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Avis « La filière bois en Midi-Pyrénées » Assemblée Plénière du 23 juin 2009 – CESR Midi-Pyrénées 1 ASSEMBLEE PLENIERE Séance du 23 juin 2009 «La filière bois en Midi-Pyrénées » Rapporteur : Monsieur Eric LALANDE

Fili Ere Bois 230609

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Avis « La filière bois en Midi-Pyrénées » Assemblée Plénière du 23 juin 2009 – CESR Midi-Pyrénées

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ASSEMBLEE PLENIERE

Séance du 23 juin 2009

«La filière bois en Midi-Pyrénées »

Rapporteur : Monsieur Eric LALANDE

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ASSEMBLEE PLENIERE

Séance du 23 juin 2009

«La filière bois en Midi-Pyrénées »

Rapporteur : Monsieur Eric LALANDE

Adopté à l’unanimité

Votants : 104

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Cet avis a été élaboré sous l’autorité de la Commission « Activités économiques »

présidée par Monsieur Jean-Louis ROBARDEY, représentant la Chambre Régionale de Commerce et d’Industrie

Les Membres du Groupe de Travail « Filière Bois »

Monsieur François BARBEROUSSE représentant l’Union Régionale Interprofessionnelle CFTC,

Monsieur Bernard CASSAGNET,

représentant les Organisations de retraités et personnes âgées,

Monsieur Michel COULOM, représentant les Unions Départementales FO,

Monsieur Axel COURTOIS DE VICOSE

représentant l’Union Régionale de l’Union Nationale de la Propriété Immobilière de Midi-Pyrénées (UNPI),

Monsieur Jean de GALARD,

représentant le Centre Régional de la Propriété Forestière et l’interprofession de la forêt et du bois,

Monsieur Michel INTRAND,

représentant l’Union Nationale des Syndicats Autonomes (UNSA),

Monsieur Eric LALANDE, représentant l’Union Professionnelle Artisanale,

Madame Odile LAURENT,

représentant l’Union régionale interprofessionnelle CFDT,

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Madame Yannick LE QUENTREC, représentant le Comité régional CGT,

Monsieur Roger MARQUIS,

représentant l’office régional des transports et des communications du Midi,

Monsieur Pierre MOLETTE, représentant l’Union Régionale des Ingénieurs et Scientifiques de la région,

Monsieur René MOUYSSET,

représentant la Fédération Française du Bâtiment ,

Madame Michèle RAYMONDIS, Personnalité Qualifiée,

Monsieur Daniel THEBAULT,

représentant le MEDEF Midi-Pyrénées.

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Le CESR tient à remercier

les personnalités auditionnées pour leur contribution à cet avis

Monsieur BAURET Patrick – FILPAC-CGT,

Monsieur Gérard BONTEMPS, Président – COPACEL,

Monsieur Jean-Jacques BORDES, Cabinet Secafi Alpha,

Monsieur Gérard BOUTONNIER, Chargé de mission « Filière bois » - Conseil Régional Midi-Pyrénées,

Monsieur Luc BOUVAREL, Directeur du CRPF – Centre Régional de Propriété Forestière

Midi-Pyrénées,

Monsieur François BREIL, SNC Breil Frères – Charpente-couverture

Monsieur Alain CAHAUPE, Attaché commercial Fret Grand Sud-Ouest

Monsieur Pierre CAYRON, Meubles Pierre Cayron

Monsieur Olivier CHAILLOT, Midi-Pyrénées Bois,

Monsieur Robert CHOPINEAU – Représentant Régional Syndicat FIBOPA (Bois-Papier) CFE-CGC

Monsieur Philippe DAUDÉ, Ebénisterie-menuiserie-éco-construction

Mademoiselle Nelly DESAIVRES, Déléguée Régionale des EDT - Entrepreneurs Des

Territoires Midi-Pyrénées

Monsieur James DESAIVRES,Vice-Président Régional EDT,

Monsieur Jean-Paul DUCRET, Représentant régional du Fret ferroviaire

Monsieur Daniel EGRE, Président du Syndicat des exploitants Forestiers Scieurs d’Ariège

Monsieur Michel FOULQUIER, Président délégué du CRITT Bois -Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologie,

Monsieur Gérard GOMA, Professeur émérite à l’INSA,

Monsieur Christophe GILBERT, Architecte construction bois

Monsieur Jean-Baptiste GOUSSELOT, directeur du Groupe PGS Sud-Ouest

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Madame Marie-Claire GUERO, Chef du Service Régional de la Forêt et du Bois de la Direction Régionale de l’Agriculture et de la Forêt de Midi-Pyrénées,

Monsieur Joël LAPORTE, Directeur du CAUE du Lot

Monsieur André LANNES, Transporteur Bois Ariège

Monsieur Christian LARROUY, Président de Midi-Pyrénées Charpentes

Monsieur Vincent LIGER, Agent de développement du Pays Bourian,

Monsieur Jacques MIRAULT, Directeur Forêt de l’Office National des Forêts

Sud-Ouest,

Monsieur Hervé OSSARD, Vice-Président d'AgriMIP Innovation

Monsieur Christophe PIAU, Chef d’Etablissement - Lycée Forestier du Haut Languedoc,

Monsieur François-Xavier PIERSON, Conseiller forestier CRPF

Monsieur Bernard RAYNAUD, Vice-Président du Conseil Régional Midi-Pyrénées,

Madame Bénédicte RIEY, Chargée de mission – Observatoire Régional de l’Energie de Midi-Pyrénées

Monsieur Hubert de ROCHAMBEAU, Directeur Agri Campus

Monsieur Patrice ROCHE, Directeur d’AgriMIP Innovation

Monsieur Loïc de SAINT QUENTIN, Secrétaire Général du Syndicat de la

Construction Bois

Monsieur Jean-Louis de TORRES, Président du Syndicat des Forestiers Privés

Monsieur Stéphane VIEBAN, Directeur de FORESTARN - la Maison de Forêt du Tarn

Monsieur José VIEIRA, représentant CFDT

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LE CESR TIENT PARTICULIÈREMENT À REMERCIER L’ENSEMBLE DES PERSONNES QUI ONT CONTRIBUÉ À L’ABOUTISSEMENT DE CET AVIS SOUS

QUELQUE FORME QUE CE SOIT

« Chêne droit et sapin en travers tiendraient l’univers »

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SOMMAIRE Intervention du Président CHAUZY ......................................................................................................11 Intervention de M LALANDE - Rapporteur ..........................................................................................18

INTRODUCTION GÉNÉRALE........................................................................................................21

1ère PARTIE : État des lieux de la filière bois française dans sa globalité ................................................................. 23

I- CARACTERISTIQUES GENERALES DE LA FILIERE BOIS AU NIVEAU NATIONAL...............................24 I-1 Une filière importante… ..................................................................................................................24 I-2 …mais dont le solde extérieur se dégrade ........................................................................................25

II- LA FORET ET LA SYLVICULTURE...................................................................................................26 II-1 Un panorama de la situation française métropolitaine ...................................................................26

II-1-1 La forêt française............................................................................................................................................. 26 II-1-2 Sylviculture et exploitation de la forêt française............................................................................................. 27 II-1-3 Les aménités de la forêt................................................................................................................................... 28

II-2 La situation en Midi-Pyrénées........................................................................................................29 II-2-1 Caractéristiques générales : une forêt importante, morcelée, parfois de qualité médiocre et souvent difficile d’accès ........................................................................................................................................................................ 29 II-2-2 Origines de la ressource .................................................................................................................................. 31 II-2-3 La ressource forestière de Midi-Pyrénées ....................................................................................................... 31 II-2-4 La récolte.......................................................................................................................................................... 33

III- ETAT DES LIEUX NATIONAL DE LA PREMIERE ET DEUXIEME TRANSFORMATION........................34

III-1 L’industrie du sciage : principale activité de la première transformation.....................................34 III-2 La deuxième transformation : le meuble, le secteur papetier, l’emballage, le bois dans la construction ............................................................................................................................................36

III-2-1 L’industrie du meuble............................................................................................................................... 36 III-2-2 Le secteur papetier ......................................................................................................................................... 37 III-2-3 L’emballage ................................................................................................................................................... 41 III-2-4 Le bois dans la construction........................................................................................................................... 42

III-3 Recyclage des déchets ...................................................................................................................45

IV- ETAT DES LIEUX REGIONAL DE LA PREMIERE ET DEUXIEME TRANSFORMATION........................46 IV-1 La première transformation : le sciage en Midi-Pyrénées ............................................................46 IV-2 La deuxième transformation en Midi-Pyrénées : le meuble, le secteur papetier, le bois dans la construction ............................................................................................................................................47

IV-2-1 Le meuble en Midi-Pyrénées ......................................................................................................................... 47 IV-2-2 Le secteur papetier dans la région Midi-Pyrénées......................................................................................... 49 IV-2-3 Le bois dans la construction .......................................................................................................................... 50

V - LES ACTIVITES IMMATERIELLES AMONT (RECHERCHE ET FORMATION) ET L’EMPLOI LIE A LA FILIERE EN MIDI-PYRENEES ...............................................................................................................51

V-1 Recherche, Innovation et transfert..................................................................................................51 V-1-1 La recherche à l’INRA.................................................................................................................................... 51 V-1-2 Les partenaires INRA-INPT ........................................................................................................................... 51 V-1-3 Le cas de l’Aquitaine ...................................................................................................................................... 52 V-1-4 Le pôle de compétitivité AgriMip Innovation ................................................................................................ 53 V-1-5 Les biocarburants provenant du bois .............................................................................................................. 53 V-1-6 Les CRITT (Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologie)................................................. 54 V-1-7 Le pôle tarbais ................................................................................................................................................. 54 V-1-8 Midi-Pyrénées Innovation............................................................................................................................... 55

V-2 La formation ...................................................................................................................................55 V-3 Les emplois ....................................................................................................................................57

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VI - LES POLITIQUES D’AIDES REGIONALES MOBILISABLES SUR LA FILIERE BOIS ............................58 VI-1 Une politique spécifique de la Région pour la forêt et le bois ......................................................58 VI-2 L’application à la filière bois des politiques générales de la Région............................................59

VII – L’INTER-PROFESSION MIDI-PYRENEES BOIS............................................................................59

2ème PARTIE : L’urgence d’un indispensable soutien à la filière bois régionale ....................................................... 60

I- FORET ET ENTREPRENEURS FORESTIERS DE MIDI-PYRENEES ........................................................61 I-1 Sous exploitation et morcellement de la forêt Midi pyrénéenne : un handicap majeur pour la filière bois régionale..........................................................................................................................................61

I - 1- 1 Les causes techniques de la sous-exploitation............................................................................................... 62 I -1- 2 Les causes sociologiques de la sous-exploitation........................................................................................... 63

I-2 La situation contrastée des entrepreneurs forestiers de Midi-Pyrénées ...........................................64 I -2- 1 Une augmentation des coûts ........................................................................................................................... 64 I-2-2 Des entrepreneurs forestiers fragilisés et bénéficiant d’aides inférieures à ceux des régions voisines............. 66

I-3 Incendie et tempête : des risques pour la forêt.................................................................................67

II – UNE INDUSTRIE DES SCIAGES REGIONALE EN PERTE DE DYNAMISME .........................................68

III- ANALYSES ET PERSPECTIVES POUR L’INDUSTRIE DU MEUBLE NATIONAL ET REGIONAL ............70 III-1 Un secteur soumis à une concurrence exacerbée ..........................................................................70 III-2 Innover et mettre en avant le savoir faire régional du secteur « meuble »....................................71

IV- L’INDUSTRIE PAPETIERE ..............................................................................................................73 IV-1 Tembec Saint-Gaudens (31) : une situation économico financière affectée par un sur-stockage .73

IV-1-1 La situation économico financière de Tembec Saint-Gaudens...................................................................... 74 IV-1-2 Tembec Saint-Gaudens : une activité dépendante du stock de bois et du prix de vente de la pâte en dollars.................................................................................................................................................................................... 75

IV-2 La structure du marché de Saint-Girons Industries (SGI09) accroît la dépendance de cette entreprise vis-à-vis de ses clients ...........................................................................................................76 IV-3 Papeteries Léon Martin (09) : un potentiel dépendant du renouvellement de son appareil productif .................................................................................................................................................77 IV-4 La situation instable de Ledar Saint-Girons..................................................................................78 IV-5 Analyse générale et perspectives pour le secteur papetier en Midi-Pyrénées...............................79

V- LE BOIS DANS LA CONSTRUCTION EN MIDI-PYRENEES.................................................................80 V-1 La charte nationale bois-construction-environnement ...................................................................80 V-2 Les avantages du bois dans la « construction »..............................................................................82 V-3 Le bâtiment économe : nouvelles perspectives pour l’industrie du bois régional..........................84

V-3-1 Le bâtiment économe : un concept au centre du Grenelle de l’environnement ............................................... 84 V-3-2 Le bois et le bâtiment économe : quels atouts pour Midi-Pyrénées ?............................................................. 85 V-3-3 L’Eco-construction.......................................................................................................................................... 88

V-4 Construction classique et rénovation du patrimoine : une opportunité pour la filière bois............89 V-5 Une construction « bois » actuellement dominée par le bois d’importation ..................................89

V-5-1 La qualité du bois en Midi-Pyrénées…........................................................................................................... 89 V-5-2 …incite les entreprises locales à s’approvisionner dans d’autres régions/pays............................................... 91

V-6 La modernisation des entreprises bois en Midi-Pyrénées : une nécessité pour faire face à la concurrence.............................................................................................................................................92 V- 7 Une législation construction bois déséquilibrée............................................................................93

V-7-1 Une législation contraignante pour l’entrepreneur…....................................................................................... 93 V-7-2 …mais modestement appliquée par les élus et les architectes des bâtiments de France ................................. 94

V- 8 Les architectes et les solutions « bois » en Midi-Pyrénées ...........................................................94 V-8-1 Les architectes de Midi-Pyrénées ................................................................................................................... 94 V-8-2 Architecture bois en Midi-Pyrénées................................................................................................................ 95

VI- DES DOMAINES TRANSVERSAUX IMPORTANTS POUR LE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE .........96

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VI-1 Le problème des transports ...........................................................................................................96 VI-1-1 Favoriser de nouveaux moyens de débardage en pérennisant les méthodes ancestrales.............................. 96 VI-1-2 Le transport du bois ....................................................................................................................................... 97 VI-1-2-1 Transport routier du bois : améliorer l’adéquation entre les capacités d’emport sur les routes et chemins forestiers ..................................................................................................................................................................... 97 VI-1-2-2 Freiner la régression du fret ferroviaire et sensibiliser la SNCF sur l’importance de la filière bois pour la région .......................................................................................................................................................................... 99 VI-1-2-3 L’aéroportage : un nouveau moyen de transport « bois » ........................................................................ 100

VI-2 La formation : une activité immatérielle amont à adapter aux besoins des entreprises de la filière..............................................................................................................................................................100 VI-3 Promouvoir la recherche sur le matériau bois et la biomasse .....................................................103 VI-4 Renforcer l’application et la réglementation de protection des salariés et les actions de prévention des risques professionnels ..................................................................................................106 VI-5 Développer une culture de la forêt et du bois .............................................................................108 PROPOSITIONS ................................................................................................................................109

CHAPITRE 1 : FORET, ENTREPRENEURS ET TRAVAILLEURS FORESTIERS DE MIDI-PYRENEES.........109 A - La forêt ...........................................................................................................................................109 B – Entrepreneurs et travailleurs forestiers de Midi-Pyrénées .............................................................111

CHAPITRE 2 : L’INDUSTRIE DES SCIAGES.......................................................................................................... 112 CHAPITRE 3 : L’INDUSTRIE DU MEUBLE ........................................................................................................... 114 CHAPITRE 4 : LE BOIS DANS LA CONSTRUCTION............................................................................................... 114 CHAPITRE 5 : LE SECTEUR PAPETIER ................................................................................................................ 118 CHAPITRE 6 : LE PROBLEME DES TRANSPORTS................................................................................................. 119 CHAPITRE 7 : LE DOMAINE DE LA FORMATION ................................................................................................. 120 CHAPITRE 8 : PROMOUVOIR LA RECHERCHE SUR LE MATERIAU BOIS ET LA BIOMASSE .................................... 122 CHAPITRE 9 : SOUTENIR LES PRINCIPES DE SECURITE ET DE PREVENTION DE RISQUES PROFESSIONNELS......... 123 CHAPITRE 10 : ORGANISATION D’EVENEMENTS AFIN DE PROMOUVOIR LES INDUSTRIES DE LA FILIERE BOIS .. 124 CHAPITRE 11 : LA STRUCTURATION DE LA FILIERE PASSE PAR LA CREATION D’UN « PLAN FILIERE BOIS » .... 124

CONCLUSION : œuvrer pour une meilleure cohérence de la filière « bois régionale » ...................126 GLOSSAIRE.......................................................................................................................................129

EXPLICATIONS DE VOTE.............................................................................................................133

ANNEXES ...........................................................................................................................................148 ANNEXE 1 : LE BOIS ENERGIE ................................................................................................................... 149

ANNEXE 2 : POLITIQUES NATIONALES ET REGIONALES EN FAVEUR DE LA FILIERE.......... 153

ANNEXE 3 : LES PRINCIPAUX ACTEURS DE LA FILIERE BOIS REGIONALE AUTRE QUE LE CONSEIL REGIONAL ..................................................................................................................................... 158

ANNEXE 4 : LES FORMATIONS « BOIS » EN MIDI-PYRENEES .......................................................... 162

ANNEXE 5 : LA SCIERIE DE BRASSAC DANS LE TARN ....................................................................... 165

ANNEXE 6 : RISQUE ET SECURITE DANS LA FILIERE BOIS ............................................................. 168

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Intervention de Monsieur Jean-Louis CHAUZY Président du Conseil Economique et Social

- Extraits - Monsieur le Directeur Régional des Affaires Sanitaires et Sociales, Madame la Directrice adjointe de l’Agence Régionale de l’Hospitalisation, Madame, Monsieur le Conseiller, Madame, Monsieur, Nous sommes réunis ce matin en assemblée plénière pour examiner trois projets d'avis, dont deux autosaisines, le premier porte sur « l’accès à des soins de qualité pour tous en Midi-Pyrénées » dont les co-rapporteurs sont M. Georges BENAYOUN et M. Yvon FAU, le deuxième est relatif à la filière bois, le rapporteur est M. Eric LALANDE et, le troisième concerne le bilan à mi-parcours du PRDF 2007-2011 présenté par M. Hélios GONZALO qui est mis en débat dans le cadre de la saisine obligatoire par le Conseil Régional. Pour les trois rapports qui seront présentés, c’est un travail de qualité, parfois difficile, laborieux mais avec des propositions d’actions, je tiens à vous en remercier. Avant d’aborder l’ordre du jour proprement dit, je veux rendre hommage à toutes les victimes de la catastrophe aérienne du 1er juin 2009. Malheureusement notre région n’a pas été épargnée puisque parmi les victimes, il y a eu M. Jean-Luc WILHEM, cadre à la SNPE, délégué CGC et, son épouse, salariée de l’école de chimie de l’Institut National Polytechnique de Toulouse que préside notre collègue M. Gilbert CASAMATTA. Pour toutes les victimes et pour leur mémoire, je vous invite à bien vouloir observer une minute de silence. Revenons maintenant à notre ordre du jour. Avant de vous dire quelques mots sur les projets d’avis, je souhaite la bienvenue à M. Gérard CASSAGNE qui remplace au titre du 2ème collège notre désormais ancien collègue M. François BARBEROUSSE qui a cessé ses fonctions ; bienvenue également à M. Jacques PECH qui remplace pour le 2ème collège M. Serge LOPEZ qui a lui aussi cessé ses fonctions. Tous deux représentent l’Union régionale CFTC. Afin de remplacer M.BARBEROUSSE qui était membre de notre Bureau, je vous propose d’élire son remplaçant au sein de la CFTC M. CASSAGNE qui a fait acte de candidature. Je vous demande d’exprimer votre vote à main levée. Par ailleurs, l’assemblée donne mandat au Bureau d’adopter une contribution au débat sur la réforme des collectivités locales dans l’attente du projet d’avis qui sera soumis au débat et au vote lors de notre plénière du mois d’octobre 2009, ceci conformément à l’article 12 du règlement intérieur et à l’article R4134-21 du code général des collectivités territoriales. Concernant le projet d’avis « la filière bois en Midi-Pyrénées », laissez-moi vous expliquer au préalable les contextes, local et national, dans lesquels il prend place ou dans lesquels on ne peut l’exclure, avant qu’il ne vous soit présenté plus en détail par le rapporteur.

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LA FILIERE BOIS La forêt française est la troisième plus vaste d’Europe. Elle occupe 30% de notre territoire national et génère 450 000 emplois. C’est par conséquent un atout considérable pour l’économie de nos territoires ; un atout qui pourtant demeure considérablement sous-exploité. La balance extérieure de la France pour l’ensemble de la filière bois et de l’ameublement affiche un solde négatif de plus de 6 milliards d’euros en 2008. Ainsi on dépense 6 milliards d’euros pour aller chercher du bois et de l’ameublement chez les autres alors qu’on l’a, à portée de main. Il s’agit là du deuxième poste de déficit commercial français après celui de l’énergie, d’où un véritable gâchis. Le massif forestier français a augmenté de moitié depuis 1950 et, au rythme actuel, la forêt conquiert la surface équivalente à un département chaque décennie. Seuls 60% de l’accroissement naturel annuel est prélevé chaque année. La forêt concerne 3,5 millions de propriétaires privés, un tiers de notre territoire national, deuxième poste de déficit commercial. En Midi-Pyrénées, la forêt occupe plus du quart du territoire (1 204 000 ha), ce qui place la région à la 3ème place nationale et à la 4ème position française par le volume de bois sur pied. Cependant la production régionale reste modeste puisque Midi-Pyrénées occupe le 5ème rang national au niveau de la collecte du bois commercialisé soit 2 750 000 m3 utilisés pour le chauffage domestique et les activités industrielles (ameublement, construction, emballage, pâte à papier…). Cette situation s’explique entre autres par le morcellement de la propriété forestière privée (82% des bois et forêts appartiennent à 338 000 propriétaires forestiers), aux difficultés d’exploitation sur la chaîne pyrénéenne. Une vraie filière économique : 22 000 emplois en Midi-Pyrénées La filière bois présente des enjeux en terme d’outil d’aménagement du territoire puisqu’elle compte 4200 entreprises et 22 000 emplois directs de proximité dans les zones rurales ou de montagne ainsi que des emplois induits. Ces emplois concernent la forêt et la sylviculture, la première transformation (sciages…), la deuxième transformation (secteur papetier, ameublement, bois dans le bâtiment, …), le recyclage des déchets (plaquettes, sciures…) ainsi que de nombreuses activités transversales. L’industrie papetière s’insère dans un marché mondial très cyclique et soumis à de multiples variations ; c’est un secteur à part dans la filière bois. C’est une industrie lourde, très concentrée, dans laquelle les groupes français et étrangers contrôlent en 2004 un tiers des entreprises régionales. En 2004, les entreprises du secteur réalisent un tiers de leur chiffre d’affaires à l’exportation. Cette industrie est localisée dans le sud de la région. La Haute-Garonne et l’Ariège emploient 80% des salariés du secteur. Il y a trois principales unités de transformations (la pâte à papier de Saint-Gaudens (Usine Tembec) pour les papetiers fabricants de papiers couchés, le papier de Saint-Girons (Usine de Ledar) destiné au papier journal utilisé par la presse quotidienne et, les panneaux de fibre de Labruguière utilisés en ameublement, produits automobiles…). L’utilisation du bois, c’est également un outil de maîtrise de l’énergie et de lutte contre l’effet de serre. Le bois-énergie est avec l’hydroélectricité la plus importante source d’énergie renouvelable en France. Il fournit 85% de l’énergie thermique renouvelable. Le matériau bois et ses dérivés représentent en France 9% de la valeur des matériaux bruts consommés par le secteur du bâtiment et des travaux publics en France, alors qu’il représente 15% en Allemagne et 35% en Amérique du Nord.

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Une stratégie industrielle pour la filière bois Le CESR considère qu’il est urgent de procéder à la structuration de la filière bois régionale, ce qui passe par l’établissement d’un plan filière bois ambitieux. Pour cela, le CESR propose que la Région coordonne avec l’État (Commissariat à l’aménagement des Pyrénées, Commissaire à la ré-industrialisation, DRAAF…) une mission permanente pour le développement et pour l’élaboration de ce plan, avec la participation de l’interprofession et de tous les acteurs de la filière (collectivités et partenaires sociaux). Ce plan, pour être efficace, devra rassembler l’ensemble des acteurs (recherche, entreprises, institutions…). L’interprofession du bois en Midi-Pyrénées (Midi Pyrénées Bois) devra avoir un rôle majeur. Le CESR souhaite également que le projet de structuration de la filière bois régionale débouche sur des résultats satisfaisants en faisant participer tous les acteurs (nationaux, régionaux, professionnels et syndicaux) et notamment les commissions compétentes du Conseil Régional. En outre, afin de dynamiser cette filière, il serait également souhaitable d’augmenter le pourcentage de bois utilisé dans la construction en général, mais également promouvoir la construction bois dans la région. Nous avons demandé à la Région un audit sur la crise que connaît l’industrie du meuble dans le Nord-Est de Midi-Pyrénées pour aider les mutations de ce secteur et apporter une aide à l’innovation. Les mesures décidées par l’Etat : pour un développement de la filière bois au niveau national La filière bois doit surmonter la crise mais aussi les conséquences de la tempête Klaus. L’Etat a décidé de prendre des mesures pour favoriser le développement de la filière bois, une filière bois qui doit être organisée. C’est le Président de la République, le 19 mai dernier, qui a présenté lors de sa visite du premier site de sciage français (SIAT BRAUN) à Urmatt dans le Bas Rhin ces mesures. Un comité de suivi sera institué pour suivre ces mesures. Ces mesures sont les suivantes : - Fournir d’ici à 2020 23% de la consommation énergétique de la France grâce à des énergies renouvelables au lieu des 9% actuels (adoption du paquet « climat-énergie » sous la présidence française de l’Union européenne). C’est un effort immense pour la filière bois car la filière bois doit fournir à elle seule un tiers de cet effort, soit l’équivalent de l’énergie produite par 6 centrales nucléaires. L’Etat, suite au rapport produit par le Ministre Jean PUECH, engagera un plan d’action sans précédent en faveur de la valorisation de la forêt française, une valorisation stratégique pour la lutte contre le réchauffement climatique, pour l’avenir des territoires ruraux, pour l’économie de la France. Le bois est une gigantesque source de croissance durable ; - 600M€ de prêts bonifiés sont prévus pour financer le stockage de bois et les décrets qui y sont relatifs sont publiés ; les premiers prêts devaient être octroyés par les banques avant fin mai. Un petit rappel : dans le Sud-ouest, la tempête Klaus a provoqué de très lourds dégâts, 45 millions de mètres cubes de bois ont été abattus. En Midi-Pyrénées, c’est 1,8 million de mètres cube de bois, répartis sur 7 000 à 8 000 hectares de forêt qui a été touché. Après une concertation avec les organisations professionnelles régionales de la filière bois, la Région Midi-Pyrénées a prévu la mise en oeuvre de 4 mesures fortes (le renforcement pendant deux ans des moyens en personnel des structures de la filière forêt bois, une aide exceptionnelle à la création ou à la réhabilitation de stockages longue durée des chablis, une aide

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exceptionnelle au transport de bois sur moyennes et longues distances, une aide à la mobilité des travailleurs). Les deux premières mesures seront co-financées avec l’Etat. Au total, environ 2 millions d’euros seront consacrés par la Région à ces dispositifs. Ces aides s’adressent aux acteurs de la filière bois, notamment les scieries et les industries de la trituration, en particulier Tembec ou encore la Tarnaise des Panneaux, fortement affaiblies par la crise économique actuelle. Ce sont ces entreprises qui doivent contribuer au dynamisme économique de la région ; - un renforcement du tissu industriel de valorisation du bois. Avec 2000 scieries françaises dont 300 assurent plus de 85% de la production nationale, on constate qu’aucune entreprise française n’est présente dans les vingt premières entreprises de sciage européennes. Par conséquent, la mise en place d’un fonds stratégique d’investissement (environ 100M€) aidera au développement et à la consolidation des entreprises de bois, afin de faire émerger un tissu d’entreprises de taille suffisante. Son cœur de cible concernera les entreprises du secteur de la construction bois et de la valorisation énergétique du bois. Dès cette année, c’est 20M€ qui seraient débloqués ; - le développement de l’utilisation du bois dans la construction, pour développer des logements plus respectueux de l’environnement, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre et répondant aux engagements européens de la France. En France, on a une consommation de bois dans la construction trois fois moindre que les Etats-Unis et cinq fois moindre que la Finlande ou le Japon. Dès 2010, il faudra multiplier par dix le seuil minimum d’utilisation de bois dans les constructions neuves et l’Etat s’engagera à promouvoir la certification et l’emploi de bois certifié dans les constructions publiques. Pour notre région Midi-Pyrénées, il s’agit là d’une formidable opportunité pour développer notre filière et profiter de ce marché de la construction qui peut prospérer à nouveau après un petit ralentissement dû à la crise économique actuelle. - une modification fondamentale de la gestion de la forêt pour répondre à la demande croissante de bois. La récolte du bois est insuffisante, il faudrait une augmentation de 50% en dix ans. Notons que 70% de la forêt française est détenue par des propriétaires privés. Or plus de la moitié de l’accroissement naturel non mobilisé y réside. II est envisagé que l’ensemble des aides publiques octroyées par l’Etat et, des allègements fiscaux existants sera conditionné à l’exploitation effective de la forêt. Donc une fiscalité au service des propriétaires qui exploitent leur forêt. - La recherche et l’innovation doivent aussi participer au développement de la filière du bois. Cette politique des pôles de compétitivité est relancée par une enveloppe de 1,5 Mds € sur les trois ans qui viennent (c’est le rôle d’Agrimip Innovation avec le projet Prepilpat) Le projet d’avis présenté par le CESR s’inscrit dans l’objectif de ces mesures, à savoir le développement de la filière bois avec une stratégie industrielle qui oblige à des résultats. Quelques mots pour conclure sur le contexte économique et social L’aéronautique Le salon du Bourget a connu quelques frémissements pour les commandes enregistrées par les sous-traitants, même si nous n’avons pas été confronté à la compétition Boeing-Airbus sur les records de commande comme lors des précédents salons, Airbus a confirmé qu’il avait 3500 avions à produire pour les cinq prochaines années. Les craintes restent pour la pérennité des emplois industriels en raison des pressions fortes sur toute la sous-traitance sur les prix et la volonté d’aller chercher les produits dans les pays à bas coût.

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Les retards des Etats européens pour la mise en fabrication de l’avion militaire A400M ajoutent à la confusion et montrent aussi la difficulté d’une stratégie industrielle européenne sur un produit hyper-sophistiqué. Et pourtant nous n’avons pas le choix, aucun pays ne peut financer seul un tel avion. Pôle de compétitivité Aerospace Valley Le contrat de performance du pôle de compétitivité Aerospace Valley a été signé par le Ministre de la défense Hervé MORIN, les Présidents de Région, les Présidents des communautés d’agglomération et Jean-Marc THOMAS. Il faut que l’argent de la recherche permette de maintenir et de créer des emplois dans nos deux régions. Les pôles à vocation mondiale doivent voir aussi leurs moyens renforcés. Un plan de développement pour la nouvelle chimie en Midi-Pyrénées Pour sortir la Région Midi-Pyrénées et plus encore l’aire urbaine de Toulouse de la situation de mono-industrie qui a conduit il y a vingt cinq ans la Lorraine à la faillite, il faut faire les efforts nécessaires en s’appuyant sur la recherche pour diversifier notre potentiel industriel. C’est le sens du rapport adopté le 17 octobre 2007 par notre assemblée en faveur d’une nouvelle chimie en Midi-Pyrénées qui représente 20 000 emplois. Depuis janvier 2007 a été créée une Association de Préfiguration de la Maison Européenne des Procédés Innovants, pour l’élaboration d’une plate-forme technologique dédiée à la démonstration industrielle et aux essais pilotes dans les domaines de la chimie, pharmacie, chimie verte et nanotechnologies. Cette implantation localisée à proximité du cancéropôle a le soutien des industriels concernés, de la communauté scientifique et notamment de l’école de chimie de l’Institut National Polytechnique que préside notre collègue Gilbert CASAMATTA. Le projet figure précisément dans le contrat de projets Etat-Région signé en mars 2007. Le gouvernement s’est engagé fortement sur ce dossier cité dans le cadre du plan de relance prévoyant l’engagement financier d’un million d’euros en 2009, deux millions en 2010 et un million en 2011. Il est soutenu par la communauté d’agglomération du Grand Toulouse, l’Europe, la CCIT et le CESR (avis d’octobre 2007 sur la chimie). Au plan juridique, une société par actions simplifiées (SAS) sera créée en septembre 2009 après délibération des quatre actionnaires : - la SNPE Matériaux Energétiques (SME), - l’Institut National Polytechnique, - la Caisse des Dépôts, - la Société de Conseil ITEMS.

La Région Midi-Pyrénées doit être partenaire de ce projet car d’autres régions se mobilisent (c’est déjà le cas en Rhône-Alpes ou en Lorraine) pour pouvoir bénéficier à Toulouse d’une plate-forme technologique favorisant, l’innovation, la recherche et le transfert dans les domaines que j’ai indiqué et qui positionnera ce projet au cœur du développement économique durable.

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Le Cancéropôle Dans quelques jours, le 8 juillet 2009, nous pourrons inaugurer le très beau centre de recherche construit par le groupe Pierre Fabre sur le site du Cancéropôle. La Ministre de la santé posera également la première pierre de l’hôpital qui sera construit sur le site. Je tiens en votre nom à saluer ce très beau projet, symbolisant un Partenariat Public (Etat-Collectivités-Privé) dont une fois encore le groupe Pierre Fabre premier industriel présent sur le site avec un très bel ouvrage moderne qui abritera 700 chercheurs, merci cher Manuel SERDAN pour votre engagement sur ce projet, transmettez notre reconnaissance au Président Pierre FABRE. Plan régional « soutenir l’activité et préparer l’avenir Le Président de Région, Martin MALVY, présentera à l’assemblée plénière du Conseil Régional du 25 juin 2009 un plan intitulé « soutenir l’activité et préparer l’avenir ». Ce plan comporte un certain nombre de mesures qui touchent à l’économie, l’innovation, la formation, l’emploi, le développement durable et les actions climat, mais aussi une participation à la commande publique impulsée par la Région notamment en faveur du réseau routier national, l’accélération des investissements pour le Plan Rail et une majoration des taux d’intervention de la Région pour des investissements réalisés par les collectivités locales. Le Président de Région m’a autorisé à vous en faire part. Le détail sera présenté aux élus, il sera communiqué à tous les conseillers. Devant les difficultés que connaît notre pays, la Région Midi-Pyrénées prend aussi des initiatives pour aider l’économie régionale, les entreprises, les salariés (programme Qualification Plus) ainsi que les collectivités. Le CESR ne peut qu’apporter son soutien aux initiatives proposées par le Président MALVY. Routes nationales en Midi-Pyrénées : déblocage de la situation Le Conseil Economique et Social Régional prend acte avec satisfaction des engagements annoncés par le Ministre de l’Ecologie, de l’Environnement et du Développement et de l’Aménagement Durable, Jean-Louis BORLOO, qui a signifié par lettre à Monsieur le Préfet de Région des financements de l’Etat pour les routes nationales en Midi-Pyrénées. Le Président de Région voit sa demande d’aide de l’Etat sur le plan rail prise en compte à hauteur de 100 millions d’euros, en contrepartie la Région s’engage pour un montant de 200 millions d’euros. C’est une décision courageuse et nécessaire pour rattraper nos retards. 340 millions de l’Etat, 200 millions de la Région, soit 540 millions, il faut 750 millions pour réaliser les travaux de modernisation sur les axes retenus par le gouvernement. Les Conseils Généraux de l’Aveyron, du Tarn, de la Haute-Garonne, du Gers et de l’Ariège seront sollicités avec les communautés d’agglomération à hauteur de 210 millions d’euros. Le Préfet de Région a engagé la concertation pour chaque programme de modernisation des itinéraires routiers pour envoyer la maquette financière au MEDAD avant le 15 juillet 2009. Le Conseil Economique et Social Régional doit se réjouir de ces décisions. Le Plan Rail et la route se complètent au service du développement économique et durable et de la cohésion sociale et territoriale de Midi-Pyrénées.

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L’axe Toulouse-Castres est confirmé en concession autoroutière, la procédure de débat public commencera à l’automne. Ces investissements serviront à renforcer le développement local et à sécuriser les itinéraires, ils sont conformes au principe du Grenelle de l’environnement. Sur ce sujet aussi nous avons eu raison de ne pas renoncer. Enfin, j'adresse mes félicitations à notre collègue M. Gilbert CASAMATTA, professeur des universités, Président de l'Institut National Polytechnique de Toulouse, qui se verra remettre ce soir par le Recteur de l’Académie de Toulouse, M. Olivier DUGRIP, la médaille de Chevalier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur.

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Intervention de Monsieur Eric LALANDE Rapporteur

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, Chers collègues, Avant de commencer mon propos, je veux rendre hommage à un homme en particulier, cet homme, je m’en souviens très bien, comme si c’était hier. Il est apparu, « sortant du bois », et a ouvert la séance lors de laquelle j’ai trouvé ma place au sein de notre assemblée. Je lui suis très reconnaissant pour sa persévérance à défendre depuis plusieurs années l’intérêt général du secteur forestier et du bois. Jean de GALARD, c’est de toi qu’il s’agit, toi qui es en amont de la filière. Moi, nouveau conseiller, du bas de la filière bois, je t’exprime ma gratitude pour ton aide précieuse lors de nos séances de travail. Je tiens aussi à remercier le Président Jean Louis ROBARDEY pour sa bienveillance à mon égard et je souhaite ici saluer sa rigueur et sa vigilance dans le pilotage de nos travaux qui ont permis d’atteindre l’objectif dans les délais impartis. Merci également aux personnalités auditionnées, aux personnes extérieures qui ont contribuées à cet avis, à mes collègues du Groupe de travail et de la Commission 2, pour leur soutien et leur implication dans ce dossier. J’associe à cette reconnaissance, la Direction et l’ensemble des collaborateurs du CESR dévoués et engagés pour aboutir au meilleur résultat. L’avis est donc terminé ! En fait le travail commence… Cette assemblée plénière, ne marque pas la fin d’un cycle, mais son début pour passer d’un ensemble hétérogène « d’acteurs et de massifs forestiers », à une filière bois Régionale homogène et cohérente qui rayonne. Ces derniers temps et depuis que nous avons commencé cet avis, vous l’avez certainement entendu ou vu ; beaucoup de choses ont été dites et écrites sur la filière bois. Cet avis arrive à point nommé, car plus tard ou plus tôt il n’aurait pas eu sa place. Depuis quelques années la tendance vis-à-vis du gisement forestier a bien changé, peu de personnes, même initiées, pouvaient jusqu’alors prédire le rôle et la multiplicité des usages possibles de la biomasse forestière dans l’aventure humaine qui se profile à l’horizon. Au-delà de ces prises de conscience, l’essentiel maintenant est de canaliser notre énergie et nos moyens pour agir de façon adéquate sur les bonnes choses afin de parvenir aux meilleurs résultats. Il y a urgence et le temps presse. L’avis en tant qu’écrit « intellectuel » ne doit pas faire de nous des analystes figés, au contraire il doit être un outil et un guide qui incite à l’action. Nous y avons donc brossé un état des lieux de la forte potentialité de la filière bois de Midi Pyrénées. Cet état des lieux s’appuie sur une base existante qui durant notre calendrier a subi des pressions fortes, du fait d’évènements tels que la crise économique et la tempête Klaus, les effets des assises de la forêt et ceux du Grenelle de l’environnement pour ne citer que ceux

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là. Nous avons dû sans arrêt réactualiser ou intégrer les données nouvelles qui nous parvenaient, ce qui fut ardu mais aussi très enrichissant. Parmi ces récentes évolutions, je veux attirer votre attention sur un point important. Notre engagement et notre calendrier de travail ont été à contretemps d’un événement national majeur lors du bouclage de cet avis. Il s’agit du rapport de Monsieur le Ministre Jean PUECH et de la récente position du Président de la République sur la Filière Bois. Malheureusement nous ne pouvions décemment l’étudier, ni même rédiger et valider collégialement un chapitre pour l’intégrer sereinement dans notre avis. Dès lors, nous avons fait le choix de ne pas traiter le dossier national à la hâte. Cette décision ne signifie en aucun cas une déconsidération de ces travaux et des orientations déclarées le 19 Mai 2009 en Alsace par le Président Nicolas SARKOZY, bien au contraire. Vous pourrez donc le constater, notre analyse se recoupe à plusieurs niveaux avec celles d’autres actions, rapports ou avis qui font actuellement autorité. Je vous propose maintenant de découvrir à l’aide d’un diaporama les points principaux de l’avis. Monsieur LALANDE présente l’Avis. Ce qui est capital dans cet avis, c’est qu’il invite à résoudre les points de blocage, qu’il a la volonté de rapprocher les femmes et les hommes autour du fort potentiel de la filière bois et qu’il incite à passer à l’action : une action qui devra être pensée et calibrée spécifiquement pour la Région Midi-Pyrénées. La vraie valeur ajoutée que nous sommes déterminés à transmettre avec cet avis, c’est que Midi Pyrénées peut et doit réussir à relever ce défi. Un défi original par certains aspects que l’on ne retrouvera nulle part ailleurs en France, car le contexte est nulle part ailleurs le même. Nous avons notamment deux handicaps majeurs liés à ce contexte :

Premièrement, pas un seul massif concentré ; mais des massifs forestiers éparpillés aux quatre coins cardinaux de Midi-Pyrénées qui mobilisent moins bien la ressource.

Deuxièmement, des paliers de transformation qui sont déconnectés les uns des autres et qui s’ignorent, avec comme conséquence, quelques années de retard sur d’autres régions forestières…

Aujourd’hui, ces éloignements et ces retards doivent être considérés positivement. Ils nous permettent de tirer des leçons du passé. Cette situation doit surtout nous motiver pour créer un modèle efficient et durable. La grande diversité et l’étalement de la biomasse forestière sur l’ensemble du territoire permettent d’unifier notre grande Région dans un projet global qui renforcera notre culture commune. Avec la richesse de la biomasse respectée, du savoir faire et les valeurs des femmes et des hommes de métiers unis dans l’action, soutenus par nos fleurons scientifiques et industriels, transformons ces obstacles en avantages.

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Ce grand et noble défi qui s’offre à nous, c’est celui d’unir toutes les forces vives sectorielles et territoriales autour d’un projet ambitieux qui donne des perspectives pour tous, autour de la filière bois dans l’unité identitaire, midi-pyrénéenne. Messieurs les Présidents, chers collègues, à tous les acteurs impliqués par cet avis, je lance aujourd’hui un appel fort à relever le défi. Aujourd’hui la filière bois Régionale de Midi- Pyrénées n’existe pas. Élaboré par la Commission 2 et par le Groupe de Travail, l’avis «La filière bois en Midi-Pyrénées » invite à la construire.

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Déchets : Plaquettes, sciures… Déchets : Matériaux en fin de vie

INTRODUCTION GÉNÉRALE Dans le dictionnaire, une des définitions du mot filière indique que c’est l’ensemble des activités, des industries, relatives à un produit de base. Dans la filière bois le produit de base est donc l’arbre et plus globalement la forêt et nous ne pourrons parler de véritable filière que si l’on peut constater une mise en réseau cohérente et efficace de l’ensemble des agents économiques du territoire considéré dont l’activité est de produire, de gérer, de mobiliser, de commercialiser et de mettre en œuvre des produits en bois ou dérivés du bois. A ces agents s’ajoutent ceux dont l’activité est, pour tout ou partie, en interdépendance avec ce cœur de filière (ex : centre de recherche, de formation…). Plus précisément, la filière bois est constituée de plusieurs niveaux que l’on retrouve dans le schéma suivant (hors transversal) :

Récolte

Bois d’industrie Bois d’ œuvre Bois de feu

Sciages

Panneaux

Produits connexes

Papier

Pâte à papier

Bois pour le bâtiment Meubles/ameublement Carton

Recyclage : procédé par lequel les matériaux en fin de vie issus du bois, sont réutilisés en tout ou en partie

Aménagement Menuiserie Emballage, presse, imprimerie

Forêt & sylviculture

1ère Transformation

2nde Transformation

Structures

Sylviculture

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La forêt et la sylviculture occupent une place majeure dans cette filière. Elles fournissent le matériau bois nécessaire à la deuxième transformation après, pour la majorité des cas, son passage en scierie (première transformation). Mais une première difficulté caractérise notre région car on constate que certaines zones sont difficiles et parfois même très difficiles d’accès. Cette particularité, couplée au morcellement dû à la multiplication des petits propriétaires, ne permet pas une exploitation optimale et durable de la forêt midi-pyrénéenne. S’agissant de la première transformation (scierie…), elle occupe une place économique non négligeable dans notre région. L’industrie du sciage, est un maillon clé de la filière. Représentée majoritairement par des petites unités, celle-ci a tendance à produire un bois non conforme aux attentes de la deuxième transformation (construction…). Dans la deuxième transformation, le secteur de la construction et du papier sont ceux qui emploient le plus de salariés. Ils génèrent de nombreux emplois induits et participent fortement à la dynamique économique locale. Actuellement, ces secteurs, auxquels se rajoute celui du meuble, sont soumis à une concurrence internationale de plus en plus exacerbée. Jusqu’au XXème siècle, on pouvait parler de « filières bois locales par massifs » en Midi-Pyrénées. D’un point de vue historique et logique, il y avait un lien naturel cohérent et fort entre la première et la deuxième transformation sur chaque terroir forestier. Mais actuellement, l’importation massive de bois, essentiellement en provenance de pays du nord, concurrençant la ressource locale, a remis en question ce mode d’organisation. Au long de la préparation de cet Avis, le CESR a pu constater que Midi-Pyrénées ne dispose pas d’une filière bois au sens propre du terme. Elle semble principalement structurée autour de l’exploitation forestière et de la première transformation sur certaines zones géographiques forestières et une césure existe entre cette première transformation et la seconde transformation, mettant en péril l’existence de tous les acteurs. Au regard des nouvelles tendances, des alternatives possibles et des potentialités qui se profilent, le principal défi ne serait-il pas de tenter de recréer du lien entre ces secteurs d’activités et les territoires pour aboutir à une Filière Bois Régionale efficiente? Pour tenter de répondre à cette question, l’Avis du CESR Midi-Pyrénées se structure en deux parties : Une première partie dresse un état des lieux national et régional de la filière bois. Au moyen d’un certain nombre de données sectorielles (SESSI, Douanes, IFN…), cette partie révèlera l’importance de la filière bois nationale/régionale pour notre économie. Elle fournit ainsi des indications sur le potentiel de la filière locale. Une deuxième partie est consacrée à la réflexion et à l’analyse de la filière bois régionale. Celle-ci expose les causes et les raisons de son état actuel, en mettant en évidence ses forces et ses faiblesses ; elle débouche sur les préconisations, de nature sectorielles, que le CESR propose à la fois pour renforcer la filière bois et aussi pour la soutenir dans sa diversité et la structurer sur l’ensemble du territoire.

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1ère PARTIE :

État des lieux de la filière bois française

dans sa globalité

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I- Caractéristiques générales de la filière bois au niveau national I-1 Une filière importante… Sur le plan national, la filière bois emploie 173 000 salariés et réalise un chiffre d’affaire de 33 milliards d’euros dans des entreprises de 20 salariés ou plus. Celle-ci est renforcée par un artisanat puissant de 58 000 salariés qui dégage 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires. En termes d’emplois, cette filière, hors artisanat, représente autant que l’industrie automobile. Toutefois, son chiffre d’affaires est actuellement trois fois moins important. Par ailleurs, cette filière est implantée sur l’ensemble du territoire. Aussi, elle peut être qualifiée d’hétérogène puisqu’elle regroupe des activités relevant à la fois de l’agriculture, de l’industrie et des métiers. Depuis l’année 2000, on note le ralentissement de certaines de ses activités. Suite à cela, des suppressions d’emplois ont eu lieu comme dans l’industrie papetière (-15 000), ou encore celle du meuble (-10 000).

