23
© Groupe Eyrolles 2008, ISBN : 978-2-212-67296-1

foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

foto_ancienne_titre 28/12/07 10:48 Page 2

© Groupe Eyrolles 2008, ISBN : 978-2-212-67296-1

Page 2: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

62 ❘ Guide de la photographie ancienne

Numérisez pour sauvegarderLes premières photographies ont plus de cent cinquante ans. Ces images ont tour à tour été fixées sur du métal, du verre, du papier et sur diverses pellicules de film. Elles sont aujourd’hui menacées de disparaître, rongées par l’acidité ou l’humidité. Si rien n’est fait, ces supports continueront de se dégrader en raison de leur nature chimique et finiront par disparaître.

La numérisation constitue désormais une alternative ; l’accessibilité du matériel informatique vous permet de sauvegarder et de retoucher vos clichés. Mais cette facilité technique ne doit pas vous faire oublier la part affective transmise depuis un siècle par ses images. Il faut faire attention à ne pas « stériliser » l’émotion.

Photographie ancienne et numérisation : le transfert de l’argentique au numériqueContrairement aux images obtenues à l’aide d’un appareil photo argentique ou dessinées sur du papier, une image numérique, doit être :

affichable sur un écran ;■■

manipulable sur un ordinateur ;■■

enregistrable sur un support numérique.■■

Pour être traitée par ordinateur, elle doit être acquise à partir :

d’un scanner pour les photos sur support papier ou transparent ;■■

d’un appareil photo numérique ;■■

d’un support numérique existant (disquette, disque dur, CD-Rom ou ■■

réseau, Internet par exemple).

Elle est constituée d’une matrice de points image appelés « pixels » (de l’anglais picture element, élément d’image) formés d’une grille de petits car-rés. Ce sont les plus petits éléments employés par les moniteurs et impri-mantes d’ordinateur pour représenter des caractères, des graphiques ou des images ayant chacun comme caractéristique un niveau de gris ou de couleurs.

Définition et but de la numérisationLa numérisation des supports anciens consiste à transformer un document analogique (papier, photo, plaque de verre, etc.) en une image numérique disponible pour une diffusion électronique. Ce traitement a pour objectif de restituer le maximum de détails tout en respectant les originaux tant dans leurs couleurs que dans leur taille. Il vise à la fois à préserver le docu-ment et à favoriser sa consultation sans le soumettre à une communication directe. Duplicable à l’infini, l’image numérisée offre une qualité de lecture supérieure à celle des originaux (agrandissements sur l’écran, navigation).

LaPhotoAncienne.indb 62 26/12/07 10:41:02

Page 3: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

Chapitre 3 ❘ La magie du numérique ❘ 63

Toutefois, la numérisation n’est pas la solution de sauvegarde idéale. Un tel transfert exige du savoir-faire, un matériel adapté et entraîne un coût de réalisation. Rapidement, vous allez vous heurter aux limites de ce procédé. Limites techniques d’une part, car tout transfert numérique implique des pertes d’information. En outre, l’absence de normalisation des matériels d’écriture et de lecture ne peut vous garantir la pérennité à terme et surtout la compatibilité de votre matériel. Pourrez-vous dans quelques années visionner les photographies que vous venez de numé-riser ? Limites « affectives » d’autre part : en numérisant, même le plus fidèle ment possible, vous effacez l’émotion du support. Le charme qui émane des matériaux utilisés, les traces d’usure qui révèlent son histoire… Tous ces détails sont en général perdus.

En ce sens, la numérisation est une démarche complémentaire de sauve-garde de vos collections. Elle ne remplace en aucun cas la conservation des originaux.

Diversité des supports et des couleursNous l’avons évoqué dans les chapitres précédents : de la daguer réotypie et autres pièces uniques jusqu’aux procédés reproductibles, qu’ils soient positifs ou négatifs, du noir et blanc à la couleur, la diversité des techniques photographiques employées au XIXe siècle est impressionnante.

Vous avez entre les mains un matériel fragile et chimiquement instable dont la variété des supports n’est pas sans incidence sur son acquisition numérique. Toutefois, dans cette grande famille, vous pourrez distinguer deux types de supports et en premier lieu les supports opaques, les plus simples à numériser, comme les épreuves ou daguerréotypes dont les cap-teurs du scanner mesurent sans difficulté l’intensité de la lumière réfléchie par le document (voir figure 3-1). Vous obtiendrez une image fidèle à l’ori-ginal dans ses nuances et sa tonalité.

Les supports transparents ensuite, comme les plaques de verre, qui peuvent être des positifs ou des négatifs sur lesquels les couleurs sont inversées. Lors de la numérisation, à l’inverse des supports opaques, les capteurs

Figure 3-1 Principe de numérisation

de supports opaques

LaPhotoAncienne.indb 63 26/12/07 10:41:03

Page 4: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

64 ❘ Guide de la photographie ancienne

vont mesurer la lumière qui traverse le document (voir figure 3-2) : les contrastes lumineux présents notamment sur les négatifs vont « gêner » la précision de la numérisation et vous devrez probablement corriger votre image grâce à un logiciel de retouche photo (reportez-vous à la section « Retouches : un véritable laboratoire photo à votre portée »).

Aussi, avant toute numérisation, prenez le temps de déterminer :

la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, couleur ;■■

les différents supports : épreuves papiers, plaques de verre, films ;■■

l’état de conservation et d’altération de vos originaux : papier jauni, ■■

taches indélébiles, présence d’adhésifs ou produits de doublage, etc.

Matériels et notions essentielles : réussissez votre numérisationDans les premiers chapitres de cet ouvrage, vous avez clairement identifié le type de support sur lequel vous travaillez, saisi la spécificité de ces

documents et compris l’intérêt et les limites de la numérisation. Il est maintenant nécessaire d’aborder un aspect plus technique. Les indications et les conseils qui suivent vous permettront de mieux vous repérer tout au long du processus de transfert.

