12
Au Burkina Faso, au Gabon, et dans une moin- dre mesure, au Ghana, et au Sénégal, le modèle suisse de formation pro- fessionnelle duale est de mise, mais de manière dif- férente. En vigueur aussi en Allemagne et en Autriche, voisines de la Suisse, le système dual forme les 2/3 des jeunes de ces trois pays et jouit au sein de leurs populations, d’un ancrage et un prestige de plusieurs siècles. Il met l’accent sur le côté pratique de l’apprentis- sage. En Suisse, il repose sur deux piliers : une formation axée sur la pratique profes- sionnelle, et un Partenariat public-privé (PPP) avec le monde de l’entreprise. De ce fait, l’apprenant peut, dès l’âge de 16 ans, entrer en formation professionnel- le. Celle-ci s’adresse princi- palement aux non-bache- liers. Il s’agit d’une forma- tion longue (3 à 4 ans, en fonction des professions). Durant cette période, il signe un contrat d’appren- tissage avec son employeur. Ce contrat est assimilable à un contrat de travail. Selon un rythme hebdomadaire, il passe 1 à 2 jours en école profession- nelle, puis 3 à 4 jours auprès de son employeur. Pendant sa formation, il est suivi par une structure de soutien (maître d’apprentis- sage) au sein de l’entrepri- se. Il perçoit un salaire progres- sif, variant entre 1/10e et un 1/3 de celui d’un employé formé. Sa formation est sanctionnée par un Certificat fédéral de capaci- té professionnelle (CFC), reconnu dans l’ensemble du pays. Il offre au titulaire, la possibilité d’approfondir sa formation et sa spécialisa- tion, tout au long de sa car- rière professionnelle, décloi- sonnant ainsi la voie de l’ap- prentissage. S’agissant du PPP, il consis- te à placer l’entreprise au cœur du domaine enseigné et l’établissement du plan de formation. S’y ajoutent, l’accompagnement profes- sionnel de l’apprenti, les commissions d’examen, la validation des acquis. Aux pages 7 -10, nous vous pro- posons un dossier sur les différentes expériences suisses en Afrique dans ce domaine. IC Magazine d’information sur les relations Suisse-Afrique Juillet-Décembre 2015 - Prix : 500 F CFA - ISSN 0851 - 3805 http://www.facebook.com/#!/refletsuisseafrique SUISSE-AFRIQUE FORMATION PROFESSIONNELLE DUALE P AGE 2 INSTITUTIONS Rapport 2015 sur la poli- tique étrangère suisse P AGE 3 n DIPLOMATIE La Suisse et l’Afrique en 2015 Bilan avec le Secrétaire d’Etat Yves Rossier P AGE 4 n ECONOMIE, FINANCES & AFFAIRES ALIMENTATION Nestlé lance une cam- pagne de réduction du sel en Afrique ENTREPRISES Madagascar : Création du premier centre interrégional d’incubation d’entreprises P AGE 5 n COOPÉRATION & DÉVELOPPEMENT ENFANCE Aide suisse à la mise en place d’un certificat de pro- tection DROITS DE L’ENFANT La Suisse adhère à la troisième Convention internationale P AGE 6 n EDUCATION & FORMATION Statistiques sur la prove- nance des étudiants afri- cains en Suisse P AGES 7-10 n SPÉCIAL FORMATION PROFESSIONNELLE DUALE P AGE 11 SOCIETE, ARTS & CULTURE MALI Sacralisation de mauso- lées reconstruits avec la contribution suisse P AGE 12 INTERNATIONAL COMMUNICATION La Suisse réaffirme son engagement dans la lutte contre la fracture numérique L’Afrique s’inspire du modèle suisse Le magazine «Reflets» est intégré dans les collections des Archives natio- nales de la République du Sénégal et de la Bibliothèque nationale Suisse N° 41 ALERTE Attention à l’arnaque sur les offres de bourses d’études en Suisse Magazine Par Ibrahima Cissé c m j n Depuis 2000 Copyright: Center for Development and Cooperation

FORMATION PROFESSIONNELLE DUALE L’Afrique s’inspire du ... · suisse de formation pro-fessionnelle duale est de mise, mais de manière dif-férente. En vigueur aussi en Allemagne

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Page 1: FORMATION PROFESSIONNELLE DUALE L’Afrique s’inspire du ... · suisse de formation pro-fessionnelle duale est de mise, mais de manière dif-férente. En vigueur aussi en Allemagne

Au Burkina Faso, auGabon, et dans une moin-dre mesure, au Ghana, etau Sénégal, le modèlesuisse de formation pro-fessionnelle duale est demise, mais de manière dif-férente.En vigueur aussi en

Allemagne et en Autriche,voisines de la Suisse, lesystème dual forme les 2/3des jeunes de ces trois payset jouit au sein de leurspopulations, d’un ancrageet un prestige de plusieurssiècles. Il met l’accent sur lecôté pratique de l’apprentis-sage.En Suisse, il repose surdeux piliers : une formationaxée sur la pratique profes-sionnelle, et un Partenariatpublic-privé (PPP) avec lemonde de l’entreprise.De ce fait, l’apprenant peut,dès l’âge de 16 ans, entreren formation professionnel-le. Celle-ci s’adresse princi-palement aux non-bache-liers. Il s’agit d’une forma-tion longue (3 à 4 ans, enfonction des professions).Durant cette période, ilsigne un contrat d’appren-tissage avec sonemployeur. Ce contrat estassimilable à un contrat detravail. Selon un rythme

hebdomadaire, il passe 1 à2 jours en école profession-nelle, puis 3 à 4 joursauprès de son employeur.Pendant sa formation, il estsuivi par une structure desoutien (maître d’apprentis-sage) au sein de l’entrepri-se.Il perçoit un salaire progres-sif, variant entre 1/10e et un1/3 de celui d’un employéformé. Sa formation est

sanctionnée par unCertificat fédéral de capaci-té professionnelle (CFC),reconnu dans l’ensemble dupays. Il offre au titulaire, lapossibilité d’approfondir saformation et sa spécialisa-tion, tout au long de sa car-rière professionnelle, décloi-sonnant ainsi la voie de l’ap-prentissage.S’agissant du PPP, il consis-te à placer l’entreprise au

cœur du domaine enseignéet l’établissement du plande formation. S’y ajoutent,l’accompagnement profes-sionnel de l’apprenti, lescommissions d’examen, lavalidation des acquis. Auxpages 7 -10, nous vous pro-posons un dossier sur lesdifférentes expériencessuisses en Afrique dans cedomaine.

IC

Magazine d’information sur les relations Suisse-AfriqueJuillet-Décembre 2015 - Prix : 500 F CFA - ISSN 0851 - 3805

http://www.facebook.com/#!/refletsuisseafrique

SUISSE-AFRIQUEFORMATION PROFESSIONNELLE DUALE

PAGE 2

� INSTITUTIONS� Rapport 2015 sur la poli-tique étrangère suisse

PAGE 3

n DIPLOMATIE� La Suisse et l’Afrique en2015� Bilan avec le Secrétaired’Etat Yves Rossier

PAGE 4

n ECONOMIE,FINANCES & AFFAIRESALIMENTATION� Nestlé lance une cam-pagne de réduction du selen AfriqueENTREPRISESMadagascar : Création dupremier centre interrégionald’incubation d’entreprises

PAGE 5

n COOPÉRATION &DÉVELOPPEMENTENFANCE� Aide suisse à la mise enplace d’un certificat de pro-tection

DROITS DE L’ENFANT � La Suisse adhère à latroisième Conventioninternationale

PAGE 6

n EDUCATION & FORMATION� Statistiques sur la prove-nance des étudiants afri-cains en Suisse

PAGES 7-10

n SPÉCIAL FORMATIONPROFESSIONNELLE DUALE

PAGE 11

� SOCIETE, ARTS & CULTUREMALI� Sacralisation de mauso-lées reconstruits avec lacontribution suisse

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� INTERNATIONALCOMMUNICATION� La Suisse réaffirme sonengagement dans la luttecontre la fracture numérique

L’Afrique s’inspire

du modèle suisse

Le magazine«Reflets» est intégrédans les collectionsdes Archives natio-

nales de laRépublique duSénégal et de laBibliothèque

nationale Suisse N° 41

ALERTE Attention àl’arnaque surles offres debourses

d’études enSuisse

Magazine

Par Ibrahima Cissé

c m j n

Depuis 2000

Copyright: Center for Development

and Cooperation

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INSTITUTIONS 2 Magazine Reflets n° 41 Janvier - Mars 2016

M. Johann N. Schneider-Ammann, 64 ans, Chef duDépartement fédéral (Ministre)de l’Economie, de la formationet de la recherche (DEFR), estle Président de laConfédération Helvétique en2016. Membre du Parti libéral-radical de la section de Berne,la capitale, il est le 98e membredu Conseil fédéral à accéder àcette fonction depuis la créa-tion de l’Etat fédéral.Il a pour vice-présidente, MmeDoris Leuthard, Cheffe duDépartement fédéral (Ministre)de l’Environnement, destransports, de l’énergie et de lacommunication (DETEC).Nous vous proposons ci-dessous,l’intégralité du message de nouvelAn, du nouveau Présidentsuisse à ses compatriotes :«Chères concitoyennes, chersconcitoyens,Je me trouve ici en Suisse, aubord du Rhin, à la frontière avecnos voisins. Le port du Rhin et laville de Bâle sont comme uncondensé de la Suisse: uneSuisse souveraine au milieu del’Europe, économiquement liéeau monde. Une Suisse où scien-ce, recherche et économie s’al-lient dans un espace restreint.Ce sont des bases essentiellesde notre réussite. Surtout mainte-nant, alors que nous devons faireface à d’importants défis.Au cours de l’année écoulée, biendes choses ont suscité notreinquiétude. Tout d’abord, c’est lefranc fort qui a ébranlé un grandnombre d’entreprises. Puis, plusrécemment, c’est le terrorisme etl’afflux de réfugiés qui nous ontmontré comment des risquespeuvent rapidement se transfor-mer en drames. Nous devonsdéfendre notre sécurité et notreliberté avec détermination. C’estdevenu encore plus important.

Notre devoir humanitaire nouscommande aussi, dans le cadredes possibilités de notre Etat, decontribuer à soulager les souffran-ces des réfugiés dont l’intégritécorporelle et la vie sont mena-cées. Cette générosité n’estcependant pas à sens unique.Celles et ceux que nousaccueillons doivent aussi respec-ter nos règles.Chères concitoyennes, chersconcitoyens, lorsque les passionsse déchaînent, il est indispensa-ble de s’appuyer sur ses forces.Les nôtres ne sont pas des moin-dres: la Suisse est le champion del’innovation et de la compétitivité;notre formation duale est parmiles meilleures du monde; notresecteur public n’est pas paralysépar les dettes; et grâce à tout cela,presque tout le monde dans notrepays a un emploi, et du mêmecoup une perspective.Vous contribuez tous à ce succès.Chaque jour. Comme individus etcitoyens, engagés dans la sociétéet dans votre profession. Nousavons le privilège de vivre ensécurité et dans la prospérité.Cela ne va pas de soi.Que devons-nous faire pour quece privilège perdure? Nousdevons nous attaquer ensemble àdes chantiers qui ne sont pas tou-

jours agréables. Nous devronsvaincre nos propres réticences.Seule la cohésion nous permettrade réussir.Quels sont les travaux qui nousattendent ? J’en mentionne trois :n Premièrement, nous devonsassurer la voie bilatérale et pré-server ainsi notre souveraineté.L’ouverture au monde a toujoursété notre devise. Elle a fait notresuccès.n Deuxièmement, des entrepri-ses fortes sont le meilleur garantde l’emploi. Et l’emploi est lemeilleur garant de la sécuritésociale et du bien-être.L’économie suisse est toujoursparmi les plus performantes.Nous devons veiller à ce que celareste ainsi, en offrant des condi-tions-cadre libérales.n Et troisièmement : «Tous unispour l’emploi et la Suisse» – telest mon slogan. Nous avonsaussi besoin de courage pourmettre en œuvre des réformes quiattendent depuis trop longtemps.Je pense par exemple à la pré-voyance vieillesse. L’AVS nousconcerne tous, jeunes et vieux.Une chose encore, qui m’estchère : nous devons à nouveaufaire confiance plutôt que de nour-rir nos méfiances – rendre possi-ble plutôt qu’interdire.Chères concitoyennes et conci-toyens, la Suisse va bien. Nouspouvons affronter les défis à veniren position de force. Nous y par-viendrons seulement si nous res-tons unis. Je vous promets de m’yengager de toutes mes forces,pour forger des solutions qui ser-vent l’intérêt de tout le pays.Ensemble, avec le Conseil fédé-ral, avec le Parlement et avecvous tous.Je vous souhaite du fond du cœurune bonne et belle année 2016. »

LMR (source : admin.ch)

NOUVEAU PRÉSIDENT DE LA SUISSE EN 2016M. Johann N. Schneider-Ammann sur le présidium

Une mission scientifique suisse, conduite par le Secrétaired’Etat à la Formation, à la Recherche et à l’Innovation, M. MauroDell’Ambrogio, a effectué une visite officielle de 5 jours (9 -13janvier) au Soudan et en Ethiopie.Au Soudan, la délégation de haut niveau s’est rendue sur le site desfouilles archéologiques suisses de renommée mondiale menées àKerma. Soutenues notamment par la Confédération, elles ont permisde mettre au jour de nombreux trésors de la civilisation nubienne.C’est grâce aux fouilles entreprises par les équipes d’archéologuessuisses, d’abord sous l’égide du professeur Charles Bonnet, del’Université de Genève, puis du Professeur Matthieu Honegger, del’Université de Neuchâtel, qu’un nombre très important de vestiges degrande valeur ont été découverts et qu’un musée remarquable a puvoir le jour à Kerma.Après cette étape, la délégation suisse s’est rendue à Khartoum, lacapitale, où elle a visité des institutions de recherches, et eu un entre-tien avec le ministre de la Culture et des Antiquités. La rencontre apermis de faire un bilan de la coopération bilatérale, et de discuter deson avenir, après une première rencontre en 2014, lors de l’inaugura-tion de l’exposition spectaculaire sur les fouilles de Kerma, auLaténium de Neuchâtel.Ressources naturellesEn Ethiopie, M. Dell’Ambrogio et sa suite ont pris part, à Addis Abeba,au troisième comité conjoint (JCM) Suisse-Ethiopie, avec le ministèrepour la Science et la Technologie (MoST). Puis, le Secrétaire d’Etat aconduit la délégation suisse au troisième comité conjoint, institué en2008, par un accord de coopération scientifique et technologiqueentre la Suisse et l’Ethiopie. Au cours des travaux, les discussions ontporté notamment sur l’état actuel et la poursuite de la collaborationdans le domaine de l’utilisation des ressources naturelles, menéesdepuis longtemps par le Centre interdisciplinaire de Développementet d’Environnement (CDE) de l’Université de Berne. Elle porte sur ledéveloppement possible de la collaboration dans des domaines telsque l’agronomie et la santé, en collaboration également avec laDirection pour le développement et la coopération (DDC) duDépartement fédéral des affaires étrangères (DFAE).Des visites d’instituts de recherche à Addis Abeba, partenaires actuelsou potentiels d’institutions suisses ont complété le programme de lamission.A noter que la mission suisse était composée de représentants de l’or-ganisation faîtière des hautes écoles suisses, swissuniversities, duFonds national suisse (FNS), ainsi que de scientifiques d’instituts derecherche relevant du domaine des écoles polytechniques, des uni-versités cantonales et d’une haute école spécialisée.

