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Les familles Bergeron et Janelle sont liées dès leur arrivée en Nouvelle France. Marie Anne Guédon, fille du roi, épouse à son arrivée Gabriel Benoit Laforest. Leur fille, Marguerite Benoit mariée à Jean Guy Vacher Lacerte, assure la descendance du couple jusqu’à notre grand-père Félix Bergeron alors que la fille de Pierre Benoit, frère de Marguerite, épouse François Janelle, l’ancêtre de notre grand-mère Julie Anne. Robert Bergeron l’avant-dernier fils de Félix et Julie-Anne, et Simon Lavallée l’aîné des petits-enfants, racontent qu’avant son mariage Félix est allé travailler à Pawtucket. Cette ville du Rhodes-Island a abrité la première usine de textile aux Etats-Unis. Félix faisait-il partie du million de Franco-Américains partis travailler aux États-Unis vers le début du 20e siècle ? On sait que la majorité travaillait dans les filatures de l’industrie du textile. Toutefois, le registre des passages à la frontière canado-américaine entre 1895 et 1956 ne fait état d’aucun séjour de Félix aux Etats-Unis. Demeure la possibilité que Félix ait utilisé un passeur illégal bien qu’on doute qu’il ait eu recours à un tel stratagème. Après leur mariage, le couple s’installe chez Napoléon Bergeron, le frère de Félix qui vit à St-Germain-de-Grantham, dans une grande maison du 10è rang. Cette maison fait face à celle d’Alfred, autre frère de Félix. Les deux maisons existent toujours mais celle d’Alfred a été déplacée sur la gauche par le dernier propriétaire . Simone, l’ainée de la famille qui comptera dix enfants, nait à St-Germain. En 1906 ou au début de 1907, à tout le moins avant la naissance de Marc, la famille déménage à St-Nazaire- d’Acton, Félix achète une terre qu’il devra dessoucher et qui s’avèrera impropre à la culture. Cette terre, propriété de Joseph Arpin 1 , située au 13e rang du Canton de Grantham, a une contenance de trois arpents trois perches et seize pieds de largeur sur plus ou moins 25 arpents de profondeur. Félix Bergeron 1879-1950 & Julie Anne Janelle 1884-1957 1 1 Vente Joseph Arpin à Félix Bergeron, No enregistrement 38699, le 21 novembre 1911 B 41. Vente Félix Bergeron à Bruno Forcier. No enregistrement 55960, le 18 avril 1921.

Félix Bergeron 1879-1950 & Julie Anne Janelle 1884-1957 Bio.pdfMarguerite Benoit mariée à Jean Guy Vacher Lacerte, assure la descendance du couple jusqu’à notre grand-père Félix

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  • Les familles Bergeron et Janelle sont liées dès leur arrivée en Nouvelle France. Marie Anne Guédon, fille du roi, épouse à son arrivée Gabriel Benoit Laforest. Leur fille,

    Marguerite Benoit mariée à Jean Guy Vacher Lacerte, assure la descendance du couple jusqu’à notre grand-père Félix Bergeron alors que la fille de Pierre Benoit, frère de

    Marguerite, épouse François Janelle, l’ancêtre de notre grand-mère Julie Anne.

    Robert Bergeron l’avant-dernier fils de Félix et Julie-Anne, et Simon Lavallée l’aîné des petits-enfants, racontent qu’avant son mariage Félix est allé travailler à Pawtucket.

    Cette ville du Rhodes-Island a abrité la première usine de textile aux Etats-Unis. Félix faisait-il partie du million de Franco-Américains partis travailler aux États-Unis vers le

    début du 20e siècle ? On sait que la majorité travaillait dans les filatures de l’industrie du textile. Toutefois, le registre des passages à la frontière canado-américaine entre

    1895 et 1956 ne fait état d’aucun séjour de Félix aux Etats-Unis. Demeure la possibilité que Félix ait utilisé un passeur illégal bien qu’on doute qu’il ait eu recours à

    un tel stratagème.

