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FRANCE FRANCE Catholique FRANCE Catholique Un hebdo engagé pour l’Amour et la Vérité 2,90 3:HIKLMI=YUW^U[:?n@a@s@c@a; M 01284 - 3082 - F: 2,90 E - RD n°3082 AOÛT 2007 83 ème année - Hebdomadaire ISSN 0015-9506 Ganagobie Ganagobie Un monastère entre ciel et terre Un monastère entre ciel et terre

Ganagobie - france-catholique.fr

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3:HIKLMI=YUW^U[:?n@a@s@c@a;M 01284 - 3082 - F: 2,90 E - RD

n°3082 AOÛT 200783ème année - Hebdomadaire

ISSN

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GanagobieGanagobieUn monastère

entreciel et terre

Un monastèreentre

ciel et terre

Page 2: Ganagobie - france-catholique.fr

2 FRANCECatholique N°3082 AOUT 2007

SOMMAIREACTUALITÉ4 DEFENSE Un livre blanc

Yves La Marck

5 JOURNALISME Avis de tempêteAlice Tulle

6 SOCIETE Incertitudes vitales Tugdual Derville

DOSSIER8 VIE MONASTIQUE L’abbaye de Ganagobie

entre ciel et terreDom Ludovic Lécuru

ESPRIT21 MEMOIRE DES JOURS Cambodge

Robert Masson

22 FESTIVALS “Allez les jeunes !” à Saint-Quentin-sur-Indrois

Anne Montabone24 LAOS Une Eglise fragile

Marc Fromager

MAGAZINE25 IDEES Lustiger, Marrou et Daniélou

Gérard Leclerc

28 EXPOSITIONS Rodin face au japonismeAlain Solari

30 Olivier Debré, paysages abstraitsAriane Grenon

32 HISTOIRE Mode romaine àBliesbruck-Reinheim

Pierre François

33 CINEMA "Le fils de l’épicier", "Transformers","Ratatouille, "Tel père, telle fille"M.-Ch. Renaud d’André / M.-L. Roussel

34 THEATRE La fièvre avignonnaisePierre François

35 TELEVISION "Emma l’entremetteuse", "Mémoires d’une Geisha", "Saqqara",

"Une vie si fragile", Les clefs de la maison","American dreamz", "Inde 1947",

"Lettres de la mer Rouge", "Marie-Antoinette, la véritable histoire".

Marie-Christine Renaud d’André

38 BLOC-NOTES Vie associative et d’EgliseBrigitte Pondaven

Le journal ne paraîtpas durant le mois d’août.Profitez de l’été pour vousabonner, abonner vos amis.

Nous nous retrouvonsle 7 septembre, avec nosdeux priorités les plus

affirmées : le Combat pour la Vie, l’Aide à l’Eglise enDétresse dans le monde.

a fête de l’Assomption, au cœur de l’été est pour lescatholiques une étonnante façon de célébrer avecéclat le miracle de la vie chrétienne. Marie au ciel,revêtue de son corps de gloire, n’est-ce pas lemodèle-même de ce que le Christ nous propose ?Prendre sa suite dans son sillage de résurrectionpour manifester qu’avec le péché, la mort est défi-

nitivement détruite et que l’humanité est appelée à partici-per complètement à la vie divine. J’avoue avoir toujours étéradicalement insensible aux objections faites aux dogmescatholiques mariaux, notamment lorsqu’elles prétendent sefonder sur l’absence de références scripturaires détermi-nantes pour attribuer de tels privilèges à Marie. Comme sil’Immaculée Conception et l’Assomption n’étaient pas la pureillustration du projet divin sur l’humanité et ne nous propo-sait pas une icône même de la créature restituée dans lagrâce, réalisant enfin la parfaite image et ressemblance.

Parfois, les poètes précèdent les théologiens dans l’ex-pression du mystère perçu dans sa nouveauté et ses profon-deurs humano-trinitaires. Que l’on relise Péguy, Claude etBernanos, et l’on trouvera les formules les plus merveilleuse-ment adaptées pour désigner l’indicible à la connaissance despauvres et des savants. Mais avant, il y avait eu saint Bernardet Dantes, et il y en aura toujours d’autres. Souvenons-nousde l’extraordinaire hymne à Marie dans le Journal d’un curéde campagne, qu’on ne relit ou récite dans son cœur jamaissans bouleversement. Plus jeune que le péché, nous dit leromancier, qui d’une phrase pulvérise les mauvaises glosessur la femme soit disant ordinaire dont l’humilité excluraitl’absence de défaillance, le défaut de volonté... Mais précisé-ment, la bassesse de sa servante, qui exclue toute supérioritémondaine, s’accorde au contraire avec la réception du dongratuit qui est offert à celle qui a prononcé pour l’éternitél’Amen joyeux et irrévocable : “Je suis la servante du Sei-gneur. Qu’il me soit fait selon sa Parole”. A partir de là peu-vent jaillir les strophes sans fin de l’hymne acathyste et leslitanies de la Sainte Vierge. L’unique Beauté s’est révéléedans le visage de la Femme, plus vénérable que les chérubins,plus admirables que les séraphins.

Avec le misérabilisme marial qui nous est tristementoffert ici ou là, on se demande d’ailleurs où commence lacontestation du dogme. Plus de conception virginale deJésus, plus de virginité perpétuelle, c’est l’éradication totalede tout ce qui a été ordonné à la naissance du Verbe, et quenous rappelle sans cesse le Credo : Et verbum caro factum est.Et habitavit in nobis, au mépris même des récits évangéliquesqui ne souffrent aucune contestation et du témoignage

Ave ML

Page 3: Ganagobie - france-catholique.fr

EDITORIAL

FRANCECatholique N°3082 AOUT 2007 3

émerveillé de tous ceux qui vivent la réalisation des pro-messes messianiques, Elisabeth, Syméon ou Anne, on vou-drait démythologiser des expressions bibliques non pas pourrestituer, comme un Rudolf Bultmann, le noyau de l’espé-rance pascale, mais pour faire disparaître la Promesse mêmeen son histoire humano-divine. Qui reprend les textes deMatthieu et Luc en leur saveur pleine ne saurait être trompé.Ce n’est pas par entraînement à on ne sait quellesdéviations mariolâtriques que l’Eglise a re-connu à Marie tous ses privilèges. C’estpar fidélité pure à la Révélation : “Tu esbénie, plus que toutes les femmes,béni aussi est le fruit de tonsein ! Comment m’est-il don-né que vienne à moi la Mèrede mon Seigneur ? Carlorsque ta salutation aretenti à mes oreilles,voici que l’enfant a bon-di d’allégresse dansmon sein. Bienheureusecelle qui a cru : ce quilui a été dit de la partdu Seigneur s’accom-plira”. (Luc 1 42-45)

Le dogme de l’Im-maculée conception, trèssouvent confondu aveccelui de la Conception vir-ginale, ce qui constitue unindice sérieux de méconnais-sance du sujet) n’a donc riend’exorbitant eu égard à l’ensei-gnement de l’Ecriture. Il ne fait quetraduire explicitement le “Pleine degrâce” de l’Ange Gabriel. En Marie, lasouillure du péché ne pouvait atteindre “la Mèrede mon Seigneur”. S’étonner d’un pareil privilège, c’estexclure le principe même de la vie selon la grâce. “Dieu nenous a pas appelés pour que nous demeurions dans l’impu-reté, mais il nous a appelés à la sainteté”, nous dit Paul danssa première Lettre aux Thessaloniciens.

Paul, qui ne nous donne pas un enseignement propre-ment marial, comme Matthieu, Luc et Jean, mais dont toutela théologie soutient, justifie et magnifie le dogme marial.Car pour ce qui est de l’Assomption de Marie au ciel, comment ne pas se rapporter à tout ce que dit l’Apôtre de la

MariaRésurrection à laquelle nous sommes tous appelés dans l’at-tente du jour du Seigneur ? Et c’est d’ailleurs notre propreAssomption qui est décrite dans la même lettre : “Nous, lesvivants qui seront restés, nous serons enlevés avec eux (lesmorts) dans les nuées, à la rencontre du Seigneur, dans lesairs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur.” Quel’Eglise ait considéré que la Mère de Dieu a été la première à

accéder à cette rencontre, n’a rien de contraire à lalogique la plus profonde de la Révélation.

C’est au demeurant l’enseigne-ment que l’on retrouve dans la pre-

mière lettre aux Corinthiens, quidéveloppe longuement le thème

de la résurrection d’entre lesmorts avec une ampleur im-

pressionnante où nous nepouvons pas ne pas re-connaître l’Assomptionmariale. “Christ est res-suscité des morts, pré-mices de ceux qui sontmorts [...] comme tousmeurent en Adam, enChrist tous recevrontla vie, mais chacun àson rang.” (1 Cor 15,20-23). J’ai toujours étéimpressionné par la

grande affirmation pau-linienne : “Le dernier enne-

mi qui sera détruit, c’est lamort”. Et j’y discerne un motif

de plus pour célébrer en cettemagnifique fête du 15 août, la vic-

toire manifeste de Celui qui a glorifiéà sa suite sa Mère très sainte, en signi-

fiant jusqu’à l’accomplissement final qu’enMarie, nouvelle Eve et Mère du genre humain, ce der-

nier était appelé à une même consécration et à une mêmeglorification.

En détruisant la mort, la puissance de Dieu établit l’hu-manité en relation avec Marie dont l’Assomption glorieusenous attire tous auprès de lui. C’est donc que dans cet évé-nement inouï, c’est toute la symphonie de notre salut quiretentit et montre à quel point le peuple chrétien est émer-veillé par celle où il reconnaît son espérance déjà ac-complie. �

par Gérard LECLERC

Photo : Vierge aux phénix, papiers roulés, vélin. Début XVIIIe siècle.Exposition “Splendeurs dévoilées de la Visitation” au Musée de Moulins (Allier) à voir

absolument, jusqu'au 7 octobre. (cf. le dossier de France Catholique n°3075 du 8 juin 2007)

© M

USÉE

DE M

OULIN

S

Page 4: Ganagobie - france-catholique.fr

ACTUALITE

e président Sarkozy tientles promesses du candi-dat. Il avait proposédurant sa campagne uneremise à plat des pro-

grammes et engagements mili-taires. Il a annoncé le 14 juilletqu’il se donnait jusqu’à la Noëlpour réfléchir et jusqu’au prin-temps 2008 pour arrêter ce quesera la défense de la France dansdix ans, c’est-à dire à l’issue deson mandat s’il est réélu en2012. C’est le temps nécessairepour construire un porte-avions.

Il est certes incroyable quele dernier Livre Blanc sur laDéfense remonte à 1994. Quede choses ont changé depuis !Que n’a-t-on éprouvé le besoinde remettre les pendules àl’heure après le 11 septembre2001 ? Pas si facile puisque l’onne modifie pas en chemin lesgros programmes industriels niles recrutements dans lecontexte d’une armée pro-fessionnelle. La dernière loi deprogrammation militaire arriveà expiration en 2008. Le tempsest donc venu des choix straté-giques.

La discussion s’est polariséesur la construction d’un secondporte-avions. D’ores et déjà, laFrance ne dispose plus que d’unseul porte-avions pendant dix-huit mois, le temps nécessairepour le premier grand ménagedu "Charles-de-Gaulle". Dans dixans, il faudra changer à nouveauses moteurs nucléaires. Quelle

sera la situation stratégique dumonde et les intérêts nationauxalors ? Disposons-nous d’unevisibilité suffisante ? L’investis-sement a un coût : plus de 2,5milliards d’euros. Sur dix ans, ilapparaît plus raisonnable : c’estle prix annuel de l’opération Li-corne de stabilisation de la Côte

d’Ivoire qui mobilise à peu prèsle même nombre d’hommes quecelui qui servirait à bord duporte-avions. La comparaisondébouche sur une conclusionévidente : il faudra choisir entrel’un et l’autre.

Les militaires ne se font pasd’illusions. Ils savent que si lePrésident confirme sa décisionde réaliser le second porte-

avions, ce sera au détriment desbases prépositionnées (quatreen ou autour de l’Afrique) etdonc des forces terrestres deprojection. Certes, il y aurait bienune autre option, mais quidemeure tabou : remettre encause la force nucléaire dedissuasion. Le Président y a réaf-

firmé son attachement.Il reste que le futur LivreBlanc devra intégrer les

nouvelles données

telles que la défense anti-mis-siles qui devrait être opération-nelle d’ici cinq ans ou l’accessionau club nucléaire de nouveauxacteurs (Iran ?).

A moins encore de s’en re-mettre au parapluie américain :l’insistance mise par le chef del’Etat sur l’Europe de la défensene paraît pas aller dans ce sens.L’idée est au contraire de parve-

nir à rééquilibrer le partenariatatlantique, voire même d’antici-per un repli américain. Le rapportdes dépenses militaires entrel’Europe et les Etats-Unis est de1 à 2,5, tandis qu’il est de 1 à 6pour les dépenses de rechercheet développement. La France etla Grande-Bretagne comptentpour 40% dans l’effort dedéfense européen. La décisionn’appartient donc déjà plus auseul président français. SiLondres ne suit pas Paris dans lavision globale qui préside à laconstruction du second porte-avions, Paris peut-il se permettrede s’engager seul ? La réponse nedépend pas seulement desquelques centaines de millionsd’économies possibles. Dans dixans, Grande-Bretagne et Franceensemble aligneraient quatreporte-avions lorsque lesAméricains n’en auraient plusque dix, contre douze contre unaujourd’hui. Le rapport de forcesserait profondément transformé.Le tout est de savoir pour quellestratégie d’emploi ?

Le débat est ouvert. Lors deleur rencontre à Paris le 20juillet, Gordon Brown et NicolasSarkozy se sont engagés à lemener lors d’un sommet à l’au-tomne. Il va opposer avec forceplusieurs conceptions militaireset donc les professionnels entreeux. Il ne saurait cependant selimiter aux experts car il engagedifférentes visions de la paixdans le monde et du rôle de laFrance et de l’Europe. C’est ungrand rendez-vous démocra-tique qui se prépare auquel tousles Français et les Européensdoivent être conviés. La partici-pation des vingt-sept paysmembres de l’Union au défilé du14 juillet 2007 sur les Champs-Elysées était rien moins quesymbolique. Par sa portée, elles’apparente aux grands défilésde la victoire de 1919 ou 1945qui laissaient grande ouverte laquestion de l’après-guerre. �

DEFENSE

Que n’a-t-on éprouvé le besoin de remettreles pendules à l’heure après le 11 septembre ?

L

(

L’un des plus gros dossiers du quinquennat

sera la réforme de la politique de Défense.

4 FRANCECatholique N°3082 AOUT 2007

Un livre blancpar Yves LA MARCK

Page 5: Ganagobie - france-catholique.fr

e fait est sans précédent :vingt-sept sociétés dejournalistes, d’ordinairesconcurrentes, se sontréunies le 26 juin en un

forum présidé par un journalistedu Point pour défendre l’indé-pendance et le pluralisme de l’in-formation. Le Premier ministrea été interpellé et le présidentde la République invité à prendre des mesures pourrenforcer la liberté de la presse.

A l’origine de cette mobili-sation, une succession decrises de différentes naturesqui ont éclaté après lapériode électorale –sans que les diri-geants politiques dupays y soient pourquelque chose. Cescrises frappent d’ail-leurs successivementdes titres et despersonnalités dedroite et de gauche.

L’affaire Schnei-dermann est la pre-mière en date. Aprèsavoir décidé de sup-primer l’émissionArrêt sur images, consacrée à lacritique des médias, France 5 alicencié (sans indemnités) sonanimateur Daniel Schneider-mann en raison de la polémiquequ’il poursuit sur son blog contrela direction de la chaîne. L’affairen’a pas laissé les téléspectateursindifférents puisque la pétitionpour le maintien d’ "Arrêt surimages " a réuni plus de 175 000signatures en quelques se-maines.

La deuxième crise, latentedepuis plusieurs années, a elleaussi explosé courant juin. Déjà,Le Monde avait vu partir le re-doutable Edwy Plenel et plu-sieurs de ses amis. Suite à unvote de défiance des journalistesdu groupe de presse qu’il diri-geait, Jean-Marie Colombani aété obligé de démissionner deses fonctions le mois dernier.Motif ? La politique financière

du groupe Le Monde qui a ra-cheté de nombreux titres (dontTélérama et La Vie) tout en addi-tionnant six années consécutivesde déficit, ce qui place le jour-nal dans la main de puissantsgroupes industriels et financiers.C’est enfin Alain Minc, présidentdu conseil de surveillance duMonde, qui a été récusé par les

journalistes du groupe, lors d’unvote que le célèbre essayiste acontesté mais qu’il ne pourra paslongtemps ignorer. Là encore, denombreux lecteurs ont pris partipour les journalistes et menacentde résilier leur abonnement.