Toutefois, l’évolution toujours plus rapide de ces technologies offre chaque jour de nouvelles possibilités. N’hésitez pas à vous former, à consulter des ouvrages spécialisés ; ils vous aideront à parfaire votre connaissance du matériel et de la gestion des couleurs. Vous pourrez ainsi réussir le transfert des supports anciens vers un fichier numérique avec une qualité de sauve-garde optimale.

La grande famille des scannersLe terme de « scanner » ou « numériseur » regroupe l’ensemble des péri-phériques de la chaîne graphique qui fournit à l’ordinateur une image ou du texte converti sous une forme numérique, comme illustré à la figure 3-3.

Figure 3-2 Principe de numérisation de supports transparents

Pour ne pas modifier les réglages de votre scanner à chaque document, regroupez vos originaux par familles ; vous les traiterez en lots.

En pratique

LaPhotoAncienne.indb 64 26/12/07 10:41:03

Page 5: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

Chapitre 3 ❘ La magie du numérique ❘ 65

Lors de la numérisation, la lumière réfléchie par le document opaque ou transparent passe par un capteur CCD (Charge Coupled Device) constitué de photo-diodes mesurant l’intensité lumineuse. Cette analyse de la lumière ne s’opère pas de la même manière selon les familles de scanners. Elle s’organise suivant trois types.

La numérisation en mode point est ■■

utilisée par les scanners à tambour des profes sionnels. L’image est analysée pixel par pixel sur l’ensemble du document. Le temps de numérisation est important mais offre une résolution d’entrée très élevée.

La numérisation linéaire est principalement employée par les scanners ■■

à plat à usage personnel ou professionnel. L’analyse de l’image s’opère ligne par ligne. Le capteur, dont les photodiodes sont disposées en bar-rette, analyse à chaque pas la totalité de la largeur du document.

La numérisation matricielle est utilisée dans les appareils photo numé-■■

riques. L’image est analysée en une seule fois par un capteur composé d’une grille complète de photodiodes : la matrice. Cette technique per-met une numérisation presque instantanée, mais généralement d’une résolution moindre qu’avec les techniques précédentes.

Les principes de base de l’analyse de la lumière étant posés, intéressons-nous aux différents types d’appareils à notre disposition. On peut classer les scanners selon quatre grandes familles.

Le scanner à main : ancien, cet appareil petit et léger ressemble à la ■■

douchette des lecteurs de code barre des commerçants. Doté d’une fenêtre de lecture étroite et d’une qualité de numérisation dépendant directement de la régularité de déplacement de l’appareil par la main, il n’est pas adapté à l’usage que nous lui réservons. Il permet néan-moins de numériser des documents opaques dans des endroits difficiles d’accès.

Le scanner à plat : léger et compact, de format A4 ou A3, destiné à ■■

un usage personnel ou professionnel, il se présente sous la forme d’un boîtier plat muni d’une vitre sur laquelle on dispose le document à numériser. Plus particulièrement utilisés pour les documents opaques et plats, certains modèles disposent d’un couvercle spécial rétroéclairé per-mettant la numérisation de documents transparents, comme les négatifs ou les plaques de verre.

Le scanner à tambour : ce système, le plus ancien, est généralement ■■

imposant et son coût très élevé le réserve à un usage professionnel. Le document, nécessairement souple, est posé sur un tambour en rotation

Figure 3-3 La chaîne graphique

LaPhotoAncienne.indb 65 26/12/07 10:41:04

Page 6: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

66 ❘ Guide de la photographie ancienne

autour d’une tête optique en translation le long du cylindre. Sur certains types d’appareils, pour des documents transparents, la lumière vient de l’intérieur du tambour pour être récupérée à l’extérieur après avoir tra-versé le document.

Le scanner à films ou à diapositives : convient exclusivement à la numé-■■

risation des films souples, négatifs ou positifs, de format 24 × 36, APS, 6 × 6 ou 6 × 9. Il est généralement équipé d’une mécanique et d’une optique spécialement adaptées à l’analyse minutieuse d’une petite sur-face pour permettre un agrandissement ultérieur en conservant un par-fait rendu des détails.

Et pourquoi pas l’appareil photo numérique ? Plus lent et plus diffi-■■

cile à utiliser qu’un scanner à plat, son emploi sera surtout préconisé lorsque les dimensions ou l’état du support à numériser ne permettent pas l’utili sation d’un scanner. La prise de vue nécessitant un éclairage important, vous devrez prendre des précautions pour protéger l’œuvre de la lumière. Enfin, pour atteindre une qualité de fichier identique à celle obtenue depuis un scanner, vous devrez avoir recours à du maté-riel professionnel permettant d’ajuster de multiples objectifs et possé-dant un dos numérique.

En conclusion, et pour un usage permettant de numériser la majeure partie des supports anciens que vous serez susceptible de rencon-trer, nous vous conseillons d’opter pour un scanner à plat possédant un dos rétroéclairé pour transparents.

Les modèles grand public dotés d’un dos rétroéclairé sont généra­lement équipés de dispositifs limitant la numérisation aux formats actuels des négatifs ou des diapositives. Pour numériser de l’ancien, privilégiez les appareils permettant de scanner des transparents de grande taille.

En pratique

Configuration minimale Configuration conseillée (non professionnelle)

Technologie du capteur CCD CCD

Format A4 A3, pour couvrir la diversité des dimensions

Résolution optique De 600 à 1 200 dpi, si vous vous limitez à la numérisation de documents opaques, une sortie imprimante (jet d’encre ou laser) ou un usage multimédia.

2 400 dpi, pour numériser les transparents ou envisager une sortie imprimerie

Profondeur de couleur ou échantillonnage

16 à 24 bits 42 à 48 bits

Densité optique 3 de densité optique au minimum pour une parfaite lisibilité des zones sombres

Technologie du système optique

Réglage du focus

Interface USB ou SCSI (évitez les interfaces parallèles trop lentes et sources de conflit avec l’imprimante).

