40
Chapelle Lavigerie - La Marsa Mars-Avril 2016 Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:37 1

Flash Mars-Avril 2016 - terraecaritatis Mars-Avril 2016.pdf · et ils seront des signes positifs si nous avons le courage ... tir fils de Dieu. ... attendaient Marie-Claire et Abderrahmane

Embed Size (px)

Citation preview

Chapelle Lavigerie - La Marsa

Mars-Avril

2016

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:371

2

SO

MM

AI

RE

3

5

8

3�

33

35

38

- �� �o�� �� ��ste�

- �� ��oe �� ��ae ��� o�s

- ��e �� ��ys et �e ���se�

� S�������� �������� : ������ �� ����g�

! « L� "������ ��� ������� #�� $�� �� "�b%����

�� » : �$&���� �� $'���%� �� $� ��� �������%�

! S� ()��$�� �� *�����$� #'%���� ����%

��+����')��

! ($&���� �� $'���%� �� $� ��� �������%� :

�%#��g��g� ��� ,������ S����� �� .%��� /0����f1

! V����� ��� %��$�� �� $� ,�%$����� 2�� $� 4%2���

��#��� �� $'6����g��#���

! S�#���� �� 2��7�� 2��� $'����% ��� �)�%�����

! I��������� ��9 +����%�� ����%������

- ;es �<es�

� M������ =0>>M?@SA CBDEFGHJK HF NOKOPQRJKT

pDUWBHK HF PUGJFRGJK.

- X��et et Yo�<ees

� *%$����������

! ?����%�� �� �%2����

- �es Z���ts �e �ote ���se

� [\ #��� : ?��)�#���A ?�#�g����� �� S������

- ��]e

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:372

3

LA

VO

IX D

U P

AS

TEU

R

La Voix du Pasteur

LE CROYANT

NE CESSE JAMAIS DE RÊVER

J’aime rêver et je ne veux pasqu’on me vole la liberté de rêver. Jesuis en bonne compagnie avec lespersonnages bibliques qui rêvaient.« Le rêve n’est pas seulement ima-gination ou projection du présentdans le secret de la nuit, mais plu-tôt une attitude vigilante sur la réa-lité réelle… Le rêve appelle la vie, ildonne lumière pour devenir prati-que de vie » (A. Potente).

Un rêve pour notre Tunisie

La situation actuelle de la Tunisie me pousse à rêver. Lecouvre-feu est terminé. La vie reprend de nouveau. Affir-me un sage proverbe : « Après l’orage le soleil est tou-jours plus beau ». Notre démocratie est encore jeune etmanque d’expérience, nous vivons l’adolescence de notredémocratie. Elle n’est jamais quelque chose que l’on im-pose avec la force, ou pire encore avec les armes qui nefont que la détruire et causer sa mort, mais elle est le fruitd’un long chemin plein de chutes et de reprises, de réus-sites et de faillites, de rêves réalisés et de cauchemars. Ladémocratie a les mains ensanglantées, non pas à causedes crimes ou des morts laissés sur le chemin, mais àcause d’un dur travail fait ensemble au coude à coude ense soutenant les uns les autres et travaillant, parfois ousouvent, contre toute espérance.

Ces mouvements que nous avons vécus dans notre paysne m’étonnent pas ils devraient être un signe de maturitéet ils seront des signes positifs si nous avons le couragede faire sortir le mieux de nous-mêmes pour bâtir un fu-tur meilleur pour nous et pour nos enfants. Ainsi nousaiderons la Tunisie à devenir diverse et toujours plus ac-cueillante. Nous oublions parfois que la terre où nous vi-vons est un prêt que nous avons reçu de nos enfants pour

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:373

4

LA

VO

IX D

U P

AS

TEU

R

l’améliorer et nous devrons la leur rendre plus belle,meilleure et digne d’eux. Notre Église tunisienne, par sesfidèles et ses institutions, ne manquera pas d’apporter sonsoutien.

Ce rêve doit devenir réalité, la Tunisie en a la capacité.

Un rêve pour notre Église tunisienne

J’aime rêver pour notre Église tunisienne. Je voudraisrêver avec nos fidèles. On a dit que le chrétien est celuiqui rêve devant les défis quotidiens, les souffrances deshommes, la précarité, les ténèbres des situations d’urgen-ce. « Son rêve se fait alors plus réel et plus fort. Il devientrecherches, parcours, dynamismes et initiatives créatives ».

Nous allons commencer notre « démarche diocésaine »pour rendre notre Église plus belle, plus digne de Dieu etde ses fidèles. Nous connaissons bien les difficultés, lessouffrances et la longue période que cette démarche com-porte. Nous vous demandons à tous de dire vos rêves pourpurifier notre Église de nos imperfections et l’orner de nosvertus pour « être belle comme une jeune mariée paréepour son époux » (Ap 21,2).

Rêvez comment mettre la paix où il y a la guerre, lepardon où il y a la haine, le zèle où il y a l’indifférence, lepartage où il y a l’égoïsme. Rêvez comment consoler où ily a la souffrance, l’accueil où il y a le migrant et le déses-péré. Rêvez une Église tunisienne où tous peuvent se sen-tir fils de Dieu. Racontez vos rêves, parlez des choses im-portantes et grandes que vous désirez pour notre Églisecar plus grande est la capacité de rêver plus beau sera lechemin qu’on va accomplir ensemble et merveilleux se-ront les fruits.

Ici aussi nos rêves doivent devenir réalité et notre Égli-se en a largement la capacité. L’Esprit est présent en nouspour nous illuminer.

+ Ilario ANTONIAZZI

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:374

5

LA

PA

RO

LE D

U P

AP

E F

RA

OIS

CARÊME ET JUBILÉ DE LA MISÉRICORDE

Le mercredi des cendres, 10 février, début du carême, lepape François a célébré la Messe dans la Basilique Saint-Pierre avec le rite de bénédiction et d’imposition des cen-dres et l’envoi des Missionnaires de la miséricorde à l’occa-sion du Jubilé de la miséricorde. Des cardinaux et des évê-ques ont concélébré, ainsi que plus de 700 –sur 1000– « Mis-sionnaires de la miséricorde » que le pape François a reçusen audience le mardi 9 février, au Vatican.

Au terme de la Messe, ils ont reçu du pape François, le« mandat » lié à la faculté d’absoudre même les péchésréservés au Siège apostolique: ils sont « des témoins privi-légiés dans leurs Églises particulières de la dimension ex-traordinaire de l’événement jubilaire ».

La célébration a eu lieu en présence des deux saints con-fesseurs capucins, Padre Pio de Pietrelcina et Léopold Man-dic, dont le pape François a fait venir à Rome les reliquespour cet envoi en mission spécial.

Résumé de l’homélie du pape François pour le mer-credi de cendres

« Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5,20). Cen’est pas juste un bon conseil paternel ni une simple sug-gestion ; c’est une véritable supplication au nom du Christ:« nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous récon-cilier avec Dieu ». Pourquoi un appel aussi solennel et vi-brant ? Parce que le Christ sait combien nous sommes fra-giles et pécheurs, il connaît la faiblesse de notre cœur… Ilpeut y avoir quelques obstacles qui ferment les portes denotre cœur. Il y a la tentation de ‘blinder les portes’, c’est-à-dire de cohabiter avec son péché, en le minimisant, en sejustifiant toujours, en pensant ne pas être pire que lesautres... Un autre obstacle est la ‘honte d’ouvrir la porte’secrète de son cœur. En réalité, la honte est un bon symp-tôme parce qu’elle indique que nous voulons nous détacherdu mal ; pourtant, elle ne doit jamais se transformer encrainte ou en peur. Et il y a une troisième embûche, celle de‘s’éloigner de la porte’: cela se produit quand nous nouscloîtrons dans nos misères, quand nous ruminons continuel-lement, reliant entre elles les choses négatives jusqu’à som-brer dans les caves les plus obscures de notre âme…

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:375

6

LA

PA

RO

LE D

U P

AP

E F

RA

OIS

…À côté de cette histoire de péché, Jésus a inauguréune histoire de salut. L’Évangile qui ouvre le Carême nousinvite à en être les protagonistes, en embrassant trois re-mèdes, trois médicaments qui guérissent du péché (cf. Mt6,1-6 ; 16-18). En premier lieu la prière, expressiond’ouverture et de confiance dans le Seigneur… Prier signi-fie dire: « je ne suis pas autosuffisant, j’ai besoin de Toi,Tu es ma vie et mon salut ». En second lieu, la chari-té, pour dépasser le manque d’intérêt pour les autres. Levéritable amour, en effet, n’est pas un acte extérieur, cen’est pas donner quelque chose de façon paternaliste pourapaiser sa conscience, mais accepter celui qui a besoin denotre temps, de notre amitié, de notre aide. En troisièmelieu, le jeûne, la pénitence, pour nous libérer des dépen-dances vis-à-vis de ce qui passe et nous entraîne à êtreplus sensibles et miséricordieux. C’est une invitation à lasimplicité et au partage : enlever quelque chose de notretable et de nos biens pour retrouver le vrai bien de laliberté… Jésus nous appelle à vivre la prière, la charité etla pénitence avec cohérence et authenticité, en surmon-tant l’hypocrisie.

