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E ´ tat de l’art Fractionnement plasmatique international : e ´tat des lieux Plasma fractionation in the world: Current status T. Burnouf Human Plasma Product Services (HPPS), 18, rue Saint-Jacques, 59000 Lille, France Disponible sur Internet le 11 mai 2007 Re ´sume ´ On estime que 22 a ` 25 millions de litres de plasma sont fractionne ´s au monde annuellement par environ 70 fractionneurs, prive ´s ou publics, localise ´s principalement dans les pays industrialise ´s et posse ´dant une capacite ´ comprise entre 50 000 a ` trois millions de litres. Dans un marche ´ des produits plasmatiques (« me ´dicaments de ´rive ´s du sang ») qui s’est globalise ´, ce secteur a connu une phase de consolidation industrielle se traduisant par des regroupements-acquisitions, et par la disparition de certains petits centres en Europe. Par ailleurs, une quinzaine de pays sont implique ´s actuellement dans des contrats a ` fac ¸on pour assurer leur approvisionnement en produits fractionne ´s. Plus de la moitie ´ du volume de plasma pour fractionnement est collecte ´ par plasmaphe ´re `se automatise ´e, le reste provenant de la collecte de sang total. De par le monde, le plasma destine ´ au fractionnement doit e ˆtre pre ´pare ´ en suivant des proce ´dures de collecte bien documente ´es et doit re ´pondre a ` des crite `res de qualite ´ tre `s re ´glemente ´s par les autorite ´s de tutelle et par les fractionneurs. Les technologies de fractionnement, si elles reposent encore sur des e ´tapes de pre ´cipitation a ` l’e ´thanol, se sont perfectionne ´es par l’introduction de proce ´de ´s de purification chromatographique modernes et par des traitements d’inactivation et d’e ´limination virales qui assurent la fabrication d’une gamme de produits de qualite ´ et su ˆrs. La se ´curite ´ vis-a `-vis du risque de transmission du variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (vMCJ) semble e ˆtre apporte ´e, d’apre `s les donne ´es scientifiques actuelles, par une marge d’e ´limination suffisante gra ˆce a ` l’e ´limination de l’agent infectieux lors de certaines e ´tapes de fractionnement. Le produit phare du fractionnement est actuellement l’immunoglobuline G intraveineuse. L’approvisionnement en produits plasmatiques (tout particulie `rement les fractions coagulantes et l’immunoglobuline) a ` un prix abordable et en quantite ´ suffisante a ` l’e ´chelle mondiale demeure proble ´matique ; le proble `me reste particulie `rement entier dans les pays en voie de de ´veloppement, l’accroissement de l’usage de facteur VIII recombinant dans les pays riches n’a pas modifie ´ cette donne et a entraı ˆne ´ une augmentation du prix des fractions destine ´es au monde en de ´veloppement. Le fractionnement plasmatique a, au cours de ces dernie `res anne ´es, accompli une mutation technologique et scientifique conside ´rable, et demeure essentiel a ` la fabrication de nombreux me ´dicaments. # 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´serve ´s. Abstract From 22 to 25 million liters of plasma are fractionated yearly in about 70 fractionation plants, either private or government-owned, mainly located in industrialized countries, and with a capacity ranging from 50 000 to three million liters. In an increasingly global environment, the plasma industry has recently gone through a major consolidation phase that has seen mergers and acquisitions, and has led to the closure of a number of small plants in Europe. Currently, some fifteen countries are involved into contract plasma fractionation programs to ensure a supply of plasma-derived medicinal products. The majority of the plasma for fractionation is obtained by automated plasmapheresis, the remaining (recovered plasma) being prepared from whole blood as a by-product of red cell production. Plasma for fractionation should be produced, and controlled following well established procedures to meet the strict quality requirements set by regulatory authorities and fractionators. The plasma fractionation technology still relies heavily on the cold ethanol fractionation process, but has been improved by the introduction of modern chromatographic purification methods, and efficient viral inactivation and removal treatments, ensuring quality and safety to a large portfolio of fractionated plasma products. The safety of these products with regards to the risk of transmission of variant Creutzfeldt-Jakob disease seems to be provided, based on current scientific data, by extensive removal of the infectious agent during certain fractionation steps. The leading plasma product is now the intravenous immunoglobulin G, which has replaced factor VIII and albumin in this role. The supply of plasma products (most specifically coagulation products and immunoglobulin) at an affordable price and in sufficient quantity remains an issue; the problem is particularly acute in developing countries, as the switch to recombinant factor VIII in rich countries has not solved the supply issue and has even led to an increase of the mean price of plasma-derived factor VIII to the developing world. In the last few years, the http://france.elsevier.com/direct/TRACLI/ Transfusion Clinique et Biologique 14 (2007) 41–50 Adresse e-mail : [email protected]. 1246-7820/$ – see front matter # 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´serve ´s. doi:10.1016/j.tracli.2007.04.002

Fractionnement plasmatique international : état des lieux

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http://france.elsevier.com/direct/TRACLI/

Transfusion Clinique et Biologique 14 (2007) 41–50

Etat de l’art

Fractionnement plasmatique international : etat des lieux

Plasma fractionation in the world: Current status

T. BurnoufHuman Plasma Product Services (HPPS), 18, rue Saint-Jacques, 59000 Lille, France

Disponible sur Internet le 11 mai 2007

Resume

On estime que 22 a 25 millions de litres de plasma sont fractionnes au monde annuellement par environ 70 fractionneurs, prives ou publics,

localises principalement dans les pays industrialises et possedant une capacite comprise entre 50 000 a trois millions de litres. Dans un marche des

produits plasmatiques (« medicaments derives du sang ») qui s’est globalise, ce secteur a connu une phase de consolidation industrielle se

traduisant par des regroupements-acquisitions, et par la disparition de certains petits centres en Europe. Par ailleurs, une quinzaine de pays sont

impliques actuellement dans des contrats a facon pour assurer leur approvisionnement en produits fractionnes. Plus de la moitie du volume de

plasma pour fractionnement est collecte par plasmapherese automatisee, le reste provenant de la collecte de sang total. De par le monde, le plasma

destine au fractionnement doit etre prepare en suivant des procedures de collecte bien documentees et doit repondre a des criteres de qualite tres

reglementes par les autorites de tutelle et par les fractionneurs. Les technologies de fractionnement, si elles reposent encore sur des etapes de

precipitation a l’ethanol, se sont perfectionnees par l’introduction de procedes de purification chromatographique modernes et par des traitements

d’inactivation et d’elimination virales qui assurent la fabrication d’une gamme de produits de qualite et surs. La securite vis-a-vis du risque de

transmission du variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (vMCJ) semble etre apportee, d’apres les donnees scientifiques actuelles, par une marge

d’elimination suffisante grace a l’elimination de l’agent infectieux lors de certaines etapes de fractionnement. Le produit phare du fractionnement

est actuellement l’immunoglobuline G intraveineuse. L’approvisionnement en produits plasmatiques (tout particulierement les fractions

coagulantes et l’immunoglobuline) a un prix abordable et en quantite suffisante a l’echelle mondiale demeure problematique ; le probleme

reste particulierement entier dans les pays en voie de developpement, l’accroissement de l’usage de facteur VIII recombinant dans les pays riches

n’a pas modifie cette donne et a entraıne une augmentation du prix des fractions destinees au monde en developpement. Le fractionnement

plasmatique a, au cours de ces dernieres annees, accompli une mutation technologique et scientifique considerable, et demeure essentiel a la

fabrication de nombreux medicaments.

