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87 e année - Hebdomadaire 3280 - 4 novembre 2011 3 france-catholique.fr france-catholique.fr FRANCE Catholique ISSN 0015-9506 Sous le signe de saint François pages 8 à 14 RENCONTRE D’ASSISE

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87e année - Hebdomadaire n° 3280 - 4 novembre 2011 3 €franc

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Sous le signede saint François pages 8 à 14

RENCONTRE D’ASSISE

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BRÈVESFRANCElittéRAtuRE : Le grand prix du roman de l’Académie française, qui ouvre la saison des prix, a été décerné le 27 octobre à Sorj Chalandon pour Retour à Killybegs, un livre sur l’Irlande du Nord.FiSCAlité : Tablant sur une hypothèse de croissance ramenée de 1,75 à 1% pour 2012 et donc sur une perte de recettes fiscales, le gou­vernement devrait créer un taux de TVA intermédiaire entre 5,5 et 19,6% ou aug­menter le taux réduit de 5,5 à 7 ou 9%. Le taux de l’impôt sur les sociétés passerait de de 33 à 36% pour les grandes entreprises, soit un gain de 1,5 milliard d’euros.Emploi : Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité a progressé de 0,9% en septembre, soit 26 000 chômeurs de plus.Face à la baisse de son chiffre d’affaires, le groupe automo­bile PSA va réduire ses coûts de 800 millions en 2012 ce qui entraînera la suppression de 6 800 emplois en Europe.mAyottE : Le mouvement contre la vie chère qui para­lyse le département depuis le 27 septembre a donné lieu le 25 octobre à des affronte­ments entre les jeunes et les gendarmes.JuStiCE : Dans l’affaire de proxénétisme de l’hôtel Carl­ton, le parquet a demandé le dessaisissement des juges lillois pour sauvegarder l’im­partialité de la justice.Un corps a été retrouvé le 25 octobre dans les décombres d’un hangar parisien détruit la veille par un incendie et où vivaient une centaine de Roms ; le parquet a ordonné une enquête sur l’éventualité d’un incendie criminel.

éNERgiE : Dans son étude annuelle sur l’énergie en Europe, le cabinet Capgemini estime que l’arrêt des réac­teurs nucléaires allemands représente une menace de pannes d’électricité pour la France au cours de l’hiver ; la France importe en effet de l’électricité lors des pics de consommation hivernale.iNtEmpéRiES : L’épisode ora­geux qui a frappé plusieurs départements du 24 au 29 octobre a permis d’établir des records de pluviométrie fai­sant de nombreux dégâts.L’incendie, apparemment d’ori gine criminelle, qui rava­geait l’île de La Réunion de puis plusieurs jours, avait déjà détruit près de 3 000 hectares le 31 octobre ; des renforts en pompiers et matériel ont été envoyés de métropole.VoilE : Trente­six bateaux attendaient le 30 octobre au Havre le départ de la 10e

Transat Jacques­Vabre ; en raison de conditions météo très mauvaises sur l’Atlan­tique, ce départ a été reporté d’environ 48 heures.DéCÈS : Le comédien et réali­sateur Robert Lamoureux est décédé le 29 octobre à l’âge de 91 ans.

moNDEDémogRAphiE : La popula­tion mondiale a franchi le 31 octobre le cap des sept mil­liards d’habitants ; elle pour­rait atteindre neuf milliards en 2050.EuRopE : Après la Grèce, l’Ir­lande et le Portugal, la zone euro a ouvert le 24 octobre le dossier d’une aide à l’Italie ; le Fonds européen de stabi­lité financière devrait acheter de la dette italienne.

Un accord a finalement été conclu à Bruxelles dans la nuit du 26 au 27 octobre sur une restructuration de la dette grecque ; les banques privées ont accepté de renoncer à 50% de leurs créances. Les dirigeants de la zone euro se sont résolus à solliciter l’aide de pays disposant de réserves comme la Chine, la Russie ou le Brésil, pour renforcer les moyens du Fonds européen de stabilité financière et por­ter sa capacité d’intervention à 1 000 milliards d’euros ; mais les pays sollicités sou­haitent l’implication du FMI.tuNiSiE : La victoire électo­rale, le 23 octobre, du parti islamiste Ennahda avec 40% des voix et environ 90 sièges sur 217 à l’Assemblée consti­tuante, est renforcée par le succès des partis modérés prêts à former avec lui une alliance de gouvernement. Les troubles qui avaient écla­té à Sidi Bouzid, berceau de la révolution, après l’annonce de ces résultats ont conduit à l’instauration d’un couvre­feu le 28 octobre.liByE : M. Kadhafi a été inhu­mé le 25 octobre dans le désert libyen ; l’endroit est tenu secret pour éviter que la sépulture ne devienne un lieu de pèlerinage.Le ministre iranien des Af faires étrangères a salué le 25 octobre « la libération totale » de la Libye ; il est vrai que les nouvelles autorités libyennes avaient déclaré le 23 que la nouvelle législa­tion serait fondée sur la loi islamique.tuRquiE : Les secouristes continuaient de mener le 25 octobre une course contre la montre pour retrouver des survivants au séisme du 23 faisant déjà 432 morts et plus de 1 300 blessés.

pRoChE-oRiENt : Un échange de prisonniers entre un res­sortissant israélo­américain et 25 Égyptiens détenus en Israël a eu lieu le 27 octobre à la frontière entre les deux pays. La Palestine a été admise à l'Unesco le 31 octobre.iRlANDE : Les Irlandais ont commencé à voter le 27 octobre pour élire un nou­veau président ; sept candi­dats étaient en lice. C’est un travailliste modéré de 70 ans, Michael Higgins, qui l’a emporté.ARgENtiNE : L’ancien officier de marine Alfredo Astiz a été condamné le 26 octobre à Buenos Aires à la prison à perpétuité, ainsi que plu­sieurs co­accusés, pour son rôle dans la disparition de deux religieuses françaises durant la période de dicta­ture (1976­83).thAïlANDE : Après avoir inondé les trois quarts des provinces du royaume et fait près de 400 victimes, les eaux ont fini par envahir Bangkok, leur déferlement coïncidant avec les grandes marées d’équinoxe ; un million de personnes avaient fui la ville le 28 octobre.AlgéRiE : 30 ans après le début des travaux, les 8,5 premiers kilomètres du métro d'Alger ont été inaugurés le 31 octobre. L'ex ploitation a été confiée à une filiale algé­rienne de la RATP et emploie 400 agents.étAtS-uNiS : Selon la revue Science du 28 octobre, une équipe de chercheurs de l’université du Colorado met de grands espoirs dans le python birman ; celui­ci pro­duit une enzyme connue pour ses puissants effets protec­teurs sur le muscle car diaque.

J.L.

2 FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011

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DANS trois ans, nous célébrerons le centenaire du déclenchement de la Première guerre Mondiale. L'éloignement dans le temps nous a rendu étrange cette formidable déflagration, où l'Europe s'est trou-vée saignée à blanc, avec le massacre de ses garçons

de vingt ans. Nous comprenons difficilement, dans l'Europe pacifiée d'aujourd'hui, comment les peuples ont pu se jeter sauvagement les uns contre les autres. Cela paraît si invraisemblable que certains tentent d'opposer les populations à leurs dirigeants, comme si ceux-ci avaient conduit les nations au massacre sans le consentement des citoyens. C'est une pure légende, comme le montre Jean Sévillia dans son dernier ouvrage(1), en dépit des mouve-ments de révolte de 1917, motivés par l'échec de l'offensive Nivelle. C'est le patriotisme unanime de l'armée française qui a permis l'offensive finalement victorieuse de 1918.

Certes, on peut déplorer cette « guerre civile européenne », en déduire les conséquences désastreuses dont la plus grave est l'invention et l'essor des totalitarismes qui conduiront au second conflit mondial. On accuse les « nationalismes » à juste raison, mais il faut comprendre la genèse de leur éclosion. C'est la disparition de l'Europe ancienne, sous les coups de la Révolution française et de l'Empire napoléonien, qui a conduit à l'instabilité du continent, avec la montée en puissance des idéologies et l'apparition de ce qu'Alphonse Séché (1876-1964) appelait « les guerres d'enfer ». En d'autres termes, l'histoire avançait dans le sens prévu par le stratège prussien Carl von Clausewitz (1780-1831), jusqu'à la monté aux extrêmes.

Heureusement, les nations européennes ont désormais établi entre elles un pacte de paix durable, ayant enfin compris que tout conflit interne à leur continent est suici-daire. Le monde n'est pas pour autant en paix. Nous vivons sous la menace d'autres conflits et notre propre armée est toujours engagée sur des terrains extérieurs, en Afghanistan par exemple. La paix universelle constitue la plus difficile des conquêtes. ■

(1) Jean Sévillia, Historiquement Incorrect, Fayard, 360 pages, 20 €.

SOMMAIRE

ACTUALITÉ 4 DROITE Candidat présumé

5 TUNISIE Sans la France

6 BIOÉTHIQUE L'embryon défini

DOSSIER 8 ASSISE III La grande fraternité spirituelle

27 octobre à Assise

La basilique Saint-François

Le pari d'une humaniste

ESPRIT 15 ECCLÉSIA Week-end de la mort ?

16 LECTURES 32e semaine du temps ordinaire

MAGAZINE 18 B.D. Le hasard n'écrit pas de messages (6)

20 SOCIAL L'îlot Bon Secours à Arras

21 SOCIAL Votre école chez vous

22 PHILOSOPHIE Jacques Maritain et le socialisme

25 B.D. Georges Remi dit Hergé

26 ÉCONOMIE Humanisme et travail (F. Perroux)

28 EXPOSITIONS Pompéi, un art de vivre

30 MUSIQUE La Vierge à travers la musique

32 MUSIQUE « Chemin de la belle étoile »

33 CINÉMA « Intouchables », « La couleur des sentiments », « Killer elite », « La source des femmes »

34 THÉÂTRE « La Folie Sganarelle »

35 TÉLÉVISION « The Dark Knight », « Yves Montand », « Tout le monde dit I love you », « Les chevaliers teutoniques »

36 TÉLÉVISION Votre début de soirée

38 BLOC-NOTES Vie associative et d'Église

COUVERTURE : © OSSERVATORE ROMANO

11 novembreÉDITORIAL

FRANCECatholique N°3280 4 NOVEMBRE 2011 3

par Gérard LECLERC

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ACTUALITÉ

4 FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011

Du 17 au 27 octobre, Nicolas Sarkozy a vécu des jour-nées éprouvantes. Tout avait mal

commencé en effet le lundi 17 octobre, lorsque l’agence Moody’s avait annoncé que la note de la France, le fameux triple A qui nous a valu la réforme des retraites et les premières mesures de rigueur, était mise sous surveillance. Ce qui signifie que notre pays pourrait voir sa note abaissée avec un double effet : augmentation des taux d’intérêt, entraî-nant un alourdissement de la dette publique ; baisse du crédit, déjà très entamé, du président sortant. « Si la France perd son triple A, je suis mort » : rapportée par le Canard enchaîné, la confi-dence de Nicolas Sarkozy a fait le tour des salles de rédaction.

Puis ce furent les épui-santes négociations euro-péennes. Si le divorce n’a pas été consom mé dans le « couple franco-allemand », la plupart des commenta-teurs français ont souligné, au lendemain de l’accord européen conclu dans la nuit du 26 au 27 octobre, que les positions françaises

ont été abandonnées sur l’autel du compromis. La Banque centrale européenne ne jouera pas le rôle que voulait lui faire jouer Paris, le fonds européen de secours ne deviendra pas une banque, les banques seront recapi-talisées et devront effacer 100 milliards d’euros de la dette grecque — ce qui ne

fait pas l’affaire des établis-sements français. De surcroît, la zone euro a demandé l’aide financière de la Chine, entre autres pays, ce qui place les Européens en situation d’in-fériorité par rapport à une puissance montante.

Malgré tout, l’accord conclu ne permettait pas de dire que l’euro était sauvé,

tant il y a de questions en suspens sur la mise en appli-cation du plan de sauve-tage en Grèce, en Italie et pour l’ensemble du secteur bancaire.

L’exercice télévisé de Nicolas Sarkozy le jeudi 27 o c tob r e — devan t 11 millions de téléspecta-teurs ! — était donc diffi-

cile à réussir et son impact reste difficile à évaluer. Le Président souhaitait que les Français retiennent son rôle dans le sauvetage de la zone euro, mais ils ont plutôt regardé, pour l’applaudir ou pour le critiquer, le candi-dat supposé. Bien entendu, Nicolas Sarkozy a affirmé en fin d’émission que le débat

sur sa candidature serait tranché « fin janvier, début février » mais il est clair qu’il est déjà en campagne sur les thèmes qui sont rodés depuis plusieurs semaines.

C’est sur son rôle de président protecteur que Nicolas Sarkozy a mis l’ac-cent. I l serait l ’homme de l’équilibre entre une « ges tion rigoureuse » et la préservation d’un modèle français aménagé grâce à la réforme des retraites. Ce président, tout juste sorti d’un sommet qui a permis d’éviter le naufrage de l’euro, est aussi l’homme qui a une vision européenne : celle d’une « plus grande intégra-tion économique au sein de la zone euro » et du rappro-chement avec l’Allemagne, tout particulièrement dans le domaine de la fiscalité.

Au fil de son intervention, Nicolas Sarkozy a voulu faire ressortir l’irresponsabilité des socialistes, qui ont fait adop-ter la retraite à 60 ans et les 35 heures au moment où les Allemands faisaient l’inverse. En écho, l’UMP soulignait le fait que François Hollande n’avait jamais participé à une négociation européenne — l’incompétence se sura-joutant aux propositions aventureuses.

La bataille est clairement engagée entre la droite et la gauche, qui ont des chefs désormais bien identifiés. Elle est lourde de violences, dans une situation générale très tendue. n

FRANCE

(

Le président de la République ne se déclare pas encore candidat mais il est déjà en campagne pour une réélection qui est hautement problématique.

Candidat présumé

Les positions françaises ont été abandonnées sur l'autel du compromis

par Alice TULLE

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P lusieurs historiens ont exprimé l’idée que des trois pays du Maghreb, le plus naturellement,

culturellement, proche de la France était la Tunisie. L’idée remonte à Saint Louis mort en 1270 devant Tunis. Or de rendez-vous raté en rendez-vous raté, de cette mort du roi croisé à l’affaire de Bizerte en 1960 (qui brouilla à jamais De Gaulle et Bourguiba à l’occa-sion de la reprise de cette base navale), de la querelle des télés entre France et Ita lie pour le contrôle du ciel tunisien au soutien à Ben Ali contre son peuple, il semble que l’on soit allé de maladresse en maladresse jusqu’à la faute. Il ne s’agit bien entendu pas aujourd’hui de tomber dans les bras des nouveaux diri-geants élus, mais il faudrait quand même faire attention à ce qu’on dit et fait à Paris concernant la Tunisie.

Ces nouveaux dirigeants sont Rached Ghannouchi et son entourage. Le parti de la Renaissance (Ennahda) a en effet obtenu plus de 40% des sièges. Toujours incroyant, Paris lui en donnait généreusement entre 20 et 30. R. Ghannouchi n’est cer tainement pas de nos amis. Il a passé son exil de 22 ans à Londres comme certaines personnalités du

FIS algérien partis au même moment, en 1990. Américains et Britanniques ont avec eux quelque avance sur nous. L’islamisme de R. Ghannouchi ne dérange en rien ces commu-nautaristes qui ne trouvent rien à redire à l’islam sociétal chez eux comme chez soi.

Que le parti principal de Tunisie soit dirigé par ces hommes est très important pour le devenir de l’Algé-rie, puisqu’ils sont issus de la même mouvance histo-rique que le FIS première manière. C’est déjà assez d’avoir perdu la Tunisie pour ne pas se retrouver devant

un problème autrement plus gigantesque en Algérie.

Autrement dit, le pro -blème n’est pas en soi le succès relatif d’un parti qui apparaît comme le plus représentatif de la société tunisienne dans ses profon-deurs et qui naturellement se

réfère à l’islam, mais de quel islam il s’agit et surtout de l’idéologie ou de la person-nalité de ses dirigeants. Pour représenter effectivement le mouvement de jeunesse, tant hier en Algérie qu’aujourd’hui en Tunisie, le parti dit de l’is-lam doit satisfaire un certain nombre de revendications

sociales et politiques. Le Fis avait détourné à son profit le mouvement de la jeunesse des années 90. Si Ennahda fait de même, il sera rejeté. Aussi bien en est-il conscient : Ghannouchi a mis autant d’eau qu’il fallait dans son vin. Il y a le problème de l’émancipation de la femme sur laquelle il a dit qu’il ne reviendrait pas. Mais il y a surtout le problème de l’emploi et de l’égalité des chances. Il se trouvera toujours quelqu’un pour rappeler le petit marchand des quatre-saisons de Sidi Bouzidi, dont l’immolation fut à l’origine du « printemps arabe ».

C’est là qu’on attend la France. Pourquoi changer tout à coup le fusil d’épaule ? Il serait pour le moins curieux que les droits de l’homme qui n’avaient jamais été notre préoccupation majeure sous Ben Ali soient notre ligne rouge sous Ghannouchi. On ne nous reproche pas dans la nouvelle équipe de les défendre, ou de ne pas les avoir défendus avant, mais d’en faire tout à coup la condition sine qua non de notre aide, quand on sait que l’enjeu en Tunisie et en France est l’intégration économique. Ne prenons donc pas l’islam comme réfé-rence, ce qui serait tomber dans le miroir que nous tendent les Ghannouchi, mais la situation sociale qui a fait son succès. n

ACTUALITÉTUNISIE

par Yves LAMARKSans la France

FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011 5

La France a manqué tous ses rendez-vous avec la Tunisie. Après les élections du 23 octobre, il sera difficile de renouer entre Paris et Tunis.