    Après leur mariage, le couple s’installe chez Napoléon Bergeron, le frère de Félix qui vit à St-Germain-de-Grantham, dans une grande maison du 10è rang. Cette maison

    fait face à celle d’Alfred, autre frère de Félix. Les deux maisons existent toujours mais celle d’Alfred a été déplacée sur la gauche par le dernier propriétaire . Simone, l’ainée

    de la famille qui comptera dix enfants, nait à St-Germain. En 1906 ou au début de 1907, à tout le moins avant la naissance de Marc, la famille déménage à St-Nazaire-

    d’Acton, Félix achète une terre qu’il devra dessoucher et qui s’avèrera impropre à la culture. Cette terre, propriété de Joseph Arpin1, située au 13e rang du Canton de

    Grantham, a une contenance de trois arpents trois perches et seize pieds de largeur sur plus ou moins 25 arpents de profondeur.

    Félix Bergeron 1879-1950 & Julie Anne Janelle 1884-1957

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    1 Vente Joseph Arpin à Félix Bergeron, No enregistrement 38699, le 21 novembre 1911 B 41. Vente Félix Bergeron à Bruno Forcier. No enregistrement 55960, le 18 avril 1921.

  • La famille quitte St-Nazaire vers 1920 pour s’établir à Ste-Rosalie (auj. annexée à Saint-Hyacinthe) où Félix achète deux fermes de 60 arpents chacune, Ses terres

    s’étalent entre le 3è (auj. la route 224) et le 2è rang et du 2è rang vers le Rapide-Plat.

    !

    Se basant sur une photo prise avant 1923 2 et ses souvenirs de nombreuses vacances

    passées à la ferme, Simon Lavallée a dessiné la propriété de Félix et Julie Anne.

    Félix Bergeron 1879-1950 & Julie Anne Janelle 1884-1957

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    2 Le tambour, au nord de la maison, la clôture de perche et non de broche permettent de dater la photo.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Tambourhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Tambour

  • En plus de la maison (1) où vit la famille, on trouve sur la première ferme, une

    « boutique » (2) pour la construction et la menuiserie et qui fut la maison des premiers colons ; attachés à cette boutique, un abri pour les voitures d’été et d’hiver (3), une

    laiterie (4) pour refroidir le lait, équipée d’un séparateur pour séparer la crème du lait. Derrière, on aperçoit un abri pour le bois de chauffage (5), le poulailler (6) pouvant

    contenir 20 poules dont les œufs étaient vendus à Saint-Hyacinthe, la porcherie (7) pouvant accueillir 20 cochons, allaités, sevrés et engraissés pendant environ six mois

    avant de partir à l’abattoir. À l’extrême droite se dresse une grange (8) de bonne taille dont une section sert d’étable aux 25 vaches et une autre qui sert d’écurie aux six

    chevaux. Elle logeait aussi deux tasseries, et demie au dessus de l’écurie, lieu de l’accident tragique qui coûta la vie au jeune Robert âgé de 5 ans. Sans jamais parler de

    cet accident, nos grands-parents surveillaient nos déplacements sur la ferme rappelant à l’ordre les oncles qui nous entraînaient à les suivre. Un réservoir d’eau potable,

    d’environ 1000 gallons était installé au dessus de l’écurie pour prévenir le gel. Le moulin à vent sur le toit de la grange servait à actionner la pompe à eau reliée au puits

    artésien. Une conduite souterraine reliait le réservoir à la maison.

    Félix Bergeron 1879-1950 & Julie Anne Janelle 1884-1957

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    http://www.dicoperso.com/term/adb0aead5d60a6615daa,,xhtmlhttp://www.dicoperso.com/term/adb0aead5d60a6615daa,,xhtml

  • Une deuxième grange, au sud du 2e rang, servait à entreposer le foin et les instruments aratoires dont la batteuse à grain, la faucheuse pour le blé d’Inde (maïs),

    la machine à presser le foin qui sera vendu aux Etats-Unis. Près de cette grange, un hangar servait à l’entreposage du tracteur Case acheté vers 1940 et d’instruments

    aratoires tels la charrue, la herse, le semoir ….

