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XII e Festival du Marais chrétien Peintures, sculptures, théâtre, musique... pour montrer l’invisible (pages 8 à 17) Le premier procès des Khmers rouges (pages 26 à 28) france-catholique.fr 85 e année - Hebdomadaire n° 3154 - 27 février 2009 2,90 FRANCE Catholique ISSN 0015-9506

france-catholique.fr FRANCE Catholique · l'Insee, elle a constaté une hausse des prix de 2,4 % dans la grande distribution sur les 12 mois de 2008. BANQUe : L'État devrait prendre

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XIIe Festival du Marais chrétienPeintures, sculptures, théâtre, musique...

pour montrer l’invisible(pages 8 à 17)

Le premier procèsdes Khmers rouges (pages 26 à 28)

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85e année - Hebdomadaire n° 3154 - 27 février 2009 2,90 €

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FRANCeLOGeMeNT : La loi Boutin de « mobilisa­tion pour le logement et la lutte contre l'exclusion » a été votée définitivement le 19 février.GUADeLOUPe : Le 17 février, Jacques Bino, un syndica liste qui rentrait en voiture d'une réunion du LPK (collectif contre l'exploitation) a été tué d'une balle en pleine poitrine. Selon la police le tir venait d'une barricade montée par de jeunes manifestants. Les secours et la police ont été pris à partie égale­ment par des manifestants et ont mis plus de deux heures à parvenir sur les lieux de l'assassinat. 4000 personnes ont assisté aux obsèques le 21 février. Il y a désormais 2 000 policiers et gendarmes présents sur l'île.POLyNésie : Le sénateur (« chiraquien ») Gaston Flosse a été condamné, le 17 fé vrier, à un an d'iné ligibilité, un an de prison avec sursis et 16 700 euros d'amende pour avoir fait payer par des fonds publics une fête considérée comme privée car réservée aux membres de son parti. Il a fait appel.AGRiCULTURe : Le 21 février, le président Sarkozy a visité, durant deux heures, le salon annuel de l'Agriculture à Paris qui accueille 1 000 exposants et 4 500 ani­maux…BéNéFiCes : Les sociétés du CAC 40 ont versé 54,2 milliards d'euros à leurs actionnaires en 2008, contre 57,2 mil­liards d'euros l'année d'avant. Le pré­sident Sar kozy a mis ces sommes au centre de son projet de réforme du capi­talisme en appelant à un rééquilibrage en faveur des salariés. Trois grandes banques françaises ont annoncé des bénéfices pour 2008 : 2 milliards pour la Société générale, 3 pour la BNP­Paribas et près d'1 milliard pour le Crédit agri­cole, ce qui leur permettra de verser un dividende à leurs actionnaires.sAGes-FeMMes : La députée UMP des Ar dennes, Bérangère Poletti, a retiré son amendement au projet de loi sur la ré forme de l'hôpital, qui prévoyait d' « étendre aux sages­femmes la pratique des interruptions volontaires de gros­sesse (IVG) par voie médicamenteuse ».MARiNe : L'un de nos trois sous­marins nucléaires, le Triomphant, qui est entré en collision avec son homologue bri­tannique Vanguard la semaine dernière, a regagné sa base de l'Ile Longue où il

devra subir de lourdes réparations.PResse : Le quotidien Libération n'a pas été diffusé en kiosques samedi dernier par les Nouvelles Messageries de Presse Pa risienne. Les syndicats des NMPP exi­gent la réintégration d'une secrétaire de rédaction licenciée du journal pour faute grave... L'hebdomadaire Témoignage chré tien a lancé un appel, bien re layé dans les médias, pour trouver de nouveaux actionnaires indispensables à sa survie.CONsOMMATiON : Selon Luc Chatel, se crétaire d'État à la Consommation et porte­parole du gouvernement, l'Obser­vatoire des prix et des marges a constaté une baisse des prix dans la grande consommation de 0,2 % par mois les trois derniers mois. Les associations de consommateurs relèvent cependant que certains prix continuent d'augmenter notablement en fonction de stratégies marketing qui n'ont rien à voir avec les cours des matières premières. Quant à l'Insee, elle a constaté une hausse des prix de 2,4 % dans la grande distribution sur les 12 mois de 2008.BANQUe : L'État devrait prendre 20 % du capital de la banque issue de la fusion entre les Banques populaires et les Caisses d'épargne. François Pérol, actuel secrétaire­général adjoint de l'Élysée, pourrait prendre sa direction.PRisONs : Évadés de la prison de Moulins­Yzeure (Allier), le dimanche 15, Christophe Khider et Omar Top El Hadj ont été repris le mardi 17 à Fontenay­sous­Bois (Val­de­Marne). Le premier a été blessé par un tir des policiers. Les deux jeunes femmes qui leur avaient fait passer armes et explosifs au parloir ont avoué et risquent à leur tour de très lourdes peines de prison.POLiCe : Un policier en civil de 33 ans, père de deux enfants, a été tué dans la soirée du 21 février à la Courneuve, en Seine­Saint­Denis. Il a reçu au moins deux balles tirées par sa propre arme de service qui a été retrouvée dans la pou­belle d'un immeuble non loin du lieu de l'assassinat. Six habitants de l'im meuble ont été mis en garde à vue. Il s'agirait de Srilankais.JUsTiCe : Huit ans après l'explosion de l'usine AZF qui avait détruit un quar­tier de Toulouse en faisant 30 morts, le procès s'est ouvert le 23 février à Toulouse. Les experts n'ont jamais réussi à se mettre d'accord sur les causes de la catastrophe.

MONDeCANADA : Pour son premier voyage hors des États­Unis, le président Barack Obama a été accueilli, le 19 janvier, par la Gouverneure générale du Canada, Michaëlle Jean. Celle­ci, d'origine haï­tienne, est aussi noire que le président américain. Le Canada est le premier par­tenaire économique des États­Unis.CHiNe: Quant à Hillary Clinton, elle était reçue, le 20 février en Chine après avoir visité le Japon, l'Indonésie et la Corée du Sud. Le Japon et la Chine détiennent cha cun à peu près 600 milliards de bons du trésor américain.MADAGAsCAR : Les partisans du chef de l'opposition malgache, Andry Rajoelina (dit "TGV"), ont annoncé le 19 février qu'ils avaient pris le contrôle de quatre ministères. Mais ils ont été rapidement délogés par les Forces spéciales. Le 20 février le président Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina se sont rencontrés durant 45 minutes au siège de l'épisco­pat catholique à Antananarivo. Le conflit entre les deux hommes a pro voqué la mort de 125 personnes en quatre se maines. Il pourrait déboucher sur un partage du pouvoir durant les deux pro­chaines années.éCONOMie : Les dirigeants européens réunis dimanche 22 février à Berlin pour préparer le sommet du G­20 à Londres début avril ont proclamé leur accord sur la nécessité d'encadrer mieux le système financier et des fonds spéculatifs. Ils ont estimé que le FMI avait besoin que ses ressources soient doublées par un prêt de 500 milliards de dollars (le Japon s'étant déjà proposé pour lui prêter 100 milliards de dollars).Le Fonds monétaire international (FMI), dont les dernières prévisions pour la croissance mondiale étaient de 0,5 %, travaille désormais, selon son directeur général Dominique Strauss­Kahn, sur une hypothèse de 0 %.La Réserve fédérale américaine (Fed) a en tout cas fait la même hypothèse pour ce qui concerne l'économie des États­Unis en 2009. eUROPe : 125 des 197 députés tchèques ont approuvé, le 18 février, le traité de Lis bonne en dépassant donc de 5 voix la majorité qualifiée des 3/5e. Au Sénat de voter désormais, puis au président Klaus de ratifier, ce qui ne l'enthousiasme pas. (suite p. 7)

BRÈVes

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SOMMAIRE ACTUALITÉ 4 SOCIAL Inévitable conjonction Alice Tulle

5 AffAIRES ÉTRAngèRES L'humanitaire en cause Yves La Marck

6 fAMILLE Blues parental Tugdual Derville

dOSSIER 8 fOI ET CULTURE Marais chrétien Isabelle d'Arfeuille

ESPRIT 14 MÉdITATIOn Le chemin de Croix par Birga Père Xavier Snoëk

18 MÉMOIRE dES jOURS zimbabwé Robert Masson

19 ECCLÉSIA Avignon Mgr Cattenoz

20 LECTURES 1er dimanche de carême Pères Hurault

Points spi pour une semaine de carême Père Michel Gitton

22 B.d. Saint Benoît, l'âme de l'Europe (22/44) Noël Gloesner - Monique Amiel

MAgAZInE 23 AEd Kenya, comment panser les plaies ? Mario Bard

24 IdÉES Soloviev et Maritain Denis Lensel

26 CAMBOdgE Le procès de duch Étienne Loraillère

29 jOURnAL Père Bernard Häring Gérard Leclerc

32 MUSIqUE Reger, Rachmaninov François-Xavier Lacroux

31 CInÉMA "gran Torino", "Miss Petigrew", "Eden à l'Ouest", "Bellamy" Marie-Christine d'André, Françoise Maupin

32 ExPOSITIOnS Seine impressionniste Alain Solari

34 THÉâTRE "Rêve général" Pierre François

35 TÉLÉvISIOn "Raison et sentiments","dissonances",

"Les virtuoses", "Le papillon" Marie-Christine Renaud d'André

36 TÉLÉvISIOn votre début de soirée M.-C. d'A.

38 BLOC-nOTES vie associative et d’Église Brigitte Pondaven

Couverture : © Boissoudy« TransfiguraTion »

Tableau exposé à st denys-du-st-sacrement à Paris,dans le cadre du Marais chrétien.

ÉdITORIAL

FRANCECatholique n°3154 27 février 2009 3

Il ne faut jamais trop se laisser impressionner soi-même par les contestations dont l'Église est l'objet, a fortiori par les tempêtes médiatiques qui relèvent souvent de l'incons-cience et de l'ignorance de ceux qui se chargent de les déchaîner. Cependant elles peuvent faire mal et même très

mal à ceux qui n'ont pas les ressources intérieures pour se proté-ger. L'Histoire montre aussi comment il arrive que la division et le déni de la structure charismatique de l'institution aboutissent à des ruptures bientôt insurmontables à vues humaines. Il n'est jamais anodin de remettre en cause l'autorité de l'évêque de Rome et d'organiser à son encontre des manifestations d'hostilité. Il y a, actuellement, toute une tendance à justifier le ressentiment à l'égard du Pape qui encourage les plus faibles à s'éloigner de la communion ecclésiale. C'est une mauvaise action dont les responsables répondent devant leur conscience et devant le Seigneur.

Par grâce, il semble que l'Église de France soit protégée de ces tentations, notamment en raison de la cohérence de notre épiscopat. S'il y a eu quelque émoi ces dernières se maines et quelques interrogations, au demeurant légi-times, un dialogue pacifié doit les prendre en compte dans le cadre de nos communautés, avec l'aide des pasteurs légitimes. Le pire serait que des débordements prennent l'allure d'une rupture de communion, avec des groupes verbalement violents et engagés dans une spirale débouchant sur la sédition et même l'hérésie. Ce n'est nullement pour dramatiser la situation que ces mots s'offrent à nous, mais pour rendre compte de ce qui nous parvient de pays voisins et même de ce qui s'écrit dans la presse française.

Il n'est pas anodin de s'ériger en groupe de pression (l'asso-ciation Wir sind die Kirche - "Nous sommes l'Église" - revendique des centaines de milliers d'adhérents) pour s'opposer de front aux épiscopats et à Rome. Il n'est pas anodin non plus de s'attaquer à la doctrine catholique définie par les conciles, sur les points les plus cruciaux de la tradition théologique. Après s'être réclamés à contresens de Vatican II, voilà maintenant que certains affirment qu'il est non avenu en raison de son caractère non révolution-naire. Dès lors, il n'y a plus de limite à la logique du refus. Même l'autorité de la Bible est niée et sans craindre de se contredire on signifie la non-pertinence de saint Paul et de saint Augustin alors même qu'on prône le respect de la Réforme. Cette dérive, encouragée par des médias qui ne comprennent pas toujours ce qu'ils font, doit être contrée à la façon dont un saint Irénée s'opposait au second siècle à l'hérésie, par une fidélité sans faille à l'Église, seul témoin authentique de l'Esprit prophétique et donc au Pape, garant de l'unité et de la vérité. n

Inquiétudes

par Gérard LECLERC

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque semaine sur :

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Si les pouvoirs publics f o n c t i o n n a i e n t r é g u l i è r e m e n t selon la Consti­tution, la situation

sociale serait moins explosive. Depuis plusieurs semaines, trois mouvements sociaux se développent en France : celui, général, des salariés et des retraités du secteur public et du secteur privé qui ont manifesté massivement le 29 janvier. Normalement, c’est le ministre des Affaires socia­les, Brice Hortefeux, qui aurait dû organiser rencontres et négocia­tions avec le patronat et les syndicats. Or c’est Nicolas Sarkozy qui a réuni les princi pales organisations à l’Élysée et annoncé au soir du 18 février la liste des mesures préparées par ses conseillers.

Face à la contesta­tion qui s’est déclen­chée en Guadeloupe avant de gagner la Martinique, c’est le secrétaire d’État à l’Outre­Mer qui a très normale­ment mené les discussions. Jusqu’au moment où il a été rappelé à Paris par François Fillon qui semblait reprendre ce qu’il est convenu d’appe­ler un « dossier ». Mais l’ag­gravation de la situation, marquée par le mort d’un syndicaliste guadeloupéen

tué par balles dans la nuit du 17 au 18 février, a contraint le président de la République à réunir les élus des dépar­tements d’outre­mer dans la soirée du 19 février.

Ce même jour, d’impor­tantes manifestations d’en­seignants­chercheurs et d’étudiants avaient lieu dans la capitale et dans les prin­cipales villes universitaires. Valérie Pécresse est toujours en charge de la réforme mais si ce conflit n’est

pas résolu rapidement, il est probable que Nicolas Sarkozy interviendra directement.

En voulant montrer qu’il est capable de résoudre les crises, Nicolas Sarkozy a effacé en pratique ou symbo­liquement notre système de médiations : le Premier mi nistre ne pourra plus jouer son rôle de « fusible ».

Or le Président a beau­coup de mal à calmer la colère des Antillais, des salariés, des enseignants. La conjonction des mouvements sociaux pourrait se concrétiser par la journée d’action du 19 mars. Bien entendu, Nicolas Sarkozy a senti le danger et annoncé des mesures des tinées à faire baisser la tension.

à l’Élysée le 18 février, il a promis 2, 65 milliards d’aide

sociale détaillée dans un long catalogue : meilleure indem­nisation du chômage partiel ; suppression de la première tranche de l’impôt sur le revenu pour certains foyers fiscaux en 2009 ; bons d’achat pour les personnes âgées et les handicapés ; primes pour les familles modestes ; aides pour les jeunes ; fonds

d’investissement social... ; ouverture de dis cussion sur la répartition des profits entre salariés et actionnai­res. Mais Nicolas Sarkozy est resté ferme sur sa ligne : diminution du nombre des fonctionnaires, refus d’aug­menter le Smic et de rétablir l’autorisation administrative du licenciement. Les princi­pales revendications syndi­cales ne sont pas satisfaites et le Medef s’inquiète pour sa part du montant élevé des dé penses sociales.

Dans la même allocution, le Président a dé claré que les réformes seraient poursui­vies, notamment la reforme scolaire et celle qui vise les enseignants­chercheurs – au risque d’accroître la mobilisa­

tion dans ce secteur.Le 19 février, après

avoir reçu les élus d’outre­mer, Nicolas Sarkozy a annoncé l ’ a f f e c t a t i o n d e 580 millions d’euros aux DOM, le réexamen du système de fixation du prix des carburants et la tenue d’états­généraux tandis que le gouvernement annon­

çait le versement d’une prime de près de 200 euros.

Le climat va cependant rester tendu car une partie de la population française n’a plus confiance, on est dans l'irrationnel : toute proposi­tion est interprétée comme un recul, tout refus ressenti comme une agression, le silence paraît méprisant, la prise de parole est offensante... Dans tous les domaines, la logique de la confrontation est prédominante. n

ACTUALITÉSOCIAL

Une partie de la population française n'a plus confiance, on est dans l'irrationnel

4 FRANCECatholique n°3153 20 février 2009

par Alice TULLE

(

Les pouvoirs publics n’ont pu empêcher la jonction de trois mouvements sociaux. Et Nicolas Sarkozy qui aime monter en première ligne est maintenant obligé d'y rester.

Inévitable conjonction

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I l y avait eu l'an dernier l'Arche de Zoé. L'attaque en règle contre le minis­tre des Affaires étran­gères français par Pierre

Péan dans Le monde selon K (Fayard) achève de ternir l'image de l'action huma­nitaire. Le fondateur de « Mé decins du Monde » n'est pas l'Abbé Pierre ni Sœur Emmanuelle. C'est un « abbé mondain » au sens de l'Ancien régime. On le dit « cosmopo­lite », mais le monde entier ne connaît que les « French doctors ». C'est donc tout à l'honneur de notre pays.

Au­delà de l'homme, que cherche­t­on à atteindre ? Qu'est­ce qui nous reste une fois la démolition achevée ? Une œuvre commencée en 1968. Pas sous les pavés du quartier latin. Mais au Biafra ! L'auteur ne s'y trompe pas qui lui consacre un chapitre : « Au début était le Biafra ». Voudrait­on que l'on renie ce que nous avons fait pour le Biafra ? Quand je dis « nous », je veux dire aussi bien De Gaulle que Caritas interna­tional, pra tiquement les deux seuls soutiens extérieurs de ce peuple qui n'avait trouvé d'autre issue à ses difficul­tés avec le pouvoir central du Nigeria que de chercher à être indépendant.

Il faut lire aujourd'hui la nouvelle littérature nigériane pour retrouver la mémoire de cette guerre oubliée, comme le très beau L'autre moitié du soleil de la jeune Chimamanda Ngozi Achibie (Gallimard), qui a récemment

obtenu un grand prix littéraire en Angleterre. Ces ouvrages écrits par une génération née après la guerre nous récon­cilient avec l'action désin­téressée que quelques­uns, peu nombreux en 1968/69, ont tenté d'entreprendre, les uns en se rendant sur place les autres en appelant à la conscience de l'opinion.

Nous savons maintenant

que nous n'aurions pas dû soutenir ses dirigeants dans leur jusqu'au­boutisme suici­daire. Mais au début, la cause était réellement nationale. Nous nous étions bien rendu compte que l'action huma­nitaire ne servait à rien sans un soutien politique qui se traduisait éventuellement en opération militaire. Mais il ne fallait pas tomber dans l'excès inverse de la guerre humanitaire.

Par contre, la neutra­lité n'était pas possible à une grande puissance. Elle était réservée au Comité International de la Croix

Rouge (CICR), que l'on a voulu aussi déconsidérer, mais qui reste fidèle à son mandat fixé par les conventions de Genève de 1949, voici bien­tôt soixante ans. En revan­che, pour la France, le refus de choisir est lui­même un choix. Il ne s'agit pas, comme l'allègue l'auteur, de « choisir ses victimes », de préférer le Tutsi au Hutu, le Bosniaque

ou l'Albanais au Serbe, le Tadjik au Pachtoune, le Darfourien à l'Arabe, l'Éthio­pien au Somalien, l'Israélien au Palestinien. Il ne s'agit pas non plus d'opposer un axe du Bien à un axe du Mal, comme l'insinue la critique de Bush. Il s'agit d'agir politiquement, c'est­à­dire de peser effica­cement sur la résolution des conflits, indépendamment des affinités et sensibilités, mais autant que possible dans le sens de la justice. Et de le faire si possible ensemble : l'un des enseignements de la guerre du Biafra (qui a fait autant de morts que le géno­

cide au Rwanda) sera d'éviter que la Chine et la France, par exemple, soient d'un côté, la Grande­Bretagne et la Russie de l'autre, et les États­Unis tirent les marrons du feu.

C'est plus difficile à conce­voir et à défendre auprès de l'opinion que l'angélisme per pétuel du droit-de-l'hom-misme ou l'idéalisme de celui qui, selon Péguy, a les mains pures parce qu'il n'a pas de mains. On peut contester les choix de Kouchner dans telle ou telle situation. Qui ne s'est fourvoyé ? La politique est un art tout d'exécution. On ne peut pas lui enlever son enga­gement.

Par quoi suggère­t­on de remplacer cette génération de l'action humanitaire ? Les ONG ont mûri, elles se sont professionnalisées depuis l'ama teurisme du Biafra. Elles accomplissent un travail vraiment spécialisé dont le monde ne peut plus se passer. Mais l'Aventure avec un grand A, pour ceux qui voulaient égaler les grands anciens de la guerre d'Espagne (le mythe Malraux) ou de la Résistance, ne semble plus guère au rendez­vous.

Ce qui guette les opéra­tions de démolition, c'est non pas le renouveau de l'idéa­lisme, mais l'assèchement, la trivialisation de l'action et du sentiment, la banalisation du mal comme du bien, ou au contraire l'absolutisme, la croisade, la diabolisation de tout étranger conçu comme barbare. Alors on regrettera le monde selon K. n

ACTUALITÉpar Yves LA MARCK

Par quoi suggère-t-on de remplacer cette génération de l'action humanitaire ?

BERNARD KOUCHNER

FRANCECatholique n°3154 27 février 2009 5

)

La démolition de l'icône Kouchner ne compromet pas qu'un homme, mais l'humanitaire tout entier.

L'humanitaire en cause

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Co m m e n t , dans le cadre d’une famille « recomposée », sau ­vegarder le res pect des droits du père

biologique (plus rarement de la mère) tout en facilitant, pour les actes de la vie quotidienne, la responsabilité assumée par le beau­père (plus rarement la belle­mère) ? On estime qu’en France plus de 1,6 million d’en­fants sont élevés dans une telle structure familiale.

Le président de la Répu­blique, dans son discours du 13 fé vrier, a souligné que s’éta­blissent indéniablement « des liens affectifs » entre enfants et beaux­parents. Ces derniers redoutent toutefois d’entendre la phrase imparable : « Tu n’es pas mon père (ou ma mère) » ? Dur à avaler quand on a lavé le linge sale d’une famille recons­tituée, fait les courses pour tous, surveillé les devoirs, tout en étant privé de la gratifica­tion de l’amour filial.

