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Comment pallier aux handicaps avec les outils numériques

FREINET 3.0 �1Baptiste MELGAREJO - Année 2014-2015

Remerciement

J'adresse mes remerciements aux personnes qui m'ont aidées dans la réalisation de ce mémoire.

En premier lieu, je remercie les formateurs et intervenants à la formation du 2CA-SH, à l’EPSE de Maxéville durant les Années 2013-2014 et 2014-2015.

Je tiens à apporter mes plus vifs remerciements à l’Equipe Administrative du Lycée Henri Nominé, qui m’a soutenue dans la mise en place de l’Ulispro. Plus particulièrement l’équipe de direction qui m’a donné la possibilité d’expérimenter les méthodes Freinet.

Je remercie aussi, la Proviseur Adjointe pour avoir été un catalyseur pour le démarrage et la mise en place de cette aventure.

Mes remerciements s’adressent à tous mes collègues sans qui le travail d’inclusion n’aurait pu être une réussite.

Finalement, mes remerciements s’adressent aussi à toutes les personnes, qui m’ont prêtées main forte durant la rédaction de ce mémoire pour leur travail de relecture et leur avis critique et constructif sur ce mémoire.

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Introduction Mon intérêt pour la formation 2CASH et pour devenir enseignement spécialisé est lié à mon parcours en lycée professionnel. Enseignant PLP génie mécanique option productique au sein du lycée Henri Nominé de Sarreguemines, je suivais des classes de Bac Professionnel et de CAP.

L’arrivée d’un nouvel élève dans une classe de bac pro technicien d’usinage ayant des « traits autistiques » m’a questionné sur mes pratiques d’enseignement . Cette remise en question a été amplifiée par la présence d’un autre élève avec un handicap d’apprentissage, qui était dyspraxique.A l’époque, personne n’était en mesure de m’expliquer comment transmettre notre savoir vis-à-vis d’un public ayant des troubles « dys ». Un élève ayant des troubles visuels corrige cet handicap par le port de lunettes. Il s’agissait donc de trouver comment palier le handicap des élèves « dys », par analogie avec l’exemple ci-dessus. Dans un premier temps, je me suis renseigné sur les troubles autistiques, ainsi que sur les troubles « dys », en particulier sur la dyspraxie.J’ai donc retravaillé l’ensemble de mes cours afin de les rendre accessibles à l’élève dyspraxique, en améliorant leur lisibilité (grâce à un format de police plus grand et plus aéré). Cependant cela n’était pas suffisant, l’élève avait toujours des difficultés à écrire et il était difficile de le relire.

Etant adepte des nouvelles technologies, et enseignant avec une tablette depuis plusieurs années, je me suis posé les questions suivantes:

- Une tablette peut-elle aider à la transmission de connaissances, pour des élèves porteurs de handicap ?

- Ai-je besoin de retravailler l’ensemble de mes cours ?- Est ce que mes collègues sont prêts à intégrer l’outil numérique dans leurs séances

pour aider l’élève « dys » ?

Une autre difficulté pour ces élèves, outre leurs troubles cognitifs qui entravent l’apprentissage est leur arrivée dans une classe, où ils ne sont pas forcément bien perçus. Certains de mes collègues, ne connaissant pas les troubles cognitifs, avaient des aprioris, avec une connotation socialement négative. Ainsi, lors de réunions pédagogiques, j’ai pu entendre des remarques telles que «  Alors à quoi bon donner des outils nomades à des élèves qui n’arriveront jamais à les utiliser ». Il me semble important de lutter contre ces préjugés, expliquer et faire connaitre les troubles cognitifs parait être de bons leviers d’acceptation.…FREINET 3.0 � 1

Ce mémoire reprend ainsi le cheminement qui m’a amené à faire évoluer mon enseignement et à l’adapter pour des élèves ayant des troubles de l’apprentissage avec l’aide de l’outil numérique. J’ai ainsi mis en place cette année une classe numérique 3.0 au sein de notre Ulispro.

La première partie de ce mémoire porte sur la définition des troubles de l’apprentissage avec un focus particulier sur un trouble «   dys   », la dyspraxie. Nous regarderons, brièvement, d’un point de vue neurosciences.Dans la seconde partie, nous nous intéresserons aux différentes pédagogies qui semblent être adaptées aux élèves porteurs de troubles de l’apprentissage, en particulier la pédagogie Freinet. Enfin, la troisième partie montre la mise en oeuvre de cette pédagogie pour des élèves ayant des troubles de l’apprentissage, au sein de l’ULIS Pro inaugurée à la rentrée 2014-2015.

J’espère que ce mémoire permettra à certains enseignants de modifier leurs pratiques pédagogiques avec l’aide du numérique, face à des élèves porteur de handicap DYS.

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Sommaire

Introduction 1

I. La problématique 4

1. Les troubles « DYS », en particulier la dyslexie 4

2. L’approche neurologique 7

3. Les neurosciences 9

4. L’aspect légal … 11

II. Quelles pédagogies pour des élèves avec des difficultés d’apprentissage? 12

1. L’indignation d’un Hussard Noir … 13

2. L’école nouvelle… 14

3. Donner un sens… 15

4. La coopération… 16

5. Le tâtonnement expérimental 18

6. Sortir de l’école 20

7. L’ éducation dans tout ça … 21

III. Mise en oeuvre pédagogique au lycée Henri Nominé 22

1. Démontrer le bien-fondé des outils numériques 23

2. Expérimenter les outils pédagogiques 25

3. Convaincre l’achat d’outils numériques innovants 26

4. Informer et former des collègues 26

5. Changer le regard de certains enseignants 27

6. Former les élèves DYS à ces outils 3.0 27

7. Echanger sur ces pratiques avec d’autres établissements 28

8. Intégrer des fabricants d’outils numériques dans le monde de l’Education 29

9. Se tenir informer des évolutions numériques 29

Conclusion 30

Bibliographie 31

Références et Liens internet 32

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I. La problématique Dans le domaine de l’éducation, nous entendons de plus en plus parler d’élèves ayant des troubles des apprentissages. Mais qu’est ce qu’un trouble des apprentissages exactement?La définition du site internet de l’ONISEP est la suivante :1

« Les troubles des apprentissages couvrent les troubles en "dys" (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie) et le TDAH (trouble du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité). D’autres symptômes y sont souvent associés : perte de confiance en soi, anxiété, agressivité, rejet de l’école… Des troubles de la mémoire peuvent être associés à un TDAH. Ces troubles ne relèvent pas de la déficience intellectuelle, qui concerne un ensemble de fonctions cognitives.».

Par cette définition, nous comprenons que les troubles des apprentissages sont des pathologies médicales.

1. Les troubles « DYS », en particulier la dyslexie Le préfixe DYS vient du grec et veut dire «  difficile  ». Il regroupe plusieurs troubles spécifiques et durables du langage et de l’apprentissage, que nous verrons par la suite.

L’organisation mondiale de la santé, l’OMS (organisation mondiale de la santé), a classé ces troubles dans le CIM-10 (classification internationale des maladies) et les répertorie au chapitre 5 dans l'item F80 des troubles cognitifs. Il s’agit d’un dysfonctionnement neurologique qui se traduit par plusieurs troubles des apprentissages :

• Les troubles de la lecture (acquisition du langage écrit) : on parle de dyslexie • Les troubles du développement moteur et de l’écriture : on parle de dyspraxie• Les troubles des activités numériques : on parle de dyscalculie.• Les troubles du langage oral : on parle de dysphasie.• Les troubles de l’attention avec TDAH ou sans hyper-activité TDA.

Le site internet de l’INSERM explique en détail chacun de ces troubles, par des schémas, 2

videos et autres support .

Cette expression « DYS » est apparue en France au cours des années 80-90, dans les milieux de la petite enfance. Est-ce à dire qu’il s’agit d’une « invention » récente, que ces enfants n’existaient pas antérieurement ? Bien sûr que non ! Ils ont toujours existé, mais ils étaient confondus dans une population plus large – celle des déficients mentaux – à une époque où nous ne disposions ni des concepts, ni du cadre sémiologique, ni des moyens diagnostiques pour les en différencier. Cela peut expliquer pourquoi certains collègues pensent, à tort, que les élèves DYS sont des élèves « sous-doués ». Cependant, de nombreuses études et sujets

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de recherche actuels nous montrent que ces enfants, adolescents et adultes, compensent leur handicap cognitif en travaillant différemment. En annexe de ce mémoire sont reprises les références bibliographiques des ces études.

Dans le cas de ce mémoire, je traiterais des outils numériques que j’utilise au quotidien avec certains de mes élèves qui ont un trouble cognitif spécifique ou associé: la dyslexie.

