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86 e année - Hebdomadaire n° 3210 - 30 avril 2010 3 86 e année - Hebdomadaire n° 3210 - 30 avril 2010 3 ISSN 0015-9506 Jacques Maritain en Amérique pages 25 à 27 Marie qui défait les nœuds avec Mgr Laurentin et le Père Celeiro, pages 8 à 12 Au cœur de l’ année sacerdotale Jean de Fabrègues et le Curé d’Ars, pages 20 à 24 france-catholique.fr FRANCE Catholique france-catholique.fr

france-catholique.fr france-catholique.fr FRANCE … · 86ee année - Hebdomadaire n° 3210 - 30 avril 2010 3 € ISSN 0015-9506 Jacques Maritain en Amérique pages 25 à 27 Marie

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86e année - Hebdomadaire n° 3210 - 30 avril 2010 3 €86e année - Hebdomadaire n° 3210 - 30 avril 2010 3 €

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JacquesMaritain

enAmérique

pages 25 à 27

Marie quidéfait les nœuds avec Mgr Laurentin et le Père Celeiro, pages 8 à 12

Au cœurde l’année sacerdotaleJean de Fabrègueset le Curé d’Ars, pages 20 à 24

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BRÈVESFRancEIMPÔTS :  Les  services  fiscaux ont  commencé  le  19  avril  la distribution  des  déclarations de  revenus  des  36  millions de  foyers  qui  auront  jusqu’au 31  mai  pour  renvoyer  le  for-mulaire papier et un peu plus tard  pour  les  déclarations  sur Internet.FInancES  localES :  Un  rap-port  sur  la  situation  finan-cière  des  départements  remis au  Premier  ministre  le  22 avril  révèle  qu’une  dizaine  de départements  sont  dans  une situation  de  « risque  finan-cier ».BanquES :  Le  commissaire européen  chargé  des  services financiers,  Michel  Barnier,  a apporté  le  21  avril  son  sou-tien  à  la  proposition  du  FMI de  taxer,  d'ici  janvier  2011, les banques pour financer des mécanismes de prévention des crises.SanTé :  Le  rapport  de  l’Ins-titut  national  du  cancer  du 22  avril  met  l’accent  sur  les améliorations  obtenues  dans la lutte contre la maladie ; plus de 50% des malades sont tou-jours en vie après cinq ans et un  nombre  important  d’entre eux  sont  considérés  comme guéris.MuSIquE :  La  34e  édition du  Printemps  de  Bourges  a, conformément  à  sa  vocation, donné  un  coup  de  projecteur sur les musiques populaires.L’album Spiritus Dei publié par le  groupe  « Les  Prêtres »  pour financer  la construction d’une église  dans  les  Hautes-Alpes et  une  école  à  Madagascar  a dépassé  les  100  000  exem-plaires vendus.caRBuRanT : Le gasoil et l’es-sence ont atteint à la mi-avril leur  plus  haut  niveau  depuis l’automne 2008 ; ce renchéris-sement  pourrait  être  durable 

car  il  est  non  seulement  le résultat  de  la  hausse  du  brut et de la reprise de la demande mondiale,  mais  du  déclin  de l’euro par rapport au dollar.DISTIncTIon :  Le  Premier ministre,  François  Fillon,  s’est vu décerner  le 22 avril  le prix de « l’homme de  l’année » par Le journal de l’automobile  en raison  de  son  soutien  à  la filière auto frappée par la crise.PolIcE : Les représentants des syndicats  de  police  ont  été reçus  le  21  avril  par  le  prési-dent  de  la  République  et  se sont montrés satisfaits de son écoute. La Commission consul-tative des droits de l’homme a en revanche demandé la limi-

tation de  l’emploi du « taser » et du « flashball » dont l’usage peut se révéler dangereux.VIolEncES  uRBaInES :  Deux nouvelles attaques de bus ont été  signalées  le  23  avril  à Sevran  et  Orléans ;  les  chauf-feurs ont  fait  valoir  leur droit de retrait.PRESSE :  Les  noms  des  deux journalistes  otages  en  Afgha-nistan,  Hervé  Ghes quière  et Stéphane  Taponier,  enlevés  le jeudi  30  décembre  dernier  en compagnie  de  leur  chauffeur et  de  leur  interprète,  seront rappelés chaque jeudi au cours 

des  journaux  télévisés  de France 2 et France 3.PRécauTIon :  Les  députés Gest  (UMP)  et  Tourtelier  (PS) doivent  remettre  le  18  mai un  rapport  sur  le  principe  de précaution  dont  l’application fait débat (grippe A, fermeture des aéroports…)

MonDE

auTRIcHE : Le président social-démocrate  Heinz  Fischer,  71 ans, a été réélu pour 6 ans à la tête  de  l'Autriche,  le  25  avril, avec 80 % des voix face à une candidate  d'extrême-droite qui n'en a recueillies que 15 %.HonGRIE :  Le  Fidesz,  parti  de 

l'ancien  Premier  ministre  Vik-tor  Orban  a  remporté  263 sièges sur 386 aux législatives le 25 avril.  Les socialistes, qui avaient mené avec succès une politique  de  rigueur  budgé-taire, n'ont que 59 sièges.TRaFIc  aéRIEn :  Selon  l'As-sociation  internationale  des transports  aériens  (Iata), la  paralysie  du  trafic  aérien causée  par  l'éruption  du  vol-can  islandais Eyjafjöll a coûté près  de  2  milliards  de  dol-lars,  une  somme  supérieure à  ce  qu'avait  coûté  le  blo-cage  après  les  attentats  du 

11  septembre.  Le  trafic aérien mondial a repris normalement, sauf  en  Islande  même,  mais certains ont critiqué une réfé-rence excessive au principe de précaution comme ce fut aussi le  cas  pour  la  grippe  A  et  la tempête  Xynthia.  Il  est  vrai que si le coût financier de l’ar-rêt du trafic est lourd pour les compagnies  aériennes  et  les agences  de  voyage,  d’autres secteurs  y  ont  trouvé  leur avan tage  si  bien  que  l’impact global  sur  la croissance pour-rait être limité. Le Quai d’Orsay a débloqué le 23 avril une aide d’un  million  d’euros  pour  les Français bloqués à l’étranger.JuSTIcE : La Commission euro-péenne  a  posé,  le  20  avril, les  jalons  d’un  espace  unique de  justice  et  de  sécurité  en Europe  qui  devrait  entrer  en vigueur d’ici à 2014.cHInE :  Le  séisme  de  magni-tude  6,9  survenu  le  14  avril dans  le  nord-ouest  du  pays  a fait  2 000 morts,  12 100 bles-sés et 100 000 sans-abri.L’Exposition  universelle  ouvre  ses  portes  le  1er mai  à Shanghai.canaDa :  Selon  une  enquête publiée  le  12 avril  dans  le Journal de l’association de mé decine,  les  hospitalisations à Toronto pour problèmes car-dio-vasculaires  ont  baissé  de 39%  et  pour  les  problèmes respiratoires  de 33% dans  les dix  ans  qui  ont  suivi  l’inter-diction de fumer dans les lieux publics ;  d’après  l’Institut  de veille sanitaire,  les admissions aux  urgences  pour  infarctus avaient  chuté  en  France  de 15%  trois  mois  après  l’inter-diction.ISRaël :  Le  premier  ministre, Benjamin  Netanyahu,  a  lancé le 19 avril  les célébrations du 62e anniversaire de la création de l’État hébreu.IRak :  Six  semaines  après  les 

2 FRANCECatholique n°3210 30 avril 2010

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SOMMAIREACTUALITÉ

4 VOILEINTÉGRAL Queveut-onfaire? Alice Tulle5 ThAïLANdE Lèse-majesté Yves La Marck6 hANdICAp Lepréjudiced'êtrené? Tugdual Derville7 CLIMAT Leretourdelanature Tugdual Derville

dOSSIER8 pRIÈRE Mariequidéfaitlesnœuds Mgr René Laurentin, Père Juan-Ramón Celeiro propos recueillis par Thérèse Coustenoble

ESpRIT 13 ECCLÉSIA NouvelévêquedansleJiangsu

14 LECTURES 5edimanchedepâques Père Michel Gitton 16 LIVRES "L'Eucharistieécoledevie",desaintJeanChrysostome, "Leshommesillustres",desaintJérôme Michel Gitton "promouvoirledialogueinterreligieux.Manifeste…" Marie-Hélène RobertMAGAZINE

18 SOCIÉTÉ Unejournéecontrelapédophilie Don Fortunato Di Noto / Franz Le Guen 20 JUbILÉ Aucœurdel'annéeJ.-M.Vianney Jean-Jacques Antier 25 IdÉES JacquesMaritain,l'antimoderne ultramoderneetlesAmériques Yves Floucat

28 ExpOSITIONS LasainteRussieauLouvre Marie-Gabrielle Leblanc 32 LIVRES Sélectionpourenfants Cmonlivre.fr / Christèle Hubert 33CINÉMA "Camping2","Mammuth", "Greenberg","Liberté" Marie-Christine Renaud d'André 34 ThÉâTRE "MonTibet" Pierre François35TÉLÉVISION "C'estlavie", "GeorgeetFanchette","L'heurezéro", "Ste-Anne,hôpitalpsychiatrique" M.-C. Renaud d'André 36TÉLÉVISION Sélectiondébutdesoirée M.-C. R. d'A.38 bLOC-NOTES Vieassociativeetd’Église Brigitte Pondaven

Couverture : © F. Aimard

Qu'on y prenne garde : les actuelles turbulences auxquelles nous sommes soumis, comme catholiques, ne relèvent pas seulement d'une tempête médiatico-judiciaire. Elles s'ex-pliquent aussi par une instrumentalisation idéologique qui vise notre liberté la plus profonde. Celle qui relève de notre intimité, de notre foi éclairée dans la tradition essentielle

du christianisme. Or, de celle-ci, on voudrait nous déposséder en raison des Lumières que s'attribuent des adversaires résolus de ce que nous sommes, de ce que nous croyons, de ce à quoi nous avons résolu d'être fidèles. Il faudrait s'en expliquer plus longuement, mais on peut résu-mer en quelques propositions le fond de cette offensive antipapale et antiecclésiale.

Tout d'abord, on constate une réduction arbitraire du religieux, unifié dans une catégorie où il est accusé d'être la principale source de violence au monde. Cette réduction, contraire à toute exigence épistémologique, conduit à des jugements aberrants. Comment, par exemple, pla-cer du côté des intégrismes totalitaires, voire ter-roristes, l'Église de Jean-Paul II et de Benoît XVI, toujours à l'initiative de la paix et de la réconci-liation ? Comment assimiler une communauté qui rassemble le réseau le plus serré d'organisations caritatives, au fanatisme et à la domination ?

Pour dire les choses plus nettement, parce que Taslima Nasreen, gynécologue et intellectuelle bangladaise, a été victime d'un milieu « religieux » étouffant dans son pays, elle reporte, chez nous, sa vindicte sur toute forme de foi. Peut-elle pourtant comprendre que les chrétiens sont révoltés par les traitements qu'elle a subis et les campagnes islamistes de haine qui l'ont poursuivie ? Bien sûr, Mme Nasreen est libre de théo-riser sa phobie en un système généralisé de défiance à l'égard de toute foi, et de se faire applaudir par toute une intelligentsia occidentale. Mais attention à ne pas oublier cependant que le communisme, athée et persécuteur de millions de croyants, s'est autorisé à les poursuivre jusqu'à l'éradication, justement pour des raisons de ressentiment victi-maire. Nous n'en sommes heureusement pas là aujourd'hui, mais l'inspi-ration antireligieuse s'affirme en France et en Europe, s'arrogeant - tel un Christian Barbier, directeur de la rédaction de L'Express, et très pré-sent à la télévision - le droit de réorganiser une Église catholique, dont à l'évidence il méconnaît radicalement l'histoire, la doctrine et la mys-tique. Nous sommes environnés de réformateurs vindicatifs qui nous font la leçon et voudraient nous imposer leurs préjugés, leurs méthodes et leur ordre. Non possumus ! C'est la liberté religieuse qui est en cause, la première de toutes puisqu'elle concerne nos convictions profondes. n

Libertéreligieuse

ÉdITORIAL

FRANCECatholique n°3210 30 avril 2010 3

par Gérard LECLERC

Du lundi au jeudi,Gérard Leclerc intervient en direct sur

Radio Notre-Dame vers 8 h 10

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque

semaine sur :

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ACTUALITÉpar Alice TULLE

4 FRANCECatholique n° 3210 30 avril 2010

T out a commencé le 17 juin 2009. À l’ini­tiative d’un député communiste, André Gérin, 57 députés de

toutes tendances demandaient la création d’une commission d’enquête sur le port en France de la burqa. L’Union des orga­nisations islamiques de France dénonça « une manœuvre propre à encourager les amal­games », alors que le recteur de la mosquée de Paris « déplo­rait » la tendance croissante à revêtir la burqa. Plusieurs ministres et secrétaires d’État (dont Fadela Ama ra) se ran ­gèrent dans le camp de l’inter­diction, d’autres personnalités de droite se montrèrent oppo­sées à une intervention du législateur et furent rejointes sur ce point par des personna­lités de gauche et d’extrême­ gauche, et par l'archevêque de Paris.

La question fut à nouveau posée lors du débat sur « l’iden­tité nationale » et c’est en janvier dernier que la commis­sion parlementaire préconisa une interdiction du voile inté­gral dans les lieux publics.

Nous étions alors en pleine campagne pour les élections régionales et la burqa devint le marqueur de diverses prises de positions tactiques à l’intérieur

des partis : on se souvient des déclarations de Jean­François Copé pour l’interdiction et de la présentation d’une candidate voilée sur les listes patronnées par Olivier Besancenot. Mais, dans le même temps, le débat prenait – enfin – une tournure juridique.

Certains professeurs de droit ont rappelé qu’il est déjà interdit de se présenter visage

masqué à la sortie d’une école pour chercher son enfant, dans les banques et dans les services publics. On vient de voir qu'une femme au volant portant le voile a été verbali­sée par la police. Bien entendu, les photos d’identité sont prises à visage découvert. Une femme intégralement voilée ne peut donc pas vivre une existence normale en France.

Puis le Conseil d’État vint rappeler ce qu’Émile Poulat a souvent expliqué lors du débat sur le « voile islamique » : au lieu de s’enliser dans le débat sur la signification du voile, au lieu d’invoquer un principe de laïcité qui ne veut rien dire lorsqu’il est appliqué à la circu­lation du citoyen sur la voie publique, le plus simple est de recourir à la classique notion

d’ordre public. Si le port d’un quelconque insigne ou vête­ment religieux ou politique (pensons aux « chemises » noires ou vertes de naguère) trouble manifestement l’ordre public (manifestations, bagarres) les autorités locales prennent des mesures d’interdiction selon les lois en vigueur. Sinon, il n’y a pas lieu d’intervenir. Mais les lois et décrets concernant les

personnes qui se masquent le visage pourraient être précisés.

Cet avis n’a pas impres­sionné le président de la République, qui s’est prononcé pour une interdiction totale, et le Premier ministre a déclaré que le gouvernement était prêt à prendre un « risque juri­dique ». Une loi sera probable­ment votée mais, comme tant d’autres textes juridiques, elle ne sera que peu ou pas appli­quée : veut­on vraiment que la police, en sous­effectifs, pour­chasse les femmes en burqa à la manière dont la police iranienne traque et embarque les femmes qui, a contrario, laissent voir quelques mèches de cheveux ?

Surtout, la loi d’interdic­tion totale se heurterait à la censure du Conseil consti­tutionnel pour atteinte à la liberté individuelle (article 2 de la Déclaration de 1789) et à la libre expression des opi nions proclamée par l’ar­ticle 10 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi ». La Cour européenne des droits de l'homme pourrait aussi avoir son mot à dire...

Dès lors, que veut­on ? Envoyer un signal à une frac­tion de l’électorat, qui serait principalement déterminée par son opposition à l’islam ? Un tel message n’a pas conforté la majorité aux récentes élec­tions régionales. Convaincre les islamistes de s'intégrer ? Est­ce la bonne méthode ? n

VOILE INTÉGRAL

Une femme intégralement voilée ne peut pas vivre une existence normale en France(

Malgré l’avis négatif du Conseil d’État, le gouvernement va proposer l’interdiction totale du voile intégral. Il s'agirait de pédagogie politique. Elle risque de rester sans effet.

Que veut-on faire ?

Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a fait savoir, le 23 avril, que le mari de la femme de 31 ans verbalisée le 2 avril à Nantes pour port du Niqab au volant, était polygame (4 femmes) et risquait donc la déchéance de la nationalité française.

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U n confl it entre d e u x c o a l i ­tions politiques, chemises jaunes et chemises rouges,

qui dure depuis quatre ans et risque de se terminer dans un bain de sang digne de Tien­An­Men, semble à Bangkok mettre en cause la monarchie au lieu de se résoudre démo­cratiquement. Comment le roi qui a mis fin à la dictature et engagé un processus démo­cratique peut­il aujourd'hui être accusé d'être responsable du chaos ambiant ?

Le dossier à charge veut qu'il aurait approuvé le coup d'État militaire qui a chassé du pouvoir en 2006 le premier ministre Thaksim, avant que l'armée ne s'aperçoive qu'elle était incapable de gouverner par elle­même et ne désigne l'actuel premier ministre Abhisit lequel, non élu, ne dispose d'aucune autre légi­timité que celle de gérer les affaires courantes jusqu'à de nouvelles élections. Les rouges soutiennent Thaksim tandis que les jaunes défendraient la monarchie. Or Thaksim est en semi­exil à Dubaï et le mouve­ment est capitalisé par des activistes radicaux qui font dériver la protestation vers une plus grande violence. Et si les rouges échappaient à Thaksim, le roi pourrait bien, lui, échapper aux jaunes. D'abord parce qu'il n'est pas immortel. Ensuite parce qu'il

ne peut, sous peine de perdre son charisme, être assimilé à un parti contre un autre.

Il se trouve que le roi Bhumibol, âgé de 82 ans, est sur le trône depuis 1946, le plus ancien monarque régnant au monde, avant la reine Elisabeth (sacrée en 1952). Il est hospitalisé depuis septembre dernier et, quoiqu'on le dise en meilleure santé, l'hypothèse de sa suc cession est clairement envisagée. Il a un héritier, peu

populaire, et certains pensent déjà, comme en Angleterre, à sauter une génération, vers un petit­fils, éventuellement guidé par une régente, sa tante, elle, très populaire. L'histoire contemporaine de la dynastie des Rama n'est pas très différente de celle des Windsor.

À qui veut­on faire croire que c'est la perspective de la mort du roi qui provoquerait l'affrontement dans les rues de Bangkok ? D'autres parlent de combat des pauvres contre les riches, alors même que l'ex­Premier ministre dont se réclament les rouges est l'homme le plus riche et le plus corrompu du pays. Certains vont même jusqu'à y voir les prodromes de la Révolution française, manants contre aristocrates.

Le roi a su pendant long­temps pacifier ces luttes po litiques, mais, comme en Espagne, sa marge de manœuvre s'est progressive­ment affaiblie non pas à cause de la vieillesse du roi, mais plutôt à mesure que la démo­cratie prenait racine dans le pays. On surestime la capacité

du Palais à diriger la vie poli­tique, y compris l'armée, dans une nation moderne comme l'est devenue la Thaïlande.

Le roi est silencieux, et on l'accuse, alors que son silence d'une part préserve l'institu­tion monarchique, celle­ci devant lui survivre en faveur de quelqu'un qui, quels que soient ses mérites propres, ne bénéficiera pas avant des années d'un prestige suffisant pour tenir debout tout seul; d'autre part il situe les véri­tables responsabilités dans les partis eux­mêmes, sinon le peuple, qui se sont laissé abuser par des dirigeants populistes et vénaux.

Une élection immédiate ne suffira pas à crever l'abcès. Quel que soit le vainqueur, le résultat sera contesté. Chacun doit faire des conces­sions : déjà l'on murmure que le prince héritier n'aurait pas envers l'ex­premier Thaksim les préventions de l'entou­rage au Palais. C'est une vieille histoire que celle d'une politique du dauphin opposée à celle des vieux serviteurs de son père. La mort du roi entraînerait une pause de deuil d'au moins six mois où beaucoup de choses peuvent se passer, mais sans drame, la vie publique s'étant arrê­tée. L'institution royale doit trouver en elle­même les ressources nécessaires à la préservation de la paix civile qui est sa raison d'être. n

ACTUALITÉTHAïLANDE

par Yves LA MARCKLèse-majesté

FRANCECatholique n°3210 30 avril 2010 5

On surestime la capacité du Palais à diriger la vie politique, y compris l'armée

Les Thaïlandais doivent apprendre à se gouverner sans la présence tutélaire du plus ancien monarque au monde.

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ACTUALITÉ

par Tugdual DERVILLE

L es trois plus hautes juridictions fran-çaises, sans oublier la Cour européenne des droits de l’homme,

sont impliquées dans un im broglio juridique né de la volonté de juges français de faire payer par les médecins « fautifs » une indemnité aux familles ayant des enfants handicapés…

Essayons de récapituler.

Acte 1 : Le 17 novembre 2000, la Cour de cassation reconnaît à un jeune homme gravement handicapé le droit d’être indemnisé car l’écho-graphiste n’a pas détecté l’anomalie fœtale. Incapable d’ester en justice, le jeune Nicolas Perruche est repré-senté par ses parents. Ils l’estiment privé du « béné-fice » d’avoir été avorté. L’indemnisation qu’ils récla-ment au médecin est sans-

doute dictée par le souci de mieux aider leur enfant à vivre…

Acte 2 : L’arrêt Perruche choque logiquement de nombreux parents d’enfants porteurs de handicap : voilà que la société se permet d’af-firmer qu’il vaut mieux ne pas naître plutôt que de naître handicapé. L’Assurance-maladie a même osé réclamer au médecin fautif le rembour-sement des sommes occasion-nées par la prise en charge du jeune Nicolas.

Des médecins aussi s’in-quiètent : la « judiciarisation » de leurs relations avec les patients provoque l’explosion de leurs primes d’assurance. Des députés et sénateurs sont à leur tour convaincus qu’on ne peut laisser la Cour de cassation décréter que certaines vies ne valent pas la peine d’être vécues.

Acte 3 : Une loi qu’on nommera anti-Perruche pro clame que « nul ne peut se prévaloir d’un préjudice du seul fait de sa naissance ». Pour les parlementaires, c’est la solidarité nationale qui doit prendre en charge et indemni-ser les personnes nées handi-capées.