PL (Com)

CORNE DE L’AFRIQUEMission scientifique au Soudan et en Ethiopie

Le Conseil fédéral(Gouvernement) a approuvé leRapport de politique extérieuresuisse 2015 lors de sa séance du13 janvier 2016. Ce documentdonne une vue d’ensemble de la

politique extérieure de la Suisseet expose les principales activi-tés déployées dans ce domaineen 2015. Il consacre cette annéeun chapitre majeur à l’engage-ment de la Suisse en faveur desdroits de l’homme et du droitinternational humanitaire.Il présente la mise en œuvre desaxes importants de la politiqueextérieure, définis dans la straté-gie de politique étrangère 2012-2015. L’engagement de laSuisse en faveur des droits del’homme et du droit internationalhumanitaire, les relations de laSuisse avec les Etats voisins etavec l’Union européenne, la sta-bilité en Europe et dans le restedu monde, les partenariats stra-tégiques avec les Etats non euro-péens et des questions liées à lagouvernance mondiale sontentre autres sujets évoqués dansle Rapport.Selon ses auteurs, 2015 a étéune année au cours de laquel-le, les crises et les conflits sesont multipliés, leur intensité etleurs effets négatifs ont augmen-té. Pour autant, l’évolution du

contexte international et lesaléas de l’actualité n’ont pasmodifié les principes sur lesquelsrepose la politique extérieure dela Suisse.Durant l’année sous revue, l’étatde droit, l’universalité et la neu-tralité, ainsi que la solidarité et laresponsabilité ont encore servide boussole à l’action menée parla Suisse dans le cadre de sapolitique étrangère.Parallèlement à la recherche desolutions durables dans les rela-tions entre la Suisse et l’UE, l’en-gagement pour la paix et la sécu-rité a donc constitué une prioritéde la politique extérieure de laSuisse. A cet égard, le rapport depolitique extérieure 2015 montrecomment la Suisse, au traversde sa politique étrangère, a pufaire valoir ses intérêts, contri-buer utilement aux efforts inter-nationaux visant à renforcer lastabilité et la capacité d’actionmultilatérale et construire despasserelles dans un environne-ment international en partie pola-risé.

KU (avec info-EDA)

DIPLOMATIERapport 2015 de la politique étrangère suisse

Le magazine "reflets Suisse-Afrique" est publié par :

Reflets Communication SarlISSN 0851- 9625

Allées Robert DelmasRésidence Hôtel de Ville2ème étage BP 21024

15524 Dakar-Ponty (Sénégal)Tél. : +221 33 842 63 53Mobiles: +221 76 668 57 26

E-mail :magazine.reflets@refletsuisse-

afrique.comDirecteur de la publication & Rédacteur en Chef :

Ibrahima CisséConception: Amath GUEYE

Impression : Avitech Impressions

Téléphone : +221 33 820 92 91Distribution : Adp

Crédit photo: admin.ch

• Dernière minute

Du 13 au 15 janvier dernier, une délégation scientifique de hautniveau, conduite par l’Ambassadeur Mauro Moruzzi, s’est ren-due au Kenya dans le cadre d’une mission exploratoire. La mis-sion avait pour objectif d’évaluer le potentiel de collaborationavec un certain nombre d’institutions de renom, dans un paysqui fait figure de plateforme régionale. Le Kenya connaît unecroissance économique continue depuis plusieurs années et ilambitionne de doubler son investissement dans le domaine dela recherche dans les années à venir, pour le porter à 2% deson PIB.

Lettres de créances : Le pre-mier Ambassadeur africain del’année 2016 a présenté seslettres de créances auPrésident suisse, le mardi 12janvier. Il s’agit del’Ambassadeur des Seychelles,avec résidence à Bruxelles, M.Thomas Selby Pillay. Les Ambassadeursd’Afghanistan, Mme SurayaDalil (avec résidence à

Genève), de Thaïlande, M.Nopadol Gunavibool, du Brésil,M. José Borges dos SantosJunior, de Colombie, M. JuliánJaramillo Esobar, de Bahreïn,M. Muhammad Abdul Ghaffar(avec résidence à Paris) et deChypre, M. Tasos A. Tzionis(avec résidence à Rome) ontégalement présenté leurs lett-res de créances à la mêmeoccasion.

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DIPLOMATIE 3 Magazine Reflets n° 41 Janvier - Mars 2016

Le magazine Reflets : L’année2015 est maintenant derrièrenous. Un passé c’est aussi unaussi un souvenir. En cela, queretenez-vous de l’Afrique en2015?Yves Rossier : En trois mots, jeretiens : crises politiques, terroris-me, terres d’espoir.LMR : Quel bilan de la politiquesuisse en Afrique en 2015, dansles domaines politique, écono-mique et financier, ainsi que lacoopération au développement etl’aide humanitaire?YR : Au plan économique, nousavons mis un accent clair dedéveloppement des relations bila-térales. Un Consulat général àLagos ouvre au début de cetteannée, poumon économique duNigeria. Plusieurs missions éco-nomiques ont eu lieu (Angola,Mozambique), dont une qui aaccompagné la Présidente de laConfédération, Mme SimonettaSommaruga, en Ethiopie en octo-bre.Dans le domaine politique, laSuisse a essayé, dans la mesurede ses moyens, de prévenir lacrise au Burundi. Je me suisrendu sur place et j’ai rencontré lePrésident ainsi que les principauxacteurs du gouvernement, de l’op-position et de la société civile. LaSuisse poursuit son engagementen faveur d’une sortie de crise etd’une stabilisation politique etsociale du Burundi au travers desNations Unies, où elle exerce laPrésidence de la ConfigurationBurundi de la Commission deconsolidation de la paix de l’ONU,et de son programme bilatéral surplace. Grâce à son partenariatavec l’Autorité intergouvernemen-tale sur le développement de laCorne d’Afrique (IGAD), laSuisse a également financé lesefforts de cette organisation quiont abouti à la conclusion de l’ac-cord de paix au Soudan du Sud.Nous avons également démarréune coopération sur les droits del’homme avec l’Afrique du Sud,qui montre déjà des résultats auniveau multilatéral.L’aide au développement suissecontinue ses activités dans despays prioritaires. Par contre, l’aidehumanitaire a dû déployer desmoyens supplémentaires pouraider les populations déplacéesdes pays du Bassin du Lac Tchad,en fuite à cause des violencescausées par Boko Haram. Ainsi,plus de 10 millions ont-ils étéinvestis au Cameroun et auNigeria, une zone où, traditionnel-lement, l’aide suisse n’est pas pré-sente. De plus, le Conseil fédérala accordé, en septembre 2015, uncrédit supplémentaire de 19millions de francs suisses, pourvenir en aide aux victimes des cri-

ses climatiques et politiques dansla Corne d’Afrique.LMR : Certainement aussi queles difficultés n’ont pas man-qué ?YR : Le contexte sécuritaire necesse de se détériorer au centredu continent. On peut presquetirer une ligne d’Ouest en Est, dontles segments sont couverts pardivers groupes terroristes aux ori-gines et moyens divers. Monvoyage au Niger m’a démontréque la Suisse met en œuvre desprogrammes à la base, avec lesjeunes, en matière d’éducation etde formation, ainsi qu’en matièrede gouvernance locale et de dialo-gue interreligieux, comme rem-parts au radicalisme. Nous som-mes donc actifs essentiellementdans la prévention de l’extrémis-me violent à long terme. Toutefois,ce contexte sécuritaire tendu metà mal le moral de nos gens surplace. Certains programmes decoopération ne peuvent plus êtresuivis, dans certains endroits.Les transitions politiques floues ouinstrumentalisées par les pouvoirsen place sont également un sujetde préoccupation majeure.Comment nous positionner dansde tels contextes ? Notre coopéra-tion au développement peut-ellecontinuer, comme si de rien n’é-tait ? Quels leviers a-t-on pouressayer de faire changer unesituation ?Malgré ces problèmes, la plupartdes pays d’Afrique sont courtiséspar beaucoup de pays occiden-taux et émergents. La Suisse doitdonc redoubler d’efforts pourmaintenir les bons contacts,comme avec l’Afrique du Sud, quiest sollicitée par un grand nombrede pays, plus importants que laSuisse.LMR : De manière générale,quelle analyse faites-vous de cebilan?YR :Je suis satisfait et fier de notrepolitique étrangère en Afrique. Au-delà d’un agenda de développe-ment et de politique de paix, quifonde notre tradition, nous som-mes en train de nous positionnersur d’autres domaines, tournésvers l’avenir. Nous développonsnos moyens pour profiter dupotentiel économique du conti-nent ; nous constatons que lesmilieux de la formation et de larecherche s’intéressent à certainspays. Bien sûr, il y a encore unlong chemin à parcourir jusqu’à laconclusion de partenariats de longterme, mais certains signes sontencourageants, comme en Côted’Ivoire ou en Ethiopie.En matière de politique de paix, laSuisse a su trouver des initiativesintéressantes à soutenir, commeau Zimbabwe, où peu d’acteurssont présents ou sont même en

train de quitter le pays. Maisnous devons retrouver une placeplus prééminente dans les pro-cessus de paix.LMR :Par rapport aux objectifsde départ de l’année, êtes-voussatisfaits ou vous êtes restéssur votre faim, du genre «oui,mais peut mieux faire» ?YR : Les objectifs fixés ont été entrès grande partie atteints. Bienentendu, on peut toujours mieuxfaire. Mais il faut aussi être réalis-te. La Suisse a des ressourcesfinancières limitées, tant au planopérationnel qu’au plan du per-sonnel qu’elle peut déployer surplace. Nos gens travaillent beau-coup, ils sont motivés, dyna-

miques, et de bons connaisseursde la région. Nous avons unréseau d’ambassades étendu,comparativement à d’autres pays.Je trouve qu’à l’échelle de monpays, nous nous engageonsbeaucoup pour construire avec lecontinent africain.LMR : Les relations entrel’Afrique et la Suisse en 2015,pour vous, c’était quoi ?YR : Il n’y avait jamais eu de visi-te présidentielle suisse enEthiopie. C’est maintenant chosefaite !C’est aussi deux accords de paix,porteurs d’espoir, au Mali et auSud-Soudan, deux pays où laSuisse a une longue tradition d’as-

sistance et - dans le cas du Sud-Soudan,- un rôle historique dansla construction du pays.LMR : Au-delà de ce regard surle passé (2015), quelles sont lesgrandes orientations de la poli-tique suisse en Afrique en 2016?YR : Les gros piliers de nos rela-tions avec les pays d’Afrique doi-vent être approfondis.Premièrement, la Suisse doitcontinuer de se positionner sur lesmarchés africains ; pour cela, unaccompagnement en faveur demeilleures conditions-cadres estnécessaire. A titre d’exemple,nous soutenons les autoritéskényanes et tanzaniens dans leurlutte contre la corruption, tant avecles outils de la coopération audéveloppement qu’avec notreappareil judiciaire.Deuxièmement, nous devons ren-forcer notre position dans la réso-lution de certaines crises, commeau Burundi. Troisièmement, lenombre de pays partenaires aveclesquels des échanges diploma-tiques ont lieu de manière réguliè-re va augmenter ; en 2015, desconsultations politiques ont débu-té avec le Ghana et l’Angola.Cette année, le Sénégal et leMozambique seront à l’honneur.Enfin, l’année 2016 est celle del’approbation, par le Parlementsuisse, du nouveau crédit-cadrede coopération au développementpour les quatre prochainesannées, dont environ 50% estalloué à Afrique. Nous devronsmener ces débats en Suisse avecdes arguments solides et de ladétermination.Le Conseiller Fédéral DidierBurkhalter prévoit au moins deuxdéplacements en Afrique sub-saharienne en 2016, ce qui per-mettra d’envoyer des signaux àhaut niveau quant à l’engagementet à l’intérêt que la Suisse porteenvers l’Afrique.

Interview recueillie par ICS

BILAN POLITIQUE SUISSE EN AFRIQUE EN 2015LE SECRÉTAIRE D’ETAT YVES ROSSIER AU MAGAZINE REFLETS«Les relations entre l’Afrique et la Suisse se sont fortifiées davantage l’année dernière»Les liens entre la Suisse et l’Afrique se sont renforcés en 2015.Ils s’inscrivent dans une perspective durable. Cette année, desactions majeures sont tout aussi prévues. Ce sont entre autres,l’augmentation du nombre de pays partenaires avec lesquelsdes échanges diplomatiques auront lieu de manière régulière,des échanges de visites de personnalités suisses et africaines,la hausse de 50% du crédit-cadre de coopération au développe-ment. Un renforcement de position de la Suisse dans le conti-nent, annoncé ici par le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangèresde la Confédération helvétique. A cœur ouvert avec MonsieurYves Rossier, fort en souvenirs de belles actions menées en2015 par la Suisse en Afrique.

Mme Dagmar Schmidt Tartagli,Ambassadeur de Suisse auSénégal, Cap-Vert, en Gambie,en Guinée-Bissau, au Mali eten Mauritanie, a remis ses lett-res de créances au présidentIbrahim Boubacar Keita duMali, le 14 janvier 2015 àBamako.La Suisse et le Mali entretiennentdes relations diplomatiquesdepuis 1961. Et depuis 1977, leMali fait partie des 10 pays prio-ritaires de la coopération suisseau développement en Afrique duNord et en Afrique au sud duSahara. En 1980, la DDC(Direction du développement etde la coopération) y a ouvert unBureau de Coopération. Il inter-venait, au départ, dans les sec-teurs de l’environnement, de l’hy-draulique villageoise et de lasanté. Puis, il a progressivementévolué dans les soutiens auxinstitutions du pays, tout enencourageant la participation dela population dans la définition

des priorités et la mise en œuvrede la coopération. Cette évolu-tion a permis d’apporter desréponses toujours plus adaptéesaux besoins des communautés.Aujourd’hui, la DDC intervientprincipalement dans le dévelop-pement rural, l’économie locale,l’éducation et la formation profes-sionnelle ainsi que la gestionpublique locale. L’aide humanitai-re a été fortement augmentée

depuis l’éclatement du conflitarmé au nord du Mali en janvier2012 et en lien avec la crise ali-mentaire dans le Sahel. LaSuisse est aussi engagée auMali au travers de son program-me de politique de paix.Sur le plan économique, le volu-me des échanges entre la Suisseet le Mali est faible, malgré unesérie d’accords bilatéraux sur lecommerce, la coopération éco-nomique, la protection réci-proque des investissements, lestransports aériens civils. LaSuisse importe du Mali des pro-duits agricoles, alors qu’elle yexporte principalement des pro-duits pharmaceutiques et diver-ses machines.En 2015, l’ensemble des diffé-rentes aides suisses (écono-mique, coopération, humanitaire)était estimé à 30,49 millions CHF(18,2 milliards de francs CFA)contre 31,16 millions CHF (18,7milliards de francs CFA) en 2014.

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SUISSE-MALILa nouvelle Ambassadeur de Suisse au Mali présente ses lettres de créances au Chef de l’Etat

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ECONOMIE, FINANCE, & AFFAIRES 4 Magazine Reflets n° 41 Janvier - Mars 2016

M. Bruno Le Ciclé a été nomménouveau Directeur Général deNestlé Maroc, et aussi Chef de larégion Maghreb qui comprend leMaroc, l’Algérie et la Tunisie. M.Bruno Le Ciclé exerce ses fonc-tions à partir du Maroc, hub dugroupe pour la région. M. DavidSaudan, ancien DG de NestléMaroc a été nommé CountryBusiness Manager NestléWaters en Chine.Entré au Groupe Nestlé enJanvier 1986, M. Bruno Le Cicléa occupé diverses fonctionsMarketing et Ventes. D’abord enCôte d’Ivoire, en Angola, auSénégal et à Vevey avant d’êtretransféré en RépubliqueTchèque où il a été promuDirecteur Général de 2000 à2004. Il a ensuite été promuDirecteur Général au Portugalavant d’être nommé Directeur

Général en Ukraine et enMoldavie. En 2010 il a pris denouvelles fonctions au sein deNestlé Waters en guidant lesmarchés sur leurs réflexions stra-

tégiques.Fort d’une expérience dans leGroupe Nestlé de près de 30ans, M. Bruno Le Ciclé aura àcœur de poursuivre la croissan-ce du groupe Nestlé auMaghreb dans une région à fortpotentiel de croissance.