Il semble que l'on soit allé de maladresse en maladresse jusqu'à la faute )

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ACTUALITÉ

6 FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011

C'est grâce à Green­peace­Allemagne, que la Cour eu ro ­péenne de Justice (CEJ) s’est inté­

ressée au tout premier commencement de la vie humaine. Il y a 14 ans, en effet, le professeur Brüstle avait breveté une lignée de cellules souches d’origine embryonnaire, obtenue au prix de la destruction d’em­bryons. L’association écolo­giste contestait ce brevet et, par son arrêt du 18 octobre, la CEJ lui a donné raison. La décision, qui interdit toute brevetabilité de procédés ayant impliqué la destruction d’embryons humains, s’im­pose aux 27 États membres de la Communauté euro­péenne. La Cour a donné de l’embryon une défini­tion claire et complète : « Tout ovule humain doit, dès le stade de sa féconda­tion, être considéré comme un ‘embryon humain’ dès lors que cette fécondation est de nature à déclencher le processus de développe­ment d’un être humain. » Les mots rappellent le b­a ba de cours de biologie. Le produit d’une conception est bien nommé embryon, et non pas « amas de cellules » comme le

prétendent les scientifiques qui désirent l’utiliser pour leur recherche. C’est à leur portefeuille que l’arrêt pour­rait porter atteinte, car c’est uniquement la brevetabilité de l’être humain qu’il proscrit, et non pas le principe de l’uti­lisation de l’embryon pour la recherche, dont il n’est pas question à ce stade.

Non contents de définir l’embryon par la façon dont il advient « naturellement », c'est­à­dire la fécondation de l’ovule par le spermato­zoïde, les 13 magistrats euro­péens ont tenu à anticiper les évolutions techniques, avec, en toile de fond, le clonage. Des apprentis sorciers rêvent en effet de contourner les lois des hommes — et celles de la nature — pour produire des embryons humains avec la même technique que celle utilisée pour faire naître la brebis Dolly, c'est­à­dire sans fécondation. Le clonage utilise un ovocyte dont on a remplacé le noyau par celui d’une cellule adulte…

Certains avaient pensé pouvoir décréter qu’un clone n’aurait pas le statut d’être humain. La Cour européenne en a décidé autrement. Les magistrats expliquent que constituent aussi un embryon

humain « tout ovule humain non fécondé dans lequel le noyau d’une cellule humaine mature a été implanté et tout ovule humain non fécondé qui, par voie de parthéno­génèse, a été induit à se diviser et à se développer ». Autrement dit, même produit de façon artificielle, un être humain reste un être humain, dès le début…

Év idemment , l ’ a r r ê t conduit à s’interroger sur l’avortement, la fécondation in vitro ou la recherche sur les embryons surnuméraires. Ces trois réalités provoquent chaque année la destruction de cinq cent mille embryons humains en France. Sans oublier les méthodes dites « contragestives » qui empê­cheraient la nidation de plusieurs millions d’autres embryons déjà conçus.

Cependant, l’arrêt de la CEJ a beau être motivé par « le respect de la personne humaine », il ne concerne que le droit commercial. Il a néanmoins été salué par la COMECE (commission des épiscopats de la commu­nauté européenne) comme « une étape majeure dans la protection de la vie humaine » sur le plan législatif.

La convergence observée

en Allemagne entre certains écologistes et les chrétiens sur ces sujets n’est pas surpre­nante, même si elle contraste avec la situation française, les Verts hexagonaux semblant ignorer totalement la dimen­sion humaine de l’écologie quand il s’agit de bioéthique. L’aversion des Allemands pour les manipulations eugénistes est liée au traumatisme que les pratiques du régime nazi ont provoqué dans leur pays.

Quelle sera la portée de l’arrêt du 18 octobre ? Les personnes attachées au respect de la vie célèbrent une précieuse victoire dans la « bataille des mots ». Résultat d’autant plus notable qu’en France, la définition légale de l’avortement a été restreinte : la suppression délibérée de la vie humaine avant la nidation de l’embryon n’entre pas dans la loi de 1975.

En évitant une défini­tion restrictive de la vie à ses débuts, les magistrats euro­péens ont refusé de livrer aux appétits commerciaux les embryons préimplan­tatoires et tous les orga­nismes hybrides qu’on peut ima giner fabriquer à partir de la destruction d’embryons. Quant à envisager que cette décision fasse tomber les lois sur l’avortement ou la bioé­thique, c’est aller un peu trop vite. L’Histoire montre que le Droit, aussi sérieux soit­il, demeure en pratique subor­donné à l’irrationalité des rapports de force politiques et sociaux. n

BIOÉThIqUe

(

Quand commence la vie humaine ? Et comment définir l'embryon humain ? Réponse limpide des magistrats de la Cour européenne de Justice.

L’embryon défini

« Une étape majeure dans la protectionde la vie humaine » sur le plan législatif

par Tugdual DERVILLE

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On gardera de ce troisième rassemblement interreligieux d’Assise les images très sym-boliques d’un monde réuni (sinon réconcilié) à l’aune des

retrouvailles de ses responsables reli-gieux les plus divers. Comme en 1986, c’est le cadre exceptionnel de la patrie de saint François qui aura permis cette performance qui relève à la fois de la diplomatie internationale très spéci-fique du Saint-Siège et de sa traduction médiatique très efficace. Certes, depuis 1945, c’est la planète entière qui s’est habituée à vivre au rythme des ren-contres internationales et des échanges au plus haut sommet. La fondation de l’organisation des Nations unies cor-respondait au projet d’un Rossevelt, qui voulait que la victoire sur l’Allemagne nazie débouche sur la constitution d’une sorte de démocratie mondiale. En

dépit de l’affrontement Est-Ouest, l’Onu a persisté dans cette direction et on n’imagine plus que les États puissent se passer de cet espace de négociation et d’ébauche d’un droit international. Le coup d’audace de Jean-Paul II fut de transposer à l’univers des religions cette sorte de modus vivendi, non, certes en constituant un Parlement des religions dont le concept n’était pas tenable, mais en suscitant des rencontres au som-met, pour promouvoir une dynamique de conciliation et de pacification à l’en-contre des processus d’affrontement.

Vatican II avait tracé la voie avec le document Nostra Aetate, qui établis-sait pour la première fois une cartogra-phie des religions dans leur proximité et leur éloignement du christianisme. Un secrétariat pour le Dialogue interreli-gieux avait été mis en place à Rome. La tâche de Jean-Paul II consista à donner

une plus grande visibilité à cet effort de dialogue, en lui conférant du même coup une dimension politique sui gene-ris. le pape polonais était d’autant plus enclin à faire bouger les choses qu’avant même la chute du mur de Berlin la ques-tion religieuse commençait à apparaître comme constitutive des relations inter-nationales et de l’équilibre mondial.

On l’a peut-être oublié aujour d’hui, mais en 1986, au moment de la première rencontre d’Assise, la France elle-même vit dans un climat de psychose à la suite des attentats qui se sont produits à Paris (notamment celui qui a eu lieu rue de Rennes et qui a fait sept morts et cin-quante-six blessés). Quelques mois plus tard, Jean-Paul II accomplit sa visite pastorale à Lyon où il est l’objet d’un surcroît de précautions policières qui frappe beaucoup l’opinion. Les regards sont surtout braqués vers la république islamique d’Iran, d’où semblait émaner une stratégie mondiale de déstabilisa-tion. Le pape a perçu qu’il y avait un danger dans la montée en puissance des facteurs religieux comme fauteurs de guerre et de menées terroristes. Son intuition fut largement confirmée par la suite puisque le débat qui s’imposera au lendemain de la disparition du bloc

assise iii

DOssieR

8 FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011

( Le dialogue interreligieux constitue une nécessité impérative

Que retenir de la journée du 27 octobre à Assise où, en présence de 300 représentants des courants spirituels les plus variés, a été célébré le 25e anniversaire de la fameuse « Rencontre interreligieuse pour la paix » organisée au même endroit par Jean-Paul II ?

par Gérard LECLERC

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soviétique tournera autour des thèses de Samuel Huntington sur « le choc des civilisations » qui sous-entend la prédo-minance des oppositions culturelles, de nature religieuse, dans les affrontements entre aires de civilisation.

Les attentats du 11 septembre 2001 confirmeront la position d’Hunting-ton à l’encontre de celle d’un Fran cis Fukuyama, annonciateur d’une « fin de l’Histoire » avec l’extinction progres-sive des grands conflits idéologiques. Jean-Paul II est encore au rendez-vous, puisqu’il décide d’un second rassemble-ment à Assise à la fin de cette même année 2001. Ce dernier sera de moindre importance que celui de 1986, sans doute parce qu’il a été décidé dans l’ur-gence mais peut-être aussi parce que la doctrine sous-jacente au dialogue interreligieux est un peu en crise. Il n’y a pas que la contestation traditionaliste (et singulièrement lefebvriste) à avoir suscité un climat de malaise à ce pro-pos. Au niveau des dicastères romains il y a des différences, sinon des opposi-tions, sur la notion de rapports à établir avec des religions et des sagesses qui ne répondent pas du tout aux idées maî-tresses de la révélation biblique et de la tradition chrétienne. Le dialogue œcu-

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27 octobre à AssiseBenoît XVI avait invité dans la ville de saint François quelque 300 représentants des confessions chrétiennes et des autres religions ou courants de pensée, pour une journée de réfl exion, de dialogue et de prière pour la justice et la paix dans le monde. Après près de deux heures de train, depuis la gare du Vatican, le Pape et les délé-gations sont arrivés à Assise à 9 h 45, accueillis devant la basilique Notre-Dame des Anges par les diverses autorités locales et une petite foule qui a suivi ensuite la cérémonie sur des écrans géants. Après l’introduction du cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson président du Conseil pontifi cal Justice et Paix, une vidéo commé morative de la Rencontre de 1986 a été projetée. Ont ensuite pris la parole le Patriarche œcuménique de Constantinople Barthélémy Ier, l’archevêque Primat de la Communion anglicane Rowan Douglas Williams, l’archevêque du diocèse de France de l’Église apostolique arménienne Norvan Zakarian, le secrétaire général du Conseil œcu-ménique des Églises M. Olav Fykse Tveit, le rabbin David Rosen, représentant du Grand Rabbinat d’Israël, le porte-parole de la reli-gion Yoruba, M. Wande Abimbola, le représentant de l’hindouisme, M. Acharya Shri Shrivatsa Goswami, le président de l’ordre Jogye (bouddhisme coréen), Ja-Seung, le secrétaire général de la Confé-rence internationale des écoles islamiques, Kyai Haji Hasyim Mu-zadi, et Mme Julia Kristeva, au titre des non-croyants. Après quoi, le Saint-Père a prononcé le discours dont voici de larges extraits :

« Vingt-cinq années se sont écoulées depuis que le bienheureux Jean-Paul II a invité pour la première fois des re-présentants des religions du monde à Assise pour une prière pour la paix. Que s’est-il passé depuis ? Où en est au-jourd’hui la cause de la paix ? Alors, la grande menace pour la paix dans le monde venait de la division de la planète en deux blocs s’opposant entre eux. Le symbole visible de cette division était le mur de Berlin qui, passant au milieu de la ville, traçait la frontière entre deux mondes. En 1989, trois années après Assise, ce mur est tombé, sans effusion de sang… à côté de facteurs économiques et politiques, la cause la plus profonde de cet événe-ment était de caractère spirituel. Derrière le pouvoir matériel il n’y

avait plus aucune conviction spirituelle… Nous sommes reconnaissants pour cette vic-toire de la liberté, qui fut aussi surtout une victoire de la paix. Et il faut ajouter que dans ce contexte il ne s’agissait pas

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ménique est une chose qui relève spéci-fiquement de ces deux références. Avec le judaïsme, on est sur la voie de progrès décisifs, d’autant qu’enfin on commence à parler théologie à partir du testament qui nous est commun. Avec l’islam, on franchit un abîme, car les oppositions en théodicée sont frontales. Que dire alors du bouddhisme et de l’hindouisme qui appartiennent à des conceptions du monde qui mettent en cause la struc-ture de notre anthropologie ? Le cardinal Ratzinger mettra l’accent sur la distinc-tion entre discussion théologique pos-sible et confrontations entre philoso-phies dont les différences et oppositions viennent d’abord qu’elles ne répondent pas au même type de questionnement.

Le nouveau pape devait donc reprendre le dossier, en tirant les leçons de l’expérience de son prédécesseur et les fruits de sa propre réflexion. Sa décision de convoquer un troisième ras-semblement d’Assise a correspondu à sa conviction du bien-fondé de l’intuition de Jean-Paul II. Le dialogue interreli-gieux constitue une nécessité impérative, eu égard à la situation des religions et

seulement, et peut-être pas non plus en premier lieu, de la liberté de croire, mais il s’agissait aussi d’elle. Pour cette raison nous pouvons relier tout cela de quelque façon aussi à la prière pour la paix. »« Toujours potentiellement présente, la violence caractérise notre monde. La liberté est un grand bien. Mais le monde de la liberté s’est révélé en grande partie sans orientation, et même elle est mal comprise par beaucoup comme liberté pour la violence. La dissen-sion prend de nouveaux et effrayants visages et la lutte pour la paix doit tous nous stimuler de façon nouvelle… à grands traits on peut identifi er deux typologies différentes de nouvelles formes de vio-lence qui sont diamétralement opposées dans leur motivation et qui manifestent ensuite dans les détails de nombreuses variantes. Tout d’abord il y a le terrorisme dans lequel, à la place d’une grande guerre, se trouvent des attaques bien ciblées qui doivent toucher l’adversaire dans des points importants de façon destructrice, sans aucun égard pour les vies humaines innocentes qui sont ainsi cruel-

lement tuées ou blessées. Aux yeux des responsables, la grande cause de la vo-lonté de nuire à l’ennemi justifi e toute forme de cruauté. Tout ce qui dans le droit international était communément reconnu et sanctionné comme limite à la violence est mis hors-jeu. Nous sa-vons que souvent le terrorisme est mo-

tivé religieusement et que le caractère religieux des attaques sert de justifi cation pour la cruauté impitoyable… Ici la religion n’est pas

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au service de la paix, mais de la justifi cation de la violence. Qu’en ce cas la religion motive de fait la violence est une chose qui, en tant que personnes religieuses, doit nous préoccuper profondément. D’une façon plus subtile, mais toujours cruelle, nous voyons la religion comme cause de violence même là où la violence est exercée par des défenseurs d’une religion contre les autres. Les représentants des religions participant en 1986 à Assise entendaient dire que ce n’est pas la vraie nature de la religion. C’est au contraire son travestisse-ment, qui contribue à sa destruction. Et nous le répétons aujourd’hui avec force et grande fermeté… Comme chrétien, je voudrais dire ceci : Oui, dans l’his-toire on a eu recours à la violence au nom de la foi chrétienne. Nous le re-connaissons, remplis de honte. Mais il est absolument clair que ceci a été une utilisation abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition avec sa vraie nature. Le Dieu dans lequel nous chrétiens nous croyons est le Créateur et Père de tous les hommes, à partir duquel toutes les personnes sont frères et sœurs entre elles et constituent une unique famille. La Croix du Christ est pour nous le signe de Dieu qui, à la place de la violence, pose le fait de souffrir avec l’autre et d’aimer avec l’autre… C’est la tâche de tous ceux qui portent une responsa-

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à l’équilibre instable de nombre de pays où le christianisme est persécuté. Par ailleurs, il fallait tenir compte des réels progrès accomplis, ne serait-ce que dans les relations avec certains secteurs de l’islam. À la suite de la désormais célèbre querelle de Ratisbonne, des liens ont été noués avec des personnalités musul-manes, qui s’avèrent précieuses pour endiguer les extrémismes. Il n’y a donc pas de raison déterminante pour ne pas poursuivre dans une ligne d’ouverture fraternelle, hors de laquelle il n’y aurait que mécomptes et dérapages dangereux.

Cependant, Benoît XVI ne sous-estime pas les risques de relativisme doctrinal qui puissent résulter d’une fausse compréhension de l’objec-tif poursuivi. Il est trop évident qu’en Europe, ce dialogue interreligieux donne lieu à des dérives qui provo-quent la dissolution des structures des déclarations de la foi. Ce n’est pas pour rien qu’il décide une Année de la Foi en 2012-2013, consacrée à une véritable réappropriation du Credo par les fidèles de l’Église catholique. Le syncrétisme mou qui est présent dans des secteurs importants des médias et jusqu’aux marges du catholicisme interdit-il que l’on participe à la moindre opération de brouillage spiri-tuel ou théologique ? On en veut pour preuve la défiance entretenue à l’égard des dogmes considérés comme des interdits ou des facteurs de division sectaire pour prendre conscience de la confusion qui règne. Les dogmes n’ont jamais été des impasses de la pensée, leur définition a au contraire détermi-né les avancées les plus intéressantes dans l’approche du mystère divin.

Assise ne saurait donc participer à ce type de processus. Benoît XVI a voulu que tout s’y opère dans la plus grande clarté. Certaines improvisa-tions fâcheuses ont été écartées, qui avaient suscité de justes remarques de la part des traditionalistes. Plus question de placer une statue de Bouddha sur l’autel d’un sanctuaire. La démarche de prière propre à chacun a été renvoyée à l’espace privé des cellules monastiques mises à disposition par les Franciscains d’Assise. Mais la démarche commune

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La basilique Saint-FrançoisLes éditions du seuil publient un ouvrage consacré à la basilique Saint-François,

à Assise. Le monument n’a pas seulement une haute signification spirituelle. Il est aussi l’illustration d’un renouvellement profond dans l’art occidental.

