormir dehors. Quand il viendra, je secouerai tes orteils ; tu pourras alors le regarder.”Le soir venu, elle s’endort. Grand Diable arrive, il se déshabille. Petit Jean tire sur la ficelle ; sa soeur se lève et voit la grande queue de Grand Diable. Ce dernier enlève ses vêtements ; la queue est bien enroulée comme une pelote. Elle s’écrie : “Mon Dieu ! Où suis-je ?-Ma soeur, dit Petit Jean, ne dis pas que c’est moi qui t’ai prévenue. - Non, je n’ai rien dit ; sauvons nous ? Mais comment faire ? - Voilà, dit-il, je vais trouver un moyen.”S’adressant à Grand Diable : “Beau-frère, dit-il, va dans la forêt et rapporte moi un peu de joli vave. - Pourquoi faire, mon enfant ? - C’est pour faire un petit panier, je m’ennuie ici.” Alors Grand Diable rapporte un paquet de joli vave, énorme ! Petit Jean en fait un panier. Il dit alors à sa soeur : - J’ai fait un panier : franchissons la mer : allons retrouver nos parents. - Je veux bien, dit-elle, mais comment faire ? - Eh bien ! Je vais attacher une ficelle au panier et je vais chanter ! Montez petit panier, Petit Nono s’en va. Montez petit panier, Caroline s’en va. Alors le petit panier s’envole. S’adressant à Grand Diable : “Beau frère, dit-il, tu vois comme c’est agréable d’être dans le panier ! Grand Diable dit : - Fais-moi monter dedans.”Petit Jean chante :

Les contes de l’Océan Indien

Fiche 7

Conte de Maurice

Langue : français

Montez petit panier, Petit Nono s’en va. Montez petit panier, Petit Nono s’en va. Le petit panier monte, monte...Puis Petit Jean redescends et dit : “Beau-frère, à toi de faire un petit tour ; tu vas voir comme c’est agréable !”Il chante de nouveau : Montez petit panier, Petit Nono s’en va. “Oui, c’est plaisant ! Sensationnel ! Dit Grand Diable. On respire l’air pur, mon enfant ! Fais moi mon-ter encore plus haut ! On respire du bon air !”Grand Diable est monté là-haut, très haut. Il redescend. Alors Petit Jean lui dit : “Beau-frère, aujourd’hui c’est toi qui es monté dans le petit panier ; moi j’y suis monté aussi ; mais pas ma soeur. Et comme elle est un peu fragile, il faut mettre quelques oreillers et quelques couver-tures dans le panier. Tu vas nous aider à y monter : nous allons prendre un peu l’air là-haut.”Il fait alors tous les préparatifs ; il installe sa soeur, confortablement, dans le panier ; puis il tire sur la corde, et, quand il est prêt, il dit : Montez petit panier, Petit Nono s’en va. Montez petit panier, Caroline s’en va. Grand Diable, au-dessous, crie : “Descendez, descendez !”Mais Petit Nono et Caroline son partis, eux ! À grands coups de queue, dans tous les sens, Grand Diable essaie de les rattraper. Peine perdue ! Alors il décide de se mettre à leur poursuite. De leur côté, ils ont emporté une aiguille, un oeuf et une pierre. Parvenus déjà à bonne distance, ils aperçoivent Grand Diable, chaussé de sa botte de sept lieues, qui les poursuit. Alors, ils envoient l’aiguille par dessus bord. Elle devient un champ de raquettes. Le voilà reparti. Loin derrière eux, ils l’aperçoivent de nouveau. “Mon Dieu, ma soeur, le voilà qui revient !”Ils lancent l’oeuf par terre ; il devient une rivière. Grand Diable assèche la rivière. Puis il repart à leur poursuite. Plus loin, Petit Jean lance le caillou par dessus bord. Le caillou devient une falaise. Grand Diable butte sur la falaise. Mais, au bout d’un long moment, il parvient à la démolir. Mais les deux autres sont déjà arrivés chez leurs parents. Petit Jean dit à sa mère : “Nous sommes perdus ! Grand Diable, là... ma soeur a épousé un Grand Diable, et il nous poursuit pour nous tuer. - Ecoutez, entrez dans la chambre, répond la mère ; s’il arrive, je vais le mettre dans une cabane où il dormira tout seul.”Alors Grand Diable arrive, il demande : “Ma femme n’est pas arrivée ? - Non, répond la mère, pas encore. Comment aurait-elle fait pour venir ici ? Jamais ! Et puis, pour-quoi serait-elle venue ? Que s’est-il passé entre vous ? - Non, dit-il, elle est venue se réfugier.- Alors, elle est peut être encore en chemin ; mais, entrez, dit-elle.”Grand Diable entre dans la cabane. La mère va hercher de l’essence et met le feu à la cabane. Elle fait griller le Grand Diable. Mais à l’endroit où Grand Diable a brûlé, une citrouille a poussé, une belle citrouille. La mère prévient Petit Jean et sa soeur qu’il ne faut pas manger cette citrouille là.