La filière bois

Effectif Employé

CAHT

M€

Entreprises < 20 salariés

Entreprises > ou =

à 20 salariés

Entreprises < 20 salariés

Entreprises > ou =

à 20 salariés Exploitations

forestières 6 861 1 477 1 119 432

Travail du bois

24 298 58 135 2 749 10 038

Meuble en bois

22 148 34 967 2 039 4 220

Papier-carton 4 928 78 550 695 18 646 Total 58 235 173 129 6 602 33 336

Commerce du

bois

6 759

11 266

1 965

3 666

Source : Sessi 2006, Scees, enquêtes annuelles d’entreprises, Insee, DADS, BIC

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I-2 …mais dont le solde extérieur se dégrade Le commerce extérieur des industries du travail du bois est déficitaire depuis de nombreuses années. Ce déficit s’aggrave en 2007 atteignant 1,7 milliard d’euros contre 0,8 milliards d’euros en 2000. L’ensemble des produits du travail du bois est concerné par cette diminution du solde commercial et l’activité des scieries est la plus touchée en raison d’une augmentation importante des importations. Consécutivement, le taux de couverture de cette industrie des sciages s’est fortement dégradé en atteignant 34% en 2006 contre 52% en 2000. Précisons que ce déficit s’est particulièrement amplifié avec l’Allemagne, en raison des tempêtes survenues dans ce pays en 2007. Cela a entraîné une augmentation importante des flux entrants de grumes d’épicéa, et dans une moindre mesure de pin. Pour l’essentiel, ces importations alimentaient principalement les scieries du nord-est de la France. Toutefois, pour certains produits, le solde des échanges est encore positif. C’est le cas des panneaux de fibres, ainsi que des panneaux de particules surfacés mélaminés, qui disposent d’un solde commercial toujours positif et ce, malgré une légère contraction en 2007. C’est également le cas des exportations d’emballages en bois et notamment de tonneaux qui voient leurs exportations progresser (augmentation de 4% en 2007).

Commerce extérieur du travail du bois

millions d’euros Exportation Importation Solde Commercial Scieries 522 1 537 - 1015 dont : bois sciés 367 1225 - 858

bois profilés 73 235 - 162 Panneaux de bois 1045 990 55

Contreplaqués 180 232 -52 Panneaux de particules 28 59 -31

Panneaux de particules surfaces mélaminés

418 220 198

Panneaux de fibres 336 318 18 Feuilles de placage 80 146 -66

Bois densifiés 3 15 -12 Charpentes et Menuiseries 192 514 -322

Portes et fenêtres en bois 47 143 -96 Panneaux pour parquets 53 69 -16

Eléments de menuiserie et de charpente en bois

60 182 -122

Bâtiments préfabriqués en bois 32 120 -88 Emballages en bois 440 251 189 Objets divers en bois 123 473 -350 Objets en liège, vannerie ou sparterie

60 349 -289

Industrie du travail du bois 2 382 4 114 -1 732 Source : Sessi, Douanes 2007 En dépit de cette détérioration du commerce extérieur des produits du bois, le marché intérieur reste assez peu pénétré par les importations. En effet, le taux de pénétration des importations atteint 30% en 2006, contre 26% en 2000.

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II- La forêt et la sylviculture Selon l’Inventaire Forestier National (IFN), un espace est qualifié de forêt ou forêt de production s’il répond à un certain nombre de critères : - avoir un couvert arboré supérieur à 10% ; - s’étendre sur une superficie supérieure à 5 ares ; - avoir une largeur minimale de 20m ; - posséder des essences forestières capables de dépasser 7 mètres de haut.

Une forêt de production est une forêt disponible pour la production de bois, c’est-à-dire où l’exploitation du bois est possible (sans considération de rentabilité économique) et compatible avec d’éventuelles autres fonctions. Aujourd’hui la notion forestière qui se limitait à l’arbre en tant que ressource bois a évolué vers l’arbre en tant que végétal. Il s’agit d’une considération plus large qui tient compte d’un certain nombre d’éléments de l’arbre qui n’étaient pas exploités à ce jour, et qui le seront probablement dans le futur. Parmi ceux-là, se trouve la nouvelle emprise forestière liée à la déprise agricole, qui est une croissance jeune qui ne peut être considérée qu’en terme de végétal. II-1 Un panorama de la situation française métropolitaine1

II-1-1 La forêt française La surface des forêts françaises atteint actuellement 15,5 millions d’hectares. Elle s’accroît fortement depuis la deuxième moitié du XIXème siècle. La forêt privée est majoritaire en France. Elle représente les trois quarts de la surface forestière métropolitaine, soit 11 millions d’hectares. Les forêts domaniales rassemblent 10 % de la surface forestière métropolitaine, le reste étant occupé par les autres forêts publiques, composées de forêts communales pour l’essentiel. En Europe, la France figure parmi les pays qui ont le plus fort taux de propriété forestière privée, derrière le Portugal et la Finlande. La part des forêts publiques a légèrement diminué depuis le siècle dernier, l’extension de la surface forestière privée est donc plus importante. Les forêts communales et autres forêts publiques non domaniales sont importantes dans l’Est (Alsace, Bourgogne, Franche-Comté et Lorraine) et rares dans l’Ouest pour des raisons historiques. Les forêts domaniales sont bien représentées dans le Nord de la France où elles occupent plus de 17 % de la superficie forestière totale (Basse-Normandie, Haute-Normandie, Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Île-de-France, Lorraine, Alsace). La forêt d’Orléans est le plus grand massif domanial de France avec une surface de 34 600 ha. La forêt privée représente plus de 80 % de la superficie forestière dans le Sud et l’Ouest de la France.

1 Source : - Inventaire Forestier National.

- Bianco J-L. (1998), La Forêt : une chance pour la France, la documentation française.

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Source : IFN 2005

Le volume de bois sur pied dans les forêts françaises est estimé en 2005 à 2,37 milliards de m3. Il a augmenté de 6,7 % en 19 ans. La capitalisation des bois sur pied se poursuit comme dans les autres grands pays forestiers européens. La forêt privée comprend 70 % du volume de bois sur pied. Les volumes à l'hectare sont plus élevés en forêt domaniale. La forêt française est surtout composée de feuillus : 63 % du volume sur pied et deux tiers de la surface boisée de production. Hormis le massif landais dominé par le pin maritime, les feuillus sont caractéristiques des zones de plaine et de piémont et les résineux, des zones de montagne et de la zone méditerranéenne. Les essences contribuant le plus au volume total sur pied sont les chênes sessiles et pédonculés pour 25% du stock, le hêtre 11 %, l'épicéa commun 8 %, le pin maritime et le sapin pectiné 7% chacun.

II-1-2 Sylviculture et exploitation de la forêt française La France est le 10ème producteur mondial de bois, et le 5ème exportateur de bois brut derrière les Etats-Unis, la Russie, la Malaisie et l’Australie. Depuis 1972, elle est exportatrice nette de bois brut. Elle est le 1er exportateur européen de grumes de feuillus tempérés, surtout dans les qualités supérieures. En revanche, la France est déficitaire pour les sciages, notamment de résineux. L’organisation de la récolte a subi une évolution importante au cours des vingt dernières années et pour l’essentiel, la réalisation en direct par les exploitants forestiers des opérations d’abattage, de débardage et de transport s’est fortement réduite. Plus fondamentalement, les activités salariées de la forêt disparaissent progressivement, au profit de leur sous-traitance à des bûcherons indépendants ou à des petites entreprises de travaux forestiers qui sont souvent unipersonnelles. Dans l’ensemble, la part de la récolte effectuée à façon et à l’entreprise est passée de 30 % en 1975 à 57 % en 1987, pour se stabiliser à environ 70 % depuis. Les exploitants forestiers achètent des coupes, c’est-à-dire des bois sur pied, les exploitent, puis utilisent souvent le bois dans leur scierie car 40 % des exploitants sont en même temps des scieurs. Ils en assurent également la commercialisation.

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Les entreprises de travaux forestiers sont de très petites entreprises, la plupart unipersonnelles ou de 1 à 2 salariés, qui dépendent totalement des donneurs d’ordres. Ces entreprises estiment subir une concurrence de la part de l’ONF (travaux en régie), des agriculteurs pluriactifs et des divers travailleurs en forêt2. A l’échelon national en 2006, les entrepreneurs de travaux forestiers regroupaient : - 7869 établissements - 9655 salariés à temps plein

La volatilité des entreprises et le turn-over des salariés sont considérables. Le taux de cotisation accident du travail salarié est élevé, ce qui est dissuasif pour l’embauche. Le recours au travail non déclaré est important, et l’accès difficile aux massifs complique les contrôles. Par ailleurs, la pénibilité, l’absence de reconnaissance et le fort taux d’accident de travail dissuadent les jeunes de se diriger vers ces métiers. Au total, 25 000 à 30 000 personnes effectuent régulièrement des travaux liés à l’exploitation forestière (prospection de la ressource, achat de bois, récolte-abattage, commercialisation du bois). L’emploi y est donc supérieur à celui de la sylviculture (18 000 à 20 000 personnes), mais relativement faible par rapport à l’ensemble de la filière (500 000 personnes). En Midi-Pyrénées, les entrepreneurs forestiers sont éloignés des grandes agglomérations et pour l’essentiel, les emplois sont localisés dans les espaces à dominante rurale. Plus précisément, les entrepreneurs des travaux forestiers sont des prestataires de services, ressortissants des CCI, mais affiliés au régime social agricole. Leurs activités s’orientent autour de3 : - l’abattage traditionnel - l’abattage mécanisé - le débardage - les travaux sylvicoles - le bois énergie

Notons que depuis près de 20 ans, les prix des prestations clients n’ont pas évolué alors que les coûts n’ont cessé d’augmenter. Cet élément accroît les difficultés des entrepreneurs forestiers.

II-1-3 Les aménités de la forêt

On ne peut évoquer la sylviculture et la forêt sans évoquer la question des aménités. Plus précisément, les aménités font référence au multi-usage de la forêt facilité par le développement des Chartes Forestières de Territoires (CFT). Elles se caractérisent par :

Le développement d’activités de loisirs en forêt : - les circuits de randonnée - l’offre d’activités sportives - la chasse

La valorisation des produits connexes et des fonctions de protection de la forêt : - protection des captages d’eau en forêt - gestion environnementale des cours d’eau

2 En effectuant moins de 1200 heures par an, ces derniers ne versent pas de cotisations sociales à la MSA. 3 Les 4 activités seront présentées en détails dans la seconde partie.

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En France, la forêt demeure une destination privilégiée pour la pratique des loisirs et, malgré l’absence de chiffres officiels, les scientifiques du Cemagref estiment à près de 600 millions le nombre de visites annuelles. Ce succès de fréquentation conduit à des choix de gestion forestière devant nécessairement intégrer l’accueil du public. Or, sur un plan économique, le choix est loin d’être neutre. Il induit des coûts, génère relativement peu de recettes directes, et crée une concurrence avec d’autres utilisations marchandes de l’espace. Pour certains, un équilibre pourrait être trouvé si l’on disposait d’une valeur économique (définie sur la base de coûts et de bénéfices) pour les services récréatifs4. II-2 La situation en Midi-Pyrénées5

II-2-1 Caractéristiques générales : une forêt importante, morcelée, parfois de qualité médiocre et souvent difficile d’accès

La forêt en Midi-Pyrénées couvre une surface de 1 204 000 hectares. Les superficies en bois, forêts et peupleraies occupent près de 30 % du territoire régional. Les 3/4 sont des feuillus. Malgré un faible accroissement par hectare, Midi-Pyrénées occupe la 3ème position par son étendue et la 4ème position française par le volume de bois sur pied. Midi-Pyrénées occupe le 5ème rang national au niveau de la collecte de bois commercialisé. Il est à noter que notre région est la 2ème région productrice de feuillus en France et la 10ème pour les bois résineux. Le taux de boisement varie d’un département à l’autre (12,1 % dans le Gers à 40,8 % en Ariège). Les superficies les plus importantes se situent en Aveyron, puis dans le Lot et en Ariège. En Midi-Pyrénées, les surfaces boisées sont en constante progression (entre 0,2 et 0,3 % par an).

Départements Surface

forestières (milliers ha)

Taux de boisement

Volume totale de bois vif sur pied (milliers de m3)

Production biologique annuelle (milliers de

m3/an) 09 - Ariège 201 40,8 % 22 380 800

12 - Aveyron 246 28,0 % 26 250 1 080

31 – Haute Garonne 125 19,7 % 18 200 690

32 - Gers 77 12,1 % 11 780 450

46 -Lot 202 38,6 % 19 230 660 65 – Hautes

Pyrénées 131 29 % 22 420 820

81 - Tarn 164 28,3 % 19 960 990

82 – Tarn et Garonne 58 15 ,4 % 7 250 290

Midi-Pyrénées 1 204 26,3 % 147 470 5 780 Taux de boisement et surfaces boisées (Source IFN)

4 Source CEMAGREF. 5 Source : INSEE 2008, Rapport CESR 2005.

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Les principales essences feuillues sont les chênes pédonculés et rouvres et pour les conifères, les sapins et les épicéas, avec une prédominance des conifères dans le Tarn (20%) et en Aveyron (14%). Midi-Pyrénées concentre 13 % des surfaces boisées hors des forêts, jusqu’à 20% dans le Gers. Il s’agit de bosquets, d’arbres isolés, d’alignements d’arbres et de haies boisées. On dénombre 1 087 000 ha de forêts dites de production et de petits massifs, dont :

- 833 000 ha de taillis, soit 76,6 % - 246 000 ha de futaies productives hors peupleraie, soit 22,6 %; dont 100 000 ha de reboisements, soit 9,2 % réalisés à l’aide du Fonds Forestier National - 8 000 ha de peupleraies, soit 0,8 %.

Carte des boisements (source : Midi-Pyrénées Bois)

Le « bois énergie » est en hausse depuis quelques années et concurrence les autres utilisations. La part des forêts certifiées en gestion durable (Programme Européen des Forêts Certifiées

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PEFC, Forest Stewardship Council FSC)6 reste faible (21 %) malgré une augmentation continue depuis trois ans. Parmi les types de bois récoltés, les « bois d’œuvre » sont en forte hausse, sous l’effet d’une progression du volume des conifères, alors que les « bois d’industrie » (trituration) progressent plus faiblement. De nombreuses difficultés pèsent sur le prélèvement, notamment en raison du morcellement parcellaire de la propriété forestière et des difficultés de mobilisation de la ressource en montagne. A l’évidence, les difficultés de mobilisation de la ressource sont liées au fait que dans les zones montagneuses, les machines forestières ainsi que les camions de transport accèdent difficilement à certains points d’exploitation.

II-2-2 Origines de la ressource7 Les forêts privées représentent 82 % (987 280 ha) des terrains boisés et sont fortement morcelées entre 338 000 propriétaires privés. La forêt domaniale représente 84 280 ha. La part communale, quant à elle, s’élève à 132 440 ha. Près de la moitié de la surface forestière régionale est détenue par 85% des propriétaires disposant de moins de 10 hectares.

Forêt privée82%

Forêt domaniale7%

Collectivités11%

Source : DRAAF Midi-Pyrénées, décembre 2007

II-2-3 La ressource forestière de Midi-Pyrénées8 La forêt de Midi-Pyrénées est majoritairement feuillue (84 % de la surface). Le bois d’œuvre y est limité. Plus de 700 000 hectares sont constitués de peuplements mélangés à base de taillis, de potentialités très inégales et aux débouchés très diverses (industrie, bois de feu).

6 Les bois certifiés provenant de forêt gérée durablement sont ceux qui bénéficient d’un des deux systèmes de certification actuellement reconnus en France : FSC ou PEFC. La certification implique :

a. que le propriétaire de la forêt dont sont issus les bois soit certifié, b. que l’entreprise d’exploitation forestière ait mis en place sa chaîne de contrôle et obtenu sa certification, c. que les bois soient vendus sous la désignation de produits certifiés.

7 Source IFN. 8 Source : Auditions CRPF, Midi-Pyrénées Bois.

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Les Feuillus

- Le bois d'industrie (bois de trituration et bois de feu) :

Ce sont des volumes issus de boisements morcelés et de taillis le plus souvent appartenant à des propriétés privées. Ils sont constitués d'essences très variées : - les chênes représentent environ 40 % - les châtaigniers représentent environ 20 % - les autres essences (hêtre, frêne, charme ...) ne représentent que des faibles quantités, et ne sont mobilisées que parce qu'elles se trouvent mélangées avec les essences précédentes. En Midi-Pyrénées9, la production de bois de feu est de 2,2 millions de m3. C’est le premier débouché de bois issu des feuillus. La consommation de ce bois se stabilise et depuis plusieurs années, les consommations des agriculteurs vers les ruraux non agriculteurs ne cessent de s’accroître. En 1982, 26% de ces derniers se chauffent principalement au bois. Ce chiffre augmentera relativement en 1996 en atteignant les 39%. S’agissant de la consommation des citadins, elle triple sur la même période. En 2004, le volume de bois destiné au chauffage10 progresse fortement situant notre région parmi les premières utilisatrices de bois énergie avec les régions de l’est de la France. De manière générale, cette hausse continue de la consommation « bois feu » semble liée à l’augmentation du prix du pétrole, à l’insertion dans les pavillons du « tout électrique » ainsi qu’à la multiplication de chaudières bois dans les zones rurales ou péri-urbaines.

- Le bois d' œuvre :

Il s’agit de futaies de chêne et de hêtre, pures ou en mélange avec du sapin (au sud) ou avec d'autres feuillus (au nord). On le trouve dans une proportion plus importante dans la forêt publique (gérée par l’Office National des Forêts) mais il est localisé sur des pentes importantes (> 30 %).

- La peupleraie (majoritairement privée) :

Avec 200.000 m3/an en moyenne, le peuplier constitue la première essence régionale exploitée en Midi-Pyrénées. Cela représente 25 à 30 % des volumes de bois d' œuvre exploités (au niveau national, ce taux n'est que de 14 %). Il se situe à la 1ère place des exploitations de bois d' œuvre de feuillus, loin devant le chêne (100 000 m3/an environ).

Les résineux :

- Les bois d'industrie (bois de trituration et petits sciages)

Ces volumes, qui se trouvent surtout dans le Tarn, l'Aveyron et l'Ariège, sont actuellement bien mobilisés. Ils sont utilisés par les scieries et les usines de trituration locales (Matussière et Forest à Saint-Girons) et même extérieures à la région (Cellurhône à Tarascon dans le Gard).

9 Source : Solagro. 10 Une présentation détaillée sur le « bois énergie » en Midi-Pyrénées peut être consultée en annexe 1.

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- Les bois d' œuvre

Les volumes disponibles aujourd'hui sont situés dans les Hautes-Pyrénées, l'Ariège, dans le Tarn et le nord de l'Aveyron. Ils sont sous forme de futaies régulières au nord (pins et sapins du nord) et en mélange avec du hêtre au sud.

Les principales essences

Essences Part de la surface

Chêne rouvre, pédonculé 28 %

Chêne pubescent 25 % Hêtre 13 %

Châtaignier 9 % Autre feuillus 10 % Sapin-Epicéas 5 %

Pins 5 % Douglas 3 %

Autres résineux 2 % Source : Midi Pyrénées bois L’essence la plus représentée en Midi-Pyrénées est le chêne (rouvre, pédonculé, pubescent), recouvrant 53 % de la surface boisée, suivi du hêtre que l’on rencontre surtout en montagne. Le châtaignier est présent dans tous les départements, surtout en Aveyron. En ce qui concerne les résineux, le sapin et l’épicéa sont les plus représentés, surtout en montagne pour le sapin, et dans le Tarn, l’Ariège et l’Aveyron pour l’épicéa. Le douglas est une essence en développement dans le Tarn et l’Aveyron. Dans la catégorie des pins, nous remarquerons, le pin noir (Aveyron et Lot), le pin maritime (Lot et Gers) et le pin laricio (Tarn, Haute-Garonne et Gers).

II-2-4 La récolte11 Midi-Pyrénées occupe le 5ème rang national au niveau de la collecte de bois commercialisé, soit 1,5 millions de m3 (voir tableau ci-dessous) auxquels s'ajoute l'autoconsommation estimée à 0,9 million de m3. Avec un accroissement annuel de la ressource estimé à 3,4 millions de m3 (soit 3 m3/ha/an), la récolte se situe à 44 %12 de l'accroissement du bois sur pied.

11 Source CRPF et Agreste. 12 Pour la part récoltée, la totalité de l’arbre libère 70% du potentiel utilisable en bois d’œuvre, les 30% restants peuvent être orientés en bois énergie. L’autre part, végétale (feuilles…), peut être consacrée à la valorisation industrielle comme la chimie verte ou la production d’engrais, mais une proportion suffisante doit être associée au retour au sol : « humus ».

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La récolte en Midi-Pyrénées se répartit comme suit :

Bois d’œuvre

Bois d’industrie

Grumes feuillus

Grumes conifères

(i) Tttal

Feuillus Conifères (ii) Total

Total bois de

feu

Total exploitation

forestière

Midi-Pyrénées 213 14,2%

487 32,4%

700 46,6%

412 27,4%

163 10,8%

575 38,2%

228 15,2%

1503 100%

France

métropolitaine 6076

16,9% 14802 41,1%

20878 58%

5413 15%

6805 18,9%

12218 33,9%

2917 8,1%

36013 100%

Récolte de bois en Midi-Pyrénées en 2005. Unité : millier de m3 ronds sur écorce

(Source : Statistiques forestières 2007- Agreste Chiffres et Données Agriculture n° 196) III- Etat des lieux national de la première et deuxième transformation13 III-1 L’industrie du sciage : principale activité de la première transformation14

Le sciage est une industrie de main-d’œuvre pour laquelle les frais de personnels représentent 50 % de la valeur ajoutée. Elle emploie environ 22 000 personnes en France, dont 19 000 situées en milieu rural. Elle se caractérise par une dualité entre deux secteurs. D’une part, les scieries compétitives sur le marché international, modernisées. Quelques-unes d’entre elles dépendent de grands groupes (Monnet-Sève en Rhône-Alpes), souvent papetiers (Braun en Alsace, Escobois en Aquitaine). Un deuxième secteur : les petites scieries, essentielles à la vie locale, qui produisent chacune quelques centaines de m3 par an. Le mouvement de concentration a été fort (division par 2 du nombre d’entreprises en 10 ans). A l’instar d’autres pays européens, ce mouvement devrait se poursuivre. La production de sciages en 2004 s’élève à 10 millions de mètres cubes dont 7,7 de conifères, plaçant la France au cinquième rang de l’Union européenne, juste après l’Allemagne, la Suède, la Finlande et l’Autriche (ces volumes sont en progression de 2 % par rapport à 2003 et retrouvent à peu près les niveaux de 2002). Toutefois, ces progressions divergent selon les essences. La production de feuillus régresse essentiellement à cause de la chute de la demande en hêtre (- 8 %). À l’inverse, celle des résineux augmente de 4 % bénéficiant de la progression du secteur de la construction. La production de sciages tropicaux continue de baisser, et celle des traverses et des merrains en chêne est stable. La production de parquets progresse avec un chiffre d’affaires de 260 millions d’euros en 2004. Celle des parquets de feuillus croît alors que celle des conifères reste plus mesurée. 13 La politique nationale en faveur de la filière peut être consultée en Annexe 2. 14 Source : Bianco J-L. (1998), op. cit. et Sessi 2006.

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L’ameublement et l’emballage absorbent plus de la moitié des sciages feuillus, tandis que le secteur du bâtiment représente 60 % du débouché des sciages résineux. Le tableau suivant retrace l’évolution du sciage selon la nature du bois :

2003 France

2004 France

2005 France

Evolution 2004/2005

Feuillus 1943 1905 1818 - 4,6 Conifères 7440 7717 7756 + 0,5

Essences tropicales 156 152 150 - 1,3

Sciage (en millier de m3) Total sciages 9539 9774 9724 - 0,5

Trituration (en millier de tonnes)

4197 4286 4512 + 5,3 Produits connexes de scierie Autres utilisations (en

millier de tonnes) 3402 3590 3606 +0 ,5

D’après Agreste, enquêtes récolte de bois et production de sciage

En 2005, 651 scieries produisaient moins de 500 m3 par an, soit 31 % du total. Elles desservent, pour l’essentiel, des artisans (ébénistes, menuisiers, charpentiers) et des marchés locaux et exercent le plus souvent aussi une activité d’exploitant forestier. Cette activité est concentrée sur six régions. L’Aquitaine vient très largement en tête avec 42% des facturations, suivie par le Centre, la Bretagne, la Lorraine, la Bourgogne et le Poitou-Charentes.

Source : Agreste – SSP – Bois et production de sciages 2005

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III-2 La deuxième transformation : le meuble, le secteur papetier, l’emballage, le bois dans la construction

III-2-1 L’industrie du meuble15 En France, l’industrie du meuble emploie 52 000 personnes. Celle-ci est composée de 580 entreprises de 20 salariés ou plus. Sa structure est très atomisée : une entreprise sur deux compte moins de 50 salariés. Pour l’essentiel, ce tissu industriel s’appuie sur un artisanat de 23 000 salariés. Les entreprises de moins de 20 salariés emploient un tiers des effectifs de l’ensemble de l’ameublement (artisanat et industrie) et réalisent un quart du chiffre d’affaires. Dans les secteurs du meuble meublant et des activités connexes (marqueterie, tapisserie, rembourrage, laquage, dorure...), ces petites unités de production jouent un rôle prépondérant. L’industrie du meuble demeure faiblement concentrée (les dix premières entreprises regroupent 20 % des effectifs) et dans celle-ci 55 % des entreprises sont indépendantes. Dans les secteurs du siège et du meuble meublant, cette proportion atteint 60 %. Par ailleurs, sept entreprises sur dix, pour les entreprises structurées en groupe, relèvent d’un microgroupe national, très souvent d’origine familiale. L’industrie du meuble est essentiellement une industrie de main d’ œuvre, dont le nombre de salariés a diminué d’un quart au cours des cinq dernières années. Les salariés sont plus jeunes, moins formés, moins rémunérés que la moyenne de l’industrie manufacturière, et l’écart entre les salaires les plus faibles et les plus élevés est plus resserré. La part du personnel affecté à la production augmente régulièrement (au détriment du personnel administratif et commercial), et représente 80 % des salariés. Ce secteur est également peu féminisé puisque trois salariés sur quatre sont des hommes. Néanmoins, les femmes sont plus nombreuses dans les secteurs du siège, des activités connexes et de la literie, notamment grâce aux ateliers de couture. Au cours des dix dernières années, dans les entreprises employant 20 salariés ou plus, le nombre d’ouvriers non qualifiés a diminué de 35 %. Ces salariés, ne disposant d’aucun diplôme, ont été les plus touchés par les réductions d’effectifs, tandis que celui de titulaires de diplômes techniques équivalent au baccalauréat a doublé. Dans l’artisanat, la structure a peu changé. La baisse des effectifs a été moindre (- 10 %), et le nombre d’ouvriers non qualifiés a toujours été beaucoup plus faible (14 %). Souvent, les industriels du meuble recourent au travail intérimaire pour ajuster l’emploi aux variations saisonnières de leur production de moins en moins prévisibles. 15 Source SESSI, enquête annuelle d’entreprise 2006.

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Entre 2003 et 2006, la consommation de meuble des ménages a crû en moyenne de 2,8 % par an. En 2007, cette croissance est supérieure à 7 %. Toutefois, les produits français ne profitent pas de cette relance. La production des entreprises de 20 salariés ou plus est stable et le chiffre d’affaires a reculé de 13 % entre 2003 et 2004, pour se fixer à 6,6 milliards d’euros depuis cette date. S’agissant de la grande distribution, celle-ci développe une politique de distribution axée sur les prix. Cette stratégie favorise la mondialisation des approvisionnements et par conséquent fragilise l’industrie française. Il est vrai que les entreprises peinent à rester compétitives dans un environnement très concurrentiel au sein duquel, de surcroît, le prix des matières premières ne cesse de croître et entraîne une forte atténuation au niveau des gains de productivité et des écarts de salaires avec les pays émergents. Il est important de noter que le nombre d’entreprises innovantes dans l’industrie du meuble représente une part de 56 %. Pour l’essentiel, ces entreprises sont davantage tournées vers des innovations de style que vers de véritables innovations technologiques.

III-2-2 Le secteur papetier L’industrie du papier est une industrie capitalistique lourde principalement située en zone rurale. Un emploi dans le secteur papetier induit 5 autres emplois. Depuis quelque temps, l’industrie papetière est affectée par une augmentation importante des coûts qui concernent les matières premières fibreuses, l’énergie, les produits chimiques et le transport. A cela s’ajoute une impossibilité de « fixer » le prix de vente. En effet, l’industrie papetière française est insérée dans une économie mondiale. Par conséquent, elle ne peut agir sur le prix. En outre, il existe d’autres aléas comme ceux relatifs à l’exportation : - les droits de douanes - le taux de change - le délai de paiement

En 2007, les partenaires sociaux de l’inter secteur papier carton ont engagé une négociation en vue d’un accord collectif sur le thème de l’emploi des seniors et de la valorisation du capital humain. L’ Union des Industries Papetières pour les Affaires Sociales (UNIPAS) a poursuivi une réflexion de fonds sur la modernisation du système de classification professionnelle ouvrier, employé, technicien et agent de maîtrise, datant de 1993. Géographiquement, les industries papetière sont implantées sur l’ensemble du territoire national dans lequel deux régions dominent : Nord-Pas-de-Calais et Rhône-Alpes. Cette industrie est très concentrée puisque 85 entreprises employant 250 salariés ou plus, regroupent près de 55% des effectifs et réalisent 66% de l’ensemble du chiffre d’affaires du secteur.

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Nombres

d’entreprises Effectifs CAHT en

M€ VAHT en

M€ Moins de 20 salariés 694 4 928 695 133 20 à 249 salariés 454 32 613 5 855 1 551 250 salariés ou plus 85 45 937 12 791 2 817 Industrie papetière

1 233

83 478

19 341

4 501

Sources : Sessi – enquêtes annuelles d’entreprise 2006, Insee – DADS, BIC L’industrie papetière constitue le secteur économique le plus puissant de la filière bois. Celle-ci rassemble 540 entreprises de 20 salariés ou plus, emploie 80 000 salariés et génère un chiffre d’affaires de 19 milliards d’euros. Les entreprises de moins de 20 salariés, au nombre de 694, emploient un effectif de 4928 salariés et contribuent au chiffre d’affaires total de l’industrie papetière à hauteur de 695 M€. Cette industrie est principalement organisée autour de grands groupes. En effet, trois entreprises sur quatre appartiennent à un groupe. Aussi, l’ensemble de ces entreprises emploie 90% des effectifs et réalise 90% du chiffre d’affaires. Plus spécifiquement, dans l’ensemble des groupes de l’industrie papetière, une entreprise sur deux est sous contrôle étranger, contre une sur six dans l’industrie manufacturière. L’industrie papetière française se situe au deuxième rang derrière l’Allemagne. Mais aujourd’hui, la France peine à conserver cette place. En effet, entre 2000 et 2005, la part de cette industrie dans la valeur ajoutée se contracte plus fortement que celle de ses deux principaux concurrents que sont l’Allemagne et l’Italie. Cependant, ce recul reste tout de même faible comparativement à certains pays du nord de l’Europe comme le Royaume-Uni, la Finlande ou la Suède. S’agissant des exportations, la France, avec 5% des parts de marché, se classe au sixième rang dans le classement des principaux pays exportateurs mondiaux entre 2000 et 2005. Lors de la même période, la Chine double ses parts de marché mais n’occupe que le 16ème rang mondial. En 2005, la première place revient à l’Allemagne qui avec 13% des parts de marché, détrône le Canada.

L’industrie de la pâte16 La production de pâte en France se compose de 25% de pâte mécanique et de 75% de pâte chimique. Seules sont considérées les pâtes à partir de bois. Les différents types de pâtes sont classés en fonction de leur rendement : - rendement > 90% : Pâte mécanique, thermomécanique, chimico-thermomécanique - si 80 < rendement < 90 : chimico-mécanique - si 70 < rendement < 80 : mi-chimique - si 45 < rendement < 55 : chimique (procédé sulfate=kraft, procédé bisulfite)

16 Source : Audition de Monsieur Bontemps Président de la COPACEL le 06/11/2008.

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Les pâtes les plus courantes sont les pâtes thermomécanique et sulfate. Plus généralement, les pâtes peuvent être écrues ou blanchies. S’agissant des pâtes chimiques blanchies, elles se composent de plusieurs sortes : - Northern Bleached Softwood Kraft plup - Northern Bleached Hardwood Kraft plup - Eucalyptus : seule sorte cotée en euros, les autres étant cotées en dollars17

Cette pâte est principalement obtenue à partir de bois de scieries (30,1%) et de rondins (69,9%). Les résineux y contribuent à hauteur de 61,6% et les feuillus pour une part de 38,4%. Par ailleurs, si l’on s’intéresse aux livraisons de bois aux usines de pâtes en France en 2007, elle se répartit comme suit.

En France, la production de pâtes à papier s’élevait à 2,4 millions de tonnes en 2007. Une proportion de 53,8% de cette production était destinée à l’exportation. Comparée aux autres pays européen, cette part est relativement inférieure. La France se situe au 13ème rang mondial pour la production de pâtes à papiers. En Europe, celle-ci se classe 4ème derrière la Finlande, la Suède et l’Allemagne.

Les papiers et cartons En 2007, en France, la production de papiers et de cartons s’élevait à 9,9 millions de tonnes.

17 L’Amérique du Nord à elle seule produit plus de la moitié de la production mondiale de pâte.

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Depuis de nombreuses années la France est importatrice net de papiers et cartons. Elle se classe 10ème pour la production mondiale et 5ème au niveau de la production européenne, après l’Allemagne, la Finlande, la Suède et l’Italie. Plus précisément ce secteur comprend différents postes : * Les articles de papeteries comprennent les enveloppes, les papiers gommés ou adhésifs et les papiers pour écriture, impression18… Pour ce genre d’articles, le Royaume Uni est le premier client de la France devant la Belgique, L’Allemagne et l’Espagne. L’Allemagne reste le premier fournisseur de la France devant l’Espagne, la Belgique et l’Italie. Dans ce secteur, l’artisanat est faiblement représenté. Il emploie 400 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros. La productivité s’y est améliorée. En dépit de cela, un quart de ses emplois a été supprimé depuis l’année 2000. Le taux d’exportation est élevé. Il est à attribuer en priorité aux entreprises françaises filiales de groupes étrangers qui réalisent des échanges en intragroupes. La production française d’articles de papeterie s’est contractée de 6% entre 2000 et 2006. Cette tendance est à attribuer, en partie, à une baisse au niveau du papier à écriture et à l’impression (-30%) et ce, en raison du développement du stockage dématérialisé de l’information. En 2006, les importations s’élèvent à 132 millions et les exportations à 83 millions d’euros. Lors de cette même année, la production s’élève à 773 millions d’euros. La balance commerciale, stable depuis des années, témoigne des potentialités et de la nécessité d’une politique de développement. S’agissant du papier journal, la production est restée assez stable de 2006 à 2007. Les exportations ont augmenté et les importations ont sensiblement diminué. 2006 (Kt) 2007 (Kt) Évolution Production française 1 110 1 107 - 0,2 % Exportations 736 761 + 3,4 % Importations 529 520 - 2 % Consommation apparente 902 866 - 4 % Source : Copacel La balance commerciale du « papier journal » est excédentaire. Ce qui témoigne des possibilités au sein de cette branche. * Au sein des « autres articles en papier ou en carton19 » les petites entreprises de moins de 20 salariés emploient 1600 personnes et réalisent un chiffre d’affaires de 273 millions d’euros.

18 Les deux premiers segments nécessitent des investissements lourds. 19 Les étiquettes sont majoritaires dans les autres articles en papier ou en carton.

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Par ailleurs, ce secteur regroupe 101 entreprises de 20 salariés ou plus qui emploient 6 300 personnes. Il réalise un chiffre d’affaires de 1,2 milliards d’euros dont les 85% sont à attribuer aux fabricants d’étiquettes. Lors de ces 6 dernières années, les effectifs ont légèrement diminué alors que la productivité est restée stable et que le chiffre d’affaires a progressé de 8%. Ce secteur est soumis à une concurrence exacerbée ayant comme fil directeur l’innovation. Afin d’être compétitives, les entreprises accentuent la recherche et favorisent le recrutement de personnes très qualifiées. Pour l’essentiel, une très grande part des produits importés, principalement des étiquettes imprimées, proviennent de pays de l’Union Européenne. Les produits exportés le sont à destination de différentes régions du monde. Notons que dans ce marché, l’Allemagne reste le principal client et fournisseur de la France. En 2006, le chiffre d’affaires de l’industrie du cartonnage (toutes spécialités confondues), en atteignant 2,7 milliards d’euros, s’est accru de 1,8%. La branche alimentaire, qui représente plus de la moitié du secteur, connaît une stagnation. En revanche, la pharmacie, qui représente près de 20% du cartonnage français reste une activité à fort développement, tout comme le luxe et les cosmétiques. En définitive, nous utiliserons la notion de mutation profonde pour qualifier la situation de l’industrie papetière française actuelle. Cette situation semble découler de plusieurs facteurs : - les orientations des entreprises : choix stratégiques, investissements, recherche, gestion

des marques… - les orientations des collectivités et de l’Etat : normes environnementales, infrastructures,

aides diverses… L’industrie papetière a de l’avenir d’où la nécessité de renforcer sa compétitivité. Dans un contexte mondialisé/globalisé en mutation permanente, celle-ci doit être soutenue.

III-2-3 L’emballage Actuellement en France, l’industrie de l’emballage compte 850 entreprises de 20 salariés et plus et génère près de 110 000 emplois. Elle regroupe les emballages en plastique, en papier-carton, en verre, métal ou bois. Seuls les emballages en papier carton et en bois sont rattachés à la filière bois. Plus globalement, dans cette industrie, la France se place au premier rang des exportateurs devant l’Allemagne. S’agissant des importations, elle se classe troisième derrière l’Allemagne et les Etats-Unis. L’industrie française de l’emballage papier-carton est constituée d’une majorité de petites entreprises qui arrivent à allier tradition et innovation. Pour l’essentiel, cette industrie, composée de 86% d’entreprises de moins de 250 salariés, est atomisée. Elle fournit principalement les marchés locaux et régionaux. En effet, le taux d’exportation de cette

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industrie (12,4% en 2006) est le plus faible de toute l’industrie de l’emballage. Sa production est néanmoins importante puisqu’avec 34% de parts de marchés en France, le papier carton occupe, en volume, le premier rang des matériaux d’emballage. En 2007, le taux de couverture (536M€/1209M€) de cette industrie traduit une balance commerciale déficitaire. Le solde se dégrade principalement en raison d’une hausse sensible des importations. Pour l’essentiel, ce déséquilibre s’accentue au profit de l’Allemagne et l’Italie qui sont nos principaux partenaires. Pour contrebalancer cette tendance, l’industrie française de l’emballage papier-carton devrait profiter du dynamisme de l’activité industrielle au sein de certains nouveaux marchés émergents (Chine…). Par ailleurs, notons qu’au sein de cette industrie, les unités de production réalisent la plus grande partie de leurs investissements dans de nouveaux marchés comme celui de l’Europe de l’Est. Elles investissent également en Espagne, pays dans lequel le marché semblerait être propice au développement. Pour ce qui est de l’industrie de l’emballage en bois, cette dernière regroupe quatre activités distinctes : les palettes, l’emballage léger, la tonnellerie et l’emballage industriel. En l’état actuel des choses, il est nécessaire d’accentuer le rôle de cette activité dans le développement durable. Au sein de la filière de l’emballage, le secteur bois représente 24% des entreprises mais ne génère que 9% du chiffre d’affaire en 2006. La France occupe le premier rang au niveau de la production d’emballage en bois en Europe. Elle se classe respectivement devant l’Italie et l’Allemagne qui sont, avec l’Espagne et la Belgique, ses principaux partenaires pour cette industrie. De manière générale, le commerce extérieur pour l’emballage en bois reste largement excédentaire20. Ce résultat doit, en partie, être attribué à la tonnellerie21 qui exporte plus d’un tiers de sa production vers les Etats-Unis. Néanmoins, en 2007, le taux de couverture de l’ensemble de l’emballage en bois se replie et ce, en raison d’une forte hausse des importations. Cette hausse est à attribuer à l’augmentation de l’achat de palettes en provenance de l’étranger.

III-2-4 Le bois dans la construction D’après le SESSI, les fournisseurs de la construction sont « des entreprises industrielles qui fabriquent des biens intermédiaires, des biens d’équipements ou des biens de consommation qui seront utilisés par les corps de métiers de la construction ». Cet ensemble d’entreprises forme une palette relativement large de secteurs d’activités hétérogènes. Certaines d’entre elles entrent pleinement dans « la filière bois » : les charpentes et panneaux en bois ou encore les menuiseries en bois. Le présent Avis ne traite à titre d’exemple que d’une partie des activités, à savoir celles qui concernent les charpentes et les panneaux en bois. Cette activité regroupe la fabrication de panneaux en bois, de charpentes industrielles et traditionnelles en bois et en lamellé collé. Le tableau suivant témoigne de l’importance de ce secteur.

20 En 2007, le taux de couverture de l’industrie de l’emballage en bois (443 M€/256 M€) avoisine les 1,73. 21 La tonnellerie réalise 80% des exportations de l’industrie de l’emballage en bois.

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Chiffres clés du secteur

Charpentes Panneaux

Nombre d’entreprises 66 66 Effectif employé moyen* 3857 8387

Chiffre d’affaires hors taxes (M€) 520 1830 Exportations (M€) 9 767

Investissements corporels totaux (M€) 25 60

* Y compris le personnel intérimaire Champ : entreprises de 20 salariés ou plus

Source : Sessi – enquête annuelle d’entreprises 2005

Les panneaux incluent les panneaux de contreplaqué et les panneaux de process. La production française de contreplaqué se classe deuxième à l’échelon européen. Pour ce qui est des panneaux de process, leur vente en volume a considérablement augmenté entraînant simultanément une augmentation du chiffre d’affaires des fabricants. S’agissant des charpentes, leur production a également fortement augmenté en raison du dynamisme du marché intérieur. Parmi celles-ci, les charpentes industrielles sont les plus prisées dans la construction. En effet, 65% des maisons individuelles les utilisent. La production française en lamellé-collé, quant à elle, se classe troisième en Europe. Dans cette activité (panneaux et charpentes), la balance commerciale est excédentaire en raison de l’activité des panneaux. Leur solde des échanges, toujours positif, s’accroît en 2006 grâce, principalement, aux panneaux de particules. Malgré trois années de baisse, le taux de couverture pour les panneaux de bois atteint les 114%. Tout autre est la situation des panneaux contreplaqués. En 2006, leurs importations ont augmenté de 12% en volume. Ce qui représente une progression six fois supérieure à celle des exportations.

Panneaux de bois : principaux pays partenaires Importations : 861 M€ Exportations : 987 M€

Sessi : Douanes – 2006

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Charpentes en bois : principaux pays partenaires Importations : 168 M€ Exportations : 55 M€

Sessi : Douanes – 2006

Les échanges commerciaux des charpentes sont moins importants que ceux des panneaux, les livraisons se réalisant dans les pays limitrophes. Notre époque est confrontée au problème des économies d’énergie. Afin de minimiser les coûts en énergie, on tend de plus en plus vers la construction de maisons économes. Le bois est un isolant thermique de très bonne qualité qui s’intègre parfaitement dans le paysage. A ce titre, il s’inscrit parfaitement dans le programme de réduction de la consommation énergétique des bâtiments défini par le plan climat 2004. Plus précisément, ce plan prévoit de renforcer la réglementation thermique sur les bâtiments neufs tous les cinq ans pour diminuer chaque fois la facture énergétique d’au moins 15%. Cette tendance ira en s’amplifiant. En effet, le Grenelle de l’environnement indique que tous les bâtiments et équipements publics ainsi que les immeubles tertiaires, devraient, d’ici 2012, être construits en basse consommation (50KWh/m2 an). Cela passe, en partie, par la mise en place d’une enveloppe étanche aux déperditions de chaleur dans les constructions. L’objectif global est de réduire considérablement les ponts thermiques. Le but étant de limiter les déperditions en hiver en gardant la chaleur et d’éviter les surchauffes d’été en renforçant l’inertie thermique. Un des avantages du bois est sa faible conductivité thermique. Plus précisément, le bois transmet la chaleur 12 fois moins vite que le béton, 250 fois moins vite que l’acier et 1 500 fois moins vite que l’aluminium. Par ailleurs, le bois, contrairement au métal, brûle lentement sans se déformer et en conservant durant de longues minutes les qualités mécaniques de ces éléments de structure verticaux (ossature, poteaux….) ou horizontaux (poutres, solives, madriers…).

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III-3 Recyclage des déchets22 Les déchets de bois proviennent des différents niveaux de la filière. On les retrouve dans : - L’exploitation forestière sous forme de houppiers, branchages, écorces, souches, sciures. - Les industries de première transformation (scieries) qui produisent des dosses et des

délignures, des écorces, des sciures, des copeaux et des chutes courtes. - Les industries de deuxième transformation (menuiseries, fabriques de meubles, de

parquets de charpentes…) qui produisent des sciures, des chutes, des copeaux d’usinage, des poussières de ponçage.

- Les objets mis au rebut : bois de chantier et de démolition, caissettes, palettes, bois de coffrage, charpentes, meubles, traverses de chemin de fer, poteaux…

- Des déchets d’espaces verts : élagages, coupe de bois et arbres, feuilles … Plus précisément, les déchets de bois sont classés en trois catégories : - La biomasse : concerne le bois exempt de toute contamination. - Le bois faiblement adjuvantés : palettes, panneaux, bois d’ameublement. - Les bois traités à la créosote, aux CCA (cuivre, chrome, arsenic) et les bois ignifugés. La collecte de bois non souillé (déchet dit non dangereux ou déchet banal) est effectuée par les collecteurs de déchets banals ou par des collecteurs spécialisés qui se chargent du ramassage, du stockage et du broyage des déchets. Ces déchets sont répartis en fonction de critères de qualité et font l’objet d’un conditionnement spécifique. Ces déchets représentent environ 29% du tonnage de déchets banals produits par les entreprises23. Les bois de rebut ou traités sont, en fonction de leur teneur en substances dangereuses, considérés comme des déchets dangereux. Ils doivent être collectés par des prestataires spécialisés et traités comme les déchets par lesquels ils ont été souillés (solvant peinture traités CCA ….). Ils doivent donc être dirigés vers les filières de traitement adaptées et autorisées et éliminés conformément à la législation associée. En aucun cas ils ne peuvent être brûlés dans des installations de combustion bois. A noter que lorsque le déchet est un déchet d’emballage, celui-ci est soumis aux dispositions particulières qui régissent les déchets d’emballage (décret N° 9-609 du 13 juillet 1994). Dans tous les cas, le brûlage à l’air libre des déchets de bois est interdit et les déchets du bois ne doivent pas être abandonnés. A l’exception de l’exploitation forestière, la production annuelle nationale des déchets de bois et de sous-produits du bois s’élève à plus de 10 millions de tonnes. A elles seules, les scieries génèrent 60% de ce tonnage.

22 Source ADEME. 23 Etablissements industriels et commerciaux de plus de 10 salariés (données 2004).

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L’utilisation des déchets bois varie en fonction de leur origine. Ils peuvent ainsi être utilisés comme matières premières (panneaux de particules, pâte à papier…), consommés comme combustible dans des chaudières ou encore réemployés après avoir été réparés (meubles, palettes, muti-rotations…). Les industries de la trituration utilisent les déchets de bois comme matière première. Au sein de celles-ci, l’activité de fabrication de la pâte à papier utilise en majeure partie les produits issus des scieries. L’activité liée à la fabrication des panneaux de particules ou de produits composites emploie les dosses et délignures, les sciures et les chutes diverses. Les déchets de bois peuvent également être utilisés comme combustible dans l’industrie ou dans les bâtiments à usages collectifs24. Dans le premier cas, les entreprises utilisent leurs déchets pour satisfaire leurs propres besoins énergétiques : chauffage, énergie de « process ». Dans le deuxième cas, ces déchets sont utilisés afin de chauffer les bâtiments collectifs comme les lycées, les hôpitaux…. Plus globalement, les déchets de bois employés comme combustible sont utilisés à l’état brut ou conditionnés sous forme de granulés ou de briquettes. IV- Etat des lieux régional de la première et deuxième transformation IV-1 La première transformation : le sciage en Midi-Pyrénées En 2004, le volume de sciage25 a progressé de 8% pour atteindre 343 160 m3 alors que celui des productions nationales n’a progressé que de 1,4%. D’un point de vue régional, les sciages sont tirés à la hausse par les volumes de conifères transformés qui ont progressé de 25% depuis 2002. Ces volumes représentent à eux seuls près des trois quarts des sciages. Le volume de Douglas permet aux sciages de cette essence de progresser fortement en 2004. Durant cette même année, les volumes issus de sapin épicéa diminuent de 4%, tout en représentant néanmoins 52% des volumes de sciages de conifères. Les productions de pin maritime et de pin sylvestre augmentent de 5% et contribuent pour 24% aux sciages de 24 Une présentation détaillée sur le « bois énergie » en Midi-Pyrénées peut être consultée en annexe 1. 25 Source : Agreste, Données n°27 – décembre 2005.