« Saint François mourut le soir du 3 octobre 1226 et fut enterré, provisoirement, dans l’église San-Giorgio qui se trouvait à l’emplacement de l’actuelle chapelle du Saint-Sacrement dans la basilique Santa Chiara… à Assise, les travaux de construc-tion de la double basilique avançaient avec tant de zèle que l’on put procéder à la translation de la dépouille du saint dès le 25 mai 1230. » Ainsi s’exprime Chiara Frugoni* dans l’introduction qu’elle a écrite pour l’ouvrage des éditions du Seuil. Son texte porte sur le thème : « François, sa sainteté et les fresques de la basilique supérieure ». Il insiste sur la marque de sainteté pour laquelle l’ordre franciscain a voulu que soit vénéré son fondateur, marque que les fresques d’Assise devaient refléter : « un saint d’une immense douceur, en paix avec le monde et avec toutes les créatures, capable de parler même aux petits oiseaux. Un saint inimitable parce que sa chair avait été divinisée lorsqu’il avait reçu les stigmates du Christ ». La basilique Saint-François est l’un des monuments les plus remarquables d’une Italie qui en compte pourtant beaucoup. « Le projet de la double église… répon-dait à l’exigence de remplir une double fonction : celle de sanctuaire sépulcral, compre-nant la crypte, et celle de salle destinée non seulement à la prédication et à la prière, mais aussi à la fonction de chapelle papale », écrit Gianfranco Malafarina** dont les textes, savants mais accessibles à tous, sont traduits de l’italien par Jérôme Nicolas. Ils décrivent et commentent les trésors picturaux de l’église inférieure, réalisés par Giotto, Simone Martini et Pietro Lorenzetti, ainsi que la décoration de l’église supérieure que l’on doit à Giotto, Cimabue et à leurs ateliers respectifs. Le lecteur retrouvera dans le texte le récit de la vie de saint François, sans parler évidemment des 340 illustrations en couleur. Le parcours photographique apporte au lecteur un plaisir d’autant plus grand que la basilique fut gravement endommagée, à l’intérieur comme à l’extérieur, par le séisme qui toucha l’Ombrie et les Marches en 1997. Heureusement, les travaux de restauration ont permis la reconstruction des voûtes effondrées et la réinstallation in situ des fragments recomposés des fresques détruites. Les superbes photographies, que l’on doit à Elio et Stefano Ciol, ainsi qu’à Ghigo Roli, permettent au lecteur de découvrir les scènes d’ensemble, mais aussi toute une série de détails que les visiteurs n’ont en général pas le temps de voir. Un cahier central, composé de prises de vues encore plus rapprochées, insiste sur les thèmes suivants : la représentation de saint François, les éléments d’archi-tecture, les décors géométriques, les animaux, les anges et la nature. La basilique d’Assise témoigne de la Foi. Elle est porteuse d’un message spirituel lié à l’ensei-gnement du Pauvre d’Assise. Les textes de Gianfranco Malafarina montrent que les chefs-d’œuvre qu’elle renferme ont amorcé un renouvellement profond du langage figuratif de l’Occident. Alain SOLARI* Chiara Frugoni a été professeur d’histoire de l’art médiéval aux universités de Pise et de Rome.** Gianfranco Malafarina : journaliste, essayiste et critique d’art. Il travaille depuis plus de quarante ans dans le secteur de la presse et de l’édition de qualité.

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Assise, la Basilique Saint-François,éditions du Seuil, Collection :

Beaux livres. 30 x 30 cm, relié sous jaquette, 324 pages,

340 illustrations couleurs, dont un cahier central sur papier spécial. Prix : 60 e.

La philosophe et psychanalyste française, d’origine bulgare, Julia Kristeva (elle est aussi l’épouse de l’écrivain Philippe Sollers) , est intervenue le

matin de ce 27 octobre à Assise, en la basilique Sainte-Marie-des-Anges. Elle faisait partie des invités de Benoît XVI ne se ralliant à aucun credo religieux. Elle a parlé au nom

de « l’humanisme ».Elle a fait observer que « pour

la première fois, Homo Sapiens est capable de détruire la terre et soi-même au nom de ses croyances, religions ou idéologies ».

Mais elle relève en même temps cette capacité moderne de purification des croyances : « Pour la première fois aussi les hommes et les femmes sont capables de réévaluer en toute transparence la religiosité consti-tutive de l’être humain. »

« La rencontre de nos diversités ici, à Assise, témoigne que l’hypothèse de la destruction n’est pas la seule pos-sible », a fait observer la philosophe avant de proposer ce « pari » : « L’ère du soupçon n’est plus suffisante » et « face à la crise et aux menaces qui s’aggravent, est arrivée l’ère du pari : osons parier sur le renouvellement perpétuel des capacités des hommes et des femmes à croire afin que l’hu-manité puisse poursuivre encore pen-dant longtemps son destin créatif. »

Elle a rappelé le pouvoir de la liberté humaine : « Après la Shoah et le Goulag, l’humanisme a le devoir de rappeler aux hommes et aux femmes que si nous nous estimons les seuls législateurs, c’est uniquement par la mise en question continue de notre

Le pari d’une humaniste« L’hypothèse de la destruction n’est pas la seule possible » : propos de Julia Kristeva, recueilli par Anita Bourdin pour l’agence Zenit.

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bilité pour la foi chrétienne, de purifier continuellement la religion des chrétiens à partir de son centre intérieur afin que, malgré la faiblesse de l’homme, elle soit vraiment un instrument de la paix de Dieu dans le monde. »« Si une typologie fondamentale de violence est aujourd’hui mo-tivée religieusement, mettant ainsi les religions face à la question de leur nature et nous contraignant tous à une purification, une seconde typologie de violence, à l’aspect multiforme, a une moti-vation exactement opposée. C’est la conséquence de l’absence de Dieu, de sa négation et de la perte d’humanité qui va de pair avec cela. Les ennemis de la religion voient en elle une source première de violence dans l’histoire de l’humanité et exigent alors la dispa-rition de la religion. Mais ce non à Dieu a produit de la cruauté et une violence sans mesure, qui a été possible seulement parce que l’homme ne reconnaissait plus aucune norme et aucun juge au-des-sus de lui, mais il se prenait lui-même seulement comme norme. Les horreurs des camps d’extermination montrent en toute clarté les conséquences de l’absence de Dieu. Je voudrais plutôt parler de

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situation personnelle, historique et sociale que nous pouvons décider de la société et de l’histoire. »

Julia Kristeva a affirmé la néces-sité de faire du neuf avec l’héri-tage des différentes traditions : « La mémoire n’est pas du passé : la Bible, les Évangiles, le Coran, le Rigveda, le tao nous habitent au présent. Pour que l’humanisme puisse se dévelop-per et se refonder, le moment est venu de reprendre les codes moraux construits au cours de l’histoire : sans les affaiblir, pour les problématiser, en les rénovant au regard des nou-velles singularités. »

Elle en a appelé à une place de la maternité dans la société : « Les combats pour une parité économique, juridique et politique nécessitent une nouvelle réflexion sur le choix et la responsabilité de la maternité. La sécularisation est encore la seule civi-lisation qui manque de discours sur le maternel. Ce lien passionnel entre la mère et l’enfant, par lequel la biologie devient sens, altérité et parole, est une « reliance » qui, différente de la fonction paternelle et de la religio-sité, les complète et participe à part entière à l’éthique humaniste. »

La psychanalyste a évoqué l’im-portance du « soin » d’autrui dans la société : « Le souci (cura) amou-reux d’autrui, le soin de la terre, des jeunes, des malades, des handicapés, des vieillissants dépendants sont des expériences intérieures qui créent des proximités nouvelles et des solidarités inouïes. » n

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Julia Kristeva, accueillie par le Pape.

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la décadence de l’homme dont la conséquence est la réalisation, d’une manière silencieuse et donc plus dangereuse, d’un change-ment du climat spirituel. L’adoration de l’argent, de l’avoir et du pouvoir, se révèle être une contre-religion, dans laquelle l’homme ne compte plus, mais seulement l’intérêt personnel. Le désir de bon-heur dégénère, par exemple, dans une avidité effrénée et inhumaine qui se manifeste dans la domination de la drogue sous ses diverses formes. »Si l’on n’y prend gare, « la violence devient un fait normal qui me-nace de détruire dans certaines régions du monde notre jeunesse. Puisque la violence devient une chose normale, la paix est détruite et dans ce manque de paix l’homme se détruit lui même. à côté des deux réalités de religion et d’anti-religion, il existe aussi, dans le monde en expansion de l’agnosticisme, une autre orientation de fond. Il s’agit de personnes auxquelles n’a pas été offert le don de pouvoir croire et qui, toutefois, cherchent la vérité, sont à la re-cherche de Dieu. Des personnes de ce genre n’affirment pas sim-plement : Il n’existe aucun Dieu. Elles souffrent à cause de son ab-sence et, cherchant ce qui est vrai et bon, elles sont intérieurement en marche vers lui. Elles sont elles aussi des pèlerins de la vérité, des pèlerins de la paix, qui posent des questions aussi bien à l’une qu’à l’autre partie. Ces personnes ôtent ainsi aux athées militants leur fausse certitude… Mais elles mettent aussi en cause les adeptes des religions, pour qu’ils ne considèrent pas Dieu comme une pro-priété qui leur appartient, si bien qu’ils se sentent autorisés à la violence envers les autres. Ces personnes cherchent la vérité, elles cherchent le vrai Dieu, dont l’image dans les religions, à cause de la façon dont elles sont souvent pratiquées, est fréquemment ca-chée. Qu’elles ne réussissent pas à trouver Dieu dépend aussi des croyants avec leur image réduite ou même déformée de Dieu. Ainsi, leur lutte intérieure et leur interrogation sont aussi un appel pour les croyants à purifier leur propre foi, afin que Dieu, le vrai Dieu, devienne accessible. C’est pourquoi, j’ai invité spécialement des re-présentants de ce troisième groupe à notre rencontre à Assise, qui ne réunit pas seulement des représentants d’institutions religieuses. Il s’agit plutôt de se retrouver ensemble dans cet être-en-marche vers la vérité, de s’engager résolument pour la dignité de l’homme et de servir ensemble la cause de la paix contre toute sorte de vio-lence destructrice du droit… Et, en conclusion, je voudrais vous assurer que l’Église catholique ne renoncera pas à la lutte contre la violence, à son engagement pour la paix dans le monde. Nous tous sommes animés par le désir commun d’être des pèlerins de la vérité, des pèlerins de la paix. »

À la fin de la cérémonie à Notre-Dame-des-Anges, le Pape a in-vité les délégations à visiter la chapelle de la Portioncule. Après un repas commun, les participants se sont rendus sur la Place St-François pour un temps de réflexion ou de prière en silence. Les invités qui le pouvaient furent encore reçus au Vatican le lendemain matin.

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de fraternité revendiquée par tous était d’une incontestable visibilité, puisqu’elle se réclamait de la bonne volonté que tous doivent reconnaître, et sans laquelle il n’y aucune chance de progres-ser sur le chemin de la paix.

Le discours prononcé par Benoît XVI le matin du 27 octobre retint l’attention par les inflexions particulières qu’il a voulu apporter, ne serait-ce que pour opérer un discernement dans les débats publics. Aussi, à l’instar de son prédé-cesseur, il a reconnu que malheureu-sement les chrétiens avaient pu être infidèles à l’Évangile en participant à des œuvres de guerre. Mais il a aussi souligné qu’on ne pouvait imputer aux seules religions la responsabilité de la violence entre les hommes et que, bien au contraire, celle-ci était l’effet d’une incompréhension et d’une trahison de l’esprit religieux. Dans la même ligne, il a fortement souligné que l’absence de Dieu et son refus étaient à l’origine « d’une cruauté et d’une violence sans mesure ». On pouvait, même si ce n’était pas explicitement évoqué, se rappeler que les totalitarismes criminels du ving-tième siècle étaient précisément fondés sur le refus de Dieu. Mais le « drame de l’humanisme athée » peut prolonger ses conséquences au-delà du nazisme et du communisme en suscitant une contre-religion « silencieuse, donc plus dangereuse » définie par « l’adoration de l’argent, de l’avoir et du pouvoir » où la violence se trouve normalisée.

Enfin, innovation de cette rencontre, la présence d’agnostiques, désireux de s’insérer dans cette dynamique de la rencontre respectueuse. Julia Kristeva, par exemple, a voulu explicitement signifier le passage d’une philosophie du soupçon à une démarche du défi. Benoît XVI ne pouvait que reconnaître dans cette intention un signe positif, dans une nouvelle étape de la confron-tation entre foi et raison. Car si « l’ab-sence de Dieu conduit à la déchéance de l’homme et de l’humanisme », il conviendrait sans doute que pensée théologique et humanisme sérieux coo-pèrent pour construire une planète où la liberté intérieure garantira l’expression supérieure de la quête de la vérité. n

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PAKISTANLe sort d'Asia Bibi, cette mère de famille chrétienne condamnée à mort en 2010 pour un prétendu blasphème, a fait, le 27 octobre, l'objet d'une ques tion orale au Parlement français de la part du député Claude Leteurtre, (Nou veau Centre) à l'intention du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé. Cepen dant, la veille, au Pakistan, Paul Bhatti, conseiller spécial du Premier ministre pakistanais pour les affaires des minorités religieuses, avait fait cette déclaration : « Je lance un appel aux moyens de communication afin que, à partir de maintenant, ils cessent de publier des nouvelles relatives au cas d’Asia Bibi. Cela est nécessaire, non pour cacher la vérité ou faire taire les organes d’information, mais afin d’agir réellement en faveur du salut de la jeune femme, loin des projecteurs et de l’attention des groupes fondamentalistes. Je m’adresse à la conscience et à la responsabilité de tous. » Paul Bhatti est le frère de Shabhaz Bhatti, ministre des Minorités religieuses assassiné le 2 mars 2011 après s'être pro­noncé pour une modification de la loi sur le blasphème.Une autre victime chrétienne de cette loi demande la liberté sous caution, mettant ainsi sa vie en danger. Il s'agit de Ruqqiya Bibi, condamnée en 2010 par le tribunal de Kasur (Punjab) à 25 ans de réclusion avec son mari, Munir Masih pour avoir « profané le Coran en le touchant avec des mains non lavées ».

EUTHANASIEDepuis 2008, l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, qui revendique la légalisation de l’euthanasie, réclame que la journée du 2 novembre devienne une « Journée mondiale de l'euthanasie ». Or, c’est un jour à réserver à la vie intime des familles endeuillées, un jour de trêve à préserver de toute exploitation idéologique et politique.Une étape de plus dans cette tentative de récupération de la journée des dé funts a été franchie avec une affiche montrant les barreaux d'un lit d'hôpital pour singer la prison. C'est indigne : on joue sur

l’émotion que suscite la maladie de façon anxiogène ; on culpabilise les proches. Faut­il rappeler que les barreaux d’un lit visent à protéger le patient d’une chute ? Quant au slogan qui accompagne l’image (« Certains condamnés n’ont toujours pas le droit de voir leur peine écourtée »), faut­il entendre que la peine de mort serait préférable à une autre peine ? Car, comme l’a encore souligné Robert Badinter, légaliser l’euthanasie, ce serait en réalité risquer cet arbitraire. Cette menace s’est précisée avec l’af faire Bonnemaison : c’est bien pour « écourter » la vie de ses patients qu’un médecin s’est permis de leur administrer du curare.Heureusement, grâce aux soins palliatifs, il doit toujours rester possible de prendre soin d’une personne et de la soulager sans porter at teinte à sa vie, sans voler à personne ses derniers instants. Accompagnés de façon ajustée, ces moments ont, bien souvent, beaucoup plus de sens qu’on ne l’aurait imaginé. C’est l’expérience que nous recueillons souvent dans nos services d’écoute SOS fin de vie. TugdualDERVILLE

SPECTACLESMgr Bernard Podvin, porte­parole des évêques de France appor te les précisions suivantes : « L'Église catholique en France condamne les violences perpétrées lors de récents spectacles. Elle n'est pas organisatrice de la manifestation du 29 octobre place des Pyramides à Paris. Elle promeut le dialogue entre la culture et la foi. Elle réagit quand c'est nécessaire, avec détermination, et toujours par moyens pacifiques.En l'occurrence, la Conférence des évêques de France a communiqué spécifi quement sur Golgota Picnic, après consul tation de source sûre. Elle appelle à une liberté d'expression respectueuse du sacré. Elle appelle à un échange avec les élus, concernant cet enjeu. L'Église catholique en France n'est ni intégriste ni obscurantiste. Les catholiques aspirent, comme citoyens, à être respectés dans ce qui est le cœur de leur foi. » (25/10/2011)

Week-enddelamort?

Lelong week-enddelaToussaintdelasemainedernièreadonnélieuàlaradiocommeà latélévisionauxapproximationshabituelles. Ilestvraiquemêmedeschrétiensignorentenpratiquequ'ils fêtentalorsdeuxchosesdifférentes.Lapremière fête,

1ernovembre,estcellede«touslessaints».C’estunefêtejoyeusequinouspermetdeméditerledogmedelacommuniondessaints,quinousmetenrelationavecl’ÉgliseduCiel. Et le lendemain,2novembre, c’est la fêtedesdéfunts.Unecélébrationplusmé-lancoliqueoùnousnousremémoronslesêtreschersdisparusetpourlesquels,nouslesencore-vivantsetcroyants,avonsledroitetledevoirdeprierpourleursalutéternel.Leseuljourofficiellementfériéétantle1ernovembre,c’estengénéralcejour-làqueceuxquimaintiennentlatraditionvontfleurir«leurs»tombes,aurisquedoncdebrouillerlasignificationdesdeuxfêtessuccessives.Pourcompliquernotreperceptiondecesdeuxjours,ilfaudraitrappelerquelafêtedesdéfuntsadesoriginespaïennesincontestablesquelatentativecommercialed’implanterHalloweenenFrancearemisesenlumière(en-finsil’onpeutdire).Leschrétienssont-ilscapablesderechristianiser lafêtedesdéfunts,de laréenchanter,sanslaisserbrouillerlemessageparlescommerçants,voireparlespartisansdel’eutha-nasiequiontdécidédeprofanercejourenenfaisantune«Journéemondialedel’eu-thanasie»heureusementassezpeumédiatisée.Etpuisilyaencore,pourassombrirceweek-end,l’hécatombequifaittropsouventlesouverturesdujournaltélévisédu3 oudu4novembrequandtombentlesstatistiquesdesmortssurcesroutesdelaToussaint…

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La parabole des dix vierges nous entraîne dans deux directions, apparemment divergentes. La conclusion insiste sur la vigilance : « Veillez donc, car vous ne savez ni

le jour ni l’heure. » Pourtant ce n’est pas ce qui ressort de l’histoire qu’on vient de nous raconter, puisque toutes les jeunes filles, sages ou imprévoyantes, se sont endormies, aucune n’a « veil­lé ». La supériorité des « vierges sages » sur les « vierges folles » tient plutôt à leur prévoyance. Elles ont une réserve d’huile, qu’elles ont apportée avec elles.

