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www.gorgesdugardon.fr Février/2016 Gorges • Garrigues • Gardon info 3 c Maïlys Paradis N° 13 Les gorges du Gardon désignées Réserve mondiale de biosphère par l’UNESCO

Février/2016 N° 13 Gorges • Garrigues • Gardon info 3 › sites › default › files › fichiers › info...Dès 2007, la Région Languedoc-Roussillon avait créé la Réserve

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N° 13

Les gorges du Gardon désignées Réserve mondiale de biosphère par l’UNESCO

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Les acteurs du territoire ont travaillé ensemble pendant plus de six ans sur le projet de la Réserve de biosphère des gorges du Gardon, porté par le Syndicat mixte des gorges du Gardon. L’obtention de cette désignation, attribuée par l’UNESCO, vient récompenser ce travail collectif et reconnaître les efforts fournis par chacun pour préserver les richesses de notre territoire. Les gorges du Gardon bénéficient désormais d’une identité internationale et d’un réseau qui relie 651 lieux à travers le monde. Preuve que la cohésion est gage de réussite. Ainsi, les agents du Syndicat mixte se joignent à moi pour remercier tous les habitants et élus qui ont participé à la création de la quatorzième réserve de biosphère en France. Cela ne s’arrête pas là : en rejoignant le réseau mondial des réserves de biosphère, nous nous engageons, habitants et acteurs de la Réserve de biosphère, à poursuivre nos actions de préservation et de valorisation de cet environnement qui nous est cher. De nombreux projets sont déjà en place pour permettre un développement équilibré du territoire ; en font partie les actions du Syndicat mixte : soutien à une agriculture durable, gestion d’espaces naturels, suivis d’espèces protégées, développement local, actions de sensibilisation, autant de missions menées aujourd’hui et depuis plusieurs années, dans les gorges du Gardon. Notre structure, en tant que coordinateur de la Réserve de biosphère, a maintenant pour objectif de rassembler les démarches volontaires locales, actuelles et à venir, afin de les accompagner et d’atteindre, ensemble, les objectifs que nous nous sommes fixés. C’est-à-dire, de réaliser des actions qui s’inscrivent dans

une démarche mondiale de progrès en matière de développement durable, au moins pour les dix ans à venir.J’espère et souhaite que la reconnaissance du potentiel de notre territoire par une institution aussi importante que l’UNESCO, vous motive, autant que moi, à continuer dans cette direction.

Propriétaire de 17 espaces naturels sensibles, le Département du Gard a pour mission depuis sa création de veiller à leur sauvegarde, à leur entretien, à leur valorisation respective. L’attractivité de ces sites naturels et préservés est un de ses atouts majeurs. Du belvédère de Blandas au delta de Camargue se succèdent forêts denses de chênes et de sapins, vastes prairies, garrigues sauvages, terres alluviales. Autant d’espaces soumis aux violents orages qui rongent les parois rocheuses, aux fortes chaleurs sources d’incendies, à la pollution qui menace les cours d’eau et les espèces mais aussi à la pression foncière et aux contraintes des activités économiques.Les élus de nos territoires savent combien la responsabilité de ces milieux fragiles est lourde et couteuse pour la collectivité départementale et s’emploient à tirer partie des dispositifs existants afin de stabiliser les financements, tout en pérennisant les actions de prévention, d’assainissement, de valorisation des différents sites. La désignation des gorges du Gardon au titre de Réserve mondiale de biosphère par les instances de l’UNESCO est donc à la fois la reconnaissance affirmée de la valeur inestimable de notre patrimoine et la promesse de mobilisation de nouvelles ressources extérieures. Sur les quatorze réserves de biosphères que compte maintenant la France, trois d’entre elles sont situées dans le Gard (la Camargue, les Cévennes, les gorges du Gardon).Fruit du travail conjoint de notre Direction de l’environnement et du syndicat mixte des gorges du Gardon qui ont consacré toute leur énergie à ce dossier, ce résultat s’appuie notamment sur la rénovation de la Maison du Grand Site à Russan et de ses zones de stationnement subventionnés par l’institution départementale à hauteur d’1,3 millions d’euros. L’appellation Réserve de biosphère concerne 26 territoires communaux, d’Uzès à Nîmes en passant par le Pont du Gard. Notre devoir consiste désormais à conférer à ces sites d’apprentissage pour le développement durable, la mission qui nous a été confiée, à savoir “concilier la conservation de la biodiversité et l’utilisation durable des ressources naturelles”. C’est la voie sur laquelle je me suis engagé auprès des conseillers de l’Assemblée départementale parce que nous devons apprendre à nous adapter à notre société et parce que la préservation de l’environnement est une des clés de l’attractivité de notre territoire.

