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86 e année - Hebdomadaire n° 3214 - 28 mai 2010 3 ISSN 0015-9506 france-catholique.fr FRANCE Catholique L’ Église a-t-elle le droit de parler de bioéthique ? Les moines de Tibhirine à l’affiche france-catholique.fr

ISSN 0015-9506 L’ a-t-elle le droit de parler de bioéthique · 2014-12-02 · ros en 2020. L’un dedes points sensibles Léconcerne les dispa-rités entre secteur privé et secteur

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86e année - Hebdomadaire n° 3214 - 28 mai 2010 3 €

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BRÈVESFRancEBanDITISME : Une personne a été placée en garde à vue et deux  autres  identifiées  dans le  cadre  de  l’enquête  sur  la fusillade  qui  a  coûté  la  vie à  une  policière  municipale et  blessé  cinq  personnes  le 20 mai  à  Villiers-le-Bel ;  le commando  lourdement  armé comptait six ou sept membres. C’est  la  première  fois  qu’une policière  municipale  est  tuée par  balles ;  Nicolas  Sarkozy s'est rendu à ses obsèques.RETRaITES :  Le  ministre  du Travail  a  transmis  le  16  mai aux partis, partenaires sociaux et  syndicats  un  document d’orientation  sur  la  réforme des  retraites ;  il  en  ressort que  la  durée  d’activité  va augmenter  et  qu’un  prélè-vement  exceptionnel  sur  les hauts  revenus  et  les  revenus du  capital  sera mis  en  place, - ce que certains considèrent  comme  un  premier  « trou dans le bouclier fiscal »... L’âge légal  de  départ  à  la  retraite pourrait  être  remis  en  cause dès  le  1er  janvier  pro chain ; quant à la durée de cotisation, elle devrait atteindre 41,5 ans en 2020 contre 41 en 2012 et progresser  au-delà  en  fonc-tion de  l’espérance de vie.  Le financement  de  la  réforme exigerait 3 à 4 milliards d’eu-ros  en  2020.  L’un  des  points sensibles  concerne  les  dispa-rités  entre  secteur  privé  et secteur public.Martine  Aubry  a  présenté  le 18 mai  les  propositions  du PS  pour  cette  réforme :  elle s’oppose  au  fait  de  repous-ser  l’âge  légal  au-delà  de  60 ans  et  préconise  une  surtaxe de  l’impôt  sur  les  sociétés, plusieurs  mesures  de  taxa-tion  des  revenus  du  capital, une  augmentation  modérée des  cotisations  à  partir  de 2012 et une surcote renforcée 

pour  inciter  à  travailler  plus longtemps.Invité le 20 mai sur France2, le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn,  a  réfuté  tout dogme  sur  l’âge de départ  à la  retraite,  prenant  ainsi  ses distances à l’égard du PS.FInancES puBlIquES : Nicolas Sarkozy  a  présidé  le  20 mai une « conférence sur les défi-cits »  pour examiner les rap-ports  des  groupes  de  travail sur  les  dépenses  des  collec-tivités  lo cales,  les  dépenses sociales et les normes d’évo-lution de la dépense publique ; son but était de « renforcer la gouvernance » et de « rétablir la  crédibilité »  des  budgets. Le président a souhaité rame-ner  le  déficit  de  8%  du  PIB en  2010  à  6%  en  2011  et 4,6%  en  2012.  Une  réforme de  la  Constitution  pourrait contraindre  les  gouverne-ments  à  se  fixer  un  calen-drier  pour  atteindre  l’équi-libre des  finances publiques ; mais  l’existence d’une majo-rité au Parlement pour voter la  ré forme  constitutionnelle n’est pas assurée.cuMul :  Martine  Aubry  a affirmé  le  19  mai  que  le  PS appliquerait  la règle de non-cumul  des  mandats  dès  les élections cantonales de 2011.MuSéES :  Cinq  tableaux  ont été volés le 20 mai au musée d’Art  moderne  de  la  Ville de  Paris,  œuvres  de  Picasso, Lé   ger,  Matisse,  Braque  et Modigliani ; leur valeur totale atteindrait  plus  de  100 mil-lions d’euros.SocIal : Les forces de l’ordre ont  évacué  le  18 mai  des infirmiers  anesthésistes  qui bloquaient les voies de la gare Montparnasse  à  Paris  afin d’être  reçus  par  la  ministre de  la  Santé ;  des  milliers  de voyageurs  ont  été  bloqués et  les  trains ont pris plus de trois heures de retard.pRISonS :  La  première  unité 

2 FRANCECatholique n°3214 28 mai 2010

SUITe eN page 7

Le billet de Serge PLENIER

Bonne fête, MamansDimanche, ce sera la fête des mères. Pour la majorité des mères,

ce sera l’occasion de recevoir des dessins et des poèmes, généralement touchants de naïveté, ainsi qu’un cadeau plus substantiel (générale-ment financé par le papa).

Pour d’autres familles, heureusement bien moins nombreuses, la fête sera sans doute plus douloureuse. Ce sera un regard vers la chaise vide de celle qui est partie, ou le berceau devenu vide après quelques mois d’espoir. Il y a toujours une part de tristesse dans une fête collective.

Et puis il y a ceux ou celles que la fête des Mères met en fureur, ces quelques féministes qui proclament haut et fort que la maternité est une forme d’asservissement, celles qui rejettent avec horreur l’allaite-ment au sein (entre autres réalités) et qui, sous prétexte que l'« on ne naît pas femme, on le devient » (Simone de Beauvoir), rejettent avec une sorte de courroux pathologique, cette expérience de la maternité qui distingue radicalement la femme de l’homme. Non, la mère n’est pas le père et ne pourra jamais l’être. L’un n’est pas l’autre.

Il y a aussi peut-être pire : cette chose que l’on voudrait introduire dans notre droit sous le nom de gestation pour autrui et qui s’appelle ailleurs « mères porteuses » : on paie une femme pour porter un enfant, on loue un ventre. Sous prétexte de soulager la souffrance des couples stériles ou de donner à certains ce que leur refusent la nature et la vie (car la biologie est la science de la vie), on vend le corps d’une femme, on vend l’être humain qu’elle a porté pendant neuf mois pour la satisfaction de clients ! Il n’y a peut-être pas de plus odieuse régres-sion que cette compassion hypocrite qui profite de la misère des unes pour légaliser le trafic d’êtres humains au profit des autres. L’enfant n’est pas une marchandise. Il y va de la civilisation.

La fête des Mères doit nous rappeler que la maternité n’est pas un simple phénomène physiologique. Au-delà des réalités physiologiques, elle fonde la dignité de la femme. Bonne fête, Mamans. S.P.

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SOMMAIRE ACTUALITÉ

4 RETRAITE Le grand débat Alice Tulle5 IRAN L'illustre magicien Yves La Marck

DOSSIER 8 SOCIÉTÉ L'Église et la bioéthique Tugdual Derville / Thérèse Coustenoble

ESPRIT 15 PÈLERINAGE Pères en marche Antoine Bordier / Brigitte Pondaven 16 LECTURES Dimanche de la Sainte-Trinité Père Michel Gitton 19 ECCLÉSIA Prix des écrivains catholiques MAGAZINE 18 SOCIÉTÉ La fête des voisins Catherine Manné 20 SCULPTURE La main de Dieu et Rodin Père Joseph Titus 22 INTERNATIONAL Quand l'Iran s'éveillera Jean-François Colosimo / Alexandre Da Silva 25 THAÏLANDE Témoins impuissants Corine Lacrampe 26 HISTOIRE La vocation de la France Jean-François Chemain / Thérèse Coustenoble 28 JEUNESSE La foi en livres Christèle Hubert / www.cmonlivre 31 CINÉMA "Prince of Persia", "Copie conforme", "Estômago", "Une nuit au cirque" Marie-Christine Renaud d'André 30 TAPISSERIES Trésors de la Couronne d'Espagne Alain Solari 32 THÉÂTRE Laure K. Phoenix à la Comédie française "Les femmes savantes" au Petit Théâtre de Paris Pierre François 33 THÉÂTRE Le Curé d'Ars par ceux qui l'ont connu Alexandra Lemaire 34 MUSIQUE Douces raretés François-Xavier Lacroux 35 TÉLÉVISION "Jeux de pouvoir", "Hors-jeu", "La saison des immortelles","Jeanne d'Arc" M.-C. Renaud d'André, J.-P. Marie, Fr. Maupin 36 TÉLÉVISION Sélection début de soirée M.-C. R. d'A. 38 BLOC-NOTES Vie associative et d’Église Brigitte Pondaven

Photo couverture : "Des hommes et des dieux"© Mars distribution

PARDON pour ce jeu de mots journalistique, mais le grand prix que le Jury du festival de Cannes a accordé au film de Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux, renvoie au symbole traditionnellement associé au martyre des chrétiens. Certains critiques eussent aimé que la palme

d'or fût attribuée à la représentation sobre et pudique des moines de Tibhirine, mais le choix de l'œuvre d'un cinéaste thaïlandais (Oncle Boonmee) a relégué en seconde position un film qui semblait pour-tant bénéficier des suffrages du public du festival. Quoi qu'il en soit, la geste des cisterciens de l'Atlas est désormais entrée dans l'imagi-naire artistique et elle continuera à faire réfléchir les hommes et les femmes d'aujourd'hui sur le témoignage en faveur d'un Dieu de paix au cœur des convulsions de notre monde.

Les spectateurs privilégiés qui ont pu voir le film à Cannes ont apprécié l'interprétation de Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Philippe Laudenbach, Olivier Rabourdin et de leurs compa-gnons, qui ont su s'intégrer dans le climat monas-tique, sa liturgie, sa vie fraternelle au contact des moines de l'abbaye de Tamié. Ils ont aussi compris comment ces religieux isolés en terre d'Islam avaient su se faire aimer par les populations. Il y a là de quoi méditer intensément sur le secret de l'engagement spirituel radical, alors même que les intellectuels voudraient que les religions fussent par essence « meurtrières ». L'actualité quotidienne se charge de nous rappeler comment des chrétiens sont amenés à donner leur vie, dans diverses régions du monde, parce que leur foi est insupportable à leur environnement.

Est-il malséant de rappeler aussi qu'en nos contrées de droit et de liberté, l'affirmation de communautés chrétiennes est parfois mal supportée et que, régulièrement, règne un climat de lynchage médiatique à l'égard du Pape ? Dieu merci, nous n'en sommes pas aux extrémités dont sont victimes tant de frères en Irak, au Nigeria, en Égypte, en Inde et ailleurs… Mais il y a une réelle question de fond. Quelle place y a-t-il dans notre civilisation pour la gratuité radicale des chercheurs de Dieu ? On songe à telle formule provoca-trice d'Albert Béguin : « Les sanctuaires désertés, l'humanité risque de mourir d'ennui sur les bancs d'école, en ânonnant qu'elle est par-venue à l'âge adulte. » Par grâce, l'imaginaire peut témoigner que la palme des martyrs fait toujours briller la flamme du sanctuaire. ■

Grand prix pourla Palme

des martyrs

ÉDITORIAL

FRANCECatholique N°3214 28 MAI 2010 3

par Gérard LECLERC

Du lundi au jeudi,Gérard Leclerc intervient en direct sur

Radio Notre-Dame vers 8 h 10

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque

semaine sur :

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ACTUALITÉ

par Alice TULLE

4 FRANCECatholique n° 3214 28 mai 2010

E n 17 pages et 14 pro ­positions, le gou ­vernement montre que la réforme des retraites est la grande

affaire de la fin du quinquen­nat, avant l’entrée en période électorale. Affaire d’autant plus délicate que le climat social, tendu depuis le début de la crise financière, risque de se durcir à cause de la crise monétaire et des mesures d’économies budgétaires im posées par le déchaînement des spéculateurs. Le Premier ministre et son ministre du travail, Éric Woerth, sont donc décidés à argumenter fermement pour tenter de convaincre l’opinion que les choix du gouvernement sont équilibrés.

Le principe de la solida­rité nationale est réaffirmé, mais il n’est pas exclu de procéder à une « réforme systémique », qui permet­trait d’apporter « plus de transparence et de visibilité au système des retraites » ­ formule peu... transparente qui ouvre éventuellement la voie à une réforme de plus grande envergure.

Il n’est pas question de baisser les pensions des retraités, ni de procéder à une « hausse générale des

impôts et des cotisations sociales » ­ ce qui permet cependant d’avoir recours à des augmentations partielles.

D ’où le choix d ’une réforme qui présente deux aspects principaux, eux­mêmes très équilibrés dans leur formulation : d’une part,

une « augmentation progres­sive de la durée d’activité » ; d’autre part la mise en place d’une contribution supplé­mentaire sur les hauts reve­nus et les revenus du capital qui ne sera pas comprise dans le bouclier fiscal – ceci au nom de la solidarité entre tous les groupes sociaux.

Il est par ailleurs précisé que la mise en œuvre de la

réforme sera progressive et qu’il sera tenu compte de la pénibilité du travail.

Ce texte d’orientation a obligé la direction du Parti socialiste à publier sa doctrine en la matière, ce qu’elle redoutait car, comme sur bien d’autres sujets, les socialistes

ont des points de vue diver­gents sur les retraites. Un compromis a été trouvé, que Martine Aubry a présenté le 18 mai sans grande convic­tion ­ car elle envisageait en janvier dernier que l’on puisse repousser l’âge légal du départ en retraite « à 61 ou 62 ans ». Tel n’est pas le choix qui a été fait par les dirigeants socialistes qui « s’opposeront

de toutes [leurs] forces au fait de repousser l’âge légal au­delà de 60 ans » avec « retraite choisie » au­delà de cette limite. Les socialistes proposent une augmentation modérée des cotisations sala­riales et patronales à partir de 2012 et, surtout, plusieurs mesures de taxation : surtaxe de l’impôt sur les sociétés payé par les banques, appli­cation de la CSG à tous les revenus du capital notam­ment.

Le Premier ministre a dénoncé la « démagogie » du Parti socialiste et l’a accusé de préparer un « choc fiscal » qui réduirait le pouvoir d’achat des classes moyennes par la taxation de l’intéresse­ment et de la participation. Laurence Parisot, présidente du Medef, a pour sa part défendu le principe du main­tien au travail au­delà de 60 ans, refusé tout relèvement des cotisations et réclamé la mise en place d’un système de retraites par capitalisation en complément au système de la répartition.

Mais la partie se jouera entre les auteurs de la réforme (Raymond Soubie, conseiller de Nicolas Sarkozy, François Fillon, Éric Woerth) et les syndicats, opposés au projet mais qui vont à la bataille en ordre dispersé : la plupart des organisations appellent à manifester dans toute la France le 27 mai alors que Force ouvrière a lancé un mot d’ordre de grève générale pour le 15 juin. n

RETRAITES

Tenter de convaincre l'opinion que les choix du gouvernement sont équilibrés(

Le document gouvernemental d’orientation sur la réforme des retraites a obligé les socialistes à prendre position sur le sujet tandis que les syndicats réaffirmaient leur hostilité.

Le grand débat

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ACTUALITÉ

Le troc auquel se sont livrés à Téhéran le 17 mai le prési­dent brésilien et le premier ministre turc

ressemble par trop aux tours de ces magiciens qui emprun­tent souvent les traits d'un maître issu de l'ancienne Perse ou de l'Inde proche. À bien y réfléchir, c'est véritablement le personnage qu'incarne avec succès l'actuel président iranien. Plus fort que David Copperfield, il fait disparaître 1200 kg d'uranium enrichi à 3,5 % dans la poche du voisin turc pour faire réapparaitre 120 kg du même uranium enrichi à 20 %. Qui a dit que les alchimistes sont morts ? La cerise sur le gâteau, c'est qu'un Brésilien, autre person­nage sorti d'une opérette populaire, marche tête baissée dans la combine, tel ces gobe­mouches toujours à l'affût du dernier eldorado imaginaire comme par hasard sur les rives du fleuve Amazone.

Il y a matière ici pour un conte à succès comme ces nouvelles asiatiques du comte de Gobineau, meilleur obser­vateur jusqu'à aujourd'hui de l'âme persane (et d'où est tiré le titre de cet article).

Le président Ahmadinejad n'a pas ménagé son temps à courir le monde et notamment les pays membres du Conseil de sécurité, dont la Turquie et

le Brésil, mais aussi jusqu'au lointain Ouganda. Il a obtenu un succès d'estime avec les deux premiers pays, ayant bien compris qu'ils étaient plus respectables internatio­nalement (jusqu'à ce coup de dés) que le Venezuela de Chavez ou la Biélorussie. Et puis la Turquie n'est­elle pas membre de l'OTAN ? Aller

entreposer son uranium enrichi dans un pays de l'Al­liance Atlantique, quel pied de nez aux Américains et aux Européens (qui le lui avaient proposé six mois plus tôt) !

Quelle mouche a donc piqué Erdogan et Lula pour qu'ils succombent au charme ? Lula, qui se retrou­vera sans emploi à la fin de

l'année, brigue, dit­on, la place de secrétaire général des Nations Unies. On prête à Erdogan l'ambition de restau­rer l'empire ottoman au moins diplomatiquement. Chacun y a peut­être vu son intérêt immédiat. Et le moyen aussi de s'inviter au club restreint des cinq grands du Conseil de Sécurité.

C 'est cette dernière ma nœuvre qui a ressoudé ce club des Cinq. Car parallèle­ment aux voyages de Monsieur Ahmadinejad, la diplomatie américaine n'est pas restée en reste. Elle a raccroché à son char de sanctions les deux puissances les plus réticentes, la Chine et la Russie. Certes, ces deux derniers ralentissent le

train : pas de sanctions écono­miques dures, notamment pétrolières. Mais Washington a quand même obtenu le vote de sanctions renforcées, ciblées sur le programme nucléaire, y compris bancaires, et un embargo sur les achats d'armes, avec droit d'ins­pection des navires approvi­sionnant l'Iran. C'est un pas important.

La France, qui craignait pour sa ressortissante, Clotilde Reiss, avait pour objec­tif immédiat de la mettre à l'abri avant le vote des sanctions. C'est chose faite. M. Ahmadinejad, tout à la joie de son dernier tour de magie, a voulu se montrer grand seigneur avec son hôte sud­américain. Il n'a rien obtenu en échange, c'est­à­dire ce qui l'intéressait vraiment, non pas deux repris de justice, mais la fissure au sein du club des cinq, avec, espérait­il, un petit moment de faiblesse, une nouvelle pause qui aurait été approuvée par la France. Il n'en a rien été. Et la France est restée solidaire au Conseil de Sécurité.

Il reste que la volonté de ces pays émergents d'être associés aux grandes manoeuvres diplomatiques internationales est forte et, comme le président Sarkozy l'a déjà concédé avec le G 20, elle doit être reconnue. Cela leur évitera de faire n'importe quoi pour se faire valoir. n

IRAnpar Yves LA MARCK

M. Ahmadinejad, tel un derviche tournant, donne à tout le monde le vertige. Mais les cinq membres permanents du Conseil de sécurité gardent leur sang-froid.