Commençons par ce dernier aspect. Comment comprendre cette huile gardée en réserve ? L’huile, chacun le sait, est le produit précieux de l’olivier. L’extraction de l’huile suppose d’abord qu’on ait écrasé les olives, après leur avoir retiré leur noyau, pour en exprimer le jus, qui est ensuite filtré et traité. C’est un travail long, qui suppose une grande quantité d’olives pour arriver à une petite mesure d’huile.

Le sens que Jésus donne à cette réserve de combustible est certainement l’acquis de notre prière et de tous nos actes de détachement faits « pour » lui (cf. Marc 10,29). C’est là l’épargne peu

à peu accumulée, qui, le moment venu, permettra de faire face et d’allumer tout de suite sa lampe, c'est­à­dire de répondre présent au moment où il s’agira de rendre compte de sa vie en présence du Seigneur qui vient.

C’est pourquoi elle ne peut être partagée : elle est rigoureusement personnelle. En refusant leur huile aux insensées, les prévoyantes leur révèlent seulement que nul ne peut répondre à la place d’un autre quand il s’agit de cet acquis vital qui s’opère au long d’une vie. En les renvoyant vers les marchands, elles leur jouent par contre un bien méchant tour, car l’huile dont il s’agit, étant la lente distillation des actes intérieurs peu à peu posés au plus intime de l’âme, ne saurait s’acquérir à prix d’argent. C’est toujours une illusion de croire qu’on peut faire l’économie du temps et se procurer d’un coup ce qu’on n’a pas mis de côté par une discipline de vie.

Quand on n’a dit que cela, on n’a pourtant repéré qu’une partie de la leçon de la parabole. Car Jésus nous a quand même habitués dans d’autres contextes à croire à la conversion tou­jours possible. L’épisode du Bon Larron est là pour nous prouver que le salut

n’est pas réservé aux gens vertueux et que, d’un coup, à la dernière minute, un acte de foi peut rattraper une vie de désordres. C’est là que l’autre conclusion de la parabole nous rejoint : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. » L’essentiel est d’être éveillé et prêt à saisir la main que le Seigneur nous tend, fût­ce à la dernière minute. Nos acquisitions sont au fond peu de choses et si par malheur nous croyons pouvoir nous appuyer sur nos mérites, il y a bien des chances que nous passions à côté de l’appel imprévu du Seigneur.

Alors, que penser ? Le paradoxe est celui de la vie chrétienne. Prévoyance et vigilance vont de pair. Il n’y a pas une minute à perdre. Tout ce que nous pouvons faire aujourd’hui, même des actes minuscules d’offrande et de prière, compte. Pourtant nous aurions bien tort de nous appuyer sur cet acquis qui doit au contraire être sans cesse revivifié par le sentiment de notre insuffisance devant Dieu.

Au fond le véritable acquis, c’est peut­être cela même : le lent appren tis­sage de nous en remettre plus complè­tement à Dieu. Soyons éveillés ! n

Dimanche 6 novembrePremière Lecture : Sagesse 6.12-16Psaume 63.2-8Deuxième Lecture : 1 Thessaloniciens 4.13-18Évangile : Matthieu 25.1-13.

Lectures

16 FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011

32e semaine ordinaireSemaine de la « liberté retrouvée »(Cf. collecte)

par le Père Michel Gitton

25. 1 “Voyez ce qui se passera alors dans le Royaume des Cieux. Dix jeunes filles ont pris leurs lampes et sont parties à la rencontre du marié. 2 Cinq d’entre elles sont des étourdies, mais les cinq autres savent prévoir. 3 Les étourdies ont pris leurs lampes, mais n’ont pas emporté d’huile en plus, 4 tandis que les prévoyantes ont pris en même temps que leurs lampes une réserve d’huile.5 Mais voici que le marié se fait attendre ; toutes les filles tombent de sommeil et bientôt elles s’endorment.6 Au milieu de la nuit on entend un cri : ‘Voici le marié, sortez pour le recevoir !’ 7 Toutes aussitôt se réveillent et préparent leurs lampes. 8 Les étourdies disent alors aux prévoyantes : ‘Donnez-nous de votre huile, car nos lampes sont près de s’éteindre.’ 9 Mais les prévoyantes répondent : ‘Il n’y en aurait sûrement pas assez pour nous et pour vous. Allez trouver ceux qui en vendent et achetez-en pour vous.’10 Les voilà donc parties pour en acheter, et c’est alors que le marié arrive. Celles qui sont prêtes à le recevoir entrent avec lui pour les noces, et on referme la porte.11 Plus tard arrivent aussi les autres : ‘Seigneur, Seigneur, disent-elles, ouvre-nous !’ 12 Mais lui répond : ‘En vérité, je vous le dis, je ne vous connais pas !’13 Restez donc éveillés car vous ne savez ni le jour ni l’heure.”

32e dimanche ordinaire(année a)

par le Père Michel Gitton

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Les viergessages XXXIIe dimanche [6 novembre]1. Jésus qui se révèle à celui qui le cherche (lecture du livre de la Sagesse).➤ Adorons la Sagesse incarnée présente sur nos places.Point spi : ne cherchons pas Dieu ailleurs que là où il a voulu venir, dans l’église et dans notre cœur.2. Jésus qui ne nous laissera pas prisonniers de la mort (lecture de la première lettre de saint Paul aux Thessaloniciens).➤ Adorons le Seigneur de gloire qui nous entraînera avec lui.

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FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011 17

32e semaine ordinairePoint spi : ayons le souci de ceux qui sont partis, ne les oublions pas dans notre prière.3. Jésus qui veut nous voir avec nos lampes allumées, tout tendus vers son retour (lecture de l’évangile selon saint Matthieu).➤ Adorons l’époux qui vient.Point spi : faisons des réserves, mettons de côté jour après jour offrandes et sacrifices.

Lundi [7 novembre] : Le scandale des faibles - le pardon jusqu’à 7 fois - la foi à déraciner les montagnes (Luc 17, 1-6)1. Jésus qui n’innocente pas le mal que nous pouvons commettre, qui en voit les conséquences sur les plus faibles, qui ose parler de l’irréversible.➤ Adorons le juste Juge qui ne se laisse pas acheter, qui ne favorise pas ses fidèles.Point spi : évitons de nous poser en « esprits forts » qui n’ont pas peur de choquer.2. Jésus qui voit toute l’amplitude du pardon, qui ose nous proposer 70 x 7 occasions de lâcher prise.➤ Adorons Celui qui ne cesse de pardonner, qui verse sur nos fautes un pardon surabondant.Point spi : Le pardon, ce n’est pas de dire : « on n’en parle plus », c’est de verser son sang, chaque jour.3. Jésus qui requiert une foi totale, sans restriction, qui nous demande de le suivre dans la confiance aveugle.➤ Adorons le Maître de l’impossible, celui qui peut dire « Tout pouvoir m’a été remis au ciel et sur terre. »Point spi : Répondons sans tarder à la question de confiance qu’il nous pose.

Mardi [8 novembre] : Le Maîtrequi revient (Luc 17, 7-10)1. Jésus notre professeur en sainteté, qui affine la leçon, qui nous fait faire des exercices.➤ Adorons le Maître exigeant qui ne veut pas nous élever dans le coton.Point spi : Redisons-nous que nous avons tout à apprendre, tout.2. Jésus notre modèle de détachement, qui n’a rien demandé d’autre pour lui que l’honneur de servir.➤ Adorons le Serviteur de Dieu, tout aux ordres du Père.

Point spi : Décapons notre service de tout intéressement sordide.3. Jésus qui apprécie tant le don discret, l’offrande cachée et qui sait en récompenser à sa façon.➤ Adorons l’Ami exigeant qui sait voir le moindre de nos efforts.Point spi : sachons proposer aux autres la joie de servir.

Mercredi [9 novembre] : Dédicace du Saint-Sauveur (alias Saint-Jean de Latran) (Jean 2, 13-22)1. Jésus qui a voulu une église visible, qui l’a établie au milieu de la grande cité païenne, qui la maintient et qui la protège.➤ Adorons le Maître d’œuvre, qui pré­side à la construction, choisit le terrain et arrête les plans.Point spi : apportons notre concours géné–reusement à la construction de l’église.2. Jésus qui l’a bâtie plus avec des cœurs humains qu’avec des pierres, Jésus qui forme l’édifice en réunissant des âmes avant tout.➤ Adorons Celui qui est le roi et le centre de tous les cœurs, soleil autour duquel tout gravite.Point spi : Préférons toujours ce qui nous met en relation avec nos frères.3. Jésus qui la laisse en perpétuel chantier pour qu’elle attende le jour et l’heure.➤ Adorons le Maître parti en voyage et qui reviendra à l’heure où on ne l’attend pas.Point spi : n’idolâtrons pas les réalisa–tions terrestres, ne nous laissons pas prendre au désir d’efficacité à tout prix, même pour la bonne cause.

Jeudi [10 novembre] : La venuedu Règne (Luc 17, 20-25)1. Le Règne de Dieu « en nous ». Jésus qui veut établir son règne dans nos cœurs, présence cachée en nos vies.➤ Adorons Celui qui veut habiter nos cœurs.Point spi : Cultivons l’intériorité, ne nous laissons pas fasciner par l’extérieur.2. Le Règne de Dieu devant nous. Jésus qui nous laisse entrevoir le Jour, le monde radieux et pacifié après la tempête.➤ Adorons le Veilleur qui nous parle du jour qui vient et qu’il est seul à voir.Point spi : ne nous laissons pas débouter de notre espérance.3. Le Règne de Dieu caché, indiscernable. Jésus qui passe incognito dans ce monde qui l’a rejeté.

➤ Adorons le Visiteur déguisé en men–diant.Point spi : accrochons-nous à notre trésor : la trace de Jésus dans notre vie.

Vendredi [11 novembre] : La venue du Règne (suite) (Luc 17, 26-37)+ Saint Martin1. Jésus qui nous fait sentir ce que peut être la soudaineté de l’Heure, ce moment décidé par le Père pour changer la face du monde.➤ Adorons le Fils tout remis à l’initiative du Père.Point spi : ne bâtissons pas de plans au-delà de ce qui nous est donné, ne nous soucions pas de ce qui est hors de notre portée.2. Jésus qui nous prépare à l’Heure par le dépouillement volontaire, la prière et la légèreté.➤ Adorons le Fils qui n’a pas de pierre pour reposer sa tête et qui nous entraîne dans sa pauvreté.Point spi : Demandons la grâce de vraiment pouvoir nous dépouiller de ce qui nous encombre.3. Jésus qui habitue à la confiance, à voir dans notre vie la conduite du Père.➤ Adorons le Fils de qui émane une telle confiance.Point spi : aidons nos contemporains à sortir de l’angoisse du lendemain.

Samedi [12 novembre] : Le juge inique et la pauvre veuve(Luc 18, 1-8)1. Jésus qui se confie à son église, que le monde croit veuve et sans enfants, et qui compte sur sa prière constante et fidèle.➤ Adorons l’époux parti en voyage, mais qui se fie à la solidité de son épouse.Point spi : soyons une des voix qui, de par le monde, exprime cette fidélité.2. Jésus qui se confie à son Père, qu’il sait bien loin d’être un juge sans justice, même si le monde le voit ainsi.➤ Adorons le Fils tout abandonné au Père, jusque sur la Croix où il éprouve douloureusement son silence.Point spi : Refusons les images indignes de Dieu, n’acceptons pas de le voir comme un maître dur.3. Jésus qui se confie à nous pour garder la foi dans un monde qui l’a perdue.➤ Adorons l’Ami qui nous confie le dépôt de la foi.Point spi : ne nous excusons pas de nos abandons en voyant la défection des autres. n

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18 FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011

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FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011 19

Extrait de la

nouvelle BD de

Brunor, Le hasard

n'écrit pas de

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C'est en visitant Le Balloir à Liège en Belgique, ancien établissement pour jeunes f illes en situation dif f i-cile reconverti en résidence

intergénérationnelle, que Jean-Michel Stecowiat, directeur général du bailleur social Pas-de-Calais Habitat a eu l’idée de dupliquer cette inno-vation. Cet exemple va infléchir la reconversion de l’îlot Bon Secours, une ancienne clinique. Il ne s'agit pas que d'une question de logements. Il faut tisser des liens entre personnes âgées, familles avec enfants, adultes jeunes et — pourquoi pas ? — trisomiques…

« L'idée, c'est de recréer un vil-lage, un lieu de vie où chacun a sa place, même le plus fragile, explique Emmanuel Laloux, président de l'as-sociation Down up et père d’Éléonore Laloux, partie prenante du projet, qui regroupe des familles d'enfants triso-miques. Nos enfants adultes peuvent vivre et travailler dans la société, à condition qu'on leur fasse une place. D'un point de vue économique, c'est plus rentable pour la collectivité que de les assister. »

Pas-de-Calais Habitat n'a pas hésité à investir. L'Îlot Bon Secours est son projet phare. Le bailleur social a consacré 17 millions d’euros pour réhabiliter les bâtiments en une rési-dence de 71 logements.

Pour l'extérieur, le bailleur s'est soumis aux exigences de l'architecte des Bâtiments de France. À l'intérieur, tout a changé. Les premiers loca-taires sont arrivés en décembre 2010. 43 des 71 logements sont réservés à l'intergénérationnel, les deux tiers des tinés à des personnes âgées, le reste à des couples avec enfants. L'Îlot héberge également une crèche d'en-treprises.

Dix logements sont réservés à des adultes handicapés grâce à un par-tenariat avec l'association Down Up. Ils permettront à douze personnes d'accéder à l'autonomie, grâce à un logement adapté, à une cuisine ergo-nomique. L'association, installée dans la résidence, est une aide précieuse à proximité.

Pour que toutes ces personnes ne restent pas isolées, l'accent est mis sur les espaces de vie en com-mun. En bas de la résidence se trouve le kiosque : dépôt de pain, relais colis, lombricompost, repassage… il est tenu par l'association Down up et deviendra par la suite une SCIC.

L'ancienne chapelle deviendra espace culturel, lieu d'expo-sitions.

Au rez-de-chaus-sée, une salle de vie donne sur le futur jardin suspendu.

Doivent aus s i s'installer des com-merces , cabinets médicaux, paramé-dicaux, et entre-pr ises , dans le s

espaces de surfaces commerciales.Plus qu'un Îlot, c'est un nouveau

quartier qui s'ouvre.L’association Down Up (qui fait

partie des associations qui soutien-nent le Collectif des Amis d’Éléonore*) est l’aboutissement d’années de ré flexion, de démarches et de volonté opiniâtre pour voir s’appliquer et évo-luer les textes officiels reconnaissant les droits de la Personne en situa-tion de handicap. Le principal objectif de l’association est l’intégration en milieu ordinaire. Pour y parvenir, elle sensibilise, fédère les énergies et les compétences indispensables à l’ac-compagnement de la personne inté-grée. L’association est animée par des personnes indépendantes et convain-cues de la nécessité de la prise en charge précoce de l’enfant, d’une scolarisation en milieu ordinaire, d’un droit au travail en milieu ordinaire ou protégé, d’une vie sociale dans un environnement partagé et ouvert. n

SOCIAL

20 FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011

Une résidence intergénéra-tionnelle propose aussi des logements pour personnes trisomiques.

ARRAS

par Albert-Alexis GALLAND

L'aboutissement d'années de réflexion, de démarches et de volonté opiniâtre(

Collectif mis en place à l'occasion de la dernière révision des lois de bioé-thique et qui a mis en vedette cette jeune fille trisomique de 25 ans, qui travaille pour la Générale de Santé à Arras, et respire le bonheur de vivre.

L'îlot Bon Secours

Le 10 octobre dernier, Jean-Paul Delevoye, président du Conseil économique et social inaugurait l'îlot Bon Secours rénové à Arras.

D.R.

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Une exposition itinérante, réa-lisée par le photographe Bernard Sidler*, est consa-crée à onze enfants de Votre École Chez Vous (VECV). Les

professeurs de cette école itinérante, tous diplômés d’État, se rendent au domicile de leurs élèves. Dans la seule région parisienne, cet établissement scolarise 180 élèves en primaire, col-lège, lycée. VECV n’a qu’un souhait : recevoir d’autres enfants et donner à d’autres l’idée de créer des structures similaires au sein de l’Hexagone.

L’exposition Onze et tant d’autres ! montre ces enfants et leurs profes-seurs pendant les cours, et durant des activités extra-scolaires. Les photos sont accompagnées de textes qui per-mettent de mieux comprendre la vie quotidienne de ces enfants ainsi que le mode de fonctionnement de Votre École Chez Vous. Cette structure est totalement gratuite pour les familles bénéficiaires. Une grande partie des professeurs est rémunérée par l’Édu-cation nationale. Seul le paiement de l’enseignement technique est assuré par l’association.

L’établissement existe depuis près de cinquante ans et a permis à des milliers d’enfants d’avoir accès à ce droit essentiel qu’est l’éducation. Cette structure les débarrasse de leur isolement et donne la possibilité à

nombre d’entre eux de réintégrer un parcours « normal ». Dans le pire des cas, celui où ils meurent de leur mala-die, ils ont au moins été sortis, pour un temps, de leur enfermement. n

Aujourd’hui, en France, 5 000 enfants sont privés de scolarité en raison d’un handicap. Des milliers d’autres le sont à cause de leur maladie ou d’un accident.

PARIS

par Valérie RAULIN

Cette structure est totalement gratuite pour les familles bénéficiaires )

L'exposition « Onze et tant d'autres ! » est à la mairie du IIe arrondissement

à Paris jusqu'au 10 novembre, puis à celle du XIIe arrondissement

du 16 au 30 novembre. La suite sur www.vecvexpo.org

Onze et tant d'autres !

FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011 21

* Bernard Sidler est né à Nice en 1963. Grand reporter, il a photographié les pires événements au Liban, en Co-lombie, en Irak, au Cambodge, aux Comores, au Rwanda, en ex-Yougoslavie... Co-fondateur du comité photo du Carroussel du Louvre, il organisa notamment une belle exposition sous la pyramide du Louvre sur les coptes.

