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Flexibilité, simplicité d’utilisation, faible coût : les enquêtes rapides par téléphone mobile offrent tous les avantages L’enquête rapide par téléphone mobile (ou enquête RAMP) avec le soutien de la Croix-Rouge norvégienne www.ifrc.org Sauver des vies, changer les mentalités.

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Flexibilité, simplicité d’utilisation, faible coût : les enquêtes rapides par téléphone mobile offrent tous les avantages L’enquête rapide par téléphone mobile (ou enquête RAMP)avec le soutien de la Croix-Rouge norvégienne

www.ifrc.org Sauver des vies, changer les mentalités.

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© Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Genève, 2012

Toutes les parties de cette publication peuvent être citées, copiées, traduites dans d’autres langues ou adaptées aux besoins locaux sans un accord préalable de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, à condition de citer clairement le nom de la présente publication. Toute demande de reproduction doit être adressée directement au secrétariat de la Fédération internationale à l’adresse courriel suivante : [email protected].

Sauf mention contraire, toutes les photographies reproduites dans le présent document sont la propriété de la Fédération internationale. Photo de couverture : Benoit Matsha-Carpentier/IFRC.

Case postale 303CH-1211 Genève 19SuisseTéléphone : +41 22 730 42 22Télécopie : +41 22 733 03 95Courriel : [email protected]

1229700 Flexibilité, simplicité d’utilisation, faible coût : les enquêtes rapides par téléphone mobile offrent tous les avantages 11/2012 F 600

Stratégie 2020 exprime la volonté collective de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge de relever les principaux défis auxquels sera confrontée l’humanité dans les dix ans à venir. Fondée sur les besoins et les vulnérabilités des diverses communautés au sein desquelles nous travaillons ainsi que sur les droits et libertés fondamentaux dont elles peuvent se prévaloir, cette stratégie vise à répondre aux attentes de tous ceux qui comptent sur la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge pour contribuer à promouvoir un monde plus humain, plus digne et plus pacifique.

Au cours des dix prochaines années, la Fédération internationale s’emploiera tout particulièrement à réaliser les buts stratégiques suivants :1. Sauver des vies, protéger les moyens de subsistance et faciliter le

relèvement après les catastrophes et les crises2. Promouvoir des conditions d’existence saines et sûres3. Promouvoir l’intégration sociale et une culture de non-violence et

de paix

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Flexibilité, simplicité d’utilisation, faible coût : les enquêtes rapides par téléphone mobile offrent tous les avantages – enquête RAMPNovembre 2012

Table des matières

Présentation de l’enquête rapide par téléphone mobile (RAMP) 4

Donner aux Sociétés nationales, aux ONG et aux ministères les moyens de collecter des données d’enquête 5

Tester l’approche RAMP en Afrique 7

Une enquête RAMP dans la pratique 7

Le paludisme pour la phase pilote RAMP : pourquoi ? 8

District de Malindi, Kenya 10

Soins à assise communautaire 10

Prise en charge du paludisme à domicile 10

L’enquête RAMP dans le district de Malindi 13

Bande de Caprivi, Namibie I 14

La première enquête RAMP dans la bande de Caprivi 14

État de Cross River, Nigéria 16

L’enquête RAMP dans l’État de Cross River, Nigéria 16

Photos sur l’enquête : État de Cross River 18

Bande de Caprivi, Namibie II 20

Suivi en 2012 de l’enquête RAMP 20

Analyse des données 23

Coûts d’une enquête RAMP 23

Développer l’approche RAMP 25

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Présentation de l’enquête rapide par téléphone mobile (RAMP)

Le deuxième jour de la phase pilote de l’enquête rapide par téléphone mobile menée dans l’État de Cross River (Nigéria), Rose1 termine tout juste son déjeuner composé de patate douce et de ragoût quand David Samuel Effiong et Theresa Agba arrivent au vil-lage. Ce sont des volontaires de la Croix-Rouge du Nigéria qui ont reçu une formation pour conduire des enquêtes rapide par téléphone mobile (Rapid Mobile Phone-based Survey – RAMP Survey). Tous deux sont munis d’un téléphone mobile. Rose fait partie de l’un des dix ménages sélectionnés de façon aléatoire pour collaborer avec l’équipe ce jour-là. Elle répond aux questions que David lui pose lentement, mais avec dynamisme, et qu’il entre-coupe de pauses pour saisir les réponses sur son téléphone.

Dans un deuxième ménage, Agnes répond pour les membres de sa famille à des questions posées cette fois par Theresa. David se rend dans un troisième ménage, Theresa dans un quatrième, et ainsi de suite jusqu’à ce que les dix aient répondu aux questions.

À la fin de la journée, David et Theresa retournent à leur local et, au moyen du réseau de téléphonie mobile, ils téléchargent immédiatement vers Internet toutes les données qu’ils ont collectées ce jour-là sur leur mobile. Plus besoin d’attendre des semaines ou des mois les résultats de l’enquête : le responsable de programme sait que les résultats préliminaires seront disponibles quelques heures après le téléchargement.

Cette rapidité, couplée à la simplicité de la méthode et à sa flexibilité quant à la nature des informations collectées, est un avantage énorme pour les responsables de programme et les décideurs. Toute action humanitaire est fondée sur des données, mais les actions véritablement efficaces reposent sur des données actualisées et de qualité. Dans le domaine de la santé publique, les données issues des enquêtes constituent probablement la moitié des informations utiles. Poser des questions et observer un groupe représentatif de per-sonnes est souvent le seul moyen de déterminer comment améliorer les conditions d’existence, protéger la santé et le bien-être, et contribuer au développement social et économique.

Pour conduire une enquête, on utilise traditionnellement un crayon à papier et un bloc-note. Il faut alors souvent des mois pour collecter et analyser les données, ce qui, dans bien des contextes, est trop long pour les organisations humanitaires.

1. À des fins de confidentialité, seuls les prénoms des personnes interrogées ont été conservés.

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Donner aux Sociétés nationales, aux ONG et aux ministères les moyens de collecter des données d’enquête

À l’aide des technologies modernes qui sont généralement accessibles à tous, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge s’emploie à développer une méthode peu coûteuse et facile à utiliser pour aider les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, les ONG, les ministères et leurs partenaires à concevoir une enquête, à élaborer leur(s) propre(s) questionnaire(s) en fonction des besoins, à conduire l’enquête, à analyser rapidement les données et à communiquer les résultats dans les plus brefs délais.

La méthode d’enquête RAMP est si flexible qu’elle peut être appliquée à tout un ensemble d’activités dans de nombreux domaines. Jusqu’à présent, elle n’a été utili-sée que pour lancer la phase pilote des enquêtes sur le paludisme, mais d’autres programmes, tels que les pro-grammes de lutte contre le VIH/sida, d’approvisionnement en eau/d’assainissement ou de gestion des catastrophes pourraient tout à fait tirer parti de la possibilité de conduire, sur le terrain, des enquêtes scientifiquement rigoureuses permettant d’obtenir rapidement des résul-tats fiables. Une courte formation suffit pour que les volontaires puissent conduire des enquêtes et saisir les données sur leur téléphone mobile.

Theresa Agba et David Effiong, des volontaires de la Croix-Rouge du Nigéria, conduisent une enquête dans le village de Rose. David saisit les réponses de Rose dans son téléphone mobile.

