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Décembre 2007 – R Favier Document de travail R. Favier pour revue Commerce International - màj 20 décembre 2007 ( Parution dans numéro 37 de Janvier 2008 : http://www.actu-cci.com/article/1998/ http://www.actu-cci.com/article/1996/ Guerre économique : « la France, combien de divisions » ? La France manque autant des « Google de demain » (cf rapprt « Stoléru » sur le Small Business Act) que de bataillons de -grosses- PME « à l’allemande » indépendantes, solides, innovantes, à la croissance connectée à haut débit sur la mondialisation mais efficacement branchées sur l’écosystème économique national, capables de créer de l’emploi et de contribuer à la croissance en conservant une part raisonnable de valeur ajoutée sur le territoire national et protégées des aléas par une diversification des clients, marchés et sources. 1 Notre problème d’offre, même à -30 milliards d’euros, est provisoirement sans effet macro- économique grâce à l’Euro, et nous n’avons jamais tant exporté. Mais la progression des importations, la spirale des délocalisations compétitives et des rachats plus ou moins bien intentionnés, le double débrayage entre exportation et valeur ajoutée et entre donneurs d’ordres et sous-traitants, enfin la fragilisation des tissus économiques (régions, territoires, mais aussi filières, pôles), l’insuffisance des brevets et des marges sont des symptômes inquiétants. 2 Au-delà de l’analyse macro, voire des recherches micro-économiques sur le comportement des entreprises françaises à l’international, c’est de la réponse aux besoins et attentes des chefs d’entreprises, particulièrement des PME à fort potentiel de croissance de 20 à 500 employés que dépend l’engagement d’une relance de la croissance par l’international. De la volonté individuelle du chef d’entreprise d’aller chercher les marchés hors des frontières. Aussi du choix des « business angels » de France et de la communauté française de l’étranger d’accompagner ces efforts en contribuant au financement de l’innovation et du développement international des PME, en agissant « ensemble » pour gagner la mondialisation. 3 Les CCI, partenaires de proximité pour 2 millions de patrons, ont engagé la mobilisation de nouvelles entreprises vers les marchés étrangers. Pour réenclencher une croissance créatrice d’emploi fondée sur la réussite commerciale, la conquête de nouveaux marchés et clients, enfin l’innovation au sens large pour le développement durable des PME. Voir le discours du Président Sarkozy à Pékin le 25 novembre : « le redressement de notre commerce extérieur passe par les PME, par des PME profitables, solides ». (www.elysee.fr , éléments vidéo et écrits sur la visite présidentielle en Chine du 25 au 27 Novembre 2007). 4 Parce que le nombre d’entreprises mutualisant les efforts de compétitivité (infrastructures, formation, R&D, innovation) en partageant risques et fardeau fiscal, facilite l’adaptation collective. Et permet aux écosystèmes de services en France et à l’étranger (publics et privés, banques, assureurs, juristes, conseils, logisticiens, prestataires de formation, d’intelligence économique, de santé ou de sécurité …) de déployer des moyens 5 . Parce que les entreprises, notamment PME, internationalisées sont plus rentables, plus croissantes et plus solides. Moins menacées par une concurrence étrangère favorisée par les effets de coût, de change et de volume. Leurs frais fixes et coûts d’innovation sont mieux amortis. La motivation des équipes et dirigeants (souvent actionnaires) est dopée tandis que la relation avec de nouveaux clients induit un triple effet vertueux de référence, de réseau et d’expérience. Mobiliser 15 % des PME de 20 à 500 employés du pays suppose une mise sous tension du réseau des chambres, une mise en synergie des métiers consulaires de formation, d’appui à la création, à la cession-transmission d’entreprise et à l’innovation, enfin une systématisation des actions de détection-coaching sur la base des programmes nationaux et de réussites étrangères (programme « PIPE » espagnol, cf infra). Mais surtout un jeu d’équipe associant les partenaires publics et privés, en

France en Guerre Economique & Projet 10 000 - Fiche décembre 2007

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Décembre 2007 – R Favier

Document de travail R. Favier pour revue Commerce International - màj 20 décembre 2007

( Parution dans numéro 37 de Janvier 2008 : http://www.actu-cci.com/article/1998/ http://www.actu-cci.com/article/1996/

Guerre économique : « la France, combien de divisions » ?