Résumé du discours du pape François lors de larencontre avec les missionnaires de la miséricorde

Être missionnaire de la miséricorde est une responsabi-lité qui vous est confiée, car elle vous demande d’être vous-mêmes les témoins de la proximité de Dieu et de sa façond’aimer. Je désire avant tout vous rappeler que dans ceministère, vous êtes appelés à exprimer la maternité del’Église… En entrant dans le confessionnal, rappelons-noustoujours que c’est le Christ qui accueille, c’est le Christ quiécoute, c’est le Christ qui pardonne, c’est le Christ quidonne la paix. Le fait de savoir regarder le désir de pardonprésent dans le cœur du pénitent est un autre aspect im-portant. Ce désir est fruit de la grâce et de son action dansla vie des personnes, qui permet de sentir la nostalgie deDieu, de son amour et de sa maison. N’oublions pas quec’est précisément ce désir qui réside au début de la con-version… C’est le moment où l’on se confie à la miséricor-de de Dieu, et l’on a pleine confiance dans le fait qu’il nouscomprend, qu’il nous pardonne et nous soutient. Je vou-drais enfin rappeler un élément dont on ne parle pas beau-coup, mais qui est en revanche déterminant : la honte. Il

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:376

7

LA

PA

RO

LE D

U P

AP

E F

RA

OIS

n’est pas facile de se présenter devant un autre homme,tout en sachant qu’il représente Dieu, et confesser sonpropre péché… Etre confesseur selon le cœur du Christéquivaut à couvrir le pécheur avec la couverture de lamiséricorde, pour qu’il n’ait plus honte et qu’il puisse re-trouver la joie de sa dignité filiale, et puisse aussi savoiroù il se retrouve... Que la Mère de la miséricorde vousassiste et qu’elle vous protège dans ce service si précieux.Que ma Bénédiction vous accompagne ; et vous, s’il vousplaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Merci.

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:377

8

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

E

SUD-OUEST TUNISIEN :

CARNET DE VOYAGE

Le Père évêqueétait en visite au sud-ouest (Gafsa, Douz,Zaafrane, Tozeur, Ta-meghza, Metlaoui…),du 18 au 25 janvier.Voici les principauxextraits du carnet devoyage du P. Domini-que Tommy Martin,qui, avec d’autres,l’accompagnait.

Je me propose derédiger quelques points, qui me semblent importants, del’expérience que nous avons vécue en partant avec notrepère évêque dans la région du sud-ouest tunisien où nousattendaient Marie-Claire et Abderrahmane. Dans ma têtej’avais le désir d’aider le père Evêque à découvrir par descontacts humains les plus divers possibles, quels sontles besoins humains et spirituels les plus sensibles deshabitants de cette région)

Lundi 18

- Départ avec Abouna au volant de sa WW. En passantprès de Kairouan il m’a raconté sa participation à une ren-contre à Kai-rouan même,de sages mu-sulmans à laquelle il avaitété invité parun ami à l’oc-casion duMouled pourcommenterun texte tirédes prescrip-tions du Pro-

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:378

9

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

E

phète concernant l’organisation d’une cité musulmane :« Sahifat Madina », (la Charte de Médine) texte d’unemodernité surprenante quand à la place des non musul-mans dans des responsabilités civiles.

- Gafsa le jour même rencontre avec Monsieur X, amide Philippe. Il tient à nous souligner son désir d’un re-gard positif sur la jeunesse de Gafsa et nous parle d’uneassociation nommée « machhad » (panorama) créée pardes jeunes avec un but culturel et diffusion de films docu-mentaires jusque dans les villages avoisinants.

- Visite de l’association « Baïti » pour l’accueil des en-fants abandonnés en vue de leur adoption ou de reprisepar leur mère. Nous retenons la propreté et le bon gout dela chambre des en-fants : ils sont six cejour-là. Nous sommesimpressionnés par l’en-gagement du responsa-ble à la fois chargé del’enfance dans le Gou-vernorat et volontairepour servir cette asso-ciation avec d’énormesdifficultés financières.Difficulté aussi pour ob-tenir plus de personnelformé. Nous restons impressionnés par le regard de cesbébés qui exprime une soif intense et vitale de ten-dresse, reflet du regard de Jésus lui-même. Marie-Claireque nous retrouvons ce jour-là nous fait savoir que, heu-reusement, une solidarité mise en place entre tous cesfoyers à travers le pays devrait arriver à résoudre les dif-ficultés dans les régions plus défavorisées.

- La journée se termine chez Abderrahmane et Rachidason épouse et deux de leurs enfants qui nous reçoivent àdiner ; bon moment de partage dans l’amitié qui inaugurebien tous ceux qui vont suivre.

Mardi 19

- Visite avec Abderrahmane à Sned, (46 kms) de l’as-sociation locale des personnes handicapées. L’accueil est

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:379

10

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

Etrès amical et les responsables sont fiers de nous fairevisiter les classes et les ateliers. Mais très peu d’élèves etbeaucoup de cadres : pourquoi ? Après la révolution, l’Etatpaye le personnel mais a cessé de verser un prix de jour-née pour les autres dépenses, notamment pour le carbu-rant du minibus : du coup celui-ci est mis au garage et nefait plus la tournée de ramassage dans les villages envi-ronnants… On nous montre la ferme à 5 km : elle est aban-donnée momentanément faute d’eau dans le puits, lesvoisins plus richesont foré en profon-deur et la napped’eau a baissé… lareprise et la créa-tion de projetsproductifs n’a pasencore eu lieu.Pourtant des ma-chines de menui-serie toutes neu-ves sont là (aideitalienne) le minibus est en parfait état, la terre est làavec ses oliviers, et surtout l’expérience de la premièreéquipe d’éducatrices, la vivacité des jeunes handicapés etleur soif d’être valorisés. Un parmi eux attire l’attentionde notre infirmière Marie-Claire, l’enfant est atteint d’unesymbactlie avec malformation dans les doigts et dans lesyeux : un médecin spécialiste joint immédiatement parMarie-Claire est d’accord pour opérer gratuitement. Unefillette a une malformation cardiaque très couteuse à opé-rer, Abderrahmane sur place suit la question en lien avecles services sociaux.

- Visite de la ferme de l’UTAIM à Gafsa : là aussi pourmoi, retrouvailles chaleureuses, je reconnais à peine desenfants devenus adultes, mais eux ne m’ont pas oublié.Un point très positif : l’association a obtenu que soientembauchés comme personnels rémunérés par l’Etat sixd’entre eux qui travaillent dans différents services de l’as-sociation. Autre point positif : grâce à des activités pro-ductives l’association arrive à équilibrer sont budget, lesoliviers de la ferme ont rapporté en 2015, huit mille di-nars, et en ville leur menuiserie qui travaille sur comman-

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3710

11

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

E

de est aussi source de rapport. Par contre le problèmed’eau commence ici aussi à se faire sentir, le débit dupuits baisse. Par ailleurs les gens du comité présents pournous accueillir (avec son nouveau président) nous disentle besoin d’une présence d’une personne spéciale-ment compétente dans le domaine de la pédagogiespécialisée pour apporter un souffle nouveau et denouveaux savoir-faire à l’équipe éducative actuelle.

- Rencontre avec les étudiants africains chrétiens : ilssont neuf. Patricia est aussi là (chrétienne veuve d’un maritunisien). Le père évêque leur dit l’importance de leurprésence et de leur témoignage dans le milieu danslequel ils sont dans ce pays. Ils nous disent un peu leurvécu dans le milieu de leurs collègues tunisiens.

Mercredi 20

- Ce matin nous prenons la route qui nous mènera àDouz en passant par Kebili, sans nous y arrêter, évoquantau passage la présence passée des petites sœurs du Sa-cré Cœur, puis des sœurs FMM ainsi que celle, de styledifférent, du dynamique Dom Pietro.

- Nous débarquons à Zaafrane chez Aam Ali qui nousattend à l’entrée de sa maison. Je passe les détails del’accueil traditionnel introduit par l’offrande de dattes etdu lait et suivi des moments passés près de 24 heuresavec la famille avec de longs temps de repos sur nosmatelas, appuyés sur des coussins et recevant ses nom-breux fils, belles-filles et petits enfants qui adorent leurgrand père et qui viennent nous embrasser pendant quela TV nous donne en boucle sur une chaine orientale despublicités très bien faites sur la pédagogie de l’islam auprèsdes enfants... Partage des repas autour de la maïda, visi-te d’un ami ancien directeur d’école très lucide sur lesproblèmes actuels, promenade sur la plus haute dune desenvirons, offrande de cageots de dattes (les meilleures deTunisie nous dira un professionnel de l’exportation pour-tant tozeurois). J’admire l’aisance d’Abouna dans ce petitmonde, habitué qu’il est par sa vie au milieu des bédouinsde Jordanie et sa connaissance parfaite de l’arabe, nuitcouchés sur nos minces matelas au sol auprès de AamAli ; visite des « Zriba » de deux de ses fils (enclos pourpoulailler, clapier et bergerie dont Abouna pourra vous

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3711

12

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

E

montrer une photo de lui prise par moi comme un bergerauprès de ses brebis !!! ) ; visite du lot d’oasis de son der-nier fils. Nous y avons mieux compris le travail que deman-de le soin des palmiers, préparation du sol et plantation,irrigation, fécondation régime par régime, récolte et parfoisculture de luzerne et maraichère.