# 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

Abstract

From 22 to 25 million liters of plasma are fractionated yearly in about 70 fractionation plants, either private or government-owned, mainly

located in industrialized countries, and with a capacity ranging from 50 000 to three million liters. In an increasingly global environment, the

plasma industry has recently gone through a major consolidation phase that has seen mergers and acquisitions, and has led to the closure of a

number of small plants in Europe. Currently, some fifteen countries are involved into contract plasma fractionation programs to ensure a supply

of plasma-derived medicinal products. The majority of the plasma for fractionation is obtained by automated plasmapheresis, the remaining

(recovered plasma) being prepared from whole blood as a by-product of red cell production. Plasma for fractionation should be produced, and

controlled following well established procedures to meet the strict quality requirements set by regulatory authorities and fractionators. The

plasma fractionation technology still relies heavily on the cold ethanol fractionation process, but has been improved by the introduction of

modern chromatographic purification methods, and efficient viral inactivation and removal treatments, ensuring quality and safety to a large

portfolio of fractionated plasma products. The safety of these products with regards to the risk of transmission of variant Creutzfeldt-Jakob

disease seems to be provided, based on current scientific data, by extensive removal of the infectious agent during certain fractionation steps.

The leading plasma product is now the intravenous immunoglobulin G, which has replaced factor VIII and albumin in this role. The supply of

plasma products (most specifically coagulation products and immunoglobulin) at an affordable price and in sufficient quantity remains an

issue; the problem is particularly acute in developing countries, as the switch to recombinant factor VIII in rich countries has not solved the

supply issue and has even led to an increase of the mean price of plasma-derived factor VIII to the developing world. In the last few years, the

Adresse e-mail : [email protected].

1246-7820/$ – see front matter # 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

doi:10.1016/j.tracli.2007.04.002

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T. Burnouf / Transfusion Clinique et Biologique 14 (2007) 41–5042

plasma fractionation industry has improved greatly, and should remain essential in the years to come for the procurement of many essential

medicines.

# 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

Mots cles : Fractionnement ; Plasma ; Capacite ; Purification ; Virus ; Prions ; Approvisionnement

Keywords: Fractionation; Plasma; Capacity; Purification; Virus; Prions; Supply

Tableau 1

Repartition territoriale des principaux centres de fractionnement

Region Pays

Amerique du Nord Etats-Unis, Canada

Afrique Afrique du Sud

Asie-Pacifique Australie, Chine, Japon, Coree du Sud

Europe Allemagne, Angleterre, Autriche,

Belgique, Espagne, France, Hollande,

Hongrie, Italie, Suede, Suisse

Mediterranee–Moyen Orient Israel

1. Etat du fractionnement plasmatique dans le monde

1.1. Volume de plasma fractionne

1.1.1. Fractionnement actuel

Les estimations les plus recentes font etat d’un volume de

plasma fractionne au monde se situant aux environs de 22 a 25

millions de litres. Dans les pays industrialises, ce volume de

fractionnement se repartit grosso modo entre sept et neuf

millions de litres aux Etats-Unis, six a huit millions dans

l’Union Europeenne, 900 000 litres au Japon, et 250 000 litres

en Australie. Le volume fractionne en Chine serait de l’ordre de

5,5 millions. On estime que le volume fractionne a globalement

augmente ces dernieres annees, meme si des fluctuations ont ete

observees au cas par cas en raison de l’impact de facteurs

economiques, en particulier le cout du plasma [1] et le prix de

remboursement des produits finis, en particulier les immu-

noglobulines G (IgG). Les chiffres ci-dessus sont a moduler par

les mouvements transatlantiques de matieres plasmatiques

intermediaires (cryoprecipite ; fractions II + III, II, et V) entre

les differents sites de fabrication d’un meme ou de plusieurs des

fractionneurs. On estime le marche mondial des produits

plasmatiques a plus de six milliards d’euros.

1.1.2. Volume potentiel

Une partie importante du plasma pour fractionnement

provient de collectes realisees par plasmapherese, en particulier

aux Etats-Unis, l’autre partie etant obtenue comme « sous-

produit » de la collecte de sang pour la preparation des

concentres globulaires. On estime que chaque annee, de l’ordre

de 80 millions d’unites de sang total sont collectees [2]. Cette

collecte peut generer, en theorie, environ 16 millions de litres de

plasma. Si on estime que le volume de plasma destine a la

transfusion est de deux a trois millions de litres (soit de l’ordre

de dix a 12 millions d’unites de FFP), cela laisse en principe, a

supposer que les criteres de qualite soient remplis, un potentiel

de 13 millions de litres disponibles pour fractionnement. De

l’ordre de 50 % de ce volume est actuellement fractionne. Il y

aurait donc une « reserve » potentielle d’environ 6,5 millions de

litres de plasma issu de sang total non utilises actuellement ou,

en partie, reserves a la production de cryoprecipite.

1.2. Nombre de fractionneurs

D’apres les donnees du « Marketing Research Bureau », on

compte environ 70 fractionneurs au monde en 2005. Une

disparite geographique des centres de fractionnement entre le

monde industrialise, d’une part, et les pays en voie de

developpement, d’autre part, est flagrante. Les principaux

fractionneurs sont localises aux Etats-Unis, en Europe, en

Australie, et au Japon. Il y a pres de 35 fractionneurs en Chine, la

plupart de petite ou de moyenne taille, un seul en Afrique et au

Moyen-Orient. Le Tableau 1 donne la liste des pays principaux

dotes d’un ou de plusieurs centres de fractionnement. Plusieurs

pays ont annonce des projets de construction d’unites de

fractionnement : Arabie Saoudite, Bresil, Iran, Russie et Inde.

