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agrarfoto.com Willy Gehriger: une croissance est possible 2 L’agriculture bio et la politique agricole 4 Le marché est demandeur 6 La reconversion nécessite du temps 8 Céréales bio: un défi qui en vaut la peine 10 Régulation des ravageurs en bio 12 Les limaces sont et restent un problème 14 Juin 2011 Opportunités offertes par l’agriculture bio

Focus l' agriculture bio 06/2011

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Focus l' agriculture bio 06/2011

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Page 1: Focus l' agriculture bio 06/2011

agrarfoto.com

Willy Gehriger: une croissance est possible 2L’agriculture bio et la politique agricole 4Le marché est demandeur 6La reconversion nécessite du temps 8Céréales bio: un défi qui en vaut la peine 10Régulation des ravageurs en bio 12Les limaces sont et restent un problème 14

Juin 2011

Opportunités offertespar l’agriculture bio

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SimonMarti

SELON WILLY GEHRIGER, Président de la direction de fenaco, le chiffre d’affairesdes denrées alimentaires bio pourrait doubler dans un horizon de 15 ans si les grandsdistributeurs décident d’adapter leur stratégie marketing en conséquence. Pour WillyGehriger, près de la moitié de l’augmentation de la demande en produits en bio pourraitêtre couverte par la production suisse, une opportunité qu’il s’agit de saisir.

Une croissance n’est pas exclue

«La politique a eu plus d’impact sur la durabilité que le marché.»

Revue UFA Quelle est selon vousla situation du marché bio pour lesproduits agricoles suisse ?Willy Gehriger Sur un chiffre

d’affaires total de CHF 19.7 milliards,Coop, qui est le plus grand canal devente pour les produits bio, a réalisé unchiffre d’affaires de plus de CHF 700millions, soit quatre pourcent de sonchiffre d’affaires total, avec les produitsbio indigènes. Migros génère un chiffred’affaires supérieur à Coop et la part dubio au sein de ce dernier y est moins im-portante. En Suisse, la part de marchédu bio reste relativement modeste. Ellene représente ainsi que 10% pour les lé-gumes, 8% pour le lait et 2% pour laviande. En Suisse romande, on enregis-tre encore une progression, l’engoue-ment pour le bio étant intervenu plustardivement qu’en Suisse alémanique.

Quelle est la situation au niveau des cé-réales panifiables?La majeure partie des céréales pani-

fiables bio sont importées. Alors que lepain bio disposed’une part de mar-ché élevée d’envi-ron 11 à 12%, laproduction de blébio indigène restetrès insuffisante. EnSuisse romande no-tamment, les ex-ploitations degrandes cultures ne pourraient pas sepermettre d’acheter des engrais biopour l’ensemble de l’exploitation.

Dans le domaine de la viande, il existe en-core un certain potentiel de développe-ment de la demande.

Actuellement, on assiste à une aug-mentation de la demande de viande bio,qui évolue toutefois à un faible niveau.Certaines exploitations se convertissentactuellement au bio. C’est une bonnechose même s’il faut toutefois resterprudent. En doublant par exemple rapi-dement la part de marché de la viandebio qui est aujourd’hui de 1.8%, on

court le danger qu’ily ait tout d’un couptrop de viande deporc bio sur le mar-ché. Les organisa-tions bio ont sou-vent bien réussi àmaîtriser l’offre enprenant des mesuresadéquates.

Où fenaco met-elle l’accent sur le marchédu bio?Plusieurs de nos entreprises sont cer-

tifiées bio pour les fruits, les légumes, laviande et les céréales. Nous sommesainsi présents depuis plus de dix ans

dans le secteur des semences, des en-grais et de la protection des plantes. Ence qui concerne les aliments pour bétail,la part de marché de fenaco représentele tiers des ventes totales d’aliments bioen Suisse, ce qui fait de nous le numérodeux du secteur. A Herzogenbuchsee,nous avons investi 2 Mio. Fr. pour la ré-novation de l’usine de fabrication d’ali-ments de Hofmatt et avons convertil’ensemble de l’usine au bio.

A travers son nouveau plan d’action, BioSuisse cherche à sensibiliser d’avantageles consommateurs au bio. Quel potentielrecèle encore le marché bio selon vous?Il existe encore un certain potentiel

de croissance pour le bio, mais ce po-tentiel n’est pas spectaculaire et dépendfortement de la stratégie marketing desgrands distributeurs. Le comportementdes consommateurs et des consomma-trices dépend de la publicité qui est faiteautour du bio. Reste à se demander quiest en mesure de lancer des campagnespublicitaires d’envergure pour inciter

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INTERVIEWPRODUCTION BIO

«Les organi-sations bio ont

souvent réussi à maîtriser l’offre.»

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INFINFOO BOXBOXINFO BOXINFO BOXwww.ufarevue.ch 6 · 11

«Le producteur qui est intéressé à passerau bio devrait aupréalable étudier demanière approfondies’il existe un débouchépour ses produits»

Auteur Simon Martiest politologue etjournalise indépendantà Berne.

Cette interview a parudans le magasine «bio -actualité» du mois defévrier de cette année(1/2011)

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des milliers de consommateurs àconsommer tout d’un coup plus de pro-duits bio. En Suisse, seuls Migros etCoop ont la capacité de le faire. Si telétait le cas, le chiffre d’affaires du biopourrait doubler dans les 15 années àvenir. La moitié de l’augmentation de lademande en produits bio pourrait êtrecouverte par la production suisse. Je neveux toutefois pas conseiller à tous lesproducteurs de se reconvertir au bio.Les producteurs intéressés seraient bienavisés de prendre contact avec BioSuisse et de vérifier attentivement avecles acheteurs s’il existe un marché pourleurs produits dans la région.

Dans la perspective d’une ouverture desmarchés, pensez-vous que le bio disposed’un potentiel de valeur ajoutée supérieurà l’agriculture conventionnelle?Si les frontières s’ouvrent encore

d’avantage, je me fais au moins autantde soucis pour l’agriculture bio que pourl’agriculture conventionnelle. Il est bienentendu possible que les pouvoirs poli-tiques décident d’aides supplémen-taires pour le bio. Mais il y a fort à parierque l’Etat n’augmentera pas ses sou-tiens si le marché n’est pas demandeur.Nous ne sommes par ailleurs pas pré-destinés pour l’exportation: nousn’avons que des petites structures, nousavons beaucoup de montagnes et, sur-tout, nos clients disposent d’un fortpouvoir d’achat. Bien sûr nous pour-

rions décider de transformer la Suisse enpays du bio et, une fois que le marchéindigène serait saturé, décider d’expor-ter notre produc-tion bio excéden-taire dans l’UE.Dans le cas d’uneouverture accruedes frontières, nousserions toutefoisconfrontés au pro-blème qu’alors queles prix des produitsagricoles baisseraient, les charges demain d’œuvre resteraient élevées, ce quiserait particulièrement délicat pourl’agriculture biologique dont chacun saitqu’elle est intensive en travail.

Pensez-vous que le consommateur soitplus attentif à la durabilité?La durabilité est un mot à la mode. Fi-

nalement, ce sont les consommatriceset les consommateurs qui décident dece qui est juste pour eux. En ce qui meconcerne j’estime que l’impact du mar-ché sur la durabilité a été décevant.

Pourquoi?La politique a eu un impact plus fort

que le marché sur la durabilité, en ap-pliquant le principe: «si tu veux toucherdes payements directs, tu dois exploiterde manière durable». Il faut aussi faireattention de ne pas lasser les gens. Leministre français de l’agriculture a ré-

cemment affirmé qu’il estimait que l’onavait un peu fait le tour de la questionen ce qui concerne la durabilité et qu’il

fallait à nouveauproduire plus. Dansl’UE on assiste à unretour de balancieren faveur de la pro-duction. En résuméon constate qu’ilexiste deux pointsde vue. Les uns di-sent ainsi «vous, les

suisses, vous êtes sur la bonne voie». Al’opposé, d’autres pays comme le Dane-mark, la Hollande ou les anciens pays del’Est, pratiquent une agriculture hyperintensive où seul le prix compte. L’UEest prise entre deux feux, bref sa poli-tique agricole est dans une impasse,sans objectif clair.