- La disparition du tourisme qui faisait vivre en parti-culier les jeunes avec les promenades à dos de chameau,oblige maintenant ces jeunes à travailler dans l’oasis, ce quileur permet de vivre dignement. Mais une menace pèse surtout l’oasis : la diminution de la nappe phréatique su-rexploitée par une population de plus en plus grande : lespremiers puits artésiens qui jaillissaient tout seuls sont de-venus des forages à plus de cent mètres de profondeur obli-geant à pomper l’eau par moteur (consommateur d’énergiecoûteuse). A plus ou moins long terme l’oasis risque d’êtreabandonnée, et quid de la population ???

Jeudi 21

- Quand on va au désert il faut toujours tout prévoir, pour-tant jamais les choses ne se passent comme on l’a prévu,mais c’est toujours mieux que ce que l’on a prévu ! Je vouslivre un exemple vécu le jour où nous quittions Zaafrane :j’avais programmé de nous rendre à Douz pour rencontrerun vieil ami, Belgacem : ancien directeur de l’école des sourdsdevenu imam et notable de Douz, qui dit avoir rencontré enItalie des vrais musulmans en la personne de braves gensqui n’était autres que le pape et des ecclésiastiques bienfai-teurs, qui avaient reçu la délégation tunisienne dont il fai-sait partie ! Mais juste avant de sortir du village je demandeà Abouna de bien vouloir m’attendre 5 minutes, le temps desaluer Selma, une femme divorcée, mère de six filles, qui aconnu beaucoup de malheurs. Mais paf ! Voilà que la voitures’ensable au moment de se ranger, il nous faut plus d’uneheure pour arriver à la désensabler avec l’aide de Selma etde sa fille auprès d’elle, et quelques jeunes du voisinagepuis accepter l’invitation de Selma à partager pain et huilepour exprimer sa joie de parler un moment avec nous. Ducoup le temps que nous avons pris par cet incident nous faitrenoncer au projet de rechercher mon ami, mais me donnel’idée d’en rencontrer un autre plus facile à retrouver rapi-dement, Frej ; il est kiné, il laisse son cabinet pour nous

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3712

13

VIE

DE L

’ÉG

LIS

E

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

E

retrouver dans son association pour les handicapés moteurs.Il aime évoquer avec nous son passé à Médenine et Gabèsoù il nous a connus et collaboré avec nous : sœur Jacqueli-ne, p.s.a., petite sœur Thérèse Elisabeth, Lucien Descous-se, moi et d’autres. Il insiste sur le bonheur qu’il a éprouvéà connaître l’amitié avec des chrétiens, et sa conviction quecette expérience a enrichi sa foi de bon musulman. Il sou-haiterait avoir de nouveau une collaboration avec desgens étrangers pour le côté éducatif de son associa-tion afin d’aider à une ouverture et une compétenceplus grande de son personnel : c’était dit comme unappel qui nous était adressé.

- Après un repas frugal chez « Ali Baba », nous primes laroute vers Tozeur. A l’horizon, au loin devant nous, nouspercevons une fumée noire suspecte. Souk el Had, sur no-tre route, est connue pour la violence de ses manifesta-tions, et c’est bien ça ! Nous nous arrêtons à distance d’ungrand feu de vieux pneus qui barre la route, autour duqueldes groupes humains s’agitent en tous sens. Pas questionde nous approcher. Devant notre hésitation, un homme sursa mobylette nous fait signe de le suivre pour contourner lepoint chaud et poursuivre notre chemin. Merci gentil Mon-sieur !

- Pour la suite de cette journée , après avoir traversél’immensité du Chott el Jerid et nous être laissé surprendrepar des mirages d’étendue d’eau dont il n’y avait en faitaucune goutte… nous parvenons à Tozeur où Marie-Claire(connue dans la région sous le nom de Laïla) nous attend etnous accueille dans sa petite et charmante maison où nousprions puis dînons avant de rejoindre dans la vieille Médinala maison d’Odile qui a préparé nos chambres.

- Je vous livre ce que j’ai retenu de nos nombreuses ren-contres des jours suivants, guidés par notre infatigable Laïla.

Vendredi 22 - Samedi 23

- Nous découvrons la gentillesse et la disponibilité d’Odi-le qui nous reçoit et qui est prête à nous faciliter la rencon-tre avec les autres personnes susceptibles de venir diman-che à la messe. De toutes les personnes rencontrées ensui-te c’est elle qui est la plus disposée à centraliser les choseset c’est chez elle que nous célébrerons la messe. Son enga-

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3713

14

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

Egement dans l’Eglise à Montpellier l’a prédisposée à com-prendre le but de notre séjour et à mettre sa maison à ladisposition de futures rencontres.

- Visite du Mausolée d’Abou Gacem Chabbi. La poésie dece jeune poète mort à l’âge de 25 ans exprime une libertéde pensée, une passion pour son pays, qui vont marquer lenationalisme tunisien, mais qui ne sont pas du goût dessalafistes qui le traitent de blasphémateur (les paroles del’hymne tunisien).

- Visite d’une briqueterie traditionnelle et bon partageavec un artisan qui nous montre dans tous les détails lesétapes de son travail, rude travail pour un faible rapport. Il

peine mais il est li-bre et il nous l’ex-prime avec fierté.Un jour un barbus’est approché delui et lui a dit :« Patience ! Onvous délivrera » !!!Daech n’est pasloin et diffuse sapropagande. Maiscet artisan n’estpas dupe.

- Rencontred’un grand ami du père Marius, un homme soufi, modestegardien d’une institution publique, se déplaçant en moby-lette. Il nous partage ses convictions avec beaucoupd’aménité, « chacun de nos sens doit être pur mais surtoutle cœur doit être pur… Dieu est Miséricordieux avec touthomme, nous devons nous aussi être miséricordieux avectout homme… », et nous parle de son amitié avec MonsieurGarau.

- Moments de partage autour de repas excellents offertspar plusieurs d’entre les amis de Philippe qui nous parlentdes problèmes humains de la région et particulièrement del’oasis, de leurs propre vécu, de la situation d’autres épou-ses étrangères de tunisiens, de certains cas de situationd’exploitation par naïveté de femmes exploitées par de jeu-nes manipulateurs…

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3714

15

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

E

- Couvre feu. A part quelques débordements assez vitemaîtrisés la population reste calme.

- Après nous être assurés auprès de la garde nationale dela sécurité dans la région des oasis de montagne, Marie-Claire nous entraîne visiter Chebika et nous rencontrons nonloin de là une femme seule à tenir boutique, qui reste recon-naissante au père Philippe Lebatard à qui elle doit le finan-cement de ce projet. Elle nous dit son désir d’avoir quelquesbrebis pour compléter les ressources de ce petit magasinsitué dans un très modeste groupement de maisons pau-vres.

- A Tamerza où les gens gardent un souvenir ému du pèreLebatard, Marie-Claire retrouve son « fils », un jeune pèrede famille qu’elle a connu enfant quand, travaillant commeinfirmière, elle avait assuré le suivi de l’opération du « pied-bot » de cet enfant, infirmité fréquente dans cette région. Lareconnaissance des gens ne diminue pas avec le temps. Cejour-là, celui qu’elle appelle « mon fils » lui a offert deuxboîtes de dattes qu’il a dû certainement acheter car il n’aqu’un seul palmier…

Dimanche 24

Abderrahmane et huit étudiants de Gafsa nous rejoignentchez Odile. Les 9 de Gafsa plus 5 de Tozeur plus Laïla et nousdeux, nous arrivons à nous serrer autour de la grande tableoù Abouna préside l’Eucharistie. Odile et Laïla avaient pré-paré des chants, les étudiants africains également. On fitune petite synthèse de bon cœur. La célébration de la messeau coude à coude autour de cette table avec l’homélie d’Abou-na très en lien avec l’Evangile du jour et la réalité de notreprésence éclectique d’Eglise, les intentions exprimées avecémotions par les uns et les autres… suivie d’un vrai festin(sans alcool !) par le partage des bons plats préparés parchacun et la danse africaine autour du bassin: ce fut vrai-ment le temps le plus fort, et le sommet de notre séjour à ce« far-ouest ».