La troisième crise frappe lapresse financière. A La Tribuneet aux Echos, où l’on n’apprécieguère les manifestations et lesgrèves, les journalistes se sont

révoltés et ont voté desarrêts de travail.

Ils réclament le droit d’informercomplètement et librement,quels que puissent être lesopinions et les intérêts desactionnaires de ces deux publi-cations.

Ce mouvement de protesta-tion a été provoqué par BernardArnault : l’homme qui dirige legroupe de luxe LVMH possède

déjà La Tribune et a décidé d’ac-quérir son concurrent Les Echosqui est le plus vieux et le plusimportant quotidien financierfrançais. D’où la protestation desjournalistes du premier titre, quicraignent pour les emplois (letitre est déficitaire et risqued’être vendu), et de leurs rivauxqui craignent pour leur indé-pendance. Les salariés des Echosse sont mis en grève les 19 juin,le 25 juin (avec ceux de La Tri-bune) puis à nouveau le 5 juil-let. Ils ont reçu le soutien d’unecentaine de personnalités etpublié des encarts gratuits dansplusieurs quotidiens avant que lepatron d’un autre groupe depresse, Marc Ladreit de Lachar-rière, ne se porte candidat aurachat des Echos par une contre-offre de 245 millions d’eurosalors que Bernard Arnault avaitoffert 240 millions…

Tous les syndicats de jour-nalistes, du SNJ-CGT au SJ-

CFTC, ont dénoncé la "vastepartie de Monopoly" dontla presse financière estl’enjeu ainsi que les sanc-tions plus ou moinsexplicites dont de nomb-

reux journalistes sontvictimes. Ils demandent que

les chartes des droits etdevoirs des journalistes soient

rattachées à leur conventioncollective et que "l’indépendancedes rédactions soit consacrée parla loi".

La crise s’étend et se durcit.Le gouvernement serait bieninspiré de présenter ses solu-tions, afin que soit restaurée laconfiance entre les propriétairesdes groupes de presse, les jour-nalistes et leurs lecteurs. �

ACTUALITE

Tous les syndicats de journalistes ontdénoncé une vaste partie de “Monopoly”

(

FRANCECatholique N°3082 AOUT 2007 5

JOURNALISME par Alice TULLE

Avis de tempête

L

Une vague d’agitation secoue la presse écrite et télévisée,

généraliste et financière. Révoltes et grèves ne restent pas

sans échos chez les lecteurs et les téléspectateurs.

Page 6: Ganagobie - france-catholique.fr

ACTUALITE

n ouvrant l’éventail desa majorité présidentiellesans craindre d’allier lescontraires, Nicolas Sar-kozy a jeté le trouble

dans les rangs de l’UMP. On yaffiche facilement sa mauvaisehumeur en constatant que lecamp vaincu est devenu unepépinière de talents.

Au parti socialiste, on faitdavantage encore grise mineen subissant les «débauchages».

Pour ceux qui s’intéressentau traitement fait à la vie hu-maine et à la famille, il est diffi-cile de mesurer les menaces etopportunités induites.

Le président a promu desprofils tellement contrastésqu’on peut les suspecter de seneutraliser. Certains ont compris ainsi l’adoubement deFadela Amara comme secré-taire d’Etat à la Ville deChristine Boutin, ministre duLogement. Les convictions de laPrésidente du Forum desRépublicains Sociaux sontinchangées mais la voilà flan-quée d’une militante féministeencartée au parti socialiste.

La fondatrice de «Ni pute, nisoumise» est certes davantageconnue pour son implicationcontre les violences faites auxfemmes que pour la promotionde l’avortement (ses anciennesamies ultra-féministes luireprochent d’ailleurs d’avoiraccepté une fonction qui la su-

bordonnerait à celle qu’ellesdécrivent encore comme la«passionaria de l’ordre moral»).Mais ceux qui misaient surChristine Boutin pour faire«bouger les lignes» en faveurde la vie ont été choqués.

La nomination de Jack Langcomme vice-président de lamission sur la réforme institu-tionnelle les a carrément ulcé-rés. Figure populaire chez lesjeunes, il est considéré commel’archétype du transgressif li-bertaire, héritier du sacro-saintmai 68 avec lequel NicolasSarkozy affirmait vouloirrompre. L’ancien ministre de laCulture ne fut-il pas le premierleader politique à épouser latotalité des revendicationshomosexuelles ? Il a même re-gretté publiquement que lesfilms interdits au moins de 16ans que diffusait M6 ne pré-sentent pas des scènes de sexeplus explicites ! Les optimistesdiront qu’il est tombé dans lepiège de son ambition en selaissant, comme d’autres, neu-traliser.

A ce petit jeu, la maximeimmobiliste d’Henri Queuillepourrait tenter l’actuel prési-dent. On prête à cette figurede la quatrième République laformule : «Il n’est pas de pro-blème qu’une absence de solu-tion ne finisse par résoudre».Pourquoi promouvoir des ré-formes qui divisent, sur des

sujets considérés comme se-condaires et minés, quandd’autres réformes, jugées cen-trales, ne peuvent être aban-données ?

En matière d’avortement,Nicolas Sarkozy a ainsi renduhommage à Simone Veil,comme si sa loi avait tout réglé.Le sujet, tabou, reste verrouillé.Le revirement de Xavier Darcosà propos du DVD pédagogiquecensé parler d’avortement àl’école laisse à penser quel’idéologie soixante-huitardetétanise toujours à droite.

En matière de bioéthique,la gauche ayant une posturefavorable aux nouvelles trans-gressions, la droite tend à frei-ner ces évolutions. Maisd’éminents spécialistes del’UMP plaident pour l’extensionde l’expérimentation sur lesembryons et le clonage qui se-rait renommé «transfert nu-cléaire». Toutefois les ministreset conseillers concernés n’ontpas de doctrine cohérente. Cesdébats pourraient s’échelonnersur plusieurs années.

En matière de famille, unjeu du chat et de la souris s’estengagé avec le lobby gay (etson cheval de Troie que cons-titue Gaylib au sein de l’UMP).Nicolas Sarkozy le flatte, sepose en «promoteur de lacause», mais refuse pour l’ins-tant le mariage homosexuel,revendication emblématique

du moment. Il ne faut pas ou-blier que les municipalesauront lieu au printemps 2008.Or 81% des maires sont hos-tiles au mariage homosexuel.Toutefois, l’alignement du Pacssur le mariage et sur la frater-nité en matière de fiscalité dessuccessions sont déjà donnésen gages. C’est le succès de lapolitique des petits pas prônéepar Gaylib, en attendant le sta-tut de beau-parent et lecontrat homosexuel en Mairiepromis par le président, maiscontesté par une bonne partdu lobby gay.

En matière de fin de vie, Ni-colas Sarkozy semble revenu deses hésitations de campagne.Plutôt que de faire évoluer laloi qui interdit l’euthanasie, ilpréférerait l’application de laloi Leonetti sur la fin de vieassortie d’un plan de dévelop-pement des soins palliatifs. Quefera Roselyne Bachelot, l’im-prévisible, qui affirmait en arri-vant au ministère de la Santéque Simone Veil était son«idole» ? Elle aussi pourrait êtretentée, en donnant à la Franceune loi sur l’euthanasie demarquer l’Histoire.

Mais puisque l’inscriptiondans l’Histoire semble un do-maine réservé du nouveau pré-sident, c’est sur les idées duchef qu’il faut compter. Aussiincertaines que détermi-nantes. �

SOCIÉTÉ

Le Président a promu des profils tellement contrastésque l’on peut les suspecter de se neutraliser

par Tugdual DERVILLE

Incertitudes vitales

E

(

Pour analyser les lignes de front de la prochaine rentrée

parlementaire en matière de questions de société, il faut

davantage scruter la «méthode Sarkozy» voire sa personnalité

que le programme qui l’a porté au pouvoir au mois de juin.

6 FRANCECatholique N°3082 AOUT 2007

Page 7: Ganagobie - france-catholique.fr

GanagobieMonastère entre ciel et terreMonastère entre ciel et terre

n compte 300 mètres de dénivelédepuis la vallée de la Durance,4 kilomètres de route avec 25 vira-ges, dont 12 en épingle à cheveux.C’est là. Depuis le Xe siècle, lemonastère de Ganagobie s’exposeau soleil de Provence. Vu du plateau

de Valensole, le monastère présente un côté très"Mont-Athos" à plus de 600 mètres d’altitude surfond de ciel bleu.

Ganagobie, c’est d’abord un étrange plateaugéographique, une sorte de colline isolée à l’écartdu Luberon entre Sisteron et Manosque. "Dressécomme une grande table de mille pieds, érigé

comme un autelentre la terre et leciel, le plateau deGanagobie attirel’œil et le cœur ; ilest à la mesure del’homme, il attirel’homme, "chantePierre Martel, fonda-teur de l’associationLes Alpes de Lumièresqui œuvre en faveurde la mise en valeurdu patrimoine pro-vençal. Du haut duplateau, la vue offreun panorama à 360°allant des Alpes du

Sud aux massifs de la Sainte-Baume et de laSainte-Victoire vers le sud-est, et enfin à l’ouestle vaste et sauvage Lubéron, au pied duquel s’é-tend la ville de Forcalquier. L'origine et la signifi-cation du nom de Ganagobie ont suscité bien desinterrogations. Les recherches les plus sérieusesétablissent que le nom serait composé de la ra-cine gan, signifiant hauteur et dérivée de la ra-cine pré-indo-européenne "car" désignant lerocher. On retrouverait une racine identique dansdes noms de lieu tels que Cannes ou Cagnes.

DOSSIER

Le plateaude Ganagobie

attire l’œilet le cœur

Le monastère de Ganagobie

est situé dans les Alpes de

Haute-Provence, entre Sisteron

et Manosque. Fondé aux environs

du Xe siècle, il conserve de

nombreuses traces

de son rayonnement clunisien.

Livré aux aléas de l’histoire,

il a connu un déclin progressif

jusqu’à la

Révolution

française.

Refondé en 1992

par la communauté

des moines

bénédictins

précédemment

établis à

Hautecombe, en

Savoie, le

monastère a fait

l’objet d’importants

aménagements durant ces

dernières années. La richesse

spirituelle et architecturale de ce

prestigieux prieuré roman révèle

la vie de prière et de travail aussi

solide qu’intemporelle que mène

cette communauté de moines.

Par le Père Ludovic LECURU

BENEDICTINS

8 FRANCECatholique N°3082 AOUT 2007

O

Ganagobie

© NATHALIE CHARLIER

© LU

DOVI

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Page 8: Ganagobie - france-catholique.fr

FRANCECatholique N°3082 AOUT 2007 9

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CURU

© LU

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CURU

Page 9: Ganagobie - france-catholique.fr

Une charte de donation signée en 1013 par uncertain Boniface témoigne de cette vieille originetoponymique : "Je fais donation pour que les frè-res de l’ordre de Cluny, qui habiteront ce lieu deSainte-Marie de Canacopie, en jouissent et soientpropriétaires". Après une lointaine fondationremontant probablement au Xe siècle, le monas-tère prospéra grâce à la générosité des comtes deSisteron. La communauté profita des largesses desaint Mayeul originaire du plateau voisin deValensole et abbé de la prestigieuse abbaye deCluny. Grâce à lui, le prieuré fut rattaché à lagrande abbaye bourguignonne. Malgré cetteappartenance clunisienne, le monastère périclitaau XVe siècle. Mal géré, mal entretenu, il subit deplein fouet les conséquences de la Réforme. Unetelle situation dura jusqu’au XVIIIe siècle. Lemonastère était déjà sécularisé lorsqu’il fut venduen 1791 comme bien national, sort que connurenttous les prieurés et abbayes de France. À la diffé-rence près qu’il n’y avait déjà plus ici aucun moineà déclarer hors la loi pour fait de vœux religieux.

Cent ans après cette confiscation, un certainM. de Malijay fit l’acquisition du monastère deGanagobie et de l’ensemble du plateau. En 1891,il en fit don aux bénédictins de l’abbaye Sainte-Madeleine de Marseille fondée en 1865 par domProsper Guéranger, refondateur de l’abbaye deSolesmes et de la vie bénédictine en France. Maistrès vite, les lois de 1901 contre les congréga-tions obligèrent les moines de Marseille à inter-rompre la restauration entreprise et à quitter laFrance. Ils trouvèrent refuge à Chiari, en Italie,haut-lieu spirituel que fréquenta souvent Jean-Baptiste Montini, futur archevêque de Milan etpape Paul VI.

De retour en France en 1922, la communautés’installa à Hautecombe, près d’Aix-les-Bains, surles bords du lac du Bourget et nécropole desPrinces de Savoie. Au fil des décennies, ce cadresomptueux rendait la vie trop belle pour de-meurer isolée. Pourquoi pas se fixer à Ganagobie,s’interrogèrent les Pères d’Hautecombe dont ilsétaient toujours propriétaires ? En 1987, la com-munauté savoyarde décide de quitter les lieuxpour retourner en Provence, lieu de ses origines.C’est chose faite depuis 1992. Quinze moines de44 à 94 ans y mènent désormais la vie monas-tique dans l'esprit de saint Benoît et de domGuéranger. Sur le plateau de Ganagobie, entreciel et pierre, ils savourent la douceur provençale.Leur patient travail de restauration et de créationa transformé ce site en une terre de prière et devie à la suite des générations de moines qui y ontvécu avant eux. À leur tour, de louer Dieu enaccomplissant fidèlement leur labeur quotidien.

Lorsqu’une fois parvenu sur le plateau on re-joint les abords du monastère, l’église vousaccueille de sa façade sobre et son toit de lauzes.Comme dans le livre de Jérémie un immense

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amandier garde l’entrée (Jr 1, 11). Un portailmonumental invite pèlerins et visiteurs à y trou-ver un peu d’ombre et de fraîcheur. Du tympan,un Christ se détache dans une attitude de majes-tueuse sérénité. "Tout portail roman, explique leFrère Régis, amoureux des pierres autant que desolives, a une signification profonde ; il est pourl’église ce que le visage est pour l’homme." À l’in-térieur de ce lieu de prière, les moines y chantentsept fois par jour l’Office divin, prière composéede psaumes, chants tirés de la Bible. Du lever unpeu avant 5 heures du matin pour l’office desvigiles, au coucher vers 21 heures après l’officedes complies, l’église est le lieu où gravite lajournée monastique. Les pièces du répertoire gré-gorien alternent avec la psalmodie en français.Dans le prolongement de l’Office divin, la lectiodivina, lecture priée et écoutée de la Parole deDieu, est l’os à ronger des moines. Elle accroît lacommunion avec Dieu au contact de sa Présencerévélée dans les Écritures.

La messe est le sommet de ces journées deprière et de travail. À l’occasion de certainesfêtes, quelques félibriges, groupes de musicienset de chanteurs provençaux inspirés par Frédéric

Mistral (mais sans doute aussi du Saint-Esprit)viennent joindre leurs voix à celles des moines.Tambourinaires et fifres remplissent l’église d’une"fé que n’a pas fallou". Comprenez : "une foi quin’a pas failli". Une baie vitrée permet de décou-vrir le cloître. Datant de la fin du XIIe siècle, cettegalerie de circulation inspirée de l’atrium romainpermet aujourd’hui encore de se rendre à l'église,au chapitre, au réfectoire, à la cuisine, à l’infir-merie tout en restant à l’abri du soleil ou du mis-tral, et plus rarement de la pluie. Dans les gale-ries, quelques chapiteaux représentent des loups,encore présents en Haute-Provence jusqu’audébut du XXe siècle.