L'illustre magicien

FRANCECatholique n°3214 28 mai 2010 5

Washington a quand même obtenule vote de sanctions renforcées )

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hospitalière aménagée pour recevoir des détenus a été inaugurée le 21 mai à Lyon.Burqa : Le projet de loi visant l’interdiction du port du voile intégral, présenté le 19 mai en conseil des ministres, prévoit un stage de citoyenneté pour les personnes concernées.Terrorisme : Le chef mili-taire présumé de l’ETA et deux autres membres de l’orga-nisation séparatiste basque ont été arrêtés le 20 mai à Bayonne.Faux diplômes : L’ex-président de l’Université de Toulon a été révoqué le 21 mai de la fonc-tion publique dans le cadre de l’enquête sur un trafic de diplômes au bénéfice d’étu-diants chinois.sNCF : Une panne informa-tique qui rendait impossible l’achat et la réservation de billets sur les trains grandes lignes a pu être réparée le 21 mai pour les départs du grand week-end de Pentecôte. D’autre part, le trafic des trains Eurostar, Thalys et TGV Nord, interrompu à la suite d’un vol de câbles de signalisation, a repris très progressivement le 22 mai.TeNNis : À la veille du tour-noi de Roland Garros 2010, le tirage au sort était considéré le 21 mai comme peu clément pour la plupart des joueurs fran çais !dÉCÈs : François Ceyrac, ancien président du Conseil national du patronat fran-çais (de 1972 à 1981) est mort à l'âge de 97 ans le 19 mai. Il était le frère aîné du Père Pierre Ceyrac, le célèbre missionnaire en Inde, et de Charles Ceyrac, député et pré-sident du Conseil général de Corrèze (décédé en 1998).rugBy : Pour la quatrième fois de son histoire, Toulouse est devenue champion d’Europe en battant Biarritz par 21 – 19 le 22 mai.

moNdeeuro : La monnaie euro-péenne a continué à baisser pour atteindre 1,22 dollar le 17 mai en raison, disait-on, des inquiétudes sur la dette et la croissance des pays euro-péens. Les bourses du monde entier reprenaient des cou-leurs le lundi 24 mai au matin à cause des bons résultats de l'économie chinoise, avant de fléchir à nouveau. Les ministres des Finances réunis à Bruxelles le 21 sont tom-bés d’accord sur la nécessité de mesures répressives contre les États européens les plus laxistes en matière budgétaire.graNde-BreTagNe : Le Pre-mier ministre britannique a rencontré le président Sarkozy le 20 mai à l’Élysée avant de se rendre à Berlin. Le 25 mai à Londres, le ministre des Finances, George Osborne, et le secrétaire au Trésor, David Laws, ont rendu public le dé tail d'une première tranche de 6,2 milliards de livres d'économie budgétaire, conformément au programme électoral des conservateurs avalisé par les libéraux-démocrates.alemagNe : À la surprise générale, la chancelière An -ge la Merkel a annoncé le 18 mai que l'Allemagne inter-disait aux boursiers, pour un an, de vendre à découvert des titres de dette publique en pa riant sur la baisse.marÉe Noire : Pour la pre-mière fois depuis le début de la catastrophe dans le Golfe du Mexique, le groupe BP a réussi le 16 mai à pomper du pétrole s’échappant de la fuite et à le stocker à bord d’un navire tandis que le gaz naturel était brûlé en surface. Un mois après l’explosion de la plate-forme, la nappe de pétrole a abordé le 20 mai les côtes de Louisiane.

espaCe : Les astronautes de la navette Atlantis ont attaché le 18 mai un nouveau compar- timent russe à la Station spa-tiale internationale.everesT : Un Américain de 13 ans est devenu le 22 mai le plus jeune alpiniste à vaincre l’Everest qui culmine à 8 848 m.ThaïlaNde : Après l’assaut donné par l’armée à leur camp retranché au centre de Bangkok, les leaders des « chemises rouges » se sont rendus le 19 mai. On dénombre officiellement 16 morts et une trentaine de grands immeubles incendiés dont celui de la Bourse.CorÉes : Le rapport d'une commission d'enquête inter-nationale a établi que la cor-vette sud-coréenne coulée le 26 mars (46 morts) près de l'île de Baengnyeong, en mer Jaune, l'avait été par une torpille d'un sous-marin de poche nord-coréen.Belgique : Plus de la moitié des municipalités flamandes situées autour de Bruxelles ont décidé de boycotter les élections législatives du 13 juin ; elles protestent contre le fait que l’arrondissement bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde n’ait pas été scindé.La Ville de Bruxelles a déci-dé le 20 mai d’interdire une manifestation en faveur du port de la burqa prévue pour le 22 mai. Des manifestations du même genre sont annon-cées en France et en Grande-Bretagne.aFghaNisTaN : Les talibans ont attaqué le 19 mai à Ba -gram, à 60 km au nord-ouest de Kaboul, la plus grande base aérienne américaine ; onze insurgés et un civil américain ont été tués.Un officier du 3e régiment de génie de Charleville-Mézières, le capi taine Christophe Barek-Deligny 38 ans, marié et père

de deux jeunes enfants, a été tué le 22 mai par ce que les militaires appellent un engin explosif improvisé (EEI). Il s’agit du 42e soldat français tombé en Afghanistan depuis 2001 et du sixième depuis le début de l'année. Un soldat néerlandais et un interprète afghan ont également été tués, et cinq autres soldats néerlandais ont été blessés, dans la même explosion.ÉTaTs-uNis : Le Sénat a approuvé le 20 mai la réforme de Wall Street présentée par le président Obama ; le texte prévoit la création au sein de la Banque centrale d’un organisme de protection du consommateur financier ; il s’oppose au sauvetage des grandes institutions finan-cières aux frais du contri-buable et prévoit un contrôle plus strict des produits déri-vés.CamBodge : Le tribunal in -ter national de Pnomh Penh rendra son verdict contre "Douch", le seul important diri geant Khmer rouge encore vivant, le 26 juillet prochain.Turquie : Son indéboulon-nable président Deniz Baykal ayant été convain cu d'adul-tère avec une députée de son parti, par un film diffusé sur Internet, le Parti républicain du peuple (CHP, kémaliste) a aussitôt choisi, le 22 mai, pour le remplacer, Kemal Kiliçdaroglu, sur nommé le « Gandhi turc » en raison de son physique, de son hon-nêteté et de sa modération. La « gauche » turque se voit déjà reprendre le pouvoir aux islamistes modérés de l'AKP qui, pour leur part, ont énormément de mal à faire passer une réforme libérale de la Constitution destinée notamment à contenter les partenaires européens.

J.L.

FRANCECatholique n°3214 28 mai 2010 7

Suite de La page 2

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n En quoi la situation française est-elle spécifique ?

Nous  savons  bien  que la  France  entretient  des  rela-tions  ambivalentes  vis-à-vis du  catholicisme.  La  laïcité  à la  française  est  issue  d’une vieille  virulence  antichré-tienne.  Dans  son  rapport  avec son  héritage  chrétien,  c’est une  société  « adolescente ». La  « fille  aînée »  est  en  pleine crise d’identité vis-à-vis de ses racines,  ne  sachant  plus  très bien  ce  qu’elle  en  attend.  Au 

temps  du  violent  anticléricalisme  du  début  du siècle  dernier,  la  morale  naturelle  était  encore partagée par les adversaires de l’Église et ensei-gnée  à  l’école  laïque. Aujourd’hui,  notre  culture 

se  veut  affranchie  des  préceptes  de  l’Église catholique  en  matière  de  mœurs.  Jugés moralisateurs,  ils  sont  systématiquement considérés  comme  castrateurs  et  liberti-cides.  Ce  contexte  est  complètement  dif-férent de celui de plusieurs de nos voisins.

Dans  d’autres  pays,  les  leaders  d’opi-nion  doivent  prendre  publiquement  au sérieux la parole de l’Église sur les ques-tions  de  société.  L’Église  y  est  consi-dérée  comme  une  institution  légitime lorsqu’elle  intervient  dans  le  débat public.  En  Italie,  l’épiscopat  a  pu  faire échouer  un  référendum  bioéthique dangereux  en  s’impliquant  ès  qua-lités.  C’est  inimaginable  en  France où une  telle  stratégie  serait  vouée à 

l’échec. Les sondages comparatifs inter-nationaux montrent que  l’immense majorité des Français  –  même  parmi  les  chrétiens  –  affirme que  l’Église doit se taire sur ces sujets et  rester 

DOSSIER

Bordeaux, Marseille, Toulon, Nice, Nancy, Reims, Rouen, Dijon, Paris, la "tournée bioéthique 2010" - du 17 mai au 1er juin - est l'occasion pour l'Alliance d'informer un public qui s'intéresse à l'évolution des lois concernant les obligations déontologiques que devront respecter les équipes médicales et les chercheurs scientifiques pour tout ce qui concerne le respect de la vie humaine. Tugdual Derville, qui est délégué général de l'ADV (et chroniqueur à « France Catholique »), nous a expliqué la semaine dernière les enjeux de cette tournée. Aujourd'hui, nous l'interrogeons longuement sur un aspect plus particulier de la question : le rôle que l'Église peut jouer vis-à-vis de l'opinion et du législateur à propos de l'évolution de ces lois bioéthique.

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Propos recueillis par Thérèse COUSTENOBLE

EntREtIEn avEC tugDual DERvIllE

Tugdual Derville.

l'Église et la bioéthique

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confinée à la question du culte. Toute parole de l’Église sur le respect de la vie est taxée d’intru-sive et d’obsessionnelle.

n L’Église serait-elle condamnée à se taire ?

Surtout  pas  car  cette  posture  de  rejet  est doublement  contradictoire  !  D’abord  la  défense des pauvres et des exclus par l’Église est davan-tage tolérée que celle du respect de la vie avant la  naissance.  D’où  l’importance  de  rappeler dès  que  possible  la  cohérence  entre  les  deux approches,  comme  le  fait  souvent  le  cardinal Barbarin.  Il  déplore  qu’en  se  focalisant  sur  un seul  des  deux  sujets,  les  pauvres  ou  la  vie,  les fidèles  semblent  se  répartir  en  deux  camps  qui s’ignorent.  Le  thème  du  handicap  permet  de relier  les  deux  défis.  Le  témoignage  de  l’Office chrétien  des  personnes  handicapées  avec  la « spiritualité  du  pauvre »  enseignée  par  Jean Vanier est à ce titre source de communion.

Ensuite,  même  si  on  ose  rarement  l’avouer publiquement,  les  repères  stables  que  conti-nue  de  promouvoir  l’Église  attirent  les  hommes 

en  quête  de  sens.  La  fragilisation  des  couples, l’éclatement  des  familles  et  le  bouleversement des repères de la filiation provoquent des inquié-tudes  légitimes. Au contraire,  la permanence de l’anthropologie chrétienne rassure.

Le  débat  bioéthique  offre  donc  un  bel exemple  de  l’ambivalence  des  leaders  d’opinion par rapport à l’Église. Et ce que je nommerais le « tournant bioéthique » de 2009 le montre.

n Quels sont les contours de ce « tournant » ?

Depuis  quelques  années,  dans  notre  pays, l’Église  et  les  catholiques  semblent  avoir  été progressivement  réhabilités  en  bioéthique.  Les états  généraux  de  la  bioéthique,  en  2009,  ont confirmé ce phénomène. Le débat s’en est trou-vé  rééquilibré.  Un  exemple :  le  blog  bioéthique ouvert  par  les  évêques  de  France  a  eu  plus  de connexions  que  le  site  gouvernemental  dédié ! Et  sur  ce  dernier,  les  contributions  citoyennes favorables  au  respect  de  la  vie  et  au  droit  des enfants  l’ont  largement  emporté  sur  les  reven-dications  transgressives.  De  nombreux  respon-

Lescatholiques semblent avoir été

réhabilités en bioéthique

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Marseille, le 18 mai.

l'Église et la bioéthique

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sables politiques ont reconnu que le débat avait été  enrichi  et  recentré  par  l’intervention  des chrétiens.

Jean Leonetti, député et président du Comité de  pilotage  des  états  généraux,  a  semblé impressionné  voire  désarçonné  par  la  force  de ces  convictions.  L’argumentation  ecclésiale  en faveur  du  respect  de  la  vie  est  « raisonnable » et  intellectuellement  incontestable ;  elle  aide à  contrer  de  nouvelles  dérives.  L’Église  a  le mérite, aux yeux de parlementaires  « modérés », de  contrebalancer  les  pressions  scientistes  et celles de certains lobbies qu’ils estiment outran-cières. Problème : elle remet également en cause des  dizaines  d’années  de  bouleversement  des mœurs.  Or,  les  politiques  ne  sont  pas  prêts  à aller jusqu’au bout de la logique du respect de la vie  qui  les  obligerait  à  des  révisions  qu’ils  esti-ment trop déchirantes.

n Un exemple ?

L’impossible  « statut de  l’embryon ».  Les  res-ponsables politiques  tentent de  faire agréer par les  « autorités  morales »  une  théorisation  de compromis  qui  les  arrangerait :  distinguer  l’em-bryon  préimplantatoire  de  celui  qui  est  déjà implanté dans la paroi utérine. Plusieurs experts politiques  de  la  bioéthique  ont  tenté  de  légiti-mer  deux  statuts  distincts  pour  l’être  humain, en faisant  jouer  le critère du « projet parental ». Il  y  aurait,  d’un  côté,  les  embryons  implantés dans la paroi utérine et faisant l’objet d’un projet parental. Ce seraient des patients dignes de res-pect. D’un autre côté,  les autres embryons, non investis  d’un  projet  parental  ou  non  implantés, seraient des choses. On légitimerait ainsi l’Assis-tance Médicale à la Procréation, la recherche sur l’embryon  et  l’avortement.  Tout  en  permettant qu’un fœtus mort-né soit dignement inhumé…

Lors  de  son  audition  par  la  mission  d’in-formation  parlementaire  pour  la  révision  de  la loi  de  bioéthique,  notre  président,  le  docteur Xavier  Mirabel,  a  dû  répondre  à  plusieurs  par-lementaires  qui  l’interrogeaient  sur  l’embryon préimplantatoire.  Il  a  pu  affirmer,  arguments scientifiques et philosophiques à l’appui, qu’il n’y a  pas  de  différence  de  nature  entre  l’embryon non implanté et l’embryon implanté.

Or, fait significatif, à la fin de l’audition, alors qu’aucune  référence  spirituelle  n’avait  jusque-là  été  exprimée ni  par  l’Alliance pour  les Droits de  la  Vie,  ni  par  les  députés,  Jean  Leonetti  a évoqué  la  parabole  du  semeur,  en  affirmant  en 

Lois de bioéthique 2010 : les sujets de débat

Assistance médicale à la procréation (AMP)

La gestation pour autrui (ou GPA ou mères porteuses) est toujours interdite. Elle est revendiquée au nom d’un « droit à l’enfant » pour des femmes ayant une infertilité définitive. Elle est contestée au nom du droit de l’enfant bafoué par la programmation d’une rupture néonatale. Et aussi au nom des femmes, dont le corps est instrumentalisé par contrat.

Le principe de l’anonymat des dons de gamètes est contesté par certaines personnes nées de dons anonymes de gamètes, privées d’une part de leur origine biologique. Des praticiens réclament qu’on dédommage les donneurs de sperme et les donneuses d’ovocytes.

Des personnes réclament le droit d’accès à l’AMP pour des personnes célibataires ou homosexuelles (et non plus seulement pour les couples souffrant d’infertilité médicale) ; leurs opposants dénoncent l’injuste privation d’un père (ou d’une mère) induite pour l’enfant. Comme pour la GPA, l’interdiction est contournée par le tourisme procréatif.

Certaines femmes revendiquent le transfert d’embryons congelés après la mort du père (transfert post mortem après fécondation in vitro puis congélation de l’embryon) ; une femme demande même l’insémination post mortem (le sperme de son compagnon avait été congelé avant sa mort) ce qui revient à concevoir un enfant d’un père déjà mort.

On étudie le remboursement des techniques d’AMP au-delà de la limite actuelle de 42 ans pour les femmes (sachant que des femmes âgées obtiennent à l’étranger ce qui n’est pas accessible en France).

Diagnostic prénatal (DPN) et Diagnostic préimplantatoire (DPI) Le dépistage des anomalies du foetus est de plus en plus précoce ;

alors que les interruptions « médicales » de grossesse (IMG) sont de plus en plus systématiques, de nombreux experts s’élèvent pourtant pour dénoncer une forme croissante d’« eugénisme ».

Le DPI s‘est étendu à certains « cancers prédictifs» héréditaires en marge de la loi (on n’écarte plus seulement les embryons porteurs d’une anomalie mais ceux qui portent un risque statistique important de devenir un jour malades) ; le diagnostic de la trisomie 21 lors de DPI concernant une maladie héréditaire est revendiqué avec l’appui du Comité consultatif national d’éthique alors que le législateur avait pris soin d’éviter de lister les anomalies concernées.

Recherche sur l'embryon Alors qu’en 2004 on avait ouvert la possibilité d’utiliser les embryons

surnuméraires ne faisant plus l’objet d’un « projet parental » pour la recherche (qui les détruit), le sujet revient en débat : certains revendiquent de « sortir de l’hypocrisie » par une autorisation explicite et élargie de cette recherche (non plus seulement à titre dérogatoire, pour des mobiles thérapeutiques et en l’absence de recherches alternatives) ; d’autres souhaitent le maintien de la solution intermédiaire : l’interdiction assortie de dérogations.

D’autres encore, au nom du respect de la vie et de la dignité de l’embryon souhaitent revenir à l’interdiction complète de cette recherche qui détruit des êtres humains vivants et, par ailleurs, que l’on cesse de congeler des embryons humains vivants. Ils soulignent qu’il y a d’autres moyens de progresser (avec, par exemple, les cellules du sang de cordon ombilical) et que « science sans conscience n’est que ruine l’âme ». n

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substance :  « N’est-il  pas  vrai  docteur  Mirabel que,  selon  la  parabole  du  semeur,  certaines graines, qui ne sont pas tombées dans la bonne terre,  ne germeront pas ? »  Je me  suis  demandé si  c’était  une  façon  de  « démasquer »  Xavier Mirabel sur  le plan spirituel. En France, affubler un  interlocuteur  d’une  étiquette  religieuse  per-met  de  restreindre  la  portée  de  son  expertise. Jean  Leonetti  a  peut-être  voulu  remettre  notre président  « sur  son  terrain ».  Sur  le  fond,  cette citation  étrangement  détournée  est  révélatrice de  l’ambiguïté  du  regard  des  politiques  sur  la religion chrétienne.

n Mais pourquoi tordre ainsi le sens de la Parole ?

Notons  que  c’est  au  cœur  du  récit  sur  les tentations  au  désert…  En  dernier  recours,  on n’est pas à l’aise tant qu’on n’a pas réussi à insi-nuer  que  ce  qu’exprime  l’Église  est  contraire  à l’Écriture  Sainte.  Comme  s’il  fallait  à  tout  prix trouver  une  caution  spirituelle  pour  apaiser  les esprits.  « Auteur »  du  premier  bébé-éprouvette français, le professeur Frydman, dans sa Lettre à une femme qui est une sorte d’encyclique promé-théenne, ose défendre le tri préimplantatoire des embryons, une technique qui vise à éliminer ceux qui  sont porteurs de handicap,  par  la phrase de 

Jésus « Lève-toi et marche ! ». C’est ici une inver-sion de sens radicale entre le bien et le mal.

n Comment, dans ce contexte, l’Église peut-elle s’impliquer dans le débat ?

Les  décisions  politiques  sont  souvent  la résultante  d’un  rapport  de  force,  traduisant l’équilibre du moment. Tout  l’enjeu pour  l’Église, comme pour  les autres acteurs engagés au ser-vice de la vie, est d’évaluer ce qu’elle peut obte-nir, puis ce qu’elle doit demander pour y parvenir, tout  cela  sans  jamais  cautionner  les  dérives injustifiables.  Comme  dans  le  jeu  qui  voit  deux équipes se disputer une corde, on doit demander davantage que ce qu’on imagine obtenir. Le poli-tique, de son côté, a intérêt à mécontenter suf-fisamment  les  catholiques  sans  pour  autant  les incommoder excessivement. C’est ainsi un jeu du chat et de  la souris où  l’on ne sait pas toujours qui va croquer l’autre.

n Vous voulez dire que l’Église encourt certains risques ?

J’en  vois  deux.  Le  premier  risque  est  de  se laisser  instrumentaliser  par  des  experts  qui  lui 

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Comme s'il fallait à tout prix trouver une caution spirituelle

Xavier Mirabel, président de l'Alliance pour les Droits de la Vie, intervenant à Marseille, le 18 mai.

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sont  extérieurs.  Comme  il  y  a  prescription,  on peut  rappeler  qu’en  1975,  sur  l’avortement, l’épiscopat s’est fait manipuler par les politiques. Tout autant en 1979, lors de la première révision de la  loi  instituant  l’IVG : on a pris pour de l’ar-gent  comptant  les  chiffres  officiels  des  avorte-ments clandestins d’avant la loi qui ont toujours été délibérément surévalués pour faire croire que la  dépénalisation  n’avait  eu  comme  impact  que de préserver la vie des femmes.

Aujourd’hui  encore,  ce  genre  de  piège  est  à déjouer.  C’est  devenu  plus  difficile  car  les  per-sonnalités  reconnues  comme  « sages »  ne  par-tagent pas le souci du respect de la vie. Nombre d’entre  eux  interviennent  pourtant  volontiers devant  des  responsables  religieux.  Celui  qui  a pu être  invité dans ce type de cadre y peaufine son  image  de  sagesse.  Mais  cela  ne  l’empêche aucunement de proférer, dans d’autres cénacles, des  affirmations  outrancières  sur  la  morale  ou sur  l’Église.  Le  statut  privilégié  du  professeur Axel  Kahn  peut,  à  ce  titre,  paraître  ambigu. Sous  des  dehors  d’arbitre  modéré  épris  du  dia-logue  avec  les  responsables  religieux,  il  peut affirmer  au  quotidien  communiste  L’Humanité qu’« il  faut  maintenir  la  fiction  juridique  selon laquelle on n’a pas existé avant d’être né », puis classer  comme  fondamentalistes  les  chrétiens défendant  la  vie.  Il  est  allé  jusqu’à  rapporter  à la  presse,  en  se  posant  en  expert  des  positions ecclésiales, qu’il voyait des signes encourageants d’acceptation de l’avortement légal par l’épisco-pat  français...  C’est  inexact.  Il est  exact  en  revanche  que  la désinformation  distillée  depuis des  dizaines  d’années  sur  ce sujet  difficile  n’épargne  pas les  responsables  catholiques : quand  ils  n’ont  pas  d’expé-rience  ou  de  compétences spécifiques  sur  ces  sujets,  et même  si  leur  attachement  au respect  de  la  vie  est  incon-testable,  ils  peuvent  toujours être trompés par la dialectique et  l’histoire  officielles.  D’où l’énorme effort de vigilance et de  formation  à  faire  pour  décrypter  la  réalité sans tomber dans les pièges du monde.