Tant bien que mal, les beaux­parents s’en sortent même s’ils marchent parfois sur des œufs. Au point de faire « profil bas ». Ce n’est pas le cas de certaines associations comme le « Club des ma râtres » de Marie­Luce Iovane­Ches neau. Cette dernière va jusqu’à envisager la signature d’un contrat de « beau­parentalité » à la mairie. Les associations de pères divor­cés s’étranglent, à l’image de SOS papa. Son président, Alain

Caze nave, dénonce réguliè­rement les brimades dont les pères s’estiment victimes : les décisions judiciaires confient à 90% les enfants à la mère ; trois pères sur dix n’auraient plus aucun contact avec leurs enfants quelques années après le divorce… Et voilà qu’on ajou­terait de nouveaux droits à celui

qu’ils peuvent voir comme un concurrent !

Mais comment transformer en autorité légalement établie une relation nécessitant beau­coup de délicatesse ? Selon les opposants au statut, quelques situations mises en exergue (autorisation de sortie du ter ­ri toire, gestion d’un passage éclair à l’hôpital, signature du bulletin de note…) peuvent être réglées sans officialiser une autorité de beau­parent. La sociologue Sylvie Cadolle estime qu’un statut induirait « des effets secondaires et

des risques à tous les étages » notamment la confusion des repères dont souffrent déjà nombre d’enfants.

Des groupes de « parents homosexuels » sont au cœur du débat. Ils revendiquent 300 000 enfants « élevés par deux hommes ou deux femmes », alors que l’Ined (Institut natio­

nal d’études démographiques) les estime à 30 000. Si certains espèrent « ouvrir » une notion de famille dont ils contes­tent « l’hétérocentrisme », d’autres affichent l’intention de « déconstruire la famille traditionnelle » en « inventant une parentalité » affranchie du biologique voire du couple. C’est contre cette perspective que 60 associations ont déjà rejoint le Collectif pour l’enfant animé par Béatrice Bourges.

En poussant la revendica­tion jusqu’à l’absurde, on peut être saisi de vertige : combien

de temps de vie commune entre deux adultes serait nécessaire pour donner au compagnon ou à la compagne un droit sur les enfants biologiques de « l’autre » ? Dans quelle mesure devrait­on recher­cher le consentement des mi neurs concernés par ce type de montage juridique ? Sous quelle forme reconnaître la rupture ou la pérennité du lien établi ? Comment arbitrer un conflit d’autorité entre parent biologique et beau­parent ? Au fil de l’existence, des enfants devraient­ils accumuler les beaux­parents sans limite ?

La presse évoque beaucoup le cas personnel du président de la République pour expliquer son intérêt pour ce sujet. On avance qu’il souffrirait de la rupture des liens avec les filles de sa seconde femme depuis leur divorce… Mais un autre homme partage l’essentiel de la vie de leur jeune fils. Le prési­dent de la République ne peut donc ignorer que l’enjeu est à double face.

Derrière le « statut du tiers », étrangement repris à son compte par Dominique Versini, défenseur des enfants, se profile une remise en cause assez radi­cale de la notion de parent, au profit d'une « parentalité » qu’on voudrait adaptée à toutes sortes de configuration de vie. Comme si c’était à l’enfant de toujours s’ajuster, comme s’il n’était pas temps de reconnaître en lui une victime des errances adultes. En réaction au discours présidentiel, Christine Boutin a mis en garde : « L’éclatement des familles et celui des repères pour les enfants ne doivent pas être accentués ». n

ACTUALITÉFAMILLE

Des enfants devraient-ils accumuler des beaux-parents sans limite ?

par Tugdual DERVILLE

(

Le président Nicolas Sarkozy a annoncé vouloir tenir sa promesse en faisant édicter un statut du beau-parent qui le concerne à plusieurs chefs mais ne fait pas l’unanimité.

Blues parental

6 FRANCECatholique n°3154 27 février 2009

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FRANCECatholique n°3154 27 février 2009 7

ITALIE : Après l'échec de la coalition de gauche dans une élection en Sardaigne les 15 et 18 février, venant après de nom breux autres échecs électoraux, Walter Veltroni, l'ancien maire de Rome, a démissionné du secrétariat national du Parti Démocrate.ARGENTINE : Le ministre de l'intérieur, Flo­rencio Randazzo, a annoncé le 19 février que la Direction nationale des migrations avait invité Mgr Richard Williamson à quit­ter le pays dans un délai de dix jours après le scandale provoqué par ses propos niant l'existence historique des chambres à gaz nazies. L'évêque intégriste risque d'avoir du mal à trouver un pays d'accueil.SRI LANKA : Deux petits avions kamikazes de la rébellion tamoule se sont écrasés, l'un dans le centre de Colombo, en tuant deux personnes et en blessant une soixantaine d'autres, l'autre près de l'aéroport inter­national. Selon les autorités sri­lankaises, les Tigres ne disposent plus d'autres avions et leurs dernières forces terrestres sont assiégées dans une zone de 87 km2 dans le nord­est du pays. Celles­ci ont fait une offre de cessez­le­feu le 21 février, rejetée par l'armée qui exige une reddition.ÉGypTE : Une Française de 17 ans a été tuée, et 25 autres personnes blessées, dont 13 jeunes gens de Levallois­Perret, le 22 février dans un attentat à la bombe dans le bazar de Khan al­Khalili au Caire.VIETNAM : Une femme de 23 ans est morte de la grippe aviaire le 21 février. C'est la 53e victime recensée de cette épidémie dans le pays depuis 2003.SOMALIE : Le contingent burundais de la mission de l'Union Africaine en Somalie (AMISOM) a été soumis à d'intenses tirs de mortier depuis le 17 février 2009. Le 21 février 15 soldats burundais ont été tués dans leur caserne à Mogasdiscio.RUSSIE : Les 4 accusés de l'assassinat (le 7 octobre 2006), de la journaliste Anna Politkovskaïa, trois jeunes Tchétchènes et un policier, ont été acquittés le 19 février, faute de preuves. Le Parquet va faire appel, mais toute l'instruction serait à refaire. Les parents et amis de la victime sont persua­dés que les commanditaires sont au plus haut niveau du régime.SUISSE : Le fisc américain exige que la grande banque suisse UBS livre l'identité de 52 000 clients américains titulaires de comptes illégaux, représentant près de 15 milliards de dollars d'actifs, avec me nace d'interdire toute activité pour cette banque aux États­Unis. Avec l'accord des autori­tés bancaires suisses, UBS a déjà livré des renseignements sur 250 de ses clients et payé une amende forfaitaire de 780 mil­lions de dollars, ce qui lui est ver tement reproché par les partisans suisses du secret bancaire.

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Pour sa XIIe édItIon, le festival du Ma-rais Chrétien prend de l’ampleur. Concerts, expositions, conférences et visites, ainsi que des projections de films, en constituent toujours la trame mais, fort de son succès, il commence à étendre sa zone d'in-

fluence. Peut-être devra-t-il un jour changer de nom ? En tout cas les organisateurs ont déjà noué un partenariat avec le Collège des Bernardins dans le Ve arrondissement, où doivent être proje-tés deux films : « Le fleuve » de Jean Renoir, réalisé en 1950, le dimanche 15 mars à 15h30, et « Un jour sans fin » de Harold Ramis, film de 1993, le mercredi 18 mars à 14h30. Tous deux seront suivis d’un débat. Une visite du collège des Bernardins est aussi au programme.

Les organisateurs souhaitent « mettre en scène des artistes » et ont à cœur de nous faire découvrir « tous les arts, toutes les époques, tous les styles et toutes les dénominations chré tiennes, sans oublier de faire référence à nos ra cines juives » selon Sa-bine Cadart, responsable de la communication du festival. Pour 2009, dans le cadre de l’année in-ternationale de l’astronomie, le thème retenu pour les diffé rentes manifestations est « Le temps et l’éternité ». Pour illustrer ce thème riche et dense, plusieurs approches sont proposées.

L’église Saint–Denys du Saint-Sacrement ac-cueille une exposition de vitraux, de cloches et de tableaux. Heidi Scheffler et Stéphane Ruault, maîtres verriers, présentent leur travail de créa-tion et de restauration de vitraux « traditionnels et contemporains ». Ils s’appliquent à « cheminer sur la route du verre, la via vitro ». Une expres-sion qu’ils ont inventée et qui leur est chère depuis qu’ils ont entrepris en 2006, un voyage sur la rou-te du verre depuis l’Inde jusqu’à l’Allemagne et la France, en passant par le Liban, la Syrie, l’Égypte, Israël et la Palestine, ainsi que la Turquie et l’Ita-lie. Autant d’occasions de rencontrer des maîtres verriers de toutes nationalités et de découvrir des techniques différentes des nôtres, « ancestrales » ou au contraire très « modernes ». Car « le vitrail, c’est la lumière vivante » et c’est « toujours un rap-port à l’extérieur ».

DOSSIER

La XIIe Semaine du Marais Chrétien se tient dans les quartiers du centre de Paris, du 13 au 22 mars 2009 et aura pour thème « Le temps et l'éternité ». Les 50 manifestations (spectacles, concerts, expositions et visites) sont annoncées sur le site internet http://maraischretien.free.frou au 01 55 79 96 04.La plupart sont gratuites. Ce festival est organisé sous la tutelle de l’association Art, Culture & foi, émanant du diocèse de Paris. Il est également subventionné par la mairie de Paris. C'est l'occasion de découvrir un certain nombre d'artistes qui témoignent de leur foi, ou à qui les contraintes d'un thème ou d'un lieu chrétiens, permettent de se surpasser. Les paroisses se mettent à l'heure d'une vie culturelle très animée, en faisant valoir leur originalité et leur pertinence en ce domaine aussi... Voici un bref parcours en images qui, en ces temps d'entrée en Carême, se terminera par une visite en l'église Ste-Élisabeth pour découvrir le nouveau Chemin de Croix peint par Sergio Birga.

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PARIS

par Isabelle d’ArfeuIlle

Marais chrétien

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Heidi Scheffler et Stéphane Ruault ont cherché autant que faire se peut à partager l’expérience des maîtres verriers rencontrés au cours de leur périple. Une expérience originale qu’ils comptent bien faire partager lors de leur conférence projec-tion, intitulée « La route du verre » le samedi 21 mars à 17h, à l’église Saint-Denys du Saint-Sacre-ment.

FRANCECatholique n°3154 27 février 2009 9

Marais chrétien

Vitraux deStéphaneRuault et

Heidi Scheffler(St-Denys du

St-Sacrement)

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Pour cette exposition, les deux artistes ont créé des œuvres originales « qui sortent de leurs chemins propres ». Les vitraux sont présentés dans des boîtes lumineuses à deux faces, un côté Stéphane, un côté Heidi. « Un côté symbolique, un côté abstrait » ou encore « un côté coloré, un côté silencieux ». Un parcours rythmé par le son des cloches disposées tout autour des vitraux.

Sont également présents durant cette semaine du 13 au 22 mars, Ghislain Picart, peintre et sculpteur, ainsi que François-Xavier de Boissoudy, peintre qui travaille les instants fugitifs et les reflets.

Autour d’eux, la société Mamias expose des « horloges mécaniques, cloches, battants, jougs, aiguilles, mécanismes de commandes et cloches en fonctionnement », en référence au temps (thème retenu cette année pour le festival). Cette société propose également une conférence sur « la Mesure du Temps » avec projection du DVD réalisé pour la cathédrale de Chartres.

La société Mamias a été fondée en 1927 dans le cadre du projet d’électrification du clo-cher de Notre-Dame de Paris, qu’elle entretient depuis 1930. Ses responsables ont forgé le mot « campaniste » pour décrire leur activité d’installa-tion, d’entretien, de dépannage et de restauration de cloches et de clochers. L’entreprise intervient principalement sur des édifices religieux. Elle tra-vaille beaucoup en France, mais aussi aux quatre coins du monde, comme à Wesminster Abbey en Grande Bretagne, ou sur le clocher de Notre-Dame d’Afrique à Alger. Elle a construit une curieuse hor-loge des marées pour la ville de Rochefort.

Les organisateurs du Marais Chrétien ont éga-le ment mis en place un partenariat avec la nou-velle galerie « Art Emoi » de Geoffroy de La Taille, qui vient d’ouvrir dans ce quartier parisien. La ga-lerie propose au public de découvrir les œuvres de Fleur Nabert, des dessins et des sculptures. L’ar-tiste, expose aussi des encres à l’église Saint-Ger-vais-Saint-Protais, toujours dans le cadre du Ma-rais Chrétien, mais uniquement le samedi 21 mars après midi.

La semaine du Marais Chrétien est aussi l'oc-casion d'offrir de nombreux concerts : un différent chaque soir avec, notamment, un programme ori-ginal, le « Voyage en Méditerranée » musical joué

par le Trio Amici, mercredi 18 mars à 20h30, à l’église Réformée du Marais, avec violon, percus-

sions, luth, oud (une sorte de luth à manche court), bougouti et guitare, des instruments tra-ditionnels du pourtour méditer-ranéen.

Le lundi 16 mars, l’ensemble Aria de Paris interprète une pro-menade dans l’Europe musicale des XIXe et XXe siècles intitulée « la nuit, le jour, le sacré », à l’église Luthérienne des Bil lettes.

Les voix féminines du Chœur Grégorien de Paris résonneront dans l’église Sainte-Élisabeth de Hongrie le jeudi 19 mars à 20h30, toujours sur le thème « Le temps et l’éternité »

Pour le concert d’ouverture du festival, le Chœur et l’Orches-tre des Grandes Écoles inter prète des œuvres de Jean-Sébastien Bach, le samedi 14 mars à 20h30 en l’église St-Paul - St-Louis.

L’église St-Louis en l’île pro-pose, samedi 21 mars à 20h30, un concert « Europe baroque » par l’ensemble de la Follia de Ti-misoara, formation roumaine ac-tuellement en tournée restreinte en France : Bach, Haendel, Rebel et Vivaldi.

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DOSSIER

« Souffleur d'âme », bronze de Fleur Nabert (22 cm).

En tant que peintre, je m’efforce de témoigner de la Présence de Dieu au sein de la vie quotidienne, car c’est dans la réalité du monde concret que les signes du divin nous sont donnés. Je crois que l’art n’a pas de raison d’être s’il n’est pas un

lien entre la vie des hommes et le Sacré. Il faut donc qu’à mon tour, je témoigne de Son incarnation, que je rende contemporaine, comme beaucoup de peintres anciens, l’actualité du Dieu fait Homme.Je mets au centre de la peinture le visage humain, et, ce que je cherche dans chaque visage, c’est l’empreinte de Dieu, la présence de la dignité surnaturelle.Je suis inspiré par des scènes dont je suis le spectateur, et dont la part de mystère me pousse à transmettre l’interrogation dans mes toiles.Par ailleurs, je tente d’être fidèle aux visions qui viennent occuper, le temps d’un flash, l’espace contigu juste derrière mes yeux.Dans les deux cas, la réalisation de la reconstitution heurte bien souvent mes limites, mes peurs, car la prise de conscience du sujet sur lequel je travaille n’est délivrée que quand je me suis déjà engagé.Chaque toile est donc l’occasion de suivre le chemin de l’inspiration première : il faut donc faire confiance. Je prends exemple sur Bernanos, pour qui il n’est de bon livre qui ne lui coûte. Je crois que Dieu m’attend dans chacune de mes toiles, afin de m’aider à dépasser les frontières étroites de ce que je suis.

François-Xavier de BoISSouDy

Page de droite : trois tableaux de Boissoudy. En haut à gauche : "Marie" (format 65 x 50 cm, détail) - à droite : "Dans le métro" (60 x 75 cm) - en bas : "Joseph et Marie" (60 x 72), exposés avec d'autres à St-Denys du St-Sacrement.

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DOSSIERQuant à l’église St-Paul - St-Louis, elle ac-

cueille, le samedi 14 mars à 15h, le dernier voyage de monsieur Claudel, pièce écrite et interprétée par Sylvain Beltran. Le comédien fait vivre à l’écrivain sa rencontre avec Dieu, au moment de son tré-pas et de ses obsèques. L’auteur y décrit l’écrivain anarchiste qui se convertit au christianisme, poète avec tous ses contrastes et son génie. Cette très libre adaptation de textes de Claudel a été mon-tée à Paris, avant de partir en tournée. Elle nous revient une dernière fois, drôle, parfois poignante. La représentation sera suivie d’une rencontre avec le metteur en scène et le petit-fils de l’écrivain, François Claudel, qui avait 10 ans à la mort de son grand-père.

Cette année, l’église réformée du Marais ac cueille, vendredi 13 mars à 20h30, Michael Lons dale et Pierre-Phi-lippe Devaux, tous deux comédiens. Ils sont ac-compagnés de Levon Mi nassian, avec un dou-douk, (instrument armé-nien traditionnel), pour une lecture mise en es-pace de Jonas l’insolent ou la fuite en arrière. Ce moment sera également suivi d’une rencontre avec les comédiens.

Le festival prend de l’ampleur aussi cette an -née en accueillant, pour la première fois, le Salon des écrivains croyants, le vendredi 20 mars 2009, à la mairie du IVe arrondis-sement. Cette manifesta-tion se déroule en parte-nariat avec l’Asso ciation des Écrivains Croyants d’Expression Française et la librairie la Colomberie. 25 auteurs dédicaceront leurs ouvrages, parmi lesquels Gérard Israël, Nathalie Nabert, Denis Lensel, le pasteur Alain Joly, René Guit-ton, Jean-Pierre Guérend, Jean Duchesne, Pierre Boz, Odile de Vasselot, ou encore Mgr Michel Aupetit.

Ce thème du temps et de l’éternité ne serait pas complet sans une approche de la vieillesse. C’est chose faite avec la projection mercredi 18 mars à 20h30, à l’église Saint Merry du film Vieillir dans la foi réalisé en 2006 par Delphine Prunault. L’auteur a recueillis les témoignages de plusieurs religieuses, dans leur monastère. Ce film est pro-posé dans le cadre d’un partenariat avec l’émission « le Jour du Seigneur ».

Nous terminerons cette évocation en tex-tes et images du prochain Festival par une autre avant-première, en rencontrant Sergio Birga. Peintre italien, originaire de Florence, il vit en France depuis 1966. Il habite le quar-tier du Marais à Paris, et vient d’être retenu par la paroisse Sainte-Elisabeth de Hongrie, dans le IIIe arrondissement de Paris, pour réa-liser le nouveau chemin de croix de l’église. L’artiste a réalisé cette œuvre en hommage à Jean-Paul II.

L’inauguration officielle s’est déroulée le mercredi des cendres, 25 février, jour de l’en-trée en carême. Le père Xavier Snoëk, curé de

la paroisse et le père Pierre Wang, curé de la mission chinoise, implantée sur la paroisse, ont accueilli Mgr Jé rôme Beau, évêque auxiliaire de Paris, qui présidait cette inauguration qui prit la forme d'un chemin de croix prié... L’association des membres de l’Ordre de Malte était aussi re-présentée autour de son président, Dominique de La Rochefoucault-Montbel, Ste-Élisabeth étant la paroisse conventuelle de l’Ordre.

Sergio Birga se classe lui-même dans le « mouvement de la figuration narrative ». Il a beaucoup peint avec comme thème la ville, et expose régulièrement en France et à l’étranger.

Ce thème ne serait

pas complet sans une

approche de la vieillesse

SErgIo BIrga est un peintre déjà connu de nos lecteurs, qui habite près d’une église - sa paroisse - qui ne possédait pas de chemin

de Croix. Cette église, dédiée à Notre-Dame de Pitié et à Sainte Élisabeth de Hongrie, patronne du Tiers ordre franciscain, accueille outre les paroissiens, les membres de l’ordre de Malte et la mission catholique chinoise. À partir d’un noyau baroque à l’origine, l’église est décorée de boiseries, dont 100 panneaux sculptés de style flamand du XVIIe siècle.Le Chemin de Croix devait révéler le clair-obscur ambiant ainsi que le choix de Jean-Paul II, des scènes présentes dans les évangiles dont gethsemani, le baiser de Judas, le tribunal du Sanhédrin et le reniement de Saint Pierre. Ce choix d’une thématique douloureuse est rendu de façon énigmatique, dans la noirceur qui a fouetté l’imagination de l’artiste. Il a voulu participer de ce climat sombre, voire ambigu par la douleur innocente qu’il traduit dans ses quatorze stations et tableaux qui, en racontant la montée au Calvaire, affirment aussi la liberté du Christ, corps et âme, dans sa totale vérité humaine et sa certitude d’appartenir au Père.Si Birga privilégie une monochromie brune et blonde de l'atmosphère il ne manque point de célébrer la lumière, avec des reflets de couleurs atténuées mais vivantes. Les rouges éteints et pourtant solennellement attribués, un peu de jaunes, rares, mais étincelants et comme des reflets verts ou bleus dans le clair-obscur des feuillages ou de l'aube finissante.Le drame est présent, menaçant, sous-jacent dans l’ombre d’une nuit montante, quand la parole tonne au milieu de tant de silences et de pleurs, quand l’aube surgit avec la mort et la désolation d’une famille, c’est que la vie est en marche, renouvelée par le baptême et la foi de tous les disciples, venus ou à venir.Ceux que le peintre voit venir ; au-delà des montagnes, ces groupes d’hommes renouvelés dans la clarté grandissante de l’aube ; venus des confins du monde et présents pour toujours.Dans le chemin de Croix de Sergio Birga, on trouve le réalisme et la théologie, la crainte et l’espoir, la mort et puis la vie. Suivant ce long périple, nous voici parvenus – avec la vigueur de l’artiste – sur le chemin de la vérité.

ariane grENoN

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Les visiteurs peuvent admirer son travail au mu-sée Carnavalet ou encore au musée d’Histoire Contemporaine aux Invalides.

Sergio Birga, vous vous définissez comme un artis- ■te chrétien, comment en êtes-vous venu à réaliser un chemin de Croix pour l’église Sainte-Elisabeth de Hongrie dans le quartier du Temple à Paris ?

Le père Snoëk, curé de la paroisse, m’a deman-dé de réaliser un chemin de Croix pour son église, car il n’y en avait pas à Ste-Élisabeth. Ou plutôt si, en fait il devait y en avoir un, qui a été enlevé de-puis longtemps, car il ne reste de cette époque que les numéros des stations, toujours visibles sur les piliers. J’avais déjà peint un autre chemin de Croix, beaucoup plus coloré (on peut le voir à St-Georges de la Villette dans le XIXe), mais celui-ci est en camaïeu de bruns, en demi-teinte, pour rappeler les boiseries qui l’entourent, afin qu’il n’y ait pas de rupture de ton avec le reste de l’édifice.