1.3. Capacite moyenne et gamme de produits

La capacite moyenne annuelle de chaque centre varie

significativement selon les continents ; en 2005, elle etait de

333 000 litres en Asie, 500 000 litres en Europe et 1 140 000

aux Etats-Unis (Source : « Marketing Research Bureau »). La

plupart des centres ont une vocation « generaliste », c’est-a-dire

qu’ils produisent la gamme traditionnelle des produits

plasmatiques, complementee, au cas par cas, par des produits

d’usage plus confidentiel. Un nombre reduit de centres, situes

en Amerique du Nord (Etats-Unis et Canada), sont specialises

dans la production d’immunoglobulines G (IgG) specifiques

(telles que les IgG antifacteur rhesus, ou dirigees contre des

agents infectieux comme les virus de l’hepatite B, de la rage, ou

contre la toxine tetanique). Cette situation est expliquee en

partie par la possibilite, aux Etats-Unis, de collecter une

quantite de plasma importante aupres de donneurs remuneres.

1.4. Consolidations industrielles

L’industrie du fractionnement des pays industrialises a

connu une phase de consolidation spectaculaire au cours de ces

dix dernieres annees. Elle a ete guidee par un souci d’economie

d’echelle et de rationalisation de la production (specialisation

des unites de production), de meilleure securite d’approvi-

sionnement en plasma, et de complementarite de gamme de

produits et de territoires de ventes pour doter les acteurs d’une

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T. Burnouf / Transfusion Clinique et Biologique 14 (2007) 41–50 43

capacite d’action globale. Cette consolidation industrielle s’est

illustree par des acquisitions ou fusions orchestrees par les

acteurs du secteur prive (par exemple rachat des activites de

fractionnement d’Aventis et du centre Croix-Rouge de Berne

par CSL ; d’Alpha Therapeutics par Grifols ; de Kabi-Vitrum

par Octapharma ; de Bayer par Talecris). Par ailleurs, au sein du

secteur a but non lucratif, Sanquin a centralise les activites de

fractionnement des centres Croix-Rouge Hollandais, Belge et

Finlandais dans ses unites d’Amsterdam et de Bruxelles. Les

petits centres de fractionnement du Statens Serum Institute

(Copenhague, Danemark), du Scottish National Blood Trans-

fusion Service (Edinburgh, Ecosse), et de la Croix-Rouge

Finlandaise (Helsinki) ont ferme, en partie en raison d’un

marche limite referme sur les besoins locaux, d’une gamme de

produits trop reduite, de la concurrence imposee par la mise sur

le marche des facteur VIII et IX recombinants, et/ou d’un

manque de capacite economique a maintenir les standards de

fabrication au niveau de qualite requis par les autorites

reglementaires. Par ailleurs, la Croix-Rouge Americaine s’est

desengagee du secteur des produits plasmatiques.

Il y a donc aujourd’hui moins d’acteurs du fractionnement

dans les pays industrialises. La capacite de fractionnement des

operateurs actuels est plus grande que par le passe, ainsi que

leur potentiel de rayonnement international. Par souci

d’economie d’echelle, on assiste a une specialisation des

centres de fractionnement dans certaines activites de produc-

tion. Certaines unites produisent des fractions intermediaires

(par exemple le cryoprecipite et les fractions issues du

fractionnement a l’ethanol), d’autres se focalisant sur la

preparation des produits finis (etapes chromatographiques,

traitements d’inactivation virale, repartition aseptique, lyophi-

lisation, et controle de qualite).

1.5. Environnement global competitif

Ces dernieres annees ont vu aussi le marche des derives du

plasma se globaliser. Rares sont, dans les faits, les pays

industrialises qui maintiennent un principe d’autosuffisance

dans un cadre restrictif de fermeture du marche aux produits

etrangers. La justification d’un fractionnement du plasma local

a evolue progressivement vers un concept de garantie

d’approvisionnement en produits plasmatiques locaux dans

un marche ouvert. Une competition plus ou moins vive existe

donc entre les produits d’une meme classe therapeutique de

divers fabricants, qui n’est regulee que dans des situations de

penurie. Par ailleurs, sous l’action des autorites nationales, des

associations de malades, et des fractionneurs eux-memes, les

exigences se sont harmonisees a l’echelle internationale pour

tendre de fait vers un seul standard de qualite et de securite.

Le niveau des exigences ayant augmente, le temps et les

couts de developpement et de validation des nouveaux produits

et des nouvelles technologies se sont accrus. Il s’ensuit aussi

une barriere d’acces difficile a franchir pour d’eventuels

nouveaux acteurs du secteur, qui s’ajoute aux difficultes

d’approvisionnement en plasma et de mise en place ope-

rationnelle de technologies de fabrication souvent complexes a

valider et a mettre en oeuvre.

1.6. Economie du fractionnement

Les facteurs economiques influencent beaucoup l’evolution

technique du fractionnement plasmatique. Cela s’explique par

la part importante (environ 45 %) prise par le prix du plasma (de

80 a 100 euros le litre) dans le cout des produits finis. Le cout

moyen eleve du plasma s’explique par la complexite de la

collecte de plasma de qualite, a l’introduction de controles

complementaires (par exemple les tests de depistage genomi-

que viral, DGV) et a la part quantitative importante du plasma

par l’usage des technologies d’apherese. L’economie du

fractionnement plasmatique est dependante de la repartition

des couts de la matiere premiere et des couts directs et indirect

de production et de controle sur un eventail diversifie de

produits [1]. Cette problematique explique, sauf cas particulier

du plasma hyperimmun, la quasi-impossibilite economique de

ne fractionner du plasma qu’en vue de l’extraction d’un seul

produit. A un cout de 80 euros le litre de plasma et a un

rendement de quatre grammes d’IgG par litre, on voit que

chaque gramme d’IgG devrait alors supporter a titre de produit

unique, 20 euros de quote-part de matiere premiere. Ainsi

s’explique l’effort important de l’industrie du fractionnement a

optimiser l’usage du plasma par l’amelioration des rendements

des IgG. Ce facteur de cout explique aussi, dans un contexte de

reduction d’usage et/ou de prix de vente moyen du facteur VIII

et de l’albumine sur le marche international, la relative

stabilisation du volume de plasma fractionne ces dernieres

annees dans les pays developpes.

Le souci de productivite s’est aussi illustre par l’augmenta-

tion moyenne de la taille des lots de produits finis, reduisant

ainsi l’impact financier de certaines operations de production

(par exemple inactivation virale, chromatographie, repartition

aseptique, lyophilisation) et de controle de qualite [1].

2. Contrats de fractionnement a facon

Plusieurs pays au monde assurent tout ou partie de leur

approvisionnement en produits plasmatiques par le biais de

contrats de traitement a facon. Le Tableau 2 presente des

exemples de tels contrats passes ou presents.

