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Qui est-elle ? Harmonia axyridis (Coléoptère Coccinellidé) est une coccinelle originaire du Sud-Est de l’Asie qui présente une très grande variabi- lité de couleurs entre individus, d’où son nom en anglais de multi- coloured asian ladybird 1 . Insectes 7 n°136 - 2005 (1) À la fin du mois d’octobre 2004, des milliers de coccinelles se sont ras- semblées au même moment, un peu partout en Belgique. De tels rassem- blements ont suscité l’étonnement de bien des particuliers : “on n’avait ja- mais vu ça !”. En effet, c’est nouveau : trois ans après les premières observations de la Coccinelle asiatique dans la nature, nous avons assisté aux premiers rassemblements dans les habitations privées. Et il faudra s’y faire : ces rassemblements risquent fort de s’intensifier dans les années à venir. Entre les propos sensationnalistes d’une partie de la presse et les communiqués minimalistes de certaines entreprises de lutte biologique, nous tentons ici de répondre, le plus objectivement possible, aux ques- tions qui nous ont été posées sur cette nouvelle venue. Ces deux formes appartiennent bien à une seule et même espèce : Harmonia axyridis - Cliché L. Tedders/USDA ARS à www.insectimages.org La Coccinelle asiatique, un redoutable prédateur utilisé en lutte biologique Cliché Frans Vandemaele Comment vit-elle ? Comme toutes les coccinelles, la Coccinelle asiatique passe l’hiver à l’état adulte. Le printemps venu, l’accouplement a lieu et la femelle dépose des œufs par petits groupes à proximité d’une source de nourriture. Au bout de quatre à cinq jours, les œufs éclosent et donnent naissance à une larve au corps mou, d’allure très différente de l’adulte (mais de régime ali- mentaire similaire). Elle passe par quatre stades avant de se transfor- mer en nymphe, stade immobile et fixé au feuillage. Après quelques jours, le nouvel adulte émerge et le cycle recommence. Plusieurs gé- nérations peuvent se succéder au cours d’une même année. Par Gilles San Martin, Tim Adriaens, Louis Hautier et Nicolas Ottart . la Coccinelle asiatique Harmonia axyridis 1 Une planche couleur illustrant les principales formes d’Harmonia axyridis peut être téléchar- gée à www.ent.orst.edu/urban/Harmonia.html

Fiche coccinelle2

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différences entre les coccinelles (asiaiques et europééennes). Conséquences néfastes sur les espèces indigènes.

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Page 1: Fiche coccinelle2

■ Qui est-elle ?Harmonia axyridis (ColéoptèreCoccinellidé) est une coccinelleoriginaire du Sud-Est de l’Asie quiprésente une très grande variabi-lité de couleurs entre individus,d’où son nom en anglais de multi-coloured asian ladybird 1.

I n s e c t e s 7 n ° 1 3 6 - 2 0 0 5 ( 1 )

À la fin du mois d’octobre 2004, des milliers de coccinelles se sont ras-semblées au même moment, un peu partout en Belgique. De tels rassem-blements ont suscité l’étonnement de bien des particuliers : “on n’avait ja-mais vu ça !”. En effet, c’est nouveau : trois ans après les premièresobservations de la Coccinelle asiatique dans la nature, nous avons assistéaux premiers rassemblements dans les habitations privées. Et il faudra s’yfaire : ces rassemblements risquent fort de s’intensifier dans les années àvenir. Entre les propos sensationnalistes d’une partie de la presse et lescommuniqués minimalistes de certaines entreprises de lutte biologique,nous tentons ici de répondre, le plus objectivement possible, aux ques-tions qui nous ont été posées sur cette nouvelle venue.

Ces deux formes appartiennent bien à une seule et même espèce : Harmonia axyridis - Cliché L. Tedders/USDA ARS à www.insectimages.org

La Coccinelle asiatique, un redoutable prédateur utilisé en lutte biologiqueCliché Frans Vandemaele

■ Comment vit-elle ?Comme toutes les coccinelles, laCoccinelle asiatique passe l’hiver àl’état adulte. Le printemps venu,l’accouplement a lieu et la femelledépose des œufs par petitsgroupes à proximité d’une sourcede nourriture. Au bout de quatre àcinq jours, les œufs éclosent etdonnent naissance à une larve au

corps mou, d’allure très différentede l’adulte (mais de régime ali-mentaire similaire). Elle passe parquatre stades avant de se transfor-mer en nymphe, stade immobileet fixé au feuillage. Après quelquesjours, le nouvel adulte émerge et lecycle recommence. Plusieurs gé-nérations peuvent se succéder aucours d’une même année.