Les moines accueillent volontiers la prière desvisiteurs en mettant à leur disposition un cahierd’intentions à l’entrée de l’église. Rien n’estmieux exprimé que ce qui est écrit. L’un de cesvisiteurs a laissé ce message ironique autant quedésenchanté : "Salut les tranquillous". Il ne fautpas exagérer ! Si la vie simple et recueillie desquinze hommes de Dieu contraste avec l’agita-tion de la vallée et le trafic de la A51 en contre-bas, elle n’en demeure pas moins besogneuse.Des centaines d’oliviers occupent les parties cul-

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Les piècesdu répertoire

grégorienalternentavec la

psalmodie en français

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tivables du plateau. Des milliers de pieds delavande sans laquelle la Provence ne serait pas laProvence occupent le reste. Les produits artisa-naux du monastère Notre-Dame de Ganagobies’inscrivent dans une longue tradition de goût etrecherche. En 1992, la question était de savoirvers quel type d’activités économiques la com-munauté s’orienterait. "La réponse est venue d’el-le-même, explique le Père Robert, responsable dela vente par correspondance. Nous sommes enProvence avec Marie-Madeleine comme saintePatronne. Elle a vécu à la Sainte-Baume. Alorsnous nous sommes lancés dans la commerciali-sation de baumes, dont le baume du pèlerin quiest recommandé dans tous les guides vers Saint-Jacques de Compostelle". En plus des baumes, lesproduits du monastère, miels, confitures et arti-cles de parfumerie, sont reconnus et appréciéspour leurs qualités. "Ils assurent les revenusnécessaires à notre vie de notre communauté,précise le Père Abbé de Ganagobie, dom René-Hugues de Lacheisserie. Ils nous permettent depoursuivre la reconstruction de notre monastèreet le maintien en état des bâtiments".

Le monastère de Ganagobie fait partie de lacongrégation de Solesmes constituée d’une tren-taine de monastères de moines ou de monialesen France et dans le monde. "Si le moine béné-dictin est l'homme de la prière, de la solitude etdu silence, il est aussi membre d'une communau-té." C’est la phrase de saint Benoît : "tousensemble, que Dieu nous conduise à la vie éter-nelle", que commente ici le Père Abbé. "SaintBenoît dit encore que c'est dans l'aide fraternellequ'on se fortifie. S'ouvrir à Dieu demande qu'ons'ouvre à ses frères et à tous ceux qui, frappant àla porte du monastère, cherchent à replacer leurvie sous le regard de Dieu". C’est l’une des rai-sons pour lesquelles de nombreux hôtes viennentséjourner à l’hôtellerie du monastère de Gana-gobie, comme dans d’autres lieux monastiques,pour un temps de recueillement spirituel dont ilsont humainement besoin.

Heureusement que les "tranquillous" sont à ladisposition de tous. �

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“Tousensemble que

Dieu nousconduise à lavie éternelle”

Sur internet retrouvez le site de Ganagobie, avec une remarquable visite virtuelle du monastère

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Moine débroussailleur... par 40°

à l’ombre.

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edécouvertes en partie à la fin du XIXe

siècle, les mosaïques de Ganagobie n’ontété remises au jour qu’après lareconstruction du chœur de l’église dansles années 60-70. Il a fallu ensuite près de

dix années pour déposer cesvastes pavements, fouiller le solsur lequel elles étaient établies,les restaurer en atelier avant deles remettre en place. Ce travailde restauration, confié à l’atelierSOCRA de Périgueux, a permisde mieux connaître la structurede cet ensemble de mosaïquesexceptionnelles ainsi que lestechniques utilisées pour leurréalisation. Exécutée vers 1124,la mosaïque couvre une surfacede 72 mètres carrés.Initialement plus vaste d’aumoins dix mètres carrés, lapartie centrale fut détruite à lasuite de la démolition de l'égliseen 1794. Sa dimension et saqualité artistique en font uneœuvre unique en France.Certaines réminiscences demotifs byzantins rappellent lerôle de la Provence dansl'Antiquité.L'ensemble évoque les tapis d'Orient bien connusdans l'Europe du XIIe siècle. Trois couleurs : rouge(grès), blanc (marbre), noir (calcaire) et une variété

infinie de formes font vivre une faune et une florefabuleuses. Telle une immense broderie de pierresminuscules au sol, on y voit une lutte de monstres etde cavaliers. Quelle est la signification, dans ce cadreliturgique voué à la prière et la louange à Dieu, de ce

bestiaire enchanté oùimagination, réalité etmythologie se mélangent ?Faut-il donner un sens aumoindre détail de cette vastemosaïque tout en mouvementet en couleurs ? Une scène parexemple représente une lutteentre un cavalier et un monstremi-chimère, mi-dragon dotéd’une triple tête de lion, chèvreet serpent. Au pied du cavalier,un renard ouvre sa gueulemunie de crocs acérés. Unesorte de satyre ou bouc à têtehumaine se tient au milieu. Il yen a 72 mètres carrés commeça. Cette mosaïquereprésenterait les forceshostiles que les moines foulentavec l’assurance des enfants deDieu sauvés des forces du malpar la passion et la résurrectiondu Christ. À moins que ce chef-d’œuvre ne soit l’expression de

ce duel entre la vie et la mort, le bien et le mal, quiforme l’univers de la spiritualité monastique. �

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Bestiaire enchantéR

LA MOSAIQUE

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epuis les destructionsde la Révolution, l'é-glise de Ganagobien'avait plus de vitrauxmais de simples vitres

translucides. Pourtant, en 1974,des fouilles archéologiquesavaient mis au jour des frag-ments de vitraux que les spécia-listes considèrent comme lesplus anciens vestiges de cet artdans le midi de la France puis-qu’ils dateraient du XIIe siècle.L’église de Ganagobie attendaitdonc des vitraux pour parache-ver sa restauration. De nomb-reux projets ont vu le jour.Finalement, le choix de la Com-munauté, avec l’aval de laDirection des Affaires cultu-relles, s'est arrêté sur celui duPère Kim En Joong.

Né en 1940 à Booyo enCorée du Sud, le Père Kim estconfucéen d’origine. Après desétudes à l'école des Beaux Artsde Séoul, il découvre le catholi-cisme en 1965. Baptisé en1967, il s'installe en Europe en1969 et est ordonné prêtre en1974 dans l’Ordre des Frèresprêcheurs.

Et avec l’aide du père Avril,l’un de ses guides spirituels, lePère Kim a fait de son art "unchemin de lumière vers Dieu"comme il le dit lui-même. Il aréalisé plusieurs ensembles devitraux, comme les baies de lacathédrale d’Evry ou celles del’église des dominicaines deDax. Ses peintures, ses céra-miques, sont présentées dansdes galeries à Paris, Genève,Vienne, Rome, Saint-Peters-bourg. Il a exposé à la ca-thédrale de San Francisco en2002 et à Notre-Dame de Parisen 2003. Il est aujourd'hui unartiste mondialement reconnu.Avant de créer les vitraux de

Ganagobie, le Père Kim EnJoong a séjourné au monas-tère, partageant le mode devie des moines, se mettant àleur écoute. Il a patiemmentobservé comment l’église s’é-claire au fil des offices litur-giques de la journée. Puis,dans les ateliers des maîtres-verriers Loire à Chartres, il atravaillé à la manière du calli-graphe dessinant les caractè-res coréens au pinceau de soie.Son geste d’artiste a jeté sur laplaque de verre monoblocgomme arabique, poudre deverre, émaux. Le tout passéplusieurs fois au four à 670° adonné naissance à cette har-monie de couleurs tourbillon-nantes et de sobriété romanedans l’église du prieuré.

Les questions que l’on poseau Père Kim En Joong se re-joignent toutes en une seule :"Que signifie votre peinturenon figurative ?" "Expliquer mapeinture ? Quel supplice !avoue-t-il. La sensation nes’explique pas, je vis dans mapeinture. Le monde est envahid’images de toutes sortes, télé-vision, cinéma, internet... Lesidées, même les personnages,tout est figuratif. Il n’y a plusde place pour le mystère. Moi,j’aime le mystère. Je chercheun monde de mystère et jel’exprime dans ma peinture."

Le théologien Hans Urs vonBalthasar a dit de l’Écrituresainte qu’elle "dévoile en voi-lant". Certains n’hésitent pas àappliquer cette définition auxvitraux du Père Kim commeune invitation à voir au-delà,plus loin.

Leur inauguration a eu lieu le22 avril 2006 en présence deMgr François-Xavier Loizeau,évêque de Digne. �

DUn cadeau de lumière

LES VITRAUX

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En mémoire des jours

ans la litanie du mal-heur contemporain, ily a un nom qu’on ne

peut prononcer sans éprou-ver comme un sentimentd’effroi. Ce pays-là s’appellele Cambodge, et il incarnece que la malignité deshommes a fait de pire ennotre temps, et ce n’est paspeu dire. Car il y a dans lesmêmes temps, cette réalitécarcérale, dont les totalita-rismes du temps se sontrendus coupables.

Dans le cas du Cam-bodge, il y a comme un fac-teur aggravant. La volontéaffichée de substituer unpeuple à un autre. Le peuplenouveau au peuple ancien,comme on disait. Et il n’enfallait pas beaucoup pourêtre du mauvais côté deschoix.

Tout ce qui avait des at-taches avec le passé n’étaitpas seulement suspect. C’é-tait une mort assurée, etdécrétée à l’avance. Projetdémentiel s’il en fut, maisqui n’en fut pas moins mis àexécution sur le champ.L’évacuation de Phnom Penhcette capitale surpeuplée, aillustré sans équivoque ledessein homicide du régime

qui se mettait en place.Personne n’échappa à cetépisode monstrueux, qu’onn’avait encore jamais vu, àcette échelle du moins.Personne en effet n’échappaà cette rafle, c’est le mot,dans laquelle on emmenaitindistinctement des vieil-lards et des enfants, les plusgrands malades sur leurscivières.

C’est toute une capitalequi prit ainsi en quelquesjours la route d’un exode.C’est au forceps qu’on en-fantait un peuple au pré-texte de purifier l’avenir, etde le dégager, comme l’en-tendaient les maîtres del’heure. Ce forfait sans nomsuscita des réactions trèsdiverses. Il y en eut pourretenir ce qu’ils tenaientpour quelque chose de po-sitif : le refus de l’argent. Lespetits soldats noirs del’Ankar, devenaient des mo-dèles de probité, des garantsde l’ordre nouveau. La réalitéétait bien différente, tra-gique.

Les rizières du Cambodgedevinrent lieu d’une héca-tombe. Un coup de pioche,et sans autre explication onexécutait des victimes dontles restes, disait-on devaientdevenir engrais pour lesgénérations à venir. On sup-prima l’argent comme mon-naie d’échange, et l’on obli-gea les populations à chan-ger de nom.

Pour fuir ce destin fu-neste, les survivants qui lepouvaient s’enfuirent par lechemin des forêts limi-trophes de la Thaïlande. Toutle monde ne pouvait pas serisquer à un tel exode, qui

n’était pas compatible avecle moindre signe de solida-rité. Quand l’un de ses ré-fractaires tombait, le groupedevait poursuivre sa route. Ille fallait, pour permettre àquelques-uns au moins defranchir la frontière et ainsifaire connaître au mondequi ne les entendit pas tou-jours, ce qu’il en était de ladétresse de ce peuple cam-bodgien.

On ne leur prêta guèreattention, en tout cas dansle meilleur des cas elle n’é-tait pas à la mesure du mal-heur. A l’exception tout demême de quelques veilleurslucides, qui surent dénoncerl’imposture. François Pon-chaud fut de ceux-là, avecson livre intitulé Cambodge,année Zéro.

Quand il parut, dans lespremiers jours de l’année75, tout le monde n’ac-cueillit pas ce témoignage.On récusait, en disant quec’étaient des récits de réfu-giés, pour ne pas dire desbobards.

Il y en eut Dieu merci, deplus lucides. Et parmi ceux-ci, ce qui n’étonnera per-sonne, il y avait le Père Cey-rac, qui aura passé toute savie sur le front du malheurhumain. Il avait passé tousles premiers temps de sa vie,à Calcutta parmi les pluspauvres ; il n’était pas dé-paysé, dans les forêts de laThaïlande, où se tenaient enattente de mieux, des foulesimmenses.

Il y avait même quelqueschrétiens parmi eux. On lescomptait à l’unité, c’était ceque la Bible appelle le PetitReste. Et ce petit reste mé-

rite qu’on garde mémoire delui. Il y avait entre autres unévêque, qui faisait des études à Paris, au momentoù les choses se précipi-taient au Cambodge. Le Va-tican l’ordonna sur le champ,et l’envoya à Phnom Penh,où il arriva quelques joursseulement avant la chute dela ville. Il fut évidemmentemporté comme tout lemonde, dans les déferlantesfolles de ceux qui préten-daient recréer le Cambodge.Le Père Ceyrac, jamais n’ou-bliera les pleurs de ces chré-tiens, toutes les fois où à lamesse on faisait mémoire detous les disparus.

La vérité sur tous cesévénements a fini par l’em-porter. On sait aujourd’huice qui s’est passé, dans cesrizières de la cruauté hu-maine. Un tribunal interna-tional, des années après,aura cet automne mêmecharge de juger ces faits etces forfaits. Mais il sera enmême temps rappelé unchapelet de douleurs querien ne peut effacer. Lessurvivants ou leurs proches,ne sont pas très prolixespour redire les événementsdont ils furent les acteurs.Ce n’est pas par souci d’ou-bli, mais de silence, où ilspeuvent sauvegarder ceuxqu’ils sont les seuls àconnaître vraiment.

Il faudra du temps, etpas seulement un jugement,pour que tout soit tiré auclair. Cette descente auxenfers faillit de bien peufaire périr tout un peuple,dans l ’ indifférence des autres, quand ce n’était pasleur connivence. �

Cambodge : l’effroi

Par Robert Masson

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ESPRIT

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es grandes propriétés attenantes auxbâtiments de St-Quentin-sur-Indrois(Indre-et-Loire) se parent chaque été detentes, toilettes, chapiteaux, standsbuvette ou de vente de livres, stand de

promotion d’association, ou encore servicerepas. La forêt de peupliers se voit convertie en“Cathédrale de verdure”, où les messes sontcélébrées à l’ombre, au milieu des feuilles et de

la mousse. Durant des semaines, la communautéest en effervescence, se préparant à accueillirquelques milliers de jeunes. Autour de la communauté, des camps technique, musique,décoration, sont organisés, ajoutant à la qualitéde la préparation. Chaque messe, chaque spec-tacle, chaque occupation, est conçu, réfléchi,amélioré. Avec assez d’imprévu toutefois, pourlaisser de la place à l’action du Saint-Esprit. Lapluie, les problèmes techniques, le financementproblématique : le Festival St-Jean est, à n’enpas douter, une aventure.

Si le festival se veut prière et temps dedétente (“on s’y amuse bien !” disent les partici-pants, et le rire est de mise, notamment avec lesanimations humoristiques du groupe Ray-on endébut d’après-midi), il a aussi pour but de tou-cher des jeunes en quête spirituelle, ou pluséloignés de la foi. Le ton n’est d’ailleurs pas tou-

FESTIVALS

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COMMUNAUTE SAINT JEAN

Allez jeunes !par Anne MONTABONE

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Prairie côté filles

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14-19 AOUTles

D’année en année, le Festival

St-Jean se dote de nouveaux

intervenants, de nouvelles idées,

et de beaucoup de courage, pour

continuer sur la lancée des désirs

de la “génération JMJ”.

Avec assezd’imprévu

pour laisser place

à l’actiondu Saint-Esprit

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jours facile à trouver. On os-cille parfois entre des confé-rences qui s’adressent à des“avertis”, des carrefours pourdébutants, et un public quel’on voudrait novice, mais quirevient pour la cinquième fois.Ce qui est quand même lapreuve qu’il y a toujours quelque chose de nouveau àrecevoir. Au cœur du Festival,le “Studium”, réservé aux étu-diants et aux jeunes profes-sionnels, propose des ré-flexions actuelles. En août pro-chain, la grande majorité deces conférences se situera surdes thèmes sociaux, avec desintervenants maire, député,islamologue, éducateur spécia-lisé... Ces interventions per-mettront de se situer, en tantque chrétien, dans ce monde,pris dans les filets de rap-ports sociaux et politiques complexes qui nous renvoientun jour ou l’autre à la ques-tion : “Qu’as-tu fait de tonfrère ?”. Les enjeux en sont certes fondamentaux.Mais il faut aller plus loin. Au Festival St-Jean,on se recentre régulièrement sur le Fondamentalde ces fondamentaux : le Christ. La présence desFrères et Sœurs venus de toute la France, et

aussi de beaucoup plus loin, permet l’échange,les conseils spirituels, les offices, et les sacre-ments. Les festivités sont complétées par desspectacles et concerts. Le groupe Carmenz“100% cathos, 100% punk rock” est annoncécomme Guest Star.