Selon ce modele, le plasma local est collecte et expedie chez

le ou les fractionneurs pour etre transforme, a des conditions

contractuelles preetablies en terme de gamme de produits, de

qualite, de rendement, et de cout. Tout ou partie des produits

fractionnes est retourne au pays d’origine du plasma. La mise

en place d’un tel programme requiert la signature prealable

d’un contrat de type pharmaceutique qui definit les obligations

et les responsabilites administratives et techniques respectives

des parties tant dans les procedures de collecte, de controle, et

de preparation du plasma que pour celles des operations de

fractionnement.

De tels programmes assurent la disponibilite relativement

rapide des produits fractionnes a un cout d’investissement

modeste compare a celui necessaire pour la construction d’une

usine de fractionnement (le budget de construction et de

validation d’un centre de fractionnement de 200 000 litres peut

depasser 60 millions d’euros). De tels programmes peuvent

Page 4: Fractionnement plasmatique international : état des lieux

Tableau 2

Exemples (passes ou actuels) de contrats de fractionnement de plasma a facon

Pays collecteur de plasma Pays fractionneur

Bresil France

Canada Etats-Unis

Egypte Coree du Sud

Grece Suisse

Hong-Kong Australie

Inde Coree du Sud

Luxembourg France

Malaysie Australie

Maroc France

Nouvelle-Zelande Australie

Norvege Autriche

Pologne Suisse

Taiwan Ecosse

Tchequie Espagne, Autriche

Thailande Coree du Sud

Tunisie France

T. Burnouf / Transfusion Clinique et Biologique 14 (2007) 41–5044

aussi servir de phase intermediaire, d’etape prealable a la

construction d’un centre de fractionnement.

Des prerequis reglementaires stricts prevalent a l’etablisse-

ment d’un contrat de traitement a facon. En outre, le

fractionneur doit, bien entendu, detenir une licence d’exploita-

tion octroyee par son autorite reglementaire, mais cette derniere

doit aussi accepter le principe d’un fractionnement a facon, au

besoin, et selon les legislations, apres une inspection des centres

de collecte etrangers, ou apres examen des rapports d’audits

soumis par le fractionneur. Inspections et audits s’attacheront a

l’examen des donnees epidemiologiques locales, aux metho-

dologies de depistage des agents infectieux (y compris les

trousses de depistage et la validation des procedures de

controle), et aux conditions de preparation et de stockage du

plasma destine au fractionnement. Une attention particuliere est

portee a la verification de la capacite de l’organisme de collecte

a assurer la tracabilite entre le don de plasma et le donneur, qui

est une des donnees de base incontournable de la securite de

tout produit transfusionnel.

L’autorite reglementaire du pays collecteur du plasma doit

de son cote inspecter et homologuer, selon la procedure locale

adaptee, les etablissements de collecte places sous ses

prerogatives, de meme que les installations de fractionnement,

cela generalement en coordination avec l’autorite reglemen-

taire locale. Un point particulierement important examine par

les autorites reglementaires des deux pays sera la capacite du

fractionneur a assurer une segregation complete des operations

de fractionnement de plasma provenant de differentes origines.

Au besoin, certains equipements, requerant des procedures de

nettoyage particulieres (tels que les colonnes chromatographi-

ques), peuvent voir leur usage dedie selon l’origine du plasma.

Les produits finis prepares a partir du plasma local devront etre

enregistres dans le pays de collecte selon la procedure en place

dans le pays.

On voit que tout programme de traitement a facon se doit

d’etre bati sur une base prospective a long terme, et non pas

comme une operation isolee retrospective repondant a un

excedent ponctuel de plasma. Des informations complemen-

taires sur l’organisation et le deroulement de contrats de

traitement a facon peuvent etre trouvees dans des documents

elabores sous l’egide de l’OMS [3] et de la federation mondiale

de l’hemophilie [4].

3. Plasma pour fractionnement

3.1. Procedes de collecte du plasma pour fractionnement

A ce jour, on peut considerer que de l’ordre de 30 a 40 % du

plasma fractionne au monde est issu de la collecte de sang

total, et le reste, soit la majorite, provient de procedures de

collecte par apherese. Le plasma d’apherese est tres

majoritairement issu de procedures de plasmapherese au

cours desquelles l’ensemble des composants cellulaires est

reinjecte au donneur tandis que le plasma est conserve.

Certains pays autorisent la collecte de plasma pour fractionne-

ment issu d’apherese de plaquettes. Actuellement en Chine,

seul le plasma de plasmapherese est legalement autorise pour

le fractionnement.

Le volume moyen de plasma obtenu lors d’un don de sang

total est compris entre 200 et 250 ml tandis que, par

plasmapherese, le volume collecte est au minimum de

450 ml mais peut atteindre 880 ml (avec l’anticoagulant),

selon la reglementation locale [5]. Lorsqu’il est prepare a partir

d’un don de sang total, le plasma est separe des elements figures

par centrifugation et est congele, a moins de �20 ou �30 8Cdans les huit, 24, ou 72 heures apres la collecte, selon la

reglementation en vigueur et la gamme des produits fabriques

[5,6]. Le plasma d’apherese peut quant a lui etre congele

rapidement apres la fin de la collecte pour peu que les

congelateurs soient disponibles sur le lieu de collecte.

3.2. Specificites du plasma pour fractionnement

La collecte de plasma pour fractionnement fait partie

integrante de la chaıne de production des derives plasmatiques

et doit repondre aux regles strictes qui prevalent a la fabrication

des medicaments. Divers aspects de la collecte, tant vis-a-vis

des criteres de selection des donneurs, de depistage, de

separation ou de stockage du plasma pour fractionnement

peuvent differer de ceux requis pour le plasma transfusionnel.

Les criteres d’acceptabilite du plasma de fractionnement sont

definis par les autorites sanitaires responsables, de meme que

par le fractionneur. L’OMS a publie recemment des recom-

mendations [5] qui couvrent les aspects relatifs aux criteres de

selection des donneurs, controle epidemiologique de la

population, tests de depistage, preparation, congelation, et

stockage du plasma selon des procedures respectant les bonnes

pratiques de fabrication. Par ailleurs, le document presente des

exemples de clauses contractuelles entre collecteurs de plasma

et fractionneurs, et illustre le role joue par les autorites

reglementaires dans la supervision de ces programmes. En

Europe, les fractionneurs ont l’obligation reglementaire de

definir precisement l’origine et les caracteristiques du plasma

utilise pour fractionnement dans un document specifique

denomme « Plasma Master File » [7,8].