Le second risque est que des experts estam-pillés  catholiques  puissent  promouvoir  es  qua-lité des positions transgressives. À chaque débat bioéthique  majeur,  des  « experts »  se  situant publiquement  dans  l’Église  contredisent  son message. C’est dévastateur quand, par exemple, 

le  professeur  Jean-François  Mattei  persiste  à demander  publiquement  que  l’Église  révise  ses positions  sur  l’embryon,  dans  des  médias  chré-tiens.  On  peut  l’entendre  le  faire  avec  talent, sans  contradicteur,  alors  que  ses  arguments  ne tiennent absolument pas la route. On voit encore des  praticiens  de  l’AMP  ou  de  l’IMG  défendre leur  pratique  dans  des  réunions  ou  même  des livrets  destinés  aux  chrétiens.  Tout  cela  est source  de  « scandale »,  surtout  si  la  pastorale de  la  vie  reste  insuffisante,  je  veux  parler  de l’accompagnement  des  femmes  enceintes  en difficulté,  des  couples  infertiles  et  de  ceux  qui endurent  l’annonce  d’un  handicap…  Bien  des chrétiens  sont  en  effet  complètement  perdus devant ces épreuves.

n Quels sont les atouts de l’Église ?

L’Église catholique a montré qu’elle avait des atouts  considérables  pour  réveiller  ces  débats. Elle est davantage écoutée qu’elle n’en a l’air par les  incroyants.  Certains  lui  accordent  le  crédit de  chercher  la  vérité  en  toute  indépendance. Chacun a en mémoire  l’allocution du Saint-Père au  collège  des  Bernardins  devant  les  intellec-tuels  Français. Quelques mois  plus  tard,  le  livre Propos pour un dialogue,  publié  en  France  sous la  direction  de  l’archevêque  de Rennes  lors  des états  généraux  de  la  bioéthique  a  également été reçu avec un grand respect (et je pense que 

la  toute  nouvelle  publication des  évêques  sur  ce  sujet  le sera  aussi).  L’axe  choisi  était celui  de  l’approche  philoso-phique  et  raisonnable,  aucu-nement  polémique,  étayée par  de  nombreuses  citations d’experts  et,  ce  qui  a  pu  sur-prendre,  sans  approche  pas-torale.

Dans  la  confusion  crois-sante  des  repères,  l’Église  a le  grand  mérite  de  poser  des bases  solides ,  f inalement sécurisantes.  Face  aux  élucu-

brations  auto-justificatrices  souvent  alambi-quées des spécialistes de la bioéthique, elle pro-pose  des  principes  simples,  faciles  à  expliquer, même s’ils sont exigeants.

Lors  de  la  première  révision  de  la  loi  bioé-thique,  l’évolution  la  plus  spectaculaire  a  été l’autorisation  de  l’utilisation  des  embryons  sur-numéraires pour  la  recherche. Plus précisément, 

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à chaque débat

bioéthique majeur, des « experts »se situant

publiquement dans l'Églisecontredisentson message

Paris 2009.

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c’est un système bancal d’interdictions assorties de  dérogations  sous  conditions  qui  a  été  mis en  place.  Des  parlementaires  avaient  commen-cé  à  ironiser  en  privé  sur  le  silence  de  l’Église tandis  que  d’autres  s’en  félicitaient.  Ils  imagi-naient  peut-être  que  les  évêques  français  ne savaient  que  dire  et  ne  pouvaient  contredire l’utilisation  d’embryons  pour  la  recherche…  Le cardinal  Barbarin  a  alors  produit  un  communi-qué  qui  présentait  cette  réforme  comme  « une transgression sans précédent ». Vu d’une France de  tradition  gallicane,  la  position  du  Vatican mérite toujours d’être étayée par une déclaration d’évêques  locaux.  Celle-ci  n’a  pas  empêché  le vote de la  loi, mais elle reste essentielle pour  le débat actuel et freine certainement de nouvelles dérives. L’Église, qui avait contesté dès  le début la  congélation d’embryons, ne  s’est pas accom-modée de la recherche sur l’embryon.

n Pourquoi l’Église pèse-t-elle plus qu’on ne le pense ?

L’engagement de l’Église et des chrétiens sur ces sujets est d’autant plus efficace que la plu-part des Français restent spectateurs passifs des débats bioéthiques. Et déboussolés.

Les  groupes  qui  revendiquent  avec  force  les transgressions  sont  très peu nombreux.  La ges-tation pour autrui («  mères  porteuses  »)  mobi-lise  pratiquement  une  seule  famille  depuis  des années,  omniprésente  dans  les  médias  qui  se satisfont de ces communicants éprouvés.

Face  à  ces  intérêts  catégoriels  minoritaires, ce sont essentiellement les chrétiens qui se sont organisés et mobilisés. Il faut bien admettre que le  fait  d’être  chrétien  rend  naturellement  plus capable  de  se  mobiliser  personnellement  pour des causes dans  lesquelles on n’a aucun  intérêt personnel  à  défendre.  La  vision  chrétienne  de la  société  est  portée  par  un  sens  de  l’universel que dicte notre anthropologie. Pour un chrétien, autrui n’a pas moins de valeur que soi. Ce décen-trage  altruiste  s’exprime  fortement  lorsqu’il s’agit  des débats  de  société.  Il  faut  ajouter  que les  multiples  œuvres  de  solidarité  (pour  ne  pas dire  charité)  qui  mobilisent  les  chrétiens  ren-dent leur parole beaucoup plus fondée, incarnée, qu’ils  ne  le  craignent  parfois.  Toute  la  tradition humanitaire  de  l’Église  reste  créative…  Et  ce sont encore les chrétiens qui donnent le plus aux œuvres humanitaires, chrétiennes ou non.

n Comment l’Église peut-elle rallier la société à la cause de la vie ?

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Les groupes qui

revendiquentavec force lestransgressions

sont peu nombreux

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En  prenant  inlassablement  part  au  débat, sans  complexe  et  en  aidant  les  personnes concrètement.  Dans  l’article  n°  95  de  l’Évangile de la Vie, Jean-Paul II avait précisé la triple nou-veauté  de  la  culture  de  vie  qu’il  appelait  de  ses vœux.  Il évoquait d’abord sa prise en compte de « défis  inédits  au  sujet  de  la  vie  de  l’homme ». On  peut  penser  au  clonage,  inimaginable  il  y  a vingt  ans.  Le  Pape  envisageait  ensuite  l’adop-tion  de  cette  culture  « par  tous  les  chrétiens ». D’importants  progrès  ont  déjà  été  effectués  en ce sens en France : prise de conscience et forma-tion  accrue  chez  les  catholiques,  avec  un  souci de  la vie croissant  (les médias chrétiens de sen-sibilités  contrastées  y  ont  énormément  contri-bué) ;  la  collaboration  croissante  entre  mou-vements  catholiques  et  protestants  au  service de  la  vie  doit  également  être  saluée.  La  grande veillée  de  prière  pour  la  vie  à  Notre-Dame,  à l’initiative  du  cardinal Vingt-Trois  a  été  réité-rée  cette  année  le  27 mai :  c’est  un  symbole fort  de  ce  nouvel  élan avec  la  présence  de tous  les  évêques  d’Île-de-France.  On  constate la  multiplication  d’ini-tiatives  de  charité  qui incarnent   le   mes-sage  de  l’Église  sur  la vie  tout  en  répondant aux  détresses  de  notre temps.

Jean-Paul  II  annon-çait  enfin  la  capacité des  chrétiens  de  susci-ter  « un  débat  culturel sérieux  et  courageux avec  tous ».  L’Espérance mise  dans  ce  pari  (ou dans  cette  prophétie) du  débat  est  à  sou-ligner.  Elle  est  pleine-ment en accord avec  la culture  de  la  démocra-tie.  Or,  les  sujets  bioé-thiques  gagnent  à  être creusés.  Dire  une  opinion  spontanée  à  partir d’une  émotion,  ce  n’est  pas  la  même  chose  que l’élaborer  à  partir  d’un  raisonnement.  Ainsi,  par exemple,  lorsqu’on  explicite  un  tant  soit  peu la  réalité  du  processus  qui  conduit  à  décider, avant  même  la  conception,  que  l’enfant  subira une  « maternité  éclatée »  entre  deux  voire  trois 

femmes, la plupart des personnes qui se disaient favorables,  par  générosité,  à  la  gestation  pour autrui changent d’avis. C’est aussi ce qu’a montré le  processus  participatif  des  états  généraux.  Le jury  citoyen  a  voté  à  l’unanimité  contre  la  pra-tique des mères porteuses alors que les sondages d’opinion se disent favorables à sa légalisation.

n Il y a donc des raisons d’espérer ?

Le  tournant  culturel  bioéthique  s’est  peut-être  amorcé  en  France.  Même  si  le  flux  des dérives  semble  irrépressible,  le  reflux  d’une prise  de  conscience  a  commencé.  Le  débat  qui émerge sur l’eugénisme en est la preuve. Malgré le  contexte  laïciste  très  pénalisant,  les  chré-tiens  ont  fonctionné  comme  des  initiateurs  de ce  tournant,  voire  des  leaders  d’opinion.  Après 

un  temps  de  fascina-tion  pour  la  science, les  analystes  de  la bioéthique  ont  senti que  le  tout-scienti-fique  les  avait  mani-pulés.  La  découverte des  supercheries  du savant  coréen  Hwang à  propos  du  clonage a  instillé  le  doute. Lors  de  l’ouverture de  la  polémique  sur l’usage  de  certains fonds  du  Téléthon,  le directeur  de  l’espace éthique  des  Hôpitaux de  Paris,  Emmanuel Hirsch,  a  affirmé  que le  grand  mérite  de l ’Église  catholique avait  été  de  « libérer la  parole ».  Alors  que l’on  avait  pu  lire  dans des  quotidiens  comme Le Monde  que  l’atta-chement  des  papes  à la  vie  commençante relevait d’un « dogme » 

contestable,  les  mêmes  journalistes  ont  com-mencé  d’écrire  que  les  postures  bioéthiques ecclésiales avaient le mérite de « la cohérence ». Plus qu’un simple hommage, cette cohérence est l’atout maître d’une religion qui ose reconnaître que  l’interdit  du  meurtre,  condition  de  la  paix sociale, ne souffre pas d’exception. n

Le tournant culturel

bioéthique s'est peut-être

amorcé en France

Titre de la tournée 2010.

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PÈLERINAGES

FRANCECatholique n°3214 28 mai 2010 15

n Antoine Bordier, vous êtes le fondateur de cette marche : quelles ont été les raisons essentielles qui vous ont moti-vé pour créer ce pèlerinage en Seine-et-Marne ?

Il faut savoir que l’Ile-de-France, qui regroupe le tiers de nos richesses et le cinquième de notre population, a très peu de pèlerinages. Et quasiment aucun (trois à l’heure actuelle) qui s’adresse aux pères de famille. J’ai voyagé beaucoup en France et quand j’avais vingt ans j’ai été marqué par plusieurs pèlerinages : les fameux pardons en Bretagne ; celui de Lourdes, de Rome, de Jérusalem, de Cotignac…

Je porte donc ce projet en moi depuis longtemps, et je l’ai concrétisé l’année dernière en Seine-et-Marne. Les pères de famille sont actuellement les grands absents de notre société…

J’allais dire une espèce en voie de disparition… Vous le savez bien : la famille est attaquée dans son essence même. Il n’y a plus ni père, ni mère…

Il y a un couple qui peut être deux hommes, deux femmes. Bref, le temps est venu de se réveiller, de se mettre en marche, de retrouver ses repères ! En marche les pères !

n Selon vous le pèlerinage est-il un moyen parmi tant d’autres de redécouvrir la vocation de père de famille, ou est-ce le moyen par excellence ?

En relisant la Bible, on comprend que Dieu souhaite que nous nous mettions en route, que nous avancions au large. Regardons nos Patriarches : Abraham, Moïse, David, Jacob… C’étaient des Pèlerins ! Le Christ lui-même se dépla-çait souvent. Et saint Joseph, il a commencé sa vocation de Père en

fuyant en Égypte… Certes, nous ne fuyons pas nous-mêmes. Nous avons cette chance de vivre dans un pays en paix. Mais il nous faut quand même

nous mettre en chemin, mar-cher sur cette terre de Seine-et-Marne. En marchant, en changeant nos vieilles habi-tudes nous nous remettons entre les mains du Père… Après quelques heures de marche tout notre être est tourné vers l’essentiel : on ne joue pas, on n’est plus dans l’apparence… Chaque pèlerin vit en quelque sorte une puri-fication. Mais cette purifica-tion n’est pas une faiblesse. C’est une grande force !

n Saint Joseph est le père adop-tif de Jésus. Ce pèlerinage est sous son patronage ; pensez-vous qu’il faille davantage prier saint Joseph ?

Nous avons vraiment de la chance : saint Joseph est aussi notre père adoptif, à tous. Et cependant nombreux sont ceux qui ne le prient pas. J’ai une dévotion particulière à saint Joseph que je dois au Frère André, fondateur de

l’Oratoire St-Joseph du Mont-Royal, à Montréal (Québec). J’invite d’ailleurs tous vos lecteurs à prier saint Joseph avec moi, et à nous rejoindre les 2, 3 et 4 juillet prochains ! n

Antoine Bordier : 01.60.63.49.62,06.47.01.99.77, [email protected]

Du 2 au 4 juillet, pèlerinage des pères de famille avec saint Joseph sur 48 km de Vaux-le-Vicomte à Provins, en Seine-et-Marne.

ENTRETIEN AVEC ANTOINE BORDIER

propos recueillis par Brigitte PONDAVEN

Pères en marche

Après quelques heures de marche, tout notre être est tourné vers l'essentiel )

D.R

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lectures

16 FRANCECatholique n°3214 28 mai 2010

Il est assez courant que l’on objecte à la foi trinitaire des chrétiens l’absence d’indication claire dans le Nouveau Testament : où trouve-t-on dans l’enseignement

de Jésus le mot « trinité » ? Où est-il dit que le Saint-Esprit est une personne ? Comment la déclaration « le Père est plus grand que moi » (Jean 14,28) est-elle compatible avec l’égalité définie au concile de Nicée ?, etc., etc. Sans aller jusqu’à la position des musulmans ou à celle des témoins de Jéhovah (qui rejoint d’assez près celle des Ariens du IVe siècle), on sent une certaine gêne chez beaucoup de catholiques, qui ont le sentiment que toute cette réflexion sur la Trinité est bien une élaboration savante de l’Église, à distance de la foi primitive. Tous ces mots : trinité, nature, personne, périchorèse… sont des termes philosophiques dont on peut craindre qu’ils nous éloignent de la pureté supposée des origines. S’il a fallu tant de débats, des définitions contestées, des assemblées houleuses,... n’est-ce pas le signe que l’on est dans l’ordre des réflexions humaines, bien loin de la vérité divine, par définition simple et directement accessible ? Si la confession trinitaire émerge au IVe siècle, n’y avait-il pas de chrétiens avant pour proclamer la vraie foi ?

Derrière tout cela, il y a une vision erronée du Nouveau Testament : celui-ci serait le seul texte qui nous parlerait authentiquement de Jésus, le seul

affranchi de toute interprétation par l’Église, le seul pur de toute conta-mination des pensées humaines… Il n’est pas difficile de voir que, bien au contraire, tout dans l’Évangile et les écrits apostoliques est nourri d’une réflexion déjà très élaborée sur Jésus, le salut, les sacrements, etc. et cette réflexion est celle de l’Église, évidemment. Il n’y a pas de constat brut et c’est bien cela qui alimente aujourd’hui les contestations plus radicales encore qui visent l’historicité des témoignages sur Jésus.

Si l’on refuse à l’Église, à quelque stade de son histoire que ce soit, d’être l’Épouse fidèle, qui seule nous permet d’accéder à la vérité sur le Christ, ce n’est pas seulement le Concile de Ni-cée qu’on mettra à la poubelle, mais c’est le témoignage de Jean ou celui de Marc et des autres. Car ceux-ci déjà portent la trace d’une pensée très haute sur Jésus. « Commencement de l'Évangile de Jésus Christ Fils de Dieu » : c’est ainsi que débute Marc (1,1) et, pour ce qui est de Jean, il faut croire qu’il avait son idée sur la manière de comprendre le passage déjà cité : « Le Père est plus grand que moi », sans porter atteinte à ce qu’il reproduit bien souvent par ailleurs des paroles du Maître, attestant sa totale égalité avec le Père (« le Père et moi nous sommes Un », Jean 10,30). Le dogme de l’Église, à y regarder de près, n’est jamais qu’une défense de l’acquis

du Nouveau Testament, contre ceux qui prétendaient ramener le mystère de Dieu dans la limite des conceptions ayant cours à l’époque, soit dans le judaïsme, soit dans la philosophie grecque. Loin de vouloir rajouter des subtilités humaines au dépôt de la foi, les Pères de Nicée ont essayé de définir le point de vue sous lequel on pouvait visionner l’ensemble des témoignages apostoliques, sans faire l’impasse sur aucun d’eux.

De plus, tout ce travail n’est pas étran ger à ce que Jésus lui-même avait voulu et prévu. Écoutons-le : « lors qu’il viendra, lui l'Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière » (Jean 16,13), « il vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit » (14,26), « il me glorifiera car il recevra de ce qui est à moi et il vous le communiquera » (16,14). Jésus a voulu essentiellement rendre témoignage à son Père et il a refusé de se mettre en avant, il a laissé son Église, animée de l’Esprit Saint, porter témoignage de lui. C’est pourquoi on ne le verra à aucun moment définir ses rapports avec le Père et l’Esprit, il les vit, il nous les laisse deviner, c’est tout.

Par contre il appartient à la sainte Église de reprendre point par point tout ce que lui a laissé son grand Ami du ciel, en s’efforçant de mieux le comprendre pour mieux l’aimer. C’est pourquoi ses définitions les plus élaborées ne sont jamais que des « confessions de foi », des hymnes, que nous n’avons pas peur de chanter au cours de la messe. n

Dimanche 30 mai,Première Lecture : Proverbes 8.22-31,Psaume 8.4-5, 6-7, 8-9,Deuxième Lecture : Romains 5.1-5,Évangile : Jean 16.12-15.

D’où cela nous vient-il ?16. 12 J’ai beaucoup de choses à vous dire encore, mais vous ne pouvez pas les comprendre maintenant. 13 Quand il viendra, lui, l’Esprit de Vérité, il vous conduira sur le chemin de toute vérité. Il n’a pas de message propre, mais il dira ce qu’il aura entendu et vous annoncera les choses à venir. 14 Il vous annoncera ce qu’il aura reçu de moi, et grâce à lui je serai glorifié. 15 Tout ce qui est au Père est à moi : c’est pourquoi je viens de dire qu’il vous fera savoir des choses prises chez moi.

Dimanche De la sainte et inDivisible trinité(année c)

par le Père Michel Gitton

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lectures

FRANCECatholique n°3214 28 mai 2010 17

9e semaine Du temps « per annum »

Dimanche de la Sainte Trinité :1. Jésus qui est au principe des œuvres de son Père, qui sait que le Père a tout fait en pensant à lui (lecture du livre des Proverbes).➤ Adorons le Premier-né de toute créature.Point spi : Sachons voir le Christ dans la beauté de la création.2. Jésus qui a une connivence spéciale avec l’Esprit, qui a été conçu dans l’Esprit, qui vit et respire dans ce milieu vital qu’est l’Esprit du Père (lecture de la Lettre de Saint Paul Apôtre aux Romains).➤ Adorons le Ressuscité tout rayonnant de l’Esprit.Point spi : Demandons à Jésus de nous donner part à Son Esprit.3. Jésus qui s’en remet à son Père et à l’Esprit pour l’achèvement de son œuvre (lecture de l’Évangile selon Saint Jean).➤ Adorons l’Époux qui confie la suite à son Église animée de l’Esprit.Point spi. : ne séparons jamais Jésus de son Église.

Lundi : Fête de la Visitation1. Marie qui correspond si bien au désir - non exprimé ! - de son Fils, et qui devine ce don sans reprise qui en Lui aspire à se transmettre.➤ Adorons le Fils qui nous dirige secrètement.Point spi : Apprenons à discerner les voies de Dieu par ses appels intérieurs.2. Marie qui participe à la rencontre cachée du Verbe et du précurseur, en s’effaçant pour laisser agir l’Esprit.➤ Adorons l’Époux enfant qui vient à la rencontre de l’homme.Point spi : Laissons-nous saisir par la joie de la venue de l’Époux.3. Marie qui s’émerveille du don de Dieu, qui se croit sans mérite et accueille la grâce comme imméritée.➤ Adorons le Très-Haut qui nous permet de communier à ses pensées.Point spi : Recevons notre petitesse comme une grâce.

Mardi : l’impôt dû à César(Marc 12, 13-17)1. Jésus si prodigieusement intelligent face à la bêtise du monde, Jésus qui échappe à tous les pièges, par la justesse et la profondeur de son propos.➤ Adorons la Sagesse incarnée, qui se rit de nos manœuvres.

Point spi : ne doutons pas que ce que nous avons à faire pour Dieu soit cohérent, même si nous ne le voyons pas maintenant.2. Jésus qui nous apprend à rendre à Dieu ce qui lui revient, et qui laisse à l’autorité de ce monde son champ d’action.➤ Adorons le Serviteur fidèle, qui se laisse traîner devant Pilate.Point spi : Loyauté sans illusion pour les choses de ce monde.3. Jésus qui voit en nous la vraie monnaie que Dieu a frappée, qui a mis en nous sa marque de fabrique.➤ Adorons l’Image du Dieu invisible, à l’image de qui nous avons été faits.Point spi : Respectons l’image de Dieu que nous portons.

