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INTERVIEW sacemf ParJPP Photos JPP 7 Platine - XDR /Tutti Quanti ftlcôl icôlas (Licelas jSt eyrac VOUSAVEZ SEULTOUSVOS TUBESDES 70, TOU JOURS UN SOLITAIRE ? Oui, parce que mon plaisir c'est avant tout décrire. Au départ, je n'ai pas cherché à être chanteur, je voulaisécrire. Et l'écriture, elle peut-être littéraire, musicale, photogra phique... Je n'ai jamais eu enviede tra vailler avec quelqu'un dans l'écriture de mes chansons. En revanche, pour les arranger, oui, et c'est capital pour moi. EST-CEQUEC'ESTVOTREVIE ALORSQUI VOUSA CONDUIT BEAU COUP COSIGNER DECHANSONS AVEC CAROLECOUDRAYETANNETTEWYLE? Carole, c'était à l'époque elle partageait ma vie. Et comme je la voyais écriredes choses magnifiquespour Françoise Hardy, un jour,j'ai eu envie qu'elle m'écrive deux textes sur des musiques quej'avais faites. Je crois qu'il n'y en a eu que deux... Annette Wyle, c'est autre chose... Elleétait la copine de mes cousines. Suite à un voyage en Australie, elle m'a envoyé des musiques et des idées, et/e m'en suis servi. VOUSAVEZAUSSI AVEC FABRICEGRATIEN, QUI VOTRE CHEFD'ORCHESTRE... Il l'est toujours... PLUS ENCLIN PARTAGER DESTEXTESOU DES JJeijrac OC Ossaïai Not So FarAway... Quelques jours après sa première autobiographie, Nicolas Peyrac a publié un album de duos, "Et nous voilà ", le 14 octobre. Superbe ! On y trouve de jeunes artistes de tout horizon : de Sanseverino à Emmanuel Moire et d'Anaïs à Sofia Essàïdi. Cette dernière a même enregistré avec Nicolas "SoFar Away From LA ", le premier extrait. Dans le cadre de nos interviews croisées avec la SACEM, nous avons rencontré ces deux artistes de deux générations et de deux styles dif férents... Mais pas si éloignés l'un de l'autre. MUSIQUES? Avec Fabrice Gratien, c était très clair dans la mesure il n'écrit pas de textes, et il avait composé des musiques pour des artistescomme CatherineFerry.Avec lui, j'ai écrit uniquement des textes. COMMENT EXPLIQUEZ-VOUSQU'EN AYANT LONGTEMPSAMIAVEC MICHEL BERGER, VOUSN'AYEZJAMAIS AVECLUI ? C'est vrai que j'ai été ami avec lui jusqu'à sa disparition, qui m'a, d'ailleursboulever sé. Ceci dit, notre relation était basée sur le côté affectif, pas du tout sur le côté musi cal.Avant de le rencontrer,je me disais qu'il devaitpenser que j'étais à mille miles de son univers. Il se trouve que non. On s'est rencontré grâce à un ami, et on est devenu très vite, je ne dirai pas complice - car ça serait un grand mot -, mais des gens qui s 'entendaientbien ensemble. On s'est même retrouvé en vacances ensemble au moment il écrivait l'album de France, "Cézanne peint" (Ndlr : en fait "Débranche" sorti le 2 avril 1984). Cependant, jamais,jamais, il n a été ques tion d'écrire ensemble. D'abord parce qu'il n'avait pas besoin de moi (sourire) : il était capable de fairedes musiques sublimes sans aucune aide, et puis c'était la grande époque il était avec Luc Plamondon comme auteur.En revanche, Michel Berger a toujours été là pour me donner des conseils... et des cours d'élégance ! Il m'a appris à ne pas parler de moi en public, lors d'un dîner ou d'une soirée privée. Et chaque fois que j'avais une décision impor tante à prendre, je lui demandais son avis. Il m a donné égalementun reste d'humani té qui me manquait... (sourire) VOUS AVEZ DES CHANSONS POUR JOHNNY HALLYDAY, PLACIDO DOMINGO, LENORMAN...EST-CE PLUS FACILE POURLESAUTRESQUE POUR SOI? Les deux sont totalement différents. Déjà, j'ai du mal à écrire sur commande. Je ne suispas pharmacien : je ne suis pas capable de faire une ordonnance. Cependant, je dois admettre que pour Johnny, cela a été une commande de Pierre Billon (Ndlr : directeur artistique de Johnny au début des années 80) qui, un jour de 1982 ou 1983, est venu chez moi pour me dire que Johnny allait faire le Palais des Sports, et qu'il aimerait une chanson pour un moment précis du spec tacle, un titre pour le moment du show Johnny apprenait que sa compagne avait été assassinéepar des barbares dans ce spectacle à la "Mad Max". Comme ca tom bait à un moment j'étais plutôt déprimé, je n'ai eu aucun mal à écrire ce titre (souri re).Je me souviens que lorsque je suis allé voir Johnny répéter au Palaisdes Sports, il m'a collé au mur quand il a attaqué "Je n'oublieraijamais". C'est un interprète telle ment incroyable I Avec Placido Domingo, c'est une autre histoire dans la mesure il a repris une chanson qui s appelait "Les eaux du Mékong", et qui était sortie sur un album de 1984,je crois (Ndlr : en fait sur l'album précédent, "Flashback", sorti en 1983).Commeje suis ami depuis plus de 30 ans avec Will Jennings - qui a signé la chanson du "Titanic" pour CélineDion ou Tous droits de reproduction réservés Date : 01/11/2013 Pays : FRANCE Page(s) : 34-40 Périodicité : Bimestriel Surface : 595 %

ftlcôl icôlas JJeijrac OC‰Esacemf ParJPP Photos JPP 7Platine - XDR /Tutti Quanti ftlcôlicôlas (Licelas jSteyrac VOUSAVEZSINÉ SEULTOUSVOS TUBESDESNNÉES 70,ÊTES-VOUSTOU JOURSUNCRÉTER

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INTERVIEWCROISÉEsacemf ParJPPPhotos JPP 7 Platine - XDR /Tutti Quanti

ftlcôlicôlas

(Licelas jSteyrac

VOUSAVEZSINÉ SEULTOUSVOSTUBESDESNNÉES 70,ÊTES-VOUSTOUJOURSUNCRÉTER SOLITAIRE?Oui, parce que mon plaisir c'est avant toutdécrire. Au départ, je n'ai pas cherché àêtre chanteur,je voulaisécrire. Et l'écriture,elle peut-être littéraire, musicale,photographique... Je n'aijamais eu enviede travailleravec quelqu'un dans l'écriture demes chansons. En revanche,pour lesarranger,oui, et c'est capital pour moi.