Commentant sa nomination, M

Bruno le Ciclé a déclaré : «C’estavec beaucoup de fierté et depassion que j’entame ma nomi-nation à la tête de NestléMaghreb. Je suis heureux derevenir sur le continent africainoù j’ai débuté ma carrière. Cettenouvelle mission me tient parti-culièrement à cœur. Je sais queje peux compter sur des collabo-rateurs compétents, passionnéset dévoués pour m’accompagnerdans les challenges à venir».

COM

NESTLÉMaroc : Mr Bruno Le Ciclé nouveau directeur général

Le volume des ventes dans larégion EMEA (Europe, MoyenOrient, Afrique) du groupe BarryCallebaut, leader mondial duchocolat, a augmenté de 7,1%, à220’196 tonnes, durant les troispremiers mois de l’exercice2015/16, a annoncé le groupe,dans un communiqué publié le20 janvier 2016.La région des Amériques a aussiconnu un «excellentdébut», allant jusqu’à + 13,2% à131’230 tonnes, alors que dansla région Asie-Pacifique, la crois-sance du volume des ventes duGroupe a accéléré, et s’est situéeà 13,9% à 20’716 tonnes.Pour le CEO du Groupe, M.Antoine de Saint-Affrique, «labonne dynamique de croissancedu quatrième trimestre 2014/15 asubsisté». Le Groupe a biencommencé son nouvel exerciceavec une hausse générale desvolumes de ventes et une contri-

bution positive de tous lesmoteurs de croissance clés. Sarecherche d’une «croissanceintelligente», c’est-à-dire d’unéquilibre entre la croissance duvolume et l’amélioration de larentabilité, ainsi que la généra-tion de cash-flow disponible, estmise en œuvre progressivementet les projets de transformationsont en bonne voie.

VG

CHOCOLAT

Barry Callebaut fait le bilan despremières ventes 2015/2016

La Suisse va mettre fin, dans undélai maximal de cinq ans, àtoute subvention à l’exportationvers les Pays les moins avancés(PMA), de matières premièreslaitières et céréalières, conte-nues dans les produits agricolestransformés, telle que par exem-ple celle prévue par la «loi choco-latière». Cette subvention estaccordée sous forme de contri-bution. La mesure concerneaussi la subvention à l’exporta-tion de chevaux Franches-

Montagnes. Ce démantèlementdes contributions à l’exportationfait suite aux recommandationsde la 10e conférence ministériel-le de l’Organisation mondiale ducommerce (OMC), tenue le 19décembre 2015 à Nairobi, auKenya. Les Etats membres ontentre autres adopté l’interdictioncomplète de toutes formes desubventions à l’exportation. EnSuisse, l’abolition sera immédiateet sans délai transitoire.

ECONOMIEVers la fin des subventions de l’Etatà toute forme d’exportations

«Vivre sainement en Afrique»,tel était le thème d’une vastecampagne virtuelle de réduc-tion de la consommation dusel, que Nestlé a menée enAfrique de l’ouest et en Afriquecentrale de septembre ànovembre 2015. Elle a connuun immense succès, puisqu’el-le a touché 11 millions de per-sonnes dans les 26 paysd’Afrique de l’ouest et centrale.La campagne a été essentielle-ment menée sur les réseauxsociaux: Facebook, Twitter,YouTube et Google+, dans le butd’inciter les africains à consom-mer moins de sel.Selon Nestlé CWAR (Central andWest African Region= Régiond’Afrique Centrale et d’Afrique del’Ouest), basée à Accra, auGhana, la campagne a étémenée sur le compte Facebookde Nestlé et sur son fil Twitter parl’utilisation de messages, d’ima-ges et de hashtags, tels que#DidYouKnow et#HealthyLivingAfrica. Elle est tou-

jours disponible sur le site inter-net du groupe veveysan.Pendant la campagne, les afri-cains ont été invités à cuisinermoins salé, à découvrir des recet-tes moins salées, à acheter plusintelligent et à goûter les alimentsavant d’en rajouter du sel.Les messages ont été publiés enanglais et en français, afin d’élar-gir leur portée. Des conseils pra-tiques sur la réduction du sel pardes choix de vie à la fois simpleset sains ont été fournis aux afri-cains.Sur le compte Facebook deNestlé, les commentaires deconsommateurs ont montré l’in-fluence de la campagne sur leurshabitudes alimentaires.La campagne «Vivre sainementen Afrique» entre dans le cadredu soutien de la stratégie de nutri-tion, santé et bien-être de Nestlé.Cette stratégie est destinée àencourager les individus et leursfamilles à faire des choix «plussains et plus équilibrés» dans leurmode de vie.

Face au succès de cette premiè-re campagne du genre, Nestlé sepropose de lancer, l’année pro-chaine, des campagnes virtuellessimilaires sur d’autres conseils desanté et de bonnes habitudes ali-mentaires.La multinationale suisse s’enga-ge à «promouvoir» une alimenta-tion et un mode de vie «sains»pour aider les populations àatteindre et à maintenir un poidscorporel sain à l’âge adulte, ensoulignant l’importance d’une ali-mentation équilibrée et d’une acti-vité physique régulière.L’entreprise s’est aussi engagéeà réduire la teneur en sel de sesproduits, et à accélérer cetteréduction dans ses produits ali-mentaires pour aider les individusà atteindre l’objectif d’uneconsommation maximale de 5 gde sel par personne et par jourd’ici à 2025, fixé parl’Organisation Mondiale de laSanté et d’autres autorités inter-nationales et nationales.

LMR (avec ATS)

ALIMENTATIONCONSOMMATION DU SELNestlé lance une campagne africaine de réduction en Afrique

La Société africaine de cacao(SACO), filiale ivoirienne dugroupe Barry-Callebautentend contribuer à unemeilleure transformation ducacao en Côte d’Ivoire,annonce le directeur mondialdu groupe SACO, Antoine DeSaint Afrique.Créée en 1964, la SACO estune société ivoirienne, qui ades usines à San-Pedro (sudouest ivoirien) et Abidjan, lacapitale.«Nous sommes de gros trans-formateurs de cacao. Nousavons discuté des vues du gou-vernement sur l’avenir ducacao, comment faciliter la

transformation du cacao pourque de la valeur soit créée enCôte d’Ivoire. Nous formons desgens en permanence dans nosusines. Il s’agit de faire plus àpartir de ces usines, continuer laqualité et la technicité de ce quiest fait à partir de ces usines.Nous souhaitons continuer àcontribuer au développement dupays», a affirmé M. De SaintAfrique, au terme d’une audien-ce avec le Premier ministre ivoi-rien, Daniel Kablan Duncan.La compagnie Barry Callebaut,filiale du «groupe Jacobs hol-ding» dont le siège est à Zurich,Suisse, est le leader mondialdes fabricants de produits à

base de cacao et de chocolat dequalité supérieure. Celle-ciopère à partir de 30 pays,exploite plus de 45 sites de pro-duction et emploie quelque6000 personnes. En Côted’Ivoire, à travers sa fillialeSaco, elle traite 230.000 tonnesdont 100.000 sont transforméessur place en beurre et tourteau.L’on note également la présen-ce sur place d’Unicao, de Cemoiet Cargil. Avec l’entrée en servi-ce de l’usine Micao du groupeCargill, la transformation de l’«orbrun» sera portée à 324 000tonnes, soit 27% de la produc-tion nationale.La Côte d’Ivoire envisage deporter la transformation de 50 à60% de la production nationaleestimée à 1, 740 millions de ton-nes en 2015.

news.abidjan.net

CÔTE-D’IVOIRECACAOSoutien à la transformation locale

Le premier centre inter-régionald’incubation d’entreprises ouvri-ra ses portes cette année, grâceà un partenariat entre lesChambres de commerce et d’in-dustrie de Vakinankaratra, aunord, Menabe, (ouest), etAmoron’i Mania (sud-est), toutesà Madagascar, et la Suisse, enpartenariat avec le ministère duDéveloppement du SecteurPrivé, dans le cadre d’un pro-gramme suisse, dénomméMantoy, qui vise la réduction dela pauvreté dans le pays.En juin 2015, les responsablesdu Programme Matoy et laFédération des Chambres deCommerce et de l’Industrie deMadagascar (FCCIM) ont signéune Convention de partenariat,dans l’objectif de renforcer lesCCI des 3 régions d’interventiondu programme. Cette interven-tion se fait à travers l’élaborationet la mise en œuvre de leursplans stratégiques conformé-ment à leurs rôles et aux besoinsdu secteur privé dans leurs res-sorts territoriaux respectifs, puis

la mise à jour de leurs fichiersconsulaires. Elle vise égalementà appuyer la FCCIM dans lacoordination et le compagnonna-ge des interventions des CCIdans le développement territo-rial. La mise en place projet d’in-cubation inter-régional durera unan (janvier-décembre 2016.)Les trois régions concernées parle projet ont des liens écono-miques et sociaux qui permettentde développer une coopérationinter-régionale mutuellementavantageuse. Leur proximité faitqu’elles disposent de vastessuperficies territoriales suscepti-bles d’être valorisées sur le planéconomique. Il y a entre ces troisrégions aussi, une complémen-tarité, favorisées par deux espa-ces de croissance, telles leszones d’investissements agrico-les dans le Vakinankaratra et leMenabe, et un espace de solida-rité, grâce à la politique demigration dans l’Amoron’i Mania.

LMR (avec Midi Magascaret mantoy.mg)

MADAGASCARCréation du premier centre inter-régional d’incubation d’entreprises

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c m j n

COOPÉRATION & DÉVELOPPEMENT 5 Magazine Reflets n° 41 Janvier - Mars 2016

Le magazine Reflets : Quellesrelations y a-t-il entre votrecentre et les pays africains ?Professeur Philip Jaffé : A tra-vers l’Institut international desdroits de l’enfant de Sion, nousavons beaucoup de relationsavec les pays africains, puisquele fondateur de cet institut desdroits de l’enfant, le Dr h.c. JeanZermatten, était le président ducomité des droits de l’enfant del’ONU. Il avait alors tissé desliens étroits avec presque tousles pays africains qu’il avait visi-tés dans le cadre de ses fonc-tions. Nous accueillons aussi àSion, des délégations africaines,très fréquemment, pour desséminaires. Nous avons doncdes liens proches mais un peuépisodiques à notre goût. Avec leprogramme de formation enProtection de l’enfant et Droits del’enfant, c’est l’occasion d’ancrerun rapport autour d’une forma-tion commune, puisque nous col-laborons aussi avec le Servicesocial international en Afrique del’ouest. C’est donc une manièrede renforcer les liens, de se ren-contrer en terre africaine, pourune formation que nous avonsbeaucoup de peine à développeren Europe du fait des difficultés,pour beaucoup de pays africains,

d’obtenir des visas d’entrée.Autant donc venir en Afrique pourcette formation.LMR : Cette formation aboutitdonc au Certificat enProtection et Droits de l’en-fant. Quelle est son importan-ce, sa valeur, son intérêt pourles pays africains?Pr P.J. : Cet intérêt est le suivant: la région ouest et centre africai-ne dispose déjà de bons réseauxde professionnels, c’est-à-dire depersonnes qui travaillent sur leterrain, et dans les tranchées.Mais ceux qui sont principale-ment des opérateurs dans ledomaine de l’enfance ont besoinde souffler de temps en temps,de prendre du recul, de réfléchirensemble aux thématiques surlesquelles ils travaillent, maisaussi de prendre ensemble letemps de s’inspirer du théoriqueet de mettre en place des straté-gies. Le but est donc de s’assoir,se retirer du terrain, et pourmieux sauter avec des idéespour des programmes de protec-tion des enfants plus efficaces.La plus-value de faire cela enAfrique, c’est qu’il y a un savoir-faire qui existe déjà sur place,également adaptée aux condi-tions culturelles, et qui peut êtredéveloppé, et encore plus perfor-

mant.LMR : Les trois cours ont étél’occasion pour vous et voscollègues suisses, d’avoir deséchanges avec les travailleurssociaux africains. De ceséchanges, que retenez-vousde la situation de l’Enfant enAfrique de l’Ouest et centrale?Pr P.J. : A brûle pourpoint, c’estune question large à laquelle ilconvient de répondre parquelques exemples.

Personnellement, je suis spécia-liste de la violence à l’encontredes enfants. On sait qu’enAfrique, comme dans le reste dumonde, il y a beaucoup d’enfantsqui sont maltraités, abusés, etqui vivent dans des situations degrande vulnérabilité. Certainsaspects sont spécifiques àl’Afrique, à la région ouest et cen-tre africaine, notamment lamigration, avec des enfants quise retrouvent dans le flux migra-toire où ils sont souvent malme-nés, confrontés à de grandessouffrances. Il y a aussi toutesles questions du travail desenfants, qui touchent bien plusd’enfants en Afrique qu’enEurope, et dont je trouve qu’onparle relativement peu enAfrique. Je suis assez surpris.Ou encore les punitions corporel-les à l’école et dans la famille. EnAfrique, les études montrentqu’elles sont tolérées, alors quedans beaucoup de pays dans lemonde la société civile et l’Etatœuvrent à leur éradication.Personnellement, je suis un mili-tant pour la protection desenfants dans un contexte euro-péen et mon point de vue est plu-tôt robuste quant au besoin derepenser comme les enfants sonttraités et respectés. Il me sembleque mes collègues africains sontplus nuancés sur certains sujets,parce qu’ils baignent dans uneréalité culturelle africaine dont il

faut tenir compte souvent. Ceciétant, sur la vaste majorité dessujets, la convergence des opi-nions est extraordinaire.LMR : On peut dire qu’en défi-nitive, le Certificat deProtection de l’enfant est unplus pour vos partenaires afri-cains, qui seront de plus enplus motivés dans leurs activi-tés?Pr P.J. : Pour ceux qui suiventdes cours de ce Certificat, c’estune manière de valider leursexpériences, en obtenant un titrequi crédibilise leurs interventionssur le terrain. Mes collègues afri-cains sont très demandeurs, carils ont accumulés énormémentd’expériences et l’objectif est deles mettre ensemble pour obtenirun titre universitaire. Par ailleurs,il est certain que ce titre enProtection et droits de l’enfant,d’une université parmi lesmeilleures au monde et dontl’une des spécialisations est ledomaine des droits de l’enfant,renforce les actions sur le terrain,rend plus crédibles encore lesacteurs de la protection de l’en-fance, pour eux-mêmes maisaussi aux yeux des autres. En finde compte, il faut des alliancesentre la société civile, le mondeacadémique, mais aussi celui dela politique pour rendre aussiincisive que possible l’action enfaveur des enfants.