« L’approche RAMP a été élaborée pour permettre aux organisations de définir elles-mêmes ce qui est important pour elles et quels sont leurs besoins en matière d’information, au lieu de nous laisser, nous, à la Fédération, décider à leur place. »

Jason Peat, administrateur principal Santé, Fédération internationale, Genève

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« EpiSurveyor (Magpi après janvier 2013) a été conçu pour fonctionner non seulement sur des smartphones ou des téléphones onéreux, mais aussi sur les téléphones à neuf touches qu’utilisent déjà les professionnels de la santé dans les pays en développement. »

Joel Selanikio, directeur général, DataDyne

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Tester l’approche RAMP en Afrique

La phase pilote de l’enquête RAMP s’est déroulée dans trois pays d’Afrique – le Kenya, la Namibie et le Nigéria2 – en 2011, et une enquête de suivi a été conduite en Nami-bie début 2012. Les enquêtes ont pu être réalisées grâce au fait que la majeure partie du continent est couverte par les réseaux de téléphonie mobile.

Il s’agit d’un secteur commercial dans lequel l’Afrique semble largement devancer le reste du monde : les tarifs de la transmission de données par les réseaux de télé-phonie mobile de deuxième génération, dont la couver-ture sur le continent est de plus en plus étendue, sont peu élevés et ne cessent de diminuer.

L’explosion de la téléphonie mobile de première génération en Afrique est entrée dans la légende du monde du déve-loppement. C’est en Afrique, en 2001, que le nombre de téléphones mobiles a dépassé pour la première fois le nombre de lignes fixes. Fin 2010, plus de 40 % de la po-pulation du continent possédait en principe un mobile. L’Afrique accuse peut-être un retard par rapport au reste du monde s’agissant de la pénétration du téléphone mo-bile et d’Internet, mais d’après l’Union internationale des télécommunications, il est aujourd’hui établi que la téléphonie mobile est le mode de téléphonie prédomi-nant dans pratiquement tous les pays africains.

Les trois révolutions technologiques – Internet et les deux vagues de téléphonie sans fil à bas prix qui ont donné toute leur dimension « mobile » aux communications – sont peut-être sur le point d’en entraîner une quatrième. Dans le domaine humanitaire, la collecte de données sur le terrain pourrait devenir beaucoup plus rapide et économique. Les concepteurs de l’approche RAMP ont exploité ce potentiel en utilisant une application libre-ment accessible qui permet de collecter les données d’une enquête sur un téléphone mobile et de les mettre rapidement à disposition à des fins d’analyse et de compte rendu.

La Croix-Rouge et le Croissant-Rouge sont en première ligne de l’utilisation innovante des technologies pour la collecte de données. La phase pilote de l’approche RAMP, conduite en 2011 et 2012, est en fait le point culminant de près d’une décennie de travaux dans ce domaine. « La Croix-Rouge a réalisé la première enquête au moyen d’assistants numériques personnels en Afrique en 2012 », indique Mark Grabowsky, aujourd’hui vice-directeur du National Vaccine Program Office (États-Unis), qui a parti-cipé aux tests préliminaires au Ghana.

À titre d’exemple, la Fédération a utilisé des ordinateurs de poche pour chaque évaluation des campagnes de distribution de moustiquaires antipaludiques3 sur les onze dernières années. Chaque étape a donné lieu à une amélioration des outils, et les difficultés préliminaires inhérentes à toute innovation technologique ont pu être surmontées.

Une enquête RAMP dans la pratique

Les équipes chargées des enquêtes RAMP sur le ter-rain utilisent une simple application de questionnaire sur leur téléphone mobile pour regrouper, stocker et télécharger les résultats vers Internet, soit instantané-ment soit à la fin de chaque journée. Au moment du téléchargement (n’importe où dans le monde), les don-nées apparaissent dans une base de données en ligne et peuvent être exportées vers d’autres programmes pour être traitées et analysées.

2. Par ordre chronologique des essais.3. Par souci de simplicité, et sauf indication contraire, on entend ici par « moustiquaires » les moustiquaires imprégnées d’insecticide (à longue durée

d’action) (MILDA).

Une femme collecte des données au moyen d’un assistant numérique personnel en Indonésie.

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Flexibilité, simplicité d’utilisation, faible coût : les enquêtes rapides par téléphone mobile offrent tous les avantages – enquête RAMPNovembre 2012

4. Sera appelé « Magpi » après janvier 2013.5. Faire reculer le paludisme, Plan d’action mondial contre le paludisme, 2008.6. OMS, Rapport 2011 sur le paludisme dans le monde, « Fact Sheet » (en anglais).

« Avec la baisse importante de la mortalité due au paludisme en Afrique depuis 2000, le rendement des investissements que nous avons consentis pour que cette maladie ne provoque plus de décès est plus important que tout ce que j’ai connu dans le secteur privé. Mais le paludisme tue toujours un enfant par minute, et c’est encore trop. »

Ray Chambers, envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le paludisme

Pour la phase pilote des enquêtes sur le paludisme, c’est une application librement accessible, EpiSurveyor4, mise au point par DataDyne – un organisme à but non lucra-tif –, qui a été utilisée. Joel Selanikio, médecin et direc-teur général innovateur de DataDyne, se plaît à rappeler qu’aujourd’hui, tous les mobiles du monde, même d’en-trée de gamme, ont une puissance de calcul supérieure à celle du module lunaire qui s’est posé sur la mer de la Tranquillité en 1969.

Les frais de transmission des données n’ont fait obstacle à l’utilisation d’EpiSurveyor dans aucun pays. Les don-nées peuvent être transmises à tout moment par le ré-seau mobile, ou par le réseau Internet sans fil dans des hôtels ou des cybercafés, plutôt qu’en utilisant le signal du téléphone mobile sur le terrain.

Dans le cadre des projets pilotes, les membres des équipes chargées des enquêtes faisaient défiler les ques-tions sur l’écran de leur mobile. Les questions étaient « fermées », c’est-à-dire qu’il fallait y répondre par « oui » ou par « non », indiquer un nombre entier, ou cocher une case, et fournir une explication ou un témoignage. Les données étaient ensuite téléchargées immédiatement ou au plus tard à la fin de chaque journée d’enquête.

Le paludisme pour la phase pilote RAMP : pourquoi ?

Un grand nombre d’autres problèmes de santé publique en Afrique auraient pu être choisis. Si le paludisme a été sélec-tionné pour tester les outils RAMP, c’est en grande partie parce que c’est un « banc d’essai » exigeant, dans le cadre duquel la collecte de données est relativement complexe.

En outre, l’Afrique représente à elle seule près de 80 % de la charge de morbidité du paludisme dans le monde, ce que l’on constate instantanément sur tout planisphère illustrant la prévalence. Dans un des pays pilotes du pro-jet RAMP, le Nigéria, le nombre de décès annuels dus au paludisme était récemment plus élevé que dans les quatre autres pays les plus touchés pris ensemble : Éthio-pie, Ouganda, République démocratique du Congo et Tanzanie5. En 2010, le paludisme a causé quelque 655 000 décès, dont 86 % d’enfants de moins de 5 ans. Plus de 90 % des décès imputables au paludisme se sont produits dans la région africaine de l’OMS6.