Firewire pour des transferts de hauts débits

Tableau 3-1 Critères de sélection d’un scanner

LaPhotoAncienne.indb 66 26/12/07 10:41:04

Page 7: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

Chapitre 3 ❘ La magie du numérique ❘ 67

Vous retrouvez dans le tableau 3-1 les critères techniques qui vous per-mettront de mieux choisir les modèles. Néanmoins, le choix d’un scanner est délicat et rien ne remplacera les tests que vous pourrez effectuer par vous-même. Si le tableau 3-1 détaille la configuration « idéale », l’offre du marché ne permet pas de trouver aisément un appareil répondant à l’ensemble de ces critères. Soyez attentifs, les scanners de la gamme bureautique qui autorisent la numérisation de documents transparents ne possèdent généralement qu’un dos rétroéclairé limité aux diapositives ou aux négatifs en film.

Compte tenu d’une demande quasi inexistante en dehors des appli-cations professionnelles, seules deux marques, Epson et Microtek, pro-posent encore des appareils abordables dont la surface de numérisation pour transparent n’est pas limitée afin d’accepter les formats des supports anciens, formats non standards aujourd’hui.

Tableau 3-2 Sélection de scanner

à dos rétroéclairés

Marque Modèle/format

Public Résolution optique/densité optique

Dos rétro-éclairé

Surface de numérisation maxi pour transparent

Prix en euros *

Nous avons bien aimé :

EPSON Perfection V500/A4

Amateur 6 400 48 bits (3.4 D)

Incorporé 68,6 × 236,9 mm 340 la fonction anti-rayure et anti-poussière ; la correction du contre-jour ; la réduction du bruit

EPSON Perfection V750 Pro

Semi-pro 6 400 x 9 600 Incorporé 20,32 x 25,4 cm 970 le revêtement anti-reflet des capteurs ; la fonction anti-poussière/anti-rayure ; la numérisation infrarouge des films

EPSON Expression 10000 XL Pro/A3

Professionnel 2 400 48 bits (3.8 D)

Extérieur 48 × 35 cm 4 390 le foyer automatique pour l’égalisation des originaux non posés à plat et des diapositives encadrées ; deux lampes à lumière froide Xenon ; le réglage manuel de la focalisation ; l’interface réseau en option

Microtek I900/A4 Semi-pro 6 400 x 3 200 48 bits

Incorporé 20,3 x 25,4 cm 945 les adaptateurs négatifs ; la suite logicielle ; les connexions USB 2 + Firewire

Microtek ArtixScan F1/A4

Semi-pro 4 800 x 9 600 48 bits (4.2 D)

Incorporé 20,3 x 25,4 cm 1 580 la connexion USB 2 ; les adaptateurs négatifs ; l’autofocus et la vitre de numérisation traités anti-distorsion

Microtek Scanmaker 1000 XLPro/A3

Professionnel 3 200 x 6 400 48 bits (4D)

Incorporé 34,08 × 43,2 cm 3 540 les connexions USB 2 + Firewire ; la vitre de numérisation traitée anti-distorsion ; la suite logicielle

Kodak/Creo

EverSmart Suprème

Professionnel 5 600 x 14 00048 bits (4.3 D)

Incorporé 30,5 x 43,2 cm > 10 000 l’excellence ; réservé aux laboratoires

* Prix de vente constructeur TTC conseillé

LaPhotoAncienne.indb 67 26/12/07 10:41:04

Page 8: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

68 ❘ Guide de la photographie ancienne

De manière à vous guider dans votre choix, le tableau 3-2 regroupe diffé-rents modèles répondant à ces critères dans une gamme amateur à profes-sionnelle. (Les appareils Microtek et Kodak ne sont disponibles que chez les distributeurs de la marque ou par Internet.) Notez que les appareils de la gamme amateur ou semi-pro offrent une surface de numérisation réduite avec une résolution élevée. Ils permettront donc de scanner des petits formats que vous pourrez aisément agrandir sans perte de défi-nition. À l’inverse, les appareils professionnels offrent des surfaces de numérisation importantes (jusqu’au A3) avec une résolution faible – la taille d’origine du support ne demandant que rarement à être agrandie.

Les différences de prix se justifient par la qualité des composants, les fonc-tions spécifiques et l’utilisation intensive qui en est faite. Les services (par exemple la garantie) comme les logiciels qui les accom pagnent participent également au coût du produit.

Dernier élément important de votre scanner : le pilote Twain. Comman-dant le scanner, ce programme est spécifique à chaque appareil et a plus d’importance qu’on ne l’imagine. Reliant « logiciellement » le scanner à l’ordi nateur, il dispose en plus d’une interface utilisateur qui vous permettra de dialoguer avec votre appareil et en particulier de prévisualiser le docu-ment posé sur la vitre. La qualité de cet aperçu est primordiale puisque c’est d’après elle que vous ajusterez les paramètres du scanner (couleur, résolution, etc.) et que vous sélectionnerez la surface à numériser.

N’oubliez pas que la numérisation des documents anciens, dans une qua-lité optimale, génère des fichiers importants qui nécessiteront des péri-phériques de stockage et de sauvegarde de grande capacité (disque dur externe, ZIP, graveurs de CD ou de DVD…). Pour exemple, prévoyez moins de 60 Ko pour une image noir et blanc 1 bit en 800 × 600 pixels et 1,4 Mo environ pour une image en couleurs 24 bits.

Des critères de qualitéLa qualité d’une image numérique dépend de quatre paramètres.

La résolution exprimée en ppp, point par pouce (ou, en anglais, dpi, ■■

dot per inch) correspond au nombre maximal de points disposés sur une surface carrée de 2,54 cm. Une résolution de 300 dpi signifie 300 c olonnes et 300 rangées de pixels sur un pouce carré, ce qui donne donc 90 000 pixels.

Le choix de votre scanner devra se faire sur cette résolution, dite « réso-■■

lution optique ».

La taille, soit la dimension physique, influe sur le choix de la résolution.■■

L’échantillonnage ou profondeur des couleurs, exprimé en nombre de ■■

bits (suite de 0 et de 1), conditionne le bon rendu des couleurs (1 bit équivalant à 2 tons, 8 bits à 256 tons, 16 bits à 65 536 tons, etc.).