Je me suis laissée dire que cette contrainte vous avait ■été quelque peu imposée par la Ville de Paris ... Votre sensibilité artistique n'en a-t-elle pas été bridée ?

Non, même s'il y a eu un dialogue avec l'admi-nistration comme cela est normal. Ce que vous ap-pelez une contrainte tombait un peu sous le sens

ici, et me rappelle cette phrase très juste d'André Gide : « L'art naît de contraintes, vit de luttes et meurt de liberté. »

Vous exposez aussi cette année des œuvres dans ■le cadre de la semaine du Marais Chrétien. Cette exposition s’intitule « Un autre regard ». Elle se déroule à la mairie du IIIe arrondissement de Paris. Qu’allez vous y présenter au public ?

J’ai prévu d’exposer des œuvres à la fois re-ligieuses et non religieuses. Mes tableaux sont répartis en trois séries. La première partie, avec plusieurs tableaux, évoque Jérusalem, où je suis allé. Une grande toile représente la ville Sainte et plusieurs tableaux plus petits évoquent aussi ce thème. La deuxième partie est constituée de vues prises depuis mon atelier. Ce sont surtout des ciels, des vues et des toits de Paris. La troisième partie, la plus importante est constituée de tableaux à caractère religieux. J’ai choisi une « Annonce aux Bergers », une « Transfiguration », mais aussi une « Résurrection de Lazare », et bien d’autres encore. J’expose aussi plusieurs aquarelles. L’une de ces aquarelles représente la « Rue de l’Évangile » dans le XIXe arrondissement de Paris.

Enfin, le père Xavier Snoëk, curé de la paroisse Sainte-Élisabeth de Hongrie, m’a demandé de pré-senter, mais seulement en photo, en fin d’exposi-tion, une des stations de son tout nouveau chemin de Croix. ■

FRANCECatholique n°3154 27 février 2009 13

Tableau de Birga exposé à la Mairie du IIIe dans le cadre du Marais Chrétien.

Ce sont surtout des ciels, des

vues et des toits de

Paris

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14 FRANCECatholique n°3154 27 février 2009

PREMIÈRE STATIONJésus au Jardin des OliviersÉvangile selon saint Marc 14,32-36

Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémani, Jésus emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commence à ressentir frayeur et angoisse. Il leur dit : « Mon âme est triste à mourir. Demeurez ici et veillez. » S’écartant un peu, il tombait à terre et priait pour que, s’il était possible, cette heure s’éloi-gne de lui. Il disait : « Abba… Père ! Tout est possible pour toi, éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! »

Gethsémani c’est l’envers de la Trans­figuration. C’est l’heure des ténèbres. C’est

l’heure où Satan revient pour tenter Jésus. Jésus qui sait ce qui va se passer est pris par l’angoisse de la mort. Il partage notre huma­nité jusque­là. La pointe de l’Incarnation est là.

Mais Jésus est Dieu. Il adhère totalement au projet du Père sur l’humanité qui passe par le sacrifice de la croix. Jésus avance ré­solument sur le chemin de la croix. Il ne se dérobe pas.

Gethsémani c’est la tension extrême en­tre la divinité et l’humanité du Christ.

Là Jésus vit nos combats mais il en sort vainqueur

Dieu est plus fort que Satan. L’Amour a vaincu. L’Amour est plus fort que tout.

DEUXIÈME STATIONJésus trahi par JudasMarc 14,43.45-46

Judas, l’un des Douze, arriva avec une bande armée d’épées et de bâtons, envoyée par les chefs des prêtres, les scribes et les an-ciens. Judas, s’approchant de Jésus, lui dit : « Rabbi ! » Et il l’embrassa. Les autres lui mi-rent la main dessus et l’arrêtèrent.

C’est la confusion. Dans d’autres évangi­les Jésus dit « c’est moi » (ego eimi) c'est­à­dire « Je suis », le nom divin, et alors ils tombent à la renverse, l’adorant malgré eux.

Cette confusion est celle qui est dans la tête de Judas, dont on ne connaîtra jamais le motif de la trahison. Combinaisons tordues, tentatives pour que Jésus s’impose par la force, use de son pouvoir à son profit. C’est une ultime tentation de Satan qui se sert de Judas.

Tout est paradoxal. Cela est bien tra­duit par le baiser. Acte d’amour qui, dans ce cas, est complètement faux, puisqu’il n’est que signe de reconnaissance. Jésus en est conscient. Il ne fuit pas. Il fait face souverai­nement. Face au désordre et à la confusion qui règnent dans la tête de Judas et autour de lui, Jésus est le roi qui s’avance librement dans sa Passion.

Jésus entre librement dans sa Passion comme le rappelle la liturgie eucharistique. C’est maintenant l’heure du Salut. Face aux bâtons dérisoires, face aux épées Jésus reste Fils de Dieu et guérit le blessé. Il pardonne même à ses ennemis.

TROISIÈME STATIONJésus jugé par le SanhédrinMarc 14,55.60-62.64

Les chefs des prêtres et tout le grand conseil cherchaient un témoignage contre Jésus pour le faire condamner à mort, et ils n’en trouvaient pas. Alors le grand prêtre se leva devant l’assemblée et interrogea Jésus : « Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ? » Jésus lui dit : « Je le suis. » Tous prononcèrent qu’il méritait la mort.

Jésus affirme le nom divin. Il se proclame avec majesté et assurance « Dieu ».

Ceci est inacceptable pour les grands prêtres. Le motif de la condamnation se trouve là. Au début ils ont fait arrêter Jésus par jalousie mais maintenant ils ont la vraie raison. Il n’y en a pas d’autre. C’est le refus de la nature divine de Jésus. Face au Sanhédrin, Jésus apparaît comme Dieu. Les grands prê­tres ont perdu la partie. Ils n’ont rien compris. Enfermés dans leur raisonnement, ils n’ont pas reçu le Messie que Dieu leur envoyait. Ils accomplissent la parabole des vignerons homicides. Après avoir tué les prophètes et Jean Baptiste, ils vont tuer Jésus. Ils sont passés à côté de la grâce. C’est au nom de

Méditation du père Xavier SNOËK sur le Chemin de Croix peint par Sergio BIRGA

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leur attachement à Dieu, qu’ils vont décider la mort de Jésus. D'une certaine manière, ils sont respectables dans leur logique. Leur foi en Dieu « un » est admirable, mais ils n’ont pas compris Jésus. Ils ne l’ont pas écouté. Ils n’ont pas non plus écouté les prophètes. Seul, un de leurs disciples comprend : saint Paul.

QUATRIÈME STATIONJésus renié par PierreMarc. 14,72

Un coq chanta pour la seconde fois. Alors Pierre se souvint de la parole de Jésus : « Avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. » Et il se mit à pleurer.

Toute la misère humaine, toutes nos lâ­chetés sont rassemblées dans la trahison de Pierre. Fanfaron, il avait affirmé à Jésus qu’il ne le renierait pas. C’était une grave impru­dence. Il a essayé de suivre Jésus mais s’ar­rête en chemin, comme nous­mêmes, bien souvent. Mais Pierre pleure. Son repentir est immédiat. La miséricorde de Jésus s’exerce même pendant la Passion. Pierre en est le bénéficiaire. C’est pour nous, la source d’une grande espérance. Même après la trahison, le retour est possible. Nous­mêmes, pécheurs, nous sommes appelés à demander pardon avec confiance. Jésus a pardonné, à Pierre, sa trahison, sa miséricorde est infinie, il peut aussi nous pardonner. Il peut tout pardonner. Il faut seulement que nous nous tournions vers lui.

CINQUIÈME STATIONJésus jugé par PilateMarc. 15,14-15

Ils crièrent encore plus fort : « Crucifie-le ! » Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas. Et après avoir fait flageller Jésus, il le leur livra pour qu’il soit crucifié.

Pilate ne sait que faire. La foule crie. Il ne voit en Jésus aucun motif de condamnation. Sa femme lui conseille de ne pas s’occuper de cette affaire. Mais Pilate n’est pas scrupuleux. Une vie humaine ne compte pas. Il a déjà le sang de quelques massacres sur les mains. Il a même été convoqué à Rome pour cela. Alors un homme de plus, abandonné de tous !

Qu’est­ce que la vérité ? Pilate semble avoir répondu à la question : il s’en moque. Malgré l’absence de motif, il fait flageller Jé­sus et le condamne à mort. Ce qui l’a décidé est la peur de perdre sa place. Les Juifs ont insinué qu’il n’était pas un ami de l’empereur s'il laissait en vie, un homme qui se dit Roi des Juifs. Pilate va alors se servir de Jésus, pour ridiculiser les Juifs en faisant rédiger l’écriteau « Jésus roi des Juifs ». Quand les Juifs viennent réclamer sa modification, il refuse, trop content de sa trouvaille. Il ap­paraît en fait parfaitement cynique. Rien ne l’émeut, pas même Jésus méconnaissable : « Voici l’homme ».

SIXIÈME STATIONJésus couronné d’épinesMarc. 15,17­19

Ils lui mettent un manteau rouge et lui po-sent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée. Puis ils se mirent à lui faire des révérences : « Salut, roi des Juifs. » Ils lui frap-paient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et s’agenouillaient pour lui rendre hom-mage.

Scène paradoxale : à la fois scène de tor­ture et de dérision et en même temps parfai­tement juste. Il faut adorer Jésus qui souffre les humiliations, les crachats, les tortures par amour pour nous. La mort est nécessaire à notre salut. Non les tortures ni les outrages. C’est le signe de l’amour surabondant de Jé­sus pour nous. Adorons et rendons grâce.

Mais adorons aussi Jésus Roi des Juifs, adorons­le couronné, même si c’est avec des épines, voyons son sceptre, même si c’est un roseau, avec les soldats, agenouillons­nous pour lui rendre hommage, même si ces der­niers le font par moquerie, Jésus est vraiment roi, il en porte les insignes.

À travers ces gestes et ces attitudes outrageantes, la vérité est affirmée. Jésus porte tous les attributs du roi, il va pouvoir monter sur son trône : la Croix

SEPTIÈME STATIONJésus chargé de sa croixMarc. 15,20-21a

Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau rouge, et lui remirent ses vêtements. Puis ils l’emmenèrent pour le crucifier.

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Jésus fait connaissance avec l’instrument de son supplice qui est aussi celui de notre salut. Abîmé, meurtri, exsangue, à bout de force déjà, il est chargé de sa croix. Les sol­dats brutaux, profitent de leur force. Jésus est le faible, l’humilié. Mais leur pouvoir est illusoire et leur force passagère. Jésus sera vainqueur. Dans cette scène, Jésus est vrai­ment l’esclave. Il porte sa croix, « travail » d’esclave. C’est l’humiliation suprême. Il est courbé sous le bois de la croix.

Sous les outrages, il est roi, crucifié, il est sur son trône. Là, il est seulement le serviteur. Même si subsiste la couronne d’épine qui rappelle qu’il n’est pas un condamné comme les autres.

HUITIÈME STATIONJésus aidé par le CyrénéenMarc. 15,21

Et ils réquisitionnent, pour porter la croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexan-dre et de Rufus, qui revenait des champs.

Jésus est si faible qu’il ne peut porter sa croix. Il a besoin de Simon. Il a besoin de nous. Simon n’a pas le choix. Il se retrouve, lui, innocent, à porter la croix du condamné, et il est traité comme lui. Mais c'est égale­ment injuste pour Jésus qui lui aussi est inno­cent. Prenons conscience de tant d’injustice. Ceux qui portent la croix sont innocents. Les soldats qui les accompagnent sont les vrais coupables. La situation est inversée.

Mais la situation se renverse, car si l’évangéliste Marc connaît Alexandre et Rufus, c’est qu’eux­mêmes, à la suite de leur père Simon, sont devenus chrétiens et sont connus de la communauté chrétienne. À tra­vers cette simple mention, c’est la victoire du Christ qui est annoncée. Le pouvoir des sol­

dats est illusoire, la force est vaine. L'humilité et la faiblesse triomphent.

NEUVIÈME STATIONJésus rencontrant les femmesÉvangile selon saint Luc. 23,27-28.31

Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et leur dit : « Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? »

Cette foule c’est celle des disciples, celle de ceux qui croient en Jésus, c’est le petit reste d’Israël. Elle nous préfigure.

Elle pleure sur les souffrances de Jésus alors qu’elle devrait pleurer sur ses péchés. Ce ne sont pas les Juifs qui mettent Jésus à mort Ce ne sont pas les Romains qui mettent Jésus à mort. Ils sont des acteurs que les circons­tances ont mis là.

Nous tous, sommes responsables de la mort de Jésus et de ses souffrances, par no­tre péché. Ne reportons pas sur les autres la responsabilité de la mort de Jésus. Ne soyons pas comme les femmes de Jérusalem qui ne se lamentent pas sur ce qu’il faut. Ne nous laissons pas enfermer dans notre affectivité et nos bons sentiments, regardons­nous en face et convertissons­nous !

DIXIÈME STATIONÉvangile selon saint Marc. 15,24

Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun.

Jésus est enfin sur la croix. Nous y som­mes arrivés avec lui. Le dénouement appro­che. Notre lassitude devant cet interminable chemin de souffrance semble voir la fin.

Jésus est sur son trône. Il n’est plus cour­bé sous le poids de nos péchés. Il est dressé à la face du monde. Il est « désigné » roi.

Mais il est aussi maintenant nu, dans la tenue de l’esclave. Jésus est bien Roi et ser­viteur. Nous levons maintenant les yeux vers lui comme on levait les yeux vers le serpent d’airain. C’est de la Croix que vient le salut.

Les soldats ne se rendent compte de rien. Alors que l’instant est solennel. C’est le mo­ment le plus important de l’Histoire de l’Hu­manité. C’est l’heure du Salut. Les soldats eux jouent aux dés, les dépouilles de Jésus, mi­sérables bouts de tissus ensanglantés. Alors que le sort de l’humanité est en jeu, que la vie éternelle va être obtenue, ils cherchent à gagner quelques linges dérisoires.

ONzIÈME STATIONJésus et le bon larronÉvangile selon saint Luc. 23,39-43

L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Messie ? Sauve-

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toi toi-même, et nous avec ! » Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu n’as donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condam-né, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après de ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et il lui disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Rè-gne. » Jésus lui répondit : « Amen, je te le dé-clare, aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

Jésus est sur son trône avec à sa droite et à sa gauche ceux pour qui, les places ont été retenues. Le Tentateur est de retour. C’est son heure. Il était déjà présent à Gethsémani. Le voilà à nouveau. Cette fois, il passe par le condamné qui lui dit : « sauve toi ! »

Pourtant la victoire de Jésus est déjà pré­sente, à travers l’autre condamné quand le Christ lui dit : « Tu seras en paradis ». La porte est ouverte. La victoire de Jésus sur la mort est déjà là. Le Tentateur vient de livrer son dernier combat et il l'a perdu. Jésus est victo­rieux même s'il agonise. Il est reconnu com­me roi. Son règne a commencé sur la Croix. Le calvaire est la salle du trône du Christ.

DOUzIÈME STATIONJésus, sa Mère et JeanÉvangile selon saint Jean. 19,26-27

Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui.

Dans cette scène s'expriment tout l'a­mour, toute la tendresse du Christ. Jésus se préoccupe du destin de sa mère, il la confie à Saint Jean. Toute la délicatesse de Jésus ap­paraît à ce moment. Cette scène nous mon­tre également l’enracinement de Jésus, dans l’humanité. Il se soucie de l’avenir matériel de sa mère, veuve, sans autre enfant.

Jésus donne aussi sa mère, à Jean, le dis­ciple qu’il aimait. À travers lui il donne à cha­cun de nous, Marie, comme mère. Avec sol­licitude, elle veille sur chacun d’entre nous. Marie, présente au pied de la croix, est aussi aux côtés de Jésus, dans la gloire. Aussi, elle intercède pour nous, de manière efficace, dans la gloire divine.

Jésus est toujours sur son trône mais il y a deux personnes nouvelles à droite et à gau­che, deux familiers, deux proches. La Vierge Marie, conçue sans péché et Jean, celui que Jésus aime. Ils ont pris la place des deux lar­rons. Pour entrer dans la gloire et siéger à la droite et à la gauche de Jésus, de larrons que nous sommes, il nous faut devenir sans péché comme la Vierge Marie ce qui nécessite une transformation qui ne peut être opérée que par Dieu et il nous faut aimer et être aimé, comme Jean.

TREIzIÈME STATIONJésus mourant sur la CroixÉvangile selon saint Marc. 15,34.36-37

Et à trois heures, Jésus cria d’une voix for-te : « Éloï, Éloï, lama sabactani ? », ce qui veut dire : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » L’un d’eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée, il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire en disant : « Attendez ! Nous verrons bien si Élie vient le descendre de là ! » Mais Jésus, pous-sant un grand cri, expira.

Le monde bascule à ce moment à cet ins­tant précis. Le rideau du Temple se déchire. Il y a des tremblements de terre. Le ciel s'obs­curcit. L’Ancienne Alliance est rompue. Le Temple est ébranlé et va être détruit. La mort de Jésus concerne tout l’univers et l’huma­nité. Le cours de l’Histoire est changé. Une dernière fois à travers « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as­tu abandonné ? » le Tentateur se manifeste. Mais la présence des cataclys­mes montre sa défaite.

Jésus dit sa soif. À travers sa plainte, c’est toute sa souffrance qui s’exprime, souffran­ce physique mais aussi morale. Jésus a soif de notre salut. Il a soif de nous voir dans la gloire. Sa mort est notre passage vers une autre vie. C’est une nouvelle naissance. Dans les douleurs de la Passion, Jésus nous enfan­te à la vie éternelle. Quelle disparité avec les réactions des témoins qui ne comprennent rien à ce qui se passe !

Adorons tant d’amour manifesté par tant de souffrance ! Contemplons l’ampleur du sa­lut qui vient de s’accomplir à travers ce der­nier souffle rendu au Père.

QUATORzIÈME STATIONJésus mis au tombeauÉvangile selon saint Marc. 15,46

Joseph d’Arimathie acheta un linceul, il descendit Jésus de la croix, l’enveloppa dans le linceul et le déposa dans un sépulcre qui était creusé dans le roc. Puis il roula une pierre contre l’entrée du tombeau.

Après l’hostilité des soldats et les moque­ries de la foule, les amis de Jésus se rassem­blent autour de Marie. C’est l’Église qui est en train de naître et qui, timidement, se réu­nit autour de Marie, pour rendre un dernier hommage à son Seigneur. Avec beaucoup de soins, son corps précieux est descendu de la croix. Avec Joseph d’Arimathie, la Vierge Marie, saint Jean et les autres, contemplons le corps souffrant de Jésus. Son corps, gar­de mémoire de chacun des outrages de la Passion. Son corps, garde mémoire de tant d’amour pour nous. Les plaies de Jésus sont les signes de l’amour infini qu'il nous donne. Ressuscité, ce sont ses plaies qui le feront reconnaître.

Maintenant avec Marie, Nicodème et les saintes femmes, essayons de réparer les outrages. En accomplissant les soins mortuai­res, ils veulent compenser toute la haine qui s’est déversée sur le corps de Jésus. Par leur amour, ils veulent réparer la haine. L’amour prend, alors, le pas sur la haine. Les lumières du sabbat commencent à briller. Elles annon­cent la victoire sur la mort. Le sabbat va être le grand repos, comme toujours, mais au ma­tin de Pâques, le monde va être recréé. Le Christ va sortir victorieux de son tombeau. Aussi ce tombeau où Jésus est déposé, est­il également le signe de notre espérance.

Maintenant avec Marie, contemplons les plaies de Jésus. Ce sont elles qui permettent à Thomas de reconnaître son Seigneur et son Dieu.

Avec Jésus suivons ce chemin de Croix : il mène à la Résurrection. n

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L'actualité nous réserve parfois des surprises amè-res. On croyait par exem-

ple en avoir fini avec cette terreur d'antan qu'on nommait le choléra ou la peste. L'Europe en son temps faillit périr elle-même sous le choc d'épidé-mies qui déci mèrent notre vieux monde. Des progrès ont permis de conjurer ces périls dévastateurs. La mort dont on s'était affranchi n'était pas conjurée pour autant. Sinon parlerait-on en des termes qui nous semblent d'un autre âge, d'endémies mortelles qui sem-blent nous ramener des siècles en arrière ?

Et voilà que sur l'ex trême sud du continent africain, dans un pays qui s'appelle Zimbabwe, nous viennent des nouvelles terrifiantes d'une endémie où le choléra et la peste se donnent à nouveau la main pour enfoncer tout un peuple dans le malheur. Selon l'Organisation mondiale de la santé, 77.650 Zimbabwéens ont été infectés par le choléra depuis le mois d'août dernier et 3.688 en sont déjà morts. Les vieilles fatalités ne sont pas les seules en cause. C'est de mains d'hommes, de quel-ques-uns qui ont, à la faveur du pouvoir, mis à sec et à mal un pays tout entier. C'est

d'autant plus insoutenable que ce pays avait des ressources et faisait envie à beaucoup d'autres quand ils le visitaient comme un lieu d'opulence. Hélas, un homme, qui tenait du prédateur, prit le pouvoir sans partage. Il ne manquait pas d'audace jusqu'à nos jours pour affirmer comme il le fai-sait que le Zimbabwe était sa propriété personnelle.

L'appareil d'État qu'il a mis en place assurait, prétendait-il, un avenir pros père. Il en était d'ailleurs à son septième man-dat, quand se produisit l'inat-tendu, c'est à dire la mani-festation d'une opposition qui remettait en question un ordre établi qui n'avait vraiment rien d'un ordre de justice. Pour une fois, apparaissaient sur la scène politique du pays, des hommes qui ne se payaient pas de mots et certains, la majorité, gagnaient les élec-tions il y a un peu plus d'un an. Mugabe en fut stupéfait mais il ne baissait pas la garde pour autant.

L'expérience d'une dicta-ture comme celle que Mugabe avait mise en place, c'est comme une liqueur envoû-tante qui ne vous permet plus de regarder le réel pour ce qu'il est. Mugabe s'était tel-lement emporté comme un maître tout puissant qu'il ne pouvait évidemment réaliser ce qui venait de lui arriver, une sorte de séisme. Ce n'était pas suffisant pour décider le maî-tre des lieux à un partage des com mandes.