Page 5: Fractionnement plasmatique international : état des lieux

T. Burnouf / Transfusion Clinique et Biologique 14 (2007) 41–50 45

4. Depistage viral du plasma pour fractionnement

4.1. Objectif

L’objectif des diverses mesures mises en place dans le

controle du plasma pour fractionnement est d’assurer que le lot

de plasma ne presente qu’une faible charge virale potentielle,

inferieure a la capacite de reduction virale assuree par les

procedures de fractionnement [5,9]. Cette garantie passe par

des controles virologiques des dons unitaires ainsi que par celui

des pools de fractionnement.

4.2. Depistages serologiques unitaires

La gamme des depistages viraux a realiser sur chaque unite

de plasma destine au fractionnement peut se distinguer dans

une certaine mesure de celle requise pour le controle des

composants labiles du sang. Cela s’explique par le fait que

certains virus soient strictement intracellulaires et ne soient pas

transmis par les derives plasmatiques.

De par le monde, les marqueurs viraux qui doivent etre

actuellement recherches sur chaque unite de plasma pour

fractionnement sont les anticorps VIH-1 et -2, les anticorps

VHC, et l’antigene HBs [5]. Seules les unites negatives vis-a-

vis de ces marqueurs peuvent etre fractionnees. La recherche

des anticorps HTLV n’est pas necessaire pour le plasma destine

au fractionnement, bien qu’elle puisse etre realisee, indirecte-

ment, pour le plasma issu de sang total, dans le cadre de

depistages visant la securite des produits cellulaires. Le

fractionneur peut quant a lui aussi solliciter, apres accord de

l’autorite de tutelle, la recherche d’un autre marqueur viral. La

specificite du fractionnement fait qu’il est possible, voire

souhaitable, d’utiliser des unites (negatives pour l’antigene

HBs) reactives vis-a-vis des anticorps anti-HBc, pour peu que le

titre en anticorps anti-HBs depasse un seuil defini par le

fractionneur [5]. Cette disposition est mise en place dans

certains pays pour enrichir le melange plasmatique en anticorps

neutralisants du VHB, et assurer une marge de securite des

produits fractionnes vis-a-vis de ce virus.

Les trousses employees pour le depistage des marqueurs

viraux dans le plasma destine au fractionnement doivent etre

homologuees par l’autorite sanitaire de reference et acceptees

par le fractionneur. Les autorites reglementaires nationales ont

toute liberte pour introduire des dispositions particulieres quant

a la recherche d’autres marqueurs selon les donnees

epidemiologiques specifiques et en prenant en compte un

eventuel risque pour la securite des medicaments derives du

sang.

4.3. Tests genomiques viraux sur melanges plasmatiques

Historiquement, l’introduction des DGV par les fraction-

neurs s’est justifiee scientifiquement par le fait que les procedes

de fractionnement de certains produits (tout particulierement

les fractions coagulantes) n’assuraient pas une garantie de

securite suffisante vis-a-vis des virus non-enveloppes VHA et

parvovirus B19, par ailleurs non depistes sur les dons unitaires

[10]. De plus, les donnees epidemiologiques ont montre que la

fenetre preserologique vis-a-vis du VHC etait large dans le

cadre du seul depistage des anticorps laissant « echapper » vers

le fractionnement des unites plasmatiques a haut titre infectieux

menacant potentiellement la securite des produits plasmatiques.

L’EMEA a rendu obligatoire la recherche des acides nucleiques

du VHC dans les « pools » de plasma pour fractionnement,

element repris dans la monographie de la pharmacopee

europeenne du plasma pour fractionnement [6]. Dans la

pratique, l’usage du DGVa ete etendu par les fractionneurs aux

virus VIH et VHB. Les tests DGV sont realises generalement

sur des premelanges plasmatiques (« mini pools ») qui

reproduisent en partie les melanges industriels previsionnels.

En cas de reactivite du test, l’unite plasmatique contaminee est

identifiee puis eliminee.

5. Technologie de fractionnement

5.1. Procedes de purification des proteines

Une revue bibliographique recente fait un point detaille des

technologies de fractionnement modernes [11]. Les techno-

logies actuelles s’articulent encore largement autour d’un

procede combinant la cryoprecipitation et les precipitations

ethanoliques sequentielles developpees au milieu du siecle

dernier par Cohn aux Etats-Unis [12] puis Kistler et

Nitschmann en Europe [13]. L’evolution des dernieres annees

a conduit a l’integration de procedes chromatographiques

permettant l’elaboration de nouveaux produits purifies a partir

des fractions intermediaires, dont des facteurs de la coagulation

(par exemple, concentres de facteurs IX, VII, ou XI), des

proteines anticoagulantes (proteine C), et des inhibiteurs de

proteases (antithrombine, alpha 1-antitrypsine, inhibiteur de la

C1-esterase) (Tableau 3).

Dans la plupart des centres de fractionnement, le volume

des lots de plasma est compris entre 2000 et 4000 litres ce qui

correspond au melange d’environ 10 000 dons. La sequence de

fractionnement commence par la cryoprecipitation qui permet

d’isoler, par decongelation du plasma entre un et quatre degres,

le cryoprecipite utilise pour la production des concentres de

facteur VIII, voire le facteur Willebrand et le fibrinogene. La

plupart des concentres de facteur VIII sont prepares par

purification chromatographique (generalement echange

d’anions ou immunoaffinite) apres solubilisation du cryopre-

cipite, adsorption ou precipitation de contaminants, et etape(s)

d’inactivation virale. Le surnageant de cryoprecipite est

soumis a une succession d’une a trois etapes chromatogra-

phiques qui permettent d’isoler successivement les facteurs du

complexe prothrombique (echangeur d’anions), l’inhibiteur de

la C1-esterase (echangeur d’anions), et l’antithrombine

(echangeur d’anion ou heparine immobilisee). La fraction

plasmatique non adsorbee est ensuite soumise aux etapes de

fractionnement a l’ethanol pour isoler d’abord un precipite

riche en IgG. Le surnageant correspondant est ensuite

fractionne pour isoler, le cas echeant, l’alpha 1-antitrypsine

puis l’albumine. Dans la plupart des cas, plusieurs fractions

intermediaires sont elles-memes melangees pour constituer un

Page 6: Fractionnement plasmatique international : état des lieux

Tableau 3

Exemples de modes de purification des principaux produits plasmatiques

Produits Fraction de depart Procedes de purification

Facteur VIII Cryoprecipite Chromatographie d’echange d’anions

Immunoaffinite

Complexe prothrombique (PPSB) Surnageant de cryoprecipite Chromatographie d’echange d’anions

Facteur IX Surnageant de cryoprecipite Chromatographie d’echange d’anions et d’affinite (heparine ; cuivre)

Immunoaffinite

Antithrombine Surnageant de cryoprecipite Chromatographie d’affinite (heparine)

Surnageant de PPSB Chromatographie d’echange d’ions

Alpha 1-antitrypsine Surnageant II + III Chromatographies d’echange d’anions

Precipite IV1–4 Chromatographie d’exclusion sterique

Immunoglobulines G Precipite II + III Chromatographies d’echange d’ions

Precipite II Precipitations

Albumine Precipite IV

T. Burnouf / Transfusion Clinique et Biologique 14 (2007) 41–5046

lot de produit fini qui sera prepare sur un equivalent de 20 000 a

40 000 dons. Il va sans dire que le fractionnement doit etre

mene selon des procedures de fabrication validees qui assurent

une tracabilite parfaite, dans le respect des bonnes pratiques de

fabrication, et en conformite avec les methodes de production,

de controle, et d’assurance qualite decrites dans les dossiers

d’enregistrement.