Définition du trouble dyslexiqueCette partie s’attache à définir ce trouble. Ce trouble est par ailleurs certainement le trouble cognitif qui parle le plus aux gens, et le plus commun. Le terme s’est vulgarisé, on entend régulièrement « mon enfant a du mal à s’exprimer il est «  dyslexique   »   ». La dyslexie a mené de nombreux élèves chez des orthophonistes afin de ré-éduqué ce trouble du langage.En effet, les premières études datent des années 1990. Le premier ouvrage francophone qui traite du sujet a été publié en 1997. .

Deux symptômes caractérisent la dyslexie telle qu’elle est définie par la CIM-10:- un défaut d’acquisition de lecture entraînant un décalage de performance par rapport à

la moyenne des individus,- et une normalité de l’intelligence en l’absence d’autre pathologie.A partir de ce constat, nous allons parler d’élèves neurotypiques (qui représentent la norme) et d’élèves ayant des troubles dyslexiques.

La part d’élèves dyslexiques par rapport à une classe d’âge varie très peu d’un pays à un autre. Cela ne s’explique pas par le fait que l’évaluation soit différente d’un pays à un autre , mais par le fait que la dyslexie soit un trouble du langage, et donc de la langue maternelle. Cependant il a été démontré que

les langues dite «   transparentes   », telles que l’Allemand, où la correspondance graphème-phonème est univoque sont celles où l’incidence de la dyslexie est la plus faible (à l’opposé l’Anglais qui est une langue dite « opaque »). Malgré ce constat, la part d’élèves ayant des difficultés est de 7,3 % aux USA, de 3,6 % en Italie, quant à la France, on estime à 5% soit 40 000 enfants d’une classe d’âge. (voir l’entretien avec Franck Ramus) .3

Le dépistage de ce trouble est aujourd’hui réalisé chez un orthophoniste dès la seconde année de lecture .

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© La constellation des dys . Michel Habib . De Boeck Supérieur, 2014. ISBN : 2353272622, 9782353272624

© La constellation des dys . Michel Habib . 2014.

L’origine neurologique du trouble dyslexique

Ce trouble a longtemps été associé à la paresse de l'enfant, comme cela est encore aujourd’hui admis. Les travaux d’Albert Galaburda , étude menée sur 5 cerveaux de patients ayant souffert 4

de dyslexie dans leur enfance, montrent qu’une absence d’asymétrie de la région planum temporale au sein même de l’aire de Wernicke serait la cause de la dyslexie.

L’IRM a permis l’étude de la dyslexie sur des patients vivants. Elle montre plusieurs différences entre le cerveau d'un enfant dyslexique et celui d'un non-dyslexique: «Une équipe française (Laurent Cohen et Stanislas Dehaeme ) a notamment découvert 5

l'existence d'une aire dans le cerveau - l'aire visuelle des mots, située dans le lobe temporal gauche - qui s'active normalement quand on lit, sauf chez un dyslexique. Il s'agit donc d'un véritable marqueur de ce dysfonctionnement», souligne le Pr Michel Habib, neurologue (CHU la Timone, Marseille) qui a par ailleurs édité un livre de référence :   «  La constellation des dys  » (voir chapitre 7, page 138; l’étude des zones cérébrales de la lecture).

L’influence du milieu environnant sur la dyslexie

De nombreuses études ont montré que la dyslexie n’a pas de frontières, les patients peuvent vivre aussi bien dans un milieu aisé ou culturellement riche que dans des milieux défavorisés.

La rééducation

Aujourd’hui, grâce à l’IRM nous savons que notre cerveau est bien plus complexe que la représentation cartographie que l’on percevait jusqu’à présent. Il nous suffit d’observer les principaux faisceaux de substance blanche qui sont impliqués dans la lecture, pour se rendre compte de la complexité de cette action. En étudiant de près ces faisceaux impliqués dans le mécanisme du langage, certains chercheurs ont décidé de stimuler une zone annexe de notre cerveau. Cela a donné lieu à de curieuses expériences de rééducation de la dyslexie par la stimulation musicale. En effet, certains neurones multimodales sont dits « miroirs »: en stimulant

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ces neurones, certaines parties de notre cerveau sont activées. C’est en quelque sorte un apprentissage par mimétisme, ce que les neurologues appellent un apprentissage actif (voir les travaux de l’équipe d’Usha Goswami de Cambridge).6

En résumé, c’est en apprenant aux élèves de manière simultanée (grâce à ces neurones miroirs), plusieurs informations véhiculées dans chacun des systèmes d’apprentissage que l’on renforce les synapses et donc la mémorisation des apprentissages.

Les implications pédagogiques de ces découvertes de la neurologie seront développées dans la partie 3.

La rémédiation de la pathologie

Comme nous l’avons vu, la dyslexie est une pathologie neurologique complexe qui handicape le patient de manière permanente et durable. Elle est reconnue par l’OMS et la la CIM-10, et la recherche en neurologie nous a démontré qu’elle est difficilement ré-éducable.

Aujourd’hui, certaines disciplines émergentes, comme la nanomédecine, tente de mettre au point des nano-médicaments qui permettraient de « booster » une zone particulière du cerveau. Hollywood s’est même inspiré de ce sujet pour sortir en 2011 le film «  Limitless  », où le personnage principal, après avoir ingéré une drogue, devient un super cerveau… mais cela n’est pas sans danger.La difficulté est d’identifier les zones stimulées pour développer les médicaments ciblées. Hors, les études actuelles ont démontré que chaque cerveaux est différent d’une personne à une autre.

Alors en attendant, je pense que le meilleur moyen d’aider les élèves atteint de dyslexie serait de leur donner les moyens de compenser leurs difficultés de lecture…

2. L’approche neurologique D’après l’OMS, les troubles DYS sont un Dysfonctionnement de certaines « zones de notre cerveau ». La loi de 2005 et la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées rappelle que «   l'éducation pour tous impose que des mesures appropriées soient prises pour assurer la scolarisation des enfants et adolescents handicapés ». Nous ne pouvons donc pas faire l’impasse sur le fonctionnement de notre cerveau afin d’aider les personnes atteintes des troubles DYS.

La structure même de notre cerveau est susceptible de nous apporter de nombreuses informations sur son fonctionnement et donc son dysfonctionnement … Notre cerveau est un organe complexe, pour lequel de nombreux chercheurs, médecins et autres personnels

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médicaux ont voué des heures d’études et de recherches aboutissant à des thèses et rapports. Ces recherches peuvent être contradictoires, ce qui peut s’expliquer par les différentes dates de publications.

1. La médecine anatomisteLes première études datent du XIXe siècle, citons par exemple un célèbre médecin, anatomiste et anthropologue français: Paul BROCA . Il étudia pendant des années un 7

patient aphasique nommé Leborgne, en essayant de comprendre le fonctionnement de la parole: lors de son autopsie, il découvrit une anomalie dans le cerveau de ce monsieur qu’il affecta à l’usage de la parole, et il lui donna son nom: L’aire de BROCA . Cependant Paul 8

BROCA avait une certaine vision du cerveau, il pensait que «   la petitesse relative du cerveau de la femme [dépendait] à la fois de son infériorité physique et de son infériorité intellectuelle ». Comme quoi certaines visions ont changées et d’autres perdurent.

2. La neurologieLa plupart des ces études ont eu lieu sur des cerveaux généralement « mort ». A la fin du XIXe siècle, l’étude des maladies du système nerveux, la neurologie, s’est séparée de la psychiatrie, et s’est intéressée au cerveau en état de fonctionnement.Aujourd’hui, grâce à l’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM), la plupart des études réalisées au XIXe  siècle sont remises en cause. Les idées préconçues sur notre cerveau sont très souvent fausses. L’exemple le plus marquant est celui d’un homme qui n’a pas de matière grise, ce qui lui a valu le titre d’homme sans cerveau . Pourtant, cet homme 9

de 44 ans se porte bien, il exerce un métier. Alors à quoi sert cette matière grise? On pensait jusqu’alors, que cette matière grise permettait de stocker la mémoire. Or on sait aujourd’hui que la mémoire dépend, en quelle sorte, du nombre de passage d’informations dans les synapses. Nous savons que chaque individu nait avec le même nombre de neurones et que seules les synapses augmentent en fonction de l’âge et donc des apprentissages. Mais là, il s’agit d’une nouvelle discipline…

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© L’homme sans cerveau (en ligne). 2007. http://sweetrandomscience.blogspot.fr/2013/03/la-semaine-du-cerveau-et-lhomme-au.html

3. Les neurosciences Naissance des neurosciences

Cette nouvelle approche date des années 60 et porte le nom de Neurosciences . Cette 10

discipline désigne la branche des sciences biologiques qui s'intéresse à l'étude du système nerveux, allant de l’échelle moléculaire, à l’échelle de l’organe, c’est-à-dire du cerveau, voire du corps entier. Les neurosciences sont une des 6 disciplines qui constituent les sciences cognitives. C’est dans ce cadre que nous assistons à l’émergence des neuro-pédagogies.Cette science vise à comprendre le fonctionnement du cerveau, dans l’objectif d’adapter les méthodes pédagogiques de manière à améliorer l’apprentissage. C’est en quelque sorte l’idée des neuropédagogies, étudier le fonctionnement des apprentissage pour aider les élèves à mieux mémoriser. De nombreux pédagogues souhaitent aider leurs élèves à devenir de « super élèves » qui retiendraient tout ce que l’on pourrait leur apprendre…Quel enseignant n’a pas espéré, un jour, trouver les leviers d’apprentissage qui permettraient à un élève qui éprouve des difficultés dans sa matière, de comprendre et assimiler la méthodologie ou le cours?