Les contes de l’Océan Indien Conte de Maurice

Langue : français

Fiche 7

Mais c’est comme si elle n’avait rien dit ! Ils ont mangé la citrouille. Et quand ils l’ont eu mangé, Grand Diable est revenu. Le voici. Il rencontre un gardien de moutons : “Eh toi là ! Tu n’aurais pas vu passer une fille et un garçon ? - Qu’est-ce que tu me dis là ? répond l’autre ; mes moutons mangent bien ; les boeufs aussi. - Ce n’est pas ce que je te demande ! Tu n’as pas vu passer une jeune fille ? - Ah non ! répond l’autre ; tous ces animaux-là mangent bien. - Non ! Ce n’est pas cela !”Grand Diable s’en va plus loin. Il court. Il dit : “Tu n’aurais pas vu passer quelqu’un par ici, jeune homme ? - Ah si ! J’ai vu quelqu’un et même je l’ai arrêté.- Et comment as-tu fait ?- Tu veux le savoir ? J’avais un couteau, un bon couteau, bien aiguisé. Pour courir plus vite, j’ai cou-pé mes intestins ; je les ai mis sur ce rocher et, ainsi, j’ai réussi à le rattraper. - Alors, prête moi ton couteau, dit Grand Diable.”L’autre prête son couteau à grand Diable qui se le plante dans le ventre. Fini avec sa race. Et Petit Jean et sa soeur ont regagné leur village.

Extrait de Contes créoles de l’Océan Indien, Editions Fleuve et Flamme, 1979

Les contes de l’Océan Indien

Fiche 7

Conte de Maurice

Langue : français

La bête à sept têtes“Sirandane ! - Sampec !”Une fois, dans un pays, il y avait un homme qui se nommait Jean. Tous les jours, il pêchait, mais il ne rapportait chaque fois que deux “vielles”. Un jour il s’écrie : “Ah ! Le seigneur ne peut pas me donner un gros poisson !”Il lance sa ligne, il sent un poids au bout du fil. Il tire et il ramène le roi des poissons. Le roi des poissons lui dit : “Eh là, lâche moi ! Jean répond : - Eh ! Camarade, je ne prends jamais rien ; aujourd’hui que je t’ai attrapé, je ne vais pas te relâ-cher ! Le roi des poissons lui dit alors : - Bon ! Tu ne peux pas me relâcher ? Je vais donc te faire une proposition. Quand tu me ramène-ras chez toi, tu prendras mes écailles et tu les mettras dans ton jardin. - D’accord, répond Jean.”Jean a mis les écailles dans son jardin. Un jour sa femme se trouve enceinte. Elle accouche de trois garçons. Quand Jean se rend dans son jardin, il voit trois rosiers qui ont poussé là. Il ouvre le premier compartiment de son armoire et voit trois revolvers ; dans le deuxième, il voit trois sabres : dans le troisième, il voit trois fusils. Au moment où il arrive près de la cuisine, il découvre que sa chienne a mis bas trois chiots. Il s’approche de l’écurie, il voit que la jument a mis bas trois pou-lains. Alors un de ses camarades lui dit : “Qu’est-ce qui t’arrive mon ami ?- Je n’invente rien, répond-il ; ma femme a accouché de trois garçons ; dans le jardin ont poussé trois rosiers ; trois choses chaque fois ! Trois chevaux, trois garçons, trois chiens chaque fois !”Alors maintenant, il appelle Petit Jean le premier des trois garçons ; le deuxième, il l’appelle Al-main ; le troisième Alman. Des années plus tard, le deuxième garçon quitte la maison. Il prend son chien et son cheval et dit : “Maman, je pars. Si, dans le jardin, tu vois ce rosier flétri, tu sauras que je suis en danger.”Le voilà parti. Huit jours passent ; la mère voit le rosier flétri ; elle dit : “Mon fils a péri !”Cependant, le garçon arrive dans un pays ; il lit sur un écriteau : “La ville est en deuil.”Il y avait là un monstre que l’on appelait “La bête à sept têtes” et qui, tous les jours, exigeait qu’on lui amène une personne à dévorer. Cette bête à sept têtes sortait à midi pour venir chercher son repas. Et le roi était obligé de s’exécuter s’il voulait avoir de l’eau. Le garçon s’inquiète et se dit que cette bête-là risque de le manger. La bête à sept têtes arrive : elle aperçoit le garçon, elle prend son vol, bondit sur lui et le dévore.

Loin de là, le troisième des garçons prend son cheval et son chien : “Maman, mon frère n’est pas revenu. Je pars ; si tu vois que le rosier est flétri, tu sauras que je suis en danger.”Huit jours passent ; la mère va au jardin ; le rosier est flétri. “Mon fils, dit-elle, a connu le même sort que le premier.”Il ne lui reste plus que son dernier garçon, Petit Jean. Quand celui-ci part, il dit à sa mère : “Maman, si tu entends mon chien aboyer, tu sauras que je suis en danger. Lâche-le.”