Acte 4 : Des parents qui ont donné naissance en 1992 à un enfant porteur de myopathie, après avoir été rassurés par un diagnostic anténatal erroné, veulent à leur tour faire condamner le médecin fautif. Ils avancent deux arguments : d’une part la naissance de leur enfant est antérieure à la loi qu’on veut leur appliquer contrairement au principe de non-rétroac-tivité de la loi ; d’autre part, leur avocat considère que « le dispositif anti-Perruche est […] contraire au principe

de réparation intégrale ». Derrière cette formule, se profile l’affirmation que la solidarité nationale apporte une aide incomplète aux personnes handicapées et, par ailleurs, qu’il n’y a aucune raison d’exo nérer un médecin faisant une erreur de diagnos-tic de sa responsabilité.

Acte 5 : voici donc la loi anti-Perruche devant le Conseil constitutionnel. Depuis juillet 2008, tout justiciable peut contester la constitutionnalité de la loi qu’on entend lui appliquer si le Conseil constitutionnel n’a pas encore statué à son propos et à condition que le Conseil d’État ou la Cour de cassation, chargés de filtrer les demandes, considèrent la requête comme sérieuse.

Le réveil de ce volcan juri-dique intervient alors que se profile la seconde révision des lois de bioéthique, qui traite du diagnostic prénatal. Or, depuis la précédente révision, l’eugénisme « à la française » s’est accru. Personnalité emblématique des deux premières lois bioéthique, le professeur Jean-François Mattei a même dénoncé « un eugénisme de masse ».

Va-t-on dire désormais aux personnes porteuses de handicap : « Si nous devons vous aider, c’est parce que nous avons commis la faute de ne pas vous tuer avant la naissance ? »

Le Conseil constitutionnel a trois mois pour statuer. n

HANDICAP ET AVORTEMENT

Enterrée au Parlement par la loi du 4 mars 2002, la jurisprudence Perruche de la Cour de cassation va-t-elle être réhabilitée par le Conseil constitutionnel que vient de saisir le Conseil d’État ?

Le préjudice d'être né ?

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élections générales du 7 mars qui n’ont toujours pas permis de former un gouvernement, la commission électorale a accepté le 19 avril le recomp­tage de 2,5 millions de bulle­tins de vote.États-Unis : Barak Obama a plaidé le 22 avril en faveur de l’adoption rapide au Congrès d’une réforme de la régulation financière pour éviter la réédi­tion de la crise de 2008 ; mais les républicains, qui y sont hostiles, possèdent une mino­rité de blocage à la chambre haute.Une plateforme pétrolière, située dans le golfe du Mexique au large de la Louisiane, a som­bré le 22 avril après une forte explosion suivie d’un incendie ; l’accident a fait quatre blessés graves et onze disparus et pro­voqué une marée noire.MexiqUe : Selon un document connu le 18 avril, l’arresta­tion en décembre 2005 de la Française Florence Cassez ne s’est pas déroulée en direct ; elle a fait l’objet d’une recons­titution ; ce vice de procédure ouvre la voie à une révision du procès qui a abouti en mars 2009 à une condamnation à 60 ans de prison pour enlè­vement.BelgiqUe : Le pays s’est en ­foncé une nouvelle fois le 22 avril dans les querelles lin­guistiques entre Flamands et Wallons avec la démission du gouvernement Leterme, alors que la Belgique doit prendre le 1er juillet prochain la prési­dence de l’Union européenne ; le roi a d’abord réservé sa dé cision, conscient du fait que des élections anticipées à la fin du printemps n’apporte­raient pas nécessairement de solution.grèce : Le pays s’est encore enfoncé un peu plus dans la crise financière après que

Bruxelles ait revu à la hausse, le 22 avril, le déficit public à près de 14% du PIB en 2009 et la dette publique à 115%, provoquant l’inquiétude sur les marchés ; les taux d’emprunt grecs à 10 ans se sont élevés à plus de 8,5% et l’euro a chuté à 1,33 dollar, son plus bas niveau depuis un an. Dans ce contexte, le recours au plan de sauvetage de la zone euro et du FMI est devenu inévi­

table, bien qu’il comporte de nouvelles mesures d’austérité que la population grecque ne semble pas encore disposée à accepter. L’aide européenne (30 milliards d’euros dont 6 en provenance de la France) sera débloquée par tranches avant le 16 mai à un taux voisin de 5%.irlande : Arrêtée à son domi­cile le 24 avril, la personne suspectée de l’assassinat de

Sophie Toscan du Plantier a été remise en liberté sous contrôle judiciaire dans l’attente d’une décision sur la de mande d’ex­tradition vers la France.tUrqUie : Défenseurs des droits de l’homme, intellec­tuels et artistes ont brisé un tabou en commémorant publi­quement le 24 avril les mas­sacres d’Arméniens entre 1915 et 1917.

J.L.

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Suite de la page 2 Le retour de la nature

Après un si long hiver, allait-on étouffer ? L’homme étant un loup pour la planète, le réchauffement provoqué par sa colonisation menaçait. Chaque cri primal d’homo sapiens nouveau-né : un coup porté contre l’avenir. Mortel impact du peuplement humain sur la biodiversité. Industrialisation,

transport (terrestre ou aérien) et bovins d’élevage se partageaient la responsabilité du désastre. En imitant notre course à l’opulence, les Chinois allaient achever de nous achever. On n’est pas allé jusqu’à se rassurer de voir l’Afrique meurtrie par le Sida ou l’Asie éliminer des millions de fillettes avant qu’elles aient pu voir le jour. Mais une agence onusienne a osé calculer le coût de chaque naissance en émission de CO2. Jalouse de voir les chefs d’État obnubilés par la crise écologique détourner leur attention de l’explosion démographique, elle en déduisait qu’il était plus rentable de distribuer des moyens contraceptifs que d’investir dans l’énergie éolienne.

Fallait-il supplier Gaïa, la déesse Terre, de nous pardonner d’exister ?Et voilà qu’une autre explosion garantie 100% bio, assortie d’un grand vent, tout aussi écologique,

a sonné le retour de Dame nature. 63 000 avions détournés d’un coup. En matière d’émanation toxique, le réveil d’un seul petit volcan islandais a fait passer nos gaz d’échappement pour du pet de caille. Du sulfure comme s’il en pleuvait ! La nature interdite aux Islandais, cantonnés dans leurs maisons. L’eau de ruissellement impropre à la consommation des animaux sauvages et domestiques.

Dame nature avait aussi repris ses droits sur les chefs d’États occidentaux, privés des funérailles du président polonais. Ce qu’aucun n’aurait imaginé proposer, elle l’a fait : arrêt total des voyages aériens d’affaires et de tourisme, histoire d’économiser le précieux kérosène et de dépolluer le firmament.

Elle nous offrait au passage une leçon de philosophie sur l’utile et l’accessoire, le temps et l’espace, et notre humble condition. Avec, à contempler en prime, un ciel rare, débarrassé des zébrures blanches, mais – paraît-il – nettement voilé. La poussière de verre faisant écran entre le soleil et la terre, on estime ce drôle de nuage capable de faire baisser de 0,5° la température moyenne de la terre pendant deux ou trois ans ! Tout dépend bien sûr de la durée et de l’intensité de la colère volcanique, imprévisible.

Allons-nous subir un refroidissement climatique naturel du même ordre que le réchauffement constaté ! Quelle surprise ! Surprise ? Pas vraiment. Pour le Pinatubo, en 1991, nous étions déjà nombreux à être nés, et c’est ce qui s’est passé. Faut-il que l’accélération du temps accélère l’oubli ? L’ouvrage de l'historien Emmanuel Garnier Les dérangements du temps, 500 ans de chaud et de froid en Europe y remédie avec (pré)science et le plus grand talent littéraire. (1) Il nous fait notamment redécouvrir une catastrophe bien plus considérable, mais du même acabit, surgie en 1783, déjà d’Islande, quand le Laki est entré en éruption, à dix reprises entre juin et octobre. Un autochtone sur quatre mourra de famine dans l’année suivante, plus de la moitié du cheptel ayant péri à cause de la corruption « naturelle » du breuvage et des herbages par le dioxyde de soufre. « Le Laki libère en deux jours autant de gaz que toute l’industrie européenne en un an » a calculé l’auteur qui estime à 160 000 décès la surmortalité dans l’hémisphère nord. L’air vicié s’y était répandu exactement de la même façon que le nuage islandais de cette année. Dans nos contrées, on avait cru à la fin du monde…

Et soudain nous nous surprenons à espérer : si la terre disparaissait par sa propre faute, au moins ce ne serait pas la nôtre.

Tugdual DERVILLE

(1) Emmanuel Garnier, Les dérangements du temps, 500 ans de chaud et de froid en Europe, Plon, février 2010, 245 pages, 22 e.

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n Mgr René Laurentin : Père Celeiro, j’avais rencontré cette dévotion en Amérique Latine dans les années 1980. Je croyais qu’il s‘agissait d’une dévotion latino-amé-ricaine et je me demandais si elle était liée à une apparition, avant de découvrir que vous en avez été le promoteur initial…

Père Juan-Ramón Celeiro : Ce n'est pas moi ! Le « promoteur », le « découvreur » de la Vierge qui défait les nœuds c’est le Cardinal Primat, Mgr Bergoglio…

n ... le Cardinal de Buenos Aires et qui a été un des « papabili » en vue, au moment du dernier conclave…

Exactement. C’est lui qui a ramené d’Al-lemagne des images de Marie qui défait les nœuds alors totalement inconnue en Argentine. C’est ainsi que la diffusion a commencé. Il a écrit un commentaire et une première prière qui ont eu comme conséquence cette explo-sion de foi. Le tableau a été reproduit en grand nombre d’exemplaires et les fidèles sont venus en masse pour vénérer la Vierge et lui confier leurs besoins.

n C’est donc une diffusion approuvée et recommandée par le Cardinal Bergoglio.

En fait, par modestie, il ne se reconnaît pas non plus comme le promoteur. Mais il écrit toutes les préfaces sur les livres qui traitent de « Marie qui défait les nœuds ».

n Cette dévotion n’est pas née d’une révé-lation privée, à tout le moins nous n’avons aucune information à ce sujet, mais tout est venu d’un tableau peint en Allemagne…

...en 1700. Par un peintre nommé Johann Melchior Schmidtner (1625-1707) à Augsbourg, une grande ville près de Munich…

n Augsbourg, célèbre par Luther ! Il n’y a pas de certitude mais, me disiez-vous, selon certains indices, il semble que ce tableau soit un ex-voto : un homme était en difficulté avec sa femme, l’amour s’était dissipé, ils se disputaient et vou-

DOSSIER

Mgr René Laurentin revient d'un séjour en Argentine au cours duquel il est allé visiter plusieurs sites d’apparition : Salta ainsi que d’autres plus discrets. À cette occasion, il a interviewé, pour France Catholique, le Père Juan-Ramón Celeiro qui est le « launcher », dirait-on en américain, celui qui a lancé la dévotion à « Maria que desata los nudos », en français « Marie, celle qui défait les nœuds ». Le Père Celeiro a lui-même lancé, en Argentine, cette dévotion.

8 FRANCECatholique n°321030avril 2010

Un homme était en

difficulté avec

sa femme

Propos recueillis par Thérèse CousTenoble

Une histoire qui commence en AllemagneEn 1700, en Allemagne, Johann Melchior Schmidtner peint un tableau représentant Marie dénouant les nœuds qui entravent un ruban, probablement le « ruban matrimonial » d’un couple qui avait évité la séparation.Ce tableau est encore visible aujourd’hui dans l’église de Sankt Peter am Perlach à Augsbourg, près de Munich.Sur place, il a donné naissance à une dévotion populaire toujours bien vivante qui a conservé l’essence du symbole. Elle lui a donné le nom de « Maria Knottenlöserin », littéralement, en français « Marie, Celle qui défait les nœuds ».C’est inspiré par ce tableau que le Père Celeiro a écrit les méditations et la neuvaine à « Marie qui défait les nœuds ».

Mariequi défait

les nœuds

EntREtIEn EntRE lES PèRES lauREntIn Et CElEIRO

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laient se séparer. Ils ont prié la Vierge et la Vierge a défait les nœuds : ils ont retrouvé leur premier amour, en renon-çant, chacun pour eux-mêmes, à ce qui les opposait. La Vierge les a aidés, mais ils ont donc défait eux-mêmes les nœuds. Après cela, ils étaient si heureux qu’ils ont commandé à Schmidtner ce tableau, tableau qui a appris à beaucoup de chré-tiens que, aujourd’hui encore, Elle les défait. Vous savez que je suis aveugle, alors je vais vous demander de me décrire ce tableau : pouvez-vous m’aider à le « voir » ?

Tout à fait en haut, on voit d’abord l’Esprit-Saint, sous la forme d’une colombe…

n Comme disait Louis-Marie Grignion de Mont fort, qui vivait à cette époque : « Là

À l’occasion de leur entretien,le Père Juan-Ramón Celeiro

(à droite, sur la photo) a apporté avec lui,pour la montrer, ou plutôt la décrire,

à Mgr René Laurentin, une reproduction du tableau de "Marie qui défait les nœuds"

installé dans son église.

Mgr René Laurentin est bien connu des lecteurs de France Catholique, depuis les temps du Concile Vatican II où il était expert et dont il nous envoyait ses chroniques avant de rester un collaborateur régulier de notre journal. Il a aussi été très longtemps un chroniqueur apprécié au Figaro. Théologien, exégète, historien, il est le plus grand spécialiste des apparitions mariales sur lesquelles il a enquêté de manière la plus rigoureuse possible, au cours de voyages innombrables. Membre de l’Académie théologique pontificale de Rome, il est « visiting professor » dans plusieurs universités d'Amérique et d'Italie. Son dernier livre raconte l'expérience spirituelle qu'a été pour lui le fait de devenir aveugle au cours des six dernières années. Il en tire aussi de nombreuses leçons philosophiques et psychologiques : « Aveugles et voyants, au-delà des malentendus », éditions Salvator, 165 pages, 17 €.

Le Père Juan-Ramón Celeiro, prêtre argentin du diocèse de Buenos Aires, a récemment fêté ses 30 ans de sacerdoce. Il est curé de paroisse en zone défavorisée En 1998, son amour de la Vierge lui a fait introduire de façon raisonnée la dévotion mariale connue sous le vocable de « Marie qui défait les nœuds ». Professeur de philosophie, il a écrit plusieurs ouvrages : sur Saint Joseph « Le divin Gardien », sur Saint Jean-Baptiste « Une voix qui crie dans le désert », sur la « Vierge de la Rosée », sur « Marie qui défait les nœuds », etc.Conseiller spirituel des Apôtres de la « Divine Miséricorde » d’Argentine, il répond sur leur site aux demandes d’aide spirituelle.

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où est l’Esprit Saint, là est la Vierge, et là où est la Vierge, là est l’Esprit Saint ». Et puis ?

Marie apparaît comme il est dit dans l'Apo-calypse : « dans le ciel, revêtue de soleil, cou-ronnée de douze étoiles, et écrasant la tête du serpent »

n La lune sous les pieds ?

La lune sous les pieds. L’Esprit-Saint illu-mine la Vierge et autour il y a les anges : Marie, Reine des Anges, est entourée par tous les

anges. Deux grands anges sont au premier plan : l’un donne à Marie un ruban tout encombré de nœuds. Ce ruban, passant par les mains de Marie, se transforme en un ruban parfaitement net, lisse, sans nœuds.

n Où va ce ruban ?

Un autre ange, situé à la droite de Marie, le reçoit. Pour mieux regarder les nœuds, la Vierge a le visage incliné.

n Et qu’y a-t-il en descendant dans le ta bleau ?

Une image biblique : l’Archange Raphaël emmène Tobie par la main. On sait que c’est Tobie car il tient un poisson à la main et un petit chien les suit. Ceci fait penser que Marie défait surtout les nœuds de la famille…

n Comme la famille de Tobie : l’Archange Raphaël a guéri le père de Tobie ainsi que Sara, la femme que Tobie devait épou-ser. Il est assez intéressant de noter que dans l’Église, l’iconographie est un mode d’expression privilégié qui fait naître des prières, des dévotions, et même des litur-gies. Le protévangile de Jacques sur la toute première vie de Marie, pourtant apocryphe, a inspiré toute l’iconographie de la Vierge pendant des siècles et c’est de ce récit, gravé dans la mémoire chrétienne que sont nées les fêtes de la conception de Jean le Baptiste, de l’enfance de Marie, de la présentation au Temple, etc. Dans le cas présent, le peintre qui voulait expri-mer les messages de Marie a été, par ce fait, le créateur d’une dévotion.

10 FRANCECatholique n°321030avril 2010

Lestémoignages

sontimportants, nombreux,

massifs

Quelques témoignages…Problèmes de famille4 ... Elle a rapproché ma fille et son frère. Ils étaient fâchés depuis la mort de leur frère en 1995, il y a plus de 13 ans… (A. B.)4 Depuis un an et demi mon mari et mon fils ne se parlaient plus. Après une neuvaine à « Marie qui défait les nœuds » mon fils est revenu… Puis mon mari, à son tour, se rapproche de lui. Le lien est fragile mais il existe. Merci. (G. de M.)4 ... 14 jours plus tard, ma mère qui ne m’a pas élevée et avec qui j'avais une relation très distanciée, m’a prise dans ses bras. C’était la première fois depuis 51 ans (mon âge). (V. B.)4 ... le ménage de mon fils allait mal et je me faisais du souci pour leurs deux enfants. C’est alors que j’ai entendu parler de cette prière… Mon fils et sa femme font à nouveau route ensemble. (Irlande du nord)4 ... mon fils aîné s’est réconcilié avec son père. Depuis deux ans ils ne s’étaient pas parlés. (A. R.)

Santé4 ... Et moi qui souffrais d’une névralgie faciale depuis 32 ans, j’en suis délivrée et ne souffre plus. (G. F.)4 ... Il devait décéder d’un jour à l’autre. J’ai tout de suite commencé la neuvaine de « Marie qui défait les nœuds » et il est sorti du coma, sans séquelle, le 9 février 2009 soit 3 jours après l’avoir priée. (M. B – 03.03.09)

Maternité4 ... Deux bons mois plus tard, ma fille et son mari nous ont fait part de la grande joie qui les habitait : elle porte un enfant, engendré, si nous calculons bien… au cours de la semaine où mon mari et moi avons fait cette neuvaine. Nous sommes confondus de joie ! (F. et G. B.)4 ... j’ai eu la grâce d’avoir un enfant sain d’esprit et de corps malgré mon âge. (V. V.)

Travail4 ... Après 10 ans de chômage, j’avais enfin un contrat pour une année dans une entreprise. J’ai fait la neuvaine pendant une année. À la fin du contrat, j’ai été embauchée. Merci pour ce travail. (A. F.)4 J’ai eu des larmes quand, hier, une de mes patientes m’a dit : « ... au 5e jour, mon fils a trouvé du travail dans le domaine qui l’intéresse vraiment. Il est transformé et moi aussi car nous étions au bord du gouffre. » (Docteur T. C.)

Autres témoignages récents sur le site< www.mariequidefaitlesnœuds.com >

ou auprès de« Marie qui défait les nœuds »,18 avenue des Marronniers, 78600 Le Mesnil-le-Roi,tél. 01.39.62.11.23.

Les livrets de prière “Neuvaine” peuvent être commandés égale-ment à cette même adresse.

DOSSIER

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C ’est très important parce que les théolo-giens parlent toujours en abstraction. L’idéal de la scolastique était de réduire la Bible à des théories abstraites et organiques. C’était déjà le point de vue des Grecs. C’est bien de le faire, mais l’expression abstraite est plus pauvre que l ’express ion en image. Une image invite à comprendre au-delà même de l’image. C’est pourquoi, le langage de Dieu dans la Bible est un langage en image, et jamais un langage en concepts, en abstrac-tions ou en systèmes. Le Christ parle en images, en paraboles.

Les scolastiques avaient gardé le sens de l’image et de la Bible. Ils com-mentaient beaucoup la Bible. Nous, nous n’avons plus que l‘abs-traction et ne savons plus en dégager le sens. Nous en faisons l’étude critique, scientifique, réductrice. Nous ne savons pas pénétrer les images et voir où elles nous conduisent.

Selon vous, qui avez écrit le livret à l'ori-gine du renouveau de cette dévotion à « Marie qui défait les nœuds », quelles sont les principales grâces reçues ?

Les témoignages sont nombreux, massifs… À un point tel qu’il est arrivé ce qui était arrivé à Jésus quand il faisait des miracles : on disait qu’il les faisait par Satan. Chez nous, la spiritualité a été si massive que l’on a joué avec les mots : de « la Virgen desatanudos », il est resté « la Virgen de satan » et l’on a dit que la Vierge obtenait par Satan les grâces destinées à ceux qui avaient recours à Elle.

n Auriez-vous des faits concrets ? Des per-sonnes qui vous ont dit : nous avions tel problème, nous avons prié comme ceci

et la Vierge a défait ce nœud. Quelques faits frappants de votre expé-rience pastorale. Notre interprète m'a dit que dans votre bureau il y a une armoire de 2,5 m x 1,50 m et un buffet, tous deux remplis de cahiers sur lesquels sont inscrits les témoignages parvenus à la paroisse...

Chaque mois, le 8, c’est une procession continue de milliers de personnes, qui prient le Rosaire...

n Je connais nos lecteurs. Ils veulent savoir com-ment, concrètement, la V ie rge dé tache les nœuds et quel genre de nœuds elle défait... Nœuds spiri-tuels, nœuds des rela-tions so ciales, nœuds de la maladie, du chô-

mage, etc. Tous ces témoignages, dans vos deux pleines armoires, disent comment la Vierge, au jourd’hui encore, défait les nœuds.

À l’Annonciation, les Pères de l’Église nous disent déjà qu’Elle défait les nœuds du péché noués par Ève. Aujourd’hui encore, en 2010, Elle continue à détendre, à relaxer tout ce que nos relations tendent encore à durcir, serrer, embrouiller.

Le démon, qui est le contraire de la Vierge, est celui qui embrouille, qui divise les familles et même l’Église. Il n’est jamais si heureux que quand il peut faire un schisme. Et il divise les individus : ce drogué par exemple, qui nous a donné son témoignage, était divisé entre la drogue qui le détruisait et lui-même qui était malheureux.