5.2. Qualite des produits

5.2.1. Avancees technologiques

Des progres importants ont ete apportes dans les methodo-

logies de fractionnement pour assurer un meilleur niveau de

purete proteique. A cet egard, la generalisation de l’integration

de procedes chromatographiques au fractionnement plasma-

tique d’origine a joue un grand role [11,14]. Ainsi les

complications hemolytiques dues a la presence d’anticorps

de groupe sanguin, frequentes avec les preparations de facteur

VIII de purete intermediaire, ont totalement disparu avec

l’usage des fractions de plus haute purete debarrassees

d’immunoglobulines. De meme les complications thrombo-

tiques associees dans le passe a l’usage du complexe

prothrombique chez les hemophiles B ont disparu avec le

developpement de preparations de facteur IX de haute purete.

Les preparations modernes d’IgG sont essentiellement depour-

vues d’IgA evitant, ou reduisant, les reactions secondaires lors

de l’injection chez des patients deficitaires.

5.2.2. Bonnes pratiques de fabrication

La mise en pratique industrielle des technologies de

fractionnement s’est elle aussi amelioree. Des procedures

strictes sont mises en place pour assurer et controler l’absence

de contamination bacterienne et de generation d’endotoxines en

particulier aux stades de la production d’eau et des tampons de

production, ou du nettoyage des equipements en contact avec

les produits. Par ailleurs les produits, prepares dans des

conditions environnementales controlees, sont soumis a

plusieurs filtrations sterilisantes sur des filtres de 0,45 et

0,22 mm pour maintenir la charge bacterienne a minima. On

verifie l’absence d’endotoxines aux stades critiques de la

fabrication.

5.2.3. Controles des activites proteolytiques

La meilleure mise en œuvre des procedures de collecte et de

stockage du plasma (respect de la chaıne du froid), ainsi que des

operations de fractionnement (respect des temperatures de

travail et des temps d’attente ; hygiene des procedes) conduit a

une limitation des risques de generation d’activites proteoly-

tiques nuisibles a la stabilite des produits et generatrices de

phenomenes d’intolerance chez les patients.

5.3. Procedes de reduction virale

Malgre les progres accomplis dans le depistage viral, le

risque d’introduction d’un don contamine dans le « pool » de

plasma fractionne ne peut etre totalement elimine. Ce risque

residuel est lie a quatre facteurs [15] : (a) l’erreur technique ou

humaine, (b) un don provenant d’un sujet tres recemment

infecte (« fenetre silencieuse »), (c) un don infectieux

seronegatif chez un porteur chronique, et (d) plus rarement,

un variant viral non reconnu par certains reactifs. Par ailleurs, il

est concevable que des dons contamines par des virus

emergents puissent etre integres dans le lot de plasma pour

fractionnement. Ces faits mettent en evidence le role securitaire

essentiel joue par les procedes d’inactivation et d’elimination

virales appliques en cours des etapes de fractionnement. Ces

procedes se sont reveles cruciaux pour l’elimination des risques

de transmission de VIH, VHB et VHC [16], ainsi que des

risques eventuels lies au virus du Nil Occidental [17–20]. La

complementarite entre les tests DGV et les methodes de

reduction virale est illustree, quant a elle, dans la reduction des

risques de transmission des virus non enveloppes resistants,

comme le parvovirus B19, a la plupart des procedes

d’inactivation virale [21].

Les produits plasmatiques enregistres par des autorites

reglementaires competentes ont atteint un excellent niveau de

securite virale, avant toute chose grace a l’introduction de

procedes d’inactivation virale. Tout produit plasmatique doit etre

soumis a au moins un traitement efficace et valide d’inactivation

virale contre les virus enveloppes. Dans la pratique, et en accord

avec les recommandations des autorites reglementaires, la

plupart des produits plasmatiques sont soumis a au moins deux

traitements specifiques complementaires de reduction virale

Page 7: Fractionnement plasmatique international : état des lieux

Tableau 4

Specificites des principaux procedes de reduction virale des produits plasmatiques

Procedes Principe Virus cibles Caracteristiques

Appliques en cours de fractionnement

Solvant-detergent Incubation de quelques heures en presence

de TnBP et d’un ou plusieurs detergents

(Tween 80, Triton X-100) a 20–37 8C [25,62]

Enveloppes Inefficace contre les virus non-enveloppes

Pas, ou peu, de risques de denaturation des

proteines plasmatiques

Les agents SD doivent etre elimines,

(generalement par procedes

chromatographiques ou extraction a l’huile)

Applicable en pratique a toute la gamme des

produits plasmatiques

Pasteurisation Chauffage d’une solution a 60 8C pendant

dix heures, generalement en presence de

stabilisants (sucres, polyols, acides

amines) [25,27]

Enveloppes Le parvovirus B19 peut montrer une resistance

a ce traitement, selon la composition du milieuNon-enveloppes

Possibilite de 10 a 30 % de pertes d’activite

biologique pour les fractions coagulantes

Applique a certaines fractions coagulantes,

fibrinogene, antithrombine, alpha 1-antitrypsine,

et immunoglobulines

pH acide Incubation a un pH acide (proche de 4)

pendant plusieurs heures a 25–37 8C [25,63]

Enveloppes Reserve aux immunoglobulins G

Certains virus

non-enveloppes

Acide caprylique

(acide octanoıque) (<pH 5.5)

Incubation a un pH inferieur a 5,5 pendant

30 a 60 minutes a 20–22 8C [28–30]

Enveloppes Reserve aux immunoglobulins G

Nanofiltration Filtration d’une solution proteique sur des

membranes multicouches d’une porosite

de 15 a 75 nm [25,32,33]