Mercredi : la femmeaux sept maris (Marc 12, 18-27)1. Jésus qui assiste désolé à cette méconnaissance de la dignité du lien conjugal.➤ Adorons le véritable Époux, qui ne laissera pas son Épouse veuve et sans enfants.Point spi : ne parlons pas vulgairement de l’amour.2. Jésus, qui sait l’absurdité des limites que nous mettons à la toute puissance de Dieu.➤ Adorons le Fils, témoin de la puissance de Dieu, qui vit dans la confiance sans limite à son Père source de vie.Point spi : ne spéculons pas sur les choses divines à partir de nos impossibilités humaines.3. Jésus, qui a conscience d’accomplir toute l’histoire des Patriarches : oui, Abraham, Isaac et Jacob attendent de voir son jour !➤ Adorons Celui qu’a vu Abraham, Celui qui brillait dans le Buisson Ardent.Point spi : Prions pour nos ancêtres.

Jeudi : le grand commandement (Marc 12, 28-34)1. Jésus qui sympathise avec la recherche sincère des hommes de bonne volonté, qui salue leur travail et reconnaît leur effort.➤ Adorons la Sagesse qui a mis dans le cœur de l’homme une trace du vrai et du juste.Point spi : osons interroger Jésus et écouter sa réponse.2. Jésus qui seul peut unir en Lui à ce point l’amour de son Père et l’amour des hommes.

Semaine de la Providence « qui jamais ne se trompe en ses desseins ».par le Père Michel Gitton

➤ Adorons le Fils bien aimé, qui se donne à nous par amour de Son Père.Point spi : ne mettons pas d’opposition là où Dieu veut que nous fassions tout ensemble.3. Jésus qui s’est fait notre prochain, lui qui vient de si loin pour nous sauver.➤ Adorons notre Frère en humanité, plus proche de nous que nos plus proches.Point spi : Reconnaissons l’éminente di-gnité de ce visage banal et anonyme que nous croisons.

Vendredi : le Messie filsde David (Marc 12, 35-37)1. Jésus qui « habite » les Écritures, les connaît si profondément, les fait chanter comme un merveilleux instrument.➤ Adorons le Verbe qui a un écho dans toutes les ÉcrituresPoint spi : ne regardons jamais ces textes comme s’ils n’avaient rien à nous dire de neuf.2. Jésus qui s’est inscrit dans la lignée de David, qui se sait son fils, au-delà des lignées lamentables issues de lui.➤ Adorons le vrai Fils de David, adorons sa divine « mansuétude ».Point spi : n’ayons pas honte de nos origines.3. Jésus qui n’a rien perdu de sa transcendance, qui est aux côtés du Dieu Saint alors qu’il s’est fait l’un de nous.➤ Adorons Celui que le Père a engendré avant l’aurore des temps.Point spi : Apprenons à être tout petit de-vant Dieu.

Samedi : le scribe etla pauvre veuve (Marc 12, 38-44)1. Jésus qui ne nous est pas à charge, qui n’a pas voulu faire peser sur ses disciples un joug trop lourd, qui arrive porteur d’une invitation toute simple.➤ Adorons le Maître très humain, doux et humble de cœur, qui n’éteint pas la mèche qui fume.Point spi : Fuyons le rigorisme qui durcit les contours de la volonté de Dieu.2. Jésus qui voit la réalité des dons que nous faisons, qui sait le prix de nos sacrifices.➤ Adorons l’Ami attentif qui voit ce que nous faisons en secret.Point spi : n’étalons pas nos pseudo-mérites.3. Jésus qui s’est donné jusqu’à la dernière goutte de son sang, qui n’a rien réservé.➤ Adorons l’Agneau immolé et toujours vivant.Point spi : Répondons tout de suite oui à Jésus. n

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La fête des voisins, aujourd’hui tout le monde connaît et cer-tains vous diront : « On n'a pas besoin de cela pour s’inviter ou se rendre service. » Tant mieux

pour ceux qui vivent déjà cette proxi-mité de quartier. Et pourtant dans notre société le repli sur soi, l’indifférence sont perceptibles. Atanase Périfan parle même de défiance : « Vous vous pro-posez pour porter les sacs d’une vieille dame et aussitôt elle croit que vous en voulez à son sac ! » Aussi voudrait-il tordre le cou à cette image du voisin pénible, qui fait du bruit, qui vous en veut, pour retrouver la simplicité de l’en-traide quotidienne.

Après avoir fait connaître la fête des voisins un peu partout dans l’Hexagone et au-delà, Atanase crée son prolonge-ment logique avec « Voisins solidaires », une association qui propose des outils pratiques à mettre en place (kits d’ur-gence grand froid, canicule), et qui, si elle n’invente rien, a le mérite de recen-ser ce qui pourrait être fait à titre indi-viduel ou collectif pour rendre la vie ensemble un peu meilleure. Car comme le dit le slogan de l’association : « Être à côté a de bons côtés » ! Selon un son-dage BVA, 83 % des personnes interro-gées seraient prêtes à rendre régulière-ment des petits services à leurs voisins

et 60 % déclarent rendre très souvent ou ponctuellement service à leurs voi-sins. Pour Atanase l’idée est vraiment de mettre au grand jour « ces gisements de générosité » c'est-à-dire de permettre à chacun de se reconnaître utile et d’en-trer dans une relation de réciprocité « aidant-aidé ».

L’attention, le souci des autres, Ata nase porte cela très fort en lui : « Lorsque j’étais élu municipal à Paris : je m’étais un peu énervé après une assis-tante sociale qui selon moi avait mal fait son boulot auprès d’une famille et sa responsable de m’expliquer que des situations comme celle-là, elle en avait

50 par jour et qu’elle ne pouvait pas y mettre de l’affectif à chaque fois ! C’est de là qu’est partie ma réflexion : à côté des institutions, de la famille, les habitants eux peuvent s’autoriser ce lien affectif… Si chacun apporte quelque chose, on va pouvoir être efficace : il y a une armée d’habitants ! »

Fils d’un réfugié macédonien ayant fui la Roumanie, Atanase se souvient du combat mené par son père pour sa liberté, de l’ambiance dans l’église ortho doxe roumaine à Paris où le prêtre faisait figure de résistant politique officiel à Ceaucescu. « Lorsqu'on fait partie d’une diaspora il faut se serrer pour accueillir un oncle, une tante qui vient d’arriver : cela vous marque à vie ! Mon engagement politique me vient de là ! » Et puis il y a ce long compagnon-nage avec le scoutisme qui l’a forgé 17 années durant, pendant lesquelles Atanase y a appris les valeurs du service et de l’engagement.

Si ses racines, sa culture sont ortho-doxes, Atanase pratique sa foi dans le rite catholique. Aujourd’hui chef d’en-treprise, élu local, militant associatif, époux et père de 4 enfants, il tient le rythme grâce à son attachement à l’Eu-charistie quotidienne et – on l’imagine – dans le dialogue et le réajustement permanent avec celle qui partage sa vie ! Il s’échappe dès qu’il le peut avec femme et enfants dans un village en Normandie, où résident ses beaux-parents. Un enracinement indispensable pour tenir bon dans cette vie hyperac-tive ! Car il faut tenir !

D’autres défis attendent Atanase, qu’il espère pouvoir relever d’ici quelques années sur le terrain de la famille. « Tout le monde s’accorde à reconnaître combien la famille est importante et pourtant ça pète de par-tout ! Comme avec les voisins, créons les conditions, l’environnement, pour aider à ce qu’un couple dure ! ». n

La fête des voisins – Immeubles en fête : vendredi 28 mai 2010.http://www.immeublesenfete.comhttp://www.voisinssolidaires.fr/

SOCIÉTÉ

18 FRANCECatholique n°3214 28 mai 2010

Atanase Périfan a créé, il y a 10 ans, « La fête des voisins », qui a rassemblé l’an passé près de 6,5millions de Français et s’est exportée dans 30 pays.

RENCONTRE AVEC ATANASE PÉRIFAN

par Catherine Manné

D.R

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La fête des voisins

Tordre le cou à cette image du voisin pénible, qui fait du bruit, qui vous en veut(

Atanase Périfan.

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FRANCECatholique n°3214 28 mai 2010 19

ÉCRIVAINS CATHOLIQUES L'Association des Écrivains Catholiques de Langue Française a décerné son Grand Prix Catholique de Littérature 2010 à Claire Daudin pour son premier roman Le Sourire (éd. du Cerf). Claire Daudin, ancienne élève de l’École Normale Supérieure, agrégée de lettres, enseignante et mère de famille avait reçu une mention, il y a trois ans pour son ouvrage sur Péguy, Bernanos et Mauriac, intitulé Dieu a-t-il besoin de l’écrivain ? Le jury a également décerné deux mentions, l'une à Me Antoine Beau quier, avocat, président de la Fédération Familles Médias, pour son premier roman Pavillon 7 (éd. du Jubilé-Le Sarment) et l'autre à Patrick Kéchichian, journaliste, pour son Petit éloge du catholicisme (éd. Gallimard).

TRISOMIE Éléonore, jeune fille atteinte d'une trisomie 21, et sa famille ont rencontré, le 20 mai 2010, au ministère de la Santé, le rapporteur des états généraux de la bioéthique, Alain Graf. Ce dernier leur a affirmé que le projet de la future loi bioéthique ne comporterait pas d'extension du Dépistage Pré-Implantatoire (DPI) à la trisomie 21. Le Collectif les Amis d'Éléonore propose une pétition sur Internet.

CUBA

Pour la première fois depuis qu'il a pris la suite de son frère en 2006, le président Raul Castro a reçu, le 19 mai durant 4 heures, le cardinal Jaime Ortega, archevêque de La Ha vane. Les deux hommes ont évoqué notamment le sort des « Dames en blanc », ces mères et femmes de prison niers politiques qui manifestent tous les dimanches depuis 2003 dans le quartier Miramar de La Havane, et qui sont l'objet de mesures de vexation de la part de séides du ré gime communiste. Il y a 330 prisonniers po litiques répertoriés à Cuba, dont 26 sont

gravement ma lades. Le cyber journaliste dissident Guillermo Farinas, 48 ans, en grève de la faim depuis presque trois mois pour soutenir les prisonniers, a reçu la visite de Mgr Juan de Dios Hernandez, évêque auxiliaire de La Havane, le 23 mai à l'hôpital de Santa-Clara (270 km à l'est de La Havane). L'évêque a annoncé au dissident que le gouvernement accepterait de faire bénéficier 18 pri sonniers politiques malades d'un transfert dans une prison plus proche de leur famille. Tout le monde se souvient de la mort, le 23 février dernier, du prisonnier politique Orlando Zapata, 42 ans.On a appris par ailleurs que le secré-taire aux relations extérieures du Saint-Siège, Mgr Dominique Mamber ti, a été invité sur l'île pour commémorer, le 15 juin prochain, le 75e anniversaire des relations diplomatiques entre la république de Cuba et le Saint-Siège.

POLOGNE Identifiés grâce à des recherches sur l'ADN de quelques cheveux et à une reconstitution de son visage à partir du crâne, les restes du chanoine astronome Nico las Coper nic, mort en 1543 à 70 ans, et enterré ano ny mement au pied d'un pilier de la cathédrale de Frombork dans le Nord de la Pologne, ont eu droit à de nouvelles funérailles et à une tombe à son nom dans la même cathédrale le 22 mai dernier. La cérémonie à la gloire de l'auteur de De la révolution des orbes célestes a été présidée par Mgr Jozef Kowalczyk, Primat de Pologne. Copernic pensait que le système solaire tourne sur lui-même et que la terre tourne autour du soleil, héliocentrisme qui paraîtra, un peu plus tard, en oppo si tion avec la Bible et, en tout cas, non démontré aux autorités romaines - cf. affaire Galilée.

CANAdA Lors du Congrès 2010 de « Campagne Qué bec-Vie » le 15 mai (devant 200 personnes dans un hôtel à Quebec), le cardinal Marc Ouellet a exprimé

l'idée que l'avor tement et l'euthanasie violaient la dignité humaine. On pour-ra entendre, sur le site de France Catho lique entre autres, l'intervention complète du cardinal, le calme et la dou ceur de sa parole, et comparer avec les réactions polémiques aussitôt dif fusées de certains responsables politiques et médicaux. Le « politique-ment correct » est en effet beaucoup plus fort au Québec qu'en France, du moins à l'égard de l'Église catholique.

NIGERIA Le 22 mai, trois éleveurs musulmans Fulani ont été tués par des chrétiens Berom dans un village à 40 km au sud de Jos. Malgré l'arrestation immé diate de 15 suspects par la police, 2 chrétiens étaient assassinés dès le lendemain en représailles. Quatre Libanais qui avaient été enlevés le 15 mai dans l'État pétrolier d'Akwa Ibom au sud du Nigeria ont été libérés le 22 mai.

ITALIE Teresa Manganiello (1849-1876), laïque du tiers ordre franciscain a été béatifiée le 23 mai à Bénévent en Italie. Elle est considérée comme l'inspiratrice de la congrégation des Immacolatines fondée à Pietradefusi en 1881 par le capucin italien Ludovico Acernese.

JOUR dU SEIGNEUR

Le 13 juin sur France 2, la nouvelle formule de l'émission religieuse du dimanche matin présente notamment un reportage sur des chrétiens qui restaurent des monuments religieux en France.

CANNES Au festival de Cannes, le film de Xa vier Lemoine (cf. éditorial de Gérard leclerc) a reçu aussi le prix du Jury œcumé-nique avec cette appré ciation : « D’une grande beauté plastique, servi par une interprétation collective remarquable et rythmé par l’alternance des travaux et de la liturgie, ce film dépeint le sacri fice des moines de Tibhirine, choisissant de poursuivre leur œuvre de paix malgré la violence déchaînée. La profonde hu manité des moines, leur respect pour l’Islam et leur générosité pour leurs voisins villageois motivent notre choix. »

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Cette main puissante est en plein travail. Le pouce dressé pour pétrir la matière n’a pas encore terminé son travail. Adam semble surgir de cette matière,

mais une partie appartient encore au bloc non poli. ève, dont on voit la tête, le torse et les genoux, paraît pro venir d’Adam. Cette sculpture ne se dévoile pas d’un seul regard, il faut tourner autour pour en percevoir l’ensemble. Rodin l'a nommée : la Main de Dieu.

Le texte de la Genèse fait en effet une description anthropomorphique de la main de Dieu en sept endroits. Dieu peut être qualifié de :- potier, Gn2,7 : « Le Seigneur Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol » ; 2,19 : « Le Seigneur Dieu modela du sol toute bête des champs et tout oiseau du ciel »,- jardinier, 2,8 : « Le Seigneur Dieu planta un jardin en Eden, à l’orient »), - chirurgien, 2,21 : « Le Seigneur Dieu prit l’une de ses côtes et referma les chairs à sa place »), - architecte, 2,22 : « Le Seigneur Dieu construisit la côte qu’il avait prise à l’homme en une femme qu’il lui amena »)- tailleur, 3,21 : « Le Seigneur Dieu fit pour Adam et sa femme des tuniques de peau dont il les revêtit »). L’œuvre de Rodin attire notre atten-tion sur les deux endroits de Gn 2-3 où Dieu utilise sa main : en 2,7, quand il

modèle l’homme, et en 2,21-22, quand il crée la femme.

L’expression « la main de Dieu » n'est pourtant pas employée par l'auteur de la Genèse. L’absence de ces mots en Gn2-3 est d’autant plus étonnante qu'ils appa-raissent 27 fois dans l'Exode et 24 dans le Deutéronome, et se trouvent aussi dans d’autres récits de création conte-nus dans Job, les Psaumes et Isaïe. Le livre de Job (10,3 et 14,15) dépeint Dieu avec les images anthropomorphiques du fabriquant de fromage, du tisserand-couturier et du potier. Ces versets disent explicitement que Dieu a utilisé sa main pour créer les êtres humains.

Le livre des Psaumes utilise huit fois l’expression « la main de Dieu » à propos de la création. Pour la création des cieux (8,4 ; 102,26), du firmament (19,2), des profondeurs de la terre et des mon-tagnes (95,4-5) et de toutes les créa-tures (8,7 ; 92,5). On mettra à part deux psaumes (119,73; 138,8) qui emploient l’expression « la main de Dieu » pour la création des humains en montrant que la vie humaine est dans les mains de Dieu.

Le livre d'Isaïe emploie l’expression « la main de Dieu » dans ses cinq récits de création. D’une part, trois textes (Is19,25 ; 45,11-12 ; 48,13) utilisent « la main de Dieu » pour souligner le pouvoir de Dieu sur les créatures. D’autre part, deux textes (Is 60,21 et 64,8) citent « la main de Dieu » pour décrire la proximité de Dieu avec les êtres humains.

Tout cela légitime l'usage par Rodin de mots qui ne sont qu'implicite en Gn 2-3 ; cette sculpture est en effet un fidèle résumé des messages bibliques que veut donner Gn 2-3 :

Proximité de Dieu avec les humains : la main de Dieu domine la sculpture, cette main qui forme Adam et ève. Ce marbre exprime l’activité personnelle de Dieu et son attention particulière lorsqu’il crée les humains, son intimité et son lien avec eux. Adam et ève sont dans la main de Dieu, Rodin montre ainsi que la destinée des humains est dans la main de celui qui les a formés. Une différence existe entre le récit de Gn 1 et celui de Gn 2-3. Dans le premier récit, Dieu crée l’homme par la parole. Dans le deuxième, Dieu crée l’homme par sa propre action. En Gn 1, Dieu était transcendant, mais, en Gn 2-3, il a un contact physique avec sa création.

Proximité de l ’homme avec la terre : le marbre de Rodin montre bien qu’Adam est formé de la glaise, comme le dit le texte biblique. « Alors, le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière du sol » (Gn 2,7). Le mot hébreu utilisé pour le sol est adamah, celui pour l’être humain est adam. Ce jeu de mots du verset 2,7 souligne les relations intimes entre la race humaine et la terre : l’être humain a été créé pour travailler cette terre dont il est issu (2,5 et 3,23). La terre, mère de tout ce qui vit, l’a fait naître comme les plantes et les autres créatures ; et l’humain retourne à la terre après la mort. Ainsi, il montre sa profonde proximité avec le sol, à la fois son origine, sa demeure et son tombeau (Gn 2,5.15; 3,19).

Proximité de l’homme et de la femme : à la vue de la sculpture de Rodin, on observe qu’ève provient d’Adam, comme le dit Gn2,19. Les mots hébreux ish

sculpTure

20 FRANCECatholique n°3214 28 mai 2010

Auguste Rodin a sculpté un marbre, conservé au musée Rodin à Paris, qu’il a intitulé laMaindeDieu. Le P. Joseph Titus, de l’Institut St-Pierre à Bangalore (Inde) commente la fidélité de cette œuvre au message du récit de la création de Genèse 2-3.

BIBleeTArT

par le Père Joseph TITUS

lamaindeDieu

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FRANCECatholique n°3214 28 mai 2010 21

(homme) et issha (femme) indiquent une relation, tout aussi fondamentale que celle de l’homme (adam) avec le sol (adamah). L’existence hu maine est définie par l’inextricable lien de l’homme avec la femme. La différence de sexe est la représentation du ‘ne pas être tout seul’, de ‘l’être humain comme être pluriel’. En utilisant deux mots qui se ressemblent phonétiquement, le texte biblique a peut-être souhaité mettre l’accent sur l’identité et l’égalité du pre-mier couple. La vie humaine est un par-tenariat entre homme et femme, qui sont de même nature et étroitement liés.

Le récit de la Création en Gn2 s’ouvre avec la création de l’homme, mais à lui seul, la création n’est pas finie, elle est incomplète. Et cela n’est pas « bon » (v.18). L’homme a besoin d’une aide qui lui corresponde ; alors commence sa recherche afin de satis-faire son désir d’un partenaire. Dieu amène les animaux à l’homme pour qu’il les nomme, mais ce dernier réalise que son désir n’est pas satisfait par la com-pagnie des animaux. Le déroulement du récit en arrive ainsi à la création de la femme, la reconnaissant comme l’aide qui lui corresponde.

C’est seulement avec la création de la première femme – ève – que l’homme, en tant qu’être mâle, apparaît. Des ver-sets 2,7 à 2,20 Adam n’a ni nom, ni sexe, ni activité ; il ne devient spécifi-quement ‘homme’ que simultanément à la création de la ‘femme’, et enfin il ne trouve sa propre identité que grâce à elle. Selon la foi israélite, l’existence humaine dans sa plénitude n’est pas atteinte par l’homme et la femme isolé-ment, mais dans leur relation mutuelle. Donc, la vision biblique de la création insiste sur la bipolarité des sexes voulue dès le départ par Dieu et la distinction sexuelle est fondamentale pour qui veut dire l’être humain, dans sa globalité.