Le Zimbabwe pendant ce temps s'enfonçait dans l'indi-cible à l'abandon. On voyait des gens mourir dans les rues d'Arare la capitale. Le plus souvent ils ne savaient plus où aller ni la force de le faire. Peut-il y avoir au monde

dénouement plus dramatique que celui qui accable ce pays ?

Ceux qui en avaient en core la possibilité s'efforçaient de survivre par des moyens comme on en employait au début du monde peut-être. C'est sur des routes qui ne menaient nulle part qu'on voyait ces foules malades et affamées chercher ce qui pourrait leur rester de cho-ses à échanger ou à vendre. Une cigarette, quand c'était le cas, représentait à elle seule le revenu d'un mois pour ceux qui avaient pu en échanger.

Quand des endémies aussi rapidement dévasta-trices que le choléra viennent à décimer des populations entières, on peut réaliser ce qu'il en est de la misère. Elles étaient d'autant plus redou-tables qu'elles sévissaient sur une population qui était déjà au-delà de la détresse ima-ginable puisque, entre autres désastres, l'agriculture y a été détruite par l'expulsion incon-sidérée des derniers fermiers blancs et que, d'autre part, un délégué spécial de l'Onu a pu affirmer que le sida touchait un million de Zimbabwéens (sur 13,5 millions).

Si le reste du monde avait des yeux pour voir, sans doute se serait-il aperçu de ce qui se passait à l'extrémité d'un continent qui nous est voisin, l'Afrique dont nous ne som-mes pas séparés par des dis-tances infranchissables. S'il pouvait voir, sans doute, ne pourraient-ils le supporter.

C'est peu dire qu'on est dans un état d'urgence et quelque part aux portes de la nuit. Le malheur est le seul à y gagner. Il ne faut vraiment pas tarder à mettre nos horloges à l'écoute de ces glas funèbres qui sonnent à tous les coins

de rue. Il y a décidément une coupable indifférence à rester impassible.

Les instances internatio-nales sont restées à distance devant cet insoutenable qu'un peuple avait à subir... On par-lait jadis d'un droit d'ingérence en cas d'urgence, encore nous faudrait-il des yeux pour voir et des oreilles pour entendre la grande rumeur qui retentit comme un glas.

Il est plus que temps de se lever pour dire non à l'im-possible dans cette partie du monde comme en toute autre. Le temps des calculs est désormais derrière nous. Vient le moment où il n'y a plus à tergiverser. Ne reste que le souvenir lointain de ce bonheur dont le Zimbabwe semblait pourvu. Le continent africain semble enfin prendre conscience de ce qu'il se passe dans ces proximités immé-diates.

Il y a du retard qu'il faut rat traper. Ce qui s'est com-mis au Zimbabwe relève d'une justice internationale comme il y en a une à La Haye et ce qui s'est passé justifierait une intervention. à défaut il faut au moins que les opinions européennes dressent l'oreille et disent les refus qui s'impo-sent. Ce pays du Zimbabwe ne mérite pas le sort qui lui est fait. Il n'a en rien démérité de sa place parmi les nations.

Ces portes de la nuit, il faut à tout prix les faire sau-ter pour qu'arrive enfin quel-que chose, pour qu'enfin soit offert à tous un air respira-ble. La clameur des portes finira bien par faire tomber ce qui est encore bien plus dur que ne l'était Jéricho en son temps. à nous de prendre notre place dans le refus d'un destin immérité. n

Les portesde la nuit

ParRobert Masson

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ESPRIT

En mémoire des jours

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AVIGNON

Huit curés doyens de son conseil presbytéral ont démissionné, le 3 février dernier et les jours suivants pour protester contre l'au to ri tarisme de l'archevêque d'Avi gnon, sur fond de crise financière et de difficulté à admettre l'arrivée de communautés et de prêtres d'Amérique Latine, d'Afrique et d'Europe de l'Est, invités par Mgr Catte noz dans son dio­cèse pour pallier le manque de vocations locales. Rendu publique dans Vaucluse-Matin (édition locale du Dauphiné libéré) l'incident a fait l'objet de débats désagréables sur le blog de ce quotidien où l'on a pu lire énormément de choses fausses comme toujours dans ce genre de cas. Il en ressort que c'est tout sim­plement la démission de l'archevêque qui est souhaitée par un certain nombre de prêtres et de laïcs. On lira ci­contre, l'appel au dialogue de l'archevêque dans Vaucluse-Matin. Mgr Pontier, archevêque métropolitain de Mar seille, était attendu, mercredi 25 février, pour une mission d'écoute et de conciliation.

LUçON

Quant au quotidien Ouest-France, il a relayé les dénonciations de catholiques de Vendée qui n'ont pas admis que leur nouvel évêque, Mgr Alain Castet, ait nommé comme secrétaire­général adjoint de son évêché, un jeune laïc qui a été un militant actif du Mouvement Pour la France de Philippe de Villiers. S'ensuit un procès d'intention contre l'évêque qui serait simplement ridicule s'il ne tournait à la délation sous ses pires aspects.

KENYA

On a appris dans la nuit du 18 au 19 février, la libération de Caterina Giraudo et Mariateresa Olivero (petites sœurs de Jésus de Charles de Foucauld), enlevées à El­Wak, au Kenya, le 9 novembre dernier, et retenue en Somalie par des ravisseurs qui réclamaient une rançon.

CANONISATIONS

Le 21 février, le Pape a pré sidé un consistoire pour la canonisation de dix Bienheureux, parmi lesquels Jeanne Jugan, fondatrice des Petites sœurs des pauvres, qui sera canonisée le 11 octobre.

VIETNAM

Les 16 et 17 février, une délégation du Saint­Siège, conduite par Mgr.Pietro Parolin, Sous­secrétaire pour les rapports avec les États, a séjourné au Vietnam à l'invitation du gouvernement. Elle a pris part à Hanoï à la première session du Groupe de travail Vietnam ­ Saint­Siège pour les relations diplomatiques.

ARGENTINE Le ministre de l'intérieur, Florencio Randazzo, a annoncé le 19 février que la Direction nationale des migrations avait invité Mgr Richard Williamson à quitter le pays dans un délai de dix jours après le scandale provoqué par ses propos niant l'existence historique des chambres à gaz nazies. L'évêque intégriste, peut

faire appel. Mais une procédure a égale­ment été lancée contre lui, le 10 février, par divers organismes, pour apologie du négationnisme, devant la justice fédérale et l'Institut national contre la discrimina­tion (INADI).

SCIENTIFIQUES Une messe a été célébrée, le di ­manche 15 février en la basilique romaine Sainte­Marie­des­Anges­et­des­Martyrs, pour les participants d'un congrès en l'honneur du 445e anniversaire de la nais sance de « Galilée, fondateur de la science mo derne ». La messe était pré­sidée par Mgr Gianfranco Ravasi, prési­dent du Conseil pontifical de la culture, et organisée par la « World Federation of Scientists », sous la direction du physi­cien Antonino Zichichi.

MESSAGE DE MGR JEAN-PIERRE CATTENOZ

Je voudrais tout d’abord demander pardon, au nom de l’Église, à tous ceux et celles qui ont été blessés ou choqués par ce qui a été publié dans la presse sur la vie de notre Église dio-césaine. Je pense aussi à tous les fidèles qui vivent en authentiques témoins du Christ au

cœur de nos paroisses et qui se sont sentis atteints dans leur foi par tout ce qui a été écrit sur celui qui est leur évêque. Il a ses défauts. Ils en sont conscients, comme lui-même d’ailleurs. En même temps, je comprends la souffrance de tous ceux qui se sont exprimés, quelle que soit leur violence à mon égard et je les remercie de leur franchise.

Par delà ma personne, dans un diocèse si riche de son passé et de sa tradition ecclésiale, je suis conscient des tensions créées par l’arrivée de prêtres venant d’autres continents et de communautés nouvelles venant d’autres cultures pour suppléer à la crise des vocations et à l’hémorragie des communautés religieuses qui quittent notre diocèse faute de forces vives. Dans bien des cas, leur venue n’a pas été assez préparée et accompagnée en lien avec les prêtres diocésains. Je le regrette. Mais je suis sûr que de la crise actuelle, si nous savons relire tout cela dans une écoute mutuelle et fraternelle, à la lumière du Christ, nous sortirons grandis.

En effet, si au cours des dernières semaines, les tensions sont devenues de plus en plus perceptibles pour déboucher sur la situation actuelle, je suis sûr de la bonne volonté de tous. De mon côté, je suis décidé à rencontrer chaque prêtre diocésain pour l’écouter et dialoguer avec lui en vérité sur la réalité de son ministère au cœur de notre Église diocésaine. Par ailleurs, nous avons dans notre Église différentes instances de communion, elles ont joué leur rôle pour exprimer les tensions, elles joueront également leur rôle pour nous donner de retrouver la communion et l’unité.

Quand les chrétiens se réunissent pour célébrer l’eucharistie, ils ont conscience qu’ils se rassemblent venant d’horizons bien différents et que le Christ qui les rassemble est au-delà de toutes leurs divisions. Il nous est alors donné de communier les uns avec les autres dans l’Église, en nous enrichissant de toutes nos différences.

Je terminerai en vous signalant une erreur dans votre article : mon téléphone est à la dis-position de tous, même mon téléphone portable dont le numéro se trouve dans l’annuaire dio-césain. Je n’ai jamais refusé de recevoir quiconque même si parfois, en raison de mon agenda, je dois remettre un rendez-vous à quelques jours. Enfin, à tous ceux qui se sont exprimés sur votre blog, j’aurais envie de dire : venez dialoguer avec moi sans l’obstacle de l’anonymat, le dialogue permet de lever bien des incompréhensions et d’avancer ensemble dans la lumière de la vérité. Je vous attends, ma porte est ouverte !

J.-P.C.Message envoyé à la rédaction de Vaucluse Matin, publié le lundi 9 février 2009.

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lectures

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Satan est un mot hébreu qui signifie : l'adversaire, celui qui sème des embûches (Jb 1.6 ; Za 3.2). Sa traduction en grec est le diable, l'accusateur.

Selon Marc, Jésus a été tenté tout au long de son séjour au désert. Est-il sûr que Marc pense aux animaux sauvages soumis à Jésus comme en Is 11.6. Il se pourrait bien que les animaux sauvages symbolisent les forces du mal : mais face à ces hordes du démon, apparaît une autre armée, celle des anges, et ils apportent à Jésus sa nourriture.

Dieu s'est fait homme. Jésus par-tage la vie du peuple de son temps, et comme les prophètes il enseigne par ses paroles et ses actes.

Les délais sont accomplis : qu'est-ce que cela veut dire ? Les temps fixés par Dieu sont arrivés à leur terme (Ga 4.4 ; Ep 1.10), le temps de la préparation est achevé et la manifestation de Dieu, annoncée par les prophètes, est toute proche.

Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle : Dieu n'attend pas de l'homme des "œuvres", mais il les appelle à la foi. "Dépouillez-vous de tout ce qui vous encombre, de tout ce qui vous empêche de l'entendre et de le voir, et croyez ! Croyez que c'est lui et lui seul qui peut vous sauver !"

Suivez-moi (17) : Jésus appelle et embauche les hommes. Il est venu "pour rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés" (Jn 11.52) : le rassemblement des premiers apôtres autour de lui en est le signe. De même tout au long des siècles le rassemblement des hommes dans l'unique Église de Jésus-Christ sera le signe de l'œuvre du salut que Dieu réalise par son Fils. Jésus lance une invitation pressante et exigeante à travailler avec lui pour le Royaume.

Eux aussitôt le suivirent (1.18), c'est-à-dire qu'ils commencèrent à vivre avec lui, laissant leur famille et leur travail. Comme les maîtres en religion de son époque, comme les rabbins, Jésus ins-truit ses premiers disciples et leur communique les enseignements qu'ils transmettront à d'autres dans l'Église.

Simon, André, Jacques et Jean. Jésus les connaissait déjà : il les avait rencontrés là où Jean-Baptiste prêchait (Jn 1.35). Le premier noyau des disciples est ce groupe naturel de pêcheurs du lac dont Pierre semble être le leader. Des hommes sans doute jeunes, restés disponibles, dans un temps et une culture où l'on était moins esclave que nous ne le sommes des contraintes du travail.

Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. Jésus reprend l'appel au changement de vie, qui était au cœur du message de Jean, mais il met l'accent sur un élément nouveau : croire à la Bonne Nouvelle, c'est-à-dire à la venue d'un temps de grâce, une année de réconciliation (Is 61.1). Pour celui qui vient à Jésus, l'ouverture du cœur à la foi est aussi importante que la volonté de mener une vie droite. Luc explicitera ce message en Lc 4.18-22.

Nous ne savons que très peu de choses de ce qu'a été la vie de Jésus avec ses disciples durant les dix-huit mois (peut-être un an de plus) qu'il a passé avec eux. Jean a pris soin de nous parler des premières rencontres (Jn 1.29-34). Marc souligne ici l'appel que Jésus leur a un jour adressé : "Ce n'est pas vous qui m'avez choisi… ". n

Dimanche 1er marsPremière Lecture : Genèse 9.8-15Psaume 25.4-9Deuxième Lecture : 1·Pierre 3.18-22Évangile : Marc 1.12-15

Jésus appelle ses premiers disciples

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12 Aussitôt, l'Esprit le poussa au désert 13 et, pendant quarante jours, il y fut tenté par Satan. Il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient.14 Après l'arrestation de Jean, Jésus s'en alla en Galilée. Il proclamait la bonne nouvelle de Dieu 15 en ces termes : « Les délais sont accomplis, le Règne de Dieu est là, convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ! »

1er dimanche de carême (année B)commentaires des Pères

Louis et Bernard HurAuLt

Lundi du jugement dernier

1. Jésus qui mettra fin un jour aux équivoques, qui révélera la ligne de démarcation aujourd’hui cachée entre le péché et la sainteté, mais déjà, par sa seule présence, il « dévoile les pensées secrètes d’un grand nombre »➤ Contemplons le Seigneur de gloire, le juge ultime, présent dans le Serviteur souffrant, acceptons d’être remis en cause totalement par lui.Point spi : aimer la vérité, ne pas avoir peur de s’éclairer.

2. Jésus qui peut être si caché et si présent à la fois : tous nos choix sont faits en fonction de lui, et pourtant nous pouvons dire : « Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu … ? »➤ adorons Celui qui nous laisse de l’espace pour que nous décidions librement, que nous reconnaissions sa présence, acceptons son silence et sa soudaine intervention.Point spi : voir Jésus dans chaque situation.

3. Jésus qui se veut jusqu’au bout solidaire de ses « petits » disciples au point de prendre sur lui les coups qui leur sont destinés.➤ Vénérons Sa manière de prendre sur lui les rejets, les calomnies dont sont l’objet ses amis, adorons Jésus présent dans Son Église.Point spi : être solidaires de nos frères chrétiens persécutés.

Mardi de la prière filiale

1. Jésus qui retire peu à peu de notre prière tout ce qu’elle comporte de volonté propre, de tendance à imposer à Dieu notre volonté à nous.

1ère semaine de carêmeVoici quelques orientations spirituelles pour chaque jour, dans la ligne du dimanche : dimanche des Tentations, dimanche où l’on nous invite à grandir dans la « connaissance » de Jésus Christ. Chacune des lectures liturgique de la semaine constitue un ensemble cohérent où tout tient ensemble

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1ère semaine de carême

lectures

FRANCECatholique n°3154 27 février 2009 21

➤ adorons le Serviteur qui dit jusqu’au bout : « Que ta volonté soit faite », adhérons à son obéissance filiale qui ne réclame rien pour lui.Point spi : apprendre à dire avec tout notre cœur : « Que ta volonté soit faite », aimer cette volonté.

2. Jésus qui donne une forme à la prière, où la demande se glisse dans la contemplation, où la considération de nous passe après la considération de Dieu.➤ adorons Celui dont la prière plonge ses racines dans la vie trinitaire, ado-rons le Parfait adorateur, écoutons-le, suivons-le.Point spi : avoir le goût du Saint Nom de Dieu.

3. Jésus qui nous initie peu à peu à la réciprocité (« comme nous pardonnons »), comme des enfants aimés qui apprennent à se conduire en frères.➤ adorons Celui qui a voulu dire « nous », considérons Celui qui a voulu être le Frère universel.Point spi : ne pas nous conduire en enfants gâtés, refuser de fermer notre cœur à ceux qui frappent à la porte et demandent pardon.

Mercredi de Jonas

1. Jésus qui frustre notre volonté d’avoir des signes, et de ne nous engager qu’à coup sûr, qui bouscule notre prétention à juger avant de nous donner.➤ adorons le Dieu mystérieux et déconcertant qui s’est révélé aux Pères, retrouvons la liberté d’un Dieu qui n’est pas notre chose et qui réclame son obéissance.Point spi : accueillir ses appels sans discuter.

2. Jésus qui donne des signes, mais de préférence ceux que nous n’attendons pas, ceux qui ne s’éclairent que lorsqu’on a commencé à marcher avec lui. ➤ Vénérons le Verbe incarné venu nous manifester par des signes non équivoques l’amour du Père, reconnaissons Celui qui ne nous demande pas de le chercher dans le vide (cf. Is. 45, 15-26), accueillons Sa lumière surabondante.Point spi : savoir lire les signes du passé, ne pas être ingrat pour les grâces reçues.

3. Jésus qui se fait pour nous le signe, le vrai : sa vie parle d’elle-même, ses gestes, ses paroles sont des ouvertures inouïes. ➤ adorons Celui dont toute la vie « fait signe », dont toute la vie est porteuse d’une parole définitive, le Verbe.Point spi : voir dans l’Eucharistie le grand « signe » de son amour.

Jeudi de la supplication confiante1. Jésus qui nous veut à la fois confiants et abandonnés, qui veut faire naître en nous cette audace sans présomption de ceux qui se savent aimés.➤ attachons-nous à ce Bon Maître qui nous communique le secret de Sa confiance, contemplons le Fils totalement abandonné à son Père.Point spi : oser tout demander.

2. Jésus qui nous invite à nous remémorer les actes antérieurs de Dieu, ses bontés passées, sans nous laisser pour autant « enjamber sur la Providence », et postuler un renouvellement automatique des grâces reçues.➤ Vénérons Celui qui est, qui était et qui vient, neuf à chaque rencontre et fidèle à ses promesses, écoutons Celui qui a tout à nous apprendre.Point spi : nous redire que nous n’avons jamais été abandonnés, alors …

3. Jésus qui nous amène à traiter les autres comme nous aimerions l’être, sans nous laisser croire que nous serons payés de retour.➤ Vénérons Celui qui nous donne des frères à aimer et à servir, qui a voulu nous établir dans sa famille, notre grand Frère.Point spi : donner sans attendre, partager notre joie même dans les larmes.

Vendredi de la conversion sans délai1. Jésus qui donne une ampleur dra- matique à ce que nous jugeons des peccadilles, qui nous révèle la pro-fondeur du mal et le prix de l’amour.

➤ Reconnaissons l’Innocent, celui qui n’a aucune complicité avec le mal, adorons le très-Saint.Point spi : examiner sérieusement notre vie.

2. Jésus qui exige un changement d’attitude pour tout de suite, qui n’accepte pas les longs compromis.➤ Vénérons l’ami exigeant, qui ne peut supporter de nous voir stagner, reconnaissons le feu qui brûle Son cœur.Point spi : ne pas remettre à demain les choix nécessaires.

3. Jésus qui croit possible un renouveau de nos vies et de nos relations à nos frères, qui croit à la conversion, au progrès, aux larmes.➤ Contemplons Sa manière visionnaire de regarder nos vies, accueillons la confiance qu’Il nous fait, lui le VoyantPoint spi : retrouver la foi en un avenir lumineux.

Samedi de l’amour des ennemis

1. Révélation de l’honneur de Dieu : l’homme est fait pour rendre présente la sainteté de Dieu sur la terre ; notre existence « naturelle » est, en réalité, une vocation.➤ adorons Celui qui a avec son Père une telle ambition pour nous, Celui à l’image de qui nous avons été faits.Point spi : pourquoi suis-je sur terre ? Nous poser la question.

2. Révélation du prix de la vie humaine : Dieu l’évalue très haut, Jésus a payé le maximum, même le pécheur endurci n’est pas tenu à l’écart des dons de Dieu.➤ Considérons Jésus venu donner sa vie en rançon pour la multitude, Jésus offert pour les pécheurs, étonnons-nous de ce goût fort qu’Il a pour notre expérience humaine.Point spi : ne pas mal parler de notre humanité.

3. Révélation de la joie du ciel : Jésus ressent en lui cette joie pour le pécheur revenu, le mal croyant converti, etc. ➤ adorons le témoin de la joie du Ciel, l’Epoux comblé par le retour de son épouse infidèle.Point spi : accueillir généreusement la moindre trace de repentir chez nos frères. n

(épître ou prophétie, psaume, évangile), mais on aperçoit tout de suite la place qu’occupe le Sermon sur la Montagne comme charte de la vie nouvelle.

par le Père Michel GittoN

(Le site internet de France Catholique donne chaque jour la lecture et son commentaire...)

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© Editions du Triomphe, 7 rue Bayen, 75017 Paris, tél. 01.40.54.06.91, [email protected], www.editionsdutriomphe.fr

Saint BenoîtL'âme de l'Europe

22/44Noël GloesnerMonique Amiel

FRANCE CATHOLIQUE à suivre...

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La conférence épiscopale du Kenya, présidée, début février, par le cardinal John Njue, estime que la sous-alimentation touche dix millions de Kenyans. Les raisons

en sont climatiques et écono miques, mais surtout politiques. Les violences de décembre 2007 et janvier 2008, qui avaient dégénéré en pogroms contre la tribu Kikuyu à laquelle appartient le président Kibaki, ont laissé des traces et l'accord entre les di verses factions pour se partager le pouvoir - le chef de l'op-position Raila Odinga devenant Premier ministre - est source d'immobilisme.

Une fois passée l'euphorie causée par l'élection en Amérique d'un prési-dent dont le père est né à Kogelo, petit village de l'Ouest kenyan, tout le monde attend à nouveau les suites judi ciaires qui pourraient être données au rapport de la Commission d’enquête… Celle-ci, menée par le juge kenyan Philip Waki, à laquelle participait également Kalume Kambale, un expert juriste de la République Dé mo-cratique du Congo et Alistair Mac Faden, policier à la retraite de Nouvelle-Zélande, fait état d'environ 1 500 tués et de la ruine de 300 000 personnes déplacées… Les enquêteurs accusent de prémédita-tion des responsables poli tiques encore en place aujourd’hui, mais sans les nommer. Ces noms sont entre les mains du négo-ciateur en chef, Koffi Annan. C’est à lui que reviendra la responsabilité de les divulguer, afin d'actionner la justice. Au risque de déclencher de nouvelles vio lences ?