Pour ce dixième anniversaire, un CD de “Poplouange” vient d’ailleurs de sortir, à partir d’unenregistrement du groupe Hosanna. Les fidèlesde St-Jean reconnaîtront avec plaisir les tubesdu Festival. Fruit direct du Camp Musique pourles jeunes mélomanes, on y retrouve la chaleur,la prière, et la beauté liturgique des célébrations.L’interprétation fort sympathique, par des voixsouvent plus que remarquables, suit la chronolo-gie d’une messe. Le CD est tout à l’image de ceFestival : un moment nourrissant, une expé-rience marquante, qui doit porter des fruits bienau-delà. �

Festival Saint-Jean (14-19 août)Les Roches37310 Saint-Quentin-sur-IndroisTél. : 02 47 92 28 [email protected] Marie nous voulons voir Jésus

FESTIVALS

Le festivala pour butde toucherdes jeuneséloignés de la foi

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Sortie de messe de la“Cathédrale de verdure”

Le Camp musique animant une messe

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u Laos, l’un des trois pays del’ancienne Indochine, les ca-tholiques sont environ 42 000sur une population de 5,4millions d’habitants, à large

majorité bouddhiste. Régi depuis 1975par un parti communiste qui refuse touteévolution démocratique, le pays restefermé sur lui-même.

Pourtant, de récentes ordinations sa-cerdotales montrent un signe de détenteentre l’Église catholique et le gouverne-ment. Le 9 décembre 2006, l’évêque deThakhek, Mgr Jean Sommeng, a ordonnédeux jeunes prêtres, Pierre Vilayphone etLuc Sukpaphorn. La cérémonie a réuni lestrois autres évêques du pays, ainsi quedeux évêques de la Thaïlande voisine, denombreux prêtres et plus de 2.500 fi-dèles. Les autorités civiles étaient pré-sentes à la cérémonie, ainsi qu’une délé-gation de la communauté bouddhiste.

Ces ordinations ont suivi de quelquesmois celle du père Somphone Vilavongsy,des Oblats de Marie Immaculée, en juillet2006. Il était le premier prêtre ordonnédepuis trente ans. Il y a actuellementquatorze séminaristes en formation augrand séminaire national de Thakhek, quiest l’un des quatre vicariats apostoliques

du pays. Situé au sud du Laos, il compteprès de dix mille catholiques, un évêque,sept prêtres et plusieurs dizaines de reli-gieuses.

Si l’Eglise jouit d’une liberté relativeau sud du pays, la situation est plus diffi-cile au nord. Le vicariat apostolique deLuang-Prabang reste étroitement sur-veillé : seul l’évêque, Mgr Tito Banchong,entouré d’une poignée de catéchistes,assure la mission.

Les protestants évangéliques, trèsactifs parmi les minorités ethniques, restent particulièrement contrôlés. Le 11août 2006, deux d’entre eux ont été arrê-tés dans la province méridionale deSavannakhet.

Parmi ces minorités, les Hmongs sontceux qui ont été le plus éprouvés. Sanscesse repoussés vers les hauteurs desmassifs montagneux, persécutés dès1945 pour ne pas s’être rangés du côtédes indépendantistes, ils ont mas-sivement fui le pays en 1975 quand leParti communiste laotien a pris le pou-voir. 120 000 d’entre eux se sont alors

réfugiés en Thaïlande d’où ils espéraientgagner un autre pays. Les Etats-Unis enont accueilli 65 000, la France (et laGuyane française) 8 000. Les autres sesont répartis entre Australie et Canada.Le Mouvement lao pour les Droits del’homme indique que, parmi ceux quisont actuellement réfugiés en Thaïlande,certains sont en voie d’expulsion vers leLaos ou la Chine.

Aujourd’hui, la plupart des Hmongssont parvenus à s’intégrer à la sociétélaotienne, même si certains d’entre euxcontinuent à vivre cachés dans la jungle,en groupes isolés. Confrontées à une ex-trême pauvreté, exposées aux maladies, àla faim, ces familles font parfois l’objetde meurtrières chasses à l’homme.

Le 7 octobre dernier s’est ouverte àTrente la phase diocésaine du procès decanonisation du père Mario Borzaga,missionnaire Oblat de Marie Immaculée(OMI) et du catéchiste Thoj Xyooj Paolo,tués de façon tragique en mai 1960 auLaos. Le père Mario avait à peine 27 anset le catéchiste 19. Parmi les nombreuxmessages que nous transmet aujourd’huice jeune missionnaire martyr, retenonscelui-ci : "pour devenir saint, il n’y a pasde limite d’âge". �

EGLISE

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LAOSpar Marc FROMAGER

Une Eglise fragiledans un pays fermé

Le vicariat apostolique de Luang-Prabang reste étroitement surveillé(

Dans ce petit pays

hermétique, les catholiques

représentent moins

de 1% de la population.

De récentes ordinations

sacerdotales semblent

marquer un signe de

réchauffement des relations

entre l’Église et le régime

communiste.

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IDEESLE JOURNAL DE GERARD LECLERC

13 JUIN

Marcel Conche est un penseur ri-goureux dans les meilleures traditionsuniversitaires. Il est l’oncle d’un de mesamis proches et j’ai quelque idée de sonoriginalité et de son non-conformisme.Il m’a aimablement adressé le deuxiè-me tome de son Journal étrange (PUF)où il s’exprime sur un mode très per-sonnel, parfois proche de la confidencequi lui permet sans doute de s’émanci-per d’un discours trop contrôlé.

C’est pourquoi j’ai particulièrementapprécié la façon dont il parle de lafoi, lui le philosophe incroyant. Mais iladmet la limite de sa propre raison ;“Si loin qu’elle aille, celle-ci ne peutremonter jusqu’au Dieu personnel ettranscendant. Mais je rencontre despersonnes qui me parlent de Dieu, quiy croient et à la vie éternelle. Certainesme paraissent avoir une expérience re-ligieuse authentique, telles Mireille,Claire ou Marie-Noëlle. S’illusionnent-elles ? J’ai de sérieuses réticences àm’accommoder de cette idée. J’aimepouvoir penser que Marie-Noëlle vit, atoujours vécu, dans la vérité. J’en viensà souhaiter que sa foi soit la juste ré-ponse à la question du sens de l’homme.Je découvre par elle le sens de la foi,bien que restant en dehors. Elle a unrapport à Dieu par la prière. Peut-êtreintercède-t-elle pour moi, bien que, demon point de vue, elle ne puisse êtremon intercesseur puisque je ne suisdemandeur de rien. Elle est ma média-trice, celle par laquelle j’ai un rapportréel avec un univers de sens qui estautre que ce avec quoi et de quoi j’aivécu jusque-là.”

Voilà une démarche singulière quine saurait manquer de surprendre oude provoquer l’incompréhension debeaucoup. Car il y a plus qu’une sym-pathie ouverte à l’égard d’un monde

qui vous est étranger dans cette atten-tion passionnée pour la vie intérieurede personnes aimées. Et cela a mêmedes conséquences pratiques, puisqueMarcel Conche envisage des obsèquesreligieuses dès lors que son amie Ma-rie-Noëlle y serait présente et pourraitdonc donner, par sa foi, tout son sens àune telle initiative. Il n’exclut pas queDieu - le dieu inconnu - lui ait inspirécette idée, comme pour lui tendre uneperche.

Bien sûr, il y a un préalable philo-sophique à cette possibilité laissée à laprovidence. C’est lerefus de se laisser en-fermer dans un cerclerationaliste qui bou-clerait tout. Visible-ment, Marcel Conchen’apprécie pas dutout l ’athéisme a-gressif d’un MichelOnfray, avec son ma-térialisme borné etson hédonisme obs-essionnel. Bien plusproche apparaît An-dré Comte-Sponville,qui fut son élève, et avec qui il entre-tient des relations amicales fondéessur la proximité intellectuelle. On trou-ve chez celui-ci, en dépit d’un ma-térialisme proclamé, une sympathiepour le christianisme qui change heu-reusement de tout un climat hostilerépandu par ailleurs. Ce tome du Jour-nal comprend un échange entre lesdeux hommes à propos du pessimismeanthropologique de Comte-Sponville,explicitement référé à Blaise Pascal età son jansénisme. Mais, de Pascal onpasse vite à Montaigne dont le pessi-

misme semble encore plus accablant,en dépit de l’évocation souriante quel’on se fait aisément de l’auteur desEssais : “De toutes les opinions quel’ancienneté a eues de l’homme engros, celles que j’embrasse le plus vo-lontiers et auxquelles je m’attache leplus, ce sont celles qui nous méprisent,avilissent et anéantissent le plus”.

Ce pessimisme foncier n’inclined’ailleurs pas André Comte-Sponville àla misanthropie. Notre faiblesse indé-lébile provoquerait plutôt la miséri-corde “qui consiste à pardonner aux

hommes le peu qu’ils sontou dont ils sont capables”.Marcel Conche proteste àcause d’une expérience su-périeure d’humanité qui lerenvoie à ses amies cro-yantes et même d’autres quilui permettent de mettre lagrandeur humaine devantsa déchéance. Et Mon-taigne aussi lui vient enaide. Pascal pourrait êtrede même allégué, en dépitde son énorme point d’in-terrogation. Sur le monstre

de contradiction entre misère et gran-deur. Comment prendre soi-mêmeparti dans un tel débat qui imposed’acquiescer tour à tour au pessimismeet à l’optimisme, sauf à suivre Ber-nanos pour qui il n’y a pas lieu de s’en-fermer dans aucune des deux postures.Je me souviens d’avoir cité ce texte aucardinal Lustiger qui ne le connaissaitpas mais s’y est reconnu spontané-ment, si bien qu’il fut intégré à l’entre-tien qu’il me donnait pour le Quotidiende Paris. C’est vrai que Bernanos, nonmétaphysicien et non théologien, pos-

“Pardonner aux hommes le peuqu’ils sont, ou dont ils sont capables”

Lustiger, Marrouet Daniélou

(

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sédait un sens inné, un habitus spiri-tuel, qui lui permettait aussi bien dedescendre dans nos ténèbres inté-rieures que de reconnaître la force dela grâce dans le génie des saints. Sonempathie pour le pathétique de lacondition humaine aurait pu faire delui un janséniste si sa foi la plus enra-cinée ne l’avait conduit à affirmer que“tout est grâce”.

18 JUIN

Parmi les personnalités qui exer-cèrent une influence profonde sur lefutur archevêque de Paris, il faut nom-mer deux prêtres - eux aussi futurscardinaux - Pierre Veuillot et Jean Da-niélou - il y a dans la biographie écritepar Robert Perrou (chez Perrin) de pré-cieuses indications à ce sujet. PierreVeuillot fut le professeur de philoso-phie du jeune Aaron-Jean-Marie aupetit séminaire de Charenton. Ren-contre décisive entre deux hommes quise retrouveront vingt ans plus tard àParis lorsque Mgr Veuillot prendra lasuccession du cardinal Feltin pour troppeu d’années. Celui qui avait initié à lapensée moderne, en pleine guerre, lenouveau converti, voudra le revoir unedernière fois, à la veille de mourir. Ondevine l’intensité de cet ultime dia-logue.

Mais à la Libération, une autre ren-contre se produit qui, avec la distance,apparaît tout aussi providentielle.Jean-Marie Lustiger, étudiant enSorbonne, se rend à la rédaction de larevue Les Etudes pour faire connais-sance avec le Père Jean Daniélou, per-sonnalité de tout premier plan dont lerayonnement est alors considérable.C’est le début d’un long compagnon-nage : “Le Père Daniélou a été pourmoi, comme pour beaucoup d’autres,un témoin du Christ, respecté, admiréet aimé”. Je viens de relire le témoi-gnage que Jean-Marie Lustiger renditdans le cadre d’un colloque organiséen 2005 pour le centenaire du grandthéologien. Ces quelques pages viventlittéralement de la connivence quiexistait entre le maître et le disciple

devenu par la suite son associé dans leministère auprès des étudiants. Pouravoir moi-même admiré et aimé lecardinal Daniélou, l’avoir lu, l’avoirrencontré au moins une longue foisdans son bureau de la rue Notre-Damedes Champs, je puis comprendre laforce d’un lien que n’a pu entamer lamort “bernanosienne” de l’aîné.

C’est d’ailleurs pourquoi j’ai lu avecpassion les interventions de ce col-loque rassemblées en volume (Ac-tualité de Jean Daniélou, au Cerf). J’y airetrouvé toute la richesse du théolo-gien, son intelligence vive, profonde,sa faculté d’être complètement pré-sent et actif en son temps, tout en seréclamant d’une tradition sans cesseméditée et interrogée. Il avait aussi ledon d’être “médiatique” au sens lemoins superficiel du terme, capablepar exemple de parler de Pascal à latélévision en communiquant le géniespirituel de l’écrivain de l’apologiechrétienne. Il y avait de ce point devue une parenté évidente entre Lus-tiger et Daniélou, capables l’un et l’au-tre, de rendre compte de leur foi, d’unefaçon non conventionnelle.

Une de leurs parentés les plus for-tes consiste dans l’appréhension del’Histoire à partir de l’économie de laRévélation et de l’ouverture eschatolo-gique du temps. Henri-Irénée Marrouétait d’évidence un puissant éclaireurdans ce domaine où la culture bibliqueet la culture patristique étaient déter-minantes. Dois-je ajouter que je n’ai

pas été surpris que Marrou aitchoisi Jean-Marie Lustiger enses dernières années commeson Père spirituel. La brèvepréface écrite par le Cardinalà ses Carnets posthumes(Cerf) marque la même proxi-mité qu’avec Daniélou ainsique la même entente intellec-tuelle et spirituelle : “Marrous’efforce sans cesse d’ouvriren prière le rude travail del’intelligence, toujours enclineà se contenter d’elle-même,fût-ce dans l’étude de l’Ecri-ture et des Pères de l’Eglise.La tension ainsi vécue nousmontre clairement que le tra-vail intellectuel, comme laprière relèvent l’un et l’autrede la vie, de notre esprit dansl’Esprit et de son combat.”Admirable compréhension“d’un brillant intellectuelcatholique” devenu vrai théo-logien par fidélité à sa grâce

baptismale. Dois-je ajouter que ces Carnets de

Marrou m’émerveillent, sans vraimentm’étonner, mais en me permettantd’accéder à son atelier de travail inté-rieur. J’aimerais souvent que soientrendues complètement explicites lesnotes resserrées qu’il consacre à seslectures et à ses recherches les plus“mystériques”. Je pense à ce qu’il écritdu péché originel par exemple et descontrastes qu’il établit entre les Pèresgrecs et Augustin. En a-t-il fait en sontemps des exposés à des étudiants, àdes amis ? Ou s’est-il réservé pour luiseul ce qui consonait le plus avec laconfrontation intérieure imposée parles tensions de l’intelligence et de lafoi ? Qu’un Lustiger ait été l’auditeuraverti et amical de ce colloque del’âme nous met sur la voie de sa propreprofondeur.

Et c’est ce qui compte le plus pourmoi et s’est révélé lors du premier

26 FRANCECatholique N°3082 AOUT 2007

“Le Père Daniélou a été... un témoindu Christ, respecté, admiré et aimé”(

IDEES

Jean Daniélou

D.R.

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IDEESgrand entretien qu’il m’avait confié. Ilne m’a pas fallu très longtemps pourcomprendre que je me trouvais face àun homme complètement investi dansle mystère chrétien, le vivant avec uneintensité exceptionnelle et ne respirantqu’à travers lui. Ce que j’ai pu apprendrepar la suite, ou mieux connaître, n’a faitque confirmer et amplifier la percep-tion d’un grand spirituel dont l’histoirepersonnelle, la relation tragique àl’histoire du peuple juif et la décou-verte du Christ avaient façonné l’inté-riorité la plus accordée aux profon-deurs de l’habitation trinitaire dans uncœur d’homme. Qu’il ait été aussi pro-phète, comme le déclarait Jean-Paul II,c’était de surcroît comme l’expressionde ce mystère vivant qui l’habitait.

21 JUIN

J’ai voulu revenir à Maritain encontrepoint de mes lectures et ré-flexions sur Richelieu. Le philosophed’Humanisme intégral, que j’ai cité unpeu rapidement pour son opposition àBodin et aux théoriciens de la souve-raineté moderne, devrait nous donnerle regard de complément qui nousmanque dès lors qu’on s’intéresse parpriorité - sinon exclusivement - à lamontée en puissance de l’Etat.