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PHILOSOPHIE

22 FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011

Jacques maritain avait été socia-liste dans sa jeunesse et je pense qu’il avait conservé une certaine nostalgie pour ce socia-lisme de jeunesse ; ou plus exac-

tement il était revenu à une certaine tendresse à son égard : car l’arrache-ment consenti, à l’époque où il « chan-gea de fin dernière », ne fut pas moins violent que celui qui l’éloigna ensuite de Bergson ; sans doute même fut-il plus radical et on ne pourrait com-prendre autrement qu’il se soit laissé, non pas entraîner, mais orienter dans la direction de ce qu’on peut caracté-riser comme « les années de  la  Revue Universelle » et qu’il a dénommé lui-même une sorte « d’entente  cordiale » avec les gens de droite. C’est l’époque de sa vie qui est actuellement la plus mal jugée, parce que presque tout le monde la juge dans l’optique des pré-conceptions d’aujourd’hui, ce qui est simplement absurde.

Mais il est certain qu’il n’était pas « chez lui » dans la mouvance des gens de droite, sans toutefois avoir à

leur égard les réactions viscérales et manichéennes si fréquentes en France depuis le 6 février, le Front Populaire et la puissante montée anti-fasciste. Il était au contraire « chez lui » dans ce qu’il a défini  l’exister-avec-le-peuple, éprouvé aussi par un certain nombre de gens considérés comme de droite, qui en effet votent à droite, mais sui-vant la terminologie de J. Maritain sont peut-être des « tempéraments de  gauche ». L’analyse de la Lettre sur  l’indépendance  n’a pas été faite pour expliquer, encore moins justifier, sa propre situation ; mais elle a sans doute été faite à la lumière de son propre éthos et de sa propre expé-rience.

Je dirais qu’il s’est passé pour lui, en politique, quelque chose d’analogue à ce qui se passait à la même époque dans sa conscience au sujet des choses de l’art(1). Le  « changement  de fin  dernière » n’était nullement remis en question ; mais l’itinéraire accom-pli permettait de comprendre dans une lumière plus juste (au sens moral

comme au sens logique ou musical) les dispositions des années anciennes. C’est en ce sens que j’ai dit tout à l’heure que J. Maritain avait recom-mencé à regarder avec tendresse vers le socialisme de son adolescence. En core faut-il savoir de quel socia-lisme il s’agissait.

C’était un socialisme passablement utopique, au sens où le marxisme s’en est désolidarisé par ses préten-tions « scientifiques » ; un socialisme où toutefois étaient incorporés cer-tains ferments de marxisme, car on dépend toujours de son frère ennemi, surtout quand il a fait de meilleures études et fût-il le cadet ; enfin, c’était un socialisme ouvriériste et sans rien d’aristocratisant (pas du tout le genre 16e arrondissement de mai 68) : J. Maritain n’est jamais « allé au peuple », il raconte même dans une lettre à Massis qu’il est allé « chahu-ter » une Université Populaire en ces temps anciens (vers 1900). Comme le montre sa première lettre à Péguy, son socialisme est un peu celui de la « Cité harmonieuse », avec un jaurésisme plus consistant, peut-être bien dû à une exigence de « réalisme politique » dont je ne suis pas sûr que Péguy ait été pourvu. (C’était un « réalisme » à l’état naissant, à l’état de presque pure exigence, qui ne devait dévelop-per ses implications rationnelles que bien plus tard).

J. Maritain a parlé, dans Huma-nisme  intégral, avec un certain res-pect, du rôle des utopies en politique ; il a souligné l’importance de ce rôle à l’époque même où il estimait avoir justement autre chose à proposer qu’une utopie, un « idéal historique concret ». Il n’a pas eu honte du socia-lisme utopique de sa jeunesse ; je crois même qu’il a gardé une certaine

cOntrOvErSE

Il n'a pas eu honte du socialisme utopique de sa jeunesse(

Dans le numéro 3278 du 21 octobre 2011 de « France  catholique », Yves Floucat a publié un article intitulé « L’adolescence de Jacques Maritain », en réaction à celui de Florian Michel « Jacques Maritain jaurésien ? » dans les « cahiers J. Maritain » n°62 (juillet-août 2011). Nous avons pensé que le texte inédit d’Henry Bars (1911-1991), spécialiste reconnu et auteur de Maritain en notre temps – dont la réédition est programmée pour 2012 par D.D.B. –, de La Politique selon J. Maritain et de nombreux articles, s’inscrit naturellement dans ce débat.

Sylvain Guéna*

Jacques Maritain et le socialisme

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affection pour lui et c’est ce qui lui a permis d’avoir une certaine sympathie pour les jeunes gens de Mai, – sym-pathie que pour mon compte j’étais incapable de partager mais que je puis dans une certaine mesure com-prendre, à distance.

Les circonstances historiques au raient permis à J. Maritain de reve-nir au socialisme, à un certain socia-lisme. S’il n’en a rien fait, c’est pro-bablement pour de bonnes raisons. L’une d’elles est à mon avis que le socialisme contemporain lui est appa-ru comme grevé d’une sorte de karma de plus en plus lourd, celui qui venait du marxisme : on peut dire que si le socialisme a politiquement « réussi » le marxisme y est pour beaucoup ; il lui a en effet fourni la charpente idéologique dont le socialisme uto-pique manquait. Or Maritain n’a pas cessé d’approfondir le mensonge et l’exigence du mensonge qui est à la source de l’idéologie marxiste(2). Et sa pensée politique à lui-même était lestée d’une rationalité vigoureuse, l’inspiration de cette rationalité étant radicalement opposée à la « scien-tificité » marxiste. Les socialistes non communistes sont souvent des hommes fort intelligents, cela ne les empêche pas d’être fort légers : ils ne se rendent pas compte à quel point leur adversaire, l’ « autre » qu’ils rêvent de supplanter sur son propre terrain, habite leur propre pensée.

On pourrait conjecturer d’autres motifs de ne pas reprendre l’étiquette : par exemple le sectarisme partisan d’un socialisme voué à l’opposition. J. Maritain n’a jamais été membre d’un parti quelconque et a même déclaré à l’occasion qu’il était opposé à tous ceux qui existaient autour de lui. Mais il n’était pas systématiquement anti-

parti, bien au contraire. Toutefois, ce qui lui eût été le plus désagréable, c’eût été à mon sens d’être rangé dans une famille politique du style que j’ai sommairement caractérisé. Il ne risquait pas d’être considéré comme communiste, ni comme conservateur. C’est précisément parce qu’il avait été socialiste dans sa jeunesse, et peut-être en raison d’affinités partielles durables avec cette famille politique (considérée en dehors des groupes appelés par le système représenta-tif), qu’il semble avoir soigneusement évité de lui donner le moindre gage : son indépendance de philosophe était en jeu et l’expérience faite de l’autre côté au début des années vingt avait

laissé des cicatrices inguérissables. Le fait qu’après Le  Paysan (3) des publi-cistes de gauche l’eussent traité de maurrassien relaps suffisait à rendre évident qu’en France il est terrible-ment difficile de rester politiquement soi-même et d’entendre « garder sa raison » (Lettre sur l’Indépendance).

FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011 23

par Henry BARS

(1) Voir Art  et  Scolastique, Desclée de Brouwer, 3e édition, p. 60 et note de 1935.

(2) La  philosophie  morale, Gallimard, N.R.F., chapitre X.

(3) Le  Paysan  de  la  Garonne, Desclée de Brouwer, 1966. L’ouvrage a été réé-dité sous le titre Le Feu Nouveau, Ad Solem, 2007, avec une préface et un dossier critique de Michel Fourcade.

J. Maritain àBagnoles-de-l'Orne en 1932.

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Jacques Maritain et le socialisme

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Mais il a lui-même fourni, avec toute la clarté désirable, la façon la plus sûre d’expliquer son absten-tion (Humanisme  intégral, pp. 98/99, 66/67). J’ai moi-même commenté ces textes autrefois(4). Il avait lu ces pages avant leur impression et je ne me sou-viens pas qu’il les ait discutées dans la très longue lettre qu’il m’écrivit alors. rien d’ailleurs n’est plus éclai-rant que l’histoire de ses rapports avec Mounier(5).

J. Maritain n’est pas revenu au socialisme. Il est revenu à ce qui, dans le socialisme, gardait une valeur durable et indemne d’ambiguïté : le thème démocratique (lequel en 1939 faisait précisément froncer les sourcils à Mounier). Il y est revenu graduel-lement, par courage et loyauté : le « démocratisme » est en effet quelque chose de fort mêlé. On pourrait dire, par exemple, que le « démocratisme » n’aime pas la métaphysique, – ce qui ne signifie en aucune manière que le « peuple » soit antimétaphysique. Les jeunes bourgeois qui « pardonnè-rent » à J. Maritain sa métaphysique après la  Lettre  sur  l’indépendance  et Humanisme  intégral ne la connais-saient évidemment pas ; simplement ils n’avaient aucun goût pour quelque métaphysique que ce fût. Le malen-tendu entre Maritain et la démocra-tie chrétienne était en germe dans cette manière de résoudre simplement une réalité complexe. Les ethnologues commencent à nous faire comprendre que les zones métaphysiques de la psyché humaine sont les plus « primi-tives », les plus difficiles à atteindre. Ce qui m’aide à comprendre l’usage systématiquement péjoratif du terme de « bourgeois » par J. Maritain, c’est la tentative d’exploitation de sa doc-trine politique par des gens privés de tout sens métaphysique et incons-cients de leur privation. Nous sommes aujourd’hui mis en tutelle par une néo-bourgeoisie intellectuelle qui fait l’Opinion. En France elle est anti-Maritain ; ailleurs elle est pro-, mais cela revient au même.

Le démocratisme est une chose, la démocratie en est une autre. Son

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Henry Bars et le « socialisme » de Maritainpar Yves Floucat*

Ce texte de l’abbé Henry Bars, ami et grand spécialiste de Jacques Maritain, est fort intéressant, et il me paraît en grande partie pertinent quant à la destinée poli-tique du philosophe Maritain. On ne s’arrache pas si facilement aux engagements

« révolutionnaires » – surtout confus – de sa jeunesse… Maritain s’y arrachait d’autant moins aisément que, ainsi que l’explique très bien Bars dans le présent texte comme dans son introduction aux Œuvres choisies (DDB, 1975), sa conversion au christianisme, en entraînant un radical « changement de fin dernière » qui bouleversait ses « convic-tions ‘socialistes’ », ouvrait sur une réinterprétation globale dans une lumière philoso-phique nouvelle. Celle-ci fut pour Maritain, on le sait, la philosophie de saint Thomas d’Aquin. Ce que ne précise pas ici Bars, c’est que la conversion du philosophe s’était faite dans la mouvance d’un christianisme intransigeant qui situait (et a situé jusqu’à la fin) son anticapitalisme foncier dans une tout autre perspective que celle de la social-démocratie jaurésiste ou, a fortiori, de l’anarcho-syndicalisme de sa jeunesse. Ainsi , dans Humanisme intégral (1936), Maritain trace les voies originales d’une « forme collective de propriété » : elle est centrée sur la « copropriété des moyens de travail » comme fondement de la possession d’un « titre de travail » qu’il compare au « titre de noblesse au temps ou une charge et une fonction effectives étaient signifiées par là ». Et il précise : « Voilà la vérité profondément humaine que la corporation médiévale avait comprise et qui doit reparaître sous des modes nouveaux (…) ; c’est elle que La Tour du Pin a redécouverte avec son idée de la ‘propriété du métier’ ». L’horizon était donc désormais celui du christianisme social issu des milieux roya-listes (René de La Tour du Pin, qui s’inspirait de Frédéric Le Play, avait même refusé le Ralliement à la Troisième République) et qui est à mettre en lien étroit avec l’élabo-ration de la Doctrine sociale de l’Église. Dans son dernier livre sur l’Église du christ (1970), le philosophe (théologien en l’occurrence) affirmera encore que, « si les hommes avaient compris toute la portée de la condamnation de l’usure par l’Église, il n’y aurait pas eu de régime capitaliste ni de société de consommation, ni tout ce qui s’ensuit ». Dès lors, si Maritain s’attribuait un « tempérament de gauche », il a toujours cherché, comme il l’écrit encore dans son dernier livre, les moyens d’un dépassement « du maté-rialisme capitaliste comme du totalitarisme communiste » qui ne fût en réalité ni de droite ni de gauche. Dans sa lettre sur l’indépendance (1935), n’écrivait-il pas déjà qu’il s’inspirait, dans son projet de transformation sociale, « de principes très différents des conceptions du monde et de la vie, de la famille et de la cité en honneur dans les divers partis de gauche : ces principes en effet (que certains hommes classés à droite, comme Albert de Mun ou La Tour du Pin, ont admirablement servis) ne sont (…) ni de droite ni de gauche, mais supérieurs, et fondés en Dieu » ? La forma mentis intransigeante qui inspire ces lignes demeure à mon avis, dans la « trajectoire » du Maritain politique, – et c’est ce que ne développe pas Henry Bars dans ces pages par ailleurs inspirées - plus déterminante que ses nostalgies de jeunesse. Elle explique, me semble-t-il, une « entente cordiale » avec l’Action Française dont Bars suggère judicieusement – mais n’explicite pas assez – la profondeur et la signification qui n’avaient rien de contre nature. Elle rend raison en outre de bien des aspects de ses échanges avec Mounier et de sa défiance maintenue vis-à-vis de la Démocratie chrétienne. n

* Collaborateur régulier de France catholique, auteur notamment de Maritain ou le catholicisme intégral et l'humanisme démocratique, éd. Pierre-Téqui, de Jacques Maritain ou la fidélité à l'Éternel, éd. Fac, ou de Julien Green et Jacques Maritain, éd. Pierre-Téqui…

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avantage sur le socialisme, du point de vue de J. Maritain, c’est, me semble-t-il, que si elle a des sources chrétiennes (cf. Christianisme  et  démocratie), elle est exempte de messianisme. Le socia-lisme est une doctrine totalisante (pas forcément totalitaire) qui enveloppe l’ensemble de l’existence humaine. La démocratie est un système poli-tique. Implique-t-elle la lutte sans merci contre ce que J. Maritain appelle « capitalisme » et l’avènement souhaité d’une « société sans classes » ? C’est ce que J. Maritain n’a jamais réussi à me rendre évident. Parfois j’en viens à me dire que le capitalisme ne s’identi-fie pas à l’économie de marché – que je ne crois pas surmontable ; mais le fait est que, d’après des témoignages dignes de foi, il tentait dans la dernière phase de sa vie d’élaborer le projet d’une société sans argent (c’était peut-être son côté « utopique », mâtiné d’humour et de sérieux…)(6) d’autre part, le fait qu’il ait donné (Réflexions sur  l’Amérique) la société américaine comme « au-delà du capitalisme et du socialisme » inclinerait à croire que la disparition des classes se ramenait pour lui à une mobilité maximale des conditions sociales. Toutefois le fait est que plusieurs de ses amis amé-ricains eux-mêmes semblent avoir considéré cette affirmation avec un certain scepticisme. n

Mardi 8 avril 1980.

* Sylvain Guéna, docteur ès lettres, auteur de Jacques  Maritain,  un  ami  du  peuple  juif, CLd, a écrit une thèse sur henry Bars ; il col-labore régulièrement aux Cahiers J.  Maritain et a publié, entre autres, deux articles dans France  Catho lique  sur « Maritain et les Juifs » (1er février 1991, n° 2292) et sur Franz Stock (10 septembre 1993, n° 2416).

(4) La  Politique  selon  Jacques  Maritain, Les Éditions Ouvrières, 1961, pp. 102 à 105.

(5) Maritain-Mounier Correspondance, D.D.B, 1973. Cet ouvrage, rassemblant une partie des lettres échangées entre les deux hommes, doit être réédité reprenant l’intégralité de celles-ci.

(6) En novembre 1982, dans le numéro 4-5 des Cahiers J. Maritain, intitulé « Le centenaire du philosophe », Henry Bars publia « Une société sans argent », pp. 67 à 78. Ce fut le dernier écrit de Jacques Maritain achevé la veille de sa mort.

FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011 25

BIOGraPHIE

Ce qu'il y a de bien avec les innom-brables essais sur Tintin, c'est que presqu'aucun n'est banal, tant ils sont mûris depuis l'enfance par des auteurs qui, comme chacun

de nous, ont grandi avec les héros de hergé.C'est particulièrement le cas avec Fran -

cis Bergeron, qui publie d'ailleurs certaines photos de famille prouvant qu'il est « hergé-maniaque » depuis l'âge de 5 ans au moins. Alors un hergé subjectif ? Sans doute : l'au teur, à qui l'on doit de nombreux livres pour enfants (sa série Clan des Bordesoule comporte 27 titres à ce jour), mais aussi des études historiques notamment sur la droite européenne, a-t-il un prisme parti-culier, comme d'ailleurs son éditeur dont la petite collection « Qui suis-je ? » comprend un Brasillach, un Céline, un Léon daudet et d'autres figures pas vraiment de gauche… (même si elle comprend également Trotski, Staline, david-Neel ou Marie-Madeleine). Mais on ne peut pas reprocher au bio-graphe une tentative d'annexion de son auteur préféré à une quelconque idéologie. Au contraire, se trouve-t-il particulière-ment bien placé, par sa culture politique, pour dire qu'hergé n'est en rien l'extrémiste — anticommuniste « primaire », colonialiste et raciste… — que certains, mûs plus par la jalousie que l'analyse sérieuse, dénoncèrent à cause des albums Tintin chez les Soviets ou Tintin au Congo…

Oui c'est vrai, Georges remi a eu comme confrère au journal qui lança Tintin, l'intrépide, et quelque peu vantard, reporter Léon degrelle, qui portait des culottes de golf et deviendra un authentique fasciste belge… Et puis, en 1944, Georges rémi passa une nuit en prison, la seule aventure de sa vie, parce qu'un comité d'épuration voulait en faire un « collabo » pour avoir continué de travailler durant l'occupation allemande…

Le père de Tintin n'oublia pas la leçon et n'en devint pas un extrémiste pour autant. Francis Bergeron montre comment le scou-tisme a fourni à remi sa structure mentale et morale, avec une aspiration à la pureté que son héros incarnera si parfaitement, même si lui-même n'était évidemment pas toujours aussi noble. d'ailleurs, il ne préten-dait pas s'identifier à son principal héros de papier et reconnaissait que, par exemple, le capitaine haddock, c'était lui, aussi…

devant ses premiers pas dans la vie d'adulte au scoutisme catholique et surtout à l'abbé Wallez, génial directeur du quoti-dien bruxellois Le Vingtième siècle, Georges remi avait cependant perdu la foi assez jeune, mais pas son idéal moral. En quinze courts chapitres, Francis Bergeron balaie tous les aspects de cette personnalité sage, peu fascinante, mais dont l'œuvre connut un succès planétaire. C'est l'occasion de s'interroger sur un certain « poli tiquement correct » avant la lettre qui poussa hergé à redessiner ses albums en éliminant tout ce qui pouvait choquer les différentes sen-sibilités du monde. Féru d'art moderne et de spiritualité orientale, le hergé de la fin devenait-il une sorte de snob progressiste ? Et serait-ce là la clef du mystère de la sta-ture internationale du petit reporter belge ? Tout est beaucoup plus compliqué et c'est la raison pour laquelle les éclaircissements de Francis Bergeron sont précieux. n

Georges Remi, le papa de Tintin, fut-il un extrémiste de droite, au moins dans sa jeunesse ? Une passionnante biographie fait litière de cette accusation récurrente.