« Cette crise a permis aux Kenyans de se redécouvrir eux-mêmes », indique

à un représentant de l’Aide à l’Église en Détresse, le père Roger Tessier, Mission-naire d’Afrique qui est présent au Kenya depuis plus de 25 ans. « Les Kenyans ont redécouvert le pouvoir du peuple et ce-lui des médias [...] c'est ce qui a forcé les négociateurs à arriver à une en tente. Parce que sinon, on s’acheminait vers un renouveau des violences ». Mais cela a aussi été l'occasion d'enterrer beaucoup d'illusions. « Jusqu’ici, on prétendait que le pays était uni malgré la diversité des tribus et classes sociales. Comme l'a dit le premier ministre, "cette vitrine a été brisée" ».

Le Père Tessier indique que « la plu-part des Églises ont fait des efforts sé-rieux pour la réconciliation », tout comme la société civile, en organisant, dans les journaux mais aussi dans les paroisses, des forums de réflexion sur la raison des violences. « Le problème, c’est que cette réflexion ne pénètre pas encore dans les cœurs et les esprits et n'influence pas beaucoup l’agir des gens. »

L’Église catholique se sert des cam-pagnes de Carême pour promouvoir à nouveau les idées de justice, réconcilia-tion, paix et vérité. Une série d’af fiches est diffusée. Les Jésuites du Centre Haki-mani publient des bro chures sur les pro-cessus de guérison. Leurs collègues du collège Ekima ont imprimé 150 000 car-

tes, en anglais et en swahili, de la prière pour la paix attribuée à saint François d’As sise. Les religieuses du Centre Imara pour la justice et la paix ont « déve loppé un thème qui leur est familier : les fem-mes comme promoteurs de la paix ». L’Aide à l’Église en Détresse subven-tionne une initiative des Missionnaires d’Afrique : « Heal the Healers », qu’on pourrait traduire par « Guérir les gué-risseurs ». Un pro gramme bâti, dans un premier temps, pour l’Église soudanaise, particulièrement pour le personnel reli-gieux et laïc, visant la guérison à la suite d’un stress d’ordre post-traumatique

dans le cadre d’un conflit armé. Ainsi, les gens qui vien-nent en aide aux autres ne restent pas pri sonniers de leurs propres peurs et peu-vent, de nou-veau, assumer leurs respon-

sabilités. Les religieuses des écoles ké-nyanes situées dans les régions les plus touchées par les violences ont reçu ce soutien. C’est Ludwig Peschen, prêtre d’origine allemande, médecin et Mis-sionnaire d’Afrique, qui l’a mis sur pied.

Quant au cardinal John Njue, il a donc annoncé un plan stratégique des évêques contre la famine, mais « qui ne concerne pas seulement des activi-tés et des objectifs pratiques, mais fait référence aussi à la rencontre entre l’Église et les fidèles, pour qu’ils se sen-tent aimés, suivis et respectés comme des personnes créées à l’image et à la ressemblance de Dieu, qui partagent la liberté, la joie et la paix des enfants de Dieu ». n

SOLIDARITÉKENYA

Au Kenya, le traumatisme des violences ayant suivi les élections de décembre 2007 exige la justice et la réconciliation, alors que la famine menace…

Pour qu'ils se sentent aimés, suiviset respectés comme des personnes

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Comment panser les plaies ?

par Mario BARD

Dangereux mouvements de foule en janvier 2008.

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Les intuitions communes du Russe et du Français et les coïnci­dences entre leurs analyses sont souvent étonnantes. Dans un ouvrage collectif, le Père Patrick

de Laubier établit un parallèle saisis­sant entre ces deux penseurs chrétiens, qui ont vu tous deux dans le Christ « la force qui permet à la moralité de trouver un achèvement que ni Platon ni Aristote n’envisageaient ».

Orthodoxe convaincu, Soloviev était mal vu des autorités politiques tsaristes auxquelles l’Église russe était soumise, mais a su être un puissant avocat de la cause de l’unité des chrétiens. Converti au catholicisme par Léon Bloy en 1906 en même temps que sa fiancée Raïssa Oumantsov, jeune juive ukrainienne, Maritain a été un précurseur de l’es­prit œcuménique et novateur du concile Vatican II.

Soloviev était disciple de Platon, à la manière slave férue de puissants sym­boles comme le Mythe de la Caverne. Maritain, disciple de Thomas d’Aquin, était ainsi davantage héritier d’Aris­tote, plus attaché à la raison théorique. Patrick de Laubier voit dans ces deux auteurs « deux figures caractéristiques du génie oriental et du génie occidental issus de la tradition gréco­romaine » où le christia nisme s’est développé depuis Byzance et Rome.

Pour Soloviev, le Bien à atteindre procède d’un triple amour envers Dieu, la piété, envers le prochain, la pitié, et à l’égard de la création matérielle, la pudeur.

Maritain part de la distinction d’Aristote entre le bien et le mal, en vertu d’un « ordre inchangeable et qui cependant n’existe pas dans l’existence empirique », mais « dans l’esprit comme vu et connu par l’esprit ». Mais il est conscient de l’obstacle de la blessure de la nature humaine « qui exige la grâce pour faire le bien ».

Ici, le problème du mal est perçu par Soloviev comme une nécessité impli­quée par la liberté laissée aux hommes par Dieu pédagogue de la vie : c’est ici que s’incarne l’Antéchrist qui le préoc­cupe tant, comme un être qui contrefait dangereusement les apparences de la perfection divine, notamment sous les dehors d’une fausse paix et d’une fausse conciliation des croyants.

Pour Maritain, faire le mal consiste d’abord simplement à agir en oubliant la règle présentée par la raison. Ici théologien plus que philosophe d’après Laubier, Maritain déclare dans son livre De Bergson à Thomas d’Aquin que le péché « est la rançon de la gloire », parce qu’elle est le prix de la liberté concédée par Dieu pour rendre authen­tique toute relation d’amour avec les hommes.

L’intellectuelle russe Elena Pribyt­kova définit la démarche de ces deux penseurs comme « personnaliste » mais sous le signe d’une claire « primauté du spirituel », avec un humanisme à la fois « théocentrique et communau­taire ». Elle expose la philosophie du droit de Soloviev en ces termes : « Tous les droits de l’homme sont contenus

dans le pouvoir de devenir enfant de Dieu que l’Évangile proclame ».

De son côté, Maritain relaye l’intui­tion spiritualiste de Bergson en déclarant qu’« essayer de réduire la démocratie à la technocratie et d’en expulser l’inspi­ration évangélique (…) serait tenter de la priver de son sang ». Remarque prémo­nitoire d’une grande actualité en cette fin 2008, il ajoute que « c’est dans la vertu de l’inspiration évangélique que la démocratie peut surmonter ses épreuves et ses tentations les plus dures ».

à l’opposé de son époque et de son pays, Soloviev séparait religion et poli tique « pour distinguer les actions immédiates des finalités dernières », explique Elena Pribytkova. Maritain pré­cise que l’État ne représente pas Dieu, mais tire son autorité du peuple.

Question majeure pour des héritiers fidèles de l’Église indivise du premier millénaire, Maritain comme Soloviev ont été amenés à aborder la place du mystère d’Israël dans le pèlerinage ter­restre de l’humanité : tous deux ont vu dans la « question juive » le reflet d’une autre et vraie question, « la question chrétienne »…

Professeur de philosophie à l’uni­versité de Montpellier, Michel Fourcade souligne ici avec Soloviev comme avec Maritain que si la « question juive » était d’abord une « question chré tienne », c’est que « l’antisémitisme prouvait l’infidélité des sociétés chrétiennes à leurs propres principes évangéliques, leur perméabilité au paganisme et aux ma nœuvres du "père du mensonge"… »

D’après le théologien Vladimir Zié­linsky, Soloviev « a été le premier des pen seurs chrétiens à oser se tourner et même à dialoguer théologiquement avec le peuple de la Bible », ce peuple juif « choisi en vue d’une mission consistant à donner une nature humaine à Dieu sur la terre ». Un peuple « profondément religieux », mais dont la conscience et la

IDÉES

24 FRANCECatholique n°3154 27 février 2009

ORIENT / OCCIDENT

La place du mystère d'Israël dans le pèlerinage terrestre de notre humanité)

Convergences de So loviev et MaritainLa pensée de l’orthodoxe Soloviev et celle du catholique Maritain se sont rejointes sur la place de l’homme face à Dieu, et sur la parenté commune des chrétiens et des juifs.

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IDÉES

FRANCECatholique n°3154 27 février 2009 25

par Denis LENSEL

Convergences de So loviev et Maritainreligiosité sont « pénétrées par l’esprit du matérialisme pratique ».

D’après Soloviev, les Juifs « n’ont pas voulu comprendre et accepter la Croix et voilà déjà dix­huit siècles qu’ils portent malgré eux leur lourde croix ». Or, c’est par cette Croix qu’ils vont découvrir le mystère du Christ. Mais l’adhésion des Juifs au christianisme « est intimement

liée à l’œuvre de l’unité des chrétiens », et alors tout Israël sera sauvé, estime Soloviev en s’appuyant sur les écrits de Saint Paul, qui fut un Juif de culture grecque très ouvert à la notion d’uni­versalité.

Maritain conçoit Israël comme une « Église précipitée » dans les tribulations. Quant à l’antisémitisme, il n’hésite pas

à dire que son « germe caché » n’est autre que la « Christophobie », « une sorte d’acte manqué collectif ou de succédané d’une obscure passion, d’un furieux ressentiment, refoulé dans la nuit de l’inconscient, contre le dieu de l’Évangile et contre Jésus­Christ, fils de David ». Cependant, « les yeux bandés, la Synagogue chemine encore dans l’uni­vers des desseins de Dieu ».

D’après Ziélinsky, tant Maritain que Soloviev mais aussi le Père Serge Boulgakov considèrent que « la pré sence du Christ dans l’histoire se lit dans le destin du peuple juif », car Jésus « agit dans son peuple si crucifié, malgré ce peuple qui ne le reconnaît pas ». Car Dieu « entre dans l’histoire des hom­mes et y demeure, mais Il y vient, non de nulle part, mais à travers l’histoire réelle et charnelle de son peuple ». Et il « greffe » sur « la famille humaine tout entière » sa révélation « écrite sur la chair du peuple élu ».

On en conclut ici que « la présence juive au milieu des chrétiens désunis peut susciter un jour une force en faveur de l’unité » dont la genèse « se trouve chez les grands penseurs catholiques et orthodoxes ». D’après l’Évangile selon Saint Luc, « la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs, c’est elle qui est devenue la pierre angulaire ». On retrouve ici l’in­tuition exprimée par Léon Bloy dans son célèbre livre « Le Salut par les Juifs ».

Grâce à Soloviev et à Maritain, l’Église des héritiers fidèles de la volonté d’unité du Christ a déjà commencé à res­pirer de ses deux poumons, celui d’Orient et celui d’Occident, selon l’expression du penseur russe Viatcheslav Ivanov relayé par Jean­Paul II dans son encyclique œcuménique Ut Unum sint !. n

Don Patrick de Laubier, Vla­dimir Soloviev, Jacques Ma ri­tain, le personnalisme chrétien, Presses universitaires de l’IPC, 169 p., 18 €.

Jacques Maritain et la RussieColloque, Vendredi 3 et Samedi 4 avril 2009, Collège des Bernardins

Vendredi matin :Première partie : Les amitiés russesPrésidents de séance : Bernard Hubert (Toulouse), Marie-Bruno Borde (Toulouse)Bernard Marchadier, L’entourage russe de Maritain à ParisPiero Viotto, Maritain-Chagall, à travers l’évocation de leur correspondanceOlesya Bobrik (Moscou), Le compositeur Arthur Lourié et les MaritainMichael Meylac (Strasbourg), Les rapports de Maritain avec Stravinsky et Nicolas NabokovFlorian Michel (Paris), L’amitié Maritain/Hélène IswolskyVendredi après-midi :Deuxième partie : Les débats politiquesPrésidents de séance : Jean-Dominique Durand (Lyon), Florian Michel (Paris)Sylvain Guéna (Bretagne), L’idée de révolution chez Jacques MaritainPhilippe Chenaux (Rome), Maritain et le communisme soviétiqueAugustin Laffay, op, Une lecture marxiste de J. Maritain : Vitali Kouznetsov, La Philosophie bourgeoise française contemporaine (1970)Michel Fourcade (Montpellier), Quatre essais de 1927 : Maritain (Primauté du spirituel, Berdiaev (Le Nouveau Moyen Âge, Massis (Défense de l’Occident), Benda (La Trahison des clercs).Récital Arthur Lourié

Samedi matin :Troisième partie : Dialogue et rencontre entre l’Orient et l’OccidentPrésidents de séance : Antoine Guggenheim (Paris),Kozyrev (Moscou), L’élan néothomiste en Occident et la synthèse néopalamite en Orient : ressemblance et diversitéPatrick de Laubier (Genève), Maritain et BerdiaevAntoine Arjakovsky (Lviv, Université catholique d’Ukraine), La participation de Jacques Maritain à la revue La Voie de N. Berdiaev : une ligne de risque au temps présentRégis Ladous (Lyon), Le rôle des Maritain dans le développement des relations entre l’or-thodoxie et le catholicismeFrançois Daguet, op (Toulouse), La vision de l’unité des chrétiens chez Maritain

Renseignements et inscriptions : 01.53.10.74.44www.collegedesbernardins.frInformations pratiques : 20 rue de Poissy - 75005 ParisMétro Cardinal Lemoine, Maubert-Mutualité - Bus : 63, 86, 87 , 24, 67,47,89

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n Que représente ce premier procès au regard de l’histoire du pays ?

C’est une étape fondamentale pour le tribunal et pour le Cambodge. Ce débat n’a jamais eu lieu dans le pays. Il a fallu attendre pendant trente ans. Nous voulions un premier procès public rapidement. Duch était détenu dans des conditions problématiques depuis un certain nombre d’années. Les faits qui lui sont reprochés sont essentiellement concentrés autour du centre S21. Nous avons donc choisi de dissocier son procès de ceux des respon-sables du régime, les quatre autres mis en examen dont les dossiers constituent un énorme volet de l’affaire.

n Le dossier d’instruction de Duch comporte 80 000 pages traduites en anglais, en khmer et en français. Combien de temps l’instruction a-t-elle duré ?

Il a fallu moins d’un an pour conclure le dossier d’instruction. Mon principal objectif était d’aller à l’essentiel, c’est-à-dire pour Duch, déterminer quels étaient les faits qui pouvaient lui être repro-chés. Certes, beaucoup d’actes étaient tenus pour acquis, mais les avocats de

Duch nous rétorquent : « Prouvez-le ». La justice ne peut pas s’appuyer sur des articles de journaux ou sur des re cherches universitaires. Un procès est une procédure qui risque de déboucher sur une condamnation. Pour cela, il faut des preuves tangibles. Nous en avons trouvées, parfois un peu trop, triant des masses de documents considérables pour permettre un débat limpide et simple.

n Avez-vous été confronté au silence de toute la génération qui a vécu sous Pol Pot ?

Il y a un silence assourdissant sur le sujet, effectivement. C’est un véritable problème de toute la société cambod-gienne. Dans les familles, on n’en parle pas. Dans les écoles, on n'en parlait pas jusqu’à cet accord tout récent sur les programmes scolaires pour la rentrée prochaine. Je suis persuadé que rien n’aurait été modifié si on n’avait pas démarré le procès.

Aujourd’hui, il y a des jeunes Cam bodgiens qui disent que ces crimes n’ont pas existé ! Mais quand ils vont voir qu’il y a quelqu’un dans le box des accusés en train d’expliquer ce qu’il a fait, cela va forcément provoquer des

réactions, des questions dans les familles. Ceux qui préfèrent oublier ou ne pas en parler ne sont souvent pas en paix.

La remise à plat du passé est l’une des conditions pour que le Cambodge évolue positivement. Pour cela, on n’a encore rien trouvé de mieux qu’un procès.

n L’avocat de Duch déclare que l’accusé attend son procès avec impatience. Il est le seul à reconnaître sa culpabilité dans les événements de 1975 à 1979. Est-ce une stratégie de défense ?

Il faudrait demander à son avocat. Ce que je peux dire, c’est que Duch a proba-blement évolué personnellement depuis l’époque. C’est de notoriété publique qu’il s’est converti au christianisme évangé-lique, ce qui incontestablement peut expliquer son attitude. Il est dans une logique de repentance. Je vous renvoie aussi à l’expertise psychologique dont il sera question au cours du procès.

n Avez-vous été sensible à ses larmes lors de la reconstitution des scènes de crimes, près de l’arbre où les Khmers rouges fracassaient le crâne des enfants ?

Je pense que la reconstitution sur place était très importante pour les

REPORTAGE

26 FRANCECatholique n°3154 27 février 2009

Marcel Lemonde est co-juge d’instruction aux Chambres Extraordinaires des Tribunaux Cambodgiens pour juger les dirigeants khmers rouges. Nommé en 2006, le juge français rassemble les preuves des crimes qui ont provoqué la mort d’1,7 million de personnes.Le 17 février a débuté à Phnom Penh le procès de KaingGuekEav alias Duch, ex-responsable du camp S-21, la prison emblématique des horreurs commises par les Khmers rouges.

CAMBODGE

Il y a des jeunes Cambodgiens qui disent que ces crimes n'ont pas existé)

Le procès de Duch

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FRANCECatholique n°3154 27 février 2009 27

Propos recueillispar Étienne LORAILLÈRE

Le procès de DuchTuol Sleng, symbole des torturesAu cœur de Phnom Penh, le lieu est hautement symbolique des tortures perpétrées par les Khmers rouges. Nom de code : S-21. Seize mille personnes y ont vécu leurs derniers instants d’agonie de 1975 à 1979. Une double muraille de tôles ondulées surmontées de barbelés électrifiés a empêché toute évasion. Seul sept personnes ont survécu, dont le peintre Vann Nath, auteur de très nombreux tableaux décrivant l’horreur du quotidien à S-21.Tuol Sleng était autrefois un lycée d’excellence. Il fut transformé par les Khmers rouges en centre d’interrogatoires pour les ennemis du régime. Le spectacle des outils de torture est insoutenable, du bac à eau dans lequel on plongeait les suppliciés aux pinces pour lacérer les chairs. Les prisonniers racontent l’enfer, les tortures horribles, les humiliations, les conditions de vie inhumaines enchaînées des heures durant dans des salles collectives, le pire de ce que peut produire l’imagination… Les salles de classe du rez-de-chaussée et du premier étage avaient été divisées en petites cellules tandis que celles du deuxième étage étaient destinées à la détention commune. Des cellules individuelles étaient réservées à des proches de Pol Pot lors de la purge du régime.Toute l’organisation du centre consistait à arracher des aveux aux prisonniers : une préten-due collaboration avec la CIA, le KGB ou la trahison, la collusion avec la société capitaliste et impérialiste. Avant de mourir, les victimes devaient aussi dénoncer les ennemis de l’An-gkar (« organisation » en khmer), le nom donné au Parti révolutionnaire. L’aveuglement et la fureur des bourreaux étaient tels que de nombreux détenus ont fini par dénoncer, à tort, toutes les personnes de leur connaissance : leur propre famille, leurs enfants, leurs voisins, leurs amis. Ces derniers étaient alors à leur tour emprisonnés et de vaient dénoncer… Paysans, ouvriers, techniciens et surtout ingénieurs, médecins, professeurs, militaires, diplomates ont été exterminés, avec leurs femmes. Pas de pitié non plus pour les enfants afin d’éviter, disaient les bourreaux, la vengeance et laminer l’intelligentsia « bourgeoise ». La vision de l’un des tableaux de Vann Nath montrant la séparation des mères et des petits enfants est particulièrement insoutenable.Les gardes avaient dix ou quinze ans seulement, et n’en étaient que plus féroces. L’Angkar arrachait les enfants aux familles et les embrigadait au son de slogans et de chants idéolo-giques : « Ne te pose pas de question, s’il est fait prisonnier, c’est que l’Angkar a de bonnes raisons », « le prisonnier doit dénoncer les ennemis de l’Angkar », « Si ton père, ta mère ou tes frères doivent être exécutés, l’Angkar a de bonnes raisons de le vouloir. Tue-les ».Dans S-21, la machine de mort khmère rouge tourné en 2004, le réalisateur cambodgien Rithy Panh montre des témoignages saisissants : quelques rescapés de Tuol Sleng dont Vann Nath, retrouvent leurs bourreaux dans les lieux désormais quasiment vides. Et les anciens exécutants khmers rouges ont accepté de décrire leur mission d’autrefois. Quel n’est pas la surprise de les voir reproduire les ordres aux détenus imaginaires dans des couloirs aujourd’hui délabrés. Pas même, semble-t-il, de pudeur. Ils refont leur tour de garde près de trente ans après, simulent les tortures. Et les mêmes mots, rudes, les mêmes expres-sions ! encore complètement embrigadés : « L’Angkar a toujours raison ». Certains témoi-gnages affichés dans le musée corroborent cette impression : ils n’ont fait qu’exécuter des ordres, et la plupart ne portent aucune culpabilité apparente. Certains se disent cependant

victimes des écoles khmers rouges où on appre-nait à tuer et haïr sa propre famille.Après le prétendu aveu, les khmers rouges exécutaient leurs victimes, sur place ou à une quinzaine de km de Phnom Penh, dans le village de Choeng Ek sur le lieu dénommé Killing fields où demeurent aujourd’hui les fosses communes. Ils n’utilisaient pas d’arme à feu pour écono-miser les balles. Ils tuaient à coup de crosse ou égorgeaient.Duch, ex-responsable de S-21, dont le procès vient de s’ouvrir, a joué un rôle extrêmement important. Tenant d’une main de fer la discipline, cet ancien professeur de mathématiques a méti-culeusement bien géré les 16.000 dossiers des personnes emprisonnées : photo portrait à l’arri-vée, aveu consigné par écrit, commentaires des gardes, incidents. Cruel et zélé, méticuleux, il n’a fait que suivre les ordres de l’Angkar, comme un technicien, déclare Duch aujourd’hui. Tout l’enjeu du procès qui vient de s’ouvrir consiste à apporter une claire lumière sur sa responsabilité et sur ses actes au sein de la machine de mort khmer rouge.

investigations mais aussi effectivement pour l’accusé lui-même. Il se retrouvait là-bas pour la première fois depuis ces années-là. Des victimes étaient convo-quées aussi. elles étaient touchées de pouvoir y retourner avec Duch lui-même. De ce point de vue, c’était très intéressant. La reconstitution a été organisée pour établir des faits, et non pour permettre à Duch de demander pardon. et pourtant, il l’a fait. Sa démarche a été extrêmement bien accueillie par les victimes.