Propos recueillis par IC

ENFANCEPROTECTION DE L’ENFANT AFRICAINUn Certificat de Protection de l’enfant pour une meilleure prise en charge Le Centre inter -facultaire en droits de l’enfant de l’Universitéde Genève, sous la conduite de l’Institut international de l’en-fant de Sion, et en partenariat avec le Centre de formation judi-ciaire de Dakar, ont créé conjointement, un Certificat enProtection et Droits de l’enfant. Il est délivré aux spécialistesde 14 pays d’Afrique de l’ouest et d’Afrique centrale. Les pre-miers modules pour ce diplôme ont regroupé 35 participantsen mai, août, et octobre 2015. Ces modules ont porté sur l’é-tude des systèmes de protection de l’enfant, et des moyens demise en place de meilleurs réseaux, pour que les enfantssoient moins vulnérables dans leurs pays respectifs.

Eclairage :Pour mieux comprendre l’importance du Certificat enProtection et Droits de l’enfant, nous vous proposons ci-des-sous, une interview du Professeur Philip Jaffé, professeur depsychologie et des droits de l’enfant, et directeur du Centreinter -facultaire en droits de l’enfant à l’Université de Genève,l’un des partenaires de l’initiative.

Le Conseil fédéral (Gouvernement suisse) a adop-té le 11 décembre 2015, le message concernantl’adhésion au troisième protocole facultatif à laConvention de l’ONU relative aux droits de l’en-fant. Ce protocole offre de nouveaux instrumentsde contrôle au Comité des droits de l’enfant et per-met d’appliquer la Convention avec plus d’efficaci-té.La Suisse a adhéré à la Convention de l’ONU surles droits de l’enfant, ainsi qu’à ses deux premiersprotocoles facultatifs. Contrairement aux organesde contrôle des autres conventions onusiennesrelatives aux droits de l’homme, le Comité desdroits de l’enfant ne dispose aujourd’hui que de laprocédure de rapport comme instrument decontrôle. Le troisième protocole offre de nouveauxoutils : une procédure de présentation de commu-nications individuelles, que tout particulier peut uti-

liser, après avoir épuisé les voies de recours inter-nes, pour dénoncer une violation de la Convention,une procédure de présentation de communica-tions interétatiques et une procédure d’enquête.Les constatations du Comité, à l’issue de ces pro-cédures, ne sont pas contraignantes. Elles peu-vent être accompagnées de recommandations.Il est indispensable de disposer d’instruments decontrôle efficaces pour faire appliquer les droits del’homme. C’est pourquoi la Suisse a déjà reconnudes mécanismes similaires dans le cadre d’autresconventions onusiennes et joue un rôle actif dansleur renforcement et leur développement. Enadhérant au troisième protocole facultatif, laSuisse gagnera en crédibilité lorsqu’il s’agira dedéfendre les droits de l’enfant sur le plan interna-tional.

KJ

Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant

M. Bruno Oberle, directeur sortantde l’Office fédéral de l’environne-ment (OFEV) a exprimé, le 9décembre à Luanda, enAngola, la disponibilité de laSuisse, à renforcer la coopérationavec l’Angola, dans le domaine del’environnement. M. Oberle a quit-té cette fonction, début 2016.Nommé le 25 septembre dernier,professeur titulaire chargé de l’é-conomie verte à l’École polytech-nique fédérale de Lausanne(EPFL), il a pris ses nouvellesfonctions.Selon le ministère angolais del’Environnement, M. Oberle amanifesté l’intérêt suisse pour leprojet, lors d’une réunion qu’il atenue avec la délégation angolai-se qui participait à la Conférence

des Nations Unies sur les change-ments climatiques, à Paris.L’Initiative transfrontalière deconservation de la forêt de

Mayombe, implique l’Angola, laRépublique Démocratique duCongo, le Congo Brazzaville et leGabon, tous des pays voisins, en

Afrique centrale.Selon M. Bruno Oberle, la coopé-ration suisse pourrait s’appuyersur le modèle des projets en coursdans la forêt amazonienne, auBrésil. Les pays du projet de l’ini-tiative transfrontière de Mayombeveulent mettre en place des poli-

tiques visant à conserver et amé-liorer les aires de conservationtransfrontalières de Mayombe. Ilsveulent élargir le projet à laNamibie, en impliquant Okavango/ Zambèze et Iona/ SkeletonCoast, situés dans son territoire.

HJ

ANGOLALa Suisse prête à soutenir l’initiative transfrontalière de Mayombe

La Suisse a contribué à la miseen place de Dispositifs deconcentration du poisson (DCP)sur le long de 3’300 kilomètres decôtes, en vue de stimuler la peti-te pêche artisanale. Il s’agit, enfait, d’habitats de poissons artifi-ciels. Ce projet de la FAO estmené conjointement par l’Unioneuropéenne, le Japon et la DDC(direction du développement et

de la coopération). Le montant dela contribution suisse s’élève à650’000 dollars (651’000 CHF)sur un coût global de 1,5 millionde dollar (1,480 million CHF).Depuis 2013, la Suisse soutientce projet qui a pour but d’amélio-rer la capacité de résilience despopulations locales. Il est estiméque 15’000 personnes bénéficie-ront directement des 25 installa-

tions, soit approximativement600 pêcheurs par installation. Lenombre de bénéficiaires aug-mentera, une fois que cette nou-velle technologie sera mieux maî-trisée par les pêcheurs locaux.Cet effort a été financé par lesgouvernements du Japon et de laSuisse, tandis que la Force nava-le de l'UE (EUNAVFOR), dont lamission consiste à lutter contre la

piraterie tout en surveillant lapêche dans cette zone maritime,a assuré la protection et le sou-tien logistique au navire qui adéployé les DCP.Les DCP peuvent avoir un impactnégatif sur l’environnement s’ilssont utilisés à mauvais escient.Aussi la FAO a-t-elle été pionniè-re en élaborant des lignes direc-trices pour l’utilisation de cesdispositifs de manière durable,tout en s’appuyant sur les leçonsapprises ailleurs.

HJ (avec EDA info)

SOMALIEAppui au développement de la pêche artisanale

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EDUCATION & FORMATION 6 Magazine Reflets n° 41 Janvier - Mars 2016

Etudiants de provenance africaine* dans les hautes écoles universitaires suisses - selon la haute école, le groupe de domaines d'études et le niveau d'études, 2005-20142008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Total Afrique Total 1516 1516 1598 1627 1728 1731 1736

Haute école Université de Bâle 73 89 99 114 132 133 147Université de Berne 32 47 53 55 67 65 69Université de Fribourg 111 134 127 115 119 117 113Université de Genève 596 541 544 537 568 524 491Université de Lausanne 208 214 231 223 243 274 301Université de Lucerne 1 1 1 0 0 2 3Université de Neuchâtel 110 114 121 121 115 96 108Université de St-Gall 8 7 5 8 11 12 9Université de Zurich 33 41 39 38 39 42 40Università della Svizzera italiana 30 31 45 51 61 74 53EPF de Lausanne 257 231 257 278 293 313 325EPF de Zurich 43 40 53 56 53 56 59Autres institutions universitaires 14 26 23 31 27 23 18

Groupe de domaines d'études 1 Sciences humaines + sociales 359 368 400 354 382 391 4142 Sciences économiques 279 277 275 289 303 305 2903 Droit 143 162 173 148 161 172 1634 Sciences exactes + naturelles 310 318 331 347 369 365 3615 Médecine + pharmacie 110 115 122 176 191 176 1936 Sciences techniques 190 164 192 207 223 230 2247 Interdisciplinaire + autres 125 112 105 106 99 92 91

Niveau d'études Licence / Diplôme et études non académiques 37 28 26 18 25 23 25Bachelor 380 359 392 398 461 470 490Master 506 523 551 534 576 553 522Doctorat 349 341 341 370 362 386 390Formation continue 92 110 139 175 210 214 192Etudes spécialisées et approfondies 33 34 36 17 8 11 12autre 119 121 113 115 86 74 105

Afrique du Nord** Total 579 614 664 682 734 785 820

Haute école Université de Bâle 10 11 13 16 15 14 19Université de Berne 5 9 13 13 20 14 13Université de Fribourg 39 47 46 42 40 38 34Université de Genève 181 176 190 178 193 198 196Université de Lausanne 105 111 120 119 128 161 178Université de Neuchâtel 46 53 46 43 42 37 46Université de St-Gall 2 2 0 0 0 0 0Université de Zurich 15 20 18 19 17 15 14Università della Svizzera italiana 10 9 11 9 17 16 11EPF de Lausanne 147 154 186 218 234 261 278EPF de Zurich 16 16 18 17 18 22 22Autres institutions universitaires 3 6 3 8 10 9 9

Groupe de domaines d'études 1 Sciences humaines + sociales 90 107 121 116 113 118 1352 Sciences économiques 121 123 120 127 134 149 1593 Droit 44 45 39 27 34 42 414 Sciences exactes + naturelles 133 149 147 150 166 175 1705 Médecine + pharmacie 48 50 65 72 83 91 946 Sciences techniques 108 102 128 144 158 175 1757 Interdisciplinaire + autres 35 38 44 46 46 35 46

Niveau d'études Licence / Diplôme et études non académiques 16 16 15 8 10 13 17Bachelor 183 202 247 266 324 352 359Master 183 199 218 216 233 259 257Doctorat 116 106 104 114 107 102 112Formation continue 5 8 9 6 10 11 8Etudes spécialisées et approfondies 11 9 8 3 3 2 2autre 65 74 63 69 47 46 65

Afrique subsaharienne*** Total 937 902 934 945 994 946 916

Haute école Université de Bâle 63 78 86 98 117 119 128Université de Berne 27 38 40 42 47 51 56Université de Fribourg 72 87 81 73 79 79 79Université de Genève 415 365 354 359 375 326 295Université de Lausanne 103 103 111 104 115 113 123Université de Lucerne 1 1 1 0 0 2 3Université de Neuchâtel 64 61 75 78 73 59 62Université de St-Gall 6 5 5 8 11 12 9Université de Zurich 18 21 21 19 22 27 26Università della Svizzera italiana 20 22 34 42 44 58 42EPF de Lausanne 110 77 71 60 59 52 47EPF de Zurich 27 24 35 39 35 34 37Autres institutions universitaires 11 20 20 23 17 14 9

Groupe de domaines d'études 1 Sciences humaines + sociales 269 261 279 238 269 273 2792 Sciences économiques 158 154 155 162 169 156 1313 Droit 99 117 134 121 127 130 1224 Sciences exactes + naturelles 177 169 184 197 203 190 1915 Médecine + pharmacie 62 65 57 104 108 85 996 Sciences techniques 82 62 64 63 65 55 497 Interdisciplinaire + autres 90 74 61 60 53 57 45

Niveau d'études Licence / Diplôme et études non académiques 21 12 11 10 15 10 8Bachelor 197 157 145 132 137 118 131Master 323 324 333 318 343 294 265Doctorat 233 235 237 256 255 284 278Formation continue 87 102 130 169 200 203 184Etudes spécialisées et approfondies 22 25 28 14 5 9 10autre 54 47 50 46 39 28 40

* domicile au moment de l'obtention du certificat d'accès aux études** Algérie, Lybie, Maroc, Tunisie, Egypte, Sahara occidental*** y. c. Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et SoudanBFS / OFS, SHIS / SIUS, 06.10.2015, sca

Etudiants de provenance africaine* dans les hautes écoles spécialisées et pédagogiques suissesselon la haute école, le groupe de domaines d'études et le niveau d'études, 2005-2014

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

Total Afrique Total 500 475 450 448 455 426 417

Haute école spécialisée Berner Fachhochschule 12 12 8 5 11 15 26et pédagogique Haute Ecole Spécialisée de Suisse occidentale 436 409 382 368 344 312 307

Fachhochschule Nordwestschweiz 18 15 18 22 18 17 16Fachhochschule Zentralschweiz 2 5 8 8 10 17 13Scuola universitaria professionale della Svizzera italiana 11 11 12 15 16 12 6Fachhochschule Ostschweiz 5 5 3 3 2 2 3Zürcher Fachhochschule 11 9 7 5 9 14 14Kalaidos Fachhochschule 0 0 0 0 1 0 0HES Les Roches-Gruyère 0 0 0 3 32 7 3Autres HEP et institutions de la formation des enseignants 5 9 12 19 12 30 29

Groupe de domaines d'études Architecture, construction et planification 53 44 48 58 56 58 51Technique et IT 237 223 203 198 171 161 161Chimie et sciences de la vie 9 11 9 7 10 10 14Agriculture et économie forestière 6 3 2 2 0 0 0Economie et services 81 83 81 75 123 90 95Design 6 5 7 6 5 6 6Musique, arts de la scène et autres arts 18 23 19 12 11 13 11Linguistique appliquée 1 1 1 0 0 0 0Travail social 36 37 43 40 28 22 12Psychologie appliquée 1 0 0 0 0 0 0Santé 47 36 24 29 38 35 36Formation des enseignants 5 9 13 21 13 31 31

Niveau d'études Diplôme 73 24 9 9 5 2 4Bachelor 398 400 370 355 368 323 317Master 17 37 57 66 67 89 84Formation continue 12 14 14 18 15 12 12

Afrique du Nord** Total 174 177 165 175 158 154 149

Haute école spécialisée Berner Fachhochschule 5 4 2 2 1 2 3et pédagogique Haute Ecole Spécialisée de Suisse occidentale 153 155 142 147 131 127 127

Fachhochschule Nordwestschweiz 4 4 5 8 5 4 4Fachhochschule Zentralschweiz 1 2 2 2 4 5 4Scuola universitaria professionale della Svizzera italiana 5 6 5 5 6 5 2Fachhochschule Ostschweiz 2 2 2 1 0 1 1Zürcher Fachhochschule 2 1 1 1 1 2 2HES Les Roches-Gruyère 0 0 0 0 4 2 2Autres HEP et institutions de la formation des enseignants 2 3 6 9 6 6 4

Groupe de domaines d'études Architecture, construction et planification 30 28 26 36 27 25 21Technique et IT 93 99 89 91 72 76 73Chimie et sciences de la vie 2 3 3 3 3 3 2Agriculture et économie forestière 2 0 0 0 0 0 0Economie et services 26 28 25 18 32 28 32Design 5 2 2 2 2 3 3Musique, arts de la scène et autres arts 5 5 3 3 3 3 3Travail social 5 5 6 6 3 1 1Santé 4 4 5 6 10 9 10Formation des enseignants 2 3 6 10 6 6 4

Niveau d'études Diplôme 30 11 5 5 3 1 2Bachelor 132 153 138 138 128 124 127Master 5 7 17 26 22 24 13Formation continue 7 6 5 6 5 5 7

Afrique subsaharienne*** Total 326 298 285 273 297 272 268

Haute école spécialisée Berner Fachhochschule 7 8 6 3 10 13 23et pédagogique Haute Ecole Spécialisée de Suisse occidentale 283 254 240 221 213 185 180

Fachhochschule Nordwestschweiz 14 11 13 14 13 13 12Fachhochschule Zentralschweiz 1 3 6 6 6 12 9Scuola universitaria professionale della Svizzera italiana 6 5 7 10 10 7 4Fachhochschule Ostschweiz 3 3 1 2 2 1 2Zürcher Fachhochschule 9 8 6 4 8 12 12Kalaidos Fachhochschule 0 0 0 0 1 0 0HES Les Roches-Gruyère 0 0 0 3 28 5 1Autres HEP et institutions de la formation des enseignants 3 6 6 10 6 24 25

Groupe de domaines d'études Architecture, construction et planification 23 16 22 22 29 33 30Technique et IT 144 124 114 107 99 85 88Chimie et sciences de la vie 7 8 6 4 7 7 12Agriculture et économie forestière 4 3 2 2 0 0 0Economie et services 55 55 56 57 91 62 63Design 1 3 5 4 3 3 3Musique, arts de la scène et autres arts 13 18 16 9 8 10 8Linguistique appliquée 1 1 1 0 0 0 0Travail social 31 32 37 34 25 21 11Psychologie appliquée 1 0 0 0 0 0 0Santé 43 32 19 23 28 26 26Formation des enseignants 3 6 7 11 7 25 27