Consommez-vous des produits bio?Avec ma femme nous allons réguliè-

rement au marché. Nous désirons sur-tout savoir d’où viennent les produitsque nous achetons. A cette occasionj’aime bien acheter des produits suisses.En ce qui concerne la viande, je veilletoujours à ce qu’elle provienne deSuisse. Je n’achète pas nécessairementdes produits bio mais je n’ai aucun pré-jugé envers le bio. Ici à Berne, la Direc-tion et le Conseil d’administration de fe-naco fréquentent souvent un restaurantbio. �

PRODUCTION BIOINTERVIEW

PersonnelWilly Gehriger estprésident de laDirection de fenacosociété coopérative.Willy Gehriger estingénieur agronome eta travaillé à la stationde recherche agricolede Changins avantd’entrer au service defenaco, il y a 20 ans.Willy Gehriger estmarié, père d’un fils etgrand-père. Il habite àPully près de Lausanne.

«L’impact du marché sur la

durabilité a été plutôt décevant.»

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MareikeJäger

En ce qui concerne le bio, comme onl’entend dire souvent, c’est le marché quidécide. Les producteurs bourgeons pro -duisent des denrées d’une qualité excep -tion nelle, les transformateurs com mercia -lisent chaque année 1000 nouveauxpro duits bourgeon et le commerce dedétail augmente ses ventes de denréesalimentaires bio de 5% par an. Entretemps,le chiffre d’affaires réalisé par les produitsbio se monte à plus de 1.6 milliards defrancs et la tendance est à la hausse.

Pour satisfaire la demande, Bio Suisse alancé une offensive bio dont le but est desoutenir les producteurs actuels dans leursefforts et d’inciter de nouveaux produc-

teurs à passer au bio. Malgré une situationde marché intéressante, les agriculteurssont actuellement encore trop peu nom -breux à se reconvertir au bio, ce qui faitque l’agriculture suisse perd des parts demarché. Les céréales bio, les composantsprotéiques bio et la viande de pâturage biosont les produits agricoles qui jouissentactuellement du meilleur potentiel enterme d’écoulement.

L’analyse des coûts de production dé -montre qu’en grandes cultures, les agricul -teurs ont tout intérêt à produire selon lesdirectives bio bourgeon. Nombre de pro -ducteurs en reconversion affirment queproduire en bio est une source de satis -

faction supplémentaire dans leur métierd’agriculteur. En plus de cela, le bio permetà l’exploitation de conserver sa valeurintrinsèque, ce qui s’explique entre autrespar le fait que des assolements diversifiés,l’élimination mécanique des mauvaisesherbes, un cycle des nutriments naturel etune biodiversité élevée contribuent àpréserver le sol et l’environnement, pourles générations à venir également.

Bio Suisse informe régulièrement desopportunités offertes par le marché. En casde besoin, l’Institut de recherche pourl’agriculture biologique (FiBL), lesvulgarisateurs bio cantonaux et lesorganisations bio régionales se tiennent à

On cherche des producteurs bio supplémentaires

PRODUCTION BIOPOLITIQUE AGRICOLE

Le projet de la nouvelle politiqueagricole 2014 – 2017 est encore enconsultation jusqu’à fin juin. Lescontributions pour l’agriculture

biologique sont incluses dans lescontributions au système de produc-tion pour la promotion des modes deproduction particulièrement et respec-tueux de l’environnement et des ani-maux. Il n’y a pas de grands change-ments – le montant des contributionsreste à peu près le même et l’échelon-nement existant de la contribution se-lon le type d’utilisation (cultures spé-ciales, autres terres ouvertes et SAUrestante) est maintenu. La productionde lait et de viande basée sur les her-bages devrait être favorisée, et avecelle les exploitations qui couvrent leursbesoins fourragers principalement avecde l’herbe en vert, du foin, du regain etde l’ensilage d’herbe. De nombreusesexploitations bio devraient égalementen profiter.

Des signaux politiques clairsBio Suisse salue la direction généraledonnée à la politique agricole. Grâce àun mode de production durable, l’agri-culture suisse (bio) peut se profiler trèsclairement sur des marchés de plus enplus ouverts. C’est plutôt la répartitionprévue des moyens financiers qui faitl’objet d’une critique virulente de la partdes milieux bio.

Il est en effet prévu que seuls 20% dutotal de l’enveloppe totale soient attri-bués aux contributions à la biodiversité,à la qualité du paysage et aux systèmesde production. La majeure partie descontributions continuera simplement àêtre versée pour l’exploitation des sur-faces (contributions au paysage cultivéet à la sécurité de l’approvisionnement)ou à ceux qui ont déjà touché des paie-ments directs par le passé (contributionsà l’adaptation). De plus, selon BioSuisse, il est absolument incompréhen-sible que sur les env. 2.4 mia. de Fr. de

paiements directs, un seul petit pourcent continue à être prévu pour lescontributions bio. C’est pourquoi l’or-ganisation formule trois exigences en-vers la nouvelle orientation de la poli-tique agricole:• Augmentation des moyens liés aux

prestations.• Etablir un plan d’action bio compre-

nant notamment des instrumentsstratégiques tels que des contribu-tions à la recherche et à la vulgarisa-tion visant à augmenter la proportionde surfaces bio.

• Augmenter les contributions au sys-tème de production.

Comment nos voisins font-ils?Au niveau de l’exploitation individuelle,avec PA 2014– 2017, dans notre pays, leniveau des paiements directs pour laproduction biologique reste très élevéen comparaison avec les autres pays eu-ropéens. En Allemagne par exemple,

POLITIQUE AGRICOLE 2014 – 2017 En ce qui concerne l’agriculture biologique, la future politique agricole est plutôt axée sur la consolidation quesur la croissance. Il s’agit d’un élément positif pour les exploitations bio existantes, mais cela aura de lourdes conséquences pour le marché bio en Suisse.

Du pain et des fleurs

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Stephan Jaun est res -ponsable du départe-ment Information etRP de Bio Suissewww.bio-offensive.ch

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disposition pour des conseils. Finalementc’est bien entendu l’agriculteur qui doitdécider lui-même si une reconversion faitsens pour lui.

A travers son offensive bio, Bio Suisses’implique en faveur de l’ensemble de sesmembres. Bio Suisse présentera ainsi auxdécideurs politiques à Berne un pland’ac tion dans le but d’améliorer les con -ditions cadres pour l’agriculture biolo -gique. Toute la branche bénéficie en effetd’un développement harmonieux dumarché. Le marché est demandeur.Profitez de l’occasion et devenezagriculteur ou agricultrice bio !

Auteur Mareike Jäger,Secteur Agriculturebiologique, Agridea, Eschikon 28, 8315 Lindau

PRODUCTION BIOPOLITIQUE AGRICOLE

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certaines régions ont supprimé les sou-tiens à l’agriculture biologique à partirde cette année et ce tant que le cofinan-cement par l’UE de la prochaine cam-pagne n’est pas assuré. Le montant dela prime bio atteint en moyenne 160Euro/ha de terres ouvertes et de prai-ries. L’agriculture bio est par ailleurs ex-clue des programmes d’extensificationet de protection de la nature vu qu’elleen remplit de toutes façons les exi-gences. Prochainement, les exploita-tions bio ne toucheront plus les contri-butions Extenso. Ces égarrements dansla politique de soutien laissent planer

beaucoup d’incertitudes dans l’organi-sation des exploitations, ce qui expliqueen grande partie qu’en Allemagne, letaux de reconversion reste nettementinférieur à la croissance du chiffre d’af-faires de la filière bio.