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conifères. Les feuillus repartent après un repli en 2003, principalement sous l’effet d’une hausse des sciages de peuplier, le chêne restant la première essence de feuillus débitée dans la région avec 29 000 m3. A tout cela s’ajoutent les bois sous rails, les merrains et les bois tropicaux, qui sont en régression depuis 2002 pour ne représenter que 5% de l’ensemble des sciages. En matière de volumes de sciages, le classement régional évolue peu. Le Tarn est le premier département avec 26% des volumes régionaux, suivi par l’Aveyron (21%) et l’Ariège (14%). En Midi-Pyrénées, la taille moyenne des scieries, mesurée par le volume de production, est de l’ordre de 2000 m3/an. Les petites unités de moins de 1000 m3 représentent les deux tiers des entreprises et participent à hauteur de 7% au volume des productions régionales. D’autres, plus grandes, avec un volume de production annuelle de 6000 m3 correspondant à 60% des sciages, représentent 8% des entreprises. Selon Agreste 42% des scieries de Midi-Pyrénées scient de 1 à 499 m3 de bois.

Situation du sciage en Midi-

Pyrénées

1 à 499

500 à

999

1000 à

1999

2000 à

3999

4000 à

5999

6000 à

9999

10000 à

19999

20000 et plus

Total en Midi-Pyrénées

Nombre d’entreprises en

m3 de sciage

58 20 19 18 6 8 7 1 137

Total France 651 270 295 331 178 155 135 91 2106 Production en milliers de m3

sciages

10 14 25 49 - 58 97 - 337

Total France 128 194 435 948 880 1208 1826 4313 9932 D’après Agreste, enquêtes récolte de bois et production de sciage

Le Tarn et la Haute-Garonne regroupent 45% de l’emploi salarié (salariés permanents) des branches d’activité exploitation forestière et scierie. Le premier département est marqué par la prépondérance des emplois dans les scieries. Dans le second domine les métiers liées à l’exploitation forestière. Les évolutions sont cependant contrastées au sein de ce secteur. Les scieries et les industries de panneaux en bois ont perdu plus de 20 % de leurs effectifs salariés en cinq ans. Les plus petites scieries ferment sans qu’aucune reprise ne se dessine, notamment dans le secteur des feuillus. IV-2 La deuxième transformation en Midi-Pyrénées : le meuble, le secteur papetier, le bois dans la construction

IV-2-1 Le meuble en Midi-Pyrénées26 Midi-Pyrénées est une région spécialisée en ameublement. On y produit des sièges, meubles de cuisine, meubles meublants (meubles pour salon, séjour, salle à manger et chambre à coucher), meubles de bureau et de magasin, meubles de compléments.

26 Source : INSEE 2008.

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Dans la région, l’essentiel de l’activité de ce secteur est orientée autour de meubles meublants. On retrouve ainsi le pôle artisanal historique de Revel où travaillent depuis la fin du 19ème siècle ébénistes, ciseleurs et sculpteurs. Aussi, depuis 2001, apparaissent de nouvelles entreprises (plus de 50 salariés) fabriquant du meuble et ce, notamment dans le nord des Hautes-Pyrénées et surtout en Aveyron. En Midi-Pyrénées, le secteur de la fabrication de meubles, avec 1103 établissements emploie 22,4% des effectifs de la filière.

3894

322

3889

310

3730

308

3449

291

3214

265

3158

266

2905

254

2737

245

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

4000

4500

Nom

bre

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alar

iés/

entr

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ses

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007Années

Salariés et entreprises du meuble en Midi-Pyrénées de 2000 à 2007

Nombre d'entreprisesNombre de salariés

Durant la période 2001-2007, les principales activités27 de fabrication de meubles en Midi-Pyrénées ont perdu 77 entreprises et 1157 salariés. La période de 2003-2004 est celle qui a connu le plus grand nombre de perte d’emplois (-253) et de fermetures d’entreprises (-26). Le département de l’Aveyron, spécialisé dans l’ameublement, accueille de petites unités artisanales et de grosses entreprises (Cauval Industries, Espalux Expansion, Belloubet). Il regroupe 38 % des emplois salariés régionaux du secteur. Pour l’essentiel, dans leur grande majorité, les bois transformés par l'industrie du meuble sous forme de bois massif ou de panneaux, ne proviennent pas de Midi-Pyrénées mais de pays comme l’Allemagne ou l’Espagne dans lesquels le bois est de meilleur rapport qualité/prix. S’agissant des entreprises industrielles positionnées exclusivement sur le meuble meublant, elles connaissent une situation difficile. En raison de la concurrence des pays à faibles coûts de main d’œuvre, ce secteur, prépondérant en Midi-Pyrénées, a perdu 16 % de ses effectifs en cinq ans. En 2004, ce secteur concentrait encore quatre salariés de l’ameublement sur dix. 27 Les chiffres de ce graphique sont extraits de la base de données UNIstatis. Nous avons retenu cinq activités référencées par UNIstatis : la fabrication de sièges, de meubles de bureau et de magasin, de meubles de cuisine, de meuble meublants, de meubles de jardin et d’extérieur, de meubles non classifié ailleurs (n.c.a). Ces activités sont considérées comme étant les plus représentatives du secteur du meuble. L’étude de ces activités permet de cerner les évolutions au sein du secteur « meuble ».

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Malgré une vive concurrence étrangère, notamment italienne, le nombre de salariés employés dans la fabrication de sièges progresse (+ 10 % en 5 ans). Les fabricants font des efforts pour diversifier leur offre.

Les cuisinistes, dotés d’un outil de production performant, bénéficient du dynamisme de la construction de maisons individuelles. En cinq ans, leurs effectifs salariés ont progressé de 17%. En 2004, ils représentent 21% des effectifs totaux de l’industrie du meuble. Cette activité est caractérisée par une forte intensité capitalistique et un degré de concentration élevé contraire à l’atomisation habituelle du secteur de l’ameublement. Dans ce secteur, trois établissements (Espalux Expansion, Teisseire Cuisines et SA Combettes) regroupent 70 % des salariés.

IV-2-2 Le secteur papetier dans la région Midi-Pyrénées L’industrie papetière est principalement localisée dans le sud de la région. Dans cette dernière, la Haute-Garonne et l’Ariège emploient 80 % des salariés du secteur. La Haute-Garonne est spécialisée dans la production de pâte à papier. Le département de l’Ariège, accueille, quant à lui, de très gros établissements de fabrication de papier et de carton (SNC Saint Girons28, principal employeur de la filière bois midi pyrénéenne en 2004). En 2004, Midi-Pyrénées concentre 16% des effectifs nationaux de la fabrication de pâte à papier. Principal employeur régional, l’usine Tembec Saint-Gaudens s’est modernisée, mais son activité est fragilisée par une parité Euro/dollar défavorable, une forte concurrence étrangère et des difficultés d’approvisionnement local qui majorent le coût de la matière première. En 2006, dans cette entreprise, près de 40 M€ (sur une période de trois ans) ont été investis dans l’unité énergétique basée sur l’utilisation de la biomasse. Sur le plan énergétique, soulignons que depuis fin 2007, l’entreprise Tembec est complètement autonome. Cette particularité lui permet de disposer d’un poste de coût énergie quasiment nul. La situation de Midi-Pyrénées n’est pas dissociée de la situation globale. En effet, les principales entreprises de ce secteur, installées dans cette région, traversent une période difficile. Les emplois sont menacés alors que cette industrie participe pleinement à la dynamique économique régionale. La plupart du temps, ces sociétés sont détenues majoritairement par des investisseurs étrangers. C’est le cas de Tembec dont l’actionnaire majoritaire est canadien, ou encore de Ledar St Girons qui était principalement détenue par des investisseurs américains. Par ailleurs, on note une très faible coopération entre certaines entreprises régionales malgré une appartenance territoriale commune. L’entreprise Tembec, par exemple, vend de la pâte à papier sur le marché mondial. Ledar Saint-Girons s’approvisionne au sein de ce même marché. Il semble qu’il y’ait peu de concertation et d’échanges d’information entre ces deux entreprises. Il faut rappeler l’importance de Ledar pour Saint–Girons dans la mesure où cette entreprise représente 60% du budget de cette commune. Sa fermeture de septembre 2008 à mai/juin 2009 affecte fortement l’économie et la vie locale29.

28 SNC Saint Girons emploie environ 330 salariés. 29 Le cas de Ledar Saint Girons est traité en détail dans la deuxième partie de notre Avis.

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Suivant la tendance nationale, l’industrie papetière de Midi-Pyrénées est en pleine mutation. Aujourd’hui, c’est une phase de toute autre ampleur à laquelle nous sommes confrontés. Dès lors, il est nécessaire de repenser le modèle économique en s’appuyant sur les atouts qu’offre le site France et Midi-Pyrénées.

Dénomination Entreprise Ville Spécialité(s) Nombre de Salariés

SNC Saint-Girons Industries

Eycheil (09) Fabrication de papier et de carton

300

Tembec Saint-Gaudens Saint-Gaudens (31) Fabrication de pâte à papier 208 (2000 emplois induits) Papeteries Matussière et Forest (Ledar)

Saint Girons (09) Fabrication de papier et de carton (Fermeture de cette usine le 29 septembre 200830)

110

Papeteries Léon Martin Ariège (09) Fabrication de papier et de carton

208 (2500 emplois induits)

Capitole Carton (groupe SAICA)

Toulouse (31) Industrie du carton ondulé 80

Cartonnages d’Auch Auch (32) Fabrication de cartonnages 81

IV-2-3 Le bois dans la construction Le secteur du bois construction, par sa qualité, est le principal employeur de la filière bois régionale. Les fabricants de charpente et de menuiseries représentent à eux seuls près de 40% des emplois du secteur en Midi-Pyrénées (contre 16% en France). C’est le tout premier employeur de la filière dans la région, loin devant le secteur du meuble (22,4%), les fabricants de papier et cartons (11%) et le sciage et rabotage du bois (8%). En Midi-Pyrénées, les secteurs bois du bâtiment ont un poids relatif plus élevé que dans la filière bois nationale. Cette situation est à attribuer, ces dernières années, au dynamisme de la construction de logements dans la région. Entre 1999 et 2004, les effectifs salariés ont progressé de 18 %. Ces derniers ont augmenté pour toutes les activités liées à la construction en neuf et en rénovation. Lors de cette période, le secteur de la fabrication de charpentes industrielle et de menuiseries a connu un accroissement de 6%. Le secteur menuiserie du bâtiment (bois et matières plastiques) a, pour sa part, augmenté de 17%. Cette progression est davantage affirmée pour le secteur charpente à tel point qu’en 2004, le secteur du bois construction représente 42% du chiffre d’affaires et 44% de l’emploi de la filière bois régionale. La structure du secteur bois dans la construction est atomisée. Ce constat s’établit pour les secteurs « bâtiment » du bois construction au sein desquels le nombre moyen de salariés par établissements est compris entre 4 et 7. En revanche, il est à atténuer pour la fabrication de charpente industrielle et de menuiseries dont le nombre moyen de salariés avoisine les 18 personnes par établissement. En région Midi-Pyrénées, les secteurs « aval » du bois construction utilisent majoritairement du bois provenant d’autres régions et d’autres pays. De 1996 à 2004, le taux d’importation de charpentes et menuiseries a été multiplié par cinq. 30 Cette question sera soulevée dans la deuxième partie lorsque seront traités les secteurs en tension.

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V - Les activités immatérielles amont (recherche et formation31) et l’emploi lié à la filière en Midi-Pyrénées V-1 Recherche, Innovation et transfert Plusieurs régions françaises ont une activité de recherche liée au bois dans des cadres variés.

V-1-1 La recherche à l’INRA On peut citer notamment les activités de recherches menées dans le cadre de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique). Son Département CEPIA (Caractérisation et Elaboration des Produits issus de l’Agriculture) dispose en particulier d’un Pôle Bois dont l’ambition est de rechercher une réelle innovation dans la transformation et l'utilisation du bois sous tous ses aspects y compris comme matériau de construction, pour le développement de nouveaux procédés (traitements thermiques) et de nouveaux produits (matériaux à base de fibres, biopolymères...), tout en concevant des solutions respectueuses de l'environnement pour les procédés industriels, de conservation, de collage, de revêtement. Les unités de ce Pôle Bois se situent à Nancy, Reims, Grignon et Bordeaux. Le Département EFPA (Ecologie des Forêts, Prairies et milieux Aquatiques) est également très actif sur la forêt et le bois avec plusieurs unités réparties sur l’ensemble du territoire métropolitain : pour la forêt ce sont principalement les sites de Nancy, Orléans, Bordeaux et Avignon, mais également Toulouse où se trouve DYNAFOR (Dynamiques forestières dans l’espace rural), unité de recherche en partenariat avec l’INP-ENSAT…

V-1-2 Les partenaires INRA-INPT Les activités de DYNAFOR sont centrées sur la gestion durable des ressources forestières et de l'espace rural dans le cadre de l'écologie du paysage. L'objectif principal de DYNAFOR est de comprendre et de modéliser les relations entre des processus écologiques, des processus techniques et des processus socio-économiques dans la gestion de ressources naturelles renouvelables. Il s’agit d’un projet de recherche interdisciplinaire qui mobilise des disciplines biologiques, techniques et socio-économiques. Egalement en partenariat, entre l’INRA et l’INP-ENSIACET, le Laboratoire de Chimie Agro-industrielle (LCA) est le premier centre de recherche publique à s’inscrire dans la démarche de la chimie durable (chimie verte) des agroressources. L'acquisition de connaissances sur les structures chimiques et les propriétés des agromolécules ainsi que l'étude de leur réactivité constitue l'essentiel de l'aspect fondamental des recherches. La valorisation industrielle non alimentaire des produits, sous-produits de l'agriculture et de la forêt avec celles des co-produits issus des agro-industries en est la facette finalisée. Ces deux approches complémentaires sont la base d'une recherche qui associe à la fois : Sciences et Technologies des Agroressources - Chimie et Procédés. Les procédés sont étudiés jusqu’au stade pilote grâce à la halle de transfert équipée à cet effet (voir V-1-7 ci-dessous).

31 Une présentation détaillée des formations « bois » en Midi-Pyrénées peut être consultée en annexe 4.

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Notons par exemple les travaux relatifs à la protection du bois. En effet, le bois d'œuvre nécessite un traitement pour augmenter sa durabilité. La future réglementation européenne pour les créosotes et les sels d'arsenic utilisés comme biocides a incité le LCA à développer des méthodes respectueuses de l’homme et de l'environnement pour augmenter la résistance du bois à l’encontre de prédateurs biologiques et des intempéries. Par exemple, un bloc de pin ou de hêtre, après traitement avec un anhydride alkényle succinique (ASA) fabriqué à partir de l'huile de colza, devient résistant à vie contre les termites et les pourritures. D'autres traitements similaires ont été développés et menés à l'échelle industrielle par des grands groupes français de l'industrie du bois.

V-1-3 Le cas de l’Aquitaine Proche de Midi-Pyrénées, l’Aquitaine est riche d’activités de recherches. Le Pôle Forêt-Bois de l’INRA Bordeaux-Aquitaine rassemble ainsi plusieurs unités de recherche, en partenariat avec l’Université Bordeaux 1, l’Enitab et le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique). La Région Aquitaine travaille aussi sur de nombreux projets dans le cadre du Pôle de Compétitivité Xylofutur (précédemment intitulé Industries et Pin Maritime du Futur). Ce pôle se structure autour de trois thèmes au sein desquels 16 projets ont été labellisés depuis sa création. « Le bois et la construction » constitue le premier thème. Il s’agit ici de favoriser « l’innovation produit » tout en résolvant les problématiques liées à l’homogénéité des produits, leur stabilité dimensionnelle, leur durabilité et leur recyclabilité. A ce niveau, la stratégie du pôle est de respecter l’équilibre dans la valorisation et le positionnement sur le marché (1/3 emballage, 1/3 décoration et 1/3 construction). A ce jour, trois projets ont été labellisés : plasmas appliqués aux surfaces des matériaux et des palettes, aboutage bois vert, maison passive du futur. « La Fibre et la Chimie verte » est le deuxième thème. Plus précisément, ce sujet nous rappelle que le potentiel des molécules produites par le règne végétal est peu utilisé. L’industrie basée sur la chimie des produits issus de la forêt occupe une place prépondérante en Aquitaine. La disparition de certaines activités a laissé place au développement de bien d’autres depuis, plaçant la Région Aquitaine dans le peloton de tête mondial. Dans cette catégorie, les projets labellisés sont au nombre de six : production de biocarburant éthanol par utilisation des savoir-faire et infrastructures de l’industrie papetière, Concept de bio raffinerie, développement et optimisation des biotechnologie dans la fabrication des pâtes chimiques de pin maritime, prétraitement des copeaux de bois et de souches, éco-développement de procédés papetiers et fibres de pin maritime, bois éco-matériaux aquitaine. Le troisième thème, celui de « La ressource forestière et l’approvisionnement » a un double objectif. Il vise, d’une part, à accompagner les sylviculteurs dans la recherche d’une sylviculture performante, rentable et durable. D’autre part, il a pour priorité d’assurer la fourniture à long terme des ressources adaptées en quantité et en qualité aux industries afin d’augmenter leur compétitivité et d’anticiper les attentes exprimées par le marché. Deux projets entrant dans ce thème ont été labellisés : biotechnologies appliquées, sylvogène (amplifier le gain génétique et optimiser la gestion des peuplements de pin maritime).

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V-1-4 Le pôle de compétitivité AgriMip Innovation En Midi-Pyrénées, Agrimip Innovation a reçu le label de pôles de compétitivité par le Premier Ministre le jeudi 5 juillet 2007. A l’origine, ce projet de pôle de compétitivité a été proposé courant le mois de juillet 2005 par le Conseil Economique et Social Régional avec le soutien du Conseil Régional, de la Préfecture de Région, de la Direction Régionale de l’Alimentation de l’Agriculture et de la Forêt et enfin de la recherche agronomique toulousaine. Cette démarche visait principalement à mettre en valeur les secteurs de l’agriculture, l’agro-alimentaire et l’agro-industrie, premiers secteurs économiques en termes d'emplois pour Midi-Pyrénées. En effet, dans cette région, ces secteurs regroupent à eux seuls 100 000 emplois, soit près de 11% de la population active de Midi-Pyrénées et 30% de l’économie aveyronnaise. Pour l’essentiel, ce nouveau pôle ambitionne de développer des projets qui permettent d’accroître la compétitivité des acteurs économiques d’une région agricole et agroalimentaire diversifiée. Jusqu’à présent ce pôle a reçu peu de projets relatifs à la forêt et au bois. Outre le projet relatif à la production de biocarburants à partir de bois, décrit plus en détail dans le paragraphe ci-dessous (V-1-5), notons le projet Bioextra, labellisé récemment relatif à la valorisation des écorces et noeuds du bois provenant de l’industrie papetière pour leur utilisation en cosmétiques et détergents. Co-labellisé avec les pôles Xylofutur (Aquitaine), Fibres Grand Est (Lorraine et Alsace) et Axelera (Rhône-Alpes), ce projet a pour partenaires en Midi-Pyrénées le laboratoire LCA et la société TEMBEC.

V-1-5 Les biocarburants provenant du bois L’ Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de Toulouse mène des recherches sur les biocarburants à partir du bois. Aujourd’hui, ce projet ne dispose que de peu de fonds. Ce programme est motivé par la volonté de réduire la dépendance française vis-à-vis des importations de Carbone fossile. Plus précisément, l’objectif est de trouver des substituts au carbone fossile en raison de l’épuisement prévisible de ce dernier. S’agissant des biocarburants provenant du bois, ils ont pour avantages d’être renouvelables et de provenir d’un élément non comestible. Ces biocarburants de 2ème génération utilisent les lignocelluloses comme matières premières. A l’heure actuelle, on ne dispose pas de technologies permettant la conversion industrielle de la biomasse lignocellulosique en carburant. Les deux principaux axes de recherche explorés aujourd’hui sont la voie thermochimique et la voie biologique. Pour ce qui est de la voie thermochimique, aujourd’hui la recherche se concentre sur la production de carburants liquides à partir de gaz de synthèse obtenu par gazéification à haute température de produits du bois. Après purification, ce gaz est transformé en gazole suivant le procédé dit de Fischer-Troposch qui permet d’obtenir des hydrocarbures liquides d’excellente qualité et parfaitement adaptés aux moteurs Diesel. La voie biologique, pour sa part, concerne la production de bioéthanol. Cela consiste à transformer les hydrates de carbone (cellulose et hémicellulose) en sucres fermentables dans

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une étape dite d’hydrolyse. Pour l’essentiel, ce procédé permet de d’utiliser la partie lignocellulosique de la plante aujourd’hui non valorisée en biocarburant. A titre de comparaison, notons qu’en 200032, la production de pétrole s’élevait à 3,450 milliards de tonnes. Durant cette même année, la production de bois atteint les 3,778 milliards de m3 dont 47% de bois de feu, 42% de bois d’industrie et 11% de sciage. Utiliser l’arbre comme matière première présente beaucoup d’avantages. Le bois est un matériau non alimentaire ne nécessitant ni irrigation, ni engrais. Il se renouvelle naturellement à grande vitesse (de 2 à 100 m3 /Ha/an) et piège le gaz carbonique (à condition de ne pas le laisser mourir ou brûler). La matière première bois est disponible dans la région. Elle fait partie d’une biomasse « non alimentaire » qui peut-être être et sera transformée en hydrocarbures liquides. Le bois serait gazéifié, puis liquéfié, pour constituer de l'agrocarburant de synthèse. La biomasse est une matière première crédible qui pourrait contribuer au bouquet énergétique mondial à hauteur de 20% au moins en 2020.

V-1-6 Les CRITT (Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologie)

Le CRITT 12 Bois a son siège à Rodez. Il n’a pas vocation à faire de la recherche mais il a un rôle de veille et de sensibilisation des entreprises aux avancées de la recherche et des technologies dans tous les métiers de la transformation du bois d’œuvre, de la grume au produit fini (scieries, bois reconstitué, panneaux, charpentes, ossature bois, menuiseries, escaliers, ameublement), incluant la valorisation des bois de pays et des produits connexes. Le CRITT cite par exemple le Bois Massif Reconstitué (BMR) comme enjeu pour la filière bois régionale. Actuellement ce produit est importé d’Allemagne et d’Autriche alors que le Sud Massif Central aurait par exemple les ressources forestières et les capacités de produire ce matériau dont les principaux usages sont les éléments de charpentes traditionnelles, les poteaux, les colombages, les pannes ou les madriers. Le CRITT CATAR (Centre d’Application et de Traitement des Agroressources) trouve son origine dans le Laboratoire de Chimie Organique et Agrochimie, prédécesseur du LCA. De façon similaire au CRITT Bois, le CRITT CATAR, adossé au LCA, a parmi ses objectifs la sensibilisation des entreprises à l'innovation comme élément essentiel de leur développement, et leur information sur les possibilités technologiques existantes. Les actions incluent veille, conseil et assistance, études de faisabilité technique, essais de faisabilité, de caractérisation et d’analyses… Parmi les compétences du CRITT CATAR signalons particulièrement la mise au point d’agromatériaux composites.

V-1-7 Le pôle tarbais Deux centres existent à Tarbes qui travaillent sur le bois.

32 Source FAO.

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Tout d’abord signalons AGROMAT, halle de transfert du LCA, inaugurée le 5 octobre 2007, dédiée à la « plasturgie végétale ». La mission de cette unité de 1200 m2, unique en France, est la validation au niveau pré-industriel de nouveaux procédés et produits végétaux extrudables, injectables et thermoformables. Ainsi, les industriels plasturgistes peuvent tester des prototypes et évaluer des cadences de production pour de nouveaux matériaux : biomatériaux, bioplastiques et agrocomposites. Par ailleurs le Laboratoire Production Bois de l’IUT de Tarbes a mis en place un programme de recherche sur l’usinage grande vitesse du bois. Le rattachement au LGMT (Laboratoire de Génie Mécanique de Toulouse), permet un échange important entre les différents chercheurs sur les procédés d’usinage de différents matériaux assurant ouverture et transferts de connaissances.

V-1-8 Midi-Pyrénées Innovation Midi-Pyrénées Innovation (MPI), agence régionale de l’innovation, a pour vocation de susciter, promouvoir et soutenir les programmes d’innovation des entreprises dans une optique de développement commercial et stratégique, en s’appuyant sur la mise en réseau de différents acteurs. L’agence intervient ainsi auprès des entreprises sur plusieurs volets: formation, information, animation de réseau, accompagnement de projet, financement, propriété industrielle, internationalisation, communication. MPI a défini plusieurs filières prioritaires dont la filière « Agro Biotechnologie ». Parmi les axes prioritaires de cette filière on trouve notamment : - les procédés de transformation et de conservation (génie chimique et biochimique, …) - la chimie verte - les biotechnologies industrielles des agro-ressources - tous secteurs qui concernent le bois, son traitement et son utilisation

Dans les filières « Environnement-Eau Energie » et « Matériaux et Textiles Techniques », on trouve aussi des axes qui peuvent concerner directement le bois tels que les nouveaux matériaux isolants pour les bâtiments durables ou les agromatériaux. V-2 La formation Un tableau de formations dédiées à la forêt et au bois est présenté dans le premier tableau de l’Annexe 4. On constate qu’en Midi-Pyrénées, les formations liées au métier de « menuisier d’agencement » arrivent en tête. Suivent ensuite celles relatives aux métiers de « charpentier » et « d’ébéniste ». Globalement, en Midi-Pyrénées, le département de Haute-Garonne apparaît comme celui qui offre le plus grand nombre de formations (46) liées aux métiers du bois. Ce département est talonné par celui de l’Aveyron (22) et des Hautes Pyrénées (15). De manière générale, ces formations sont sanctionnées par l’obtention d’un diplôme de CAP ou BEP préparé après la troisième.

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D’autres formations (BAC, BTS, BTA), conférant un grade supérieur, existent aussi. Contrairement à d’autres régions, Midi-Pyrénées n’offre pas de formation universitaire ou d’ingénieurs qui soient spécifique à la filière Bois. En Aquitaine, par exemple, on recense une licence pro « Bois construction », plusieurs Masters (notamment « Forêt et développement durable », « Gestion intégrée des agrosystèmes et des forêts », « Concevoir et réaliser avec le bois »), deux formations d’ingénieur à l’ENITA (options « Gestion intégrée des agrosystèmes et des forêts » « Management forestier, logistique et approvisionnement en bois ») et une antenne de l’Ecole Supérieure du Bois (ESB) située à Mont-de-Marsan (3ème année option « Logistique de l’Approvisionnement Bois et 1ère transformation »). Plusieurs Ecoles d’ingénieurs dédiées à la forêt ou au bois existent sur le territoire national :

- AgroParisTech propose 2 formations : Ingénieur Forestier (à Nancy) et Ingénieur du Génie Rural des Eaux et Forêts (ENGREF, Paris).

- Ecole Nationale Supérieure des Technologies et Industries du Bois (ENSTIB) à Epinal.

- Ecole Supérieure du Bois (ESB) à Nantes - Ecole internationale du papier, de la communication imprimée et des biomatériaux,

Ecole de l’INPG (à Saint Martin d'Hères) Si Midi-Pyrénées ne possède pas de formation spécifique, ses formations d’ingénieur, à caractère généraliste, sont de bonnes préparations à des métiers d’utilisation et de traitement du bois : chimie, génie des procédés, mécanique, structures, matériaux, génie civil, … Notons par exemple que l’INSA propose en début de cursus un module d’initiation au bois, et un module bois en spécialité Génie Civil. Il en est de même de certaines formations dans les IUT et en licences Pro, dont certaines incluent d’ailleurs des modules concernant la filière bois ; comme l’indique le tableau ci-après.

Quelques formations DUT et Licences Pro Intitulé Site Commentaire DUT Génie Mécanique et Productique Toulouse, Tarbes Génie Chimique et Génie des Procédés Toulouse Génie Civil Toulouse Inclut un module

construction bois Génie du conditionnement et de l’emballage

Castres Inclut un module emballage papier carton, bois

Licences Pro Ingénierie des procédés pour la Chimie, la Pharmacie, l'Environnement et pour la Valorisation des Agro-ressources

Toulouse

Sciences et Technologies des Energies Renouvelables:systèmes thermiques

Tarbes Inclut les bioénergies

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V-3 Les emplois De la forêt au produit fini, la filière bois employait 15 618 salariés en 2004 en Midi-Pyrénées. Ces emplois représentent 4% des effectifs de la filière bois nationale et permettent à la région Midi-Pyrénées de se classer 11ème au rang français. Une bonne partie de ces emplois (43%) est localisée en espace à dominante rurale. Cette réalité témoigne de la participation active de la filière bois à l’aménagement et à la dynamique du territoire. Dans cette filière, les jeunes actifs sont pour l’essentiel, ouvriers du travail du bois, de menuiserie industrielle et de l’ameublement. Quant aux plus âgés, ils sont pour la plupart artisans.

Répartition des effectifs au 31 décembre 200433

Dans la région Midi-Pyrénées, le secteur bois construction concentre une grande partie des emplois de la filière (6 907) suivi par l’ameublement (3 506) et le travail mécanique du bois (1 790). Le secteur « papetier », pour sa part, arrive en quatrième position et occupe 9,1% de l’emploi de la filière bois régionale. Pour ce qui est du travail en forêt, celui-ci représente 943 emplois soit une part de 6% de l’ensemble de la filière. En 2004, Midi-Pyrénées comptait 1 452 établissements spécialisés dans le travail en forêt. En 2007, les offres d’emplois34 correspondant à la filière bois s’élèvent au nombre de 1720. Soit une baisse de 1,2% par rapport à 2006. Parmi ces offres, plus d’une offre sur deux propose un emploi de charpentiers et de menuisiers ébénistes. La moitié de ces offres porte sur des contrats de longue durée (plus de 6 mois). Les emplois durables se concentrent sur les métiers de la charpente (pose et fabrication). En 2008, le nombre de demandeurs d’emploi dans la filière bois s’élève à 700, soit une baisse de 2,9% par rapport à 2007.

33 Insee (2007), La filière bois en Midi-Pyrénées : entre ressource locale et concurrence mondiale, Numéro 94, janvier, p. 2. 34 Les offres d’emplois correspondent à celles déposées par l’ANPE, organisme auquel tous les employeurs ne font pas appel.

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Actuellement, la filière bois Midi-Pyrénées compte l’équivalent de 22.000 emplois directs35 qui se répartissent de la façon suivante : Secteur d’activité Effectif Pourcentage Menuiserie-charpente, divers 12 000 54 % Ameublement 7 000 32 % Exploitation forestière, sylviculture 1 500 7 % Scierie 1 500 7 % TOTAL 22 000 100 %

Il est important de signaler que la filière génère aujourd’hui un volume d’emplois quasiment équivalent à celui du secteur des industries agro-alimentaires ou de l’hôtellerie-restauration. Pour l’essentiel, ces emplois sont concentrés : - sur le massif des Pyrénées et le sud du Massif Central, pour l’exploitation forestière et la

première transformation du bois - sur la Haute-Garonne, l’Aveyron et le Tarn pour la fabrication de produits finis.

VI - Les politiques d’aides régionales mobilisables sur la Filière Bois

Les politiques du Conseil Régional applicables à la filière bois sont de deux ordres :

- une politique spécifique - une politique générale

VI-1 Une politique spécifique de la Région pour la forêt et le bois

La forêt et le bois se retrouvent dans chacune des trois thématiques prioritaires des politiques publiques pour 2007-2013 affichées aux niveaux régional, national et européen: compétitivité et attractivité des territoires, dimension environnementale du développement durable, cohésion sociale et territoriale. La Région a choisi de les faire bénéficier d’une approche intégrée à travers le «Plan Bois Carbone Durable ». Celui-ci, présenté plus en détail en Annexe 2, s’articule autour de 3 axes sectoriels, bois-énergie, bois-construction, bois-papier et d’un quatrième axe de structuration et gouvernance du système acteurs-filière-territoires. Ce quatrième axe coordonne les trois premiers et les situe dans une démarche intégrée de développement durable. L’Axe 1 concerne le développement de la filière bois-énergie, avec l’objectif de contribuer aux économies d’énergies fossiles et à la réduction de l’émission des gaz à effet de serre (protocole de Kyoto). L’Axe 2 concerne le développement de l’offre bois-construction, avec l’objectif de développer l’emploi du bois dans la construction pour séquestrer durablement le carbone et contribuer à la réduction des gaz à effet de serre (protocole de Kyoto). Y est associée la volonté d’accroître la part des bois provenant de forêts gérées durablement et valorisés régionalement.

35 Source : Midi-Pyrénées Bois.

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L’Axe 3 concerne la compétitivité de la filière forêt-bois-papier dont dépendent des centaines d’emplois dans le Couserans et le Comminges. Il s’agit notamment d’accroître et sécuriser la part de son approvisionnement à partir de la biomasse disponible dans les forêts de la région et des co-produits des industries du bois. L’Axe 4 est relatif à la structuration et à la gouvernance du système acteurs-filière-territoires. Les ambitions du « plan bois carbone durable » supposent la poursuite de la structuration de la filière et l’émergence de projets collectifs. L’annexe 3 au présent Avis présente succinctement les acteurs, autres que la Région, que sont l’Etat (au travers de la DRAAF), les organismes représentant les propriétaires forestiers publics et les propriétaires forestiers privés, et enfin l’Interprofession Midi-Pyrénées Bois qui regroupe la plupart des acteurs de la filière bois.

VI-2 L’application à la filière bois des politiques générales de la Région Il s’agit là des outils consacrés notamment au développement économique, à la formation, à la recherche, à l’énergie, à l’environnement ou aux politiques territoriales : ceux-ci peuvent être mobilisés par les acteurs et partenaires des filières forêt-bois.

VII – L’Inter-Profession Midi-Pyrénées Bois

L'association interprofessionnelle « Midi-Pyrénées Bois » est une association loi de 1901. Elle regroupe, dans 4 collèges, les familles professionnelles qui assurent la production et la gestion forestière, la mobilisation du bois, l'approvisionnement des entreprises à des fins énergétiques ou industrielles, la transformation de ce matériau pour la construction, l'ameublement ou le papier, la commercialisation des produits finis ou semi-finis et la formation. Elle rassemble ainsi environ 6 500 entreprises et 22 000 emplois, en grande majorité sur l’aval de la filière.

Les membres de chacun des 4 Collèges sont présentés en Annexe 3. Le rôle essentiel de l’association est de rapprocher, coordonner et fédérer les différents acteurs de la filière bois régionale en exploitant le maximum des potentialités de Midi-Pyrénées. Elle se trouve au carrefour d'une multitude de sollicitations. Aussi, les objectifs suivants sont-ils privilégiés :

faciliter l’organisation et la relation forêt/industrie, contribuer au renforcement de la compétitivité des entreprises en favorisant,

notamment l’amélioration des outils de production et leurs conditions d’exploitation pour tirer parti de la qualité de la matière première et augmenter la valeur ajoutée créée par l’industrie régionale,

inciter à la prise en compte de l’environnement à tous les niveaux de la filière. promouvoir le matériau bois au niveau des décideurs et du public.

En résumé l’association a pour mission d’ « Animer et développer la filière bois-forêt en Midi-Pyrénées ». En fait il semble qu’une césure se soit opérée dans la filière, qui s’arrête au stade de la première transformation. Les partenaires de la seconde transformation semblent peu présents. Or une interprofession forte paraît être une impérieuse nécessité pour répondre aux défis qui se présentent à tous les acteurs de la filière.

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2ème PARTIE :

L’urgence d’un indispensable soutien à

la filière bois régionale

Important : Dans cette deuxième partie, les passages grisés correspondent aux analyses

et aux propositions du CESR.

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I- Forêt36 et entrepreneurs forestiers de Midi-Pyrénées Une utilisation optimale du matériau bois en Midi Pyrénées, nécessite obligatoirement d’entretenir, de couper et replanter les forêts dans une optique de « développement durable»37. La forêt et le bois offrent en effet de formidables opportunités pour répondre aux défis majeurs que sont la perte de biodiversité et le changement climatique. Il s’agit de trouver les équilibres nécessaires pour garantir à la fois une mobilisation plus importante du bois, l’indispensable protection de la biodiversité et les usages les plus efficients pour lutter contre les gaz à effet de serre. Cette démarche qualité doit s’appuyer, entre autres, sur la traçabilité des flux de matières bois, depuis l’extraction jusqu'à l’usage final. D’une part, ceci valoriserait le bilan carbone « positif » par rapport aux flux importés « négatif », grâce à l’étiquetage du matériau bois « régional » dédié aux productions locales. D’autre part, cette mesure étendue au niveau national, contribuerait à freiner les importations illégales de bois provenant de l’étranger. De manière générale, cette gestion « durable » de la forêt s’inscrit dans une logique encadrée par des normes qui doivent être respectées par tous les acteurs de la filière, qui souhaiteraient mettre en avant cette différence de qualité du bois, du produit ou du service. De façon corollaire, cette gestion « efficace » de la forêt apparaît actuellement comme l’unique outil permettant de lutter contre l’effet de serre. A ce titre, elle représente un enjeu de taille qui doit être considéré non seulement à l’échelle locale mais également globale. I-1 Sous exploitation et morcellement de la forêt Midi pyrénéenne : un handicap majeur pour la filière bois régionale Les industries de première et deuxième transformation doivent certifier leurs produits. La certification, indispensable pour ces deux niveaux, les rends dépendants de l’amont. Le CESR souhaite que les propriétaires gèrent leur forêt, plus que jamais, dans une optique de développement durable. Cette gestion « durable » de la forêt doit être conforme à une démarche normative (notamment PEFC) qui doit être respectée par tout exploitant qui voudrait mettre en avant la bonne gestion de la forêt dont est issu son bois. Dans un but de production durable, une exploitation optimale correspondrait à l’accroissement biologique de la forêt. La sous-exploitation d’une forêt correspond à l’écart existant entre un niveau idéal d’exploitation et une exploitation effective sensiblement inférieure. Cette sous-exploitation est source de déséquilibre dans la mesure où elle occasionne un vieillissement excessif de la forêt qui devient, dès lors, fragilisée dans certaines de ses fonctions (bilan carbone, production de bois). Souvent, cette sous-exploitation a pour principale origine des causes techniques mais également d’ordre sociologiques38.

36 Précisons que le thème du débardage en forêt sera soulevé au paragraphe VI-1-1 de cette deuxième partie. 37 De nombreux exploitants ne respectent pas cette norme.

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I - 1- 1 Les causes techniques de la sous-exploitation

Lors des années 1998 et 2005, l’IFN a procédé à une classification de la forêt française de production en fonction de sa classe d’exploitabilité. Un rapport (2005) du ministère de l’agriculture et de la pêche reprend cette classification en établissant une comparaison entre les années39 1998 et 2005. Classes 1998 % 2005

%

facile 1342 Mm3 61,3 1438 Mm3 60,7 moyenne 222 Mm3 10,2 216 Mm3 9,1 S/ total facile et moyenne arrondi à 70% difficile 559 Mm3 25,6 696 Mm3 29,4 Très difficile 64 Mm3 2,90 18 Mm3 0,8 S/ total difficile et très difficile arrondi à

30% Totaux 2187 Mm3 100 2368 Mm3 100 De manière générale, l’IFN a établi ce constat en se basant sur 4 éléments :

- la nature du sol (portant, accidenté ou mouilleux) - la pente (0-15%, 15-30%, 30-70%, > 70%) - la distance de débardage ( < 200 m, > 2000 m ) - accessibilité (site accessible sans création de piste, site accessible avec création de

piste, site inaccessible : piste impossible).

En 2005, pour 70% des volumes, l’exploitabilité est jugée facile ou moyenne. Les causes techniques n’expliquent en rien la non récolte qui porterait sur ces 1600 Mm3. En outre, une amélioration de la desserte des jeunes peuplements éloignés de plus de 500 m de l’accès aux grumiers serait à étudier. Cette mesure concernerait un volume de 257 Mm3. Pour 29,4%, l’exploitabilité est jugée difficile. Une part de 15% (soit un volume de 335 Mm3) de cette proportion a un débardage inférieur à 500 m, mais avec une pente supérieure à 30%. Dans ce cas, l’accroissement de la récolte passe par l’amélioration des techniques d’exploitation sur sol pentu. Il faut donc une mécanisation adaptée (abatteuse sur châssis araignée, utilisation du câble mât pour le débardage) afin de maximiser l’exploitation de ce volume.

Pour 18 Mm3, l’exploitation est jugée très difficile. Par conséquent pour 0,8% du total, l’exploitation est quasiment inenvisageable. Dans la majorité des cas, il s’agit de volumes sur pied répertoriés :

- soit inexploitables, - soit en travaux spéciaux piste impossible, - soit avec un débardage supérieur à 2000 m quand le sol est accidenté ou mouilleux,

avec une forte pente (supérieur à 30%)

38 Ces causes sont traitées en détail dans un rapport : Jean-Marie Ballu et al. (2007), Pour mobiliser la ressource de la forêt française, Ministère de l’Agriculture et de la Pêche. 39 Pour les années 1998 et 2005, les chiffres sont exprimés en Millions de m3.

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Récemment, la Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF) a indiqué qu’à l’heure actuelle, en Midi-Pyrénées, tout ce qui peut être mobilisable économiquement est mobilisé. Par conséquent, si l’on veut mobiliser « davantage », il est nécessaire d’investir40. Une grande partie de la forêt Midi-Pyrénéenne est à accessibilité moyenne, difficile et parfois même très difficile. En conséquence, certaines zones n’ont pas été exploitées depuis plus de 70 ans. Cette situation favorise le vieillissement du massif de la forêt qui ne remplit plus ses « fonctions initiales » (écologie, économie…). Pour le CESR, il est nécessaire d’agir pour encourager l’aménagement et la gestion des surfaces en accordant, en particulier, les moyens suffisants au service public de l’Office National des Forêts notamment dans le cadre des RTM « Restauration des Territoires de Montagne ».

I -1- 2 Les causes sociologiques de la sous-exploitation Depuis plusieurs années, le morcellement est considéré comme l’un des problèmes majeurs de la forêt privée régionale. Pour le réduire, il serait souhaitable de mettre en place des incitations fiscales ou encore, des aides au remembrement forestier, à la réduction des coûts de transaction, à la création et au regroupement d’associations de propriétaires qui favoriseraient le regroupement des parcelles. Mais ces mesures semblent vaines pour les propriétaires de petites parcelles qui, souvent, ne payent pas l’impôt foncier tombé sous le seuil de perception. En conséquence, les « biens vacants » (propriétés dont la surface est inférieure à 5 ha) deviennent difficilement quantifiables et identifiables puisque non répertoriés dans les registres fonciers41. Il est donc souvent très difficile de mobiliser les propriétaires de ces petites superficies car le non paiement de l’impôt foncier engendre un désintéressement des propriétaires concernés. Nombre d’entre eux, n’ayant plus la culture sylvicole, éprouvent un désintérêt pour ces questions là. En région Midi-Pyrénées, le morcellement est souvent la conséquence de partages graduels de parcelles (héritages) entre membres de même famille. Il serait souhaitable que les pouvoirs publics incitent au regroupement des « petites » parcelles. Ils pourraient, ainsi, à court terme, adapter le cadre législatif nécessaire et, à moyen terme, imposer le calendrier de mise en œuvre de ce cadre aux propriétaires. In fine, le regroupement de ces parcelles doit permettre une meilleure gestion de la forêt. Pour le CESR, il devient urgent de sensibiliser l’ensemble des acteurs pour dépasser les effets nocifs du morcellement et, partant de là, d’une sous-exploitation de la forêt car on remarque qu’aujourd’hui, la réglementation forestière en vigueur vise davantage à protéger la forêt qu’à dynamiser sa gestion ou à lutter contre les effets pervers de l’abandon. Il devient donc primordial de mieux mobiliser une plus grande partie de la ressource.

40 Il s’agit d’investissements lourds. 41 En effet, l’impôt n’est exigible qu’à partir de 12 Euros. Les propriétaires de 2ha à 3ha doivent théoriquement s’acquitter d’un impôt de 10 Euros. L’Etat réclame rarement cette somme car rien que le simple fait d’engager cette démarche lui coûterait 12 Euros.

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I-2 La situation contrastée des entrepreneurs forestiers de Midi-Pyrénées

I -2- 1 Une augmentation des coûts En Midi-Pyrénées, les entrepreneurs forestiers sont éloignés des grandes agglomérations et pour l’essentiel, leurs emplois sont localisés dans les espaces à dominante rurale. Plus précisément, les entrepreneurs de travaux forestiers sont des prestataires de services, affiliés au régime social agricole. Leurs activités s’orientent autour de : - l’abattage traditionnel - l’abattage mécanisé - le débardage - les travaux sylvicoles - le bois énergie

L’abattage traditionnel fait principalement référence au métier de bûcheron. Il s’agit d’un corps de métier dont la région Midi-Pyrénées a réellement besoin puisque certains massifs ne peuvent être atteints par des engins mécanisés. En effet, aujourd’hui, Midi-Pyrénées manque cruellement de bûcherons. Ce qui indique que le métier est insuffisamment attractif. L’abattage mécanisé est effectué au moyen d’abatteuses. Le prix de ces machines oscille entre 350 000 et 450 000 euros. Cette activité manque souvent de conducteurs. Ces derniers doivent suivre une formation de 18 mois. Malgré une augmentation de la productivité des machines et des coûts, le prix de la prestation reste au même niveau depuis une vingtaine d’années. De plus, même s’il y’a eu une augmentation des gains de productivité des engins forestiers, celle-ci n’est pas à la hauteur de l’accroissement des coûts subis par les professionnels ces dernières années. Le débardage s’effectue au moyen de « Porteur » dont le prix varie entre 200 000 et 270 000 euros. Il s’effectue également à l’aide de machines « Skidder » qui peuvent coûter de 100 000 à 180 000 euros. Pour l’essentiel, cette deuxième catégorie est destinée à des zones difficiles d’accès. Néanmoins, dans des conditions extrêmes, c’est le débardage par câble qui est privilégié. A noter que pour ce type d’activité, le constat est le même que pour l’abattage mécanisé, exception faite pour le temps de formation des salariés qui est moindre. Plus globalement, cette activité reste en quête de salariés qualifiés. Néanmoins, à l’identique de l’activité d’abattage mécanisé, le prix de prestation stagne. L’activité bois énergie fait appel à des déchiqueteuses dont le prix oscille entre 70 000 (sans la grue) et 220 000 euros. De manière générale, si l’on se réfère aux données du FCBA42 2006 : - 73 entreprises disposaient d’engins répertoriés,

42 FCBA : Forêt, Cellulose, Bois, Ameublement.

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- 156 engins identifiés dont 32 abatteuses en 2006 (43 aujourd’hui), 56 porteurs, 54 skidders, 14 tracteurs.

Depuis près de 20 ans, les charges supportées par ces entreprises progressent (augmentation du coût du matériel, carburant, charges sociales…) tandis que leur chiffre d’affaires stagne, ce qui pose problème pour leur survie à terme. Cette hausse des coûts concerne également les matières premières : - L’acier passe d’un indice 100 en 2000 à un indice 160 en 2007. - Le caoutchouc évolue de 47 € à 178 € de 2000 à 2007. - Le plomb est à 500€ la tonne en 2003 et à 3650 € la tonne en 2007. - Le silicium a augmenté de 5 € à 47 € en l’espace de 18 mois.

Ces augmentations accroissent la dépendance des entreprises de travaux forestiers vis-à-vis de leurs clients. En l’état actuel des choses, il convient d’apporter une aide aux entrepreneurs déjà installés sur la région. Cette aide peut passer notamment par des subventions aux câbles nécessaires pour l’exploitation, technique incontournable en Midi-Pyrénées au regard du relief dominant. Toutefois, cette aide doit s’adresser prioritairement aux entreprises pérennes installées depuis un certain temps dans la région Midi-Pyrénées, surtout lorsque l’on sait qu’à l’échelon national, la moyenne d’existence d’une entreprise « jeune » ne dépasse pas cinq années. En effet, entre 2000 et 2005 par exemple, le taux de survie pour les nouveaux employeurs de mains d’œuvre avoisinait les 27%. Par ailleurs, il convient de mieux redistribuer les subventions « filière bois » car il semblerait qu’elles s’adressent en majorité aux coopératives (80%) qui jouent un rôle de concentrateur de ces aides avec, parfois, une redistribution vers les autres structures de la filière. Le CESR considère qu’il est essentiel de soutenir les entrepreneurs de travaux forestiers mais également le métier de bûcherons et d’élagueur (récupération de la TVA sur l’essence des tronçonneuses par exemple). De plus, la condition sociale des travailleurs en forêt est souvent difficile. Des solutions (salaires, protection sociale, formation et polyvalence…) doivent être envisagées afin de permettre à ces travailleurs de vivre correctement de leur travail. Il serait souhaitable qu’ils puissent bénéficier d’un statut « d’ouvrier forestier polyvalent» à durée indéterminée et à temps plein (éventuellement au travers de groupements d’employeurs) comme cela existe dans le monde agricole, de possibilités de reconversion vers des travaux moins pénibles et d’une retraite à 55 ans compte tenu de la pénibilité et de la dangerosité de leur métier. Le regroupement des petites parcelles, la constitution d’une véritable filière bois et son développement, qu’appellent les objectifs du Grenelle de l’Environnement, offrent incontestablement un cadre permettant le développement et la sécurisation des parcours professionnels de ces ouvriers forestiers considérés jusqu’à ce jour comme saisonniers. Le CESR incite à responsabiliser les donneurs d’ordres et tous les acteurs de la filière (experts, coopératives, chambre d’agriculture, groupement de petits propriétaires et exploitants…) et assujettir les aides publiques à la création d’emplois durables et à la sécurisation des parcours professionnels.