Ce qui transparaît souvent dans les témoi-gnages que je reçois est que la Sainte Vierge n’a pas défait tel nœud qui lui était présenté, mais Elle a montré comment le défaire.

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La Vierge montre

comment défaire

le nœudqui lui est présenté

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n C’est très important ! la Vierge ne fait pas les choses à notre place. En pédago-gie, c’est un principe fondamental : si une maman fait tout à la place de son enfant, elle ne l’élève pas, ne l’éduque pas. Mais si elle le reprend dans ses tentatives et lui dit « Fais ceci, de telle manière », alors elle le fait progresser.

Cela va plus loin : je viens d’écrire un livre sur les malentendus entre ceux qui voient et les aveugles.

J’explique que beaucoup de personnes, pour aider un aveugle, veulent tout faire à sa place. Ils se substituent à lui. Quand il veut mettre sa clef dans sa serrure, on lui prend la main. Alors, il perd ses repères. L’aide qu’on lui apporte a parfois tendance à être contre-productive.

Éduquer, c’est apprendre aux pécheurs, aux enfants, à agir par eux-mêmes, à se construire eux-mêmes, à mener leur vie de façon libre, mais pleinement orien-tée vers Dieu par l’Esprit Saint, par Marie. Orientée vers Dieu par la liberté humaine…

Tout dépend de Dieu mais, aussi, tout dépend de moi.

n On pourrait dire aussi que notre monde est un grand sac de nœuds - diploma-tiques, ethniques, familiaux - et tous ces nœuds se serrent toujours davantage. Et la Vierge est vraiment la Vierge de tous les dénouements. Il faut que nous appre-nions à le percevoir par l’intérieur : aller dans ce sens de la détente, de la paix - ce don de Dieu - pour que toute chose retrouve sa place harmonieuse et vivante.

Je crois que le tableau nous rappelle Marie en tant que médiatrice de toutes les grâces. Nous prions Dieu, mais Marie intercède

n Puisque nous sommes en Argentine : à Salta, il se passe quelque chose de remar-quable. On dit parfois que les appari-tions créent une idolâtrie de la Vierge : la Vierge ferait oublier le Christ. Or c’est le contraire bien sûr : Elle apparaît d'ailleurs souvent avec le Christ.

À Salta, la Vierge prie avec le peuple pour que le Christ vienne. Et pendant que Maria-Llivia, en simple chrétienne, prie avec les milliers de chrétiens présents, la Vierge intercède.

Elle demeure tout près de Maria-Llivia, elle la soutient, en priant aussi le Christ. Le Christ qui donne les conversions, les guérisons, qui chasse les démons. Bien que les démons aient très peur de la Vierge, c’est le Christ qui chasse les démons : ils fuient les possédés que reçoit parfois Maria-Llivia. n

Préface de Mgr Bergoglio, archevêque de Buenos airessur le livret de Claretiana de « Marie qui défait les nœuds »

Vers l’année 202, Saint Irénée de Lyon écrivait : « Par sa désobéissance, Ève a créé le nœud qui a étranglé le genre humain. Par son obéissance, Marie l’a dénoué. Ce que la vierge Ève a noué par son incrédulité, la Vierge Marie l’a dénoué par sa foi ». (Adv. Haer. III, 2, 124)Cette affirmation si ancienne est reprise par le Concile Vatican II au n° 56 de la Constitution Dogmatique sur l’Église, Lumen Gentium.S’inspirant de cette phrase de Saint Irénée, un peintre bavarois a peint en 1700 un tableau représentant Notre Mère, dénouant les nœuds de l’incrédulité et de la désobéissance. Ce tableau, vénéré dans l’église de Sankt Peter am Perlach, à Augsbourg en Allemagne, est intitulé « Marie qui défait les nœuds ».Cette représentation fut connue en Argentine vers l’année 1984 et sa dévotion s’est propagée parmi les fidèles de Dieu. C’est l’image de notre Mère qui nous aide tous les jours sur les chemins de la vie. Elle vient à notre aide, s’occupe de nous, nous montre à Jésus, nous mène à Jésus.Nous lui présentons nos difficultés, nos « nœuds », spécialement ceux qui affectent la vie chrétienne de notre famille. Et nous savons que ses mains amoureuses de mère, pleines de tendresse, s’occupent de nous.Je souhaite que ce livre qui lui est consacré nous aide à mieux vivre chaque jour notre vie de chrétien, en témoignant de notre foi en Jésus-Christ vivant parmi nous, encouragés par l’espérance qui ne déçoit jamais, persévérant dans la charité et l’amour réciproque, en tant que frères que nous sommes réellement.

Buenos Aires, 15 août 1999Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie

Jorge Mario Bergoglio, SJ.

Le Père Celeiro sera en France à partir du 10 mai 2010. Il animera notamment quelques conférences sur le thème de "Marie qui défait les nœuds". Pour tous renseigne-ments, écrire à : [email protected] ou téléphoner au : 00.33 (0)1.39.62.11.23,ou au 00.33 (0)6 42.19.86.79.

DOSSIER

Notre monde est un grand

sac denœuds

diplomatiques, ethniques, familiaux

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FRANCECatholique n°3210 30 avril 2010 13

MGRWILLIAMSONLe 19 avril, un tribunal de Ratisbonne (Allemagne) a condamné l’évêque britannique lefebvriste Mgr Richard William son à une amende de 10000 € pour ses propos négationnistes lors d’une interview à la télé vision sué­doise, mais enregistrée en Alle magne, en janvier 2009.

CTÉST-JEANLe 19 avril, le chapitre général des frères de Saint­Jean a élu un nouveau Prieur Général pour un mandat de six ans : frère Thomas Joachim.Le 14 avril, Sœur Alexandra Di riart, reli­gieuse apostolique de la Commu nauté St­Jean, professeur de théologie sacra­mentaire à l’université pontificale du Latran (à l’Institut Jean­Paul II) a reçu le « Prix de Lubac » 2010, des mains du cardinal Paul Poupard et en présence de l’ambassadeur de France près le Saint­Siège, Stanislas de Laboulaye.

MARSEILLE

Le Père Hugues Madesclaire, 41 ans, curé à Marseille, a été retrouvé mort dans la chambre de son presbytère le 21 avril, la gorge et les poignets entaillés au couteau. La thèse du suicide a été retenue par la police.

pÉdOphILIELe 20 et le 22 avril, le Pape a accepté les démissions de l'archevêque de Miami (États­Unis), Mgr John C. Favalora, et de l'évêque de Kildare (Irlande), Mgr James Moriarty. Leur mauvaise gestion des cas d'abus sexuels commis par des prêtres des diocèses qu'ils administraient avait été critiquée dans les médias. Par ailleurs l'évêque de Bruges (Bel­gique), Mgr Ro ger Vangheluwe, 74 ans, a re connu avoir abusé sexuellement d'un jeune de son entourage dans les années 70 et a démissionné ce 23 avril 2010. Les faits, judiciairement prescrits, provoquent un énorme scandale.

VIETNAMMgr Nguyên Van Nhon, 72 ans, qui était depuis 1994 évêque de Da Lat et est président de la conférence des évêques du Vietnam, a été nommé par le Pape coadjuteur de Hanoï où l'archevêque, Joseph Ngô Quang Kiêt, 57 ans, est malade et sous très forte pression politique parce qu'il réclame la restitution de biens immobiliers de l'Église confisqués par les autorités communistes.

VOCATIONS10000 personnes se rendent le 8 mai au sanctuaire d'Ars pour une journée, sur le thème « Demandez et vous recevrez des prêtres ». Les huit diocèses de la province de Lyon participent à cet

événement ainsi que les diocèses de Moulins, Le Puy­en­Velay, et Clermont.Le Service national des vocations a commandé à l'agence Bayard­Service une campagne de publicité qui, « sur un mode humoristique et décalé, pose la question aux 16­22 ans : "why not ? Prêtre, pourquoi pas moi ?". La campagne est diffusée par Internet. Par ailleurs, à l'intention des plus de 30 ans, des encarts publi citaires ont été achetés dans La Croix, Le Monde, Le Fi garo, Le Pèlerin... On y voit notamment la photo d'un jeune homme (en fait un mannequin professionnel car on a voulu éviter de personnaliser la campagne) et on peut y lire des phrases comme : « Je suis un homme comme les autres. J'accompagne les personnes dans les grands événements de leur vie. Le Christ me passionne et je le dis. J'aime la vie. Je suis prêtre ! » n

Les ordinations d'évêques en communion avec Rome, se succèdent ces derniers temps en Chine ; le 8 avril dernier, Mgr Du Jiang, évêque tout à la fois « officiel » et reconnu par Rome avait été installé sur le siège épiscopal de Bameng en Mongolie

intérieure, puis le 18 avril, ce fut le tour de Mgr Paul Meng Qinglu, avec l'approbation de Pékin et du Vatican, d'être ordonné évêque de Hohhot, diocèse situé lui aussi en Mongolie intérieure. Le mercredi 21 avril, le nouvel évêque du diocèse de Haimen, situé dans la province de Jiangsu, était lui aussi, approuvé par la Conférence des évêques « officiels » de Chine tout en ayant reçu mandat pontifical. Âgé de 40 ans, Mgr Joseph Shen Bin, est né dans une famille catholique et a suivi ses années de formation au séminaire national de Beijing. Il a été ordonné prêtre en 1996 et a desservi plusieurs paroisses avant d'être appelé en 1999 au vicariat général du diocèse. Son prédécesseur, Mgr Matthew Yu Chengcai, évêque « officiel » mais qui n'avait jamais reçu de mandat pontifical, est décédé en 2006 à l'âge de 89 ans. Le siège épisco-pal était resté vacant depuis. L'ordination épiscopale a été célébrée en la cathédrale du Bon Pasteur à Nantong, sous la présidence de Mgr Johan Fang Xinyao, évêque de Linyi, de la province de Shandong, assisté de Mgr Francis Lu Xinping, évêque de Nanjing, de Mgr Joseph Xu Honggen, évêque de Suzhou, et de Mgr Wang Renlei, évêque coadjuteur de Xuzhou, tous trois de la province de Jiangsu. Malgré les tensions et les diverses pressions, perceptibles notamment lors de l'ordi-nation de Mgr Du Jiang, en raison de la présence parmi les officiants d'un évêque officiel non reconnu par Rome mais imposé par les autorités, ces récentes ordinations d'évêques reconnus par le Vatican et acceptés comme « officiels », marquent selon certains obser-vateurs locaux, une évolution importante dans les relations entre l'état et l'église en Chine. Selon eux, ces ordinations épiscopales, malgré la présence pour deux d'entre elles d'un évêque illégitime (sans mandat pontifical), semblent montrer que Pékin se résout à faire des concessions, en tolérant des candidatures de prélats reconnus par Rome, qui auparavant, auraient été contraints à la clandestinité.

Source : Églises d'Asie , bulletin édité par les Missions étrangères de Paris

Nouvel évêque dans le Jiangsu

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lectures

14 FRANCECatholique n°3210 30 avril 2010

5e seMAINe De PÂQues

5e Dimanche de Pâques1. Jésus qui accompagne l’œuvre de ses apôtres dans la durée, qui assure une fécondité à leurs efforts (lecture des Actes des Apôtres).➤ Adorons le Maître qui ne cesse de veiller sur son église.Point spi : Soyons sérieux dans le service de la maison de Dieu.2. Jésus qui essuie toute larme des yeux de ceux qui ont lutté pour lui (lecture de l’Apocalypse).

Nous avançons dans les merveilleux discours après la Cène. Jésus commence à nous laisser entrevoir le mystère du Saint-Esprit.

par le Père Michel Gitton

Ce n’est pas facile d’entendre ces paroles de Jésus nous recommandant l’amour fra-ternel : « Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes

disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres. ». Honte à nous ! Le point précis où Jésus nous attend, où il nous confie son honneur, c’est celui où

nous le bafouons le plus ouvertement. Non seulement l’histoire de l’église est remplie de schismes, de déchirures, d’anathèmes jetés les uns sur les autres, mais nous voyons chaque jour s’étaler devant nous ces incompréhensions, ces préventions, ces ressentiments, ces aigreurs, ces règlements de compte. Homo homini lupus, l’homme est un

loup pour l’homme ; on oserait dire que l’homme d’église est souvent un loup pire encore pour son confrère. n

Dimanche 2 mai - Première Lecture : Actes 14.21-27 - Psaume 145.8-13 - Deuxième Lecture : Apocalypse 21.1-5 - Évangile : Jean 13.31-35.

ce qui montrera à tous

les hommes...Je vais vers le Père13. 31 Lorsque Judas fut sorti, Jésus déclara : « C’est maintenant que le Fils de l’Homme est glorifié et que Dieu est glorifié en lui. 32 Aussi Dieu va-t-il lui faire partager sa Gloire, et il le fera bientôt.33 Mes petits enfants, je suis encore avec vous pour très peu de temps. Vous me chercherez et, comme je l’ai dit aux Juifs, je vous le dis maintenant : vous ne pouvez pas venir où je vais. 34 Je vous donne ce commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. 35 Ayez de l’amour entre vous ; c’est ainsi que tout le monde reconnaîtra que vous êtes mes disciples. »

5e DIMANche De PÂQues (ANNée c)

par le Père Michel Gitton

15 au 16 mai 2010 : Colloque : 15 ans de l'Évangile de la Vie

LA VIE EST LA LUMIèRE DES HOMMES (cf. Jn 1)

www.evangelium-vitae.org - Contact : 06.19.23.45.09

Famille Missionnaire l'Évangile de la Vie - 32 Cours de la République - 84500 Bollène - France

Gare SNCF : Bollène La Croisière, située à 5km du centre-ville (on peut venir vous chercher).Autoroute A7 : sortie Bollène. à 1,5km de la sortie de l'autoroute - Nationale 7

Samedi 15 mai :9h15 : Ouverture du Colloque par Madame Bompard (maire de Bollène)9h30 : Intervention par vidéo de Mgr Rey (évêque de Fréjus-Toulon)9h45 : Pierre-Olivier Arduin, Commission Bioéthique du diocèse de Fréjus-Toulon : « La réflexion de l'Église sur le statut de l'embryon humain »11h : Odile Guinnepain (infirmière) : « Soigner les malades qui vont mourir »11h45 : Messe14h : Intervention par vidéo de Mgr Marc Aillet, (Évêque de Bayonne) « La gratuité »14h30 : Dr Henri Bléhaut (directeur de la

Recherche de la Fondation Jérôme Lejeune) : « La science au cœur de la bioéthique »15h15 : Sabine et Jean-Marc Poujade (Coordina-teurs généraux de Mère de Miséricorde).16h : Pause16h45 : Caroline Roux (Secrétaire Générale de l'Alliance pour les Droits de la Vie)17h30 : Dr Michel Geffard (chercheur à l'Inserm) : « Environnement et santé ».18h15 : Mgr Jacques Suaudeau (Académie Pontificale pour la Vie)19h : Chapelet aux intentions de la Vie et de la Famille21h : Témoignage de Joseph Lebèze : « Comment ai-je pardonné à mon père d'avoir tué ma mère »Nuit d'Adoration Eucharistique

Dimanche 16 mai

9h : Daniel Hamiche : « La bataille de la ré-forme de la santé aux États-Unis »10h15 : Cécile Edel (Présidente de Choisir la Vie : « La détresse des jeunes femmes enceintes »11h : Messe14h : Étudiants Pro-Vie14h30 : Mgr Jean-Pierre Cattenoz (archevêque d'Avignon)15h15 : Conclusion15h30 : Fin du Colloque

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5e seMAINe De PÂQues➤ Adorons l’Ami qui a vu toutes nos peines et attend le moment de nous consoler.Point spi : Soyons attentifs à la peine et à la souffrance de ceux qui œuvrent avec nous pour le Christ.3. Jésus qui nous recommande comme un signe très précieux de notre lien avec lui l’amour mutuel (lecture de l’évangile selon saint Jean).➤ Adorons le Seigneur qui nous confie le commandement nouveau.Point spi : ne rendons pas vain l’appel que Jésus nous adresse.

Lundi : Saint Philippe et Saint Jacques1. Jésus qui se laisse voir, que Philippe peut montrer aux Grecs.➤ Adorons l’icône du Père invisible.Point spi : Amenons nos voisins et amis à regarder Jésus pour de bon.2. Jésus dont la voix retentit à travers ses apôtres.➤ Adorons la Parole qui surgit des profondeurs de Dieu.Point spi : Laissons-nous former par l’en-seignement des apôtres.3. Jésus dont la bonne odeur nous parvient à l’occasion de la vie des saints.➤ Adorons le Fils tout embaumé de l’amour du Père.Point spi : Pratiquons l’humilité qui a « l’odeur de Dieu » (Père Marie Eugène).

Mardi : Discours après la Cène (Jean 14, 27-31)1. « Je vous laisse la paix » Jésus si attaché à notre paix, à sa paix en nous. Jésus qui refuse que nous nous laissions effrayer.➤ Contemplons le Prince de la Paix, dont la Paix parvient même au cœur des conflits de ce monde, soyons sensibles à cette paix divine, sans défense, sans frontière.Point spi : ne laissons pas polluer notre paix quand nous sortons des rencontres avec lui.2. « Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez » Jésus qui nous apprend à aimer, à préférer le bonheur de l’autre à notre intérêt égoïste, Jésus qui nous aime, mais qui a hâte de rejoindre son Père.➤ Contemplons le Fils tout tourné vers le Père, attendant dans l’impatience l’heure de son Ascension.Point spi : ne retenons pas égoïstement ceux qui ont d’abord à répondre d’eux-mêmes à Jésus et à son amour.3. « Il faut que le monde sache : j’aime le Père » Jésus qui sait que sa mission

principale est d’affirmer la priorité de Dieu, dont toute la vie est un poème au Dieu unique.➤ Contemplons le « Religieux de Dieu », laissons-nous emporter par le mouvement de sa prière.Point spi : Savoir que Dieu seul suffit.

Mercredi : Discours après la Cène (Jean 15, 1-8)1. « Demeurez en moi, comme moi en vous. » Jésus qui demeure en nous autant que nous demeurons en Lui, Jésus qui a fait chez nous sa demeure.➤ Admirons le Dieu « Emmanuel », au milieu de nous, pour de bon et pour toujours.Point spi : Revenons souvent à ce cœur de notre cœur : le sanctuaire caché où il nous rejoint.2. « Celui en qui je demeure donne beaucoup de fruits » Jésus qui ne nous capte pas pour lui sans nous faire porter du fruit.➤ Admirons cette Vigne féconde, source d’une frondaison sans cesse nouvelle.Point spi : Branchons-nous sur la prière pour avoir des résultats qui ne sont pas toujours à remettre en cause.3. « Demandez tout ce que vous voudrez » Jésus si large, si généreux, qui ne nous partage pas sa vie avec parcimonie.➤ Admirons cette source surabondante et inépuisable, plongeons-y notre cœur et notre tête.Point spi : ne pas désespérer de la prière de demande.

Jeudi : Discours après la Cène (Jean 15, 9-11)1. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés » Jésus qui n’a pas peur de rapprocher son lien éternel avec le Père avec cet amour qu’il a pour nous, avec tous.➤ Vénérons ce double amour qui en Lui n’en fait qu’un, apprenons à nous loger avec Jésus au cœur de la Trinité.Point spi : Aimer nos frères avec le cœur de Jésus.2. « Comme moi j’ai gardé fidèlement les commandements de mon Père » Jésus qui n’a pas peur de rapprocher son obéissance de Fils avec notre fidélité en tant que disciples.➤ Vénérons le Disciple du Père, celui qui accepte de se laisser instruire.Point spi : Faisons-nous une âme de disciple, laissons-nous pétrir, repétrir.3. « Je vous ai dit cela » Jésus qui pense à ce que sera notre « relecture » dans la lumière de la Résurrection.➤ Vénérons le Maître qui nous devance

déjà dans le Royaume, suivons celui qui sait déjà où tend toute l’aventure.Point spi : faisons mémoire de ses paroles entendues au fond de notre cœur.

Vendredi : Discours après la Cène (Jean 15, 12-17)1. « Mon commandement, le voici» Jésus qui demande quelque chose, qui ne se désintéresse pas de notre comportement.➤ Considérons la Sagesse qui nous dit ce pour quoi nous avons été créés, écoutons sa voix.Point spi : ne pas nous habituer à ce commandement d’amour fraternel, le prendre au sérieux une bonne fois.2. « Maintenant, je vous appelle mes amis » Jésus qui nous partage ses pensées, qui nous associe à ce qui fait sa vie.➤ Considérons notre grand Ami du Ciel, celui qui, incomparablement plus grand, plus saint, a voulu se mettre à notre niveau.Point spi : à notre tour, sachons partager avec les autres nos raisons de vivre.3. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi » Oh non ! c’est lui qui nous a choisis, un à un et avec quel amour.➤ Considérons l’époux, qui s’est choisi celle qu’il aime, regardons-le épris de son église et la voyant en chaque âme fidèle.Point spi : reconnaissons que nous n’avons aucun droit et faisons ce qu’il nous demande.

Samedi : Discours après la Cène (Jean 15, 18-21)1. « Vous n’appartenez pas au monde, c’est pourquoi le monde vous déteste » Jésus qui prévient notre douloureux étonnement devant la résistance du monde, qui cherche à nous expliquer pourquoi.➤ Adorons celui qui a tant aimé le monde et en est si peu aimé.Point spi : Acceptons d’être marginalisés pour le Christ.2. « Je vous ai choisis en vous tirant du monde » Jésus qui nous a arrachés à la corruption, qui nous a fait connaître une vie plus digne, plus belle.➤ Adorons le divin Pêcheur qui nous a recueillis dans ses filets.Point spi : ne regrettons pas les « oignons d’égypte », ni les fausses jouissances de ce monde.3. « On a gardé fidèlement ma parole, on gardera aussi la vôtre » Jésus qui sait la fécondité de son disciple, malgré les persécutions (ou à cause d’elles).➤ Adorons celui qui nous élève très haut, le Berger qui nous confie ses brebis.Point spi : ne pas désespérer de l’accueil de ceux qui sont devant nous. n

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Saint jean chrysostome, moine, diacre à Antioche, devenu patriarche de Constantinople, est connu comme un des grands témoins, à l’époque

patristique, de la doctrine eucharistique de l’Église. À côté de saint Ambroise de Milan, il figure parmi les premiers à avoir formulé explicitement le change-ment substantiel, la conversion réelle, qui s’opère au moment de la prière eu charistique dans les éléments du pain et du vin : « Le prêtre ne fait que remplir un rôle et offrir des prières, mais c’est la grâce et la puissance de Dieu qui pro-duisent tout. "Ceci est mon corps", dit-il ; cette parole transforme les éléments présents » (Sur la trahison de Judas 2,6, collection Pères dans la foi, p. 117), « aujourd’hui encore, c’est le Seigneur qui œuvre et livre tout, comme c’était alors le cas [à la Cène] » (Sur la première aux Corinthiens 27,14, collection « Les Pères dans la foi », p. 171).