Le Père Paul Valadier est venu àmon secours avec son étude Maritainà contre-temps. Pour une démocratievivante (parue chez Desclée deBrouwer il y a déjà quelques mois).L’exposé est limpide et, autour dequelques thèmes, nous offre une syn-thèse convaincante quant à l’origina-lité d’un point de vue qui s’est forméau cours des remous du vingtième siè-cle et des débats internes au catholi-cisme français. Mais ce qu’il y a desynthétique justement va peut-être unpeu à l’encontre de ce qu’il y eut detâtonnant et parfois de contradictoiredans le cheminement du penseur.Certes la période Action française estmentionnée, mais jamais pour êtreétudiée en elle-même et évaluer enquoi le théoricien futur de la démocra-tie se définit contre elle tout en de-meurant dépendant de certaines pro-blématiques.

Mais ce n’était pas l’objet du tra-vail du Père Valadier qui cherche d’a-

bord à établir la fécondité ou la per-manence d’une pensée pour aujour-d’hui, en établissant avec le plus declarté convaincante en quoi elle estsingulière par sa volonté de rejoindreles aspirations du monde contempo-rain tout en demeurant d’une fidélitérigoureuse à son inspiration chré-tienne. En ce sens, c’est très réussi, etc’est aussi passionnant pour ceux qui,par exemple, s’intéressent à des ques-tions aussi importantes que la sécula-risation, les droits de l’homme, la li-berté religieuse et même la démocra-tie, bien que je fasse quelques réservessur ce sujet qui rejoignent d’ailleursma perplexité quant au destin du ma-ritanisme politique en notre temps.

Je suis un peu étonné d’ailleurs quePaul Valadier ne soit pas plus impres-sionné par le décalage que lui-mêmemet en évidence en exposant les gran-des lignes de cette philosophie poli-tique. Car, tout de même, souligner la

modernité politique de Maritain et lerôle éminent qui fut le sien dans lamaturation de certains thèmes conci-liaires ne fait qu’accuser le contrasteentre ces conceptions, ces convictionset celles qui sont le mieux en coursaujourd’hui. Il ne suffit pas d’affirmer,par exemple, son amour du peuple etde saluer la montée graduelle d’uneresponsabilité collective pour s’accor-der avec ce qui est aujourd’hui le fon-dement des régimes démocratiques enlien avec leurs fondations dans lesthéorisations des XVIIe et XVIIIe siècles.

Mais c’est une des ironies de lapensée catholique en ses applicationspolitiques, mais aussi en ses compro-missions théoriques. Le dossier, sou-vent traité légèrement, d’un positi-

visme maurrassien a rejeté sur le mé-chant toutes les accusations d’amora-lisme, de machiavélisme, voire denaturalisme quand, par ailleurs, onprétendait s’accorder sur un huma-nisme démocratique gros des plus gra-ves équivoques et de considérablesdéviations. Certes, il ne s’agit pas deretomber dans le manichéisme quinous a fait trop de mal et a renduimpossible une réflexion sérieuse etdésintéressée sur des sujets sensibles.Il serait temps de tirer aujourd’hui lesconséquences du ralliement à un hu-manisme que Maritain voulait purifiéde ses défauts rédhibitoires. La ques-tion est assez simple. Je reprends unecitation du philosophe, dont le PèreValadier fait le plus grand cas, maisqui me paraît hautement probléma-tique, eu égard aux oppositions fron-tales des gens qui se réclament d’undéveloppement de l ’humanismecomme vecteur des temps à venir : “Ce

nouvel humanisme sans communemesure avec l’humanisme bourgeois,est d’autant plus humain qu’il n’adorepas l’homme, mais respecte réellementet effectivement sa dignité humaine etses droits aux exigences intégrales dela personne, nous le concevons commeorienté vers une réalisation socialo-temporelle de cette attention évangé-lique à l’humain qui ne doit pas existerseulement dans l’ordre spirituel, maiss’incarner et vers l’idéal d’une commu-nauté fraternelle.” Superbe program-me, mais quant à la réalisation... �

On pourra lire d’autres pages inédites dujournal de Gérard Leclerc, durant le mois

d’août, sur www.france-catholique.fr

FRANCECatholique N°3082 AOUT 2007 27

Jacques MaritainD.

R.

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iche d’un fonds exceptionnel, composéde dessins, de sculptures, d’objets d’art…le Musée Rodin présente une expositionqui permet de découvrir le regard dusculpteur sur le Japon. "Rodin, le rêve

japonais" comporte notamment une quarantained’estampes, dessins ou pochoirs ; une vingtained’objets de sa collection ; ainsi qu’une série desculptures représentant la comédienne Hanako.

Rodin ne succomba que tardivement, à la findes années 1880, à la mode du japonisme qui avaitinvesti Paris depuis le milieu du XIXe siècle. Nombred’artistes et de personnages célèbres l’avaient pré-cédé : les frères Goncourt, Albert Kahn, OctaveMirbeau… En 1893, le sculpteur visitait l’exposition"Estampes d’Outamaro à Hiroshige" en compagniede Camille Pissaro et de Claude Monet. Rodin col-lectionna l’art japonais après 1900, surtout entre1908 et 1912. Il possédait, entre autres, une sériede dessins préparatoires aux estampes japonaises,dont on peut voir quelques exemplaires au débutde l’exposition. Comme les charmants "Comédiensde rue" ou "Femme et enfants à la pêche".Parmi les estampes acquises par Rodin, pay-sages et acteurs du théâtre traditionnelKabuki se partagent la vedette ; souvent avecpoésie : "Profiter de la brise fraîche du soir àRyogoku" (1859) fait partie de la série consa-crée aux ponts des trois capitales (Edo, Kyotoet Osaka). La société nippone surgit avec untriptyque représentant, vers 1934, le défiléseigneurial de Daimyô, joué par des enfants. Ils’agit d’un Nishiki-e : gravure sur bois poly-chrome sur papier. Une très belle série de Ka-tagami (pochoirs utilisés pour décorer les tis-sus) complète les estampes. Rodin fut séduitpar la présence de la nature, sur ces pochoirsaux représentations de feuillages ou de pois-sons en mouvement, sans pour autant subirdirectement leur influence comme nombre deses contemporains de l’Art Nouveau.

Le sculpteur acquit également, le plus souventchez des antiquaires parisiens, de nombreux objetsdu XIXe siècle dont beaucoup parsèment avec bon-heur l’exposition. S’ils furent parfois créés et ex-portés pour s’adapter au goût occidental, ils sonttoujours de grande qualité. On relève notammentun petit Netsuke* en ivoire, acquis vers 1911, quireprésente un groupe de Rakan, disciples du

Bouddha. Ou une très belle paire de poti-ches couvertes Imari, cette fois du XVIIIe

siècle, en porcelaine d’Arita. Ou encore deuxvolumineux brûle-parfums en bronze. L’unprovient du temple de Kannonji (1831).L’autre représente Kotobuki, le dieu de lalongévité, assis sur un daim. Plus loin, levisiteur peut admirer les dessins "japonais"réalisés par Rodin. "Un écueil – Femme vuepar la tête et formant un rocher" voisineavec une "Femme avec écharpe noireautour du corps" également réalisée aucrayon et aquarelle sur papier. Du Japon,Rodin a retenu le sens du minimalisme, del’épure, du mouvement et de la nature. Maisle motif n’est pas japonais. Si l’artiste a reçuindirectement l’influence du pays du SoleilLevant, il a à son tour marqué les sculpteursnippons. Au point que les jeunes écrivains

EXPOSITIONSMUSÉE RODIN

Le Musée Rodin nous invite à traverser

"le rêve japonais" du grand sculpteur.

Une découverte du pays du Soleil Levant

qui a enrichi son œuvre indirectement.

Rodin

RDu Japon,Rodin a retenu le sens du minimalisme,de l’épure, dumouvement etde la nature

28 FRANCECatholique N°3082 AOUT 2007

par Alain SOLARI

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Vincent van Gogh 1853-1890)

Le Père Tanguy, fin 1887huile sur toile.

Ukishimagahara au pieddu Mont Fuji

dans Yoshiwara, 1855.Hiroshige Utagawa.

© MUSÉE RODIN

japoface au

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de la revue littéraire Shirakaba le considérèrentcome le plus grand artiste vivant. Et lui offrirent,pour son 70e anniversaire, trente estampes quicomptent parmi les plus belles de sa collection :"Pluie nocturne à Oyama" ou "Paysage Ochano-mizu" en témoignent. Rodin fut également initié àla véritable tradition, éloignée du Japon rêvé parl’Occident, par Kichizo Inagaki, l’ébéniste auquel ilconfia le montage des antiques de sa collection,lequel est évoqué dans l’exposition.

Bénéficiant d’une mise en scène assez specta-culaire, la dernière salle est entièrement consacréeà Hanako. C’est sous ce nom que la geisha OtaHisa, arrivée en Europe en 1903, devint actrice etdanseuse. Rodin la rencontra en 1906 et fut fasci-né par la puissance d’expression de son visage. Ilcréa, lors de séances de poses entre 1907 et 1914,le plus important ensemble d’études sculptées quelui ait inspiré un même modèle. Une large sélec-tion, en plâtre, terre cuite, bronze ou même pâtede verre est présentée dans l’exposition. Une belleaquarelle de la danseuse, réalisée vers 1907, per-met d’observer le mariage de l’influence "grecque"(le drapé) et "japonaise", ou en tout cas orientale(la pose), opéré par Rodin. Dans les années 1900,l’artiste définit d’ailleurs ses dessins comme des"instantanés variant entre le grec et le japonais".Ils sont à l’unisson de la collection que l’on peutadmirer et qui, s’ajoutant à son musée imaginaire,confirme la vocation encyclopédique de son mu-sée des antiques. Rodin fut fasciné par ce qu’il dé-couvrit du Japon mais, sans se convertir à ses thè-mes et à son iconographie, il en assimila ce qu’ilcontenait d’universel. �

FRANCECatholique N°3082 AOUT 2007 29

Rodin expose DodeigneDans la cour de l’hôtel Biron - Musée Rodin, Eugène Dodeigne présente dessculptures monumentales réalisées au cours des années 1989-1995.Choc des cultures ? Le Musée Rodin, poursuivant sa politique d’ouvertureaux sculpteurs contemporains, expose dans la cour de l’hôtel Biron unedizaine d’œuvres monumentales dues à Eugène Dodeigne. L’artiste, né en1923, adopte dès 1955 la pierre de Soignies au gris bleuté que l’on peutobserver sur les sculptures exposées, tout comme ces formes volontairementabruptes retenues dans les années 1960 ; lesquelles lui ont assuré une recon-naissance internationale. Les sculptures de Dodeigne sont présentes dans de

nombreuses villes et musées, et dans maintes collectionspubliques, notamment en Europe du Nord.Devant l’hôtel Biron, les œuvres, parfois groupées pardeux ou trois, se répondent. Seule exception, le grand Yde "l’Enigme" (1989) est taillé dans le marbre blanc. Lesautres sculptures sont fidèles à la pierre de Soignies. Ony relève la trace des outils qui les ont dégrossies : héri-tage d’un père déjà tailleur de pierre ? "Oiseau de nuit"(1995), sans soute ici l’œuvre la plus frappante et la plus"figurative", se détache de l’ensemble. A.S.

"Eugène Dodeigne-sculptures 1989-1995", jusqu’au 15 octobre, auMusée Rodin, 79 rue de Varenne, 75007 Paris.

Vue générale des œuvres d'Eugène Dodeigne.

Jurojin, Shoulaoren,(dieu de la longévité)

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* Netsuke : objet sculpté en ivoire ou en bois, servant de bouton d’arrêt à uncordonnet passé à la ceinture.

"Rodin, le rêve japonais", jusqu’au 9 septembre (9h30-17h45), fermé le lundi,au Musée Rodin, 79 rue de Varenne, 75007 Paris, tél. 01.44.18.61.10.

EXPOSITIONS

nisme

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epuis les années quarante jusqu'à la findu siècle - il est mort en 1997 - OlivierDebré a peint le réel dans l'esprit del'abstraction. Un réel un peu irréel qu'ila découvert sur les rives indécises de la

Loire où l'eau s'irise dans l'infini des teintes.Il ouvre du moyen au très grand format, pas-

sant au pinceau, à la brosse de bâtiment puis aubalai de ménage ou à la serpillière, les tons feutrésde la nature... Jusqu'aux cymbales retentissantesde rouges et d'orangés, de verts crus ou foncés.Une peinture à nulle autre pareille et n'apparte-nant en rien à l'école impressionniste aux touchesrépétées, pianotant les teintes pâles de la réalité.Ici c'est un tonnerre liquide, une lumière en cas-cade et la beauté panoramique d'un monde - ouplutôt d'un espace- sans limites. Le peintre sedéfend d'être un paysagiste : "je traduis l'émotionqui est en moi devant un paysage. Je ne suis sin-cère que dans le choc, l'élan". Une trentaine detableaux, étirés dans le temps, nous fait entrerdans le travail de l'artiste.

Petit fils d'un grand père artiste, Olivier Debréa commencé à dessiner, peindre et sculpter dès

son enfance. En 1938, il entre aux Beaux Arts etrien ne l'arrêtera plus. Le signe, souvent noir etl'ardeur violente de ses dessins pendant la guerreou l'immédiat après guerre, témoignent du climatterrible de l'époque bien qu'ils ne soient en riendescriptifs ! lls se nomment "le Mort de Dachau","le Mort et son âme", "l'Assassin".

Le grand tableau qu'il commence en 1947 etachèvera en 1952, le "Concert Champêtre, laGrande Brune" est une scène abstraite et froide ;ni champêtre, ni lyrique. Une dure description dumonde qui n'est pas sans rappeler le climat de Pi-casso. Cette œuvre traduit une rythmique qui s'ef-force de "traiter un sujet de manière concrète",comme Debré le souhaite alors.

En 1946, il entreprend le "Signe Musicien" oùil introduit pour la première fois des sables et autres matières. De grandes toiles viennent en-suite, chargées d'une sorte de cubisme synthétiquebien de l'époque ! On pense à Nicolas de Staël.

Apparaît une toile verticale, animée de grandsrectangles disjoints. Ce "Personnage pâle" est unefemme. Peinte au couteau, raclée de matièresépaisses, des blancs lourds, des beiges atténués,des gris verdis.

Tous ses sujets étaient verticaux, jusque-là. Lepeintre va désormais s'attacher à l'horizontaledans l'expression neuve de ses "Signes paysages".La spontanéité de l'exécution accompagne l'allé-gement de la matière. Il travaille des "jus" dans lafluidité, ajoutant l'humide à l'humide et des traces

EXPOSITIONSOLIVIER DEBRÉ

Le Musée des Beaux Arts d'Angers

propose une belle exposition "Olivier Debré -

grands formats". Une peinture sur le réel

dans l'esprit de l'abstraction.

Paysages

D

abstraits

Une lumièreen cascade et la beautépanoramiqued'un monde

30 FRANCECatholique N°3082 AOUT 2007

par Ariane GRENON

Coulée bleu clair du matin1991, huile sur toile,

376 x 915 cm.

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informelles qui ont plus ou moins d'impact.Nous sommes dans les années 70 ; désormais

la Loire et la Touraine sont ses sources d'inspira-tion. Ses racines sont là, sur les bords du fleuve,dans les lumières changeantes de ses étenduesliquides.

"Loire ocre" est un carré balayé à l'horizontale,"Noir aux traits rouges" est traité avec desobliques expressives. Et sur ce magnifique "Bleupâle de Loire" des îlots de matière placés en hautaccrochent des verts. La "Grande blanche de Tou-raine" (1973) est une toile un peu atypique, plusépaisse de facture ; comme une eau tranquille,presque massive, qui s'approche de la plage, dansle jeu mouvementé de ses forces internes.

A partir de là, Olivier Debré va évoluer consi-dérablement dans l'importance de ses formats.Ceux-ci vont atteindre l'échelle monumentale oùle "all over" des américains l'emporte. Déjà, surune toile telle que "Morne plaine" (1975) les cou-leurs s'entremêlent, du jaune au vert, avec un peude brun. La peinture très liquide dilue les limites. Ala différence des américains, Olivier Debré se sertde l' "overfield" pour établir le rapport de sa pein-ture à la nature, au monde.

"Quand je suis comme le vent, comme la pluie,comme l'eau qui passe, je participe à la nature etla nature passe à travers moi", écrit-il un jour.