LaPhotoAncienne.indb 68 26/12/07 10:41:04

Page 9: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

Chapitre 3 ❘ La magie du numérique ❘ 69

Le modèle chromatique, système de ■■

reproduction des couleurs est RVB pour les écrans et CMJN pour l’imprimerie.

Les choix qui seront pris lors de la numéri-sation varieront en fonction du rendu que vous souhaitez obtenir, de la couleur du document original, de son format, et de l’usage ultérieur du fichier image. Adop-tez toujours la meilleure qualité, vous vous réserverez ainsi le plus grand éventail pos-sible d’utilisations futures.

Faites le choix d’une résolutionLa résolution est une mesure du niveau de détail d’une image numérique. La définition complète du terme « résolu-tion » recouvre les notions de résolution spatiale et de résolution en lumi-nance (ou échantillonnage). Dans l’usage courant toutefois, ce terme est souvent employé pour parler de la résolution spatiale uniquement.

Plus la résolution est grande, plus l’image est détaillée (voir figure 3-4) et génère un fichier numérique lourd que vous pourrez toujours compresser. Dans le cas des photographies anciennes, les détails, la netteté et le grain sont des notions essentielles : une photographie de groupe exigera que l’on puisse identifier tous les personnages ; les affiches et enseignes d’une rue, par exemple, doivent rester lisibles. Exemple : si on devait numériser un document original à un taux de résolution égal à 300 dpi et à un niveau de résolution de qualité haute définition, c’est-à-dire 2 048 × 3 072 pixels, la taille du document à l’impression serait de 17,3 × 26 cm. Le rapport entre ces différents éléments peut se calculer ainsi :

2 048 pixels × 2,54 cm/300 ppp = 17,3 cm (2,54 cm = 1 pouce).

En revanche, sur un écran standard de bonne qualité, norme XGA (1 280 × 1 024 pixels) et à ce niveau de résolution, ce document ne pourra être affiché que tronqué. Si on souhaite l’afficher en entier, il faudra dimi-nuer le nombre de pixels à l’affichage. Le document qui apparaît alors sur l’écran est donc d’une qualité de définition inférieure à celle que l’on obtient à l’impression. Cela signifie que, selon le taux de résolution du matériel de numérisation dont on dispose, la qualité de l’image numérisée sera d’autant plus grande que le document original sera de petite taille. Cela signifie aussi que plus le niveau de résolution en pixels sera élevé,

Figure 3-4 Exemples de

numérisation en différentes résolutions

Résolution et résolution interpoléeLa résolution est une échelle quantitative et non qualita­tive, elle indique le nombre maximal de points mais non leur « qualité ». Attention à ne pas la confondre avec la résolution atteinte par interpolation qui est souvent mise en avant par les fabricants. L’interpolation consiste à multiplier le nombre de points par un procédé logiciel de manière à augmenter la résolution de l’image.

À savoir

LaPhotoAncienne.indb 69 26/12/07 10:41:05

Page 10: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

70 ❘ Guide de la photographie ancienne

plus l’image numérique pourra être agrandie par rapport au document original.

À titre d’exemple, à la Bibliothèque nationale de France (BNF), les archives photographiques sur support de verre ont été numérisées de manière à obtenir des images de 2 000 × 1 500 pixels. Les négatifs 9 × 12, 13 × 18, 18 × 24 et 24 × 30 ont été numérisés selon des résolutions allant de 125 à 418 dpi. Pour les négatifs 30 × 40, le format du fichier retenu a été de 3 000 × 2 000 pixels afin de préserver la richesse des détails. Quant aux épreuves couleur, elles sont archivées à 600 dpi, voire à 900 dpi pour les tirages de petites dimensions (24 × 36 mm) pour un format de 2 000 × 3 000 pixels en codage de 24 bits.

Adaptez votre formatLes plaques de verre présentent des formats variables allant de 4 × 10 cm à 50 × 60 cm. Jusqu’au format 30 × 40 cm, il est encore possible d’utiliser directement un scanner à plat, au-delà, privilégiez un appareil photo à dos numérique. À la différence d’un numériseur à plat,

ce matériel peut s’adapter à la taille de l’original grâce à son objectif à optique réglable.

Toutefois, si vos plaques sont trop denses, vous devrez passer par un contretypage argentique, c’est-à-dire par

une reproduction obtenue à partir d’une épreuve photographique rephotographiée dans la même valeur que l’original (copie négative d’un cliché négatif ou copie positive d’une épreuve positive).

L’épreuve papier, quant à elle, est le véritable aboutissement du tra-vail de l’artiste. Il convient donc de respecter la volonté de ce der-nier et de numériser le tirage au format 1:1. Parmi les formats les plus courants, vous rencontrerez principalement la carte de visite (10 × 5,5 cm), employée essentiellement pour les portraits, le papier à lettres (16 × 11 cm), le format classique de dimensions intermédiaires (13 × 18 cm et 20 × 25 cm), tiré à partir de plaques négatives, et le for-mat dit « impérial », c’est-à-dire celui des copies réalisées à partir de pla-ques de 28 × 35 cm. Dans tous les cas, vous pourrez utiliser un scanner à plat sans aucune difficulté.

Tenez compte de la couleurLa photographie ancienne, comme nous l’avons vu dans les chapitres précédents, ne se limite pas à des clichés en noir et blanc. Cyanotypes, plaques au collodion et autres autochromes exigent une numérisation en couleurs. Pour mieux aborder les recommandations qui suivent, un bref

En photographie, le terme « format » recouvre les dimensions du support ; en image numérique, il indique le mode de stockage et de compression des informations qui composent le fichier. Il est indiqué par une extension (par exemple .jpg, .tif), soit les lettres qui suivent un point après son nom.

À savoir

LaPhotoAncienne.indb 70 26/12/07 10:41:05

Page 11: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

Chapitre 3 ❘ La magie du numérique ❘ 71

rappel sur la notion de profondeur des couleurs et de modèle chromatique ou méthode de reproduction des couleurs nous semble judicieux.