EST-CEQUEC'ESTVOTREVIERIVÉEALORSQUI VOUSA CONDUITÀ BEAUCOUPCOSIGNERDECHANSONSAVECCAROLECOUDRAYET ANNETTEWYLE?Carole, c'était à l'époque où elle partageaitma vie. Et comme je la voyais écriredeschoses magnifiquespour Françoise Hardy,un jour,j'ai eu envie qu'elle m'écrive deuxtextes sur des musiques quej'avais faites.Je crois qu'il n'y en a eu que deux...Annette Wyle,c'est autre chose... Elleétaitla copine de mes cousines. Suite à unvoyage en Australie,elle m'a envoyé desmusiques et des idées, et/e m'en suisservi.

VOUSAVEZAUSSICOSINÉ AVECFABRICEGRATIEN,QUIÉTIT VOTRECHEFD'ORCHESTRE...Il l'est toujours...

ÊTES-VOUSPLUSENCLINÀ PARTAGERÉCRITRE DESTEXTESOU DES

JJeijrac OCÇJûfia Ossaïai

Not So FarAway...Quelques jours après sa première autobiographie, Nicolas Peyrac apublié un album de duos, "Et nous voilà", le 14 octobre. Superbe !On y trouve de jeunes artistes de tout horizon : de Sanseverino àEmmanuel Moire et d'Anaïs à Sofia Essàïdi. Cette dernière a mêmeenregistré avec Nicolas "SoFar Away From LA ", le premier extrait.Dans le cadre de nos interviews croisées avec la SACEM, nous avonsrencontré ces deux artistes de deux générations et de deux styles différents... Mais pas si éloignés l'un de l'autre.

MUSIQUES?Avec Fabrice Gratien, c était très clair dansla mesure où il n'écrit pas de textes,et où ilavait composé des musiques pour desartistescomme CatherineFerry.Avec lui,j'ai écrit uniquement des textes.

COMMENTEXPLIQUEZ-VOUSQU'ENAYANTÉTÉLONGTEMPSAMIAVECMICHELBERGER,VOUSN'AYEZJAMAISSINÉ AVECLUI ?C'est vraique j'ai été ami avec lui jusqu'àsa disparition, qui m'a, d'ailleursbouleversé. Ceci dit, notre relationétait baséesur lecôté affectif, pas du tout sur le côté musical. Avant de le rencontrer,je me disaisqu'il devaitpenser que j'étais à mille milesde son univers. Il se trouve que non. Ons'est rencontré grâce à un ami, et on estdevenu très vite,je ne diraipas complice -car ça seraitun grand mot -, mais desgens qui s'entendaientbien ensemble. Ons'est même retrouvé en vacancesensembleau moment où il écrivait l'albumde France, "Cézannepeint" (Ndlr : en fait"Débranche"sorti le 2 avril 1984).

Cependant, jamais,jamais, il n a été question d'écrire ensemble.D'abord parce qu'iln'avait pas besoin de moi (sourire): il étaitcapable de fairedes musiques sublimessans aucune aide, et puis c'était la grandeépoque où il étaitavec Luc Plamondoncomme auteur.En revanche, Michel Bergera toujours été là pour me donner desconseils...et des cours d'élégance ! Il m'aappris à ne pas parler de moi en public,lors d'un dîner ou d'une soiréeprivée. Etchaque fois que j'avais une décision importante à prendre,je lui demandaisson avis.

Il m a donné égalementun reste d'humanité qui me manquait...(sourire)

VOUSAVEZSINÉ DESCHANSONSPOURJOHNNYHALLYDAY,PLACIDODOMINGO,ÉRR LENORMAN...EST-CEPLUSFACILEÉCRIRE POURLESAUTRESQUEÉCRIRE POURSOI?Les deux sont totalement différents.Déjà,j'ai du mal à écrire sur commande. Je nesuispas pharmacien : je ne suis pascapable de faire une ordonnance.Cependant, je dois admettre que pourJohnny,cela a été une commande dePierre Billon (Ndlr : directeurartistique deJohnny au début des années 80)qui, unjour de 1982ou 1983,est venu chez moipour me dire que Johnny allait faire lePalaisdes Sports,et qu'il aimerait unechanson pour un moment précis du spectacle, un titre pour le moment du show où

Johnny apprenait que sa compagne avaitété assassinéepar des barbares danscespectacle à la "MadMax". Comme ca tombait à un moment oùj'étais plutôt déprimé,je n'ai eu aucunmal à écrire ce titre (sourire).Je me souviens que lorsque je suis allévoir Johnny répéter au Palaisdes Sports, ilm'a collé au mur quand ila attaqué "Jen'oublieraijamais". C'est un interprète tellement incroyable I Avec Placido Domingo,c'est une autre histoire dans la mesureoù ila repris une chanson qui s appelait "Leseaux du Mékong", et qui étaitsortie sur unalbum de 1984,je crois (Ndlr : en fait surl'album précédent, "Flashback",sorti en1983).Commeje suis ami depuis plus de30 ans avec WillJennings - qui a signé lachanson du "Titanic"pour CélineDion ou