Marcel Lemonde, co-juge d’instruction au tribunal « khmer rouge » à Phnom Penh dans son bureau protégé par une porte blindée au 2e étage du tribunal, devant une photo satellite du camp S21, lieu symbolique des crimes perpétrés par les Khmers rouges.

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28 FRANCECatholique n°3154 27 février 2009

REPORTAGE

n Subissez-vous des pressions ?

Si vous entendez par là que je reçois des coups de fil du gouvernement cambodgien pour influer sur mon travail, la réponse est non. Mais je reconnais que la pression est énorme. elle consiste à porter les attentes considérables du peuple cambodgien et même bien au-delà. Je dois faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que cela ne soit pas un immense fiasco. Cependant, il n’y a pas d’interférences avec les poli-tiques.

n Il y a une polémique actuellement sur le nombre de personnes à mettre en examen. Est-ce que vous vous apprêtez à signer d’autres mandats d’arrêt ?

Il faut que les choses soient très claires : nous les juges, les procureurs, nous sommes là pour faire du droit. Que cela dérange certaines personnes dont le rôle demeure important, c’est un secret de polichinelle. en tout cas, je peux vous garantir que si demain je ne peux plus faire mon travail de juge, je l’ai déjà dit cent fois, je m’en irai.

Je n’ai pas l’intention de me prêter à un simulacre de procès. Jusqu’à présent, j’ai pu prendre les décisions que je voulais. J’ai signé les mandats d’arrêt de Ieng Sary, Ieng thirith et Khieu Sampan. Ces mandats d’arrêt seraient restés lettre morte s’il n’y avait pas eu la police pour les exécuter. Les accusés ont bien été arrêtés.

n Le juge a-t-il la main tremblante lorsqu’il signe de tels mandats ?

Il vaut mieux qu’elle ne tremble pas trop. Je suis censé prendre une décision en connaissance de cause. Cela dit, c’est une décision lourde de sens. Il faut mieux être sûr de son coup.

n Parmi vos lectures qui vous ont convaincu de postuler à un poste à ce tribunal, il y a le livre du P. François Ponchaud, Cam bodge, année zéro. Quel rôle l’Église catholique a-t-elle joué dans la prise de conscience de l’envergure du drame ?

François Ponchaud a une place parti-culière dans cette histoire parce que dès le début, il a pris des positions courageuses et très isolées. Dès 1976, il a dénoncé des faits à une époque où cela n’était pas vraiment populaire. et il n’a d’ailleurs pas été bien accueilli. Il a eu un rôle déter-minant qui doit être reconnu. Ce qu’il a fait à l’époque, notamment son livre Cambodge année zéro, constitue une très importante pièce au dossier. Je regrette un peu aujourd’hui que chaque fois qu’il ouvre la bouche, c’est pour critiquer le tribunal. Nous sommes en désaccord sur un certain nombre de choses. Je l’ai auditionné pas plus tard que la semaine dernière parce qu’il est effectivement un témoin de première main. Le Père Venet a eu aussi un rôle important en écoutant les témoignages de Cambodgiens à la

frontière thaïlandaise et en transmettant à Paris les enregistrements de la radio de Phnom Penh.

n Annette Wieworka, spécialiste de la mémoire de la Shoah, chercheur au CNRS, dans une interview donnée à un journa-liste de K-set, site internet d’information a déclaré qu’« il ne faut pas rater la parti-cularité de ce régime khmer rouge qui est comme un condensé de toute la criminalité communiste..." Le tribunal Khmer rouge a-t-il vocation, selon vous, à juger la crimi-nalité communiste ?

De fait c’est vrai, c’est le seul tribunal qui soit amené à juger les dirigeants d’un régime communiste. Par exemple, il n’y a pas eu le procès de la révolution cultu-relle en Chine. Il n’y a jamais eu le procès des purges staliniennes en UrSS. tout cela présente des caractères communs avec le régime Khmer rouge. C’est vrai, c’est le procès d’un régime communiste. De ce point de vue-là aussi, il y a des choses intéressantes et originales.

n Contrairement aux Cambodgiens, on perçoit un net empressement des Occidentaux à couvrir ce procès. Pour quelles raisons ?

Il y a probablement de la mauvaise conscience parce que l’action de la communauté internationale a été discu-table. Certes, le contexte de guerre froide était extrêmement compliqué. Mais, c’est certain, à l’époque, on savait un certain nombre de choses notamment grâce à des gens comme Francois Ponchaud. Le fait d'avoir soutenu les Khmers rouges contre les Vietnamiens n’est sûrement pas très acceptable. et dans les années 1980, les Khmers rouges étaient toujours titulaires du siège du Cambodge à l’oNU.

n Savait-on qu’il y avait eu un génocide de près de deux millions de personnes ?

Le terme génocide a une portée juri-dique particulière et il y a polémique sur le nombre de victimes, donc je ne peux pas vous répondre. Mais si vous me posez la question : avait-on connais-sance de l’existence de crimes de masse au Cambodge ? Ma réponse est oui. Il y avait des discussions sur des détails, mais les faits étaient sur la place publique. n

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La salle d’audience où se tient, depuis le 17 février, le premier procès de Duch, ex-responsable khmer rouge du camp S21 où 16 000 personnes ont été torturées et tuées sous le régime de Pol Pot.

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IDéESLE JOURNAL DE GéRARD LECLERC

Dans mon journal publié dans le nu-méro de France Catholique du 13 février, j'ai commis une grave er-

reur dont je veux m'excuser auprès de tous ceux qu'elle a pu blesser. En effet à partir d'un article de Patrick Saint-Paul, correspondant du Figaro en Allemagne, j'ai mis en cause le Père Bernhard Häring à propos d'une demande de démission de Benoît XVI. Or, ce religieux, qui apparte-nait à la famille rédemptoriste et s'était fait connaître par sa Somme de théologie morale intitulée La loi du Christ, est dé-cédé le 5 juillet 1998. Plusieurs lecteurs m'en ont immédiatement averti, ce dont je les remercie.

Ma méprise s'explique par une ho-monymie. Patrick Saint Paul m'a pré-cisé qu'il s'agissait en fait du Père Her-mann Häring qui enseigne la théologie à l'université de Tübingen. Celui-ci est l'auteur d'un ouvrage très polémique sur Benoît XVI, qui a fait un certain bruit en Allemagne. Son hostilité déclarée au Pape explique sa spectaculaire demande de démission.

Je reconnais avoir commis une faute professionnelle grave, que je veux répa-rer au plus vite. Je veux rappeler tou-tefois, que j'avais rendu implicitement hommage à Bernard Häring en rappelant la dette que j'avais à son égard, pour tout ce qu'il m'avait appris en théologie morale.

17 NOVEMBRE

Émile Poulat, dans la dédicace de ses entretiens avec Danielle Masson (France chrétienne, france laïque, DDB), m'écrit qu'il s'agit d' « un testament intellectuel et spirituel »? Je le crois volontiers, ne se-rait-ce qu'en appréciant la manière dont il fait le bilan de ses propres travaux et dont il communique toute une sagesse conquise au cours d'une vie bien remplie. Mais, avant même d'aborder, cet aspect testamentaire, j'aurais envie de le suivre sur le terrain de la situation du christia-nisme à l'époque moderne. C'est un sujet immense sur lequel notre historien-so-ciologue n'a cessé de réfléchir et de don-ner à penser à ses fidèles lecteurs.

Et puisqu'il faut bien prendre les choses par un bout, citons Émile Poulat caractérisant la société post-chrétienne d'aujourd'hui : « la société est organisée sans besoin de Dieu, ni réflexion sur lui : elle est économiquement déchristianisée. Tout chercheur, tout savant, vit dans un monde dont le système mental exclut Dieu ; la science l'exclut par principe et par méthode. Quand des générations entières fonctionnent sur ce modèle, on peut parler, dans cet ordre, de fin du christianisme. »

N'y a-t-il pas là une saveur toute Comtienne, la reconnaissance d'une en-trée irrévocable dans le troisième état, l'état positif, scientifique, sanctionnant la fin des âges religieux et métaphysi-ques ? Cependant, Émile Poulat ajoute un correctif qui rend les choses plus énig-matiques : « Ce monde est naturellement déchristianisateur, mais sait-il où il va, ce qu'il fait et ce qu'il veut ? Non. Sa grande limite est son aveuglement sur lui-même. À une époque où la conscience est valo-risée à l'extrême, il y a une contradiction interne à ce monde qui n'a pas conscience de lui-même. » Contrairement à la propo-sition dogmatique d'Auguste Comte, ce monde ne serait donc pas sereinement athée, livré sans complexe à sa positivité scientifique.

Je suis frappé par le raidissement de certains, dès que leur orthodoxie maté-rialiste est en cause, fût-ce par une sim-ple individualité, une teilhardienne osant avancer, par exemple, une hypothèse qui n'est pas dans la stricte orthodoxie darwinienne, bien que sérieusement fon-dée scientifiquement. La malheureuse est vouée aux gémonies du fondamenta-lisme. Loin de la sérénité scientifique, on a tôt fait de se lancer dans la polémique idéologique. A contrario, ce que dit aussi Émile Poulat sur l'impossibilité, pour la mouvance athée de s'affirmer en force cohérente, pour l'Union rationaliste de dépasser ses quelques centaines d'adhé-rents. C'est aussi que le positivisme a été dépassé, par l'éclatement individualiste et ce qui en résulte pour les systèmes idéologiques. Gilles Lipovetsky a appelé cela l'ère du vide.

Qu'en conclure ? Sans doute une cer-taine prudence. Toute théorisation pèche toujours par un biais ou par un autre. Cela explique, pour une part, la difficulté de notre post-modernité à renouveler les totalisations de la modernité, no-tamment ses philosophies de l'Histoire. Et, contrairement à Auguste Comte, qui pensait, qu'il fallait dépasser le stade critique qu'il identifiait d'ailleurs à l'âge métaphysique, il semble que le temps est revenu de l'omniprésence d'une méfiance qui corrode toute certitude, toute appar-tenance tranquille. Il est vrai que cette méfiance corrosive s'oppose d'abord à ce qui est censé menacer ou avoir menacé votre identité propre. Intranquillité donc mais incertaine d'elle-même.

21 NOVEMBRE

Émile Poulat est rebelle aux trop grandes théorisations, il préfère revenir sans cesse à l'expérience et à son humi-lité, plutôt que survoler le terrain comme si on tenait toutes les clés d'interpréta-tions d'avance. Je suis tenté de le sui-vre là-dessus. Il faut faire très attention lorsqu'on se risque à des vues générales à travers le temps et l'espace, en s'es-timant autorisé à prévoir le futur. Je viens d'en faire le constat en reprenant le Mounier de Feu la chrétienté, un essai qui se rapporte étroitement aux conver-sations de notre historien avec Danielle Masson et qui est d'ailleurs cité par cette dernière. Voilà une trentaine d'années que je ne l'avais pas rouvert, exactement depuis que je m'étais intéressé à la polé-mique assez virulente entre Mounier et Bernanos d'aussitôt après la guerre. C'est la question de l'évolution historique du christianisme qui m'a incité à reprendre ce recueil d'étude sous la couverture bleue et blanche du Seuil. Si j'en avais eu le loisir j'aurais tout relu d'un bout à l'autre, la plume à la main, car tout m'y intéressait. J'ai simplement opéré des in-cursions là où il me semblait que l'intérêt était le plus vif. J'en suis sortie avec des impressions mêlées...

(à suivre)

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Excuses à propos du Père Bernard Häring

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Max Reger (1873-1916) – Œuvres pour violoncelle et piano et sonates opus 5 & 28 – Alexandre Kniazev, violoncelle – Edouard Oganessian, piano – Saphir Productions – LVC 1101 - Nouveauté-

Au jeu d’attribution d’une pièce musicale à son compositeur, la musique de chambre de Reger

ne lui revient jamais. La faute à une image de compositeur germanique pe­sant, sentencieux et besogneux. Quelle est donc la surprise de découvrir là une musique gracieuse, légère parfois, grave et méditative par ailleurs, d’une vraie sensualité ou au contraire d’un déchirement total ! C’est donc dans sa musique de chambre que les sentiments les plus contrastés sont les plus marqués, bousculant les a priori.

Les pages réunies sur ce disque sont écrites par un homme d’une vingtaine d’années, faisant preuve d’une extrême sensibilité, mêlant parfois les styles, cependant jamais avant­gardistes. C’est peut­être aussi cette absence de prise de risques qui lui valut tant de mépris de ses pairs. L’héritage de Brahms est au cœur de sa musique, mais il en exacerbe la complexité et les tensions. La lutte incessante que fait se livrer Reger entre le chant lyrique du violoncelle et l’agitation parfois forcenée du piano est enivrante et montre une totale maîtrise

de l’écriture musicale et des caractères différents et complémentaires des deux instruments.

Les deux interprètes moscovites sont entrés intégralement dans cet univers et font vivre chaque note, s’impliquant réellement dans le jeu dramatique de la musique. Ils évitent qui plus est l’écueil d’une lecture par le prisme slave. Ils gardent donc un certain équilibre ce qui leur permet de réussir à émouvoir autant que s’il s’agissait d’un récital vocal. Le tout est parachevé par une haute qualité de la prise de son, à la fois profonde, toute en relief et proche. Une réussite !

Rachmaninov (1873-1943) – Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur op. 19 – Dimitri Chostakovitch (1906-1975) – Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur op. 40 – Xenia Jankovic, violoncelle – Jacqueline Bourguès-Maunoury, piano – Saphir productions – LVC 1082 - Nouveauté -

L a passion des compositeurs russes pour le violoncelle est moins connue que celle pour le piano.

Elle en est pourtant un complément idéal, l’âme slave se prolongeant dans le lyrisme de l’instrument. La so nate de Rachmaninov prélude de 30 ans celle de Chostakovitch. Composée avant la Révolution d’Octobre pour l’une, après l’accession au pouvoir de Staline pour l’autre, de nombreux traits communs les rapprochent. à commencer par un désir permanent d’expressivité, s’éloignant en cela des tendances de Stravinsky ou de Prokofiev.

La musique de Rachmaninov n’a ce­pendant rien d’académique et son rôle est celui de représentante du courant russe du XXe siècle. Le compositeur se complaît dans les contrastes et les

couleurs données à chaque mouvement s’entrechoquent souvent, prenant à contrepied les attentes de l’auditeur.

Dommage qu'une prise de son très lissée, produise un éloignement sonore né faste. Mais l’approche musicale offre tout de même de bons moments.

Rachmaninov – Trios élégiaques – Régis Pasquier, violon – Roland Pidoux, violoncelle – Jean-Claude Pennetier, piano – Saphir Productions – LVC 1091 – Nouveauté –

Rachmaninov n’a offert que peu de musique

de chambre. Outre sa sonate pour piano et violoncelle, deux quatuors inachevés, on trouve ces deux trios, dont l’intensité expressive teintée de pessimisme est la marque du compositeur. Le deuxième trio est dédié à Tchaïkovski – comme nombre de trios des compositeurs russes servant fréquemment de stèles funéraires – dis­paru l’année précédente.

Le terme « élégiaque » correspond à l’impression produite par l’ambiance générale des deux opus : des tournures mélodiques, parfois en référence à des chants populaires russes, menant d’un thème à l’autre. L’expressionnisme est exacerbé. Le trio, et avec lui le quatuor, est le lieu d’une grande liberté harmonique. Rachmaninov parsème ses pages de références à l’œuvre du dédicataire mais aussi à des mélodies orthodoxes comme celle du Requiem « donne­lui la vie éternelle » qui conclut l’œuvre.

Le trio de musiciens qui compose cet enregistrement est remarquable, tant dans la maîtrise du propos et des expressions que dans la manière de les restituer au disque. Les qualités de solistes sont complétées par un véritable accord entre chacun d’eux. Ils sont par ailleurs secondés par une prise de son frisant la perfection. n

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par François-Xavier LACROUX

La passion des compositeurs russes pour le violoncelle est moins connue

Nés tous les deux en 1873, leur musique de chambre est restée dans l’ombre de leur musique pour piano ou pour orchestre. Elle mérite pourtant la première place.

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MUSIQUE

Reger, RachmaninovVIOLONCELLE

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CINéMA

Certains cinéastes parviennent à livrer, à chacun de leurs films, une œuvre d’une extraordinaire qualité

artistique et humaine. Clint Eastwood est de ceux-là.

Vétéran de la guerre de Corée et ancien ouvrier automobile, Walt Kowalski est un homme aigri et raciste qui a du mal à s’en-tendre avec sa propre famille (personne ne trouve grâce à ses yeux) et avec ses voi-sins, des Asiatiques qui appartiennent à la communauté hmong. Un soir, il sur prend le jeune Thao en train d’essayer de lui voler sa Ford Gran Torino. Il ignore, bien sûr, que c’est sur l’injonction d’un gang que le jeune homme a été obligé de faire cela. On retrouve, avec grand plaisir, Clint Eastwood devant et derrière la camé-ra avec ce drame magistral, truffé de touches d’humour, dans lequel il brosse quelques portraits pleins de finesse. Car ce

vieux misanthrope qui passe son temps à insulter tout le monde est, le plus souvent, fort drôle (et politiquement très incorrect). Mais cette agressivité cache, en réalité, quelques terribles blessures. Peu à peu, la comédie se transforme en drame, jusqu’au surprenant épilogue, développant toutes les facettes d’un être marqué par la vie, mais encore capable de s’ouvrir aux autres. C’est ce parcours poignant qui fait tout l’intérêt d’un beau et grand film, interprété par des comédiens remarquables, en tête desquel Clint Easwood trouve l’un de ses meilleurs rôles.

Le film possède une forte densité humaine et spirituelle, les rap-ports entre Walt et le prêtre sont d'une grande justesse, et tout le film est comme un itinéraire vers le don de soi aux autres, qui ne laissera personne indifférent. Mais la fin, que nous ne pouvons révéler, appelle quelques réserves. ■Gran Torino. Drame américain (2008) de Clint Eastwood, avec Clint Eastwood (Walt Kowalski), Bee Vang (Thao Lor), Ahney Her (Sue Lor), Christopher Carley (le père Janovich), Brian Haley (Mitch Kowalski), Geraldine Hughes (Karen Kowalski), Dreama Walker (Ashley Kowalski), Brooke Chia Thao (Vu), Brian Howe (Steve Kowalski), John Carrol Lynch (Martin, le coiffeur) (1h55).(Grands adolescents.) Sortie le 25 février 2009.

Miss PettigrewParce qu’elle s’est fait virer de ses trois der-nières places de gouvernante, Miss Pettigrew se retrouve à la rue. Une situation délicate dans le Londres de 1939. Elle parvient cepen-dant à se faire embaucher comme secrétaire par une chanteuse à la vie très libre. Cette adaptation d’un roman anglais de Winifred Watson, paru en 1939, vaut surtout par sa superbe reconstitution d’un Londres frivole et joyeux, vivant dans l’indifférence de la guerre qui ne va pas tarder à éclater, et par son interprétation. Frances McDormand est épatante en vieille fille coincée qui découvre la vie dissolue de sa nouvelle patronne. Pour le reste, l’ensemble manque trop de rythme et de légèreté pour convaincre. Bien sûr, la vie chaotique de la jeune chanteuse appelle des réserves, mais ce conte de fées pour adultes, à la fin très posi-tive, est bien réconfortant.

Françoise MaupinComédie britannique (2008) de Bharat Nalluri, avec Frances McDormand (Miss Pettigrew), Amy Adams (Delysia Lafosse), Ciarán Hinds (Joe Blumfield), Shirley Henderson (Edythe), Mark Strong (Nick) (1h32). (Grands adoles-cents.) Sortie le 25 février 2009.

Eden à l’ouestElias tente de gagner la France sur un bateau chargé d’immigrants clandestins. Costa-Gavras avait un sujet qui lui convenait bien, la cause des immigrants clan-destins exploités par les passeurs, ensuite par des touristes fortunées, sans oublier les escrocs, les chercheurs de travail au noir, etc. Mais le résultat n’est guère convaincant, car le film commence dans le drame, pour suivre sur un style « Bronzés en vacances », où les péripéties sont prévisibles. Le ton employé, même à quelques moments plus inspirés, est toujours décalé et on ne sait pas si l’on doit rire ou pleurer. Les échappées sensuelles du récit - le héros convoité par les riches Européennes - même filmées de façon discrète, font tomber l’entreprise dans le piège du cinéma commercial. Tout cela ne fait que dévaloriser encore plus l’histoire. F. M.

Drame franco-grec (2008) de Costa-Gavras, avec Riccardo Scamarcio (Elias), Odysseas Papaspiliopoulos (ami d’Elias), Lea Wiazemsky (Nina), Éric Caravaca (Jack) (1h50). (Adultes.) Sortie le 11 février 2009.

BellamyComme chaque année, le commissaire Paul Bellamy se rend, avec sa femme, dans leur maison de Nîmes. Très vite, son bonheur tranquille est perturbé par l’arrivée de son frère, un petit escroc, et d’un homme qui l’appelle à l’aide. C’est un bien curieux film que signe là Claude Chabrol (le premier avec Gérard Depardieu). Dans un Nîmes magnifiquement filmé, le réalisateur déroule une

histoire rarement passionnante et fort peu crédible (même si cette arnaque aux assurances est adaptée d’une histoire authentique). Seule l’interprétation, en particulier celle de la délicieuse Marie Bunel, retient l’attention sur une œu vre un peu paresseuse. Il y a beaucoup de tendresse entre les époux Bellamy, habile contrepoint à la noirceur et à la duplicité des autres personnages. Françoise MaupinPolicier français (2008) de Claude Chabrol, avec Gérard Depardieu (Paul Bellamy), Marie Bunel (Françoise Bellamy), Clovis Cornillac (Jacques Lebas), Jacques Gamblin (Noël Gentil/Émile Leullet/Denis Leprince), Vahina Giocante (Nadia Sancho), Marie Matheron (1h50). (Grands adoles-cents). Sortie le 25 février 2009.

un œuvre magistrale sur leretour vers l’amour d’un êtrefigé dans sa souffrance.