Lundi 25

Retour sur Tunis d’Abouna et moi avec arrêt à Metlaoui oùnous sommes allés visiter et photographier l’ancienne mai-son de Laïla qui nous avait fait promettre en la quittant d’al-ler voir ça. Abouna fit volontiers ce petit détour pour com-

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3715

16

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

Epléter sa découverte du milieu et des conditions de vie etd’hébergement dans lesquels Laïla a vécu tant d’années.

Conclusion

- J’ai simplement souligné en gras ce qui pourrait justi-fier une présence nouvelle de gens en situation légale pourrépondre à une demande de projets éducatifs ou techniquesde la part des associations ou des services de l’Etat. Sansparler de recrutements possibles dans l’enseignement su-périeur comme l’a vécu Philippe

- Ce qui me semble manquer de notre part c’est une con-naissance suffisante des projets actuels de l’Etat et des in-vestissements dans cette région depuis la révolution : parexemple concernant ce problème vital d’eau. Ainsi que desénergies renouvelables.

- J’ajoute que je reste marqué à la fois par le bonheurd’avoir retrouvé dans cette région des personnes connuesdepuis longtemps, d’avoir fait connaissance d’un soufi etégalement d’avoir mieux connu mon évêque et mieux com-pris la lourdeur de sa tâche ; mais aussi la tristesse dessituations difficiles des associations, des agriculteurs et depersonnes rencontrées, notamment celles qui sont en man-que de pasteur.

- Comme l’écrivait sœur Odette (assassinée à Alger en1995), « le passé, Dieu le pardonne, le futur Dieu nous ledonne ». Il ne nous reste qu’à vivre l’aujourd’hui dans lavigilance à la réalité, aux personnes et à la grâce…

Dominique TOMMY MARTIN

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3716

17

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

E

La Tunisie est devenue

mon lac de Tibériade :

Clôture de l’année de la Vie Consacrée

Grande joie, grande surprise, plus de 60 consacrés, ve-nus du Nord, du Sud lointain, de l’Ouest et du grand Tunis

se retrouvent à la paroisse SaintCyprien à La Marsa pour célébrer laclôture de l’année de la vie consa-crée.

La communauté FMA de MenzelBourguiba nous fait entrer dans unclimat de prière par des laudes so-lennelles, en syntonie avec la spiri-tualité de Charles de Foucauld. LeCantique des 3 enfants, dansé parSœur Manisha Parmar unit tousdans une seule louange.

A 10h la messe paroissiale as-semble un seul peuple de Dieu,laïcs, consacrés, parents, enfants,grand et petits. Notre Père Evêqueconcélèbre avec 7 prêtres, trois ins-truments soulignent les chants et lesméditations. Un moment particuliè-rement émouvant : la lecture lentedes 23 familles spirituelles, Congré-

gations, Ordres, présents dans le diocèse qui vient justed’accueillir les « Memores Domini ».

Le témoignage des Petites Sœurs de Jésus sur leur viespirituelle et leur longue expérience en Tunisie devient unedécouverte pour beaucoup.

Le repas familial réunit de nouveau tous, autour de trèsnombreuses tables et plats apportés. Une occasion uniquepour faire connaissance, d’échanger surtout, entre laïcs etconsacrées.

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3717

18

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

EL’après-midi de jeu pour les enfants est

déjà commencé et s’organise maintenantdu côté du Monastère.

Dans la salle paroissiale les nombreu-ses personnes présentes finissement pardisposer chacune d’une chaise et nous en-trons ensemble dans l’année centenaire deCharles de Foucauld à travers une confé-rence très intéressante de par la méthodeet le contenu, présentée par le Père Philip-pe Hue de Hammamet.

La prièrede Charles deFoucauld clô-ture cette bel-le rencontre.

Un grand merci à tous, pourleur présence et leur participa-tion. Merci aux paroissiens de Saint Cyprien pour leur ac-cueil et leur partage. Nous en gardons un merveilleux sou-venir.

Sœur Maria Rohrer FMA

Mon Dieu, je t’aime, je t’adore, je t’appartiens, je me donne à toi. Que je sois et fasse à tout instant ce qui te plaît le plus.

Charles de F.

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3718

19

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

E

SI CHARLES DE FOUCAULD

M’ÉTAIT CONTÉ AUJOURD’HUI …

C’est à La Marsa, pour clore l’année de la Vie Consacrée,que le Père Philippe a pu retracer l’itinéraire spirituel et géo-graphique du Bienheureux. Comme il ne s’agissait pas defaire simplement mémoire du Frère Charles en l’année ducentenaire de sa mort (Déc.1916), ce parcours spirituel futmis en lien avec l’année de la Miséricorde et pour une partavec la réflexion diocésaine entreprise depuis peu.

Quatre étapes ponctuent ce cheminement. Elles relientle frère Charles à des moments clefs de sa vie et de savocation et à des sphères géographiques.

1858/1886. C’est une enfance alsacienne et lorraine, uneadolescence sans Dieu, un début de carrière militaire agitéet frivole. Enfin c’est un retour à Dieu radical, fort et unequête de Dieu continuelle.

1886/1901. C’est la réponse immédiate à un appel inté-rieur. Le converti veut se consacrer à Dieu et la vie monaca-le l’attire. Le militaire devient frère Marie-Albéric en la Trap-pe de Notre Dame des Neiges en Ardèche. On pourrait croi-re que le navire est au port dans son havre de paix ! Maisnon, en 1901, Rome l’autorise à quitter le monastère !

1901/1905. L’Algérie, le Maroc… un temps de prépara-tion au sacerdoce et l’ordination à Viviers le 9/06/1901. Lepassé n’est pourtant pas congédié ! L’Imitation du Bien Aimé,la séduction pour la vie simple de Nazareth, la dévotion auSacré-Cœur de Jésus, l’Adoration eucharistique, la médita-tion de l’Evangile de la Visitation tapissent les murs de sonsanctuaire intérieur. Le moine, devenu ermite pour un tempsdans l’imitation de la vie cachée de Jésus, se fait mission-naire, homme de la rencontre et du dialogue, apôtre de labonté envers les musulmans.

1905/1916. Le Sahara, le sud algérien actuel dans le soucide servir les plus éloignés, verront ses dernières années.C’est Tamanrasset et l’Assekrem à plus de 2500 mètres dansle Hoggar ! Les nomades comme les militaires, les colonscomme les esclaves sont ses interlocuteurs. Il se fait le frèrede tous et de chacun, frère universel avec une espérancefolle pour le salut de tous, assuré en Christ. Dans une épo-

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3719

20

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

Eque troublée, dite de pacification, il trouve la mort dans uneconfrontation entre des membres d’une tribu venue de laLibye et les méharistes.

Avec le frère Charles de Foucauld, il faut accepter d’êtredéconcerté voire déstabilisé. En effet, la recherche de Dieuchez le frère Charles ne fait pas de lui une image fixe voirefigée. Sa sainteté est opiniâtre, passionnée, exigeante. Sonprofil spirituel ne se résume pas non plus à une simple figu-re : il est un consacré, un moine, un ermite, un prêtre « fideidonum », un missionnaire, un apôtre tout à la fois…

Des constantes demeurent toutefois : l’amour pour le BienAimé frère Jésus ; l’abandon à la Providence de Dieu commel’expérience de sa miséricorde infinie ; l’ardent désir de sau-ver tous les hommes à commencer par les plus éloignés etles plus humbles.

Apparemment le frère Charles n’a guère séduit de sontemps. Les compagnons qu’ils voulaient s’agréger n’ont ja-mais tenu, ses catéchumènes ont déserté, son projet d’insti-tut religieux n’a jamais vu le jour ; pourtant sa paternitéspirituelle est immense et le sillon missionnaire est désor-mais tracé pour un style de prêtre, une figure de la missiondans la culture de l’autre, de multiples mouvements existenten son nom comme Jésus Caritas et l’Union qui unissent« les défricheurs » de l’Evangile et pour « crier l’Evangilepar sa propre vie. » Si le grain ne meurt… avait dit le Maîtrepour qui le succès n’était pas de ce monde mais la missionuniverselle ! Il en fut de même pour son disciple : le Bien-heureux Charles de Foucauld.

P. Philippe HUE

CLÔTURE DE L’ANNEEDE LA VIE CONSACREE. TEMOIGNAGE

DES PETITES SŒURS DE JESUS (OUDREF)

Pour cette clôture de l’année de la Vie Consacrée, nousavons été invitées à vous parler en tant que Petites Sœursde Jésus se rattachant à Charles de Foucauld, à l’occasion del’année du Centenaire de sa mort. Pourtant tout le mondesait que Frère Charles de Jésus, comme il aimait s’appeler

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3720

21

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

E

lui-même, n’a jamais eu de disciples religieux à sa suite deson vivant, malgré plusieurs projets de fondations élaborésau cours des années…

Il est mort le 1er décembre 1916, et nous sommes néesen 1939. A notre origine, Petite Sœur Magdeleine de Jésus,attirée par la vie si évangélique de Frère Charles, a voulu(selon ses propres mots) « recueillir sa pensée, le plus fidè-lement possible, dans les enseignements de sa vie et de samort, bien plus que dans un règlement qu’il n’avait jamaisexpérimenté avec des disciples », et elle l’a considérécomme « notre unique fondateur ». Grain de blé enfoui aucœur du Sahara pour porter du fruit ! En effet étaient déjànés, en 1933, les Petits Frères de Jésus, en Algérie dans leSud-Oranais, et à Montpellier les Petites Sœurs du Sacré-Cœur (présentes en Tunisie jusqu’à une époque récente.