Les méthodes pour reproduire les couleurs sur l’écran de votre ordinateur, la méthode RVB, et celle utilisée pour produire la couleur en imprimerie, la méthode CMJN, sont différentes.

La méthode RVB, appelée « additive », consiste à produire une lumière ■■

d’une couleur précise en combinant en proportions variées les trois couleurs de base que sont le rouge, le vert et le bleu, comme illustré à la figure 3-5. On attribue à chacune d’entre elles une valeur comprise entre 0 et 255, 0 indiquant l’absence totale de la couleur, 255 indiquant une présence « maximale » de la couleur dans la combinaison recherchée. La somme de ces trois couleurs dans leur valeur maximale (255) donne du blanc, l’absence totale des trois couleurs donne du noir.

La méthode CMJN, appelée « soustractive », définit les couleurs non ■■

plus par les composantes du rayonnement lumineux émis ou réfléchi, mais par celui du rayonnement absorbé (voir figure 3-6). Elle consiste donc à faire absorber par certains pigments ou encres une proportion variable des ondes rouges, vertes ou bleues de la lumière blanche qui les contient toutes, pour ne réfléchir que la couleur souhaitée.

L’échantillonnage ou profondeur des couleurs, parfois appelé « résolution en luminance », détermine le nombre de nuances ou de couleurs possibles pour chaque pixel. Plus le nombre de bits est grand, plus le nombre de couleurs ou de nuances de gris possibles est élevé. Dans une image numé-rique, chaque couleur primaire (rouge, vert, bleu) est codée sur 8 bits, soit 256 niveaux. C’est la combinaison de ces 256 niveaux par couleur qui per-met la description de plus de 16 millions de couleurs ou un passage du noir au blanc sans rupture.

Le modèle chromatique détermine le nombre de bits final de l’image :

en RVB, elle est codée sur 3 × 8 bits, soit 24 bits ;■■

en CMJN, elle est codée en 4 × 8 bits, soit 32 bits.■■

Le tableau 3-3 vous permet de visualiser la correspondance du nombre maximal de couleurs et du nombre de bits par pixel.

Il est essentiel que le fichier numérique puisse restituer le plus fidèlement possible les nuances de couleurs de vos originaux photographiques. Vous devrez préserver au mieux les coloris de chacun et respecter leurs contrastes. Toutefois, il est difficile de

Figure 3-5 Méthode additive

RVB

Figure 3-6 Méthode soustractive

CMJN

Tableau 3-3 Tableau de

correspondance nombre de bits/

nombre de couleurs

Bits par pixel Nombre maximal de couleurs

1 2 (noir ou blanc)

4 16

8 256

16 32 768 ou 65 536

24 et plus 16 777 216

LaPhotoAncienne.indb 71 26/12/07 10:41:11

Page 12: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

72 ❘ Guide de la photographie ancienne

rendre exactement la luminosité d’un cliché et, bien souvent, il vous faudra vous contenter d’une approximation.

Pour les photographies prises en noir et blanc, qu’il s’agisse de négatifs sur film, sur plaques de verre ou de tirages papiers, oubliez le mode bi-tons de votre scanner car il ignore la plupart des nuances, comme vous pouvez en juger sur la figure 3-7.

Contrairement aux apparences, les documents en noir et blanc sont com-posés en réalité de différentes nuances de gris. L’œil humain ne distingue pas plus de cent niveaux, mais la précision de votre échantillonnage doit être optimale afin de conserver le maximum d’informations. Fixez-vous sur 16 bits, soit 65 536 niveaux de gris, vous obtiendrez de bons résultats (figure 3-8). Néanmoins, sur certains clichés, des traces importantes d’oxy-dation soulignent l’histoire du document. Numérisez-les alors en couleurs (figure 3-9).

La numérisation des épreuves ou plaques monochromes implique quant à elle de s’interroger préalablement sur la nécessité de conserver la couleur à la numérisation : s’agit-il de photographies en noir et blanc qui ont mal vieilli ou bien la couleur nous renseigne-t-elle sur un procédé technique comme pour les cyanotypes bleutés ou les plaques de verre brunies au collodion du XIXe siècle ?

Dans cette première étape qu’est la numérisation, respectez toujours l’aspect et les tonalités du document. Numérisez en couleurs RVB (figure 3-10) et non en niveaux de gris (figure 3-11) ; vous corrigerez plus tard les défauts liés au vieillissement grâce à votre logiciel de retouche photo.

Figures 3-7 à 3-9 (de gauche à droite) Plaque de verre gélatino-bromure numérisée en mode bi-tons (noir et blanc)

Plaque de verre gélatino-bromure numérisée en mode Niveaux de gris

Plaque de verre gélatino-bromure oxydée numérisée en mode Couleurs (Anonyme, 1915)

LaPhotoAncienne.indb 72 26/12/07 10:41:12

Page 13: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

Chapitre 3 ❘ La magie du numérique ❘ 73

Enfin, pour les photographies prises en couleurs (négatifs couleur, photo-graphies opaques et autochromes comme en figure 3-12) la numéri-sation se fera en mode RVB pour un échantillonnage de 24 bits (plus de 16 millions de couleurs) soit 8 bits par couleur fondamentale.

Dernières recommandationsAvant de numériser, faites des essais. En effet, selon le support et le for-mat de l’original, vous obtiendrez des résultats très différents pour une même résolution. Vous serez peut-être amené à numériser dans une défi-nition supérieure à la définition intrinsèque du document pour conserver une trace de sa texture. Dans la mesure du possible, travaillez à partir de l’original car sur un retirage ou une impression d’une qualité inférieure, certaines informations se perdent.

Quelle qualité pour quelle utilisation ?Dans tous les cas, numérisez votre image en haute définition, ce sera votre fichier de sauvegarde (cas n° 1). Ne travaillez jamais à partir de ce fichier.