Par Gilles San Martin, Tim Adriaens, Louis Hautier et Nicolas Ottart .

la Coccinelle asiatique Harmonia axyridis

1 Une planche couleur illustrant les principalesformes d’Harmonia axyridis peut être téléchar-gée à www.ent.orst.edu/urban/Harmonia.html

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La première observation dans lanature en Belgique remonte à sep-tembre 2001 dans les environs deGand. Depuis la fin de l’année2002, elle a commencé à se ré-pandre à une vitesse extraordi-naire (voir graphique). Au départ, elleétait essentiellement observée àBruxelles et en Flandre dans desvilles comme Anvers, Gand,Louvain (ou à proximité). À la finde l’année 2004, elle semble avoircolonisé toutes les régions deBelgique à l’exception du Sud del’Ardenne et la Lorraine (voir carte).

Comment reconnaître Harmonia axyridis ?La détermination de la Coccinelle asiatique n’est malheureusement pas évidente à cause desa très grande variabilité de couleurs. Notre Coccinelle à 2 points, qui hiverne aussi dans lesmaisons, est également très variable ! La combinaison de deux caractéristiques permet dedistinguer la Coccinelle asiatique : - sa taille plus grande que celle de la plupart des espèces indigènes : 5 à 8 mm ;- son pronotum qui peut présenter trois types dessins : clair avec un dessin en forme de“M”, clair avec “patte de chat” (une tache centrale avec 4 autres taches en demi-cercleautour) sans taches supplémentaires et, enfin, noir avec deux larges bandes claires.Il existe une espèce indigène avec un dessin en patte de chat mais elle est plus petite et lesespèces indigènes qui mesurent plus de 5 mm ont un dessin différent sur le pronotum.Ponte - Cliché Frans Vandemaele

Larve d'Harmonia axyridis en quête d'unrepas - Cliché Frans Vandemaele

peut être facilement élevée en masseet nourrie avec les œufs d’unLépidoptère des denrées, dont l'éle-vage est industrialisé, contrairementaux autres espèces de coccinellesqui nécessitent un apport de puce-rons frais. La Coccinelle à 2 points,Adalia bipunctata, indigène, estaussi efficace mais plus coûteuseen raison des difficultés de son éle-vage (fécondité moindre, difficultésliées à la nourriture) et de sa vora-cité plus faible (nécessité d’utiliserun plus grand nombre d’individuspour un résultat identique).

La Coccinelle asiatique se nourritessentiellement de pucerons(Hémiptères Aphidoidés) etd’autres petits insectes à corpsmou. En automne, elle peut égale-ment se nourrir de fruits. Elle estcapable de vivre dans pratique-ment tous les milieux, aussi biendans la strate herbacée que dansdes arbres feuillus ou résineux.

■ Comment est-elle arrivéechez nous ?La Coccinelle asiatique a été volon-tairement importée en Belgique etrelâchée dans la nature commeagent de lutte biologique. Elle estutilisée par les horticulteurs dansdes serres mais des particulierspeuvent également se la procurerpour lutter contre les puceronsdans leur jardin. Les entreprises delutte biologique la recommandentaussi pour la lutte en plein champ. Cette espèce doit son “succès” à cer-taines caractéristiques qui fontd’elle un prédateur très intéressantpour la lutte biologique : elle est ex-trêmement vorace et polyphage, safécondité est très élevée et elle estcapable de vivre dans de nombreuxmilieux différents et sous des cli-mats assez variés. En outre, elle

Quatre formes parmi les plus courantes d’Harmonia axyridis. On remarque les trois typesdessins sur le pronotum (de gauche à droite) : patte de chat, “M”, noir avec 2 larges bandesblanches. Il s’agit en fait d’un continuum : les taches de la patte de chat fusionnent pourdonner le “M” qui donne le 3ème dessin si la fusion est encore plus importante. NB : le nombre de taches est très variable.

Adalia bipunctata, laCoccinelle à 2 points. Lerisque de confusion estmaximal avec cette espèce.En effet, comme H.axyridis,elle est très variable et elles’agrège dans les maisonsen hiver. Elle est plus petite(< 5 mm), les dessins dupronotum sont différentset ses pattes sont toujoursnoires (souvent bruneschez H. axyridis)

Adalia 10-punctata, laCoccinelle variable, estcomme son nom l’indiquetrès variable et ressembletrès fort à H. axyridis (colo-ration, y compris le prono-tum). Les seules diffé-rences sont sa plus petitetaille et le fait qu’elle nes’agrège pas dans les mai-sons en hiver.