Niveau d'études Diplôme 43 13 4 4 2 1 2Bachelor 266 247 232 217 240 199 190Master 12 30 40 40 45 65 71Formation continue 5 8 9 12 10 7 5

* domicile au moment de l'obtention du certificat d'accès aux études** Algérie, Lybie, Maroc, Tunisie, Egypte, Sahara occidental*** y. c. Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Soudan

c m j n

(Source: Office fédéral de la statistique (OFS: www.bfs.admin.ch )

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7 Magazine Reflets n° 41 Janvier - Mars 2016

Le magazine Reflets :Comment se présente votreONG ? En quoi est-elle impor-tante pour les pays du Sud ?Alpha Dramé : Notre ONG tra-vaille pour la reconnaissance dumodèle dual suisse dans lemonde. D’abord au niveau desNations -Unies, à travers le droit àl’éducation. Dans ce droit à l’édu-cation pour tous, il serait intéres-sant qu’il intègre l’apprentissage,qui est avant tout un métier, avantd’avoir une formation. Nous tra-vaillons à cette reconnaissance,pour que ça soit pris en comptedans le cadre des Nations -Unies. Ensuite, nous avons tout unegamme ou nous participons à lamise en place de politiques d’ap-prentissage dans les pays duSud, en accompagnant les gou-vernements, afin de pouvoir intég-rer le modèle suisse dans leurssystèmes de formation profes-sionnelle.LMR : C’est quoi ce modèlesuisse ? Comment l’appliquerdans les pays du Sud ?AD : La Suisse, l’Autriche etl’Allemagne ont des modèlesbasés sur la formation profession-nelle d’un apprenti. Ils reposentsur un principe dual qui dit quel’apprenti doit, d’abord être d’a-bord employé, ensuite faire la for-mation. Il y a un curseur qui per-met de faire évoluer le temps deformation et le temps d’apprentis-sage, en fonction des capacités etdes besoins de l’économie. En finde compte, quel que soit le che-min parcouru par le jeune, que cesoit plus de pratique que de théo-rie ou plus de théorie que de pra-tique, les deux arrivent au mêmediplôme. Ce qui permet de valori-ser le travail. Quel que soit le cas, après l’en-seignement obligatoire, le jeunepeut tout de suite choisir d’allervers un métier. Ce qui permetcette cohérence, c’est qu’il y a unconsensus entre le milieu profes-sionnel, l’Etat et les syndicatsautour de la formation profession-nelle, qu’on appelle le consensusdu «win-win», que moi j’appelle letriangle de fer. Car, il est basé surle fait que ce sont les associationsprofessionnelles qui décrivent lemétier et le déclinent. L’Etat levalide dans le cadre d’une ordon-nance fédérale, qu’il harmoniseensuite au niveau de l’ensembledes cantons. LMR ; : La formation, c’est untout. Il y a d’un côté, les appre-nants et les formateurs, et enface, les syndicats. Quel estjustement le rôle ou la placedes syndicats dans le modèlesuisse ?AD : Les syndicats sont là pourprotéger les valeurs syndicalesdes jeunes. Ils les placent chez un

employeur, avec qui ils signent uncontrat. L’Etat reprend ce contrat,puis assure la formation nécessai-re au jeune pour lui permettred’arriver à un emploi. Ce qui faitque son employeur gagne de l’ar-gent, parce qu’il le sous-paie.Touten le faisant travailler, il le rendcompétent. Le jeune de son côtéreçoit une formation, et dès qu’il ale diplôme, l’employeur ne le relâ-che plus, mais le garde. Doncl’employeur gagne, le jeunegagne, et le syndicat n’est pas làpour venir en sapeur-pompier,mais en tant que prévenant, il nefait que respecter les valeurs. Çavalorise le travail. Ce qui fait qu’enSuisse, nous avons l’un des tauxde chômage les plus bas aumonde. C’est ce modèle quenotre Organisation veut transférervers les pays du Sud où 82% del’économie reposent sur le sec-teur informel.

LMR : Est-ce à dire que lemodèle dual suisse est unepanacée contre le chômagedes jeunes dans les pays duSud, particulièrement enAfrique ? AD : Dans les pays du Sud, lesecteur informel que j’évoquaistout à l’heure, est composé dejeunes qui travaillent, dans unsystème non formalisé. Si onintroduit le modèle dual suisse,cela permettra de faire plusieursentrées dans le système, encréant des passerelles. Cela per-met non seulement de formaliseret de rendre plus pratiques, ceuxqui sont dans les formes de l’en-seignement professionnel, maisaussi d’intégrer ceux qui sontdans l’informel dans le système,et à la fin, ils arrivent à obtenir lemême diplôme harmonisé que lesautres. Donc, vous réglez le pro-blème de la valorisation de l’em-ploi, et vous formalisez l’informel,ce qui permet à l’économie defonctionner encore plus.Tout cela n’a jamais été posé entermes de politiques publiques,puisqu’il faut admettre quechaque pays du Sud a adopté lesystème de son colonisateur. LaSuisse et l’Autriche n’ont pas depassé colonial, et l’Allemagne aeu peu de colonies, ce qui fait queleur modèle n’existe pas dans lespays du Sud.LMR : Votre but est donc unapprentissage sans frontière, àpartir du système d’apprentis-sage suisse ?AD : Je le dis à qui veut l’entend-re : que la Suisse est un pays afri-cain non colonisé. Ce sont 24cantons avec différentes cultures,et trois grandes cultures qui ontréussi à moderniser une appro-che qui leur a permis de réglerleurs problèmes sans une influen-

ce extérieure.En ramenant ainsi le modèle d’ap-prentissage suisse au modèle tra-ditionnel africain, ça revient auparent (africain) qui prend sonenfant, le confie à un maitre. Ilamène avec lui de la noix de cola,et dit au maître : «forme-le pourmoi». En considérant que leparent représente la garantiemorale de l’enfant, le maîtrerespecte le code, le forme, etquand il a fini, il le libère pour qu’ilaille travailler sur le marché, puis-qu’il a la maitrise. Dans le cassuisse, on a remplacé le parentafricain par l’Etat, les maîtres, parle milieu professionnel, et le syn-dicat est là pour protéger lesvaleurs de l’enfant.

LMR : L’un des pays africains,en l’occurrence le Sénégal, estsur le point d’introduire la for-mation duale dans son systè-me éducatif. Quelle apprécia-tion faites-vous de cette initiati-ve ?AD : Avec le Sénégal, le DFAE(Ndlr : Département fédéral desAffaires étrangères) a eu uneapproche originale dans la miseen place d’un genre de projetd’expertise. En effet, il y a unengouement remarquable despays du Sud pour le modèle suis-se, pour faire face aux problèmesde formation des jeunes.En général, dans la coopérationau développement, on parle tou-jours de demande, mais surtout,on s’attend à ce que le bailleur defonds apporte des solutions. Dansce cadre, on attend de l’expertisesuisse une orientation. Or, dansce cas précis, c’est le Sénégal quiici, sollicite. Nous sommes là,dans une situation Winwin. Celaveut dire que lorsque nousvenons sur le terrain, nous avonsen face de nous une expertisesénégalaise de haut niveau quinous permet de diagnostiquer leproblème, et de proposer uneforme de recommandation, afind’améliorer les conditions de miseen place de ce modèle. Il faut

quand même résorber le taux dechômage dans le pays. Voilà enquoi « Formation Sans Frontière »participe à la mission.LMR : Y a-t-il un autre pays afri-cain dans lequel vous interve-nez ?AD : Nous travaillons aussi enGuinée, sur des projets de coopé-ration de développement, maisayant toujours comme préalable,trois philosophies principales. Lapremière, il faut qu’il y ait de la for-mation, de l’apprentissage. Laseconde, il faut qu’il y ait duNord/Sud, mais aussi duSud/Sud, parce qu’il faut baisserle coût de la coopération, et la ren-dre bénéfique. La troisième, enfin,il faut de l’écologie. Nous pensonsde ce fait, que l’apprentissageserait une solution aux problèmesenvironnementaux dans les paysdu Sud, puisque ce sont de nou-veaux métiers qui vont nécessiterpeu de formation. Il faudrait doncformer les jeunes sur le tas pourrésoudre les problèmes environ-nementaux.

Propos recueillis par IC

M. ALPHA DRAMÉ, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL D’APPRENTISSAGE SANS FRONTIÈRE«En matière de formation professionnelle, la Suisse est un pays africain non colonisé»

SPÉCIAL FORMATION PROFESSIONNELLE

M. Alpha Dramé est le Secrétaire général d’« Apprentissagesans frontières », une organisation non gouvernementale(ONG) suisse basée à Genève. Membres fondateur de laditeONG, il est d’origine guinéenne et vit en Suisse depuis près de27 ans. Après un parcours académique à l’IUED (Institut univer-sitaire d’études du développement) de Genève, il se bat pour letransfert du modèle dual suisse dans les pays du Sud.Entretien.

c m j n

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TRIBUNE LIBRE 8 Magazine Reflets n° 41 Janvier - Mars 2016

Le magazine Reflets : Le systè-me de formation professionnel-le suisse est toujours cité enexemple, au point que certainspays viennent s’en inspirer.Voulez-vous nous présenter cesystème, plus connu sous l’ap-pellation de formation profes-sionnelle duale?Taziana Fantini : Ce système dela formation professionnelle estmarqué par l’alternance entrethéorie et pratique. La formationen entreprise et à l’école profes-sionnelle est le type de formationprofessionnelle initiale le plusrépandu. Deux tiers des jeunesen Suisse optent pour une forma-tion professionnelle initiale(apprentissage) et acquièrent parce biais de solides connaissancesprofessionnelles de base. Les jeu-nes ont le choix entre près de 230formations en apprentissage.Complétant un certificat fédéralde capacité, la maturité profes-sionnelle permet d’accéder à unehaute école spécialisée sansavoir à passer d’examen d’admis-sion. Les étudiants ayant réussil’examen complémentaire«Passerelle maturité profession-nelle – hautes écoles universitai-res» peuvent aussi entrer à l’uni-versité ou dans une école poly-technique fédérale (EPF).LMR : Il prépare donc les appre-nants à mieux s’armer pour

affronter l’avenir. Quelle est saplace dans le système éducatifsuisse?TF : La formation professionnelles’inscrit au degré secondaire II(formation professionnelle initiale)et au degré tertiaire (formationprofessionnelle supérieure). Elleest intégrée au système éducatif,repose sur des formations et desprocédures de qualification natio-nales clairement définies et secaractérise par une perméabilitéélevée. Avec les hautes écolesspécialisées, les universités et lesécoles polytechniques fédérales,la formation professionnelle supé-rieure constitue le degré tertiairedu système éducatif suisse. Elleprésente un lien étroit avec la pra-tique et répond aux besoins dumarché du travail. Elle permetd’acquérir les qualificationsnécessaires à une activité profes-sionnelle exigeante avec desresponsabilités techniques et deconduite, et fournit un réservoir demain-d’œuvre qualifiée aux entre-prises.LMR : Ce système est-il adaptéà d’autres pays? Commentceux qui désireraient le fairedoivent-ils s’y prendre?TF : Il n’est pas possible, «d’ex-porter» le système de formationprofessionnelle suisse tel queldans d’autres contextes sociaux,culturels et économiques. Les

principales difficultés sont liées àl’implication des entreprises pri-vées et surtout aux résistancesculturelles : sans tradition ferme-ment ancrée ni exemplesconvaincants de carrières réus-sies, la formation professionnellemanque de prestige social. Il estcependant possible de transférercertains aspects du système deformation professionnelle, parexemple de type pédagogique,qui ont le potentiel de soutenir desréformes d’un système d’éduca-tion national dans une directionduale. Ces éléments doivent tou-tefois être adaptés aux contextessocio-économiques et culturelslocaux. Dans tous les cas, mettreen place un système de formationprofessionnelle duale et en espé-rer des retombées concrètes surle marché de l’emploi se mesureen de longues années.LMR : En Afrique, la Suisse a-t-elle été sollicitée pour apporterson expérience en matière deformation professionnelleduale?TF : La Suisse mène des coopé-rations internationales en matièrede formation professionnelle dansplusieurs domaines politiques etavec différents Etats partenaires.

La coopération en matière de for-mation professionnelle gagne enimportance à la fois au niveauintergouvernemental et dans lecadre d’organisations internatio-nales. La Confédération disposedans divers domaines politiques(formation, coopération au déve-loppement, affaires étrangères,économie, migration) de basesstratégiques lui permettant depiloter les activités des servicesfédéraux concernés. Dans sastratégie sur la Coopération inter-nationale en matière de formationprofessionnelle (CIFP), approu-vée par le Conseiller fédéralJohann Schneider-Ammann enmars 2014, le SEFRI a fixé certai-nes priorités : l’accent géogra-phique est mis sur les pays dusud et de l’est de l’Europe, ainsique sur les Etats-Unis et les paysBRICS. Dans ce cadre, le SEFRIa signé une déclaration communeavec l’Afrique du Sud en 2015visant à définir des domaines decollaboration communs dans laformation professionnelle. Il existeégalement un projet bottom-up departenariat entre la Haute écolespécialisée bernoise et le gouver-nement du Gabon. Cependant leSEFRI n’y est pas directementimpliqué.LMR : Comment expliquez-vous le succès de ce modèlesuisse de formation profes-sionnelle duale qui suscite tantd’engouement, notamment enAfrique?TF : L’attrait principal est certaine-ment le lien fort avec le marché dutravail, mais aussi le faible taux dechômage chez les jeunes. La per-méabilité et la qualité du systèmejouent certainement aussi un rôledans cet attrait.Le système actuel fonctionne surla base d’un partenariat étroitentre les pouvoirs publics (can-tons et confédération), les organi-

sations du monde du travail et lesentreprises, qui jouent un rôle fon-damental pour le fonctionnementde tout le système : elles mettentà disposition des places d’appren-tissage et s’impliquent à traversleurs organisations de branchedans le développement continu etla gouvernance du système. Leurengagement et leur investisse-ment pour former des apprentissont fondés sur des valeurs cultu-relles, mais surtout sur un raison-nement économique à longterme. Il peut cependant arriverque les apprenti/es quittent leuremployeur après leur formation,ce qui n’est toutefois pas considé-ré comme un problème, puisqueles entreprises investissent dansla relève de personnel qualifiédans leur propre intérêt. LMR : Quel suggestion feriez-vous aux pays qui voudraients’inspirer du modèle suisse deformation duale?TF : La caractéristique de la for-mation duale est d’être en phaseavec les besoins du marché del’emploi : on forme les personnesdans les secteurs qui sontdemandeurs de personnel quali-fié. Il faut un engagement fort dela part de l’Etat et de l’économie.Sans cet engagement, surtout dela part des entreprises, on man-querait de places d’apprentissageet la formation professionnelle,privée de son lien avec la pra-tique, ne pourrait produire deseffets durables. Pour sa part, l’Etatdoit veiller à l’attrait de la forma-tion professionnelle – par exem-ple en prévoyant des possibilitésde qualification taillées sur mesu-re. Les pays qui veulent s’inspirerdu modèle Suisse pourraient parexemple tabler sur des réformesfavorisant une plus étroite collabo-ration entre le monde de la forma-tion et le secteur privé.