Figures 3-10 et 3-11 Cyanotype numérisé

en couleurs respectant sa tonalité d’origine (Sainte-Geneviève-

sur-Argence, Aveyron, Circa 1913)

Cyanotype numérisé en niveaux de gris

(Sainte-Geneviève-sur-Argence, Aveyron,

Circa 1913)

Figure 3-12 Photochrome numérisé

en couleurs (Vichy 1895)

LaPhotoAncienne.indb 73 26/12/07 10:41:15

Page 14: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

74 ❘ Guide de la photographie ancienne

Faites-en une copie et effectuez vos retouches à partir de la copie. Dans le cas d’une utilisation multiple, utilisez la copie puis convertissez le fichier aux formats adéquats en vue d’une impression (cas n° 2) ou d’une diffu-sion multimédia (cas n° 3).

Ces tableaux récapitulatifs vous indiquent quelques résolutions en fonc-tion des supports photographiques et de leurs usages.

Cas n° 1 :■■ ce fichier numérique est votre sauvegarde (voir tableau 3-4). Le format natif est le format bitmap d’origine de votre logiciel de retouche : PSD pour Photoshop, PSP pour Paint Shop Pro, BMP pour Windows, etc.

Cas n° 2 : ce fichier numérique est destiné à une sortie impression, à ■■

savoir imprimante pour la résolution la plus basse ou imprimerie pour la résolution la plus haute (voir tableau 3-5). Le format TIFF est le format universel trans-plates-formes, standard de la numérisation, il est destiné principalement à la chaîne graphique du fait des volumineux fichiers générés. Il ne permet ni transparence, ni animation, ni affichage pro-gressif.

Cas n° 3 : ce fichier numérique est destiné à une utilisation multimédia, ■■

c’est-à-dire Internet, CD-Rom, uniquement visible sur un écran dont la résolution se limite de 72 à 100 dpi (voir tableau 3-6). Le format JPEG est généralement privilégié pour la compression des photo graphies comportant un grand nombre de couleurs (jusqu’à 16,7 millions). Il possède en outre un taux de compression ajustable qui permet d’opti-miser le rapport qualité/poids. Il n’accepte ni transparence, ni animation mais permet l’affichage progressif.

Tableau 3-4 Tableau des résolutions indicatives pour une sauvegarde

Support Résolution Mode Standard Format

Épreuve ancienne couleur. Exemple : cyanotype

1 200 dpi ou la résolution réelle maximale de votre scanner

RVB 24 bits Format natif non compressé

100 %

Épreuve ancienne noir et blanc

1 200 dpi ou la résolution réelle maximale de votre scanner

Niveaux de gris 16 bits

Format natif non compressé

100 %

Plaque de verre 2 400 dpi ou la résolution réelle maximale de votre scanner

Niveaux de gris 16 bits ou RVB 24 bits

Format natif non compressé

100 %

Négatif noir et blanc 2 400 dpi ou la résolution réelle maximale de votre scanner

Niveaux de gris 16 bits

Format natif non compressé

100 %

Négatif couleur 2 400 dpi ou la résolution réelle maximale de votre scanner

RVB 24 bits Format natif non compressé

100 %

LaPhotoAncienne.indb 74 26/12/07 10:41:16

Page 15: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

Chapitre 3 ❘ La magie du numérique ❘ 75

Tableau 3-5 Tableau des résolutions

indicatives pour une sortie impression

Tableau 3-6 Tableau des résolutions

indicatives pour une diffusion multimédia

Support Résolution Mode Standard Format

Épreuve ancienne couleur. Exemple : cyanotype

300 à 1 200 dpi RVB 24 bits TIFF non compressé

100 % ou 3 000 pixels sur le plus grand côté

Épreuve ancienne noir et blanc

300 à 1 200 dpi Niveaux de gris 16 bits

TIFF non compressé

100 %

Plaque de verre 600 à 2 400 dpi Niveaux de gris 16 bits ou RVB 24 bits

TIFF non compressé

100 %

Négatif noir et blanc 1 200 à 2 400 dpi

Niveaux de gris 16 bits

TIFF non compressé

100 %

Négatif couleur 1 200 à 2 400 dpi

RVB 24 bits TIFF non compressé

100 %

Support Résolution Mode Standard Format

Épreuve ancienne couleur. Exemple : cyanotype

72 à 100 dpi RVB 24 bits JPEG 100 % ou 640 à 1 024 pixels sur le plus grand côté

Épreuve ancienne noir et blanc

72 à 100 dpi Niveaux de gris 16 bits

JPEG 100 % ou 640 à 1 024 pixels sur le plus grand côté

Plaque de verre 72 à 100 dpi Niveaux de gris 16 bits ou RVB 24 bits

JPEG 100 % ou 640 à 1 024 pixels sur le plus grand côté

Négatif noir et blanc 72 à 100 dpi Niveaux de gris 16 bits

JPEG 100 % ou 640 à 1 024 pixels sur le plus grand côté

Négatif couleur 72 à 100 dpi RVB 24 bits JPEG 100 % ou 640 à 1 024 pixels sur le plus grand côté

Les photos stéréoscopiquesLes clichés stéréoscopiques (figure 3­13) sont à numé­riser en deux fois puisqu’une même plaque de verre comporte deux vues. Adoptez une résolution plus élevée que pour une seule image (jusqu’à 1 200 dpi). La numé­risation des deux vues vous laissera la possibilité de restituer ultérieurement la vision stéréoscopique sur un écran d’ordinateur. Vous les superposerez et travaillerez sur les deux couches de couleur (rouge et vert ou rouge et cyan) qui représentent le décalage. Vous obtiendrez alors ce que l’on appelle des « anaglyphes » que vous pourrez visualiser à l’aide de lunettes 3D (rouge et cyan, le rouge sur l’œil gauche).

Cas particulier

Figure 3-13 Numérisation d’une plaque

stéréoscopique (Auvergne, Circa 1910)

LaPhotoAncienne.indb 75 26/12/07 10:41:17

Page 16: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

76 ❘ Guide de la photographie ancienne

Vous êtes prêt à numériser : n’oubliez jamais…Vous travaillez sur des documents qu’une simple manipulation peut endommager irrémédiablement. Tout comme pour le stockage, des règles simples sont à respecter.