Une juste et prometteuse reconnaissance. La désignation par l’Unesco des gorges du Gardon comme Réserve de biosphère, en juin dernier, est tout d’abord une juste reconnaissance. Celle-ci est assez rare : la France n’en compte à ce jour que treize autres – dont celle des Cévennes, l’une des plus anciennes de l’Hexagone – et il n’y a que 651 Réserves de biosphère à l’échelle mondiale. Juste reconnaissance, car notre canyon gardois recèle une faune et une flore remarquables qui lui ont déjà valu toute une série de labels et d’arrêtés de protection, comme celui relatif à la nidification de l’aigle de Bonelli, par exemple.La Région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées se félicite bien évidemment de cette reconnaissance internationale. Dès 2007, la Région Languedoc-Roussillon avait créé la Réserve naturelle régionale des gorges du Gardon et était depuis le principal partenaire (100 000 euros par an) de ses exemplaires gestionnaires, le Conservatoire d’espaces naturels du Languedoc-Roussillon et la Commune de Sanilhac-Sagriès.Cette reconnaissance internationale est par ailleurs prometteuse car elle va permettre de mieux protéger encore un patrimoine naturel d’une exceptionnelle richesse. Qui dit Réserve de biosphère implique en effet appui logistique par la fourniture de moyens pour des projets de démonstration ainsi que des activités d’éducation à l’environnement, de formation, de recherche et de surveillance continue sur des problèmes locaux, régionaux, nationaux et mondiaux de conservation et de développement durable.Des quatre Réserves naturelles régionales du Gard, celle des gorges du Gardon est déjà la plus fréquentée par le public. Cette désignation comme Réserve de biosphère lui apporte un atout supplémentaire en matière de tourisme. Car il ne s’agit pas seulement de protéger encore et toujours mieux un très riche patrimoine naturel, mais aussi de le valoriser et de permettre au public de le découvrir sans l’altérer. Je tiens à féliciter le Syndicat mixte des gorges du Gardon pour l’excellence du travail déjà accompli dans ce sens.

Si je n’étais pas encore membre du comité syndical lors du lancement du projet de Réserve de biosphère, j’ai eu la chance d’assister à la désignation le 9 juin dernier au siège parisien de l’Unesco. Et ce ne fut pas sans une certaine émotion : l’Unesco, grâce au travail du Syndicat mixte des gorges du Gardon, reconnaît ainsi le caractère d’un territoire que j’arpente depuis mon plus jeune âge et dont la valeur exceptionnelle ne nous a jamais échappé, à nous, habitants des lieux. Il n’est évidemment pas question de s’arrêter en si bon chemin car si cette reconnaissance vient valider le travail réalisé depuis des années en matière de préservation et de développement durable, elle impose une attention renforcée à l’évolution de ce territoire en mouvement.

Sans avoir attendu la confirmation onusienne de la qualité de notre terroir et de sa gestion, le SMGG continue à marier protection de l’environnement et développement local. Parmi les projets que porte le Syndicat, certains répondent déjà aux diverses problématiques soulevées par la désignation en Réserve de biosphère. Ainsi du label Grand Site de France, espéré en 2016, qui vise à assurer un développement touristique maîtrisé dans un espace remarquable. Ce label s’accompagne d’un programme discuté, arbitré, partiellement mis en place depuis 2004, qui assure aux visiteurs une découverte authentique, sans pour autant altérer le milieu qu’ils parcourent. La création de la Maison de la rivière et du castor à Collias, dont la demande de permis de construire a été déposée en septembre dernier, va dans le même sens, celui de faire partager au plus grand nombre des merveilles que nous nous devons de préserver. Programmes de gestion et lieux d’accueil appropriés servent justement à accorder ces deux aspects qui pourraient paraître contradictoires à première vue.

C’est une date dont on peut se féliciter. 9 Juin dernier, les gorges du Gardon intègrent le club des réserves mondiales de biosphère de l’Unesco. C’est, au passage, le seul site français honoré pour l’année 2015. En écrivant cela, il convient de rendre ainsi hommage à tous ceux qui se sont dévoués à la défense de ce site et de souligner la pertinence du dossier. Et cela, depuis l’étude de faisabilité de 2009 jusqu’à la décision de l’instance onusienne en date du mois de juin dernier.Cette reconnaissance récompense, certes, un travail continu mais vient souligner notre envie de conjuguer au mieux la préservation de sites naturels avec le légitime désir de l’inscrire aussi dans une démarche de développement touristique harmonieux. Le massif et les gorges du Gardon offrent un espace exceptionnel, du reste nombre de programmes participent déjà à sa valorisation. Au total, 26 communes sont concernées par cette réserve mondiale de biosphère, et parmi celles-ci 12 appartiennent à notre communauté d’agglomération. La délibération votée par notre assemblée, avait largement montré le soutien apporté à cette distinction internationale, montrant ainsi la volonté des élus de s’engager durablement dans un développement alliant enjeux écologiques, sociaux et bien sûr économiques. C’est cette politique, défendue hier, que j’entends bien poursuivre aujourd’hui, il en va de notre responsabilité comme du rayonnement de notre territoire en mutation contrôlée.

c TRIBUNE

G o r g e s • G a r r i g u e s • G a r d o n

Christophe Cavard, président du Syndicat mixte des gorges du Gardon, Député du Gard

Denis Bouad, président du Département du Gard

Bérengère Noguier, vice-présidente du SMGG, conseillère départementale

Yvan Lachaud, président de Nîmes Métropole

Carole DELGA, Présidente de la Région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées

Le magazine du Syndicat mixte des gorges du Gardon / Février 2016 - N°13 l3

c DOSSIER

Le 9 juin dernier, l’Unesco a fait entrer les gorges du Gardon dans la liste des sites désignés Réserve de biosphère, à la fois une reconnaissance et un engagement d’avenir. Tour d’horizon d’un territoire rehaussé par cette récompense internationale.