L’impact de la manne étatique se ma-nifeste aussi en Autriche, mais avecd’autres conséquences. Avec une pro-portion de surfaces bio de 19.5 %, cepays occupe le haut du classement. Lavague de reconversion a en effet été do-pée par le fait que les contributions duprogramme autrichien ÖPUL (soutien àl’écologie agricole) n’étaient disponi-bles que jusqu’à fin 2009 pour la cam-pagne actuelle qui s’achève en 2013.Cette situation, associée aux prix catas-trophiques pour les produits conven-tionnels, a ainsi conduit à un boom desreconversions en Autriche en 2008 et2009.

Résumé PA 2014– 2017 permettraaux exploitations biologiques de conti-

nuer à bénéficierd’un soutien financier

correct de la part de l’Etat. Lesexploitations bio étant des systèmes du-rables, elles disposeront par ailleursd’une plus grande marge de manœuvrepour bénéficier des nouveaux instru-ments d’encouragement. Cependant,pour que l’agriculture biologique suissepuisse devenir compétitive sur un mar-ché riche en opportunités, il faut uncoup de pouce de la part de l’Etat, parexemple en créant de meilleures condi-tions cadres pour la commercialisationdes produits en reconversion. Le pro-blème principal du marché bio en Suissesont les difficultés d’approvisionne-ment: en effet, la demande est là maisla marchandise fait défaut. En produc-tion végétale, certaines denrées ris-quent d’être carrément supplantées parles produits étrangers.Les conditions cadre de PA 2014–2017n’incitent pas assez à la reconversionpermettant une extension de la surfacebio totale, la seule à même d’assurer desparts de marché pour la production in-digène. �

Instruments PA 2014– 2017• contributions au paysage cultivé pour

le maintien d'un paysage rural ouvert;

• contributions à la sécurité del'approvisionnement pour le maintiend'un approvisionnement sûr;

• contributions à la biodiversité pour lemaintien et la promotion de ladiversité des espèces;

• contributions à la qualité du paysagepour la préservation, la promotion etle développement de la diversité despaysages cultivés;

• contributions au système deproduction pour la promotion desmodes de production particulièrementrespectueux de l'environnement etdes animaux

• contributions à l’utilisation efficientedes ressources pour une utilisationdurable des ressources ainsi qu’uneutilisation efficiente des agents deproduction

• contributions à l’adaptation.

En 2010, 5521exploitations étaientaffiliées à Bio Suissealors que 400 exploita-tions s’en tenaient àl’Ordonnance surl’agriculture biologiquede la Confédération.

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RetoBergmann

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Oeufs de consommation importésOeufs de transformation importés

Graphique 2: Prix à la production pour les œufs bio

Graph. 1: Evolution des tonnages de fruits bio à pépins

Bio 53– 63 gDétention plein air 53– 63 gPonte au sol 53– 63 g

LES VENTES BIO SONT EN HAUSSE Le marché suisse est toujours plus demandeur de produits bio de qualité Bourgeon, surtout en ce qui concerne les céréales, le colza, les baies, les fruits à noyau, les poires, la viande de poulet et les œufs. Une mise au point détaillée sur le marché avec les futurs acheteurs est l’une des étapes les plus importantes pour une reconversion réussie.

Le marché bio offre des chances

En 2010, dans le commerce de dé-tail en Suisse, les ventes de produitsbio ont augmenté de 6.1% à plus de1.6 mia. Fr. Migros (+14% à 416

mio. CHF) et Coop (+4.7% à 800 mio.CHF) ont connu des progressions mas-sives. La vente directe progresse égale-ment. Afin de couvrir la demande enhausse, on recherche des producteursBourgeon indigènes. Mais la situationvarie selon les différents secteurs bio.Les producteurs intéressés par une re-conversion Bourgeon ont avantage àanalyser préalablement avec leurs ache-teurs les aspects liés à la logisitque, auxvariétés, à la qualité et aux quantités.

Potentiel pour les fruits à noyauLes fruits bio, avec une part de marchéde 7%, sont mieux représentés que lamoyenne et affichent de bons taux decroissance. Le marché des fruits à noyause développe également bien. En faisantabstraction des variations naturelles an-nuelles de la production bio, il est encroissance continue depuis plusieurs an-nées. Ce sont les poires qui disposent duplus important potentiel de croissance.La demande pour les fruits à noyau et lesbaies ne peut de loin pas être couverte.Aujourd’hui, le marché pourrait absorbersans problème la production de plusieurshectares de vergers professionnels de ce-rises et de pruneaux. Durant la saison desfruits à noyau en Suisse, il n’y a guère decrainte à avoir quant à une concurrencedes produits importés. Les abricots et lesbaies bio offrent également de bonnesperspective de croissance. Ce sont sur-tout les fraises et les framboises d’été quimanquent et qui doivent être importéesà large échelle. Les fruits bio permettentde réaliser de bons prix. A moyen terme,les possibilités d’écoulement restentbonnes à très bonnes.

Extension des surfaces En ce quiconcerne les grandes cultures, les be-soins en produits bio indigènes ne peu-vent pas être couverts depuis des années.Certes, la production augmente légère-ment chaque année mais on importe en-core toujours des milliers de tonnes deproduits bio. Les importations de cé-réales panifiables dépassent les 50 %. Sil’on considère les surfaces, il manque5000ha de blé, 500ha de seigle et env.200ha d’épeautre. Quant aux céréalesfourragères, l’offre est encore plus étio-lée. Depuis quelques années, les cultures

de pommes de terre bio atteignent envi-ron 400ha, ce qui permet de couvrir lesbesoins les bonnes années. Ce n’est deloin pas le cas pour le colza indigène. Letournesol, le millet, le lin et le soja quantà eux ne sont cultivés que sur de petitessurfaces. Les marchés évoluent de ma-nière positive alors que les opportunitésde développement sont estimées en col-laboration avec les acheteurs.

Le marché des œufs bio afficheune croissance continue depuis plusieursannées. Pour couvrir la demande, la pro-duction est constamment élargie. De2007 à 2010, la quantité d’œufs biosuisses s’est accrue de près de 40% pouratteindre 97 millions de pièces. Environun œuf sur trois est vendu directementà la ferme. Pour la transformation indus-trielle, on estime la proportion d’œufsbio importés à 15%. Les prix des œufsbio sont couplés à ceux des poulettes etdes aliments et affichent une stabilité re-lativement élevée. Le prix versé au pro-ducteur pour un œuf bio dépasse de prèsde 70% celui d’un œuf conventionnelde détention en plein air. La situation ac-tuelle du marché offre de bonnes possi-bilités de commercialisation.

Lait bio: augmentation du vo-lume transformé Le marché du laitbio suisse évolue positivement, avec unepart de 5% du volume transformé. En2010, malgré des baisses de prix, le com-merce de détail a réalisé un chiffre d’af-faires de 167 mio. Fr. avec les produits lai-tiers frais et de plus de 73 mio. avec lefromage bio. Le bilan des quantités plu-riannuel est également très réjouissant:depuis 2005, la part de lait transformé enbio a augmenté de 30% alors que la pro-

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ANALYSE DU MARCHÉPRODUCTION BIO

en Rp. Source: OFAG, Rapport sur le marché

en t Source: Swisscofel

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2005 2006 2007 2008 2009 2010

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épeautrebléseigle

épeautre Bourgeonblé Bourgeonseigle Bourgeon

Production de lait bioLait bio mis en valeur

Fruits, baies+ potentiel dedéveloppement

– coûts investissementnouvelles installations

Oeufs bio+ exploitations plein airfaciles à reconvertir

– commercialisation oeufs reconversion

Lait bio+ faibles coûts pour lareconversion

– pas de marché pourle lait reconversion

Viande bio+ souvent faibles inves- tissements bâtiments

– coûts de productionélevés

Céréales+ producteurs recherchés

+ bien mécanisable– commercialisationdurant reconversion

Auteur RetoBergmann, ProductManagement viande,Bio Suisse.Margarethenstr. 874053 Bâle

www.bio-suisse.ch

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duction s’est accrue de seulement 4%. Lapart de lait bio déclassé en conventionnela ainsi diminué de 50%. Depuis l’été2010, il n’y a plus eu de lait bio déclassé,ce qui permet à ce marché de trouver sonéquilibre. Si la croissance se poursuit, àlong terme, il faudra étendre la produc-tion. La progression est notamment sou-tenue par les mesures de marketing de laTable ronde du lait bio, qui organise de-puis 2005 des promotions et des dégus-tations effectuées par les producteurs. Leprix du lait bio dépend fortement du mar-ché conventionnel. En 2009, le prix à laproduction a été mis sous pression maisil se rétablit légèrement depuis l’été2010.