L’intérêt de l’ouvrage que nous offre aujourd’hui la collection « Les Pères dans la foi » est de mettre sous nos yeux des textes de Jean Chry-sostome prononcés dans des contextes divers, et illustrant ainsi la richesse et la variété de l’enseignement du grand

docteur sur un sujet qu’il affectionne particulièrement.

Pour décrire la grandeur de la ren-contre eucharistique, où le fidèle est saisi par le feu du ciel, il ne tarit pas de descriptions enthousiastes. « La table mystique est complètement préparée, l’Agneau de Dieu est immolé pour toi, le prêtre lutte pour toi, le feu spirituel jaillit de la table immaculée, les ché-rubins sont présents ; avec le prêtre toutes les puissances incorporelles intercèdent pour toi, le feu spirituel est descendu d’en haut, le sang s’est

épanché du côté immaculé... » Il pour-suit, en s’adressant aux fidèles réunis : « en vous approchant, ne croyez pas recevoir le corps divin comme venant d’un homme, mais comme venant des séraphins eux-mêmes, avec une pince de feu, comme dans la vision d’Isaïe, croyez bien recevoir le corps divin. Et comme si nous appliquions les lèvres au côté divin immaculé, recevons ainsi

le sang salvifique » (Sur la pénitence 9, collection « Les Pères dans la Foi », p. 91-92).

L’auteur de ce recueil, Jacky Mar-saux, n’a pas hésité à remonter jus-qu’au texte de la Liturgie dite de saint Jean Chrysostome, dont on sait que, au jourd’hui encore, elle fournit la prière eucharistique la plus souvent utilisée dans les liturgies de rite byzan-tin. Malgré l’opinion contraire, qui a longtemps prévalu, Jacky Marsaux pense, avec Mgr Georges Wagner, que la forme la plus ancienne de cette prière pourrait bien remonter à Jean Chrysostome lui-même qui aurait adapté, une fois devenu archevêque de Constantinople, une ancienne anaphore syrienne (celle dite des Douze Apôtres). Du coup, en mettant en regard les deux textes, on suit les inflexions que Jean a introduites par rapport à son modèle, témoins de la maturation de sa pensée eucharistique.

C’est ainsi que, juste avant les pa roles d’institution, Jean écrit la nuit où il se livra, au lieu de la nuit où il fut livré qui figurait dans la Liturgie des Douze Apôtres, marquant mieux l’initiative et la volonté sacrificielle de Jésus. Un peu plus loin, dans l’épi-clèse, il est demandé à l’Esprit Saint de changer le pain pour en faire le Corps de Jésus, là où l’anaphore syrienne se contentait de demander à l’Esprit de manifester que ce pain est le corps saint de Notre Seigneur Jésus-Christ. La nuance est de taille !

N’attendons pas non plus des textes réunis dans cet ouvrage les précisions que la théologie médiévale a cherché à fournir à propos du mystère eucharis-tique : le pain et le vin sont, pour Jean, devenus le vrai corps et le vrai sang du Christ, mais, pour dire la transformation,

PÈRES DE L'ÉGLISE

LIVRES

(

La messe des originesPour renouveler notre fraîcheur devant un mystère comme celui de l'Eucharistie, rien de tel que de remonter aux définitions de nos Pères dans la foi.

Il essaie d'éduquer ses fidèles pour qu'ils profitent dignement de l'eucharistie

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FRANCECatholique n°3210 30 avril 2010 17

La messe des originespar Michel GITTON

il risque une formule peu claire où il est question de permanence de la substance (du pain ?) (Sur la pénitence 9, collec-tion « Les Pères dans la Foi », p. 91). De même, l’unicité du sacrifice qui à la messe perpétue celui de la Croix ne fait pour lui aucun doute, mais les explica-tions contenues dans le commentaire du ch. 9 de l’Épître aux Hébreux sont passablement embrouillées. Il est vrai que le texte qui nous est parvenu n’est sans doute pas exempt de déformations (voir « Les Pères dans la Foi » p. 189 et suivantes).

Mais Jean « Bouche d’Or » est avant tout un pasteur et un spirituel et c’est à ce titre que, inlassablement, il essaie d’éduquer ses fidèles pour qu’ils pro-fitent dignement de l’eucharistie. La menace de la communion sacrilège, source de mort spirituelle, n’est pas pour lui un vain mot. Elle est partout présente dans ses exhortations. Pour lui, le res-pect, l’attention, la contrition et jusqu’à une certaine crainte sont les conditions requises pour recevoir le Corps adorable du Sauveur. La vie du chrétien qui com-munie doit en être transformée, tant au point de vue individuel (sobriété, déta-chement) qu’au point de vue social (par-tage avec les pauvres).

L’approche n’est pas seulement ascé tique, elle est bien plus encore mys tique et le thème nuptial court tout au long de ces textes prenants qui peu-vent renouveler notre contact avec la sainte Eucharistie : « Vous avez vu com-ment le Christ s’est uni à son épouse ? Vous avez vu de quel aliment il nous nourrit tous ? » (Catéchèse aux néo-phytes 19, collection « Les Pères dans la foi », p. 82). n

Les amis de saint Jérôme

D e bethléem, où il s’est retiré pour vivre dans le silence et la prière, saint Jérôme mène un travail forcené de traducteur, d’exégète, de polémiste, d’épistolier. À la suite d’Origène, qu’il a longtemps admiré avant de s’en

déclarer l’adversaire, à la suite d’Eusèbe de Césarée qui a écrit un Onomasticon, recensant tous les noms de lieux de la Bible, et des Chroniques que Jérôme lui-même a traduites et prolongées, il souhaite doter le public cultivé d’ouvrages de référence, pour donner aux lettres chrétiennes leurs titres de noblesse. Nous sommes dans les dernières années du quatrième siècle, en un moment où le christianisme commence à donner le ton à toute la société et où le paganisme longtemps dominant se voit réduit à disparaître.

C’est ainsi que l’ermite de Bethléem entreprend de rédiger son De Viris illustribus, qui tient à la fois du catalogue de bibliothèque et du dictionnaire biographique. Il s’agit, en 135 notices, de présenter tous les auteurs chrétiens de quelque notoriété entre saint Pierre et Jérôme lui-même. Seuls trois non-chrétiens y sont admis, eu égard à leurs liens avec le développement de la pensée chrétienne : Philon d’Alexandrie, Sénèque et Flavius Josèphe. On remarque d’étranges omissions : Augustin est oublié, ainsi que Rufin d’Aquilée et Évagre le Pontique, alors que Jérôme a eu affaire à eux. Certaines notices sont très courtes, juste quelques lignes, d’autres atteignent plusieurs pages (Ignace d’Antioche, Origène, Jérôme bien sûr). Les Grecs y sont les plus nombreux, mais les Latins forment un bon contingent. Les auteurs écrivant en syriaque sont à peine cités (Bardesane et Éphrem sont seuls à figurer), comme cela sera souvent la règle par la suite, prouvant que le monde oriental évolue de plus en plus à l’écart de l’Église impériale. L’ouvrage garde son utilité et nous fait connaître bien des personnages curieux et des ouvrages perdus depuis l’Antiquité. On se prend à rêver que telle bibliothèque du Caucase ou des Balkans nous restitue un jour l’Exposition des paroles du Seigneur de Papias ou les Actes de l’Église d’Hégésippe, nous fournissant ainsi les premiers jalons de l'histoire de l’Église.

La traduction, les notes et les commentaires abondants et généralement bien venus sont de Delphine Viellard, chargée de cours à l’université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand.

M.G.Jérôme, Les hommes illustres, « Les Pères dans la foi », n° 100, éd. J.-P. Migne, 2010. 220 p. 17€.

Appelés à vivre en paix

Les croyants des trois grandes religions monothéistes sont appelés à vivre en paix, même si un passé difficile et un présent souvent conflictuel dans différentes parties du monde contribuent à les détourner de leur vocation

commune. Ce manifeste est publié sous la direction de Maxime Joinville-Ennezat, président de la Fondation René-Cassin. Son pari, exposé dans une première partie, est de chercher, dans les religions mais aussi dans l’expérience de la laïcité, des clefs pour une cohabitation tolérante et fraternelle. Le « contrat d’alliance » a une portée sociale et un ancrage théologique qui peuvent avoir un impact positif sur les questions politiques et sur l’expérience quotidienne. Le principe est celui de la confiance réciproque et éclairée. Vivre ensemble s’apprend et nécessite que l’on cherche à comprendre, pour les dépasser, les causes structurelles et conjoncturelles des conflits. Après ces analyses (forcément schématiques), les témoignages de Nadia Abd El-Khader, Dalil Boubakeur, Daniel Farhi, André Haim, André Lelièvre, François Monfort et Daniel Shek offrent des regards complémentaires de musulmans, de chrétiens et de juifs, qui illustrent ce projet de contrat d’alliance selon « la double exigence d’un appel à la réconciliation et d’une sauvegarde de l’identité ».

Marie-Hélène ROBERtMaxime Joinville-Ennezat, dir., Promouvoir le dialogue interreligieux. Manifeste pour un contrat d’alliance. Préface de Jean Rémy, Lyon, Chronique sociale, 186 p., 16,90 €.

Jean Chrysostome, L’Eucharistie école de vie, « Les Pères dans la foi », n° 99, éd. J.-P. Migne, diffusion Pollen, 226 p. 14 e.

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n Père Fortunato, vous avez fondé la « Semaine nationale et internationale pour les enfants victimes ». Comment ?

La « Journée nationale et internatio-nale des enfants victimes de la violence, de l’exploitation et de l’indifférence » (Giornata Nazionale e Internazionale dei bambini vittime della violenza, dello sfruttamento e dell’ indifferenza, GBV ) est en fait une initiative de la paroisse de la Vierge du Carmel (Madonna del Carmine) d’Avola depuis 1995.

Cette année-là, en effet, à la suite d’une tentative de meurtre contre une petite file de 11 ans dans la région, mais aussi après le récit dans la presse de certains épisodes d’abus sexuels et du suicide d’un garçon de 14 ans, la com-munauté chrétienne que je conduisais en tant que curé, a commencé à réflé-chir sur la situation de l’enfance et de l’adolescence face à la pédophilie.

En 1996, et ensuite en 1998, de tristes affaires sont survenues en Italie et à l’étranger (en Belgique notam-ment). Ce fut « une saison de violence et de sang », le sommet de la violence contre des enfants, arrachés à la cha-leur de leurs familles. Parallèlement

nous avons découvert la structuration de la pédophilie au niveau criminel tan-dis que nous décidions de contrer des inconscients qui cherchaient à organiser une « Pride pédophile » - « orgueil pédo-phile » sur le modèle de la Gay Pride. Notre lutte a pris la forme de deux moments principaux : une commémora-tion publique des victimes, avec prière, et un moment dédié à l'éducation des enfants et des familles. Elle a alors pris une dimension nationale.

En 2002, la GBV est devenue un rendez-vous très fort en Italie pour l’Église, pour la société civile, et pour le monde politique et culturel. Les évêques ont invité les chrétiens à réfléchir sur la situation de l’enfance. Paroisses et associations, année après année, se sont toujours plus impliquées dans ce rendez-vous. La Journée a ensuite été reconnue comme « événement commé-

moratif d’importance institutionnelle » par la Région de Sicile (loi régionale n°5 du 19 mai 2005), « chaque année, le premier dimanche de mai ».

Le président de la République, les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, des ministères, des régions, provinces, municipalités, y ont adhéré, ainsi que des universités, des écoles, des groupes politiques, syndicaux ou culturels. Des bureaux de Meter se sont ouverts dans différentes villes d’Italie et bientôt ses représentants à l’étran-ger se sont engagés dans la promotion annuelle de la « GBV ».

n Quel est votre message pour cette XIVe

Journée ?

Le thème de cette XIVe édition est : « Pauvreté  et  mineurs :  des  res-ponsabilités  partagées ». La pau-vreté condamne toujours davantage les couches les plus vulnérables de la société. La faim, l’analphabétisme, les maladies favorisent les abus contre les mineurs, en les rendant, alors que leurs conditions de vie sont déjà précaires, en outre victimes de « corrupteurs et exploiteurs » de leur innocence. Une pauvreté qui n’est pas seulement pri-vation matérielle, mais aussi et surtout, dans une société riche et opulente, pri-vation d’affection, de liens profonds qui influencent une croissance saine et équilibrée des enfants.

La violence contre les enfants est, aujourd’hui plus qu’hier, une honte, un péché contre Dieu et un grave délit qui réclame des actions concrètes afin que des actes aussi exécrables ne se pro duisent plus. Car on ne peut pas se contenter de réagir lorsque ces affaires douloureuses se produisent ou seu-

SOCIÉTÉ

18 FRANCECatholique n°3210 30 avril 2010

Don Fortunato, prêtre sicilien de 47 ans, a fondé l'association « Meter » dont le Pape a fait l'éloge lors de la prière de l'Angelus du 25 avril dernier.

ENTRETIEN AVEC LE PÈRE FORTUNATO DI NOTO

Une journée contre la pédophilieD.

R.

L'Europe est à l'avant-gardedans la lutte contre la pédophilie(

Don Fortunato.

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lement lorsque cela vient à se savoir (même des années après). Il faut un engagement quotidien de prévention et de sensibilisation adressée aux familles, et à tous les organismes d’éducation responsables d'un développement psy-cho-physique correct chez les enfants.

n Devant l’ampleur de la tâche, on peut être tenté par le découragement…

En quinze ans , nos résultats sont ce qui peut se voir d’un s er v ic e s i lenc ieux et profond. Le ser-vice d’obser vatoire en ligne a détecté deux cent mille sites Internet pédophiles dans le monde. Les données sont documentées auprès de la Police italienne Postale et des Communications. Grâce à notre travail, des enquêtes officielles ont été ouvertes en Allemagne, en France, en Belgique, au Brésil et en Russie.

Mais il ne suffit pas de faire des rapports qui permettent une action en justice pour briser ce commerce obs-cène. Il faut aussi un réseau capillaire de personnes compétentes et motivées capables de se relier avec la société dans laquelle elles vivent, de façon à créer une mentalité de vigilance, de soutien et de protection de l’enfance en tant que telle, pour que les abus et l’omerta qui les couvre de ses silences marécageux, devienne un crime insupportable pour la conscience collective. C'est dans ce but que notre association renouvelle en profondeur le style et la méthode de

travail contre la pédophilie et la pédo-pornographie.

Nous avons par ailleurs apporté une assistance sociale à 870 enfants victimes de dif férentes violences (sexuelles, psychologiques, mauvais traitements...)

À cela s'ajoute, par exemple, notre travail qui a permis de limiter les ravages des prétendus mages et car-tomanciens qui exploitent la crédulité des enfants. Notre action a été recon-nue par plus d’une trentaine de récom-penses nationales et internationales.

n Des évêques d’Amazonie sont menacés de mort notamment pour leur défense des enfants. En Europe aussi, c’est dangereux de lutter contre les préda-teurs ?

Je ne vais pas faire la liste des dif-famations, des calomnies, qui régu-lièrement nous dénoncent auprès du Procureur de la République. Des pédo-pornographes m’ont menacé de mort. Deux ont été identifiés, ont subi un pro-

cès et ont été condamnés. J’ai désor-mais une « protection du Comité de sécurité italienne ». Mes déplacements sont protégés par une escorte de police. Qui défend sérieusement les enfants est menacé.

n Devant des cas de pédophilie de certains membres du clergé, des commentaires ont mis en ques-tion le célibat sacerdotal de l’Église latine...

Le célibat n’est pas la cause de la pédophilie. Les agressions sexuelles se produisent en milieu familial dans 70 % des cas. La criminalité organisée est aussi une cause importante. Si ensuite on veut discuter sur le célibat, on peut toujours, pour réfléchir. Pour moi, en tant que prêtre catholique, le célibat est un don et je ne me sens ni un « frustré »,

ni un « castré », ni un « raté ».

n Les gouvernements d’Autriche et d’Al-lemagne ont mis en place des « tables rondes » à propos de la pédophilie : que fait l’Europe ?

L’Europe est à l’avant-garde dans la lutte contre la pédophilie. L’Italie a été la première à donner l’exemple de lois très précises. On peut toujours faire davantage. L’engagement de chacun est nécessaire pour sauver des enfants. Nous, à « Meter », nous en avons sauvés, nous pourrions faire davantage si nous avions de plus grandes ressources. La bonne volonté ne suffit pas. n

Ci-dessus, la page Internet annonçant la "XIVe Journée contre la pédophilie" du 25 avril au 1er mai 2010. www.associazionemeter.it

Propos recueillispar Franz Le GueNUne journée contre la pédophilie

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Dans les années 1970, collabo-rateur régulier de La France Catholique, j’ai bien connu Jean de Fabrègues, son direc-teur, qui m’avait confié une

série de reportages sur les principaux pèlerinages de France, dont celui d’Ars. « M. Vianney est cher à mon cœur », me dit-il en me donnant le livre qu’il avait publié chez Amiot-Dumont en 1956, une biographie très complète doublée d’une forte réflexion spirituelle, un texte revêtu de l’Imprimatur.

Je me souviens de mon arrivée à Ars en plein hiver. La brume noyait ce pay-sage d’étangs et de prairies, si nostal-gique et propre à la réflexion spirituelle. Un village endormi, des rues presque désertes, et cette église rurale du XVIIe

siècle doublée d’une surprenante basi-lique néo-byzantine, un mélange qu’il fallait accepter avec les yeux de la foi.

J’avais été accueilli par M. l’ab-bé Chanel, qui portait avec humilité le titre écrasant de « curé d’Ars ». Il m’avait tout fait visiter. L’église, aux murs tapissés de plaques votives de marbre : « Action de grâce d’une mère pour le retour de ses trois fils prison-niers » ; « un bachelier reconnaissant », etc. Plaques surchargées de graffiti : « Faites-moi réussir mon permis, vite ! » La chapelle des Anges, où il confes-sait les malades. À droite du chœur la sacristie où il confessait les hommes.

Dans la nouvelle basilique on véné-rait comme aujourd’hui le corps embau-mé du saint. Et toujours ces murs tapis-sés de marbres aux dédicaces parfois surprenantes.

Juste à côté de l’église, nous sommes entrés dans le presbytère. En bas sa cuisine, en haut sa chambre. Tout avait été laissé tel quel, avec ses pauvres meubles.

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L'année Jean-Marie Vianney aura été marquée, en ce qui nous concerne, par un problème d'intendance qu'on nous permettra d'évoquer malgré son caractère banal... Le diffuseur du livre de Jean de Fabrègues, l'apôtre du siècle désespéré, jean-Marie Vianney, curé d'Ars, a déposé son bilan en mars. Cela a gravement désorganisé la distribution de ce livre dont nous avons pu finalement récupérer une partie du stock. Vous pouvez à nouveau nous le commander directement (voir bon de commande en

page 24) ou bien l'acheter chez votre libraire en lui donnant les précisions techniques suivantes :EAN 9782953607802 - Distribution FRANCE CATHOLIQUE 3015594166312DILICOM - FRANCE CATHOLIQ 3055594127715ou bien : DILICOM SALVATOR-DIFFUSION 3012407920017

Les choses étant ainsi partiellement rentrées dans l'ordre, nous avons pensé utile et agréable de demander à l'écrivain Jean-Jacques Antier de nous parler de ses liens personnels avec le Curé d'Ars et Jean de Fabrègues, l'un et l'autre étant liés pour lui...

ANNéE Du SACERDOCE

Au cœur de l'année j.-M. Vianney

Les enfants Bertrand découvrent la relique

du cœur du curé d'Ars.

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Mais je fus surtout frappé par les murs, couverts de messages et de signatures hâtivement griffonnés à la main sur le plâtre. Ces murs macu-lés parlaient, hurlaient la détresse humaine : « Protégez-nous, exaucez-nous ! » Il y avait tant de messages qu’ils se superposaient. Là, j’ai senti la vocation de J.-M. Vianney, voué aux petits et aux pauvres, ceux qui n’ont pas les moyens de faire graver une plaque de marbre. Les murs de ce pres-bytère étaient mangés par les graffitis, comme la vie du saint curé fut mangée par les pécheurs.

C’est là, plus que dans la basilique, que j’ai compris la vocation du curé d’Ars. Quarante ans plus tard, tout a changé. Hiver comme été la grande foule des pèlerins et des congressistes se presse à Ars.

La paroisse est tenue par le père Antoine Hardy. Le pèlerinage est géré par un recteur, le père Jean-Philippe Nault, qui accueille tout le monde avec le sourire, les évêques comme le plus humble des pèlerins. Étonnante, cette métamorphose d’un pèlerinage que l’on pouvait croire voué à l’oubli. À qui est dû ce miracle ?

La ferveurde Jean-Paul II

Ce pape inspiré avait at tr i-bué sa vocation à M. Vianney. Il ne l’oublia jamais, déclarant en 1980 à Notre-Dame de Paris : « Le curé d’Ars de meure pour tous les pays un modèle hors pair, à la fois de l’accomplisse-ment du ministère et de la sainteté du ministre. »

Mais le grand jour du souvenir fut le 6 octobre 1986, lorsqu’à l’occasion

du deux-centième anniversaire de la naissance du saint, Jean-Paul II effec-tuera avec six mille prêtres un pèleri-nage à Ars. Quelques mois auparavant, il l’avait donné en exemple dans une lettre pastorale : « Modèle extraordi-naire de vie et de volonté pour ceux qui se préparent au sacerdoce. Le secret de sa générosité se trouve dans son amour de Dieu, vécu sans mesure en réponse à l’amour manifesté dans le Christ cruci-fié. » Enfin, le 17 octobre 1986, à l’au-dience générale du Vatican : « Sa figure ne cesse de parler même à l’homme d’aujourd’hui. Sa vie extraordinaire est un point de référence vivant pour les prêtres de l’Église contemporaine. »

La reconnaissance universelle

Désormais, Ars monte en puis-sance. En 1988, le nom d’Ars est ajouté à celui du diocèse de Belley, grâce à son évêque, l’excellent Mgr Bagnard, chantre du saint curé, auquel il vient de consacrer un essai. (1) En 1990, pre-mier cycle du séminaire d’Ars. En 1994, arrivée des sœurs bénédictines de Montmartre et création du foyer sacer-dotal. En 2005, Mgr Bagnard présente à Rome la relique du cœur de J.M. Vianney à Sa Sainteté Benoît XVI, qui la vénère en sa chapelle privée. Le 4 août

par Jean-Jacques ANTIER

Au cœur de l'année j.-M. Vianney

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2005, le cardinal de Lyon, Philippe Barbarin, préside à Ars le centenaire de la béatification. La relique du cœur est vénérée à Cologne au congrès des J.M.J. Les pèlerinages et des réunions d’évêques et de prêtres se multiplient dans un site entièrement restauré grâce à la générosité des fidèles.