Pour nous, c’est à Touggourt, au sud-est algérien, (nonloin de Nefta-Tozeur), que nous sommes nées. D’abord orien-tée exclusivement vers les nomades musulmans du Sahara,notre « fraternité » (nom inauguré par Frère Charles lui-même), s’est étendue en quelques années au monde entier,où les Petites Sœurs ont répandu et multiplié l’expériencede PS Magdeleine au Sahara à la suite de Frère Charles,pour rejoindre comme lui « les plus pauvres, les plus éloi-gnés, les plus abandonnés, les minorités difficilement ac-cessibles, « les brebis les plus perdues », insistant sur lefait que le plus grand manque, le manque absolu, c’est celuide Jésus, d’où l’appel pour les non-chrétiens.

Il s’agissait pour elle de répondre à l’appel fondamentalperçu par Frère Charles : reproduire la vie de Jésus à Naza-reth, trente années passées dans la vie ordinaire de l’im-mense majorité des humains, assumées par le Fils deDieu inconnu au milieu d’eux : vie banale, vie obscure, viedes humbles, marquée par le travail quotidien et les rela-tions simples. Pour Frère Charles, ce temps de Nazarethn’était pas simplement une préparation aux trois ans de laVie Publique, qui elle seule aurait eu valeur pour réaliser ledessein de salut de Dieu… non, c’était la vie humaine danssa consistance concrète choisie, assumée, sauvée par Jé-sus, entrant tout entière dans l’offrande du soir de la Cèneau même titre que sa Passion et sa Mort. C’est dans cesconditions de « Nazareth » et dans cette perspective que

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3721

22

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

EFrère Charles veut répondre à son appel missionnaire si fort,à faire connaître et aimer Jésus, son « Bien-aimé Frère etSeigneur ».

PS Magdeleine a traduit cela en allant vivre au milieu desplus pauvres du peuple qui l’attirait au Sahara, voulant sefaire « l’une d’eux », parlant leur langue, entrant dans leurculture, partageant leurs conditions de vie concrètes de lo-gement, nourriture, travail pour vivre, et aussi les humilia-tions qui sont bien souvent leur part.

Pour elle, notre vocation est essentiellement contempla-tive au milieu du monde, sa fécondité est là : Jésus à Naza-reth n’était-il pas sans cesse uni à son Père dans ce choix devie commune ?

Frère Charles voyait dans la Présence Eucharistique dansson logis l’équivalent de la Présence de Jésus au milieu de laSainte Famille. Pour nous cette Présence est essentielle danstoutes nos habitations, y compris les plus précaires des mi-lieux les plus défavorisés : tentes, roulottes, bateaux, bi-donvilles… elle n’est pas seulement rappel de notre consé-cration religieuse, mais elle donne le sens et l’efficacité ànotre présence.

Notre vocation à rejoindre les plus éloignés souvent nenous permet pas la célébration de la Messe chaque jour, maisen nous confiant la Présence Réelle et nous permettant denous en nourrir en l’absence de prêtre, l’Eglise donne aux« périphéries » (cf. notre Pape François) d’être associées auMystère Pascal par l’offrande de notre vie en solidarité avectout ce que comporte la leur. Elle nous donne aussi la possi-bilité de contempler assidument l’Amour du Christ pour pou-voir devenir avec Lui et comme Lui, pain pour les autres.N’est-ce pas la raison d’être de l’Eucharistie ?…

Avec ce ministère invisible, Frère Charles, brûlé du désirde faire aimer Jésus, nous a légué la mission de « crier l’Evan-gile », par toute notre vie. Vie menée au milieu du mondedes pauvres, vouloir se faire l’une d’eux, pour leur faire con-naître l’amour de Dieu envers chacun d’eux, cela a amenéPS Magdeleine à renoncer, pour les Petites Sœurs, à la priseen charge d’œuvres sociales organisées, et aux postes dedirection au travail.

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3722

23

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

E

Il s’agit en effet à Nazareth de « l’apostolat de la Bonté »dans la simplicité des contacts journaliers, de personne àpersonne, chacune aimée de Dieu, pour chacune desquellesle Christ a donné sa vie : par l’amitié, par l’amour, par laconfiance, par un grand respect, insistait PS Magdeleine.« Que chaque personne puisse se sentir notre meilleureamie », disait-elle aussi. Avec bien sûr, tous les servicespossibles requis par les situations individuelles, comme onse rend service entre voisins… Et comme eux, nous sommessoumises à la recherche du travail pour vivre, travail manuelhumble dans la mesure du possible permis par les lois despays, travail accordé au contexte, aux horaires plus ou moinsviables, et bien sûr au chômage éventuellement.

Tout ceci dans la gratuité des relations, l’amitié vraie nesupportant pas le prosélytisme.

Pour expliquer son intuition de fondation contemplativeen plein monde sans œuvres organisées, PS Magdeleineaimait employer la comparaison évangélique du « levain dansla pâte » : en étant unies à Jésus, les petites sœurs Lui per-mettront d’être, Lui, le ferment divin dans la pâte humaine.

Frère Charles, et nous à sa suite, méditait beaucoup lemystère de la Visitation de Marie à Elisabeth, et y trouvait lemodèle de son apostolat : Marie portant Jésus invisiblementprésent en elle. Par ailleurs, la vie ici, en monde arabo-mu-sulman, nous met dans une situation d’hôtes accueillis, etnous savons combien l’hospitalité tient ici une grande place.Nous pouvons donc d’autant mieux ressentir notre missioncomme s’apparentant à ce mystère de « Visite », qui n’estpas à sens unique mais où chacune est enrichie par les donsde l’autre. Cette situation est d’ailleurs applicable aussi àtout chrétien, à tout laïc… et elle doit être un des grandsthèmes de notre réflexion en Eglise cette année.

Dernier point important : dans nos fraternités, ne com-portant pas plus que trois ou quatre Petites Sœurs, « enfamille à Nazareth », la vie communautaire se doit d’autantplus d’être comme partout le premier témoignage de notresuite du Christ… Et nous souhaitons toujours que la compo-sition de nos fraternités reflète un certain universalisme,comme témoignage de fraternité universelle ouverte à tous,et appel à l’unité dans la diversité, motivation ultime de

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3723

24

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

Enotre offrande de vie : avec Jésus, « rassembler dans l’Uni-té les enfants de Dieu dispersés ».

On ne peut pas terminer sans rappeler que par PS Ma-gdeleine, nous avons reçu un appel pressant à un regardapprofondi sur la Crèche de Bethléem : Nous y découvronsl’Amour de Dieu qui se dépouille de sa Grandeur. Se rendantainsi accessible à tous, revêtant la faiblesse d’un Nouveau-né qui attend d’être aimé pour pouvoir vivre ! Il « mendie »notre amour… Il nous propose de choisir pour nous aussicette même « petitesse » qui permet aux plus humbles denous accueillir et par là de Le recevoir, Lui ! Nous décou-vrons que l’évènement de Bethléem, par sa discrétion, sonhumilité, sa douceur, a été une source de grande joie, chezles pauvres (bergers) comme chez les savants (Mages). Ilnous invite à faire épanouir ces qualités en nous et autourde nous. Enfin, Jésus Petit Enfant exprime radicalementl’abandon confiant d’un enfant à son père, base de l’attituded’enfance spirituelle évangélique.

Tout cela est ce que nous essayons de vivre, du Chili auViet-Nam, de l’Afrique du Sud à l’Alaska, comme des deuxcotés de la Terre Sainte déchirée. C’est ce que nous avonsvoulu vivre en Tunisie, dans les insertions de Sfax et deTunis déjà fermées, et à Oudref que nous devrons quitterbientôt.

Les Petites Sœurs de Jésus à Oudref

VISITES DES ÉCOLES DE LA PRÉLATUREPAR LE DÉPARTEMENT DE L’ENSEIGNEMENT

Dans le cadre de sa mission de coordination, d’assistanceet de conseil l’équipe du Département de l’Enseignement del’Archevêché a eu le plaisir de redécouvrir chacune de nosécoles durant le mois de janvier. Ces visites seront désor-mais régulières afin d’apporter à tous nos établissements lesoutien permanent nécessaire à l’accomplissement de leurmission. Il fut enthousiasmant de constater avec quelle fer-veur et passion chacune des communautés veille à menerau mieux son travail auprès des enfants qui lui sont confiés.