Un drame poignantGrAN TorINo par Marie-Christine RENAUD d’ANDRé

Tout le film est commeun itinéraire vers le don de soi aux autres(

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àdeux pas de la MalMaison, l’Atelier Grognard s’est fait le maître d’œuvre d’une heureuse initiative. En parte-nariat avec les musées des Hauts-de-Seine, des Yvelines et du Val-d’Oise, il

rend hommage aux peintres, célèbres ou moins connus, qui ont été les pionniers d’un nouvel art du paysage dans la vallée de la Seine. De nombreuses villes de la vallée, des collection-neurs privés, ainsi que des musées de province ont apporté leur collaboration aux « Reflets de la Seine impressionniste ». Le Musée d’Orsay a prêté l’un des « clous » de l’exposition, « la Seine à Bougival » de Sisley. Le Musée du Petit Palais de la Ville de Paris a mis à disposition deux œuvres représentatives de la période des précurseurs. Autour d’une embarcation située au centre de l’atelier, un « monotype » de Chatou construit en 1928 par le chantier Gicquel de Rueil-Malmaison, s’ordonnent quelques 80 toiles, ainsi que de nombreuses gravures, aquarelles et affiches dédiées à la Seine.

L’ouverture, en août 1837, de la ligne de chemin de fer Paris/

Saint-Germain-en-Laye a rendu facilement acces-sibles de nombreux sites et villages nichés dans les boucles de la Seine. Les artistes sortent de leurs ateliers. La peinture en plein air, les tubes de cou-leurs que l’on peut emporter, le jeu de la lumière sur l’eau… suggèrent aux impression nistes et à leurs précurseurs une nouvelle technique picturale où la lumière et les couleurs l’emportent sur la forme pure. L’exposition est divisée en trois gran-des périodes : les précurseurs à partir des années 1840, les peintres de l’impressionnisme dès 1870,

enfin les néo-impressionnistes. Parmi les pre-miers s’impose naturellement l’influence

de l’École de Barbizon, avec des œuvres de Corot, Daubigny, Lambinet. Louis

Français est présent avec un beau « Jardin an tique » (1841). Pour les

Gustave Caillebotte "La berge du

Petit Genevilliers et la Seine"

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L’Atelier Grognard, à Rueil-Malmaison, rend hommage aux peintres qui, autour de l’impressionnisme, ont été les pionniers d’un nouvel art du paysage dans la vallée de la Seine.

Des peintres de qualité dont la notoriété est demeurée modeste

« Reflets de laseine impressionniste »

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Charles François Daubigny "La Seine à Herblay" (XIXe).

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Paul Signac "La Seine à Herblay" (1889).© MuSÉE CAMiLLE PiSSARRO, POntOiSE - DROitS RÉSERVÉS

Albert Lebourg "Le pont de Neuilly du côté de Courbevoie" (XXe).

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impressionnistes, le visiteur retrouve Pissarro, Sisley, Berthe Morisot… Même s’il ne s’agit pas de leurs œuvres les plus connues. un très beau Monet, « l’Hiver près de Lavacourt » (1880), attire l’attention. issy, Bougival, Chatou, Meudon… défi-lent devant nos yeux. un des intérêts de l’expo-sition consiste à les illustrer avec des peintres de qualité dont la notoriété est demeurée modeste. Le calme et la sérénité transpirent de la « Seine au Bas-Meudon » (1878) d’un Prosper Galerne. tandis que l’on s’attend à voir un petit « Poulbot » surgir dans « une rue de Rueil », de William Clochard.

La naissance du néo-impressionnisme a, lui aussi, pour cadre les bords de Seine en aval de Paris. Paul Signac en est l’un des artistes emblé-matiques. Le « divisionnisme » fait référence à l’un des aspects de cette esthétique. Les couleurs plus intenses, les touches plus puissantes préparent le fauvisme. un « Bord de rivière » pointilliste, aux couleurs complémentaires, de Louis Hayet conclut l’exposition aux côtés de lavis d’encres, pointes sèches et dessins au crayon de Marquet ou de Gleizes. Si toutes les œuvres présentées ne présentent pas un égal intérêt, il se dégage des « Reflets de la Seine impressionniste » un charme certain. Par ailleurs, les non spécialistes auront la surprise de découvrir des artistes peu connus dont les œuvres sont souvent de grande qualité. ■

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expositions

« Reflets de la Seine impressionniste », à l'atelier Grognard, 6 av. du Château de Malmaison, 92500 Rueil-Malmaison, tél. 01.41.39.06.96, jusqu’au 9 mars, tous les jours, (13h30-19h), sauf le mardi.

« Reflets de laseine impressionniste »

par Alain SoLAri

Albert Lebourg "Le pont de Neuilly du côté de Courbevoie" (XXe).

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Claude Monet "L'hiver près de Lavacourt" (1880).

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Camille Pissarro "Péniche sur la Seine" (1864).

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«Rêve général » (1) est une des pièces qui a été créée par le théâtre Jean Arp, de Clamart (2). Actuellement au théâtre Daniel Sorano, elle aborde un thème universel : les relations au tra-

vail. Le décor donne immédiatement le ton. Une horloge démesurée orne le mur du fond, juste au dessous se trouve une sorte de tour de guet et au niveau de la scène se succèdent des évocations d'armoires, de couloirs et de recoins, avec un bureau directorial à cour.

La pièce démarre silencieusement, les person-nages habillés de façon caricaturale, commencent à se croiser, à se saluer, puis, rapidement enta-ment des dialogues d'onomatopées entrecroisés

de mimes. Les deux modes d'ex-pressions sont parfaitement clairs, au point que le spectateur a l'im-pression d'entendre ce qui n'est pourtant pas dit. Les gestes et déplacements sont saccadés, para-doxalement à l'inverse de l'horloge dont les aiguilles immobiles ne bougent que de temps en temps, de façon continue et accélérée.

L'absurdité de ce monde et des relations entre collègues et chef de service est montrée avec humour à travers une ventouse de toilette qui devient un tampon dateur, un débat dans le bureau du chef de service au cours duquel tout le monde parle en même temps, l'appropriation du projet d'un autre, l'apposition d'une signature qui prend cinq minutes à une employée qui s'en fiche ou bien une réflexion comme « elle aurait l'âge d'être son père »… « C'est tout à fait cela », dit une spectatrice travaillant dans une adminis-tration. Un des personnages adopte un style évo-quant clairement les manières de Louis de Funès.

Il y a à la fois un langage symbolique violent et de la poésie dans ce spectacle qui tient autant du mime clownesque que de la représentation théâ-trale. Car, c'est vrai, de temps en temps on entend quelques mots qui accentuent le trait d'humour. Ainsi des expressions comme « sédimenter la dimension de gestion globale » ou « fédérer les priorités internes » viennent-elles crever comme des bulles par dessus le magma sonore habituel (qui n'hésite pas, par exemple, à recourir à un air de musique classique pour évoquer le taylorisme). La meilleur réplique restant sans conteste : « à force de l'huile de coude des poignets, j'ai grimpé tous les barreaux de l'ascenseur social ».

Bref, on a là un travail d'observation et de traduction magistral, soutenu par des éclairages et une bande son qui renforcent les ambiances créées. n

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34 FRANCECatholique n°3154 27 février 2009

(1) « Rêve général, un regard amusé et critique sur le monde du travail », de et avec la compagnie Le Crik (Club de Réflexion et d’Investigation Clownesque) au théâtre Daniel Sorano, 16 rue Charles Pathé, 94300 Vincennes, du mercredi au samedi (20h45), le diman-che (16h) du 11 mars au 19 avril. Tél. 01.43.74.46.88.(2) En effet, ce théâtre, quoique de banlieue, a une réelle politique de création.

« Rêve général » parle du cauchemar éveillé que peuvent être les relations de travail sur un ton qui pourtant fait plus que détendre.

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par Pierre François

Un regard amusé etcritiquesur le monde du travail

Rêve oucauchemar ?

Sidérant« Frères Jacques » (1) est un spectacle magique et poétique, même pour qui n'a pas connu l'original ici pastiché. Certes, c'est le répertoire des célèbres compagnons des années cin-quante qui est ici repris par un groupe de femmes, et passeulement : même leurs mimiques sont au rendez-vous.Mais il y a un tel travail de création, dans une cohérence poé-tique jamais prise en défaut, que ce spectacle se suffit en lui-même. Il se mérite, par contre, dans la mesure où il se donne au paradis, autrement dit sous les toits, du théâ-tre des Variétés. Dont l'accès se fait par l'escalier.Le style commence, avec « Frère Jacques » puis « La Confiture », par afficher un genre très expressif, à la limite du caricatural. Mais, très vite, il devient habité par une infinité de nuances. Le recours aux projections vidéo, les dialogues entre pianiste et chanteuses, loin de casser le rythme de cette chorégraphie chantée, ne font que souligner la poésie de ce spectacle musical. Une poésie encore amplifiée par un travail de bruitage impres-sionnant, des danses de gants blancs et toutes sortes de créations originales. Si on se souvient, par exemple, de cette scène au cours de laquelle ce quatuor féminin se trouve prisonnier d'élastiques, la vérité oblige à dire que c'est tout au long du spectacle que deux des interprètes sont particulièrement remarquables et qu'une troisième joue avec une constance extraordinaire le rôle de la marginale qui ne comprend jamais rien à rien (les autres le lui faisant évidemment bien sentir). Pour un peu, on y retournerait… n

(1) "Frères Jacques… dormez-vous ?", du mardi au samedi (19h30) au petit théâtre des Variétés, 7 bd Montmartre, 75002 Paris. Places à 20 €, T.R. 15 €. Tél. 01.42.33.09.92.

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L’écrivain britannique Jane Austen est une mine d’or pour les scénaris-tes actuels, tant ses livres, bien que

les intrigues soient ancrées dans la bour-geoisie anglaise du XIXe siècle, sonnent d’une façon très moderne à nos oreilles.

E l ino r, Mar ianne , Margare t Dash wood et leur mère se trouvent dans la gêne, lorsque le père meurt, en laissant sa fortune à son fils. Fort heureusement, elles parviennent à se réfugier dans un cottage prêté par des amis, où elles organisent leur modeste existence. On ne se lasse pas d’en ten dre ces dialogues brillants et ces analyses subtiles du comportement humain, marque de fabrique de l’uni vers de la romancière. Cette adaptation télévisée,

dûe à la plume d’An drew Davies, grand spécialiste de Jane Austen, ne démérite pas face à la version cinéma d’Ang Lee, avec Emma Thompson. Les décors et costumes font bien revivre l’atmosphère de la bourgeoisie campagnarde de l’époque, avec ses conventions et ses codes, en particulier en ce qui concerne l e mar iage des j eunes f i l l e s .

L’in ter prétation est excellente, les co médiens ressemblant un peu à ceux du film d’Ang Lee. Mais cette belle œuvre n’évite pas quelques longueurs. Une grande affection unit les membres de cette famille, et les sentiments, comme les manières, sont d’une grande délicatesse. Mais la brève scène sensuelle du début semble incongrue dans une telle œuvre. ■

Raison et sentiments. Téléfilm britannique (2008) de John Alexander, d'après le roman de Jane Austen, avec Hattie Moharan (Elinor Dashwood), Charity Wakefield (Marianne Dashwood), Janet McTeer (Madame Dashwood), David Morrissey (le colonel Brandon), Dan Stevens (Edward Ferrars) (2h30). Diffusion le vendredi 6 mars, sur Arte, à 20h45.

Dissonances

Parce qu'un inconnu a tué sa fillette sur l'autoroute, d'un coup de pistolet, Nat sillonne les autoroutes à sa recherche. Auteur, réalisateur et producteur, Jacques Cornuau a réalisé une œuvre magistrale en trois parties, chacune adop-tant le point de vue d'un des personnages. La réalisation est brillantissime, Jacques Gamblin est sensationnel en père blessé à mort, et l'ensemble est captivant jusqu'à la fin. Cette œuvre bouleversante est un véritable réquisitoire contre l'esprit de vengeance

Téléfilm français (2002) de Jérôme Cornuau, avec Jacques Gamblin (Nat), Didier Flamand (Henry), Bérénice Bejo (Margo), Françoise Viallon (Lee), Keren Tahor (Helen), Paddy Canavan (Sarah Kandinsky), Danny Keogh (Bill) (1h40). Diffusion le mardi 3 mars, sur Arte, à 22h55.

Les virtuosesLes années 80 ont connu une profonde mutation dans le secteur minier du nord de l'Angleterre. En 1982, dans le bras de fer entre la direction et les mineurs, Danny, mineur retraité, continue de diriger la fanfare du village, dans l'espoir de participer à la finale du championnat. Le film prend position contre la politique suivie par les gouvernements conservateurs dans les années 80 et qui a provoqué des drames humains très graves. Mais Mark Herman réussit, sauf à une ou deux reprises, à éviter les pièges du film engagé, en décrivant simplement, avec beaucoup de finesse, les problèmes humains des personnages. Les acteurs sont extraordinaires, avec une mention particulière pour Stephen Tompkinson. Indépendamment de la dimension politique, Mark Herman présente des personnages profondément humains, et il réussit à ne pas rendre pessimiste une histoire aux nom breux rebondissements dramatiques.

Comédie dramatique britannique (1996) de Mark Herman, avec Pete Postlethwaite (Danny), Tara Fitzgerald (Gloria), Ewan McGregor (Andy), S. Tompkinson (1h25). Diffusion le jeudi 5 mars, sur Arte, à 20h45.

TÉLÉVISION

Le papillonLorsqu’Elsa, 8 ans, est venue s'installer, avec sa mère, au-dessus de son appartement, Julien, un vieil ours soli-taire, a fait la tête. D'autant plus que la gamine avait la fâcheuse habitude de lâcher son ballon de basket sur le sol, juste au-dessus de la chambre à coucher de Julien. Pourtant, lorsqu'il la vit, toute seule, dans un café, il n'hé-sita pas à l'emmener chez lui.

Il faut accepter l'invraisemblance du point de départ (un homme rangé et sérieux comme Julien emmène avec lui une enfant, sans prévenir sa mère !), pour goûter le charme de cette tendre comédie dramatique. C'est l'histoire de la rencontre improbable entre deux personnes en man que d'amour (lui du fait de la mort de son fils, elle du fait des difficultés à aimer de sa mère), qui vont partager des joies natu-relles simples, au sein d'une nature magnifique. Malgré un début maladroit (même dans l'interprétation), on tombe sous le charme de cette petite fille délurée et de ces dialogues percutants. Cette histoire charmante montre bien qu'une enfance malheureuse peut avoir des consé-quences graves dans le comportement d'une mère. Quelques grossièretés.

Comédie dramatique française (2002) de Philippe Muyl, avec Michel Serrault (Julien), Claire Bouanich (Elsa), Nade Dieu (Isabelle), Françoise Michaud, Hélène Hily, Jacky Nercessian, Jacques Bouanich (1h19). Diffusion le dimanche 1er mars, sur France 2, à 20h35.

Cette très belle adaptation de Jane Austen bénéficied’une interprétation superbe.

Raison et sentimentspar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

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On ne se lasse pas d'entendre cesdialogues brillants et ces analyses subtiles

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TF120.45 Les experts, Miami : « Vague criminelle », « En plein vol », « La main dans le sac ». Série avec, David Caruso. 2.23.20 New York, unité spéciale. Série avec Christopher Meloni 3.France 220.35 Les Victoires de la musi-que. Soirée spéciale présentée par Nagui.France 320.40 Famille d’accueil : « Esprit d’entreprise », « À la vie à la mort » GA. Série avec Virginie Lemoine, Christian Charmetant, Ginet-te Garcin, Delphine Sérina. Deux épisodes déce-vants, le second étant assez malsain (suicide d’une ado-lescente).

23.15 Les mots bleus GA. Comé-die dramatique (2005) de Alain Corneau, avec Sylvie Testud, Sergi Lopez, Camille Gauthier (1h54) 2. Une œuvre aussi poéti-que qu’émouvante, dans laquelle les silences sont plus éloquents que les paroles, mais il y a une brève scène sensuelle.01.05 Voyage aux Indes Galan-tes « Des coulisses à la scène : Bartabas ».Arte20.45 L’aventure humaine « L’In-de millénaire : “Le Taj Mahal, ode à la passion “, “Ashoka, le guerrier du Bouddha“» J. Intéres-sant, avec quelques belles illus-trations, mais c’est assez superfi-ciel.22.30 Metropolis.23.10 Manu Katché « One shot not ».M620.40 Medium : « Le meurtre… », « Les traîtres… », « Et l’assassin », « Il était une fois… ». Série avec Patricia Arquette, Jake Weber 3.23.45 Dead zone. Série avec Anthony Michael Hall 2.Canal +20.45 Cortex GA. Policier (2007) de Nicolas Boukhrief, avec André Dussollier, Marthe Keller, Julien Boisselier (1h41) 2. Mal-gré des invraisemblances, on se laisse prendre par ce policier ori-ginal, dont le héros est atteint de la maladie d’Alzheimer.KTO20.40 VIP « Roland Giraud ».21.40 Concert « Ein Deutsches Requiem (Un Requiem allemand), de Johannes Brahms ».23.05 Mag Assoc « FIDESCO».

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TF1

20.50 La recrue GA. Espionnage (2003) de Roger Donaldson, avec Al Pacino, Colin Farrell (1h55) 2. Bien ficelé, mais peu ori-ginal. Une scène peu discrète.22.50 Les experts. Série 3.France 2

20.35 Le papillon J. Comédie dra-matique (2002) de Philippe Muyl, avec Michel Serrault, Claire Boua-nich, Nade Dieu (1h19). (Voir notre analyse page 35)22.05 Collision A. Comédie dra-matique (2005) de Paul Haggis, avec Sandra Bullock, Don Cheadle (1h54) 2. Un film très brillant, mais des images sensuel-les.France 320.35 Le miroir d’Alice A. Téléfilm avec Sophie Broustal, Bruno Todeschini (3h). Une his-toire dramatique de fivete, qui montre bien les dangers de telles pratiques. Mais c'est très inégal.00.25 Bonne chance ! GA. Comé-die en NB (1935) de et avec Sacha Guitry, et avec J. Delubac (1h18). Un petit bijou d’humour.ArteLa guerre de Sécession :La montée des tensions20.45 Le Nord et le Sud : « Pre-mières rencontres, « Premières blessures » GA. Série avec Patrick Swayze, James Read. Très bien fait, mais avec des longueurs.22.15 La guerre de Sécession (1) « La cause (1861) ».M620.40 Capital « Patrons et sala-riés : Quand les entreprises se bat-tent face à la crise ! ». Magazine.22.45 Enquête exclusive « Jeu-nes de cités : Entre espoir et révol-te ».Canal +20.50 Football « Lyon/Rennes ».KTO16.30 Conférence de carême « Paul, fondateur du christianis-me ? », par Alain Decaux. En direct.20.40 Les conférences de carême « Le débat », avec Alain Decaux. En direct du collège des Bernardins.22.00 Vu de Rome.22.15 La foi prise au mot « Repen-

TF120.45 Père et maire « Nicolas » J. Téléfilm avec Christian Rauth, Sébastien Knafo, Gérard Hernan-dez, Didier Brice, Christian Bren-del. Après la mort du père Erwan, c'est le père Nicolas qui lui succè-de. Sébastien Knafo se sort bien de cette succession, même s'il n'est pas très crédible en prê-tre. Pour le reste, c'est sympathi-que, mais sans plus. L'ombre du père Erwan (donc de son interprè-te Daniel Rialet) plane sur cet épi-sode, ce qui le rend émouvant.22.30 Esprits criminels. Série

avec Joe Mantegna 3.France 220.35 FBI, portés disparus : « Dernières volontés », « Écart de conduite ». Série avec Anthony LaPaglia 2.22.10 Mots croisés. Magazine

présenté par Yves Calvi.France 320.35 Enfants martyrs GA. Documentaire 2. Des témoignages poignants, mais très durs.23.00 Ce soir (ou jamais !).00.10 Libre court.Arte

20.45 Tueurs de dames J. Comé-die (1955) de A. Mackendrick, avec Alec Guinness, Katie John-son, Herbert Lom, Peter Sellers, Cecil Parker (1h27). Une des meilleures comédies anglaise.22.10 Musica « Toscanini par lui-même ».23.25 Arte rock & the city (5/5) « Liverpool ».M620.40 Un dîner presque parfait « La rencontre des champions ». Divertissement présenté par Sté-phane Rotenberg.22.20 Un dîiner vraiment parfait La finale des champions.23.30 Femme$ de footballeurs. Série avec Zöe Lucker 3.Canal +20.45 Les Tudors (9 et 10/10) GA. Série avec Jonathan Rhys Meyers 3. Ainsi se termine cet-te remarquable série. Mais le der-nier épisode est un peu décevant et il y a des scènes pénibles.KTO20.40 Gaston le bienheureux, la véritable histoire de « La cité de la joie ». 21.45 L’année saint Paul « Paul et les philosophes ».22.20 L’esprit des lettres. Magazine.