Le paludisme a aussi été choisi en raison du taux de mortalité, en particulier des enfants de moins de 5 ans.

Les efforts déployés pour vaincre le paludisme ne peuvent porter leurs fruits que si les programmes huma-nitaires sont fondés sur un nombre suffisamment im-portant de données de qualité. À l’origine, les enquêtes RAMP devaient fournir des estimations sur l’accès aux moustiquaires et leur utilisation, ainsi que des informa-tions sur des facteurs comme le traitement des enfants qui ont de la fièvre et les pulvérisations d’insecticide à effet rémanent à l’intérieur des habitations.

Dans les trois pays sélectionnés pour la phase pilote en 2011, différents types de programmes de lutte contre le paludisme étaient en cours ou avaient été récemment achevés, ce qui permettait d’avoir des données concrètes en temps réel. Mais cela n’a pas été facile. Mac Otten, un pédiatre et épidémiologiste qui a collaboré à la phase pilote, insiste sur ce point : « Une enquête classique sur le paludisme est plus compliquée à réaliser que, par exemple, une enquête sur la diarrhée chez les enfants. Nos questions portent sur le ménage, les comporte-ments individuels et les moustiquaires, et elles sont liées, par exemple : “Qui dort sous cette moustiquaire ?” Garder une trace de toutes ces informations exige un grand effort de la part des équipes. »

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ale L’action soutenue par la communauté internatio-

nale pour éradiquer le paludisme en Afrique com-prend grosso modo trois volets :

1) Distribution massive de moustiquaires, conju-guée à la diffusion d’informations pour inciter tous les membres du foyer à dormir dessous toute l’année et pas uniquement pendant la sai-son des pluies. La distribution de moustiquaires est souvent accompagnée de campagnes de suivi visant à montrer aux personnes comment s’en servir et les entretenir de façon adéquate, notamment quand elles dorment à l’extérieur une partie de l’année.

2) Stratégies de traitement, en particulier la com-binaison thérapeutique à base d’artémisinine, qui trouve son origine dans la médecine chinoise traditionnelle et se substitue à l’ancien traite-ment antipaludique, auquel des malades ont développé une résistance. On informe aussi les personnes concernées de l’importance de prendre le traitement jusqu’au bout.

3) Pulvérisation d’insecticide sur les murs intérieurs des maisons où se posent les moustiques, ou « pulvérisation d’insecticide à effet rémanent à l’intérieur des habitations ». Ce procédé a une valeur protectrice pour toute la communauté, car il réduit le nombre de vecteurs dans la zone.

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Une grande attention a été portée à l’élaboration des enquêtes RAMP pour qu’elles soient représentatives de toute la population dans la zone à l’étude et qu’elles puissent être réalisées à un moment où il est probable que les personnes à interroger seront chez elles, et pas, par exemple, dans les champs (en période de récolte) ou à des manifestations religieuses.

Il n’est certes pas plus rapide d’aller de porte en porte avec, à la main, un téléphone mobile plutôt qu’un bloc-note, ou de pointer sur un support électronique au lieu de cocher une case avec un crayon. Mais ce que les en-quêtes RAMP de 2011 et 2012 ont permis d’établir de façon incontestable, c’est la rapidité avec laquelle les ré-

sultats des analyses pouvaient être obtenus une fois les données reçues.

« Nous obtenons des résultats préliminaires en 24 heures et nous élaborons un projet de rapport exhaustif en trois jours, alors que nous mettions trois mois avec les crayons et les blocs-notes. »

Mac Otten, concepteur RAMP, Fédération internationale

7. Haines, A., et al., « Achieving child survival goals: potential contribution of community health workers », The Lancet, 23 juin 2007. Disponible en anglais à l’adresse : www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17586307.

8. Kelly J., et al., « Community health worker performance in the management of multiple childhood illnesses: Siaya district, Kenya, 1997-2001 », American Journal of Public Health, 2001. Disponible en anglais à l’adresse : www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11574324.

District de Malindi (Kenya)Soins à assise communautaireLe premier projet RAMP pilote a été conduit au Kenya, dans le district de Malindi (province de la Côte), en janvier 2011, c’est-à-dire pendant la saison sèche, quand il est plus facile de se déplacer. Situé sur le littoral de l’océan Indien, Malindi est un district reculé au relief accidenté, où les taux de pauvreté sont éle-vés et l’accès aux services publics de santé faible. Souvent, il faut des heures pour atteindre le dispen-saire le plus proche. Dans ce contexte, les profession-nels de la santé publique estiment que des activités de plus en plus diverses peuvent être menées avec suc-cès dans la communauté par des volontaires qualifiés. Ces activités vont de la diffusion de messages simples sur le lavage des mains ou l’utilisation des mousti-quaires, à la transmission d’informations plus com-plexes, par exemple sur la prévention de la transmis-sion du VIH de la mère à l’enfant, et la prise en charge du paludisme et de la pneumonie chez l’enfant7.

Une étude d’agents communautaires de santé pre-nant en charge plusieurs maladies infantiles dans la province de Nyanza (Kenya) a montré que 90 % des cas de paludisme – le problème le plus courant – étaient adéquatement traités8, bien que ce ne soit pas le cas d’autres maladies. Ailleurs en Afrique, des travaux de recherche ont montré que le nombre de décès imputables au palu-disme chez l’enfant diminue quand les agents de santé locaux apprennent aux mères à administrer sans délai les médicaments antipaludiques et à s’assurer que leurs enfants reçoivent bien toute la dose nécessaire.

Prise en charge du paludisme à domicileLa prise en charge du paludisme à domicile devait concerner 70 000 personnes vivant en milieu rural dans des zones reculées de Malindi, dont les plus inaccessibles sont, durant la saison sèche, à deux heures et demie de route de la ville principale. L’objectif principal était de distribuer rapidement une combinaison thérapeutique à base d’artémisinine pour le traitement des cas supposés de paludisme chez les enfants de moins de 5 ans, par l’intermédiaire de volontaires qualifiés de la Croix-Rouge du Kenya établis au niveau de la communauté.

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Jumma Kiti / mère / village de Kombeni

« Ce que j’apprécie le plus, c’est que le projet a réduit la distance que nous devons parcourir pour arriver au ser-vice de santé. Généralement, c’est la nuit que les enfants se sentent mal, et en même temps. L’établissement de santé est à deux heures de chez nous. Il faudrait que je les porte tous les deux, un sur les épaules et l’autre dans les bras. C’est ce que je fais, mais uniquement jusqu’à la maison du volontaire. Je suis ravie et j’espère que le projet sera poursuivi encore longtemps. »

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Flexibilité, simplicité d’utilisation, faible coût : les enquêtes rapides par téléphone mobile offrent tous les avantages – enquête RAMPNovembre 2012Nelson Kahindi / infirmier / Établissement de santé de Masheheni

« Cela fait dix ans que je travaille ici. Nous couvrons une zone étendue, qui compte 27 972 habitants, et les gens font jusqu’à 15 km pour bénéficier d’un traitement. Dans le passé, l’espace là-bas sous les arbres grouillait de malades du paludisme. Chaque jour, je dirigeais vers l’hôpital de district deux enfants présentant des symp-tômes graves. Aujourd’hui, la charge de travail a diminué.La prise en charge du paludisme a domicile a considéra-blement changé les choses par rapport à ce que j’ai connu pendant des années. Les gens venaient chez moi à toute heure de la nuit, ce n’est plus le cas. Je peux dormir. Nous voyions 100 malades par jour en moyenne. Aujourd’hui, nous en voyons 50 au plus.Grâce au ciel, nous n’avons plus ici de cas graves de paludisme. La communauté témoignera de l’ampleur du changement, mais je peux en faire la preuve en présentant mes registres. »