En 2009 on y célèbre dans la joie le 150e anniversaire de la mort de J.-M. Vianney, le 4 août 1859.

Cher et pauvre curé d’Ars ! Il doit bien s’étonner dans le ciel, depuis sa béatification en 1905, sa canonisation en 1925 et la proclamation aposto-lique de 1929 : patron des curés de l’univers ! Et en 1959 l’encyclique de Jean XXIII célébrant le centenaire de sa mort. « Jean-Marie Vianney, nous dit Mgr Bagnard, reste un prêtre pour aujourd’hui parce qu’il s’est ingénié à trouver des initiatives adaptées à son temps tout en puisant son inspiration dans le sacerdoce de toujours ».

Puisse ce message être entendu et susciter parmi les jeunes des prêtres, de saints prêtres !

Le livre deJean de Fabrègues

Le livre de Jean de Fabrègues se lit par petites touches, tant il est char-gé de spiritualité et d’une certaine angoisse, comme les écrits de son maître Georges Bernanos : Fabrègues se dit « hanté par le curé d’Ars ». On le serait à moins.

Visitant Ars après la guerre, « en ces temps de désespoir », dit Jean de Fabrègues à propos du rationalisme athée qui déferlait sur le monde, il avait été aussi frappé par le désespoir qui minait, au milieu du siècle précédent, le saint curé confronté à l'indifférence des hommes trop épris de jouissance maté-rielle, et qui constatait que le Christ était « un amour qui n’atteignait pas son objet ».

Pour Fabrègues, le pèlerinage d’Ars répond à l’attente des âmes. Le fait que J.-M. Vianney fut un saint et en même temps qu’il connût le désespoir le fas-cinait. Dès lors, comment échapper au

désespoir ? En se laissant mener vers les portes qui s’ouvrent, celles de la simpli-cité du cœur, de la générosité de l’âme, de la liberté de l’esprit. C’est dans cette optique que le désespoir change de face et devient sainteté.

Profondeur spirituelle d’un véritable écrivain

On peut ne pas être d’accord avec les options politiques de Jean de Fabrègues (comme Bernanos c’était un fervent royaliste), mais on ne peut qu’admirer le style d’un véritable écrivain et la profon-deur de sa pensée spirituelle. À propos de la vocation de J.M. Vianney à Ars, il écrit : « Il a été envoyé dans ce pays des Dombes où les brumes font un ciel de doute, où les miasmes doux des étangs créent l’atmosphère tendrement lascive d’un laisser-aller d’indiffé rence, il a été envoyé là pour marquer les frontières qui ne tomberont pas. À Ars c’est un monument qui doit naître, il est là pour le sculpter longuement, à grands coups, à coups violents, dans la pierre des âmes et d’abord dans la sienne. »

Perception, aussi, du drame spirituel qui fut le sien, sa plus grande leçon et sa plus grande tentation : « Plus nous percevons l’immensité de la charité divine, et plus nous nous en sentons indignes et séparés. Voici paraître à notre horizon la source qui est à la fois celle de notre désespoir et de notre espérance. »

Le livre de Jean de Fabrègues répond à cette question qui a tarau-dé Jean-Marie Vianney et qui nous interpelle encore : « Qu’est-ce qu’un prêtre ? » « C’est un homme qui a le souci des âmes, qui les porte à Dieu, et qui, si elles ne vont pas à Dieu, se sent lourdement comptable de leur absence au dernier jour. Il ne s’agit pas de les laisser tomber sur le chemin. »

Et il a fait cela jusqu’à la mort. Submergé par les fidèles, exténué par le jeûne et les veilles qu’il s’imposait et qu’on lui imposait, prononçant d’une voix vibrante qui brisait les cœurs rebelles la prière dans laquelle il exha-lait son amour.

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Jean-Jacques Antier et son Curé d'ArsAuteur de nombreux livres d’histoire, de romans et de biographies religieuses : Marthe Robin, Thérèse d’Avila, Charles de Foucauld, Jean Guitton, Jean-Jacques Antier a publié en 2006 chez Perrin une biographie très complète du Curé d’Ars, que France Catholique a présentée le 6 octobre 2006 : « La richesse de la documentation et la rigueur de l’enquête permettent de comprendre comment cet homme est l’un des saints les plus fascinants du monde moderne. » Dans son article de La Croix du 14 octobre 2006, Jean-Marie Guénois présentait ainsi le livre de J.-J. Antier : « Un ouvrage à portée spirituelle, mais pétri de l’exigence et de la juste distance de l’historien, sans oublier un art maîtrisé du récit qui confère un réel plaisir de lecture. » Ainsi, ajoute J.-M. Guénois, « la vie du Curé d’Ars est éclairée d’un nouveau regard. L’auteur enrichit l’apport biographique en conjuguant rigueur historique et ouverture spirituelle. » S’y révèle Jean-Marie Vianney, « un grand maître spirituel dont l’époque et le style laisseraient penser qu’il est dépassé », mais dont ce livre, qui situe précisément les conditionnements culturels de sa spiritualité, permet de rejoindre le meilleur, souvent libellé en maximes aussi brèves qu’incisives : "Mon secret est bien simple, disait le Curé d’Ars, c’est de tout donner. On ne se trompe jamais quand on se donne à Dieu." »

Jean-Jacques Antier, le Curé d’Ars, Perrin, 348 pages, 21 €.

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Le secret du curé d’ArsJean de Fabrègues a bien compris

le secret du curé d’Ars : « s’unir forte-ment à Notre-Seigneur. Cette union, il l’a désormais comme une grâce qui ne l’abandonne pas. Il n’a plus le temps de faire oraison ? Il est bien au-delà, c’est son temps tout entier qui est passé de l’autre coté, du côté de l’union divine. Et cela explique tout, l’ascétisme, la vision, la possibilité d’être tout entier à chaque instant à chacun, et pourtant d’aller si vite dans ses bénédictions, ses consultations, ses confessions. Voici un homme pour qui le temps n’existe plus comme pour nous. Il est au-delà du temps comme au-delà des corps et des choses. Dieu lui a donné de participer à ce qui se passe de l’autre côté. »

Comment Fabrègues déf init-il Vianney ? Actif, ou contemplatif ? C’est la question piège. Il était les deux et cette contradiction le mettait au sup-plice. Appelé au confessionnal pour sauver les âmes, il aspirait au pur amour de Jésus dans la solitude d’un

cloître, un tête-à-tête divin qui ne lui sera donné qu’après sa mort. D’où ses fuites d’Ars, ce désespoir insondable, ces retours pathétiques.

Jean de Fabrègues décrit minu-tieusement les miracles accomplis par J.-M. Vianney, dont les moindres n’étaient pas de lire dans les âmes des pénitents qui se confiaient à lui. Fabrègues s’en étonne et tente d’en trouver l’explication : « Il ne pensait jamais que le miracle passait par lui, mais par les saints qu’il invoquait. Lui-même ne se croyait pas la voie choisie par Dieu, il s’en jugeait indigne. Le grand amour qui embrasait son cœur était trop vaste pour qu’il ne connaisse pas ce qui distingue les plus grands amours : le désespoir de n’y avoir pas répondu. Mais ce désespoir recelait la source de son pouvoir spirituel, il par-ticipait à la puissance de Dieu et à sa lumière, coïncidence du néant propre et de l’Amour absolu. »

Égal aux plus grands mystiques

Loin de s’extasier devant les mi racles du curé d’Ars, Fabrègues nous introduit dans un univers où le temps et la causalité ne correspondent plus avec ce que nous nommons le réel, et c’est là que M. Vianney se révèle égal aux plus grands mystiques : cette conti-nuité du naturel et du surnaturel, que la science ne peut expliquer mais que la foi nous révèle. Il avait, dit Jean de Fabrègues, « une perfection dans l’orai-son, » qui permettait de s’unir à Dieu, par le Christ : « un amour parfait, une foi parfaite ». Une prière qui devient dialogue lorsque Dieu se révèle dans l’oraison.

Reste le mystère de J.-M. Vianney. Avec tant de foi, pourquoi toute cette angoisse, cette hantise du péché, cette peur de la damnation, ces fuites ?

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Dans la sacristiedu sanctuaire d'Ars.

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Avec tant de foi, pourquoi toute cette angoisse, cette hantise du péché ?

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À mon avis, Jean-Marie Vianney était déprimé parce qu’il en faisait trop : vingt heures de confessions par jour pour un corps exténué et mal nourri, auquel il ajoutait ces fustigations et autres cilices, il y avait de quoi tuer un homme qui ne dormait que deux ou trois heures par nuit et se nourrissait de matefaims. Il prenait aussi trop à son compte les péchés de ses pénitents, jusqu’à se les attribuer. Le poids du mal, quelle réalité crucifiante, qui rappelle le martyr de Marthe Robin !

Notre désir est-il sans remède ?

Pour Jean de Fabrègues, la réali-té est dans ce mot de Thérèse d’Avi-la : « Notre désir est sans remède. » Comment atteindre l’union avec l’Être aimé découvert dans la prière ? D’où le désir de vie érémitique de celui qui se croyait le dernier des pécheurs. « Je suis le dernier des prêtres », disait-il. Et il le croyait.

Jean de Fabrègues a bien montré la clé de la sainteté de J.-M. Vianney : « Il est humble, écrit-il. Celui qui, ne connaissant mérites ou grâce, parvient à faire comme s’il ne les possédait pas. » Parvenir à s’ignorer soi-même, telle est la définition de la sainteté. De ce désespoir de n’être pas saint, J.-M. Vianney tentera de s’arracher par la prière, mais il n’en aura pas le temps, puisque par vocation il s’était donné aux pécheurs.

« Quelle vie a connu plus grand amour que celui-là ? », demande Jean de Fabrègues, et ce sera son mot de la fin.

À une époque où fleurissent les vanités, les aberrations de la chair, la paresse et l’égoïsme, quelle plus belle leçon ? Celle de l’espérance chrétienne, un vieux mot oublié, que le livre de Jean de Fabrègues vient à propos rappeler. Non pas mon bonheur, mais celui des autres. « Il faut sauver, nous ne sommes pas au monde pour autre chose », dit-il avec son cher curé. Et si la clé du vrai bonheur était là ? Avec l’amour de Dieu, notre unique nécessaire. n

BON DE COMMANDE À RETOURNER À SPFC 60, rue de Fontenay, 92350 LE PLESSIS-ROBINSON

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(1) Guy-Marie Bagnard, Le curé d'Ars, portrait d'un pasteur, éditions Tempora, 132 pages, 9,90 e.

Croix de mission érigée à Ars par Jean-Marie Vianney en 1847.

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JACQUES MARITAIN

IDÉES

L'antimoderne ultramoderne et les Amériques par Yves FLOUCAT

Nul n'est prophète en son pays. Jacques Maritain, aujourd’hui encore, est plus assidûment lu en Europe de l’Est qu’en France, et l’on s’est beaucoup

plus intéressé à son œuvre au Canada, aux États-Unis et en Amérique latine, où il a fait de fréquents voyages à partir des années 30. Ce qui a grandement contribué à sa relative absence des références philosophiques françaises, c’est, du fait des difficultés rencontrées pour obtenir un poste au Collège de France, son séjour aux États-Unis entre 1948 (dès son retour de Rome où il était, depuis 1945, ambassadeur près le Saint-Siège) et 1960, dans la ville de Princeton.

Sur le rayonnement de l’œuvre de Maritain en Amérique latine, la thèse d’Olivier Compagnon est irrempla-çable. (1) Son sous-titre : Un modèle malgré lui, dit bien toute la complexité de la réception de la pensée marita-nienne, depuis ses premiers livres mar-qués par l’esprit contre-révo lutionnaire et une large adhésion à l’antidémocra-tisme de Maurras jusqu’aux ouvrages des années 40 et de l’après-guerre où sont dessinés les contours d’une démo-cratie nouvelle. Olivier Compagnon a raison de souligner que « la notion de démocratie n’était pas au cœur d’Hu-manisme intégral pas plus qu’elle ne l’était dans Les Droits de l’Homme et la loi naturelle. Elle ne le devient qu’à partir de 1943, avec la parution de Christianisme et démocratie pour abou-tir à « la ‘charte démocratique’ élaborée dans L’Homme et l’État ». (2)

De plus, il ne manque pas de pré-ciser qu’ « à aucun moment de ce cheminement Maritain ne renie sa cri-

tique déjà ancienne des démocraties modernes issues de l’âge libéral (…), qu’il perçoit comme une anarchie mas-quée dont le totalitarisme est le fruit ultime », selon « une posture héritée du catholicisme intransigeant. » (3)

Lorsqu’on prend conscience du long chemin accompli pour élaborer cette notion d’une démocratie substantielle et

organique, reliée à des principes trans-cendants et intangibles (notion dont on perçoit l’écho dans le message radiodif-fusé prononcé par Pie XII à l’occasion de la fête de Noël 1944), on comprend mieux qu’elle soit demeurée « dans une perspective contraire à celle de la démocratie libérale ». (4) On conçoit également que certains puissent trop facilement la qualifier de néo-conser-vatrice voire de réactionnaire. Bref, il

n’est pas surprenant que les rapports du « philosophe chrétien de la démocra-tie » (Étienne Borne) avec les partis se réclamant de la démocratie chrétienne n’aient jamais été sans ombre.

Florian Michel, avec son impor-tante thèse enfin publiée, et même si ses perspectives sont plus vastes que la seule influence de la pensée mari-

tanienne, complète celle d’Olivier Compa gnon. (5) Elle constitue une mine d’informations sur les riches échanges intellectuels, particulièrement dans l’ordre de la pensée catholique, entre l’Europe, le Canada et les États-Unis, dans la période de l’entre-deux-guerres mais aussi, après 1945, jusque dans les années 60. C’est plus précisément le thomisme qui est en cause. Les diverses écoles européennes dans lesquelles il

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Le thomisme a trouvé, tant au Canadaqu’aux États-Unis, un accueil inattendu )

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s’était développé (qu’il s’agisse du cou-vent dominicain du Saulchoir ou de l’Université de Louvain) ou des œuvres indépendantes de toute école particu-lière comme celles d’Étienne Gilson ou de Jacques Maritain, ont trouvé, tant au Canada qu’aux États-Unis, un accueil a priori inattendu.

Dans cette aventure dont Florian Michel excelle à nous relater les péri-péties le thomisme plus historique du P. Chenu et de Gilson, et celui, plus doc-trinal, de Maritain, d’Yves Simon, de Jacques de Monléon ou de Charles De Koninck, ont joué un rôle décisif. La réception de la philosophie de l’Aqui-nate dans le Nouveau Monde, plus exactement le continent Américain, fut telle que certains, comme Simon ou De Koninck, choisirent de s’expatrier définitivement. Le premier, ancien élève de Maritain, qui avait enseigné aux Instituts catholiques de Paris et de Lille, devint citoyen des États-Unis ; il fut professeur à l’Université Notre-Dame (Indiana), avant d’accepter un poste à l’Université de Chicago où il enseigna jusqu’à son décès en 1961. (6) Le second, originaire de Belgique, prit la nationa-lité canadienne et demeura doyen de la faculté de philosophie de l’Université Laval, au Québec, jusqu’à sa mort en 1965, survenue brutalement à Rome (où il avait été appelé comme expert lors du concile Vatican II).

En revanche, même si Gilson a pen-dant de longues années donné un ensei-gnement régulier, particulièrement à l’Institut d’Études médiévales de toronto qu’il avait fondé en 1927 et pour lequel il avait obtenu non sans difficultés le statut de droit pontifical en 1939, il n’a jamais voulu s’exiler. Il en va de même de Maritain. Durant les longues années de Princeton, si grand que fût son atta-chement à ce qui était devenu pour lui comme une seconde patrie, il ne semble pas qu’il ait jamais manifesté le désir de changer de nationalité.

Faut-il parler, du fait de ces échanges, d’une « américanisation » des

thomistes européens ? L’auteur semble hésiter, car si l’on peut répondre favo-rablement à propos d’un De Koninck et de son École de Laval, ou à propos d’un Maritain et a fortiori d’un Yves Simon, il n’en va pas de même d’un Gilson ou d’un Chenu. Quoi qu’il en soit l’enraci-nement du thomisme tant au Canada qu’aux États-Unis a donné de très beaux fruits, tout au moins jusqu’à la période post-conciliaire. Alors, on le sait, cer-tains crurent qu’une nouvelle ère était arrivée, dans laquelle la doctrine de saint thomas d’Aquin ne devait plus avoir, pour les études ecclésiastiques, la place déterminante que le Décret sur la formation des prêtres continuait pour-tant de lui reconnaître…

Jacques Maritain est incontestable-ment au centre de la thèse de Florian Michel et ce n’est pas sans émo tion qu’on lit les pages consacrées aux années de Princeton. Le 26 Lindon Lane, où les Maritain vécurent à partir de 1949 fut, jusqu’à un certain point, comme un nouveau Meudon. Des per-sonnalités aussi diverses que Gabriela Mistral, Oppenheimer, Arthur Lourié, Louis Massignon, Chagall ou… l’abbé Pierre, fréquentèrent la maison. Jacques Maritain eut aussi à Princeton un entre-tien avec t. S. Eliot ou encore avec Hannah Arendt. En janvier 1960 cepen-dant, survint le décès de Véra (inhu-mée au cimetière catholique de la ville), puis ce fut le retour en France, depuis longtemps attendu par leurs amis, de Jacques et Raïssa (qui mourut dès son arrivée à Paris).

Une nouvelle période commen-çait pour Maritain. Elle fut féconde puisqu’elle donna lieu à la publication, dans la tourmente de l’après-Concile, du Paysan de la Garonne, accueilli avec des sentiments contrastés. Certains de ceux qui avaient cru que le philosophe, indéniablement marqué par l’expérience américaine, était devenu un libéral, par-lèrent de néo-conservatisme ou de pos-ture réactionnaire. D’autres, qui avaient admiré l’auteur d’Antimoderne, furent

surpris de retrouver intact le filleul de Léon Bloy avec sa verve polémique, et ils s’interrogèrent dès lors sur l’éven-tuelle responsabilité de l’auteur d’Hu-manisme intégral dans les désordres qu’il dénonçait aujourd’hui. (7)

Assurément la réception américaine du Paysan de la Garonne déborde les limites que s’était fixées Florian Michel. Mais, d’une manière plus générale, on aurait aimé que, au-delà de l’impres-sionnante documentation à laquelle il a eu accès et qui apportera beau-coup aux maritanistes les plus aver-tis, il nous en dise un peu plus sur la signification de ce qu’il appelle « cette dialectique antimoderne/ultramoderne qui articule en profondeur l’œuvre de Maritain ». (8) L’Homme et l’État ainsi que La Philosophie morale, qui ont été récemment réédités, datent des années de Princeton. (9) Suffit-il de dire que les critiques dont le premier fut l’objet émanaient de « catholiques intransi-geants, dont le principal argument était le refus d’ouvrir le christianisme au monde moderne » ? (10)

Les choses sont à la vérité plus com-plexes tant il est vrai que Maritain n’a jamais cessé d’appartenir lui-même à ce courant du catholicisme intransi-geant et s’est toujours senti étranger au catholicisme que l’on a qualifié de libé-ral. Quant à ouvrir le christianisme au monde moderne, on sait que le Paysan de la Garonne re doutait surtout que cette entreprise, en elle-même ambiguë, ne servît de prétexte à un « agenouille-ment devant le monde », et qu’elle n’aboutît à une « complète temporalisa-tion du christianisme ». (11) Il aurait sans nul doute apprécié l’admonestation ber-nanosienne d’un Maurice Clavel : « Vous n’êtes pas allés au monde, vous vous êtes rendus au monde !... » (12)

La polémique plus ou moins indi-recte entre Charles De Koninck et Mari-tain à propos de la personne, de la primauté du bien commun et du per-sonnalisme, s’explique-t-elle vraiment par d’autres enjeux que purement phi-losophiques comme le suggère Florian Michel en s’appuyant sur des lettres d’Yves Simon ? C’est aussi le point de vue, pour le moins elliptique, des

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IDÉES

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Toujours étranger au catholicisme que l'on a qualifié de libéral

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éditeurs de la correspondance entre Jacques Maritain et Charles Journet, selon lesquels « le motif de la contro-verse n’était pas un dissentiment phi-losophique à l’intérieur du thomisme, mais une opposition d’ordre théologico-politique ». (13) Quel aspect politique serait dès lors en cause ? Le pétainisme ou même le maurrassisme supposés de l’ « esprit de Québec », qui semblent admis par l’auteur, auraient-ils déteint sur De Koninck ? Michel reste prudent, mais semble tout de même incliner vers cette hypothèse. Jacques Vallée rap-pelle a contrario fort opportunément que, « à l’Université Laval où fleuris-sait pourtant le pétainisme, De Koninck, avec le concours de son ami le littéraire Auguste Viatte, appuyait l’envoyée du général de Gaulle, Élisabeth de Miribel, dans la mise sur pied du Centre de docu mentation de la France libre. »(14)

En outre, il note, à juste titre, que Michel, dans la controverse autour de la primauté du bien commun, « délaisse entièrement le fond de la question phi-losophique pour esquisser plutôt une sorte de portrait sociopsychologique du rapport Maritain-De Koninck, plutôt à l’avantage du premier .» (15) C’est pour-tant bel et bien la dichotomie mari-tanienne introduite en l’homme entre son individualité et sa personnalité, qui pose problème au doyen de la Faculté de philosophie de l’Université Laval. (16) Et il s’agit là, en effet, d’une divergence philosophique entre thomistes.