Afin de leur permettre de réaliser leurs objectifs d’ensei-gnement et d’éducation, le Département a mis en place de-

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3724

25

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

E

puis 2014 un parte-nariat avec le GREF(Groupement desEducateurs sansFrontières). Cetteassociation, grâce àplusieurs interven-tions chaque année,participe à l’amélio-ration des méthodespédagogiques desenseignants de nosécoles. Son actions’inscrira de nou-veau dans les pro-jets de cette année2016.

Ces visites furent éga-lement l’occasion de met-tre en exergue de nouvel-les idées afin de favori-ser les échanges entre lesécoles de la Prélature. Ila ainsi été question deréunir les groupes descouts et de proposer desactivités extrascolaires,réelles fenêtres formatri-ces qui permettront no-tamment de promouvoirdes valeurs qui nous sontchères afin de contribuerà l’éducation à la paix.

Ainsi, le Département de l’Enseignement et les écolesœuvrent main dans la main pour veiller à offrir à nos en-fants un enseignement et une éducation toujours meilleurs.

Alexia Pelerins

Ecole de SoussePère Jawad Alamat, Directeur du Dépar-

tement de l’Enseignement et SœurMahaba Wassef, Directrice de l’école,ainsi que quelques élèves dans leurs

nouvelles tenue).

Ecole de Menzel Bourguiba

Père Jawad Alamat et Sœur Mercedes Alvarez

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3725

26

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

E

SEMAINE DE PRIEREPOUR L’UNITE DES CHRETIENS

Le Conseil œcuménique des Églises a proposé, pour lacélébration organisée dans le cadre de la semaine de prièrepour l’unité des chrétiens de janvier 2016, une prière rédi-gée par un comité en Lettonie autour du passage de l’Écritu-re : « Appelés à proclamer les hauts faits du Seigneur » (1Pierre 1, 2-9).

Le comité d’organisation à Tunis, composé de représen-tants de l’Église évangélique de Tunis, de l’Église réforméede Tunis, de l’Église anglicane et de l’Église catholique deTunisie, en association avec les Églises russe et grecque or-thodoxes, s’est réuni depuis octobre pour préparer la ren-contre qui a eu lieu le dimanche 17 janvier à l’Eglise réfor-mée de Tunis, rue Charles-De-Gaulle, à 16h30.

Le groupe de louange de l’église évangélique de Tuniss’est chargé de la musique, les paroles en caractères arabesavec translitération en caractères latins étant projetées surun grand écran pour faciliter la participation du public diver-sifié qui a rempli confortablement l’église.

Le mot d’accueil introduit le thème : « Chers Amis dans leChrist, en nous rassemblant pour cette célébration de l’uni-té, nous rendons grâce à Dieu pour notre dignité et notrevocation chrétiennes que saint Pierre décrit ainsi : “Vousêtes la race élue, la communauté sacerdotale du roi, la na-tion sainte, le peuple que Dieu s’est acquis, pour que vousproclamiez les hauts faits de celui qui vous a appelés desténèbres à sa merveilleuse lumière” ». Ont suivi des prièrespour demander l’Esprit Saint puis des prières de réconcilia-tion.

Les lectures ont été présentées en différentes langues etla prédication a été donnée par David Aziz de l’Eglise Saint-Georges, comme un appel sincère à nous unir, car c’est biença que nous demande Dieu : une unité dans notre dévoue-ment à Dieu, en respectant nos différences. Il y a eu ungeste d’engagement pour être sel et lumière, des prièresd’espérance, puis la bénédiction prononcée par Mgr Ilario.

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3726

27

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

E

Nous avons passé un excellent moment fraternel ensem-ble, retrouvant de vieux amis et en rencontrant de nou-veaux. Nous nous sommes dit qu’il serait bien agréable denous retrouver plus souvent, même hors célébration offi-cielle.

Espérons que nous réussirons à donner une forme con-crète à ce souhait avant nos retrouvailles de janvier 2017.

Nancy BAKKOUR

INVITATIONAUX JOURNEES DIOCESAINES

Le samedi 9 avrilà la Paroisse de La Marsa

et/ou

le samedi 23 avrilau Centre Saint Joseph de Sfax

nous sommes tous invités,laïcs, religieux, prêtres,

à participer aux

« Journées Diocésaines »sur le thème de la mission

Les détails pratiques (horaires et programmes)seront communiqués courant mars.

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3727

28

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

EA Noël dernier, le Père évêque nous écrivait, dans une

lettre adressée à tout le diocèse :

Je viens vous annoncer qu’après avoir largement consul-té, j’ai pris la décision d’engager notre Eglise dans unedémarche diocésaine de réflexion et de discernementsur l’actualité et les perspectives de notre mission enTunisie. Chaque jour nous rencontrons des réalités et desquestions nouvelles, nous sommes témoins ou acteurs demutations importantes qui marquent la société et la vie del’Église. Dans ce contexte, nous devons nous demander quel-les doivent être nos orientations et nos priorités, à l’écoutede Dieu et des appels du pays. [...] J’attends que chacunde nous, laïcs, religieux, prêtres, qui sommes ensem-ble l’Eglise, participions à ce discernement qui nousengage tous, en vue de répondre aux situations nouvellesque nous rencontrons.

Une question que je souhaite que nous approfon-dissions de manière prioritaire est celle de notre rela-tion avec le peuple tunisien. Nous avons en effet souventl’impression d’être une Église « en » Tunisie, une Église étran-gère et de passage, même si nous savons que nos racinesdans ce pays remontent les siècles et qu’elles sont très pro-fondes. Or, nous sommes membres de ce peuple tunisien,ne serait-ce que de cœur, parce que nous en partageons ledestin. « Serviteurs de l’Espérance » dit clairement que no-tre Église est « citoyenne », c’est-à-dire partie intégrante dela Tunisie, qu’elle participe aux joies et aux souffrances dece peuple. Si nous ne sommes pas convaincus de cette véri-té, il est et il sera difficile de continuer de vivre dans ce beaupays. Comment rencontrer aujourd’hui ce peuple en fidélitéà la joie de l’Évangile, et à la Tunisie ? Comment présenterle visage du Christ en Tunisie aujourd’hui ? Comment dialo-guer ? [...]

« Serviteurs de l’Espérance » nous présente la Vier-ge de la Visitation comme modèle missionnaire. Cons-ciente de porter le Christ en elle et d’avoir pour mission de ledonner au monde, « elle se mit en chemin », vers la maisond’Élisabeth. Marie, première missionnaire, devient ainsi no-tre modèle, offrant le Christ qui vit en elle pour qu’il sanctifieles hommes. « La grâce ‘d’aller vers’ nous fait expérimenterune joie semblable à celle jaillie lors de la rencontre entre

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3728

29

VIE

DU

PA

YS

ET

DE

L’É

GLIS

E

Élisabeth et Marie… Nos Églises, à la suite de Marie, viventl’apostolat de la rencontre » (S. de l’Espérance, 26). Com-ment vivre cela aujourd’hui ? Avec quelles innovations, quel-les audaces peut-être ?

Il faut que nous puissions tous nous exprimer et parta-ger nos points de vue. Tel est le sens des deux journéesdiocésaines qui auront lieu à La Marsa et à Sfax, les 9et 23 avril prochains, auxquelles je vous invite à par-ticiper nombreux, et pour lesquelles je nous recom-mande une préparation approfondie.

Ces journées diocésaines seront axées sur le thè-me de la mission, en lien avec la quatrième partiede « Serviteurs de l’Espérance » (« A la suite deMarie, dans le souffle de l’Esprit : nos Eglises en Vi-sitation »). Je demande à tous de lire ou de relire cespages, de prendre le temps de prier et de partager autourdes thèmes qu’elles abordent, et de nous préparer à échan-ger lors des journées diocésaines autour des trois ques-tions suivantes :

- Que signifient, d’après le texte de « Serviteurs del’Espérance », les mots « mission », « évangélisation »au Maghreb (en Tunisie) aujourd’hui ? Que nous inspirecette approche de la mission ? Nous aide-t-elle ? Nousinterroge-t-elle ? De quelle manière ?

- Que veut dire pour moi être missionnaire en Tunisieaujourd’hui ? Ai-je conscience de l’être ? Dans quel(s)but(s) ? Par quel(s) moyen(s) ?

- Quels moyens concrets devrions-nous prendre en Egli-se pour mieux vivre ensemble la mission aujourd’hui, dansla joie de la rencontre et l’esprit de la Visitation ?

Je souhaite que notre Église, à travers cette dé-marche diocésaine, puisse être plus fière encore de l’hérita-ge reçu des témoins qui l’ont fondée et soutenue au longdes siècles, parfois au prix de leur vie ; qu’elle soit plusenthousiaste pour s’engager sur les chemins de l’Evangileet du monde d’aujourd’hui.

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3729

30

DE

S L

IVR

ES

...

Maurice BORRMANS, Chrétienset Musulmans, proches et lointains,

Paris, Médiaspaul, 2015, 151 p.