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L’enquête RAMP dans le district de MalindiEn janvier 2011, trente villages ont été sélectionnés au hasard en tant qu’« unités primaires d’échantillon-nage » pour représenter l’ensemble de la population rurale du district de Malindi. Une liste des villages a été dressée, puis ceux-ci ont été découpés en unités selon les limites naturelles (p. ex. bordures des champs). Une unité dans laquelle des ménages seraient interrogés a été sélectionnée de façon aléatoire ; dans cette unité, dix ménages ont été à leur tour sélectionnés aléatoire-ment – c’est la méthode classique de statistiques. Pour un ménage, des données ont été collectées sur les per-sonnes y dormant habituellement. Dans la culture afri-caine, un « ménage » s’entend d’un groupe de personnes partageant la nourriture.

Trois questionnaires ont été élaborés à l’aide d’Epi-Surveyor (Magpi après janvier 2013) installé sur des téléphones mobiles de marque Nokia9 : renseigne-ments sur le ménage, nombre de moustiquaires, et liste des personnes, sur la base d’un modèle élaboré à l’origine par le partenariat « Faire reculer le paludisme » et revu par des experts techniques du ministère kényan de la Santé.

Les volontaires de la Croix-Rouge ont reçu une formation d’enquêteur. Tous étaient d’un niveau d’étude se-condaire, et beaucoup avaient déjà conduit des entretiens dans le cadre d’enquêtes. Six équipes de volon-taires de la Croix-Rouge du Kenya, encadrés par des membres du ministère de la Santé, ont téléchargé sur le champ les données recueillies, ou au plus tard à la fin de la journée, une fois de retour dans la ville de Malindi.

La méthode RAMP est par nature un outil de suivi et d’évaluation, qu’elle soit utilisée pour évaluer le degré de gravité et la nature d’un problème avant une opération, ou l’impact humanitaire après. Néanmoins, il n’est peut-être pas étonnant que l’un de ses plus fervents partisans au Kenya soit Kiilu Kioko, directeur du dépar-tement Suivi et évaluation de la Croix-Rouge du Kenya.

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î Enseignements tirés dans le district de Malindi (neuf indicateurs clés)1. Ménages possédant au moins une moustiquaire

(moustiquaire imprégnée d’insecticide/MILDA) ..................................................... 78 %2. Personnes ayant accès à une moustiquaire10 ........................................................ 68 %3. Personnes (tous âges) ayant dormi sous une moustiquaire la nuit précédente ..... 55 %4. Moins de 5 ans ayant dormi sous une moustiquaire la nuit précédente ................ 65 %5. Moustiquaires utilisées la nuit précédente ............................................................. 87 %6. Moustiquaires suspendues la nuit précédente ...................................................... 86 %7. Moins de 5 ans fiévreux au cours des deux dernières semaines

ayant reçu la combinaison thérapeutique à base d’artémisinine ........................... 77 %8. Moins de 5 ans fiévreux au cours des deux dernières semaines ayant

reçu la combinaison thérapeutique à base d’artémisinine dans les 24 heures ...... 69 %9. Moins de 5 ans fiévreux au cours des deux dernières semaines

pour lesquels un dépistage sanguin du paludisme a été effectué11 ....................... 14 %

« Nous voulons étendre les enquêtes RAMP à d’autres programmes, dans des domaines comme l’eau et l’assainissement et la gestion de catastrophes. Nous avons la majeure partie du matériel informatique nécessaire. Ensuite, nous passerons à l’élaboration des questionnaires. Nous avons fait participer à la formation de base pour Malindi des chargés du suivi et de l’évaluation de toutes les régions du pays, et donc nous bénéficions aussi d’un grand savoir-faire. Nous sommes prêts à utiliser l’outil. Nous sommes prêts à nous lancer. »

Kiilu Kioko, directeur du département Suivi et évaluation, Croix-Rouge du Kenya

9. Modèles Nokia 2700, 2730, E63 et E71. 10. L’« accès » a été défini comme la possibilité de s’abriter sous une moustiquaire présente dans le ménage au moment de l’enquête sans toutefois pouvoir

en confirmer l’utilisation concrète.11. L’objectif le plus récent est que 100 % des moins de 5 ans se fassent convenablement dépister avant le traitement.

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Bande de Caprivi, Namibie I

La première enquête RAMP dans la bande de CapriviSituée dans le nord-est de la Namibie, la bande de Caprivi est la région la plus chaude du pays. Son relief accidenté était une des difficultés auxquelles l’équipe chargée de la phase pilote de l’enquête RAMP a dû faire face, les autres allant des bicyclettes endommagées à la présence d’éléphants. Malgré tout, l’enquête a pu être réalisée dans le respect du budget et des délais. Les résultats ont constitué un argument de poids en faveur de l’intensification des initiatives de lutte contre le paludisme dans la région, en vue d’atteindre le niveau des avancées spectaculaires déjà enregistrées dans le pays. Les cas de paludisme et les décès dus à la maladie diminuent rapidement dans la plus grande partie du pays depuis 2001. Les avancées sont dues en partie à la couverture accrue des initiatives visant les populations très exposées. Les pulvérisations d’insecticide à effet rémanent à l’intérieur des habitations sont pratiquées régulièrement depuis 2001. L’enquête a été menée dans le cadre du projet Communities Fighting Malaria (les communautés contre le paludisme – projet CFM) de la Croix-Rouge de Namibie, que la section de Katima Mulilo – la principale ville de la région – conduit dans quatre districts : Kongola, Katima Rural, Kabbe et Linyanti. Fin 2011, le projet était en passe d’atteindre son objectif : fournir à 12 700 ménages (60 000 personnes) des informations sur le paludisme centrées sur l’utilisation des moustiquaires. Le seul problème – information importante révélée par l’enquête –, c’est que de nombreux foyers ne sont pas équipés de moustiquaires.

L’enquête RAMP, menée en mai 2011, a permis d’obtenir des données probantes indiquant un manque criant de moustiquaires. Le nombre de ménages qui en possèdent, et donc la proportion de personnes en mesure de dormir sous une moustiquaire, sont bien inférieurs à ceux des deux autres pays où des enquêtes RAMP ont été conduites.

Les habitants du village de Nfooma, au sud de Katima Mulilo, n’avaient pas encore terminé de déblayer le ter-rain après la crue destructrice du fleuve Zambèze, qui se produit, semble-t-il, chaque année. Beauty Mapenzi exerçait toujours à mi-temps son emploi d’intervenante locale du projet CFM tandis que son mari construi-sait une nouvelle maison pour eux et leurs trois enfants, plus haut sur la berge.