Hergé et les idéologies

Francis Bergeron, Georges Remi dit Hergé, éditions Pardès, collection "Qui suis-je ?", 128 pages, 12 e.

par Frédéric AIMARd

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Économie

26 FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011

Trop peu évoquée dans la grande presse, l’œuvre de François Perroux (1903-1987) continue de susciter analyses et débats dans les

universités françaises et étrangères. Il importe que ce cadre soit élargi à un plus vaste public car la pensée perrouxienne peut apporter maintes réponses pratiques à la crise multi-dimensionnelle qui frappe l’Europe et les États-Unis. De fait, l’ampleur novatrice des travaux de François Perroux peut être mesurée grâce aux Actes des journées d’études qui lui ont été consacrées à l’Université catholique de Lyon (1).

Le thème retenu – humanisme et travail – nous rappelle que l’auteur de L’Économie du XXe siècle a toujours fondé sa recherche sur une spiritua-lité ouvrant sur une philosophie de l’homme et sur un engagement social. François Perroux refusait d’être dési-gné comme économiste catholique mais se définissait comme un catho-lique travaillant sur l’économie, la conviction religieuse n’empêchant pas la rigueur de l’intention scientifique appliquée à l’économie. Cette prise de position en rupture avec la neutralité dont se targue d’ordinaire le savant était en fait une manière directe d’en finir avec l’hypocrisie et la naïveté : toutes les théories économiques par-

tent de présupposés philosophiques et moraux ou procèdent de groupes sociaux qui ont des intérêts dans l’ac-tivité économique et financière.

L a philosophie de François Perroux était explicite. Henri Savall et Véronique Zardet disent à quel point l’économiste était proche d’un per-sonnalisme qui se fonde sur l’exis-tence de personnes libres et créa-trices, donc capables de produire et de faire de cette production « une activité libératoire et libératrice ».

Le souci primordial de la personne donne une indication majeure sur l’orientation de l’activité économique, qui ne saurait écraser l’homme, ni faire en sorte que l’homme soit un loup pour l’homme dans la lutte de classe absolutisée ou dans la pure logique de la concurrence. Les affron-tements ne sont pas niés, mais des apaisements et des dépassements sont possibles dès lors qu’un but est fixé à l’action individuelle et aux activités collectives organisées par le pouvoir politique dans une socié-té donnée. François Perroux s’ins-pire évidemment de Maurice Blondel lorsqu’il conçoit l’action comme l’ef-fet d’une insatisfaction que tente de combler la capacité d’agir. Et il reprend explicitement Jean Lacroix, pour qui la philosophie du travail doit être élargie à une pensée de l’action

et de la création dans la perspective d’un plein développement de l’homme.

Cette conviction philosophique, inspirée par le christianisme, comme le montre Emmanuel Gabellieri, conduit François Perroux à une cri-tique sévère des principales théories économiques et le pose en parfait hétérodoxe. Le modèle néoclas-sique — qu’on appelle ordinairement « libéral » — a le tort de décrire une concurrence pure et parfaite sur un marché qui annihile les agents économiques et exclut le concept et la réalité du Pouvoir. La pensée de Keynes reste arrimée à la pen-sée néoclassique, ignore les rapports de force et de domination et reste engoncée dans la conjoncture tout en se proclamant « théorie géné-rale ». Enfin, François Perroux récuse, chez Marx, la définition économique de la classe sociale et de la lutte de classes et lui oppose une dynamique des « luttes-concours » et une dia-lectique de la masse et de la mino-rité. Pour lui, « l’activité économique apparaît comme un processus inces-sant de création collective issu de trois systèmes en interaction : l’uni-vers des échanges marchands, celui des contraintes et celui du don » résument Henri Savall et Véronique Zardet.

L’humanisme de François Perroux n’est pas la pétition de principe vague et bienveillante qui orne les discours d’un « supplément d’âme ». C’est une philosophie de la personne et des collectivités humaines qui permet de concevoir une économie politique capable d’englober des activités (le don) et des acteurs (les personnes, les dirigeants politiques) qui sont exclues de la prétendue « science économique » et qui conditionnent

FRAnçoiS PeRRoUX

Le don n'est pas un geste qui se situerait en dehors de l'économie(

Des Actes d’un colloque consacré à François Perroux, il importe de retenir ce qui pourrait permettre, face à la crise, de poser les jalons d’une nouvelle politique économique orientée vers le « plein développement de l’homme ».

Humanisme et travail

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l’humble « intention scientifique » du chercheur.

Le don n’est pas un geste qui se situerait en dehors de l’économie. Au contraire, le don est « un procédé comme un autre d’aménagement éco-nomique des ressources en capital » : ce n’est pas seulement la pièce de monnaie jetée dans le chapeau du mendiant c’est l’aide collective et sans contrepartie au développement afin de lutter contre la misère. Telle est la proposition, radicale, que François Perroux explicite dans Le Pain et la Parole : « L’économie de l’homme humanisé commencera le jour où l’espèce ne laissera plus mourir ses pauvre. »

L e p r o f e s s e u r E m m a n u e l d’Hombres, qui explicite cette pro-blématique du don dans sa contri-bution, rappelle que pour François Perroux une économie ouverte aux mobiles désintéressés est tout autre chose qu’une simple organisation de la bienfaisance établie comme pallia-tif aux insuffisances et aux violences du système établi. Une telle pensée est en phase avec l’institution de la Sécurité sociale et plus largement avec ce qu’on a appelé après la guerre le Welfare State (État du bien-être) qui est une dénomination beaucoup plus exacte que celle, implicitement polémique d’ « État-Providence ».

à la différence ou en opposi-tion avec les théories économiques les plus répandues, François Perroux considère que l’État doit être le garant de la protection sociale géné-ralisée. Certes, les organisations humanitaires « non gouvernemen-tales » ont été privilégiées ces trente dernières années et beaucoup croient que la « société civile » peut orga-niser spontanément la solidarité. Or

les ONG sont financièrement soute-nues par les États, par les institutions européennes et par les organisations internationales et sont devenues des courroies de transmission des dons distribués, avec plus ou moins d’ef-ficacité, sur l’ensemble de la planète. François Perroux est clairement ins-titutionnaliste dans sa conception du don et de tous les systèmes d’assu-rance sociale destinés à assurer la couverture de ce qu’il appelle « les coûts sociaux de l’homme ».

Souligné le rôle des institutions politiques — du Pouvoir — dans les relations d’échange et de don ne signifie pas qu’on laisse de côté les agents économiques.

Dans son étude sur l’agent actif, François Denoël souligne que « Le marché raisonne sur des choses, Fran-çois Perroux raisonne sur des agents ; l’agent est mémoire et projet, ce qui l’empêche définitivement d’être consi-déré comme étant voué au présent sans histoire du modèle walrasien [néoclassique]. La vision qui sous-tend ce savoir économique renouvelé est universaliste sans être universali-sante ; elle fait appel à une doctrine

de la liberté qui est, en principe, de convergence et de paix, tout en mar-quant fortement que la liberté est une conquête et qu’elle ne se réalise que collectivement (ceci éloigne radica-lement de l’égoïsme du libéralisme économique) ».

L’agent actif est une personne insérée dans un ensemble de relations qui lui permettent de développer sa créativité et de participer à l’œuvre collective : groupes sociaux, nations et groupes de nations, partenariats entre groupes de nations, organi-sation mondiale...

François Denoël rappelle que François Perroux méditait sans cesse l’évangile de Jean : « Je ne vous demande pas de les ôter du monde mais de les garder du mal… » Le mal, pour l’économiste, c’était l’indiffé-rence à l’égard des pauvres, qu’il fal-lait combattre, individuellement et institutionnellement, par le souci de chacun. n

FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011 27

par Alexandre DA SILVAHumanisme et travail

(1) H u m a n i s m e e t t r a v a i l c h e z François Perroux, coordonné par Emmanuel d’Hombres, Henri Savall et Emmanuel Gabellieri, Editions Economica, 2011, 130 pages, 18 e.

D.R.

Page 28: france-catholique.fr france-catholique.fr FRANCE Catholique · 28 EXPOSITIONS Pompéi, un art de vivre 30 MUSIQUE La Vierge à travers la musique 32 ... nant un alourdissement de

«Et voici la nuit, comme on l’a non point en l’absence de lune et par temps nuageux , ma i s b i en dans une chambre fermée,

toute lumière éteinte. On enten-dait les gémissements des femmes, les vagissements des bébés, les cris des hommes… » Ce texte de Pline le Jeune évoque la destruction de Pompéi, provoquée par une éruption du Vésuve, en l’an 79 de notre ère. Les grands monuments publics de l’Em-pire romain – temples, théâtres… — sont nombreux et parfois bien conservés. Mais les demeures privées, en dehors de celles retrouvées à Pompéi

et Herculanum, sont très rares. Ce que nous connaissons de la vie quotidienne des anciens Romains, nous le devons en majeure partie aux fouilles commencées il y a plus de deux siècles et demi dans le golfe de Naples. La catas– trophe qui détruisit Pompéi constitue un véri-table « arrêt sur image ». Au moment de leur destruction, Pompéi et Herculanum n’avaient pas d’importance politique particulière. « Et c’est justement cette nature ‘banale’ qui mérite d’être soulignée, car ces deux villes constituent de fait un échantillon représentatif de la civi-lisation romaine, loin des déformations que le statut de capitale conférait inévitablement à Rome », écrit Stefano De Caro*.

L’exposition du Musée Maillol s’intitule donc logiquement « Pompéi, un art de vivre ». La vie quotidienne y est évoquée à travers la « reconstitution » de la villa de celui qui devait être un notable pompéien. « L’exposition invi-tera le visiteur à circuler dans cette maison… créant un instant l’illusion, malgré les 2000 ans qui nous séparent, d’être les invités du maître de maison. » évidemment, les pièces choisies pour être présentées ne proviennent pas toutes d’une même demeure. Les 2000 œuvres expo-sées appartiennent au Musée archéologique

de Naples et aux réserves du site de Pompéi. Le

visiteur parcourt les pièces d’une domus qui comprend : un atrium avec une large ouver-

ture au centre du toit, le triclinium destiné aux banquets au cœur de la maison, le balneum, le

jardin à l’origine entou-ré d’un péristyle… Dans

l’atrium, des statues, un coffre-fort, une table ou une fontaine de

marbre blanc donnent déjà une

ExpositionsMuséE Maillol – Fondation dina ViErny

pompéiun art de vivre

Table en marbre égéen blanc.époque augustéenne.

28 FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011

Le Musée Maillol fait revivre la vie quotidienne des Romains à traversune exposition consacréeà la cité endormie sousles cendres du Vésuve

FOuiLLES DE POMPéi, RéSERVES ARCHéOLOgiquES iNV. 0683© SOPRiNtENDENzA SPECiALE PER i BENi ARCHEOLOgiCi Di NAPOLi EPOMPEi/FOtOgRAFiCA FOgLiA.

Statue honorifique de jeune femme.époquejulio-claudienne.Marbre, tracesde polychromie.

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Cratère à volutes.Troisième quart du Ier siècleaprès J.-C.Marbre blanc.N

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FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011 29

MuséE Maillol – Fondation dina ViErny

idée du raffinement et de la richesse de la demeure. Plus loin, le laraire prend la forme d’un petit temple où les statuettes des Lares prennent place. Elles sont associées au culte des Pénates, pro-tecteurs de la maison et de son patri – moine. Les murs du triclinium sont revêtus d’un enduit peint à fresque (période fla-vienne), tandis que, sur une autre fresque, Dionysos apparaît à Ariane (49-79 après J.-C.). Dans le triclinium, ou salle à man-ger, un éphèbe de bronze veille sur les précieux éléments de « vaisselle », candélabres, cratères et autres œnochoés. Dans le jardin, une fontaine de mosaïque (ier siècle après J.-C.) dif-fuse une illusion de fraîcheur. Dans le balneum, une baignoire de bronze rappelle que les mai-sons pompéiennes disposaient de l’eau courante.

Dessins et aquarelles viennent compléter l’imagination suscitée par les objets exposés. Au XViiie siècle, les fouilles archéologiques, effectuées souvent de façon erratique et sans

grandes précautions, ont per-mis de découvrir une ville an- tique miraculeusement préser-vée. Les moulages de deux vic– times, saisies dans leurs der-niers instants de vie, sont à cet

égard émouvants**. Avant que, sous l’égide de l’Aca-démie Roya l e d ’Herculanum,

ne soient préle-vées les peintures

et mosaïques des-tinées au musée

de Naples, les des-sinateurs et architectes royaux représentèrent les ruines de Pompéi . Les

pensionnaires de la Villa Médicis et de nombreux

a r t i s t e s é t r a n g e r s

f u r e n t a t t i r é s par le site, influen-

çant pour longtemps la culture et les arts. Dans les années 1860, alors que se construit l’unité italienne, la gloire du passé revêt un intérêt nouveau. Pour l’historien français de l’Antiquité

romaine Robert étienne : « C’est la gloire de la dynastie piémontaise d’avoir nommé

comme directeurs de fouilles les meilleurs archéologues, d’avoir entrepris le dégage-ment rationnel de la ville antique et d’avoir su ressusciter… la vie de Pompéi. » une vérité que retransmet la projection audiovisuelle qui clôt l’exposition en permettant au visiteur de p a r c o u -rir la ville c o m m e u n citoyen romain des débuts de

notre ère. ■

par Alain SOLARI

* Directeur général honoraire du Patrimoine archéologique, Professeur à l’Univer-sità Federico II di Napoli.** En 1863, Guiseppe Fiorelli, directeur des fouilles, a fait réaliser des moulages des victimes en coulant du plâtre dans le vide laissé dans les cendres.

« Pompéi – Un art de vivre », au Musée Maillol - Fondation Dina Vierny, 59-61 rue de Grenelle, 75007 Paris, tél. : 01.42.22.59.58, jusqu’au 12 février 2012, tous les jours (10h30-19h), y compris les jours fériés (sauf 25 décembre et 1er janvier). Nocturne le vendredi (jusqu’à 21h30). www.museemaillol.com

pompéiun art de vivre

Fontaine (labrum).Ier siècle après J.-C.

Marbre blanc.

Ustensile pourchaufferles liquides,dit samovar.Ier siècle avant J.-C. Bronze.

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Support de lampesen forme d’arbre.

Ier siècle avant J.-C. -Ier siècle après J.-C.

(époque augustéenne).Bronze.

Cratère.époque augustéenne.

Bronze coulé etdamasquiné.

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MUSIQUE

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Le premier chant marial est celui chanté par Marie justement, le Magnificat (Luc 1, 46-56), inspiré du Cantique d’Anne, la mère du prophète Samuel. On

imagine mal qu’il ne fût pas entière-ment chanté sur les mélopées tradi-tionnelles juives. Si aucune notation n’existe réellement de cette époque, il semble être la source première de toutes les créations qui vont suivre. Prière à Marie et chant seront désor-mais indissociables.

La plus ancienne prière chantée dont nous trouvions trace est le Sub tuum praesidium, puisqu’un texte très proche sur papyrus du IIIe siècle semble avoir été identifié. Commun aux rites ambrosiens, coptes et byzan-tins, ce chant n’apparaît qu’assez tar-divement dans la liturgie romaine. La mélodie qui nous a été laissée n’est d’ailleurs ni exceptionnelle, ni très ancienne — datant du XIe siècle.

La musique mariale exprimée d’abord par la monodie en plain-chant, appelée plus tardivement gré-gorienne, parcourt les premiers siècles de l’Antiquité et du Moyen Âge et nous parvient encore aujourd’hui dans le Graduel romain ou les antipho-naires. Marquées par une certaine forme de naturel et de limpidité, ces pages ont été rapidement adoptées par les foules chantantes, pèlerins et simples visiteurs des sanctuaires, chœurs et musiciens catholiques ou non. Jusqu’à faire partie d’un cer-tain inconscient collectif qui servira

ensuite toute la création musicale : Ave Maria, Ave Maris Stella, Salve Regina, Regina Caeli, pour ne citer que les plus populaires.

Le Moyen Âge verra la manifesta-tion d’une musique populaire mariale. Le manuscrit des Cantigas de Santa Maria est un des plus importants recueils de chansons monodiques en Occident, dont la grande partie est un récit des miracles dûs à l’intervention de Marie (vers 1230). Le Livre Vermeil

de Montserrat reprend ce principe de recueil de chants monodiques (vers 1390), dont de nombreuses hymnes sont dédiées à la Vierge.

Mais ce n’est véritablement qu’avec Guillaume de Machaut et sa Messe de Notre-Dame (vers 1360),

réputée première messe polypho-nique de l’histoire, que les composi-teurs vont développer ce répertoire. La polyphonie de la Renaissance, en s’enracinant dans l’art du plain-chant, principalement celui des hymnes, construit un discours basé sur l’im-portance du texte. L’enchevêtrement des voix est appelé pour enrichir un cantus firmus, mélodie originelle du plain-chant en valeurs longues, qui passe souvent d’une voix à l’autre. Dufaÿ, Binchois, Dunstable, puis plus tard, Josquin des Prés, Clément Janequin et Roland de Lassus , ouvrent la voix à une révolution du

langage musical qui s’est faite pro-gressivement. On retiendra particu-lièrement les célèbres Regina Caeli de Palestrina, Ave Maria de Vittoria et Ave vera Virginitas de Josquin des Prés. C’est le sommet de l’art contra puntique vocal, soutenu par la Contre-Réforme voulue par le Concile de Trente, tout imprégné d’une spiri-tualité suspendue et contemplative.

hIStoIrE

Un catéchisme vivant, tels les vitraux aux multiples personnages et coloris(

La Vierge Marie est au centre d’une tradition musicale à la fois très ancienne et toujours vivante.