Enveloppes L’elimination virale s’effectue par exclusion

sterique en fonction du differentiel de taille

des virus et des nanofiltres

Non-enveloppes

Applicable en pratique a toute la gamme des

produits plasmatiques, y compris de haute

masse moleculaire

Traitement sur le flacon final

Pasteurisation Chauffage d’une solution a 60 8C pendant

dix heures dans le flacon final en presence

d’acides gras stabilisateurs [25]

Enveloppes Reserve a l’albumine

Non-enveloppes

Chauffage a sec Chauffage d’un produit lyophilise a

80 8C pour 72 heures, ou a 100 8Cpour 30 minutes, generalement en

presence d’acides amines et/ou de

sucres et/ou de polyols [25]

Enveloppes Le parvovirus B19 peut montrer une

resistance a ce traitementCertains virus

non-enveloppes Possibilite de 10 a 20 % de perte d’activite

biologique pour les fractions coagulantes

Applique prioritairement a certaines

fractions coagulante

T. Burnouf / Transfusion Clinique et Biologique 14 (2007) 41–50 47

[22]. Le deuxieme traitement doit assurer l’inactivation de virus

non-enveloppes tout en augmentant la marge de securite virale

vis-a-vis des virus enveloppes. Un seul traitement d’inactivation

virale est admis s’il assure a la fois une inactivation des virus

enveloppes et non-enveloppes (c’est le cas, par exemple, de la

pasteurisation de l’albumine). L’homologation d’un produit

passe par l’analyse scientifique du dossier de validation virale,

qui doit etre conduite dans le respect des recommandations

reglementaires [22,23] et par une evaluation quantitative des

risques viraux du produit qui prend en compte les facteurs

epidemiologiques, la qualite du plasma, les depistages virolo-

giques et le mode de production [24]. Un procede doit etre

applique dans des conditions definies de duree, temperature,

concentration en proteines, pH, et les limites acceptables

doivent etre definies lors de la validation [25]. Par ailleurs, la

mise en œuvre industrielle doit reproduire les criteres

d’efficacite et eviter les risques de recontamination posterieure

au traitement [25]. Les caracteristiques des principales

methodes de reduction virale sont reprises dans le Tableau 4.

5.3.1. Inactivation virale

Les methodes d’inactivation virale ont relativement peu

evolue au cours de ces quinze dernieres annees, ce qui est un

gage de reconnaissance de leur efficacite et de l’absence

d’effets negatifs redhibitoires sur la qualite des produits [25].

La technologie la plus utilisee au monde reste certainement le

procede chimique par solvant-detergent (SD) combinant le tri

n-butyl phosphate (TnBP), generalement a une concentration

de 0,3 ou 1 %, avec un ou deux detergents, soit le Tween 80, soit

le Triton X-100, entre 0,2 et 1 % [26]. L’incubation SD est

souvent mise en place au decours des phases de purification des

proteines, ce qui permet d’exploiter les procedes de purification

chromatographique des proteines pour l’elimination concomi-

tante des agents SD avec les fractions rejetees. La pasteurisa-

tion, qui est un traitement de chauffage a 60 8C pour une duree

de dix heures a l’etat liquide, reste aussi tres employee.

Appliquee en cours de fractionnement, elle requiert souvent

l’ajout de stabilisants (acides amines, sucres, polyols, etc.) [27]

qui sont elimines ulterieurement, par exemple par ultrafiltra-

Page 8: Fractionnement plasmatique international : état des lieux

T. Burnouf / Transfusion Clinique et Biologique 14 (2007) 41–5048

tion. L’albumine est, quant a elle, pasteurisee apres

conditionnement dans son flacon final en presence de quantites

d’acides gras stabilisants compatibles avec l’injection chez les

patients. Le traitement par l’acide caprylique (caprylate ; acide

octanoıque) est un traitement d’inactivation virale efficace qui a

ete introduit recemment pour l’inactivation des virus enve-

loppes dans certaines preparations d’IgG et d’IgM [28–30]. Les

traitements thermiques a 80 8C/72 heures ou 100 8C/30 minutes

de produits lyophilises – dont certaines fractions coagulantes –

sont utilises pour inactiver certains virus non-enveloppes, en

particulier le VHA ; leur pouvoir d’inactivation est insuffisant

vis-a-vis du parvovirus B19 [31].

5.3.2. Elimination virale

Le seul traitement d’elimination virale specifique reconnu

pour sa robustesse repose sur les procedes de nanofiltration sur

des membrane de 15 a 75 nm, ou equivalents, permettant une

retention efficace des virus [32–34]. Introduite en France au

debut des annees 1990 [35], la nanofiltration est a present

appliquee a de nombreux produits plasmatiques a travers le

monde. En plus de son efficacite dans l’elimination virale (et

sans doute de celle des prions), elle presente l’avantage

complementaire de ne pas induire de perturbations proteiques

(activation ; formation de neoantigenes) et son rendement est,

sauf exception, superieur a 90–95 %.

5.4. Controle du risque prions

Il est a present etabli que le variant de la maladie de

Creutzfeldt-Jacob (vMCJ), transmis a l’homme via l’ingestion

d’aliments contamines par le prion responsable de l’encepha-

lopathie spongiforme bovine (ESB), est egalement transmis-

sible par transfusion de concentres globulaires (non

deleucocytes) collectes chez des donneurs qui ont developpe

ulterieurement des signes de maladie [36,37]. Quatre cas

transfusionnels ont ete recenses a ce jour, le premier en

decembre 2003 et le dernier cas probable en janvier 2007 [38].

Le Royaume-Uni a denombre 66 individus ayant recu une

transfusion potentiellement contaminee par l’agent de la vMCJ.

Les transfusions recues par ces individus ont ete collectees chez

18 donneurs diagnostiques ulterieurement au don comme

porteur de la maladie. De ces 66 receveurs, 40 sont decedes de

causes autres que la vMCJ, y compris un patient detecte porteur

de la maladie apres son deces. Au total, trois de ces receveurs, y

compris le quatrieme recemment identifie, ont developpe des

symptomes de la vMCJ. 23 autres sont encore en vie et sans

symptomes apparents de la maladie.