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"TearsIn Heaven" pour Eric Clapton -, cedernier, chez qui j'étais à Los Angeles, avaitécrit un texte anglais sur cette musique qu'iltrouvait intéressante (Ndlr : "Why Do Ail TheGood Times Go Away"). Sur ce, mon manager de l'époque, qui avait été le producteurd'"Orange mécanique", et qui s'occupait deWill aussi, a été contacté par le producteurde John Denver... et de Placido Domingo,car celui-ci voulait faire un album de chansons. On ne sait pas pourquoi... Ondébarque donc chez ce producteur quinous dit qu'il trouve la chanson très sympaet qu'il aimerait que Placido Domingo l'enregistre... De fil en aiguille, ça se fait... Etquand j'ai écouté le résultat, je dois dire quej'ai été collé au mur, mais dans l'autre sens(sourire)Ce n'était pas bien du tout ! Onpeut avoir de vraies mauvaises surprises...Placido Domingo faut qu'il continue à chanter de l'opéra, c'est formidable, mais chanterde la variété avec une voix d'opéra : non....J'ai été très déçu. Avec Gérard Lenorman,c'est encore une autre histoire I C'est unerencontre initiée par Claude Dejacques, quiétait mon directeur artistique - formidable -au début de mon existence discographique.J'étais alors dans un hôtel à Antibes où il yavait une convention de la maison dedisques de Gérard, CBS pour ne pas lanommer Un soir,où j'étais en train de chanter dans un coin du bar un truc que je venaisd'écrire qui s'appelait "Ailleurs", Dejacquesme dit : "Ce serait vachement bien pourLenorman". Et rajoute : "Enplus, il est àcôté". Il est donc allé chercher Lenorman etl'a ramené. J'ai donc rechanté ma chansondevant Gérard Lenorman et ce dernier a euenvie de la chanter à l'Olympia (Ndlr : elleest d'ailleurs sur son premier live, "Olympia1975"). Ceci dit, il y a des exemples beaucoup plus récents. Par exemple, SofiaEssaïdi, qui est ma complice depuis un certain nombre de semaines maintenant, me ditil y a deux jours : "J'aimerais bien que tu mefasses une chanson". Et il se trouve que, cejour-là, je l'ai écoutée parler, raconter sa vie,à quelqu'un... Le déclic a été immédiat et,dès le lendemain matin, j'ai fait le texte et lamusique d'une chanson pour elle.Ça datedonc d'hier (sourire). Dès que j'ai une connivence affective, une complicité, une amitié,avec quelqu'un, ça me donne envie d'écrire... C'est la seule solution... ou alors lesgens rentrent dans mes pompes et prennentune chanson que j'ai écrite pour moi.

VOUS PARLIEZ DE CLAUDE DEJACQUES,QUI A ÉTÉUNDES GRANDS DIRECTEURSARTISTIQUESDE L'HISTOIRE,NOTAMMENTCELUI DE BARBARA, MAISVOUS AVEZAUSSI ÉTÉUNE DES PREMIÈRESDÉCOUVERTES DE PHILIPPE CONSTANTIN,QUIAAUJOURD'HUI UNPRIX QUI PORTESONNOM.ËTES-VOUSGÊNÉQU'ON NE VOUSCITE JAMAIS PARMI LESARTISTESQU'IL ADÉCOUVERTS?Je dois mon existence artistique, et je pèsemes mots, à deux personnes. D'abord àPhilippe Constantin, qui, en 1973-1974, étaitle directeur des éditions de Pathé- Marconi,une maison de disques qui m'avait fait enre

gistrer mes deux premiers 45 tours, dont onavait dû vendre quatre exemplaires (sourire).Il a écouté une grosse bande sur laquelle il yavait 12 ou 15 chansons, et c'est lui qui a dit :"On ne peut pas continuer à faire faire des45 tours à ce mec-là, il a un univers !"... Et ila proposé que je fasse un album en rajoutant : "Claude Dejacques va sûrement dépa-touiller l'affaire "... Et il a appelé ClaudeDejacques, qui est venu écouter les chansons, et a pensé immédiatement à Jean

Musy (Ndlr : un grand arrangeur)... Et l'association de ses trois malfaiteurs, que j'aimeprofondément et que j'aimerai toute ma vie,a fait qu'on a enregistré un album qui s'appelait "D'où venez-vous", et sur lequel il y avait"So FarAway From LA " (Ndlr : sorti en 1975).

Philippe Constantin était vraiment un visionnaire absolu. Il m'a découvert, mais Higelinpeut dire la même chose, Gérard Mansetaussi... Également les Pink Floydpour leurcome-back de 1976. Sans oublier le groupeTéléphone. Ce qui est drôle c'est que surmon album de duos, il y a plein de gensvachement sympas, et notamment desartistes qui ont participé au Prix Constantin...On a l'impression que la boucle est bouclée...

HORMISPHILIPPE CONSTANTINQUI TRAVAILLAIT AUX ÉDITIONSPATHÉ-MARCONI,AVEZ-VOUSEU BEAUCOUP D'ÉDITEURSQUIONT COMPTÉDANS VOTREVIE ?Won,le seul éditeur qui a compté c'est

Pathé, plus exactement Eco Music qui aédité mes premières chansons et qui est

Avec Gérard Lenorman,c'est une autre histoire.

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Goldmanm'aémuauxlarmes...

très content de ce qui se passe en cemoment car ça leur fait des sous (rires).Philippe était un éditeur qui faisait son boulot d'éditeur, malheureusement il n'y en aplus beaucoup. En plus, Pour un auteur-compositeur-interprète comme moi, le rôled'un éditeur est fortement atténué, car, àl'origine, un éditeur est là avant tout pourfaire se rencontrer un auteur et un compositeur dans l'espoir qu'ils écrivent ensembledes choses que des interprètes enregistreront... Aujourd'hui, un auteur-compositeur-

interprète avec un home studio peut faireseul ses maquettes. Dans ce cas-là, unéditeur ne peut servir qu 'à placer deschansons à d'autres interprètes.

VOUS QUIAVEZ ÉCRITTROIS ROMANS,DIRIEZ-VOUSQUELE MÉTIERD'AUTEURDE CHANSONS ET LEMÊMEQUE CELUID'AUTEURDE LIVRES ?Non, ce n'est pas du tout pareil... Enfin, ence qui me concerne, c'est la même joie, lamême frénésie, la même envie... Pour leschansons, j'écris des tas de musiques, jedois avoir en ce moment 70 chansonsd'avance, dont 28 avec des textes, le restequi les attend... En revanche, pour unroman avec des personnages, pas un livrede souvenirs comme celui qui vient de sortir (Ndlr : "So FarAway, un certain 21 mars"

sorti le 4 mars), il faut une espèce de discipline quotidienne pour faire évoluer lasituation et la psychologie des personnages. C'est difficile d'écrire un jour et dereprendre six mois plus tard. Moi, unroman, en général, je l'écris dans la continuité, avec plus ou moins d'inspirationselon les jours. En revanche, une chanson,c'est moins de concentration. Je me souviens avoir écrit "Etmon père" lors d'uncours sur la maladie d'Edison à la Fac demédecine. Je prenais les cours sur unefeuille et j'écrivais le texte sur une autre...Et j'ai fait la musique en rentrant chez moirue Jeanne d'Arc. Je chantonnais en marchant sur le trottoir. Ce sont des flashs.