De fait, on ne saurait se réclamer de saint thomas pour affirmer, avec Maritain, que « je suis tout entier indi-vidu en raison de ce qui me vient de la matière, et tout entier personne en rai-son de ce qui me vient de l’esprit ». (17) Cette vision, destinée à exalter la digni-té de la personne, brouille en réalité la juste perception que saint thomas a de son rapport avec la cité et son bien commun.

Pour l’Aquinate, la personne tient sa perfection unique de ce qu’elle est un individu de nature rationnelle ou spirituelle. Elle n’est pas plus étrangère au corps social qu’elle ne lui sacrifie toutes ses dimensions. En ce sens, et pour reprendre des termes qui nous

sont devenus familiers mais qui n’ap-partiennent pas à saint thomas, l’an-thropologie de l’Aquinate est exclusive de toute tentation « individualiste » comme de toute emprise « totalitaire ». Elle n’admet de « personnalisme » que, indissociablement, « communautariste », en vertu de la primauté éthique du bien commun sur le bien privé et étant sauve la primauté absolue du bien divin sur tout bien humain. Comme il y a plu-sieurs demeures dans la Maison du Père, il existe une diversité d’accents dans le courant de l’intégralisme catholique… C’est à cette longue tradition qu’ap-partenaient, au-delà de leurs diver-gences, Maritain ou De Koninck que l’on a considérés par ailleurs comme des « ultra-thomistes ». Il est d’autant plus expédient de ne la point confondre avec l’intégrisme (qui n’en est assurément pas le meilleur surgeon) qu’elle aura été finalement la plus féconde puisque, contrairement à quelques idées reçues de « droite » ou de « gauche », elle n’a cessé d’alimenter l’enseignement magis-tériel jusqu’à Vatican II et au-delà, sans solution de continuité.

En ce qui concerne Maritain, tout embrouillement en la matière ne per-mettrait de comprendre ni l’origina-lité ni la fidélité inventive de sa pensée. Étranger au libéralisme, sans illusion sur l’antagonisme irréductible entre la phi-losophie chrétienne et les grands prin-cipes fondateurs de la modernité, il a revendiqué contre l’humanisme anthro-pocentrique des temps modernes le seul humanisme qui méritât le qualifica-tif d’intégral, c’est-à-dire l’humanisme chrétien radicalement théocentrique. Il n’a pourtant jamais cessé, sans vaine compromission et avec la liberté d’« un mendiant du ciel déguisé en homme du siècle » (18), de chercher à « racheter » les « vérités captives » (19) ou, comme disait Chesterton, les « vérités chré-tiennes devenues folles ». Nul n’est obligé d’approuver toutes ses positions pour reconnaître qu’à aucun moment, il ne s’est départi de son intransi-geance sur les principes. C’était sans doute la condition sine qua non de son indépen dance revendiquée comme de la richesse multiforme de son œuvre. n

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(1) Jacques Maritain et l’Amérique du Sud. Le modèle malgré lui, Presses Universitaires du Septentrion, 2003.(2) Ibid., p. 249.(3) Ibid., p. 250.(4) Ibid., p. 250-251.(5) La Pensée catholique en Amérique du Nord. Réseaux intellectuels et échanges culturel entre l’Europe, le Canada et les Etats-Unis (années 1920-1960), Desclée De Brouwer, 2010. (6) Florian Michel a entrepris une remar-quable édition de sa volumineuse corres-pondance avec son maître. Le tome 1 est paru : Les années françaises (1927-1940), CLD, 2008. (7) On aura une idée des polémiques soule-vées par Le Paysan de la Garonne (1966) en consultant le remarquable dossier critique réalisé par Michel Fourcade pour la réédition de l’ouvrage sous le titre Le Feu nouveau. Le Paysan de la Garonne, Ad Solem, 2007.(8) Florian Michel, op. cit., p. 521.(9) J. Maritain, La Philosophie morale. Exa-men historique et critique des grands systèmes (1960), Paris, Salvator, 2009 ; L’Homme et l’État (1951), Préface de Paul Valadier, Paris, Desclée De Brouwer, 2009. En Annexe est reproduit, présenté par René Mougel, un très beau texte, significatif de la pensée politique de Maritain, et écrit en 1937 : « Exister avec le peuple » (p. 249-259). Pour l’anecdote, on notera avec un sourire que, désormais, les éditions Desclée De Brouwer, sans doute ignorantes de l’ori-gine flamande et de la signification de leur patronyme, s’attribuent curieusement une particule et se présentent systématiquement sous l’appellation Desclée « de » Brouwer…(10) Ibid., p. 498.(11) Cf. Le Paysan de la Garonne, Œuvres complètes, Vol. XII, p. 739-751.(12) Cf. Maurice Clavel, Dieu est Dieu, nom de Dieu !, Paris, Grasset, 1976, p. 31.(13) Cf. Journet – Maritain, Correspon-dance, Vol. III (1940-1949), p. 374, n. 3.(14) Cf. Œuvres de Charles De Koninck, Les Presses de l’Université de Laval, Tome II, 1, Tout homme est mon prochain, Introduction par Jacques Vallée, p. 7-8. Saluons cette édition des Œuvres complètes dont deux tomes ont déjà paru en 2009.(15) Ibid., p. 13.(16) Cf. Ch. De Koninck, De la Primauté du bien commun contre les personnalistes, Éditions de l’Université Laval, 1943.(17) J. Maritain, La Personne et le bien commun (1947), Œuvres complètes, Vol. IX, p. 193.(18) Cf. J. Maritain, Carnet de Notes (1965), Œuvres complètes, Vol. XII, p. 131 : « Que suis-je donc moi-même, me demandais-je alors. Un professeur ? Je ne crois pas ; c’est par nécessité que j’ai enseigné. Un écri-vain ? Peut-être. Un philosophe, je l’espère. Mais aussi une espèce de romantique de la justice trop prompt à s’imaginer, à chaque combat livré, qu’elle et la vérité auront leur jour parmi les hommes [...] ».(19) J. Maritain, Réponse à Jean Cocteau (1926), Œuvres complètes, Vol. III, p. 724.

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En Russie, l’art et l’Histoire ne font qu’un avec la foi orthodoxe. Il n’est pas rare que, dans les musées russes, des ano-nymes déposent pieusement des bou-quets de fleurs au pied des icônes. C’est

ce que démontre clairement l’exposition excep-tionnelle et déjà mémorable au Louvre : les tré-sors de la Russie éternelle, ses ors et ses lumières déployés sous nos yeux éblouis devant tant de merveilles.

Le parti de souligner, pour une exposition aussi officielle (fleuron de l’année France-Russie), pas seulement les « racines chré-tiennes », mais l’essence chré-tienne de la nation et de l’art russe, laisse quelque peu honteux de l’athéisme qui prévaut en France et en Europe occiden-tale.

400 pièces d’une exceptionnelle beauté, du IXe au XVIIIe siècle, choisis dans les plus grands musées russes, retracent dix siècles d’histoire russe, et les liens spirituels et artistiques avec Byzance d’un côté, avec l’Occident de l’autre.

La progression historique se fait entre deux dates symboliques : de 988, le baptême fondateur du prince Vladimir avec tout son peuple dans le Dniepr, jusqu’en 1703 avec la fondation de Saint-Pétersbourg par Pierre le Grand, qui initie l’ouver-ture de la Russie à l’Occident.

La Rous’ de Kiev, embryon de la Russie, est mentionnée pour la première fois sur un document de 839. Le pre-mier âge d’or de cette princi-

pauté, du XIe au début du XIIIe siècle, se dé ploie à Kiev au sud, Novgorod au nord-ouest, Souzdal à l’est. L’héritage artis-

tique byzantin est pré-dominant à Kiev, alors que

Novgorod et Souzdal se tournent plus du côté de l’art roman européen.

À Novgorod, un prince effacé lais-sait l’essentiel du pouvoir à l’archevêque

et à une organisation démocratique, la société

Expositions

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muséE du louvrE

Une exposition qui feradate déploie au Louvre

400 objets précieux prêtés par la Russie pour résumer mille ans d’art

chrétien orthodoxe.

ors et lumièresde la sainte russie

Les trésors de la Russie éternelle

Collier de « barmes » de Riazan,Riazan (?), XIIe ou début du XIIIe siècle.

Or, émail sur or, pierres précieuses, menuesperles, filigranes, granulations.

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Iconostase de la Dormitiondu monastère Saint-Cyrilledu lac Blanc : icône duregistre de la Déisis,l’Archange Michel,Moscou, 1497.Peinture à la temperasur bois de tilleul.

Icône :Pokrov,

Souzdal (?),dernier quartdu XVe siècle.

Peinture àla tempera

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reposait sur le commerce international (membre de la Ligue hanséatique d’Europe du nord) et un mysticisme d’essence monastique ; ce système vraiment original favorisa un apogée artistique.

La hiératique et très pure icône des saints Boris et Gleb (21), avec sa géométrie rouge, noir et or, montre les petits-fils de Vladimir, premiers martyrs russes en 1015. Ils avaient été baptisés sous les noms de Romain et David, mais leur culte s’est répandu sous leurs premiers prénoms.

La Vierge de Vladimir, palladium de la Russie chrétienne, la plus insigne icône russe, aujourd’hui à la Galerie tretiakov, n’est bien sûr pas venue, mais nous avons le privilège de contempler sa plus ancienne copie, de la fin du XIVe siècle, fidèle reflet de l’original avant la spectaculaire intervention d’andré Roublev sur ce dernier (23).

une surprise, les deux superbes émaux champlevés de Limoges, du XIIe siècle (70), qui prouvent combien l’art limousin s’était répandu loin ; ils avaient été reconvertis en icônes de la Crucifixion et du Christ en majesté, sur l’ico-nostase d’un monastère de Novgorod, alors qu’il s’agit de plats de reliure de livre. La Résurrection (81) est au contraire un émail cloisonné mosan de même époque.

Les portes d’or de la cathédrale de la Nativité de la Vierge à Souzdal (88), du début du XIIIe siècle, réunissent spectaculairement une icono-graphie byzantine à une technique romane.

Les icônes de saint Georges (107) et de la Dormition (132), pour classiques qu’elles soient par leur thème, témoignent de la pureté et de la noblesse de l’iconographie russe au XVe siècle ; d’une telle perfection qu’il semble au spectateur ou au fidèle qu’il le voit pour la première fois.

Sur un fond écarlate intense, Georges, cheva-lier de Dieu, manteau flottant au vent, est monté sur son cheval d’un blanc éclatant, stylisé en un magnifique mouvement. La lance traverse l’icône en diagonale avec sûreté. épurée, limpide, la composition est d’une parfaite beauté. La palette est aussi épurée que la composition : rouge, gris argent et blanc.

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par Marie-Gabrielle LebLancors et lumièresde la sainte russie

Icône :Saints Jean

Climaque, Georges et

Blaise,Novgorod,

deuxième moitié du XIIIe siècle.

Bois (deuxpanneaux,

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feuilletsplaqués etcerclés en

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du monastère Saint-Cyrille

du Lac Blanc : icône du registre

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la Vierge,Moscou, 1497,

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la tempera sur bois de tilleul,

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Le XVe siècle voit la fondation et l’émergence de Moscou, qui va devenir la troisième Rome après la chute de Constantinople en 1453. Saint Serge de Radonège avait amené le renouveau du monachisme orthodoxe en fondant en 1339 le fameux monastère de la trinité, à quelques lieues au nord de Moscou.

Le XVe siècle est aussi le siècle de saint andré Roublev, un des plus grands iconographes au monde. La célébrissime Trinité de l’ancien Testament n’a évidemment pas quitté Moscou, mais nous nous consolons avec la parure d’or massif et de pierres précieuses que lui offrit Boris Godounov en 1754 (245), et avec l’immense saint Jean-Baptiste (3,15 m de haut, une des plus grandes icônes au monde).

La présentation spectaculaire de la grande iconostase du monastère Saint-Cyrille du Lac Blanc (n°171 à 174, 2 m de haut) permet de

comprendre la disposition obligée des icônes. À gauche, la Nativité de la Vierge (172 a) est un bijou, tout en bleu lapis, écarlate et vert émeraude.

La fin du Moyen Âge est aussi l’âge d’or des manuscrits, où le lapis-lazuli et la malachite colo-rent les images d’enlumineurs géniaux : Évangéliaire de la Sija (158), Psautier de Kiev (159), Évangéliaire du monastère Saint-andronic (162).

au XVIe siècle, Ivan le terrible est le premier à être couronné empereur en 1547, et il fonde le patriarcat de Moscou en 1589. L’alliance du trône impérial et du patriarcat se fait sur le modèle de Constantinople. Michel Ier, en 1613, est le premier tsar de la dynastie Romanov – la dernière dynastie russe.

Les dernières icônes, aux XVIIe-XVIIIe siècles, sont occidenta-lisées dans le style européen, ce qui

ne leur enlève ni beauté esthétique ni rectitude théologique. Les iconographes d’aujourd’hui sont très stricts sur le respect des canons byzantins et affirment que ces icônes tardives ne sont que des tableaux religieux. En tout cas en Europe de l’Est, elles sont l’objet de la même vénération par le peuple.

L’exposition se termine sur la fabuleuse maquette en bois de tilleul et plomb, en elle-même une œuvre d’art, du monastère féminin

30 FRANCECatholique n°3210 30 avril 2010

Pour comprendre les œuvres exposées :abécédaire de l’art orthodoxe russeL’Anastasis (« résurrection » en grec) est l’icône de la Descente du Christ aux enfers (126), représentation préférée par l’Église orthodoxe au Christ sortant du tombeau.Assiste : des hachures ou rayons dorés soulignant les plis en éventail des vêtements du Christ transfiguré, ressuscité ou en gloire, de la Mère de Dieu ou de certains saints.La Déisis (« supplication » en grec), un des thèmes les plus récurrents de l’art byzantin, c’est la Mère de Dieu et saint Jean-Baptiste encadrant le Christ et intercédant auprès de lui pour le genre humain (87). Ils peuvent eux-mêmes être encadrés des archanges Michel et Gabriel, et encore plus à l’extérieur par des apôtres. Les personnages peuvent y être figurés en tête, en buste ou en pied. C’est une des versions orientales du Jugement dernier, elle occupe la place principale dans l’iconostase russe.L’Échelle des vertus ou Échelle du Paradis est un livre écrit au VIIe siècle par saint Jean Climaque (105), du monastère Sainte-Catherine au Sinaï, sur les degrés de la progression dans la vie spirituelle, et illustré par de nombreuses fresques, icônes et enlumi-nures (164, 241).L’encolpion est un reliquaire porté sur la poitrine comme un pendentif (120).L’épitaphios (« sur le tombeau » en grec) inventé au XIVe siècle, est au cœur de la Semaine Sainte orthodoxe. En soie rebrodée de fils de soie, d’or et d’argent, il représente le Christ au tombeau. Aux vêpres du Vendredi Saint, où l’on célèbre l’Enterrement du Christ et non le Chemin de Croix comme chez les catholiques latins, il est porté en procession, couvert de fleurs, jusqu’au milieu de l’église où les fidèles viennent le vénérer. Aux matines de Pâques, à l’entrée solennelle des Évangiles, il est porté sur l’autel où il restera tout le temps pascal (148, 286).L’épitrachélion est l’étole orthodoxe, dont les deux pans ne sont pas séparés comme dans l’église latine, mais rappro-chés et réunis par des boutons (147).L’étimasie est le trône vide du Christ qui attend son retour à la fin des temps pour juger les vivants et les morts ; il est repré-senté sur le Jugement dernier.L’Hymne Acathiste (akathistos = non assis, c’est-à-dire debout) à la Mère de Dieu, composé au Ve siècle à Constantinople par Romanos le Mélode (169), est un chef-d’œuvre de poésie théologique et spirituelle embrassant toute l’Incarnation et la Rédemption. Chaque verset commence par « Réjouis-toi », et chacune des 24 stances s’achève par « Réjouis-toi, épouse inépousée ». Il est chanté lors des fêtes de la Vierge, et illustré par fresques et icônes (218).Le klobouk (« coiffe », lointain dérivé de la cuculle des moines coptes d’Égypte) est la coiffure, noire ou brodée (264), des métropolites (arche-vêques orthodoxes), blanche des patriarches de Moscou (et aujourd’hui aussi de Bucarest).

Icône : saint Georges terrassant le dragon,Novgorod, deuxième quart du XVe siècle.

Peinture à la tempera sur bois.

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de la Résurrection à Saint-Petersbourg, construit dans les années 1750 par le Napolitain Rastrelli. On ne peut imaginer plus saisissante synthèse entre l’architecture orthodoxe et le baroque ita-lien.

Pour finir, sachez que cette exposition est vaste et très riche, entre deux et trois heures sont nécessaires pour la visiter. Les files d’attente sont longues : venez soit pour l’ouverture à 9h, soit après 17h30. ■

L’oklad est le revêtement en métal précieux et pierreries d’une icône parti-culièrement vénérée (245).La panaghia (« toute sainte » en grec) est une médaille pectorale repré-sentant la Vierge et contenant souvent des reliques, portée par les évêques. Celle de Théodosie, fille du tsar Féodor en 1592, est en or orné d’éme-raudes, beryls, perles et rubis, et d’un fabuleux camée en sardoine figurant la Transfiguration (243).Le panaghiarion est la patène qui contient un morceau de pain offert symboliquement à la Mère de Dieu par les moines et évêques à la fin des repas et à l’office de matines. Celui de Novgorod de 1435 (122) mêle des motifs gothiques et romans occidentaux (les anges-atlantes agenouillés sur des lions).La péléna, tissu brodé de soie, d’or et d’argent, est suspendue sous une icône. Celle de l’apparition de la Vierge à saint Serge (206), très colorée sur fond de velours incarnat avec beaucoup d’or et de perles, est de 1524, celle de l’apparition de la Vierge à saint Cyrille (175) de 1620, dans des camaïeux d’argent délicats.Le pokrov (« voile ») est une image de saint peinte ou brodée sur tissu grandeur nature, dont on recouvre ses reliques dans son tombeau, comme un linceul. Celui de saint Alexandre Nevski (98), héros national du Moyen Âge russe et défenseur de l’orthodoxie (1220-1263), date de 1675, est entièrement brodé de fils d’argent et de soie argentée et rayonne d’une beauté sauvage et hiératique. Celui de saint Serge de Radonège (n° 265) est de 1671. La fête de Pokrov, de l’Intercession ou Protection de la Mère de Dieu, insti-tuée au XIIIe siècle par le prince de Vladimir et Souzdal, est propre au calendrier russe. Sur l’icône qui l’illustre (169), la Vierge entou-rée de saints étend son voile protecteur sur les fidèles.Les portes royales sont les vantaux centraux de l’iconostase qui donne accès à l’autel. Elles ne peuvent être franchies que par des prêtres ou diacres en ornements liturgiques, sinon ils passent par les portes latérales. Leur iconographie est « despo-tique » c’est-à-dire ne peut pas varier : l’Annonciation encadrée par les quatre évangélistes (114).La synaxe (« réunion » en grec) des archanges montre deux archanges ou plus (les orthodoxes ont conservé les sept archanges cités dans la Bible) autour du Christ ou de la Vierge, ou autour d’un cercle figurant le monde où apparaît le Christ adolescent Emmanuel (101).Tabletki (« tablettes ») : petites icônes double face peinte sur une toile rigidi-fiée par l’application d’enduit. Elles forment toujours un ensemble des fêtes du calendrier et des saints de l’année. Dans les églises orthodoxes, on les place, selon le calendrier liturgique, sur un pupitre devant l’iconostase, où elles sont offertes à la vénération de tous les fidèles qui viennent les embrasser.La Vierge Éléoussia ou Vierge de tendresse montre l’Enfant de la main, à qui doivent, et non à elle, s’adresser les prières. La différence avec la Vierge Hodigitria (« qui montre le chemin », 146) est que l’Enfant l’em-brasse. La plus illustre est la Vierge de Vladimir (23). Contrairement aux icônes coptes d’Égypte - l’origine de l’art byzantin -, il n’est pas interdit de mettre l’Enfant à dextre de l’icône c’est-à-dire à gauche pour le spectateur, alors que dans les premières icônes il fallait que ce soit l’Enfant qui mette sa Mère à Sa droite (donc l’Enfant à droite pour nous).La Vierge du signe fait référence à la prophétie d’Isaïe, chapitre 7 : « C’est le Seigneur lui-même qui va vous donner un signe, maison de David. La jeune fille est enceinte et va enfanter un fils qu’elle appellera Emmanuel ». C’est la Vierge orante en buste, les mains levées, portant l’image de l’Enfant Jésus sur son sein (71, 211). ■

FRANCECatholique n°3210 30 avril 2010 31

Icône : Vierge de Tolga, Iaroslav ou Rostov (?),fin du XIIIe siècle.

Peinture à la tempera sur bois de tilleul.

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Solvytchegodsk,atelier des Stroganov,

1670-1680.Satin, toile, fils de soie

d’or et d’argent.

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« Missel » (Sloujebnik) de Barlaam de Khoutyn,

Rous’kiévienne(Galicie-Volhynie ?),

fin du XIIe-XIIIe siècle.Parchemin, Moscou.

« Sainte Russie, l’art russe des origines à Pierre le Grand », au Musée du Louvre, Hall Napoléon, à Paris, jusqu'au 24 mai, tous les jours, sauf mardi, (9h-18h, mercredis et ven-dredis jusqu’à 22h). Tél. : 01.40.20.53.17. www.louvre.fr Magnifique catalogue, 49 e.

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LIVRES■ Le dîner surpriseAstrid Desbordes,Albin Michel, 44 pages, 10 €.

La poule a invité le renard, l'écureuil et la sou-ris à partager son dîner. Mais le loup s'invite et tout est chamboulé. Un petit format très soigné, des illustrations naïves et faciles à décrypter.

À partir de 4 ans

■ Le Livre de La nuitRotraut Susanne Berner,La Joie de Lire, 16 pages, 14,50 €.

Dans ce grand livre sans texte, les illustra-tions fourmillent de détails. Nous pouvons suivre plusieurs histoires parallèles. Par exemple les chats, plus nombreux à chaque page, le cambrioleur avec sa lampe de poche, les promeneurs ou le cycliste qui roule sans feu. Un bon moyen de faire parler un enfant et de chercher avec lui ce qui se passe.

À partir de 6 ans

■ armeLine fourchedrueQuentin Blake,Gallimard, 35 pages, 4,80 €.