Dieu qui travaille : Rodin nous montre la main de Dieu en train de tra -vailler comme potier. Un Dieu travaillant avec ses mains est quelque chose d’unique dans le monde antique. Dans les mythes de création sumériens et babyloniens, les humains sont créés pour accomplir le travail des dieux, permet-

tant à ceux-ci d’avoir une vie oisive et heureuse. Se référant au monde gréco-romain, le pape Benoît XVI, au collège des Bernardins à Paris en 2008, a fait remarquer : « Le monde gréco-romain ne connaissait aucun Dieu Créateur. La divinité suprême selon leur vision ne pouvait pas, pour ainsi dire, se salir les mains par la création de la matière. L’ordonnancement du monde était le fait du démiurge, une divinité subordonnée. Le Dieu de la Bible est bien différent : Lui, l’Un, le Dieu vivant et vrai, est éga-lement le Créateur. Dieu travaille… »

Le Dieu de la Bible est vraiment unique. Cette remarque évoque une atti-tude positive de Dieu envers le travail. Le travail n’est pas quelque chose de négatif, et ne doit pas être aliénant :

les humains ne sont pas condamnés à travailler dans le monde ; ils sont plutôt invités à poursuivre le travail de Dieu. Dieu est toujours à l’œuvre.

Jésus lui-même insiste : « Mon Père est toujours à l’œuvre et moi aussi je suis à l’œuvre » (Jean 5,17). Le pape Benoît XVI dit aussi : « Le travail des hommes devait apparaître comme une expression particulière de leur ressem-blance avec Dieu qui rend l’homme par-ticipant à l’œuvre créatrice de Dieu dans le monde. »

Auguste Rodin, à travers sa sculp-ture la Main de Dieu, a donc fidèlement interprété le texte biblique ; il nous aide ainsi à comprendre la spécificité de la théologie de la création inhérente aux chapitres 2 et 3 de la Genèse. n

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Lui, l'Un, le Dieu vivant et vrai, est également le Créateur. Dieu travaille )

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n Jean-François Colosimo, vous êtes l'au-teur d'un compte rendu de voyage en Iran, Le paradoxe persan. Quelle leçon tirez-vous des événements de juin 2009 ?

À re bours des images qu’on diffu-sait depuis des années, le peuple ira-nien a démontré qu’il était capable de payer très cher son amour de la liberté.

La première leçon, c’est que la fin de la République islamique a commen-cé. Comme c’est un pouvoir dictatorial, qui déchaîne sa violence, l’effondre-ment peut prendre du temps – d’autant plus que l’opposition sort de trente ans de dictature et manque de dirigeants. Mais le peuple est là – le peuple c’est-à-dire les femmes, plus libres qu'on ne croit, les étudiants, la jeunesse.

n Quelle est l'idée fondamentale de votre livre ?

Lorsqu’on va en Iran, on se rend compte qu’on se trouve dans une grande nation qui a trois mille ans, un sens à la fois farouche et hospita-lier de son identité. Ce paradoxe tisse toute l’histoire de la Perse puisque ce

pays ne peut vivre sans une certaine forme de contradiction : c’est le génie des nations qui se veulent un tant soit peu messianiques (comme la Russie, le Japon, la France…).

Cette pensée de l’avenir est inscrite dans le destin iranien depuis Zoroastre, depuis l’invention de l’eschatologie, de la projection de ce monde-ci dans un autre monde où les justes seront récompensés et les méchants punis, dans un idéal de justice qui doit être anticipé ici-bas. C’est sur cette immense invention que repose l’Iran : elle est d’une telle importance que, lorsque la Perse a été arabisée, elle a façonné son propre islam. Quand on lit la Bible, on connaît les grands empires de l’époque : l’Égypte, Babylone et la Perse. Or la Perse est le seul qui a sub-sisté dans sa langue et sa culture et qui ne soit pas arabisé. Cette perma-nence de la Perse fait d’elle une partie de notre civilisation que nous résu-mons habituellement par trois villes : Athènes, Rome et Jérusalem.

n Pourquoi ?

La Perse a été une terre d’accueil pour nombre de spiritualités. Les Juifs ont trouvé refuge en Perse : ceux qui restent bénéficient de la liberté de culte, d’association et d’enseignement. Dans un régime de dictature et le cadre d’un statut minoritaire, ils bénéficient d’une liberté qui est inimaginable en Arabie Saoudite…

Les philosophes platoniciens chas-sés par Justinien ont trouvé refuge en Perse, où ils ont fondé une école néo-

platonicienne de grande importance. La Perse a été confrontée aux grands empires – à Rome, à Byzance, puis à l’empire russe et à l’empire ottoman. Elle fait partie de notre civilisation parce qu’elle s'est confrontée au génie juif et au génie grec, puis au génie romain, mais aussi au titre de son islam singulier.

n Que dire de cette singularité ?

La religion de l’Iran, c’est l’Iran ! Les Perses ont adopté le chiisme parce que c’était l’islam le plus riche en signi-fication : c’est l’islam des déshérités, de ceux qui n’ont pas voulu passer un pacte avec le pouvoir ; ils s’y recon-naissaient parce qu’ils étaient eux-mêmes des résistants. Ils ont grandi le chiisme en lui donnant un véritable substrat culturel.

n Le chiisme est mal connu des Français : les musulmans sont chez nous sun-nites…

Il est important de savoir ce qu’il en est du chiisme, que je résumerai ainsi :

La prophétie reste ouverte : le sens littéral de la Loi a été donné mais il reste à l’interpréter allégoriquement et verticalement ;

La médiation s’incarne à travers la figure de l’Iman caché ;

Il y a rédemption par la souffrance : c’est un rapport entre le sang et la vérité : la vie et la vérité ont un prix, on ne peut pas s’arranger avec la vérité – ce qui explique l’impressionnant cou-rage de ceux qui descendent dans la rue. Les formes rituelles sont specta-culaires, mais pas plus finalement que

INTERNATIONAL

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La libération de Clotilde Reiss et l'avancée des négociations sur les échanges de combustibles nucléaires entre le Brésil et l'Iran remettent celui-ci au centre de nos préoccupations.

ENTRETIEN AVEC JEAN-FRANçOIS COLOSIMO

Quand l'Iran s'éveillera

Cette permanence de la Perse fait d'elle une partie de notre civilisation(

Propos recueillis par Alexandre DA SILVA

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Quand l'Iran s'éveilleradans l’Espagne catholique ;

Le rôle de l’image est important, alors qu'elle est proscrite par le sun-nisme : ce n’est pas pour rien que les Iraniens ont le quatrième cinéma du monde et nous connaissons tous les miniatures persanes ;

Le rôle de la femme, qui tient aux structures propres à la société persane, distingue encore la Perse des autres sociétés musulmanes.

Nous sommes dans un univers de médiations, et c’est pour cela que le génie persan a beaucoup à voir aujourd’hui avec ce que nous cher-chons ici : la capacité à créer des médiations. J’ajoute que la culture ira-nienne n’est pas semblable à la culture arabe : un sunnite porteur de turban vous parle seulement du Coran ; il faut forcer les porteurs iraniens de turban à vous parler du Coran car ils préfèrent évoquer Kant, Heidegger… ou encore Régis Debray. Mais cela ne les empêche pas d’être fanatiques ! Khomeiny était un théologien cultivé mais il n’en a pas moins brisé la tradition chiite de dis-tinction du spirituel et du temporel et il s’inscrit dans une conception millé-nariste. Rafsandjani a été influencé par Corbin mais il a abondamment versé le sang.

Les oppositions entre Iraniens et monde arabe conduisent à relativiser les discours tenus par le régime actuel contre Israël : il s’agit d’une surenchère à l’égard des sunnites, qui rompt avec les traditions du monde persan. Il ne faut pas non plus opposer radicalement Arabes et Iraniens : les Iraniens savent que la civilisation arabe est une civili-sation de synthèse où l’apport persan a été décisif – mais ne voyons pas des chiites partout, après avoir identifié l’Islam au sunnisme !

n Comment le génie persan s’est-il adapté à la modernité ?

Au XIXe siècle, l’empire perse a perdu des territoires à cause du jeu des grandes puissances (l’Angleterre, la Russie) mais il n’a jamais été colonisé. Les Perses, tout au long du XXe siècle, ont essayé toutes les solutions pos-sibles pour marier une identité trois fois millénaire avec la modernité. Et pendant chacune des tentatives, tous les Iraniens ont cherché comment ils allaient pouvoir servir leur pays. Compte-tenu de leurs oppositions dynastiques, politiques et idéologiques, les rois kadjars, les Pahlévis et les isla-

mistes ont tous eu cette volonté parce que la réalité nationale est la première réalité de l’Iran. C’est la grandeur de l’Iran que recherchait le dernier shah, même s’il était dans la main des États-Unis. La politique des Pahlavi a été brutale et a défiguré le pays : Reza a forcé les femmes à se dévoiler, il a inventé le parti unique, il a modernisé à outrance. Il a empêché la démocratie et son entourage vivait dans un luxe scandaleux. Ce qui explique la violence des islamistes.

Mais l’ayatollah Khomeiny n’est pas éloigné des Kadjars car il poursuit lui aussi un rêve de grandeur. Le peuple a payé cher les tentatives des Pahlévis

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Jean-François Colosimo,éditeur, professeur de théologie orthodoxe.

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et des islamistes mais nous aurions tort d’opposer radicalement les chefs d’État qui se sont succédé. Lorsque l’Iran choisit l’occidentalisation, lorsque l’Iran choisit l’islamisme, l’Iran se choi-sit d’abord lui-même pour essayer de trouver sa position dans le monde.

n Pourquoi les Iraniens ont-ils échoué ?

Ma réponse est simple et je vous prie de croire qu’elle est exempte de cette paranoïa dans laquelle tombent certains de nos amis iraniens : l’Iran a échoué à cause de l’étranger ! Le pays est un immense carrefour géostraté-gique, une réserve de pétrole exploi-tée bien avant les nappes irakiennes… Après 1945, l’Iran était un élément-clé dans les relations Est-Ouest et, quand la guerre froide a cessé, le pays est devenu un enjeu de ce qu’on appelle, à tort, le « choc des civilisations ».

L’Iran a été un laboratoire politique au XXe siècle. Au Moyen-Orient, il a été le premier pays à essayer, en 1908, de marier une monarchie constitutionnelle et la religion musulmane ; le premier à essayer une dictature occidentaliste raisonnée, à la manière de la Turquie kémaliste ; le premier à nationaliser le pétrole. Telle fut la politique de Mossa-degh, d’ailleurs lié par sa mère à la famille kadjar : s’il n’avait échoué à cause de l’intervention de la CIA, le destin de l’Iran aurait été différent. Enfin, l’Iran a fondé une république islamique… Beaucoup de sang a été versé, mais le peuple iranien n’a jamais renoncé à avoir un destin planétaire…

n Vous êtes sévère avec le dernier shah comme avec Khomeiny...

L’erreur funeste du Shah a été de glorifier le zoroastrisme contre l’Islam qui semblait l’obstacle à la modernisa-tion. Le peuple iranien était choqué par l’amitié avec les États-Unis et Israël. Et

comme le régime avait éliminé toute opposition, il n’est resté aux Iraniens que le réseau des mosquées pour affir-mer leur identité. C’est la politique intérieure catastrophique menée entre 1953 et 1979 qui explique les années terribles de la révolution khomeyniste. Khomeiny a inventé une nouvelle forme de chiisme – une dictature spirituelle opérant la confusion entre spirituel et temporel. Mais c’était un révolution-naire post-marxiste : l’ayatollah a voulu fonder sa République sur l’idée que la souveraineté de Dieu et la souverai-neté du peuple devaient coïncider – ce qui explique qu'il a maintenu un rituel électoral. C’est grâce à ce rituel, qui fonctionnait comme une soupape, que le peuple a pu exprimer son goût de la liberté – en élisant Khatami.

n Comment expliquez-vous les événe-ments de juin 2009 ?

Face aux Américains, le Guide suprême n’a pas voulu un libé-ral (Khatami) car il voulait, dans le débat sur le nucléaire, un homme capable de faire peur aux Américains : Ahmadinejad faisait l’affaire. Les modé-rés ne voulaient pas de Khatami, qui avait beaucoup déçu, ni de Rafsand jani qui représentait les milieux affairistes. Avec le soutien des anciens extrémistes du khomeynisme, qui avaient pris l’am-bassade des États-Unis, et qui étaient devenus libéraux comme nos anciens maoïstes, ils ont choisi Moussavi, appa-ratchik exemplaire et terne.

Avant les élections, le pouvoir a vu que les jeunes (70% sont nés après la révolution), qui utilisent massivement Internet, sont incontrôlables. Il a donc bourré les urnes, mais la fraude a été tel-lement massive que le scandale a éclaté et les manifestations ont commencé.

n L’opposition a-t-elle des chances de l’emporter ?

Tous les relais de Moussavi ont été jetés en prison et l’opposition est désorganisée. Mais une nouvelle oppo-sition est en train de se former : la jeu-nesse est dans la rue mais le clergé hésite encore : les imans veulent rompre avec cette hérésie qu’est le khomey-nisme. Ils veulent sauver la religion dans un pays qui a été dégoûté par la dic-tature des mollahs : il y a une réaction anticléricale, agnostique, parfois athée, les mosquées n’ont jamais été aussi vides – ce qui pourrait accélérer l’entrée du pays dans la modernité.

n Dans ce contexte, comment se pose la question du nucléaire ?

Nos représentations sont fausses : les Iraniens ne sont pas, tradition-nellement, les ennemis des Israéliens et, après la chute du régime actuel, je pense que les bonnes relations reprendront. Mais l’Iran est entouré de puissances hostiles (le Pakistan, qui dispose de l’arme nucléaire, l’Arabie Saoudite) et il se souvient de la guerre contre l’Irak. Les Iraniens de toutes tendances veulent l’arme nucléaire. Si les Américains bombardaient les sites stratégiques iraniens pour empêcher la fabrication de la bombe, ils seraient confrontés à une insurrection chiite en Irak et au Liban, l’Arabie saoudite serait déstabilisée… La paix dans l’Océan indien n’est pas non plus concevable sans l’Iran. De même que la paix en Afghanistan.

Obama connaît la susceptibilité des Iraniens, il a renoué un dialogue qui avait cessé complètement pendant trente ans (alors que les Américains et les Soviétiques n’ont cessé de discuter, même aux pires moments de la guerre froide) mais les Iraniens auront leur bombe. Leur dissuasion visera le monde arabe et non Israël. Il faut relativiser notre inquiétude en envisageant les relations avec l’Iran au-delà du régime des mollahs. n

Jean-François Colosimo, Le paradoxe persan, un carnet iranien, Fayard, 280 pages, 19 e.

Khomeiny a inventé une nouvelle forme de chiisme - une dictature spirituelle(

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CHEMINS DU MONDE

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Alors que Bangkok est à feu et à sang, Taksin, l'ancien Premier ministre en exil, aurait été aperçu en train de faire des emplettes dans les magasins

griffés des Champs-Élysées, à Paris. Le chef des chemises rouges ne mouille pas sa propre chemise ! On ne sait si la rumeur est dif-fusée par ses ennemis ou par ses amis soucieux de le dédouaner des sinistres événements actuels.

Probablement ni scru-pules , ni états d'âme, ni so l idar ité chez ce « Berlusconi à la thaïe » qui, pour se faire élire en 2001, avait acheté des voix parmi les montagnards, les paysans et les déshérités des bidonvilles. Parado-xalement, Taksin rassemble les révoltés des inégalités criantes d'une Thaïlande soumise à un « ultra-libé-ralisme » dont lui-même fut l'un des pre-miers à bénéficier. La fortune de ce fils du peuple a été multipliée par quatre, notamment grâce à ses positions dans la téléphonie, durant les cinq ans où il est resté au pouvoir. Le jeu est faussé. Les chemises rouges, encore qualifiés de pro-Taksin, même si les choses ne sont plus aussi simples, sont notamment recrutés dans la couche exploitée et sans travail de la population. Les violences à Bangkok tiennent aussi à un mauvais

karma. Aujourd'hui, le seul qui pourrait rassembler le peuple sous la même ban-nière, le vieux roi hospitalisé, garde le silence. La fracture sociale, la désillu-sion populaire quant au jeu électoral, la défaillance du roi, dégradent de plus en plus la situation. La violence grandit et les Thaïlandais ne savent plus à quel saint se vouer !

L'Église catholique, très minori-taire (0,5% de la population) dans ce pays bouddhiste, ne prétend à aucun rôle politique. Les instances religieuses, dont l'archevêque de Bangkok, les imams et les responsables bouddhistes, s'al-

lient cependant dans la prière pour la paix et ont lancé des appels au calme. Dans le centre de Bangkok, camp retran-ché des chemises rouges, le couvent Saint-Joseph des sœurs de Saint-Paul de Chartres avait pris d'étranges cou-leurs. Cette congrégations missionnaires d'origine française impliquée depuis plus d'un siècle en Thaïlande, particulièrement

dans l'éducation et la santé, auprès des couches aisées mais aussi des minori-tés ethniques, est très respectée par la population. Implanté en plein centre de la capitale, dans le quartier de Silom, le couvent Saint-Joseph abrite la maison provinciale de la Congrégation et un éta-blissement scolaire parmi les plus répu-tés de Bangkok. Les soldats ont demandé « l'hospitalité » aux religieuses en habit blanc et le jardin de leur couvent s'est transformé en point de regroupement et de repos pour un court séjour…

Après avoir exprimé sa compassion pour les dizaines de tués, Sœur Marie-

Louise résume la situa-tion sans prendre parti : « Bangkok vit un déferle-ment de violence généré par la crise politique qui mine le pays depuis plus de trois ans. Quelle que soit la couleur de leur chemise, les habitants de Bangkok sont devenus les otages d’une situation qui les dé passe. À Saint-Joseph, nous prions tous les jours pour la paix et collaborons pour que le gouvernement puis se ramener le calme dans le pays. »

Dans l a c our de récréation, les uniformes de camouflage ont remplacé les costumes bleu marine des écolières et des écoliers. Après l'as-saut des militaires, les principaux chefs des chemises rouges se sont rendus. La rentrée scolaire a été maintenue au 24 mai. La Thaïlande, malade comme son roi, menacée par tous les extrémismes, a perdu son légendaire sourire… n

L'armée thaïlandaise a repris par la force le centre de Bangkok. Quelques sœurs catholiques étaient aux premières loges.

THAïLANDE

par Corine LaCrampe

Témoins impuissants

Le couvent Saint-Joseph des sœurs de Saint- Paul de Chartres a pris d'étranges couleurs )

Les soldats chez les sœurs de Saint-Paul de Chartres

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n Jean-François Chemain, pourquoi écrire sur la vocation chrétienne de la France ?

La cause immédiate, c’est une confé-rence que Mgr Rey m’a demandé de faire entre les deux tours de l'élection présidentielle, en 2007, dans la cathé-drale de Toulon, devant des élus chré-tiens de son diocèse. Le thème, c’est lui qui l’a proposé, et il a ensuite cherché un historien pour le traiter. Comme je fais partie du mouvement Communion et Évangélisation qu’il a lancé en 2001, et que je venais de réussir l’agrégation d’Histoire, je me suis trouvé investi de la « commande ». La conférence fut un suc-cès, et à la sortie les gens m’ont deman-dé : « Où est votre livre ? » Alors de retour chez moi, j’ai commencé à l'écrire.

n Et les causes plus « lointaines » ?

J’enseigne depuis quelques années dans un collège de la banlieue lyonnaise, où la grande majorité des élèves est d’origine musulmane. C’est le résultat d’un parcours personnel un peu parti-culier qui m’a conduit, après Sciences Po Paris et une admissibilité à l’ENA, puis quinze ans en cabinet d’audit anglo-saxon et encore cinq ans comme cadre dirigeant à EDF, à tout quitter pour repartir à zéro dans l’Éducation Nationale. Vu mon âge et mes diplômes (je terminais aussi une thèse), on m’in-citait plutôt à postuler en faculté, ou en classes préparatoires, mais je vou-

lais aller en banlieue. Le point de départ de ce cheminement est une conversion radicale dix ans plus tôt, dans une petite église d’Avignon, tenue par un « Atelier d’évangélisation » ! Cette conversion/reconversion s’est accompagnée pour moi d’une remise en question de mon fond politique, puisque j’étais depuis mon adolescence un « compagnon de route » des idées d’extrême-droite. Le problème, pour un converti, venant de si loin, c’est que le vieil homme n’est jamais complètement mort, et que je conserve toujours ces tendances nostalgiques et pessimistes qui nourrissaient mes enga-gements antérieurs. Comment continuer à dire que « tout fout le camp » et que « on va droit à la guerre civile » quand on est supposé porter en soi l’espérance de la victoire finale du Christ ?

n Vous croyez que la France bénéficie d'une « faveur divine » ?

L’attention de Dieu pour la France s’est manifestée par les apparitions, mariales et christiques, dont a bénéficié notre pays. Rien que depuis le début du XIXe siècle, près de la moitié des appa-ritions mariales officiellement recon-nues par l’Église ont eu lieu en France ou en terre francophone (comme en Wallonie) ! Avec des messages spécifi-quement adressés à la France, comme à La Salette, Pontmain, Pellevoisin, l’Île-Bouchard. Et il faut bien sûr penser à la demande du Christ à Paray-le-Monial,

reprise au couvent des Oiseaux en 1823 : « Consacrez la France à mon Sacré-Cœur ! » Et encore aux apparitions dont a bénéficié sœur Mariam, au Liban : « La France est le jardin où j’aime à me repo-ser ! » Et à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus demandant au petit Van, à des milliers de kilomètres de là, de prier, et de faire prier pour la France ! Il y a aussi tous ces miracles, batailles gagnées, libérations, obtenues par des chefs poli-tiques ou militaires qui ne se cachaient pas de les avoir demandées au Ciel. Ce qui justifierait que Dieu aime et aide la France, c’est pour moi tout simplement que l’existence même de notre pays a été dès les origines voulue par l’Église.

n Pourquoi l’Église aurait-elle, à ce point, eu besoin de la France ?