Alors que le Site classé des gorges du Gardon du Pont du Gard et des garrigues nîmoises, dont la superficie a été augmentée en 2013, concerne le territoire des gorges proprement dites, étalé sur 12 communes(1), celui de la Réserve de biosphère voit les choses en grand : 26 communes ont été intégrées dans un périmètre réparti en trois zones(2). Soit 45 501 hectares entre l’aire centrale (7 800 hectares correspondant au site classé), la zone tampon (13 907 ha) et celle de transition (23 794 ha). Le territoire désigné va ainsi de Saint-Chaptes à l’ouest à Sant-Hilaire-d’Ozilhan à l’est, d’Uzès au Nord à Nîmes au sud. Cet élargissement du territoire, et donc du champ de compétence du Syndicat mixte des gorges du Gardon qui pilote la Réserve de biosphère, n’est en rien un abandon d’une de ses missions premières de conservation et de développement de la biodiversité dans les gorges. Bien au contraire : si deux zones sont constituées autour de l’aire centrale, c’est bien pour que les pratiques de ces espaces périphériques soient en harmonie avec la protection du cœur ; à l’inverse, c’est aussi pour que cette nécessaire préservation des merveilles des gorges améliore les conditions de vie ou de production des zones tournées vers les alentours.

10 ans d’actions programméesLa désignation doit aussi permettre à la population locale, au cours des 10 ans de programme d’actions, de prendre la mesure des merveilles qui composent, habitent ou façonnent les gorges et au-delà, afin d’aboutir à un plus grand respect des lieux. Si autant de classements ou législations se chevauchent sur un territoire aussi restreint, ce n’est certes pas pour faire apprécier la complexité de notre millefeuille national mais bien parce que ses caractéristiques ont besoin d’être couvertes par de multiples protections. La réserve de biosphère nouvellement désignée, dont le cœur est déjà un site classé au regard de la législation nationale, abrite ainsi une Réserve naturelle régionale sur la commune de Sanilhac-Sagriès ; trois secteurs sont, pendant 5 mois et demi de l’année, interdits de franchissement parce que couverts par un Arrêté préfectoral de protection de biotope ; 13 communes sur 26 sont concernées par des zones de préemption départementales au titre des Espaces naturels sensibles (ENS) ; enfin deux zones de protection spéciales et une zone spéciale de conservation intéressent le réseau européen Natura 2000. Ainsi, la Réserve de biosphère profitera de ces dispositifs existants pour conserver sa beauté, son aspect sauvage, mais aussi assurer son financement car la désignation ne donne pas droit à un budget propre. En revanche, pour la zone de transition, l’éclairage international que délivre l’Unesco peut être un levier économique à transformer en valeur ajoutée, en appliquant les principes du développement durable.

(1) : D’est en ouest, Dions, Sainte-Anastasie, Sanilhac-Sagriès, Poulx, Cabrières, Collias, Vers-Pont-du-Gard, Castillon-du-Gard, Lédenon, Remoulins, Saint-Bonnet-du-Gard, Sernhac.

(2) : Les 12 communes des gorges du Gardon + Saint-Chaptes, La Calmette, Nîmes, Garrigues-Sainte-Eulalie, Bourdic, Arpail-largues-et-Aureillac, Blauzac, Uzès, Saint-Maximin, Argilliers, Saint-Hilaire-d’Ozilhan, Bezouce, Saint-Gervasy, Marguerittes.

Reconnaissance internationale, du plateau à la plaine

Qu’est-ce qu’une Réserve de biosphère ?Ni un dispositif règlementaire de protection de la nature, ni un label touristique, la mention “réserve de biosphère” désigne un territoire reconnu par l’UNESCO1, pour ses richesses naturelles et l’engagement de ses acteurs dans des démarches de dévelop-pement durable. Cette désignation résulte du programme scientifique “Man and Biosphere”, qui consiste à étudier la relation entre l’Homme et son environnement, à travers les services mutuels qu’ils se rendent. En effet, l’Homme ne peut vivre sans exploiter la nature mais, paradoxalaement, ses actions peuvent largement contribuer à la préservation de celles-ci. C’est le cas du pastoralisme dans les gorges du Gardon qui permet de maintenir les milieux ouverts et, par conséquent, la présence d’espèces méditerranéennes. La pérennité de la garrigue repose ainsi sur un subtil équilibre entre activités humaines et préservation de l’environnement. Les réserves de biosphère visent à généraliser ce principe et devenir des territoire-modèles en matière d’innovations.