Avec des illustrations modernes et pleines d'humour, Quentin Blake nous raconte l'histoire d'une vieille dame fantaisiste qui bricole son vélo. Ses inventions sont toujours originales et la fin très drôle. À partir de 6 ans

■ sophie et Le reLieurHideko Ise,Seuil Jeunesse, 60 pages, 15 €.

Bel album qui montre les étapes de la reliure d'un livre, à travers une histoire toute simple. Les illustrations sont ravissantes. Vient de paraître un nouvel album du même auteur, cette fois sur le thème du jardin des plantes, Kimiko et le Botaniste. À partir de 8 ans

■ resurrexi !Joëlle d'Abbadie,Éditions du Triomphe, 68 pages, 22 €.

Encore une fois, Joëlle d'Abbadie nous réjouit par un album magnifique. La famille de la petite Marcotte se rend dans une abbaye pour la Semaine sainte. C'est là que son saint patron, Marc, prend en charge Marcotte et évoque pour elle la Semaine sainte à Jérusalem. Grâce à ces va-et-vient entre le temps de Jésus et le temps présent, Marcotte comprend bien le sens des cérémonies religieuses de la Semaine sainte.

À partir de 8 ans

■ histoires d'eauOlivier Soury,Fleurus, 80 pages, 15,95 €.

Dans ce documentaire illustré de magnifiques photos, on trouve tout ce qui se rapporte à l'eau. De la chimie et du cycle de l'eau jusqu'à sa consomma-tion et les problèmes que posent sa répartition sur la planète sans oublier la pollution.

Chaque sujet est fouillé, présenté sur une double page attrayante, menant l'enfant à s'interroger sur notre façon d'utiliser l'eau. Un DVD est joint au livre qui présente les richesses de la faune et de la flore tout au long du fleuve Amazone : un régal pour les yeux ! À partir de 10 ans

■ Jean mouLin, héros de La résistanceBertrand Solet,Oskar, 98 pages, 7,95 €.

Une biographie du célèbre préfet d'Eure-et-Loire. Facile à lire, accompagné de témoignages poignants, sans être trop dur, ce livre intéressera les enfants avides de connaître notre histoire. Une réserve cependant, la figure du Maréchal Pétain n'est pas historique… À partir de 10 ans

■ charLes vi Le bien-aiméMarie-Claude Monchaux,Téqui, 64 pages, 8 €.

Charles VI régna au moment de la fameuse guerre de Cent Ans. On ignore souvent quelle était la vie quotidienne des enfants dans les siècles passés, et à plus forte raison en cette fin du Moyen Âge. L'auteur rend ici accessible aux plus jeunes la biographie d'un roi dont l'histoire est souvent survolée à l'école. Par des détails concrets, comme ses jouets ou encore la façon dont il étudiait, la vie de ce personnage histo-rique devient vivante. Une façon de rendre inté-ressante l'histoire de notre pays.

À partir de 10 ans

■ héLène berr, Le JournaLHélène Berr,Points, 239 pages, 7 €.

Une jeune juive, d'un milieu aisé, vit à Paris pendant la guerre. Par son journal, on découvre l'âme d'une poétesse qui s'émerveille devant la beauté de la nature. Mais peu à peu la réflexion s'approfondit sur le courage et le sens de la vie. Un témoignage poignant. Une édition abrégée, accompagnée d'un dossier pédagogique s'adresse spécifiquement à un public plus jeune. Mais il vaut peut-être mieux attendre et lire le texte en version intégrale. À partir de 18 ans

seLection

Livrespour enfants

par Christèle Hubert

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Quand une comédie rencontre son public (plus de cinq millions de spectateurs !), il est normal que

les auteurs en fassent une suite. Tandis que les habitués s’apprêtent à

par tir pour leur mois de vacances au cam ping des Flots Bleus, Jean-Pierre Savelli, modeste employé d’une compa-gnie d’assurances de Cler mont-Ferrand, se fait larguer par sa fiancée, à la veille du départ. Affolé, cet homme qui aime bien tout planifier, ne sait plus quoi faire. C’est ainsi qu’il arrive au camping, avec sa fillette. Pour sa malchance, la première personne qu’il rencontre se trouve être Patrick Chirac, qui se prend d’amitié pour lui. Bien sûr, il ne faut pas s’attendre à voir le chef-d’œuvre de l’année. Mais on peut se laisser aller à regarder cette

comédie bon enfant, aux gags, certes téléphonés et souvent lourds, mais effi-caces. On ne peut s’empêcher de rire devant cette satire des Français moyens, tant la bonne humeur des personnages est communicative. Car, si Fabien Onteniente égratigne ces beaufs, il le fait avec beau-coup de gentillesse et de tendresse, et il parvient à les rendre très attachants. L’interprétation, plus fine que dans le premier volet, est pour beaucoup dans le plaisir que l’on prend à regarder cette comédie sans prétention.

Les personnages existent da van-tage que dans le précédent film, et leurs relations sont un peu plus fouil lées. C’est ainsi que l’usure du couple Ga tineau trouve une issue positive, tandis que le héros, Patrick Chirac, finit par émouvoir, tant il est gentil et tourné vers les autres. Quelques grossièretés. ■

Camping 2. Comédie française (2010) de Fabien Onteniente, avec Franck Dubosc (Patrick Chirac), Richard Anconina (Jean-Pierre Savelli), Mathilde Seigner (Sophie Gatineau), Antoine Duléry (Paul Gatineau), Claude Brasseur (Pic), Mylène Demongeot (Laurette Pic), Chris-tine Citti (1h39). (Adolescents.) Sortie le 21 avril 2010.

MammuthLorsque Serge Pilardosse, dit Mammuth, prend sa retraite à 60 ans, il se rend compte qu’il n’a pas le nombre suffisant de points, car plusieurs de ses anciens patrons ont omis de le déclarer. Gustave Kervern et Benoît Delépine signent une comédie sociale grinçante qui brosse le portrait des petits et des sans-grades. Ce road-movie original est émaillé de scènes émouvantes ou amusantes. Pourtant, le plus souvent, on s’ennuie ferme. Gérard Depardieu est épatant en vieil anar, et il est entouré d’une bande d’excellents comédiens. Mais ce n’est pas suffisant pour oublier une qualité d’image glauque et une histoire qui se traîne. Si le héros s’ouvre aux autres au cours de son voyage, il y a beaucoup de trivialités et une scène suggestive dans cette histoire peu palpitante.

Comédie française (2009) de Gustave Kervern et Benoît Delépine, avec Gérard Depardieu (Mammuth), Yolande Moreau (Catherine), Anna Mouglalis, Isabelle Adjani, Benoît Poelvoorde... (Adultes.) Sortie le 21 avril 2010.

GreenbergFlorence travaille chez les Greenberg, en tant qu’aide ménagère. Lorsqu’ils partent en voyage au Vietnam, ils laissent à Florence le soin de veiller sur la maison. Noah Baumbach signe un film atypique, mais partiellement réussi. Ce portrait d’un paumé dépressif est souvent ré jouissant, même si le héros est tête à claques. Certaines scènes sont amusantes, tandis que d’autres finissent par agacer, tant les personnages sont bavards. Ben Stiller est sensationnel dans son rôle, avec un jeu très nuancé. Mais la révélation de ce film est la jeune Greta Gerwig, éton-nante de justesse et de maturité. Si le héros est touchant dans son désir de trouver un équilibre dans sa vie, celle-ci est chaotique (drogue, alcool, avor-tement, etc.). Une scène érotique très crue.

Comédie américaine (2009) de Noah Baumbach, avec Ben Stiller (Roger Greenberg), Greta Gerwig (Florence Marr), Rhys Ifans (1h45). (Adultes avec des éléments nocifs.) Sortie le 28 avril 2010.

CINÉMA

LibertéIls ont toujours été comme les cinq doigts de la main. Mais, depuis quelques temps, les frères Hayoun ne sont plus que quatre, car David, le mauvais garçon de la famille, ne donne plus signe de vie. Alexandre Arcady est à son affaire avec cette histoire de fratrie unie autour de sa mère. Dans la première partie, on retrouve l’atmosphère chaleureuse

et joyeuse de ces fêtes familiales juives, avec cet humour si particulier. C’est rythmé, enle-vé, amusant et superbement interprété, en particulier par Françoise Fabian, royale en mère juive toujours soucieuse du bien-être de ses petits. Malheureusement, la seconde partie, plus policière, verse dans l’invraisemblance et la lourdeur, avec un final totalement ridicule. Il est rare que le cinéma célèbre, avec autant de chaleur et d’humour, les joies de la fa mil le. Mais ce sens de la solidarité pousse les uns et les autres à la violence et au crime.Policier français (2010) de Alexandre Arcady, avec Patrick Bruel (Dan Hayoun), Vincent Elbaz (David Hayoun), Pascal Elbé (Jonathan Hayoun), Éric Caravaca (Julien Hayoun), Mathieu Delarive, Françoise, Amidou (1h57). (Grands adolescents.) Sortie le 28 avril 2010.

La fine équipe de « Camping » revient pour de nouvelles aventures.

Camping, le retourpar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Une comédie bon enfant, aux gags souvent lourds, mais efficaces(

FRANCECatholique n°3210 30 avril 2010 33

CAMpING 2

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Une des interprète de cette pièce (Hélène Vincent, qui joue le personnage d'Alexandra David-Néel) est finaliste pour le Molière de la meilleure comé-dienne, ce qui donne une idée de la

qualité de l'interprétation. On a un vrai tandem de comédiennes qui va, peu à peu, passer des duels comiques au duo affectif. On admire com-bien Hélène Vincent est crédible dans ses propos comme ses emportements ou ses claudications jusqu'à la dernière seconde. Et on réalise com-bien elle n'existerait pas sans les renvois de balle discrets au début puis de plus en plus appuyés de son souffre-douleur attentif, mais pas passive…

La pièce présente le personnage sous un jour inattendu, légèrement iconoclaste. Celle que les Tibétains considéraient comme une sainte et qui était pétrie de bouddhisme n'avait sans doute pas réussi à assimiler tous les enseigne-ments qu'elle transmettait. Car si la relation entre le rouleau compresseur caractériel qu'est devenue l'exploratrice et le moustique qu'est sa jeune gouvernante est manifestement déséqui-librée, elle n'en illustre pas moins la fable de La Fontaine « Le lion et le rat ».

Quand Alexandra David-Néel prend Marie-Madeleine Peyronnet, une jeune pied-noir reve-nue en métropole, à son service, elle vient de perdre son fils adoptif. Leur vie commune et orageuse durera plus de dix ans. C'est l'évolution de ces deux forts caractères qui est ici dessinée.

Et il est clair que la jeune fille, fugueuse par indifférence de sa mère, devenue femme explo-ratrice par infidélité de son mari a plus été en quête d'elle-même qu'en apprentissage d'une

spiritualité. Par moments, on frise la carica-ture tant le fossé est grand entre des passions toujours prêtes à se rallumer et l'enseignement bouddhiste dont elle se réclame. C'est cette contradiction permanente entre ses aspirations et ses comportements qui nous rend proche et humaine ce roc d'exception. Jusque dans son féminisme, on sent une dose de sentimentalisme lucide qui vient contredire ses revendications, et la rend d'autant plus attachante.

Enfin, et d'une façon plus large, cette pièce dit beaucoup de choses justes au sujet de la relation entre une personne âgée et celle qui la soigne. À travers un exemple, c'est en effet toute une condition qui est ici explorée. Celle du face-à-face entre une personne qui n'est plus, après avoir été, et une autre, qui sort des incertitudes de l'inexpérience et va acquérir de plus en plus d'emprise sur son aînée.

L'évolution qui est ici montrée est à la fois réaliste et positive, car aucune des deux ne subordonne longtemps l'autre dans un état de dépendance. En cela, elle montre qu'avec l'in-telligence du cœur on peut brider des blessures même profondément ancrées. De ce point de vue cette pièce délivre une jolie note d'espoir. n

théâtre

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« Alexandra David-Néel, mon Tibet », de Michel Lengliney.Avec Hélène Vincent et Émilie Dequenne.Au théâtre du Petit Montparnasse, 31, rue de la Gaîté, 75014 Paris, tél. : 01.43.22.77.74, jusqu'au 15 mai.

Il y a un moment où les personnalités les plus écrasantes doivent rendre les armes, trahies par leur corps. C'est cette période de la vie d'Alexandra David-Néel qui est explorée parcette pièce exceptionnelle.

L'évolution qui est ici montrée est à la fois réaliste et positive

« AlexAndrA dAvid-néel, mon tibet »par Pierre François

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orages

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La fin de la vie fait tellement peur à nos sociétés occidentales qu’elle est occultée. Rares sont les œuvres

qui osent la regarder en face. Dimitri rejoint La Maison, un lieu

où sont accueillis des malades sans espoir de guérison. Sa première réac-tion est de s'en aller, mais il est frappé par la présence de Suzanne, une jeune femme toujours prête à s'occuper des gens avec le sourire. Un jour, sous la pluie, Suzan ne retrouve Dimitri qui s'enfuit : elle l'ai dera à revenir. Alors Dimitri découvre peu à peu, parmi les malades, des dra mes, des angoisses, mais aussi une joie de vivre. La mort n'est plus un tabou, elle devient une visiteuse régulière qui ne fait plus peur. C'est un livre de Marie de Hen nezel sur les soins palliatifs qui a servi de point de départ au scénario.

À tra vers la relation entre Dimitri et Su zan ne, c'est le problème des derniers ins tants de la vie qui est posé, et de fa çon positive, car à La Maison un per sonnel dévoué fait de son mieux pour rendre heureux les malades. Sans excès de sentimentalisme, mais avec parfois des moments très drôles ou très cruels, l'amour de Dimitri et de Suzanne prend la forme de la tendresse, et cela suffit pour construire leur solidarité devant la mort. Avec beaucoup de subtilité et de tact, Jean-Pierre Améris bâtit son histoire sur le fil du rasoir. À côté d'un groupe de vrais malades, le couple Du tronc/Bonnaire fait des merveilles.

Malgré l'absence - sauf quel-ques allusions - de références religieuses (voulue par Jean-Pierre Améris, qui laisse ouverte aux spectateurs la question de l'au-delà), cette œuvre passe du déses-poir à la lumière de l'amour et du don de soi. Un magnifique hymne à la vie ! ■

C’est la vie. Drame français (2001) de Jean-Pierre Ameris, avec Jacques Dutronc (Dimitri ), Sandrine Bonnaire (Suzanne), Emmanuelle Riva (Dominique), Jacques Spiesser (Jean-Louis ), Annie Gregorio (1h48). Dimanche 2 mai, sur TF1, à 02h50.

George et Fanchette

Pendant l’été 1846, à Nohant, George Sand, qui a des relations houleuses avec sa fille, accueille chez elle Fanchette, une petite paysanne en mal d’amour maternel. Il est dommage que le début peine un peu à démarrer, car cette histoire, très librement adaptée de la vie de l’écrivain, est attachante. La reconstitution de l’époque est bien faite, et l’interprétation, dominée par une Ariane Ascaride épatante et une Anaïs Demoustier déterminée, est sensationnelle. Cette jolie relation maternelle entre l’écrivain et une jeune fille inculte est très émouvante.Téléfilm français (2010) de Jean-Daniel Verhaeghe, avec Ariane Ascaride (George Sand), Philippe Chevallier (Gustave Papet), Anaïs Demoustier (Fanchette), Raphaël Personnaz, Françoise Gillard. Diffusion le samedi 1er mai, sur France 3, à 20h35.

L’heure zéroGuillaume de Neuville vient passer quelques jours de vacances chez sa riche et excentrique tante Camilla Tressilian. Pascal Thomas signe une excellente adaptation du roman d'Agatha Christie. Dans les décors intemporels et superbes d'un vieux manoir breton, face à une mer sombre et agitée, les personnages de cette brillante intrigue sont secoués de désirs, de haines, de jalousies, etc. Chacun est un suspect potentiel, et la romancière s'est amusée à brouiller les pistes. Le cinéaste recrée bien l'atmosphère mystérieuse et oppressante du roman, aidé par une brochette d'excellents comédiens. Danielle Darrieux est toujours aussi belle et piquante, tandis que Laura Smet, agaçante à souhait, fait preuve d'une énergie magnifique. Comme dans tout policier, il y a des per -sonnages peu recommandables, mais la vé rité finit par triompher. Un bref flash sensuel.Policier français (2007) de Pascal Thomas, avec François Morel (le commissaire Martin Bataille), Danielle Darrieux (Camilla Tressilian), Melvil Poupaud, Laura Smet (1h47). Diffusion le dimanche 2 mai, sur France 2, à 20h35.

TÉLÉVISION

Grand format «Sainte-Anne, hôpital psychiatrique»Une femme, à l’apparence soignée, proclame sa bonne santé mentale et promet mille maux au personnel en blouse blanche qui l’entoure : nous sommes dans un des bâtiments de Sainte-Anne, à Paris, un des hôpitaux psychiatriques les plus connus de l’hexagone. Voilà un documentaire comme on les aime.

La caméra n’est pas voyeuse, elle se faufile à travers les couloirs et les chambres, reste toujours à la bonne distance pour ne pas déranger, elle capte la réalité et n’essaie pas de la transformer. Si le réalisateur n’évite pas les images fortes, il n’en abuse pas non plus. Et son sens des cadrages donne à cette œuvre une véritable qualité artistique. Mais le point de vue du réalisateur est de ne pas en avoir, alors que ce film pose beaucoup de questions, sans apporter de réponses. Après l’antipsychiatrie de l’après 68, sommes-nous revenus au chimiquement correct ? Qu’appelle-t-on guérison ? Le téléspectateur reste sur sa faim. Françoise MaupinDocumentaire français (2010) de llan Klipper (1h280). Diffusion le vendredi 7 mai, sur Arte, à 22h55.

Ce film poignant parle d’amour et de fin de vie, avec finesse et humour.

C’est la vie par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Cette œuvre passe du désespoir à la lumière de l'amour et du don de soi(

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TF120.45 Les 100 plus grands «Les 100 plus grandes… perles des jeux télé». Divertissement présenté par Christophe Dechavanne et San-drine Quétier.23.40 New York, unité spéciale. Série avec Christopher Meloni 3.France 220.35 Coupe de France de foot-ball «Finale : AS Monaco/PSG», en direct du Stade de France.22.55 On n’est pas couché. Magazine présenté par Laurent Ruquier.France 320.35 George et Fanchette (1/2) J. Téléfilm de Jean-Daniel Verhaeghe, avec Ariane Ascaride, Philippe Chevallier, Anaïs Demoustier, Raphaël Personnaz, Alexis Loret. (Voir notre analyse page 35)22.25 Inspecteur Barnaby «Fusillé à l’aube». Série avec John Nettles 2.Arte

20.40 L’aventure humaine «Le bateau perdu de Barbe-Noire» J. Une quête bien menée avec d’intéressantes illustrations.22.20 Face au crime (3 et 4/10) A/Ø. Série avec Max Riemelt. C’est prenant, mais vio-lent et complaisant.00.00 Metropolis.M620.40 Les bleus, premiers pas dans la police : «Un voisin encombrant», «Faillite collective» GA. Série avec Clémentine Célarié, Élodie Yung, Nicolas Gob, Raphaël Lenglet 2. Cette nouvelle saison est rythmée et très amu-sante, malgré des fausses notes.22.40 Les bleus, premiers pas dans la police (1, 2 et 3/12) A. Série avec Élodie Yung, Nicolas Gob, Raphaël Lenglet. Les premiers épisodes de cette série sont très amusants, mais il y a quelques scènes sensuelles.Canal +20.50 Obsessed. Drame (2009) de Steve Shill avec Idris Elba, Beyon-cé Knowles, Ali Larter (1h49) 2. KTO20.45 VIP «Alexandre Tharaud». Ren con tre avec un pianiste.21.45 Mille questions à la foi «Le travail est-il une punition divine ?».22.15 Concert «Petite messe solennelle» de Rossini.

télévision

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TF120.45 Les experts : «Bas les masques», «L’odyssée de l’espace», «La tête et les jambes». Série avec Marg Helgenberger 2.23.15 Peur bleue GA. Aventures (1999) de Renny Harlin, avec Tho-mas Jane, Samuel L. Jackson, Saf-fran Burrows (1h44) 3. Bien fait, mais très violent.02.50 C’est la vie GA. Drame (2001) de J.-P. Améris, avec Jac ques Du tronc, Sandrine Bonnaire (1h48). (Voir notre analyse page 35)France 2

20.35 L’heure zéro GA. Policier (2007) de P. Thomas, avec François Morel, Danielle Darrieux (1h44). (Voir notre analyse page 35)22.20 Faites entrer l’accusé «Jacquy Haddouche, au hasard du crime». Magazine 2.France 320.35 Les grands hommes du petit écran (2/2). Documentaire.22.50 Histoire des voyages pré-sidentiels. Documentaire.00.05 L’homme qui en savait trop GA. Policier en NB (1934) de Alfred Hitchcock, avec Leslie Banks (1h24). Un excellent policier.ArteLe courage au temps de la peur20.40 Au revoir les enfants J. Drame (1987) de Louis Malle, avec Gaspard Manesse, Raphaël Fetjö (1h42). Un film bou-leversant sur l'histoire, à peine romancée, du Père Jacques, du collège d'Avon.22.25 Le neuvième jour GA. Drame (2004) de Volker Schlön-dorff, avec Ulrich Matthes (1h31). Magnifique.M620.40 Zone interdite «Drôle, gla-mour et sexy : Les nouveaux codes de la séduction». Magazine.22.45 Enquête exclusive «SDF, prostitués, milliardaires : Les des-sous du Bois de Boulogne». Canal +21.00 Football «Montpellier/Lyon».KTO09.45 Visite de Benoît XVI à Turin (Messe à 16h30)21.00 La foi prise au mot «Saint-Suaire».22.00 L’homme des douleurs «Le suaire de Turin».23.00 Les mardis des Bernardins.

TF1

20.45 Vidocq «Le masque et la plume» J. Téléfilm avec Bruno Madinier, Gérald Laroche, Julie Debazac, Arthur Jugnot, Frédéric Van den Driessche. Sym-pathique et bien fait, mais man-quant de souffle et de rythme.

22.25 Esprits criminels. Série avec Joe Mantegna 3.00.55 Au Field de la nuit, avec V. de Clausade, Charlotte Marin, Alix Girod de l'Ain, Benoîte Groult, A. Cabana.France 220.35 The closer : «Le prix du sang», «Ruban rouge» GA.