La France manque autant des « Google de demain » (cf rapprt « Stoléru » sur le Small Business Act) que de bataillons de -grosses- PME « à l’allemande » indépendantes, solides, innovantes, à la croissance connectée à haut débit sur la mondialisation mais efficacement branchées sur l’écosystème économique national, capables de créer de l’emploi et de contribuer à la croissance en conservant une part raisonnable de valeur ajoutée sur le territoire national et protégées des aléas par une diversification des clients, marchés et sources.1

Notre problème d’offre, même à -30 milliards d’euros, est provisoirement sans effet macro-économique grâce à l’Euro, et nous n’avons jamais tant exporté. Mais la progression des importations, la spirale des délocalisations compétitives et des rachats plus ou moins bien intentionnés, le double débrayage entre exportation et valeur ajoutée et entre donneurs d’ordres et sous-traitants, enfin la fragilisation des tissus économiques (régions, territoires, mais aussi filières, pôles), l’insuffisance des brevets et des marges sont des symptômes inquiétants.2

Au-delà de l’analyse macro, voire des recherches micro-économiques sur le comportement des entreprises françaises à l’international, c’est de la réponse aux besoins et attentes des chefs d’entreprises, particulièrement des PME à fort potentiel de croissance de 20 à 500 employés que dépend l’engagement d’une relance de la croissance par l’international. De la volonté individuelle du chef d’entreprise d’aller chercher les marchés hors des frontières. Aussi du choix des « business angels » de France et de la communauté française de l’étranger d’accompagner ces efforts en contribuant au financement de l’innovation et du développement international des PME, en agissant « ensemble » pour gagner la mondialisation.3

Les CCI, partenaires de proximité pour 2 millions de patrons, ont engagé la mobilisation de nouvelles entreprises vers les marchés étrangers. Pour réenclencher une croissance créatrice d’emploi fondée sur la réussite commerciale, la conquête de nouveaux marchés et clients, enfin l’innovation au sens large pour le développement durable des PME. Voir le discours du Président Sarkozy à Pékin le 25 novembre : « le redressement de notre commerce extérieur passe par les PME, par des PME profitables, solides ». (www.elysee.fr , éléments vidéo et écrits sur la visite présidentielle en Chine du 25 au 27 Novembre 2007).4

Parce que le nombre d’entreprises mutualisant les efforts de compétitivité (infrastructures, formation, R&D, innovation) en partageant risques et fardeau fiscal, facilite l’adaptation collective. Et permet aux écosystèmes de services en France et à l’étranger (publics et privés, banques, assureurs, juristes, conseils, logisticiens, prestataires de formation, d’intelligence économique, de santé ou de sécurité …) de déployer des moyens5.

Parce que les entreprises, notamment PME, internationalisées sont plus rentables, plus croissantes et plus solides. Moins menacées par une concurrence étrangère favorisée par les effets de coût, de change et de volume. Leurs frais fixes et coûts d’innovation sont mieux amortis. La motivation des équipes et dirigeants (souvent actionnaires) est dopée tandis que la relation avec de nouveaux clients induit un triple effet vertueux de référence, de réseau et d’expérience.

Mobiliser 15 % des PME de 20 à 500 employés du pays suppose une mise sous tension du réseau des chambres, une mise en synergie des métiers consulaires de formation, d’appui à la création, à la cession-transmission d’entreprise et à l’innovation, enfin une systématisation des actions de détection-coaching sur la base des programmes nationaux et de réussites étrangères (programme « PIPE » espagnol, cf infra). Mais surtout un jeu d’équipe associant les partenaires publics et privés, en

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Décembre 2007 – R Favier

France et à l’étranger pour brancher plus et mieux d’entreprises sur la mondialisation. Un 1er accord, avec « Partenariat France », a déjà été signé.

L’inspiration est en partie germanique. Le modèle d’un réseau de connexion et de solidarité d’entrepreneurs associant chambres de commerce en Allemagne et allemandes à l’étranger avec l’appui financier et technique de l’état fédéral et des Länder et le volontariat actif du secteur privé semble permettre une sorte de mobilisation générale permanente autour de l’exportation, avec des résultats assez exemplaires tant en termes de commerce extérieur que de puissance économique et industrielle, accessoirement d’emploi.

En France, on ne peut se contenter d’une meilleure lisibilité et d’une efficacité simplement renforcée des dispositifs d’accompagnement des entreprises dans une guerre économique où l’éparpillement des moyens (voir cour des comptes française), plus encore la déconnexion des besoins des entrepreneurs, sont contreproductifs. Ce serait être en retard d’au moins une guerre économique. Au-delà du projet consulaire « 10 000 », la réorganisation de l’Equipe de France vers une « Alliance française » pour l’export est nécessaire. Cela n’est d’ailleurs pas une idée très nouvelle, on peut aussi l’appeler « Réseau France PME » mais comme l’a dit avec humour le Président de l’Union des CCI françaises à l’étranger lors de la journée AGIR : « une vision sans mise en œuvre est une hallucination ».