Quel lien entre neurosciences et enseignement?

Certains d’entre nous se sont tournés vers l’étude du cerveau en essayant de mettre en application les pédagogies hérités de nos aïeux. L’intérêt est d’apprendre à lire en fonction du cerveau et non pas «   formater   » notre cerveau en fonction des méthodes d’apprentissage. On oppose habituellement deux types de méthodes d'apprentissage de la lecture : l'une va de l'élément simple, la lettre, vers le texte (méthodes dites syllabiques ou alphabétiques), l'autre va du texte vers la lettre (méthodes analytiques, dites également globales ou semi-globales). Mais existe-t-il seulement 2 méthodes? Visiblement en faisant quelques recherches sur internet, on trouve beaucoup plus de méthodes, le site wikipedia les a répertoriées :11

• Méthode syllabique• Méthode globale• Méthode mixte• Méthode naturelle• Autres méthodes

La méthode naturelle est la méthode qui, plus que les autres, interpelle le pédagogue que je suis. La définition qui est donnée est la suivante: « Fondée sur le processus du tâtonnement expérimental et les interactions entre l'individu et le groupe, elle s'appuie sur les intérêts réels de FREINET 3.0 � 9

l'enfant et lui permet de mettre en œuvre simultanément toutes les approches qui lui sont nécessaires : syllabique, globale, corporelle, sociale... La méthode naturelle n'utilise en principe pas de manuel, mais les écrits des enfants eux-mêmes, riches de sens pour eux. » Cette méthode a été développée par un Célestin Freinet. Cette méthode pédagogique est développée dans la seconde partie de ce mémoire.

L’approche des neurosciences pour l’enseignement

Les neuro-pédagogies ne constituent pas une «  recette de cuisine  » qui expliquerait la méthode la plus appropriée, la plus adaptée en fonction des pathologies. L’approche des neuro-pédagogies développe une « philosophie » dans laquelle enseignant et apprenant travailleraient conjointement, basée sur l’analyse des mécanismes d’apprentissage par notre cerveau (avec pour appui les IRM et autres méthodologies expérimentales).

Certains ouvrages commencent à parler des neurosciences appliquées pour l’éducation, citons par exemple le livre de Mme Pascale Toscani, « Les neurosciences au coeur de la classe ». Ce manuel destiné aux élèves est un complément à l’ouvrage « Neurosciences au coeur de la classe » destiné, lui, aux enseignants.Ces deux manuels permettent d’expliquer le fonctionnement de notre cerveau de manière générale et assez simplifiée pour qu’élèves et enseignants puissent communiquer sur les neurosciences.

Il explique, par exemple, les différents types d’intelligence que l’on peut développer en fonction des activités (lecture, mathématique etc…), et ce, sous la forme de cartes heuristiques . Il permet 12

aussi à l’élève d’apprendre à gérer son cerveau vis à vis du stress et du sommeil, de comprendre l’impact de la nourriture pour faire fonctionner notre cerveau de manière optimale. On apprend, par exemple que malgré sa faible masse (2 % de notre corps), notre cerveau mobilise 20 % de la circulation sanguine et consomme beaucoup d’eau. Des études ont montré que des personnes en état de déshydrations avancée avaient de réels troubles cognitifs, alors que bien hydratés, elles n’éprouvent aucunes difficultés (voir l’émission X:enius sur 100 litres par jour). Nous savons donc que pour bien réfléchir, nous devons bien nous hydrater tout à long de la journée et oxygéner avec de l’air frais nos « neurones ».

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© Les neurosciences au coeur de la classe . Pascale Toscani . Chronique Sociale (31 mars 2014).

ISBN : 236717072X, 978-2367170725

L’intelligence dans l’apprentissage

Nous devons revenir sur un point essentiel de notre éducation: la notion d’intelligence. Que signifie ce terme? Cela veut-il dire qu’un élève d’une classe d’âge correspond à une norme représentative de cette classe d’âge? Peut-on mesurer cette intelligence? Un élève Dyspraxique ayant, généralement, un QI plus élevé que ses camarades est-il plus intelligent que ces derniers?

Pour Jean Piaget , l'intelligence n'est pas une faculté mentale parmi d'autres, mais une 13

modalité d'une fonction plus générale: « l’adaptation ». Il la définit comme l'état d'équilibre maximum entre un organisme vivant et le milieu. Ainsi, l'adaptation mentale est un prolongement de l'adaptation biologique.

Il y a progrès intellectuel grâce à deux mécanismes opposés et complémentaires :• l’Assimilation: c'est l'incorporation des expériences nouvelles dans des structures

existantes. • l’Accommodation: c'est la modification des schémas (structures) existants, provoquée

par les expériences nouvelles.

Jean Piaget a longuement étudié des méthodes d’apprentissage différentes, en particulier la méthode Freinet (nombre de documents vidéos, restaurées par la télévision suisse, montre Piaget qui explique son point de vue sur les sciences de éducation )14

4. L’aspect légal … La loi 2005-102 du 11 février 2005 , en inscrivant l'égalité des droits et des chances, ainsi 15

que la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, ouvre l’accessibilité à l'école en milieu "ordinaire" pour tout handicapé en fonction de son projet de scolarisation ainsi que la mise en place de mesures individuelles de compensation destinées à rétablir l'égalité des chances . La Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées rappelle que l'éducation pour tous impose que des mesures appropriées soient prises pour assurer la scolarisation des enfants et adolescents handicapés.

Dans ces conditions, nous ne pouvons pas faire l’impasse sur le fonctionnement de notre cerveau , ni sur les sciences de l’éducation qui permettrait à nos élèves, en situation de handicap, d’avoir l’intelligence (au sens tel que la définit Jean Piaget) leur permettant d’être égale vis-à-vis des « neuro-typiques ».

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II. Quelles pédagogies pour des élèves avec des difficultés d’apprentissage?

Etant enseignant en lycée professionnel et ayant des élèves éprouvant des difficultés d’apprentissage (CAP et Bac Pro), je me suis vite rendu compte que les méthodes que j’avais suivies lors de ma scolarité n’étaient plus adaptées à mon public. Lors de nos discussions entre collègues deux thèses étaient avancées:- La première : Les élèves sont de plus en plus mauvais, car d’après certains collègues

« notre système éducatif leur en demande de moins en moins, ils sont donc obligés de devenir mauvais ». D’autres pensent que « c’est de la faute d’un système qui abandonne ces enfants (parents, institution, enseignants eux-mêmes etc…) , et on peut rien y faire»…

- La seconde : nos méthodes éducatives ne correspondent plus à notre public, comment intéresser des ados, ces ados de la génération Z. Cette génération qui est née dans les années 1990, la génération « qui a grandi avec les jeux vidéo et les téléphones portables, a gagné des aptitudes cérébrales en terme de vitesse et d’automatismes, au détriment parfois du raisonnement et de la maîtrise de soi » explique Olivier Houdé (professeur de psychologie, CNRS-La Sorbonne).

Vous l’aurez compris, parmi ces deux courants de pensée, j’ai opté pour la seconde. C’est à dire développer des méthodes d’apprentissage autres que celles que j’avais suivies lors de ma scolarité. La question s’est alors posée sur les méthodes pédagogiques adaptées à mes élèves. Mon premier réflexe a été de chercher ces informations sur internet . Cette approche de la recherche et de la mise à disposition de l’information aura un impact sur ma pédagogie: à partir de ce moment là, je me rend compte que l’on peut apprendre à son rythme et donc je décide de mettre en ligne l’ensemble de mes cours sur un site personnel que mes élèves peuvent consulter quand bon leur semble… nous sommes en 2004.

J’opte ainsi dès les années 2004 sur des méthodes dites actives: «   Les méthodes actives, c'est l’ensemble des méthodes qui relèvent de ce qu’on appelle « l'apprentissage expérimental » ou constat de performance qui signifie « apprendre en faisant ». La tâche du formateur consiste à impliquer les participants dans des situations tirées de la réalité pour qu'ils puissent appliquer leurs compétences et les faire évoluer au cours de la formation. Les moyens utilisés sont nombreux et doivent toujours être adaptés au processus de formation. Source Wikipédia « Pédagogies actives »Etant enseignant d’atelier, j’ai la liberté de mettre en place des projets techniques. Dès lors, j’implique mes élèves dans la réflexion pour le développement de nouveaux thèmes, au lieu d’être la seule personne active. Je vais donc mettre en place un système de décision entre les

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élèves et moi-même. Puis je vais leur demander d’expérimenter eux-mêmes leur « connaissances » sur les machines outils .J’expérimente avec eux et les laisse décider de leur « méthode de fabrication ». Dans la mise en place de cette nouvelle pédagogie, je vais même jusqu’à ne plus leur donner de notes, mais installer un tableau sur lequel un système de couleur les informe de leurs connaissances et de leurs acquis en fonction des machines. Il est important de souligner que ce type de signalétique a été inspiré des tableaux que ces élèves seront amenés à rencontrer sur leurs futurs lieux de travail.