Propos recueillis par HM

SUISSEA la source du modèle

SPÉCIAL FORMATION PROFESSIONNELLE

La Suisse pratique depuis longtemps la formation profession-nelle duale, marquée par une alternance entre la pratique et lathéorie, qui fait que l’apprenant passe 70% de son programmed’apprentissage en pratique, les 30% restants étant consacrésà la théorie. Dans l’interview ci-dessous, Mme Tiziana Fantini,Porte-Parole du Secrétariat d’Etat à la formation, à la rechercheet à l’innovation (SEFRI) explique ce modèle qui fait référencedans le monde.

Au Burkina Faso, la coopéra-tion suisse mène une expérien-ce d’enseignement dual dans 4régions du pays : Centre,Centre-Ouest, Hauts-Bassins(ouest), et Cascades (sud-ouest). Les autorités du payssuivent cette expérienceavec un intérêt particulier. Lecoût du programme qui pren-dra fin en juin 2016: 1,5 milliardde francs CFA (2,6 millionsCHF).Koudougou, troisième ville dupays fait partie des sites du projet,qui entre dans le cadre d’un pro-gramme de modernisation del’apprentissage et de perfection-nement technique et profession-nel des artisans.C’est une formation moderne« adaptée au contexte et à lacapacité des artisans » locaux.Elle remplace la formation tradi-tionnelle ou formation sur le tas.Celle-ci pouvait durer jusqu’à 10ans. Les formations profession-nelles duales se font dans lesdomaines de la coiffure, la coutu-re, la mécanique deux roues, et lamenuiserie bois, secteurs por-

teurs dans la province, et choisisaprès enquête.Deux jours par semaine, lesapprenants (mécaniciens,apprentis tailleurs, apprentis coif-fure), suivent pendant 6h par jour,des cours théoriques sur leurslieux d’apprentissage manuel,délaissant tourne-vice, clé, scie,tenaille, etc., pour les cahiers etbics. Dans les salles de classeaménagées, souvent derrière les

ateliers, ils sont en rangées dedeux, trois ou quatre. Face àeux, le tableau noir, et le maître-formateur. «Celui-ci a toutes lescompétences nécessaires pourdispenser des cours», précisePierre Yaméogo, , président duCAB (Convention des associa-tions d’artisans du Burkina Faso).Cette organisation faîtière regrou-pe 7’333 membres, et 9 corps demétiers : textile et habillement,

bâtiment et terre, bois et papier,cuir et peau, service, hygiène etalimentation, service de répara-tion et maintenance, artisanatd’art, forge et assimilés, et enfin,métaux précieux.« Ce ne sont pas des centres deformation de l’Etat, mais des cen-tres informels », précise encoreYaméogo pour qui, la formationduale est plus bénéfique que laformation sur le tas, car elle per-met plus facilement une insertiondes jeunes, la création d’entrepri-ses. Mais souvent, les forma-teurs sont confrontés à des diffi-cultés, telles que le déménage-ment, les mariages ou grosses-ses indésirées (chez les filles).Les ateliers choisis sont ceux quiont une capacité d’accueillir desapprentis, disposent d’un maté-riel. Les cours s’adressent auxjeunes sachant au moins lire etécrire. Ils sont dispensés en fran-çais et portent sur la culture géné-rale, la santé, l’environnement ;l’entreprenariat, la gestion et lemarketing. Les effectifs sont limi-tés. Par exemple, KarimOuédraogo, un mécanicien maît-re-formateur de 53 ans a 10 élè-ves-apprenants dans son atelierde réparation d’engins deuxroues. Son homologue del’Entreprise Manegda couture,Herman Ramdo, en a 10, alorsque Célestin Bathiono, 41 ans,

menuisier-bois, accueille 11apprentis de 16 à 25 ans, la loiinterdisant de recruter de appren-tis de moins de 15 ans. Bathionoest est secondé par un co-forma-teur qui le remplace en cas d’ab-sence.Pour motiver les maîtres-forma-teurs qui ont loué leurs ateliers, lacoopération suisse et la CAB leuroctroient une subvention de 1,4million de francs CFA (2’360CHF) qui leur est versée, en deuxtranches : 60% au début d’unprogramme de formation, 40% àla fin. Chaque programme duredeux ans. Mais pour HermanRamdo, «c’est insuffisant pourfaire face aux besoins».Ils reçoivent aussi la matière pre-mière nécessaire aux formations.Dans le cas de la menuiserie, lemaître-formateur reçoit le bois, lapeinture, les honoraires du forma-teur, le trousseau de l’apprenant,l’amortissement des équipementset la cantine.La formation duale est sanction-née par un diplôme d’Etat: leCertificat de qualification profes-sionnelle (CQP). Le contrôle et lesuivi des formations sont assuréspar des représentants de l’Etat.Le programme en est à sa secon-de phase 2013-2016, après unepremière phase (2010-2013).

IC

BURKINA FASOUne expérience pilote de formation dualequi fait son bonhomme de chemin

Cours théoriques pour desapprentis à Coudougou

Crédit photo: IC

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9 Magazine Reflets n° 41 Janvier - Mars 2016

C’est dans ce cadre, que l’exper-tise et l’expérience dont la Suissedispose dans le domaine de l’é-conomie du bois, mais aussi danscelui de la formation profession-nelle duale, peuvent être utiles auGabon.De parvenir à une meilleure adé-quation entre les besoins du mar-

ché du travail et les cursus de for-mation dans le domaine du bois,le Gabon a décidé d’introduire denouvelles formations, de formerdes formateurs et d’accompagnerles responsables gabonais dansla mise en place d’un système deformation professionnelle duale.En 2011, l’État du Gabon a signé

un partenariat avec le Canton deBerne et la Haute école spéciali-sée bernoise afin d’introduire desfilières d’apprentissage (en parte-nariat avec les écoles et lesentreprises), et de créer uneécole technique supérieure.

Premiers succèsLes premiers succès se manifes-tent après quatre ans :n Dix enseignants gabonaisont terminé leur formation EMBA(Executive Master in BusinessAdministration) en managementde formation pour la filière dubois1 et forment dans ce cadred’autres Gabonais pour introduireune formation professionnelle auGabon. Neuf autres enseignantssuivent la formation de deux ansen Suisse.n Quatorze Gabonais suiventune formation de technicien etd’ingénieur à la haute école spé-cialisée bernoise BFH-AHB enSuisse pour prendre ensuite desfonctions dirigeantes dans desentreprises gabonaises.n Une centaine de jeunesGabonais sont actuellement en

apprentissage de scieur, menui-sier, charpentier et mécanicien demaintenance de machines auGabon. Ces filières d’apprentis-sage ont nouvellement étécréées et sont issues d’une colla-boration entre entreprises et éco-les professionnelles.Perspectives d’avenirLa seconde phase du projet de2016 à 2021 vise à institutionnali-ser la formation duale au Gabonet suit deux axes principaux :n Consolider et étendre l’offrede formation au niveau desapprentissagesà d’autres professions et d’autresrégions.n Mettre en place la formationde techniciens (niveau EcoleTechnique Supérieure) dans unenouvelle école à Booué, actuelle-ment en phase terminale deconstruction.Ceci permettra la création d’unsystème de formation cohérentau niveau secondaire et tertiaire.La possibilité de créer une filière

de niveau Bachelor reste ouverte.

Particularité de ce programmede coopérationCe programme se distingue d’au-tres activités par le fait qu’il estfinancé entièrement par l’État duGabon. Cet engagement de l’Étatgabonais constitue un facteurdéterminant pour le succès duprogramme.A noter que le programme de for-mation duale au Gabon a étédéveloppé, en collaboration avecl’Institut fédéral des hautes étu-des en formation professionnelle(IFFP) et est organisée par laHaute école spécialisée bernoise.Ce programme pourrait être inté-ressant pour d’autres régionsdésirant développer des forma-tions duales (collaboration entreécoles et entreprises).

MR: (Source:

www.ahb.bfh.ch/gabon)

GABONUNE EXPÉRIENCE DE QUATRE ANSUn programme de formation technique et pro-fessionnelle lié aux besoins de l’économie locale

SPÉCIAL FORMATION PROFESSIONNELLE

Au Ghana, l’expérience suissede formation professionnellen’est pas encore duale. C’estune formation professionnelleen école. Elle a lieu à l’écoleSaint- Paul Technical School deKukurantumi, à l’est du pays.Un établissement d’applicationde la théorie en pratique.Elle a commencé en 2005, avecl’implication de la FondationArthur Waser (AWS) de Lucerne.Pendant 3 ans, la Fondation aapporté directement son soutienfinancier à l’école, pour le déve-loppement de son offre de forma-tion, et la création de nouvellesinfrastructures.Par la suite, en 2008, la Fondationa donné mandat au Center forDevelopment and Cooperation(CDC= Centre pour leDéveloppement et laCoopération) de la Haute EcoleSpécialisée Bernoise (BFH).Cette mission porte sur la mise enœuvre des activités de formationprofessionnelle de l’école, et pourson opérationnalité. Il s’agit, entreautres, d’améliorer la situationprofessionnelle et les perspecti-ves de carrière pour les techni-ciens en formation, par une adap-tation continue des programmesde formation, de développer lescapacités institutionnelles, enmatière didactique, technique,d’organiser le développement dela formation professionnelle à l’é-cole.Le CDC est ainsi responsable dela gestion du projet de formationprofessionnelle duale de l’établis-sement.Métiers et Bible

L’école forme les jeunes dans lesdomaines de la mécanique auto-mobile, du génie électrique, dugénie mécanique, du bâtiment, dubois, de la conception architectu-rale sur ordinateur et de la menui-serie mécanique. La formationdes élèves n’est pas encore detype dual. Elle a lieu uniquementen école, mais le projet a pour butd’initier une collaboration avec lesentreprises locales, afin de répar-tir la formation entre l’école et lesentreprises sur le long terme.Parallèlement à leur formation,les élèves apprennent l’anglais,langue officielle et de travail dupays, les sciences, les étudessociales, les nouvelles technolo-gies de l’information et de la com-munication, l’entreprenariat, et laBible. A la fin de leur cursus, etgrâce aux compétences acqui-ses, ils deviennent immédiate-ment employables par l’Etat, lesecteur privé, ou pour leur proprecompte.BilanL’intervention du CDC a permis

notamment la construction denouveaux bâtiments, d’investirdans les laboratoires et des bou-tiques de l’école, et dans la for-mation du personnel sur l’entre-tien des équipements, l’introduc-tion d’outils de gestion de projet,l’amélioration de l’organisationdes structures et des flux de tra-vail. Il y a aussi le renforcementdu savoir-faire professionnel desenseignants, avec des cours spé-cifiques et la formation pratique, ledéveloppement de nouveauxconcepts de cours et l’élargisse-ment de la formation offerte, etenfin, le développement des ser-vices pour promouvoir l’indépen-dance financière de l’école.Dans les années à venir, il estprévu d’étendre le projet à d’aut-res écoles techniques du pays etce en collaboration avec l’Etat etd’autres organisations de déve-loppement afin d’obtenir desrésultats au niveau du systèmed’éducation dans son ensemble.

MR

GHANARenforcement des capacités dans une école technique

Le Gabon est un pays riche en bois, un produit dont la valeurajoutée augmente lorsqu’il est transformé sur place plutôtqu’exporté sous forme de grumes. Une transformation localedu bois permet en outre de créer des places de travail maisnécessite cependant du personnel qualifié ainsi qu’un savoir-faire spécialisé.

Le Sénégal s’est résolument tourné vers le modèle dual de forma-tion professionnelle qui combine l’étude à l’école et la formationpratique en entreprise. Face au défi démographique et social quereprésente la jeunesse grandissante au Sénégal, ce modèlerépond à l’objectif du gouvernement sénégalais de former jusqu’à30 % de la population par la formation professionnelle. Grâce à l’al-ternance entre les lieux de formation, l’entreprise et l’école, lemodèle dual doit en effet permettre de démultiplier jusqu’à cinq foisla capacité de former par rapport à une formation en plein temps,ceci à ressources quasi égales.Afin d’atteindre cet objectif, l’expertise suisse supervisée par M.Séverin Bez, Directeur général de l’enseignement post-obligatoiredu Canton de Vaud (Suisse) propose l’ouverture de la formationprofessionnelle et technique duale, non seulement aux populationsscolarisées mais également aux populations alphabétisées et nonscolarisées, par la voie de l’apprentissage renové et au travers d’unsystème de validation des acquis par l’expérience, car « si on veutdiminuer le chômage des jeunes, c’est également dans cette caté-gorie qu’il faut puiser » nous dit M. Bez.S’il tient largement compte des besoins des employeurs et assureune forte employabilité des jeunes, le modèle dual implique surtoutun partenariat public-privé fort et une gouvernance du système deformation partagée entre le secteur public et le secteur privé. Dansce cadre, l’expertise suisse en partenariat avec l’Ambassade deSuisse au Sénégal et le Ministère sénégalais de la formation pro-fessionnelle et technique, de l’apprentissage et de l’artisanat orga-nise un Symposium international, à Dakar, les 7 et 8 mars 2016,qui doit rassembler l’ensemble des partenaires nationaux de la for-mation professionnelle, issus des syndicats, du patronat et du gou-vernement, afin d’établir un dialogue sincère et transparent en plusde définir ensemble les conditions économiques, financières etlégales que demande une telle réforme. Une délégation suisse,prévue d’être menée par la Conseillère d’Etat, Madame Anne-Catherine Lyon, et qui rassemble des représentants du mondepatronal suisse, des écoles et de l’Institut fédéral des hautes étu-des en formation professionnelle (IFFP) sera présente à cetteoccasion.Loin de chercher à faire table rase du système de formation actuel-le, l’implémentation du modèle dual vise à valoriser les acquis etdévelopper un système de formation ouvert et perméable qui s’in-tègre dans les projets du pays. En effet, il est prévu, à terme, l’im-plantation de 14 lycées à travers le territoire national dont le lycéeprofessionnel de Sandiara que la Suisse accompagne égalementdans le cadre de son expertise.Considéré comme l’un des rare pays d’Afrique au sud du Sahara àavoir un ministère entièrement consacré à la formation profession-nelle, le Sénégal se distingue par la grande diversité de son systè-me de formation. En 2015, le pays comptait 485 structures de for-mation, plus de 48’8116 apprenants dont 39’553 suivent une for-mation professionnelle et 8’563 élèves de l’enseignement tech-nique, ainsi que 4’168 agents de formation.En 2014, 5’434 jeunes ont reçu leurs diplômes d’Etat (Certificatd’aptitude professionnelle, brevet d’études professionnelles, Brevetde technicien, Brevet de technicien supérieur, Brevet professionnelde banque, etc.)