« Qui est Jésus pour les Musulmans ? » (p. 9-35) Le Jé-sus du Coran est présent dans 93 versets. En classant lessourates dans l’ordre chronologique, on passe, vis-à-vis desChrétiens, de la sympathie à la confrontation, mais Jésus yest toujours vu de manière positive, sa figure restant énig-matique. Verbe émanant de Dieu, à Marie qui resta chaste ilest promis par l’esprit de Dieu. Venant à la suite des pro-phètes, il est le messager de Dieu auprès des Israélites etannonce un messager dont le nom sera le Très-Glorieux (Ah-mad). Sa mission finit dramatiquement, mais les Juifs nel’ont pas tué ni crucifié, ce fut plutôt une illusion. Envoyé,simple humain, signe pour le monde, il reviendra un jour.

Dans l’islam classique, la présentation de Jésus, la des-cription de ses vertus et la finalité de sa mission restent lesmêmes. La négation musulmane de ce qu’en disent les Chré-tiens demeure fidèle aux reproches que le Coran leur adres-se. Elle s’y trouve justifiée du point de vue philosophique etthéologique. Les commentateurs du Coran pensent que lesChrétiens professent un amour excessif pour Jésus et quecette démesure les a conduits à le considérer comme Fils deDieu. Dans son interprétation mystique, sa spiritualité ga-rantit les valeurs évangéliques. Jésus est le sceau de la sain-teté. On lui attribue des « dits » relevant des traditions as-cétique et sapientielle.

Les penseurs musulmans contemporains restent dans laligne coranique traditionnelle. Quelques écrivains complè-tent les silences du Coran et du Hadîth pour mieux cerner lapersonnalité de ce prophète exceptionnel. Ses souffrancessont au cœur de l’inspiration des poètes musulmans du Pro-che-Orient. Reste que pour les Musulmans, Jésus n’est pasle Messie, mais celui qui a reçu une onction comme tous lesprophètes. Cette différence avec les Chrétiens peut être unecomplémentarité invitant à creuser ce Jésus, énigme etmystère.

« Les rapports religieux entre Chrétiens et Musulmans àtravers les âges » (p. 37-61) L’islam naissant veut corrigerle judaïsme des Juifs et le christianisme des Chrétiens. Dans

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3730

31

DE

S L

IVR

ES

...

l’empire musulman ils ont le statut de « protégés ». Lesconflits plus récents n’ont pas encouragé la collaboration.Les premiers échanges se font en arabe. À partir du 9e siè-cle, les textes s’écrivent aussi en grec du côté chrétien.Chacun s’efforce de réfuter l’autre sans nouveaux arguments.Avec les croisades, sont produites des traductions latinesdes textes musulmans fondamentaux. D’un côté Françoisd’Assise suggère un dépassement de la croisade et rappelleles exigences évangéliques du témoignage. De l’autre Tho-mas d’Aquin utilise les ressources de la raison dans ses ré-futations de l’islam. Au 15e siècle, des auteurs rêvent d’uneconciliation universelle avec l’empire ottoman. Suit une pé-riode d’indifférence hostile. Naît alors l’orientalisme scienti-fique. Après la campagne égyptienne de Bonaparte, l’ex-pansion européenne et le réveil de l’islam manifestent laconcurrence de deux universalismes. Au moment des indé-pendances retrouvées ou créées, la controverse et la polé-mique font place au dialogue.

« Pays musulmans et présences chrétiennes » (p. 63-84) La statut de « protégé » informe encore les mentalitéscollectives musulmanes marquées par le confessionnalis-me. Les Chrétiens trouvent difficilement leur place dans uneidéologie qui exalte la personnalité arabo-musulmane. Lesnouvelles diasporas musulmanes en Occident peinent à s’in-tégrer dans des contextes démocratiques et laïques. Dansles pays arabes, les Chrétiens seraient 7 millions. L’existen-ce d’Israël influe sur leur situation. L’Arabie saoudite, avecson idéologie wahhabite, est le seul pays où tout culte nonmusulman est interdit. Les pays musulmans non arabes, enAfrique et en Asie, ont des situations très contrastées. Lesminoritaires risquent toujours d’être des boucs émissaires.Les chances du vivre ensemble sont précaires.

« L’émergence de Nostra aetate au concile Vatican II »(p. 85-120) Le texte de la Déclaration sur les relations del’Église avec les religions non chrétiennes a été préparé parun changement de mentalité des Catholiques envers lesMusulmans : renouveau des études, élargissement des pers-pectives, ouverture de la théologie, nouvelle spiritualité, dé-couverte de l’islam mystique. La prise de position du Conci-le fait partie d’une annexe au Décret sur l’œcuménisme.Entre temps, Paul VI va en Terre sainte en janvier 1964. Enmai de la même année, il crée le Secrétariat pour les Non

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3731

32

DE

S L

IVR

ES

...

Chrétiens comme moyen de dialogue avec tous ceux quicroient en Dieu. Enfin, en août, il publie l’encyclique Eccle-siam suam dans laquelle le thème du dialogue s’y révèlecentral. Le texte suscite d’âpres discussions. Le 3e paragra-phe de 18 lignes y traite des Musulmans : croyances et pra-tiques en commun avec les Chrétiens, renouvellement envue d’une action solidaire au nom des valeurs communes. Ilest adopté le 15 octobre 1965, devenant la charte du dialo-gue interreligieux.

« Un ‘Évangile’ disponible à tous les Musulmans » (p. 121-150) L’Évangile est-il à la portée des Musulmans et pourrait-il leur être présenté ? Le mot évangile est présent 12 foisdans le Coran, comme livre révélé à Jésus, direction, lumiè-re, avertissement, annonçant la venue de Muhammad. LeCoran affirme que ce texte a été altéré par les Chrétiens.Donc l’authentique a disparu. Selon le Coran, les prophètessont vainqueurs, ce qui exclut la défaite de Jésus sur la croix.Mais les Chrétiens pratiquent des vertus appréciées. Biendes propos attribués au Prophète ont une saveur évangéli-que, constituant un patrimoine spirituel qui a nourri ascè-tes, mystiques et membres des confréries religieuses. L’Évan-gile chrétien peut intéresser les Musulmans dans ses dimen-sions sociales et spirituelles. En conséquence, l’auteur invi-te les Chrétiens à être un cinquième évangile vivant, suppo-sant un engagement au service des Droits de l’être humain,l’encouragement de toute expérience religieuse authenti-que et un témoignage prophétique et critique vis-à-vis del’islam.

Jean FONTAINE

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3732

33

CA

RN

ET E

T N

OU

VELLES

—————————————————————————————FÉLICITATIONS !...

... au Père Dominique TOMMY MARTIN,ordonné prêtre le 8 avril 1956,

pour ses 60 ans de sacerdoce !

Le Père Dominique présidera une messe d’action de grâceà La Marsa, le samedi 9 avril, à l’occasion des Journées

Diocésaines—————————————————————————————

CELEBRATION OECUMENIQUEJOURNEE MONDIALE DE PRIERE 2016

« Recevez les enfants. Recevez-moi. »

liturgie rédigée par le comité JMP de Cuba

EGLISE ST. GEORGE195, rue Mongi Slim

Vendredi 4 mars 2016 à 19h00—————————————————————————————

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3733

34

CA

RN

ET E

T N

OU

VELLES

ARRIVEES et DEPARTS

ARRIVEES

P. Eric Prosper MPUTU EBENGO (C.M.)

Sr. Françoise CHIRAYATH INASU (M.C.)

Sr. Maria Fatima GAIOLLI (S.S.V.M.)

Fausta FLAMIGNI (M.D.)

Giovanna GASPARETTI (M.D.)

Enrica GILARDI (M.D.)

DEPARTS

Sr. Edwige RAHERIMALALA (F.M.M.)

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3734

35

LES

SA

INTS

DE N

OTR

E É

GLIS

E

29 mars : Archimius,Armogastes et Saturus

A la fin du mois demars, notre calendrierd’Afrique du Nord nouspropose à la célébra-tion trois confesseursde la foi du Vème siè-cle, Archimius, Armo-

gastes et Saturus.

Au cours de l’année 439, Carthage tombait aux mains devandales, tribu barbare, dont le roi et troupes confessaientl’hérésie arienne.

Pendant une quinzaine d’années la persécution fit rage,s’étendant de la Cyrénaïque jusqu’au détroit de Gibraltar,puisque depuis le sac de Rome, toute l’Afrique du Nord étaitau pouvoir des vandales.

Les chefs surtout étaient visés et tout d’abord les évê-ques. Mais aussi les laïcs les plus marquants furent pour-suivis, entre autres les hauts fonctionnaires convaincus decatholicisme et suspects d’attachement au régime disparu.C’est à cette élite qu’appartenaient les trois saints honorésle 29 mars et qui eurent en ces temps-là l’honneur de souf-frir pour la foi.