Harmonia 4-punctata est lacousine indigène d’H. axyri-dis. Elle a la même taillemais elle vit uniquement surles pins et le dessin de sonpronotum est différent : unepatte de chat avec une sériede taches supplémentairesautour. En outre, elle nerentre jamais dans les mai-sons en hiver. Le nombre detaches sur ses élytres esttrès variable.

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tion (pour la nourriture, l’espace…)avec les coccinelles prédatrices in-digènes mais, en plus, elle est ca-pable de se nourrir directement deleurs larves, se comportant ainsi enprédateur intraguilde 2. Des étudesaméricaines ont déjà démontrél’impact négatif qu’elle peut avoirsur les espèces indigènes. AuCanada, plus de 60% des cocci-nelles observées aujourd’hui ap-partiennent à deux espèces impor-tées, dont H. axyridis. L’UniversitéLibre de Bruxelles mène actuelle-ment une étude pour évaluer l’im-pact précis de cette espèce dansnotre pays ; les premiers résultatssont assez alarmants.Deuxième problème : malgré sonétiquette d’insecte “utile 3”, par sonaction de prédation sur les puce-rons, la coccinelle asiatique peutprovoquer des nuisances vis-à-visde l’homme et devenir un insecteindésirable. En effet, elle peuts’agréger par centaines, voire par

Nymphe - Cliché Frans Vandemaele

2 Une guilde est un ensemble d’espèces utilisant les mêmes ressources (Harmonia axyridis fait partie dela guilde des espèces dévorant les pucerons). Les membres d’une même guilde sont donc en compéti-tion pour cette ressource. L’acte de prédation sur un membre sa propre guilde présente un avantage di-rect : gain énergétique sous forme de nourriture et un avantage indirect : élimination d’un compétiteur.Le fait qu’H. axyridis soit un prédateur intraguilde très efficace rend donc cette espèce invasive particuliè-rement dangereuse pour les populations de coccinelles indigènes.

3 NB : la notion d’espèce utile ou nuisible est aujourd’hui obsolète : toute espèce a sa place et joue unrôle qui participe à l’équilibre subtil de nos écosystèmes. On parle de ravageurs pour les espèces quisont susceptibles de provoquer une perte économique pour l’homme et d’auxiliaires pour les espècesqu’il utilise pour lutter contre les ravageurs.

Évolution de la répartition d'Harmonia axyridis en BelgiqueDonnées : groupe de travail Coccinula - Réalisation de la carte : Dirk Maes

Figure 1 - Nombre de localités où Harmoniaaxyridis a été trouvée en Belgique pour chaqueannée depuis 2004.Données : Groupe de travail Coccinula

Elle a également été observée dansle Sud des Pays-Bas, dans le Nordde la France, en Allemagne et enAngleterre.

■ Quels sont les problèmesposés par cette espèce ?La Coccinelle asiatique pose touteune série de problèmes. Le pre-mier est d’ordre environnemental.H. axyridis est considéré commeune espèce invasive : d’origine exo-tique, elle se répand à très grandevitesse et représente une menacepour les espèces indigènes et pourl’équilibre des écosystèmes. La me-nace sur nos espèces de coccinellesest particulièrement importante.En effet, la Coccinelle asiatiqueentre non seulement en compéti-

CoccinulaLe GT Coccinula est ungroupe de travail actifau niveau belge quirécolte des donnéessur l’écologie et la

répartition des coccinelles en Belgique.Nous y suivons de près la progression de laCoccinelle asiatique et effectuons un travailde sensibilisation et d’information sur lesproblématiques liées à cette espèce et à laconservation de nos espèces indigènes. LeGT Coccinula diffuse également une clé dedétermination des coccinelles et publie unefeuille de contact semestrielle téléchar-geable à l’adresse suivante :www.instnat.be/content/page.asp?pid=FAU_LHB_Nieuwsbrieven Le GT coccinula est coordonné pour la par-tie francophone par l’asbl 4 Jeunes etNature (www.jeunesetnature.be) et pour lapartie néerlandophone par le Jeugdbondvoor Natuurstudie en Milieubescherming(www.jnm.be). Coccinula est en partiefinancé par la Région flamande. Si vous êtes intéressés par le travail deCoccinula ou que, vous aussi, vous avezobservé des coccinelles asiatiques, faites-vous connaître… GT Coccinula, c/o Jeunes & Nature, BP 91,1300 Wavre ou [email protected]