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La constitution d’une véritable filière bois et les objectifs du Grenelle de l’environnement ne pourront être atteints qu’avec des garanties collectives répondant aux besoins de notre temps, permettant la reconnaissance des métiers pour ce qu’ils représentent en tant que capital humain, savoirs et savoir faire indispensables au développement économique.

I-2-2 Des entrepreneurs forestiers fragilisés et bénéficiant d’aides inférieures à ceux des régions voisines

En septembre 2008, la situation des entrepreneurs est très fragile. Quelques mois plus tard, ces derniers se trouvent dans une situation critique. Cette situation a pour cause principale une diminution de la productivité principalement due : - aux conditions climatiques, - à l’obtention de chantiers de plus en plus difficiles, - à une grande partie de leurs clients qui doivent faire face à une diminution des ventes

du bois. La tempête Klaus du 24 janvier 2009 a occasionné d’énormes dégâts dans les massifs forestiers du Sud-Ouest. La première conséquence est, bien sûr, la présence de millions de mètres cubes de bois à terre. Cette quantité sera difficile à écouler car les acteurs de la filière bois ont perdu beaucoup de marchés ces derniers mois. A ce jour les moyens de mobilisation du bois sont présents mais le marché du bois a fortement chuté. Cette situation est à l’opposé de celle de l’après tempête 1999 durant laquelle nous avions des difficultés à mobiliser le bois alors que les débouchés existaient. Ces entrepreneurs souffrent du manque de travail43 en raison de la chute des ventes de bois. De surcroît, tout comme les nombreux bûcherons traditionnels de la région, ils disposent de trésoreries fragiles du fait des lourds emprunts contractés avant la crise, notamment sur les abatteuses, porteurs et skidders. Le CESR admet qu’un plan de soutien aux entrepreneurs de travaux forestiers est indispensable. Par ailleurs, le CESR demande de reconsidérer les octrois d’aides. En effet, dans certaines régions limitrophes à Midi-Pyrénées (Aquitaine, Languedoc-Roussillon), les aides aux entrepreneurs sont importantes. En Languedoc-Roussillon, par exemple, la région prend en charge 30% du prix d’achat d’un matériel forestier non roulant (grue…). Cette mesure, qui s’applique à des engins dont le prix avoisine souvent les 230 000 euros, n’existe pas dans la région Midi-Pyrénées. Par conséquent, le CESR estime que la Région Midi-Pyrénées devrait penser à la mise en place d’une aide similaire, sous condition de contreparties sociales et environnementales. Il s’agit là d’un élément important puisqu’on soulève la question relative au devenir des entrepreneurs locaux et à l’extraction de la ressource.

43 Situation qui concerne, certes, les chefs d’entreprises mais également les nombreux salariés qui risquent de se retrouver au chômage à temps partiel dans un premier temps.

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I-3 Incendie et tempête : des risques pour la forêt Le Plan de Prévention Risques (PPR) est un document réalisé par l’Etat. Ce dernier réglemente l'utilisation des sols en fonction des risques naturels auxquels ils sont soumis. La loi du 2 février 1995 ( dite « loi Barnier ») a créé les plans de prévention des risques naturels prévisibles qui constituent aujourd’hui l’un des instruments essentiels de l’action de l’État en matière de prévention des risques naturels. Parmi ces risques naturels, on retrouve les inondations mais également d’autres risques comme les séismes, les mouvements de terrain, les incendies de forêt, tempête, les avalanches... Le risque dans sa globalité, c’est avant tout l’exposition du vivant et des biens, puis la perte définitive sur un cycle long de la ressource et de sa valeur. La tempête du 27 décembre 1999 a occasionné des dégâts importants pour la filière bois régionale. A peine remis Klaus, le 24 Janvier 2009, aura été encore plus ravageur pour le massif forestier du sud-ouest. La filière, déjà mise à mal par la crise économique, doit faire face à cette nouvelle catastrophe et à ses conséquences. Pour ce qui est du risque incendie, l’actualité internationale récente nous montre en Australie que la combinaison de plusieurs paramètres défavorables peut mettre en péril « avec un sentiment d’impuissance » les populations, leurs biens et la ressource. En Midi-Pyrénées toutes les zones sont elles sécurisées? Existe-t-il des marges de progrès… L’enjeu majeur consiste à répondre efficacement aux 3 temps suivants : - Le premier temps (T1), correspondant à la prévention, conditionne l’efficacité des

temps T2 et T3. - Le deuxième temps (T2) concerne la réaction face au fléau. La préparation (plans) et

les moyens pour cette étape sont définis en T1. - Le troisième temps (T3) porte sur la rénovation et l’écoulement de la ressource. La

gestion de cette action est prévue dans T1. Pour faire face à ces risques, il convient de mettre en place une logique de cellule préventive, « en veille permanente, devenant cellule de crise au moment nécessaire » capable d’établir un plan d’action global ayant pour objectif principal : la limitation des dégâts et la gestion des ressources impactées. Pour ce qui est de la tempête, cette cellule devra établir des plans précis pour organiser dans un temps raisonnable, le déblocage des voies de communication et d’accès aux réseaux, le tri, le stockage, l’orientation selon l’usage final envisageable de la ressource en intégrant le transport de bois. Elle devra également réfléchir, avec les organismes compétents, à la possibilité de replanter ou non d’éventuelles essences pour la régénération des massifs impactés. Par ailleurs, afin de prévenir le risque incendie, les cellules et acteurs qui déjà gèrent ce risque doivent être soutenus dans leur action. Il sera nécessaire d’accompagner et de coordonner toutes actions de mise à niveau pour la prévention et l’information. Une attention particulière devra être consacrée à la définition des périmètres de sécurité sur les secteurs sensibles entre les populations et le massif…

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En cas de dérives ou de manquement aux principes de sécurité, les notions de contrôle et de sanctions doivent être envisagées. En outre, le CESR engage la Région Midi-Pyrénées à mettre en œuvre des mesures incitatives préventives pour les particuliers et les collectivités territoriales propriétaires des forêts pour la réhabilitation des chemins, de manière à favoriser l’accès des secours. II – Une industrie des sciages régionale en perte de dynamisme Les scieries représentent un maillon clé de la filière. Elles constituent une charnière incontournable entre l’exploitation forestière et la seconde transformation. En Midi-Pyrénées, la tempête de 1999 a marqué un tournant pour la profession. Depuis cet évènement, nombre de scieries ont fermé faute de repreneurs potentiels. Pour que l’activité reprenne, le CESR considère qu’il est impératif d’augmenter les capacités des scieries existantes et d’ouvrir d’autres scieries afin que le bois local, qui est souvent transporté hors région, puisse être scié et valorisé en Midi-Pyrénées. Parallèlement, l’ensemble des scieries doit progresser dans le triage et le conditionnement du bois pour livrer des produits normalisés qui correspondent à la demande. Actuellement, seules cinq des grandes scieries de Midi-Pyrénées peuvent être considérées comme étant performantes. Cependant, ces dernières sont loin de concurrencer les autres grandes scieries françaises ou européennes. En Allemagne ou en République Tchèque, par exemple, les scieries sont très efficaces puisqu’elles arrivent à travailler sur un volume de 10 Millions de m3 annuel. En Midi-Pyrénées, ce chiffre est ramené à 300 000 m3. Nos scieries locales sont trop petites et par conséquent, incapables de satisfaire les commandes les plus conséquentes. A ce stade de l’analyse, notons que les toutes petites scieries disséminées dans la région ont une tendance à s’approvisionner localement. Pour toutes les autres, plus importantes, l’approvisionnement s’effectue à la fois sur le plan régional, national ou international. En Midi-Pyrénées, les scieries ne fournissent que très peu de produits respectant les caractéristiques attendues de l’Aval. Pour cette raison, Midi-Pyrénées importe massivement du bois en provenance d’autres régions de France mais aussi d’autres pays du monde, alors qu’en la qualifiant, nous disposons d’une ressource locale à la hauteur de la plupart des besoins. Le CESR recommande aux scieries de Midi-Pyrénées d’évoluer et de s’adapter aux besoins de certains secteurs comme la construction. Pour ce dernier, par exemple, les scieries ne doivent pas se limiter à la seule fourniture de bois massif et au débit sur listes, mais par la maîtrise du séchage et du classement, répondre aussi aux nouvelles normes du marché de la construction et du bois d’œuvre en général44. Les scieries doivent fournir des produits qui répondent aux besoins des cahiers des charges de la deuxième transformation (dimension commerciale…) tout en favorisant l’utilisation du bois local. Dans notre région, le problème se situe en amont. Dans le Tarn certes, nous avons une forêt jeune qui produit du bois calibré moyen et sain. Elle fournit ainsi une ressource abondante et 44 Le paragraphe V-5-1 (deuxième partie) traite de cette question.

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homogène (douglas). Cette particularité est une exception car le massif midi-pyrénéen, dans son ensemble, est hétérogène. Les scieries correspondent à une industrie lourde et coûteuse. En plus de financer les achats de bois, elles doivent procéder à une gestion optimale du bois stocké sous différentes formes. Ce coût à supporter se compose de trois éléments : - un stock d’arbres en forêt - un stock de grumes (arbres abattus sur chantier prêts à débiter) - un stock de bois sciés (débités) prêt à la vente finale

Dans ce secteur, nous remarquons une diminution au niveau de l’utilisation des feuillus. Le principal utilisateur de cette essence est l’industrie du meuble qui a procédé à de nombreuses délocalisations. L’utilisation des résineux a, pour sa part, connu une hausse. Cette dernière est principalement due aux montées en puissance de nouvelles forêts dans la région, parmi lesquelles, celle de l’Aveyron et du Tarn. Pour l’essentiel, cette augmentation s’est accompagnée d’une extension de la capacité de certaines scieries. La scierie de Brassac dans le Tarn en est un exemple45. Pour redynamiser les scieries locales : - Les scieries doivent tenir compte des besoins du marché tout en favorisant l’utilisation du bois local. - Il apparaît urgent de mettre en place des partenariats entre scieries, et plus largement entre acteurs de la filière, chose peu pratiquée aujourd’hui. Il faut donc établir un projet de coopération globale entre les différentes scieries. Ce projet ne signifie pas la fermeture des petites unités, par ailleurs déjà concurrencées par des scieries mobiles46, au profit d’une scierie de très grande capacité qui drainerait tout le bois. Si c’était le cas, on s’apercevrait très rapidement que le bois de la région ne suffit pas pour approvisionner une telle structure géante. Dès lors, il faudrait importer du bois d’autres régions limitrophes voire au-delà. Ce qui va à l’encontre de la logique du Grenelle de l’environnement. Dans une telle situation la scierie ne serait plus rentable. Par ailleurs, il n’est pas dans l’intérêt des détenteurs, publics et privés, d’avoir en face d’eux une seule entreprise pour valoriser leurs bois. - Il faudrait sécuriser les approvisionnements des scieries par des contrats pluriannuels car si elles sont assurées d’avoir les approvisionnements suffisants, elles pourront développer leurs marchés et adapter leurs outils. Une meilleure efficacité de ces scieries passe notamment par des investissements mais aussi par des projets de regroupements ou de mise en réseaux. Pour le CESR, il est indispensable :

45 Le cas de la scierie de Brassac est traité en détail en annexe 5. 46 Les scieries mobiles peuvent se révéler très adaptées au cas de petits lots et pour les propriétaires qui disposent d’un minimum de moyens logistiques. Elles fonctionnent aujourd’hui sous une forme moderne, tractées par des véhicules tout terrain pour se rendre chez des clients.

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- De favoriser de nouveaux partenariats entre l’amont, la première et la deuxième transformation, pour sécuriser les flux de matières (contrat d’approvisionnement, prise de participation…).

- D’accompagner par l’ingénierie et le financement, le développement d’outils de mutualisation des moyens (maîtrise du séchage…) et de regroupement des acteurs.

- De favoriser l’utilisation de bois dans les bâtiments et autres usages publics et privés. - D’encourager l’implantation d’industries intermédiaires, consommatrices de leur

matière première ou de leurs déchets, pour produire de nouveaux matériaux et procédés dédiés à l’aval de la filière.

III- Analyses et perspectives pour l’industrie du meuble national et régional III-1 Un secteur soumis à une concurrence exacerbée L’industrie du meuble regroupe de nombreux produits, aux technicités plus ou moins complexes, à usage domestique ou professionnel. Cette industrie est majoritairement constituée de produits à base de bois (65%). La période actuelle est dominée par l’émergence de concepts déco/styles (Bo concept). Ikea est le premier en France et ce, au détriment des magasins de meubles traditionnels qui se vident. Les gros fabricants français éprouvent des difficultés. Les petits et moyens fabricants cherchent de nouveaux marchés. De nos jours si l’on devait dresser un diagnostic du couple fabricants-distributeurs traditionnels, il s’établirait comme suit : - Les fabricants doivent réadapter leurs produits et services. Leur stratégie marketing

actuelle ne leur permet pas de s’affirmer sur le marché. De surcroît, ils ont une connaissance approximative du comportement du consommateur.

- Les distributeurs sont perçus par le consommateur comme porteurs d’une faible valeur ajoutée. Leur positionnement actuel semble flou et leurs stratégies s’inscrivent dans une logique de court terme.

Au niveau national, les petits fabricants opèrent sur 20% du marché et voient leur part diminuer de 2% par an. Plus spécifiquement, en matière de meuble, la France est héritière et détentrice d’un style unique. A l’étranger, l’image des produits français est synonyme de qualité et de savoir faire. Néanmoins, nous avons du mal à vendre ce savoir faire. De surcroît, ce style dit « ancien » est aujourd’hui de plus en plus imité et ce, notamment, par des industriels égyptiens ou chinois. Pour ce qui est du reste du secteur, il est non seulement soumis à une concurrence exacerbée (Ikea…) mais également confronté à une conjoncture défavorable. De plus, en dépit d’une demande en constante augmentation, les entreprises françaises du meuble souffrent face à une distribution concentrée et puissante, qui impose sa politique d’achat. Cette dernière, principalement axée sur le prix, tend à délaisser la production française au profit d’approvisionnement en provenance de l’étranger.

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Avec un tel constat, les entreprises françaises du meuble, peuvent apparaître aujourd’hui comme étant impuissantes, face à la concurrence internationale sur le marché français. La situation actuelle de cette industrie est délicate et mérite le soutien régional pour passer ce cap. Il ne faut pas assimiler ce constat à une fatalité, mais plutôt le considérer comme un défi à relever. Les nouveaux enjeux imposent de repositionner le secteur du meuble régional sur le marché local et national, puis de le propulser vers de nouveaux segments commerciaux dont, l’export. Il faudra, dans ce renouveau, privilégier l’axe « développement durable » au sein d’entreprises (socialement viables) qui créent des produits « principalement » avec des essences de bois locaux. En effet, depuis peu, le développement durable47 influence le consommateur dans ses critères de choix (bilan carbone positif…). A l’évidence, l’ensemble des fabricants de Midi-Pyrénées doivent s’adapter aux exigences de la grande distribution sur les délais et les coûts. Ils doivent également se conformer à de nouvelles règles avec lesquelles ils sont, à ce jour, peu familiarisés. A ce stade de l’analyse, voici quelques pistes de travail qui nous semblent prioritaires pour atteindre un mode opératoire performant :

Adaptation des entreprises du meuble pour ajuster leur offre, leur mode opératoire, et leur mise en marché (Formation, Marketing, Conseil & ingénierie…).

Mutualisation de moyens techniques et économiques afin d’entrer en relation avec les créateurs et designers de renommée internationale (création de ligne, évènementiel et promotion, émulation et reconnaissance…).

Création de marques et d’un signe de reconnaissance fédérateur pour le meuble en particulier et la filière bois dans son ensemble. Cette disposition pourrait être réalisée sous une bannière régionale.

Création de nouvelles fonctions pour l’agenceur (équipements, accessibilité…). Les surfaces habitables semblent de plus en plus restreintes. Les meubles fabriqués

doivent tenir compte de cette donne et être dimensionnés en conséquence. L’offre doit donc s’adapter au marché.

III-2 Innover et mettre en avant le savoir faire régional du secteur « meuble » En 2007 les principales activités liées au secteur du meuble local ont souffert d’une demande atone : attentisme de la clientèle privée et du secteur public. A cela s’ajoute une concurrence des produits provenant de l’étranger et principalement de Chine et d’Italie. La grande distribution, par exemple, s’approvisionne à hauteur de 65% à l’étranger. La distribution traditionnelle, pour sa part, le fait à hauteur de 20%. En adoptant cette stratégie, la distribution délaisse les fabricants locaux, ce qui porte atteinte à l’équilibre économique et social du territoire. Comme le montre le graphique suivant, le commerce du meuble est déficitaire :

47 Pour plus de précision sur le lien ameublement-développement durable, consulter notamment le site : http://ameublement-durable.com/presentation.asp

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Fort de ses valeurs et s’appuyant sur de nouvelles approches « fonction, design et développement durable », le secteur du meuble de Midi-Pyrénées pourrait se repositionner sur le marché national et conquérir l’international à condition de s’en donner les moyens logistiques par l’alliance et le soutien régional. Ce secteur doit privilégier des stratégies d’innovation, de différenciation ou de politique de marque. Pour noter l’importance de l’innovation, on peut par exemple citer l’entreprise aveyronnaise de mobilier de crèches, Mathou, qui a récemment commercialisé un lit innovant dont la presse s’est fait l’écho (ref : Objectifnews.com, 2 avril 2009). Par ailleurs, il faut souligner que Midi-Pyrénées est une région clé dans l’artisanat d’Art relevant du bois. Au sein de cette dernière, si les artistes ou artisans du meuble et de l’objet constituent une part non négligeable, ils restent cependant mal identifiés. La ville de Revel est connue pour son artisanat centré autour du meuble et son savoir-faire. La création d’emplois pourrait venir de ce secteur si ce dernier développe sa stratégie de différenciation et arrive à créer de nouvelles lignes à la fois esthétiques et fonctionnelles. Pour dynamiser et repositionner l’industrie du meuble, le CESR propose : - de créer un étiquetage « marquage produits finis » qui s’appuierait sur les valeurs du « made in France ». Il peut s’agir d’un label « Provenance Midi Pyrénées (PMP) »48 qui, associé à la certification « PEFC », aurait un impact majeur. Cet outil, au-delà de l’effet Marketing local, soutiendrait les fabricants de la région. Nul doute que cette démarche fédératrice contribuerait à structurer la promotion et la distribution des produits « bois finis », et augmenterait l’opportunité d’actions groupées vers l’international.

48 Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) Régional et Indication Géographique Protégée (IGP) de Massif. Les délais de procédures liées à l’obtention de ces labels sont relativement longs. Il convient donc d’engager cette démarche le plus rapidement possible. A titre d’exemple consulter notamment : http://www.aocboisdujura.ch/

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- d’organiser un évènement d’envergure internationale en Midi Pyrénées. Cet événement, qui pourrait bénéficier d’une chaîne de co-financement « Région…ville d’accueil », initierait un challenge biennal entre les plus grands créateurs mondiaux et régionaux du design, associés à des écoles de design et des entreprises locales. Cette action, véritable laboratoire des nouveaux styles et procédés, aboutirait à de nouvelles lignes « produits » (dépôt des dessins et modèles PMP) qui permettraient le repositionnement nécessaire des fabricants régionaux. - d’impulser la création de lignes de systèmes d’équipements ou de meubles adaptés au défi de l’accessibilité aux lieux publics régionaux, comme les Etablissements Recevant du Public (ERP). Cette démarche, respectant les exigences réglementaires (solutions bois PMP), engendrerait des commandes publiques et privées auprès des entreprises de la 2ème transformation du bois. - d’encourager l’organisation d’une tournée internationale pour « les produits PMP ». Cette tournée, ayant lieu dans des salons internationaux clés, aurait pour vocation de repositionner l’industrie du meuble sur le marché international. Cette action, soutenue par les relais (institutionnels,…) rendrait, de facto, les nouveaux marchés et l’export accessibles. D’autres filières pourraient s’associer à cette action, comme la filière du Tourisme ou celle de l’industrie Agro-alimentaire. - d’accompagner les entreprises de production de meubles et d’éléments d’agencement afin qu’elles puissent assumer les mutations structurelles, matérielles et logistiques, pour augmenter leurs performances. - de maintenir sur le territoire régional les dispositifs qui permettent de sauvegarder les capacités de productions et d’innovations (ex : le Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologie 12 bois : CRITT 12 bois). IV- L’industrie papetière49 De manière générale, l’industrie papetière (papeterie, pâte à papier, cartonnage…) est tributaire des fluctuations des cours en dollar de la pâte à papier et du cours du dollar. En Midi-Pyrénées cette industrie est donc actuellement fortement pénalisée, ceci étant globalement aggravé par les coûts de transports de l’approvisionnement en bois. Pour avoir une meilleure vision de l’industrie papetière en Midi-Pyrénées, intéressons-nous aux trois premières entreprises actuelles à savoir : Tembec Saint-Gaudens, SNC Saint-Girons Industries et Papeteries Léon Martin. Une analyse sera également consacrée à Ledar Saint-Girons qui a déposé le bilan fin septembre 2008. Plus globalement, cette analyse a pour objectif de définir les actions qui permettront de renforcer et maintenir cette industrie dans la région Midi-Pyrénées. IV-1 Tembec Saint-Gaudens (31) : une situation économico financière affectée par un sur-stockage

49 Certaines informations contenues dans ce paragraphe sont tirées du rapport : Algarra L. et alii (2006), Avenir industriel et Economiques du secteur papetier en Comminges et Couserans, Michel Goyhenetche Consultants.

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IV-1-1 La situation économico financière de Tembec Saint-Gaudens Comme précisé dans la première partie de l’Avis, Tembec Saint-Gaudens appartient en majorité à un groupe canadien « Tembec », essentiellement implanté en Amérique du Nord et en France. Il employait en 2008 près de 6 727 salariés, contre 10 047 en 2004. Ce groupe a réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 2376 M CAD50 en 2008, en baisse par rapport aux 2 750 M CAD enregistrés à la même période de l’année précédente. La compagnie a subi une nouvelle dégradation du résultat net à – 150 M CAD. Son résultat d’exploitation est redevenu négatif en 2008 : – 77 M CAD contre + 119 M CAD en 2007. L’année 2008 a aussi été marquée par des investissements d’un faible niveau (environ 75 M CAD) et un résultat en chute à – 6,5% (contre + 1,4% en 2007). Plus précisément, les activités du groupe Tembec tournent autour de 5 branches de « la filière bois » : - les produits forestiers (bois d’œuvre, panneaux, …), - les pâtes, - les papiers, - le carton, - les produits chimiques. Sur ses 9 usines, 6 sont installées au Canada et 3 en France (Saint-Gaudens, Tarascon et Tartas). Toutefois, l’ensemble des usines de pâtes de TEMBEC est confronté à la faiblesse du dollar US qui est la monnaie de facturation des pâtes marchandes, par rapport aux devises locales (euro et dollar canadien). Tembec Saint-Gaudens est spécialisée dans la production de pâtes chimiques de fibres courtes à partir d’essences variées de feuillus. Elle produit également de la pâte de chêne/châtaignier, de peuplier (40 000 t/an) et de résineux. Jusqu’en 2008 les fibres courtes de bois de feuillus représentaient les 3/4 de la production. Avant la tempête KLAUS, la majorité de ses clients (≈ 85%) achetaient de la pâte mixte de feuillus utilisée essentiellement pour la production de papier haut de gamme. Plus largement, 50% des ventes de cette usine s’effectuent à destination de la France, 30% en direction de l’Espagne51 et 20% vers l’Italie. Au cours de la période 2005-2006, par exemple, quatre clients sont à l’origine de 50% des ventes de cette usine et pour l’essentiel, la plupart se fournissaient à hauteur de 15 à 50 milliers de tonnes de pâtes/an. Quant aux plus petits, ils achetaient entre 5 000 et 10 000 tonnes par an. Par ailleurs, travaillant de manière privilégiée avec des entreprises locales, Tembec s'alimentait auprès des exploitants forestiers de la région en bois de feuillus et de résineux. Pour 2009, en tenant compte de l’effet de la tempête KLAUS et de la faiblesse du marché en feuillus, la production s’oriente vers 2/3 de pâte de résineux (150 à 180 000 t/an), 40 000 tonnes de peuplier et plus que 45/50 000 tonnes d’autres feuillus. Ce nouveau contexte pose, de fait, la problématique de la continuité des approvisionnements régionaux et la nécessaire

50 Les données sont exprimées en dollars canadiens CAD. Au 17/04/2009, 1 CAD = 0,63 €. 51 Essentiellement vers la Catalogne et le Pays Basque.

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recherche de nouveaux clients. Il est indispensable de ne pas tomber en dessous du seuil d’approvisionnement (350 000 tonnes) qui mettrait en difficulté l’ensemble des activités amont de la région Midi-Pyrénées, notamment le bûcheronnage. Il faut cependant noter que ce site peut être considéré comme une usine à fort potentiel (usage des meilleures technologies, enjeux environnementaux, efficacité énergétique). C’est certainement pour cette raison qu’en 2006, près de 40 M€ (sur une période de trois ans) ont été investis dans l’unité énergétique basée sur l’utilisation de la biomasse. Sur le plan énergétique, soulignons que début 2008, l’entreprise, autonome en énergie, est excédentaire dans ce domaine. Cette particularité lui permet de disposer d’un poste de coût énergie quasiment nul. L’usine Tembec Saint-Gaudens est assez bien positionnée dans son secteur. Elle a parié sur le long terme en réalisant des investissements productifs innovants, ce qui lui a permis notamment, de fournir à ses clients des produits de qualité. Néanmoins, elle est aujourd’hui confrontée à des difficultés de trésorerie qui s’aggravent en raison de ses variations brutales de stocks de bois, de son coût et des prix de vente de la pâte.

IV-1-2 Tembec Saint-Gaudens : une activité dépendante du stock de bois et du prix de vente de la pâte en dollars

Fermée du 09 février au 30 mars 2009, cette usine a, depuis, repris son activité. Cet arrêt de la production s’explique, entre autres, par un niveau de stock relativement élevé et un prix de vente de la pâte très faible puisque calculé en dollars. En 1993, l'usine avait déjà fermé quatre semaines pour des raisons de « sur-stockage ». La situation optimale correspondrait à un niveau de stock n’excédant pas les 12 000 tonnes. Cette limite était respectée jusqu’en avril 2008 puisqu’au cours de ce mois, le stock de Tembec était au plus bas avec 4 000 tonnes. Mais durant l’été 2008, les papetiers ont ralenti leur activité, ce qui eut pour conséquence un accroissement du stock de Tembec (36 000 tonnes). A sa reprise d’activité le 30 mars 2009, ce stock oscillait autour de 15 000 tonnes. Cette usine participe pleinement à la dynamique économique régionale52. Tembec, notamment au moyen de la taxe professionnelle, est à l’origine de 50% de ressources versées à la communauté de communes de Saint-Gaudens et par ricochet aux collectivités territoriales. Autant dire qu’une fermeture définitive serait un désastre pour la filière bois ainsi que pour le bassin économique régional. En effet, en plus de ses emplois directs (265 salariés), environ 2000 à 2500 emplois sont induits53 dans la filière bois (bûcherons, débardeurs, transporteurs…) par l’activité de cette usine. De plus, elle est à l’origine de nombreux débouchés pour les sous-produits des scieries et sa fermeture, même temporaire, entraînerait une augmentation des stocks54 au sein de ces dernières et, à terme, leur disparition. Soucieuse d’exploiter toutes les pistes de diversification de son industrie, Tembec Saint Gaudens s’est inscrite dans un projet pilote de production de biocarburants. Ce projet, en cours d’élaboration, fait partie d’un vaste programme de recherches mené à l'INSA de 52 Actuellement, l’activité énergétique de l’usine lui permet une meilleure rentabilité que l’activité papetière. 53 Prenons comme exemple SEBSO (société d’exploitation : abattage…) qui, avec un effectif de 120 salariés, fournit plus de 20% de l’approvisionnement bois sur les unités de St Gaudens et Tarascon. A noter que la SEBSO est toujours en chômage partiel sur le mois d’avril 2009, avec possibilité de prolongation. 54 Précisons que les scieries sont déjà impactées par ce phénomène.

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Toulouse sur les biocarburants de seconde génération55. Soutenu par l'Agence Nationale de la Recherche (ANR) dans le cadre de son Programme National de Recherche sur les Bioénergies (PNRB), et par l'Agence De l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME), le projet de réalisation d'un pilote industriel rassemble des partenaires de grande envergure. La compagnie canadienne de ressources forestières Tembec, premier producteur français de pâte à papier, et propriétaire de l'usine papetière de St Gaudens, est le leader industriel. Genencor International (une division de Danisco), numéro 2 mondial des enzymes, installé à Palo Alto en Californie, est partie prenante, ainsi qu'EDF, l'Institut du Pin et la société Maguin Intéris spécialisée dans l'ingénierie sucrière. Les pôles de compétitivité d'Aquitaine (Xylofutur) et de Midi Pyrénées (Agrimip Innovation) soutiennent également le projet. IV-2 La structure du marché de Saint-Girons Industries (SGI09) accroît la dépendance de cette entreprise vis-à-vis de ses clients Cette entreprise appartient depuis 1998 à un groupe américain (Schweitzer Mauduit) qui est le leader mondial du papier pour l’industrie du tabac. Il a été créé en 1995 par essaimage des activités correspondantes du groupe KIMBERLY CLARK. Actuellement, il compte 3 sites de production aux Etats-Unis, 1 au Brésil, 1 en Indonésie, 1 aux Philippines et 4 en France. Implantations en France :

Dénomination et ville Equipement Produits Papeteries de Mauduit Quimperlé (29)

4 machines à papier Fabrication de pâte

Papier à cigarette, papier de gainage et fibres longues

Papeteries de Malaucène56 (84)

1 machine à papier 4 presses d’impression 11 lignes de perforation laser 1 ligne de perforation électrostatique

Papiers manchette et papiers spéciaux

Papeteries de Saint-Girons (SGI) (09)

3 machines à papier Fabrication de pâte 2 lignes de perforation électrostatique

Papier à cigarette, papier de gainage, papiers manchette, papiers spéciaux et pâte de lin

LTR Industries Mill Spray

3 machines de feuilles de tabac reconstitué 1 ligne pour le travail de la fibre

Feuille de tabac reconstitué, travail de la fibre de lin

Saint-Girons Industries emploie environ 330 personnes, pour une production globale annuelle avoisinant les 18 000 tonnes. Elle est principalement spécialisée dans la fabrication de papier à cigarettes, mais elle produit également du papier de gainage, des papiers manchette, des papiers spéciaux et de la pâte de lin.

55 Les biocarburants de deuxième génération sont produits par transformation de la biomasse ligno-cellulosique d’origine agricole, forestière, ou issue de déchets agricoles et industriels. 56 Implantées dans le village vauclusien de Malaucène depuis 1545, les Papeteries de Malaucène devraient cesser leur activité en septembre 2009, selon une annonce effectuée aux salariés le 17 avril 2009 par leur propriétaire, le groupe américain Schweitzer-Mauduit International, et confirmée dans un communiqué le 20 avril. Cette décision devrait entraîner la perte de 211 emplois pour l’usine de fabrication de papier enrobant des filtres cigarettes.

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Plus spécifiquement, l’activité de cette entreprise est orientée vers la production de papiers contenants des fibres textiles. L’usine dispose d’une capacité de production de pâtes textile d’environ 7 000 tonnes57. Annuellement, sa production avoisine les 6 600 tonnes. Une partie (1600 tonnes) est vendue à des clients externes et l’autre, est redistribuée à des filiales du groupe situées à l’étranger. Trois machines sont installées chez SGI pour une capacité de production de 19 000 tonnes par an, et 18 000 tonnes par an sont effectivement produits. La plus récente de ces trois machines fait partie des 5 machines au monde les plus performantes dans leur catégorie58. Pour l’essentiel, cette entreprise réalise 2/3 de ses ventes en Europe. Dans cette zone géographique, les livraisons se font par camion. Par la suite, l’Asie accapare l’essentiel du reste du chiffre d’affaires, et seule une part de 5% est destinée aux continents africain et américain. Pour ce qui est de la logistique, elle est gérée par le siège à Quimperlé. Parallèlement à cette activité principale, l’usine s’est diversifiée dans la fabrication d’autres produits. Cependant, cette diversification ne représente aujourd’hui que 1% du chiffre d’affaires. Nous constatons que l’entreprise SGI est bien implantée dans son secteur. Elle dispose d’une bonne capacité d’adaptation à la demande du marché, mais la structure du marché dans lequel elle se trouve nécessite une diversification de ses débouchés. IV-3 Papeteries Léon Martin (09) : un potentiel dépendant du renouvellement de son appareil productif L’entreprise familiale Léon Martin est spécialisée dans la fabrication de papiers fins à usages divers. Elle emploie environ 40 personnes, et produit en moyenne 2500 tonnes par an pour un chiffre d’affaires de 3,8 M€ au 31/12/2007. Sa clientèle est essentiellement française (70% à 80%). Mais cette papeterie exporte aussi vers des pays limitrophes en tête desquels on retrouve l’Espagne. Plus généralement, elle est spécialisée dans trois grandes familles de produits : la mousseline-papier de soie, les papiers techniques et les papiers sanitaires domestiques. S’agissant de la première catégorie, elle fournit essentiellement des emballages pour des produits de luxe, bijouterie, maroquinerie. Elle approvisionne également des commerçants (fleuristes, métiers de bouche, fruits et légumes). Dans le passé, les produits de cette catégorie étaient destinés à des grossistes-distributeurs mais aujourd’hui, ils sont adressés à des clients finaux. Pour ce qui est de la deuxième catégorie, elle regroupe les papiers de bourrage chaussures, pour la confection et enfin pour l’industrie métallurgique. Enfin, la troisième catégorie englobe la production de papier hygiénique et médical. Le papier hygiénique a connu pendant longtemps un franc succès, mais la concurrence, notamment celle des papiers à base de ouate de cellulose, a limité ses débouchés.

57 Cette quantité est bien sûr incluse dans la production globale annuelle de 18 000 tonnes. 58 A titre d’information, signalons que deux autres machines se trouvent en France (Quimperlé). Les deux restantes sont respectivement en Chine et Allemagne.

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De manière générale, cette entreprise doit faire face à plusieurs concurrents sur le marché de l’emballage. Parmi ceux-ci, on retrouve l’entreprise Montségur (en France), Seaman Paper and co (Amérique), Skaerdalers (Norvège), ainsi que des entreprises asiatiques et espagnoles. Elle doit également faire face à de sérieux concurrents français et italiens au niveau du produit « mousseline blanche ». Cette entreprise produit sa propre électricité (d’origine hydroélectrique). Elle couvre à hauteur de 50% à 60% de ses besoins. L’entreprise Léon Martin est assez bien implantée dans son secteur. Celle-ci attache beaucoup d’importance à la mise au point de nouveaux produits et procédés. De plus, une possible augmentation de sa production trouverait sûrement de larges débouchés. Toutefois, cet objectif ne sera réalisable que si l’entreprise procède à un renouvellement de son appareil productif. IV-4 La situation instable de Ledar Saint-Girons LEDAR appartenait au groupe Matussière et Forest qui a été mis en redressement judiciaire deux fois en quatre ans. Contrairement à la procédure d’avril 2004, où la moitié du groupe avait échappé à la mise en redressement judiciaire, la déclaration de cessation de paiements actuelle concerne l’ensemble de la société, c’est-à-dire le siège de Grenoble, les sites de Turckheim dans le Haut-Rhin, Ledar en Ariège, Voiron et Lancey en Isère. En dépit de « la volonté de redressement », réaffirmée par le fonds américain Matlin Patterson, propriétaire du groupe depuis 2005, Matussière et Forest n’a pu faire face à la situation contrastée du secteur du papier journal. Ainsi, le tribunal de Commerce de Grenoble a ouvert une procédure le 30 avril 2008 et assorti sa décision d’une période d’observation de six mois, jusqu’au 28 octobre 2008. Il semblerait que plusieurs facteurs de la politique de l’entreprise soient à l’origine de cette situation : - la suppression des activités jugées les moins rentables :

- Arrêt de la production de la pâte à papier - Vente de 2 centrales de production hydroélectrique qui a occasionné la perte

d’autonomie énergétique - le manque d’investissements - la prise de décision du groupe semble éloignée des réalités constatées sur le territoire Tout cela a été accentué par une surproduction européenne/mondiale car, dans cette zone géographique, l’offre se chiffre à 7,7 millions de tonnes pour une demande de 6 millions de tonnes. A cela s’ajoute une conjoncture marquée par le recul du prix de vente du papier journal (de 535 à 500 euros la tonne), la hausse du coût tant de l’énergie que des papiers à recycler (de 30% à 40% d’augmentation), et une parité euro-dollar défavorable. Résultat : les dépenses énergétiques et de matières premières, qui représentent 17% et 47% du chiffre d’affaires, s’emballent alors que les ventes chutent de 11% entre 2006 et 2007. En 2007, le groupe creuse sa perte d’exploitation à 31 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 247 millions. Afin d’essayer de redresser la trésorerie, les actionnaires ont, en effet, vendu, fin 2007, deux centrales de production hydroélectrique pour un montant de 10 millions d’euros. Cette stratégie a aggravé leurs difficultés puisqu’elle a contribué à accroître leur coût d’achat

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d’électricité auprès de fournisseurs extérieurs. De plus, malgré cette vente, les banques et les assureurs crédit ont décidé en avril 2008 de stopper tous les crédits au groupe, rendant inéluctable le dépôt de bilan et donc la fermeture de cette usine en septembre 2008. Le 8 janvier 2009, le groupe espagnol Papresa avait annoncé son intention de reprendre la société saint-gironaise placée en liquidation judiciaire, y investir 9 millions d’euros et y embaucher 70 personnes à terme. La communauté de communes de St Girons devait participer à cette reprise en faisant une offre sur l’immobilier qu’elle louerait ensuite. A la date butoir, le 30 mars, le juge commissaire rendait une ordonnance de cession. Malgré cela, le 31 mars, le tribunal recevait une lettre de Papresa qui se désistait estimant que la situation n’était pas débloquée, le tout dans un contexte économique difficile pour le papier. Ceci nous montre les difficultés que rencontre ce secteur et en l’état actuel des choses, le CESR considère qu’un partenariat avec des groupes de presse du sud de la France favoriserait un redémarrage rapide. IV-5 Analyse générale et perspectives pour le secteur papetier en Midi-Pyrénées Ainsi, on remarque que trois des quatre entreprises étudiées n’exploitent pas assez le facteur proximité. Saint-Girons Industries, Ledar Saint-Girons et Papeteries Léon Martin sont situées dans un rayon de 5 km et leur coopération ne se limite qu’à des échanges minimes d’information. En conséquence, des synergies entre ces acteurs clés de l’industrie papetière doivent être encouragées, par exemple dans le domaine de la maintenance, l’objectif étant la recherche de complémentarités dans le respect de l’indépendance de chacun. Capitole Carton doit être associé à cette dynamique. Cette entreprise appartient au groupe SAICA qui détient 20 % du marché anglais dans l’activité du carton ondulé. Elle fabrique et transforme le carton ondulé à Toulouse, proche du Cancéropôle. Elle a connu en 2007 un fort niveau d’activité notamment grâce à la consolidation de son portefeuille « client ». Sa trésorerie, générée par l’exploitation, finance les besoins d’exploitation et la rémunération du capital. Sa structure financière demeure particulièrement stable et solide avec une bonne maîtrise du Besoin en Fonds de Roulement (stable) malgré l’augmentation du chiffre d’affaires. L’effectif moyen interne se stabilise à 78 personnes. Le taux d’intérim 2007 avoisine les 22% et des recrutements sont prévus. Plus globalement, l’étude du secteur papetier fait état des difficultés que pose la mondialisation à cette industrie. L’émergence de nouveaux acteurs comme la Chine et le Brésil accentuent ces difficultés qui ont un impact non seulement sur l’activité nationale, mais également sur celle de Midi-Pyrénées. Dès lors, les résultats et la viabilité à long terme des usines de Midi-Pyrénées s’en trouvent affectés. Malgré ces obstacles, la présentation de ces entreprises nous confirme que le secteur papetier en Midi Pyrénées est un segment majeur de la filière bois. Afin d’intégrer au mieux cette industrie au sein d’un plan bois régional, il est nécessaire d’identifier les points vitaux et les principes fondamentaux de l’industrie papetière globale et locale. Pour développer une réelle politique industrielle dans les bassins papetiers, il apparaît crucial, dans l’immédiat de maintenir l’activité des entreprises, et à plus long terme de trouver des axes de développement et de diversification en favorisant des pistes telles que :

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- l’augmentation des approvisionnements en bois locaux. - la valorisation des déchets : ces derniers doivent être utilisés localement comme

matières premières et non expédiés vers des pays étrangers. - la production locale d’énergie : pour atteindre cet objectif, il est nécessaire d’inciter

les entreprises à investir dans un système énergétique permettant de minimiser leurs coûts et de ne pas être tributaires de fournisseurs extérieurs.

- une plus grande coopération entre les entreprises du papier afin d’assurer une plus grande synergie et donc une dynamique, qui concurrencera la demande mondiale

- le développement de recherches sur la cellulose et l’industrie des fibres en vue de productions nouvelles dédiées à l’éco-industrie et à l’éco-construction, ou de la production de bio-carburants de nouvelle génération ; cela suppose veille, R&D, innovations.

- l’organisation d’un événement majeur qui servirait à réunir tous les acteurs et opérateurs du secteur papetier. Pour être efficace, cette action devra être accompagnée à la fois d’un suivi à moyen terme et de rééditions.

- l’accompagnement des industries papetières régionales qui se traduirait par une aide au marché intérieur (réorientation de certaines politiques d’achats locaux) tout en encourageant et en développant l’exportation.

Il conviendrait dans ce cadre de conserver et développer (qualitativement et quantitativement) les savoir faire acquis au cours des années (gestion des emplois, formation…) pour les métiers de demain. L’avenir du secteur papetier de Midi-Pyrénées dépend du rapprochement et de la mise en réseau de tous les acteurs concernés par la question papetière. Les actions engagées par la Région, et soutenues par des cofinancements d’ampleur régionale, devront avoir une contre- partie contractuelle liée au maintien des activités et de l’emploi. Ce soutien prendra en compte les logiques d’engagements des territoires (collectivités,…), des entreprises et des groupes concernés par un plan de développement et de maintien d’un niveau technologique, économique et social soucieux de l’environnement. L’ensemble de ces aides publiques doit être conditionné au maintien de l’emploi et des activités. V- Le bois dans la construction en Midi-Pyrénées Évoquer la question du bois dédié à la construction c’est faire référence à deux aspects bien distincts. Le premier concerne l’intégration du bois dans le bâti d’une autre nature et dans ce cas précis on parle alors de « bois dans la construction ». Le second se rapporte au bois en tant que matériau dominant dans le concept constructif, et en l’occurrence cela renvoie à la « construction en bois ». Le volume annuel de bois de « Midi-Pyrénées » absorbé par la construction est aujourd’hui insuffisant. La réhabilitation du patrimoine associée à la production contemporaine de bâtiments économes doit contribuer à inverser cette tendance. Par le passé, le bois occupait une place privilégiée dans le bâtiment et générait de nombreux emplois stables. Pour apprécier cette affirmation il suffit d’observer le patrimoine, authentique témoignage des multiples usages du bois dans la construction. V-1 La charte nationale bois-construction-environnement

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L’usage du bois dans la construction doit être encouragé pour les motifs suivants : - c’est un matériau renouvelable. - le bois consomme peu d’énergie pour sa production et sa transformation industrielle. - il contribue à la réduction de l’effet de serre en stockant durablement dans les

constructions le gaz carbonique absorbé par la forêt. - le bois et la forêt sont facteurs d’équilibre économique et paysager du territoire, du fait

de la sylviculture, de l’ensemble des acteurs de la filière et des activités transversales qui en découlent.

En tenant compte de ces éléments, un accord-cadre national bois construction environnement a été signé par différents acteurs en mars 2001. Les signataires sont l’Etat, les principaux organismes professionnels de la filière et du secteur de la construction : - Ministère de l’Equipement, des Transports et du Logement. - Ministère de l’Education Nationale, de la Recherche et de la Technologie, - Ministère de la Culture et de la Communication, - Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, - Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, - Secrétariat d'Etat aux PME, au Commerce et à l'Artisanat - Secrétariat d'Etat à l'Industrie - ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) - FNPC (Fédération Nationale des Promoteurs Constructeurs), - Union nationale HLM (Habitation à Loyer Modéré) - UNSFA (Union Nationale des Syndicats Français d’Architectes) - UNTEC (Union Nationale des Economistes de la Construction et des Coordonnateurs) - FFB (Fédération Française du Bâtiment) - CAPEB (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment) - FNB (Fédération Nationale du Bois) - UIB (Union des Industries du bois) - CIB (Conseil Inter Fédéral du Bois) La charte Bois-Construction-Environnement du 28 mars 2001 a mis un arrêt à l’interdiction des façades en bois dans les articles de plans d’occupation des sols et les règlements des lotissements 59. De plus, cette charte prévoit une plus grande utilisation du bois avec l’objectif de passer de 13 millions de m3 en 2000, à 17 millions de m3 en 2010. Consécutivement, l’Etat et les principales organisations professionnelles participant à l’acte de construire, déclarent s’inscrire dans la dynamique d’action initiée par la loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie n°96-1236 du 30 décembre 1996, article 21-V et dans le cadre du plan gouvernemental de lutte contre l’effet de serre. L’objectif est de développer l’utilisation du bois dans les bâtiments tout en favorisant l’introduction des bases d’une connaissance aux techniques bois dans les formations des métiers de la construction. Il s’agit aussi d’améliorer la compétitivité des produits et des entreprises de la filière.

59 Suivant les régions, un certain type de finition peut être néanmoins exigé.

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Plus précisément, cet accord cadre cite dix objectifs prioritaires : Communication 1 - Contribuer à diffuser auprès de l'opinion publique et des prescripteurs une information claire et objective sur les synergies entre forêt, bois, environnement et construction, et sur les performances des produits bois. 2 - Utiliser la communication interne des signataires de la charte pour sensibiliser les acteurs publics et privés de la construction à l'impact de l'utilisation du bois sur la qualité environnementale du cadre bâti. Marché 3 - Concourir à offrir des produits industriels adaptés à la demande des transformateurs et utilisateurs, en qualité, en quantité et en prix. 4 - Inciter les maîtres d'ouvrages et les maîtres d' œuvre à examiner avec une attention accrue les solutions bois, y compris pour la réalisation d'ouvrages où elles ne sont pas ou plus traditionnelles. Modes de dévolution des marchés mieux adaptés à une bonne valorisation technique et économique du matériau bois par les entreprises. Compétitivité 5 - Stimuler les rapprochements entre acteurs pour augmenter les performances techniques et économiques. 6 - Encourager les investissements structurants de moyen et long terme dans la filière bois-construction. Recherche et formation 7 - Renforcer la recherche publique et privée sur le matériau bois, ses composites et adjuvants, aussi bien dans ses domaines d'excellence que dans les domaines où il accuse un retard. 8- Introduire les bases d'une connaissance des techniques « bois » dans les formations techniques généralistes et dans la formation des architectes. Réglementation et normalisation 9 - Réexaminer les textes réglementaires et normatifs afin de corriger d'éventuelles dispositions défavorables à l'emploi du bois. 10 - Encourager l'adhésion volontaire des maîtres d'ouvrage aux dispositions du décret d'application de l'article 21-5 de la loi sur l'air, visant à une consommation minimale de bois dans les bâtiments (maîtres d'ouvrage non concernés par le décret). De manière générale, les signataires fondateurs de la charte avaient pour objectif principal d’accroître la part de marché du bois dans la construction à l’horizon 2010, laquelle passant d’environ 10% à 12,5%, conduira à réduire approximativement de 7 millions de tonnes par an en moyenne, la présence de CO2 dans l’atmosphère.