VOUSAVEZAPPRISTRÈSTARDÊTREJUIF.

PENSEZ-VOUSQU'IL Y AIT UN RAPPORTENTRE LE TALENT DE COMPOSITEUR,DEMÉLODISTE,ET LES GÊNES?Je ne me suis jamais posé la question. Detemps en temps, je me rends compte qu'il

y a des réminiscences dans mes harmonies... Elles doivent bien venir de quelquepart (rires).Le côté mineur poignant. Maisn'ayant pas été élevé dans la religion, etétant totalement agnostique, je... Ceci dit,c'est sûrement vrai car je tiens l'écriture demon père. Ma mère n'écrivait pas, elle était

médecin, obsédée par la Recherche...Avant ça, elle avait été ingénieur. Mon père,lui, était médecin de campagne, mais ilavait failli être accepté chez Gallimard à 23ans. Et il a toujours écrit : des pièces dethéâtre, des romans..., mais si cela n'ajamais été publié ni monté. La questionreste posée mais j'ai tendance à penserque oui, ça a un rapport.

VOUS N'AVEZ PASPRONONCÉLE MOT"JUIF" DANS VOTRERÉPONSE?Non, parce que je n'ai jamais appris ma"judéité", puisqu'on ne m'a jamais élevé là-

dedans. C'était quelque chose, je ne diraipas de tabou, mais dont on ne parlait pas,car ma famille en a souffert gravement(Ndlr : Nicolas est né en 1949, soit quatreans après la fin de la guerre). Je n'ai doncpas eu à me poser la question quandj'étais jeune même si je composais déjà.Je me la suis peut-être posée après, quandj'ai su, en me disant que cela avait peut-être un rapport avec ces espèces d'harmonies un peu émouvantes qui me viennent...

QUEL EST LE PREMIERDISQUE QUIAMARQUÉVOTREVIE QUANDVOUSÉTIEZENFANT ?Le premier que j'ai acheté avec mon argenta été le 45 tours des Beatles où ils sontassis avec une corde blanche autour ducou, et où ils chantent "I Want ToHold

YourHand" (Ndlr: 1963/1964). Ça,je m'ensouviens très très bien.

QUELEST LE PREMIERCONCERTAUQUELVOUS AVEZASSISTÉ ?Je crois que c'est, non, j'en suis même sûr,c'est le concert des Rolling Stones àl'Olympia (Ndlr : 20 octobre 1964). J'avaistout fait pour devenir "Copain Meunier"

dans Salut Les Copains - il fallait justebouffer du chocolat Meunier (sourire) -, carça permettait d'avoir des invitations pourl'Olympia. Finalement, je n 'ai pas été inviténi par Salut Les Copains, ni par le chocolatMeunier,mais par mon oncle qui m 'a offertune loge au-dessus de la scène.

QUELLE EST LA CHANSON,QUEVOUSN'AVEZPAS ÉCRITE,QUI VOUS A LE PLUSÉMU, PEUT-ÊTREMÊMEAUX LARMES ?On va revenir au côté ashkénaze, mais"Comme toi" est une chanson de Goldmanqui m'a ému aux larmes (rires)

QUELLEESTLA CHANSONQUEVOUSAURIEZAIMÉ ÉCRIRE,COMPOSER,CHANTER?C"esf très simple. Il y en a plein mais il y ena une qui m'a fait arrêter ma voiture un jouroù je tournais autour de la Place de l'Etoile.Je l'ai entendue à la radio et je suis restépétrifié devant l'évidence, l'écriture et labeauté de la chanson : "Ils s'aiment" deDaniel Lavoie.

QUE REPRÉSENTEPOURVOUS LASACEM ?Ça me permet de payer plein de choses...Mais j'ai eu souvent le sentiment que laSACEM était là pourm'aider. Elle m'abeaucoup rendu service, elle m'a beaucoup conseillé dansplein de domaines,surtout à l'époque d'une vie un peu houleuse, dirons-nous... C'est bien de se sentirprotégé par une bulle. La SACEM a souvent été là à des moments où je ne l'attendais pas pour des choses très positives.

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Cjôfia Cyssaïai

LAPÉRIODESEMBLEMARQUÉEPAR PASMAL DE DUOS.APRÈSCHICOS LESGYPSIES,ENRICOMACIAS,AMAURYVASSILI,TU ESCET AUTOMNESUR L'ALBUM DE NICOLAS PEYRAC.À QUAND UNALBUM DE SOFIATOUTESEULE ?Je travailleactuellement sur un nouvelalbum, mais comme j'ai voulu avoir une carrière multi-facette, j'ai souvent mis ma carrière de chanteuse solo de côté au profitd'autres projets d'équipe : des comédiesmusicales, des films... Après la fin de lacomédie musicale "Cléopâtre", il y a donctrois ans, j'ai cependant commencé à enregistrer ce nouvel album. Ceci dit, je pensaisque cela seraitplus simple : que m 'être éloignée de moi pendant quelques années nem'empêcherait pas de me retrouver. Et ça aété un enfer. Pour plein de raisons. J'ai travaillépendant un an et demi sur un albumqui était aux antipodes de ma personne, demon univers (Ndlr : On a appris après l'interview que, suite à saparticipation à"Danseavec les Stars 1" en février-mars

2011, on avait demandé à Sofia d'enregistrer un album de chansons qui illustrent différentes danses). Cela a été très douloureux,tellement douloureux quej'ai arrêté, que j'aidécidé d'attendre le moment où on me permettrait d'être celle que je suis. Et là, on neme l'a pas permis pendant deux ans, ce quifait que j'ai continué de chanter à travers cesprojets d'albums de duos que j'ai aimé faire,en attendant de me remettre à moi. Et maintenant, c'est le moment.