4 asbl = association sans but lucratif

02001 2002 2003 2004

50

100

150

200

250

Nombre de localités

milliers, d’individus dans les mai-sons pour passer l’hiver. Elle ne re-présente aucun danger sanitaire(pas de transport de maladies, trèsrares cas d’allergies ou d’irritations)

Depuis 2001

Depuis 2002

Depuis 2003

Depuis 2004

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et elle n’abîme rien dans la maison(mis à part d’éventuelles tachesjaunes sur les murs lorsqu’elle estdérangée ou écrasée) mais la coha-bitation peut s’avérer très désa-gréable : les insectes peuvent setrouver partout, en grand nombreet émettre une substance jaunâtremalodorante et toxique (mais sansdanger pour l’homme). De ces deux premiers points dé-coulent une série d’autres pro-blèmes. Les coccinelles sont le symbolemême de l’insecte utile et de la luttebiologique ; or, la commercialisa-tion irréfléchie de cette espècepourrait discréditer la lutte biolo-gique aux yeux du grand public. Il ya également un problème éthiquedes plus délicats à discuter :l’homme a-t-il le droit de jouer àl’apprenti sorcier en manipulant lanature comme il le fait et surtoutsans prendre de précautions élé-mentaires ? Ce choix et les risquesqui y sont liés impliquent non seu-lement les citoyens d’aujourd’huimais également les générations àvenir. Un autre problème estd’ordre politique : plusieurs paysont importé et commercialisé sansprécaution une espèce invasive quise répand dans des pays voisins quine l’ont jamais introduite. Enfin,elle pourrait poser un problème

économique supplémentaire àcause de son habitude de se nourrirde fruits en fin de saison. Il a étémontré que la Coccinelle asiatiquene s’attaque qu’aux fruits déjà en-dommagés. Cependant, des pro-blèmes ont déjà été rencontrésdans des vignobles américains : lescoccinelles sont récoltées avec leraisin lors des vendanges et les sub-stances qu’elles émettent modifientle goût du vin. La commercialisation de laCoccinelle asiatique est d’autantplus malheureuse qu’une espèce in-digène la Coccinelle à deux points,produite en masse et commerciali-

sée auprès de particuliers, ne poseaucun des problèmes que l’onconnaît avec H. axyridis (mais elleest plus chère, comme on l’a vu plushaut…). De plus, la Coccinelle asia-tique a été importée il y a une di-

La Coccinelle à sept points, Coccinella 7-punctata, est un hôte naturel fréquent de nos jardins.De même taille que la Coccinelle asiatique, elle s’en distingue par la couleur du pronotum.Cliché J. Mentens

En fin de saison, la Coccinelle asiatique peut s’attaquer aux fruits endommagésCliché E.C. Burkness, University of Minnesota

Que dit la loi belge ?En Wallonie, selon la nouvelle loi sur laconservation de la nature (2001), l’intro-duction dans la nature d’espèces non indi-gènes est interdite à l’exclusion des espècesservant à l’agriculture et à la sylviculture.L’introduction d’Harmonia axyridis sembledonc légale en Wallonie puisqu’il n’existepas de loi traitant du cas particulier de lalutte biologique. Cependant, la directiveeuropéenne Habitats indique que les Étatsmembres devront veiller à réglementer l’in-troduction intentionnelle d’espèces nonindigènes de manière à ce qu’elles ne por-tent aucun préjudice aux habitats naturelsou aux espèces indigènes sans distinguerles espèces utilisées pour l’agriculture.En Flandre, toutes les espèces de cocci-nelles indigènes sont protégées (KB 22-09-1980). Il est interdit de les tuer, chasser,garder en captivité, transporter, perturber,détruire leurs habitats, etc. Quant auxespèces exotiques, une décision de l’exécu-tif de la communauté flamande(21/04/1993) interdit l’introduction dans lanature d’espèces non indigènes sauf aprèsl’octroi d’un permis. Ce permis ne peut êtreattribué qu’après avoir étudié les consé-quences de l’introduction sur la faune indi-gène. Comme ceci n’est pas le cas, ilsemble donc que l’introduction d’Harmoniaaxyridis soit illégale en Flandre ! Les cir-constances exactes dans lesquelles cetteespèce a envahi nos écosystèmes sontcependant difficiles à mettre en évidence.Toute législation devrait donc non seule-ment réglementer l’introduction (l’actionde relâcher) des espèces non indigènesmais aussi leur commercialisation.