J’utilise , sans le savoir à l’époque, des notions de la pédagogie Freinet.

Méthode FREINET Célestin Freinet est un pédagogue français, né en 1886 dans les Alpes-Maritimes, mort en 1966. Il modifia considérablement les pédagogiques, allant même à se «  battre  », contre l’institution et même une partie des parents (1932), qui voyait en lui un détracteur 16

communiste. Aujourd’hui des parents d’élèves se « battent » pour que leurs enfants puissent bénéficier de méthodes Freinet. Notre institution a du mal à reconnaitre cet instituteur, avant-gardiste, allant même à le désavouer. Il fonda sa propre école, mettant en application ses propres idées sur le fonctionnement cognitif de nos jeunes apprenants. Aujourd’hui certains perpétuent ses méthodes.

Pourtant notre école est en crise, comme le dit si bien Sir Robinson, et nous nous interrogeons sur le bienfait de notre système de récompense par les notes. Cette question est, en ce début d’année 2015 au coeur du débat au sein du Ministère de l’Education: notre ministre Mme Najat Vallaud-Belkacem, interroge le corps enseignant sur cette question. Alors peut être pourrions nous nous inspirer de Celestin Freinet, que je considère personnellement comme un hussard noir.

1. L’indignation d’un Hussard Noir … Le terme de Hussard Noir est dérivé d’un corps d’élite de l’armée, cette analogie provient de la tenue noire et du ton sévère des instituteurs du début du siècle et qui ont marqué les esprits. Bien plus que cela, le Hussard Noir est un fonctionnaire laïque qui installe des valeurs de la République prônant la raison et la logique, considéré comme un missionnaire de l’instruction, habité par le devoir d’enseigner, cherchant l’intelligence des enfants en blouse et en sabots jusqu’au plus profond du pays. Néanmoins, l’histoire factuelle de l’école atteste que leurs pratiques étaient parfois discutables.

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A ses débuts Célestin Freinet correspond à cette définition. Un film de 2006 raconte l’histoire de ce jeune instituteur : « Le maître qui laissait les enfants rêver  ».17

C’est au retour de la grande guerre, atteint par un «  handicap  » hérité de cette dernière , que Célestin Freinet se pose une question: comment enseigner? Lui qui ne peut plus rester des heures debout, et qui a besoin d’air ne peut donc enseigner de manière conventionnelle.

2. L’école nouvelle… Freinet est un pédagogue d’un nouveau genre, un théoricien-praticien qui met en place une pédagogie libertaire dans laquelle les relations entre l’élève et le maître sont assouplies. Les élèves y sont libres de se déplacer, de dessiner, de suivre une scolarité à la carte. Il s’inscrit dans un mouvement dit mouvement de l ‘éducation nouvelle (il rejoint d’autre pédagogues, Maria Montessori , Adolphe Ferrière , 18 19

Jean-Ovide Decroly et Édouard Claparède entre autres). 20 21

L’étude de ces pédagogies montre l’intérêt de connaitre le fonctionnement de notre cerveau pour pouvoir mieux apprendre à apprendre. Freinet préfère offrir aux élèves la possibilité de fournir un véritable travail, et défend une école du travail-jeu. Ainsi il pense que pour apprendre à lire, il faut parallèlement apprendre à écrire, l’idée étant que le besoin de lecture et d’écriture de l’être humain, vient d’un simple besoin de communication. Il utilise les moyens modernes de l’époque pour faire communiquer des établissements entre eux et par ce biais apprendre à lire et écrire aux élèves. Ce moyen moderne est la presse avec laquelle les élèves vont prendre goût pour la correspondance, allant même à fabriquer des livres qu’ils laisseront à la génération future. Cette adaptation aux nouvelles technologies de 1926, doit être retranscrit à notre époque.

Projet « réseaux sociaux »

Aujourd’hui il me paraît important de comprendre les méthodes de communications de la génération Z. Cette dernière communique beaucoup par l’intermédiaire des réseaux sociaux, alors pourquoi ne pas utiliser les réseaux sociaux pour développer leurs écrits? Ainsi en septembre 2014, j’informe mes élèves de ma volonté à prendre contact avec d’autres Ulis. C’est ce que Freinet nomme la méthode naturelle, rappelez vous nous en avions déjà parlé page 9.

Dans le cadre de cette nouvelle approche, j’ai comme à mon habitude, impliqué les élèves dans la mise en place de ce nouveau moyen de communication:

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« Comment pourrions nous faire? » leur demandai-je. Ludovic me parle de contacter directement les ULIS par téléphone. Dysphasique, il se garde de me préciser que ce n’est pas lui qui appellera. Albert, élève autiste, me parle d’un « nouveau réseau » qu’il vient de découvrir : twitter. Je fais mine de ne pas le connaître dans l’espoir qu’Albert se propose pour nous faire la présentation. Et c’est ainsi que notre Ulis pro ouvre, sous mon autorité (gestion des codes etc…), des comptes sur les réseaux sociaux dans le but de communiquer entre élèves en situation de handicap. Ils m’apprennent les «  codes  » sociaux, hashtag et autres symboles et en échange l’AESH et moi-même, nous leur donnons les codes littéraires. Cette implication permet aux jeunes de reprendre goût, grâce aux outils adaptés à leur époque, en la lecture.

3. Donner un sens… La correspondance scolaire donne un sens car elle permet de nouer des relations entre pairs. Arrêtons-nous un instant sur cette expression « donner du sens ». Trop souvent l’enseignant est le seul qui connaisse le sens des activités qu’il impose aux élèves. Chez Freinet les élèves n’écrivent pas pour écrire, mais parce qu’ils correspondent avec des classes lointaines et exotiques. Jean Piaget dit de la pédagogie Freinet qu’elle est une « pédagogie de la dédicace », dans la mesure où le travail est destiné à des lecteurs amis.

Je m’aperçois que l’ensemble de mes élèves ne voyagent pas. Je leur propose de faire un tour de France, mais en restant « assis » devant leur ordinateur.

Projet « carte de France »

C’est ainsi que nait l’idée de découvrir les régions de France et recherchant des informations sur le internet sur :• la géographie de la région ciblée et ses généralités,• les lieux à visiter, • une personnalité célèbre, sportive ou historique de la région en question,• une spécialité culinaire.

Mes élèves passent alors 4 heures par semaine à rechercher des informations sur internet et dans les livres: ils se mettent à lire. Mais n’oublions pas que pour Freinet « Lire et écrire sont indissociables », alors les élèves constituent un classeur sous la responsabilité de l’AESH, afin de me rendre compte de leur recherche. Ce classeur est d’ailleurs accessible à tous les élèves de

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l’établissement. Cela permet de perpétuer la « tradition d’écriture » des élèves de Freinet, lorsque ces derniers publiaient des livres pour leurs pairs.

Je me rappelle les dires d’un médecin à propos de mon élève dysphasique, « il ne saura jamais écrire ». S’il est vrai que cet élève ne sait pas écrire en « bon français », il communique. Je vais d’ailleurs poser une question à mes élèves qui va changer beaucoup de choses dans notre Ulis: « c’est quoi communiquer aujourd’hui? » - «  Monsieur, répond un de mes élèves, aujourd’hui pour expliquer à des gens comment on fait telle ou telle chose, il suffit de se filmer! Et de poster sur you tube! - Et la protection de ces données, demandais-je?- Ben on a qu’à voir ça, ensemble! »

4. La coopération… L’idée la plus marquante de Célestin Freinet, est certainement celle de la coopération. Car il développe très rapidement la démocratie à l’école. Pour lui elle à deux fonctions :• Elle permet de rendre le rapport entre l’enseignant et les élèves plus souple.

L’élève ne vit pas l’apprentissage comme une soumission, mais comme un échange de « bons procédés » entre celui qui sait et celui qui veut apprendre. Ainsi l’élève devient actif et participe à sa propre éducation. Rappelez-vous,l’histoire des neurones miroirs, et l’apprentissage actif…

• Elle permet à l’élève, affranchi de la tutelle de l’enseignant, un travail volontaire et non pas un travail scolaire aliéné . Car Freinet pense que «   la hiérarchie est une inefficacité pédagogique, elle impose à l’élève une passivité qui entrave le dynamisme nécessaire aux apprentissage  ». Il ne s’agit pas d’écarter l’enseignant mais de le rendre « guide » de l’apprentissage.