(1) : Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture

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G o r g e s • G a r r i g u e s • G a r d o n

- En quoi les gorges du Gardon répondaient-elles aux critères d’éligibilité d’un territoire ?

Les Gorges du Gardon ont répondu aux critères internationaux de désignation des réserves de biosphère définis par l’Unesco, affichant la volonté de mettre en œuvre, avec l’adhésion des habitants, un projet de développement et de gestion du territoire s’appuyant sur une biodiversité et un environnement préservés.

- Quels étaient les buts de la concertation préalable au dossier ? En quoi celle menée dans les gorges du Gardon présentait-elle des originalités ?

Une Réserve de biosphère est un projet collectif pour les habitants d’une région : il s’agit de construire un avenir plus sûr en gérant au mieux les ressources naturelles. Cela implique donc que les gens réfléchissent ensemble à ce qu’ils souhaitent et à ce qu’ils ne souhaitent pas pour le devenir de leur territoire. La démarche menée dans les gorges du Gardon a permis à de nombreux acteurs de s’exprimer et de déterminer des axes de travail pour le futur : dans le domaine agricole, touristique, sur la planification urbaine…

- Le rôle du MAB est-il celui d’un accompagnateur du processus de concertation ou d’un juré ?

Le MAB France doit s’assurer que les candidatures présentées à l’Unesco sont de bonne tenue et de nature à remplir les critères requis. Cela ne le met pas pour autant en position réelle de juré. Il doit maintenant veiller à ce que les engagements pris devant la communauté internationale sont bien respectés.

- Que retenez-vous des débats auxquels vous avez pu assister dans les gorges ?

J’ai retenu le fort attachement de nombreuses personnes à « leurs gorges » et leur intérêt pour les garder “en bon état”. J’ai aussi observé un climat de

travail constructif au cours de séances intéressantes, où la complexité des problèmes n’a pas été éludée.

- La concertation correspondait-elle à l’image que vous vous faisiez du territoire ?Je n’avais pas d’image préalable du territoire mais ne suis pas surprise que ce territoire suscite l’attachement : il est varié, les paysages sont spectaculaires, le patrimoine riche…

- En matière de programme, quel est à votre avis sur l’action prioritaire à mettre en place ?

La priorité est de s’attaquer aux sujets que le travail approfondi de concertation a fait émerger : agriculture durable, valorisa-

tion des produits agricoles et touristiques, canalisation des flux de visiteurs, PLU durables, qualité de l’eau. Sur la façon d’aborder ces sujets, les

participants à la concertation ont souhaité la pérennisation des démarches participatives, le développement de l’éducation à l’environnement et la simplification de l’organisation des structures de gestion. Je suggèrerais aussi de mobiliser des partenaires scientifiques sur ces sujets.

- Les pressions urbaines et démographiques qui existent sur le territoire sont-elles un frein à l’épanouissement de la Réserve de biosphère ?

La Réserve de biosphère devrait être un lieu de discussion pour les appré-hender et voir comment faire en sorte qu’elles constituent des opportunités, et non des freins. De nouveaux venus ne constituent pas qu’une “pression”, mais de la vie dans les villages et peut être, aussi, un moyen de pérenni-ser des exploitations agricoles durables fournissant à ces habitants une alimentation de qualité et de proximité…

Un projet collectif pour les habitants d’une région

Membre du Mab France depuis 1991, Catherine Cibien est devenue directrice

du comité français en 2003, antenne qui veille à la présentation des candidats et chapeaute

les 14 réserves de biosphère françaises (cf.carte). Lozérienne d’origine, elle garde un pied dans

la région en étant vice-présidente du comité scientifique de la Réserve de biosphère du Parc national des Cévennes.

Elle a activement pris part à la démarche préalable à la désignation des gorges du Gardon

en Réserve de biosphère.

500 participants appelés à la réflexionLe Syndicat mixte des gorges du Gardon a souhaité obtenir une véritable identité pour le territoire dont il a la gestion et faire reconnaître mondialement sa forte valeur patrimoniale. A ce titre, l’organisme public de coopération intercommunale a mis en place, entre 2010 et 2012, un ensemble de démarches participatives pour construire le projet avec la population locale. Soutenu par le comité Man & Biosphere qui chapeaute les réserves de biosphère françaises, le Syndicat mixte a ainsi réalisé chronologiquement des réunions publiques, des discussions chez l’habitant, ainsi que des ateliers de réflexion collective sur les enjeux d’un tel projet, mobilisant en tout environ 500 participants. Ces démarches ont permis, dans un

premier temps, d’expliquer, de sensibiliser et de débattre sur l’intérêt du dispositif compte tenu du potentiel du territoire ; puis, dans un second temps, de soulever une convergence entre les réponses des habitants et le diagnostic qui avait été fait par les agents du Syndicat mixte. Le zonage de la Réserve de biosphère, ainsi que sa feuille de route pour les dix ans à venir, ont été définis conjointement avec les acteurs locaux, avant de déposer le dossier de candidature. Ce travail collaboratif de six années a permis d’aboutir à la validation de l’UNESCO pour la création officielle, le 9 juin 2015, de la Réserve de biosphère des gorges du Gardon.