IH

SÉNÉGALExpertise suisse pour l’implémentation dumodèle dual de formation professionnelle

Des jeunes formés à latransformation du bois

Cours pratiques desélèves de l’Ecole SPTS

Crédit photo: CDC

Crédit photo: CDC

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SANTÉ & NUTRITION 10 Magazine Reflets n° 41 Janvier - Mars 2016

Le magazine reflets : Votrepays, le Burkina Faso estconfronté, comme tous lespays d’Afrique francophone, auproblème de l’éducation et del’emploi des jeunes. Pour luttercontre ce problème d’emploides jeunes, la tendance est depromouvoir la formation pro-fessionnelle. Dans le cas devotre pays, comment se pré-sente ce sous-secteur de la for-mation professionnelle?Dr Yombo Paul Diabouga : Il fautdire que cette voie de la formationprofessionnelle n’est pas très biendéveloppée dans notre pays. Ellereste un grand défi. Normalement,ce sous-secteur devrait être unbon levier d’insertion, d’autopro-motion, de développement del’auto-emploi des jeunes, mais, ilreste assez embryonnaire par rap-port aux autres sous-secteurs del’éducation.En matière de formation profes-sionnelle, le Ministère del’Education nationale et de l’alpha-bétisation contribue, à travers descentres de préprofessionnalisa-tion, que nous appelons Centresd’éducation de base non formelle.Du côté non formel, ils accueillentles enfants de 9-15 ans qui sont,soit déscolarisés précocement,soit non scolarisés ou alors quioptent pour la formation profes-sionnelle. Ces centres sont aunombre de 114 à travers le pays.Ce sont des centres qui font de laformation préprofessionnelle à l’is-sue de laquelle les apprenantssont présentés à l’examen duCertificat de QualificationProfessionnelle (CQP). Ces diplô-mes offrent à leurs titulaires, lapossibilité de faire des perfection-nements dans des centres de for-mation professionnelle ou alorsdans des centres du Ministère dela Jeunesse, de la Formation etde l’Insertion professionnelle quipeuvent accueillir les sortants deces centres d’éducation de basenon formelle (CEBNF).Il s’agit pour notre département d’ycontribuer parce que nous n’a-vons pas la prérogative d’assurerla formation professionnelle entant que telle. C’est pourquoi nousprenons en considération lesCEBNF. Le perfectionnement denos sortants, ainsi que leur certifi-cation sont assurés par leMinistère de la Jeunesse, de laFormation et de l’Insertion profes-sionnelle.LMR : A travers cette présenta-tion, on sous-entend une volon-té des autorités burkinabé d’ac-corder davantage d’importanceà la formation professionnelle.On peut alors se demander,avec quels moyens ? A cesujet, qui sont jusqu’ici vospartenaires ?DR Y.P.D. : Dans le cadre de laformation préprofessionnelle, nosdifférents partenaires sont : laCoopération suisse, l’UNICEF, laCoopération autrichienne, laCoopération danoise, PlanBurkina, les sociétés minières.

Les Coopérations suisse, autri-chienne et danoise interviennentensemble dans un programme quis’appelle “EFORD“ (Education etFormation). C’est un programmequi concerne essentiellementdeux grands centres de forma-tion : l’un à Hoggo Samboal dansla région du Sahel, et l’autre àKoutoura dans la région desCascades. Ils ont la vocation d’ac-cueillir les sortants des centresd’éducation de base non formelle.Ils sont sous la tutelle du MENA.Les sortants des centres d’éduca-tion de base non formelle peu-vent rejoindre aussi les centresde formation professionnelle duministère de la Jeunesse, de laFormation professionnelle et del’Emploi pour se perfectionner. Cesont donc ces trois partenairestechniques et financiers etl’UNICEF qui sont essentiellementnos partenaires, aux côtés del’Etat.La Coopération suisse particuliè-rement, appuie aussi bien lesCEBNF (Centre d’éducation debase non formelle), le ProgrammeEFORD, la formation des sortantsdes programmes d’alphabétisa-tion qui font de la formation tech-nique professionnelle, mais pasorientée spécifiquement sur leprofessionnel. Elle apporte doncdifférentes formes d’appui.LMR : Vous mettez l’accent surla Coopération suisse. Quelssont sa place et son rôle danscette stratégie de formationprofessionnelle?DR Y.P.D. Jusqu’ici l’appui suisseest ponctuel sur de petits projets,mais puisque dans le mode definancement, nous avons un fondsd’affectation spécial qui est unpanier commun des partenaires,qui appuient l’éducation nationale,elle a l’intention d’intervenir direc-tement dans ce panier commun,mais orienté sur la formation pro-fessionnelle, pour développer lescentres d’éducation de base nonformelle qui, comme je vous l’aidit, est faible, alors que c’est unevoie d’insertion socio-profession-nelle que nous voulons dévelop-per.Le Gouvernement réfléchitd’ailleurs sur la possibilité, pour laCoopération suisse, d’intervenirdans le budget de l’Etat à traversle Compte d’affectation spécial dutrésor (CAST), orienté spéciale-ment sur la formation profession-nelle, dans le prochain program-me.LMR : En plus du financementde la formation professionnelle,le Burkina Faso bénéficie-t-il del’expérience suisse de forma-tion duale ?DR Y.P.D. Nous avons l’intention,dans le prochain cycle d’appui dela Coopération suisse, de nousinspirer de cette expérience deformation duale. Il faut reconnait-re, qu’hormis le fait que la forma-tion professionnelle ne soit pastrès bien développée, elle rencon-tre aussi des difficultés dans samise en œuvre. Nous avons eu

écho de cette expérience déve-loppée par la coopération suisse,en partenariat avec l’Organisationinternationale de la francophonie.Nous pensons que dans le pro-chain cycle, c’est une action quenous devrions expérimenter.Autrement dit, cette formule n’estpas encore en vigueur. Dans cecadre, une coopération avec lachambre des métiers et de l’arti-sanat serait d’un atout majeur ence qu’elle permettra aux appre-nants de consolider leur appren-tissage par une pratique encadréeet en phase avec les réalités dumarché du travail.LMR : Comment se fait jusqu’i-ci la formation professionnelledans votre pays ?DR Y.P.D. C’est une formationprésentielle des apprenants. Cesont des formations modulaires,axées sur la langue nationale,avec un programme modulable dufait que ce sont des jeunes qui ontdes activités, qui sortent au boutde 4 ans, passent l’examen duCQP, proposé par le Ministère dela Jeunesse, de la Formation etde l’Insertion professionnelle.Maintenant, avec le ministère dela Jeunesse, de la Formation pro-fessionnelle et de l’Emploi, noussommes parvenus à instituerl’examen de fin de formation, demanière à ce que les sortants denos centres soient diplômés, qu’ilspuissent éventuellement poursuiv-re leur formation ou penser às’installer à leur propre compte.C’est le modèle actuellement enplace qui fonctionne au BurkinaFaso.LMR : Cela vous donne-t-ilsatisfaction ?DR Y.P.D. : C’est assez mitigé.Sur les résultats des examens, jepense que c’est satisfaisant.Cependant, l’après formationreste encore un problème. Quandvous prenez un jeune de 9 ans,que vous formez en 4 ans, il sort à13 ans, âge auquel, il n’est pasencore employable. II ne peut pasnon plus s’auto-employer. Il fautdonc imaginer comment il vaencore se perfectionner, organiserencore sa formation jusqu’à cequ’il soit majeur. Autrement dit, il ya d’autres problèmes liés notam-ment au respect des droits de l’en-fant.Le deuxième volet, c’est le métier.La formation pose un problème,puisqu’il faut trouver des filièresporteuses, il faut trouver les for-mateurs, organiser et faire la for-mation des formateurs eux-mêmes, puisque au niveau duministère de la Jeunesse, de laFormation professionnelle et del’Emploi ou des chambres decommerce qui organisent ces for-mations, ça reste encore très limi-té. Il y a donc des difficultés pour

certains types de métiers à trouverdes formateurs.L’autre paramètre assez importantest l’apparition de l’or au BurkinaFaso. Ce phénomène a entraînéle déplacement des populationsvers des sites d’exploitation artisa-nale du minerai. On assiste à desabandons dans les centres auprofit des activités d’orpaillage.Beaucoup de centres de forma-tion sont délaissés. Cela pose unvrai problème. Il faut donc voircomment remotiver les appre-nants. Nous avons essayé dedévelopper avec Plan Burkina, unprojet mis en œuvre au niveaudes CEBNF, dans le cadre de laresponsabilité sociale des entre-prises qu’on a développée pourmettre en lien avec ce qui se faitsur les mines avec les formationsqui sont données. Les sociétésminières accueillent les sortantsde ces CEBNF, pour des stagessur les mines, afin que les minespuissent contribuer aussi enmatière de réinvestissements, à laformation professionnelle des jeu-nes. Tout cela est encore à l’étatembryonnaire, puisqu’il vient dedémarrer, il y a deux ou trois ans.LMR : Cela veut dire donc, qu’iln’y a pas encore de carte de laformation professionnelle auBurkina ?DR Y.P.D. Effectivement, c’est untravail à faire aussi, puisque cettecartographie n’est pas encorefaite. Dans le domaine desmétiers, ça pose problèmepuisque sans bonne cartographie,avec des pôles permettant desavoir que telle filière se dévelop-pe ici, telle autre là-bas, on peutfaire des formations qui ne sontpas viables. Cela reviendrait àfaire des investissements à perte.L’autre chose c’est aussi l’installa-tion de ceux qui terminent leur for-mation. Une chose est de formerles jeunes, en leur donnant ainsides outils pour leur permettre des’insérer ou en se faisantemployer, une autre chose estqu’ils arrivent à développer desinitiatives. Ce qui pose un autreproblème : celui du financement,qui reste une grosse difficulté.Jusqu’ici notre ministère essaied’accompagner les sortants, maisc’est de manière très ponctuelle ettrès insignifiante. Nous étions entrain de voir comment développerun projet qui pourrait les accom-pagner. Nous avons ainsi la per-spective de développer un projetd’éducation sociale et financièredénommé AFLATOUN promu parle Secrétariat Aflatoun enHollande qui pourrait s’inscriredans l’accompagnement des sor-tants des centres de formationprofessionnelle, en les mettant enrelation avec les banques ou lescaisses populaires, en vue de leurtrouver un mécanisme de finance-ment de démarrage de leurs acti-vités professionnelles. En effet,entre le sortant d’un centre de for-mation professionnelle qui n’a pasde capital, ni rien, et celui qui veutoffrir les ressources, il y a la ques-tion des garanties et s’il n’y a pasd’intermédiaire au milieu, celapose problème. L’Etat aurait pu lefaire, mais il est sur d’autres chan-tiers. Ce type d’initiatives est doncintéressant pour nous.Dans les échanges futurs avec laCoopération suisse, nous avonsl’ambition, de creuser un peu cevolet de débouché pour les diplô-

més des centres de formation pro-fessionnelle.LMR : En définitive, le BurkinaFaso se cherche dans le domai-ne de la formation profession-nelle ?DR Y.P.D. C’est ça, en fait ! Nouscherchons la voie ! Nous tâtons !Même au sein du ministère de laJeunesse et de la formation pro-fessionnelle, on sait que c’estimportant, que c’est indispensa-ble, et qu’il faut y aller. Par quelmoyen il faut le faire? On tente deformer. L’expérience suisse de for-mation duale est quelque chosed’important que nous allons explo-rer pour trouver la formule.Aujourd’hui, il y a un gros travailqui est fait avec le Ministère de laJeunesse, de la Formation et del’Insertion professionnelle pourdéfinir les référentiels de compé-tences, afin d’arriver à trouver deséquivalences qui puissent êtrecertifiées, parce qu’on s’est renducompte que lorsque vous faitesune formation et que vous n’avezpas la possibilité de faire la preuveque vous avez fait cette formation,en fin de compte, c’est quelquechose qui manque. Cela constitueune source de démotivation pourles apprenants. Maintenant, jepense que nous sommes sur labonne voie. En 2015, il y a eubeaucoup de travail qui a été fait.Pour les adolescents, c’est fait, etpour les adultes, c’est en bonnevoie, et probablement ça va abou-tir en 2016, de telle sorte qu’onpourra certifier.LMR : Votre dernier mot surcette certification ? C’est unautre problème pour vous ?DR Y.P.D. Nous avons un autreproblème avec les adolescents,car nous avons besoin de cettecertification, de son équivalence,puisque dans le cadre de notreprogramme d’éducation de base,nous voulons créer des passerel-les. Ainsi, le fait de passer par laformation professionnelle ou pré-professionnelle devrait permettre,à un certain moment, de rejoindrele cycle formel pour certains etvice-versa.Pour inverser la tendance, pourles centres, il faut identifier les pro-blèmes. Ce ne sont pas toujoursles mêmes problèmes qui sontposés. Dans certains cas, c’est lefonctionnement qui pose problè-me, alors que nous pouvonsappuyer pour ce fonctionnement.Il y a eu des cas où c’est juste unproblème de cantine pour les élè-ves qui fait que cela ne fonctionnepas. Dans d’autres aussi, c’est unproblème de formateurs. Là, c’estplus délicat, car il faut en recher-cher. Il y a aussi le problème de lacartographie que vous avez évo-qué parce qu’on ne peut pas fairede tout partout. Il faut s’assurerqu’on a bien identifié les filièresporteuses dans chaque zone. Apartir de ce moment, on cherchedes formateurs et l’on est assuréqu’à la fin ceux qui sont forméssavent où s’installer. Je pensequ’installer les jeunes sera aussiquelque chose qui va motiver.Même pour cela, il faut être sur uncréneau porteur. Il est clair quel’Etat aussi doit accompagnerdavantage sur certains volets endéveloppant le partenariatpublic/privé, car les projets dedéveloppement à eux seuls nepeuvent pas tout faire.

Propos recueillis par Ibc

BURKINA FASODR YOMBO PAUL DIABOUGA, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE ET DE L’ALPHABÉTISATION «Nous avons l’intention de nous inspirer de l’expérience suisse de formation duale»Au Burkina Faso, le sous-secteur de la formation profession-nelle est piloté, sur le plan institutionnel, par le ministère de laJeunesse, de la Formation et de l’Insertion professionnelle(MJFIP). Le Ministère de l’Education nationale et de l’alphabé-tisation (MENA) participe à ce volet parce qu’il a une partie deson public cible qui, pour plusieurs raisons, n’a pas l’opportu-nité de suivre ou alors a choisi la voie de la formation profes-sionnelle. Nous vous proposons ci-dessous une interview duDr Yombo Paul Diabouga, Secrétaire Général du MENA.

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SOCIETE, ART & CULTURE 11 Magazine Reflets n° 41 Janvier - Mars 2016

En 2014, la Suisse a financé,par le biais de l’UNESCO, laréhabilitation de tombeaux desaints musulmans détruits àTombouctou par les groupesislamiques radicaux, pendantleur occupation du Nord mali,de 2012 à 2013. Sur un total de16 mausolées, inscrits au patri-moine mondial del’humanité, les 14 avaient étédétruits au nom de l’Islam pur.Lieux de pèlerinage au Mali etdans les pays limitrophesd’Afrique occidentale, les mauso-lées de Tombouctou, appelé aussila ville «des 333 saints» ou enco-re «la ville lumière», étaient descomposantes essentielles du sys-tème religieux. Selon la croyancepopulaire, ils étaient le rempart quiprotégeait la ville de tous les dan-gers. C’est pourquoi leur destruc-tion était vécue comme une tragé-die par les communautés locales.Ce qui a conduit le gouvernementdu Mali à solliciter, dès mai 2013l’aide des partenaires extérieursen vue de leur reconstruction, et lasauvegarde des manuscritsanciens.Lancée en mars 2014, les travauxde réhabilitation ont pris fin enjuillet 2015. Afin d’exprimer leurreconnaissance à la communautéinternationale, les dignitaires reli-gieux de la «cité des 333 saints»ont organisé, pour la première foisdepuis 900 ans, le 4 février der-nier, une cérémonie de sacralisa-tion des mausolées.Selon l’UNESCO, depuis le

11e siècle, jamais une cérémoniede sacralisation des mausoléesn’a été organisée à Tombouctou.Celle du début février était la der-nière étape de la renaissance cul-turelle de Tombouctou, après lepassage des fondamentalistesmusulmans.La cérémonie a été marquée parun sacrifice d’animaux et la lecturedu Coran, dans le but d’invoquerla miséricorde divine à asseoir lapaix, la cohésion et la tranquillité.Elle s’est achevée par une Fatiha(sourate d’ouverture du Coran)prononcée par l’imam de la mos-quée de Djingareyber. « Ces ritesreligieux sont aussi l’expressiondu refus de l’intolérance, de l’ex-trémisme violent et du fondamen-talisme religieux, qui ont contribuéà détruire ces éléments du patri-moine mondial en 2012».Dans un message adressé auxpopulations pour la circonstance,la Directrice générale del’UNESCO, Irina Bokova, a souli-gné que cette cérémonie consti-tuait la troisième et ultime étape de«la renaissance culturelle de

Tombouctou». «Ces mausolées,maintenant debout, sont la preuveirréfutable que l’unité est possible,que la paix est plus forte, que nousy sommes arrivés et que nouspouvons le refaire », a-t-elle ajou-té.Almamy Koureissi, représentant leministre malien de la Culture, del’artisanat et du tourisme, a rappe-lé que «la culture est au cœur del’action gouvernementale, parcequ’il faut retrouver nos repères,nos valeurs culturelles». «Il nousfaut nous réparer moralement,pour demeurer debout, ouvert aumonde, accueillant, conformé-ment à nos légendaires traditionshospitalières», a-t-il fait remarquer.Pour sa part, Beatrice Meyer,directrice du bureau de coopéra-tion suisse au Mali, s’est dite «trèsheureuse de voir que ce patrimoi-ne a pu être conservé et protégégrâce à l’énorme engagement descommunautés locales, avec l’ap-pui de la coopération internationa-le».