Chaque tableau est si différent ! Le "Grandocre rose de Tou-raine" se jouedans l'épaisseuret la matité. Dansla "Touraine enhiver", le peintremaîtrise desgammes chroma-tiques voilées. Pour son "Ocre rose" -un rougeintense, en fait !- il crée une lumière commevivante ! Dans "Monochrome rouge des tilleuls"les traces verticales figurent plus nettement l'ar-mée des grands arbres, ceux de la propriété tantaimée celle de ses grands-parents.

Debré a parcouru le monde entier, Chine,Japon, Orient, le Texas ou le Sahara. "J'indique masource d'information", écrit-il "mais elle ne compte pas. C'est l'intensité qui m'inspire".

Depuis 1979, il enseigne l'art mural aux BeauxArts de Paris.

Puis l'Etat lui confie les rideaux de scène, defer et le lambrequin pour la Comédie Française. Ilconçoit et réalise le rideau du nouvel Opéra deHongkong, un panneau pour l'hôpital Robert De-bré (le nom de son père) à Paris. L'architecture estdésormais au centre de son travail. Après biend'autres œuvres monumentales, il réalise les dé-cors et costumes pour un ballet à l'Opéra Bastille,le rideau de scène pour l'opéra de Shangaï. Ilmeurt en 1997, à 79 ans.

Depuis toujours, Olivier Debré a travaillé sur le

motif. Ou plutôt "dans" le motif. Immergé dansl'invisibilité du visible.

L'artiste peint à plat, la toile posée par terre ;relevant parfois son chassis, recherchant les effetsdu "dripping", des coulures et écoulements.

Parfois il intègre au couteau des empâtements,incorporant des matières grossières dans sesfonds. A l'écart des grandes plages centrales, lumi-neuses, respirantes, il accumule des îlots frustesdans les coins ou sur les côtés de sa toile.

La matière frottée, confuse, impulsive té-moigne de la réalité du monde, elle nous conduit àle toucher. Les teintes plus denses, plus foncéesmontent dans la lumière ; une sorte de refluxramène la matière vers nous.

La plage, les rivages - placées en haut para-doxalement - rappellent que la matière existe.Que la vie ne se dissout pas dans la lumière. �

EXPOSITIONS

"Olivier Debré, grands formats", jusqu'au 4novembre, au Musée des Beaux Arts d'Angers.Tél. 02.41.05.38.38 .

Catalogue, Eric de Chassey, Lydia Harambourg.240 pages. Editions contemporaines.

Immergédans l'invisibilitédu visible

FRANCECatholique N°3082 AOUT 2007 31

D'autres expositions et structures� Jusqu'au 7 octobre, 12e Biennale Internationale de la Dentelle au musée JeanLurçat et de la tapisserie contemporaine, une manifestation internationale ; unevingtaine d'œuvres exposées dont celles des Françaises, Françoise Micoud, prixdu public à l'exposition de Bruxelles et Fanny Viollet, grand prix en 2004.� Le Quai. Sur la rive gauche de la Maine et faisant face au Château, s'élèvedésormais le Quai, théâtre de la culture angevine. Il regroupe en un seul lieu etpour tous les publics, les différents créateurs des arts de la scène. Notammentavec le Centre dramatique national et le Centre national de la danse contempo-raine. La programmation touchera la musique, le cirque, les arts de la danse, lesarts visuels et toutes les nouvelles formes du spectacle. 16 000 m2, 5 espacestechniques, deux théâtres, respectivement de 975 et 400 places, 2 grandes sal-les de répétitions et le Forum, vaste lieu ouvert à la lumière et sur la place.L'anglais Christopher Crimes prend la direction du Théatre Le Quai, FrédéricBelier Garcia est directeur du Centre dramatique national d'Angers-Pays de laLoire et Emmanuelle Huynh, danseuse et chorégraphe, dirige le Centre nationalde la danse contemporaine d'Angers.� Pour en savoir plus : www.angers.fr

Grande blanche Touraine1973, huile sur toile, 189 x 309 cm.

Ocre rose (rouge) foncé Automne Touraine

1981, huile sur toile, 180 x 251 cm.

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e département de la Moselle(est-ce son statut particulier dedroit local et sa mentalité ori-ginale qui veulent cela ?) nerecherche pas ses racines. Il en

est fier et en fait part. Il y eut l’exposi-tion sur les dragons à partir du mythedu Graoully messin, reprise au Mu-séum d’Histoire Naturelle de Paris. Il yeut, en collaboration avec la ville deBerlin, celle sur la fuite des Huguenots à la suitede la révocation de l’édit de Nantes. Il y a mainte-nant un village gallo-romain entier à découvrir (1),ainsi que les différences entre les techniques derestauration françaises et allemandes, puisqued’autres fouilles, visitables avec le même billet, sesituent de l’autre côté de la frontière.

A l’origine de cette exposition, un constat : ungrand nombre d’objets, ou même de motifs déco-ratifs, découverts en mauvais état à Bliesbruck-Reinheim sont identiques à d’autres conservésintacts dans les cendres de Pompéi.

Pourquoi cette similitude ? Comment a-t-ellepu se produire ? Le rôle de l’archéologie n’est pasd’ouvrir la porte aux spéculations mais de mettreen relation des artefacts, des faits, des objets. Achaque fois que l’archéologue s’aventure sur leterrain de l’explication sociologique ou psycholo-gique, il court de grands risques, même en neconservant que l’hypothèse qui laisse le moinspossible de points dans l’ombre. Ainsi ce qui peutapparaître comme le réceptacle d’animaux sacri-fiés, semblable à d’autres existants ailleurs, peut-ilse révéler quelques décennies plus tard être unepoubelle jouant également le rôle de latrines…

Ce qui est certain, c’est que Pompéi a étédétruit le 24 octobre 79. Et que Bliesbruck a connuson apogée au IIIe siècle, fut abandonné au milieu

du Ve siècle et enfoui sous les culturesentre les XVIIe et XVIIIe siècles. C’estaussi que les deux villes étaient majo-ritairement constituées de maisonsd’artisans et de tavernes. C’est enfinque dans les deux cas on a affaire àdes sites qui ont connu, de longuedate, plusieurs occupations de la partde populations différentes : grecques,

samnites et étrusques pour Pompéi, celtiques pourBliesbruck. Ainsi passent les civilisations…

C’est en se fondant sur ce socle commun cer-tain que les créateurs de cette exposition ont faitle choix de proposer un voyage dans le temps auxvisiteurs. Après la visite d’une rue et des thermes(très bien conservées et mises en valeur) on pé-nètre dans une maison de chaque cité, on endécouvre la décoration et la vaisselle, l’ameuble-ment et jusqu’aux parures des propriétaires. Lascénographie est soignée, les objets exposés nom-breux et bien mis en valeur. C’est à la sortie decette exposition, éventuellement après un déjeu-ner dans le restaurant attenant ou un pique-niquesur l’herbe, que l’on peut traverser la reconstitu-tion à l’identique par les Allemands d’une villa denotable et s’enfoncer dans les profondeurs d’untumulus étrusque, tombe d’une "princesse". Laconception de l’archéologie s’y révèle certes diffé-rente, mais pas moins intéressante. �

EXPOSITIONS

32 FRANCECatholique N°3082 AOÛT 2007

"DE POMPÉI À BLIESBRUCK-REINHEIM..."

Les objets retrouvés dans

plusieurs endroits de l’Empire

romain montrent comment le

mode de vie du conquérant a été

adopté en quelques générations

jusqu’en Moselle. Frappant !

(1) Exposition "De Pompéi à Bliesbruck-Reinheim : vivre en Europeromaine". Ouvert tous les jours (10h-18 h) jusqu’au 30 septembre.Tarifs : 6,5 €, (5 € tarif réduit), gratuité jusqu’à 16 ans. Visite gui-dée d’une heure et demie : 7 €. Parc archéologique européen deBliesbruck-Reinheim, 1, rue Robert Schuman, 57200 Bleisbruck, tél.03.87.02.25.79, fax 03.87.02.24.80, [email protected],www.archeo57.com ou www.expo-moselle.com.

L

La mode romaine

Des objetsdécouverts àBliesbruck-Reinheim sontidentiques à d’autresdans les cendres de Pompéi

européennepar Pierre FRANÇOIS

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CINEMA

R ien ne vaut une bonne histoire.Telle est la maxime des studiosPixar («Le monde de Nemo», «Toy

Story», «Les indestructibles») depuisleur création. Les prouesses techniquesdoivent toujours être au service d'unrécit bien charpenté. Les studios ac-cordent toujours un plus grand soin àla narration, et «Ratatouille», leur der-nier petit bijou, illustre cela à merveille.

Peut-on se contenter de détritus etde vulgaires épluchures quand on ades pupilles gustatives aussi dévelop-pées que Rémy ? Celui-ci est un petitrat qui vit à la campagne et qui voueune grande admiration au chef cuisi-nier Gusteau. Un jour, à la suite de cir-constances rocambolesques, il seretrouve à Paris, devant le restaurantde Gusteau. Il va prêter tout son

savoir-faire à Linguini, un jeune commis qui risque d'être renvoyé.��� Dès les premières séquences,ce film d'animation nous plonge dansun univers drôle et pittoresque où unpetit rat aussi singulier qu'attachantse passionne pour l'art culinaire. Et lespectateur se prend d'affection pource rongeur appelé à réaliser de grandes choses. La précision du gra-phisme, son souci de réalisme (lesnombreux ustensiles de cuisine et lesproduits alimentaires les plus divers),

la beauté des décors (un Paris en-chanteur), les nombreuses trouvaillesvisuelles (la façon dont Rémy va aiderLinguini) forcent l'admiration. On nes'ennuie pas une seconde dans ce di-vertissement de qualité qui séduirapetits et grands.�� Tout talent, même le plus inat-tendu, est promis à fructifier. Ce des-sin animé, qui plus est, met en scèneune belle amitié. �

Ratatouille. Film d’animation américain (2007) de BradBird, avec les voix françaises de Guillaume Lebon (Rémy)Thierry Ragueneau (Linguini), Camille (Colette), JulienKramer (Skinner), Pierre-François Martin-Laval (Émile),Michel Dodane (Django), Jean-Pierre Marielle (AugusteGusteau) (1h50). (Tous). Sortie le 1er août 2007.

Le fils de l’épicierAntoine, qui vit à Paris, apprend que son père aété victime d'une attaque. Celui-ci tient uneépicerie dans un village du sud de la France.Antoine, qui vient de perdre son emploi,accepte de retourner quelque temps chez sesparents pour conduire le camion qui ravitailleles hameaux isolés. Claire, sa voisine dont il estsecrètement amoureux, l'accompagne...�� Éric Guirado signe une jolie chroniquefamiliale, qui mérite qu'on lui prête attention.Le cinéaste utilise son expérience de documen-tariste pour filmer avec réalisme, mais aussiavec beaucoup de tendresse, un monde ruralqui disparaît peu à peu. Il nous offre une galeriede personnages attachants et habilementdessinés. Qui plus est, cette œuvre intimiste etdélicate, riche de nombreuses notes d'humour,bénéficie d'une excellente interprétation. � Accomplissant d'abord son travail àcontrecœur, Antoine découvrira peu à peu labeauté et la grandeur de ce métier et serapprochera des membres de sa famille.

M.-L. R.

Comédie dramatiquefrançaise (2007) d'É-ric Guirado, avecNicolas Cazalé(Antoine), ClotildeHesme (Claire),Daniel Duval (le pèred'Antoine), JeanneGoupil (la mère)(1h36). (Grands ado-lescents). Sortie le 15 août 2007.

TransformersDes robots extraterrestres se livrant un combatsans merci envahissent la Terre.��� Michael Bay signe un film de purdivertissement qui se caractérise davantagepar l'efficacité de ses scènes d'action (avecles impressionnantes transformations desrobots) que par la richesse de son scénario.�� Les bons l'emporteront sur lesméchants. Quelques gags pas très fins.Certaines scènes peuvent impressionner.

M.-L. R.

Film d'action américain(2007) de Michael Bay,avec Shia LaBeouf (SamWitwicky), Megan Fox(Mikaela Banes), JoshDuhamel (le sergentLennox), Tyrese Gibson,Jon Voight, John Turturro(2h24). (Adolescents)Sortie le 25 juillet 2007.

Tel père, telle filleBruno, un ancien rocker d'une trentaine d'années, apprendqu'il a une fille de 13 ans.��� Cette adaptation d'un roman de Virginie Despentes(plus léger et optimiste que ses autres livres) ne manque pasde mordant dans sa peinture de ce rebelle qui ne veut pasgrandir. Vincent Elbaz s'est fondu avec bonheur dans son

personnage, et le reste de la distribution est parfait.�� Les mœurs du héros sont pour le moins légères, mais celui-ci apprendra à assumera peu àpeu ses responsabilités.

Marie-Lorraine ROUSSEL

Comédie dramatique (2006) d’Olivier de Plas, d’après un roman de Virginie Despentes, avec Vincent Elbaz (Bruno), Élodie Bouchez (Sandra), LéaDrucker (Alice), Frédérique Bel (Catherine), Daisy Broom (Nancy), Caroline Bourg (Géraldine), Thierry Costa (Tranber) (1h25). (Grands adolescents).Sortie le 1er août 2007.

Sans être encore parfait, le

graphisme des humains, avec un

travail précis sur les silhouettes,

se révèle inspiré.

Un petit bijouRATATOUILLE par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Le personnage du critique gastronomiqueest particulièrementsavoureux(

FRANCECatholique N°3082 AOUT 2007 33

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VIGNON, mot magique pour tousles théâtreux, qui a été jusqu’àmotiver l’installation de cer-tains directeurs de salle danscette ville que l’on traverse à

pied en vingt minutes. Avignon, mot depasse qui autorise toutes les aventuresthéâtrales, toutes les recherches.

Certes, il faut discerner entre le festi-val officiel et le "off".

Au premier, virtuellement mort sans ses sub-ventions, un public qui disserte aussi doctementsur l’art que sur les régimes hormonaux et quisachant tout parle de tout avec une pénétrationtout à fait amusante. Ceci en attendant que commence "L’Echange" (1) de Claudel dans unemise en scène qui rend Marthe crédible lorsqu’ellen’est pas grandiloquente et donne à son mari unediction qui le rend plus idiot que nature. En face,c’est l’inverse : Thomas Pollock est le roc qu’onsent ébranlé et l’étrangeté de sa femme est certesassez… étrange. Les trompes népalaises et sciesmusicales ajoutent-elles quelque chose au spec-tacle ?

À chaque troupe du second, le risque d’exercersa liberté et de ne pas trouver son public, donc dese ruiner. Parmi les huit cents spectacles en com-pétition, on notera le tabac réalisé par "Squash",déjà évoqué dans nos colonnes. Mais aussi la per-formance musicale de Francesco Agnello au hangtandis que son complice David Liuni intervient surun thérémin modifié par ses soins, un instrumentà la musique ondulatoire, que l’on fait sonner sansle toucher, en faisant évoluer bras et mains autourde deux antennes. Et qui plus est, leur concert (2)

est ouvert aux autres artistes qui le désirent.Face à ce spectacle qui prend ses racines au

cœur de la foi, d’autres recherches se manifestent,dont celle de Siméon, un auteur athée, qui dansune langue d’une pureté et d’une poésie à se dam-ner dit à travers ses "Sermons joyeux" (3) comment

il faut prendre la vie à bras le corps et ne voir d’in-fini que dans le monde et la capacité de l’hommeà pousser son interrogation métaphysique toujoursplus loin.

"La Trappe" (4) est l’œuvre d’un auteur qui a ététouché par les échos de la guerre d’Espagne, vécu

la seconde guerre mondiale et été corres-pondant de guerre en Indochine. L’actionévoque un contexte de guerre civile. Cha-cun de six personnages est affronté à unpéril mortel, pour tous la seule solution està trouver par le haut, mais chacun vit dansun système de valeurs différent. On ne voitpas les deux heures passer, tous les comé-diens sont à égalité de talent, l’écriture estconcrète et percutante, le suspense bienentretenu et les critiques à l’égard du prêtre

qui se réfugie chez une de ses paroissiennes forcentle respect.

Plus encore dans le style du témoignage est"Le jour où Nina Simone a cessé de chanter". (5) Ils’agit de l’autobiographie d’une comédienne liba-naise, qui déchire le voile des analyses politiquesou sociologiques pour montrer comment ce quiapparaît un nœud de contradictions n’est que lavie qui se poursuit comme elle peut dans uncontexte de simple survie, voire de mort. Sontalent de comédienne est indiscutable, c’est sansdoute une des pièces les plus fortes du "off".