Le programme Man and biosphere dans l’UNESCOLes années 1970 ont marqué un véritable tournant dans la prise en compte des problématiques envi-ronnementales liées aux activités humaines et leurs conséquences sur notre capacité à répondre à nos besoins présents et futurs. C’est dans ce contexte que sont nées les réserves de biosphère. En 1968, l’UNESCO organise la Confé-rence intergouvernementale sur la biosphère afin de réfléchir à l’épui-sement des ressources planétaires et aboutit au constat qu’il devient nécessaire d’opter pour une utili-sation plus rationnelle de celles-ci. L’organisation intergouvernemen-tale décide donc de lancer, en 1971, le programme scientifique Man & Biosphere (MAB) afin de trouver des solutions pour optimiser les relations Homme/Nature. En 1974, le Conseil international du MAB lance l’idée de mettre en place des sites pour appliquer les prin-cipes du programme sur l’Homme et la biosphère. En 1976, les premières réserves de biosphère (RB) voient le jour. En 1977, l’UNESCO désigne les premiers territoires français : la Camargue, la commune de Fakarava (Polynésie française) et la vallée du Fango (Corse). En 1995, les actions décidées lors de la conférence internationale sont inscrites dans la Stratégie de Séville et le Cadre statutaire du Réseau mondial. En 2008 à Madrid, un plan d’action est approuvé jusqu’en 2015 dans le but de faire des RB des sites exemplaires en matière de développement durable. De 1984 à 2013, dix autres RB fran-çaises sont créées. En 2015, le réseau mondial compte 651 réserves de biosphère (lire par ailleurs), dont celle des gorges du Gardon. 2016 verra la tenue du 4e congrès mondial des RB organisé à Lima (Pérou). A cette occasion, un nouveau Programme pour le développement durable sera adopté pour les 10 à 15 prochaines années. Enfin à l’automne, les gorges du Gardon auront l’honneur d’ac-cueillir les rencontres annuelles des réserves de biosphère françaises.

Catherine Cibien, directrice du comité français Man and Biosphere

Le magazine du Syndicat mixte des gorges du Gardon / Février 2016 - N°13 l5

La désignation délivrée par l’Unesco donne 10 ans au coordonnateur pour mettre en place son programme d’actions. Petit tour d’horizon du projet déjà lancé.

Le cœur de la Réserve de biosphère étant très largement couvert par des disposi-tifs de gestion, visant principalement à la protection, le plan d’actions s’emploie à lancer aussi des initiatives dans les aires tampon et de transition. Ils nécessitent un projet de territoire pour devenir le premier atout de la protection centrale. Neuf thèmes auront la priorité de la Réserve de biosphère, à charge ensuite à la concer-tation entre les acteurs (chambres consulaires, entités administratives, association, armée, professionnels du tourisme, etc.) d’affiner un peu les actions envisagées.

A moyen terme, une action globale de préservation de l’environnement

c PLAN DE GESTION

Structure de gestion et gouvernance : les acteurs seront appelés à réfléchir à une structure unique de gestion et à renforcer l’animation territoriale en mettant en œuvre des démarches participatives.

1Agriculture durable : promouvoir une agricul-ture de qualité, notamment en encourageant les méthodes de production vertueuses qui protègent la biodiversité existante et puisse même aider à l’installation de nouvelles espèces. Valoriser les produits et savoir-faire par la label-lisation de ceux-ci ou le soutien à la démarche Militants du goût.

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Contrats d’engagement : mise en place de chartes de bonnes pratiques avec les professionnels, comme ce fut le cas pour l’escalade. Elaborer des chartes qualité, principalement en lien avec l’accueil des visiteurs.

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Recherche scientifique : création et mise en place d’outils d’observation de l’environnement, comme le Syndicat mixte des gorges du Gardon le fait sur l’aire centrale. Renforcement de la connaissance des milieux en colla-boration avec les territoires voisins : à titre d’exemple, le CEFE-CNRS devrait prochainement mener un travail de recherche sur le sanglier dans les gorges.

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Education, sensibilisation : renforcer les actions pédagogiques sur l’environnement et sensibili-ser les visiteurs. Les animateurs du SMGG sont intervenus auprès de 2 542 scolaires en 2015 et verront leur champ d’intervention étendu à l’ensemble de la Réserve de biosphère dès 2016.

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Préservation de l’environnement : créer une brigade de police de l’environnement. Délimiter des zones dédiées à la préservation de la nature. Combattre les dépôts sauvages. Améliorer la qualité de l’eau, notamment par la lutte contre les pollutions aux pesticides et la construction d’une nouvelle station d’épuration.