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Europe) est donc très probable-ment inéluctable. Il est donc in-utile de tuer les individus deCoccinelle asiatique que l’on ren-contre. La seule réaction que nouspuissions avoir est d’en tirer lesleçons pour l’avenir, afin d’éviterque cela se reproduise, notam-ment en mettant en place un sys-tème législatif qui permettraitd’exercer un contrôle et d’évaluerl’impact des agents utilisés enlutte biologique. r

zaine d’années aux États-Unis oùelle pose les problèmes que nousavons décrits. Ce qui s’est passé étaitdonc tout à fait prévisible.

■ Que peut-on faire pour nosespèces indigènes ?La Coccinelle asiatique est très ré-sistante au froid et on ne luiconnaît pas, pour le moment, deprédateur ou de parasite suffisam-ment spécialisé. Son implantationdéfinitive en Belgique (et en

Un agrégat de coccinelles s’apprêtant à pas-ser l’hiver dans une habitation en Belgique Cliché Jeroen Mentens

Une coccinelle indigène utilisée en lutte biologique : Adalia bipunctata - Cliché P. Velay – OPIE

Les auteurs

r T. Adriaens est écologiste àl'Instituut voor Natuurbehoud, insti-tution scientifique de laCommunauté flamande.

r L. Hautier est chercheur au dépar-tement Lutte biologique et ressourcesphytogénétiques du Centre wallon derecherches agronomiques, institutionscientifique de la Région wallonne.

r G. San Martin et N. Ottart étu-dient l’impact d’Harmonia axyridissur la faune indigène à l’UniversitéLibre de Bruxelles au sein du labora-toire d’Éco-éthologie évolutive .

T. Adriaens et G. San Martin partici-pent également à la coordination dugroupe de travail Coccinula.

Pourquoi s’agrège-t-elle en hiver dans les maisons ? Et que faire ?Toutes nos espèces de coccinelles passent l’hiver à l’état adulte à un rythme de vie ralenti, àl’abri dans les feuilles mortes, au pied des plantes, dans les mousses, entre les aiguilles depin ou d’épicéa, dans les crevasses des écorces ; quelques-unes hivernent dans des cavitésnaturelles (arbre creux…) ou leurs équivalents modernes : les habitations humaines. Les indi-vidus de certaines espèces sont solitaires mais beaucoup se rassemblent, parfois en trèsgrand nombre. Elles déposent à cet effet un signal chimique odorant (phéromone) qui leurpermet de se regrouper sur un même site, lequel est souvent réutilisé d’une année sur l’autrepar des coccinelles de générations successives. Il n’est pas rare d’observer des rassemble-ments de plusieurs espèces différentes. Les coccinelles possèdent, en général, des couleursvives (aposématiques) pour prévenir un éventuel prédateur de leur mauvais goût et de leurtoxicité. En se rassemblant comme elles le font, elles renforcent ce signal coloré et auraientmoins de chance de subir un acte de prédation durant l’hivernation. Les rassemblements dela Coccinelle asiatique débutent généralement en octobre, dans les jours plus chauds qui sui-vent la première période de froid.Dans les maisons, les coccinelles ne se reproduisent pas et ne se nourrissent pas. Elles s’eniront dès les premiers jours du printemps. On peut donc les laisser en place si elles negênent pas. Dans le cas contraire, on évitera l’emploi d’insecticides. À la lutte chimique, noci-ve, on préférera la lutte mécanique curative : balai et/ou aspirateur 5. Une fois capturées, lescoccinelles peuvent être tuées ou relâchées à l’extérieur ou dans un endroit où elles negênent pas. Une fois mises à la porte, les coccinelles risquent cependant de revenir, attiréespar le signal chimique dont elles ont marqué l’habitation. Pour éviter ce problème, il faut lestuer en les plaçant quelques heures au congélateur. Quant à la lutte préventive par mousti-quaire, bouchage de trous, etc., même en étant très minutieux, le résultat est décevant 6. Onveillera à ne pas persécuter à l’occasion la Coccinelle à deux points, Adalia bipunctata, indigè-ne qui s’agrège également dans les maisons en hiver, mais en groupes bien plus restreints, etqui subit déjà durement la concurrence avec Harmonia axyridis.

5 Sur les usages de l’aspirateur en entomologie, on (re)lira l’article paru dans Insectes n°124 (2002),en ligne à www.inra.fr/opie-insectes/pdf/i124fraval2.pdf

6 Le problème est analogue à celui des mouches dans les greniers : voir dans Insectes n°126 (2002),en ligne à www.inra.fr/opie-insectes/pdf/i126fraval.pdf

En vente à l’OPIE…

L'OPIE propose d'avril à sep-tembre, des adultes de laCoccinelle à deux points, Adaliabipunctata, classique et autoch-tone, efficace dévoreuse de pu-cerons dans les arbustes etarbres fruitiers.