Parce que, dès Constantin, l’Em-pire romain, et son successeur, le Saint Empire romain germanique, ont prétendu cumuler sur la tête de l’empereur les deux pouvoirs, religieux et temporel, en opposition à la phrase du Christ : « Mon Royaume n’est pas de ce monde ». La principale menace contre laquelle les papes ont voulu se prémunir, c’est celle-là, et régulièrement ils ont fait appel à la France. Ainsi, de Pépin le Bref, qui les a donnés aux papes, à Napoléon III, qui en fut le dernier défenseur, les États ponti-ficaux ont toujours été défendus par les Français. Et c’est en France, à Avignon, que les papes se sont réfugiés pendant trois quarts de siècles pour échapper aux menaces impériales et gibelines qui pesaient sur eux à Rome. C’est aussi ce qui explique des alliances fran-çaises « paradoxales », comme celle de François Ier avec les Ottomans ou celle de Louis XIII avec les princes allemands

histoire

26 FRANCECatholique n°3214 28 mai 2010

Lyonnais, né en 1961, Jean-François Chemain est hyper-diplômé mais, après une carrière de cadre, il a choisi d'enseigner l'Histoire-Géographie et l'Éducation civique à Vénissieux-Les Minguettes.

eNtretieN AVeC JeAN-FrANçois CheMAiN

Propos recueillis par Thérèse COUSTENOBLE

La vocation de la France

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FRANCECatholique n°3214 28 mai 2010 27

protestants, au cours de la guerre de Trente Ans : chaque fois il s’agissait d’af-faiblir l’Empire. Vous noterez d’ailleurs que ce n’est jamais la France qui s’est attribué ce titre de « fille aînée de l’Eglise », mais régulièrement les papes qui l’ont interpellée en ces termes !

n Ces liens privilégiés expliquent-ils cer-tains traits spécifiques de notre pays ?

Je crois notamment que notre pen-chant pour l’universalité (« catholique » signifie proprement « universel » !), notre tradition de terre d’accueil, ou encore notre conception intransigeante de la laïcité résultent directement de notre Histoire catholique !

n Vous développez une approche originale de l’Histoire de la laïcité à la française…

La loi de 1905 a permis une reprise par l’Église catholique d'une indé-pendance réclamée depuis 1830 par Lamennais et Lacordaire ! Dès 1830, le journal l’Avenir exigeait une séparation complète de l’Église et de l’État, pour permettre à celle-ci de remplir sa mis-sion sans avoir à se compromettre avec le pouvoir politique. N’oublions pas qu’à l’époque le clergé était fonctionnarisé, et dépendait du Ministère de l’Intérieur !

Certes, dans les faits, on vit Rome s’opposer à ces exigences et revendiquer la solidarité « du Trône et de l’Autel », mais c’était selon moi essentiellement à cause du traumatisme des persécutions révolutionnaires. La séparation se fit brutalement, Jean Sévilla a d’ailleurs bien décrit ce contexte où « les catholiques étaient hors la loi », mais je persiste et signe : fondamentalement, elle était dans

l’esprit du catholicisme. Je parle évidem-ment ici de laïcité, pas de laïcisme, ou athéisme d’État, qui est une déviance, que Clemenceau résumait ainsi « rendez à César ce qui est à César… mais tout est à César ! ».

n Vous affirmez que retrouver les racines catholiques de la France nous permettrait de relever de nombreux défis politiques !

Il est clair que l’on ne parviendra pas à faire face à certaines questions essentielles de notre temps en oubliant l’essence catholique de notre culture. Ainsi, comment réagir aux incessantes injonctions de certains musulmans, qui remettent en question des pans entiers de notre société, sans comprendre que si les choses sont comme ça, chez nous, c’est parce que nous sommes pétris de

catholicisme ? C’est en tout cas l’exer-cice auquel m’invitent chaque jour mes élèves, sur les sujets les plus divers. Je découvre ainsi que parler de la France « en vérité » revient souvent, en fait, à évangéliser ! Et je constate aussi que, profondément, c’est ce genre de dis-cours que les jeunes, quelle que soit leur origine, ont envie et besoin d’entendre. Alors je prends conscience que, en fai-sant avec conscience mon boulot de petit prof dans un collège de banlieue, je travaille à la fois pour la France et pour le Royaume ! Car c’est un peu ça l’idée générale de mon livre : ceux qui ont vraiment fait avancer la France, ont aussi travaillé pour le Royaume de Dieu. n

Jean-François Chemain, La vocation chrétienne de la France, préface de Mgr Dominique Rey, éditions Via Romana, 144 pages, 17 e.

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La vocation de la France

Ce n'est jamais la France qui s'est attribué le titre de « fille aînée de l'Église » )

Jean-François Chemain.

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LIVRES■ MadaMe Blanche a de la visiteChristine d'Ercreville,Téqui, 24 pages, 7 €.

Madame Blanche est très dévouée pour le Bon Dieu. Elle n'oublie jamais de lui rendre visite ni d'astiquer sa chapelle. Aujourd'hui, elle lui a pro­posé de venir la voir chez elle. Seulement, les visites qu'elle reçoit ne sont pas Celle à laquelle elle s'attendait. Un album avec des illustrations charmantes pour comprendre que le Seigneur nous demande d'être présent à notre prochain, aussi bien qu'à Lui. À partir de 5 ans

■ la Belle histoire de saint jean-Marie vianney, curé d'arsLouise André-Delastre,Téqui, 34 pages, 12,50 €.

Dans un langage très simple, voici la biographie du curé d'Ars. Les nombreuses illustrations aideront les jeunes lecteurs. À partir de 8 ans

■ Monsieur vincent, une vie à sauverBrunor,Edifa-Mame, 42 pages, 11 €.

Présentée à partir de la fondation des Lazaristes et de son œuvre pour enfants perdus, voici la vie de saint Vincent de Paul. Le contexte historique, en particulier le jansénisme, est très bien expliqué. Le graphisme est moins naïf qu'on peut le croire au premier abord.

À partir de 10 ans

■ le signe de l'ichtus 1les enfants du PalatinAnne Bernet,Clovis, 267 pages, 11 €.

Vers l'an 79 à Rome, Alexamenos fait partie de l'école des enfants esclaves de l'empereur Vespa­sien. On découvre aussi la vie des chrétiens, puisque Alexamenos porte autour du cou le poisson, signe des chrétiens. Ce livre bien écrit et fort bien docu­menté a un petit goût de Quo Vadis ?.

À partir de 12 ans

■ le signe de l'ichtus 2 titus cleMensAnne Bernet,Clovis, 272 pages, 11 €.

Dans ce deuxième volume, nous retrouvons Titus Clemens, de retour à Rome après son engagement au service de l'empereur dans l'armée. Il se méfie de Domitien, son oncle l'empereur qui vient de le nom­

mer son héritier officiel. Une aventure palpitante au rythme soutenu, dans les bas­fonds de Rome.

Ce sont les persécutions de Domitien qui sont racontées et rendues vivantes dans le 3e volume, Les prisonniers des îles.

Chacun de ces livres peut être lu indépendam­ment des autres. Mais le tout forme une fresque passionnante.

À partir de 12 ans

■ yaël, chasseur de déPriMeFloris,Béatitudes, 48 pages, 13,50 €.

Le ministre des "affaires compliquées" se trouve confronté à un grave problème, un nuage de déprime qui menace la sérénité des habitants. Au­delà des solutions courantes proposées par son entourage, le ministre ne craint pas de faire appel à une bande d'originaux : les agents secrets de la joie. Croquée avec humour, débordante d'idées et de gags, voici une histoire rafraîchissante. Les jeunes sont accrochés par le dessin et reçoivent le mes­sage : pour contrer la sinistrose ambiante, rien ne vaut l'amour de Dieu.

À partir de 12 ans

■ 1 600 avant santiago, le grand cheMin de coMPostelleCatherine Bertrand-Gannerie,Téqui, 304 pages, 15 €.

De nos jours, Simon, 15 ans, entreprend seul le sentier de Compostelle. En fait, il n'est pas tout à fait seul, mais son compagnon Timothée est un peu particulier : il est vêtu comme un pèlerin du Moyen Âge et sa bonne humeur semble indéfectible. De Saint­Jean­Pied­de­Port à Santiago, c'est un périple de 1 600 kilomètres à pied, jamais lassant, qui attend nos amis. Les rencontres permettent à Simon de se connaître mieux lui­même et les incur­sions dans le passé lui font comprendre l'histoire du sentier. Un livre à conseiller à des jeunes qui ont soif d'idéal.

À partir de 14 ans

■ ne crains Pas cette Maladie !Adriano Zanin,Le Sarment, 177 pages, 12 €.

Adriano a 19 ans et de nombreux projets pour sa vie, le jour où il apprend qu'il est atteint d'une grave maladie rénale. Il nous raconte ici le chemi­nement de sa maladie et comment il a vécu et sur­monté cette souffrance la main dans la main avec Marie. Un beau et bouleversant témoignage.

À partir de 15 ans

selection

La foi en livresChristèle Hubert

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Les jeux vidéo sont une source iné ­puisable d’inspiration pour les scénaristes. De plus, leurs héros ont

déjà leurs fans, ce qui constitue une excel lente base commerciale pour un film hollywoodien, surtout quand, comme ici, il a déjà séduit plusieurs générations de joueurs.

Dastan, un pauvre orphelin, est remarqué, pour son courage et son astuce, par Sharaman, le roi de Perse, l’empire le plus puissant de l’époque. Le roi décide de l’adopter. Devenu adulte, le prince Dastan est un guerrier audacieux mais juste, qui donne l’assaut, sous les ordres de son frère aîné, à la ville sacrée d’Alamut. Des espions leur ont assuré que la ville fabriquait des armes et les livrait aux ennemis de la Perse.

L’histoire fait penser à des événe­ments récents en Irak... C’est l’un des nom breux clins d’œil de ce film specta­culaire, produit par les studios Disney et Jerry Bruckheimer, déjà producteurs des séries Pirates des Caraïbes et Ben jamin Gates.

Devant des décors splendides (mais fort peu historiques !), qui tentent de faire revivre les fastes de l’Orient, le héros, qui fait parfois penser à Fanfan la Tulipe, passe son temps à bondir sur les murs, pour échapper à ses poursuivants. C’est nerveux et très bien fait, même si la fin traîne un peu en longueur. L’inter­prétation est sensationnelle.

Conçu pour les adolescents, ce film met en scène une belle figure de héros, courageux, honnête et prêt à tout pour protéger les faibles. Quant aux violences, elles sont tellement virtuelles qu'on les trouve modérées. ■

Prince of Persia : Les sables du temps. Aventures américaines (2010) de Mike Newell, adaptées du jeu vidéo de Jordan Mechner, avec Jake Gyllenhaal (le prince Dastan), Gemma Arterton (la princesse Tamina), sir Ben Kingsley (le prince Nizam), Alfred Molina (le cheikh Amar)... (2h06). (Adolescents.) Sortie le 26 mai 2010.

Copie conformeJames Miller est à Florence pour donner une conférence sur son livre qui traite des œuvres d’art et de leurs copies. Il part en promenade avec une galiériste française. Dans ce film étrange, qui joue en permanence avec les personnages (inconnus au début du film, ils deviennent, sans transition, mari et femme), les faux-semblants, les aléas de l’amour, de la vie en couple..., le spectateur se perd un peu et ne sait plus très bien de quoi il retourne. C’est fascinant, parfois agaçant, mais très astu-cieux, et interprété par une Juliette Binoche exceptionnelle et lumineuse. Quant au bary-ton William Shimell, dont c’est le premier rôle au cinéma, il impressionne par sa présence et l’intériorité de son jeu. Ces variations sur l’usure du couple sont bouleversantes.

Comédie dramatique franco-italiano-iranienne (2009) de Abbas Kiarostami, avec Juliette Binoche (Elle), William Shimell (James Miller), Jean-Claude Carrière, Agathe Natanson (1h39). (Grands adolescents.) Sortie le 19 mai 2010.

EstômagoNonato débarque en ville sans un sou en poche. Il trouve un toit et de quoi manger dans un petit boui-boui sans prétention. Très vite, il réussit à cuisiner la spécialité locale mieux que le patron, ce qui attire une clientèle nouvelle. Ces va-et-vient entre deux époques introduisent une certaine confu-sion dans cette histoire originale et assez cocasse mettant en scène un (faux) naïf qui progresse dans la vie grâce à la flatte-rie et à ses talents de cuisinier. Cette ode à la gastronomie et à l’art du bien manger ne manque pas de fantaisie, mais de rythme. Cet amour de la bonne chère passe par l’amour de la chair, scène très sensuelle à l’appui.

Comédie brésilienne (2007) de Marcos Jorge, avec João Miguel (Raimundo Nonato Romarin), Fabiula Nascimento (Iria)... (1h52). (Adultes aves des éléments nocifs.) Sortie le 19 mai 2010.

CINÉMA

Une nuit au cirqueLe Festival du Cirque de Massy est le rendez-vous incontournable des amateurs de haute voltige, d’acrobaties en tous genres, d’animaux dressés et de clowns. Son président, Francesco Bouglione, a eu l’excellente idée de demander à deux cinéastes de filmer sa dernière manifestation. La 3D permet au spectateur de vivre les numéros mieux que s’il était assis dans la salle du

Cirque d’Hiver. Le relief, en effet, donne une profondeur étonnante aux images, et rend palpable les émotions des artistes. Les numéros sont variés et exécutés avec une maestria époustouflante, les clowns sont très amusants, et les animaux terrifiants. On rit, on vibre, on frémit, on est heureux. Bref, on est - presque - au cirque ! Avec l'envie d'y aller pour de vrai et l'inquiétude que ce ne soit pas aussi parfait cependant, car la perfection du cinéma n'est pas toujours de mise dans la vraie vie d'un spectacle vivant.Documentaire français en 3D (2010) de Fabien Remblier et Olivier Kauffer (2 x 1h). (Tous.) Sortie le 26 mai 2010.

Sur fond des merveilles de l’Orient, l'adaptation très réussie d’un jeu vidéo parmi les plus populaires depuis vingt ans.

Un héros bondissantpar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

L'histoire fait penserà des événements récents, en Irak(

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PrINCE of PErsIA : LEs sAbLEs dU tEMPs

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Quelques-unes furent présentées à l’ex-position universelle de 1900 à Paris. Mais habituellement, la trentaine de tapisseries flamandes de la Renaissance présentées à la Galerie des Gobelins

n’est pas accessible au public. Ces joyaux du patrimoine espagnol constituent l’un des som-mets de l’art de la tapisserie. Propriété du « Patri-monio Nacional », les tapisseries proviennent des anciennes collections des Habsbourg qui trouvent leur origine dans celles des ducs de Bourgogne. Tissées à la fin du XVe et au XVIe siècle, elles précèdent la création des manufactures fran-çaises. L’exposition des Gobelins fait suite à celle organisée par la Fondation Carlos de Amberes dans la ville de Gand. Cette dernière n’avait tou-tefois pas obtenu une pièce très atypique, ins-pirée de Jérôme Bosch et de sa Tentation de Saint-Antoine. Répartie sur deux niveaux, l’ex-position de la Galerie des Gobelins comprend, au rez-de-chaussée, les pièces ayant appartenu à Isabelle la Catholique, Jeanne de Castille et Marguerite d’Autriche. Au premier, les pièces pré-sentées constituaient les collections de Charles Quint, Marie d’Autriche, Philippe II et Marie de Hongrie. Le département des Arts graphiques du Louvre a prêté des dessins relatifs aux tapisseries. Sculptures et peintures représentant les souve-rains complètent l’ensemble.

Parfois appelée la « fresque mobile du Nord », la tapisserie flamande a joué, des siècles durant, un rôle capital dans l’ornementation murale. Plusieurs tapisseries, commandées sur un thème précis, formaient une tenture com-plète. Elles ne servaient pas seulement à proté-ger du froid. Expression du luxe et du prestige, elles étaient tissées en fils de soie et de laine, mais aussi d’or et d’argent. Objets de placement considérés comme plus précieux que les bijoux et l’argenterie, les tapisseries symbolisaient la richesse et la puissance de leur propriétaire. Pour les souverains, elles constituaient aussi un instrument de propagande. Aisément transpor-tables, elles ornaient les palais des Cours prin-cières souvent itinérantes. Tous les princes du XVIe siècle passent des commandes à Bruxelles. Les tentures les plus célèbres de la collection royale d’Espagne sont assurément les 272 tapis-series flamandes de la haute époque. Parmi celles qui ont été retenues pour faire le voyage de Paris, les visiteurs s’attarderont sur quelques pièces particulièrement remarquables. Romulus donne les lois au peuple romain (1525-1530) appartient à la tenture évoquant La Fondation

expositions

30 FRANCECatholique n°3214 28 mai 2010

Galerie des Gobelins

La Galerie des Gobelins expose des pièces tissées pendant l’âge d’or de la tapisserie flamande, qui meublent habituellement les palais royaux d’Espagne

trésors de la Couronne d’espagne

Expression du luxe et du prestige, les tapisseries étaient tissées en fils de soie et de laine, mais aussi d’or et d’argent

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Histoire de David et Bethsabée.

Parement de lit, Bruxelles. 1er quart du XVIe siècle.

Laine, soie et or.

Atelier de Bruxelles. Tenture L’Apocalypse,

Saint Michel terrassant le dragon. 1553-1555.

Willem Dermoyen. Or, argent, soie et laine.

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de Rome (cartons attribués à Bernard van Orley), allusion évidente aux fondements du pouvoir impérial et l’un des thèmes utilisés dans la dif-fusion de l’image de Charles Quint. La Fortune (1520-1525), de Peter van Aelst, est l’une des neuf tapisseries de la tenture Les Honneurs, commandée par ce souverain. Y figurent, dans la partie supérieure, la couronne, l’épée et le sceptre, symboles de la dignité impériale. C’est Marie de Hongrie, sœur de Charles Quint, qui acquit La Bataille de Zama (1544), partie de la tenture Les Hauts faits de Scipion, tirés du récit de Tite-Live sur la seconde guerre punique. Les cartons sont de Jules Romain, élève de Raphaël.

La plus surprenante des tapisseries expo-sées, tant par le sujet représenté que par son encadrement architectural et abstrait, est sans conteste La Charrette de foin, parfois appe-lée La Tentation de Saint Antoine. Elle repré-sente l’une des œuvres les plus énigmatiques de Jérôme Bosch. Le thème essentiel, la lutte du Bien et du Mal, est important dans la com-préhension du goût de Philippe II pour la pein-ture de Jérôme Bosch. à la fin de l’exposition, L’Enlèvement de Ganymède appartient à la série des Métamorphoses d’Ovide, choisie par Vélasquez pour décorer la maison de l’île des Faisans, au milieu de la Bidassoa, où se rencon-trèrent Philippe IV et Louis XIV*. Le Roi Soleil fut le plus grand collectionneur de tapisseries… après Charles Quint et Philippe II. ■

FRANCECatholique n°3214 28 mai 2010 31

par Alain SOLARItrésors de la Couronne d’espagne

* Les 5 et 6 juin 1660, Louis XIV et Philippe IV s'y rencontrèrent en personne pour la confirmation du Traité des Pyrénées et la conclusion du mariage du roi de France avec l’infante Marie-Thérèse d’Autriche dont la célébration eut lieu à Saint-Jean-de-Luz.« Trésors de la Couronne d’Espagne, un âge d’or de la tapisserie flamande », à la Galerie des Gobelins, 42 av. des Gobelins, 75013 Paris, jusqu’au 4 juillet, tous les jours, sauf les lundis (11h-18h). Visite gratuite le dernier dimanche de chaque mois. Tél. : 01.44.08.53.59, fax : 01.40.13.46.74.

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Tapisserie de la Manufacture de

Pierre de Enghien ou Pierre van Aelst.

La Naissance du Christ. 1502.

Or, argent, soie et laine.

REAL SITIO dE SAN LORENzO dE EL ESCORIAL. © PATRIMONIO NATIONAL, MAdRId

Atelier de Bruxelles. Le Baptême du Christ.

1515-1520. Or, argent, soie et laine.

Atelier de Bruxelles.

Tenture Les Triomphes de Pétrarque.

Le Triomphe du temps. Avant 1504. Laine et soie.

Atelier de Bruxelles. Tenture

La Passion du Christ. Pieter van Aelst.

Carton de Jan Van Roome.

La Descente du Christ. 1507-1520.

Or, soie et laine.

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Laure K. Phoenix

Laure K. Phoenix est à la Comédie française. Non pas comme sociétaire ou pension­naire, mais comme auteure, à peu près inconnue de ceux­là. En effet, si elle a dans le passé bénéficié du soutien de

Jean­Pierre Miquel pour organiser une mise en espace (pour sa pièce Jours d'été, 1995), c'est en fait comme employée à la billetterie qu'elle est répertoriée. Mais récemment, la boutique du

Français a cherché à mettre en avant les auteurs de la Maison et c'est ainsi que peu à peu elle sort de l'ombre portée par les géants qui peuplent cette vénérable institution.