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Accueil des visiteurs : développer les transports en commun, sécuriser les parkings. Canaliser le flux de visiteurs. 7

Maîtrise de l’urbanisation : participer à la mise en place de PLU durables et d’urbanisation écores-ponsable. Acquisition foncière pour préserver les zones attenantes aux gorges.

8 Information, communication : mobiliser des outils de communication diversifiés. Proposer des formations qui mettent l’accent sur le lien homme nature.

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c SUR LA TERRE

Un réseau mondial étalé sur 120 pays

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G o r g e s • G a r r i g u e s • G a r d o n

Pas de surprise dans cette liste exhaustive de 651 sites désignés réserves de biosphère : la majorité se situe dans les pays les plus riches, en Occident avant tout. Il faut évidemment disposer d’ingénierie et de moyens, ainsi que de l’appui des acteurs publics pour se lancer dans une telle démarche. De plus, ce sont les états ou la structure porteuse qui prennent en charge les financements des actions. Or, dans les pays émergents, la priorité est, logiquement, ailleurs. D’où une répartition déséquilibré. Ainsi on trouve, selon la catégorisation de l’Unesco.

• 297 réserves dans 36 pays d’Europe et d’Amérique du Nord,• 137 réserves dans 24 pays d’Asie et du Pacifique,• 121 dans 21 pays d’Amérique latine et des Caraïbes,• 67 dans 28 pays d’Afrique, • 28 dans 11 pays arabes des Proche et Moyen-Orient.

A noter que 15 de ces sites désignés réserves de biosphère sont transfrontaliers, comme en France la réserve du Mont-Viso, qui empiète sur l’Italie. Si la répartition des réserves de biosphère n’est pas uniforme, le but de l’Unesco est justement, à travers le réseau, de rééquilibrer la situation mondiale en prônant notamment la coopération Nord-Sud et Sud-Sud. Le réseau est ainsi promoteur du partage de connaissances, d’échanges d’expériences et de mise en avant des bonnes pratiques. Comme on parle de développement durable, il s’agit donc aussi de participer à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration du bien-être humain.

La France compte 14 réserves de biosphère, le monde en dénombre 651. Mises bout à bout, ces réserves couvrent plus de 616 millions d’hectares soit plus de 10 fois la surface de la France métropolitaine.

Directeur de recherche au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive du CNRS de Montpellier, Raphaël Mathevet est membre de plusieurs conseils scientifiques d’espaces naturels protégés, vice-président du comité français du programme Man and Biosphere de l’UNESCO et éditeur de travaux scientifiques pour la société d’écologie américaine et l’académie des sciences chinoise. Ecologue et géographe, il s’intéresse aux relations Homme/Nature et particulièrement à la gestion concertée de la biodiversité.

- Que doit apporter, à votre avis, la désignation en RB d’un territoire, en matière de recherche ?

La désignation est la reconnaissance par l’UNESCO de l’engagement d’une communauté locale à s’inscrire dans des pratiques de gestion et d’exploitation des ressources naturelles qui soient respectueuses à la fois des hommes qui habitent ce territoire et de la nature. Le programme MAB (Man and Biosphere) est un programme scientifique international qui cherche, d’une part, à préserver la biodiversité et, d’autre part, à promouvoir une occupation des sols et des usages durables. Fort logiquement, une réserve de biosphère est un territoire qui invite, dès le montage du dossier, les scientifiques de différentes dis-ciplines à se pencher sur des questions clés liées au fonctionnement social et écologique du territoire. Une RB doit être un lieu de recherche et de mise en réseau scientifique, c’est l’un de ses fondements.

- Quelles sont les difficultés pour mettre en place un comité scientifique dans une RB ? Que peut-on en attendre une fois installé ? Il existe deux types de comités scientifiques : ceux qui rassemblent des personnalités pour passer des moments agréables entre gens de bonne compagnie et ceux qui engagent les scientifiques et leurs spécialités dans la gestion d’un territoire. La principale difficulté est de trouver des scientifiques disponibles et motivés pour

s’impliquer dans le conseil et la recherche sur le territoire. Par ailleurs, les RB nécessitent des approches interdisciplinaires, ce qui demande de trouver des scientifiques curieux et respectueux des épistémologies des disciplines auxquelles ils n’appartiennent pas, ce qui n’est en réalité pas si fréquent. Enfin, un conseil scientifique ne sert à rien ou à très peu de choses si le coordinateur de la RB ne le mobilise pas sur des questions particulières.

- La désignation crée-t-elle un intérêt supérieur de la part des chercheurs pour le territoire désigné ?

Les chercheurs dans le champ de l’environnement sont souvent à l’affût de territoires organisés, où des structures peuvent proposer des pistes de réflexion, des problèmes à étudier, des réseaux socio-techniques à mobiliser. Les RB sont censées faciliter le développement de problématiques et de partenariats, d’où l’intérêt croissant des chercheurs.