N’y a-t-il rien de léger dans ce festival ? Si, eton peut citer parmi les spectacles pouvant êtrevus par toute la famille, jusqu’aux plus jeunes, "lesvoyages dans la lune" (6) de Cyrano de Bergerac(mais où les démons deviennent des conseillerssalvateurs) et "A l’accordage". (7)

THEATRE

34 FRANCECatholique N°3082 AOÛT 2007

"OFF"

Au milieu de huit à neuf cent spectacles,

voici un petit florilège. Si aller dans le "in"

est de plus en plus un pensum, le "off"

offre quelques pépites.

"L’Echange", avec Julie Brochen, Fred Cacheux... au théâtre de l'Aquarium."Musique et texte en nocturne", avec Francesco Agnello, D. Liuni et desinvités surprise. à la Chapelle de l’Oratoire (22h30), entrée libre."Sermons joyeux", avec Michel Boy. Le Ring, (11h)."La Trappe", avec Marie-Line Grima, Solène Marié, Alexandrine Tellier... authéâtre Les Ateliers D’Amphoux, (13h40)."Le jour où Nina Simone a cessé de chanter", avec Darina Al Joundi.Théâtre des Halles, (11h)."Voyage dans la lune", marionnettes (très réussies) avec Geneviève Touzet,Jean-Paul Béalu... au collège de la Salle, (17h30)"A l’accordage", de Catimini troupe vocale. Avec Cokie Demaia, StéphanieLiesenfeld, Jean-François Maenner... au théâtre Monte Charge, (15h35).

A

La fièvre

Avignon,mot de passequi autorisetoutes lesaventuresthéâtrales

avignonnaisepar Pierre FRANÇOISD.

R.

La Trappe

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Il n'est jamais aisé de pénétrer les mys-tères d'une autre culture. Les films surl'Orient sont souvent prisonniers d'un

regard occidental. Ce film réalisé par uncinéaste américain dans un style pure-ment hollywoodien, tourné en anglais etinterprété par des vedettes chinoises, n'yéchappe pas vraiment. Cependant, cetteadaptation du roman d'Arthur Golden,par sa fidélité au roman, son élégance,son indéniable savoir-faire et sa conju-gaison de nombreux talents, parvient àapprocher la complexité et la subtilitéd'un pan de la civilisation nippone.

Chiyo n'était encore qu'une enfant,lorsqu'elle fut enlevée à sa famille pourêtre vendue à une maison de geishas.Ignorant tout de son destin, elle travaille

d'abord comme domestique, puis est ini-tiée à différentes formes d'art qui ferontd'elle une geisha accomplie. ��� On peut qualifier ce film d'œuvrehollywoodienne au sens noble du terme.Chaque détail, de décors, de costumes,d'éclairage a été traité avec soin. Cetteélégance de la mise en scène alliée ausouffle romanesque qui émane du récit aquelque chose non seulement d'envoû-tant, mais aussi d'émouvant. Ce drameintime décrit autant la fascination que

suscite cet univers, où le raffinement estélevé au rang de valeur suprême, que lacruauté de ce microcosme très hiérar-chisé, dans lequel la femme est privée deliberté et n'est qu'un objet de transaction.L'interprétation est superbe, avec unemention spéciale pour Gong Li, en femmecruelle et blessée. ��� Le film, qui montre l’asservisse-ment des geishas au bon vouloir deshommes, n’est jamais complaisant. �

Mémoires d'une geisha. Drame américain (2005) de RobMarshall, avec Zhang Ziyi (Chiyo/Sayuri), Ken Watanabe (leprésident), Michelle Yeoh (Mameha), Gong Li (Hatsumomo), KojiYakusho (Nobu), Youri Kudoh (Pumkin), Kaori Momoi (Mère)(2h20). Diffusion le lundi 30 juillet, sur Canal +, à 20h50.

Emma l’entremetteuse

Aujourd’hui méprisé par nos sociétésdéveloppées, le mariage arrangé a été lanorme dans la plupart des sociétés et àtoutes les époques. Cette soirée thématiquelui est consacré. Dans la petite ville de Highbury, enAngleterre, au début du XIXe siècle, lesjeunes filles veulent faire un beau mariage,tout en accordant les intérêts de la raisonaux élans de leur cœur. Emma, la fille d’unhobereau veuf et fortuné, pense qu’ellepossède un talent de marieuse et elle veutfaire le bonheur de ses proches. Sa façondésinvolte d'agir provoque les foudres deMr. Knightley, célibataire séduisant. �� Après «Raison et sentiments», voiciune nouvelle adaptation d'un roman de JaneAusten, premier film de Douglas McGrath. Leréalisateur a essentiellement misé sur lesacteurs, car si la reconstitution de l'époqueest soignée, nous ne trouverons jamais lesdécors fastueux de certains films d'Ivory. Lacaméra reste presque toujours au milieud'un groupe réduit de personnages, même sielle s'aventure parfois dans les magnifiquespaysages du Dorset, où le film a été tourné.McGrath veut conserver un ton intimiste àcette comédie romantique et satirique. �� Comme toujours chez la romancière, ily a une connaissance profonde du cœurhumain et le désir d'accorder sessentiments aux règles de la société.Ce film est suivi de deux documentairesintéressants, l’un sur les mariages arrangésen Inde, l’autre sur ces célibatairesaméricains qui vont chercher femme enRussie.Comédie dramatique britannique (1996) de Douglas McGrath, avecGwyneth Paltrow (Emma), Toni Collette (Harriet), Alan Cumming(Mr. Elton), Jeremy Northam (Mr. Knightley), Polly Walker (JaneFairfax), Ewan McGregor (Frank Churchill) (1h56). Suivie de «Lesmariés de l’Inde», documentaire de Neeta Jain-Duhaut, et de«Cherche femme russe», documentaire de Jean-Luc Léon. Diffusionle dimanche 29 juillet, sur Arte, à partir de 20h40.

TÉLÉVISION

Les secrets du trésor de SaqqaraSaqqara est l’un des sites archéologiques sur lesquelsles archéologues français travaillent depuis des an-nées. C’est le département des Antiquités égyptiennesdu musée du Louvre qui dirige les missions. On sesouvient que l’équipe du Louvre avait découvert, il ya un an, plusieurs caveaux contenant des sarcophagesintacts et magnifiques. Un an après, cette équipe, quicomprend des architectes, des archéologues, des

dessinateurs, des restaurateurs, etc. est de retour. De nouvelles tombes vont être découvertes et desradiologues vont rejoindre l’équipe pour tenter de percer quelques-uns des mystères de ces momies.��� Après le superbe «Trésor enfoui de Saqqara», diffusé récemment, on retrouve toute l’é-quipe de Christiane Ziegler, sa passion, ses angoisses et sa joie à l’idée de mettre à jour de nou-velles richesses. C’est passionnant de découvrir le travail minutieux des uns et des autres, et c’estéblouissant de voir les beautés de ce site.Comédie dramatique (2006) de Jean-François Davy, avec Jules Sitruck (Luc), Damien Jouillerot (Jean-Pierre), Jonathan Demurger (Patrick), Pierre Derenne(Eric), César Domboy (Guy) (1h33). Diffusion le samedi 29 juillet, sur France 3 à 15h05..

Après «Chicago» et ses fameux

numéros musicaux,

Rob Marshall s'attaque

au best-seller d'Arthur Golden.

Mémoires d’uneGeishapar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Certaines séquencessont somptueusescomme celle de ladanse de l'héroïne(

FRANCECatholique N°3082 AOUT 2007 35

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TÉLÉVISION

36 FRANCECatholique N°3082 AOUT 2007

Les clefs de la maison

Représenter le handicap d’un enfant n’estpas facile. Mais filmer le difficile apprentis-sage de l’amour d’un enfant handicapé relève de la gageure. Lorsqu'il avait 19 ans, Gianni a perdu lafemme qu'il aimait, morte à la suite del'accouchement de leur enfant. Pour cethomme éprouvé par le deuil, l'annonce duhandicap de son enfant est plus qu'il nepeut supporter et il s'enfuira. Le jeunePaolo sera élevé par un oncle et une tante.Quinze ans plus tard, Gianni est marié et aun enfant. Il n'a jamais vu Paolo, mais ilaccepte, pour la première fois, de l'accom-pagner à Berlin, dans un hôpital spécialisé,où Paolo doit suivre une rééducation.��� Après «Les enfants volés», GianniAmelio poursuit son itinéraire singulier decinéaste avec cette histoire bouleversanteet délicate (adaptation d’une histoireauthentique), qui met en scène, avecpudeur, un homme qui redécouvre le sensde la paternité, faite de douleur et de joiemêlées. Andrea Rossi, un véritable handi-capé moteur, interprète son personnageavec une belle joie de vivre. Il est l’atoutmajeur d’une œuvre sensible et délicate quiparle de l’amour paternel avec subtilité.Signalons le beau personnage de femmeblessée interprété par Charlotte Rampling.�� Gianno Amelio aborde dans son filmun sujet difficile qui peut rebuter certainsspectateurs. Il n'hésite pas à montrer toutela réalité de la vie d'un handicapé, avec lesefforts quotidiens que cela implique. Maisce film est avant tout une magnifiqueleçon d'espérance et de don de soi, qui neverse jamais dans le mélo.

Drame italien (2004) de Gianni Amelio, avec Kim Rossi Stuart(Gianni), Andrea Rossi (Paolo), Charlotte Rampling (Nicole), AllaFaerovich (Nadine), Pierfrancesco Favino (Alberto) (1h45).Diffusion le mercredi 8 août sur Arte, à 22h25.

L ors de leur mariage, Sadie et Richieont annoncé à leurs proches lanaissance de leur premier enfant.

Mais, deux jours plus tard, alors que lajeune femme en est à son cinquièmemois de grossesse, elle est prise de vio-lentes douleurs. Le médecin lui annoncequ'elle va accoucher et que les chancesde survie de son bébé sont de 25%. Dèssa naissance, le petit Luke est placé sousassistance respiratoire, et sa mère s'ins-talle, tant bien que mal, dans l'hôpitalpour le veiller jour et nuit. Elle lui parlesans cesse et rêve de lui, parvenu à l'âgede sept ans. Un lien mystérieux, à lalimite de la télépathie, s'instaure entrela mère et son malheureux bébé.

��� C'est cette relation entre lamère et son bébé qui fait tout l'intérêtde ce remarquable téléfilm. Jour aprèsjour, on suit, le cœur serré, le combat dela mère pour la survie de son enfant. Carla réalisatrice, qui s'est inspirée d'unehistoire authentique, a réussi à trans-former son récit en un véritable sus-pence. L'atmosphère sinistre des hôpi-taux anglais est bien recréée, et latoute-puissance des médecins est battueen brèche par cette histoire poignante.L'interprétation est sensationnelle.

��� Les images sont souvent pé-nibles, en particulier celles où l'on voitle bébé, pas plus grand qu'un stylo, avectous les tuyaux qui l'aident à vivre.Malheureusement, cette œuvre boule-versante, véritable hymne à la vie, éva-cue toute dimension spirituelle ! �

Une vie si fragile. Téléfilm britannique (2003) de SarahGavron, d'après le livre de Rosemary Kay, avec Kate Ashfield(Sadie), David Morrissey (Richie), Peter Mullan (le docteurHughes), Linda Bassett (l'infirmière Nina) (1h20). Diffusion lesamedi 4 août, sur Arte, à 20h40.

American dreamzPour augmenter son audience, «AmericanDreamz», émission de téléralité à succès, doitsans cesse trouver des candidats capables deréunir une large audience. Martin Tweed,animateur vedette de l'émission, se met enquête de ces perles rares. ��� Choisissant d'aborder avec unelégèreté cathartique des phénomènes anxiogènescomme le terrorisme ou le cynisme du monde

médiatique, Paul Weitz signe une comédie particulièrement réjouissante. Il dépeint despersonnages qui ne semblent pas être à leur place dans un monde où tout est de plus en pluscalculé. Cette comédie tonique vise juste et se révèle très drôle. Mais c’est parfois un peu artificiel.��� La portée corrosive du discours est sans doute atténuée par le fait qu'il s'agit, avant tout,d'un film de divertissement qui compte bien sur le caractère attractif de son sujet et sur le cha-risme de ses acteurs pour se tailler une belle place au box-office ! Quelques images regrettables.Comédie américaine (2006) de Paul Weitz, avec Hugh Grant (Martin Tweed), Dennis Quaid (le président Staton), Mandy Moore (Sally Kendoo), WillemDafoe (le secrétaire d'État), Jennifer Coolidge (Martha Kendoo), Sam Golzari (Omer) (1h48). Diffusion le lundi 6 août, sur Canal +, à 20h50.

Une œuvre bouleversante,

mais très dure, sur le combat

d'un couple et des médecins

pour sauver un grand prématuré

Une vie si fragilepar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Ce magnifique combatpour la vie est transformé, par la réalisatrice, en un beau suspense

(

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TÉLÉVISION

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Soirée thématique

«Inde 1947»

Le 15 août 1947, il y aura soixante ans, quel’Inde est devenue indépendante. Pour célébrer cet événement, Arte diffuse le filmmagistral de Richard Attenborough consacréà Gandhi, le «père de la nation» indienne.Le 30 janvier 1948, Gandhi, né en 1869, estassassiné par un brahmane fanatique etenterré lors de somptueuses funérailles, aumilieu d’une foule immense. C’est en Afriquedu Sud qu’il avait commencé sa carrièred’avocat, en même temps qu’il découvrait lemépris des hommes blancs vis-à-vis deshommes de couleur.��� Richard Attenborough a mis près devingt ans pour réussir à faire cette fresquemagistrale (récompensée de sept Oscars àHollywood !) sur la vie du mahatma(«Grande Âme») Gandhi. Disposant demoyens considérables, il a réalisé quelquesscènes très spectaculaires, avec d’excellentsmouvements de foule. Mais l’atout majeur decette œuvre gigantesque (et un peu troplongue !), c’est l’interprétation exceptionnellede Ben Kingsley, véritablement habité parson personnage, et qui vieillit insensiblementpendant tout le film.��� Il est dommage qu’il y ait quelquesbrutalités dans ce magnifique portrait d’unhomme non violent qui témoigne d’une hautespiritualité.��� «Maharajahs et simples patrons»est un superbe documentaire sur ces princesmythiques obligés de travailler. On découvreéblouis leurs palais magnifiques.

Biographie anglo-indienne (1982) de Richard Attenborough, avecBen Kingsley (Gandhi), Candice Bergen (Margaret Dourke White),Martin Sheen (Walker), John Mills (le vice-roi), Edward Fox (legénéral Dyer), John Gielgud (Lord Irwin), Trevor Howard (le jugeBroomfield) (3h). Suivi de «Maharadjahs et simples patrons».ocumentaire de Catherine Marciniak et Sarina Singh. Diffusion ledimanche 12 août, sur Arte, à partir de 20h50.

L es aventuriers ont toujours été despersonnages fascinants qui fontrêver. Alors, quand ceux-ci sont

également des écrivains de talent, ils de-viennent de beaux sujets de fiction. Avecce téléfilm, Arte inaugure une belle sériede téléfilms de prestige, mêlant aventurepersonnelle et histoire.

Après une terrible maladie qui l'acloué au lit pendant longtemps, Henry deMonfreid décide, en 1911, de changer devie et de partir pour Djibouti. Il laisse sesdeux enfants à la garde de sa meilleureamie, Armgart, une jeune Allemande. Surplace, il travaille pour un exportateur decafé. Très vite, son boy lui propose deprendre une femme.

�� Ce téléfilm fait revivre, avec beau-coup de fidélité, la figure et les aventures(celles du début, en tout cas) d'Henry deMonfreid. Les paysages sont magnifiques,l'histoire est prenante, à défaut d'être vrai-ment passionnante. Car on ne comprendpas bien les raisons qui lui ont fait fuir sonpays. La jeune Élodie Navarre campe uneArmgart avec beaucoup de finesse et desensibilité, tandis que le bel ArnaudGiovaninetti est un Monfreid très crédible.