TU AS DONCMIS UNALBUM À LA POUBELLE POURLADEUXIÈMEFOISCAR, JUSTEAVANTDE SORTIRLE PREMIER,"MONCABARET", EN2005, TUAVAISDÉJÀ ENREGISTRÉPUISABANDONNÉ UNALBUM DEJAZZ VOCAL,NON ?Ce n'est pas la même histoire. Pour ce premier album trèsjazz qui n'est jamais sorti,c'était une envie énorme de me distingueren sortant de la StarAcademy (Ndlr : troisième édition fin 2003) qui est quand même unviolent bulldozer. L'envie de dire : "ce n'estpas parce que j'ai fait la Star Ac que je vaisfaire de la soupe après I J'ai un univers : j'aime le jazz,j'aime le blues I Je suis uneArtiste !". Aujourd'hui, je sais que cela a étémaladroit. Je voulais tellement me distinguerque cela a été à l'extrême. Cet album a étéfait avec des puristes du jazz, mais c'étaittrop tôt... Je ne le regrette pas, mais heureusement que j'ai eu la lucidité de ne pas lesortir. À 19ans et en sortant de la Star Ac,j'ai compris que je ne pourrais pas me faireaccepter par le monde des «jazzeux »...Cependant, à cette époque, j'avais uneliberté totale, ce qui n'a pas été le cas pourl'album qui a suivi "Cléopâtre" (Ndlr : de2007 à 2010),où je n'en avais aucune, et quine me ressemblait en rien du tout. Et c'est laraisonpour laquelleje l'ai arrêté. Tantpis sije ne suis pas au Top3, comme on mel'avait promis avec ce disque et ce qui est -

je l'avoue - très tentant, ceque je veux c'est vibrerquand je chante meschansons. Aujourd'hui,après ce début de carrièreoù j'ai tout choisi, maisjen ai pas eu le temps desouffler, de me poser, etpeut-être même d'être uneartiste... On n'est pas uneartiste comme ça en claquant des doigts... On estartiste parce qu'on se

cherche, parce qu'on seplante... Jusqu'au jour oùon se trouve.

DANSLE PASSÉ,TUASDÉPOSÉ19ŒUVRESÀ LASACEM,COSIGNÉESNOTAMMENTAVECQUENTINBACHELET,MAIDIROTH...AUJOURD'HUI,TE SENS-TU DAVANTAGEINTERPRÈTEOU AUTEUR-COMPOSITEUR?Ce qui est terrible c'estque je me sens interprèteavec des exigences d'auteur-compositeur.J'adorerais être auteur-

compositeur, maisj'ai terriblement peu confiance en moi, même siaufond, j'imagine que je peux l'être... C'estpour ça que pour l'instant j'aime me reposersur le talent des autres et "co-faire" leschoses... Je suis consciente qu'auteur oucompositeur est un talent, un métier. Cecidit, j'ai écrit des chansons toute seule. Jedois en avoir une quarantaine qui dormentdans mes tiroirs, mais je suis la seule à lesconnaître..Avec mon frère, ma mère etquelques amis qui me poussent à un pointassez dingue (sourire). Un jour, je les retravaillerai,et je les sortirai. Pour l'instant, c'estencore tellement petit...

AS-TUDÉJÀ EU UNÉDITEURDE MUSIQUEQUI T'A CONSEILLÉESURL'ÉCRITURE?Non, jamais.Je n'aijamais eu d'équipe quim'a conseilléedans ce sens-là car on n'ajamais eu besoin de moi pour ça... Mais,aujourd'hui, je rétablis les choses.J'ai enviede travailleravec des gens qui m'aiguillent,qui me dirigent artistiquement, que ce soitdans l'écriture ou la composition. Cela faitaussi partie des réflexions que j'ai eues durantces troisans de remise en question, de remise au point. Ce sont aussi les rencontres quivous donnent envie de certaineschoses. Marencontre avec Nicolas Peyrac m a redonnél'envie de la qualité du texte,des mots, chosequi m'a échappé pendant trop longtemps.

TOI QUIAS FINIDEUXIÈMEDE LA PREMIÈREÉDITIONDE "DANSEAVECLES STARS".PEUX-TUME DIRESI LA DANSEESTDE LACRÉATIONOU DE L'INTERPRÉTATION?Les deux. C'est aussi un moyen d'expression terrible. J'ai la chance de connaître et lechant et ladanse, et la danse est extraordi-

NicolasPeyracm'a redonnél'enviede la qualitédu texte..

naire car elle n'a pas de barrière. La voix estune barrière, le corps absolument pas.Quand on est timide ou réservé, la danse estplus facile que le chant. J'adore aussi lacommunion avec les danseurs, c'est formidable. Comme la communion avec un autrechanteur... J'aime partager l'émotion. Enplus, dans la danse, les corps se mélangent,les peaux se touchent, c'est terriblementintime...

EST-CEQU'ILAÉTÉPLUS FACILEDEJOUER"CLÉOPÂTRE" QUEDE FAIREUNESCÈNEAVECTESCHANSONS? ET SIOUI,EST-CEPARPUDEUR?C'est marrant que tu dises ça... Oui, c'estcomplètement vrai car je suis très pudique.Quand j'ai fait mon premier album - est-cepar pudeur ou parce que je n'avais rien àdire à ce moment-là, car j'avais 19ans et onn'a pas grand-chose à dire à 19ans ? -, j'aidemandé aux auteurs de m'écrire des histoires, et pas mes histoires. Je trouvais çabeaucoup plus facile à chanter. Aujourd'hui,ça fait dix ans depuis la StarAc, et j'ai enviede me raconter.Je suis aussi peut-être unpeu moins pudique et avec peut-être un peuplus de choses à dire (sourire)...Pour enrevenir à "Cléopâtre". c'est une période où

je me suis oubliée car j'étais Cléopâtre :jemangeais Cléopâtre, je dormais Cléopâtre...C'était terrible. Mes parents m'ont perduependant quatre ans (sourire)...Mais cen'était pas moi, et c'était donc plus facile.Quand on joue un personnage, on a plus defacilité à être exubérante, à être méchante...

EST-CEQUEJOUER DANS UNECOMEDIEMUSICALEOU DANS UNTÉLÉFILMEST LEMÊMETRAVAIL? QU'EST-CEQUIEST LE

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Dalida m'a donné legoût du spectacle...

PLUS DIFFICILE: ÊTRECLÉOPÂTRE,AICHA OU SOFIA ?Le plus difficile reste d'être Sofia. Mais si jen'étais que chanteuse, ou que comédienneou que show girl, quelque chose me manquerait. J'ai besoin des trois. C'est aussipour ça que j'ai toujours été fan de comédies musicales parce qu'on y chante et ony joue la comédie.

