5
1 28 – 29 juillet 2011 Publicis Consultants Net Intelligenz | Raconter une histoire – Angles, formats et outils pour le journalisme web Format de sujet : l’interview web L’interview est un format traditionnel du journalisme, et sans doute un des meilleurs formats de sujet pour le web. Encore faut-il adapter le format aux codes de lecture sur Internet ;) Les forces de l’interview pour le web : - Plus clair, plus cash : on évite les fioritures de l’article classique qui enrobe les réponses de l’interviewé - Traite un sujet de A à Z (normalement) - Il y a une histoire avec un début et une fin A retenir : UNE INTERVIEW RACONTE UNE HISTOIRE Car une interview, c’est d’abord l’histoire de votre conversation avec l’interviewé. C’est d’autant plus important en journalisme web, car vous devez vous battre pour garder l’attention de l’internaute. Raconter une histoire, cela implique donc : - de faire vivre l’interview avec des questions de contexte - que les questions rebondisse sur les réponses précédentes, pour que la conversation progresse UNE INTERVIEW DOIT ETRE DIGESTE ;) Evitez les réponses longues (au-delà de 400 signes pour une réponse, ça devient long) que personne ne lit. Pour cela, n’hésitez pas à couper la personne interviewée si elle part dans un discours sans fin. Au besoin, découpez la réponse en 2 réponses, en ajoutant une question de relance au milieu. Enfin, au-delà de 10 questions, personne ne vous lira. Le mémo de l’interview web : 1. Une interview est une conversation 2. Une interview traite un angle et un seul 3. Des réponses courtes 4. Des questions qui rebondissent sur les réponses 5. Faire vivre l’interview avec une question de contexte et une question « surprise » 6. Travaillez la titraille (titre / chapô) (voir ci-après)

Fiche ★ L'interview web ★ (1)

  • Upload
    joweisz

  • View
    221

  • Download
    0

Embed Size (px)

DESCRIPTION

6. Travaillez la titraille (titre / chapô) (voir ci-après) 3. Des réponses courtes 5. Faire vivre l’interview avec une question de contexte et une question « surprise » 1. Une interview est une conversation 4. Des questions qui rebondissent sur les réponses 2. Une interview traite un angle et un seul Le mémo de l’interview web : A retenir : 1

Citation preview

Page 1: Fiche ★ L'interview web ★ (1)

1

28 – 29 juillet 2011 Publicis Consultants Net Intelligenz | Raconter une histoire – Angles, formats et outils pour le journalisme web

★ Format de sujet : l’interview web ★ L’interview est un format traditionnel du journalisme, et sans doute un des meilleurs formats de sujet pour le web. Encore faut-il adapter le format aux codes de lecture sur Internet ;) Les forces de l’interview pour le web : - Plus clair, plus cash : on évite les fioritures de l’article classique qui enrobe les réponses de l’interviewé - Traite un sujet de A à Z (normalement) - Il y a une histoire avec un début et une fin A retenir : UNE INTERVIEW RACONTE UNE HISTOIRE Car une interview, c’est d’abord l’histoire de votre conversation avec l’interviewé. C’est d’autant plus important en journalisme web, car vous devez vous battre pour garder l’attention de l’internaute. Raconter une histoire, cela implique donc :

- de faire vivre l’interview avec des questions de contexte - que les questions rebondisse sur les réponses précédentes, pour que la

conversation progresse UNE INTERVIEW DOIT ETRE DIGESTE ;) Evitez les réponses longues (au-delà de 400 signes pour une réponse, ça devient long) que personne ne lit. Pour cela, n’hésitez pas à couper la personne interviewée si elle part dans un discours sans fin. Au besoin, découpez la réponse en 2 réponses, en ajoutant une question de relance au milieu. Enfin, au-delà de 10 questions, personne ne vous lira.

Le mémo de l’interview web :

1. Une interview est une conversation

2. Une interview traite un angle et un seul

3. Des réponses courtes

4. Des questions qui rebondissent sur les réponses

5. Faire vivre l’interview avec une question de contexte et une question « surprise »

6. Travaillez la titraille (titre / chapô)

(voir ci-après)

Page 2: Fiche ★ L'interview web ★ (1)

2

★ Le format « interview web » à la loupe ★

Parce que l’interview est un format carrément efficace. � Qui interviewer ? Des personnes avec un point de vue marqué ou un avis tranché sur un sujet. Avec un expert qui ressort le discours habituel, on n’apprendra rien de nouveau. Exemples : - un indépendantiste martiniquais qui réclame la séparation avec la France

- un avocat pour qui la France protège les antisémites

- des lycéens qui créent un site pour noter leurs profs… � Le format : Le corps de l’interview fait entre 3 et 10 questions (le plus court est le mieux), avec des réponses de 400 signes maximum. Décomposez au maximum les réponses de l'interviewé: Une idée par réponse. Rajouter des questions « post-interview » si besoin, pour bien décomposer les questions. Les questions doivent autant que possible rebondir sur la réponse qui vient avant. Prévoyez les encadrés :

- un encadré pour poser les faits si besoin (entre 200 et 500 signes) - un encadré pour présenter l’interviewé en quelques dates (prévoyez la photo)

Exemple d’encadré pour présenter l’interviewé : 1983:Naissance à Téhéran Années 1990 : Passe son adolescence aux États-Unis. Étudie à l’université CUNY City Tech de New-York 2003 : Rentre en Iran pour se marier. Travaille au journal de son père Depuis 2004 : Vit à Wayne New-Jersey. Son emploi : graphiste Depuis 2009 : Cyber-opposant à Mahmoud Ahmadinejad. Poste plus de 2000 vidéos sur les émeutes iraniennes. � Les médias : Vidéo : entre 15 et 30 secondes d’interview, c’est l’idée forte de l’interview en vidéo. Son : Idem : 30 secondes de son. Photo : Une photo de l’interviewé est absolument nécessaire : pensez à la lui demander dès l’interview. � Comment titrer ? Le titre est sous le format: Prénom Nom : « citation »