OP (avec UNESCO)

MALISacralisation de mausolées de saints reconstruits avec la contribution suisse

Ils ont en commun leur identi-té africaine, leur parcours debanquiers surdoués et leurcinquantaine triomphante.Mais pas seulement. Ils ont enpartage d’être consultés, écou-tés et conviés aux discussionssur les sujets globaux commeici à Davos sur les Objectifs deDéveloppement Durable.Le premier, Tony O. Elumelu, fut,il y a près de vingt ans, pionnieret maître d‘œuvre de la plus bellefusion-acquisition de l’histoirebancaire d’Afrique sub-saharien-ne avec le groupe UBA, qu’il pré-side encore aujourd’hui en mêmetemps qu’il investit sur le conti-nent à travers Heirs Holdings. Lesecond, Tidjane Thiam, est réso-lument parti à la «conquête del’Ouest» en s’imposant à la têtedu géant de l’assurancePrudential puis en présidant,récemment, aux destinées duCrédit Suisse. Il s’est affirmécomme l’un des plus brillantschefs d’entreprise de sa généra-tion.Entre les deux ? Le ressort est lemême. Puissant !L’un est un entrepreneur accom-pli doublé d’un investisseurvisionnaire. Tony O. Elumelu al’Afrique et son développementchevillés au corps et leur a mêmeconsacré une doctrine écono-mique : l’Africapitalisme. L’autre,

Tidjane Thiam, est un managerémérite, qui a su réinventer, augré de ses succès, une certaineidée du capitalisme. Il exhorte, àl’instar du philanthrope nigérian,à davantage d’implication desinvestisseurs africains dans lefinancement de projets locauxd’infrastructures.Tous les deux sont à l’évidence,des citoyens du monde et desacteurs globaux ouverts aux par-tenariats à travers le monde.Leurs trajectoires respectives ontceci de commun qu’elles se sontforgées à la valeur travail, princi-pal héritage d’histoires familialesbien différentes.Milieu privilégié, pur produit de laméritocratie à la française pourTidjane Thiam, milieu plusmodeste pour Tony Elumelu, cefier produit du terroir «né, éduquéet formé» en Afrique comme il seplait à l’exprimer, en omettanttoutefois de mentionner Harvarddans son cursus.Tant pour l’investisseur philan-thrope nigérian que pour lemanager ivoirien, leurs succèsles imposent comme les plusenviés role model contemporainsafricains.L’Afrique qu’on aime est à Davos!Celle qui inspire et qui influence.

Anna KANEConsultante

POINT DE VUEL’AFRIQUE À DAVOS !Destins croisés de deux conquérants

Du 7 au 12 février 2016, le chan-teur lausannois BastianBaker a mis son talent au ser-vice de l’utilisation durable del’eau au Caire et à Assouan, enEgypte, en tantqu’Ambassadeur de l’initiative«Démocratie sans frontières»de la Direction du développe-ment et de la coopération(DDC).A Assouan, il a donné un concerten association avec le «Projet Nil»(Nile Project), qui réunit diversacteurs locaux, notamment desmusiciens et des jeunes de larégion d’Assouan. Leur but : sen-sibiliser la population locale auxquestions et aux problèmes liés àl’écosystème du Nil.En tant qu’Ambassadeur de pro-jet, Bastian Baker soutient enEgypte le «Projet Nil», qui misesur la musique, l’éducation et l’in-novation pour promouvoir l’utilisa-tion durable du bassin du fleuve.Des musiciens des onze pays tra-versés par le Nil participent à ceprojet. Dans le cadre du «ProjetNil», des jeunes et divers acteurslocaux sont réunis et sensibilisés àla question de l’utilisation durabledu bassin du Nil.Par ailleurs, Bastian Baker a visitédivers projets de la DDC àAssouan, dont le programme degestion de l’eau, qui a pour objetd’améliorer les infrastructuresdans le quartier de Naseriya et deconseiller le service des eaux de

la ville, en matière de gestion del’eau. Comme il est essentiel desensibiliser et d’associer la popu-lation locale à une gestion durablede l’eau, Bastian Baker participenotamment à la réunion d’un grou-pe de femmes qui se mobilisentpour une meilleure utilisation del’eau, ressource rare, dans leménage. Il effectue en outre desvisites dans des exploitations agri-coles, au nord de la villed’Assouan, qui bénéficient d’unsystème d’irrigation améliorégrâce à un projet de la DDC. Lavisite d’un troisième site lui fait ren-contrer des jeunes impliqués dansun projet de la DDC qui favorisel’emploi des jeunes.Le voyage du chanteur et guitaris-te suisse en Egypte s’inscrit dansle cadre de l’initiative «Démocratiesans frontières». Cette initiative duDépartement fédéral des affairesétrangères (DFAE) associe despersonnalités suisses de renom-mée nationale et internationale àcertains projets de la coopérationsuisse au développement. Tousces projets visent le renforcementde la démocratie, de la paix et desdroits de l’homme. Le but est desensibiliser aussi bien la popula-tion des pays partenaires que lepublic suisse aux défis qui seposent et d’augmenter la portéedes projets. Cette initiative a étélancée en 2014 par le conseillerfédéral Didier Burkhalter.

MR (avec EDA info)

EGYPTEBastian Baker s’investit en tantqu’Ambassadeur de projet de la DDC Le Président de la Banque

Africaine de Développement,Akinwumi Adesina, exhorteses pairs à rejoindre le « NewDeal pour l’Énergie enAfrique ». Figures politiqueset leaders du monde réagis-sent à son appel. Tony O.Elumelu, l’influent hommed’affaires et philanthropenigérian lui fait l’écho empi-rique du secteur privé afri-cain.Le «New Deal pour l’Énergie enAfrique », initiative du nouveauPrésident de la BAD, a pourobjectif l’accès universel à l’é-lectricité d’ici à 2025 sur le conti-nent. Objectif ambitieux pourlequel le Président Adesina aappelé à la mobilisation généra-le en vue de répondre efficace-ment au défi de l’électrificationen Afrique. Cette initiativenécessite en effet l’adhésion etl’implication de toutes les partiesprenantes dont les Etats, lesinstitutions financières et le sec-teur privé. C’est pourquoi despersonnalités du monde poli-tique, des représentants desorganisations internationales etdu secteur privé ont été invitéesà partager leurs expériences àDavos. Parmi elles, Koffi Annan(Président du Africa ProgressPanel), Paul Kagame (Présidentdu Rwanda), Alpha Condé(Président de Guinée-Conakry),Hailemariam Delasegn (PremierMinistre d’Ethiopie), Mme GayleSmith (Administrateur del’USAID), Marco Lambertini

(Directeur Général du WWF),Bono (chanteur irlandais et phi-lanthrope) et Tony Elumelu (phi-lanthrope nigérian et présidentde Heirs Holdings et de laUnited Bank of Africa).La contribution de Tony O.Elumelu, membre du Conseil del’Energie Durable pour Tous (unpartenariat Nations-Unies/Banque Mondiale), co-fondateur et Président del’Africa Energy Leaders Group,a soulevé la question critique durenforcement des politiquespubliques en matière d’énergie.Usant de sa casquette de repré-sentant du secteur privé africainà cette tribune, mais aussi decelle d’investisseur engagédans le secteur de l’énergie, il aappelé à l’urgence de conduireles réformes adéquates pourencourager l’investissementprivé. Il fustige ainsi l’insuffisan-ce des investissements privés :«Après des décennies de dis-cours sur les délestages et aut-res déficits énergétiques, le dis-cours se transforme en indigna-tion. L’indignation qu’un secteuraussi vital et lucratif, et à l’im-pact aussi significatif pour noséconomies africaines, attire sipeu d’investissements».Place à l’actionA travers Transcorp Plc, TonyElumelu a investi dans la plusimportante centrale électriquedu Nigéria qui représente à cejour 18% de la capacité installéeau Nigéria. En effet, la produc-tion a été multipliée par 5 attei-

gnant 715 mégawatts contre150 mégawatts au moment durachat de la centrale à l’Etatnigérian il y a 3 ans. Pour pour-suivre l’effort d’investissementet atteindre l’objectif de 25% dela production nationale, il se ditconfiant dans les pouvoirspublics pour créer l’environne-ment qui stimulera davantaged’engagement du secteur privé.Tony Elumelu soutient plusdirectement l’initiative duPrésident Adesina qu’il jugeaudacieuse.«J’en appelle ici à nos dirigeantspolitiques africains, aux parte-naires au développement, ausecteur privé africain que jereprésente ici, pour travaillerensemble aux côtés duPrésident Adesina et de la BADpour faire en sorte que lesobjectifs du New Deal pourl’Energie en Afrique se réalisentde notre vivant».Intervenant à une session paral-lèle sur les énergies propres, ils’est également exprimé sur laquestion de l’énergie : «Enmême temps que je soutiens ledéveloppement des énergiespropres, j’affirme au mêmemoment que l’Afrique ne peut sepermettre d’attendre la maturitéde ces sources d’énergie si elleveut accélérer son développe-ment !» .En résumé Tony O. Elumelunous dit : Place à l’action !

Anna KANEconsultante

ENERGIEDavos 2016 : Puissant plaidoyer pour électrifier l’Afrique !

Page 12: FORMATION PROFESSIONNELLE DUALE L’Afrique s’inspire du ... · suisse de formation pro-fessionnelle duale est de mise, mais de manière dif-férente. En vigueur aussi en Allemagne

INTERNATIONAL 12 Magazine Reflets n° 41 Janvier - Mars 2016

c m j n

M. Philipp Metzger, Directeurde l’Office fédéral de la com-munication (OFCOM) et chefde la délégation suisse, à uneréunion de haut niveau del’Assemblée générale del’ONU, a réaffirmé l’engage-ment de son pays, à aider àcombler la fracture numérique– entre les différents pays,mais également entre lessexes.La rencontre qui s’est terminée le16 décembre au siège de l’ONUà New York, était consacrée à lapoursuite de la mise en œuvredes résultats du Sommet mondialsur la société de l’information.Elle a prolongé le mandat duForum sur la gouvernance de l’in-ternet de l’ONU pour dix annéesencore. La Genève internationalecontinuera de jouer un rôle impor-tant dans ce processus.La délégation suisse s’est enga-gée à tout mettre en œuvre, pourque les possibilités que recèlentles technologies de l’informationet de la communication (TIC)soient à disposition de tous, sansdistinction de sexe, d’âge ou denationalité. Elle a aussi expriméson soutien, à l’Union internatio-nale de télécommunications(UIT) et à l’UNIFEM (Fonds desNations Unies pour les activitésde femmes), un organisme del’ONU, dans le lancement de leurplan d’action commun.

En outre, la Suisse s’est félicitéedu contenu du document final,approuvé par l’Assemblé généra-le de l’ONU. Tout en soulignant lerôle central des TIC dans la miseen œuvre des objectifs fixés enseptembre, en vue d’un dévelop-pement durable (Agenda 2030), il

met l’accent sur l’universalité desdroits de l’homme et des libertésfondamentales, l’importance cru-ciale de la liberté d’expressionpour la société de l’information. Ilrenforce également le site deGenève où les agences de l’ONUprésentes, continueront de coor-

donner la mise en œuvre desrésultats du SMSI, en impliquanttous les groupes d’intérêt. La

délégation suisse s’est réjouie decette décision.

COMMUNICATIONLa Suisse réaffirme son engagement dans la lutte contre la fracture numérique

Il y a dix ans environ le Sommet mondial pour une société de l’in-formation (SMSI) avait abouti à l’élaboration d’une vision communeet à l’élaboration d’une série d’objectifs et de mesures. Leur mise enœuvre a maintenant été examinée. La Suisse avait accueilli la pre-mière phase du SMSI, en 2003 à Genève. La deuxième phase a eulieu en 2005 à Tunis. Depuis, elle s’engage activement à la concré-tisation des résultats.

HT

La Ville de Genève a offert auSénégal, un Centre d’éducationenvironnementale (CEE) qui aété inauguré le 26 janvier. Situédans l’enceinte du Parc zoolo-gique de Hann à Dakar, la capi-tale, il a été financé pour 35’000CHF (plus de 20 millions defrancs CFA), dans le cadre duprogramme cadre d’appui auxpays du sud, initié par lesconservatoires et jardins bota-niques de la ville Genève. Le but du centre est de promou-voir l’éducation environnementaledes populations, particulièrementdes jeunes, afin de leur permettrede mieux connaitre, comprendreet protéger leur environnement. Ilest composé d’un bâtiment multi-fonctionnel comprenant desbureaux, une salle de formation etde conférence, une bibliothèque,entre autres.Pour la Coordinatrice du centre,Mme Altiné Traoré Ndao, ingé-nieure en biologie végétale, il aide-

ra à la formation des élèves, aurenforcement des capacités desenseignants, dans les domainesde la conservation de la biodiversi-té, du jardin botanique. Le CEEest couplé à un jardin botaniquede 2 hectares et 200 espècesvégétales étiquetées et identi-fiées. Ce sont des espèces aqua-tiques, condimentaires, industriel-les, à parfum, ainsi que des espè-ces médicinales, celles de cueillet-te, des espèces protégées, fruitiè-res, légumières et décoratives del’habitat. Le jardin botaniqueaccueille plus d’un million de visi-teurs par an. Le CEE collabore avec 28 écolesprimaires de Dakar, car l’éducationoccupe une place importante dansla lutte pour la sauvegarde l’envi-ronnement.L’Ambassadeur de suisse auSénégal, Mme Dagmar SchmidtTartagli qui inaugurait le centre,s’est félicitée de sa réalisation, quicouronne le partenariat, depuis

plus de 15 ans, entre les conser-vatoires et jardins botaniques de laville de Genève et le CEE deHann.Ce partenariat a commencé en2002 et a permis au CEE de béné-ficier de plusieurs appuis financieret technique de la partie genevoi-se. C’est en effet, grâce à cesappuis, que le jardin ethnobota-nique a été réhabilité et divisé en

treize secteurs thématiques por-tant sur différentes utilisations dela plante par l’homme. Des cen-taines d’espèces aussi sont pré-sentes, à des fins de conservation,de recherche scientifique, d’édu-cation et d’exposition. Elles consti-tuent actuellement un outil péda-gogique pour l’enseignement, dela maternelle à l’université.

LK

ENVIRONNEMENTGenève offre au Sénégal un centre d’éducation à l’environnement