QUELEST LE PREMIER DISQUEQUI AMARQUÉTA VIE ?Il y en a deux qui résument d'ailleurs assezbien mon envie de carrière. J'ai été bercéepar Dalida etAznavour. Dalida m'a donnécet amour du spectacle, du show à l'américaine..., ces bras ouverts que j'ai tellementutilisés sur "Cléopâtre"... Et Aznavour m'adonné l'amour du mot. Il faut dire que mamère, qui était très littéraire, en était vraiment fanatique. J'ai donc été guidée parces deux mondes : le monde du mot et lemonde du show. Et, aujourd'hui, c'est monproblème : allier ces deux mondes sur l'album que je suis en train de préparer et cen'est pas si facile que ça.

QUELEST LE PREMIERCONCERTAUQUEL TU ASASSISTÉ ? AU MAROC,J'IMAGINE...Au Maroc, le premier concert quej'ai vu aété celui d Aznavour. Ensuite, j'en ai vubeaucoup en France car mon père étantcommandant de bord (Ndlr : dans unecompagnie aérienne), on venait régulièrement à Paris passer une semaine, et sefaire des pièces de théâtre et des comédies musicales. Toujours placés au 13èmerang car, avec ma mère, on trouvait quec'était celui où on voyait le mieux. On estmême devenu des terroristes de cetteplace (sourire). J'ai même une anecdote :j'ai vu, à 13 ou 14 ans, une de mes premières comédies musicales, qui devait êtreou "Notre-Dame de

Paris" ou "Roméo etJuliette", au Palais des Sports. Là,j'ai dit à

ma mère : "Dans dix ans, je serai sur cettescène. " Et elle m 'a dit : "Oui, dans dix ans,tu seras là". Dix ans plus tard, j'y étais avec"Cléopâtre". Et, la première fois que je suismontée sur cette scène, j'ai regardé lefameux 13ème rang, et je me suis revuepetite fille m' imaginer sur scène, juste dansun petit rôle car je ne me serais jamais imaginé avoir le premier (sourire). Je crois qu'ilfaut rêver et aller au bout de ses rêves.

QUELLE EST LA CHANSON,QUI N'ESTPAS DANS TON RÉPERTOIRE,QUI T'A LEPLUS ÉMUE?"Avec le temps". Ferré. C'est vrai que je nedevrais pas, à mon âge, être touchée parune chanson comme ça, comprendre sa

portée..., mais elle me touche depuis longtemps... Depuis que j'ai 20 ans. Et pourtant, j'ai attendu jusqu'à 24 ou 25 ans pourpouvoir oser la chanter car je pensais queje serais ridicule... Je voulais avoir l'âge où

on est censé comprendre ces choses-là.

Finalement, je ne l'avais pas quand je l'aichantée, mais j'y suis allée quand même(sourire).

QUELLE EST LA CHANSON QUETUAURAISAIMÉ ÉCRIREOU COMPOSER?"Avec le temps" ! Ces paroles vraies,simples, me rentrent dans l'estomac...

AVECSEULEMENT19 TITRESDÉPOSÉS,J'IMAGINEQUE TU NE PEUXPAS VIVREGRÂCEÀ LA SACEM......Non, pas encore... (rires)

... MAIS EST-CEQUEÇA REPRÉSENTEQUELQUECHOSE POURTOI ? EST-CELAPREMIÈREQUETUY VIENS ?Non, ce n'est pas la première fois, mais ellereprésente ce que j'aimerais être, et que jeserai sûement un jour, un auteur-compositeur. Et ce jour-là, je n'aurais pas 19 chansons déposées ici, mais 1119 !! (éclat derires)

CJêfiu Csssaïoi OLfticolas JSteijfac

(Ilschantent ensemble un début de nouvellechanson que Nicolas a écrit pour Sofia)

SOFIA ESSAIDI (SE) : (avec l'accent qué

bécois) Quel talent ! Quel talent NicolasPeyrac !NICOLAS PEYRAC (NP) : (lui aussi avecl'accent québécois) Quel talent la la I

COMBIEN DE TEMPS,ES-TURESTÉAUQUÉBEC, NICOLAS ?NP : 15 ans. J'y suis parti le 27 juin 1993...

BEAUCOUPDE DUOSÀ LA STARACPOURTOI SOFIA. ETMÊMEQUELQUES-UNS SUR DISQUE, EST-CEQUELE DUOCHANGE EN FONCTIONDE LA PERSONNE QU'ON A EN FACE?SE : Oui, bien sû le duo change en fonction de la personne, l'histoire change en

fonction de cette personne... Ce sont toujours des partages mais l'histoire n'estjamais la même. Et, parfois, l'histoire estmerveilleuse comme avec Nicolas. Çadépasse le projet, ça dépasse la chanson,une vraie amitié se crée, de vraies connections, une vraie intimité... Je pense que jefais ce métier pour des moments commeça. Pour en arriver là, à des moments degrâce entre deux artistes. Et ça ne sepasse pas toujours comme ça...

NP : Même pour faire une émission detélé, comme on en fait en ce moment, onn'a pas de stress. Au contraire, on a labanane, parce qu'on sait qu'on va seretrouver. On se regarde et on rigole. Et lesgens sont étonnés : ils doivent même penser qu'on se connaît depuis 25 ans ! Je l'aivue arriver il y a quelques mois au Studio

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Acousti pour faire sa voix, etje me suis toutde suite dit que ça allait le faire. Et ça l'a faitimmédiatement. On n'a pas eu à se poserde questions. Maintenant,j'ai envie que çacontinue : elle m'a demandé de lui faire unechanson, et je l'ai faite.J'ai aussi envie qu'elle vivesa vie d'auteur ou de compositeur,qu'elle existe en tant qu'elle... parce qu'elleest formidable ! Etje pense chaque mot queje dis là.