Outre Jours d'été, elle est également l'au­teur de Requiem (2000), Lola café (2002), Inselberg (2004), Trafalgar square (2005), Shangai River (2008) , qu i ont toutes reçu des aides à la création ou connu une forme de réalisation. Sans compter l'écriture de Marie (1994), L'étreinte (1995), Moi, la putain morte (1998), D'une rive à l'autre (1998), Mademoiselle (1999), Adagio et Eivissa mi amor (2001), Pension Geis (2003), La Baignoire et les deux chaises (2004, sur une idée de J.­M. Ribes) et Prélude d'hiver (2009).

Aujourd'hui âgée de quarante­six ans, cette artiste au départ touche­à­tout a décidé de ne plus se consacrer qu'à l'écriture théâtrale et à la poésie depuis ses trente ans. En se laissant, comme beaucoup, guider par ses personnages plutôt que de les emprisonner dans un schéma trop précis. Elle a quand même des thèmes de prédilection : la guerre et l'impossibilité amou­reuse.

L'écriture la prend par crises, il lui faut alors abandonner toute vie sociale pour rédiger rapi­dement, dans l'urgence. Et son domicile lui sert alors de gueuloir, pour vérifier la musicalité des répliques, en même temps qu'elle s'attache à cultiver la spontanéité de ces dernières. De fait, il suffit de lire les premières pages de Lola café pour se rendre compte du rythme et de la musicalité qui traversent des dialogues cultivant l'oralité et le mystère.

Écrire n'est pas pour elle un acte raisonné ou planifié, il y a seulement que cela la rend heureuse. Même si elle s'attache à traiter de thèmes peu joyeux et si ses auteurs de réfé­rence sont les Nordiques (Lars Noren, Bergman, Ibsen, Strindberg…) ainsi que l'Anglais Pinter, elle se définit comme une personne est capable de grande mélancolie tout en étant spontanément gaie. Une alchimie étrange, mais les vrais auteurs ne sont­ils pas précisément des alchimistes ? n

théâtre

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Il y a les auteurs qu'on connaît et ceux qui sont cachés par une autre fonction, jusque dans une institution comme la Comédie française. De sorte que paradoxalement, c'est par l'intermédiaire de la boutique du théâtre que certains comédiens ont appris qu'ils fréquentaient quotidiennement une auteure.

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Philosophie et jalousieLes Femmes savantes étaient déjà un succès dans la mise en scène de Molière. Aujourd'hui, celle d'Arnaud Denis, créée à Paris, a rencontré le succès lors de sa tournée en régions, obtenu le prix du Brigadier 2010 si bien qu'elle reprend dans la capitale jusqu'en juillet prochain tant elle fait accourir les foules.Le décor est aussi sobre et réussi que contemporain.

Les débats, notamment sur l'intérêt du mariage, sont intemporels, donc d'actualité. On savoure les passes d'armes entre les deux sœurs : « Mariez-vous, ma sœur, à la philosophie qui nous monte au-dessus de tout le genre humain » (Armande), « Nous saurons toutes deux imiter notre mère : vous, du côté de l'âme et des nobles désirs, moi, du côté des sens et des grossiers plaisirs » (Henriette). Mais on remarque aussi que les

deux ont une vraie personnalité nuancée, même si leurs propos les rapprochent de caricatures, et cela n'est pas le moindre des plaisirs offerts par cette pièce. Le rôle de la tante qui s'illusionne quant à la puissance de ses charmes est d'un comique irrésis-tible. Mais on pourrait en dire autant des hésitations et volte-face du mari, de la mère au notaire en passant par la servante, tous comiques, et c'est là la force de cette mise en scène. n

« Les Femmes savantes » de Molière, au Petit Théâtre de Paris, 15 rue Blanche, 75009 Paris, du mardi au samedi (21h), matinée dimanche (15h), jusqu'au 11 juillet, tél. : 01.42.80.01.81.

Capablede grande mélancolie tout en étant spontanément gaie

apparencetrompeusepar Pierre FRAnçoIS

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VianneY MaLLein

Ceux qui ont bien connu le Curé d’Ars parlent. Sans leur mémoire, sans leur témoignage, Jean­Marie Vianney serait quand même un saint... mais un saint inconnu ! Certains historiens criti­

quent par principe ces sources directes et très impliquées. Il est vrai qu’avec le temps et un certain recul, on note souvent des évolutions sensibles dans la retranscription des souvenirs. Ceci est particulièrement vrai pour les témoi­gnages sur le Saint Curé d’Ars. Il y a, en effet, de grandes différences quant à la perception générale du personnage entre les premiers et les derniers témoignages. Quand on relie les notes de Mgr Convert qui témoigne 30 ans après la mort du saint, nous sommes en face d’un curé marqué par la pénitence et prêchant sans cesse la crainte de l’enfer. Mais quand on écoute les témoignages tout proches de sa mort, la vie du Saint Curé semble tout autre. Les dépositions retranscrites lors du procès de l’Ordinaire dès 1861, soit à peine deux ans après la disparition de saint Jean­Marie Vianney, nous montrent un curé rempli d’amour de Dieu et débordant de bonté pour tous

ses paroissiens.La maison d’édition François­Xavier de Guibert

nous a donné le bonheur de rééditer une sélection des dépositions de l’Ordinaire réunies par l’Abbé Nodet.(1) Aujourd’hui, Vianney Mallein, plus habi­tué des grandes mises en scène ou de la commu­nication d'entreprise, nous propose ici une adap­tation théâtrale intimiste, déjà présentée l'année dernière dans le diocèse de Paris avec un succès certain, et où il joue lui­même son saint patron.

Fermons les yeux quelques instants et ima­ginons les témoins les plus proches réunis dans une même salle à la même heure. Ils déclarent leur identité puis se mettent à échanger leurs souvenirs. Voici donc donnée la parole au peuple de Dieu. Ces humbles chrétiens dans la lumière de l’Esprit se montrent d’excellents experts en sain­teté avec une justesse de jugement remarquable et une extraordinaire sobriété. Ils s’appellent Marguerite Vianney, Catherine Lassagne, Jean­Baptiste Mandy, Frère Jérôme, Guillaume Villiers ou Laure Justine Françoise, comtesse des Garets... Paroissiens ou confrères, pauvres ou notables, ils disent à travers leurs mots la grâce que l’on peut obtenir du Saint Curé. C’est la lucidité dans l’amour. tous les personnages sont donc réels, tous les textes sont historiquement authentiques. Ecoutons ces braves témoins qui ont tous juré sur l’Évangile de dire toute la vérité sur le Curé d’Ars.

Si le spectacle a gagné en maturité, la sincérité des inter­prêtes reste prenantes et leur jubilation contenue est commu­nicative. n

Vendredi 11 et samedi 12 juin (20h30), à Notre-Dame du Saint-Sacrement, 20 rue Cortambert, 75016 Paris. Libre par-ticipation. Rens. tél. : 06.83.26.71.35.(1) Bernard Nodet, Antoine Mappus, préface de Jean-Philippe Nault : Le curé d'Ars par ceux qui l'ont connu : Dépositions des témoins du Procès de l'ordinaire, éd. F.-X. De Guibert, 224 pages, 18 e.

théâtre

Invitation à une lecture scénique pour finir en beauté l’année sacerdotale avec Saint Jean-Marie Vianney.

D.R.

Ces humbles chrétiens se montrent experts en sainteté

Le Curé d’ars par ceux qui l’ont connu

par Alexandra LEMAIRE

FRANCECatholique n°3214 28 mai 2010 33

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Fandango – Luigi Boccherini (1743-1805) – Quintette N° 4 pour cordes et guitare – Haydn, quatuors – Carmina Quartet – Rolf Lislevand, cordes pincées – Sony

Classical – 8869746117 2 – Nouveauté -

Les œuvres de chambre mêlant cordes frottées et guitare sont plutôt rares. Et ceci même en se tournant vers le

répertoire madrilène. Aussi la démarche du quatuor Carmina est-elle intéressante à plus d’un titre. Réconcilier la guitare, ou le luth, et la musique savante post-baroque ne date pas d’aujourd’hui, mais l’associer à un quatuor en invitée de prestige et restituer une ambiance de concert à travers l’enregistrement est assurément inhabituel. On peut rester assez dubitatif sur l’adjonction du luth aux quatuors de Haydn, mais on ne peut que se féliciter d’entendre une œuvre assez rare, le quintette avec guitare de Boccherini.

Dans un style volontairement hispani-sant, Boccherini s’inspire large ment du fameux Fandango pour construire sa thématique, principalement dans le dernier mouvement de l’œuvre, mêlant des accents baroques à une écriture très classique. La lecture des interprètes est très enjouée, jamais plate, toujours sûre et bien conduite. La prise de son favorise un relief de proximité, avec beaucoup de présence, sans toutefois amplifier

exagérément la guitare qui semble trouver une place naturelle dans cet ensemble de poche.

La nursery – Désiré-Émile Inghelbrecht (1880 – 1965) – 36 pièces pour piano à 4 mains – Brigitte Gonin-Chanut, Paul Crapie, piano à 4 mains – Chanut LN0806/1 – distr. : [email protected] – Sortie 2009 -

Ami de Claude Debussy, Désiré-Émile Inghelbrecht est plus connu comme chef d’orchestre, fondateur de l’Or-

chestre National de l’ORTF, que pour son œuvre musicale qui est pourtant importante. Les deux interprètes font revivre des pièces inspirées du répertoire musical français, trente-six chansons enfantines bien connues, de Une souris verte à Malbrough, en passant par Le furet. Dans des couleurs très debussystes, ces courtes pièces se révèlent de petits bijoux aux éclats réjouissants.

À l’écoute, un vrai bonheur se dégage de chacune d’entre elles, nous ramenant à nos propres souvenirs d’enfance. Sans jamais altérer l’originalité du thème, Inghel brecht a su donner encore plus de fraîcheur à un répertoire d'habitude méprisé mais qui gagne d'un coup sa place au panthéon du classique.

La beauté de la partition est valorisée par la grâce et la complicité des deux pianistes qui, tout en saisissant le sens profond de l’écriture, et en en maîtrisant toutes les difficultés techniques, s’a-musent et jouent avec une joie commu-nicative. Cela se ressent et se transmet. Ce disque est une arme de séduction sonore, un remède à préconiser dans les temps de lassitude…

Masques - Karol Beffa (né en 1973) – Ensemble contraste – Arnad Thorette, direc tion artistique – Triton – TRI 331157 – Nou veauté -

Ce disque regroupe diverses œuvres de musique de chambre du jeune compositeur Karol Beffa, mêlant

piano, alto, violoncelle et violon. La musique de Beffa se veut très française dans son inspiration, même si les influences de Ligeti ne sont pas à négliger. Plaçant en son cœur le travail harmonique, il recherche une vraie pulsation rythmique, alternant des cycles de grande quiétude et des pièces plus heurtées. On sent couler du Ravel dans ces veines-là, mais aussi du Dutilleux.

La recherche des sonorités est évidente et pourra dérouter l’auditeur de la première heure. Pourtant, en poussant l’écoute, on découvre un grand talent d’accompagnement du son. Le compositeur sait faire entrer dans sa musique, sans jamais en verrouiller la porte.

Si Les Ombres semble une suite de pages assez torturées, on sera saisi par Mirages pour piano à 4 mains, sorte de voile diaphane, d’une légèreté incroyable, qui sait dépasser cette seule perspective, en introduisant une construction en spirale, parfois contra-puntique. Bach n’est jamais loin…

Chaque œuvre surprend par sa relative nouveauté par rapport à celles qui l’ont précédée. Pourtant l’écriture de Beffa possède son propre style, relativement unifié, même si on sent, de-ci de-là, une incertitude sur la ma-nière de le mener à un idéal sonore qui, croit-il, lui résiste. À découvrir sans plus tarder… n

Une arme de séduction sonore, un remède à préconiser dans les temps de lassitude

Le répertoire musical n’est pas si classique qu’il en a l’air. Hors des sentiers battus, quelques pages vibrantes inattendues.

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MUSIQUESÉLECTION

Douces raretés

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par François-Xavier LACROUX

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L es thrillers politico-journalistiques semblaient passés de mode depuis quelque temps, remplacés par des

films policiers musclés et mouvementés. Avec ce film, Kevin Macdonald renoue avec une grande tradition américaine.

L'assistante parlementaire de Ste -phen Collins, membre du Congrès, s'est jetée sous une rame de métro. Le scan-dale éclate quand celui-ci, étoile montante de son par ti, éclate en san -glots lors de la conférence de presse, en révélant ainsi aux yeux de tous sa liaison secrète avec la jeune femme. Cal McAffrey, journaliste d'investigation et ami de Stephen, est chargé de l'affaire. Avec beaucoup d'habileté, Ke vin Macdonald a réalisé une remarquable adaptation de la série de la BBC, diffu-sée sur Arte en 2008. Trans posant l'in-trigue dans les arcanes du pouvoir

américain, les scénaristes ont réussi à américaniser l’histoire. Et l'on retrouve les grands films d'autrefois (ceux d'un John Ford ou d'un Frank Ca pra, sans oublier Alan Pakula) qui mê laient intel-ligemment enquête journalistique et magouilles politiciennes, et dénonçaient la corruption au plus haut niveau de l'État.

Russell Crowe domine de sa stature une brochette d'excellents comédiens, parmi lesquels Ben Affleck et Helen Mirren. C’est cet te conjonction de savoir-faire qui don ne un excellent film.

Cette lutte d'un journaliste d'in-vestigation courageux et incorruptible pour débusquer la vérité, quel qu'en soit le prix à payer, ne manque pas de panache. Mais ce ne sont pas les vio lences qui manquent. ■

Jeux de pouvoir. Thriller américano-britannique (2009) de Kevin Macdonald, avec Russell Crowe (Cal McAffrey), Ben Affleck (Stephen Collins), Rachel McAdams (Della Frye), Helen Mirren, Robin Wright Penn... (2h07). Mardi 1er juin, sur Canal +, à 20h50.

Hors jeu

Le 8 mai 2006, l'Iran est sur le point de se qualifier pour la Coupe du monde de foot-ball. Une jeune fille tente d'entrer clandes-tinement dans le stade, déguisée en garçon, car les filles ne sont pas admises dans les manifestations sportives. Le film de Jafar Panahi est toujours interdit en Iran, et le réalisateur aujourd’hui en prison, où il vient d’entamer une grève de la faim. Le film s’inscrit dans la ligne du cinéma iranien, à mi-chemin entre le documentaire et la fiction, et il est interprété par des non-professionnels. Le style est vivant et plein de naturel, et l’hu-mour est de la partie. Par le biais de l’interdiction de l’ac-cès aux stades, Jafar Panahi montre que la situation de la femme en Iran est toujours précaire et soumise à une discri-mination aussi choquante qu’inexplicable.Comédie dramatique iranienne (2006) de Jafar Panahi, avec Sima Mobarak Shahi (la première fille), Safar Samandar (le soldat Azari), Shayesteh Irani (la fumeuse) (1h28). Diffusion le mercredi 2 juin, sur Arte, à 22h35.

La saison des immortellesEn mai 1944, Simon, qui travaille dans une usine réquisitionnée par les Allemands, dirige un réseau de résistance. Un jour, les Anglais lui donnent un ordre inhabituel. Cette histoire magnifique, adapta-tion d’un livre de Frédéric Dard et Robert Hossein, inspiré d’un fait authentique, met en scène des résistants prêts à mourir pour leur liberté. Une brochette d’excel-lents comédiens donne corps à ces hommes d’honneur, mais la seconde partie, longue et répétitive, est un peu lassante. Dommage ! Il y a de belles figures d’hommes et de résistants, ainsi qu’une petite touche spirituelle dans cette œuvre émouvante.Téléfilm français (2008) de Henri Helman, d’après Frédéric Dard et Robert Hossein, avec Olivier Marchal, Marc Bod nar... (1h35) 2. Diffusion le mardi 1er juin, sur France 3, à 20h35.

TÉLÉVISION

L’aventure humaine «Vraie Jeanne, fausse Jeanne»Sainte patronne de la France, Jeanne d'Arc n'a cessé de hanter les consciences, tant son destin fut aussi merveilleux que tragique. Des siècles après sa mort sur le bûcher, elle est devenue l'emblème de nombreux politiques (pour des raisons souvent diamétralement opposées) tandis que les historiens n'en finissent pas de se déchirer à son propos. Martin Meissonnier a tenté de séparer le vrai du faux.

Ce documentaire-fiction ne manque pas de qualités, et l'ensemble est conduit comme une véritable enquête policière, rendant cette œuvre souvent passionnante, avec quelques scènes de fiction bienvenues. Mais le résultat n'est pas vraiment satisfaisant, car la place trop importante accordée à la fausse Jeanne (pourquoi une telle place, car, dès le départ, on nous affirme qu'il s'agit d'une usurpatrice ?) et les questions lancinantes sur les doutes de l'Église à propos de sa sainteté font que cette œuvre de qualité est assez ambiguë.Documentaire français (2008) de Martin Meissonnier (1h35). Diffusion le samedi 29 mai, sur Arte, à 20h35.

On ne s'ennuie pas avec ce thriller haletant, mené de main de maître par un cinéaste inspiré.

Jeux de pouvoirpar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

On retrouve les grands films d'autrefois qui mêlaient intelligemment enquête journalistique et magouilles politiciennes

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TF120.45 Les enfants de la télé. Divertissement présenté par Ar thur et V. de Clausade, avec Mi chèle Bernier, Jean-Marie Bigard, Michel Boujenah, Patrick Bruel, Alain Chabat, Christian Clavier, Arielle Dombasle, Franck Dubosc, Florence Foresti, José Garcia, Gérard Jugnot, Alexan-dra Lamy, Michèle Laroque, Amanda Lear, etc.23.30 New York, unité spé-ciale. Série avec C. Meloni 3.France 220.35 Rugby «Finale Top 14 : Perpignan/Clermont».22.50 On n’est pas couché. Magazine de Laurent Ruquier.France 320.35 En route pour l’Eurovision. Divertissement présenté par Cyril Hanouna et Stéphane Bern.

21.00 55e concours Eurovision de la chanson 2010. Divertisse-ment présenté par Cyril Hanouna et Stéphane Bern, en direct d’Oslo.Arte20.40 L’aventure humaine «Vraie Jeanne, fausse Jeanne» J. (Voir notre analyse page 35)22.15 Le péché selon Sébastien GA. Téléfilm en VO avec Markus Krojer, Fritz Karl, Jürgen Tonkel (1h29). Cette comédie met en scène un enfant traumatisé par la mort de sa mère, dont il se sent responsable. Le poids d’une reli-gion mal comprise pèse sur lui, mais c’est très amusant.M620.40 Les bleus, premiers pas dans la police (1 et 2/8) : «Sur la touche», «Une affaire de famille» GA. Série avec Clémentine Célarié 2. Cette nouvelle saison est un peu inférieure aux précé-dentes, mais c’est assez amusant.22.40 Les bleus, premiers pas dans la police (1, 2 et 3/6) A/Ø. Série avec Élodie Yung 2. Cette seconde saison est bien faite. Une scène érotique.Canal +20.14 Rugby «Finale Top 14 : Per-pignan/Clermont».KTO20.40 VIP «Alina Reyes».21.45 Mille questions à la foi «À quoi servent les sacrements ?».22.15 Concert «Les saisons», inté-grale de Joseph Haydn.

télévision

36 FRANCECatholique n°3214 28 mai 2010

TF120.45 Football «Tunisie/France».23.10 Les experts. Série avec William Petersen 2.France 2

20.35 Quelques jours avec moi GA. Comédie dramatique (1988) de Claude Sautet, avec Daniel Auteuil, Sandrine Bonnaire(2h03). (Voir notre analyse ci-contre)22.45 Faites entrer l’accusé «Frédéric Audibert, violence à huis clos». Magazine présenté par Christophe Hondelatte.00.20 Retour à Roland-Garros.France 320.35 Chabada «Spéciale tubes de l’été». Divertissement présenté par Daniela Lumbroso, avec Yan-nick Noah, Michel Fugain, Amel Bent, ZAZ, William Baldé...23.00 7 à voir. Magazine présenté par Samuel Étienne.00.20 Thunderbolt. Drame en NB et VO (1929) de Josef von Stern-berg, avec George Bancroft, Fay Wray (1h30). ArteLes Indiens vus par Hollywood20.40 Un homme nommé cheval A. Western (1969) de Elliott Sil-verstein, avec Richard Harris (1h54). Intéressant, mais assez sadique.22.30 Hollywood et les Indiens J. Très intéressant.00.05 La lucarne «Super-8 : Chronique d’une disparition».M620.40 Zone interdite «Agences matrimoniales, jeunes roman-tiques, “no sex“ : Le retour de l’amour à l’ancienne». Magazine présenté par Mélissa Theuriau.22.45 Enquête exclusive «Business, tourisme et Kalach-nikov : Les mille visages de Bey-routh». Magazine présenté par Bernard de La Villardière.Canal +20.50 Le diplomate (1/2). Télé-film avec Dougray Scott, Rachael Bla ke, J. Lindsay Taylor (1h30) 3.KTO20.40 La foi prise au mot «Cluny : Millénaire de l’abbaye».21.45 Des lieux pour mémoire «L’abbaye de Cluny».22.40 Angélus, depuis Rome.23.00 Les mardis des Bernardins «L’hindouisme et le salut».