Les contes de l’Océan Indien

Fiche 8

Conte de Rodrigues

Quand Petit Jean arrive là-bas, il voit l’enseigne qui porte l’inscription : ‘La ville est en deuil.” Il voit une jeune fille que le roi a placée près du bassin. Il lui dit :” “Eh bien, que fais-tu là ?- Tous les jours, répond-elle, le roi doit trouver quelqu’un à donner à dévorer à la Bête à sept têtes. Faute de quoi, il n’y a point d’eau.”Alors, le chien là-bas secoue sa chaîne. La mère s’avance pour le battre ; elle prend un bâton, tape sur la chaîne ; la chaîne se brise, le chien se sauve en courant. La bête à sept têtes arrive en planant et demande à la jeune fille : “Qui est-ce ?”Petit Jean prend son sabre ; la Bête à sept têtes lui dit : “Holà ! Aujourd’hui, au lieu d’une victime, j’en ai deux !”Elle plane, elle s’approche ; au moment où elle va se poser, Petit Jean lui donne un coup de sabre et coupe deux têtes. La Bête va plus loin prendre son élan ; elle approche en planant. Au moment où elle se présente pour bondir, Petit Jean lui envoie un coup de sabre et coupe une autre tête. Cette fois, le monstre va prendre son élan plus loin que l’île Maurice ! Quand il est près, Petit Jean, d’un nouveau coup de sabre, lui coupe encore deux têtes. La Bête commence à faiblir. Au moment où elle revient, en planant, Petit Jean lui donne un coup de sabre et coupe une tête. Alors la Bête va prendre son élan, pour ainsi dire, à l’horizon ! Elle revient. Petit Jean lui dit : “ Cette fois, tu es morte !”Un dernier coup de sabre ; au moment où elle plongeait, Petit Jean lui coupe la dernière tête. Alors, il y a là, par terre, les sept têtes. Mais voici qu’un Malbar travaille là, tout à côté. Petit Jean, après avoir coupé les sept têtes, ouvre la bête et lui coupe le cou. Il ouvre les sept têtes et coupe les sept langues. Il doit y avoir sept lan-gues, puisque chaque tête en a une ! Alors il laisse là les têtes ; il prend les sept langues, les en-veloppe soigneusement et les donne à son chien pour qu’il les enterre dans de la terre bien fine afin qu’elles restent fraîches. Ce Malbar était le jardinier du roi. Il arrive en courant depuis là-bas : “Sire, j’ai tué la Bête à sept têtes ! Le roi lui dit : - Tu es capable, toi, de tuer ce monstre ?- Voilà les sept têtes, répond le Malbar.”Le roi regarde : c’est vrai ! Le roi a promis sa fortune et sa fille à celui qui tuerait ce monstre. Et assurément, il y a là les sept têtes ! Le monstre est bien mort. Le roi prépare donc le mariage de sa fille. Et le filou de se dire : “Ça y est ! Aujourd’hui, je suis admis au palais !”Le roi achève les préparatifs du repas de noces. Mais il aperçoit un chien qui arrive à l’instant, se glisse sous la table et tire la nappe, juste à la place des nouveaux mariés. Il court après le chien. Mais Petit Jean se tenait près de la salle verte. Quand le roi arrive, il voit le chien aller à la rencontre de son maître. Alors le roi se prépare à faire mettre à mort Petit Jean. Ce dernier lui dit : “Non ! Le monstre qu’on appelle “La Bête à sept têtes” a bien sept têtes ! Mais elle doit avoir aussi sept langues ! Le Malbar s’écrie : - Non ! Jamais ! Cette bête n’a pas sept langues ! Elle a juste sept têtes.”Les voilà en pleine discussion pour savoir si la bête a ou non sept langues. Arrivé devant le roi, Petit Jean dit à son chien :

Les contes de l’Océan Indien

Fiche 8

Conte de Rodrigues

“Va !”Le chien s’en va, il revient avec les sept langues. Petit Jean les dépose aux pieds du roi. On les compte : il y en a bien sept. On les remet à leur place dans chacune des sept têtes. Alors le roi dit au Malbar : “Tu as tué la Bête à sept têtes ? Mais tu n’avais pas les langues ?”Il ajoute : - Voilà celui qui a tué la Bête à sept têtes.”On remet encore une fois les langues chacune à sa place : chacune y va bien ! Le roi dit au Malbar : “Espèce de menteur !”On met un four à chauffer : on y met le filou. Et Petit Jean épouse la fille du roi. Voilà ! Je tombe ici et je vous raconte cette histoire.

Extrait de Contes créoles de l’Océan Indien, Editions Fleuve et Flamme, 1979

Les contes de l’Océan Indien

Fiche 8

Conte de Rodrigues