    A gauche de la maison il y avait un grand jardin de 40 par 60 pieds carrés où poussait une variété de légumes faciles à conserver tout l'hiver dans la cave non chauffée et de

    petits fruits tels des fraises, framboises, cerises de terre, groseilles vertes et rouges ( des gadelles) et de la rhubarbe dont Julie-Anne faisait de délicieuses confitures et

    compotes. Une partie de la ferme était consacrée à la culture des pommes de terre, des choux de Siam dont le nom était prononcé [choutième] ce dernier légume était haché

    et donné aux vaches qui en raffolaient. À la fin des années 30, quelques arpents étaient réservés à la betterave à sucre vendue à la raffinerie de sucre de betterave de

    St-Hilaire. Une partie des champs, servait à la culture du foin, du sarrasin, de la luzerne, de l’orge et de l’avoine. Le maïs, entreposé dans le silo, servait à nourrir les

    animaux. Du sarrasin, Félix tirait de la farine ; enfants et petits-enfants se souviennent des galettes que cuisait grand-mère et qu’elle arrosait de mélasse ou de sirop

    d’érable.  Robert se plait à dire que la famille manquait de rien mais que les dix enfants et certains des petits-enfants mettaient l’épaule à la roue dès qu’ils étaient en

    âge d’aider. On peut imaginer ce que représentait la somme de travail exigée à la période où la ferme ne bénéficiait pas encore de l’électricité3. Au dire d’oncle Robert

    (Robert-Pierre), la terre comprenait une érablière de 300 à 500 arbres. Simon se souvient plutôt d’une terre à bois de chauffage.

    En 1946, tous les enfants à l’exception de Jean-Paul ayant quitté la maison familiale,

    Félix vend sa propriété à ce dernier et s’installe au village de Sainte-Rosalie, à quelques pas de l’église. Félix et Julie-Anne n’y demeureront pas longtemps car ayant

    fait un AVC qui le laissa hémiplégique et aphasique, Félix décède à Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe à l’hiver 1950 à l’âge de 70 ans et 4 mois. Julie-Anne le suit six ans

    Félix Bergeron 1879-1950 & Julie Anne Janelle 1884-1957

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    3 La photo ci-dessus montre qu’en 1923 le rang était électrifié mais Simon et sa sœur Gisèle se souviennent du temps où la maison était éclairée à l’aide de lampe à l’huile. La propriété aurait bénéficié de l’électricité vers 1938.

    http://www.shbmsh.org/capsules.php?capsule=68http://www.shbmsh.org/capsules.php?capsule=68

  • plus tard soit en janvier 1956, à l’âge de 72 ans et 10 mois. Son fils Robert nous parle d’une mère joviale, avec un grand sens de l’humour qui aimait jouer avec ses enfants;

    d’un père qui n’élevait jamais la voix pour se faire obéir, d’un père très patient, « formateur » lorsqu’il initiait un enfant à la manipulation d’un outil. Ses petits-

    enfants se souviendront d’un grand-père travailleur, silencieux mais attentif. Talentueux, il jouait du violon, fabriquait des meubles et des jouets d’une facture

    digne d’un ébéniste. Et que dire de l’immense crèche de Noël faite d’arachides montées au sirop d’érable. Elle subissait des attaques qu’on aimait faire passer sur le

    dos des souris, ce qu’il s’empressait de confirmer un petit sourire en coin. On se souvient aussi d’une grand-mère joyeuse, riant facilement, douce comme de la soie,

    d’une grande tolérance et complicité chez qui on aimait se réfugier lorsque nous étions grondés.

    Félix Bergeron 1879-1950 & Julie Anne Janelle 1884-1957

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