Beauty, 35 ans, et sa voisine et collègue, Sharon, 29 ans, mère d’un petit garçon de 3 ans, Mwemba, ont expli-qué que le manque de moustiquaires au niveau local pose davantage problème que le manque d’attention aux informations sur leur utilisation. Selon les deux femmes, seule la moitié environ des ménages de Nfooma possèdent des moustiquaires. Nombre de moustiquaires disponibles, ont-elles ajouté, viennent des opéra-tions de secours conduites à la suite des inondations, et non d’une campagne de prévention du paludisme. Malgré tout, beaucoup de femmes enceintes, de mères et de jeunes enfants ont accès à des moustiquaires grâce aux distributions organisées par le gouvernement.

À Sifuha, un village voisin plus grand, France Inoke, 32 ans, un autre volontaire du projet CFM, a reconnu que la lutte contre le paludisme était paralysée par la pénurie de moustiquaires. Un grand nombre de cas avaient été détectés depuis les inondations. « Les gens voudraient utiliser une moustiquaire, mais s’ils n’en

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ont pas, et si nous n’en recevons pas de la Croix-Rouge de Namibie, tout ce que nous pouvons faire c’est de leur conseiller d’en acheter une au marché social12», a-t-il expliqué.

La Croix-Rouge de Namibie est un important four-nisseur de moustiquaires pour les habitants de Sifuha, un village difficile d’accès, à plusieurs kilo-mètres de la route. On peut acheter une mousti-quaire à Katima Mulilo pour 30 dollars namibiens (environ USD 4,50), mais les villageois de la bande de Caprivi vivent de leurs cultures, de la chasse et de la pêche, et du troc, et n’ont pratiquement pas d’argent liquide. « Il nous faut plus de moustiquaires », a affirmé Polly Helmut, secrétaire de section de la Croix-Rouge de Namibie. « Si on nous donne des moustiquaires, nos volontaires les distribueront. »

La Namibie est indiscutablement en bonne voie pour venir à bout du paludisme en ce début de siècle. Elle continue à œuvrer pour concrétiser sa vision d’un pays sans paludisme à l’horizon 2020. Des facteurs natio-naux, comme des infrastructures de santé de qualité – tous les dispensaires ruraux ont les médicaments nécessaires pour la combinaison thérapeutique à base d’artémisinine et des tests de diagnostic rapide –, et un programme national efficace de lutte contre les maladies à transmission vectorielle viennent se conjuguer aux stratégies soutenues au niveau international pour tourner la page de la maladie.

î Enseignements tirés dans la bande de Caprivi1. Ménages possédant au moins une moustiquaire

(moustiquaire imprégnée d’insecticide/MILDA) ..................................................... 59 %

2. Personnes ayant accès à une moustiquaire13 ....................................................... 44 %

3. Personnes (tous âges) ayant dormi sous une moustiquaire la nuit précédente ............................................................................................................ 38 %

4. Moins de 5 ans ayant dormi sous une moustiquaire la nuit précédente ................ 42 %

5. Moustiquaires utilisées la nuit précédente ............................................................. 86 %

6. Moustiquaires suspendues la nuit précédente ...................................................... 82 %

7. Moins de 5 ans fiévreux au cours des deux dernières semaines ayant reçu la combinaison thérapeutique à base d’artémisinine ........................... 71 %

8. Moins de 5 ans fiévreux au cours des deux dernières semaines ayant reçu la combinaison thérapeutique à base d’artémisinine dans les 24 heures ................................................................................................. 61 %

9. Moins de 5 ans fiévreux au cours des deux dernières semaines pour lesquels un dépistage sanguin du paludisme a été effectué ......................... 31 %

Sharon, 29 ans, une animatrice du projet CFM de la Croix-Rouge de Namibie à Nfooma, un village au sud de Katima Mulilo (bande de Caprivi), explique que le manque de moustiquaires au niveau local pose davantage problème que le manque d’attention aux informations sur leur utilisation.

12. Une boutique caritative à Katima Mulilo. 13. L’« accès » a été défini comme la possibilité de s’abriter sous une moustiquaire présente dans le ménage au moment de l’enquête sans toutefois pouvoir

en confirmer l’utilisation concrète.

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État de Cross River, Nigéria

Dans l’État de Cross River, une distribution massive de moustiquaires a eu lieu en 2008, mais trois ans après, fatalement, beaucoup sont criblées de trous, en bout de vie. Rose, 22 ans et mère de deux enfants, garde la sienne à tout hasard mais a été soulagée quand des volontaires de la Croix-Rouge du Nigéria lui en ont apporté une nouvelle en février 2010, dans le cadre de la première phase d’une campagne de distribution et de suivi financée par USAID, dont l’objectif était d’équiper tous les foyers de l’État.

Une fois par an environ, Rose a un accès de paludisme, parfois violent, parfois modéré. « Le pire, ce sont les vertiges, explique-t-elle. Heureusement, les enfants ne sont pas atteints et ils ne le seront probablement pas maintenant que toute la famille dort sous une moustiquaire. »

L’enquête RAMP dans l’État de Cross RiverLa phase pilote de l’enquête RAMP a été conduite en juin-juillet 2011. Une partie du questionnaire sert à recueillir des informations sur les conditions de vie du ménage. Les réponses de Rose ont indiqué qu’elle a l’électricité, une télévision, une radio, un réfrigérateur, un ventilateur et une chasse d’eau, mais pas de voiture ni d’animal ; elle cuisine au bois mais doit se déplacer pour acheter de l’eau potable à cinq nairas (environ USD 3 cents) les 20 litres. L’hôpital le plus proche se trouve à un kilomètre seulement, mais aucune campagne d’information sur le paludisme n’a été menée au cours des six derniers mois. David a entré toutes les données dans son téléphone mobile pour les télécharger à la fin de la journée.

Theresa interroge Agnes, 32 ans, à son domicile. Le fils d’Agnes a eu récemment de la fièvre, mais comme elle était modérée, elle ne l’a pas emmené effectuer un dépistage du paludisme. Elle aurait dû, bien sûr, mais d’après ce qu’elle savait, l’enfant n’était pas atteint.

La maison d’Agnes est spacieuse, avec plusieurs grandes pièces et des murs et des plafonds solides, mais elle présente un problème récurrent : il n’y a pas d’accroche pour suspendre facilement une moustiquaire. Agnes s’est débrouillée pour suspendre la sienne au-dessus du lit principal à l’aide d’une corde clouée au mur. Durant la campagne de suivi organisée par la Croix-Rouge après la distribution massive de moustiquaires, des conseils ont été donnés sur la manière de suspendre les moustiquaires et l’accent a été mis l’importance de les maintenir en hauteur et de bien les entretenir.

Le lendemain, quand David et Theresa sont arrivés au village d’Etikpe – ou, en langage RAMP, au « groupe 17 » –, ils ont constaté qu’il est divisé en deux. Etikpe s’élève de part et d’autre de la route principale vers Calabar : l’ouest est le domaine du chef Felix Asho, l’autre partie celui du chef Raymond Atef. « Les moustiques nous empêchent de dormir, a indiqué le chef Atef, mais les personnes qui ont une moustiquaire peuvent désormais se protéger. » Les villageois disent que la rivière voisine crée les conditions humides favorables à la proliféra-tion des moustiques.