�� Il est étonnant, ce personnage deFrançais qui plonge dans une civilisation etune culture qui lui sont tellement étran-gères. Il est dommage que son mépris pourles Européens l'ait conduit à embrasser lareligion islamique. Pour l'époque, la jeuneArmgart mène une vie très libre (sans par-ler de Monfreid !). Cela donnera lieu à unmariage fort peu conventionnel. �

Lettres de la mer Rouge. Téléfilm français (2006) deMartin et Caussé, avec Arnaud Giovaninetti (Henry de Monfreid),Élodie Navarre (Armgart), Kalassahun Bekele (Aly), Didier Pain(Georges Daniel), Oscar Copp (Lucien), Martin Jobert (1h36).Diffusion le samedi 4 août, sur France 3, à 16h05.

Marie-Antoinette, la véritable histoireEn octobre 1793, Marie-Antoinette vit sesdernières heures à la Conciergerie. ���� Ce documentaire-fiction retrace lavie de la malheureuse reine de France etcherche à comprendre les raisons qui ont faitde cette jeune femme un objet de haine et demépris. Il a fallu deux ans de travail historique àChantal Thomas et Jean-Claude Carrière pourécrire le scénario de ce documentaire-fiction.

Innovant en la matière, les réalisateurs ont tourné leur film dans des décors virtuels du châteaude Versailles. Le résultat est assez plaisant, malgré une certaine lenteur dans le récit, et plutôtjuste, sur le plan historique. Car les auteurs ont voulu rendre justice à la reine, si honteusementcalomniée, en dénonçant le rôle ignoble de la presse de l’époque. Malgré quelques erreurs dedétail, ce documentaire-fiction offre une remarquable analyse de la personnalité de Marie-Antoinette, ni monstrueuse, ni martyre, mais une femme complexe victime de l’histoire. �Documentaire-fiction (2006) d'Yves Simoneau et Francis Leclerc, avec Karine Vanasse (Marie-Antoinette), Olivier Aubin (Louis XVI), Marie-Ève Beaulieu(Madame de Polignac). Commentaire dit par Charles Berling (1h25). Diffusion le mardi 7 août, sur France 2, à 20h50.

La figure de l'aventurier

et écrivain Henry de Monfreid

revit dans ce superbe téléfilm

de prestige.

Lettres de la merRougepar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Inspiréepar la correspondancede l'écrivain,cette œuvre retrace lesdébuts de l'aventurier

(

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ParisParis✔ Une Messe sera célébrée le 2septembre (18h30) "à l’intentiondes Français établis hors deFrance" en la cathédrale Notre-Dame de Paris, présidée par MgrAndré Vingt-Trois (archevêque deParis). Chaque Messe du diman-che soir à Notre-Dame est diffu-sée en direct par Radio-Notre-Dame et par la télévision catho-lique KTO (www.ktotv.com)✔ Le Centre trinité, 3 rue de la

Trinité, 75009 Paris, ✆ 01.48.74.79.93, [email protected] des conférences : le 14octobre (14h), "Se libérer deschaînes de l'hérédité", avec YvesBoulvin, le 18 octobre (20h30),"L'estime de soi", avec Chris-tophe André (psychiatre [auteur deImparfait libre et heureux])AudeAude✔ Au monastère des Domini-caines, Prouilhe, 11270 Fanjeaux,

✆ 04.68.11.22.66 / [email protected] des activités sontprévues : le 8 août "Fête de StDominique", précédée par un tri-duum préparatoire [du 5 au 7août], conférences du fr. GillesDanroc (o.p.) et découverte des"lieux-saints" dominicains. Unesession-retraite est proposée du13 (soir) au 19 août (matin) "Latradition contemplative domini-caine à travers la mystique rhé-nane", avec le frère Fr. BernardDurel (o.p. du couvent de Lund -Suède). Une retraite "avec st Au-gustin" sera animée par le frèreAugustin Laffay (op) du 27 (soir)au 31 août (soir).CalvadosCalvados✔ La communauté des Béati-tudes, Le Château, 14100 Hermi-val-les-Vaux, ✆ 02.31.32.00.44,organise, du 31 juillet au 4 août,un rassemblement d’été pour tous(y compris familles) "Dieu estAmour, annoncez-le". 5 jours pourse mettre sous le regard de Dieu...à l’école de la petite Thérèse. Aveclouanges, enseignement, Eucha-ristie, veillée de prière... avec MgrLéonard (Diocèse de Namur), lespères Silouane et Philippe (Com-munauté des Béatitudes), le père Ide(Communauté de l’Emmanuel). Pos-sibilité de participer à 1, 2, 3, 4ou 5 jours au choix. Une sessionspécifique est proposée pour lesenfants de 0 à 13 ans et pour lesadolescentes de 14 à 18 ans.Courriel : [email protected]✔ Une retraite, en silence, desexercices spirituels de SaintIgnace de Loyola est prévue du 5(18h) au 11 août (midi), avec lepère Gérald Lajeunesse, omv (prêtre oblat de la Vierge Marie), àl'Hôtellerie de la Chapelle SainteRita, 7 rue Gentil-Bernard, 92260Fontenay-aux-Roses, ✆ 01.41.13.36.00, fax 01.43.50.88.45, [email protected] / http://residence-universitaire-lanteri.cef.fr Tarifsen chambre individuelle : 385 €,[285 € pour les étudiants (18-30 ans)]IndreIndre✔ Au centre international JulesChevalier, 38, place du Sacré-Cœur, 36100 Issoudun, ✆ 02.54.03.33.83, une retraite est prévuedu 6 au 10 août "Aimer commeDieu... est-ce possible ?", avec lepère Gilbert Bonnemort (msc).Pas-de-CalaisPas-de-Calais✔ La Commission Diocé-saine d'Art Sacré et l'asso-ciation "Le Joyel" organiseune exposition "Arts de laTable Eucharistique" dans laCathédrale d'Arras, jusqu'au30 septembre (10h30-12h30et 14h-18h). Entrée gratuite.

✔ Au Foyer de Charité, 19, rueSacriquier, BP 105, 62240 Cour-set, ✆ 03.21.91.62.52, fax 03.21.83.87.13, des retraites sont pré-vues "Rencontrer Dieu, l'écouter,l'adorer dans le silence" (accueildes enfants à partir de 4 ans) : du 6au 12 août "Qui regarde vers luiresplendira", par le père XavierGéron (sport-prière pour les 13-16 ans venant en famille) ; du 13au 19 août "Notre Dame du BelAmour", par le père André Mer-ville ; du 20 au 26 août "Auxhumbles, Dieu révèle ses se-crets", par le père François-Jé-rôme Leroy. Et une retraite deslycéens est proposée du 27 au30 août, avec enseignement, mu-sique, prière, rencontres, service,détente...SommeSomme✔ Jusqu'au 2 septembre (10h-18h), le musée départemental del'Abbaye de Saint-Riquier, 80135Saint-Riquier, ✆ 03.22.71.82.20,organise une exposition "LesCompagnons de l'invisible, Cro-yances et saints populaires"[email protected]✔ L'association des Pèlerins deNotre Dame de Grâces, Sanc-tuaire Notre-Dame de Grâces,83570 Cotignac, ✆ 04.94.69.64.90,fax 04.94.69.64.91/[email protected] www.nd-de-graces.compropose un pèlerinage des céli-bataires, pour les 25/50 ans, du7 (10h) au 9 septembre "Homme-Femme, Dieu les Créa", avecJean-Paul et Marie-Paule Morde-froid (formateurs chrétiens en déve-loppement personnel) et le FrèreFrançois-Frédéric. Pour des rai-sons de sécurité, les responsablesont pris, au nom de tous, l’enga-gement de ne pas allumer defeux et de ne pas fumer. A partirdu 10 août (Thierry) ✆ 06.18.32.22.78.YYonneonne✔ Les rencontres musicales deVézelay (BP 4, 89450 Vézelay)auront lieu du 23 au 26 août"Musiques sacrées d'ici et d'ail-leurs..." avec 3 concerts par jour(16h, 18h et 21h) avec notam-ment le chœur Arsys Bourgognedirigé par Pierre Cao. Réserv.✆ 03.86.32.39.78, www. rencon-tresmusicalesdevezelay.comYYvelinesvelines✔ Au château de Breteuil, Choi-sel, 78460 Chevreuse, ✆ 01.30.

52.05.02, fax 01.30.52.71.10, jusqu'au 17 sep-tembre, des nouveauxautomates des contes dePerrault dans le colombierpar A. et J. Langlois sontproposés. Un châteauhabité, magnifiquement

BLOC-NOTESVACANCES

Avec cette suspension de parution durant tout le mois d’août -prochain numéro daté du 7 septembre - nous comptons plus en“années scolaires” que civiles. Notre exercice comptable courtd’ailleurs sur la même période. Nous en attendons le verdict, sansgrande anxiété, ce qui est un heureux changement par rapport àtous les exercices de la décennie écoulée, sauf l’année dernièreoù nous avions terminé sur un léger bénéfice. Sans doute nerenouvellerons-nous pas cet exploit, car la tendance a encore étéà la baisse. Nos amis qui nous quittent, pour cause de retour auSeigneur, ou parce que l’âge limite leurs possibilités, étaient sou-vent bien plus généreux que les nouvelles générations d’abon-nés...

Pourtant, on ne se plaindra pas. D’abord ce sont les vacances.Moment propice à l’oubli des soucis et - si du moins on n’y arrivepas - moment pour considérer avec soulagement la tâche accom-plie. Nous sommes là, ayant tenu le cap. Et de nouvelles généra-tions d’abonnés se présentent. Et même des nouveaux lecteursqui ne sont pas encore abonnés, comme celui qui nous a télépho-né de Cholet pour nous “enguirlander” - dans les deux sens dumot - à cause de cette suspension qui le prive du journal auquel ilvient tout juste de prendre goût chez son diffuseur de presse, etqui nous dit roguement : “Votre journal n’est pas fait pour rester àcôté du téléviseur : bravo, ça change et ça réveille ! Mais pour-quoi ce manque de moyens ! Vous devriez vous faire connaîtremieux ! être plus présents ! Vous comprenez ce que je vous dis ?!”Et, oui, cher Monsieur, nous y songeons... Peut-être pourriez-vousnous y aider ?

Il n’empêche que lorsqu’on connaît chaque semaine le doutesur la qualité d’un travail qui n’est pas fait dans les conditions deconfort que connaissent la plupart de nos confrères, et que l’ons’abandonne - plus souvent qu’il n’est raisonnable ? - à laProvidence pour fixer les prochains sommaires, cela fait rudementplaisir de sentir une telle passion chez un nouveau lecteur. Onn’aura pas la prétention de s’en attribuer le mérite. Mais on s’ap-puiera dessus pour faire preuve de tout le tonus nécessaire à larentrée. Oh là ! Ne brûlons pas les étapes. Les vacances ! Tempsde ressourcement. Temps de détente. Nous mesurons notre chance d’en bénéficier. Bon courage à tous et à très bientôt.

L’équipe de France Catholique

PS : Bien sûr vous seriez étonnés si nous ne terminions pas par unappel à votre générosité. C’est elle qui nous a permis de tenir jusqu’ici,et de préparer les investissements de propagande qui vont nous per-mettre, dès septembre prochain, de franchir une étape de consolidationdont nous aurons l’occasion de vous reparler. N’oubliez pas de faire, sivous le pouvez, d’ici la rentrée un don à l’association ADCC, pénicheMont Thabor, 18, bd Général Koenig, 92200 Neuilly-sur-Seine (voirprésentation de l’ADCC dans le n° de la semaine dernière).

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meublé, 50 personnages de cire,8 contes de Perrault, avec un parcromantique de 75 hectares. Egale-ment au château, une expositionde photographies des plus beauxarbres de France par l'associationA.R.B.R.E.S est organisée jusqu'au18 novembre. [email protected]/ www.breteuil.frMission de FranceMission de France✔ Une session, pour tous, "Prieravec les Psaumes, Psaumesd'hier, Prières pour aujourd'hui"est prévue du 10 au 16 août àPontigny (Yonne). Rens. Missionde France, BP 101, 94171 LePerreux-sur-Marne, ✆ 01.43.24.79.56.Pour les visites culturelles Pour les visites culturelles avec les enfantsavec les enfants✔ Deux ouvrages, d'IsabelleBéraud-Sudreau..., de la collec-

tion "Je m'amuse à les re-connaître", bien sympa-thiques rendront les visitesdes musées, églises... bienagréables avec vos enfants,en les instruisant à l'art reli-gieux, tout en les amusant.Le premier "Les Scènes de

la Bible" rassemble les indicespicturaux qui rendront facilementrepérables tel ou tel épisode del'Ancien ou du Nouveau Testa-ment. Le second "Les Saints" livrent des clés qui les aideront àreconnaître les Saints, grâce àleurs attributs. Editions ChristineBonneton Jeunesse, 11 €, chacun.PèlerinagesPèlerinages✔ Pèlerinage familial organisépar Mission Thérésienne à l’Ile-Bouchard le 14 octobre. Messe à11h15, pique-nique tiré du sac,entretien du Père Thévenin pourles enfants, présentation du mes-sage de Notre-Dame de la Prière,adoration et confessions. Cars audépart de Paris, Versailles, Cha-tou, Rennes et Laval (50 € parménage, 30 € par personne, 10 €

par jeune ou enfant, gratuit en des-sous de 10 ans). Inscriptions pourles cars avant le 30 septembre.Rens. ✆ 06.20.32.88.77. MissionThérésienne, 32 rue Jean de LaFontaine, 75016 Paris, site :www.mission-theresienne.org✔ Le 134e Pèlerinage Nationalde l’Assomption aura lieu du 11au 16 août à Lourdes sur lethème "Laissez-vous réconcilierpar le Christ !" et sera présidépar Mgr Robert le Gall (arche-vêque de Toulouse), avec les témoi-gnages de L’amiral Lacoste (an-cien directeur général de la DGSE),du père Guy Gilbert (célèbre édu-cateur de rue), de Claire Ly (resca-pée des camps khmers rouges) et deMgr Garnier (archevêque de Cam-brai). Rens. ✆ 01.58.36.08. 82.www.pelerinage-national.org

VVoyage cultureloyage culturel✔ Trésors gothiques et baroquesà Dresde et Berlin, conduit parMarie-Gabrielle Leblanc (histo-rienne d'art) du 21 au 27 octobre.La ville de Dresde, la "Florence del'Elbe", capitale artistique desprinces-électeurs de Saxe, renaîtde ses cendres de 1945 : on re-construit les palais baroques, eton a rebâti à l'identique de 1990à 2005 la prodigieuse Frauen-kirche, la plus grande église ba-roque au monde. Nous visitons lacélèbre manufacture de porce-laine de Saxe à Meissen, les châ-teaux de Pillnitz et Moritzburg, leséglises gothiques flamboyantes dePirna et Annaberg, les riches mu-sées et châteaux de Berlin, et laville médiévale hanséatique deTangermünde. Prix 1500 €. Rens.✆ 01.48.07.05.84 / [email protected] au désert :Marches au désert :Les GoumsLes Goums✔ 8 jours de désert avec lesGOUMS, une expérience unique enson genre... Les GOUMS commen-cent à être connus, du moins,parce qu'on en dit mais rien nevaut d'en connaître la réalité parl'expérience. Il y a bien des maniè-res de traverser le désert, même en4x4, mais avant la curiosité despaysages la vérité du désert setrouve en soi. Nous vivons uneépoque où, malgré la montée enpuissance de la science, l'individuvit de plus en plus dans l'incertitu-de. Au milieu des villes à millionsd'habitants, on ne sait plus qui l'onest... soi. On se demande mêmeparfois si la vie a un Sens. Le dé-sert "vécu à la manière GOUM"vous donne au moins une chancede trouver un commencement deréponse à cette question. Nos mar-ches au long cours, nos bivouacs àla belle étoile, nos petites équipesfraternelles de 15 à 20, nos Eu-charisties quotidiennes avec desPrêtres qui marchent avec nous,donnent à notre expérience GOUMune captivante originalité. LesGOUMS lancent, cet été 2007, 20Raids du 16 juin au 9 septembre :Préalpes de Grasse, Les Causses(Méjean, Sauveterre, Larzac, Quer-cy), Aubrac, Jura, Bosnie, Turquie,Italie. Age des participants : 20-35ans. (90-140 € la semaine). In-formations et calendrier : Michelde Malartic, 1800 route du colonelBellec, 13540 Puyricard, ✆/fax04.42.92.27.40, [email protected],site : www.goums.org et Jean Latil,16 av. Alfred Capus, 13090 Aix-en-Provence, ✆/fax 04.42.29.72.75.

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BLOC-NOTES

FRANCECatholique N°3082 AOUT 2007 39

FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

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