Sur la route militaire de Theveste à Lambesis, à mi-che-min, on rencontrait autrefois le municipe important de Mas-cula - aujourd’hui Kenchela, Algérie - C’était la patrie d’Ar-chimius. Nous ne savons quelle situation il y occupait ;mais ce devait être un personnage de marque, pour queGenséric (roi vandale) ait fait tant de tentatives et de pro-messes afin de le séduire ; avec le vulgaire on ne prenaitpas tant de ménagements ! Rien n’ébranlait la constanced’Archimius, le roi commanda qu’on lui tranchât ta tête ;mais il fit dire secrètement au bourreau : « Ne le tue que situ le vois trembler ; mais s’il demeure ferme dans sa foi,abstiens-toi de le frapper : il ne faut pas qu’il ait la gloire dumartyre ». On tenait moins à tuer les victimes qu’à les dés-honorer.

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3735

36

LES

SA

INTS

DE N

OTR

E É

GLIS

EGenséric fut déçu : le saint fut inébranlable comme une

colonne, dit le narrateur ; le bourreau le mena au supplice,le fit s’arrêter, s’agenouiller, présenter le cou à la hache.Archimius fit tout ce qu’on voulut, se préparant heureux àverser le sang pour le Christ. Il pensait que c’était le derniermoment de sa vie terrestre, et notre saint entend : « Relè-ve-toi : on te fait grâce », et il changeât la couronne dumartyre pour celle si glorieuse aussi de confesseur de la foi.

Armogastes devait être de Carthage, car il avait unemploi élevé dans la maison de Théodoric, l’un des fils duroi.

Livré aux bourreaux pour avoir refusé d’apostasier, Dieule défendit par beaucoup de prodiges. Lorsque Théodoricallait le faire décapiter, Jocundus, un prêtre arien, l’arrêta :« Défaites-vous de lui autrement, lui dit-il ; s’il tombait sousle glaive, les Romains en feraient un martyr » ; et Théodoricle condamna aux mines de Byzacène.

Plus tard, on le ramena près de Carthage, dans le paysoù il avait vécu riche et honoré et on l’y fit garder un trou-peau de vaches, pour qu’il sentît plus vivement sa déchéan-ce.

Quelques temps après, le saint homme mourut et l’oncreusa sa fosse au pied d’un caroubier, qu’il avait déjà dési-gné, fruit d’une prophétie dite de la part de notre Seigneur.Se mettant au travail, les ouvriers retrouvent dans ce lieuun sarcophage de marbre d’un travail admirable, commepour un roi. C’est là qu’on déposa pieusement le corps d’Ar-mogastes, qui avait vaincu ferme dans sa foi.

Saturus était procurateur, c’est-à-dire intendant généraldans la maison d’un autre fils du roi, le trop fameux Huné-ric. Catholique zélé et très en vue, il ne cachait pas sa foi etce qu’il pensait de l’arianisme, il le disait avec une libertétout apostolique.

C’était une âme noble, un de ces caractères à la romaine,qui n’admettent pas les compromissions, les accommode-ments avec le devoir, mais le fait quoi qu’il advienne. A gar-der cette indépendance de parole et de conduite, il risquaitsa situation et même sa vie : il ne pensa pas que ce fût uneexcuse pour courber la tête ou baisser le ton.

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3736

37

LES

SA

INTS

DE N

OTR

E É

GLIS

E

Jusque-là, sa noblesse de vie et aussi ses services avaienttenu en respect ses nouveaux maîtres ; mais l’édit de per-sécution était promulgué et Saturus fut dénoncé. Il eut àchoisir : d’un côté, honneurs et richesses ; de l’autre, lespires supplices. Pour toucher au point sensible un cœur siferme, on lui dit que d’abord sa fortune lui serait ôtée, puistoute sa famille réduite à l’esclavage.

Après beaucoup de tentations sans résultat, il fut dé-pouillé de tout, accablé de mauvais traitements. Jeté de-hors comme un mendiant, chassé au loin avec défense dereparaître. Il a fini sa vie peut être dans la misère matériel-le, mais fidèle à la foi catholique.

Belle leçon et bien opportune que nous donnent ces troishéros ! C’est que la foi chrétienne vaut bien de tels sacrifi-ces et qu’il faut les faire résolument, sans marchander quandDieu les demande.

P. Luis Miguel MARTINEZ

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3737

38

PR

IÈR

E

APPRENDRE À RESSUSCITER

Sur les chemins quotidiens de notre vie Où il nous précède et nous attend, Jésus nous apprend à ressusciter.

Car la Résurrection n’est pas un état final Qui adviendrait brutalement à notre mort : C’est une éclosion, c’est une avancée.

Jésus nous apprend à ressuscitercar on apprend à ressusciter Comme on apprend à faire ses premiers paset à se tenir debout.

A la suite de Jésus, vivre c’est apprendre à ressusciter: C’est apprendre à vivre en homme et en femme, Chaque jour, de façon humaine, tout simplement, C’est apprendre à donner de soi, c’est apprendre à croire Que Dieu se consacre au bonheur du monde,

C’est apprendre à espérer que la vie a un sens Et que la mort est un passage, C’est apprendre à aimer à la façon de Dieu, À écouter l’Esprit de Dieu en nous.

C’est apprendre à s’arracher au mal, À partager avec chacun ce qui est nécessaire à la vie, À refuser des situations indignes de l’être humain, c’estlutter, Ne pas se taire quand la qualité de la vie est en cause etcelle de l’amour.

C’est apprendre à vivre selon l’Evangile Parce que c’est le chemin tracé par Jésuset sur lequel il nous précède Afin de nous introduire dans la Résurrection !

Charles Singer

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3738

ÉGLISE CATHOLIQUE EN TUNISIEHEURES DES MESSES DANS LES PAROISSES

(*) : se renseigner au numéro de téléphone indiqué.

TUNIS -

Cathédrale St Vincent de Paul -

avenue Bourguiba - 71 338 935

En semaine : Chaque jour en Français

à 7h30 et 18h30

Samedi : en français à 18h30

en espagnol le 2ème samedi

du mois (crypte)

Dimanche : en italien à 9h00 et

en français à 11h 00 - 18h30

TUNIS - Ste Jeanne D’Arc -

1, rue de Jérusalem - 71 849 561

En semaine : chaque jour en Français

à 18 h 30

Samedi : en arabe à 17h00 et

en italien à 18h30

Dimanche : en français à 10h00

LA GOULETTE - St Augustin et

St Fidèle - 1, rue Scipion - 71.735.349

En semaine : chez les Soeurs de Mère

Térésa 71 736 228(*)

Samedi : en français à 17h00

Dimanche : en anglais à 10h00

Dimanche en polonais à 17h00

CARTHAGE/LA MARSA -

St Cyprien - 71 740 982

«l’Archevêché» - Sidi Dhrif

En semaine : lundi / mardi / vendredi à 18h45

mercredi à 09h15

Samedi : 18h30 / Dimanche : 10h00

BIZERTE - Notre-Dame de

l’Assomption

120, avenue Bourguiba,

Chapelle des Soeurs - 72 432 386

Dimanche : 10h30

DJERBA - St Joseph -

2, rue de l’Eglise - HOUMT SOUK -

75 650 215 / 75 655 257

Samedi : en français à 18h30

Dimanche : en allemand à 9h00 et

en italien à 10h00

********************************

DANS LES LIEUX DE CULTE

AIN DRAHAM - Chapelle des Soeurs

78 655 608 (*) - St Thérèse de l’Enfant

Jésus - 147, av. Bourguiba, P. Dominique

Tommy-Martin - 22.04.93.62

GAFSA - 20.16.43.59

KHAZNADAR - 1, rue des Vergers -

LE BARDO - 71 612 850

Chapelle des Soeurs le samedi à 18h00

MENZEL-BOURGUIBA - rue Ibn Dhiaf,

Chapelle des Soeurs - 72 464 492-

le samedi à 18h00

MONASTIR - Zone du Stade, Chapelle

des Soeurs-73 501 351 Dimanche 11h30

RADES - Foyer Familial - rue du Parc

71 443 638 - Le Samedi à 10h00

TOZEUR - 20.16.43.59

GABES - Immaculée Conception -

25, rue d’Alger - 75 270 326

Samedi : 18h30

NABEUL / HAMMAMET -

Bienheureux Antoine Neyrot -

14, rue Abou Kacem Chebbi

(à côté du lycée) - 72 280 865

Samedi : 18h / Dimanche : 11h

SFAX - St. Pierre et St. Paul

Route de Mahdia Km 1

En semaine : chaque jour à 18h30

Samedi : 18h30 / Dimance à 11h00

Tél. : 74.210.253

SOUSSE - St Félix - 1, rue de

Constantine 73 224 596

En semaine : chaque jour à 18h15

Samedi : 18h15 Dimanche : 09h30

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3739

Imp. Finzi - 4, Rue de Russie - 1000 Tunis

Flash Mars-Avril 2016.p65 18/03/2016, 09:3740