Livre Vermeil de Montserrat.

La Vierge à travers la musique

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Le premier baroque italien naît à la fois de cet art magnifié de l’harmonie et du désir de mettre en musique les affects les plus sen-sibles. La naissance du Bel Canto fait la part belle à la voix mais donne aussi sa place à une instrumentation aussi riche que variée, fournie sur une basse continue solide. Claudio Monteverdi s’illustre avec ses madri-gaux et le Pianto della Madonna, long discours des sentiments de la Vierge en douleur. Non destinée à la liturgie, cette pièce est le désir de déborder le cadre strictement religieux pour donner naissance au concert spirituel. La Vierge n’en reste pas moins le thème central.

Le foisonnement baroque va don-ner à travers toute l’Europe un riche répertoire centré sur la dévotion mariale : Magnificat — citons ceux de Bach et Vivaldi —, Salve Regina - Charpentier, Lully, du Mont -, Stabat Mater - Pergolèse, Brossard -, devien-nent des grands motets où la richesse des couleurs le dispute à l’abondance de l’effectif musical.

Si le thème traditionnel du plain-chant n’est plus que rarement appa-rent, les compositeurs s’appliquent à traiter les textes liturgiques avec la plus grande déférence en en exal-tant le sens par les traits musicaux les plus contrastés. Le motet, la can-tate, le drame sacré, deviennent un catéchisme vivant, tels les vitraux aux multiples personnages et coloris. N’est-ce pas ce sens que voulait don-ner saint Philippe Néri à la création de l’Oratoire, lieu de naissance du genre oratorio ?

Et sans oublier le cas exception-nel dans l’histoire de la musique des Sonates du Rosaire de Franz Biber pour violon et basse continue, pièce

uniquement instrumentale comme un commentaire sans parole des mys-tères chrétiens.

Si l’époque classique est relati-vement courte, Mozart y tient une place de choix et sa dévotion envers Marie est certaine. On peut citer des œuvres majestueuses et touchantes, souvent à grands ef fectifs : les Litanies de Laurette, le Regina Caeli, des Ave Maria et surtout la Messe du Couronnement. Datée de 1779, elle est dédiée au couronnement de la Vierge miraculeuse du sanctuaire baroque de Maria Plain en Autriche. Mozart en fit un chef-d’œuvre et si son effectif en limite l’interprétation pendant une messe, elle servira à plu-sieurs reprises pour le couronnement des princes de Bohême.

Le répertoire marial du XIXe siècle est souvent décrié comme un rafis-tolage de chansons plus ou moins pieuses, sans assise musicale élabo-rée, abusant des rythmes de marche militaire ou des inflexions mélo-diques à l’eau de rose. Pourtant, elle est aussi l’expression d’une époque où la piété populaire se mêle à un sentiment religieux confus. L’époque romantique accouchera ainsi des airs les plus écoutés encore actuellement : Ave Maria de Schubert, de Gounod mais aussi de Saint-Saëns, de Liszt, de Fauré, de Bruckner, de Franck. Cette

musique est à l’image des statues sul-piciennes qui ornent nombre d’églises françaises : un peu trop ouvragée sans réelle finesse, cherchant l’émotion à travers une naïveté manquant sou-vent d’inspiration mais cependant non dénuée de spiritualité. Elle est le reflet d’une époque et ne doit pas être considérée comme un art absolu, mais elle est encore capable de susci-ter une vraie dévotion.

Enfin, l’époque contemporaine est marquée par un retour au plain-chant, à travers des créations ori-ginales — Vincent d’Indy, Maurice Duruflé, Jean Langlais, Gaston Litaize — et par une volonté de créer une musique dite « pastorale ». La compé-tence musicale n’est pas toujours au rendez-vous de cette dernière forme sujette aux effets de la mode variété. Ces chants destinés à des assemblées de fidèles — on en trouve près de deux cents titres — ne traverseront pas les frontières de la liturgie et ne rejoindront que rarement le grand public.

Les œuvres majeures se font rares dans cette époque. La vraie dernière création en date est celle de Jean Langlais avec sa Messe Salve Regina, trop méconnue du public, même catholique. Ce vide éditorial est révé-lateur d’une cassure entre la liturgie catholique et la culture. n

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par François-Xavier LACROUX

Cantigas de Santa Maria.

La Vierge à travers la musique

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SébaStien bertrand

Sébastien bertrand, 35 ans, a passé sa jeunesse avec un père ethnologue en Vendée à collecter les histoires et musiques traditionnelles. Il commence ses cours d'accordéon à dix ans, est vite

reconnu comme un musicien de la culture ven-déenne. Adulte, il devient une figure majeure dans l'univers des « musiques du monde » dès les années 90 et est assurément un enfant du pays. Même si parfois, pour s'amuser, quand il s'agit de demander une subvention pour un spectacle au titre étranger, il répond à celui qui lui dit « Heureusement que toi, Sébastien, tu es vraiment un Maraîchin pure souche — C'est sûr,  je suis né à Beyrouth… ».

Un jour, il voit son ami Yannick Jaulin jouer dans Forêts, une histoire de quête écrite par le Libanais Wajdi Mouawad. Une écluse s'ouvre alors dans son cœur, et la nécessité de l'alimenter à la source. Quand Yannick Jaulin est invité à parti-ciper au  Salon  francophone  du  livre  de  Beyrouth, il l'accompagne et va, de son côté, à l'orphelinat encore tenu par les sœurs de Saint-Vincent de Paul retrouver son dossier, son nom, sa première maison, une tentative d'explication.

Au retour, ils réalisent tous les deux que cette histoire fait un bon canevas pour un spectacle. Et ils se lancent dans la conception d'un conte musical. Ils s'installent dans la même pièce pour écrire, lui la musique et Yannick Jaulin les paroles, tout en se livrant le fruit de leur recherche au fur et à mesure, d'où une influence réciproque et un ensemble particulièrement cohérent.

« Chemin de la belle étoile »(1) est ainsi créé au festival d'Avignon en 2009 et a déjà dépassé les deux cents représentations. La tournée est pré-vue jusqu'en juin 2012. « Mais, explique-t-il au

sujet de sa volonté de se produire à Paris, « On a beau cartonner en régions — et à l'étranger — on redevient anonyme ici. » Il en parle à une amie, adoptée comme lui, et Patricia Mowbray lui offre alors d'utiliser sa galerie d'art de Saint-Germain-des-Prés. Coïncidence : les concerts auront lieu en même temps que la réédition de son livre sur le même thème(2) ; complicité : un des concerts sera donné — le 7 novembre — au profit d'une association d'aide aux adoptés soutenue par cette dernière (3).

Hormis l'intérêt musical de l'événement, il était intéressant de savoir comment, à titre per-sonnel, Sébastien Bertrand vivait sa situation. Un jour, il a ressenti le besoin de plonger vers ses premières racines, puis d'en parler. Quand on lui pose la question de savoir pourquoi il parle si peu de son père biologique, il répond avec réalisme et simplicité que si on a une trace de celle qui est venue déposer son enfant, la personne du père reste un mystère, même si la date de son dépôt à l'orphelinat fait plus penser à une histoire d'amour qu'aux nécessités de la guerre (qui n'a débuté qu'ensuite).

On réalise ensuite la profondeur de sa relation avec les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul. Si celle qui lui a souhaité la bienvenue dans « [sa] mai-son » n'est pas celle qui le recueillit (il ne reste qu'une personne qui était déjà là à l'époque), le lieu catalyse les affections. Il témoigne d'un véritable amour pour celle qui l'a « cultivé » après celle qui l'a « fait pousser ».

Les fruits de ce conte musical sont déjà là. Ce sont des spectateurs qui viennent lui dire à la fin d'un spectacle qu'eux aussi ont été adoptés ou, pour une vingtaine d'entre eux, sont passés par le même orphelinat que lui, et qui lui racontent une partie de leur vie. C'est la création d'une associa-tion – Rue Adib Nahas (4) – qui a pour but de don-ner des cours de théâtre, danse et musique aux enfants bénéficiant des services de la PMI atte-nante à cet orphelinat de Beyrouth. C'est enfin, et cela n'a pas de prix, la possibilité de partager une parole apparentée entre personnes vivant la même situation. n

muSique

Figure majeure dans l'univers des « musiquesdu monde », Sébastien Bertrand témoigne dans son dernier spectacle de sa condition d'adopté, après avoir fait son pèlerinage à l'orphelinat des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul de Beyrouth.

par Pierre FrançoiSChemin dela belle étoile

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(1) Du 3 au 16 novembre,« Chemin de la belle étoile »

à la « Galerie d'en face,7, rue Paul-Louis Courier,

75007 Paris,Tél. : 02 40 34 36 92,

www.cahpa.fr.

(2) Le 7/11, concert auprofit de l'association

Racines d'Enfance, fondéepar Patricia Mowbray.

http://racinesdenfance.org/presentation.php

(3) « A comme Adoption,la rencontre d'un désir

et d'un droit », de Patricia Mowbray, éditions Pascal,

34, rue Broca, 75005 Paris.

(4) http://dibnahas.blogspot.com/

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Le premier est issu d'une banlieue difficile et sort de prison. Le second est un aristocrate fortuné, qui vit

dans un hôtel particulier magnifique. A  priori, rien n’aurait dû les faire se rencontrer. Pourtant, Philippe, l’aristo-crate, est tétraplégique depuis un acci-dent, et il a besoin d’une aide à domicile. Et c’est Driss, le grand Black au sourire ravageur, qu’il choisit pour cela. À partir de l’histoire vraie de Philippe Pozzo di Borgo (devenu très ami avec Abdel, son aide à domicile), racon-tée dans un documentaire, Éric Toledano et Olivier Nakache (Je préfère qu’on reste amis,  Nos  jours  heureux,  Tellement proches) ont réalisé une comédie réjouissante, pleine de vitalité et d’hu-manité. Avec un scénario parfaitement agencé et des dialogues excellents, qui

laissent la place à l’improvisation, ils réinventent l’histoire de cette amitié singulière. C’est, en grande partie, grâce à l’extraordinaire interprétation d’Omar Sy, qui crève littéralement l’écran, avec son sourire ravageur et ses vannes à l’emporte-pièce, et de François Cluzet, qui parvient avec son seul visage, à exprimer toute une gamme d’émotions, que les cinéastes réussissent une œuvre aussi réjouissante que réconfortante.

] Porté par l’énergie vitale de son compagnon, Philippe parviendra à retrouver une belle dignité d’homme, à travers cette amitié singulière, mais profonde. Quelques petits dérapages (hilarants) sont à signaler. On profitera de la sortie de ce film pour recomman-der la lecture du livre de Philippe Pozzo di Borgo (Le second souffle), aux accents spirituels que cette comédie ne pouvait sans doute reprendre. ■

Comédie française (2011) de Éric Toledano et Olivier Nakache, avec François Cluzet (Philippe), Omar Sy (Driss), Anne Le Ny (Yvonne), Audrey Fleurot (Magali), Clotilde Mollet (Marcelle), Grégoire Oestermann (Antoine), Alba Gaïa Bellugi (Élisa), Cyril Mendy (Adama), Christian Ameri (Albert) (1h52). (Adolescents) Sortie le 2 novembre 2011.

La couleur des sentimentsÀ Jackson, dans le Mississippi, durant les années 60, le racisme fait rage. Skeeter décide d’écrire un livre qui donnera la parole aux bonnes noires. En adaptant le best-seller de Katryn Stockett, Tate Taylor signe un film émou-vant, véritable documentaire sur la vie quotidienne dans un des États les plus ségrégationnistes qui ait été. L’époque est bien reconstituée, et le cinéaste évite l’écueil des méchants Blancs contre les gentilles Noires (enfin, presque !). C’est émouvant et drôle, mais un peu caricatural. Heureusement, la qualité de l’interprétation permet de passer sur bien des facilités.]On demeure stupéfait devant un tel mépris des autres, contrebalancé toutefois par des personnages positifs et généreux.

Comédie dramatique américano-émirato-indienne (2011) de Tate Taylor, d’après Kathryn Stockett, avec Emma Stone (Skeeter), Viola Davis (Aibileen), Jessica

Chastain (Celia Foote), Bryce Dallas Howard (Hilly), Chris Lowell (Stuart), Sissy Spacek (2h20). (Adolescents) Sortie le 26 octobre 2011.

Killer eliteDanny, un tueur à gages, reprend du service pour sauver un de ses amis. ] À partir d'une histoire vraie passionnante, Gary McKendry livre un film d'action lambda dont aucune scène n'est originale. Au vu de la dangerosité du sujet du livre de Ranulph Fiennes, on peut comprendre que le réalisateur ait préféré la poudre aux yeux à l'enquête de fond sérieuse, mais on peut aussi être déçu par ce manque de courage qui l'empêche de sortir du lot. Avec un casting trois étoiles et des scènes d'action efficaces, le film s'oublie aussi vite qu'il a été consommé. ] Même les tueurs à gages ont un certain sens de l'honneur et de l'amitié. Mais les violences sont parfois pénibles.

Thriller américano-australien (2011) de Gary McKendry, avec Jason Statham (Danny), Clive Owen (Spike), Robert De Niro (Hunter). (Grands adolescents) Sortie le 2 novembre 2011.

Alexandre LANGLADE

CINÉMA

L'amitié étonnante entre un aristocrate tétraplégique et un jeune des banlieues.

Une amitié singulièrepar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Omar Sy crève l’écran, avec son sourire ravageuret ses vannes

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INtoUChAbLes

La source des femmesParce qu'elles n'en peuvent plus d'aller chercher l'eau dans la montagne, les femmes décident une grève de l'amour. Il est étonnant que Radu Mihaileanu, Français d'ori-gine roumaine, se soit plongé dans la culture de l'Afrique du Nord pour raconter cette fable qui fait un peu penser à Lysistrata d'Aristophane. Cet hymne à la femme et à sa

nécessaire libération est un bain de jouvence, truffée de scènes drôles et de chansons. Biyouna est sensationnelle en femme mûre pleine de sagesse, et cette fable colorée et joyeuse est portée par une belle énergie vitale.] Il y a beaucoup de chaleur humaine et de tendresse dans cette œuvre pleine de vitalité. Quant aux allusions sexuelles, elles sont aussi poétiques que discrètes.Comédie dramatique française (2010) de Radu Mihaileanu, avec Leila Bekhti (Leila), Hafsia Herzi (Loubna), Biyouna (Vieux Fusil), Sabrina Ouazani (Rachida), Saleh Bakri (Sami) (2h04). (Adolescents) Sortie le 2 novembre 2011.

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« La FoLie SganareLLe »

«La Folie Sganarelle » est une pièce bien jouée et dynamique. Mais trop longue et dont les scènes les plus réussies – notamment celle des boni-menteurs ambulants, dignes prédé-

cesseurs de nos marchands de potions pour maigrir ou accomplir des exploits nocturnes – soulignent cruellement les longueurs de cer-taines autres.

C'est qu'elle est composée de trois pièces de Molière ayant pour trait commun ce person-nage d'arroseur arrosé, lequel est une création de l'auteur et non une reprise des figures tradi-tionnelles de la commedia dell'arte. Cela eût pu l'être dans la mesure où il s'agit de farces.

Mais la metteur en scène a voulu actualiser le propos dans la mesure où à l'époque de la création certains des personnages brocardés – les médecins en particulier – portaient les noms mêmes des courtisans qu'ils imitaient. époque bénie où les auteurs profanes avaient une liber-té qu'ils ne retrouveront pas de sitôt tandis que Bossuet pouvait flétrir la conduite du roi dans ses sermons devant toute la cour… Pourrait-on aujourd'hui endosser le rôle de Nathan devant David sans se retrouver en prison ?

Cette actualisation est réussie dans la mesure où les éléments du comique farcesque – se faire injustement rouer de coups, par exemple – sont traités sans excès et où, au contraire, chaque élé-ment psychologique qui peut nous être familier (le mariage, l'escroquerie, l'injustice, la bêtise, l'hypocrisie…) est mis en valeur. On va jusqu'à – et le procédé fonctionne à merveille – imi-ter l'accent grandiloquent du général de Gaulle dans une tirade. Ou jusqu'à servir telles autres répliques – « je guéris par des paroles », « tout son mal vient de l'imagination » – d'une façon qui fasse clairement penser à la psychanalyse.

Le seul souci est qu'on sent la metteur en scène complètement habitée par Molière et sa volonté d'adaptation actualisée à un point où le public ne peut plus suivre les allusions.

Il reste que c'est bien joué, notamment Sganarelle. Il faut être en bonne forme pour s'en-filer trois pièces à la suite, fussent-elles des farces ayant toutes un personnage en commun. n

théâtre

« La Folie Sganarelle » est le triptyque de farces de Molière qui ont toutes en communde mettre en valeur le personnagedu trompeur trompé qu'est Sganarelle.

par Pierre FrançoisPassionpour une folie

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Un génie génialement servi« Marie Tudor » est une pièce jouée avec rythme et vivacité, qui ressemble un peu à un bon polar : nul n'y est blanc, chacun a un motif inavouable qui le meut et l'incarnation même du dévouement et de l'amour n'échappe pas àl'esprit de vengeance.C'est aussi un texte de Victor Hugo, aux saillies de slogan, qu'il soit provocateur ([« ce n'est] pas un homme, [c'est] un juif »), misogyne (« Quand une femme règne, le caprice règne ») ou simplement mot d'esprit (« Si la franchise était bannie de la terre, c'est dans le tête-à-tête de deux fripons qu'elle devrait se retrouver »).Bref, c'est un très beau texte, bien hugolien tant il est manichéen, magnifiquement servi par des comédiens de talent, dans un décor sobre et des lumières inventives, à la hauteur de ce qui précède.Que dire de plus ? Que le propos est éternel, donc actuel ? Mais c'est une évidence ! Qu'on est happé par les suspenses successifs ? Que Marie Tudor nous entraîne au rythme de ses hésitations, tels des pantins secoués par ses propres contradictions ? Que le bailli est la figure même de Machiavel, aussi cynique que serviteur ? Que Gilbert est un aérolithe tombé dans la fange du monde ? Que toute ces psychologies entrelacées forment une équation aux multiples inconnues, qui ne sera résolue – dans une logique toute mathématique – qu'à la dernière seconde ? n

« Marie Tudor », avec Pierre Azéma, Florence Cabaret… au Lucernaire, 53, rue Notre-Dame des champs, 75006 Paris, tél. : 01.43.44.57.34, du mardi au samedi (21h30), dimanche (15h).