SOFIAA FAITBEAUCOUPDEDUOSDANSSACARRIÈRE,ET TOI? JEN'AI PASL'IMPRESSIONQU'ILY ENAIT EUBEAUCOUP...NP : Non, non. J'ai fait un duo avecMathilde Seignier(Ndlr : "Deuxinconnus quis'aiment") sur un album sorti en 2006 quis'appelait "Viceversa". J'aimais beaucoup lacomédienne, le hasard d'un dîner avait faitqu'on s'était rencontré, et je lui avaisproposé ce duo... J'ai fait un autre duo avec quelqu'un que j'adore, qui est malheureusementtrop méconnu - maisj'espère que ça ne vapas durer -, et qui s'appelle Olivier Gann(Ndlr : il a été une découverte d'Astaffortd'abord produit par Cabrel).Il m'avait proposé une chanson (Ndlr: "Ladernière fois"),qu'il avait écrite avec quelqu'un d'autre (Ndlr: Véronique Chanat),et que j'avais enregistrée avec lui sur un album acoustique, quis'appelle "Case départ", et que j'avais fait en2009, chez moi. Ce sont les deux seuls duosque j'ai faits avantd'avoir le privilègede croiser tous les gens invités sur l'album "Etnousvoilà", dont Mademoiselle ici présente.

DANSCETALBUMDE DUOS,TU CHANTESAVECDESGARÇONSCOMMEBÉNABAR,EMMANUELMOIRE...ETAUSSIAVECDESFILLESCOMMEANAÏSET SOFIA..EST-CEDIFFÉRENT? LECHARMEJOUE-T-ILDAVANTAGEAVECLESFILLES?NP : C'est sûr que le charme de Sofia cen est pas exactement le même que le charme de Bénabar (sourire)et de sa casquette... Pour êtreplus sérieux,cette aventureest un vraibonheur, un cadeau.D'abord desavoir que ces invités ont répondu présentpar rapport à une écriture et par rapport àune envie de partage d'émotions. C'est vraique quand Bénabar vient chanter "On dit"

avec moi, j'ai l'émotion carje me dis qu'il n'apas besoin de moi pour être Bénabar.Quand Sofia vient, elle n'a pas besoin demoi pour être Sofia avec le talentqu'on luiconnaît. Pareilpour tous les autres.Donc, àla question : est-ce que les émotions sontles mêmes ? Je réponds : Oui, elles sontquasiment les mêmes I

DANSCETALBUM, IL MANQUEDESSUCCÈSCOMME"IL Y AURAITDUSOLEIL"...TUSEMBLESAVOIRPRÉFÉRÉTES BELLESCHANSONSÀ TESTUBES.NON ?NP : Oui, je le considère d'ailleurs commeun album de nouveautés,car il n'y a quequatre chansons très connues :"So FarAway", que je chante avec Sofia, "Etmonpère ",avec Carmen-Maria Véga, "Jepars "

avec Serge Lama, "Satanéequestion" avecMickaël Furnon. Toutesles autres, ce sontdes chansons prises dansmon parcours

Ce n'est pas le même quele charmede Bénabar.,

entre 1975et 2011 par Matthieu Johann -qui a produit l'album -, et qui s'est dit : "Quipourrait partagercette chanson ?"Il y pensed'ailleurs depuis 2008 où il a commencé àme parler de ce projet. En aucuncas, il n 'avoulu empiler les succès éventuels...Ila cherché des gensqui avaient enviede se coulerdans le moule, et a surtoutprivilégiél'artistique.Et Michel Coeuriot, l'arrangeur,a faitunboulot de damné.Prendre le risqueet lepande prendre "SoFar Away", et d'en faire cettechose magique suspendueà la limite du jazz,du blues...dans laquelleSofia et moi on sesentsi heureux.Et il a faitçapour chaquechanson...Tout en donnant une homogénéitéà un albumqui compte quandmême 12titres.J'en parle d'autant plus facilementqueje n'en suispas responsableI

QUELESTVOTREAVISSUR L'IMPORTANCEDE L'ARRANGEUR,QUIPEUTD'AILLEURSÊTRESUR LESCRÉDITSD'UNECHANSONÀ LA SACEM? EST-CEQU'UNARRANGEMENTPEUTSUBLIMERUNECHANSON?SE : Un arrangement peut aussidétruire unechanson (rires).Çam'est arrivésouventd'avoir une très belle maquette,et que l'arrangement fasse qu'on s'éloigne de cequ'on avait dans la tête. Ou alors on s'enrapproche encore plus... Ceci dit, une bonnechanson est bonne sans arrangement,à laguitare ou au piano.NP : C'est vraique j'écris dans mon coin,mais je donne tout le temps mes chansons àquelqu'un qui vapeut-être les sublimer, cequi a été le cas de Michel Coeuriot. Enrevanche, cette chanson dont je pariais,"Les eauxdu Mékong", par PlacidoDomingo, a été "écrabouillée"par ce qu'onen a fait. Elle est devenue inaudible.SE : Moi, cela m'est arrivésouvent.Notamment sur le dernier album qui a étéavorté.Il y a eu des problèmes d'arrangements et de mixesqui ont détruit mes chansons.

C'ESTAMUSANTQUEMATTHIEUJOHANNAIT PRODUITCETALBUM DEDUOSCAR ILA FAITPARTIEDE LA STARAC 4 EN 2004...SE : C'est un très bon chanteur.NP : C'est un super-chanteur...Mais pourquoi être méprisant avec la Star Ac ? Moi,quand,j'ai commencé, j'ai fait une émissionde télé qui s'appelait "Lejeu de la chance",qui n'était ni plus ni moins une émission detélé crochet où les téléspectateursvotaientdéjàpar téléphone. Quand on a lapersonnalité de Sofia ou de Matthieu, qu'ils sortentde la StarAc ou de Pampelune, on s'enfiche.SE : Ce qui est mauvais, c'est si on réagitmalpar rapport au projet, Ce n est pas lafaire qui est mal, mais la manière qu'on a deréagir et d'être pendant leprojet. Mathieu etmoi, je crois qu'on a eu la même vision :c'est un tremplin, soit un début, pas une fin.Ily en a beaucoup qui se sont dits : "On estconnu, on a des gardes du corps, on faitdes concerts de dingue, c'est génial !" Alorsque ce n'est rien du tout, juste le commencement de quelque chose. Un débutd'ailleurs difficile quand on a envie d'êtrevraiment artiste.