- Quels types de recherche vous semblent prioritaires dans les gorges du Gardon ?Il suffit de se reporter aux enjeux identifiés par les acteurs locaux lors de la procédure de création. Il s’agit d’accompagner la réflexion et l’action quant au développement et la labélisation d’une agriculture et d’un élevage durables, la résolution des conflits d’accès et d’usages entre les différentes catégories d’acteurs, la mise en place d’une gouvernance participative du territoire et l’amélioration de la qualité de l’eau.

- Quel autre territoire en RB présente des similitudes avec les gorges du Gardon ? Avec quel territoire pourrait-on envisager de travailler étroitement ?

La RB des gorges du Gardon n’a pas d’équivalent en France et en Europe. Néanmoins, les problèmes qu’elle rencontre sont communs à la plupart des RB européennes, aussi s’agit-il pour elle de participer au réseau international des RB pour apprendre des autres mais aussi partager son expérience et ses acquis dans l’animation et la gestion d’un tel territoire. Au niveau national, son intégration au réseau MAB France et sa proximité géo-graphique avec pas moins de 4 autres RB (Camargue, Luberon, Ventoux, Cévennes) sont des atouts indéniables.

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RB de Wakatobi (Indonésie)

RB de Zuvintas (Lituanie)

Faciliter le développement

de problématiques et de partenariats

c MONT VENTOUX

Le magazine du Syndicat mixte des gorges du Gardon / Février 2016 - N°13 l7

Désignée en 1998 par l’Unesco, la Réserve de biosphère de Fontainebleau et du Gâtinais fut la 10e de France. Si son territoire n’a pas grand-chose en commun avec les gorges du Gardon, le directeur de la Réserve possède le recul nécessaire pour éclairer les défis techniques qu’impose cette reconnaissance.

- Pourquoi avoir monté une association en tant que structure coordinatrice de la Réserve ?

En 1998, le coordinateur était l’ONF. Ce n’est qu’en 2005 qu’il y a eu la création d’une association de gestion. Il y a eu une volonté politique du département de Seine-et-Marne de la mettre en place. Ils ont réalisé que pour un territoire d’une telle envergure, un gestionnaire unique type ONF ne pouvait pas coordonner la RB.

- Quels sont les principaux enjeux de biodiversité du territoire ? Il y a 4 enjeux principaux. Le premier c’est l’écotourisme : on est un territoire périurbain avec 17 millions de visites par an (équivalent du Louvre). La problématique est de concilier le développement touristique et la nécessaire conservation du site. Le deuxième enjeu consiste à faire de notre territoire un modèle d’agriculture responsable et de favoriser les productions locales : l’activité agricole

concerne 1/3 du territoire. Le troisième enjeu concerne les continuités écologiques, c’est-à-dire les trames verte et bleue. L’enjeu est de taille car nous sommes la seule RB en Ile-de-France, au cœur d’un territoire périurbain, donc très fragmenté par la voirie et les très grandes parcelles agricoles. Enfin, le quatrième enjeu c’est l’adaptation au changement climatique : qu’est-ce que ça veut dire localement ?

Utilisez-vous le réseau des réserves de biosphère ? On a justement développé le programme écotourisme avec deux RB (Camargue et Ventoux). On utilise surtout le réseau pour faire appel à des fonds, faire de l’échange de pratiques. On a aussi une coopération avec la RB Campana-Peñuelas du Chili. Mais il est très difficile d’utiliser le réseau mondial.

- Quelle a été la plus-value apportée par la Réserve de biosphère sur votre territoire ?

La plus-value, telle qu’on l’a conçue à travers l’association, c’est l’idée de coordination. Le développement durable est parfois intégré aux structures type chambre d’agriculture, office du tourisme, ONF, etc. La structure coordinatrice les rassemble toutes. On a mis autour de la table tous ces acteurs, on a créé de la transversalité et de l’échange. Moi, c’est comme ça que je vois une RB.

- Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées dans la gestion de votre Réserve de biosphère ?

Financière bien sûr, parce qu’on n’arrive pas à sécuriser nos budgets. On dépend uniquement de fonds publics, à la marge des projets privés. On prône la durabilité mais on n’a pas de financement pérenne. Après, c’est certain que si j’avais deux personnes en plus, ça faciliterait les choses. La plus grande difficulté c’est de faire comprendre le programme de l’UNESCO à nos administrateurs et gestionnaires. Personnellement, je le découvre tous les jours. Le vocabulaire est extrêmement technocratique et complexe. En plus, il n’est réellement adapté à aucun territoire puisqu’il s’applique aux 651 RB…

- Au vu de votre expérience, quelles recommandations feriez-vous à une nouvelle Réserve de biosphère ?

La première, peut-être, ce serait de s’investir au plus vite dans le réseau national et international. Parce que si on ne participe pas à leurs programmes, on ne peut pas comprendre la plus-value des RB localement. La deuxième recommandation, c’est d’essayer de rencontrer un maximum d’acteurs, de citoyens, d’entreprises sur le territoire.