TF120.45 À 10 minutes de la plage J. Téléfilm avec Laurent Gamelon, Catherine Marchal, Michel Vuil-lermoz. Une comédie lourde

et «surjouée».22.30 New York section cri-minelle. Série avec V. D’Onofrio 3.France 220.35 The closer : «Comme une odeur de meurtre», «L’ins-tinct ma ternel». Série avec

Kyra Sedgwick.22.05 Mots croisés. Magazine présenté par Yves Calvi.France 320.35 Les barbouzes J. Comédie en NB (1964) de Georges Lautner, avec Lino Ventura, Bernard Blier, Francis Blanche (1h48). Une comédie hilarante.22.50 Ce soir (ou jamais). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.00.05 La case de l’oncle Doc «Allers retours au pays de mes origines». Documentaire.Arte

20.35 Histoire d’Adèle H. GA. Drame (1975) de François Truf-faut, avec Isabelle Adjani (1h33). Cette histoire tragique manque de chair et de passion.22.10 Sidi Larbi Cherkaoui «Rêves de Babel». Documentaire.23.10 Nollywood en Flandres. Documentaire.00.00 Nathan le sage. Drame muet et en NB (1922) de Manfred Noa, d’après G. E. Lessing, avec Werner Krauss (2h03).M620.40 Enquête exclusive grand format «Les villes de demain». Magazine de B. de la Villardière.22.25 Recherche maison ou appartement.00.35 Le labyrinthe de Pan A. Fantastique (2006) de Guillermo del Toro, avec Sergi Lopez, Maribel Verdú (1h50) 3. Assez bien fait, mais caricatural et très violent.Canal +20.50 Engrenages (9 et 10/12) GA. Série avec Caroline Proust 3. Excellent, mais très dur.KTO20.50 Conclusion du mois de Marie, à la grotte de Lourdes.21.45 Saint François d’Assise, le petit pauvre.22.40 Un cœur qui écoute «Pardon».

TF120.45 Dr. House : «En mission spéciale», «Trop belle, trop bête ?», «La part de mystère» GA. Série avec Hugh Laurie. Tou-jours aussi réussi.23.20 Enquêtes et révélations «Rites secrets et pouvoirs occultes : Enquête au cœur de la franc-maçonnerie». Magazine présenté par Magali Lunel.France 220.35 Stars du rire. Divertisse-ment présenté par Patrick Saba-tier, avec Coluche, Raymond Devos, Jean Poiret, Jacqueline Maillan, Bourvil, Thierry Le Luron, Élie Kakou, Pierre Desproges, Fer-nandel, Jacques Martin, Louis de Funès, Laurent Gerra, etc.22.50 Training day GA. Policier (2001) de Antoine Fuqua, avec Denzel Washington, Ethan Hawke (1h57) 3. Un bon sus-pense, mais des violences.01.10 Retour à Roland-Garros.France 3

20.35 La saison des immor-telles GA. Téléfilm, d’après Fré-déric Dard et Robert Hossein, avec Olivier Marchal, Marc Bodnar... 2. (Voir notre analyse page 35)22.40 Ce soir (ou jamais). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.ArteLe foot et son business20.35 La coupe de Bonne-Espé-rance «Une histoire naturelle». 21.20 FIFA «Du foot et du fric» J. Orienté et peu convaincant.22.00 Troisième mi-temps «Dix questions à Andrew Jennings».22.25 The killing (5 et 6/20) A/Ø. Série avec Sofie Grabol. Aussi palpitant qu’émouvant, malgré une scène érotique.M620.40 Pékin Express, la route du bout du monde «Au pays des gauchos, dans le Far West argen-tin». Divertissement.Canal +20.50 Jeux de pouvoir GA. Thriller (2009) (2h02) 2. (Voir notre analyse page 35)KTO20.40 Les mardis des Bernar-dins «Le bouddhisme et le salut», avec Pierre Crépon, Michel Hulin, Yoko Orimo.21.45 Église du monde «Chine».22.20 VIP «Alina Reyes».

samedi 29 mai Dimanche 30 mai lundi 31 mai Mardi 1er juin

émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses boud-dhistes», «Islam», «Source de vie», «Présence pro-testante» - 10h30 Le jour du Seigneur «Décou-vrir, agir, comprendre, partager» (et à 11h30) - 10h45 Messe en l'église Saint-Ignace, à Paris.

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télévision

FRANCECatholique n°3214 28 mai 2010 37

sur France 2Dimanche 30 mai à 20h35Quelques jours avec moi GAMartial sort d'une maison de santé. Sa mère, propriétaire d’une chaîne de supermarchés, l’envoie en tournée en province. On retrouve la petite musique de Claude Sautet dans ce film original, magistralement interprété. Mais le comporte-ment du héros n'est pas toujours très crédible, et le réalisateur change trop brutalement de registre. La licence de mœurs est totale, divorce et remariage étant considérés comme normaux, et le mari est très complaisant.

TF120.45 Esprits criminels : «Repré-sailles», «Parasite», «Hansel et Gretel». Série avec Joe Mantegna, Matthew Gubler 2.00.00 Lost «Les disparus». Série avec Matthew Fox 2.France 220.35 Le repenti (2/2) A/Ø. Télé-film avec Aurélien Recoing, Bruno Debrandt, Natacha Lindinger, Éli-sabeth Vitali, Artus de Penguern, Swann Arlaud, Carlo Brandt (1h40) 3. Toujours très prenant, malgré une scène très brutale et un viol pénible à voir.22.20 L’objet du scandale. Magazine présenté par Guillaume Durand.00.45 Retour à Roland-Garros.France 3

20.35 Des racines et des ailes «L’art des jardins». Magazine pré-senté par Louis Laforge, depuis le Jardin des Plantes, à Paris.22.55 Ce soir (ou jamais). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.Arte20.35 Les mercredis de l’his-toire «Le secret englouti d'Hitler» J. La bataille de l'eau lourde, en Norvège et l'expédition actuelle qui tente de retrouver les bidons d'eau lourde immergés au fond d'un lac. Intéressant.21.25 Les mercredis de l’his-toire «Le Maghreb sous la croix gammée» J. Une entreprise de réhabilitation louable, mais pas toujours très objective.22.20 Le dessous des cartes «Visions de la Russie».22.35 Hors jeu J. Comédie dra-matique en VO (2006) de Jafar Pa nahi, avec Sima Mobarak Shahi, Safar Samandar (1h26). (Voir notre analyse page 35)M620.40 Nouvelle star. Divertisse-ment présenté par V. Guilhaume, avec Lio, Philippe Manœuvre, André Manoukian et Marco Prince.Canal +20.50 Carlos (3/3). Téléfilm de Olivier Assayas, avec Edgar Rami-rez, Alexander Scheer (2h) 3.KTO20.40 Comme un grain de sénevé (4/6). Série documentaire.21.45 La famille en questions «Quelle écologie en famille ?».22.20 La foi prise au mot.

TF120.45 La plus belle femme du monde. Divertissement présenté par Christophe Dechavanne et Patrice Carmouze.23.15 C’est quoi, l’amour ? Magazine de Carole Rousseau.France 220.35 N’oubliez pas les paroles. Divertissement présenté par Nagui, avec Michaël Youn, Came-lia Jordana, Gérard Holtz, etc. 22.45 Vous aurez le dernier mot ! Magazine de Franz-Olivier Giesbert.00.25 Retour à Roland-Garros.France 320.35 Thalassa «Tous à la plage !». Magazine de Georges Pernoud.22.55 Vie privée, vie publique, l’hebdo «Julien Lepers, Bruno Solo et Yvan le Bolloc’h». Maga-zine présenté par Mireille Dumas.00.10 Toute la musique qu’ils aiment «Une journée avec… Richard Galliano».Arte

20.35 À deux, c’est plus facile J. Téléfilm avec Michel Galabru, Luce Radot, Alexandra Stewart (1h18). Cette jolie histoire de cohabitation entre un homme âgé et une très jeune fille est émou-vante, mais manque de rythme.21.55 Après l’éruption «Quand la nature renaît». Documentaire.22.45 Grand format «Le ventre des femmes» GA. Cette histoire de stérilisation forcée des Péruviennes est terrible, tout comme certaines images.M620.40 NCIS, enquêtes spé-ciales : «La filière chinoise», «Code d’honneur», «Sous couver-ture», «Zone d’ombres». Série avec Mark Harmon 2.23.55 Californication. Série 3.Canal +20.50 Anges et démons GA. Thriller (2008) de Ron Howard, d’après Dan Brown, avec Tom Hanks, (2h13) 3. Cet assez bon thriller n’évite pas les erreurs ni les simplifications. Au moins est-il moins corrosif que le livre.KTO20.40 De l’autre côté du mur. Un documentaire sur Chypre.21.45 La vie des diocèses «Moulins».22.20 Les mardis des Bernardins «Le bouddhisme et le salut».

TF120.45 Profilage : «Comme sa mère», «Une vie pour une autre», «Sans rémission» GA. Série avec Guillaume Cramoisan, Odile Vuillemin 2. C’est tou-jours cocasse et prenant, mais pas toujours très crédible.23.35 Les nerfs à vif A/Ø. Thriller (1991) de Martin Scorsese, avec Robert De Niro, Nick Nolte, Jes-sica Lange, Juliette Lewis (2h08) 3. Ce thriller est excel-lent, mais d'une violence atroce.France 220.35 Envoyé spécial «20 ans». Magazine présenté par G. Chenu et Françoise Joly, avec Michel Denisot, Nicolas Poincaré, Arlette Chabot, Isabelle Giordano, etc.23.35 Infrarouge «Jeu décisif». Documentaire.01.30 Retour à Roland-Garros.France 320.35 Impitoyable A/Ø. Western (1992) de et avec Clint Eastwood, et avec Gene Hackman, Morgan Freeman, Richard Harris, Frances Fisher (2h06) 2. Un excellent western, qui n'évite ni les brutalités gratuites ni l'érotisme.23.10 Ce soir (ou jamais). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.Arte

20.35 Masques GA. Policier (1987) de Claude Chabrol, avec Philippe Noiret, Robin Renucci, Monique Chaumette, Bernadette Lafont, Anne Brochet (1h36). Ce excellent Chabrol est une satire mordante de la société. Mais c'est un peu angoissant.22.10 1967, été de l’amour «Free love». Documentaire.23.05 Tracks.M620.40 Lie to me : «Ennemis intérieurs», «Alter ego», «Femmes sous influence». Série. 2.23.10 Enquêtes extraordinaires «Ils sont revenus de la mort». Canal +20.50 Desperate housewives (19 et 20/23). Série avec T. Hatcher 2. KTO20.15 Parlons-en «Le choix des hommes : L’entreprise à visage humain», avec Xavier Fontanet, Xavier Grenet. 22.15 Questions ouvertes.22.45 Concert «Les saisons», inté-grale de Joseph Haydn.

Mercredi 2 juin Jeudi 3 juin vendredi 4 juin

T : ToutpublicJ : AdolescentsGA: GrandsadolescentsA : AdultesØ : Œuvre(ouscène)nocive : Elémentpositif : Elémentnégatif

Repères

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RaDiosRadio Notre-DameLundi 31 mai au jeudi 3 juin8h Les matinales, avec la chro-nique de Gérard Leclerc (à 8h07).Lundi 31 mai11h Aujourd’hui l’église «400e anniversaire de l’ordre de la Visita-tion, en la fête de la Visitation».Mardi 1er juin9h Le Bistrot de la Vie «La soli-tude».16h Parole et Musique «Entretien avec le pianiste et compositeur Kit Armstrong».22h écoute dans la nuit «A votre écoute... Autour de la Parole de Dieu... En quoi l’Eucharistie nous fait-elle devenir le corps du Christ», avec le Frère Gérard Guit-ton (Franciscain).RCFLundi 31 mai14h30 Halte spirituelle «La spiri-tualité de saint François de Sales», avec le Père Michel Tournade (à l’occasion du 400e anniversaire de la Fondation de l’ordre de la Visitation). (Tous les jours, à 14h30 et 20h45.)RCF (17h) et Radio Notre-Dame (18h30)Jeudi 3 juinFace aux Chrétiens «Valérie Pe cresse» (Ministre de l’Enseigne-ment Supérieur et de la Recherche).France CultureDimanche 30 mai10h Messe. «Trinité», depuis l’église Notre-Dame, Place de l’église, 95430 Auvers-sur-Oise. Chœur : les Moineaux de l’Oise. Commentée par le Frère Laurent Lemoine. Marie BIZIEN

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Paris✔ L'association interreligieuse et laïque «Cieux», qui a pour objet de faciliter le «vivre ensemble» en suscitant et organisant des rencontres entre les fidèles des communautés religieuses, pro-pose des soirées-débat. Le 15 juin (19h30-21h30), à la mos-quée Omar, place Jean Pierre Timbaud (75011) «La rencontre» avec Hichem Bakri (porte-parole de la mosquée), Serge Benhaim et Elie Ebidia (président et rabbin de la Synagogue Abravanel), père Francis Barjot (Notre-Dame d'Espérance)... Également le 15 juin (20h-21h30), dans le cadre des «150 ans du 19e » à Saint Jacques-Saint Christophe, 3 place de Joinville (75019) «Mémoire, histoire et traditions dans le 19e-150 ans de diversité religieuse et laïque» avec le père Bernard Queruel (Saint Jacques-Saint Christophe de la

Villette), Goran Sekulovski

(professeur à l'Institut St Serge)...Rens. 06 76 84 51 9✔ À l’occasion de la parution du livre de Christoph Theobald "«La réception du concile Vatican II» 1. Accéder à la source" (édition du Cerf), une soirée est prévue le 8 juin (19h30-21h30), avec Gilles Routhier (Faculté de théologie, Université Laval, Québec), Laurent Villemin (Theologicum, Institut Catholique de Paris), Christoph Theobald (Faculté de théologie, Centre Sèvres), animée par François Euvé (Doyen de la Faculté de théo-logie, Centre Sèvres). Libre par-ticipation aux frais. Au Centre Sèvres, Faculté de Théologie, 35 bis, rue de Sèvres, 75006 Paris, ✆ 01.44.39.75.00 / www.centre-sevres.com✔ Un pélé VTT organisé avec plusieurs centaines de jeunes (11-15 ans) en direction du sanc-tuaire marial de Rocamadour, se déroulera pour les animateurs (à partir de 17 ans avec Bafa, ou à partir de 18 ans sans Bafa) du 3 au 9 juillet. Rens. ✆ 06.74.10.

38.72 / [email protected] / inscriptions en ligne sur www.pele-vtt.fr✔ Une Table ronde "La pensée religieuse russe et sa récep-tion contemporaine" autour du recueil Les Jalons Cent Ans Après (éd. François-Xavier de Guibert), est prévue le 31 mai (19h30-21h30), avec Antoine Arjakovsky (docteur en Histoire...), Jean-Baptiste de Foucauld (fon-dateur de l'association Solidarités nouvelles face au chômage...) et Michel Eltchaninoff(professeur agrégé de philosophie), au Collège des Bernardins, 20 rue de Poissy, 75005 Paris. Tarifs : 5 €, 3 € (réduit). Rens. ✆ 01 53 10 74 44 - www.collegedesbernardins.frCôte-d'Armor✔ Deux témoignages sur la guérison, au sanctuaire Saint-Cyriaque, par Thierry Faivre d'Arcier (psychologue à Hédé), témoin de sa guérison profonde il y a trois ans. Il nous dira com-ment nous sommes tous appelés à être touchés par la présence

aimante de Jésus Christ) : le 28 mai (14h), conférence et prières. Rens. Marie-France et Alain Hypollite, au ✆ 02.96.84.56.85, "Pon t de Ké rua l " , 22980 Trébédan, (près de Saint Juvat et Trefumel) ; le 9 juin (20h30) au bistrot communal de Saint-Judoce, "Guérir avec Jésus, est-ce encore possible aujourd’hui ?". Rens. ✆ 02.96.27. 40.02/[email protected]✔ Au Centre Notre-Dame de Temniac, 24200 Sarlat, ✆ 05.53. 59.44.96 / [email protected] / www.temniac.org, une session est prévue le 7 juillet (12h-18h) "Charles de Foucauld : l’unité d’une vie abandonnée à Dieu, livrée aux hommes", avec les Petits Frères de l’Évangile. Pique-nique partagé et libre parti-cipation aux frais.Seine-et-Marne✔ À l’occasion de la célébration par la commune de Barbizon du 150e anniversaire de la créa-tion du tableau «L’Angélus» de

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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Jean-François Millet, une jour-née d’étude est proposée le 5 juin, «L’Angélus : une prière, un tableau, un peintre». De la prière de l’Angélus, à la vie de Jean-François Millet, de la place de ce tableau dans l’œuvre de l’ar-tiste à sa diffusion par l’imagerie populaire, de son statut d’icône à son écho dans la littérature... avec Lionel Walker (Vice-président du Conseil général, chargé du tou-risme, du patrimoine et des musées), et Isabelle Rambaud (Directrice des Archives, du patrimoine et des musées départementaux), à l’espace culturel Marc Jacquet, 77630 Barbizon. Les participants seront invités à visiter : le musée dépar-temental de l’École de Barbizon, la maison-atelier de Jean-Fran-çois Millet, l’exposition «150 ans après sa création, 100 artistes contemporains interprètent l’An-gélus de Millet», le cimetière de Chailly-en-Bière : tombes de Jean-François Millet et de Théo-dore Rousseau. Rens. : ✆ 01 64.14.71.15 / 06.74.53.66.15.Apprendre à peindreune enluminure ✔ Les ateliers Saint-Nicolas, 15 Grande Rue, 70110 Gouhenans, ✆ 03.84.20.10.57, organisent, du 12 au 18 juillet, une session d'initiation ou de perfectionne-ment à la peinture traditionnelle de miniatures et d'enluminures byzantines et romanes sur par-chemin, fabrication et utilisation des pigments minéraux, végé-taux, animaux, découvrir la sym-bolique, les registres, l'histoire de cet art.Chemin de Vézelay✔ Les 29 et 30 mai, plusieurs centaines de pèlerins seront sur le chemin de Vézelay, sur le thème "Le prêtre, un signe de contradiction", pour arri-ver au chef-d’œuvre de l’art roman bourguignon du XIIe siècle, la Basilique Sainte Marie-Madeleine. Tous - enfants, jeunes, adul tes , a înés, ou familles - suivront l’une des six routes adaptée au niveau de

marche de chacun. La messe de clôture sera célébrée le 30 mai (17h) par Mgr Patrick Le Gal (évêque auxiliaire de Lyon). Départ le 29 (8h30) de Paris, place du Gén. Leclerc (Porte d’Orléans). Transport par cars. Tarifs entre 36 à 66 €. Avec la Communauté Aïn-Karem (Communauté catho-lique, au service de l’évangélisation) et le Mouvement Résurrection (fondé en 1958 par Mgr Charles, pro-pose un engagement dans l’apostolat). Rens. pour les routes : jeunes, ✆ 06.13.79.36.26, adultes, familles, ✆ 06.72.96.23.82 / [email protected] / www.mouve-ment-resurrection.orgPèlerinages✔ Une marche spirituelle dans le désert Égyptien, pour tous, accompagné par le frère Alain de la Croix et un prêtre de la communauté Saint-Jean, est prévue du 15 au 23 octobre. Rens. : Frère Alain de la Croix ✆ 02.47.92.26.07 / [email protected]✔ La 26e année pour la retraite- itinérante "Bordeaux-Lourdes" aura lieu : depuis Notre-Dame de Verdelais du 1er au 15 août ou depuis Notre-Dame de Maylis (Landes) du 6 au 15 Août, sur le thème des Actes des Apôtres "Mais vous allez rece-voir une force, celle du Saint-Esprit, qui viendra sur vous. Alors, vous serez mes témoins... jusqu'aux extrémités de la terre" (Actes 1.8). Marche (20-25km/jour) - silence - prière, offices, Eucharistie et adoration - par-tages de la Parole. Vous avez de 17 à ... ans, soif de prendre un temps avec le Seigneur à la suite de l'Immaculée Conception, dans l 'espr i t des pèler ins d'Emmaüs, contactez-nous : Communion des Pèlerins de l'Immaculée Conception, 19, av. Toulouse-Lautrec, 33740 Arès, ✆ 05 57 70 46 16 / 05 53 63 12 00 / 05 56 97 76 87.

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ABONNEMENTS À FRANCE CATHOLIQUEFrance, 6 mois : 58 €/ 1 an (47 numéros) : 110 € / Étranger, 1 an : 122 €. Abon nement sou tien : 250 €. Pour la Bel gique, virements à l'ordre de E. Ker khove, chaus sée de Dottignies 50 7730 Es taimpuis, tél. 056. 330585, compte ban caire : 275.0512. 029.11.Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux sur notre compte chèques postal SCE 43 553 55 X La Source, ou bien par mandats in ternationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques bancaires libellés en euros et pa yables en France ou par chèques ban-caires domiciliés à l'étranger mo yen nant une surtaxe de 18 €, ou par carte bancaire via le site internet www.france-catholique.fr ou par télé-phone : 01 46 30 37 38. Le journal ne rem bourse pas les abonnements interrompus du fait de l'abonné / Ne paraît pas en août.

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