La viande a la cote Le marché dela viande évolue positivement. La Mi-gros a considérablement augmenté sesventes de Bio-Weide-Beef et est à la re-cherche de certains nouveaux produc-teurs. Le Natura-Beef bio connaît égale-ment une évolution positive grâce àl’engagement de Coop. Dans la trans-formation, ce sont principalement lesvaches de boucherie de bonne qualitéet les porcs qui sont demandés.Depuis mars 2010, Migros n’achète

plus de veaux bio. Les variations saison-nières de l’offre et des prix restreignenten outre l’attractivité de ce marché. Pourune offre de plus de 50000 agneauxBourgeon, la demande ne porte que sur10000 unités. La tendance est positivepour la viande de poulet bio. Les blancsse vendent très bien, contrairement aux

cuisses et aux ailes. De 2007 à 2009,Coop a triplé ses ventes de viande depoulet bio, alors qu’elles évoluent éga-lement de manière positive chez Migros.Le poisson bio jouit lui aussi d’une ex-cellente demande. Depuis trois ans, lesporcs bios sont très demandés! L’enga-gement accru de Migros dans le bio ren-force cette évolution. En 2011, les éle-veurs actuels vont toutefois s’agrandir etde nouveaux vont se reconvertir auBourgeon, si bien que l’approvisionne-ment des acheteurs sera meilleur.Les prix de la viande de porc Bour-

geon évoluent depuis plusieurs annéesde manière relativement indépendantedu secteur conventionnel et demeurentà un niveau constamment élevé. Les prixdes veaux Bourgeon, des animaux d’étalet de transformation varient en fonctionde l’offre et seront notamment influen-cés par la situation sur le marché AQ.

Légumes bio appréciés Les lé-gumes bio ont une part de marché éle-vée de 11 % et connaissent une progres-sion constante. La situation del’approvisionnement en légumes frais etde garde est saine. Les bonnes années,l’offre dépasse la demande. Certainsproduits comme la chicorée ou les as-perges sont très recherchés. Les légumesbio bénéficient d’un supplément de prixde 15-35 %. A l’instar des légumes, levin bio est attractif en vente directe. De-puis deux ans, la surface de vignoble esten augmentation. Les vins bio-dyna-miques sont très tendance. �

PRODUCTION BIOANALYSE DU MARCHÉ

Graphique 3: Mise en valeur du lait bio

Graphique 4: Prix à la production viande de porc bio

Graphique 5: Prix production céréales panifiables bio

Chances et risques de la production bio

IP SuisseAQ

Bio-BourgeonCoop NaturaplanM7

en Fr./100 kg Source: Bio Suisse Pool Brotgetreide, Swissgranum

en t Source: SMP, TSM Treuhand

en Fr./kg PM Source: Proviande

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DanielSchmied

Patrick Meier

MichaelMinnig

JÖRG MESSERLI ET ANDREAS RAMSER produisent en bio depuis dix ans. Durant ce temps, ils n’ont cessé d’optimiser les branches de production principales (lait,élevage porcin et engraissement de poulets) tout comme la production végétale. Deschangements sont intervenus notamment dans la génétique des animaux, l’alimentationet le traitement des maladies.

La conversion prend du temps

Jörg Messerli et Andreas Ramsern’ont jamais regretté d’avoir passéau bio. Mais ce mode de productionest une science en soi et il faut du

temps jusqu’à ce qu’une exploitationtourne parfaitement. Jörg Messerli s’estconverti à l’agriculture bio en 1998 etAndreas Ramser deux ans plus tard.Pour des motifs écologiques, mais éga-lement économiques. Tous deux exploi-tent sur le Belpberg (800 m d’altitude)une exploitation de 14 ha. Jörg disposed’un droit de livraison annuel de75000kg de lait, Andreas de 90000 kg.En plus de cela, Jörg Messerli s’est spé-cialisé dans l’élevage porcin: 30 truies etdeux verrats. L’exploitation Ramserquant à elle s’est diversifiée dans l’en-graissement de poulets avec 4 poulail-lers mobiles de 425 places chacun.

De bonnes conditions pour la cé-réaliculture Les deux exploitationsont pour ainsi dire toujours été écolo-giques, si bien que la reconversion s’estfaite naturellement. Elles se sont inspi-rées notamment d’exploitations bio dela région, tout en prenant conscience

que le Belpberg offrait des conditionsidéales pour les grandes cultures biolo-giques. Grâce à une situation exposéeau vent et des sols légers, les champsressuient rapidement. Cela permet depasser la herse étrille au bon momenttout en diminuant la pression des mala-dies cryptogamiques. Il y a aussi eu despertes de récolte totales, mais rarement.Aujourd’hui, les deux agriculteurs attei-gnent des rendements aussi élevés dansles céréales de sélection qu’auparavantavec des méthodes culturales conven-tionnelles. Ainsi, il n’est pas rare que lesrendements atteignent 60kg/a pour leblé et 50kg/a pour l’épeautre. En plusdes céréales de sélection, des semen-ceaux de pommes de terre sont égale-ment produits avec succès. En ce quiconcerne le maïs, par contre, le résultatest plus mitigé. «Pour moi, le sarclageest trop pénible», explique AndreasRamser, si bien qu’il a renoncé àcette culture cette année.

Surface de porcherie doublée,travail doublé En ce qui concernela production animale, le bio comportecertes de nombreux avantages commede meilleurs prix et une détention res-pectueuse des animaux. «Mais dansl’élevage porcin, cela donne deux foisplus de travail», témoigne Jörg Messerli,en évoquant notamment la surface pres-crite de 7m2 par truie dans les boxes. Il opte pour un rythme sur trois semainesavec son troupeau d’élevage, quicompte sept groupes de quatre truies et100% de monte naturelle. Au niveau del’alimentation, il adopte une stratégie endeux phases – avec UFA 450 durant letarissement et UFA 450-2 durant l’allai-tement. Les porcelets sont quant à euxnourris avec de l’UFA 456.

Une question de raceAndreas Ramser a pensé à selancer dans l’engraissementde poulets car ces derniersétaient recherchés et les in-

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PRODUCTION ANIMALEPRODUCTION BIO

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Auteurs DanielSchmied, spécialiste desporcs et chef de ressort;Patrick Meier, spécia lis -te des porcs; MichaelMinning, spécialiste desvaches laitières; Servicetechnique UFA, 3052 Zollikofen..

www.ufa.ch

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vestissements pour les poulaillers mo-biles restaient dans les limites de l’ac-ceptable. Il n’aurait toutefois pas étépossible d’aménager une courette bio-compatible dans la porcherie d’engraisexistante. C’est pourquoi cette dernièrea été transformée pour le pré-engraisse-ment des poulets. Andreas Ramser estsatisfait de la race de ses poulets, unesélection obtenue à partir des robustespoules cou-nu. Les problèmes de mala-dies sont plutôt rares. Seuls les renardsou les oiseaux de proie causent despertes importantes. A. Ramser utilise del’aliment volaille bio d’UFA.