Jean-Michel Martin, directeur de la Réserve de biosphère Fontainebleau-Gâtinais

RB : l’exemple de la viticulture du Ventoux« Au départ, les producteurs de vins du Ventoux souhaitaient bénéficier de la désignation Réserve de biosphère, explique Ken Reyna. On a alors pensé créer un cahier des charges. Mais les vignerons nous ont dit qu’ils en avaient déjà un à respecter et qu’il aurait alors fallu créer un cahier des charges par activité et par production ». Soit une usine à gaz de plus pour des agriculteurs déjà soumis à des démarches administratives lourdes et fastidieuses. « On est donc partis sur une charte d’engagement où les acteurs socioéconomiques viennent librement. Par exemple, certaines caves se sont engagées à doubler la prime de conversion bio de la Politique agricole commune. D’autres ont axé leur travail sur un œnotourisme respectueux, en ajoutant de la biodiversité, en fournissant des vélos électriques, en réduisant leurs déchets ou en restaurant des parcelles en terrasse ». La Ligue de la protection des oiseaux PACA a adhéré à la démarche en s’engageant comme conseil. Le SMAEMV a ensuite créé un logo “éco-acteur” pour que les viticulteurs puisent valoriser leur action directement sur les bouteilles, l’Unesco n’autorisant pas l’utilisation du logo de la Réserve de biosphère.

« Le cadre flexible donne de la force au débat »

Ken Reyna

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ite classé, Opération Grand Site, Réserve naturelle régionale, parc, etc. le Mont Ventoux n’était doté, dans la deuxième moitié des années 1980, d’aucun de ces attraits. D’ailleurs certains n’existaient pas encore. Pourtant le Géant de Provence se voyait déjà de loin et excitait déjà la curiosité de scientifiques au chevet de cet élément géologique exceptionnel. Ce sont eux, justement, qui vont pousser pour donner une forme de reconnaissance au monument naturel, « un statut au Mont Ventoux en lien avec le développement durable », explique Ken Reyna, responsable du pôle Développement durable au Syndicat mixte d’aménagement et d’équipement du Mont Ventoux (SMAEMV). Poussés par les chercheurs en sciences naturelles aidés de spécialistes de l’écologie forestière, les élus se sont engagés dans une démarche Réserve de biosphère (RB), sous l’égide de l’Unesco. Dans le sud-est de la France, certains ont déjà pris le taureau par les cornes : les Cévennes sont Parc national depuis 1970, la Camargue est Réserve de biosphère depuis 1977. « Nous, poursuit Ken Reyna, encore étudiant à l’époque, on suscitait l’engouement des scientifiques mais on était à la traîne ». La désignation de l’Unesco apparaît alors comme la méthode de rassemblement la plus efficace : « La RB a cet avantage de proposer un mode de gestion assez souple, un contrat local d’entente, à la différence des parcs qui ont une doctrine, un statut. Le dispositif résonne en écho aux années 70, s’appuyant un contrat mutuel, un engagement

réciproque mais sans portée réglementaire. Ce cadre flexible donne de la force au débat et ça nous a permis de travailler ensemble ». En mettant des acteurs qui ne se parlaient pas autour de la même table et de la même préoccupation, la RB produit finalement ses effets : « En matière de conservation de la biodiversité d’abord, la RB a été à l’origine des premières zones protégées sur le Ventoux, quand l’ONF ne s’y est intéressée que 20 ans plus tard », détaille Ken Reyna. Comme dans les gorges du Gardon, cette conservation passe notamment par l’application de mesures agro-environnementales. En matière d’éducation, le responsable du pôle Développement durable chiffre à 7 000 le nombre d’élèves atteints par des animations dédiées, de la maternelle au collège. Le Syndicat mixte s’attelle désormais à développer un projet d’éco-acteurs de la biosphère. La hausse du nombre de RB en France (14 aujourd’hui) et dans le monde n’est pas une concurrence aux yeux de Ken Reyna : « C’est une force au contraire, ça augmente la visibilité d’un dispositif qui est plus structuré que ne l’est le label Patrimoine mondial. De plus, sa souplesse nous permet de créer des liens avec d’autres territoires. Je trouve même qu’on ne parle pas assez des RB alors que c’est vraiment un super outil ». Un outil qui allie concertation et conservation, développement et tradition, et qui reste donc très moderne plus de 40 ans après sa création.

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“Info 3g” est édité par le Syndicat mixte des gorges du Gardon • Tél : 04 66 03 62 59Directeur de la publication : Christophe CavardComité de rédaction : C. Boulmier, J.-M. Chanabé, F. Desmeures, L. GarsonIllustration : Maïlys ParadisConception graphique : Eric MégouImpression : Pure ImpressionTirage : 27 000 exemplaires imprimés sur papier certifié FSC mixte et encre végétale