La première étape de l’enquête RAMP consistait à « découper » le village en trois, ce que David et Theresa ont fait avec des villageois venus prêter main forte : dans la partie ouest, ils ont créé le groupe A, comprenant 56 ménages, et de l’autre côté de la route, le groupe B, qui comprenait 40 ménages, et le groupe C, 80 ménages. Dans ces trois groupes, ils ont sélectionné un groupe de façon aléatoire en tenant compte de la taille, sur la

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base de la méthode classique d’enquête. Les groupes étant toujours un peu trop grands, ils ont appliqué la même mé-thode de découpage pour le groupe sélectionné, ce qui a don-né trois sous-groupes comptant chacun un nombre plus faible de ménages. L’un de ces sous-groupes a été sélectionné de façon aléatoire. Puis ils ont repéré et dénombré les habita-tions dans le sous-groupe sélectionné et, encore aléatoire-ment, ils ont sélectionné dix ménages qui seraient interrogés dans le cadre de l’enquête.

L’enquête a duré une semaine. Il y avait 30 groupes, de dix ménages chacun, ce qui faisait 300 entretiens représentatifs d’une population de 1,7 million de personnes. Les données col-lectées ont été téléchargées, triées et – fait le plus admirable – analysées presque sur le champ. Les dernières informations ont été téléchargées vendredi 1er juillet vers 18 heures, heure locale, et analysées par un spécialiste. Le lendemain, à 9 heures, les volontaires et les partenaires locaux se réunissaient pour examiner les résultats et recevoir des explications.

14. L’« accès » a été défini comme la possibilité de s’abriter sous une moustiquaire présente dans le ménage au moment de l’enquête sans toutefois pouvoir en confirmer l’utilisation concrète.

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î Enseignements tirés dans l’État de Cross River1. Ménages possédant au moins une moustiquaire

(moustiquaire imprégnée d’insecticide/MILDA) ..................................................... 87 %

2. Personnes ayant accès à une moustiquaire14 ....................................................... 66 %

3. Personnes (tous âges) ayant dormi sous une moustiquaire la nuit précédente ...... 60 %

4. Moins de 5 ans ayant dormi sous une moustiquaire la nuit précédente ................ 71 %

5. Moustiquaires utilisées la nuit précédente ............................................................. 84 %

6. Moustiquaires suspendues la nuit précédente ...................................................... 86 %

7. Moins de 5 ans fiévreux au cours des deux dernières semaines ayant reçu la combinaison thérapeutique à base d’artémisinine ........................... 60 %

8. Moins de 5 ans fiévreux au cours des deux dernières semaines ayant reçu la combinaison thérapeutique à base d’artémisinine dans les 24 heures ................................................................................................. 24 %

9. Moins de 5 ans fiévreux au cours des deux dernières semaines pour lesquels un dépistage sanguin du paludisme a été effectué ......................... 16 %

« L’enquête réalisée par téléphone mobile a été très utile, car elle a montré à nos volontaires un autre aspect de l’action humanitaire et nous a permis de développer notre prestation de services. La formation nous a indéniablement aidés à renforcer nos capacités, au point que nous pourrions assurer cette formation dans d’autres États nigérians. »

Elder Bolagi Anani, président de la section de la Croix-Rouge du Nigéria dans l’État de Cross River

Des volontaires de la Croix-Rouge du Nigéria installent une moustiquaire dans le cadre d’une campagne de distribution visant à équiper tous les foyers l’État de Cross River.

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Photos sur l’enquête RAMP : État de Cross River, Nigéria

3 À l’issue de la formation, l’équipe se rend sur le site de l’enquête. On lui a indiqué quels étaient les groupes auprès desquels l’enquête devait être menée.

4 L’équipe d’enquête sur le terrain sélectionne, sur la base d’un échantillonnage aléatoire simple, les ménages dans lesquels des entretiens seront réalisés.

2 Dans le cadre de la formation à l’enquête RAMP, une demi-journée de pratique est organisée sur le terrain pour évaluer les connaissances acquises.

1 Formation des chefs d’équipe et des chargés des enquêtes : une étape importante, qui permet de s’assurer que des données exactes et fiables sont collectées et que les rôles et responsabilités de l’équipe d’enquête sont bien compris.

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5 Les chargés de l’enquête visitent ensuite les ménages sélectionnés pour les entretiens.

7 Des tableaux d’analyses préliminaires ou un bulletin de résultats sont généralement disponibles quelques heures après le dernier entretien. Dans les quatre enquêtes décrites dans ce document, un projet de rapport complet a été produit dans les 72 heures suivant la fin de l’enquête, donnant une description détaillée du contexte, des méthodes et une analyse des résultats.

6 Après avoir obtenu le consentement de l’enquêté, le chargé de l’enquête conduit l’entretien et saisit les données dans le téléphone mobile. Une fois collectées, les données peuvent être envoyées en temps réel à un serveur sécurisé à des fins de stockage, puis nettoyées par un analyste.

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Bande de Caprivi, Namibie II

Le suivi 2012 de l’enquête RAMPEn février 2012, la Croix-Rouge de Namibie, avec le soutien de la Fédération internationale et d’autres partenaires, a conduit une deuxième enquête RAMP sur le paludisme dans la région de Caprivi. Cette en-quête a servi d’enquête finale de la première année du projet CFM et d’enquête initiale d’un nouveau cycle de financement de projets pour 2012. La Croix-Rouge de Namibie a attiré des partenaires qui ont apporté leur savoir-faire dans l’examen des questionnaires, l’échantillonnage, la formation et l’analyse des données.

Les partenaires ont étudié ensemble les questionnaires RAMP standard sur le paludisme et les ont adaptés à leur propre contexte. Les questionnaires devaient être alignés sur la planification stratégique nationale en matière de prévention et de lutte antipaludiques. Des questions ont été ajoutées pour mesurer les connaissances des mé-nages sur le paludisme et savoir quelles sont les mesures de prévention qu’ils prennent – des domaines d’un intérêt particulier pour la Croix-Rouge de Namibie et Malaria No More, le principal donateur du projet CFM.

L’enquête était en grande partie une initiative locale. Des experts du Bureau central de la statistique ont apporté une aide technique pour l’échantillonnage. Les 30 unités primaires d’échantillonnage ont été sélectionnées dans l’échantillon-maître utilisé pour le recensement national. À Katima Mulilo, le chef-lieu de la région, les coordonnateurs de l’enquête ont consulté l’Unité d’information géographique du Bureau central de la statistique, qui a fourni des cartes sur lesquelles les équipes d’enquête se sont appuyées pour conduire les entretiens. Sur le terrain, les responsables locaux et les villageois ont aidé à repérer, lister et localiser les ménages.

Les équipes de programme de la Croix-Rouge de Na-mibie ont reçu une formation sur la méthode d’en-quête RAMP délivrée par des experts techniques de la Fédération internationale. À la fin de la formation de quatre jours, les volontaires de la Croix-Rouge se sentaient prêts à aller sur le terrain. La collecte de données s’est déroulée comme prévu, même si les véhicules se sont enlisés dans la boue le dernier jour. Les équipes n’ont pas pour autant renoncé à conduire les entretiens prévus avec six groupes ce jour-là.