Méthodes curatives naturellesA l’instar de la volaille, le choix d’unegénétique appropriée est également unimportant facteur de succès en produc-tion laitière. Seule une mamelle sainepermet d’obtenir une bonne numéra-tion cellulaire. Jörg Messerli et AndreasRamser ont éliminé de manière cibléeles vaches qui avaient un trop gros dé-bit. «Les vaches qui se traient lentementsont moins sensibles aux mammites»,confirment les deux agriculteurs sur labase de leurs expériences. S’il arrivetoutefois qu’une vache soit atteinte parune mammite aiguë, Jörg Messerli mé-lange 2– 3 dl de vinaigre avec deux cuil-lers à soupe de sel et un œuf dans unpot à yogourt et étale le tout sur le quar-tier malade, à quatre reprises et à un in-tervalle d’un demi-jour.

Phase de démarrage Jörg Mes-serli et Andras Ramser recourent tousles deux à un apport limité d’aliment

concentré (UFA 174F), principalementdurant la phase de démarrage. Ainsi, lesvaches atteignent une moyenne de6000 kg par lactation. �

PRODUCTION BIOPRODUCTION ANIMALE

Les exploitations Messerli (droite) et Ramser bénéficient debonnes conditions pour l’agriculture biologique.

Tendances dans l’affourragement bioDans l’UE, à l’avenir, il n’y a pas que les ruminants qui devront être nourris à 100%.Reste à savoir si l’affouragement bio intégral des non-ruminants sera introduit en Suisse.

Méthionine et lysine Jusqu’à présent, les non-ruminants devaient être affouragés à95 % avec des fourrages bio. Dans la pratique, on utilise beaucoup de tourteaux de sojabio car ils présentent une bonne composition en acides aminés. Mais ces tourteaux desoja n’ont pas assez de lysine pour les porcs et pas assez de méthionine pour la volaille;ils pourraient être remplacés par du gluten de maïs et de la protéine de pommes deterre. Cependant, sur les marchés internationaux, ces deux composantes ne sont pasdisponibles en qualité bio. C’est la raison pour laquelle on parle d’autoriser encorecertains produits conventionnels pour les non-ruminants durant des phases précises.Avec un affouragement 100 % bio, la concentration en nutriments dans les rations desporcs et des volailles devrait être réduite. Sinon, des excédents de certains nutrimentsauraient des effets négatifs sur la santé ou la qualité d’abattage des animaux.

Recherche bio à UFA-Bühl La recherche se penche sur de nouvelles connaissancespermettant d’optimiser l’alimentation et la détention des animaux bio. Sur le domaineexpérimental d’UFA Bühl à Hendschiken (AG), la détention des animaux en bio faitégalement l’objet de recherches, dont les résultats sont utilisés régulièrement dans leconseil et pour l’élaboration de nouveaux aliments bio UFA. Actuellement un essai avecdes poulettes et de pondeuses affouragées à 100% bio se déroule à UFA-Bühl.

Chez les bovins, les moutons et les chèvres ce n’est pas l’affouragement 100%bio en vigueur depuis 2009 qui constitue le plus grand défi à relever, mais bel et bien laconversion au bio. Car la proportion maximale de 10 % d’aliments concentrés parrapport à la matière sèche est un facteur limitant. Il est important que la génétique desvaches soit adaptée à l’exploitation et d’opérer une complémentation alimentaire ciblée.

En fonction du système d’affouragement De nos jours, il n’est plus suffisantd’équilibrer l’énergie et la protéine selon le système NEL/PAI et d’analyser les fourragesavec la méthode Weender. Avec le système d’affouragement UFA W-FOS, on tientcompte en outre des composantes des fourrages qui peuvent être mis en valeur dans lapanse ainsi que des proportions et des vitesses d’assimilation. Il en résulte de plusfaibles pertes en nutriments (ammoniac), une meilleure efficacité des aliments utilisésainsi que des performances plus élevées et un meilleur état de santé.

Poudre de lait bio En ce qui concerne les ruminants, c’est l’engraissement de veauxqui posait le plus de problèmes jusqu’à maintenant. Jusqu’en 2010, plus de la moitiédes veaux Bourgeon affichaient un degré de finition insuffisant (classe de couverture 1 à2). Depuis début 2011, il est désormais possible d’utiliser de la poudre de lait bio UFA213. Les expériences faites dans la pratique démontrent que ce complément au laitentier permet d’améliorer considérablement les résultats d’abattage.

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AndreasRohner

PRODUCTION BIOPRODUCTION VÉGÉTALE

Depuis la suppression de la régula-tion du marché des céréales par laConfédération, le groupe fenaco-LANDI (GfL) a pris le leaderschip de

la commercialisation des céréales et desoléagineux en Suisse, avec un succès re-marquable. La prise en charge des cul-tures à graines bio augmente régulière-ment elle aussi.

Les centres collecteurs jouentun rôle clé Dans le cadre du systèmeMaxi, le secteur Céréales, Oléagineux etFourrages (GOF) de fenaco peut comp-ter, depuis plus de dix ans, sur un réseauefficace d'une centaine de centres col-lecteurs couvrant l'ensemble du pays. Larépartition des rôles entre fenaco GOFet les centres collecteurs est clairementdéfinie. Les centres collecteurs seconcentrent sur la prise en charge desrécoltes et leur stockage dans le soucidu maintien d’une meilleure qualitépossible alors que fenaco GOF met sescompétences au profit de la commercia-lisation. Les centres collecteurs appli-quant le système Maxi jouent le rôled’interface en centralisant à l'intentionde fenaco GOF les informations sur lesquantités prises en charge et leur qua-lité et en rediffusant aux agriculteurs lesinformations destinées à l'orientationde la production.

Une trentaine de partenaires Maxi as-surent la prise en charge séparée descultures à graines bio dans quelque 40sites de stockage, en vue de leur com-mercialisation par fenaco GOF (gra-phique). De nombreux exemples dé-montrent que la prise en charge descultures à graines bio peut être unebranche d'activité prometteuse pour uncertain nombre de centres collecteurs.A titre d'exemple, on peut notammentciter la Getreide Mittelthurgau AG àMärstetten. L'intense activité déployéepar les responsables de ce centre collec-teur, situé dans la région du lac deConstance où les exploitations biolo-giques sont très nombreuses, permettrade prendre en charge quelque 2000t decéréales et d'oléagineux bio lors de larécolte 2011. Max Ulrich, le gérant ducentre collecteur, explique que les pro-duits bio représentent désormais 10%des volumes pris en charge.

La Suisse romande rattrape sonretard Bio Suisse a communiqué ré-cemment que le nombre des exploita-

tions bio s'était stabilisé aprèsavoir reculé ces der-nières années. Denombreuses exploi-tations en recon-

version se

trouvent dans les régions de grandescultures de Suisse romande et du Nord-Ouest du pays. Parallèlement à cela,deux nouveaux centres collecteurs, quisont déjà des partenaires Maxi de fe-naco dans le secteur conventionnel,élargissent leur palette de prestationsen proposant de réceptionner les cé-réales bio. Le réseau de centres collec-teurs bio de Suisse romande est ainsicomplété de manière optimale.Des discussions ont eu lieu entre fe-

naco GOF et Progana, l'organisation desproducteurs bio de Suisse romande, afinde définir quels seraient les centres col-lecteurs les mieux placés par rapport auxrégions de production bio et en matièrede logistique de transports. Aux centrescollecteurs qui réceptionnent déjà descéréales bio, comme le partenaire MaxiLANDI Chablais-Lavaux SA à Collombey(VS) et le Moulin Chevalier à Cuarnens(VD), s'ajouteront vraisemblablement laLANDI Nord vaudois Venoge SA (Silod'Orbe, VD) ainsi que la CARO Oron àOron-la-Ville (VD). Ces derniers de-vraient proposer leurs services aux pro-ducteurs bio dès la récolte 2011.Daniel Develey, gérant du Silo

Les producteurs bioont tout lieu de seréjouir du développe-ment du réseau descentres collecteurs biode Suisse romandeavec la certification àvenir de CARO Oron-la-Ville et LANDI Nordvaudois Venoge SA(site d'Orbe)

Photo: Gaël Monnerat

L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE La demande en produits bio issus de grandes cultures se maintient à un niveau élevé. Dans les conditions actuelles, la question d'unereconversion de l'exploitation mérite réflexion. Les exploitations biologiques ou en reconversion sont toujours plus nombreuses à opter pour une commercialisation via legroupe fenaco-LANDI.