Série avec Kyra Sedgwick, J.K. Simmons. Suspense et humour sont au programme.22.05 Complément d’enquête «Riches, fonctionnaires, ministres : La fin des privilèges ?». Magazine présenté par Benoît Duquesne.France 320.35 Hors-série «Des femmes dans la dépendance : Comment sortir d’une addiction ?» J. C’est émouvant, mais positif.22.55 Ce soir (ou jamais). 00.10 La case de l’oncle Doc «Plan social ! Et après ?». Arte20.35 Le juge et l’assassin GA. Drame (1976) de Bertrand Taver-nier, avec Philippe Noiret, Michel Galabru, Isabelle Huppert (2h01). Ce film très brillant, est très anarchiste et fustige clergé, armée et autorité.22.35 Alain Plater «Pitié à Kinshasa».00.10 Horizons lointains «Lis-bonne».M620.40 Espace détente A/Ø. Comédie (2004) de et avec Bruno Solo et Yvan Le Bolloc’h (1h38). Affligeant et érotique.22.30 Caméra café «La nuit la plus corsée». Série avec Bruno Solo.Canal +20.50 Engrenages (1 et 2/12) A/Ø. Série avec Caroline Proust, Grégory Fitoussi 3. Excellent, mais affreux et malsain, avec une scène peu discrète, dans le premier épisode.KTO20.40 Voyage dans la symbolique romane. 21.45 Un cœur qui écoute «Consolation».22.20 L’esprit des lettres.

TF120.45 Dr. House : «Quand le doute s’installe», «House divisé», «Les symptômes de Rebecca Adler», «Cherchez l’erreur A/Ø». Série avec Hugh Laurie 2. Des épisodes très réussis et pleins d’humour, mais le dernier est illustré d’une scène érotique.23.55 Columbo «Candidat au crime». Série avec Peter Falk.France 220.35 Au cœur de la gendarmerie. Magazine présenté par Michel Drucker, avec Véronique Genest, David Hallyday, Natasha St-Pier, Hugues Aufray, Julie Zenatti, Na thalie Simon, Stéphane Bern, etc.22.55 Les infiltrés «Prostitution : Les mafias du Net». Magazine présenté par David Pujadas.France 320.35 Louis la brocante «Louis remonte le temps» J. Téléfilm avec Victor Lanoux, Évelyne Buyle, Micheline Dax, Nadia Barentin. Sympathique et émou-vant, mais truffé de longueurs.22.40 Ce soir (ou jamais). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.23.55 Vie privée, vie publique «Bernard Giraudeau et Chico Bou-chikhi». Magazine.ArteCrimes d’inceste20.35 Inceste «Familles empoi-sonnées» A. Des témoi-gnages poignants qui forcent le respect. Mais c’est affreux.21.20 Coupables d’inceste A. Intéressant, mais terrible.21.50 Débat.22.25 Face au crime (5 et 6/10). Série avec Max Riemelt. M620.40 Pékin Express, la route du bout du monde «Dans la ville fantôme d’Humberstone». Canal +

20.50 Frost/Nixon, l’heure de vérité J. Drame (2007) de Ron Howard, avec Michael Sheen, Frank Langella (1h57). C’est passionnant et remarqua-blement interprété.KTO20.40 Les mardis des Bernardins «L’abstraction, quelle expérience aujourd’hui ?», avec Claire-Jeanne Jézéquel, Marcella Lista, Emmanuel Van der Meulen.21.45 Église du monde.22.20 VIP «Alexandre Tharaud».

samedi 1er mai Dimanche 2 mai lundi 3 mai Mardi 4 mai

émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses boud-dhistes», «Islam», «Source de vie», «Présence protes-tante», «Kairos» - 10h45 Messe en l'église Notre-Dame de Stockel, à Woluwé-Saint-Pierre (Belgique) - 11h30 Le jour du Seigneur «Agir, com-prendre, partager».

TF1

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télévision

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sur France 3Mercredi 5 mai à 20h35Vu du ciel J Comme dans les précé-dents épisodes, Yann Arthus-Bertrand n'a pas son pareil pour donner à admirer des images somptueuses de la Terre vue du ciel. Mais, fidèle à ses combats, il dresse un état des lieux alar-mant sur les ravages causés par l'homme et tire une salutaire sonnette d'alarme. Car c'est dans la main des consommateurs que se trouve la solution. Comme le disait Théodore Monod, dont la phrase sert de conclusion à ce beau documentaire, «On a tout essayé... sauf l'amour ».

TF120.45 Esprits criminels : «Pro-messe tenue», «Les ombres du passé», «Sentences sans appel». Série avec Joe Mantegna 2.23.00 Lost «Les disparus». Série avec Matthew Fox 2.France 220.35 La cour des grands : «Margot», «Lorenzo», «Noé» GA. Série avec Thierry Desroses, Salo-mé Stévenin, Fabienne Perineau, Caroline Mouton. Moins réussie que la précédente, cette nouvelle saison est prenante, mais un peu trop larmoyante.23.05 L’objet du scandale. Magazine de Guillaume Durand.France 3

20.35 Vu du ciel «La mer a besoin de nous comme nous avons besoin de la mer» J. (Voir notre analyse ci-contre)22.50 Ce soir (ou jamais). Arte20.35 Les mercredis de l’his-toire «Dissidents, les artisans de la liberté» GA. Intéressant et bien fait, mais pas très nouveau.22.15 Le dessous des cartes «L’Internet est-il géopolitique ?».22.30 Madame de… GA. Drame en NB (1953) de Max Ophüls, d’après Louise de Vilmorin, avec Danielle Darrieux, Charles Boyer, Vittorio De Sica (1h40). Cette adaptation d'un charmant roman de Louise de Vilmorin, a été transfigurée par une mise en scène aérienne et brillante. M620.40 Nouvelle star. Divertisse-ment présenté par V. Guilhaume, avec Lio, Philippe Manœuvre, André Manoukian et Marco Prince.Canal +20.50 Quelque chose à te dire A. Comédie (2009) de Cécile Telerman, avec Mathilde Seigner, Olivier Marchal (1h37) 2. Malgré des maladresses, on se laisse prendre à ces dialogues brillants. Mais la morale est bien égratignée (images à l’appui !).KTO20.40 Pierre-Marie Théas, un évêque face au XXe siècle. Portrait d’un des premiers Fran-çais déclaré Juste des Nations.21.45 La famille en questions «Préparer sa confirmation ?».22.20 La foi prise au mot «Saint Suaire».

TF120.45 Koh-Lanta, le choc des héros. Divertissement présenté par Denis Brogniart.22.10 L’amour est aveugle. Divertissement présenté par Arnaud Lemaire 2.France 2

20.35 Un flic «Faux-semblants» GA. Téléfilm avec Alex Descas, Marie-Gaëlle Cals, François Caron, Vincent Winterhalter, Claude Duparfait, Maxime Lefran-çois, Cyrille Lecomte 2. Assez prenant, mais pas toujours très crédible. Une scène sensuelle.22.10 Central nuit «L’ange déchu» GA. Série avec Michel Creton, Vanessa Demouy 2. Moyen.23.00 Vous aurez le dernier mot ! Magazine présenté par Franz-Olivier Giesbert.France 320.35 Thalassa «L’expédition : Navigation aux Comores». Maga-zine présenté par G. Pernoud.22.55 Vie privée, vie publique, l’hebdo «Thierry Roland et Michel Delpech». Magazine présenté par Mireille Dumas.00.05 Toute la musique qu’ils aiment «Une journée avec Béa-trice Uria Monzon».Arte20.35 Le goût du bonheur. Télé-film avec Devid Striesow, Nadja Uhl, Jörg Schüttauf, Floriane Daniel (1h28). 22.05 Les jumeaux (1/2) «D’égal à égal». Documentaire.22.55 Grand format «Sainte-Anne, hôpital psychiatrique» GA. (Voir notre analyse page 35)M620.40 NCIS, enquêtes spé-ciales : «L’honneur des voleurs», «Mort-vivant», «Amnésie». Série avec Mark Harmon 2.23.10 Californication. Série avec David Duchovny 3.Canal +20.45 Rugby.KTO20.40 Soirée témoin Sel + Lumière : «Sœur Anna Bodzinska et Sœur Anne-Denise Rinckwald», «Huguette Le Blanc».21.45 La vie des diocèses.22.20 Les mardis des Bernardins «L’abstraction, quelle expérience aujourd’hui ?», avec Claire-Jeanne Jézéquel, Marcella Lista, Emmanuel Van der Meulen.

TF120.45 Trahie ! GA. Téléfilm avec Cristiana Reali, Vincent Perez, Cyril Lecomte, Valéria Cavalli, Franck Adrien, Loïc Houdré, Jean-Louis Tribes 2. Malgré des invraisemblances, ce thriller est bien mené et prenant.22.20 RIS police scientifique «La piste aux étoiles» GA. Série avec Philippe Caroit. Prenant, mais affreux.23.25 Ça va s’Cauet. Divertisse-ment présenté par Cauet.France 220.35 Envoyé spécial : «Beurre, de l’or en baratte», «Colombie : Terminus Eldorado». Magazine présenté par Guilaine Chenu et Françoise Joly.22.50 Infrarouge : «Sexe, amour et société : (1/3) Liberté, égalité, sexualité», «Polygamie en France». Documentaires 2.France 3

20.35 Le vieux fusil A. Drame (1975) de Robert Enrico, avec Romy Schneider, Philippe Noiret, Jean Bouise, Madeleine Ozeray, Joachim Hansen, Robert Hoffman (1h38) 3. Un drame poignant, mais avec des violences atroces.22.45 Ce soir (ou jamais). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.Arte20.35 Paranoid Park GA. Drame (2007) de Gus Van Sant, avec Gabe Nevins, Dan Liu, Jake Miller, Taylor Momsen (1h25). Cette histoire poignante est bien filmée, mais c’est inégal et dur.22.00 Latin music USA (/4) «Pas-serelles». Documentaire.22.55 One shot not.23.50 Tracks.M620.40 Lie to me : «Pour le meilleur…», «Rien n’est absolu», «L’amour maternel». Série avec Tim Roth, Kelli Williams 2.23.05 Médium. Série avec Patricia Arquette 2.Canal +20.50 Desperate housewives (11 et 12/23) GA. Série avec Teri Hatcher 2. Des épisodes un peu décevants, voire ridicules.KTO20.40 Parlons-en «Robert Schuman». 22.15 Questions ouvertes.22.45 Concert «Petite messe solennelle de Rossini.

Mercredi 5 mai Jeudi 6 mai vendredi 7 mai

T : ToutpublicJ : AdolescentsGA: GrandsadolescentsA : AdultesØ : Œuvre(ouscène)nocive : Elémentpositif: Elémentnégatif

Repères

RaDiosRadio Notre-DameLundi 3 au jeudi 6 mai8h Les matinales, avec la chro-nique de Gérard Leclerc (à 8h07).Lundi 3 mai11h Aujourd’hui l’église "Benoît XVI hier à Turin : bilan de ce voyage". Mardi 4 mai16h Parole et Musique "Les Vingt Mystères du Rosaire", de Éric Lebrun. Entretien avec le compositeur.22h écoute dans la nuit "La Foi de Marie", avec le Père Stan Rougier (Écrivain, conférencier, animateur de retraites).Mercredi 5 mai7h30 Le Grand Témoin "Mgr Tony Anatrella" (psychanalyste, spécialiste en psychiatrie sociale, consulteur au Vatican pour la famille et la santé).RCFSamedi 1er mai20h45 Il était une foi "Qui est Marie ?" avec Mgr Jean-Marie Jou-ham (Recteur du Sanctuaire ND de Four-vière à Lyon) [Et aussi le 2 mai (8h45)].Lundi 3 mai14h30 Halte spirituelle "5 jours avec Anselm Grün" (moine bénédic-tin). (Tous les jours, à 14h30 et 20h45.)Mercredi 5 mai16h La Saga de la Bible "Marie, comblée de grâce", avec le Père Bernard Peyrous (1/3).France CultureDimanche 2 mai10h Messe. 5e dimanche de Pâques, depuis la cathédrale Notre-Dame de Chartres, 16 cloître Notre-Dame, 28000 Chartres. Commentée par le Frère Laurent Lemoine. Prédica-teur : Mgr Dominique Aubert.

Marie BIZIEN

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Paris✔ Du 2 au 16 mai, les reliques de sainte Thérèse de Lisieux, sont à Notre-Dame des Victoires, Place des Petits-Pères, 75002 Paris, ✆ 01.42.60.90.47.Alpes-Maritimes✔ Le Foyer de Charité, B.P.17, 06330 Roquefort-les-Pins, ✆ 04. 92.60.30.00, fax 04.92.60.30.01, [email protected], propose une retraite du 17 au 23 mai, "L'évangile est la feuille de route du peuple de Pentecôte !", avec le Père Jean-Claude Lenain.Drôme✔ Retraite au Foyer de Charité, 85 rue Geoffroy de Moirans, 26330 Châteauneuf-de-Galaure, du 13 au 23 mai, avec le Père Bernard Michon, "Dix jours au Cénacle", pour devenir les apôtres dont l'Eglise a besoin. Rens. ✆ 04.75. 68.79.11.Ille-et-Vilaine

✔ La Maison Saint François,

1 av. des Acacias, La Vicomté, 35802 Dinard, ✆ 02.99.88. 25.25, propose pour les Jeunes Retraités et seniors, une session «à l'âge de la retraite : "Donner du sens à sa vie"», du 3 (17h) au 5 mai (17h), animé par le père Hervé Gosselin (père du Foyer de Charité de Tressaint et des retrai-tés (couple et célibataire). Deux jours de partage, de réflexion et de prière pour mieux vivre cette étape de la retraite.Lot-et-Garonne✔ Au Foyer de Charité Notre-Dame de Lacépède, 47450 Colayrac-Saint-Cirq, ✆ 05.53. 66.86.05, fax. 05.53.66.10.02 / [email protected], des activi-tés sont proposées : du 12 au 16 mai, une retraite "Je t’appelle par ton nom" (Ecole de prière pour les enfants de 8 à 12 ans), avec le Père Dominique Bostyn et la communauté ; du 31 mai au 6 juin, une retraite "A quoi bon vivre ?", Comment plonger dans le Bonheur et l’Amour, avec le Père Pierre Descouvemont ;

du 18 au 20 juin, une récollec-tion "Soyez joyeux dans l’Espé­rance !", avec saint Paul, avec le Père Jacques Lacourt.Maine-et-Loire✔ Le 8 mai, à la Maison Paroissiale (près de l'église Saint Martin), 49600 Beaupréau, té-moignage de guérison au sanc-tuaire de Saint Cyriaque, par Thierry Faivre d'Arcier. Contact : Mme Belliard, ✆ 02.41.63.60.37.Oise✔ Le 14 mai (20h30), une confé-rence est prévue par Jean Sévillia (Journaliste-Ecrivain-Historien) sur le thème "Charles d’Autriche, Un empereur pour la paix", à l’Ab-baye Notre-Dame d’Ourscamp, 1 place Saint Eloi, 60138 Chiry-Ourscamp, ✆ 03.44.75.72.00. Site de la Congrégation des "Serviteurs de Jésus et de Marie". http://serviteurs.orgChantres de Saint-Hilaire✔ Les Chantres de St-Hilaire, sous la direction de Fran­çois-Xavier­ Lacroux­ : Mu sique en la chapelle d'Henri IV, Eus -

tache du Caurroy, Les Preces Ecclesiasticae. Polyphonies chorales inédites à 4, 5 et 6 voix, le 9 mai (17h30) en la Basilique de Verdelais, Place de la Basilique, 33490 Verdelais. Entrée 12 et 10 e. Rens./réserv. ✆ 05.56.76.70.45, gratuit pour les moins de 18 ans.Session de formation✔ Pour permettre une meilleure connaissance de la Bible, de sa portée doctrinale et de sa richesse spirituelle, L'Institut Diocésain de Formation Pastorale (IDFP) de Toulon a créé "Le par-cours initial". Le père Laurent

BLOC-NOTES

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Sentis et Michèle Gallot, auteurs de ce parcours, organisent cet été, une session de formation, au Domaine de la Castille, 83210 Solliès-Ville, du 12 au 16 juillet. Rens./inscriptions, ✆ 04.94.00.80.73 / idfp@diocese -frejus-toulon.com, site : www.diocese-frejus-toulon.com/Pour-connaitre-la-Parole-de-DieuJeunesse Lumière✔ "Tu as entre 18 et 30 ans... Pourquoi pas une année à Jeu­nesse Lumière ? Pour t’aider à discerner, deux sessions sont pré­vues : 3 au 7 juillet, 27 au 30 août". Rens. ✆ 05.63.50.41.57/ [email protected]/ Jeunesse Lumière, Service Pos-tulants, Pratlong, 81330 Vabre.Camps✔ Différents camps sont pro-posés cet été avec la fondation "Société Jean-Marie Vianney" [www.sjmv.net]- Le camp "Antoine Givre" (du nom du petit berger qui a accueilli le Saint Curé à Ars), à Ars (Ain), du 17 au 22 juillet, s’adressant à des garçons de 8 à 11 ans. "Vivre une semaine d’approfondissement de la rela-tion personnelle avec Jésus, à l’école du Saint Curé". Jeux et découverte de la région sont au rendez-vous. Tarif : 150 e. Aumônier : Père Yann Deswarte ✆ 06.17.38.93.40 [email protected] Le camp "Notre Dame de la Joie", à Combloux (Haute-Savoie) du 8 au 22 juillet, pour des gar-çons de 12 à 14 ans. Un camp montagne proposant "la vie chré-tienne par les sommets" : sport (randonnées...), vie spirituelle, vie fraternelle. Tarif : 530 e. Aumônier : Père Roland Varin ✆ 06.32.46.25.58/[email protected] et- Le camp "Notre Dame de l’Es­pérance", du 8 au 22 juillet, avec une partie du tour du Mont Blanc, pour des garçons de 15 à 17 ans. Le thème est le même que pour "Notre Dame de la Joie", mais adapté à l’âge. Camp itinérant. Tarif : 450 e.

Aumônier : Père Bertrand Lestien ✆ 04.74.00.78.96/[email protected] également un pèlerinage "d’Ars à Czestochowa", du 17 au 29 juillet, pour les hommes de 18 à 30 ans. Aumônier : Père Gaspard Craplet ✆ 06.84.03.64.45/[email protected] pour la béatification de l’Impératrice Zita✔ L’Association pour la Béati-fication de l’Impératrice Zita [Abbaye Saint-Pierre, 1 place Dom Guéranger, 72300 Solesmes, www.beatification-imperatrice-zita.org] propose une rencontre les 8 et 9 mai, à l’abbaye de Solesmes. Le 8 mai (14h30), assemblée générale de l’asso-ciation à la Marbrerie (possibilité d’adhésion sur place) ; (15h15), communications de Jean Sévillia (président de l’association), de Dom Philippe Dupont, Révérend Père Abbé de Solesmes, de M. l’Abbé Debris (postulateur de la cause), et de l’archiduc Rudolf d’Autriche (aîné des petits-enfants de l’impératrice Zita) ; (17h30), vêpres à l’abbaye Saint-Pierre ; (18h30), messe à la paroisse de Solesmes. Le 9 mai (9h45), messe pontificale à l’ab-baye Sainte-Cécile de Solesmes, célébrée par Dom Dupont.Pèlerinages✔ Les Amis de Saint-Jacques de Compostelle organisent une retraite-pèlerinage, du 7 au 19 octobre, à Fatima "Fatima, trois secrets, un message", animé par le frère Joseph. Le voyage s'effectue en autocar grand tou-risme au départ de Nice. Rens./insc. : Les Amis de Saint-Jacques de Compostelle, 42 rue Droite, 06300 Nice, ✆ 04.93.80.41.64.✔ Pèlerinage à Medjugorge du 14 au 21 juin, en pension com-plète, 520 e, accompagné par le Père Drago et le Frère Alain de la Croix de la Maison Saint-Jean. Pour avoir le programme et s'ins-crire, contactez frère Alain de la Croix, ✆ 02. 47.92.26.07.

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FRANCE­CATHOLIQUE­-­hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

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Président : Hervé­ Catta­ - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric­Aimard­ (✆ 06. 08.77.55.08) - Conseiller de la direction : Robert­Masson - éditorialiste :­Gérard­Le­clerc - Rédaction : Tugdual­Derville­-­Ludovic­Lécuru - Secrétaire de rédaction :­Brigitte­Pondaven

Imprimé par IPPAC-Imprimerie de Champagne, ZI les Franchises, 52200 LangresLes documents envoyés spontanément ne sont pas retournés.

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FRANCECatholique­n°3210 30 avril 2010 39

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« La folie de Washington », Mémoires d'Eugène Lucet, édités par Hervé-Marie Catta.Ce livre décrit la vie et les hommes aux États-Unis de 1793 à 1808. Une folie se déclenche d'achats de terres et d’investissements dans la construction de Washington. Mais en quatre ans, c'est la faillite de tous ceux qui y ont investi. C'est la première crise financière américaine.éditions Peuple Libre. 140 pages. Cet ourage peut être commandé chez l'auteur : 21,50 , port compris. Chèque à l'ordre d'hervé Catta, 18 bld Kœnig, 92200 Neuilly.

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Avis Aux librAires

Chers amis,

Vous avez reçu en office ou en commande le livre de Jean de Fabrègues "l'apôtre

du siècle désespéré, Jean-Marie vianney, Curé d'Ars", diffusé par Serdif. Comme

vous le savez, cette société de distribution a déposé son bilan. C'est regrettable,

notamment pour ce livre qui est assurément le plus profond et le plus personnel dis-

ponible en cette année du Curé d'Ars, qui commençait à peine une carrière très hono-

rable et qui restera un livre de fond pendant longtemps.

En tant qu'éditeur (France Catholique) nous restons propriétaires des livres que

nous avions confiés à Serdif. C'est pourquoi nous vous prions de bien vouloir nous en

réserver le règlement. Serdif n'existant plus du tout, il sera également souhaitable

pour ceux qui disposeraient encore d'une faculté contractuelle de retour que celui-ci

soit fait à notre adresse.

À PARTIR DU 2 MAI, nous avons confié notre diffusion à SALVATOR

Circuit EDI : DILICOM SAVATOR DIFFUSION 3012407920017

C'est auprès de ce diffuseur professionnel que les libraires pourront désormais se

réassortir.

Prix de vente au public : 14,90 € TTC

Frédéric Aimard, directeur général de France Catholique

Tél. : 06 08 77 55 08 ou 01 46 30 37 38 - Fax : 01 46 30 04 64

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