C’est ainsi que mes élèves ont décidé de communiquer avec les autres par le biais de videos…

Projet « Explication visuelle »

Albert, qui est autiste, avait d’énormes problèmes relationnels. Il avait en effet beaucoup de mal à échanger avec les autres en temps réel,car les autistes ont des difficultés à percevoir les sentiments des autres. Son médecin m’avait expliqué qu’ « Albert n’arrive pas à lire sur nos visages ».

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Dans le cadre de notre classe, Albert a proposé de nous filmer avec nos tablettes et travailler ensemble sur ce thème, dans l’objectif de faire connaitre notre Ulis pro à l’ensemble de notre communauté éducative, c’est à dire tout les élèves du lycée. Lors d’un brainstorming sur la méthode à adopter, nous avons décidé d’aller nous former directement chez le fabricant de la tablette: Cette initiative a été prise suite à l’idée formulée par Abou, expliquant que celui qui devait en savoir le plus sur notre logiciel installé par défaut sur nos tablettes, devait être la célèbre marque à la pomme. Après un vote de l’ensemble des « intervenants » de l’Ulis, nous avons décidé d’aller à l’Apple Store de Strasbourg. Chacun d’entre nous avait une tâche.Les élèves étaient chargés de planifier le déplacement (coût, durée, jour, repas, financement, allant jusqu’au montage du dossier administratif) et moi je pris contact avec Apple.Les élèves se sont donc servis de mathématique, de français, et de géographie pour organiser notre voyage. Et nous nous sommes retrouvés chez Apple, qui nous a formé à la conception de vidéos sur les tablettes. Nous avons mis en application cet apprentissage dès notre retour au lycée.

Ainsi, bien que prétexte à la formation vidéo, cette excursion m’a permis de tester leur autonomie: j’ai été agréablement surpris. Freinet avait raison! Quand les élèves sont volontaires, ils trouvent les capacités nécessaires pour atteindre leur but et ce malgré leurs handicaps. Par exemple, un élève dyspraxique a essayé de sa propre initiative, de lire un plan car il souhaitait nous montrer la cathédrale qu’il avait étudiée sur internet quelques semaines auparavant. Cet élève a conclu qu’il était possible d’atteindre son objectif grâce à son téléphone portable, qui pouvait nous guider jusqu’au monument. Ce sont ces mécanismes de réflexion qui sont importants selon moi pour aider un élève à compenser son handicap. Il est gratifiant de voir la fierté de cet élève, quand il nous explique ce qu’est une cathédrale.

La vidéo réalisée par les élèves a été diffusée sur toutes les télévisions du lycée, et a suscité l’intérêt d’une télévision locale qui est venue faire un reportage par la suite.

Grâce à cette médiatisation (télé locale et journaux), notre Ulis pro est connue par l’ensemble de notre communauté, notre objectif est atteint!

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5. Le tâtonnement expérimental

Le constat

Pour Célestin Freinet, l’expérience est la mère de tous les apprentissages. Selon lui, nous sommes naturellement expérimentateurs et c’est en faisant des expériences que nous pouvons nous développer. Dès notre plus jeune âge, notre vie est une alternance de succès mais aussi d’échecs qui nous permettent de persévérer.

Les enfants, lorsqu’ils veulent surmonter une situation, adoptent dans un premier temps une hypothèse. Cette hypothèse peut être exprimée de différentes manières, par le dessin, des gestes ou verbalement. Après avoir procédé à sa vérification à l’aide d’une expérience, l’enfant peut donc soit la valider, soit la rejeter. Ce rejet va entrainer l’adoption d’une nouvelle hypothèse jusqu’à ce qu’il parvienne à obtenir un résultat satisfaisant. C’est en répétant le geste validé que l’apprenant va à la fois affiner sa façon de faire et ancrer l’apprentissage.

« Nous sommes, malgré nous, dominés par cette croyance à une puissance invisible qui est en nous et que les uns appellent intelligence, d’autres analogie, tous faculté, et une faculté que nous avons innée, et que les retardés possèdent à faible dose et les anormaux pas du tout.Mais je repose la question : « D’où vient cette faculté ? » Les croyants pourraient répondre « de Dieu ». Je réponds : de l’expérience et de la seule expérience. On ne peut trouver une analogie entre deux gestes que lorsqu’on a fait l’expérience de l’un et de l’autre geste et qu’il nous est resté une trace plus ou moins parfaite de cette expérience. […] Je voudrais savoir en somme si, dans le processus de notre comportement, nous pouvons et devons tabler sur des facultés, et d’où viennent ces facultés, ou si – comme je le pense – il s’agit en définitive de la seule expérience qui peut, en certaines circonstances, se faire à la vitesse de l’illumination et de l’éclair, mais sans laquelle il n’y aurait jamais acquisition ni progrès. Et cette idée d’expérience à la base de tout processus d’acquisition nous fera mieux comprendre encore l’erreur scolastique. » Célestin Freinet

C’est en partant de cette idée, d’expérimentation, que nous avons décidé d’installer au sein de notre Ulis pro un espace d’expérimentation coopérative.

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Mise en pratique: Laboratoire de Fabrication « FAB LAB »

Un FAB LAB est un lieu ouvert au public, où il est mis à sa disposition toutes sortes d'outils, notamment des machines-outils pilotées par ordinateur, pour la conception et la réalisation d’objets.

La caractéristique principale des FAB LAB est leur « ouverture ». Ils regroupent différentes populations, tranches d'âge et métiers. Ils constituent aussi un espace de rencontre et de création collaborative qui permet, entre autre, de fabriquer des objets uniques: objets décoratifs, objets de remplacement, outils, projets …

Pour être appelé FAB LAB, un atelier de fabrication doit respecter la charte des FAB LABS, mise en place par le Massachusetts Institute of Technology (MIT).

C’est ainsi que nous avons « ouvert » ce lieu à l’ensemble de notre communauté éducative. Nous accueillons élèves, enseignants et professionnels venant de tout horizons, qui travaillent directement avec des élèves ayant des TFC (trouble des fonctions cognitives). Grâce à l’utilisation de nouvelles technologies, le handicap est perçu, non pas comme une « tare », mais comme une « différence »!

Intégrer les élèves de l’Ulis au delà de l’inclusion

Dans le cadre de l’Ulis, chaque élève est spécifiquement inclu dans des classes sur des matières et des niveaux ciblés. Ainsi chacun d’entre eux passe XX h par semaine dans des classes « normales ».

Au fur et à mesure des contacts établis avec les enseignants, je me suis rendu compte que nous pourrions aller au delà de cette inclusion.

Ainsi les élèves de l’Ulis pro, sous le regard bien-veillant de l’enseignante de physique chimie, ont donné un cours sur la saponification à des élèves de Terminale. Cela s’est fait en deux temps:

• d’abord un groupe d’élèves de terminale et l’enseignante sont venus expérimenter la fabrication des savons au sein même de FAB Ulis.

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© Un laboratoire de fabrication numérique au Sénégal (en ligne). 2012. http://fr.ulule.com/jokko-fab-lab/

• puis l’enseignante nous à laissé son support de cours, que nous avons retravaillé avec les élèves de l’Ulis. Nous avons ainsi agrémenté le cours de videos, diaporama et démonstration sur « paillasse ».

Un second constat, très encourageant, a été d’observer que certains élèves TFC « donnaient » spontanément des cours sur l’utilisation des outils numériques à des élèves neuro-typique voir même des enseignants… J’appelle cela « l’inclusion inversée »!

6. Sortir de l’école Une dernière grande idée que M. Freinet met en place dans son école de Bar-sur-Loup, est de sortir les élèves de la classe. Le film de 2006, « Le maître qui laissait les enfants rêver   », relate bien ce fait. Il montre des élèves qui vont découvrir un ferronnier, ce dernier explique ses gestes professionnels et devient pour quelques minutes l’enseignant. Cette « classe promenade » permet aux élèves de découvrir des métiers, car chaque début d'après-midi, les élèves de Bar-sur-Loup prennent leurs crayons et leur ardoise, et partent explorer leur milieu dans des «  promenades scolaires ». De retour à l'école, ils écrivent leurs impressions dans de brefs compte-rendus. Ils font des visites chez les artisans du village.

Inclusions et Stages

C’est l’une des vocations de L’unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire. Les élèves peuvent découvrir des métiers en l’exerçant pendant des périodes de 2 à 3 semaines lors des stages découvertes.

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7. L’ éducation dans tout ça … Notre système éducatif a été conçu pour faire face aux défis de l’ère industrielle: il fallait former les gens pour travailler dans les usines. Les enfants entraient dans une « ligne de production académique », regroupés par tranche d’âge, comme si ceci était leur point commun le plus important. Leur évaluation est réalisée à l’aide de tests standardisés, stigmatisant les résultats non « conformes » par un redoublement, jusqu’à ce que l’élève entre dans la « norme ». Le modèle mental de la réussite pendant l’ère industrielle était : étudie beaucoup, obtient de bonnes notes, travaille dur et tu réussiras.