ONNE VAPAS PARLERDU"JEU DE LACHANCE"DE SEPTEMBRE1968QUIA ÉTÉLA PREMIÈRETÉLÉ DE NICOLAS(SOURIRE).MAISDITES-MOIPLUTÔTQUIA DÉCIDÉDE QUIALLAIT CHANTERQUOI?NP : C'est Mathieu. Maisje connaissaisSofia, notamment parce que je vénère Stinget qu'elle a chanté en duo avec lui I J'aimême été jaloux d'elle ! (sourire).En chantant avec elle, indirectement,je chante avecSting (rires).SE : Et c 'estgrâce à laStar Ac que j'aichanté avec Sting, avec Elton John...

ET NICOLASFAITSURCET ALBUMUNDUOAVECLAMA, QUIACHANTÉAVECTONIDOLE DALIDA,LAQUELLEAVAITCHANTÉ

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SON "JE SUIS MALADE"

SE: J'ai aussi une très belle histoireavec Serge Lama qui m'avait fait une surprise énorme à la Star Académy envenant chanter en duo ce "Je suis mala

de", alors que je n'étais pas au courant.C'était en direct lors d'un prime et je suiscontente de ne pas avoir perdu mesmoyens (sourire). Je suis d'ailleurs toutautant impressionnée d'être à côté deNicolas car je suis en admiration devantlui. Je suis même étonnée qu 'un hommeaussi grand, avec autant de talent, aitaussi peu confiance en lui. Il était étonnéd'apprendre que tous les artistes invitéssur l'album aient répondu "Oui". Pourmoi, c'était logique, normal, qu'on

soit'

tous d'accord de chanter avec lui, maiscela ne l'était pas pour lui. Cet hommeme touche à un point que vous ne pouvez pas imaginer ! C'est plus que de l'humilité, c'est un mot qui n'existepas...(sourire)NP: Quand on vit pendant 15 ans àMontréal, et qu'on ne sait pas bien comment les gens et les autres artistes perçoivent votre écriture, on ne peut passavoir. Je me disais que les gens enFrance devaient penser que j'avais disparu de la circulation, que j'avais explosé envol, ou que j'étais un OVNI. Grâce àMathieu et à tous ces invités, je me suisrendu compte que je n'étais pas unOVNI.

TU ME DISAIS QUE TU ÉCRIVAISUNECHANSON POURSOFIA. EST-CE UNEEXCEPTIONOU AS-TU ENTAMÉUNECOLLABORATION AVEC D'AUTRES INVITÉS DE L'ALBUM ?NP : Pour l'instant, c'est l'exception, etqu'est-ce que j'aime cette exception !Sofia m'inspire, ça ne s'explique pas,comme tes histoiresd'amour ou d'amitié.Je n 'ai pas une seconde pen-é écrire pourqui que ce soit d'autre sur ce disque.

AS-TU SOUVENTÉCRITPOURDESFEMMES?NP : Pour Marie Laforêt à mes débuts,"Tant qu 'il y aura des chevaux", paroleset musique.

MAIS TU N'AVAIS PAS ÉCRITCETTECHANSON POURMARIE ?NP : Non, tu as raison, elle a chanté cettechanson que j'avais écrite à l'origine pourmoi...

SOFIA EST DONC LA PREMIÈRECHANTEUSEPOUR LAQUELLETU ÉCRIS, NON ?NP : Tuas raison, je n 'y avais pas pensé,mais c'est vrai,je crois que c'est la première fois.. (Sofia est émue). En plus, aumoment où j'ai eu l'idée de cette chanson,elle ne m'avait pas encore demandé de luien écrire une. Elle ne l'a fait que dix minutesplus tard. Si ça, ce n'est pas de la connivence et ce ne sont pas des ondes quise baladent, je ne sais pas ce que c'est.

SE : C'était une évidence qu'il fallaitqu'on écrive ensemble...

POUVEZ-VOUS NOUSJOUER UN BOUTDE CETTE CHANSON QUI EST EN TRAINDE NAÎTRE ?NP: Oui. C'est une chanson sur lesapparences car Sofia est tellement belle,a tellement de charme, que cela peut-

être un handicap pour elle. Je ne connaispas le texte par cœur, mais ça faitquelque chose comme ça (ilfredonnepuis elle chante avec lui...)

EST-CE LA PREMIÈREFOIS QUEVOUSLA CHANTEZ ENSEMBLE ?SE : Oui, Nicolas m'a dit hier qu'il l'avaitfaite, mais comme on était dans une loged'émission de télé, il m'a juste montré lesparoles sur son téléphone. Ses mots,c'est tout ce que j'aime, tout ce quej'écrirais si j'avais ce talent-là...NP : Je lui ai juste chantonné le texte quej'avais fait avant-hier, juste pour lui montrer.SE : C'est la première fois devant vousqu 'il me la joue et qu 'on la chante avecune guitare.

VOUS ALLEZQUAND MÊME NOUSCHANTER "SOFARAWAY"...SE : Allez, on s'en fait un petit bout. Pourse faire plaisir à nous aussi (ils chantenttous les deux et il l'embrasse sur le frontà la fin de la chanson). On se fait toujoursdes petits bisous à la fin, c'est notre truc.NP : Et on fait ce qu'on veut ! (sourire)SE : Oui, on fait ce qu'on veut ! (rires).

C'EST UN MOMENT DE COMMUNION DEFAIRE UNDUO, UN PEU COMME FAIREL'AMOUR, NON ?NP : Je suis en train de me demander sichanter à deux, ce n'est pas mieux quechanter tout seul.SE : C'est ce que je n 'arrêtepas de dire !NP : L 'autre est un miroir qui renvoiel'émotion...

QU'EST-CE QUEVOUS POURRIEZNOUSOFFRIR COMME DUO INÉDIT?NP : "Une chanson douce que me chantait ma maman"...SE : "En suçant mon pouce, je l'écoutaisen m'endormant" ?NP : Ouais..Je la chante souvent enconcert avec le public. On y va?SE : Incroyable... (Et Ils chantent la chanson d'Henri Salvador en parfaite harmonie spontanée)

EST-CEQU'ON PEUT DIRE QU'IL Y A DESBEAUX JOURS DEVANTVOUS ?NP : Oui, lesjours pluvieux ne s'annoncentpas.SE : Oui, ni dans la collaboration artistique, ni dans l'amitié...

PROPOSRECUEILLISLE 9 OCTOBRE2013.

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