Page 3: Fiche ★ L'interview web ★ (1)

3

Exemples : - Djam Deblues, animateur de la journée sans immigrés: «On a un peu raté notre but» - Christophe Grébert (Modem): «Le présentoir à Post-It Alain Dolium n'est pas une blague» La citation choisie résume l’angle du papier, l’idée la plus importante qu’on a apprise en réalisant l’interview. La citation choisie doit marquer. Elle doit trancher avec ce que l’on entend habituellement sur le sujet. Elle doit attirer l’attention du lecteur. � Comment rédiger le chapô ? Le chapô fait 250 signes maximum. Il relie dans une première partie l’interviewé à l’événement traité et dans une seconde partie souligne l’angle en mettant en avant une information précise qui ressort de l’interview. Le formatage du chapô : Sur StreetPress, Untel, sa fonction/son rôle, explique pourquoi… [associez ici l’interviewé à l’événement]. « Citation complémentaire avec une info précise », estime untel pour qui… [ici votre angle]. Exemple : Sur StreetPress, Djam Deblues annonce une faible mobilisation dans la cité phocéenne pour la première « journée sans immigrés », de lundi prochain. « On n’a pas assez travaillé avec les classes populaires », estime l’animateur pour qui le mouvement est déconnecté de la base. � Le fond de l’interview : Choisissez un angle et traitez le à fond. Prévoyez une ou deux questions décalées pour forcer l’interviewer à sortir des sentiers battus et une question qui permet de situer le contexte dans lequel se trouve l’interviewé pendant l’entretien.

Page 4: Fiche ★ L'interview web ★ (1)

4

� Exemple d’interview Allô Djamel, tu es dispo? Tu es sorti de ta douche? (Question d'ambiance, permet de rentrer dans une vraie conversation et éviter le discours attendu. En plus, on situe l’interviewé dans son contexte : le lecteur sait qu’il est dans son appart’ et sort manifestement de la douche) Ouiii! Désolé pour tout à l'heure, j'étais vraiment dans le couloir à poils dégoulinant de flotte! Y'a pas de problèmes. Alors comme ça tu es musicien et animateur du collectif « la journée sans immigrés » à Marseille ? Oui. Je m'appelle Djam Deblues, je suis auteur de textes de blues en Français [voir son Myspace]. J'écris aussi des marseillades comme je les appelle. Je ne suis pas le porte-parole du collectif, mais je suis plus l'animateur, le coordinateur. J'ai voulu rester simple militant mais je n'ai pas réussi! (rires). J'ai intégré ce mouvement cet été en mettant des chansons sur Youtube suite aux propos de Brice Hortefeux. Pourquoi vous voulez une « journée sans immigrés » ? Au départ, je voulais que ce soit comme aux Etats-Unis en 2006, que l'on sente, par notre absence la nécessité de notre présence. Qu'il y ait une incidence économique. Tu dis « au départ ». T'as changé d'avis en cours… ? (La question reprend la réponse précédente) Non. Mais à Marseille, on a un peu raté notre but. On ne s'est pas assez rapproché des partis et des associations. Depuis seulement quinze jours, des syndicats, des assos nous ont contactés. A l'approche des régionales c'est ça? Eh! Je veux mon neveu! C'est sûr qu'on est dans ce contexte, toute occasion de se montrer et de s'engager est bonne à prendre. Mais il y une vraie sincérité. Deux partis, dont je ne dirai pas le nom, m'ont dit qu'ils viendraient sans autocollants ni bannières, mais avec leurs militants. Mais vous disiez avoir raté votre but. Pourquoi? Parce que les personnes qu'on a réussi à toucher, c'est plus les classes avec un certain revenu, un certain niveau intellectuel. On n'a pas assez été présents dans les quartiers, pour que vraiment tout Marseille ait envie de fermer le rideau pour le commerçants, prendre un jour de RTT pour ceux qui bossent. Donc vous êtes déçu… (Question rajoutée après l'interview pour décomposer la réponse en deux parties)

Page 5: Fiche ★ L'interview web ★ (1)

5

Même si on n’atteint pas notre objectif, à savoir paralyser l’économie de Marseille, le fait de dire à certains « vous n’êtes pas obligé de tout accepter, de baisser la tête de dire oui à tout » sous prétexte d’intégration, c'est bien on aura au moins fait passer ce message-là. Si justement tout le monde se mettait en grève, comme dans le scénario du dernier Courrier de l'Atlas (n°34), nous n'aurions plus d'éboueurs ni de champions du Monde de foot. Qu'en pensez vous ? C'est clairement une caricature ! Lorsque cela a fonctionné aux Etats-Unis, c'était principalement la communauté latino qui était concernée. Celle-ci est composée de beaucoup de clandestins et fait donc partie de la plus basse couche sociale. Et vous n'avez pas peur que le mouvement dérive vers le communautarisme? Moi si ça part en vrille je me casse! Je me suis déjà heurté avec des amis musulmans. Je suis presque un athée primaire et j'ai pu choquer mes amis croyants. Mais si j'exclue toutes les personnes avec qui je ne suis pas d'accord, alors je me retrouve seul comme un con. Interview : Edouard Dropsy | StreetPress, 26.02.2010