A ce jour, aucun cas de vMCJ n’a ete associe a une therapie

par les produits plasmatiques industriels [39,40], cela malgre

(a) la taille importante des lots de plasma fractionne (ce qui

statistiquement devrait accroıtre le risque infectieux), (b) les

limites de la surveillance epidemiologique, (c) l’absence de

methode de depistage de l’agent infectieux dans le sang, (d) la

resistance de l’agent infectieux aux techniques d’inactivation

des virus, et (e) la frequence elevee de traitement de certains

patients (hemophiles). Les limites des mesures mises en place

pour l’exclusion des donneurs potentiellement a risque, et de la

deleucocytation du plasma pour fractionnement (qui semble ne

retirer que de l’ordre de 50 % de la dose infectieuse [41]) font

penser, d’une part, que l’agent infectieux est present a faible

dose dans le plasma (l’estimation basee sur des modeles

animaux suggere deux a 30 doses infectieuses par millilitre de

sang [42,43], dont la moitie associee au plasma [44]) et que

d’autre part, il est elimine efficacement au decours des etapes

de fractionnement. Diverses etudes experimentales concor-

dantes [45–51], basees sur des epreuves de surcharge exogene

par des extraits de cerveaux d’animaux infectes par une souche

d’un agent transmissible non conventionnel (ATNC), ont etabli

que les precipitations ethanoliques, les filtrations en profon-

deur, et les chromatographies peuvent contribuer chacune a

une elimination de deux a cinq logs de prions. Cette

elimination parait s’expliquer par l’hydrophobicite et l’agre-

gabilite des prions. Par ailleurs, des epreuves de surcharge ont

aussi montre que la nanofiltration sur des membranes

multicouches de 75 nm ou, preferentiellement, de moindre

porosite, elimine efficacement ces agents infectieux, sans

doute par un mecanisme d’exclusion sterique et de piegeage

sur les filtres. La prudence vis-a-vis de ces diverses

demonstrations experimentales reste de mise du fait de la

meconnaissance de la nature de l’agent infectieux dans le sang

et de l’impossibilite technique de pouvoir demontrer une

capacite d’elimination elevee avec des modeles infectieux

endogenes.

5.5. Rendement

Les rendements d’extraction des produits plasmatiques ont

relativement peu evolue ces dernieres annees, refletant la

relative stabilite dans les procedes d’extraction des proteines et

des procedes de reduction virale. Le rendement du facteur VIII

se situe entre 100 et 200 IU par litre de plasma, en fonction de la

methode de fractionnement utilisee et du mode de reduction

virale. Comme mentionne par ailleurs, si le traitement SD [52]

ou la nanofiltration sur des filtres de 35 ou 20 nm [53] ne

reduisent pas l’activite fonctionnelle du facteur VIII, les

traitements de pasteurisation, de chauffage a sec ou de

nanofiltration sur des membranes de 15 nm peuvent, quant a

eux, conduire a des pertes de dix a 30 % [34]. Le rendement en

albumine est compris entre 24 et 28 grammes par litre de

plasma, les meilleurs rendements etant associes a l’usage de la

technologie de fractionnement a l’ethanol par la methode de

Kistler et Nitschmann [13] combinee avec des methodologies

de filtration en profondeur pour la separation des precipites. Le

rendement en IgG s’est significativement accru ces dix

dernieres annees suite aux efforts technologiques accomplis

par les fractionneurs pour couvrir la demande therapeutique

croissante. La recuperation des IgG atteint aujourd’hui des

valeurs moyennes comprises entre 3,8 et 4,7 grammes par litre

de plasma. L’accroissement de rendement est du a la

simplification de la methodologie de fractionnement par

l’ethanol, a l’usage des procedes de filtration en profondeur,

et/ou a l’introduction d’etapes de purification chromatogra-

phique selectives pour substituer certaines etapes de precipita-

tion [29,54].

Page 9: Fractionnement plasmatique international : état des lieux

T. Burnouf / Transfusion Clinique et Biologique 14 (2007) 41–50 49

6. Approvisionnement des pays en voie de

developpement

Les pays en voie de developpement restent confrontes a des

difficultes d’approvisionnement en produits plasmatiques de

base, soit par rupture de stocks, soit pour des raisons de cout.

Certaines etudes de marche situaient en 2004 le deficit global en

produits du fractionnement a environ 20 %, mais ce pourrait

bien etre une evaluation optimiste de la situation sous-estimant

les besoins reels globaux.

Les IgG intraveineuses (IGIV) ne sont disponibles qu’en

faible quantite, du fait de l’importante consommation dans les

pays developpes [55], et a des prix souvent prohibitifs. En 2004,

une etude du « Marketing Research Bureau » estimait a 11

tonnes la quantite d’IGIV utilisee dans les pays en developpe-

ment [56] ; cette quantite correspond a environ 10 % de la

quantite produite au monde chaque annee. De ce fait, les

enfants presentant un deficit immunitaire severe, qui ne sont,

par ailleurs, que rarement diagnostiques, meurent en bas age

lors de la premiere infection. Une proposition de reintroduction

des IGIV sur la liste des medicaments essentiels a ete

approuvee par l’OMS [56]. Cette mesure contribuera a

sensibiliser les gouvernements quant a l’importance therapeu-

tique des IGIV dans le traitement des deficits immunitaires ;

elle pourrait egalement les sensibiliser au role des contrats de

traitement de plasma a facon comme (seul) moyen actuel

d’accroıtre la disponibilite du produit.

Aujourd’hui encore, la production des fractions coagulantes

par fractionnement plasmatique ou production recombinante ne

suffit pas a couvrir la demande globale. En effet, 80 % de la

population des 400 000 hemophiles au monde vit dans des pays

en voie de developpement ou emergents, et n’a pas acces aux

concentres de facteur VIII ou IX [57–59]. La situation pourrait

empirer dans un contexte ou, en 2020, la population des

hemophiles devrait atteindre 550 000. L’opinion courante de

ces dernieres annees selon laquelle la consommation croissante

de facteur VIII recombinant dans les pays riches allait de fait

accroıtre la disponibilite de facteur VIII plasmatique a bas cout

dans les pays en developpement [57], ne parait pas se confirmer

et faisait abstraction de certaines realites economiques. En

effet, alors que les IGIV deviennent le produit majeur du

fractionnement plasmatique, l’interet des gros fractionneurs

pour la fabrication du facteur VIII peut decroıtre. La part de

marche du facteur VIII plasmatique diminuant dans les pays

riches, il devient de moins en moins rentable pour les

fractionneurs de transformer le cryoprecipite en concentre de

facteur VIII, si celui-ci ne peut etre vendu qu’a faible cout dans

les pays pauvres, sans l’equilibre financier octroye par les

ventes a prix eleve dans les pays riches. L’usage grandissant du

facteur VIII recombinant dans les pays riches parait etre un des

facteurs conduisant a l’accroissement du prix moyen de vente

du facteur VIII plasmatique dans les pays en developpement.

L’approvisionnement en produits therapeutiques surs

dans les pays en voie de developpement pourrait donc passer

par la securisation virale du cryoprecipite ou du plasma pour

transfusion, par exemple par le traitement SD de « minipools »

recemment decrits [60,61], par le developpement de contrats de

traitement a facon (dans les pays ou l’infrastructure de collecte

de plasma est adaptee), ou par le developpement de facteurs de la

coagulation recombinants dans certains pays emergents.

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