Avant la numérisation, il convient de dépoussiérer les plaques de verre et les négatifs souples à l’aide d’un blaireau (figure 3-14) ou d’un pinceau de martre. Il ne faut en aucun cas les gratter, utiliser de l’eau ou des produits chimiques qui attaqueraient l’émulsion.

Vérifiez également que votre scanner ne dégage pas une chaleur susceptible d’accentuer le décollement de la couche de gélatino-bromure. Si vous avez récem-ment nettoyé votre matériel, enlevez à l’eau d’éven-

tuels résidus de produits chimiques, comme les nettoyants pour vitres par exemple, dont l’acidité peut attaquer aussi bien les gélatines que les papiers. Si vous souhaitez numériser des photographies enchâssées dans des écrins, comme des daguerréotypes ou des ferrotypes, évitez de les démonter pour n’en conserver que le cliché. Les cadres et les écrins non étanches doivent être hermétiques pour assurer pleinement leur fonc-tion de protection. Même avec des gants, n’en touchez jamais la surface : l’image risquerait de s’effacer !Outre ces précautions, prêtez attention au sens dans lequel est placé votre document : si vous utilisez un scanner à plat, l’émulsion d’une plaque de verre doit être placée contre la vitre afin que les rayons lumineux ne soient pas déviés par l’épaisseur de la plaque, ce qui entraînerait une numérisa-tion floue. Si vous numérisez avec un appareil photo, l’émulsion doit être sur le dessus. Au cours de ces manipulations, attention à ne pas rayer la vitre de votre scanner.

Retouches : un véritable laboratoire photo à votre portéeNous abordons ici un sujet sensible, celui de la restauration et de la retouche de vos clichés numérisés. Sensible, car à chaque étape de la restauration, il vous appartient de définir selon vos propres critères le moment où la restauration devient correction, où l’amélioration de la lisi-bilité de l’image efface l’originalité de son support et les traces de son histoire.

Comment concilier la volonté légitime de rendre à l’image sa fraîcheur initiale, pour autant que l’on puisse l’imaginer, tout en conservant l’âme du cliché, l’émotion de l’instant précieux captée par le photographe ? Certes, la numérisation vous permet de travailler sur une copie et non

Figure 3-14 Dépoussiérage d’une plaque gélatino-bromure à l’aide d’un blaireau

LaPhotoAncienne.indb 76 26/12/07 10:41:17

Page 17: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

Chapitre 3 ❘ La magie du numérique ❘ 77

sur l’ori ginal ; vous pouvez être tenté d’utiliser toute la puissance et la richesse des fonctions de retouche. Nous vous conseillons toutefois de limiter votre intervention aux trois domaines suivants :

la luminosité, le contraste et les couleurs ;■■

les accidents de l’image ;■■

les défauts de prise de vue.■■

Les outils et les fonctions que nous utiliserons dans la suite de ce cha-pitre sont généralement présents dans la majeure partie des logiciels de retouche photo grand public, qui, par leur coût et leur simplicité d’emploi, restent à la portée des amateurs.

Cependant, pour les plus simples d’entre eux, ces fonctions sont pro-posées sous forme d’outils de correction automatique. Pratiques et ne demandant pas de connaissances approfondies, ils ne sont malheureu-sement pas adaptés à la restauration des photos anciennes, faute de réglages adéquats. Nous vous engageons donc à vous reporter à la fin de cet ouvrage pour consulter la liste des principaux logiciels que nous vous recommandons. Ces bases de travail définies, passons à l’aspect pratique.

Améliorez la luminosité, le contraste et les couleursLa sensibilité des supports, l’estimation des temps de pose souvent empi-rique et fondée sur la seule expérience du photographe ainsi que les manipulations complexes de développement font que la clarté des clichés anciens est rarement parfaite et nécessite d’être améliorée.

1. Ne travaillez jamais à partir du fichier de sauvegarde que vous avez constitué lors de la numé­risation. Faites­en une copie et effectuez les opérations de restauration et de retouche sur cette dernière. Enregistrez fréquemment les modifications que vous y apportez.

2. Effectuez des sauvegardes.

3. Ne vous laissez pas prendre au jeu de la multiplication des retouches et des corrections : trop d’effets tuent l’effet…

4. Veillez à la pertinence des corrections que vous apportez ; ne stérilisez pas l’émotion que pro­cure un cliché ancien. Respectez son intégrité.

Enfin, les opérations de retouche demandent du temps, une bonne maîtrise des outils infor matiques et beaucoup de doigté. Malgré la puissance des outils de retouche, vous ne trans­formerez jamais un cliché raté en une superbe photographie. Vous ne gommerez pas non plus tous les outrages du temps. Ne vous découragez pas trop vite si le résultat obtenu ne correspond pas à vos attentes, persévérez !

Notre propos ici n’est pas de vous amener à la maîtrise de ces savoir­faire par un apprentissage pas à pas ; nous vous conseillons pour cela de consulter les ouvrages entièrement dédiés aux logiciels concernés.

Recommandations

LaPhotoAncienne.indb 77 26/12/07 10:41:18

Page 18: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

78 ❘ Guide de la photographie ancienne

Le réglage de la luminosité : l’histogrammeLes fonctions automatiques de réglage de la luminosité que l’on trouve dans la majeure partie des logiciels de retouche photographique permettent d’éclaircir et

d’assombrir une image ou une zone sélectionnée. Ces fonctions sont suf-fisantes pour corriger des photographies contemporaines. Les tirages plus anciens font fréquemment apparaître des déséquilibres de luminosité et de contraste que seul un outil plus précis, comme l’histogramme, peut corriger.

L’histogramme permet de visualiser sous forme de courbes la répartition des différents niveaux de luminosité de l’image et de rééquilibrer les zones claires, sombres et moyennes (figure 3-15).

L’axe horizontal de l’histogramme illustre tous les niveaux de luminosité possibles, de 0 (noir) à gauche, à 255 (blanc) à droite. Il permet de se faire une idée précise de la dominante de l’image, du rapport qui existe entre les zones sombres et claires, de son uniformité globale du plus sombre au plus clair. L’axe vertical indique la proportion des pixels de l’image correspondant à ce niveau. À titre d’exemple, corrigeons l’image ci-dessous (figure 3-16).