Un engagement rentable

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Une commercialisationefficacefenaco calcule au plus près les coûts decommercialisation pour les récoltes decultures à graines bio. Ces dernièresannées, les producteurs de céréalespanifiables bio ont bénéficié d'unsupplément de 2.- Frs par décitonne parrapport au prix indicatif. fenaco GOFcherche à conclure des contrats avec desproducteurs de céréales et d'oléagineuxbio, ainsi que pour le colza de reconver-sion.

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Auteur AndreasRohner, Responsable dusecteur Matièrespremières bio, céréales,oléagineux et fourrages(GOF), 8401 Winter-thur, � 058 433 64 91, [email protected]

Pour toute questionconcernant les cultureset la coordination avecun centre collecteurrégional bio, s'adresserà Ueli Zürcher, � 058 434 06 66

PRODUCTION BIOPRODUCTION VÉGÉTALE

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d'Orbe, explique que dans le cadre destravaux d'assainissement des installa-tions, il a été décidé d'intégrer les ré-coltes bio. Ainsi, 66 cellules de stockageet deux séchoirs permettront de pren-dre en charge, de conditionner et destocker de petits lots de spécialités ré-gionales. Le Silo d'Orbe est par ailleurstrès bien situé par rapport à la vastezone de production qui s'y rattache.La CARO Oron va tenter une nouvelle

expérience en matière de réception decéréales bio. Selon son gérant, RolandCherpillod, le but est d'épargner delongs et coûteux transports aux produc-teurs bio de la région. Les producteurs bio du Jura pourront

aussi compter sur des prestations ac-crues de la part de la LANDI ArcJura. Sescapacités de prise en charge et ses ser-vices s'ajoutent à ceux des deux sites bioexistants de Delémont et Alle.

Marges brutes intéressantesLa demande en produits bourgeonconcerne toutes les cultures à graines,donc aussi bien les céréales panifiablesque les céréales fourragères, mais aussiles oléagineux et les légumineuses. Cesdernières conviennent bien pour diver-sifier des rotations plutôt chargées encéréales. Il faut néanmoins considérerque la production biologique est plusexigeante en main-d'œuvre que la pro-duction classique. Les marges brutesplus élevées compensent toutefois cescharges supplémentaires. Avec un ren-dement escompté de 45dt/ha de blépanifiable et un prix à la production de104Frs/dt, on peut estimer la margebrute à 6000Frs/ha en prenant encompte les paiements directs (sources:Agridea Lindau / Service de vulgarisa-tion bio de Thurgovie). Le colza bio offreaussi des perspectives intéressantes:avec un rendement de 18dt/ha et un

prix de 200Frs/dt auquel s’ajoutent lespaiements directs, la marge brute at-teint 5800Frs/ha. Les risques culturauxspécifiques au colza, qui peuvent êtreimportants, ne sont bien sûr pas pris encompte dans le calcul.

Etre bien informé La reconversiondure deux ans. Durant les deux annéesde reconversion les céréales disposentdéjà du supplément de prix dont béné-ficient les céréales fourragères. Le colzabénéficie aussi d'un supplément de prixdurant la phase de reconversion. Pourde plus amples informations les candi-dats à la reconversion peuvent contacterleur service de vulgarisation bio (listedes adresses sur www.bio-suisse.ch),suivre un cours de reconversion ou serenseigner auprès d'un collègue bio. Lesproducteurs qui souhaitent se reconver-tir dès 2012 doivent s'annoncer auprèsde Bio Suisse jusqu'à fin août. �

Tableau 2: Marge brute Colza reconversion (MB/ha)en Fr. Base

Grains (18 dt/ha) 2520.00 Fr. 140.00/dtSemences – 206.80 (1.1 dt/ha)Engrais – 400.00Assurance grêle 5,6 % – 141.10Séchage – 57.00Prise en charge/Triage – 128.00Semis par tier – 180.00Location herse-étrille – 27.00 1 passageLocation sarcleuse – 88.00 2 passagesBattage par tiers – 500.00MB/ha sans contributions 792.10Paiements directs 2630.00 PER, Terres ouvertes, BioContribution oléagineux 1000.00 Contribution extenso 400.00 MB/ha contributions incluses 4822.10

Tableau 3: Marge brute Tournesol Bio (MB/ha)en Fr. Base

Grains (25 dt/ha) 3375.00 Fr. 135.00/dtSemences bio – 196.00 (1.0 dt/ha)Engrais – 200.00Assurance grêle 5,6 % – 84.40Séchage – 118.00Prise en charge/Triage – 124.00Location semoir – 50.00Location herse-étrille – 27.00 1 passageLocation sarcleuse – 88.00 2 passagesBattage par tiers – 420.00MB/ha sans contributions 2067.60Paiements directs 2630.00 PER, Terres ouvertes, BioContribution oléagineux 1000.00 Contribution extenso 400.00 MB/ha contributions incluses 6097.60Source: Agridea

Tableau 4: Marge brute Blé d’automne bio classe TOP (MB/ha)en Fr. Base

Grains (45 dt/ha) 4680.00 Fr. 104.00/dtSemences bio – 368.00 (1.0 dt/ha)Engrais – 200.00Assurance grêle 5.6 % – 117.00Séchage – 49.00Prise en charge/Triage – 184.00Location semoir – 50.00Location herse-étrille – 54.00 2 passagesBattage par tiers – 420.00Pressage de la paille par tiers – 209.00DB/ha sans contributions 3029.00Paiements directs 2630.00 PER, Terres ouvertes, BioContribution extenso 400.00 MB/ha contributions incluses 6059.00Les risques (pertes de rendement ou germination) ne sont pas pris en compte dansles variantes.

Tableau 1:Marge brute Colza Bio Bourgeon complet (MB/ha)en Fr. Base

Grains (18 dt/ha) 3600.00 Fr. 200.00/dtSemences bio – 206.80 (1.1 dt/ha)Engrais – 400.00Assurance grêle 5,6 % – 201.60Séchage – 57.00Prise en charge/Triage – 128.00Semis par tiers – 180.00Location herse-étrille – 27.00 1 passageLocation sarcleuse – 88.00 2 passagesBattage par tiers – 500.00MB/ha sans contributions 1811.60Paiements directs 2630.00 PER, Terres ouvertes, BioContribution oléagineux 1000.00 Contribution extenso 400.00 MB/ha contributions incluses 5841.60

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ClaudiaDaniel

Jachère florale à proximité d’uneparcelle de choux pour favoriser lesauxiliaires. Photo: Eric Wyss, FiBL

Biocontrôle sous serre: utilisation deguêpes parasites contre les mouchesblanches de la tomate.Photo: Claudia Daniel, FiBL

LA RÉGULATION DES RAVAGEURS en culture biologique s’appuie sur le principe«mieux vaut prévenir que guérir»: elle est basée sur l’adaptation des mesures culturaleset le soutien aux auxiliaires. Lorsque ces mesures préventives ne suffisent pas à contenirle développement des ravageurs, plusieurs moyens de lutte efficaces sont à disposition.

Régulation des ravageurs en bio

La stratégie de protection desplantes en cultures biologiquespeut être représentée sous la formed’une pyramide (voir illustration).

La base de la pyramide est constituéedes mesures culturales. De nombreuxdégâts dus aux ravageurs sont déjà évi-tables par le choix de sites adaptés: Lespaysages ouverts aux vents permettentpar exemple de maintenir le vol desmouches de la carotte à un faible ni-veau. La propagation d’autres ravageurs(vers fil de fer, chrysomèle du maïs) peutêtre limitée par l’adaptation des rota-tions.