« Tout s’est bien passé, surtout la collecte de données avec les téléphones. C’est facile et plus rapide qu’avec les formulaires. J’aimerais que l’enquête soit conduite à nouveau dans un an. »

Beauty Chikalila, volontaire de la Croix-Rouge chargée de l’enquête

« C’est très agréable d’apprendre en pratiquant. Maintenant, je comprends la plupart des éléments fondamentaux de l’enquête RAMP et je peux la conduire moi-même en bonne partie. J’ai hâte d’en apprendre davantage ! »

Hilma Kambundu, administratrice, Planification, suivi et compte rendu, Croix-Rouge de Namibie

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Quelques jours après le dernier entretien, la Croix-Rouge de Namibie a réuni les partenaires pour examiner les résultats préliminaires. De nombreux indicateurs ont montré que la situation s’était améliorée depuis la première enquête. Néanmoins, un des résultats fondamentaux n’avait pas changé : la population détient la moitié du nombre de moustiquaires nécessaires pour atteindre un taux de couverture de 100 %.

Des employés du siège de la Croix-Rouge de Namibie et de la section de la région de Caprivi ont acquis les compétences et les connaissances nécessaires pour conduire une enquête RAMP. Au total, 18 volontaires ont reçu une formation sur l’utilisation des téléphones mobiles pour collecter des données dans le cadre de l’enquête sur le paludisme. Six de ces volontaires étaient aussi chefs d’équipe, ce qui leur a permis d’acquérir des compétences en matière d’enquêtes auprès de la population et de gestion des équipes. Dans leur communauté, les volontaires utilisaient aussi les téléphones pour rester en contact avec le bureau de la section.

Il faut renforcer davantage les capacités, mais les enquêtes RAMP ont déjà permis d’acquérir une bonne expérience, qui sera accrue à mesure que la méthode sera appliquée à d’autres zones.

« Quand nous avons entendu parler de l’enquête RAMP pour la première fois, nous avons pensé que c’était trop beau pour être vrai. Mais voyez ! Quelques jours seulement après les entretiens, nous avons déjà les résultats de l’enquête, et ils nous aideront à décider des mesures à prendre. »

Naemi Heita, secrétaire générale adjointe, Croix-Rouge de Namibie

« Depuis l’enquête RAMP, notre façon de communiquer avec les volontaires dans les villages s’est considérablement améliorée. Nous attendons beaucoup des volontaires en termes de collecte de données, et nous réfléchissons à des moyens d’utiliser les téléphones pour nos activités habituelles de suivi. »

Polly Helmut, secrétaire de section, Croix-Rouge de Namibie

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15. L’intervalle entre les deux enquêtes en Namibie a été de courte durée, d’où les similitudes dans les résultats. Dans le cas de la première enquête, le programme de formation des enquêteurs était en cours d’élaboration, ce qui pourrait expliquer quelques anomalies dans les résultats.

16. L’« accès » a été défini comme la possibilité de s’abriter sous une moustiquaire présente dans le ménage au moment de l’enquête sans toutefois pouvoir en confirmer l’utilisation concrète.

« L’année dernière, nous avons acquis de l’expérience en matière d’enquête RAMP. Cela a été bénéfique pour notre action de lutte contre le paludisme, et nous voulons voir comment la méthode peut être appliquée à d’autres domaines d’activité, comme la tuberculose, le VIH/sida, et l’eau et l’approvisionnement. »

Laimi Onesmus, responsable nationale des services de santé, Croix-Rouge de Namibie

î Enseignements dans la région de Caprivi en 201215

1. Ménages possédant au moins une moustiquaire (moustiquaire imprégnée d’insecticide/MILDA) ..................................................... 62 %

2. Personnes ayant accès à une moustiquaire16 ....................................................... 50 %

3. Personnes (tous âges) ayant dormi sous une moustiquaire la nuit précédente ............................................................................................................ 44 %

4. Moins de 5 ans ayant dormi sous une moustiquaire la nuit précédente ................ 55 %

5. Moustiquaires utilisées la nuit précédente ............................................................. 94 %

6. Moustiquaires suspendues la nuit précédente ...................................................... 94 %

7. Moins de 5 ans fiévreux au cours des deux dernières semaines ayant reçu la combinaison thérapeutique à base d’artémisinine ........................... 29 %

8. Moins de 5 ans fiévreux au cours des deux dernières semaines ayant reçu la combinaison thérapeutique à base d’artémisinine dans les 24 heures ................................................................................................. 22 %

9. Moins de 5 ans fiévreux au cours des deux dernières semaines pour lesquels un dépistage sanguin du paludisme a été effectué ......................... 25 %

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Analyse des données

Les statistiques sont utiles, mais les chiffres à eux seuls ne traduisent pas la dimension humaine qui se cache derrière les questions. Les analyses des données donnent différentes images des situations. Les enquêtes pilotes conduites en 2011 ont montré qu’au Nigéria et au Kenya, des progrès importants avaient été réalisés sur la voie d’un taux de couverture à 100 %, mais que des lacunes subsistaient. La possession de moustiquaires et la possi-bilité d’y avoir accès étaient plus faibles dans la bande de Caprivi (Namibie), où de grandes avancées avaient par ailleurs été réalisées dans la lutte contre le paludisme.

Le pourcentage de personnes ayant dormi sous une moustiquaire la nuit précédant l’enquête est un indica-teur important, qui mesure la combinaison de l’« accès » et de l’« utilisation ». Les personnes peuvent posséder une moustiquaire et même l’avoir suspendue, mais cela ne signifie pas qu’elles dorment dessous. Savoir qui a dormi sous quelle moustiquaire est une information per-tinente. Si les taux d’utilisation par les personnes de tous âges au Kenya (55 %) et au Nigéria (60 %) révélés par l’en-quête RAMP sont loin de l’objectif de 100 %, ils traduisent déjà des progrès considérables. Avant la récente intensi-

fication des actions de lutte contre le paludisme, ces taux étaient inférieurs à 10 %. Au Kenya et au Nigéria, deux tiers des enfants de moins de 5 ans avaient dormi sous une moustiquaire la nuit précédant l’enquête.

L’enquête RAMP a fait ressortir à la fois les atouts des programmes de lutte contre le paludisme et les lacunes encore à combler. Dans deux des trois lieux de l’enquête, la plupart des ménages ont bénéficié des distributions massives, mais tous n’ont pas un nombre suffisant de moustiquaires. Les enquêtes ont indiqué que des investi-gations de qualité supplémentaires étaient nécessaires pour déterminer comment atteindre des taux de posses-sion et d’accès de 100 % et un taux d’utilisation proche de 100 %.

Coûts d’une enquête RAMP

Le tableau ci-dessous montre les coûts effectifs par pays de la phase pilote des enquêtes RAMP. Dans chaque cas, les équipes chargées de l’enquête avaient suivi une formation de quatre ou cinq jours avant de collecter des données auprès de 300 ménages, sur cinq jours.

Kenya* Namibie 1 Namibie 2* Nigéria Moyenne

Formation (4 ou 5 jours) avec deux facilitateurs

USD 8 792 USD 12 425 USD 10 912 USD 10 362 USD 10 623

Nombre de participants 20 18 18 20

Enquête sur le terrain, dont transport, indemnités journalières et hébergement

USD 6 767** USD 17 134 USD 14 531 USD 11 229 USD 12 415

Nombre d’équipes 6 6 6 6

Téléphones mobiles, accessoires et temps d’émission des données

USD 3 261 USD 3 433 USD 6 203 USD 2 326 USD 3 806

Gestion de l’enquête (et responsable des données engagé sur place - Nigéria uniquement)

USD 3 355 USD 1 782 USD 3 247 USD 3 943 USD 2 243

Dépenses totales USD 22 175 USD 34 774 USD 34 893 USD 27 860 USD 29 087

* Au Kenya et en Namibie (pour la deuxième phase pilote), la formation a duré quatre jours.** Au Kenya, des véhicules ont été fournis gratuitement.