V-2 Les avantages du bois dans la « construction » Les plus anciennes constructions du monde sont en bois. En France, il existe un véritable savoir-faire de la construction bois mêlant tradition et modernité : à la structure, composée autrefois de poteaux et traverses, on intègre les isolants les plus performants pour offrir un confort thermique exceptionnel.

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Plusieurs arguments témoignent en faveur de l’usage d’un plus grand volume de bois dans la construction et de la construction bois en particulier. Les Etablissements Recevant du Public60 (ERP), soumis à des réglementations spécifiques, peuvent intégrer ce matériau. Le bois et le feu Contrairement aux idées reçues, le bois dans la construction est un gage de solidité. Paradoxalement il brûle, mais sous réserve d’un minimum de section, les poutres porteuses ont une très bonne stabilité au feu. De ce fait, lors d’un incendie, ces poutres en bois conservent plus longtemps que d’autres matériaux leurs qualités mécaniques (a). De plus, elles dégagent très peu de gaz toxique en se consumant (b). (a) Le bois conserve ses qualités mécaniques Ses qualités sont à attribuées à la fois à une faible conductivité thermique et à une faible dilatation thermique. - Une faible conductivité thermique du bois lui permet de transmettre la chaleur 12 fois moins vite que le béton et 250 fois moins vite que l’acier ou encore 1 500 fois moins vite que l’aluminium. Le bois brûle lentement sans se déformer et en conservant durant de longues minutes les qualités mécaniques de ces éléments de structure verticaux (ossature, poteaux…) ou horizontaux (poutres, solives, madriers…). De surcroît, lors de sa combustion, le bois forme à sa surface une couche carbonisée isolante qui ralentit la vitesse de propagation du feu et qui protège le cœur des éléments de structure, conservant ainsi les fonctions porteuses et la stabilité du bâtiment. On dit ainsi que le bois « s’auto-protège » naturellement contre le feu. - Une faible dilatation thermique du bois (3 fois plus faible que celle de l’acier ou du béton) évite sa déformation et repousse très loin les risques d’effondrement, contrairement à ses matériaux concurrents. (b) Le bois dégage très peu de gaz toxique Lors de sa combustion, le bois dégage certes un peu de gaz carbonique mais ce n’est pas ce type de gaz qui est nocif mais bien plutôt les gaz produits par des matériaux à base de pétrole61. Comme tous matériaux de construction, le bois est soumis à un ensemble de réglementation dont une des plus importantes concerne la sécurité incendie. Pour la maison individuelle, par exemple, la réglementation impose une tenue au feu minimum de 1/4 heures. Comme nous l’avons vu précédemment, les constructions bois répondent largement à ces exigences. Isolation thermique et économies d’énergies 62 La hausse des prix des énergies et les questions environnementales (lutte contre les gaz à effet de serre, épuisement de certaines matières premières …) font des économies d’énergie une

60 Les établissements recevant du public (ERP) sont définis par l'article R 123-2 du code de la construction et de l'habitat (CCH) : « Constituent des établissements recevant du public, tous bâtiments, locaux et enceintes dans lesquels des personnes sont admises, soit librement, soit moyennant une rétribution ou une participation quelconque, ou dans lesquels sont tenues des réunions ouvertes à tout venant ou sur invitation, payantes ou non. Sont considérées comme faisant partie du public toutes les personnes admises dans l'établissement à quelque titre que ce soit en plus du personnel. » 61 La Suède et certains lands allemands ont interdits les menuiseries en PVC dans les bâtiments publics. 62 Pour davantage de précisions consulter le site de l’ADEME et plus particulièrement la réglementation thermique de 2005.

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préoccupation première des particuliers mais aussi des politiques comme en témoigne le récent Grenelle de l’Environnement. Il est important de souligner que le secteur du bâtiment est le premier consommateur d’énergie en France avec 42,5% de l’énergie totale consommée, et que l’ensemble des logements sur le territoire émettent chaque année 123 millions de tonnes de CO2 soit 23% de l’ensemble des émissions. C’est dire l’enjeu pour le bâtiment de réaliser d’importantes économies d’énergie. Partant du principe que la meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas (isolation renforcée), la priorité passe par l’isolation thermique des bâtiments et, sur ce point, la construction bois est particulièrement bien armée pour répondre aux exigences du Grenelle de l’Environnement. V-3 Le bâtiment économe : nouvelles perspectives pour l’industrie du bois régional

V-3-1 Le bâtiment économe : un concept au centre du Grenelle de l’environnement

Les recommandations du Grenelle de l’environnement pour les logements privés, dont la maison individuelle, placent la barre très haute : - 2010 : passage anticipé à la réglementation THPE (Très Haute Performance

Énergétique) soit 20 % de mieux que la réglementation actuelle (Réglementation Thermique 2005),

- 2012 : mise en place généralisée du label BBC (Bâtiment Basse Consommation) dont l’objectif est une consommation maximale de 50 kwh/m2/an) ,

- 2020 : généralisation des maisons à énergie passive ou positive. Le secteur du bâtiment est le chantier n°1 dans le cadre de la lutte contre le changement climatique63. Ce secteur, représentant près du quart des émissions de CO2, est au cœur de l’objectif que s’est fixé la France de « devenir l’économie la plus efficiente en équivalent carbone de l’Union européenne d’ici 2020 »64. Dans le neuf, la norme « bâtiment basse consommation » (consommation inférieur à 50kwh/m2/an) s’appliquera à toutes les constructions d’ici la fin 2012 (et, par anticipation, dès fin 2010 pour les bâtiments publics et le tertiaire). Pour l’ancien, l’objectif de réduction de la consommation d’énergie est de 38% d’ici 2020. L’Etat mettra en œuvre un plan particulier pour les 800 000 logements sociaux dont la consommation annuelle d’énergie est supérieure à 230 kwh d’énergie primaire par m2. Il développera également des outils d’incitation financière, favorisera la conclusion d’accords avec les banques et le secteur des assurances pour financer le développement des investissements d’économie d’énergie. Trois décrets et un arrêté relatifs à l’ « éco-prêt à taux zéro (ptz) », ont été publiés le 31/03/2009 au journal officiel. A noter que la mise en place de l’éco-prêt est effective depuis le 1er avril 2009.

63 Source : http://www.developpement-durable.gouv.fr 64 Cet élément représente l’objectif n°2 du Grenelle de l’environnement.

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Les députés ont conforté l’objectif de généralisation des « bâtiments basse consommation » d’ici la fin 2012. Ils ont fixé comme priorité : l’isolation, le comptage en énergie primaire quelle que soit la filière énergétique, la modulation à la marge du seuil en fonction de la localisation et du bilan CO2 des énergies utilisées et l’utilisation accrue du bois. Parallèlement, ils ont défini un programme encore plus ambitieux de rénovation thermique des bâtiments : 400 000 rénovations complètes par an à partir de 2013, des échéances réduites pour les bâtiments publics, 180 000 logements sociaux rénovés en zone ANRU. Le bois devient un matériau de 1er rang pour répondre aux besoins d’efficacité exigée par le Grenelle de l’environnement. L’axe bâtiment économe, rendu possible en partie par le matériau bois, ouvre des perspectives de développement qui facilitent la mise en place d’une filière bois efficiente en Midi-Pyrénées. Ainsi, des attentes du Grenelle de l’environnement découlent une multitude de besoins à satisfaire. Ce qui ne sera pas envisageable sans l’implication de tous les acteurs. Que ce soit pour les projets en commun ou pour des solutions bois plus spécifiques, le besoin d’adaptation rapide au changement et à l’émergence de nouveaux procédés de fabrication et d’exploitation de la ressource devient une nécessité.

V-3-2 Le bois et le bâtiment économe : quels atouts pour Midi-Pyrénées ? Le concept retenu de « Bâtiments économes » correspond à des bâtiments économes en énergie. Ils doivent également être performants au plan économique et tenir compte des coûts globaux. Pour relever le défi « bâtiment économe », la méthode la plus adaptée sera d’identifier et de soutenir tous les précurseurs ou les leaders qui, en Midi-Pyrénées, font preuve d’une implication soutenue dans les domaines de la recherche/innovation et des transferts de technologies. Il sera également nécessaire d’encourager les acteurs qui agissent auprès d’entreprises de la construction économe.

Midi-Pyrénées : une région engagée

La volonté démontrée par les plans d’actions des différents acteurs institutionnels publics ou privés dont l’Etat, nous confortent dans l’idée que tous les opérateurs vont chacun, à leur niveau, se mettre au diapason pour accompagner le changement et agir positivement vers cette évolution.

Le plan bâtiment économe65

La région Midi-Pyrénées, en choisissant de soutenir cette tendance face aux nouveaux enjeux, a donné un signal clair en faveur de toutes solutions efficaces et pérennes visant la production économe. Le bois, matériau d’excellence en la matière, devrait y trouver une place légitime. Il est vrai que le secteur du bâtiment représente en Midi-Pyrénées 31% des émissions de CO2 et 45% de la consommation énergétique. C’est pourquoi Midi-Pyrénées a adopté, lors de l’Assemblée plénière du 26 juin 2008 un Plan Régional pour les « bâtiments économes en Midi-Pyrénées » pour la période 2008 à 2013.

65 Pour plus de détails consulter l’adresse : http://www.midipyrenees.fr/Plan-Regional-2008-2013-pour-des-batiments-economes-en-Midi

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La Région agira sur l’amont (l’offre), au travers de sa politique de recherche, d’innovation, de soutien aux entreprises et de formation initiale et continue, mais aussi sur l’aval (la demande), en tant que maître d’ouvrage, financeur et à ce titre diffuseur et incitateur d’opérations exemplaires. Plus précisément, ce Plan est construit autour de 5 axes : - impulser la Recherche & Développement, l’innovation, le transfert de technologies

dans ce secteur - soutenir la production de matériaux, de systèmes et services innovants pour des

« bâtiments économes » - accompagner la formation, l’adaptation et l’accès à l’emploi des acteurs du secteur, - accompagner la demande sur le marché final, participer à des réalisations de

« bâtiments économes », exemplaires et/ou innovants - favoriser la diffusion des connaissances, la mise en réseaux et la coordination des

acteurs

Ce Plan s’inscrit pleinement dans la dynamique de l’Agenda 21 régional pour lequel la Région Midi-Pyrénées a été la première Région de France reconnue par le ministère de l’Écologie et du Développement durable.

Des acteurs qui intègrent ces nouveaux défis et qui s’organisent

Le Cluster bâtiment économe66 Le bois a sa place dans le Cluster bâtiment économe à côté d’autres matériaux. Le CESR estime que le Cluster « bâtiment économe » devrait être un des acteurs qui facilitent le développement de la filière bois. Par son action, il favorise incontestablement le rapprochement et la mise en réseaux d’acteurs issus d’univers technologiques différents. Son rôle permet, notamment via les logiques de R&D et de transferts de technologies, l’émergence d’une nouvelle dynamique au sein des filières liées au Bâtiment. Ce rôle, transversal, contribue également à faciliter la création d’une culture commune, élément essentiel pour aboutir à de nouvelles solutions et à des industries structurantes pour la « filière bois ». Le CESR soutien le projet Cluster bâtiment économe dans lequel le bois et ses dérivés doivent avoir toute leur place. Parallèlement à ce cluster, la diversité des industries et des spécialités présentes en Midi-Pyrénées peut constituer un réseau connexe à la filière bois. En effet, ce réseau peut apporter des solutions technologiques spécifiques en produisant une nouvelle génération d’outils « efficaces » d’exploitation de la ressource et de production de produits finis. Ces outils contribueront à la mise en place d’une filière bois effective. Cela va nécessiter la mise en place de nouvelles techniques de production puis d’outillages, et induire des besoins en formation au sein des entreprises67. Ces nouvelles technologies vont, notamment avec la chimie verte, aboutir à de nouveaux procédés et concepts qui n’étaient pas envisageables il y a encore quelques années.

66 Source : http://www.batimenteconome.com/vues/accueil.php 67 Cette question est également abordée dans le paragraphe V-6 « La modernisation des entreprises bois en Midi-Pyrénées » de cette deuxième partie.

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Les associations et les organisations professionnelles Les associations et organisations professionnelles, liées à la filière bois, peuvent constituer le relais nécessaire servant à gérer la spécialisation qui devra être intégrée dans le schéma global de la filière bois. Elles devront participer au dialogue (organisé par l’interprofession) pour aboutir à un tronc commun duquel se détacheront les branches avec leurs besoins spécifiques. Pour cela, elles doivent bénéficier d’un soutien (sous contrats d’objectifs).

La présence d’entités économiques engagées Les entreprises, qui ont fait le choix de se positionner sur ces nouveaux créneaux « bois », sont bien présentes sur l’ensemble du territoire régional. Ce tissu va de la plus petite entreprise artisanale jusqu’aux plus importantes PME ou coopératives.

Des territoires tournés vers l’éco-production

Prenons pour exemple le Pays Bourian68. La démarche volontariste de ce Pays vis-à-vis de son massif forestier (53% de son territoire) peut servir de modèle. Un de ses objectifs majeurs était de réhabiliter le bois local dans la construction. Dans ce pays, le développement de la filière forêt-bois a toujours été au cœur des Contrats de Terroir et de Pays. Depuis près de 20 ans, les acteurs locaux ont œuvré pour la remise en état du massif. Suite à la Loi d’Orientation Forestière (LOF) de 2001, le Pays Bourian a été un territoire expérimental pour la mise en place d’une Charte Forestière de Territoire69. Au moyen de ces outils, ce Pays affirme sa volonté de rétablir des équilibres grâce à des plans d’actions au sein desquels on retrouve notamment un concours d’architecture. Mis en œuvre en 2006 avec l’appui technique du Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et d'Environnement (CAUE) du Lot, ce concours a eu en partie pour objectif de proposer des solutions d’éco-habitats modulaires, économiquement accessibles et techniquement économes. Un des objectifs était notamment de créer une alternative aux modèles « maisons de constructeurs » peu adaptés au paysage et à l’usage des ressources locales. Il s’agissait, in fine, de régénérer en utilisant le bois local, un habitat Bourian typique selon différentes solutions architecturales complémentaires à l’habitat traditionnel en pierres. Dans un futur proche, trois maisons vont être construites par des collectivités, dont on peut souligner l’implication. Ces maisons pourront être visitées avant d’être mises en location. En somme, ce Pays nous montre une voie possible pour la ressource naturelle locale qui, à terme, pourra alimenter les besoins du marché Bourian et limitrophe, de manière structurante et soutenable pour son territoire. Cet objectif global s’inscrit dans une logique pérenne, porteuse d’un fort potentiel économique et social. Cet îlot forestier fait partie de la grande masse forestière éparpillée aux quatre points cardinaux de Midi-Pyrénées. C’est en ce sens que l’exemple est à retenir, car il démontre qu’une entité territoriale éloignée des grands massifs, si elle dispose d’une masse forestière suffisante, peut en son sein créer une micro filière bois locale. La filière bois de Midi- 68 Pour plus de détails consulter le site http://www.caue-mp.fr/content/view/482/487/ ou encore http://portail.fncofor.fr/content/medias/media412_MUbbLChIEgjXALk.pdf 69 La charte forestière de territoire est un outil mis entièrement à la disposition des acteurs du développement local, élus, forestiers publics ou privés et usagers, afin de permettre une meilleure réponse aux attentes que la société française exprime vis à vis de la forêt. Source : http://agriculture.gouv.fr/

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Pyrénées ne serait t’elle pas l’assemblage et la mise en réseau d’une multitude de continents ou d’îlots forestiers ?

V-3-3 L’Eco-construction En matière d’éco construction, pour éviter les dérives au niveau de l’aménagement du territoire, il devient nécessaire de sensibiliser le public et les collectivités territoriales. Cette sensibilisation doit porter sur la différence remarquable entre les animations locales d’éco construction et l’approche professionnelle de l’éco construction. Les premières, en effet, sont souvent promues par des auto-constructeurs. La deuxième, avec des effets économiques et sociaux d’une autre ampleur, ne se situe pas au niveau de l’animation mais bien à l’échelle du développement économique et de l’aménagement du territoire.

De manière générale, on remarque que l’éco construction est encore trop marginalisée. Cette pratique se base, entre autres, sur une structuration économique et sociale de la construction basée notamment sur les notions : - de préservation de l’environnement et des ressources - de prévention des risques de santé des acteurs et des usagers - du maintien des savoirs faire et de leur transmission - de priorité pour les circuits courts (matériaux et techniques) - d’équité d’accès aux ressources Dès lors, l’éco construction peut se définir, à minima, selon un double enjeu. Le premier concerne la recherche d’un bâtiment énergétiquement économe. Le deuxième s’oriente autour de l’utilisation par les techniques de construction de matériaux naturels ou sains. Ces derniers doivent être « si possible renouvelables, et avoir des performances environnementales internes et externes suffisantes, le tout à des coûts acceptables pour le marché » 70. L’éco construction doit devenir un des atouts majeurs pour la filière bois, car le bois, de par ses qualités intrinsèques, est l’éco matériau d’excellence. Aujourd’hui, on remarque que, vis-à-vis de la richesse et de la diversité de la biomasse présente en Midi-Pyrénées, cette approche déjà reconnue par la Région, n’est pas suffisamment encadrée et accompagnée dans ses possibilités de développement durable. Vecteur important, qui peut contribuer à l’évolution des mentalités, elle pénètre progressivement les univers professionnels et industriels. Un programme de R&D et un transfert technologique, au service des solutions génératrices de matériaux et de concepts constructifs associant la matière 1ère « biomasse et bois » à la logique « bâtiments économes », doivent être mis en place71. Simultanément, il conviendra d’avoir une réflexion dans le cadre de l’Agenda 21 de Midi-Pyrénées, pour définir une charte d’envergure régionale, qui impose aux acteurs économiques, d’avoir une approche raisonnée et soutenable de leur développement.

70 Masson J-L. et Besson R. (2008), « Innovation, enjeux transverses et compétitivité des territoires dans le Grand Sud-Est : le cas de l’éco construction», Délégation Interministérielle à l’Aménagement et à la Compétitivité des Territoires (DIACT), p. 2. 71 Dans le site du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) http://www.CSTB.fr, consulter notamment la fiche « pass’innovation ».

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V-4 Construction classique et rénovation du patrimoine : une opportunité pour la filière bois Aujourd’hui, la masse de bois utilisée dans la construction classique est trop faible. Pour autant, la rénovation du patrimoine peut être un vecteur non négligeable pour la filière bois. Traditionnellement, les immeubles et les maisons absorbaient la plus grande masse de bois produite par la filière. Le CESR estime que le fait de soutenir les actions de rénovation à l’identique des éléments du patrimoine, induirait plusieurs rôles complémentaires d’intérêt général :

La consommation massive de bois et de ses dérivés La sauvegarde du patrimoine Le maintien des savoir faire et de l’emploi L’innovation pour concilier style, productivité et efficacité technique

(thermique…)

La rénovation du patrimoine, en conformité avec les nouveaux enjeux, constitue un réservoir important d’activités. Il convient de mesurer l’importance de ce marché et de prendre conscience des volumes de bois ou dérivés, qui peuvent revenir en bonne position lors des opérations de rénovation des bâtiments et des quartiers historiques. Ce retour du bois dans la construction, sur l’axe rénovation et production contemporaine (Patrimoine de demain), replace la pertinence du terroir au cœur du dispositif et donne un élan culturel édifiant. Les nouveaux besoins liés à ce retour d’un plus grand volume de bois dans la construction est générateur d’emplois et de qualifications professionnelles qu’il faut anticiper et accompagner. Il est urgent à la fois de sauvegarder les savoir-faire menacés et d’en imaginer de nouveaux pour répondre efficacement à ces enjeux. Il convient donc de prendre des mesures incitatives et ce, afin de favoriser la rénovation du patrimoine dans le respect de sa nature et des nouvelles règles de l’art. V-5 Une construction « bois » actuellement dominée par le bois d’importation

V-5-1 La qualité du bois en Midi-Pyrénées… La construction repose sur diverses techniques et procédés qui intègrent le bois sous plusieurs formes. L’usage du bois dans le bâtiment et la construction en bois doivent consommer un volume considérable de ce matériau naturel renouvelable. Les entreprises de Midi-Pyrénées, pour leurs besoins en bois d’œuvre de construction, s’approvisionnent principalement avec des dimensions commerciales standardisées. Ces sociétés privilégient souvent le bois naturellement durable comme le douglas. Certaines entreprises de la deuxième transformation ne peuvent parfois pas utiliser les bois régionaux faute de trouver sur ce marché des bois classés, séchés, correspondant aux normes en vigueur, car, l’usage du bois dans la construction nécessite le respect de normes et de critères très précis qui conditionnent les choix d’approvisionnements. Face à ces exigences, l’offre régionale a été progressivement délaissée au profit de bois d’œuvre et de matériaux dérivés de bois en provenance d’autres pays ou régions du monde.

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Un point qui a fortement contribué notamment à ce manque d’issue pour la production locale, c’est l’hygrométrie du matériau bois. Le problème de sur-humidité est commun à toutes les régions françaises mais reste cependant plus affirmé en Midi-Pyrénées. Généralement, pour pouvoir accéder au marché de la 2ème transformation, le bois doit avoir un taux d’humidité qui n’excède pas le seuil des 15%, minima qui garantit la stabilité des ouvrages réalisés avec ce matériau naturel. Or, en Midi-Pyrénées, sur les parcs de stockage de bois d’œuvre issus des productions régionales, ce taux avoisine au mieux les 18%. La sur-humidité du bois en Midi-Pyrénées a pour principale cause une contradiction entre la logique « temps » de la 1ère transformation et les besoins en bois de qualité « Secs & conditionnés » de la 2ème transformation. Souvent, les scieurs locaux, travaillent avec des bois coupés hors saisons « d’abattage », puis après sciage, le stockent sur un délai trop court qui naturellement, ne lui permet ni de sécher convenablement, ni d’être bien conditionné. Parallèlement à cela, il faut savoir que les dernières sélections d’essences de bois sont le plus souvent orientées vers l’échelon industriel pour de nouveaux usages (fermettes ou produits finis et pour une moindre qualité caisses et emballages). Afin de satisfaire les besoins, ces secteurs utilisent principalement des essences, qui poussent assez vite et qui peuvent, en toutes saisons, être livrées en quantité suffisante72. Notons que :

1. Quel que soit le pays et le massif forestier, les arbres à l’abattage ont tous plus ou moins la même hygrométrie (taux d’humidité). Cette dernière, très élevée à ce stade, est incompatible avec toute production de bois d’ œuvre.

2. Après le sciage73, le bois peut être conditionné en formats commerciaux bruts. C’est lors de cette phase, que le séchage naturel permet une diminution considérable de son taux d’humidité qui reste à ce stade encore trop élevé.

3. Il peut, lors de cette chaîne de conditionnement en bois d’œuvre74, être plus ou moins séché artificiellement, ce qui crée la réduction du taux d’humidité évoquée ci-dessus. En fin de ce cycle de production, une fois bien sec, le bois peut également être travaillé en matériaux semi-finis.

C’est en partie pour cette raison de sur-humidité que les acheteurs, se tournent vers du bois étranger (Europe, Canada, Russie…) qui lui est prêt à être travaillé. Cette modification des pratiques d’achats de la 2ème transformation induite par le retard pris par la 1ère transformation pour répondre, entre autres, aux exigences du marché de la construction, a généré une rupture dans la chaîne de production et de distribution de la ressource bois de Midi-Pyrénées. L’accentuation de ce phénomène est à attribuer à l’émergence des nouveaux circuits « de grande distribution » qui ont progressivement pris position sur le marché en absorbant le négoce traditionnel. Leur offre de matériaux et produits en flux tendus, conditionnés sur des massifs et des sites industriels exogènes répondant mieux

72 Les produits issus de ces essences de bois à croissance rapide concernent essentiellement les productions qui proposent des solutions à moindre coût. 73 Egalement appelé « débit ». 74 Cette chaîne va de la phase d’abattage à la livraison « client ».

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aux besoins insatisfaits, a progressivement capté la majorité des acheteurs de la 2ème transformation. Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises utilisent du sapin (une partie de ce bois provient de scieurs qui se fournissent dans les Vosges, le Jura, l’Auvergne) pour la fabrication de charpente (exemple de consommation : 250 m3 à l’année pour une entreprise artisanale). En effet, le sapin est l’essence d’arbre qui est maintenant la plus vendue pour ce genre de réalisation. Autrefois, c’étaient les essences locales qui étaient utilisées selon les terroirs, avec des pratiques et des usages différents, comme le peuplier l’était traditionnellement pour la charpente. À la différence du sapin, cet arbre abattu à la bonne saison ne nécessitait aucun traitement particulier pour le protéger de l’attaque des insectes et des champignons.

V-5-2 …incite les entreprises locales à s’approvisionner dans d’autres régions/pays

De manière générale, sur le territoire les entrepreneurs ont une connaissance précise du marché international « bois ». De façon unanime, ils évoquent les principaux pays acteurs de ce marché et citent sans équivoque l’Allemagne, l’Espagne, l’Angleterre, la Pologne, l’Ukraine ou encore la Russie. Ils rappellent que l’essentiel des bois importés provient de ces pays et plus spécifiquement de l’Allemagne qui fournit un bois conforme à la demande. Ces importations massives de bois, le plus souvent travaillé et fini (raboté et séché), concurrencent nos scieries nationales et locales. Néanmoins avec les oscillations des coûts de transport (prix des carburants) et les résultats du Grenelle de l’Environnement (bilan carbone), la tendance pourrait s’inverser. La majorité des essences que l’on retrouve en Midi-Pyrénées sert principalement aux usages traditionnels. Pour ce qui est du bois d’œuvre, les essences en Midi-Pyrénées sont insuffisamment mobilisées de façon bien identifiée vers des productions industrielles ou semi industrielles. Un exemple concret, parmi d’autres : pour la construction, la région Midi-Pyrénées ne dispose actuellement que de faibles quantités de bois pouvant être orientées vers la fabrication de fermettes. L’hétérogénéité du bois régional, le manque de séchage et les techniques actuelles utilisées pour travailler ce matériau expliquent, pour une grande partie, l’importation de bois au format approprié, en provenance d’autres régions de France ou d’autres Pays. Il est impératif de valoriser la ressource locale puisqu’en Midi-Pyrénées, la demande de constructions « bois » ne cesse de s’accroître (aujourd’hui elle représente 6% à 8% du marché). Cette tendance doit être attribuée à ses qualités environnementales évidentes. Tous ces éléments devraient non seulement entraîner une augmentation du pourcentage de bois utilisé dans la construction en général, mais également promouvoir la construction bois dans la région. Par ailleurs, la construction bois est souvent assimilée à un habitat de loisir ou à un chalet. Il est donc nécessaire de faire prendre conscience du fait que la construction bois doit également être appréhendée sous un aspect beaucoup plus contemporain et fonctionnel. Nous pouvons prendre exemple sur la Finlande où la construction bois est beaucoup plus développée. Dans ce pays, des villages sont entièrement réalisés à l’avance, pour être exposés et, ensuite mis à la

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vente par lots. La plupart du temps, ces réalisations s’appuient sur des techniques de construction modernes développées par la recherche/innovation et facilement perceptibles au niveau des finitions et des détails. En Midi-Pyrénées, nous devrions nous inspirer de ces pratiques qui promeuvent la construction bois et encourager la recherche de nouvelles formes architecturales compatibles avec le territoire75. Cette démarche actualise, en partie, technologiquement et socialement, des pratiques ancestrales qui étaient en phase avec le paysage, l’environnement naturel et ses matières premières. La valorisation d’actions exemplaires devrait également faire partie des mesures incitatives envisagées. La construction est un des secteurs qui consomme le plus de bois importé. A ce titre, il est essentiel de soulever ici un point important qui doit inciter les importateurs locaux à rechercher l’origine réelle de leur bois. Ce point concerne les « bois illégaux ». Un rapport récent du World Wildlife Fund76 (WWF) précise que près d'un cinquième des importations de bois de l'Union européenne proviendrait de sources illégales ou suspectes. Il est donc essentiel de lutter contre l’importation de bois illégal. Le vote récent d’une directive européenne visant à juguler l’importation de bois illégale constitue une avancée dans les principes. Mais le contenu du projet reste frileux. En effet, la future réglementation ne prévoit pas de système indépendant de contrôle des importations et ne fixe pas de sanctions claires. De plus, les activités illégales n’y sont pas définies et la traçabilité du bois jusqu’au consommateur n’y est pas garantie. En raison de cela, le CESR estime nécessaire d’exiger la certification qui permettrait d’assurer la traçabilité, et de pouvoir s’appuyer sur une réglementation européenne plus rigoureuse, seule en mesure de freiner le phénomène. V-6 La modernisation des entreprises bois en Midi-Pyrénées : une nécessité pour faire face à la concurrence La concurrence internationale se traduit par des flux entrants de matériaux et produits finis ou semis finis qui laissent un faible champ d’activité aux alternatives locales. Dans un contexte de mondialisation exacerbée, les entreprises « bois » doivent se moderniser et s’adapter afin de faire face à la concurrence. Certaines entreprises de Midi-Pyrénées77 se sont développées en passant d’une logique d’acteur secondaire (en étant des sous-traitants) à une organisation plus générale (conception et fabrication). Cette nouvelle approche permet de mieux gérer les réalisations et donc, in fine, d’éviter les contre-performances. Dans cette nouvelle organisation, les bureaux d’études sont souvent considérés comme étant les éléments centraux de l’entreprise. Ils disposent d’outils de conception et d’ingénierie dédiés aux différents calculs et à la modélisation « CAO / CFAO » pour préparer les cycles de fabrications relayés par des centres d’usinages à base de machines à commandes numériques78. Ce secteur technique et logistique de pointe évolue très rapidement, d’où l’importance d’avoir à ce poste des personnes disposant de formations adaptées.

75 Le cas du Pays Bourian, traité dans le paragraphe V-3-2 de cette deuxième partie, est un exemple. 76 World Wildlife Fund (2008), Illegal wood for the European market, July. 77 Midi-Pyrénées Charpentes dans les Hautes Pyrénées. 78 A titre d’exemple, citons les « robots » aux performances et aux précisions exceptionnelles (au mm).

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Ainsi, pour être compétitives, les entreprises doivent procéder à un renouvellement continu de leurs équipements. L’entreprise79 doit impérativement s’adapter à ces changements si elle veut rester compétitive (ex : machines à commande numérique 5 axes). Par ailleurs, de nombreuses fabrications ont lieu au sein d’ateliers, ce qui permet le recyclage de l’essentiel des déchets (fabrication de panneaux…). Au sein de ces ateliers ont lieu des réalisations de qualité à des prix performants et dans des délais raisonnables. Ces ateliers peuvent également être organisés sous une forme standardisée et se spécialiser davantage dans la préfabrication. Pour l’essentiel, la préfabrication concerne principalement les éléments de parois et de planchers, souvent pré-équipés avec les installations techniques (câblages, gaines…), les revêtements ainsi que les portes et les fenêtres. Ces éléments sont réalisés en atelier, puis transportés sur le chantier où ils sont mis en œuvre en un temps record grâce à un engin de levage adapté. En général, pour une maison individuelle, la durée moyenne du chantier, c’est-à-dire la mise hors d’eau, est de quelques jours et emploie trois ou quatre personnes. Le second œuvre, quant à lui, peut s’enchaîner très rapidement puisqu’il n’y a pas de délais de séchage. De manière générale, en Midi-Pyrénées et plus largement en France, de nombreuses entreprises se sont modernisées afin de faire face à la concurrence internationale. Nos entreprises doivent continuer dans cette direction et opter pour la réalisation de projets audacieux. Il faut donc encourager les constructeurs de Midi-Pyrénées. Par ailleurs, le CESR invite la Région et les collectivités territoriales à promouvoir, par des aides publiques, la réalisation d’un ou plusieurs ouvrages de construction fonctionnelle de grande ampleur (centre de congrès, bibliothèque, équipement sportif,…) mobilisant judicieusement le bois (bois d’œuvre et dérivés) de façon emblématique. Cet exemple pourrait être une amorce source de projets pour les acteurs publics dans le cadre de leurs besoins d’aménagement sur l’ensemble du territoire. Il aurait également pour effet de sensibiliser les acteurs de la construction, de la filière bois, le public et les élus aux atouts de ce noble matériau lorsqu’il est dédié à une architecture ambitieuse. V- 7 Une législation construction bois déséquilibrée

V-7-1 Une législation contraignante pour l’entrepreneur… Depuis 1990, le législateur a mis en place le Contrat de Construction de Maison Individuelle (CCMI) qui garantit aux acquéreurs un prix et un délai de réalisation. Ce contrat prévoit des échelonnements de paiements inadaptés à la construction bois. Les constructeurs bois mettent en œuvre, dès l'obtention du permis de construire, des approvisionnements et des mises en fabrication (jusqu’à 80% des travaux sont effectués en atelier avant même la pose des fondations) qui représentent des sommes bien plus importantes que les versements autorisés par le CCMI.

79 Les petites entreprises ont toutefois du mal à réaliser ce genre d’investissements économiquement lourds.

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Le législateur a commencé à revoir cette disposition qui défavorise ce type de construction. Le CESR demande à la Région d’intervenir auprès de l’Etat et des partenaires concernés (assureurs…) pour accélérer la révision de l’échelonnement des paiements (contrat type).

V-7-2 …mais modestement appliquée par les élus et les architectes des bâtiments de France

Il serait souhaitable de revoir la législation en matière de maisons bois car les demandeurs de ce produit sont souvent confrontés à des difficultés d’obtention d’autorisations. Par le passé, en Midi-Pyrénées, de nombreux projets « bois », parmi lesquels la réalisation « Maison de la Forêt en bois », n’ont pu voir le jour. Souvent, ces projets se heurtent à de nombreux obstacles qui sont, pour la plupart, d’origines administratives. Peut-être que les pouvoirs publics ne sont pas encore prêts à inscrire une importante réalisation en bois dans le paysage « briquettes/pierres » de Midi-Pyrénées. Mais ces refus systématiques semblent se confirmer à l’échelon national ce qui nous amène à supposer qu’en France, les projets de construction bois se heurtent souvent soit à une législation obsolète, soit à une réticence des élus. S’agissant des architectes des bâtiments de France, ces derniers ont un pouvoir décisionnel très important. Ce pouvoir peut être mis au service du développement de l’ensemble de la filière bois. Pour cela, il est nécessaire que l’interprofession, avec le soutien du CNDB80 et des CAUE81, apporte les arguments techniques et esthétiques afin qu’ils soutiennent les projets de construction bois compatibles avec les nouveaux enjeux du territoire. Signalons par ailleurs que la législation indique « qu’un refus de permis de construire ne peut être motivé par la nature d’un matériau ». Rappel : La loi sur l'air du 30 décembre 1996 et de l'article 21-5, prévoit que les constructions neuves doivent désormais comporter une quantité minimale de matériaux en bois et ce, afin d'améliorer la qualité de l'air par le stockage de carbone dans les bâtiments. Le décret n° 2005-1647 du 26 décembre 2005 fixe les conditions d'utilisation des matériaux en bois82 : • La quantité de bois incorporée dans la construction est mesurée par le volume de bois mis en œuvre rapporté à la Surface Hors Oeuvre Nette du bâtiment (SHON). • Le volume ne pourra être inférieur à 2 dm3 par m2 de SHON. • Ces dispositions sont applicables aux constructions pour lesquelles une demande d'autorisation de construire ou une déclaration préalable seront déposées à compter du 1er juillet 2006. V- 8 Les architectes et les solutions « bois » en Midi-Pyrénées

V-8-1 Les architectes de Midi-Pyrénées

80 Comité National pour le Développement du Bois. 81 Conseil d’Architecture d’Urbanisme et de l’Environnement. 82 L'arrêté qui accompagne le décret fixe la méthode de calcul du volume de bois incorporé dans un bâtiment, pour connaître le détail de son annexe, consultez le site :www.legifrance.gouv.fr.

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En Midi-Pyrénées, les architectes spécialisés dans la construction « bois » sont peu nombreux. Les autres n’ont qu’une connaissance partielle des avantages de la construction « bois ». Par le passé, le circuit de construction faisait appel à deux niveaux d’acteurs : Architecte Entreprises pour la réalisation Cette configuration est de nos jours dépassée car l’aménagement du territoire et les nouvelles constructions font appel à de multiples compétences. En effet, si les architectes ont le savoir faire pour la réalisation de plans et dessins dans le domaine de la construction bois, ils consultent néanmoins les entreprises spécialisées dans le « secteur du bois » pour prendre connaissance des matériaux et des techniques à utiliser. Plus globalement, les architectes consultent l’ensemble des spécialistes « bois » afin d’optimiser leur réalisation83. Cette démarche, implique un travail en réseau assez conséquent. En Midi-Pyrénées et plus globalement en France, on recense un faible nombre d’architectes privilégiant le bois dans leurs projets. Il est vrai que les architectes s’impliquent peu dans des projets de maisons individuelles ou de bâtiments « bois », ces derniers semblant privilégier les grands projets d’une autre nature. Simultanément, on remarque qu’un nombre limité d’entreprises est capable de réaliser des travaux « bois » dotés d’une grande technicité. C’est le cas, par exemple, pour les constructions « poteaux poutres ». D’une part, il apparaît non seulement urgent de favoriser les formations « bois ». D’autre part, il est essentiel d’informer les prescripteurs et les entreprises des avantages de ce matériau, afin de leur permettre de les maximiser conformément aux avis techniques et aux Documents Techniques Unifiés84 (DTU). Par conséquent, il serait souhaitable de sensibiliser les architectes aux avantages que présente ce type de construction. Faciliter leur collaboration avec les entreprises de la construction « bois » favorisera la mise en place d’une offre globale qui sécuriserait le choix des clients. Cette nouvelle organisation permettra de faire face, en interne, aux nouvelles potentialités de ces marchés porteurs.

V-8-2 Architecture bois en Midi-Pyrénées En Midi-Pyrénées, les projets d’urbanisme et d’aménagement du territoire qui intègrent le matériau bois ne sont pas assez nombreux et encore moins valorisés. Sans tomber dans l’extrême et donc dans l’usage systématique du bois, il convient d’ouvrir une réflexion sur l’intégration d’une plus grande masse de bois dans ces infrastructures.

83 Pour les techniques à structures verticales, par exemple, il faut des qualifications spécifiques. 84 Les Documents Techniques Unifiés (DTU) sont des normes d'exécution ou de mise en œuvre qui contiennent au minimum un document tel que le Cahier des Clauses Techniques (CCT) ou le Cahier des Clauses Spéciales (CCS). Le cahier des clauses techniques (CCT) est un document qui définit par corps d’état les conditions à respecter pour la bonne exécution des travaux du domaine concerné. Le cahier des clauses spéciales (CCS) est un document qui définit les limites des obligations envers les autres corps de d’état ou du maître d’ouvrage. Source :http://www.marche-public.fr/

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Il existe des pistes de production (public/privé) qui méritent d’être évoquées :

- Ouvrages d’arts (ouvrage routier, gare, aménagement extérieur, passerelle, ponton,…) - Bâtiment à usage public (administratif, enseignement, sportif, spectacle, abris bus…) - Bâtiment à usage professionnel (agricole, atelier, bureau, halle, magasin, stockage…)

Pour remédier à ce déficit, le CESR préconise que tous les opérateurs qui sont impliqués dans la chaîne de décision/production de ces infrastructures soient sensibilisés, et formés aux possibilités de l’alternative « bois ». Cette démarche, incitative à l’attention des acteurs, irait de la prise de décision des élus ou des responsables, jusqu’à la production finale des structures. Il est également important de soutenir l’innovation architecturale contemporaine. Cette mesure favorisera des productions de qualité, qui marqueront dans plusieurs années notre époque.

VI- Des domaines transversaux importants pour le développement de la filière

VI-1 Le problème des transports Entre la ressource forestière diffuse et les industries de transformation (scieries, usines de pâtes…), le débardage ainsi que le transport apparaissent comme un maillon fondamental pour la mobilisation et la valorisation des produits forestiers. Débardage et transport constituent un des facteurs clés de la compétitivité et du développement économique de la filière française de la forêt et du bois.

VI-1-1 Favoriser de nouveaux moyens de débardage en pérennisant les méthodes ancestrales

Le débardage consiste à amener les bois exploités du parterre de la coupe jusqu'à un lieu de chargement accessible à un véhicule de transport. Dans certains cas, cette opération doit être précédée par le débusquage qui permet le transfert des bois du lieu d'abattage vers une aire de groupement accessible aux engins de débardage. Ces travaux peuvent être effectués à l'aide d’animaux de trait (méthode ancestrale), de débardeuses ou encore de porteurs. Dans la majorité des cas, le débardage est réalisé par différents engins selon l'équipement des entreprises et selon les conditions du chantier (porteur, skidder, câble aérien...). En Midi-Pyrénées, c’est le débardage mécanisé qui prédomine mais il dégrade les sols. Par conséquent, il serait urgent de mettre en place dans notre région des méthodes de débardage plus respectueuses des chemins forestiers et des propriétés. Dans notre région et notamment dans le département de l’Ariège, on retrouve également le débardage au moyen d’animaux de trait (chevaux). Ces moyens ne sont toutefois utilisables que dans les petites parcelles et ne concernent que de faibles quantités de bois. Plus globalement, en France, un volume de 70 à 80 000 m3 de bois est débardé par câble chaque année soit environ 0,2 % de la récolte française. 50 % de ce volume est réalisée par des entreprises étrangères de l’UE. De nombreux travaux d’étude sur l’utilisation des câbles textiles se sont déroulés en

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Amérique du nord (au Canada par FERIC85 et aux Etats-Unis par l’Université d’Oregon). Les câbles textiles sont 5 fois moins lourds que les câbles acier, à résistance équivalente. Ils apportent donc un réel progrès ergonomique par une réduction de la pénibilité du travail et des risques de blessures liés aux échardes lorsque les câbles métalliques sont usés. Ces « câbles » peuvent également être utilisés pour le débardage par câble téléphérique pour l’amarrage du mât ou des supports intermédiaires des lignes. A l’étranger, d’autres moyens de « débardage » existent. En Colombie Britannique, par exemple, le débardage par hélicoptère est pratiqué depuis la fin des années 1970. En France, ce mode de débardage est extrêmement marginal et concerne principalement des travaux de mise en protection de routes, d’infrastructures, de constructions,… L’environnement socio-économique, les techniques sylvicoles, les conditions d’exploitation (nature des coupes, des essences forestière, densité du réseau de desserte), les systèmes d’exploitation (bois en grande longueur, bois en billons) et le relief ne sont pas tous les mêmes dans les pays. Il est donc indispensable de réfléchir à la manière dont ces nouveaux équipements et techniques peuvent s’insérer dans les différents contextes de la région. Ces techniques et systèmes d'exploitation passent nécessairement par une approche nouvelle, à même de concilier les divers enjeux et impératifs locaux avec une prise en compte globale des aspects environnementaux (aménagements, transport, biodiversité).

VI-1-2 Le transport du bois

VI-1-2-1 Transport routier du bois : améliorer l’adéquation entre les capacités d’emport sur les routes et chemins forestiers

Depuis quelques années, le secteur du transport routier connaît des mutations liées à l’évolution des métiers et de la logistique, l’ouverture des marchés et le renforcement de la concurrence. Dans le même temps, il est soumis à des contraintes de plus en plus fortes au premier rang desquelles figurent l’environnement ainsi que la forte fluctuation des prix du pétrole et des monnaies. Le transport routier représente déjà 95 % des volumes de bois transportés en France86. Il est un élément important du « coût rendu usine » de la matière première, mais très variable (de l'ordre de 15 à 40 %) selon la distance entre la ressource et le site de transformation, les méthodes d'exploitation et la réglementation87. L’ensemble des coûts est à la hausse pour ce mode de transports (personnel, véhicules conformes aux nouvelles normes…) et pour l’essentiel, les prestations de transport de bois sont aujourd’hui principalement assurées par des entreprises de petites tailles. Dans ce secteur, le transport pour compte propre paraît en diminution car les scieries incitent leurs chauffeurs à se mettre « à leurs compte » pour se concentrer sur leur cœur de métier. La ressource bois, dispersée sur un vaste territoire, n’est « transportable », au départ des forêts, que par des véhicules routiers, essentiellement des semi-remorques ou camions

85 FERIC est un Institut Canadien de Recherches En génie Forestier. 86 Jean Bourcet et alii (2008), Le transport du bois et sa logistique, Rapport Ministère de l’Ecologie, de l’Energie du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire – Ministère de l’Agriculture et de la Pêche. 87 Précisons que cette réglementation peut varier d’un département à l’autre.

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remorques. Ce sont des véhicules lourds et coûteux qui ne sont confiés qu’à des chauffeurs expérimentés. Ce premier segment de la chaîne logistique est incontournable et tout changement de mode entraîne une rupture de charge coûteuse. Le transport de bois par la route ressort de trois régimes juridiques différents : - Le régime normal permet de transporter tous les produits issus de la première

transformation (sciages, panneaux, plaquettes de scieries, granulés…) mais aussi certains produits issus directement de la forêt (plaquettes forestières, bûches, fagots).

- Le régime « bois rond »88 permet d’évacuer depuis la forêt des tronçons d’arbres allant jusqu’à 16 m (chargement en long sur un semi-remorque). Il est spécifique à ce type de marchandise et est temporaire. Il déroge à la limite de tonnage global avec un nombre minimal d’essieux imposé (dans la limite de 13 t par essieu) sans déroger au gabarit.

- Le régime « grumes »89 permet de transporter des troncs d’arbres de grandes longueurs (jusqu’environ 21,5 m avec un tracteur doté d’une grue accouplée à un arrière train forestier) qu’ils proviennent directement de la forêt ou de l’importation, la plupart du temps via un port soit maritime soit fluvial. Il constitue un cas particulier des transports exceptionnels prévus par le code de la route et permet de déroger en tonnage ainsi qu’en gabarit dans certaines limites.

Plus spécifiquement en Midi-Pyrénées, la réglementation régissant les infrastructures routières ou les chemins en forêt n’est pas totalement adaptée à la réalité sur le terrain. En effet, la plupart du temps, les maires limitent l’accès à la forêt aux engins dont le niveau de tonnage est trop faible. Il s’agit là d’une mesure incompatible avec le passage d’un grumier qui, à vide, pèse de 20 à 25 tonnes. Au moyen de cette réglementation, la commune, voudrait sans doute sauvegarder ses routes et chemins forestiers et peut-être se protéger contre tout éventuel accident dont elle pourrait être tenue responsable. Il faut également signaler le manque de desserte pour récolter et distribuer la ressource. De plus ces réseaux et leurs infrastructures sont peu adaptés pour distribuer en supportant un fort tonnage. Les routes de nombreux départements limitrophes comme l’Aude autorisent la circulation de grumiers dont le poids excède 52 (5 essieux) ou 57 tonnes (6 essieux). Dans de nombreux endroits de la région, comme l’Ariège, département le plus boisé de Midi-Pyrénées, ce poids est limité à 50 tonnes. Sur certains territoires, il est souhaitable que les routes soient mises en conformité pour favoriser le passage des gros porteurs. Pour cela, le CESR considère qu’il faudrait donner aux collectivités locales concernées, les moyens d’aménager les routes, les chemins et d’organiser des plateformes de regroupement et de chargement. 88 Bois ronds : toutes portions de troncs d’arbres ou de branches obtenues par tronçonnage. 89 Le bois en grumes est défini comme étant tous bois abattus, ébranché, propre à fournir du bois d’œuvre ou d’industrie. Seul le transport du bois en grumes, en pièces qui ne peut être effectué qu’à l’aide de véhicules excédant les limites générales du code de la route en longueur pour en préserver la valeur marchande, est autorisé.

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Par ailleurs, aujourd’hui, trouver du personnel qualifié pour le transport avec grumier est un facteur limitant de cette activité. Il convient donc de favoriser et d’adapter les formations d’un personnel qualifié afin de satisfaire une demande exigeante.