Le choix de la variété est en outre dé-cisif. Ceci est valable par exemple pourle colza: bien qu’il n’y ait pas de résis-tance directe à certains ravageurscomme le font certaines salades faceaux pucerons, la vitesse de développe-ment au printemps des différentes va-riétés joue un rôle décisif. La formationde bourgeons à floraison précoce per-met au colza d’atteindre un stadeavancé au moment du vol des rava-geurs, ce qui réduit les dégâts. L’adap-tation de la fumure est également unemesure de régulation indirecte des ra-vageurs. Elle permet notamment deprévenir les fortes infestations de puce-rons.

En plus d’arracher les adventices, lepassage de la bineuse dans le colza ar-rache aussi les anciennes feuilles ducolza et détruit ainsi une partie deslarves de la grosse altise.

Le soutien aux auxiliaires Lesoutien aux auxiliaires constitue ledeuxième niveau de la pyramide. Lemaintien ciblé d’habitats (gestion deshabitats) favorise la diversité biologique

et permet de maintenir les auxiliaires àproximité des ravageurs (biodiversitéfonctionnelle).

Les liens qui unissent les ravageurs,les auxiliaires, la biodiversité et les élé-ments paysagers sont dans la majoritédes cas complexes. Dans ce domaine,les lacunes sont encore importantes. LeFiBL conduit actuellement deux projetsen culture. Le premier concerne la cul-ture des choux. Il porte sur les ravageursdes choux (noctuelle, la teigne, la pié-ride du chou) et leurs antagonistes.

Ces auxiliaires sont souvent présentsdans les jachères, mais ne migrent pasdans les cultures. Le projet teste actuel-lement l’implantation de plantes ac-compagnatrices qui pourraient attirerles guêpes parasites dans les cultures dechoux. Le choix de la plante accompa-gnatrice est décisif dans ce cas.

Elle doit être attractive pour lesguêpes parasites afin de les attirer etavoir un nectar apprécié par les guêpeset accessible. Il est de plus primordialque l’offre en nectar ne favorise pas lesravageurs. Selon les premiers résultats,le bleuet des champs serait une planteaccompagnatrice idéale.

La production de pommes sans pes-ticides est un autre projet en cours. De-puis 2006, un verger modèle est installéà Frick. Dans ce verger, des mesures in-directes favorisant les auxiliaires sontprises dans le but de rendre l’utilisationdes pesticides superflue. Le vergercontient des haies diversifiées alors queles passages et les lignes d’arbres abri-tent de nombreuses variétés de plantesà fleurs dans le but d’offrir un habitatdiversifié aux auxiliaires. Les relationsdans le domaine arboricole sont aussi

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PROTECTION DES PLANTESPRODUCTION BIO

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La noctuelle du choux et son ennemi,une guêpe parasitoïde. Photo: T. Alföldi, FiBL

Source: Eric Wyss, Daniel Gorba (FiBL)

Echelonnement des stratégies deprotection des plantes en agriculturebiologique. Les ampoules affichent lesavoir-faire nécessaire à ces techniques.Les bourgeons donnent le degré decompatibilité de ces méthodes avec lesprincipes de base de l’agriculturebiologique.

Lâchers d’auxiliaires,biocontrôle

Favorisation desauxiliaires, gestion del’habitat, biodiversitéfonctionnelle

Mesures culturalescomme la rotation, la qualité des sols,variétés résistantes

Auteur Dr. ClaudiaDaniel, Protection desplantes et Biodiversité,Institut de recherche del’agricuture biologique(FiBL), 5070 Frick

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complexes: les plantes à fleurs fixentune grande diversité de mouches et demoustiques dans le verger. Grâce à cespetits insectes, les araignées ont assez àmanger et se développent mieux.

Le soutien aux araignées au prin-temps et en été produit ses résultats enautomne: au moment où les puceronsvolent vers les arbres pour la ponte hi-vernale, ils finissent dans les toiles desaraignées. Suite à cela, il y a moins depucerons en automne et au printemps.

Lâchers d’auxiliaires Si les mesurespréventives contre les ravageurs ne suf-fisent pas, on passe à l’étage suivant dela pyramide de protection biologiquedes plantes: le lâcher ciblé d’auxiliaireset d’antagonistes (biocontrôle).

Les antagonistes sont généralementdes microorganismes comme le Bacillusthuringiensis (BT) pour la régulation desdoryphores et d’autres ravageurs en cul-tures maraîchères ou les granuloviruspour la lutte contre les carpocapses enarboriculture. Les champignons para-sites peuvent servir dans la lutte contreles mouches de la cerise. Les nématodesagissent bien contre les gros charan-çons.

L’utilisation d’auxiliaires est bien éta-blie dans les serres: on utilise beaucoupd’acariens prédateurs, de punaises pré-datrices et guêpes parasites pour la ré-gulation des acariens parasites, puce-rons, cochenilles et autres ravageurs. Al’exception des trichogrammes pour lalutte contre la pyrale du maïs, les auxi-

liaires ne sont pas utilisés dans lesgrandes cultures.

Insecticides biocompatibles Enculture biologique, les insecticides nedevraient être utilisés que lorsquetoutes les autres mesures ont atteintleurs limites. Tous les produits autorisésen agriculture biologique sont inscritsdans la liste des intrants du FiBL. Dansla plupart des cas, les insecticides sontdes extraits de plantes: le pyrèthre na-turel est extrait des variétés de chrysan-thèmes, l’huile de neem pour la régula-tion des pucerons est issue du pressagedes graines de margousier indien. Dansce domaine, les huiles (de colza, miné-rales et de paraffine) ainsi que des sa-vons végétaux sont utilisés contre les

pucerons, les cochenilles ou les puce-rons tisserands. Les poudres d’argiles(kaolin contre les psylles du poirier) etle soufre (contre les acariens) ont éga-lement une efficacité reconnue. Le Spi-nosad, un produit de la fermentationd’un champignon du sol, est une autrematière active qui présente un bon effetcontre de nombreux ravageurs. Lesphéromones peuvent être utilisées pourla confusion dans les vergers. Commeles insecticides biologiques n’ont pasd’effet systémique, les ravageurs vivantdans le sol (mouche du chou, mouchede la carotte, vers fil de fer, noctuelle dela vigne) ainsi que les insectes difficile-ment atteignables (mouche de la cerise)représentent un défi important. Pources ravageurs, la mise en place cibléedes mesures préventives s’avère êtreparticulièrement importante.

Contrairement aux cultures spé-ciales, en grandes cultures, l’utilisationd’insecticides est généralement inter-dite. Ces interdictions d’insecticidessont plus larges que les exigences ex-tenso qui interdisent l’utilisation d’in-secticides dans les colzas et céréales.Elles s’appliquent également à toutesles autres cultures. La régulation despucerons dans les légumineuses parexemple ne peut se faire que par lesmesures de lutte indirectes. L’utilisa-tion d’organisme de biocontrôle esttout de même autorisée par l’ordon-nance bio. Les bactéries Bt peuvent parexemple être utilisées contre les dory-phores. �

PRODUCTION BIOPROTECTION DES PLANTES

Insecticides bio-compatibles

Graphique: La pyramide de la protection biologique des plantes

Bleuets des champs dans des chouxblancs pour favoriser les auxiliaires.Photo: Marius Born, FiBL

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BernhardSpeiser

Martin Koller

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MALGRÉ LA SÉCHERESSE exceptionnelle de l’année 2011, les limaces restent unthème important en cultures biologiques. Les agriculteurs bio soulèvent les questionssuivantes: Quelles sont les espèces les plus dangereuses? Quelles sont les cultures lesplus menacées? Que puis-je faire?