TF120.45 Les bronzés A. Comédie (1978) de Patrice Leconte, avec Josiane Balasko (1h30). C'est souvent irrésistible. Mais tout cela ne vole pas très haut.22.30 Enquêtes et révélations « Français au volant : Enquête sur ces nouveaux délinquants de la route ». Magazine.23.50 Au Field de la nuit. Maga-zine de M. Field, avec Tahar Ben Jelloun, L. Nobécourt, F. Giroud.France 220.35 Ils font bouger la France « Les dossiers noirs de l’hôpital ». Ma gazine présenté par B. Schön-berg, avec Roselyne Bachelot.22.45 Faites entrer l’accusé « François Besse, le lieutenant de Mesrine » GA 2. Intéressant.00.50 Le ciel est à vous J. Comé-die dramatique en NB (1944) de Jean Grémillon, avec Charles Vanel (1h45). Excellent.France 320.35 Tatie Danielle A/Ø. Comé-die (1990) d’Étienne Chatiliez, avec Tsilla Chelton (1h50). Inégal, déprimant et érotique.23.00 Ce soir (ou jamais !). ArteLes femmes sont-ellesdes hommes politiquescomme les autres ?20.45 Dati, l’ambitieuse J. Un portrait intéressant.21.35 Elles veulent changer le monde… J. Pas mal.22.45 Le dessous des cartes « Du GPS à Galiléo ». Magazine.22.55 Dissonances GA. Téléfilm avec Jacques Gamblin (1h40). (Voir notre analyse page 35)M620.40 Nouvelle star. Divertisse-ment présenté par Virginie Guil-haume, avec Lio, Sinclair, Philippe Manœuvre et André Manoukian.22.40 Un crime dans la tête GA. Suspense (2004) de J. Demme, avec D. Washington, Meryl Streep (2h04). Un bon suspense.Canal +

20.45 La graine et le mulet A. Co médie dramatique (2007) de A. Ke chiche, avec Habib Boufares (2h28). (cf. notre analyse ci-contre)KTO20.40 Les mardis des Bernar dins « Questions d’actualité ».21.45 Églises du monde.22.20 VIP « Roland Giraud ». 23.35 L’année saint Paul « Paul et les philosophes».

samedi 28 février Dimanche 1er mars lundi 2 mars Mardi 3 mars

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émissions religieuses :08h30 Émissions religieuses : « Sagesses boudd-histes », « Islam », « Judaïca », « Foi et traditions des chrétiens orientaux » - 10h00 Agapè « L'argent, quelle valeur ? » - 11h00 Mes se, en l'église du Saint-Nom-de-Jésus à Lyon (69).

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télévision

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sur Canal +Mardi 3 mars à 20h45La graine et le mulet AÀ 60 ans, Mr. Beiji éprouve une sorte de lassitude. Pour se sortir de cet état, il monte un restaurant. On retrouve dans cette œu vre ce qui avait séduit dans « L'esquive », cette capacité à faire jaillir de la réali-té des personnages ce qu'elle peut avoir de plus cocasse ou de plus tra-gique. Subtile peinture de carac tères, le film acquiert dans sa dernière partie une étonnante tension dramatique. Mais la mise en scène est assez fati-gante. Le récit est d'une grande profondeur humaine et met en scène des personnages et des situations complexes. Une brève scène sug-gestive.

TF120.45 Dr. House : « Miroir, miroir », « Mission spéciale », « De pièces en pièces » GA. Série avec Hugh Laurie, Robert Sean Leonard 2. Toujours aussi réussi, mais le troisième épisode (sur l'avortement) est décevant.23.15 Life : « Enfin libre », « Ma riage sans lendemain » GA. Série avec Damian Lewis 2. Une nouvelle série policière origi-nale et bourrée d’humour.France 220.35 La cour des grands : « Enzo et Simon », « Lucas » GA. Série avec Marie Bunel, Thierry Desroses, Fabienne Périneau, Salomé Stévenin. Pas mal, mais un peu pénible.22.30 Ça se discute « Kidnappés, séquestrés : Ils racontent l’enfer-mement ». Magazine présenté par Jean-Luc Delarue.France 320.35 Football « Coupe de France : Lille/Lyon ».23.10 Ce soir (ou jamais !). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.Arte

20.45 Mercredis de l’histoire « Le fascisme italien en couleur » GA. Passionnant, mais incomplet.22.25 Zoom Europa « Adieu la voiture ? ». Magazine présenté par Bruno Duvic.23.10 Le coq décapité. Drame en VO (2006) de Radu Gabrea, avec David Zimmerschmied, Alicja Bachleda, Axel Moustache (1h34).M620.40 66 minutes « Alimenta-tion : Quand les Français se ser-rent la ceinture ! ». Magazine pré-senté par Aïda Touihri.22.50 Enquête exclusive « Poli-ciers : La dure loi du terrain ». Magazine présenté par Bernard de La Villardière.Canal +20.45 Hairspray J. Comédie musi-cale (2007) de Adam Shankman, avec Nikky Blonsky, John Travolta, Michelle Pfeiffer, Christopher Walken (1h52). Une déli-cieuse comédie musicale.KTO20.40 Musulmans d’Europe, chré-tiens d’Orient. À la découverte de populations oubliées.21.50 La famille en questions « L’école autrement, ça marche ?».22.20 La foi prise au mot « Repen-tance».

TF120.45 Restos du cœur « Les enfoirés font leur cinéma ». Diver-tissement avec Alizée, Amel Bent, Patrick Bruel, Sébastien Chabal, Gérard Darmon, Thomas Dutronc, Patrick Fiori, Liane Foly, Garou, Jean-Jacques Goldman, David Hallyday, Jenifer, Lââm, Michèle Laroque, Maxime Leforestier, Nolwenn Leroy, Lorie, Mimie Mathy, Pierre Palmade, etc.23.35 Restos du cœur « Une chance d’être responsable ». Magazine présenté par Claire Chazal, Laurence Ferrari et Harry Roselmack.France 2

20.35 Boulevard du Palais « Le récidiviste » A. Téléfilm avec Anne Richard, Jean-François Balmer, Philippe Ambrosini (1h31) 2. Une histoire prenante, mais sordide et avec des lon-gueurs.22.15 Café littéraire. Magazine présenté par Daniel Picouly.00.15 Histoires courtes.France 320.35 Thalassa « Sur le sentier du littoral : De Vannes à Lorient ». Magazine présenté par Georges Pernoud, en direct de Saint-Cado, sur la rive d’Etel.23.05 Comme un vendredi. Magazine présenté par Samuel Étienne.00.05 Toute la musique qu’ils aiment « Le gala des étoiles (1) ». Magazine de Alain Duault.Arte20.45 Raison et sentiments J. Téléfilm de John Alexander, d’après Jane Austen, avec Hattie Moharan, Charity Wakefield, Janet McTeer, David Morrissey (2h30). (Voir notre analyse page 35)23.20 Tracks. Magazine.M620.40 Bones : « Lorsque l’enfant paraît… », « Chasse au trésor », « Face au désert ». Série avec Emily Deschanel 3.23.00 Sex and the City. Série avec Sarah Jessica Parker 2.Canal +21.00 Rugby « Perpignan/Toulouse ».KTO20.40 Kibeho. Un programme pro-posé par l’AED sur les apparitions du Rwanda, entre 1981 et 1983.21.45 La vie des diocèses « Séez ».22.20 Les mardis des Bernar dins « Questions d’actualité».

TF120.45 Julie Lescaut « Volon-taires » GA. Téléfilm avec Véroni-que Genest, Jean-Charles Chaga-chbanian, Jennifer Lauret, Romain Redler. Prenant, mais pas toujours très crédible.22.20 Volte-face A/Ø. Aventures (1997) de John Woo, avec John Travolta, Nicolas Cage, Joan Allen, Alessandro Nivola (2h19) 3. Très brillant, mais d'une violence terrible.France 220.35 Envoyé spécial : « Les cos-métiques bio: Le bonheur est-il dans le pot ? », «Bébés made in India», «Minimum vieillesse ». Magazine présenté par Guilaine Chenu et Françoise Joly.22.45 Infrarouge : « Nos années 70 : Les insouciantes », « L’actrice et le danseur », « Le chanteur baroque et l’écuyère ». Docu.France 320.35 Louis la brocante « Louis et la chorale » J. Téléfilm avec Vic-tor Lanoux, Evelyne Buyle, Nadia Barentin, Jean-Michel Cannone, Annick Alane, Anne Loiret. Sympathique, mais un peu long.22.10 Ce soir (ou jamais !) (et à 23h00). Magazine présenté par Frédéric Taddéï.Arte

20.45 Les virtuoses GA. Comédie dramatique (1997) de M. Herman, avec Pete Postlethwaite, Tara Fitzgerald, Ewan Mac Gregor (1h25). (Voir notre analyse p.35)22.25 Explorer les zones humi-des « Charlotte Roche et ses lec-teurs ». Documentaire.23.20 Au cœur de la nuit « Xavier Gens et Yannick Dahan ».M620.40 Double zéro GA. Comédie (2004) de Gérard Pirès, avec Éric Judor, Ramzy Bédia, Édouard Baer, Georgina Robertson (1h25). Bon enfant, mais mineur.22.20 Wallander « Jeu de piste ». Téléfilm avec Krister Henriksson (1h36) 3.Canal +20.45 Dexter (5 et 6). Série avec James Remar 3.KTO20.40 Grands entretiens « Georges Cottier, le théologien de Jean-Paul II ». 21.35 Ainsi sont-ils (4/5).22.20 Concert « Ein Deutsches Requiem (Un Requiem allemand), de Johannes Brahms».

Mercredi 4 mars Jeudi 5 mars vendredi 6 mars

T : Tout publicJ : AdolescentsGA : Grands adolescentsA : AdultesØ : Œuvre (ou scène) nocive : Elément positif : Elément négatif

Repères

RaDiosRadio Notre DameLundi 6 mars9h00 Le bistrot de la vie, "Droits d’auteur à l’ère numérique : risques et menaces", avec Christine Boutin et Bernard Carayon (députés)...Mardi 7 mars14h30 Esprit de famille, "Le lan gage, une clé pour la réussite", avec Christine Henni queau Marie (pro-fesseur de lettres).Mercredi 8 mars7h30 L'invité du matin, avec Paul Thibaud (président de l’amitié judéo-chrétienne de France).10h00 Aujourd'hui l’Église, par Étienne Loraillère, "Transformer la réalité sociale, est-ce à la portée de l’Église ?"Vendredi 10 mars7h30 L'invité du matin, avec Mgr Eric AumonierRCFSamedi 4 mars12h00 Face aux chrétiens, forum animé par Jacques Paugam avec Robert Badinter (Sénateur des Hauts- de-Seine, ancien Garde des Sceaux)Dimanche 5 mars20h00 Conférence de Carême en la cathédrale Notre-Dame de Paris "Voici l’homme. Aujourd’hui : Etre différent", avec Jean Vanier (fonda-teur de la Communauté de l’Arche) et Axel Kahn (humaniste, scientifique)20h45 L’Après-Conférence, animée par Pierre Moracchini. Jean Vanier et Axel Kahn répondent, en direct, aux questions des auditeurs.France CultureDimanche 5 mars10h00 Messe, en direct de l’Église St-Ignace, à Paris 6ème, par le Père Carron de la Carrière. Prédi cateur : Père Dumortier (Jésuite, Provincial de France de la Compagnie de Jésus)16h30 Carême catholique, en direct de la Cathédrale Notre-Dame de Paris. Introduction aux conférences de Carême par Mgr André Vingt-Trois. Avec Jean Vanier

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RaDiosRadio Notre DameMardi 3 mars11h Aujourd’hui l’Église "Vivre le Carême avec des outils à portée de main : offices et retraites en ligne Don Bosco aujourd'hui", avec le Père Thierry Lamboley (s.j., codirec-teur du site Notre-Dame du web).Jeudi 5 mars11h Aujourd’hui l’Église "Année du Prêtre : la prédication", avec le père Thierry-Dominique Humbrecht et un fidèle, par Elodie Chapelle.France CultureDimanche 1er mars10h Messe, depuis l'église Saint Paul-Saint Louis, 99 rue Saint Antoine, 75004 Paris, commentée par Frère Eric Macé. "1er dimanche de Carême". Prédicateur : Père Dominique Renard.16h30 Conférence de carême, à la cathédrale Notre-Dame de Paris. "Pour l’historien, Paul appartient au monde gréco-romain et au monde juif du premier siècle de notre ère. Le Nouveau Testament nous donne de le situer par rapport à Pierre, Barna-bé, aux premiers disciples du Christ. Est-il le fondateur du christianisme ? Celui de qui dépend l’écart entre Jésus et l’Eglise, comme on tend à le dire ?" Avec Alain Decaux (de l’Aca-démie française). Commentée par le Frère Eric Macé. (Rediffusion sur RCF, à 21h).RCFSamedi 28 février21h De concert avec vous "Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour clarinette et orchestre K622 - Concer-to pour violon et orchestre n°4"22h Perspectives "Les 150 ans de la Fondation des Salésiens de Don Bosco. Une vie au service de l'édu-cation" Lundi 2 mars13h30 Perspectives "Hommage à Don Helder Camara (à l'occasion du 100e anniversaire de sa naissance)"

Marie BiziEN

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Paris✔ Dans le cadre des conférences organisées par les Ecrivains ca-tholiques de langue française, un exposé "Le renouveau de l'ico-nographie copte" (avec projec- tions) aura lieu le 3 mars (11h), par Dominique Daguet, au Mo- nastère de la Visitation, 70 av. Denfert-Rochereau, 75014 Paris. Cet exposé sera précédé d'une messe à 10h30 (entrée par le grand portail de la Chapelle).✔ Les Semeurs d'Espérance orga-nisent une Nuit d’Adoration, intro-duite par le spectacle de Damien Ricour "A contre-courant !" (Le Bon Samaritain, le Fils Prodigue, Jonas… sont mis en scène dans des situations à la fois graves et comiques de la vie moderne). Après sa prestation, l’ar-tiste s’entretiendra avec l’assem-blée sur le sens qu’il donne à son métier d’acteur "pas comme les autres". Rendez-vous le 6 mars (20h) à la pa roisse St-Séverin, 75005 Paris, avec sac de cou-chage et tapis de sol. Entrée par le 3 rue des Prêtres. Au programme : Spectacle... messe animée... adoration guidée... relais devant Jésus... sacrement de réconcilia-tion... petit déjeuner. Rens. ✆ 06. 13.16.29.08 / www.semeurs.org

✔ A l'espace Georges Bernanos, 4 rue du Havre, 75009 Paris, ✆ 01.45.26.65.26, fax 01.45.26. 65.25, des conférences, ouvertes à tous, sont prévues : le 2 mars (12h45) [dans le cadre du Lundi de la Foi – Foi et travail] "Comment réagir face aux injustices perçues au tra-vail ?", avec des membres de la Communauté du Chemin Neuf ; le 5 mars (15h) [La parole aux Anciens], "rencontre du père Francis Saint-Eve" des Missions Etrangères de Paris (MEP), (confesseur à Saint-Louis d’Antin). Suivi (à 16h30) de la Messe pour les Vocations sacer-dotales ; le 6 mars (12h45) [pause musicale] "Récital exceptionnel du pianiste international Claude Kahn" (au profit de la Paroisse).✔ Dans le cadre des "Mardis de l’IPC", la 5e conférence du Cycle sur l’Islam sera donnée par Claude Grbeša (premier secré-taire de l'Ambassade de Croatie en France) sur le thème "L'Europe centrale et orientale aux prises avec l'empire turco-musulman et les conséquences dans l'his-toire contemporaine", le 3 mars (20h30) à l'IPC, 70 av. Denfert-Rochereau, 75014 Paris, ✆ 01.43. 35.38.50 / [email protected] Site : www.ipc-paris.fr

✔ à la Paroisse Notre-Dame du Bon Consei l , 140 rue de Clignancourt, 75018 Paris, les "journées d'amitié" auront lieu les 13 (14h-19h30), 14 (14h-19h30) et 15 (10h-19h30) mars, destinées à soutenir les œuvres de la paroisse et des patro nages (garçons et filles). De nombreux comptoirs sont proposés : ali-mentation (épicerie fine, confise-ries...), librairie (neuf & occasion), fleurs, bijoux, linge de maison... Bar, avec restauration rapide le dimanche midi. Avec tombola et de nombreux lots.Bas-Rhin✔ Le foyer de Charité d’Alsace, 51 rue Principale, 67530 Ottrott, ✆ 03.88.48.14.00, fax 03.88.48. 11.95, [email protected] organise une retraite du 9 au 15 mars "L’homme ne vivra pas seu-lement de pain, mais de toute parole sortie de la bouche de Dieu" (Dt 8,3 cité par Mt 4,4) Fonder (re-fonder ?) ma vie sur le terrain solide de l’amour divin qui crée, accompagne, relève et fait aboutir. Monodiète selon Ste Hildegarde. Avec le Père René Wolfram, M. France et Claude Delpech, Renée Mougin et Françoise Froidevaux.(Méthode Vittoz).

Egalement une série de cinq sessions, en vue de la pratique de l’oraison, animées par le Père René Wolfram et Françoise Froidevaux "La prière de l’homme en réponse à la Parole de Dieu", dont la 1ère au lieu du 1er au 3 mai, "Prier avec les témoins de la Résurrection".Calvados✔ Le centre spirituel de l'Ermitage Sainte-Thérèse, 23 rue du Carmel, 14100 Lisieux ✆ 02.31.48.55.10, fax 02.31.48.55.27 / [email protected] organise un week-end pour jeunes (18-30 ans) du 6 (19h) au 8 mars "Plus j’aime Jésus, plus j’aime" (Ms C 12 v°), avec le père Gilles Garcia (Notre-Dame de Vie). Rens./insc. : Dominique Menvielle, ✆ 06.11.12.46.73/02.31.48.55.30/ [email protected]ôme✔ Au Foyer de Charité, 85 rue Geoffroy de Moirans, 26330 Châ- teauneuf-de-Galaure, ✆ 04.75.68. 79.00 / foyer.de.charite@fdc- chateauneuf.com, une retraite aura lieu du 23 au 29 mars, "En cette année qui lui est consacrée, st Paul et ses lettres : une nou-velle ardeur à évangéliser", avec le Père Bernard Michon.

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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Ille-et-Vilaine✔ La "Maison St-François” (animée par le Foyer de Tressaint à Dinan, ✆ 02. 96.85.86.00), 1 av. des Acacias, La Vicomté, 35802 Dinard, ✆ 02. 99.88.25.25, organise une session "Corps-Art à travers la méthode Vittoz", du 16 au 18 mars, ani-mée par Françoise Robert (prati-cienne Vittoz) et Patrick Chupin.Marne✔ Au Foyer de Charité, 4 Grande Rue, 51270 Baye, ✆ 03.26.52.80. 80, ou 06.26.52.80.80, fax 03. 26.52.72.15/[email protected] des retraites fondamentales sont proposées : du 2 (17h) (messe à 18h45) au 8 mars (15h) "Marthe Robin, un signe de Dieu pour notre temps", avec le Père Michel Blard (Diocèse de Châlons en Cham-pagne) ; du 23 (17h) (messe à 18h45) au 29 mars (15h) avec sainte Hil-degarde "Hildegarde, dis-nous ton secret !", avec le Père François- Jérôme Leroy (N.D. de la Sagesse) et Emmanuelle Philipponnat (Natu-ropathe, épouse et mère de famille). Et aussi une récollection le 12 mars (9h-16h30) "Comme saint Paul, faire pénitence : comment ?", animée par le père François-Jérôme Leroy (Possibilité d'arriver la veille au soir, messe à 18h45).Vendée✔ Des activités sont proposées par la Communauté des Béati-tudes, Centre Spirituel, Le Relais Pascal, Monastère du Précieux Sang, 1 rue du Petit Montauban, 85100 Les Sables-d'Olonne, ✆ 02. 51.95.19.26, fax 02.51.32.65.76 : une récollection, pour jeunes, du 6 (19h) au 8 mars (16h30) "Deviens disciple dans le feu de l’Esprit", avec Laurent Gay et Fr. Jean-Marie de la Croix ; une veillée de louange, pour tous, le 7 mars (20h30), "Re- vêts l’homme nouveau !", avec Laurent Gay ; une récollection, pour tous, du 13 (19h) au 15 mars (16h30), "Accueillir l’amour de Dieu", avec Pascal Maillard (Commu- nauté des Béatitudes) ; une conférence, pour tous, le 28 mars (20h30) "Mieux communiquer en famille : Comment gérer les conflits", avec Nolwen Porcheret (consultante et formatrice en relations humaines).Yvelines✔ Une retraite spirituelle sur le thème "Pourquoi adorer? Apprendre à prier devant le saint-Sacrement", par le père Ludovic Lécuru, est proposée du 23 au 26 mars, au Foyer de charité La Part-Dieu (108 rue de Villiers, 78300 Poissy, ✆ 01.39.65.12.00, fax 01.30.74.71.65/[email protected]). Rens./insc. : Sœur Beata Véronique, 3 rue du Presbytère, 03200 Vichy, ✆ 04.70. 58.85.03 / [email protected]

Université de la Vie✔ L’université de la Vie, lancée par l’Alliance pour les Droits de la Vie continue son cycle de 4 soirées de formation "Pour com-prendre les enjeux de la bioéthique et agir au service de la vie (avorte-ment, techniques de procréation assistée, clonage, recherche sur embryon, dépendance et fin de vie)". Pour tous publics, étudiants et adultes, cette formation donnera des éclairages sur les souffrances en jeu, les avancées de la science et aussi des clés pour commu- niquer au service de la vie. Les lundis 2, 9, 16 et 23 mars (20h30-22h30). Paris 7e (métro Ségur). Inscription sur http://www.universitedelavie.fr. Rens. : [email protected] ou au 01.45.23.08.29. Tarif pour le cycle des 4 soirées : 25 €, 10 € tarif étudiant. Inscription obligatoire. Places limitées.IEDH✔ L’IEDH (Institut Européen de Développement Humain), 14 square de la Poterne, 91300 Massy, ✆ 01.69.30.16.32, fax 01. 69.20.49.80, propose des stages de développement personnel pour célibataires (30-45 ans) afin de mieux se connaître pour oser le mariage. "Prendre 5 jours pour soi de réflexion, de formation, de prière...". Animés par Jean-Paul et Marie-Paule Mordefroid (pro-fessionnels du développement person-nel au sein de l'IEDH), un prêtre... Prochains stages : du 23 (19h) au 28 août (14h), à Chadenac (Haute-Loire) ; du 7 (12h) au 11 novem-bre (14h), à Cotignac (Var) (spé-cial hommes). Courriel : contact@ iedh.fr / Site : http://www.iedh.frPèlerinages✔ Un voyage culturel en Italie du sud (les Pouilles), sur les traces de Padre Pio, accompagné par Marie-Gabrielle Leblanc, (historienne d'art), est prévu du 16 au 23 mai. Également un pélerinage en Grèce sur les pas de St Paul, sous la conduite du père Benoit-Gonnin et du père Eric de Montalembert, est organisé du 19 au 26 juin ; Rens. : Centre Trinité, 3 rue de la trinité, 75009 Paris, ✆ 01.48.74.79.93 / [email protected] www.centretrinite.com✔ Le Foyer de Charité Notre Dame de Lacépède, 47450 Colayrac St Cirq (Agen), ✆ 05.53.66.86.05 / [email protected] / site lacepede.foyer.fr organise une retraite-pèle-rinage en Jordanie et en Terre Sainte du 1er au 12 octobre, avec le Père Bostyn et la communauté du Foyer.

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FRANCECatholique n°3154 27 février 2009 39

FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

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