VI-1-2-2 Freiner la régression du fret ferroviaire et sensibiliser la SNCF sur l’importance de la filière bois pour la région

Le rail occupe une place très limitée dans le transport (5%). Ce pourcentage ne cesse de diminuer alors que toutes les usines de pâtes, pratiquement toutes celles des panneaux et la plupart des grosses scieries sont reliées à une voie ferrée. Toutefois, il reste cependant une demande des industriels pour utiliser le rail puisque ce mode de transport peut servir à diversifier et sécuriser les modes d’approvisionnement des usines. En effet des livraisons unitaires importantes (900 à 1 100 tonnes) peuvent être utiles pour un fonctionnement en production continue. En France, tout un pôle d’activité de la direction du Fret SNCF est dédié au transport du bois. Plus précisément, 45 gares se chargent d’expédier le bois à travers le pays, l’Europe et bientôt à destination de l’Asie du sud-est. Le plus souvent, ce transport s’effectue en trains entiers, aménagés uniquement à cette fin. Lorsque les lots sont peu importants, c’est souvent le transport par route qui se charge de leur acheminement. De manière générale, l’organisation ferroviaire nécessite une rupture de charge qui induit un surcoût de 6 à 7€ par tonne, soit l’équivalent de 300€ (x2 Chargement/Déchargement = 600€) par wagon. Pour être compétitif, il faut donc une organisation industrielle structurée qu’il est difficile à mettre en place car les activités de la filière ne s’approvisionnent pas dans une seule et même zone. De surcroît, dans certaines zones, il n’est pas rentable de faire circuler des faibles lots dans les wagons car une gare dédiée au bois doit avoir une activité annuelle comprises entre 100 et 150 000 tonnes, ce qui représente l’équivalent de 2 à 3 trains complets par semaine (1 700 t dont 1 200 t de charge utile). En Midi-Pyrénées, la SNCF Fret dit ne pas se désengager de l’activité bois. Cependant, il semblerait que ce pôle ait de plus en plus de mal à atteindre un équilibre comptable. Pour l’essentiel, ce pôle est spécialisé dans deux types de transport « bois » : - le bois de trituration (panneaux, pâte à papier) - le bois d’œuvre (chêne, hêtre)

Pour ce qui est de la deuxième activité, celle-ci correspond à un marché saisonnier occasionnant de facto un surcoût pour la SNCF. Plus fondamentalement, le transport Fret « bois » en Midi-Pyrénées se place en dessous de la moyenne nationale. Afin d’octroyer un maximum de cohérence et de fluidité à la filière bois locale, il est essentiel pour ses acteurs, de procéder à une réflexion sur le tracé ferroviaire. Cette réflexion pourra ensuite être soumise aux transporteurs de Fret. Parallèlement, la SNCF se doit de développer le transport de Fret « bois local » car celui-ci apparaît actuellement à l’écart du plan transport de fret national.

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VI-1-2-3 L’aéroportage : un nouveau moyen de transport « bois »

L’aéroportage peut s’avérer être un moyen alternatif intéressant pour le débardage et le transport. La société Aerospace Adour Technologies (AAT) installée à Pau travaille ainsi depuis plusieurs années sur un projet de Dirigeable Gros Porteur Autonome (DGPA) qui peut se révéler être une alternative crédible au « tout avion » ou « tout camion ».

Pouvant transporter jusqu’à 250 T pour un coût d’exploitation réduit, respectueux de l’environnement, le DGPA pourrait intervenir dans les zones sans infrastructures ou ayant des infrastructures limitées, sans dégrader les routes et chemins. Il permettrait ainsi l’exploitation des espaces montagneux et des zones humides en respectant la forêt et l’environnement immédiat ou le plus éloigné. Le bois pourrait ainsi être transporté de la source jusqu’au lieu de première transformation ou une aire de chargement ferroviaire ou routier, sans nécessité de créer de nouvelles routes.

Le CESR invite donc les acteurs de la filière bois concernés à s’intéresser au développement d’un tel projet pour, le cas échéant, utiliser ce nouveau moyen de transport respectueux de l’environnement. VI-2 La formation : une activité immatérielle amont à adapter aux besoins des entreprises de la filière L’objectif de ce paragraphe n’est pas de reprendre les éléments descriptifs des schémas, des filières et des métiers concernés de façon exhaustive. Ce travail a déjà été effectué par d’autres organismes et d’autres instances dont le CESR90. Les quatre tableaux de l’Annexe 4 témoignent de la richesse des formations liées à la filière bois en Midi-Pyrénées. A l’aide du premier tableau, nous constatons que les formations liées au métier de « menuisier d’agencement » sont les plus représentées. Le menuisier d’agencement participe à l’aménagement de tous types de locaux. Il conçoit fabrique et pose portes, fenêtres, volets, placards, parquets et escaliers. Ces formations sont talonnées par celles relatives au métier de « charpentier » puis « d’ébéniste ». Mais l’ensemble de la filière génère de très nombreux métiers dont la plupart demande des formations spécifiques, il est important de les évoquer en les rapprochant tour à tour de la forêt, du matériau, de la construction, du mobilier et de l’agencement et enfin de l’art du bois. Pour ce qui est de la forêt, les propriétaires peuvent bénéficier de formations spécifiques pour mieux gérer et administrer leurs ressources (CRPF)91. Les professionnels, quant à eux,

90 Sur ce point, consulter l’Avis CESR Midi-Pyrénées (2008), « Sur la mise en œuvre des compétences…dans le domaine de la formation professionnelle », Assemblée plénière du 25 novembre.

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utilisent des engins forestiers de plus en plus sophistiqués (commandes électroniques, ordinateur de bord …). Leurs emplois demandent donc de plus en plus de qualification, qualification qui valorise d’autant ces métiers parmi lesquels celui d’agent forestier, de bûcheron, de chauffeur grumier, de commis forestier, d’entrepreneur forestier, d’ingénieur, d’ouvrier et de pépiniériste. Notons que les formations disponibles à ce jour en Midi Pyrénées relatives à ces métiers sont insuffisantes. En consultant l’annexe 4, nous ne retrouvons que 3 formations d’agent technique forestier ou de Technicien forestier et une seule formation relative au technicien forestier supérieur. Aujourd’hui, les scieries profitent du regain d’intérêt pour le matériau bois dans la construction ou d’autres usages comme le bois énergie92. Pour être compétitive, celles-ci sont contraintes de s’équiper et d’être à la pointe du progrès (informatisation des machines, pilotage automatique…). Les métiers de ces structures évoluent en conséquence. Parmi ces métiers, nous retrouvons celui de chef de scierie, classeur de bois, conducteur (trice) de séchoir, mécanicien affûteur, opérateur (trice) de scierie, pilote de scie… En Midi-Pyrénées, les formations afférentes à ces métiers sont peu nombreuses et mériteraient d’être développées. Dans le secteur de la construction, les métiers de « charpentiers » et « menuisiers » sont très recherchés. Le secteur connaît une pénurie de main d’œuvre même si les formations correspondantes à ces spécialités sont nombreuses en Midi-Pyrénées, notamment par le biais des Centres de Formation d'Apprentis (C.F.A) et du compagnonnage93. Aux côtés des charpentiers, on retrouve les constructeurs bois, ingénieur bois, menuisiers bois, techniciens bureau d’études et techniciens de production. Le personnel « bois » qualifié est rare et ce, malgré la présence de plusieurs lycées techniques dans la région94. Force est de constater que ces derniers ne forment pas suffisamment d’ouvriers qualifiés. A noter que le personnel de terrain, qualifié et expérimenté représente actuellement le besoin principal de cette filière. Dans le secteur du mobilier et d’agencement, l’évolution constante des marchés, des produits et des techniques de fabrication sont autant de défis que doivent relever les jeunes diplômés. Ce secteur est demandeur de profils couvrant un large champ de compétences. On y retrouve les agents de montage, designers, ébénistes, ingénieurs bois, menuisiers, technicien bureau d’études et techniciens de production. Pour ce secteur, les formations en Midi Pyrénées semblent correspondre à la demande. Les Métiers d’art du bois constituent un secteur indispensable, qui au-delà des fonctions et de leur apport au tissu économique, contribuent à la conservation des savoirs faire. Ces Métiers bénéficient de l’évolution des nouvelles technologies. Les données nationales indiquent que la formation en alternance (apprentissage et contrat de professionnalisation) a connu et connaît une très forte progression. Cependant, deux facteurs risquent de freiner cette évolution dans les mois à venir. D’une part, ces deux formes

91 Formation organisée par le CRPF pour accompagner les propriétaires dans la gestion de leur massif forestier. 92 L’annexe 1 traite du bois énergie en Midi-Pyrénées. 93 Nous retrouvons ce schéma dans de nombreux métiers de la filière bois. 94 Des réunions sont souvent organisées entre les entrepreneurs et les membres de l’éducation nationale afin de discuter des besoins de formation dans le domaine de la construction bois.

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d’alternance étant sous contrats de travail, les salariés qui en bénéficient sont actuellement, comme l’ensemble de la population active, touchés par la baisse massive des offres d’emploi. D’autre part, le bâtiment, secteur qui génère le plus de formations liées au métier du bois et qui forme le plus grand nombre d’apprentis en France, est un des premiers touché par la récession. Dans ce nouveau contexte, face à l’absence d’une politique fiscale et réglementaire incitative, on risque de voir baisser le nombre d’entrées en alternance. Par ailleurs, il convient de préciser que l’alternance progresse également dans les cursus au delà du baccalauréat. Même si les BTS demeurent les diplômes les plus représentés, les DUT, licences professionnelles et autres masters universitaires se taillent une part de plus en plus respectable. Les métiers du bois, on le constate, demandent de plus en plus de formations spécifiques, de niveaux de plus en plus élevés notamment en informatique avec l’arrivée de toute l’électronique embarquée, les commandes numériques etc. Dans le cadre de l’alternance, le CESR propose : - la création d’un contrat d’objectif (Etat-Conseil Régional-OPCA-Acteurs

économiques et sociaux) aux métiers spécifiques de la filière bois. Ceci servira, en particulier, à maintenir les emplois et à les développer sur le territoire.

- la mise en place de nouvelles formations (architecture, meuble, papier, transport…). - l’ouverture d’un plan de carrière incitatif pour les jeunes formés dans les métiers de la

forêt et du bois, afin de satisfaire les besoins et l’amélioration de l’image de ces métiers.

- la sensibilisation des jeunes aux métiers en tension du bois et de la forêt. Dans cette perspective, les professionnels peuvent intervenir dans les CFA, les lycées, les collèges et même dans les écoles afin d’inciter les jeunes à opter pour ces métiers.

La prise de conscience de l’indispensable préservation de l’environnement impacte les métiers existants et va sûrement conditionner l’apparition de nouveaux métiers et de nouvelles formes d’organisation. Dans ce contexte, le bois correspond, par sa nature, aux enjeux du développement durable. Il paraît donc nécessaire que des formations plus spécifiques soient mises en place et en complément ou à défaut, que des modules complémentaires sur ces thèmes soient ajoutés à chaque formation dispensée. Les écoles d’ingénieurs et les IUT devraient également créer des programmes ou modules spécifiques « bois et biomasse forestière ». Des accords pourraient également être envisagés entre des écoles d’ingénieurs de la région et d’autres écoles du territoire national plus spécialement orientées vers la forêt et le bois afin d’offrir de nouveaux parcours de formation. En effet, le bois offre de très nombreux débouchés et la recherche n’en est qu’à ses débuts, notamment au niveau des matériaux de construction ou des bases dédiées à d’autres vocations comme celles du domaine des nouvelles énergies, du bâtiment économe et de la chimie verte. Il est à déplorer, dans ce contexte, la suppression de l’exonération des charges patronales dans le cadre des contrats de professionnalisation (sauf pour les demandeurs d’emploi âgés de 45

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ans et plus). Seuls les Groupements d’Employeurs peuvent prétendre à cet allègement de charges sociales pour le recrutement d’un jeune âgé de 16 à 25 ans sans qualification, ou éloigné de l’emploi. Rappelons qu’au paragraphe 1-2-1 de cette deuxième partie nous avons souligné que la constitution de groupement d’employeurs pouvait gommer l’effet saisonnalité en assurant un temps plein au travers de métiers complémentaires. Par ailleurs, l’offre proposée par la formation continue doit permettre aux salariés « femmes et hommes de métiers » dans ces entreprises, d’acquérir les nouvelles compétences liées à l’évolution des matériels, des techniques et des nouveaux enjeux environnementaux. Elle doit également favoriser la promotion sociale et les passerelles en proposant un module spécifique de mise à niveau aux personnes en provenance de secteurs hors « filière bois ». Ce n’est qu’au travers de cette adaptation et revalorisation possible des compétences que ces métiers, en pénurie de main d’œuvre, deviendront plus attractifs et favoriseront ainsi, de nouvelles vocations pouvant pourvoir des emplois trop souvent vacants. La Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) et le statut du travailleur peuvent améliorer la demande pour les métiers de la filière. Plus globalement, il convient de favoriser l’adéquation entre les besoins et l’amont de la formation notamment par la veille et l’accompagnement des mutations en cours comme le Grenelle de l’environnement. Au final toutes ces préconisations doivent s’inscrire dans le Plan Régional de Développement de la Formation (PRDF) même si elles sont portées par d’autres opérateurs. VI-3 Promouvoir la recherche sur le matériau bois et la biomasse A l’exception d’un projet portant sur les biocarburants provenant du bois95, les recherches portant sur ce matériau sont peu nombreuses ou peu connues en Midi-Pyrénées. Comme on l’a vu dans la 1ère Partie, Chapitre V, plusieurs laboratoires de la région possèdent cependant les compétences leur permettant de travailler le bois, aussi bien pour traiter le matériau que pour développer son utilisation. Par ailleurs des structures de transfert (CRITT, Agromat) existent en région. Enfin des structures d’accompagnement et de mise en réseau sont en place en région pour le développement de projets innovants : le pôle de compétitivité Agrimip, l’agence régionale de l’innovation MPI, et également les CRITT. Il conviendrait donc que cette richesse soit mise à profit pour développer l’innovation, assurer le transfert des laboratoires vers l’industrie, et développer de nouvelles utilisations du bois. Deux axes principaux semblent intéressants à développer : - le développement et la production de nouveaux produits (bio-produits) issus du bois ;

dans ce domaine les laboratoires de chimie ont sans doute un rôle important à jouer en s’intéressant peut-être davantage au bois comme matière première. Il s’agit là de développer le potentiel des molécules produites par le règne végétal et encore insuffisamment connues et exploitées.

- la production et l’utilisation de bois sous différentes formes notamment comme matériau utilisé en génie civil et dans la construction de bâtiments, aussi bien comme matériau de structure que comme matériau entrant dans la composition d’isolants. Sont plus particulièrement concernés les laboratoires de mécanique, de matériaux, de génie civil, ainsi que les professionnels du bâtiment, mais aussi des travaux publics

95 Ce projet est décrit dans le paragraphe V-1-5 de la première partie.

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pour certains ouvrages d’art. Dans ce domaine les nouvelles formes de présentation et de mise en œuvre du bois doivent être mieux et davantage utilisées, par exemple les bois reconstitués et les composites.

D’autres domaines ne doivent cependant pas être négligés dans la recherche de nouveaux produits et la diversification des productions. Signalons par exemple la mise au point et la production de papiers techniques. On peut aussi noter deux autres domaines où les compétences existant en région pourraient être mises à profit : - la recherche des espèces forestières qui pourraient être mieux adaptées aux évolutions

prévues des conditions climatiques régionales à venir, en s’appuyant par exemple sur les compétences de l’INRA (éventuellement hors région) et des écoles d’ingénieurs INP-ENSAT et Ingénieurs de Purpan.

- la recherche sur les architectures bois en s’appuyant sur l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Toulouse et des écoles d’ingénieurs, notamment l’INSA.

A travers un programme de recherche ambitieux le Canada essaie de devenir la pierre angulaire d’une bio-économie émergente avec l’industrie forestière comme chef de file. Ce programme comprend 5 axes :

- La prochaine génération de pâtes et papiers : création d’une nouvelle gamme de pâtes et papiers à valeur ajoutée

- Énergie et produits chimiques provenant de la biomasse forestière : production de nouveaux combustibles et intermédiaires chimiques

- Nouveaux bioproduits : produits de grande valeur à base de cellulose nanocristalline et d’autres nouveaux biomatériaux

- Maximisation de la valeur intégrée : établir le lien entre la ressource fibreuse et les attributs de produit exigés par les clients

- La prochaine génération de solutions en construction : créer des solutions innovatrices et durables en construction

On a vu en première partie (paragraphe V-1-3) que la région Aquitaine développe également des projets dans le cadre du Pôle de Compétitivité Xylofutur. Le CESR considère que la région Midi-Pyrénées ne doit pas rester à l’écart de cette nouvelle dynamique : elle a les atouts et les capacités pour s’insérer dans une démarche de même nature en développant sur certains axes d’excellence, comme indiqué ci-avant, des produits nouveaux, non traditionnels, et de nouveaux marchés. Les acteurs de la filière doivent pouvoir s’appuyer sur les outils existant en région, et notamment : - les Appels à Projet du Conseil Régional - les projets labellisés par le Pôle de Compétitivité Agrimip Innovation - le soutien apporté aux entreprises par MPI et les CRITT

En ce qui concerne les Appels à Projets du Conseil Régional, il convient de rappeler

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- l’Appel à Projets Recherche et Transfert de Technologies (APRTT), qui vise à aider à la réalisation d’actions fédératives de recherche finalisée menées par les laboratoires publics de recherche de Midi- Pyrénées en partenariat avec au moins une PME ou un organisme socio-économique de Midi-Pyrénées, notamment dans les thématiques du Pôle de Compétitivité Agrimip Innovation, mais qu’une « thématique ouverte » permet d’intégrer des projets en marge des thématiques des pôles de compétitivité. L’APRTT Interrégional Midi-Pyrénées-Aquitaine pourrait aussi être mis à profit pour établir des liens avec des acteurs du Pôle de Compétitivité Xylofutur.

- l’Appel à Projets Sciences Humaines et Sociales (SHS) par lequel la Région veut utiliser les compétences en Recherche en SHS sur des actions considérées prioritaires au niveau régional, notamment au regard des retombées économiques, sociétales, culturelles et touristiques, et en matière de gouvernance et d’aide à la décision. Il semble que le secteur forestier puisse rentrer dans ces thématiques comme le montre le travail effectué par l’Unité de Recherche DYNAFOR (voir Première Partie, paragraphe V-1-2). Compte-tenu de l’importance des secteurs du meuble et de la construction en Midi-Pyrénées, on peut penser que des études socio-économiques sur les attentes et les besoins des citoyens et des collectivités puissent aider les acteurs de la filière à mieux orienter la recherche de nouveaux concepts de meubles ou de nouvelles architectures, et inciter la Région à soutenir des actions nouvelles de développement économique de ces secteurs.

- l’Appel à Projets Collaboratifs- Centres Techniques et Entreprises a pour objectifs de faire progresser le niveau technologique des PME et les aider dans leur démarche d’innovation ; de mettre en œuvre des actions en faveur de l’innovation et du transfert de technologies ; de sensibiliser le tissu industriel aux nouvelles technologies ; de mobiliser les compétences industrielles et scientifiques pour lancer des actions conjointes PME/laboratoires publics. Cette action vise les CRITT, les IUT, les Plateformes Technologiques (PFT) des lycées, les établissements et organismes de recherche publique, et les entreprises. Comme déjà indiqué des CRITT intéressés à la filière bois pourraient aussi développer des actions nouvelles en faveur de la filière. On note par exemple que, contrairement au CRITT Bois d’Epinal qui est un centre de ressources, incluant des activités de recherche et développement propres, le CRITT 12 Bois n’a semble-t-il pas d’action de R&D spécifique : un soutien au CRITT 12 Bois serait souhaitable pour développer des activités de R&D et établir des liens plus étroits avec des laboratoires de la région.

- Il convient également de signaler l’Appel à Projets EPICEA pour les composites. Initialement destiné aux composites à destination des secteurs aéronautiques et spatiaux, ce programme a été étendu en 2008 à tous les secteurs d’activité. Destiné à des PME ou des entreprises de moins de 500 salariés ce programme concerne des projets de « recherche industrielle», « développement expérimental », « innovation de procédé », dans le domaine des matériaux composites à matrice organique ; il concerne donc aussi les projets de composites bois-époxy ou bois-polymère. L’Appel à Projets EPICEA est donc lui aussi un programme d’aide au développement de produits innovants dans la filière bois.

Le Pôle de Compétitivité Agrimip Innovation a inclus la forêt et le bois dans ses domaines de compétence. Malheureusement les acteurs de la filière bois sont très peu présents alors que la filière bois est l’une des trois « agro-chaînes » mises en place par le pôle de compétitivité AgriMip Innovation afin de valoriser le potentiel de cette filière en l’inscrivant dans une dynamique d'excellence technologique. Alors que, comme indiqué plus haut, le Canada

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cherche à devenir un acteur majeur de la filière bois au niveau mondial, le groupe canadien Tembec implanté à Saint-Gaudens est présenté par Agrimip Innovation comme acteur majeur de l'innovation dans ce secteur, s'inscrivant dans la dynamique de l'agro-chaîne mise en place par le Pôle : « le groupe développe une stratégie très agressive pour se positionner sur le marché mondial comme le spécialiste de la molécule de cellulose, en travaillant à une intégration en aval permettant de mieux valoriser la filière bois ». Il serait hautement souhaitable qu’outre Tembec d’autres acteurs régionaux s’inscrivent aussi dans une démarche dynamique de projets nouveaux, associant, comme c’est inscrit dans la mission des pôles de compétitivités, entreprises et laboratoires de recherche, et en associant les organismes de formation qui ont la mission de transmettre les savoirs nouveaux dont auront besoins les acteurs de demain. Ainsi, avec également le soutien des CRITT, de MPI et d’autres organes de soutien au transfert, les acteurs régionaux ont de nombreux outils et moyens à leur disposition pour développer les nouveaux produits de demain. Avec la ressource disponible sur place, les compétences et capacités des acteurs de la région, tout semble en place pour créer une dynamique permettant de développer la filière bois. VI-4 Renforcer l’application et la réglementation de protection des salariés et les actions de prévention des risques professionnels Comme certains autres sujets traités dans la partie transversale, tous les paliers de la filière bois sont concernés par ces notions qui semblent être à la fois générales et communes à toutes les activités professionnelles. Au-delà des principes fondamentaux qu’ils ont en commun, la multitude des métiers de la filière bois est impactée par des mesures spécifiques. Sans faire une analyse exhaustive du sujet, nous allons attirer l’attention sur certains principes fondamentaux ayant traits aux risques et à la sécurité. La maîtrise des risques professionnels est un enjeu à la fois pour les femmes et les hommes dans la pratique de leurs métiers, mais également pour les entreprises et la société. Si les accidents du travail et les maladies professionnelles ont un coût, la prévention est un élément qui le minimise. Les entreprises ont l'obligation de réaliser l'évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs et de l’écrire dans « le document unique ». L'évaluation des risques est le préalable à toute bonne démarche de prévention. La prévention des risques professionnels s'appuie, sur les textes réglementaires et, sur le respect des règles et des bonnes pratiques édictées par la branche « Accidents de travail et maladies professionnelles ». Un plan d’action qui vise la structuration de la filière bois doit donc soutenir les acteurs dans la mise en place des outils et des bonnes pratiques sécuritaires. La réglementation, dans sa logique d’amélioration des conditions de travail, impose régulièrement aux entreprises des mises à niveau et ce, pour protéger les travailleurs, la pérennité de l’entreprise et la sécurisation du consommateur. Dans le cadre des spécificités de la filière bois, il faut tendre à supprimer les risques accidentels depuis les métiers de la forêt, jusqu’aux métiers de fabrication de meubles et d’objets, en passant par le risque de chute lors de la mise en œuvre de charpentes ou

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d’ossatures bois dans le bâtiment. Il y a également un autre besoin très important et urgent à prendre en compte, c’est le risque des maladies professionnelles96. Le CESR attire l’attention sur la nécessité de traiter ces 2 types de risques dont celui des poussières bois en particulier97. La poussière de bois est un cancérigène avéré auquel 380 000 travailleurs sont exposés. Elle est de nos jours la deuxième cause de cancers professionnels en France. Le ministère du travail, le ministère de l’agriculture, La Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS), l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) et l’Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics (OPPBTP) ont organisé, en 2008, une campagne nationale de contrôle et de sensibilisation sur le risque cancérigène lié à l’exposition aux poussières de bois. 3 015 entreprises de première ou deuxième transformation du bois ont été visitées. Cette enquête révèle que pour une grande partie, la réglementation est insuffisamment appliquée. Celle-ci prévoit notamment la mise en place de système de captation de poussières, des équipements individuels de protection, un nettoyage des locaux approprié, la formation des salaries et une Valeur Limite d’Exposition Professionnelle (VLEP). Sur le terrain, malgré les améliorations enregistrées depuis les années 1990, on est loin de ces exigences : un tiers seulement des établissements mentionnent le risque cancérigène dans le document unique. Si certaines données sont encourageantes : 85,6 % ont installé une aspiration centrale dans les ateliers, d’autres sont inquiétantes : dans 30% des cas, les machines ne sont pas toutes raccordées au système, le nettoyage au balai est préféré dans 80 % des cas (l’aspirateur dans seulement 35 %), et 30 % des entreprises fournissent des masque P1 inadaptés aux risques. Enfin le contrôle annuel de la VLEP a été effectué dans 14% des établissements visités. Les risques accidentels, en plus de la chute et des maladies professionnelles, sont notamment les coupures (par les tronçonneuses et machines à bois) et les écrasements (arbres, tracteurs). Pour chacun d’eux, il pourrait être envisagé des mesures appropriées : - Pour les bûcherons : port de vêtements de protection (subvention à l’achat), formation

et sensibilisation par la MSA, formation spécifique en cas de tempêtes car l’exploitation des chablis et volis et très spécifique, obligation de travailler à plusieurs sur les chantiers de coupe, obligation de téléphone portable sur les chantiers et, en conséquence, couverture réseau des massifs forestiers.

- En scieries et en menuiseries : équipements de sécurité tant sur les machines que pour ceux qui les utilisent.

- Pour les agriculteurs qui font du bois de chauffage : même exigences sur les fendeuses à bois.

- Pour le débardage : équipement de sécurité de tracteurs (porteurs et skideurs) avec notamment arceaux de sécurité, formation au débardage en montagne et en zones pentues.

- Etc.

96 Voir liens relatifs aux « maladies professionnelles » en Annexe 6. 97 Consulter le texte portant sur la « poussières bois » en Annexe 6.

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Face à ces points alarmants, le CESR recommande que tous les moyens soient mis en œuvre pour une application plus rigoureuse de la réglementation. En parallèle, une politique de prévention des risques doit être renforcée par la sensibilisation et l’information des employeurs et des salariés concernés et par l’apport d’un appui technique aux petites entreprises en matière d’évaluation des risques et de conception, de contrôle et de maintenance des installations. Dans le cadre de cette démarche, il est souhaitable d’apporter aux petites entreprises un soutien technique, accompagné, sous réserve du respect de certaines conditions, d’une prise en charge financière totale ou partielle et de mener des actions de communication. VI-5 Développer une culture de la forêt et du bois Comme indiqué précédemment dans cet Avis il est nécessaire de développer la connaissance des métiers de la forêt et du bois pour attirer les jeunes vers les métiers de la filière. Il a également été mentionné la nécessité de développer auprès du grand public comme des décideurs institutionnels une meilleure compréhension des atouts que recèle la filière bois dans le cadre du développement durable, notamment pour ce qui concerne les constructions bois.

Il y a donc tout un champ ouvert au développement d’une « culture scientifique et technique » orientée sur la filière bois. Il serait par exemple utile de mieux faire connaître et développer des initiatives qui, comme l’Observatoire du papier, des arts graphiques et de la Communication en Ariège essaient de faire connaître les activité et traditions. De telles initiatives devraient être encouragées et divers « musées » pourraient, comme c’est le cas dans d’autres régions, faire connaître les métiers de la forêt et du bois non seulement dans une perspective de présentation et sauvegarde du patrimoine, mais aussi dans la perspective d’intéresser les divers publics aux avancées scientifiques et techniques et aux perspectives offertes par les nouvelles recherches. On pourrait imaginer par exemple d’associer des structures de valorisation des activités de la forêt et du bois à des lieux porteurs de sens : par exemple Tarbes pour les agromatériaux (avec la Halle Agromat) et Rodez pour le bois (avec le CRITT 12 Bois)

Des budgets du Conseil Régional sur la Culture Scientifique et Technique pourraient être mobilisés par la filière pour des opérations de promotion et d’information, notamment en lien avec le grand événement proposé dans le présent Avis (proposition 32) afin d’y associer le grand public.

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PROPOSITIONS

Pour dynamiser et structurer la filière bois en Midi-Pyrénées, il est important de prendre en compte les forces et faiblesses de ses différents secteurs. L’objectif principal est de mettre en place en Midi-Pyrénées une filière bois « effective » et efficace. Le présent Avis, et notamment sa deuxième partie, dresse une analyse de la filière bois régionale. Elle recense ainsi ses potentialités et propose un certain nombre d’orientations qui permettront de faire face à la concurrence mondiale tout en prenant en compte la situation de ses employés. L’ensemble de ces pistes est repris dans les propositions qui suivent. Nous avons regroupé ces propositions par niveau afin de permettre à la plupart des acteurs de la filière de retrouver leur palier. Nous traitons ainsi : - de la forêt, des entrepreneurs et des travailleurs forestiers de Midi-Pyrénées (chapitre 1) - de l’industrie des sciages (chapitre 2) - de l’industrie du meuble (chapitre 3) - du bois dans la construction (chapitre 4) - du secteur papetier (chapitre 5) - du problème des transports (chapitre 6) - du domaine de la formation (chapitre 7) - du domaine de la recherche (chapitre 8) - des principes de sécurité et de prévention des risques professionnels (chapitre 9)

Par ailleurs, il nous paraissait indispensable de structurer la filière. A cet effet nous formulons quelques propositions et notamment la mise en place d’un « Plan Filière Bois » ( chapitre 11) et de grands évènements (chapitre 12) qui viendraient dynamiser et mettre en valeur les savoirs faire régionaux. Chapitre 1 : Forêt, entrepreneurs et travailleurs forestiers de Midi-Pyrénées A - La forêt

PROPOSITION 1 :

Les industries de première et deuxième transformation doivent certifier leurs produits. La certification, indispensable pour ces deux niveaux, les rend dépendants de l’amont. En conséquence, le CESR souhaite que les propriétaires gèrent leur forêt, plus que jamais, dans une optique de développement durable. Cette gestion « durable » de la forêt doit être conforme à une démarche normative (notamment PEFC) qui doit être respectée par tout exploitant qui voudrait mettre en avant la bonne gestion de la forêt dont est issu son bois. Elle apparaît actuellement comme un outil efficace permettant de lutter, entre autres, contre l’effet de serre (bilan carbone). A ce titre, elle représente un enjeu de taille qui doit être considéré à la fois à l’échelle globale mais également locale.

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PROPOSITION 2 :

Une grande partie de la forêt midi-pyrénéenne est à accessibilité moyenne, difficile et parfois même très difficile. Pour le CESR, il est nécessaire d’agir pour encourager l’aménagement et la gestion des surfaces en accordant, en particulier, les moyens suffisants au service public de l’Office National des Forêts notamment dans le cadre des RTM « Restauration des Territoires de Montagne ». Cela passe notamment par l’arrêt du désengagement de l’Etat, par le maintien des agents pour conserver un service de proximité en zone rurale et par l’abandon d’une gestion axée autour de critères de rentabilité financière.

PROPOSITION 3 : En Région Midi-Pyrénées, le morcellement est souvent la conséquence de partages graduels de parcelles (héritages) entre membres de même famille. Il faut inciter au regroupement des « petites » parcelles, entre autres, par les associations de propriétaires, susceptibles de permettre une gestion optimale de la forêt. Pour le CESR, il est urgent de sensibiliser l’ensemble des acteurs pour dépasser les effets nocifs du morcellement et, partant de là, d’une sous-exploitation de la forêt car on remarque qu’aujourd’hui, la réglementation forestière en vigueur vise davantage à protéger la forêt qu’à dynamiser sa gestion ou à lutter contre les effets pervers de l’abandon. Il devient donc primordial de mieux mobiliser une plus grande partie de la ressource.

PROPOSITION 4 :

Pour faire face aux risques qui menacent la forêt (incendie et tempête). Le CESR propose de mettre en place une logique de cellule préventive, « en veille permanente, devenant cellule de crise au moment nécessaire » capable d’établir un plan d’action global ayant pour objectif principal : la limitation des dégâts et la gestion des ressources impactées. Pour ce qui est des tempêtes, cette cellule devra établir des plans précis pour organiser dans un temps raisonnable, le déblocage des voies de communication et d’accès aux réseaux, le tri, le stockage, l’orientation selon l’usage final envisageable de la ressource en intégrant le transport de bois. Elle devra également réfléchir, avec les organismes compétents, à la possibilité de replanter ou non d’éventuelles essences pour la régénération des massifs impactés. Afin de prévenir le risque incendie, les cellules et acteurs qui déjà gèrent ce risque doivent être soutenus dans leur action. Il sera nécessaire d’accompagner et de coordonner toutes actions de mise à niveau pour la prévention et l’information. Une attention particulière devra être consacrée à la définition des périmètres de sécurité sur les secteurs sensibles entre les populations et le massif… En cas de dérives ou de manquement aux principes de sécurité, les notions de contrôle et de sanctions doivent être envisagées. En outre, le CESR engage la Région Midi-Pyrénées à mettre en œuvre des mesures incitatives préventives pour les particuliers et les collectivités territoriales propriétaires des forêts pour la réhabilitation des chemins, de manière à favoriser l’accès des secours.

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PROPOSITION 5 :

Un rapport récent du World Wildlife Fund98 (WWF) précise que près d'un cinquième des importations de bois de l'Union Européenne proviendrait de sources illégales ou suspectes. Il est donc essentiel de lutter contre l’importation illégale de bois. Le vote récent d’une directive européenne visant à juguler l’importation de bois illégal constitue une avancée dans les principes. Mais le contenu du projet reste frileux. En effet, la future réglementation ne prévoit pas de système indépendant de contrôle des importations et ne fixe pas de sanctions claires. De plus, les activités illégales n’y sont pas définies et la traçabilité du bois jusqu’au consommateur n’y est pas garantie. En raison de cela, il est nécessaire pour le CESR d’exiger la certification qui permettrait d’assurer la traçabilité et de pouvoir s’appuyer sur une réglementation européenne plus rigoureuse, seule en mesure de freiner le phénomène. B – Entrepreneurs et travailleurs forestiers de Midi-Pyrénées

PROPOSITION 6 :

Le CESR estime qu’un plan de soutien aux entrepreneurs de travaux forestiers est indispensable. Ces entrepreneurs souffrent du manque de travail en raison de la chute des ventes de bois. De surcroît, tout comme les nombreux bûcherons traditionnels de la région, ils disposent de trésoreries fragiles du fait des lourds emprunts contractés avant la crise, notamment sur les abatteuses, porteurs et skidders. D’autres aides pourraient être également octroyées, notamment des subventions pour l’équipement de câbles nécessaires pour l’exploitation, technique incontournable en Midi-Pyrénées au regard du relief dominant. Par ailleurs, on constate que dans certaines régions limitrophes à Midi-Pyrénées (Aquitaine, Languedoc-Roussillon), les aides aux entrepreneurs sont importantes. En Languedoc-Roussillon, par exemple, la région prend en charge 30% du prix d’achat d’un matériel forestier non roulant (grue…). Cette mesure, qui s’applique à des engins dont le prix avoisine souvent les 230 000 euros, n’existe pas dans la région Midi-Pyrénées. Le CESR recommande que la Région Midi-Pyrénées revoie et accroisse les aides aux entrepreneurs de travaux forestiers, sous condition de contreparties sociales et environnementales. Il s’agit là d’un élément important puisqu’on soulève la question relative au devenir des entrepreneurs locaux et de l’extraction de la ressource.

98 World Wildlife Fund (2008), Illegal wood for the European market, July.

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PROPOSITION 7 :

Le CESR considère qu’il est essentiel de soutenir le métier de bûcheron voire d’élagueur. De manière générale, la condition sociale des travailleurs en forêt est souvent difficile. Des solutions (salaires, protection sociale, formation et polyvalence…) doivent être envisagées afin de permettre à ces travailleurs de vivre correctement de leur travail. Il serait souhaitable qu’ils puissent bénéficier d’un statut « d’ouvrier forestier polyvalent» à durée indéterminée et à temps plein (éventuellement au travers de groupements d’employeurs) comme cela existe dans le monde agricole, de possibilités de reconversion vers des travaux moins pénibles, et d’une retraite à 55 ans compte tenu de la pénibilité et de la dangerosité de leur métier.

PROPOSITION 8 :

Le regroupement des petites parcelles, la constitution d’une véritable filière bois et son développement, qu’appellent les objectifs du Grenelle de l’Environnement, offrent incontestablement un cadre permettant le développement et la sécurisation des parcours professionnels des ouvriers forestiers considérés jusqu’à ce jour comme saisonniers. Le CESR incite à responsabiliser les donneurs d’ordres et tous les acteurs de la filière (experts, coopératives, chambre d’agriculture, groupement de petits propriétaires et exploitants…) et assujettir les aides publiques à la création d’emplois durables et à la sécurisation des parcours professionnels. Chapitre 2 : L’industrie des sciages

PROPOSITION 9 :

Les scieries représentent un maillon clé de la filière. Elles constituent une charnière incontournable entre l’exploitation forestière et la première transformation. En Midi-Pyrénées, la tempête de 1999 a marqué un tournant pour la profession. Depuis cet évènement, nombre de scieries ont fermé faute de repreneurs potentiels entraînant une sous capacité du sciage en région. Pour que l’activité reprenne, le CESR considère qu’il est impératif d’augmenter les capacités des scieries existantes et d’ouvrir d’autres scieries afin que le bois local, qui est souvent transporté hors région, puisse être scié et valorisé en Midi-Pyrénées.

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PROPOSITION 10 :

En Midi-Pyrénées, les scieries ne fournissent que très peu de produits respectant les caractéristiques attendues de l’Aval. Pour cette raison, Midi-Pyrénées importe massivement du bois en provenance d’autres régions de France mais aussi d’autres pays du monde, alors qu’en la qualifiant, nous disposons d’une ressource locale à la hauteur de la plupart des besoins. Le CESR recommande aux scieries de Midi-Pyrénées d’évoluer et de s’adapter aux besoins de certains secteurs comme la construction. Pour ce dernier, par exemple, les scieries ne doivent pas se limiter à la seule fourniture de bois massif et au débit sur listes, mais par la maîtrise du séchage et du classement, répondre aux nouvelles normes du marché de la construction et du bois d’œuvre en général. De façon globale, les scieries doivent fournir des produits qui répondent aux besoins des cahiers des charges de la deuxième transformation (dimension commerciale…) tout en favorisant l’utilisation du bois local.

PROPOSITION 11 :

Une meilleure efficacité des scieries passe notamment par des investissements mais aussi par des projets de regroupements ou de mise en réseaux. Pour le CESR, il est indispensable : - De favoriser de nouveaux partenariats entre l’amont, la première et la deuxième transformation, pour sécuriser les flux de matières (contrat d’approvisionnement, prise de participation…). - D’accompagner par l’ingénierie et le financement, le développement d’outils de mutualisation des moyens (maîtrise du séchage…) et de regroupement des acteurs. - De favoriser l’utilisation de bois dans les bâtiments et autres usages publics et privés. - D’encourager l’implantation d’industries intermédiaires, consommatrices de leur matière première ou de leurs déchets, pour produire de nouveaux matériaux et procédés dédiés à l’aval de la filière.

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Chapitre 3 : L’industrie du meuble

PROPOSITION 12 :

Les entreprises régionales (et nationales) du meuble peuvent apparaître aujourd’hui comme étant impuissantes face à la concurrence internationale sur le marché français. Le CESR remarque plus particulièrement les difficultés de l’industrie du meuble du quart Nord Est de l’Aveyron et demande un indispensable soutien. La situation actuelle de cette industrie est délicate et nécessite un appui de l’Etat et des collectivités pour la restructuration de ce secteur et l’aide à l’innovation. Il ne faut pas assimiler ce constat à une fatalité, mais bien plutôt le considérer comme un défi à relever. Plus globalement, pour dynamiser et repositionner l’industrie du meuble régionale, le CESR propose : - de créer un étiquetage « marquage produits finis » qui s’appuierait sur les valeurs du « made in France ». Il peut s’agir d’un label « Provenance Midi Pyrénées (PMP) » qui, associé à la certification « PEFC », aurait un impact majeur. Cet outil, au-delà de l’effet Marketing local, soutiendrait les fabricants de la région. Nul doute que cette démarche fédératrice contribuerait à structurer la promotion et la distribution des produits « bois finis », et augmenterait l’opportunité d’actions groupées vers l’international. - d’impulser la création de lignes de systèmes d’équipements ou de meubles adaptées au défi de l’accessibilité dans les lieux publics régionaux et pour les autres Etablissements Recevant du Public (ERP). Cette démarche, respectant les exigences réglementaires (par des solutions bois PMP), engendrerait des commandes publiques et privées auprès des entreprises de la 2ème transformation du bois. - d’accompagner les entreprises de production de meubles et d’éléments d’agencement afin qu’elles puissent assumer les mutations structurelles, matérielles et logistiques, pour augmenter leurs performances. Chapitre 4 : Le bois dans la construction

PROPOSITION 13 :

Aujourd’hui, la masse de bois utilisée dans la construction classique est trop faible. Pour autant, la rénovation du patrimoine peut être un vecteur non négligeable pour la filière bois. Traditionnellement, les immeubles et les maisons absorbaient la plus grande masse de bois produite par la filière. Le CESR estime que le fait de soutenir les actions de rénovation à l’identique des éléments du patrimoine induirait plusieurs rôles complémentaires d’intérêt général : - La consommation massive de bois et de ses dérivés - La sauvegarde du patrimoine - Le maintien des savoirs faire et de l’emploi - L’innovation pour concilier style, productivité et efficacité technique (thermique…)

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PROPOSITION 14 :

Il est impératif de valoriser la ressource locale. En effet, la demande de constructions « bois » ne cesse de s’accroître (aujourd’hui elle représente 6% à 8% du marché). Cette tendance doit être attribuée à ses qualités environnementales évidentes. Tous ces éléments devraient non seulement entraîner une augmentation du pourcentage de bois utilisé dans la construction en général, mais également promouvoir la construction bois dans la région. La construction bois est souvent assimilée à un habitat de loisir ou à un chalet. Il est donc nécessaire de faire prendre conscience du fait que la construction bois doit également être appréhendée sous un aspect beaucoup plus contemporain et fonctionnel. Actuellement, on note un faible nombre de constructions « publiques » en bois. Le CESR invite la Région et les collectivités territoriales à promouvoir, par des aides publiques, la réalisation d’un ou plusieurs ouvrages de construction fonctionnelle de grande ampleur (centre de congrès, bibliothèque, équipement sportif,…) mobilisant judicieusement le bois (bois d’œuvre et dérivés) de façon emblématique. Cet exemple pourrait être une amorce source de projets pour les acteurs publics dans le cadre de leurs besoins d’aménagement sur l’ensemble du territoire. Il aurait également pour effet de sensibiliser les acteurs de la construction, de la filière bois, le public et les élus aux atouts de ce noble matériau lorsqu’il est dédié à une architecture ambitieuse.

PROPOSITION 15 :

Le bois a sa place dans le Cluster bâtiment économe à côté d’autres matériaux. Le CESR estime que le Cluster « bâtiment économe » devrait être un des acteurs qui facilitent le développement de la filière bois. Par son action, il favorise incontestablement le rapprochement et la mise en réseaux d’acteurs issus d’univers technologiques différents. Son rôle permet, notamment via les logiques de R&D et de transferts de technologies, l’émergence d’une nouvelle dynamique au sein des filières liées au bâtiment. Ce rôle, transversal, contribue également à faciliter la création d’une culture commune, élément essentiel pour aboutir à de nouvelles solutions et à des industries structurantes pour la « filière bois ». Le CESR soutien le projet Cluster bâtiment économe dans lequel le bois et ses dérivés doivent avoir toute leur place.

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PROPOSITION 16 :

L’éco construction doit devenir un des atouts majeurs pour la filière bois, car le bois, de par ses qualités intrinsèques, est l’éco matériau d’excellence. Un programme de R&D et un transfert technologique, au service des solutions génératrices de matériaux et de concepts constructifs associant la matière 1ère « biomasse et bois » à la logique « bâtiments économes », doivent être mis en place99. Simultanément, il conviendra d’avoir une réflexion dans le cadre de l’Agenda 21 de Midi-Pyrénées, pour définir une charte d’envergure régionale, qui impose aux acteurs économiques, d’avoir une approche raisonnée et soutenable de leur développement. Le CESR attire l’attention sur la nécessité de sensibiliser le public et les collectivités territoriales à leur responsabilité de consommateur. Cette sensibilisation doit inciter un niveau d’exigence, qui impose l’implication des partenaires (Industriel, Certification et assurances) et qui favorise jusqu'à l’aval, la professionnalisation de l’éco construction.

PROPOSITION 17 :

Depuis 1990, le législateur a mis en place le CCMI (Contrat de Construction de Maison Individuelle) qui garantit aux acquéreurs un prix et un délai de réalisation. Ce contrat prévoit des échelonnements de paiements inadaptés à la construction bois. Les constructeurs bois mettent en œuvre, dès l'obtention du permis de construire, des approvisionnements et des mises en fabrication (jusqu’à 80% des travaux sont effectués en atelier avant même la pose des fondations) qui représentent des sommes bien plus importantes que les versements autorisés par le CCMI. Le législateur a commencé à revoir cette disposition qui défavorise ce type de construction. Le CESR demande à la Région d’intervenir auprès de l’Etat et des partenaires concernés (assureurs…) pour accélérer la révision de l’échelonnement des paiements (contrat type).

PROPOSITION 18 :

Certains demandeurs se heurtent parfois à des refus concernant les constructions bois. A priori, il n'est pas possible d'interdire un matériau. Généralement, le litige porte sur la forme architecturale inspirée de modèles étrangers. Face à ces risques de dérives, les architectes des bâtiments de France ont un pouvoir décisionnel très important. Selon le CESR, ce pouvoir doit contribuer au développement de l’ensemble de la filière bois.

PROPOSITION 19 : 99 Dans le site du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) http://www.CSTB.fr, consulter notamment la fiche « pass’innovation » pour plus de précisions.

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En Midi-Pyrénées et plus globalement en France, on recense un faible nombre d’architectes privilégiant le bois dans leurs projets. Simultanément, on remarque qu’un nombre limité d’entreprises est en capacité de réaliser des travaux « bois » dotés d’une grande technicité. Le CESR juge nécessaire que l’interprofession avec le soutien du CNDB100 et des CAUE101 : - apporte aux architectes les arguments techniques et esthétiques nécessaires afin qu’ils soutiennent les projets de construction bois. Par ailleurs, il serait souhaitable de sensibiliser les élus, les professionnels et le public à la réglementation et aux nouveaux enjeux de l’aménagement du territoire. - facilite la collaboration des architectes avec les entreprises de la construction « bois » (ceci favoriserait la mise en place d’une offre globale qui sécuriserait le choix des clients).

PROPOSITION 20 :

En Midi-Pyrénées, les projets d’urbanisme et d’aménagement du territoire qui intègrent le matériau bois ne sont pas assez valorisés. Pour remédier à ce déficit, le CESR préconise que tous les opérateurs qui sont impliqués dans la chaîne de décision/production de ces infrastructures soient sensibilisés, et formés aux possibilités de l’alternative « bois ». Cette démarche, incitative à l’attention des acteurs, irait de la prise de décision des élus ou des responsables, jusqu’à la production finale des structures. Il est également important de soutenir l’innovation architecturale contemporaine. Cette mesure favorisera des productions de qualité, qui marqueront dans plusieurs années notre époque.

100 Comité National pour le Développement du Bois. 101 Conseil Architecture Urbanisme Environnement.

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Chapitre 5 : Le secteur papetier

PROPOSITION 21 :

La coopération entre les différentes industries papetières de la région Midi-Pyrénées est insuffisante. Le CESR estime que des synergies entre les acteurs clés de l’industrie papetière régionale et limitrophe doivent être encouragées pour concurrencer l’offre mondiale, ceci dans le respect de l’indépendance de chacun. Les actions engagées par la Région, et soutenues par des cofinancements d’ampleur régionale, devront avoir une contre partie contractuelle liée au maintien des activités et de l’emploi. Ce soutien prendra en compte les logiques d’engagements des territoires (collectivités,…), des entreprises et groupes concernés par un plan de développement et de maintien d’un niveau technologique, économique et social soucieux de l’environnement. L’ensemble de ces aides publiques doit être conditionné au maintien des activités et de l’emploi.

PROPOSITION 22 : le secteur papetier en Midi Pyrénées, est un segment majeur de la filière bois. Pour développer une réelle politique industrielle dans les bassins papetiers, il apparaît crucial, dans l’immédiat de maintenir l’activité des entreprise, et à plus long terme de trouver des axes de développement et de diversification en favorisant des pistes telles que : - l’augmentation des approvisionnements en bois locaux - la valorisation des déchets : ces derniers doivent être utilisés localement comme matières premières et non expédiés vers des pays étrangers - la production locale d’énergie : pour atteindre cet objectif, il est nécessaire d’inciter les entreprises à investir dans un système énergétique permettant de minimiser leurs coûts et de ne pas être tributaires de fournisseurs extérieurs - une plus grande coopération entre les entreprises du papier afin d’assurer une plus grande synergie et donc une dynamique, qui concurrencera l’offre mondiale - le développement de recherches sur la cellulose et l’industrie des fibres en vue de productions nouvelles dédiées à l’éco-industrie et à l’éco-construction, ou de la production de bio-carburants de nouvelle génération ; cela suppose veille, R&D, innovations ( ex : croisement technologique via le cluster bâtiment économe…). - l’accompagnement des industries papetières régionales qui se traduirait par une aide d’orientation des flux vers le marché intérieur (réorientation de certaines politiques d’achats locaux) tout en encourageant et en développant l’exportation.