Dans notre monde actuel, les jeunes ne croient plus en ce modèle, car le monde ne fonctionne plus de cette manière. On aimerait croire que le système éducatif prépare les enfants et les jeunes pour réussir dans la vie active. Si cela était le cas, il y aurait une cohérence entre la réussite du cursus scolaire et l’intégration et le succès dans le monde professionnel. Le succès dans le cursus scolaire actuel consiste à mémoriser des connaissances définies arbitrairement et répondre à des questions formalisées: la connaissance et le savoir sont ainsi favorisés au détriment de la réflexion, de l’innovation et de l’ouverture d’esprit.

A une époque où l’information est très facilement disponible par les outils numériques, cette méthode parait dépassée. D’autant plus que lagénération Z ne fonctionne pas comme cela.22

Cette contradiction a été formalisée par Sir Ken Robinson et a donné naissance 23

au courant de réflexion nommé Paradigme.

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III.Mise en oeuvre pédagogique au lycée Henri Nominé

En septembre 2014, notre lycée a ouvert la section Ulis pro. Lors de sa création, l’institution m’a demandé de monter un dossier dans lequel je devais proposer un budget et l’idée générale de fonctionnement de notre Ulis pro. Afin d'inclure les élèves dans des classes diverses et variées, et de simplifier la préparation des cours pour mes collègues, j'ai choisi de former mes élèves aux outils numériques portables: les tablettes. Pour moi, il était évident que la génération Z, et plus particulièrement les DYS, apprendrait mieux avec des outils numériques.

Même si pour moi cela était évident, ce l’était beaucoup moins pour certains de mes collègues et encore moins pour une partie des financeurs.

J’ai ainsi dû expliquer, démontrer et convaincre toutes les parties que l’utilisation de tablettes était possible dans un but pédagogique et non pas simplement ludique dans un lycée technique et professionnel tel que le lycée Henri Nominé.

C’est ainsi que cette troisième est dernière partie résume les étapes qui m’ont permis aujourd’hui d’utiliser des ipads avec des élèves DYS, ainsi que le questionnement mis en place dans le lycée sur les pratiques pédagogiques numériques. En effet, au second trimestre de l’année 2014-2015, une expérimentation en lien avec le Pôle Académique de Soutien à l’Innovation (PASI) a été initiée dans plusieurs sections techniques et enseignements généraux.

Les étapes clefs dans le projet Ulispro du lycée Henri Nominé ont été :

1. Démontrer l’utilisation des outils numériques2. Expérimenter des pratiques numériques 3. Convaincre l’achat de tablettes4. Informer et former les collègues à ces nouveaux outils pédagogiques 5. Former les élèves DYS à l’utilisation des ces outils 6. Changer le regard de certains enseignants …7. Echanger sur ces pratiques avec d’autres établissements8. Intégrer des fabricants d’outils numériques au monde de l’éducation 9. Se tenir informer des évolutions numériques

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1. Démontrer le bien-fondé des outils numériques Trop souvent une tablette est considérée par les enseignants et les parents comme un outil simplement ludique et trop onéreux. Pourquoi cette idée a-t-elle du mal à disparaitre ? Serait-ce simplement parce que ces outils sont avant-gardistes ? Ou alors parce que certains « préconisent » un apprentissage classique, à base de livres écrits en cursive et des activités logico-mathématiques sur boulier…

Lorsque j’explique mes pratiques pédagogiques, j’utilise souvent une citation du début du XXème siècle: « Les livres seront bientôt obsolètes dans les écoles. Les élèves recevront un enseignement visuel. Il est possible d’enseigner tous les domaines de la connaissance humaine par le cinéma. Notre système scolaire va complètement changer d’ici dix ans. » Thomas Edison, 1913. Il n’imaginait pas à quel point, cent ans plus tard, nous utiliserions autant d’images « vivantes » pour expliquer, démontrer et surtout assouvir notre soif de connaissances. La vraie question est : Pourquoi cette enseignement visuel a pris 10 fois plus de temps? Jean-Luc Nespoulous, professeur en sciences du langage à l'université de Toulouse, retraçait l'évolution des différents modes de communication inventés par l'homme, de l'écriture à l'enregistrement des sons, en passant par l'imprimerie. «Aurait-on inventé l'écriture si on avait su, d'emblée, enregistrer les sons de la parole?» interrogeait-il, avant de mettre en exergue le potentiel de ce nouvel outil qu'est le numérique, si grand qu'il effraie parfois. «De ce prolongement technologique externe à l'homme, on pourrait même parler de prothèse au sens large du terme, de stratégie palliative». C’est en ces mots que débuta une conférence lors de la fêtes de la science à Toulouse en novembre 2014.

« Prothèse »: le mot est fort pour un outil tel qu’une tablette. Au sens littéral, la définition du Larousse nous explique: « Une prothèse est un dispositif implanté dans l'organisme pour suppléer un organe manquant ou pour restaurer une fonction compromise. » Beaucoup d’entre nous avons pris l’habitude d’utiliser un smartphone ou une tablette connectée à internet pour répondre à des questions qui nous paraissent importantes, dans le but d’assouvir notre curiosité!

Pouvons nous dire qu’une tablette est un dispositif qui pâlie à une fonction qui nous fait défaut?: Nous pouvons répondre par l’affirmative. Quelles sont les fonctions qui nous font défaut : la mémoire, la lecture, les mathématiques, la représentation en 3 dimensions, la communication à distance, etc…

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Sur le plan scientifique, de nombreuses études démontrent les bienfaits et les risques de l’utilisation des tablettes à des fins éducatives. Nous pouvons citer les 2 études références ci-dessous:

• La page web du site éduscol , qui consacre un dossier 24

sur apprendre avec de nouveaux outils et notamment la « Tablette tactile et enseignement ».

• L’article « La tablette fait son entrée à l'école ... Une frénésie justifiée ?   », sur le site café pédagogique .25

Premier constat, notre académie n’est pas la seule, ni la première, à se poser des questions sur l’utilisation à des fins pédagogiques des tablettes dans l’éducation. Les expérimentations numériques sur des tablettes ont débuté dans les années 2010 et se sont étendues à quasi toutes les académies en 2014.

Second constat, le nombre croissant de tablettes dans les établissements scolaires entre 2010 et 2014. Ce nombre impressionnant, supérieur à 90 000 en 2014, montre bien l’engouement pour les tablettes. Le site eduscol a répertorié

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Progession nb de tablettes dans les établissements scolaires en France

0

30 000

60 000

90 000

120 000

2010-11 2011-12 2012-13 2013-14

Pratiques pédagogies Informatique sans internet

Informatique avec Internet

Tablettes avec internet

Lire un contenu en PDF 5 min 5 min 1 min

Prendre en photo une pièce et la projeter 15 min 10 min 1 min

Ecrire sur le tableau blanc et garder une trace numérique . Utilisation classique des TBI

7 min 7 min 2 min

Effectuer une recherche sur internet Impossible 5 min 1 min

Faire participer les élèves individuellement 1-2 min/élèves 1-2 min/élèves 30 s / élève

Projeter un plan, une carte, une vue par satellite 5 min 5 min 1 min

Prise de notes écrite Clavier Clavier Manuscrite (stylet)

Evaluation formative Impossible 15 min 2 min

Video conférence entre pair Impossible Possible Simple

Risque de bug système suite à un virus ou une suppression accidentelle ou volontaire.

Important Important Très Faible

© Tablettes tactiles : retours d'expérimentations et potentialités pédagogiques (en ligne). Site Internet Eduscol, nov 2014.

http://eduscol.education.fr/cid71927/tablettes-tactiles-retours-d-experimentations-et-potentialites-pedagogiques.html

plusieurs expérimentations dans de nombreuses académies. Malheureusement on se rend vite compte que notre académie n’est pas présente sur ce listing.

Troisième constat, de nombreux scientifiques se sont questionnés sur l’utilisation des tablettes. Melhuish et Falloon en 2010 identifient cinq «avantages» liés à l'utilisation des 26

tablettes : l'accessibilité, l'omniprésence, une pédagogie constructiviste en contexte, la connectivité, des expériences personnalisées. Pour Monique Linard, l’interactivité des multimédias favorise les médiations cognitives et offre un éventail très riche de fonctions techniques capables d’accompagner et de stimuler efficacement les nombreux aspects de l’interaction et de l’apprentissage humain.De nombreux livres traitent du sujet, pour n’en citer qu’un seul qui résume les craintes et les aprioris des enseignants, prenons celui édité chez RETZ d‘Amadieu et Tricot, « Apprendre avec le numérique ». Il explique les mythes numériques, relate les travaux scientifiques sur ces mythes, les technologies applicables et une brève conclusion, par mythes, pour agir avec nos élèves.