Régulation des limaces en bio

En Suisse, les espèces suivantes sontcelles qui causent le plus de dégâts :

Arion vulgaris Il s’agit de laplus grande espèce de limaces indi-gènes. Depuis le milieu du 20ème siècle,elle s’est propagée en Europe centraledepuis l’Espagne et le Portugal par letransport de plantes. Elle supplantemaintenant souvent la grande limacerouge. Cette limace vit et se reproduitdans les terrains peu travaillés commeles prairies, les bordures de parcelles etde serre. De là, elle se déplace dans lescultures. La ponte des œufs intervientprincipalement en août. Une partie desjeunes limaces éclot déjà en automne,le reste au printemps suivant. La plupartdes adultes meurent en fin d’été, aprèsla ponte, mais quelques-uns parvien-nent à passer l’hiver. Les jeunes indivi-dus arborent différentes couleurs etsont rayés dans le sens de la longueur.Les adultes sont uniformément bruns.

Dégâts: Arion vulgaris cause de grosdégâts aux parties aériennes desplantes, allant parfois jusqu’à laconsommation totale; les dégâts auxparties souterraines de la plante sontinexistants. Les dégâts apparaissent

avant tout en bordure de parcelle et decouche. Généralement, des traces demucus sont visibles sur le sol et les par-ties de plantes non consommées.

La limace des jardins Les limacesdes jardins sont plus foncées dans leurpartie supérieure et leur face inférieureest jaune à orange. Elles mesurent envi-ron 4 cm de long. Au sens strict, cettedénomination regroupe deux espècesdifférentes, visuellement presque iden-tiques et dont les dégâts et les mé-thodes de lutte sont identiques. Les li-maces des jardins vivent principalementdans le sol.

Dégâts: Petites morsures, souventsouterraines. Les dégâts peuvent appa-raître sur toute la surface de la parcelleet pas uniquement en bordure.

Limaces des champs Les limacesdes champs sont de petites limaces decouleur beige claire à brun. On les re-connaît à leur corps menu et à leur mu-cus glissant. Il s’agit de l’espèce la plusrépandue et elle est présente danstoutes les cultures. Les limaces deschamps et des jardins éclosent norma-lement au printemps et grandissentpendant l’été jusqu’à atteindre la tailledéfinitive de 3-4 cm.

Dégâts: identiques à ceux des limacesdes jardins.

Cultures à risque Grandes cultu-res: Les plantes de colza, tournesol, bet-teraves sucrières et fourragères fraîche-ment levées sont les plus menacées parles limaces. Plus tard, ces plantes nesont pratiquement plus sensibles. Les li-maces peuvent aussi causer d’impor-tants dégâts aux pommes de terre. Dans

ce cas, les principaux dégâts surviennentjuste avant la récolte.

Cultures spéciales: De nombreuses es-pèces de légumes et de plantes orne-mentales ainsi que les fraises sont sen-sibles aux morsures de limaces. Danscertains cas, les plants sont tellementendommagés que la croissance s’entrouve retardée. Dans de nombreux cas,les limaces ne font que de petites mor-sures qui empêchent la commercialisa-tion de la récolte (par exemple des ra-dis). Parfois, c’est la présence même deslimaces qui pose problème comme parexemple les petites limaces des champscachées dans les têtes de salades. Demanière générale, les plantes fraîche-ment levées ou plantées sont les plussensibles aux attaques de limaces.

Jardins domestiques: Les limaces cau-sent aussi d’importants problèmes dansles jardins domestiques. Les fleurs et lé-gumes sensibles croissent dans un espacerestreint comportant de nombreux abrispour les limaces comme les haies et lestas de compost. Les arion vulgaris s’ymultiplient particulièrement bien. Elles

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PROTECTION DES PLANTESPRODUCTION BIO

Protection contre les limacesLes espèces de limaces décrites ici sontdes ravageurs des cultures agricoles.Par souci de transparence, nousajoutons que la plupart des espèces delimaces (tant les escargots que leslimaces nues) ne sont pas des ravageurset que nombres d’entre-eux appartien-nent même à la liste des espècesmenacées.

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Auteurs Dr. BernhardSpeiser, Protection desplantes et biodiversité,Martin Koller,Techniques culuturaleset cultures, Institut derecherche de l’agricultu-re biologique (FiBL),5070 Frick

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sortent de leurs repaires pendant la nuitet causent d’importants dégâts.

Situations à risque La pressiondes limaces varie fortement non seule-ment d’une parcelle à l’autre, mais aussià l’intérieur de la parcelle. Les endroitssuivant présentent un risque plus élevé:• Les stations humides et ombragées• Les parcelles avec des sols lourds• La proximité immédiate de prairies

naturelles, de friches, de jachères etd’ourlets.

• Après les hivers doux et humides ainsique suite à des cultures avec une cou-verture du sol importante (par exem-ple comme le colza et le tournesol),le risque est aussi plus élevé.

Mesures préventives Les limacesprofitent malheureusement des mesuresqui favorisent une biodiversité plus im-portante ainsi qu’une meilleure protec-tion des sols. Elles sont à l’aise dans lesbandes herbeuses extensives et les ja-chères florales qui lui permettent de secacher de leurs ennemis. Par contre, leshaies et jachères favorisent aussi les hé-rissons, les musaraignes et les carabes.Il est important que pendant les stadessensibles de la culture, les bordures dela parcelle soient broyées régulièrementet maintenues à une faible hauteur. Sides engrais verts sont semés avant uneculture sensible, il est nécessaire de l’in-corporer suffisamment tôt. Les limacesse réfugient volontiers dans les fissures

du sol, il est donc important que les litsde semences des cultures sensibles (sa-lades, carottes) soient suffisammentfins.

À proximité de l’exploitation, les ja-chères florales, les bordures entourantles parcelles et entre les cultures peu-vent être pâturées par des oies.

Les cultures sensibles aux limacespeuvent être protégées par des barrièresanti-limaces installées avant l’assaut desravageurs. Elles n’offrent toutefois pasde protection complète contre les li-maces. Un arrosage matinal est avanta-geux dans ces cultures. Le sol est ainsiplus sec pendant la nuit et donc moinsfavorable aux déplacements des limacesqu’un sol arrosé pendant la nuit.

Lutte Depuis quelques années, desproduits à base de phosphate de fersont autorisés (p.ex. Ferramol, Sluxx), cequi a facilité la régulation des limaces.Pour les exploitations Bio Suisse, les exi-gences sont plus strictes. En grandescultures, ces produits ne sont autorisésque pour les colzas, tournesols, bette-raves sucrières et fourragères. Engrandes cultures et en cultures maraî-chères, les traitements ne sont autorisésque pendant les deux premières se-maines qui suivent la levée de la culture,resp. la plantation. Ces produits agissentrapidement et empêchent les limaces dese nourrir; en fait les limaces ne meurentdonc pas immédiatement. Pour Sluxx, ledosage est plus bas que pour les pro-duits usuels, ce qui rend leur utilisationmoins onéreuse.

Les nématodes des limaces, disponi-bles dans le commerce, constituentune autre possibilité de lutte. Toute-fois, l’utilisation des nématodes estcomparativement plus coûteuse et plusdélicate. Les nématodes doivent êtrestockés au frais et rapidement utilisés.Ils doivent encore être protégés durayonnement solaire direct. S’il nepleut pas rapidement après l’applica-tion, il est nécessaire de les rincer avecbeaucoup d’eau pour les introduiredans le sol. L’action des nématodescontre les limaces des champs estbonne, mais nettement moins efficacecontre arion vulgaris. L’utilisation denématodes n’a donc de sens qu’en pré-sence de population de limaces deschamps. �

PRODUCTION BIOPROTECTION DES PLANTES

1 · Arion Vulgaris estl’espèce de limaceindigène la plusgrande. Photo: B. Speiser

2 · Deux jeunes arionsvulgaris de couleursdifférentes. Les bandeslongitudinales brunessont bien visibles. Photo: B. Speiser

3 · Les limaces des jardins se reconnaissent à leur face inférieurejaune à orange.Photo: D. Röthlisberger

4 · Les limaces deschamps sont les plusrépandues. Photo: B. Speiser