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Chapitre 6 : Le problème des transports

PROPOSITION 23 :

En Midi-Pyrénées, c’est le débardage mécanisé qui prédomine mais dans certains cas, (ex : périodes de fortes précipitations) il dégrade les sols. Pour le CESR, il est urgent de mettre en place dans notre région des méthodes de débardage plus respectueuses des chemins forestiers et des propriétés, comme par exemple dans le département de l’Ariège le débardage au moyen d’animaux de trait. L’aéroportage est un autre moyen alternatif de transport qui permet d’éviter la dégradation des sols lorsqu’il peut être utilisé. Il existe un projet de Dirigeable Gros Porteur Autonome (DGPA) porté par la société Aerospace Adour Technologies (AAT) domiciliée à Helioparc à Pau. Le CESR invite donc les acteurs de la filière bois concernés à s’intéresser au développement d’un tel projet pour, le cas échéant, utiliser ce nouveau moyen de transport respectueux de l’environnement.

PROPOSITION 24 :

Sur certains territoires, il est souhaitable que les routes soient mises en conformité pour favoriser le passage des gros porteurs. Pour cela, le CESR considère qu’il faudrait donner aux collectivités locales concernées les moyens d’aménager les routes, les chemins et d’organiser des plateformes de regroupement et de chargement. Par ailleurs, aujourd’hui, trouver du personnel qualifié pour le transport avec grumier est un facteur limitant de cette activité. Il convient donc de favoriser et d’adapter les formations d’un personnel qualifié afin de satisfaire une demande exigeante.

PROPOSITION 25 :

Afin d’octroyer un maximum de cohérence et de fluidité à la filière bois locale, il est essentiel pour ses acteurs, de procéder à une réflexion sur le tracé ferroviaire. Cette réflexion pourra ensuite être soumise aux transporteurs de Fret. Parallèlement, la SNCF se doit de développer le transport de Fret « bois local » car celui-ci apparaît actuellement à l’écart du plan transport de fret national.

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PROPOSITION 26 :

Le CESR préconise une organisation plus efficace du réseau de transport et de débardage dans le cadre d’un programme de long terme. Ce réseau doit être créé en corrélation avec un programme trentenaire de plantations et de coupes. Il comporterait sur une période de 30 ans : - la mise à niveau des voies et des ponts sur le réseau ainsi défini, ce que ne peuvent assurer aujourd’hui les communes - la création d’un réseau de transport routier en corrélation avec les programmes de plantations et de coupes - les accès à proximité des lieux de coupe Chapitre 7 : Le domaine de la formation

PROPOSITION 27 : Dans le cadre de l’alternance, le CESR propose : - la création d’un contrat d’objectif (Etat/Conseil-Régional/OPCA/Acteurs économiques et sociaux) aux métiers spécifiques de la filière bois. Ceci servira, en particulier, à maintenir les emplois et à les développer sur le territoire. - la mise en place de nouvelles formations (architecture, meuble, papier, transport…) - l’ouverture d’un plan de carrière incitatif pour les jeunes formés dans les métiers de la forêt et du bois, afin de satisfaire les besoins et l’amélioration de l’image de ces métiers - de sensibiliser les jeunes aux métiers en tension du bois et de la forêt. Dans cette perspective, les professionnels peuvent intervenir dans les CFA, les lycées, les collèges et même dans les écoles afin d’inciter les jeunes à opter pour ces métiers.

PROPOSITION 28 : La prise de conscience de l’indispensable préservation de l’environnement impacte les métiers existants et va sûrement conditionner l’apparition de nouveaux métiers et de nouvelles formes d’organisation. Dans ce contexte, le bois correspond, par sa nature, aux enjeux du développement durable. Le CESR estime nécessaire la mise en place de formations plus spécifiques et en complément ou à défaut, que des modules supplémentaires sur ces thèmes soient ajoutés à chaque formation dispensée. Les écoles d’ingénieurs et les IUT devraient également créer des programmes spécifiques « bois et biomasse forestière ». Des accords pourraient également être envisagés entre des écoles d’ingénieurs de la région et d’autres écoles du territoire national plus spécialement orientées vers la forêt et le bois afin d’offrir de nouveaux parcours de formation. En effet, le CESR est conscient que le bois offre de très nombreux débouchés et que la recherche n’en est qu’à ses débuts, notamment au niveau des matériaux de construction ou des bases dédiées à d’autres vocations comme celles du domaine des nouvelles énergies, du bâtiment économe et de la chimie verte.

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PROPOSITION 29 :

Le CESR pense que l’offre proposée par la formation continue doit permettre aux salariés « femmes et hommes de métiers » dans ces entreprises, d’acquérir les nouvelles compétences liées à l’évolution des matériels, des techniques et des nouveaux enjeux environnementaux. Elle doit également favoriser la promotion sociale et les passerelles en proposant un module spécifique de mise à niveau aux personnes en provenance d’autres secteurs hors « filière bois ». Le CESR juge que ce n’est qu’au travers de cette adaptation et revalorisation possible des compétences, que ces métiers, en pénurie de main d’œuvre, deviendront plus attractifs et favoriseront ainsi, de nouvelles vocations pouvant pourvoir des emplois trop souvent vacants. La gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) et le statut du travailleur peuvent améliorer la demande dans les métiers de la filière. Plus globalement, le CESR incite à favoriser l’adéquation entre les besoins et l’amont de la formation notamment par la veille et l’accompagnement des mutations en cours, accélérées par le Grenelle de l’environnement. Au final toutes ces préconisations doivent s’inscrire dans le Plan Régional de Développement de la Formation (PRDF) même si elles sont portées, dans certains cas, par d’autres opérateurs.

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Chapitre 8 : Promouvoir la recherche sur le matériau bois et la biomasse

PROPOSITION 30 :

Alors que des pays comme le Canada développent des programmes de recherche pour se positionner en leader mondial, ou que des régions comme l’Aquitaine ont entamé des projets de recherche sur la filière bois, Midi Pyrénées est jusqu’à présent restée trop en retrait dans ce domaine alors qu’elle dispose de nombreux atouts, des compétences scientifiques reconnues et des dispositifs d’aides qui pourraient être mobilisés sur la filière. Le CESR souhaite donc, qu’avec la ressource disponible sur place, les grandes compétences et capacités des acteurs de la région soient mobilisées pour créer la dynamique nécessaire au développement de la filière bois. Le CESR invite les acteurs régionaux à développer à partir du bois des axes de recherches et de développement de produits nouveaux, et notamment : - à favoriser des programmes de recherche conduisant à la mise sur le marché de produits nouveaux innovants à base de molécules obtenues à partir du bois et de la biomasse - à développer à partir du bois des matériaux nouveaux, en particulier des composites performants ; à développer l’usage et les techniques de mise en œuvre du bois et de ces nouveaux matériaux, notamment dans les secteurs de la construction et du génie civil. Pour permettre à des projets ambitieux de voir le jour, le CESR invite également les acteurs régionaux à utiliser au mieux les aides existantes, notamment les Appels à Projets du Conseil Régional à destination aussi bien des laboratoires que des entreprises. Le CESR souhaite par ailleurs que Agrimip Innovation (ex : projet « Prepilpat »)102, MPI et les acteurs du transfert technologique tels que les CRITT ou le FCBA puissent œuvrer plus efficacement auprès de la filière bois en étant force de proposition. Cela passe sans doute aussi par une meilleure structuration des acteurs de la filière (voir proposition 33 et 34). Enfin des programmes de coopération avec d’autres régions peuvent être gages de réussite, notamment via des projets co-labellisés par Agrimip Innovation et un ou plusieurs autres pôles de compétitivité.

102 Le projet « Prepilpat » présenté par Tembec a reçu la labellisation du pôle AgriMip Innovation le 13 juin 2008. Ce projet consiste à traiter l’arbre entier dans une usine de fabrication de pâtes à papier existante pour le transformer en sucres fermentescibles, la fabrication d’éthanol étant ensuite une opération subséquente. L’énorme avantage d’un tel process réside dans le fait que l’ensemble est non seulement autonome mais de plus excédentaire en énergie. Il constituerait aussi une diversification intéressante pour une usine de pâte européenne aujourd’hui entièrement liée à une activité mondialisée et dans laquelle elle ne possède pas les meilleurs atouts (parité $/€, main d’œuvre, prix du bois…) pour lui assurer une meilleure rentabilité. (A titre d’indication, précisons que dans la première partie, le sous paragraphe V-1-5 traite des biocarburants provenant du bois).

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Chapitre 9 : Soutenir les principes de sécurité et de prévention de risques professionnels

PROPOSITION 31 :

Dans le cadre des spécificités de la filière bois, il faut tendre à supprimer les risques accidentels depuis les métiers de la forêt, jusqu’au métiers de fabrication de meubles et d’objets, en passant par le risque de chute lors de la mise en œuvre de charpentes ou d’ossatures bois dans le bâtiment. Il y a également un autre besoin très important et urgent à prendre en compte, c’est le risque des maladies professionnelles. Les entreprises ont l'obligation de réaliser l'évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs et de l’écrire dans « Le document unique ». Un plan d’action, qui vise la structuration de la filière bois, doit donc soutenir les acteurs dans la mise en place des outils et des bonnes pratiques sécuritaires. La poussière de bois est un agent cancérigène avéré auquel 380 000 travailleurs sont exposés. Elle est de nos jours la deuxième cause de cancers professionnels en France. Face à ces points alarmants, le CESR recommande que tous les moyens soient mis en œuvre pour une application plus rigoureuse de la réglementation. En parallèle, une politique de prévention des risques doit être renforcée par la sensibilisation et l’information des employeurs et des salariés concernés et par l’apport d’un appui technique aux petites entreprises en matière d’évaluation des risques et de conception, de contrôle et de maintenance des installations. Dans le cadre de cette démarche, il est souhaitable d’apporter aux petites entreprises un soutien technique, accompagné, sous réserve du respect de certaines conditions, d’une prise en charge financière totale ou partielle et de mener des actions de communication.

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Chapitre 10 : Organisation d’évènements afin de promouvoir les industries de la filière bois

PROPOSITION 32 :

Les industries de la filière bois régionale (meuble, papier, construction…) doivent être dans leur ensemble valorisées et promues. Pour cela le CESR propose : - d’organiser un événement majeur « filière bois » d’envergure internationale en Midi Pyrénées (par exemple un salon ayant lieu tous les deux ans, en cohérence avec d’autres salons nationaux déjà existant). Cet événement, qui pourrait bénéficier d’une chaîne de co-financement « Région…ville d’accueil, partenaires », intégrerait tous les secteurs de la filière (papier, meuble, le bâtiment économe, la recherche…). Plus spécifiquement, pour le secteur du meuble, un challenge biennal entre les plus grands créateurs mondiaux et régionaux du design associés à des écoles de Design et des entreprises locales, pourrait avoir lieu. Cette action, véritable laboratoire des nouveaux styles et procédés, aboutirait à de nouvelles lignes « produits » (dépôt des dessins et modèles Provenance Midi-Pyrénées) qui permettraient le repositionnement nécessaire des fabricants régionaux. - d’encourager et d’accompagner l’exposition des productions issues de la filière bois « Provenance Midi-Pyrénées » dans les salons internationaux clés. Ceci aurait pour vocation de repositionner l’industrie « bois » dont celle du meuble en particulier sur le marché international. Cette action, soutenue par les relais (institutionnels,…), favoriserait, de facto, l’accès aux nouveaux marchés et à l’export. D’autres filières pourraient s’associer à cette action, comme la filière du Tourisme ou celle de l’industrie Agro-alimentaire. - à la filière d’utiliser le dispositif d’appel à projet de la Région. Chapitre 11 : La structuration de la filière passe par la création d’un « Plan Filière Bois »

PROPOSITION 33 :

La mise en place d’une filière bois effective en Midi-Pyrénées passe incontestablement par l’établissement d’un plan filière bois. Le CESR propose que la Région coordonne avec l’État (Commission à l’aménagement des Pyrénées, Commissaire à la ré-industrialisation, DRAAF…) une mission permanente pour le développement et pour l’élaboration de ce plan, avec la participation de l’interprofession et de tous les acteurs de la filière (collectivités et partenaires sociaux). Ce plan, pour être efficace, devra rassembler l’ensemble des acteurs (recherche, entreprises, institutions…). L’interprofession du bois en Midi-Pyrénées (Midi Pyrénées Bois) devra avoir un rôle majeur. Elle endossera à la fois le rôle d’animateur mais aussi de catalyseur. Pour atteindre ce but, cette structure devra bénéficier d’aides régionales (sous contrats d’objectifs).

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PROPOSITION 34 :

Le CESR souhaite que le projet de structuration de la filière bois régionale débouche sur des résultats satisfaisants en faisant participer tous les acteurs (nationaux, régionaux, professionnels et syndicaux) et, notamment, les cinq Commissions de la Région à savoir la Commission Aménagement du territoire, la Commission Agriculture, la Commission Industrie, la Commission Environnement et la Commission Recherche, qui peuvent travailler de concert en formant un intergroupe avec à sa tête un responsable spécifique de la filière bois.

PROPOSITION 35 :

Le CESR constate le manque de données et parfois même d’informations concernant certains secteurs d’activité dans la région comme le meuble ou encore l’emballage. - Des moyens statistiques spécifiques « filière bois » sont nécessaires à l’établissement d’une image fiable de la filière bois régionale. Le CESR demande que cette image soit établie par les autorités compétentes. - Le CESR propose que Midi-Pyrénées Bois soit chargée d’une mission de regroupement de ces données dans une base d’analyse dynamique, accessible sur un intranet. Après inventaire, en constatant les manques de mise à jour ou de champs de données, Midi- Pyrénées Bois, devrait définir et solliciter les nouvelles requêtes qui s’imposent. Ainsi, l’Inter Profession accomplirait une veille pour tous les secteurs de la Filière Bois/Biomasse Régionale.

PROPOSITION 36 :

Le CESR propose à la filière bois de mieux se faire connaître auprès du grand public comme des décideurs institutionnels en favorisant le développement de lieux de rencontre sur le territoire permettant de mettre en valeur les compétences, les savoir-faire et les évolutions des sciences et des techniques, en les mettant en rapport avec les enjeux du développement durable. Les jeunes pourront y trouver un attrait pour les métiers de la forêt et du bois et être mieux informés des secteurs porteurs d’avenir.

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CONCLUSION : œuvrer pour une meilleure cohérence de la filière « bois régionale »

Jusqu’au XXème siècle, on pouvait parler de « filière bois » en Midi-Pyrénées. Aujourd’hui midi-pyrénées ne dispose pas d’une filière bois au sens propre du terme. Elle semble principalement structurée autour de l’exploitation forestière et de la première transformation et il existe une véritable césure entre la première et la seconde transformation. Actuellement, la filière midi-pyrénéenne apparaît donc comme étant désarticulée. Il est primordial d’œuvrer afin de la rendre réelle. Il est donc urgent de renforcer la cohérence au niveau de toute la filière afin d’aider ses acteurs à mieux exploiter la ressource locale mais également à reconstituer du lien entre la première et la deuxième transformation. Dès lors, au regard des nouvelles tendances, des alternatives possibles et des potentialités qui se profilent, nous devons nous poser la question du rétablissement de ce lien et bien plus. Sauf à ne pas tenir ses engagements liés au protocole de KYOTO, la France et l’Europe vont être contraintes d’accompagner le développement et la structuration de la filière. Pour Midi- Pyrénées, l’enjeu va au-delà de la simple mobilisation et de la transformation des bois régionaux. La filière bois possède des atouts aujourd’hui sous-exploités : - Elle détient un rôle important dans l’aménagement du territoire en contribuant au maintien d’activités dans les zones rurales. Les activités induites permettent le développement d’autres activités comme le tourisme, l’artisanat, le maintien de services publics en zones rurales, la préservation de l’environnement. - Elle a besoin d’une main d’œuvre très diversifiée et qualifiée offrant en conséquence des emplois correspondant à un large panel de compétences. Si une volonté politique régionale existe, la filière a le potentiel pour devenir une activité structurante pour le territoire régional. Le développement et la prise en compte des bilans carbone dans l’analyse des cycles de vie des produits et des constructions vont contraindre à rechercher une nouvelle structure pour la filière afin de gagner en efficacité et d’être en ordre de marche pour relever les défis qui attendent la société. L’innovation sera « le facteur-clé » de succès de la période qui s’annonce pour l’ensemble de la filière (innovation sociale, innovation technique, innovation structurelle, innovation commerciale et environnementale). Dans un contexte culturel peu porté à l’anticipation, à l’échange, à la gestion de la connaissance et du capital « expérience », la filière devra être fortement soutenue pour développer la transmission de ses savoirs et une réelle compétence à innover.

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La période qui s’annonce comporte de nombreuses inconnues liées au changement de paradigme en cours. Dans ce contexte la filière va être contrainte de s’adapter aux nouvelles exigences et devra faire évoluer ses fonctionnements et donc sa culture pour intégrer les nouvelles règles de jeu qui ne vont pas manquer d’apparaître. Elle devra être accompagnée dans son effort d’évolution afin de raccourcir les délais nécessaires à sa restructuration, en limitant les risques humains, environnementaux et économiques immanquablement liés à cette période. Par ailleurs, il sera essentiel de procéder au maintien des éléments structurants de la filière bois tout particulièrement en ce qui concerne les scieries et l’industrie papetière, ceci afin de préparer un avenir basé sur l’innovation et la cohésion humaine. La structuration de la filière passe par la formation des hommes, la mise en cohérence et le fait de faire travailler ensemble tous les acteurs publics et privés de la filière bois autour d’un projet : « plan de développement de la filière bois ». L’interprofession du bois en Midi-Pyrénées (Midi-Pyrénées Bois) devra avoir un rôle majeur. Elle endossera à la fois le rôle d’animateur mais aussi de catalyseur pour la structuration de l’ensemble des acteurs y compris socio-économiques de la filière en s’appuyant sur l’axe 4 du Plan Carbone de la Région. C’est, en partie, de cette façon qu’on pourra aboutir au développement des emplois qualifiés et permettre une attractivité au niveau de la filière. L’ensemble des propositions faites dans le présent Avis pourront alors trouver leur pleine cohérence. La filière bois régionale aura alors l’aspect du schéma représenté sur la page suivante.

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Schéma sectoriel à l’échelle de chaque massif forestier répartis sur le territoire et pour leur mise en réseaux dans la même logique « efficiente » au niveau Régional.

(Il induit et intègre la gestion des déchets, le bois énergie et les activités transversales)

+

Producteur forestier (publics, privés)

alimenté par des pépiniéristes

Exploitant forestier, coopératives,

autres…

Scierie, bois d’œuvre, panneaux & dérivés

(maîtrise du séchage & du conditionnement,

conforme aux exigences de la 2ème transformation)

MASSIF FORESTIER de plus en plus certifié (type PEFC)

BESOINS & MARCHE (à étiquetage CO2 concurrentiel)

1ère transformation Doit répondre aux nouveaux défis et

s’adapter aux besoins de l’aval

2ème transformation Doit s’adapter afin de mieux utiliser la matière 1ère locale Garantie d’écoulement du flux amont

EXPLOITATION + PERFORMANTE Exploite et débarde les arbres et les dépose au bord des routes pour les charger sur les camions (transport)

PLUS GRANDE MOBILISATION Gestion et renouvellement de la forêt Mobilisation de la ressource bois Amorçage de l’écoulement matière 1ère

Bois construction, industries, pâte à papier,

papier, meubles, emballage, autres… Conforme aux besoins du marché et aux normes

Intègre nouveaux thèmes & acteurs, Architecte…

R&D / INNOVATION TRANSFERT TECHNOLOGIQUE

Mise en œuvre & maintien

d’un lien fort entre 1ère & 2èmetransformation

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Avis « La filière bois en Midi-Pyrénées » Assemblée Plénière du 23 juin 2009 – CESR Midi-Pyrénées

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GLOSSAIRE

AAT Aerospace Adour Technologies ADEME Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie AFOCEL Association FOrêt CELlulose AFPA Association nationale pour la Formation Professionnelle des

Adultes AIMFB Association Interprofessionnelle des Métiers de la Forêt et du Bois ANR Agence Nationale de la Recherche ANRU Agence Nationale de la Rénovation Urbaine AOC Appellation d’Origine Contrôlée APR Arrêté Préfectoral Réglementaire APRTT Appel à Projets Recherche et Transfert de Technologies ARPE Agence Régionale Pour l’Environnement BBC Bâtiment Basse Consommation BEP Brevet d’Etudes Professionnelles BEPA Brevet d’Etudes Professionnelles Agricoles BIC Bénéfices Industriels et Commerciaux BMR Bois Massif Reconstitué BP Brevet Professionnel BPA Brevet Professionnel Agricole BTP Bâtiments et Travaux Publics BTS Brevet de Technicien Supérieur BTSA Brevet de Technicien Supérieur Agricole BTA Brevet de Technicien Agricole CAO Conception Assistée par Ordinateur CAP Certificat d’Aptitudes Professionnelles CAPA Certificat d’Aptitudes Professionnelles Agricoles CAPEB Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du

Bâtiment CATAR Centre d’Application et de Traitement des Agroressources CAUE Conseil d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement CCA Cuivre Chrome Arsenic CCH Cadre de la Construction et de l’Habitat CCI Chambre de Commerce et d’Industrie CCMI Contrat de Construction de Maison Individuelle CCS Cahier des Clauses Spéciales CCT Cahier des Clauses Techniques CEPIA Caractérisation et Elaboration des Produits Issus de l’Agriculture CFA Centre de Formation d'Apprentis CFAO Conception et Fabrication Assistées par Ordinateur CFP Congé de Formation Professionnelle CFT Charte Forestière des Territoires CIB Conseil Inter Fédéral du Bois CNAMTS La Caisse Nationale de l'Assurance Maladie des Travailleurs

Salariés CNIEFEB Compagnie Nationale des Ingénieurs et Experts Forestiers et des

Experts Bois

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CNRS Centre National de la Recherche Scientifique COPACEL COnfédération française de l’industrie des PApiers, cartons et

CELluloses CPP Cycle Préparatoire Polytechnique CRITT Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologie CRPF Centre Régional de la Propriété Forestière CSTB Centre Scientifique et Technique du Bâtiment DADS Déclaration Annuelle des Données Sociales DGPA Dirigeable Gros Porteur Autonome DIACT Délégation Interministérielle à l’Aménagement et à la Compétitivité

des Territoires DRAAF Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la

Forêt DTU Documents Techniques Unifiés DYNAFOR DYNamiques FORestières dans l’espace rural EFPA Ecologie des Forêts, Prairies et milieux Aquatiques ENITAB Ecole Nationale d'Ingénieurs des Travaux Agricoles de Bordeaux ENSAT Ecole Nationale Supérieur d'Architecture de Toulouse ENSIACET Ecole Nationale Supérieure des Ingénieurs en Arts Chimiques et

Technologiques EPA Établissement Public Administratif EPIC Établissement Public Industriel et Commercial ERP Établissement Recevant du Public ESB École Supérieure du Bois ETF Entreprise de Travaux Forestiers FCBA Forêt, Cellulose, Bois, Ameublement FNB Fédération Nationale du Bois FRCF Fédération Régionale des Coopératives Forestières FSC Forest Stewardship Council FEADER Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural FEDER Fonds Européen de Développement Régional FFB Fédération Française du Bâtiment FNB Fédération Nationale du Bois FNPC Fédération Nationale des Promoteurs Constructeurs FSC Forest Stewardship Council GPEC Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences HLM Habitation à Loyer Modéré IFN Inventaire Forestier National IGP Indication Géographique protégée INPT Institut National Polytechnique de Toulouse INPG Institut National Polytechnique de Grenoble INRA Institut National de la Recherche Agronomique INRS Institut National de Recherche et de Sécurité INSA Institut National des Sciences Appliquées INSEE Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques INTEC Institut National des Techniques Economiques et Comptables LCA Laboratoire de Chimie Agro-industrielle LGMT Laboratoire de Génie Mécanique de Toulouse

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LOF Loi d’Orientation Forestière MPE Midi-Pyrénées Expansion MPI Midi-Pyrénées Innovation MSA Mutualité Sociale Agricole ONF Office National des Forêts OPCA Organismes Paritaires Collecteurs Agréés OPPBTP Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des

Travaux Publics OREMIP Observatoire Régional de l’Energie Midi-Pyrénées PEFC Programme Européens des Forêts Certifiées PFT Plateformes Technologiques PME Petites et Moyennes Entreprises PMP Provenance Midi-Pyrénées PNR Parcs Naturels Régionaux PNRB Programme National de Recherche sur les Bioénergies PPR Plan de Prévention Risques PRDF Plan Régionale de Développement de la Formation SAS Sociétés par Actions Simplifiées SCEES Service Central des Enquêtes et Etudes Statistiques SERFOB SERvice de la FOrêt et du Bois SESSI Service des études et des statistiques industrielles SHON Surface Hors Œuvre Nette SHS Sciences Humaines et Sociales SRDE Schéma Régional de Développement Economique TCR Taillis à Courte Rotation TEP Tonne Equivalent Pétrole THPE Très Haute Performance Energétique UE Union Européenne UIB Union des Industries du Bois UNAMA Union Nationale de l’Artisanat des Métiers de l’Ameublement UNIFA Union Nationale des Industries Françaises de l’Ameublement UNIPAS Union des Industries Papetières pour les Affaires Sociales UNSFA Union Nationale des Syndicats Français d’Architectes UNTEC Union Nationale de Economistes de la Construction et des

Coordonnateurs URCF Union Régionale des Coopératives Forestières URET Union Régionale des Entrepreneurs de Territoire URSEF Union Régionale des Syndicats d’Exploitants Forestiers URSPF Union Régionale des Syndicats de Propriétaires Forestiers URSS Union Régionale des Syndicats des Scieurs VLEP Valeur Limite d’Exposition Professionnelle WWF World Wildlife Fund

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Intervention des groupes et explications de vote

Monsieur Jean de GALARD Du Centre Régional de la Propriété

Forestière et l’Interprofession de la Forêt et du Bois

Monsieur René MOUYSSET Du premier Collège Monsieur Pierre MOLETTE De l’Union Régionale des Ingénieurs et

Scientifiques de la région Midi-Pyrénées Monsieur Francis LAYSSAC De l’Union Régionale Interprofessionnelle

CFDT Madame Pascale MAHÉ Du groupe associations Madame Yannick LE QUENTREC Du groupe CGT Monsieur Michel COULOM Du groupe Force Ouvrière

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Intervention de Monsieur Jean de GALARD Au nom du Centre Régional de la Propriété Forestière et l’Interprofession

de la Forêt et du Bois Monsieur le Président du CESR, Mesdames et Messieurs et chers collègues, Avant tout, je pense pouvoir, au nom de l’ensemble des partenaires de la filière bois, exprimer notre reconnaissance au CESR Midi-Pyrénées d’avoir mis à l’ordre du jour ce sujet passionnant et passionné et plus particulièrement à Eric LALANDE, au groupe de travail et à Fouad GANNAZ. En effet, l’appartenance à une société moderne confrontée à une crise économique comme celle que nous subissons doit nous conduire à l’analyse des causes profondes afin qu’elles ne débouchent pas sur une autre plus grave encore concernant toute la population de plus en plus inquiète sur son avenir. C’est ainsi qu’à travers ce projet d’avis sur la filière bois en Midi-Pyrénées, nous nous sommes efforcés durant tous nos débats, d’être à l’écoute de l’autre, sachant que nous ne devions pas perdre de vu le facteur humain qui est présent ici, peut-être plus qu’ailleurs. En effet, que ce soit en forêt que devant les différents stocks de la transformation, cet aspect est essentiel. Les conditions difficiles de la mobilisation de la ressource du fait en particulier du relief sont des facteurs limitants. La mécanisation n’a pas résolu complètement la diminution de la pénibilité au niveau des hommes et les conditions d’exploitation en montagne laissant ainsi une grande partie de la ressource en l’état. Et cependant, cet approvisionnement à un coût raisonnable est indispensable aux industries locales confrontées à une concurrence extérieure redoutable. Ainsi une contractualisation réaliste et efficace entre les détenteurs de la ressource et les créateurs d’un produit fini de qualité est indispensable. Tout le monde doit accepter de faire des sacrifices afin de passer le cap difficile, ceci doit être fait dans la clarté car à la sortie de la crise elle doit assurer à tous l’amélioration des résultats de leurs entreprises. Ce lien très fort qui repose sur une confiance réciproque ne peut s’établir en un seul jour. Il faut apprendre à reconnaître à travers une organisation professionnelle moderne où toutes les familles sont réunies du producteur aux consommateurs, c’est à ce prix que l’on peut parler vraiment de filière. L’Etat, certes, est garant de la politique forestière mais cette contractualisation ne peut être réussie que si au niveau régional, départemental et local, ce mot a le même sens. A travers, par exemple, des chartes de territoire nous pouvons retrouver le moyen de la mise en œuvre, entre autres, d’une meilleure mobilisation de la ressource, sous condition entre autres d’améliorer les dessertes, sans que cela représente un poids excessif sur les collectivités, en recherchant d’autre part les conditions de vie souhaitable pour ceux qui contribuent à la récolte de cette richesse.

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Avis « La filière bois en Midi-Pyrénées » Assemblée Plénière du 23 juin 2009 – CESR Midi-Pyrénées

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C’est à travers un langage commun, volontariste, que les acteurs de la filière porteurs du projet, soutenus par tous les partenaires publics, développeront la transformation de cette matière première renouvelable qu’est le bois ; pour cela nous avons besoin de la recherche, entre autres, de produits nouveaux souhaités par les consommateurs et apportant de la valeur ajoutée. Nous avons également besoin d’architectes et de donneurs d’ordre convaincus et convaincants de l’intérêt de la construction bois issu de nos forêts. C’est une condition du développement des entreprises et de la création d’emplois. Il n’est pas pensable de continuer à assister à la fermeture de nos entreprises, de voir ainsi disparaître non seulement des emplois mais aussi un savoir faire irremplaçable à un moment où le Grenelle de l’Environnement nous fait apparaître plus que jamais, l’importance du développement durable, des énergies renouvelables, de la protection de la nature, de la lutte contre l’effet de serre. Les réponses à apporter aux populations urbaines qui souhaitent retrouver le contact avec la nature et la forêt en particulier passent par le rétablissement d’une filière bois, soutenue jusqu’à ses moindres détails, harmonieuse, efficace, tournée résolument vers l’avenir. C’est l’affaire de tous et non pas uniquement des forestiers. En effet, remettre la filière bois Midi-Pyrénées au centre de nos préoccupations c’est travailler au mieux être de tous ses habitants.

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Intervention de Monsieur René MOUYSSET Au nom du 1er collège

Monsieur le Président du CESR, Mesdames et Messieurs et chers collègues, Le collège 1 pense que ce projet d’avis sur la Filière Bois en Midi-Pyrénées arrive à point nommé dans le contexte économique, social, politique de notre région et de notre pays. Nous savons, et les consultations électorales récentes le prouvent, que nos concitoyens sont de plus en plus préoccupés par ce qui est convenu d’appeler le développement durable. Le développement durable, c’est à la fois :

1- de l’écologie : respecter la nature, 2- du social : former les homme et les femmes, 3- de l’économie : promouvoir les produits, matériaux de notre territoire et quel matériau

mieux que le bois peut illustrer tout cela quand on sait qu’un m3 de bois peut stocker une tonne de gaz à effet de serre.

Le bois est un matériau exceptionnel qui nous accompagne tout au long de la vie. Aussi, à cet instant, je citerai quelques lignes de Robert Sabatier qui écrit :

Ici l’homme, ici l’arbre L’un et l’autre solidaire – solitaire et solidaire Celui qui plante un arbre aspire à la vie éternelle Et lorsque plus tard, il taille dans la forêt Il n’apport pas la mort Mais une vie nouvelle pour le bois qui s’introduit dans la vie quotidienne des hommes On plant, on débarde, on scie, on rabote Voici le meuble Voici le soutien du toit familial Voici l’aliment du feu vif

Je me permets de rajouter : voici le papier support des idées des hommes. Je ne reprendrai pas tout ce qui a été dit par Eric Lalande sur la Filière Bois mais faisant partie du groupe de travail, je voudrais vous dire combien tout ce qui vous a été exposé est un travail important d’écoute, de concertation, de débat au sein de la Commission II. Vous voyez le bois aussi est un matériau qui unit les hommes. La Filière Bois est importante dans notre région, les chiffres le prouvent, mais surtout gardons en mémoire qu’en Midi-Pyrénées, la forêt occupe la 3ème position nationale pour son étendue et le 4ème rang au niveau de la collecte de bois commercialisé. Elle représente en France 231 000 salariés pour un chiffre d’affaires de 40 milliards d’euros, plus que l’automobile.

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Mais la filière bois souffre chez nous de multiples difficultés et même de dysfonctionnements. Les relations entre les différentes composantes, les propriétaires forestiers, les transporteurs, la première transformation, la deuxième transformation, l’industrie papetière, le bois énergie, etc. sont parfois compliquées, inorganisées, source de tensions, d’incompréhensions. Et pourtant cette filière a tout pour réussir et elle doit réussir. Il y a en Midi-Pyrénées des entreprises de grandes qualités à toutes les étapes de la transformation, de la production, c’est pourquoi nous pensons que pour toutes ces raisons la Région Midi-Pyrénées doit rapidement s’impliquer et aider la filière bois à s’organiser, l’aider à investir, l’aider à dialoguer. Nous proposons qu’un élu choisi au sein du Conseil Régional peut-être un Vice-président soit nommé « Madame ou Monsieur Filière Bois », qu’il soit l’interlocuteur des organisations professionnelles, des organisations syndicales, des entreprises. Dans cet esprit, nous proposons aussi qu’un permanent dans le cadre d’un contrat d’objectif soit nommé pour trois ans pour animer la filière bois, bien sûr sous la responsabilité et les directives du responsable politique désigné. Pour conclure, nous soutenons avec force la proposition qui est faite dans cet avis d’organiser en Midi-Pyrénées un grand événement international, pour valoriser et développer la filière bois peut-être tous les deux ans, cela est à déterminer. Je remercie au nom du collège 1, le président Jean-Louis ROBARDEY, Eric LALANDE le rapporteur pour sa disponibilité, son enthousiasme au service de la filière bois, sans oublier notre chargé de mission Fouad GANNAZ, patient et compétent. Le collège 1 soutiendra et votera cet avis.

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Intervention de Monsieur Pierre Molette Au nom de l’Union Régionale des Ingénieurs et Scientifiques

de la région Midi-Pyrénées

Monsieur le Président du Conseil Economique et Social Régional, Mesdames et Messieurs les Conseillers, Mesdames et Messieurs, Les 18 mois de travail sur « la filière bois » ont permis de prendre conscience et de mesurer la richesse, la complexité et les potentialités de cette filière :

- Richesse : de la forêt, sa gestion et son exploitation, à la création d’objets d’utilité courante ou non comme le papier, les meubles, les jouets, les instruments de musique, en passant par la construction, l’emballage et les industries de transformation intermédiaire que sont les scieries ou l’industrie papetière ; c’est toute une activité qui irrigue le territoire. - Complexité, qui est le corollaire de cette richesse et de cette distribution géographique : secteurs d’activités très variés, dépendant de l’agriculture et de la forêt, de l’industrie, ou de l’artisanat ; dispersion et atomisation en petites entreprises et artisans, rendant difficile une cohérence, une vision d’ensemble, la mobilisation des acteurs. - Potentialités engendrées par la prise de conscience des enjeux du développement durable et du rôle central que peut et doit jouer la filière bois : gestion certifiée durable des forêts, captation du CO2, utilisation d’une ressource présente sur place et d’une énergie renouvelable.

Le Projet d’Avis note que le Canada s’est engagé dans un programme ambitieux pour devenir le leader d’une bio-économie fondée sur la filière bois : nouvelle génération de pâtes et papiers, énergie, produits chimiques provenant de la biomasse forestière ; nouveaux bio-produits ; solutions pour la construction. Sans prétendre concurrencer le Canada, la région Midi-Pyrénées ne doit pas rester à l’écart d’une telle dynamique : avec la matière première de ses forêts, ses industries, ses laboratoires et ses lieux de formation, elle a tous les atouts en termes de ressources, de compétences et de capacités pour s’insérer dans une démarche de même nature en innovant et en développant, sur certains axes d’excellence, des produits nouveaux, non traditionnels, et de nouveaux marchés. Le Pôle de Compétitivité Agrimip Innovation a ainsi inclus la forêt et le bois dans ses domaines de compétence ; la « filière bois » est l’une des trois « agro-chaînes » mises en place par le pôle afin de valoriser le potentiel de cette filière en l’inscrivant dans une dynamique d'excellence technologique ; nous incitons les acteurs de la filière à se saisir de cet instrument pour leurs projets.

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Une telle ambition de développement et d’innovation ne verra le jour que si la filière se structure avec toutes ses composantes, permettant de développer des visions et projets d’avenir. Au cours de la préparation de l’Avis, nous avons constaté que l’Interprofession regroupait, de fait, principalement les secteurs de la forêt et de la première transformation, les secteurs aval étant peu présents. Il est cependant indispensable que l’ensemble des acteurs de la filière soient présents et actifs dans l’Interprofession. Tout particulièrement, il ne faut aucunement négliger les besoins des secteurs aval ; les scieries ont ainsi un rôle spécifique dans la satisfaction de ces besoins, notamment en ce qui concerne la préparation de produits normalisés, aussi bien en dimensions qu’en qualité, le taux d’humidité et donc la nécessité de séchage étant particulièrement mis en exergue. Le Conseil Régional, conscient des enjeux du secteur, a mis en place un « Plan Bois Carbone Durable ». Les politiques générales de la Région en faveur notamment du développement économique, de la recherche, de l’énergie, de l’environnement ou des politiques territoriales peuvent également être mobilisées par les acteurs et partenaires de filière forêt-bois. Ainsi les acteurs de la filière bois peuvent-ils s’appuyer sur des aides déjà disponibles mais peut-être insuffisamment visibles des acteurs. Nous souscrivons totalement à la proposition d’élaboration d’un Plan Régional Filière Bois, global, allant au-delà de du « Plan Bois Carbone Durable », comme cela a été fait dans d’autres secteurs d’activité, et qui intègre l’ensemble des acteurs et actions de la filière, sans oublier la recherche et la formation. Ce doit être une action fondamentale pour structurer et rendre effective la filière bois comme secteur d’activités majeur dans la région. Dans son discours du 19 mai 2009, alors que nous venions de terminer la préparation de ce Projet d’Avis, le Président de la République a prononcé un discours sur la filière bois dans lequel il s’inquiétait du niveau de déficit commercial de la filière bois ; il promettait des financements pour le développement de la filière, notamment la création d'un fonds d'investissement pour restructurer une filière trop atomisée ou multiplier par dix l'utilisation de bois dans la construction. Déjà en 1701, Vauban, dans son Mémoire sur les Forêts, écrivait : « On ne trouve plus de bois à bâtir qu’avec beaucoup de peine et en l’achetant bien cher, dans les lieux mêmes qui en étaient couverts il n’y a pas soixante ans. On sera bientôt obligé de chercher le bois à bâtir hors du royaume. J’ose bien dire que ce défaut est un des plus considérables du royaume. ». Cette analyse semble toujours d’actualité, mais souhaitons que les propositions formulées dans ce Projet d’Avis et les aides et financements conjoints de l’Etat et de la Région contribuent à corriger la situation, à accroître la production et l’utilisation du bois récolté localement, et à développer la filière sur l’ensemble du territoire régional.

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Intervention de Monsieur Francis LAYSSAC Au nom de l’Union Régionale Interprofessionnelle CFDT

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les conseillers, Chers Collègues, La filière bois constitue, depuis plusieurs décennies, l’Arlésienne du développement économique de Midi-Pyrénées. Pourtant :

Du fait de la croissance naturelle de la forêt, de son extension, la production de bois d’œuvre et de trituration ne cesse de croître en Midi-Pyrénées.

Avec les certifications, la qualité de bois s’améliore et la gestion des forêts est plus respectueuse de la biodiversité.

Les chartes forestières de territoire permettent de rationaliser l’exploitation du bois et répondre aux handicaps liés à un très grand nombre de propriétaires forestiers privés et une multitude de petites parcelles boisées peu accessibles.

Dans les contrats de plan ou de projet, ainsi que les programmes européens de financements régionaux, les aides financières publiques à cette filière sont importantes et constantes.

Mais les créations d’activités et d’emplois espérés dans la 1ère et 2e transformation du bois, ne sont pas au rendez-vous ! Plusieurs études spécialisées ont évalué à plusieurs milliers, le potentiel de création d’emplois en Midi-Pyrénées. La fermeture de LEDAR, et de nombreuses petites scieries, les grandes difficultés de TEMBEC, des fabricants de meubles de l’Aveyron, de la tarnaise des panneaux nous montrent le contraire. Cette situation n’est pas conjoncturellement liée à la crise actuelle, elle est structurelle. Conscient de la complexité de cette situation et des enjeux à chaque mandature, le CESR s’efforce de réactualiser l’état des lieux de la filière bois. Il produit des diagnostics toujours qualifiés de pertinents et s’efforce le plus souvent en vain de faire des propositions. Le présent avis malgré sa qualité, finira-t-il comme les précédents, en classement vertical dans les archives ? Nous ne le souhaitons pas ! La CFDT s’interroge sur la pertinence du concept de filière bois régionale, sur sa cohérence et en conséquence sur l’efficience des politiques publiques mises en place pour la soutenir. Comme le dit fort justement l’avis, les conflits d’intérêts entre sylviculteurs, exploitants forestiers et coopératives forestières, industriels, usagers du bois énergie ou matériau écologique pour la construction sont nombreux et paralysants.

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Les acteurs de cette pseudo filière coopèrent peu, ils sont écartelés entre les chambres d’agriculture, les chambres de commerce et d’industrie et les centres régionaux de la propriété forestière. Ces divers établissements publics, ne poursuivent pas le plus souvent les mêmes objectifs. Le dialogue social tranversal entre les entreprises et les organisations syndicales de salariés est quasi inexistant dans les entreprises du secteur bois. A ce jour, l’interprofession bois ne semble pas avoir réussi à mettre en synergie, les différents acteurs et segments de la filière. A l’exception d’un CRITT très spécialisé et aux moyens limités, il n’y a pas de recherche et d’innovation dans l’usage du bois. L’économie du bois stagne et l’industrie est en souffrance. Contrairement à ce que prétend le slogan publicitaire, la filière bois n’avance pas, et elle a plutôt tendance à reculer. Les détenteurs de la matière première bois vendent leurs arbres aux plus offrants, dans les pays où le coût de la transformation, c’est-à-dire le coût de la main d’œuvre, sera le moins cher. Cette situation s’apparente à une exploitation de type colonial du bois. La question du partage de la valeur ajoutée par un actionnariat diversifié dans les entreprises de transformation, intégrant les producteurs de bois, est rarement abordée. Pourtant elle permettrait d’intéresser et de lier les intérêts des producteurs et des transformateurs de bois. Les spécificités de 3 grands territoires de production forestière, le piémont pyrénéen, le Sud Massif Central ne sont pas pris en compte dans les politiques de soutien à la filière. Pour la CFDT, la production de bois et sa transformation en région constituent un enjeu non seulement économique et social, mais aussi un développement durable, du fait de ses incidences sur l’emploi, le transport, l’énergie. Il appartient au Conseil Régional, dans un plan d’action ambitieux et cohérent, de manifester une volonté politique forte pour moderniser les usages du bois en Midi-Pyrénées. Le Conseil Régional doit contribuer à l’émergence d’une interprofession forte, qui fédère les branches et impulse une dynamique nouvelle. Le Conseil Régional doit se donner les moyens de coordonner toutes les actions publiques, en particulier les aides financières, de lever les freins et de fixer aux différents acteurs, en lien avec l’interprofession, des objectifs économiques, écologiques et sociaux à atteindre clairs. Dans le cadre des actions de relance, un programme de soutien aux entreprises en difficulté du secteur-bois nous semblerait approprié. Le groupe CFDT partage l’essentiel du contenu de l’avis et plus particulièrement le contenu de 36 propositions. Nous voterons l’avis.

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Intervention de Madame Pascale MAHÉ Au nom du groupe associations

Monsieur Le Président du CESR, Mesdames, Messieurs Les conseillers, Nos associations, de par leurs missions respectives, sont soucieuses du devenir des forêts, de leur environnement proche, et de leur intégration dans l'économie locale et régionale au travers de la filière bois. Elles sont particulièrement attentives à la place que peut tenir cette filière dans l'application du concept plus large de développement durable. L'avis du CESR montre que l'avenir de la filière bois ne repose, ni sur un simple débat technique de sylviculture, ni sur la seule valorisation des produits forestiers, mais qu'il s'agit bien « d'œuvrer pour une meilleure cohérence de la filière bois régionale » depuis la gestion de la forêt jusqu'à la transformation finale en papier, bois de construction ou mobilier. L'avis précise également que le problème posé ne se limite pas au territoire régional et français mais englobe toutes les forêts de la planète puisque nos économies sont interdépendantes en matière de commerce du bois et des produits dérivés du bois. Si nous souscrivons à ce positionnement de recherche de cohérence et d'efficacité pour dynamiser une filière aujourd'hui en difficulté, nous regrettons cependant que le projet d'avis n'intègre pas davantage les 2 défis planétaires majeurs que sont l'adaptation au changement climatique et la lutte contre la perte de biodiversité, défis pour lesquels la forêt et la filière bois sont au premier plan. Nous nous félicitons toutefois de l'intégration des amendements proposés sur ces deux thèmes, preuve d'une écoute constructive ; car à notre sens, la stratégie à mettre en œuvre peut trouver justement ses points d'ancrage dans ces deux défis, tout est question d'équilibre. Pour prolonger la réflexion, nous mettrons l'accent sur 3 points qui auraient pu faire l'objet de propositions : 1. Sur la prise en compte de la biodiversité : Pour garantir une meilleure cohérence et

efficacité économique et sociale de la filière bois, il faut effectivement mobiliser davantage de bois, et préférentiellement du bois local, mais cette production accrue doit se faire sans nuire à l’indispensable prise en compte de la biodiversité. Certaines zones à haute valeur environnementale (forêts anciennes, zones humides, etc.) doivent être catégorisées pour être préservées. Cela passe nécessairement par une approche territoriale, à même de concilier localement les divers enjeux et impératifs de nos espaces forestiers. Car, si globalement, sur l'ensemble de la région, les volumes de bois prélevés sont nettement inférieurs à la production annuelle, cette situation cache des disparités et des biais importants selon les massifs qu'il aurait été intéressant de faire apparaître ; l'uniformisation des peuplements et le raccourcissement des révolutions observés dans

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certains secteurs, peut en effet être très fortement préjudiciable à la biodiversité, à la ressource en eau et à la protection des sols.

2. Sur la question de l'énergie et de la réduction des gaz à effet de serre, l'utilisation du bois, en tant que source d'énergie renouvelable, est une solution que nous aurions souhaité voir davantage étudiée dans l'avis. Cela passe, à notre sens, par une politique de développement des usages les plus efficients, afin d'éviter que la forêt ne devienne à la fois une caution et un droit à polluer sous couvert d’environnement. Nous sommes notamment favorables à l'usage du bois énergie dans le cadre des réseaux de chaleur ; plus performants en terme de rendement énergétique que le chauffage au bois classique, ils ont également l'avantage de supprimer les effets négatifs du chauffage au bois en matière d'air intérieur et de les atténuer en matière d'air extérieur.

3. Sur la question des modes d'exploitation et des transports, nous saluons la promotion qui

est faite dans l'avis (proposition 23) de solutions plus compatibles en terme d'efficacité énergétique et d'impacts sur les sols. Il s'agit en particulier de techniques de débardage et d'enlèvement alternatives aux pistes et routes forestières. Nous regrettons cependant que cette préoccupation ne se retrouve pas dans les propositions suivantes (24 et 25) qui visent à favoriser le passage des gros porteurs en aménageant les routes et restent très peu volontaristes sur le transport ferroviaire. Il n'est en effet pas fait mention de la distorsion de concurrence dont souffre le fret ferroviaire qui se voit appliqué un péage d'infrastructure, ce qui n'est pas le cas du fret routier.