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À noter :

1. Chaque formation (quatre ou cinq jours) a compris une ou deux demi-journées de test sur le terrain.

2. L’enquête sur le terrain a duré cinq jours, et les dépenses englobent les indemnités journalières et l’hébergement des chefs d’équipe et des membres des équipes d’enquête, le transport, y compris le carburant, l’entretien et les chauffeurs, ainsi qu’un véhicule supplémentaire pour l’équipe de soutien et de suivi. Tous les coûts relatifs à l’équipe de soutien et de suivi, comme les indemnités journalières et les communications, sont compris.

3. Les dépenses liées aux téléphones mobiles, aux char-geurs, aux barres d’alimentation et à l’émission des

données couvrent la fourniture d’un téléphone à chaque membre de l’équipe et de deux téléphones supplé-mentaires pour le coordonnateur de l’enquête et le responsable des données.

4. Les frais de gestion englobent le soutien financier, le soutien informatique, la planification et la finalisation de l’enquête.

Les coûts de développement de l’enquête RAMP n’ont pas été inclus. Toute organisation réalisant une enquête RAMP pour la première fois pourrait devoir assumer des coûts supplémentaires liés au soutien technique et au renforcement des capacités.

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Développer l’approche RAMP

La méthode RAMP a été très bien accueillie par les So-ciétés nationales et les partenaires de la Fédération in-ternationale dans les pays où elle a été testée. « Rien n’est impossible avec cette approche », a déclaré le vice-directeur de la Commission de planification de l’État de Cross River, chargée de rassembler des données socio-économiques sur la population.

À l’issue de la phase pilote à Malindi, la Croix-Rouge du Kenya a présenté une proposition entièrement financée pour appliquer l’approche RAMP à des activités relatives à l’eau et à l’assainissement et à la gestion des catas-trophes, ou, comme l’a formulé Kiilu Kioko, pour « auto-matiser » les activités de suivi et d’évaluation de la So-ciété nationale. Des fonds ont été obtenus, et du personnel a été recruté pour la gestion des données et l’établisse-ment des rapports. Les enquêtes par téléphone mobile font désormais partie du plan d’évaluation de la Société nationale.

Pour Naemi Heita, secrétaire générale adjointe, Croix-Rouge de Namibie, qui a vécu des situations d’urgence liées aux inondations trois années de suite, l’eau et l’as-sainissement sont les domaines où il serait le plus utile de développer l’approche RAMP. Quand il a fallu réaliser l’enquête finale du projet CFM dans la bande de Caprivi, la méthode choisie a été une deuxième enquête RAMP.

« Comme pour beaucoup d’innovations actuelles efficaces, nous avons combiné deux réseaux qui ont fait leurs preuves – l’un, humain, à savoir nos volontaires, et l’autre, technique – pour produire un troisième service complète-ment nouveau », explique le Dr Michael Charles, coor-donnateur des programmes pour la région Afrique aus-trale à la Fédération internationale à Gaborone. « Tous les volontaires de la Croix-Rouge dans les pays pilotes utili-saient déjà des téléphones mobiles, mais cette expérience leur a permis d’acquérir de nouvelles compétences en matière de collecte de données et d’accès à Internet. »

Jason Peat, administrateur principal Santé chargé du paludisme, souligne que l’initiative RAMP reposait dès le départ sur un partenariat. « La Fédération internatio-nale, l’OMS et DataDyne, précise-t-il, avec le soutien d’éminents épidémiologistes, ont passé plusieurs jours à définir le concept ensemble, notamment la méthode d’enquête et les modalités de la phase pilote. » Les So-ciétés nationales des pays où la phase pilote a eu lieu se sont associées à ce partenariat, en s’assurant que les enquêtes répondaient à leurs propres besoins.

D’autres Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont invitées à analyser leurs besoins en matière de données dans de nombreux domaines de programme et à se renseigner sur les potentialités de la méthode d’enquête RAMP. La Fédération internationale s’emploiera à fournir un appui technique suffisant pour les premières étapes du processus, et veillera à prendre en compte les critères spécifiques de chaque pays. L’outil RAMP a bien des atouts et des avantages, parmi lesquels sa flexibilité, sa rigueur scientifique, son faible coût et sa simplicité d’utilisation.

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Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

Flexibilité, simplicité d’utilisation, faible coût : les enquêtes rapides par téléphone mobile offrent tous les avantages – enquête RAMPNovembre 2012

Une boîte à outils a été élaborée pour aider toute orga-nisation souhaitant conduire une enquête RAMP. Elle comprend trois ouvrages sur papier et un site Internet. Des informations sont données sur la conception et la mise en œuvre d’une enquête RAMP, et il y a un manuel de formation modulaire pour les membres des équipes d’enquête et les chefs d’équipe. Le premier ouvrage propose des informations détaillées sur la conception d’une enquête et montre dans quelle mesure la mé-thode RAMP est conforme à la méthode d’enquête éta-

blie. Le guide de mise en œuvre et le programme de formation prennent pour exemple une enquête réali-sée à la suite d’une distribution de MILDA, mais il sera possible de les adapter à d’autres domaines de pro-gramme. Le site Internet est une ressource dynamique, qui contient des nouvelles et des rapports d’enquêtes RAMP réalisées dans différents pays, des formulaires et des outils types, ainsi que les questionnaires les plus récents et des liens utiles. Voir www.ifrc.org/ramp.

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Humanité Né du souci de porter secours sans dis-crimination aux blessés des champs de bataille, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, sous son aspect international et national, s’efforce de prévenir et d’alléger en toutes circonstances les souffrances des hommes. Il tend à protéger la vie et la santé ainsi qu’à faire respecter la personne humaine. Il favorise la compréhension mutuelle, l’amitié, la coopération et une paix durable entre tous les peuples.

Impartialité Il ne fait aucune distinction de nation-alité, de race, de religion, de condition sociale et d’appartenance politique. Il s’applique seulement à secourir les individus à la mesure de leur souffrance et à subvenir par priorité aux détresses les plus ur-gentes.

Neutralité Afin de garder la confiance de tous, le Mouvement s’abstient de prendre part aux hostilités et, en tout temps, aux controverses d’ordre politique,

racial, religieux et idéologique.Indépendance Le Mouvement est indépendant. Auxiliaires des pouvoirs publics dans leurs activités humanitaires et soumises aux lois qui régissent leur pays respectif, les Sociétés nationales doivent pour-tant conserver une autonomie qui leur permette d’agir toujours selon les principes du Mouvement.

Volontariat Il est un mouvement de secours volon-taire et désintéressé.

Unité Il ne peut y avoir qu’une seule Société de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge dans un même pays. Elle doit être ouverte à tous et étendre son ac-tion humanitaire au territoire entier.

Universalité Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, au sein duquel toutes les Sociétés ont des droits égaux et le devoir de s’entraider, est universel.

Les Principes fondamentaux du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

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Informations complémentaires : www.ifrc.org/ramp, ou

Jason PeatAdministrateur principal Santé, paludisme Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge Courriel : [email protected]

www.ifrc.org Sauver des vies, changer les mentalités.