2. Expérimenter les outils pédagogiques Depuis plusieurs années, j’utilise un ipad comme outil numérique dans le but de compenser un système informatique trop souvent inadapté à une utilisation pédagogique. Pour moi, l’informatique devrait être un outil qui doit simplifier les pratiques didactiques et non pas un système complexe sur lequel l’enseignant passe des heures pour le maintenir à niveau.

Je suis donc devenu adepte de cet outil, très maniable, autonome et surtout fiable qui pour moi permettait un apprentissage serein. Avant d’utiliser uniquement cet outil, j’étais arrivé à un stade où je multipliais les formats informatiques (pour être sûr que je puisse ouvrir mes fichiers depuis le lycée) et où je me déplaçais de salle en salle avec un ordinateur portable pour être sûr que la séance interactive n’allait pas avorter à cause d’un quelconque problème de mise à jour.J’ai commencé à utiliser un ipad pour projeter des pièces en tant réel sur un tableau blanc, et très vite j’ai transformé ma tablette en tableau blanc interactif multimédia avec quelques avantages que les TBI classiques ne me permettent pas de faire.

Le tableau ci dessous reprend quelques exemples de pratiques pédagogiques de nous utilisons au lycée Henri Nominé (quantifiées en temps) , pour lesquels nous pouvons utiliser l’informatique avec ou sans accès à internet ou une tablette numérique de type Ipad.

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Le temps est une durée, estimée depuis mon arrivée en salle de classe, PC éteint, jusqu’à la projection sur le tableau blanc afin que mes élèves puissent exploiter ces données! Ces durées n’engagent que moi!

3. Convaincre l’achat d’outils numériques innovants Le plus compliqué dans le cadre de l’utilisation de tablette pour l’éducation est l’achat de ces outils. Je me rappelle de plusieurs commissions numériques au cours desquelles le sujet le plus épineux était de définir l’achat d’un type donnée de tablette; les discussions portaient trop souvent sur la marque de l’outil plutôt que de l’usage pédagogique. Plus particulièrement, lors d’une réunion numérique de la fin d’année 2014, certains enseignants ont demandé pourquoi acheter des tablettes alors que notre informatique fonctionne si bien? . Il était alors important de préciser qu’une tablette n’est pas un PC à des personnes qui vouent un culte à l’ordinateur et à ces pratiques! Surtout lorsque ces mêmes personnes refusent littéralement une expérimentation tablette.

Heureusement, notre équipe administrative est «  ouverte  »  aux pratiques numériques innovantes, ce qui a grandement aidé à l’achat de tablettes à des fins expérimentales. Je leur ai donc démontrer les possibilités pédagogiques offertes par un iPad, une connexion wifi et un vidéo-projecteur, grâce à mon équipement personnel. Après m’avoir fait confiance, le responsable DANE, le proviseur ainsi que le gestionnaire du lycée Henri Nominé, n’ont permis d’acheter une dizaine de tablettes iPads. Bien que cette négociation fut complexe, j’ai pu avoir le choix des outils numériques. Etant utilisateur d’iPad depuis de nombreuses années, j’ai opté pour un outil que je maîtrise et qui me parait sûr. Pour cela j’ai fait remarquer que trop souvent, du matériel pour lequel les enseignants n’étaient pas demandeurs et peu ou mal formés, « dormait » aux fond des armoires.

4. Informer et former des collègues A mon sens, ce point est certainement l’un des point les plus important, car si on veut que les enseignants soient bienveillants avec les élèves DYS, il faut tout d’abord leur expliquer et les former aux outils numériques. Pour ce faire, je me suis fait aider par notre responsable TICE au sein de notre lycée, avec qui j’ai échangé sur mes pratiques pédagogiques via l’iPad. Puis nous avons mis en place l’architecture sans fil (Airplay et AirPrint) dans ma salle Ulispro. Je mets par ailleurs ma salle à disposition pour expérimenter des pratiques numériques innovantes.

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Puis, avec l’aide du chef d‘établissement, nous avons prêté une quinzaine d’ iPads à des enseignants, toutes disciplines confondues, que nous avons accompagnés (le responsable TICE et moi même) dans l’innovation pédagogique 3.0. Fort est de constater que de nombreux enseignants se sont très vite familiarisés avec l’iPad, et ont rapidement commencé à chercher et intégrer dans leurs usages pédagogiques des applications, des livres interactifs et des contenus multimédias pour l’ensemble de notre lycée.

5. Changer le regard de certains enseignants Un effet positif est la remise en question de nombreux enseignants, qui ont modifié leur façon d’enseigner, en se référant plus rapidement aux données fournies par internet par exemple. Ils ont aussi trouvé d’autres méthodes d’évaluation à la fin de leurs séances, qui sont plus interactives et que les élèves aiment particulièrement. Nous pouvons prendre par exemple l’application Plickers . Cette application permet de faire des QCM directement 27

sur internet et grâce à un smartphone ou une tablette, et l’évaluation est effectuée pour chaque élève grâce à un flash code. Le résultat est instantané et peut être anonymisé. Il permet à l’enseignant de savoir le taux de bonnes réponses et donc si « le message est bien passé ».

Aujourd’hui, bien que l’on trouve encore quelques enseignants réfractaires, la plupart des collègues qui incluent mes élèves Ulis dans leurs cours, sont formés à ces nouvelles pratiques. Ils portent un nouveau regard à ces élèves TFC qu’ils ne voient plus forcément comme handicapé, mais plutôt comme des élèves ayant des outils 3.0 pour compenser leurs handicaps.

6. Former les élèves DYS à ces outils 3.0 Une fois l’ensemble des enseignants formés à l’usage des tablettes, et ils ont intégré cet outil comme une « prothèse » pour les élèves DYS. J’ai donc cherché avec ma tablette des applications qui pourraient permettre à ces élèves de décoder les consignes et donc de compenser leurs handicaps.

J’ai trouvé, par exemple, une application qui « lit » un texte, c’est-à-dire que l’application décode un texte informatique et le transforme en langage oral. Qui plus est, cette application peut être paramétrée aux rythmes de lecture, c’est-à-dire que l’élève peut

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© Site internet plickers (en ligne). 2015. https://www.plickers.com

augmenter ou diminuer la vitesse de lecture et le temps de pause. Cette application est simple d’utilisation, peu chère (environ 9 €) et l’utilisation peut se faire sur une tablette et un smartphone. L’élève dyslexique peut donc scanner les consignes données par l’enseignant, transformer ce texte en format de lecture et demander à la tablette de lui lire cette consigne, et ce de manière totalement autonome. Deux petits bémols, le premier est que l’enseignant doit permettre à l’élève d’utiliser sa tablette pour faire des photos de ses cours, le second étant que l’élève doit pouvoir mettre une oreillette pour ne pas perturber les reste de la classe. Mais puisque les enseignants connaissent cette application et ses usages, cela ne pose plus aucun problème.

Alors régulièrement, nous prenons une petite heure pour expliquer une nouvelle applications (que j’ai testé au préalable) à mes élèves qui, à leur tour, vont expliquer cette applications aux autres enseignants. Il m’est même arrivé d’entrer dans la salle de l’Ulispro et de voir des élèves TFC dispenser des formations sur les iPads à des enseignants. La boucle est bouclée!

7. Echanger sur ces pratiques avec d’autres établissements

Pour reprendre un des principes de Freinet, la correspondance entre établissement, j’ai décidé d’échanger avec d’autres établissements utilisant des tablettes dans un but pédagogique. J’ai donc pris contact avec des établissements accueillants des élèves en dispositif Ulis (collèges et lycées) pour pouvoir tisser des liens qui nous permettront d’échanger via les outils numériques. Nous avons, par exemple, pris contact avec le collège de Saint Mihiel, dans la Meuse, suite à une séance d’histoire avec une application mêlant jeux et bande dessinée : Soldat Inconnu. Cette application retrace la Première Guerre mondiale de manière ludique et devient un support de cours grâce à des objets et des cartes que l’on acquière au fil du jeu. Ainsi les élèves du collège de Saint Mihiel échangent avec les élèves de Sarreguemines, et les accueilleront en Meuse afin de leur faire visiter les forts et les vestiges de 14-18. Parallèlement, des enseignants d’Ulis de l’académie Nancy Metz viennent découvrir ces outils numériques au lycée et échangent avec nous sur les utilisations pédagogiques, créant ainsi un « réseau Ulis 3.0 ».

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8. Intégrer des fabricants d’outils numériques dans le monde de l’Education

Dès le début du projet Ulis pro, j’ai souhaité travailler directement avec les fabriquant d’outils numériques. L’objectif était d’optimiser ces outils aussi bien de manière pédagogique, que dans un but « outil pour compenser les handicaps ». C’est pourquoi je suis allé, dans un premier temps seul, puis accompagné de mes élèves, pratiquer des formations dans un Apple Store. Nous avons donc appris à travailler avec des tablettes et surtout avec des applications qui compensent les handicaps.