Pour autant, une fois ces réserves énoncées, le groupe association se retrouve dans l'esprit général de l'avis qui fait la promotion d'une filière de proximité, intégrée dans l'économie locale, et productrice d'emplois de qualité. Le groupe associations votera l'avis.

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Intervention de Madame Yannick LE QUENTREC Au nom du groupe CGT

Monsieur le Président, Mesdames les conseillères, Messieurs les conseillers, Mesdames, Messieurs, Concernant l’avis sur la filière bois, la CGT souhaite d’abord rappeler les motifs qui ont prévalu au choix du thème de cette auto-saisine.

Ces motifs, bien qu’absents du texte qui nous est soumis aujourd’hui, sont importants : 1- Ils posent en premier lieu la question du mode de développement économique.

L’actualité montre en effet que c’est bien le système capitaliste lui-même avec sa logique de profit, et non le coût du travail, qui détruit des pans entiers de notre industrie nationale, délocalise ou supprime des activités, exerce des pressions toujours plus fortes sur les entreprises sous-traitantes, engendre des licenciements massifs et du chômage partiel.

Au bout, il y a le recul net de la France dans les échanges industriels internationaux : en 10 ans la part des pertes de marchés atteint 16 % pour les produits manufacturés. L’industrie occupe désormais moins de 20 % de la population active salariée. Les données sur la filière bois ameublement contribuent à cette dégradation puisque, selon le Président de la République, la balance extérieure de la France affiche un solde négatif de plus de 6 milliards d’euros en 2008 pour ce secteur d’activité, le deuxième poste de déficit commercial français après celui de l’énergie alors que la ressource est à portée de main. Le problème, c’est que, face à ce constat de gâchis, ce même président et son gouvernement mettent en œuvre une politique industrielle loin d’être à la hauteur de la gravité de la situation puisqu’elle favorise la rentabilité du capital financier au dépend de l’investissement productif, de la relance de la demande, de l’emploi et de la formation ainsi que de la recherche-développement.

2- Pour en revenir aux motifs de cette auto-saisine sur la filière bois plus spécifiques à

la région Midi Pyrénées, nous considérons avec d’autres que, même si l’industrie spécialisée autour de l’aéronautique tire une grande part de l’activité économique régionale, elle est aussi soumise à de fortes pressions concurrentielles et donc source de fragilité pour nos territoires. Cet avis offre la possibilité d’adopter une vision plus globale et de réfléchir en termes de diversification du développement industriel, diversification seule en mesure de diminuer notre dépendance à une mono-activité. Il veut mettre aussi l’accent sur la préservation d’autres activités industrielles existantes et sur la valorisation des ressources locales. Il vise à favoriser une politique industrielle soucieuse de l’aménagement du territoire et point d’appui d’une dynamique de développement durable.

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Enfin cet avis, a pour ambition de ne pas rejoindre dans un tiroir d’autres rapports et dispositifs antérieurs plus ou moins suivis d’effets sur la filière forêt bois papier. Nous espérons qu’il se distinguera par une opérationnalité et une efficacité plus grande, autrement dit par des résultats qui feront rupture avec le passé.

3- Mais parallèlement à une approche à long terme, cet avis a l’objectif non moins important de prendre à bras le corps les dossiers d’actualité, notamment celui de l’industrie papetière. On ne peut en effet concevoir de structurer la filière forêt bois papier si on laisse disparaître cette activité industrielle fortement structurante pour la vie des territoires, en particulier ceux du Couserans et du Comminges. Je rappelle que cette industrie représente 8400 emplois directs et indirects dans la filière en Midi-Pyrénées.

Plusieurs dossiers relèvent de l’urgence : L’entreprise LEDAR, fermée le 19 septembre 2008 avec la suppression de 110

emplois, qui nécessite des actions immédiates des pouvoirs publics pour réactiver le site industriel autour d’une production de retraitement de vieux papiers et de la revente de la biomasse à l’usine de Tembec Saint-Gaudens.

Il y a par ailleurs Tembec, usine fragilisée par une parité euro dollars défavorable, par

la concurrence étrangère et par des difficultés d’approvisionnement local. Des pistes se dégagent qui passent notamment par une association entre cette entreprise et un groupe de production de papier pour asseoir la production de pâte de Tembec et celle de Tarascon.

Il faut ajouter l’usine de la Moulasse à Eycheil menacée suite à l’annonce récente du

groupe américain Schweitzer Mauduit de la cessation d’activité des papeteries Malaucène dans le Vaucluse.

Cette situation découle de plusieurs facteurs parmi lesquels on doit distinguer ce qui est de la responsabilité des entreprises : orientations stratégiques, choix d’investissement, recherche, gestion des marques, etc. et ce qui revient aux collectivités locales et à l’Etat : fiscalité, normes environnementales, certifications, infrastructures, aides diverses, etc. Sur l’ensemble de ces dossiers le Conseil Régional Midi-Pyrénées n’a certes pas tous les pouvoirs mais, dans le cadre du schéma régional de développement économique, il a le pouvoir d’initier une politique offensive dans divers domaines :

- Par des coopérations mutualistes entre les industriels de la filière - Par un approvisionnement en matières premières qui s’appuie sur les ressources

locales - Par des interventions sur les coûts d’énergie - Par le soutien en recherche-développement - Par la revalorisation des métiers et l’amélioration des conditions de travail des

salarié-es de la filière

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- Par la préservation des savoir-faire et un investissement renforcé dans la gestion prévisionnelle des emplois et la formation professionnelle de ces mêmes salarié-es

- Par un service public de fret ferroviaire qui maille le territoire - Par le maintien du service public de proximité qu’est l’ONF

Au bout du compte, l’avenir de la filière bois s’avère étroitement dépendant d’une politique industrielle ambitieuse, innovante et durable. Il est tout autant tributaire d’une véritable écologie humaine qui remet les hommes et les femmes au cœur de l’activité économique. Il relève d’un effort collectif où la CGT prend toute sa part depuis 2004. La balle est désormais dans le camp des principaux acteurs de la filière bois régionale. Dans la mesure où ses propositions ont été prises en compte, la CGT votera cet avis.

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Intervention de Monsieur Michel COULOM Au nom du groupe Force Ouvrière

Monsieur le Président du Conseil Economique et Social Régional, Mesdames et messieurs les conseillers, Mesdames et messieurs, Cette auto-saisine sur la filière bois a permis de faire un travail d’appropriation très important dans un esprit de collaboration entre les différentes composantes surtout au niveau du groupe de travail. Je tiens tout particulièrement à remercier Fouad GANNAZ pour sa patience, car il a dû succéder au pied levé au précédent chargé de mission et à louanger la gentillesse de Karine BESNARD qui nous a quitté pour un autre horizon professionnel. Notre forêt régionale regorge d’un gisement important de bois. Certes, celui-ci n’est pas de qualité homogène et d’un accès plus ou moins difficile. Pour autant, ces difficultés n’expliquent pas à elles seules, que les différents métiers du bois, n’aient pas réussi jusqu’à maintenant, à dégager une dynamique telle qu’elle permette de structurer efficacement une vraie filière. Le groupe de travail « filière bois » et la commission 2 se sont attelés à une lourde tâche. Mais le jeu en valait la chandelle. Les nombreuses auditions sur beaucoup d’aspects des différents métiers du bois ont permis de s’approprier le sujet et surtout de constater les inimitiés, les difficultés de communication entre les différents acteurs de cette filière, entre l’amont et l’aval. Le manque de reconnaissance de beaucoup de métiers du bois est criant. Certains autres s’avèrent pénibles. L’absence de projets industriels structurants mêlant l’aval et l’amont explique largement ce morcellement pour ne pas parler d’éclatement des acteurs et métiers du bois. Alors, se saisir d’une telle problématique pour tenter de dresser des pistes de réflexion et décliner des actions à mettre en oeuvre pour faire en sorte, qu’au même titre que l’aéronautique, la région Midi-Pyrénées se dote d’une vraie filière structurant les métiers du bois n’est pas une gageure mais une nécessité pour des milliers de femmes et d’hommes qui en tirent leurs revenus. Pour le groupe FORCE OUVRIERE, la filière bois porte en elle, une forte potentialité d’emploi qui mérite une reconnaissance et une valorisation de ses métiers. Pour schématiser, on peut dire que la forêt Midi-Pyrénées est un gisement de cellules souches qu’il convient de transformer en arbres qui, avec leurs ramifications fourniront de belles branches structurantes.

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Pour rendre un métier attractif, il faut le rendre moins pénible en améliorant les conditions de travail et en diminuant les dangers pour l’ouvrier. Mais il faut également concevoir un déroulement de carrière au travers de formations qualifiantes et de passerelles de métiers. FORCE OUVRIERE note avec satisfaction qu’aujourd’hui, il est tendance de parler de développement durable à tout bout de champ. C’est encore plus vrai dans le domaine de la forêt. Pour autant, jusqu’à la séance d’amendements, et contrairement à d’autres thèmes, l’ensemble des problématiques a été abordé sans a priori mais sans exclusives non plus par le groupe de travail. Il est quand même paradoxal qu’avec le gisement de bois de toutes sortes, certes de qualité hétérogène, plus ou moins faciles d’accès, aujourd’hui beaucoup de produits finis proviennent de régions voire de pays extérieurs à Midi-Pyrénées et à la France. Pour FORCE OUVRIERE, il est clair que les entreprises de seconde transformation ont besoin de produits certifiés et d’une « traçabilité » afin d’assurer une garantie aux clients finaux. Les constructeurs de maisons bois, de bâtiments économes, les ébénistes, les menuisiers, les charpentiers ont tous besoin d’un produit qui corresponde aux normes en vigueur et à l’attente des clients. Il est patent qu’en amont de la filière, c'est-à-dire la coupe, l’extraction, le transport et le sciage du bois, nécessitent une autre organisation. A court et moyen terme, il est impératif d’organiser une passerelle entre les métiers de bûcheron, pépiniériste, débardeur…Et de créer une stabilité dans l’emploi des travailleurs du bois. En ce qui concerne les scieries, aujourd’hui, elles ne sont pas à même de fournir les produits finis qu’attendent les clients en bout de chaîne. C'est-à-dire qu’elles n’ont pas la capacité technique et surtout financière de sécher, traiter et stocker les bois certifiés. En outre, pour le groupe FORCE OUVRIERE, tout mettre en oeuvre pour créer une vraie filière régionale du bois, c’est aussi oeuvrer dans le cadre d’un aménagement d’un territoire cohérent puisqu’on aidera à maintenir du travail, des activités avec et pour une main d’oeuvre diversifiée et qualifiée dans des zones rurales. Enfin, parler du bilan carbone c’est sans doute bien. Mettre la main à la pâte et faire en sorte que le bois de nos buffets, armoires, charpentes et autres soit issu de nos forêts midi- pyrénéennes et ainsi diminuer les besoins en transport sera un acte fort et pragmatique dans ce cadre. Le groupe de travail présente au Conseil Régional 36 propositions validées par la commission. Elles sont autant de pistes de réflexion, d’axes de travail. Il est important, que sur ces bases, du simple citoyen en passant par le propriétaire forestier, les collectivités locales et l’état, chacun à son niveau, modifie sa façon de vivre dans nos forêts, concevoir et effectuer les plantations, les coupes et l’extraction de cet immense réservoir de CO2.

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ANNEXES

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ANNEXE 1 :

Le bois énergie103 En 2006, la production d’énergie primaire en Midi-Pyrénées se chiffrait à 6,1 Millions de tonnes équivalents pétrole (tep). Dans celle-ci le bois, avec 490 Millions de tonnes équivalents pétrole, représentait 8%. Avec ce chiffre, le bois arrive en 3ème position derrière le nucléaire (78%) et l’hydro-électricité (12%). En se basant sur le principe d’équilibre comptable, la consommation d’énergie finale de 2006 s’élevait aussi à 6,1 Millions de tonnes équivalents pétrole. Dans cette consommation, le part du bois (8%) arrive en quatrième position après les produits pétroliers (49%), l’électricité (24%), et le gaz naturel (18%). Pour l’essentiel, 85% de cette part de bois sont notamment destinés aux ménages. Cette proportion équivaut à 420 kilotonnes équivalent pétrole et représente 1,8 millions de m3. Le reste (15%) est consommé par les industries et le collectif tertiaire. S’agissant de ce dernier, il s’inscrit dans un vaste plan de développement de l’Etat et la Région et ce, notamment à travers le développement de chaufferies collectives. D’après une enquête BVA menée par l’OREMIP en 2007 et portant sur 2000 ménages, la consommation de bois énergie par les ménages de Midi-Pyrénées, se décompose comme suit: On remarque ainsi que le taux de pénétration du bois énergie en 2008 s’élève à 37%. Cette proportion concerne l’équivalent de 430 000 ménages contre 408 000 en 2006. Dans cette proportion de 37%, en chauffage principal, la part du bois énergie augmente de 13% par rapport à 2006 et atteint une proportion de 13%. Quant à celle du fioul, celle-ci

103 La rédaction de cette annexe s’appuie sur l’audition de Mme Riey (animatrice OREMIP) le 13/10/2008.

Non utilisateurs

63%

Bois en chauffage principal

15%

Bois en appoint

13%

Bois confort/loisir

9%

En complément : du fioul à 34% du gaz à 37% de l’électricité à 22%

En complément : de l’électricité à 39% du fioul à 35% du gaz à 22%

En chauffage principal : 1/ gaz naturel 36% 2/ Electricité 28% 3/ Fioul domestique 15% (-20% en 2006) 4/ Bois énergie 15% ( 13% en 2006)

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baisse de 20% en raison de l’augmentation du prix du pétrole. Une part de 13% est utilisée comme bois d’appoint et 9% comme bois de confort/loisir. Le bois représente 20% (en tep) de l’énergie de chauffage en Midi-Pyrénées. Deux ménages sur cinq utilisent le bois en moyen de chauffage principal (13%), en appoint (14%) ou juste pour le confort (11%). D’après deux enquêtes (2006 et 2008) menées par l’OREMIP, quatre facteurs expliquent le profil des utilisateurs de bois énergie : - L’âge du chef de famille : l’utilisation progresse régulièrement jusqu’à 60 ans puis décroît ; - Le statut d’occupation du logement : en majorité, les utilisateurs sont propriétaires de leur logement ; - Le revenu : l’utilisation de bois pour le chauffage est surtout observé chez les revenus les plus faibles ; l’utilisation pour le confort ou en appoint croît en fonction du revenu ; - La situation géographique : l’utilisation du bois décroît avec le niveau d’urbanisation. En zones périurbaines, le bois est souvent utilisé en appoint ou pour le confort. Ces deux enquêtes renseignent également sur les quantités de bois consommés en stères104. En 2008, la consommation totale atteint une proportion de 2,8 stères contre 2,7 en 2006. Pour ces mêmes années la consommation en moyenne par utilisateur atteint 6,42 contre 6,99 stères. L’origine du bois énergie utilisée en Midi-Pyrénées peut être retrouvée dans le tableau suivant :

Origine du bois Proportion en %

De votre propriété 40% Directement d’un particulier ou d’un propriétaire forestier 17% De la propriété de votre famille ou de celle d’un ami 17% D’une entreprise spécialisée d’un marchand de bois 14% D’un agriculteur, d’un paysan 9% D’une grande surface ou d’une station service 1% Ne sait pas 2% TOTAL

100%

104 1 stère équivaut à 0,67 m3.

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Graphiquement :

Origine du bois utilisé en Midi-Pyrénées

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

De votre propriété Directement d'unparticulier ou d'un

propriétaireforestier

De la propriété devotre famille ou de

celle d'un ami

D'une entreprisespécialisée, d'un

marchand de bois

D'un agriculteur,d'un paysan

D'une grandesurface ou d'unestation service

Ne sait pas

%

Dans la majorité des cas (40%), les ménages utilisent du bois provenant de leur propriété. Ce bois peut également provenir de chez un particulier ou un propriétaire forestier (17%). La même proportion (17%) s’approvisionne dans la propriété de la famille ou d’un ami. Plus précisément, le bois payant occupe une proportion de 44%. Le bois non payant, quant à lui, représente une part de 56%. De 2006 à 2008, il y a eu une augmentation de l’utilisation du bois non facturé au détriment des entreprises spécialisées. Par ailleurs, il faut savoir que sur une proportion de 100%, seule une part de 5% utilise un bois labellisé. S’agissant des différentes formes de bois utilisés : - 93% de ménages utilisent la bûche105 (50 cm, feuillu dur en vrac essentiellement). - 5%------------------------ les bûches compactées, du bois compressé ou des briquettes. - 2%------------------------ du bois déchiqueté en vrac ou en plaquettes. - 2%------------------------ du granulés. L’âge moyen des appareils domestiques de chauffage du bois avoisine les 10 années. Au niveau de ces machines, on remarque une augmentation sensible de l’utilisation des poêles et une diminution au niveau de celle des inserts. Globalement, Midi-Pyrénées comptait 252 000 appareils domestiques de chauffages au bois début 2006 (dont 74% d’inserts et de poêles et 6% de chaudières). On note un sursaut en 2005 105 La consommation de bois bûche en Midi-Pyrénées est évaluée à 1 million et 200 milles tonnes. Celle-ci est à peu près identique à celle de l’entreprise Tembec.

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lié, en partie, à la mise en place de la politique publique d’aide aux particuliers (crédit d’impôt 50%). En 2007, le nombre de chauffage collectif « bois » est en graduelle augmentation et ce, principalement au sein de départements proches de la ressource (Aveyron, Ariège). Néanmoins, ce mode de chauffage ne semble pas adapté au collectif urbain106, il convient donc de le développer. Actuellement, l’efficacité énergétique du parc est de 37% alors que le rendement des équipements neufs donnant droit au crédit d’impôt dépasse les 70%. Par ailleurs, le Conseil Régional de Midi-Pyrénées a adopté fin 2005 un plan bois triennal favorisant le développement des réseaux de chaleur au bois. En 2006, 16 projets sont recensés et représentent une puissance installée de plus de 19 MW. Concernant les chaudières, ces dernières ne prennent que des qualités de bois spécifiques. Au demeurant, il devient nécessaire de mettre en place des chaudières qui acceptent toutes sortes de bois (tout venant).

106 On remarque que plus le nombre d’habitats augmente et plus le nombre de chauffage bois diminue.

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ANNEXE 2 :

Politiques Nationales et Régionales en faveur de la filière

I- Les Politiques en faveur de la filière

I-1 La politique nationale Le 21 novembre 2007, Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche, a lancé les « Assises de la forêt », lors du Conseil supérieur de la forêt, des produits forestiers et de la transformation du bois. Le but essentiel est alors de « mobiliser l'ensemble des acteurs de la filière forêt-bois pour renforcer la production forestière en s'inscrivant dans une gestion durable, prenant en compte la biodiversité forestière et la gestion des risques ». Ces assises se fondent sur le programme forestier national et le plan d'action forêt de la stratégie nationale pour la biodiversité de 2006. Parallèlement, les travaux du Grenelle de l'Environnement ont favorisé l’émergence d’un fort consensus sur la possibilité de « produire plus tout en protégeant mieux, avec une attention toute particulière pour la biodiversité et la gestion des risques ». Ces assises avaient pour objectif de traduire concrètement certaines orientations du Grenelle, de se saisir des conclusions, de voir comment les traduire pratiquement et pragmatiquement, et de faire des propositions concrètes d'actions à entreprendre, selon un calendrier à définir et en lien avec les plans d'actions du Grenelle. Trois groupes de travail étaient, en effet, chargés de faire des propositions opérationnelles permettant d'adapter la politique forestière aux nouveaux enjeux de la filière, à savoir : - le climat, énergie et le développement économique , - la biodiversité et les risques, - la sylviculture, la certification et la gouvernance. Clôturées en janvier 2008, les Assises de la forêt ont permis l'adoption d'un plan d'actions de 20 mesures concrètes. Ces propositions constituent le plan d'actions pour la forêt. Elles concourent très directement aux objectifs de la première phase du Grenelle de l'environnement. Ce plan d'actions comprend trois axes : - produire plus de bois et valoriser mieux la ressource bois, - protéger mieux la biodiversité en forêt et garantir la gestion durable, - adapter les forêts françaises et anticiper le changement climatique. D'ores et déjà, une première série de mesures a été actée :

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- un soutien fiscal significativement renforcé pour la réalisation de travaux en forêt indispensable à la mobilisation du bois, ainsi qu'une aide à la passation de contrats de gestion,

- un renforcement de la compétitivité des scieries, au travers d'une provision pour investissements,

- un dispositif d'amélioration de l'exploitation groupée des forêts publiques, - une modification de l'avantage fiscal lié aux successions permettant d'éviter le

fractionnement des entités forestières de moins de 10 hectares.

I-2 La politique régionale : le plan Bois Carbone Durable Il s’agit de mesures prises par le Conseil Régional de Midi-Pyrénées en faveur de la filière bois.

I-2-1 Le contexte du plan régional Bois Carbone Durable La forêt et le bois présentent la particularité d’être au carrefour de plusieurs politiques selon que l’on vise la production forestière, la biodiversité, les paysages, l’aménagement du territoire (pays, parcs naturels régionaux, politique de la montagne), le plan climat (énergies renouvelables, fixation du carbone dans la construction) ou l’activité industrielle (et ses secteurs en restructuration : meuble, papier).

Le contexte régional : 20 000 emplois, dont 15 600 salariés en 2004, principalement dans les zones rurales. Une forêt régionale de 1,2 millions d'hectares (25 % du territoire), produisant annuellement 4,7 millions de m3 de bois dont 42 % (soit 1,95 Mm3) ne sont pas récoltés. Une sous mobilisation : 338 000 propriétaires privés détiennent 80 % de cette forêt (956 000 hectares) et pour la plupart, n'ont qu'une conscience très partielle des potentiels économiques, sociaux et environnementaux de leur patrimoine. Un découplage entre la sylviculture et la transformation industrielle, à la différence de la plupart des autres pays doté d'un fort potentiel forestier, lesquels ont su développer des modalités de partenariat étroit entre ces deux univers. Une première transformation (scieries) est confrontée de plein fouet à la concurrence internationale, ce qui conduit la majorité des entreprises à se cantonner à des marchés de niches ou de proximité. Seules une dizaine d'entreprises parviennent à prendre le virage imposé par la nouvelle donne internationale, une accélération de la disparition des petites unités rurales est à craindre.

Le secteur papetier : L'usine Tembec de Saint-Gaudens réalise en Région moins de 40 % de ses approvisionnements en bois (1 200 000 T par an) et se trouve davantage confrontée à la concurrence.

Le secteur de la construction :

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La pénétration croissante du bois dans le secteur de la construction génère l’incapacité de l'offre régionale à satisfaire la demande sans accroître les importations.

Une situation paradoxale : Les marchés finaux de Midi-Pyrénées consomment majoritairement, et ceci de manière croissante, des bois venant de l'extérieur (autres régions et, surtout, autres pays) alors que 42% de sa production forestière annuelle n'est pas mobilisée. Or la forêt offre une ressource naturelle, renouvelable, dont l'exploitation est génératrice d'emploi (1 à 2 emplois directs créés pour 1 000 m3 de bois supplémentaires mobilisés par an, selon les usages) et de profits pour l'environnement (dans un bâtiment, 1 m3 de bois fixe 1 tonne de CO2 et, lorsqu'il est brûlé en chaufferie, il économise 200 litres de pétrole). I-2-2 Le Plan

La filière bois sera traitée sous l’angle du développement durable par la mise en œuvre du « Plan Bois Carbone durable » articulant les 3 axes sectoriels : - bois énergie - bois construction - secteur papetier

Ces 3 filières sont interdépendantes et lorsqu'un des marchés est défaillant, les autres sont en péril. Les emplois de la filière bois énergie sont des emplois de proximité mais il faut également prendre en considération que les débouchés offerts par les industries, par exemple de la trituration, créent cinq fois plus d'emploi et de valeur ajoutée. A cette partition, il est nécessaire d’ajouter un 4ème axe qui coordonne les 3 premiers : - structuration et gouvernance du système acteurs filière-territoire. Le SRDE a proposé de la faire bénéficier d'une approche intégrée et globale : «Le Plan "Carbone Durable" de la filière bois en Midi-Pyrénées ». Celui-ci constituera les volets filière bois du Plan d'Action Régional du SRDE « Compétitivité des Filières Régionales dans une logique de différenciation des territoires» et du « Plan Climat - Plan régional de l'Energie ». Le plan Bois Carbone durable s’articule autour de 4 axes :

Le développement de la filière bois-énergie : L’objectif est de développer l'utilisation énergétique de la ressource pour contribuer aux économies d'énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), et à la réduction de l'émission des gaz à effet de serre (protocole de Kyoto). Les moyens dévolus à cet objectif :

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- Un soutien aux investissements des entreprises de production assurant l'offre bois-énergie. L'exploitation forestière pourra être soutenue dans un cadre collectif visant à améliorer la compétitivité de l'approvisionnement. Co-financement Etat, FEDER, FEADER ;

- Un soutien à la production : financement d'un programme de pré-développement de

boisement de terres agricoles en Taillis à Courte Rotation (TCR) pour la production de biomasse ligneuse; co-financement FEADER ;

- Un soutien aux réseaux de chaleurs et chaudières, prioritairement dans les secteurs

collectifs et tertiaires; co-financement ADEME et UE (relève du plan Climat) ; - Des actions d'accompagnement : animation, promotion, coordination, formation à

partir de l'Accord-Cadre Energie-Bois signé le 25/05/2005.

Le développement de l’offre bois-construction :

L’objectif est de développer l'usage du bois dans la construction pour séquestrer durablement le carbone et contribuer à la réduction des gaz à effet de serre (protocole de Kyoto). Par ailleurs, il convient d’accroître la part des bois provenant de forêts Régionales gérées durablement et valorisés dans le marché de l'offre bois-construction (et, par extension, dans le secteur de l'ameublement). Les moyens dévolus à cet objectif : - un soutien aux investissements des entreprises de production concourant à l'offre de

bois certifié dans la construction : régime d'aide général défini pour le soutien aux actions collectives et/ou individuelles (contrats d'appui notamment); co-financement UE,

- une conception des programmes de construction publique permettant de développer

une offre compétitive à partir des bois provenant de forêts gérées durablement et valorisés en Midi-Pyrénées,

- des actions d'accompagnement : animation, promotion, coordination, formation

Le développement de la compétitivité de la filière forêt-bois-papier :

L’objectif est de conforter la compétitivité du secteur papetier dont dépendent 800

emplois directs dans le Couserans et le Comminges et plus de 1500 emplois indirects dans les zones rurales de son bassin d'approvisionnement. La première ambition du Conseil Régional est d’accroître et sécuriser la part de son approvisionnement à partir de la biomasse disponible dans les forêts de la région et des co-produits des industries du bois. Les moyens dévolus à cet objectif : - le boisement en taillis à courte rotation tel que l'Eucalyptus, limité à des terres

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agricoles ; co-financement FEADER, - la mobilisation des bois par câble : aide à la prise en charge des surcoûts de

mobilisation, accordée au propriétaire, - le développement des investissements matériels ou immatériels des entreprises de

production. L'exploitation forestière pourra être soutenue dans un cadre collectif visant à améliorer la compétitivité de l'approvisionnement (Aides UE)

- des actions d'accompagnement : animation, promotion, coordination, formation.

La structuration et la gouvernance du système d’acteurs filière-territoire

Les ambitions du «plan bois carbone durable» supposent que tous les acteurs, des diverses filières interdépendantes de valorisation et tous les niveaux d'organisation territoriale, puissent être associés à un ou plusieurs de ses objectifs. D'où, les priorités suivantes définies par le Conseil Régional : - la poursuite de la structuration de la filière, - l'émergence de projets collectifs à partir de l'établissement de dialogues proactifs entre les représentations reconnues de la filière et ses partenaires, publics ou privés, prescripteurs de règles ou usagers/clients de ses produits et services. Les moyens dévolus à cet objectif sont les suivants : - une négociation de conventions pluriannuelles avec les structures professionnelles ou

interprofessionnelles pour la mise en œuvre de leurs programmes d'action relevant du plan Bois Carbone Durable, et notamment des accords-cadres qu'il vise; co-financement UE,

- le développement des Chartes Forestières de Territoire et Plans de Développement de

Massifs; co-financement Etat UE.

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ANNEXE 3 : Les principaux acteurs de la filière bois régionale autre que le Conseil

Régional 1/ Le SERFOB (DRAAF)107 La filière bois est encore sous couvert national. Les domaines de compétences de la DRAAF (services déconcentrés de l’état) vont de la propriété à la gestion forestière, mais ces compétences s’arrêtent à la 1ère transformation. La DRAAF met en œuvre la politique forestière et gère régionalement les grandes orientations du Plan Forestier National 2006 ainsi que la stratégie forestière au niveau de l’Europe (Gestion du FEADER). La DRAAF réalise un travail de coordination de l’ensemble des acteurs. Les moyens de la DRAAF se composent de crédits d’Etat couplés avec les crédits du FEADER (2007-13). Le Plan Bois Carbone Durable du Conseil Régional regroupe l’ensemble des moyens. Budget annuel = 5 millions d’Euros, y compris le FEADER. Au niveau régional, les grandes orientations forestières sont les suivantes : - Mobilisation du bois avec un travail particulier sur la desserte (réseau routier et

ferroviaire). La Direction Régionale de l’Equipement a engagé une réflexion en ce sens. Par ailleurs, la modernisation des entreprises de travaux forestiers par la mécanisation est incitée.

- Valorisation de la ressource : il est nécessaire de favoriser les partenariats et groupements d’entreprises ainsi que les actions concertées. Le souci est de trouver un équilibre entre le bois d’œuvre, le bois d’industrie et de chauffe, mais également avec la chimie verte, la biomasse, etc. Il convient également de développer le bois de construction.

- Structuration de la filière, - gestion des espaces forestiers

2/ La gestion de la forêt (publique, privée) S’agissant de la gestion des espaces forestiers, il convient d’établir une distinction entre la forêt publique et la forêt privée. A - La forêt publique dont les propriétaires sont l’Etat et les collectivités regroupées dans :

- l’Union Nationale et Régionale des communes forestières

107 SERvice de la FOrêt et du Bois (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt).

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Cet organisme participe activement, en tant que propriétaire, à la gestion des forêts. - L’ONF108 Sud-Ouest

L’ONF est un Etablissement Public Industriel et Commercial (EPIC). Pour l’essentiel, ses recettes proviennent de :

- vente de bois entre autres des communes dans le cadre d’une réglementation leur donnant l’exclusivité de la gestion de leur bois,

- ventes d’études et services, - d’aide de l’état pour surveiller les forêts.

La stratégie de l’ONF vise à :

- Améliorer la connaissance de la ressource mobilisable (document de gestion, etc.) des surfaces sur lesquelles le bois est bon à couper.

- Opérer des ventes groupées en mettant fin à la segmentation traditionnelle : vente domaniale / ventes communales.

- Passer d’une logique bois à une logique de produits : le souhait de l’ONF est de vendre des produits façonnés et plus seulement du bois sur pied, avec un objectif de 35 % en forêt domaniale, et de 25 % en forêt communale. Pour cela il faut des entreprises de travaux forestiers (ETF). L’idée étant de sécuriser le marché par la contractualisation, depuis l’exploitation des forêts par les ETF, jusqu’à la fin du cycle de 1ère transformation afin de viabiliser les acteurs économiques de cette chaîne.

B - La forêt privée est gérée par des syndicats de propriétaires dans chaque département ou groupe de département, avec une fédération régionale (plus de 2 500 adhérents) auxquels il faut associer au niveau de la commercialisation les coopératives et les experts. Le CRPF109 Le CRPF est un Etablissement Public Administratif (EPA) créé en 1963. Il émane du souhait de l’Etat d’organiser la gestion des propriétés de plus de 25 ha au travers d’un outil : le Plan Simple de Gestion. Les missions du CRPF consistent à : - orienter la gestion forestière en milieu privé : le Schéma Régional de Gestion des

forêts privées, - former, informer les propriétaires forestiers et les regrouper, - développement de la sylviculture (appui technique), - rôle d’animateur au niveau du positionnement de la forêt dans les territoires.

La norme ISO 14 001 a pour objectif de favoriser la récolte du bois et le faire de mieux en mieux (éco-diversité).

108 Office National des Forêts. 109 Centre Régional de la Propriété Forestière

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La région compte 309 000 propriétaires, qui possèdent en moyenne 3,5 ha dispersés sur une ou plusieurs communes. Le budget du CRPF est de 3 millions d’Euros dont 75 % servent à couvrir les charges de fonctionnement et de personnels. Le CRPF est l’un des 3 acteurs intervenant auprès des propriétaires privés :

- syndicats de propriétaires forestiers (défense des intérêts), - CRPF (animation/formation) : objectif → mieux gérer, - coopératives.

145 000 ha pour une forêt privée d’un million d’ha sont dotés d’un document de gestion (Plan Simple de Gestion, Code de bonne pratique sylvicole). La priorité est de replacer la forêt au cœur de la politique des territoires, avec pour principal outil les plans de développement des massifs : il convient de localiser une superficie de 6000 ha de propriété privée (2 à 3000 propriétaires). Ces surfaces doivent être sur des entités administratives organisées (communauté de communes). L’élu est un acteur clé. Le CRPF travaille à la création d’une base de donnée pouvant apporter des compléments à l’IFN (Inventaire Forestier National). La principale difficulté est d’intéresser les élus : maires, conseillers généraux, régionaux. Il convient de les sensibiliser au rôle que peut jouer la forêt sur le territoire. Les principaux enjeux de la forêt : - Emploi : l’intérêt est de fixer les travailleurs. Travail annuel d’un bûcheron : 3000

m3/an (soit environ 60 ha). Idée : trouver 600 ha pour fixer un bûcheron pour 10 ans. - Programmer les volumes mobilisables : quelles quantité et qualité de bois vont sortir

demain ou après demain. 3/ L’interprofession Midi-Pyrénées Bois110

L'association interprofessionnelle "Midi-Pyrénées Bois" est une association loi de 1901. Elle a été créée en 1991 sous le nom "Les Métiers de la Forêt et du Bois" (AIMFB) pour prendre en 2005 la dénomination "Midi-Pyrénées Bois". Elle couvre l’ensemble de la filière, soit environ 6 500 entreprises, 22 000 emplois en grande majorité sur l’aval de la filière. Elle regroupe, dans 4 collèges, les familles professionnelles qui assurent la production et la gestion forestière, la mobilisation du bois, l'approvisionnement des entreprises à des fins énergétiques ou industrielles, la transformation de ce matériau pour la construction, l'ameublement ou le papier, la commercialisation des produits finis ou semi-finis et la formation.

110 Source : Midi-Pyrénées Bois

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1er collège : sylviculture :

- Union Régionale des Syndicats de Propriétaires Forestiers - Union Régionale des Communes Forestières - Syndicat des pépiniéristes - ONF - CRPF - CNIEFEB

2ème collège: récolte, mobilisation des bois

- Fédération Régionale des Coopératives Forestières - Union Régionale des Entrepreneurs de Territoire - Union Régionale des Syndicats d'Exploitants Forestiers

3ème collège: première transformation

- Union Régionale des Syndicats de Scieurs - Fédération des Pâtes - Agents de négoce

4ème collège: seconde transformation

- FNB - UIB - Union Régionale CAPEB - Union Régionale FFB - Le Commerce du Bois - UNAMA - UNIFA Ainsi que les membres associés participant aux délibérations mais pas aux votes: AFOCEL, architectes, assureurs, bureaux d'études bois, bureaux de contrôle, CAUE départementaux et Union Régionale, établissements de formation, CRITT, INTEC, universités, programmistes, secteur associatif

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ANNEXE 4 : Les formations « bois » en Midi-Pyrénées111

Les formations par métier : Métier Nombre de formations Agent de fabrication industrielle de mobilier 3 Agent technique forestier 3 Charpentier 15 Conducteur de machines forestières 2 Couvreur 1 Ebéniste 13 Encadreur 1 Entretien d'espace rural 1 Escaliéteur 3 Marqueteur 1 Menuisier 2 Menuisier bâtiment 3 Menuisier d'agencement 31 Menuisier en sièges 1 Mécanicien affûteur 4 Opérateur de machines à bois 1 Ouvrier de construction bois 2 Ouvrier forestier 5 Ouvrier sylviculteur 1 Restaurateur de meubles 1 Scieur 2 Sculpteur 1 Tapissier d'ameublement 4 Technicien bois 5 Technicien bois construction 5 Technicien commercial 2 Technicien forestier 3 Technicien forestier supérieur 1 Technicien des industries du bois 1 Technicien de production bois 3 Tourneur bois 1 Total = 122

111 Source : http://www.mpbois.net/

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Les formations par diplôme : Diplômes nombre de formations BAC pro artisanat et métiers d'arts, spécialité tapisserie d'ameublement 1 BAC pro artisanat et métiers d'arts, spécialité ébénisterie 1 BAC pro bois-construction et aménagement du bâtiment 3 BAC pro productique bois 1ère transformation du bois 1 BAC pro productique bois 2ème transformation du bois 1 BAC technique Sciences et Technologies Industrielles (STI), spécialité génie mécanique, option bois et matériaux associés 2 BEP bois et matériaux associés à dominante 1ère transformation du bois (scierie) 1 BEP bois et matériaux associés à dominante charpente 4 BEP bois et matériaux associés à dominante fabrication industrielle de mobilier et de menuiserie 3 BEP bois et matériaux associés à dominante menuiserie-agencement 14 BEPA aménagement de l'espace, spécialité travaux forestiers 3 BP travaux forestiers 1 BPA travaux forestiers, spécialité sylviculture 1 BPA travaux forestiers, spécialité abattage-façonnage 2 BPA travaux forestiers, spécialité débardage 1 Brevet de maîtrise, spécialité menuisier, charpentier, ébéniste 3 BP industries du bois 1 BP menuisier 2 BTA aménagement de l'espace, spécialité gestion et conduite des chantiers forestiers 3 BTS productique bois et ameublement, option développement industriel 1 BTS productique bois et ameublement, option production et gestion industrielle 1 BTS systèmes constructifs bois et habitat 1 BTS technico-commercial, spécialité bois et dérivés 1 BTSA gestion forestière 1 BTSA technico-commercial spécialité bois et grumes 1 CAP 1ère transformation du bois 1 CAP arts du bois, spécialité encadreur 1 CAP arts du bois, spécialité sculpteur ornemaniste 1 CAP arts du bois, spécialité tourneur 1 CAP charpente 8 CAP ébéniste 10 CAP menuiserie-agencement 15 CAP menuisier en sièges 1 CAP mécanicien conducteur des scieries et des industries mécaniques du bois, option B mécanicien affûteur 4 CAP tapisserie d'ameublement 2 CAPA employé d'exploitation forestière, spécialité abattage-façonnage 1 CAPA employé d'exploitation forestière, spécialité débardage 1 CAPA entretien d'espace rural 1 CAPA travaux forestiers 1 CFP charpente en bois 3 CFP ébéniste 1 CFP menuiserie-agencement 2 CFP menuiserie du bâtiment 3 CFP tapisserie d'ameublement 1 CPP construction de maisons en bois 1 CPP couverture traditionnelle 1 CPP escaliéteur 2 Ebéniste et/ou agencement de magasins 1 Escaliéteur 1 Finition des ouvrages bois 1 Marqueterie 1 Opérateur programmeur sur machines à commandes numériques 1 Restauration de meubles et sièges anciens 1

Total = 122

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Les formations par niveau : Niveau Nombre de formations Apprentissage ou formation professionnelle continue 2 Après la troisième 68 Après un Bac 5 Après un Bac pro 1 Après un BEP ou un CAP 5 Après un BEP ou un CAP correspondant 13 Après la seconde (2 ans) ou formation professionnelle continue (1 an) 3 Après la troisième (2 ans) ou par apprentissage 3 Après le BTA, le Bac ou par la formation professionnelle continue (2 ans) 1 Après 1 année d'expérience professionnelle (6 mois ou plus) 4 Formation adultes AFPA 14 Formation professionnelle continue 3 Total = 122 Les formations par département : Code Département Nombre de formations 09 Ariège 6 31 Haute Garonne 46 12 Aveyron 22 32 Gers 8 46 Lot 6 65 Hautes-Pyrénées 15 81 Tarn 12 82 Tarn et Garonne 7 Total = 122

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ANNEXE 5 : La scierie de Brassac dans le Tarn

La scierie de Brassac est actuellement la première de Midi-Pyrénées. A l’origine, cette société a été créée par la famille Buissières. Le 1er de leur site, crée il y’a plus de 30 ans, était destiné à l’emballage léger. Au début des années 1990, ils se sont transformés en scierie « petit bois » puis « gros bois » courant fin 1990. Lors des années 2000, cette scierie, alors premier client de Forestarn, se trouva en dépôt de bilan. A l’origine de cette situation, se trouvaient à la fois des problèmes financiers et d’approvisionnements en bois, mais aussi des difficultés d’ordre technologiques (vétusté du matériel). En juillet 2002, Forestarn, avec trois autres coopératives et Tembec ont repris cette entreprise. La condition du tribunal était alors que Forestarn s’engage à approvisionner cette scierie en bois. Ce pari fut tenu puisque aujourd’hui, Forestarn fournit l’équivalent de 160 000 m3 de bois112 contre 70000 m3 en 2002. Depuis trois ans, Tembec s’est retiré de cette entreprise. Toutefois, un membre de Tembec est resté pour apporter son expérience et son savoir faire. Aujourd’hui, le capital de cette scierie est détenu par : - 4 coopératives - Forestarn (actionnaire principal) - un ancien salarié de Tembec

La scierie de Brassac a actuellement le statut de Société par Actions Simplifiée (SAS). Elle gère 80 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros/an. Elle est actuellement spécialisée dans le petit et gros bois ainsi que l’emballage. Cette scierie se trouve dans le parc à bois du Sidobre. Pour l’essentiel, ce parc est financé par l’Etat, la Région et le département du Tarn. Au sein de ce parc, on procède notamment au stockage du bois. La durée de ce stockage, allant de 1 à 3 mois, permet de fournir du bois lors des hivers neigeux qui rendent les forêts inaccessibles. 80% du bois approvisionnant cette scierie est coupé en forêt au moyen d’abateuse dont le prix unitaire oscille entre 400 000 et 450 000 euros. Au sein de la scierie les machines sont programmées en fonction des dimensions des produits. Souvent, il s’agit de débits standards (63/150 ou 73/225). La totalité des machines (écorceuse…) équipant cette scierie provient de Finlande. Ainsi le bois passe devant un scanner qui détermine la conformation de l’arbre.

112 Ce chiffre correspond à la consommation annuelle de bois par la scierie.

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1 m3 de bois donne : - 50% de madriers ou planche - 30 % de plaquettes destinées principalement à l’industrie papetière (St-Gaudens) - 10% de scierie - 10% d’écorce

Pour des raisons liées au marché, la scierie est passée de 42 heures à 35 heures. Avant la tempête Klaus, les commandes étaient déjà en diminution. L’essentiel de ces commandes est exporté vers l’Europe dans des pays comme l’Espagne ou encore la Belgique qui importe principalement du douglas. Souvent, le douglas est scié par longueur et par section durant une semaine. Une personne se charge alors de trier les produits défectueux et une autre, d’enlever ses défauts. En fin de

Grosse section Petite section

Duramen au cœur = bois d’œuvre…

Débits principaux dans le cœur de grume

Débits secondaires

Ecorce et aubier = bois tendre « Impropre pour le bois d’œuvre »

Dosse

Sur ce schéma, il est possible de considérer la perte qu’il existe entre la

masse brute initiale de l’arbre et ce qu’il en reste pour le bois d’œuvre après

sa 1ère transformation.

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chaîne, un classeur calibré réceptionne des planches de même longueur et qualité. Ce bois mis en fardeaux, sera utilisé principalement pour la charpente. En sortant des scieries, le taux d’hygrométrie du bois avoisine les 30 à 40%. Une fois stocké quelques jours à l’air libre ce taux peut descendre jusqu’à 20%. La scierie de Brassac dispose de 4 séchoirs, mais cela ne semble pas suffisant. Il faudrait investir dans de nouveaux séchoirs pour faire face à ce taux d’hygrométrie élevé113. A ce titre, la mise en place de séchoirs collectifs par massifs remarquables est une des actions primordiales pour structurer la filière bois. L’étude de leurs emplacements géographiques, de leurs dimensionnements, de leurs qualités et de l’impact induit en matière de développement, doit être faite en concertation avec l’ensemble des acteurs. Une partie du bois scié est également livrée au Maroc. Ce pays s’approvisionne en épicéa. Ce bois, d’une largeur de 20 cm et d’une longueur de 4 mètres, nécessite un traitement et n’est pas classé C18 (qualité charpente). Il est majoritairement utilisé pour du caissage et du coffrage. Des transporteurs se chargent de l’acheminer jusqu’au port d’Arles, il est ensuite stocké dans des bateaux de marchandises à destination du Maroc. Plus globalement, le taux d’exportation de cette scierie avoisine les 70%. De manière générale, la scierie a réalisé de gros investissements. Ces derniers, contractés il y’a 10 ans, devraient être amortis dans 5 ans. L’entreprise semble en phase avec son plan de financement. 113 La question du bois sur humide est traitée dans le paragraphe V-5-1 de cette deuxième partie.

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ANNEXE 6 : Risque et Sécurité dans la filière bois

Poussières de bois : une prévention insuffisante

La poussière de bois est un cancérigène avéré. Une récente campagne nationale de contrôle révèle pourtant des insuffisances dans la prévention des risques. Un plan d'action va être mis en place pour sensibiliser les entreprises et leur apporter un appui technique afin de limiter l'exposition des travailleurs. Les poussières de bois dispersées dans l’air constituent un risque pour la santé des travailleurs exposés. Elles peuvent notamment être à l’origine de cancers des cavités nasales et sinusiennes. Le ministère chargé du travail (direction générale du travail), le ministère chargé de l’agriculture (service des affaires financières, sociales et logistiques), la CNAMTS (direction des risques professionnels), l’INRS et l’OPPBTP ont organisé, en 2008, une campagne nationale de contrôle et de sensibilisation sur le risque cancérogène lié à l’exposition aux poussières de bois. Les services de l’inspection du travail, de l’inspection du travail de l’agriculture et les services prévention des CRAM ont été chargés de recueillir les informations auprès des entreprises. Plus de 3 000 établissements ont été visités. Si certains chiffres sont encourageants (85,6 % des établissements ont un dispositif de captage centralisé pour leurs machines fixes), les résultats de cette campagne sont pour le moins préoccupants. Il apparaît en effet que la réglementation relative à la prévention du risque cancérogène des poussières de bois demeure insuffisamment appliquée dans les entreprises. L’analyse détaillée des informations recueillies met en évidence une assez mauvaise prise en compte du risque cancérogène que ce soit au niveau de l’évaluation des risques, des contrôles de la valeur limite, de la vérification des équipements d’aspiration et de recyclage ou de la traçabilité des expositions. Seuls un tiers des établissements visités ont évalué le risque cancérigène des poussières de bois dans leur document unique. Moins de 20 % des entreprises concernées ont établi une liste des travailleurs exposés. L’enquête révèle également que la prise en compte des risques liés aux poussières de bois varie selon la taille des entreprises. Elle est plus fréquente dans les établissements de plus de 50 salariés. Le risque est également mieux appréhendé dans les établissements ayant fait l’objet d’un contrôle antérieur. Au regard de ces résultats et afin d’améliorer le respect de la réglementation, les organisateurs de cette campagne ont décidé de mettre en place un plan d’action articulé autour de deux axes principaux : - La sensibilisation et l’information des employeurs et des salariés concernés ; - L’apport d’un appui technique aux petites entreprises en matière d’évaluation des risques et de conception, de contrôle et de maintenance des installations.

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Dans le cadre de cette démarche, il est notamment prévu d’apporter aux petites entreprises un soutien technique, accompagné sous réserve du respect de certaines conditions, d’une prise en charge financière totale ou partielle et de mener des actions de communication. Pour en savoir plus (Documents INRS) : Poussières de bois, prévenir les risques ED 974. 2006, 10 pages www.inrs.fr/publications/ED974.html Les poussières au coin du bois ED 729. 2004, dépliant www.inrs.fr/publications/ED729.html Poussières de bois – Guide de bonnes pratiques dans le secteur des scieries ED 6029. 2008, 32 pages www.inrs.fr/publications/ED6029.html Poussières de bois. Guide de bonnes pratiques en deuxième transformation ED 978. 2008, 16 pages www.inrs.fr/publications/ED978.html Exposition professionnelle aux poussières de bois : évaluation et gestion des risques. Congrès international Wood Dust (Strasbourg, 25-27 octobre 2006)TD 153. 2006, 6 pages www.inrs.fr/publications/TD153.html Page extraite du site www.inrs.fr Le lien ci-dessous renvoie à plusieurs tableaux dont celui relatif aux « Maladies Professionnelles » : http://www.risquesprofessionnels.ameli.fr/fr/AccueilDossiers/AccueilDossiers_charte-atmp_1.php