Dans le cas particulier des négatifs, vous devrez effectuer les réglages de luminosité, de couleur et de contraste sur le cliché transformé en positif, faute de quoi vous obtiendrez l’effet inverse de celui recherché.

Attention

Figure 3-15 Cet histogramme montre que les niveaux sombres de l’image sont très majoritaires.

Figure 3-16 Photo carte ternie (Circa 1920). Son histogramme présente une répartition majoritaire des niveaux de luminosité dans les tons sombres.

LaPhotoAncienne.indb 78 26/12/07 10:41:20

Page 19: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

Chapitre 3 ❘ La magie du numérique ❘ 79

1. Déplaçons le curseur noir vers le départ du tracé de l’histogramme (figure 3-17).

2. Procédons de même pour les zones claires (figure 3-18). Renforçons-les en déplaçant le curseur blanc vers la fin du tracé de l’histogramme.

3. Pour finir, déplaçons le curseur gris vers le centre de l’histogramme (figure 3-19). L’image est toujours plus terne qu’auparavant, car le contraste diminue quand la valeur du pixel le plus lumineux par rapport au plus sombre est déplacée vers les valeurs moyennes de gris. Compensez cet effet en procédant au réglage du contraste.

Figure 3-17 Le résultat est un

renforcement des tons sombres.

Figure 3-19 Équilibrage de

l’ensemble à l’aide des niveaux moyens de gris

Figure 3-18 Éclaircissement

général de l’image par le renforcement

des blancs

LaPhotoAncienne.indb 79 26/12/07 10:41:23

Page 20: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

80 ❘ Guide de la photographie ancienne

Le réglage de contrasteIl permet d’augmenter ou d’adoucir l’intensité des différentes zones de l’image ou d’une sélection. Comme vous pourrez le constater, les clichés anciens sont souvent ternes (figure 3-20). Un bon réglage du contraste vous permettra de les raviver comme sur l’exemple de la figure 3-21.

Figure 3-20 Plaque gélatino-bromure (Circa 1900) avant réglage du contraste. L’image est terne en raison d’un temps de développement trop faible.

Figure 3-21 Le même cliché après un réglage du contraste. L’image retrouve un rendu naturel plus soutenu du fait du renforcement des noirs et de l’éclaircissement des blancs.

LaPhotoAncienne.indb 80 26/12/07 10:41:30

Page 21: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

Chapitre 3 ❘ La magie du numérique ❘ 81

Les couleursLes couleurs, altérées par le temps ou les oxydations des sels d’argent, méritent d’être rénovées pour retrouver leurs teintes d’origine. La connais-sance du support (est-ce un cyanotype, un collodion ou un gélatino-bro-mure ?) vous indiquera la tonalité la plus probable à rechercher (tableau 3-7). Reportez-vous au chapitre 1 « Savoir reconnaître et dater les photo-graphies anciennes » pour plus de détails.

Pour mieux vous aider à identifier les erreurs à ne pas commettre, compa-rons les différentes rectifications de teinte d’un tirage albuminé.

Figure 3-22 Attention à ne pas trop renforcer le contraste, le résultat est artificiel et durcit l’atmosphère

de la prise de vue.

Tableau 3-7 Teinte et vieillissement

des principaux supports traditionnels

Support Dominante Vieillissement

Daguerréotype Tons chauds (jaune d’or, orangé) dus à la sensibilisation de la plaque de cuivre.

Orange/brun/noir pour la corrosion de l’argent et taches vertes dues à la corrosion du cuivre. Disparition des demi-teintes.

Ambrotype Brillante et de tons froids (gris, bleu) car fixée avec du cyanure de potassium.

Noir/gris dus à la corrosion de l’argent.

Disparition des demi-teintes

Cyanotype Bleu de Prusse Bleu foncé à noir

Tirage de plaque gélatino-bromure

Noir et blanc Ternissement des noirs et blancs, oxydations bleues

Tirage albuminé Douce et de tons chauds (crème, brun léger) en raison de la présence de l’albumine

Jaune dans les parties claires de la photographies ; brun ou violet dans les parties sombres

LaPhotoAncienne.indb 81 26/12/07 10:41:31

Page 22: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

82 ❘ Guide de la photographie ancienne

Exemple n° 1 (figure 3-23) : photographie originale à partir de laquelle les corrections vont être appliquées. C’est le type de tirage que vous ren-contrerez le plus fréquemment.

Exemple n° 2 (figure 3-24) : traitement de l’image en niveaux de gris. Les nuances chaudes ont disparu ce qui a pour effet de « durcir » la photo graphie.

Figure 3-23 Tirage albuminé (Circa 1890-1900) voilé avec une dominante trop jaune

Figure 3-24 Cette correction serait plus adaptée pour un tirage de plaque au gélatino-bromure.

LaPhotoAncienne.indb 82 26/12/07 10:41:35

Page 23: foto ancienne titre 28/12/07 10:48 Page 2 - Librairie … · la typologie de vos documents : positifs, négatifs, noir et blanc, ... Chapitre 3 La magie du numérique 65 Lors de la

Chapitre 3 ❘ La magie du numérique ❘ 83

Exemple n° 3 (figure 3-25) : application d’un effet artistique auto matique de type sépia. Le résultat est d’un rendu totalement artificiel pour des cli-chés anciens ; la coloration prédéterminée, sans nuance, a pour effet de trop assombrir et de renforcer les altérations de la teinte d’origine en déri-vant vers les gris et les oranges.

Exemple n° 4 (figure 3-26) : afin de compenser le jaunissement dû à la dégradation de l’albumine, la balance chromatique a été ajustée vers des tons plus froids et violet bleu (couleurs complémentaires du jaune orangé).

Figure 3-25 Cette correction

serait plus adaptée au vieillissement

d’une photographie contemporaine.

Figure 3-26 Cette correction serait

plus adaptée pour un ambrotype ou un

tirage de cyanotype.

LaPhotoAncienne.indb 83 26/12/07 10:41:38