J’ai depuis tissé des liens assez privilégiés avec Apple Education, ce qui me permet de connaitre les dernières applications pédagogiques pour palier le handicap. J’échange aussi sur le retour d’expérience que j’ai avec mes élèves lors d’Event chez Apple, permettant ainsi de développer des applications pédagogiques pour les DYS …

9. Se tenir informer des évolutions numériques Dernier point important, la veille technologique. Vous remarquerez que je préfère vous expliquer des fonctionnalités des applications plutôt que de vous citer ces applications. En effet, les applications risquent de ne plus être sur les « stores » (magasins d’applications en ligne) à l’heure où vous lisez ce mémoire.

La classe est constamment informée des évolutions des applications : mes élèves ont accès à des réseaux sociaux et je «  veille  » sur internet, à la recherche de nouvelles applications pédagogiques. Qui plus est, ayant transmis ma façon d’enseigner à l’ensemble d’une communauté éducative, je reçois beaucoup d’exemples d’applications pédagogiques sur les tablettes. C’est ainsi ma collègue de Mathématiques/Sciences qui m’a fait découvrir Plickers, l’application qui permet « d’évaluer les élèves » et que nous utilisons beaucoup!

Beaucoup de sites internet traitent des applications que l’on peut utiliser avec une tablette, ne serait-ce que les sites de « Canopé », « Eduscol » ou « Le café pédagogique ». La plupart du temps il suffit de s’inscrire sur leurs flux RSS, et dès qu’un nouvel article est publié, le site nous avertit par mail ou sms. La veille serait incomplète sans le bénéfice apporté par Twitter, qui pour moi est un excellent réseau social professionnel, avec lequel on peut échanger aussi bien avec des enseignants chercheurs, ergothérapeutes, parents d’élèves ou avec des programmateurs.

Dans ce monde 3.0, nous nous devons de rester informé des changements pédagogiques! FREINET 3.0 � 29

Conclusion Repartons du constat de départ, qui était :

- Une tablette peut-elle aider à la transmission de connaissances, pour des élèves porteur de handicap ?

Nous l’avons vu, si on considère l’outil numérique comme étant une prothèse (tout comme un myope porte des lunettes), et que cette dernière est utilisée à bon escient, la réponse est oui. Oui, bien sûr qu’un élève dyslexique peut utiliser une application pour lui faire la lecture aussi bien pour les livres, que pour les consignes d’exercices! Et donc compenser le handicap de la lecture pour apprendre comme les autres élèves neuro-typiques.

- Ai-je besoin de retravailler l’ensemble de mes cours ?La réponse est mitigée! D’un point de vue technique, les élèves équipés de tablettes

peuvent suivre des cours ordinaires, si on leur laisse le temps de s’adapter; et surtout si les enseignants leur laissent la possibilité d’utiliser ces outils numériques.Du point de vue plus général, je me suis rendu compte que l’enseignement classique, ne me correspondait pas! Depuis plusieurs années j’utilisais, sans le savoir, une pédagogie de projets et collaborative, ce n’est que depuis peu que j’ai mis un nom sur cette pédagogie : la pédagogie Freinet. En étudiant de plus près Célestin Freinet, j’ai découvert certaines méthodes que j’essaye de «  remettre à jour  » en utilisant une tablette. J’ai le sentiment que mes élèves redoublent d’effort avec ces méthodes, ce qui m’encourage à continuer dans cette voie.Alors, plutôt que parler de retravailler mes cours, je préfère repenser ma pédagogie!

- Est ce que mes collègues sont prêts à intégrer l’outil numérique dans leurs séances pour aider l’élève « DYS » ?

On l’a vu dans la dernière partie de ce mémoire, certains sont «  d’irréductibles enseignants  » qui préfèrent utiliser les méthodes qu’ils ont apprises, bien avant le numérique, et qu’ils maîtrisent par coeur D’autres, par contre, semblent être en quête de nouveauté, et sont volontaires pour modifier leurs pédagogies, quitte à se remettre en question (exemple : évaluation interactive). Cette partie des enseignants est de plus en plus nombreuse chaque jour. Ils échangent beaucoup sur les réseaux sociaux et n’hésitent pas à apporter leur aide. Alors oui, mes collègues sont prêts et ont d’ores et déjà intégré les outils numériques dans leurs séances de cours, que ce soit pour les élèves DYS ou non!C’est un peu cela l’égalité des chances en respectant la loi de 2005!

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Bibliographie

Etudes sur les DYS La constellation des Dys, bases neurologiques …, éd de boeck et solal (2014) Michel Habib

Le cerveau et la pensée, éd. Sciences humaines (2003), DORTIER J.F.

Évaluer l’intelligence ; psychométrie cognitive? Paris,,(1999)HUTEAU M., LAUTREY J.

Conduite du bilan neuro-psychologique chez l’enfant, Paris, Masson,(2003) MAZEAU M.

Le cerveau Les mystères du cerveau, édition petite encyclopédie Larouse, (2010), Anne Debroise 3 Minutes pour comprendre les 50 plus grands mécanismes du cerveau, Ed. tredaniel,(2014) ( Anil SethHistoire du cerveau, de l’antiquité au neurosciences, Ed. Chronique social, (2013)André ParentPaul Broca explorateur du cerveau, Éditions Odile Jacob, Francis Schiller.

FreinetL'imprimerie à l'école (1927),Plus de manuels scolaires (1928),dernier livre de son vivant : Les

techniques Freinet de l'École moderne (1964), Célestin Freinet.Les techniques Freinet de l'École moderne (1964), Paris, Librairie Armand ColinComprendre Freinet, Max Milo édition (2014),Baptiste JacominoTâtonnement Expérimental, Michele Barre (ancien du mouvement Freinet)

Articles récentshttp://www.lemonde.fr/societe/visuel/2014/09/15/la-methode-freinet-une-pedagogie-innovante-au-c-ur-de-l-ecole-publique_4487592_3224.htmltémoignage d’une ancienne élève freinet : http://www.madmoizelle.com/ecole-freinet-84445

Ce mémoire sur votre tablette

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© Site internet Saint Paul de Vence (en ligne). 2015. http://www.saint-pauldevence.com/histoire/personnalités/célestin-freinet

Références et Liens internet Voir le site de l’ONSIEP 02/20151

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neurosciences-sciences-cognitives-neurologie-psychiatrie/dossiers-d-information/troubles-des-apprentissages-les-troubles-dys

L’entretient avec Franck Ramus (http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/documents/publications/xyzep/3

entretien/2007-2008/entretien_30_pro.pdf).

l'asymétrie cérébrale : http://fr.wikipedia.org/wiki/Asymétrie_cérébrale4

Stanislas Dehaene : http://www.college-de-france.fr/site/stanislas-dehaene/5

Usha Goswami : http://www.neuroscience.cam.ac.uk/directory/profile.php?ucg106

Paul Broca et la recherche (http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Broca)7

Aire de Broca et l'aphasie (http://fr.wikipedia.org/wiki/Aire_de_Broca)8

L’homme sans cerveau http://sweetrandomscience.blogspot.fr/2012/07/lhomme-sans-cerveau-la-theorie-du.html9

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L'apprentissage de la lecture : http://fr.wikipedia.org/wiki/Apprentissage_de_la_lecture11

Une carte de représentation mentale: http://eduscol.education.fr/lettres/pratiques/tic/action-utilis12

Jean Piaget : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Piaget13

Jean Piaget et la méthode Freinet : http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/3368214

Loi 2005 :http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000809647&categorieLien=id 15

Le maire de Saint-Paul contre l'école laïque: http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/3172916

Le Maître qui laissait les enfants rêver : https://www.youtube.com/watch?v=2QLX32LXpJU17

Maria Montessori : http://fr.wikipedia.org/wiki/Maria_Montessori18

Adolphe Ferrière : http://fr.wikipedia.org/wiki/Adolphe_Ferrière19

Jean-Ovide Decroly : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ovide_Decroly20

Édouard Claparède : http://fr.wikipedia.org/wiki/Édouard_Claparède21

Génération Z : le cerveau des enfants du numérique (http://www.sciencesetavenir.fr/sante/22

20150212.OBS2324/generation-z-le-cerveau-des-enfants-du-numerique.html)

Sir Kenneth Robinson (né le 4 mars 1950 à Liverpool) est un auteur, orateur et expert en éducation 23

internationalement reconnu (https://www.youtube.com/watch?v=qZnqDTFsMFs)

Apprendre avec les tablettes http://eduscol.education.fr/numerique/dossier/apprendre/tablette-tactile24

25 La tablette fait son entrée à l’école http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/11/04112013Article635191344747035425.aspx

Melhuish, K. & Falloon, G. (2010). http://www.otago.ac.nz/cdelt/otago064509.pdf26

Application évaluation a partir d’un outils numériques Plickers : https://www.plickers.com 27

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