Cela ne sera pas suffisant, puisqu’outre les icebergs monétaires, les lames de fond industrielles, les tsunamis capitalistiques (fonds souverains, grands groupes émergents cf récente étude BCG), les cartes du commerce mondial sont réécrites (à l’encre de Chine ?) et nous sommes passés à mondialisation 2.0 en attendant Galileo et la war-room. La flotte marchande, pour retrouver l’esprit conquérant, a besoin de balises et de vents porteurs. Ce n’est pas juste une question de CAP ou de porte drapeau6. « Force 5 » va dans le bon sens. (www.exporter.gouv.fr/exporter/ )

Pour changer de métaphore et faire écho au congrès d’Eurochambres à Paris dont le thème était « la croissance viendra du terrain », mais aussi au récent « Grenelle de l’environnement » dont une des dimensions implicites était les conditions de la croissance durable, enfin pour faire un clin d’œil à l’esprit français : « il faut cultiver son jardin »7. Une révolution verte est possible. Sinon, la culture du bonsai n’est pas déshonorante, mais en ce cas il ne faut pas trop compter sur les fruits de la croissance pour nourrir les générations futures.

En attendant, pour revenir à la grammaire des affaires, il serait intéressant de vérifier si en russe le mot « divisions » était aussi à double sens.

1 Voir sur le sujet de la compétitivité des PME françaises à l’international note DGTPE de juillet 2007 « La France s’est elle adaptée aux tendances récentes du commerce mondial ? » http://www.minefi.gouv.fr/directions_services/dgtpe/TRESOR_ECO/francais/pdf/2007-014-17.pdf (le lecteur attentif rectifiera de lui-même le petit contresens du commentaire du haut de la page 5 sur le Mexique, la Corée etc) et note DGTPE « Structure et comportement des entreprises exportatrices françaises » de mars 2006 http://www.dgccrf.minefi.gouv.fr/directions_services/dgtpe/dpae/pdf/2006-008-102.pdf . 2 Voir sur les questions de compétitivité les derniers travaux du Conseil d’analyse économique www.cae.gouv.fr et particulièrement les rapports n° 71 d’août 2007 « Mondialisation, les atouts de la France » et n° 72 de décembre 2007 « les leviers de la croissance » 3 Voir sur les besoins et attentes des dirigeants de PME l’enquête CSA pour ACFCI de novembre 2007 « Les PME et l’international » enquête auprès des chefs d’entreprises françaises de 20 à 500 employés. www.acfci.cci.fr 4 Voir sur la réussite des PME françaises en Chine et le Plan Chine des chambres de commerce les dossiers de presse ACFCI-CCIFC du 11 décembre 2007 sur le Prix PME et toutes informations d’actualité sur www.ccifc.org 5 Voir sur ce sujet le rapport «The happy few » du think tank européen Bruegel (http://www.bruegel.org/Public/fileDownload.php?target=/Files/media/PDF/MEDIA/EFIM%20media%20memo/EFIM-media-memo-FR.pdf ; www.bruegel.org) co-dirigé par Jean Pisani-Ferry, par ailleurs co-rédacteur du récent rapport du CAE « Les leviers de la croissance française » (www.cae.gouv.fr/, rapport 72 de novembre 2007) 6 Voir réflexions et débats parlementaires d’octobre 2007 sur PLF 2008, notamment l’avis 279 présenté par le député Jean-Paul Bacquet pour la commission des affaires étrangères. http://www.assemblee-nationale.fr/13/budget/plf2008/a0279-tV.asp et l’annexe 13 « Commerce Extérieur – rapporteur spécial O. Dassault » du rapport 276 présenté par le député Carrez pour la commission des finances http://www.assemblee-nationale.fr/13/rapports/r0276-ti.asp 7 Voir sur le site de la bibliothèque nationale de France quelques enseignements voltairiens, étant bien entendu que toute référence à des évènements, des institutions ou à des personnages existant ou ayant réellement existé en lien avec le commerce extérieur serait fortuite selon la formule consacrée. http://expositions.bnf.fr/utopie/cabinets/extra/textes/3.htm