« La Folie Sganarelle » (L’Amour Médecin + Le

Mariage Forcé + La Jalousie du Barbouillé), de Molière.

Du 3 au 6 nov.au théâtre de l'Ouest

parisien (Boulogne, 92)Tél. : 01 46 03 71 17 ;du 16 nov. au 11 déc.

au théâtre de la Tempête (Cartoucherie, Paris)Tél. : 01 43 28 36 36 ;

les 15 et 16 décembreau Centre culturel René Cassin (Dourdan, 91)Tél. : 01 64 59 52 31.

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Batman est sur le point de démante-ler les dernières organisations cri minelles qui infestent les rues de

Gotham City. Il songe même à se retirer et à remettre la ville entre les mains de la justice ordinaire.] Christopher Nolan a redoré l’image de l’homme chauve-souris en posant une nouvelle fois les bases du mythe avec son étonnant Batman Begins. La vision du superhéros que le cinéaste imposait alors avec ampleur prend tout son sens dans The Dark Knight (Le cheva-lier noir). Des effets spéciaux époustou-flants, un scénario ingénieux dû à l’écri-ture si inventive de Christopher Nolan et de son frère, une mise en scène limpide et d’une efficacité surprenante, mais surtout des performances d’acteurs

remarquables, notamment celle de Heath Ledger, qui, dans le rôle du Joker, parvient à faire oublier le Joker interprété par Jack Nicholson dans Batman de Tim Burton, telles sont les qualités d’un film impressionnant, qui n’a pour seul défaut que sa durée injustifiée.

] La relation entre Batman, Harvey Dent et le Joker pose habilement la question de la justice ou de l’anarchie. L’univers de Gotham City est sombre et violent, à l’image des tourments des protago nistes. Batman est celui qui préserve l’équilibre entre le bien et le mal, lorsque la justice conventionnelle n’y parvient pas. Il fait preuve d’un sens du sacrifice qui fait de lui un véritable superhéros. À l’opposé, le Joker est un être de chaos qui, tel un chien fou, commet des atrocités sans but et sans logique. ■

The Dark Knight. Aventures américaines (2008) de Christopher Nolan, avec Christian Bale (Batman), Heath Ledger (le Joker), Michael Caine (Alfred), Morgan Freeman (Lucius Fox), Aaron Eckart (Harvey Dent), Gary Oldman (le lieutenant James Gordon), Maggie Gyllenhaal (Rachel Dawes) (02h25) 2. Diffusion le dimanche 6 novembre, sur TF1, à 20h50.

Ivo Livi, dit Yves Montand

Cela fait vingt ans qu’il est mort, pourtant, Yves Montand est toujours présent dans le cœur des Français. L’historien Patrick Rotman retrace l’exceptionnelle carrière d’un gamin italien qui parlait à peine le français et est parvenu au sommet, grâce à un travail acharné. Ponctué d’une multitude de chan-sons, dont certaines sont interprétées de manières différentes, ce magnifique portrait donne une image différente de celle que l’on pouvait avoir du chanteur et du comé-dien. On découvre, en effet, un homme fragile et peu sûr de lui, qui travaillait pendant des heures et des heures, et était complexé de n’avoir pas fait d’études. De ses amours (Édith Piaf, Simone Signoret, Marilyn Monroe) à son engagement poli-tique, c’est l’histoire du XXe siècle qui est racontée dans ce documentaire passionnant.Documentaire français (2011) de Patrick Rotman. Commentaire dit par Denis Podalydès (1h50). Diffusion le mardi 8 novembre, à 20h35.

Tout le monde dit I love youÀ New York, de nos jours, Djuna, surnommée D. J., présente sa famille devant la caméra. Cet hommage à la comédie musi-cale d’antan est un véritable bijou, dans lequel on retrouve tous les thèmes chers à Woody Allen (tels la psychanalyse...), mais renouvelés, à tel point que l’on croit les découvrir. C’est léger, brillant, magnifique-ment interprété et d’une vraie gaieté.] Si tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (comme dans toute comédie musicale qui se respecte), cela se passe souvent en dehors des normes morales, mais, comme personne ne croit vraiment à la réalité de ce conte...Comédie musicale (1996) de Woody Allen, avec Woody Allen (Joe), Goldie Hawn (Steffi), Julia Roberts (Von), Alan Alda (Bob), Drew Barrymore (Skylar) (1h37). Diffusion le jeudi 10 novembre, sur France 3, à 23h20.

TÉLÉVISION

L’aventure humaine « Les chevaliers teutoniques »L’histoire de l’Ordre teutonique est racontée par des historiens spécialistes de la question (certains ont écrit leur thèse dessus), qui ont su se mettre au niveau des téléspectateurs. Voilà un exemple de documentaire que nous apprécions beaucoup. Ni élogieux, ni procès à charge, il raconte de façon claire, vivante et objective l’his-toire de cet ordre de moines-chevaliers. Loin des

clichés, nous assistons à sa naissance, ses conquêtes, son fonctionnement, son mode de vie, son déclin. Les cartes animées et les extraits de films facilitent la bonne compréhen-sion des événements, car raconter 400 ans d’histoire en 52 minutes est un art difficile. La construction d’un État moderne, bien administré, prospère, ainsi que le déroulement de la bataille de Tannenberg sont deux des points forts de ce passionnant travail.Documentaire franco-polonais (2011) de Krzysztof Talczeweski (2h38). Diffusion le samedi 5 novembre, sur Arte, à 20h40.

Jean-Pierre Marie

avec son immense talent, Christopher Nolan redonne vie à Batman dans une œuvre sombre.

Le chevalier noir par Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Univers sombre et violent,à l’image des tourments des protagonistes(

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TF120.45 Danse avec les stars. Divertissement présenté par S. Quétier et V. Cerutti, avec Véro-nique Jannot, Sheila, Shy’m, Phi-lippe Candeloro, Baptiste Giabico-ni, Francis Lalanne.23.25 New York, section crimi-nelle. Série 3.France 220.35 Les années bonheur. Divertissement présenté par P. Sébastien, avec Fabien Lecœu–vre, Chico & les Gyp-sies, Gérard Lenorman, Tina Arena, Christophe Maé, Nico-las Peyrac, Chantal Goya, Les Chevaliers du Fiel, D. Gustin, etc.22.50 On n’est pas couché. Magazine de Laurent Ruquier.France 3

20.35 Commissaire Magellan «Théâtre de sang» GA. Téléfilm avec Jacques Spiesser, Maka Sidi-bé. __] Cette histoire un peu compliquée est assez prenante, et la fin est très émouvante.22.10 Les bœuf-carottes «Haute voltige» GA. Téléfilm avec Jean Rochefort, Philippe Caroit. __ Les dialogues percutants et l’humour teinté de noir apportent un peu de bonne humeur à ce drame humain.00.20 Appassionata «Une journée autour de La Source».Arte20.40 L’aventure humaine «Les chevaliers teutoniques» J. (voir notre analyse page 35).21.35 L’aventure humaine «Dieu le veut : Godefroid de Bouillon et la première croisade» GA. _] Peu historique et de parti pris.22.30 New Pop Festival 2011.M620.45 NCIS Los Angeles : «Soldats de plomb», «Identité», «La seule journée facile, c’était hier», «La guerre des drones». Série 2.Canal +20.50 Hors-la-loi GA. Drame (2010) de Rachid Bouchareb, avec Jamel Debbouze, Roschdy Zem (2h13) 2. __]Bien fait, mais interminable et très antifrançais.KTO20.40 VIP «Emmanuel Faber». Rencontre avec un dirigeant d’entreprise chrétien.21.40 Concert «Bach : Les Cantates retrouvées».

TF120.50 The Dark knight, le cheva-lier noir GA. Aventures (2008) de Christopher Nolan, avec Christian Bale, Heath Ledger, Michael Caine, Morgan Freeman (2h25) 2. (voir notre analyse page 35)23.35 Les experts. Série 2.France 2

20.45 Deux sœurs pour un roi GA. Drame (2007) de Justin Chadwick, avec Natalie Portman, Scarlett Johansson, Eric Bana (1h50) 2. (voir notre analyse ci-contre)22.40 Faites entrer l’accusé «Poncé Gaudissard, les mystères de Meyrargues». Magazine.France 320.35 Les enquêtes de Murdoch : «Futur imparfait», «La malle ensan-glantée», «Lâchez les chiens 2» GA. Série avec Y. Bisson. __ Le premier épisode est passionnant.23.15 Élysées 2012, la vraie cam-pagne (2/6). Documentaire.00.25 Ariane, une jeune fille russe. Drame en NB (1932) de Paul Czinner, avec Gaby Morlay (1h30).ArteSous le charme d’Yves Montand20.40 Le choix des armes A. Poli-cier (1981) de Alain Corneau, avec Yves Montand, Gérard Depardieu, Catherine Deneuve (2h10) 3. __] Un solide policier, mais des violences très pénibles. 22.50 Pour Yves Montand. M620.45 Capital «Immobilier : Com-ment se loger malgré la flambée des prix ?». Magazine.22.45 Enquête exclusive «Bolivie : Le nouvel Eldorado des trafiquants de cocaïne». Magazine.Canal +21.00 Football «Bordeaux/PSG».KTO20.40 La foi prise au mot «Dieu, l’homme et la nature». 21.40 Châsses gardées en Limousin.22.40 Les Mardis des Bernardins «Jean-Paul II, l’homme du siècle».

TF120.50 Ni vu, ni connu… J. Téléfilm avec Thierry Neuvic, Laure Marsac, François Levantal. _ Sympathique, mais peu crédible et lourd.22.35 Esprits criminels. Série 3.01.05 Au Field de la nuit, avec Syl-vain Tesson, V. Schneider, Philippe Lançon, Michèle Cotta, Philippe Lioret et Marie Gillain, Bruno Solo.

France 2

20.35 Castle : «Abracadabra !», «Le contrat», «La cinquième balle» GA. Série avec Nathan Fillion, Stana Katic. __] Le premier épisode est moyen, le dernier astucieux.22.45 Mots croisés. Magazine présenté par Yves Calvi.France 320.35 Discographie (2/3) «Michel Delpech». Documentaire avec Michel Delpech, Michel Sardou, Alain Chamfort, Sheryfa Luna, Christophe, Julien Lepers, etc.23.05 La double mort de Pierre Bérégovoy. Documentaire.00.35 La case de l’oncle Doc «Un désir ordinaire». Documentaire.Arte20.40 Lone star Ø. Drame (1995) de John Sayles, avec Chris Cooper, Kris Kristofferson (2h09). __]] Ce drame assez bien fait, malgré des longueurs, banalise l’inceste. Une scène érotique.22.50 Jiri kylian, mémoires d’ou-bliettes. Documentaire. M620.45 Incognito GA. Comédie (2008) de Éric Lavaine, avec Béna-bar, Franck Dubosc, Jocelyn Qui-vrin, Anne Marivin, Isabelle Nanty (1h30). _ Une comédie lourde et mal ficelée.22.45 Charlie, les filles lui disent merci. Comédie (2006) de Mark Helfrich, avec Dane Cook, Jessica Alba (1h45) 3.Canal +20.50 Borgia (9 et 10/12) A/Ø. Série avec John Doman 3. __]] Toujours aussi bien fait, mais peu historique et très cru.KTO20.40 Goudji, sacré art ! Docu-mentaire. 21.45 Un cœur qui écoute «Guy Gilbert».22.25 Les grands entretiens «Marie-Hélène Mathieu, une voix pour les sans-voix».

TF120.50 Les experts, Manhattan : «Les intouchables», «Tableau d’honneur», «La grippe bleue 3». Série avec Gary Sinise 2.23.20 Harry Roselmack derrière les portes du pénitencier. 02.50 Goal ! Naissance d’un pro-dige J. Comédie dramatique (2005) de Danny Cannon, avec Kuno Bec-ker, Stephen Dillane (2h00). __] Conventionnel, mais prenant.France 220.35 Ivo Livi, dit Montand J. (voir notre analyse page 35)22.35 César et Rosalie A. Comé-die dramatique (1972) de Claude Sautet, avec Romy Schneider, Yves Montand, Sami Frey (1h50). ___] Très réussi formellement, mais banalisant le ménage à trois.00.50 La guerre est finie A. Drame en NB (1965) d’Alain Resnais, avec Yves Montand (1h58) 2. ___] Superbe, mais orienté politique-ment et sensuel.France 320.35 Quand la guerre sera loin GA. Téléfilm avec Loïc Corbery, Gaëlle Bona, Bernard Blancan. __] Une histoire vraie émou-vante, mais truffée de longueurs.22.40 Ce soir (ou jamais !). ArteMaladies à vendre

20.40 Mediator «Histoire d’une dérive» J. ___ Scandaleux.21.50 Maladies à vendre J. ___ Passionnant, mais scandaleux.22.45 Breaking bad (10 et 11/13) GA. __] Le premier épisode est moyen, le second plus réussi.M620.45 Desperate housewives (21, 22 et 23/23) GA. __ Excellent.23.20 Nouveau look pour une nouvelle vie. Documentaire.Canal +20.50 Le bruit des glaçons A/Ø. Comédie dramatique (2010) de B. Blier, avec Jean Dujardin, Albert Dupontel (1h24) 2. __]] Ori-ginal et émouvant, mais très com-plaisant et sans perspective.KTO20.40 Les Mardis des Bernardins «C’était mieux avant ? La nostalgie,moteur de l’avenir». Conférence.21.45 Perles d’Évangile, la para-bole des talents.22.25 VIP «Emmanuel Faber».

Samedi 5 novembre Dimanche 6 novembre Lundi 7 novembre Mardi 8 novembre

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36 FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011

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émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses boud-dhistes», «Islam», «Judaïca», «Orthodoxie», «Présence protestante», «Kaïros» - 10h45 Messe en l’église Sainte-Bernadette, à Lourdes (65) - 11h40 Le jour du Seigneur «Le dimanche, un jour sacré ?».

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sur France 2Dimanche 6 novembre à 20h45Deux sœurs pour un roi GALes sœurs Anne et Mary Boleyn sont rivales face à Henry VIII.__ Ce drame historique plonge dans un univers cruel et sans pitié. Justin Chadwick évite les écueils du film à costumes empe-sé, grâce à une mise en scène alerte et dynamique. Le récit, tra-versé par une forte tension dra-matique, est habilement construit et brillamment interprété._] La cour et ses ambitions masquées vont briser le destin d’une fratrie. Les femmes sont les victimes de la quête du pouvoir.

TF120.50 Mentalist : «Liaison dange-reuse», «Du sang sur le green», «Passé trouble 2» GA. Série avec Simon Baker, Robin Tunney. __ C’est très prenant, et le dernier épi-sode, l’un des meilleurs de la série, est drôle et très astucieux.23.20 Chase. Série 2.France 220.35 Le monde à ses pieds A. Téléfilm avec Solweig Rediger-Lizlow, Rossy de Palma, Stéphan Guérin-Tillié. _ On a du mal à s’in-téresser à cette adaptation du livre de Géraldine Maillet, tant elle est interminable et illustrée d’une scène très suggestive.22.05 Débat.23.10 Avant-premières. Magazine présenté par Élizabeth Tchoungui.France 3

20.35 Des racines et des ailes «Le nouvel Orsay» J. Magazine pré-senté par L. Laforge. ___ Ce superbe épisode dévoile les dessous d’Orsay et retrace l’histoire de l’Art Nouveau et des gares parisiennes.23.00 Enquêtes de régions. Arte20.40 Les mercredis de l’histoire «Ronald Reagan, une idole contro-versée» J. __ Ce documentaire in–téressant et bien fait donne une image nuancée de l’ancien président.22.20 Le dessous des cartes «Portrait énergétique de l’UE (1)». 22.35 1 journée A/Ø. Comédie dramatique (2006) de Jacob Ber-ger, avec Bruno Todeschini, Nata-cha Régnier (1h38). _]] Bien filmé, mais peu palpitant, intermi-nable et avec une scène érotique.M620.45 La France a un incroyable talent. Divertissement.Canal +20.50 Wall Street «L’argent ne dort jamais» GA. Comédie dramatique (2010) de O. Stone, avec Michael Douglas, Shia LaBeouf (2h08). __] Cette suite, inférieure au premier opus, se laisse regarder.KTO20.40 À la lumière d’Élisabeth. Documentaire sur la bienheureuse Élisabeth de la Trinité.21.45 Églises du monde «Corée du Sud». 22.15 La foi prise au mot «Dieu, l’homme et la nature».

TF113.55 Seul au monde. Aventures (1999) de Robert Zemeckis, avec Tom Hanks (2h24). ___ Une libre et fascinante adaptation de Robinson Crusoé.20.50 Football «Match amical : France/Etats-Unis».23.05 L’amour est aveugle 3.France 220.35 Deux flics sur les docks «Les anges brisés» A. Téléfilm avec Jean-Marc Barr, Bruno Solo, Emmanuel Salinger, Camille Japy. __] Cette nouvelle série poli-cière met en scène un couple de héros atypiques. Mais le rythme est un peu languissant, et il y a une scène suggestive.22.15 Un jour, un destin «Serge Gainsbourg : Le prix de la gloire». Magazine de Laurent Delahousse.France 320.35 Thalassa «En direct de Saint-Brieuc». Magazine présenté par Georges Pernoud.23.05 Vendredi sur un plateau ! Magazine présenté par Cyril Viguier.Arte

20.40 Allemagne 1918 GA. Télé-film avec Jürgen Tarrach, Mathieu Carrière, Alexander Held, George Meyer-Goll (3h). __] C’est inté-ressant, mais un peu confus.23.40 Paris 1919 «Un traité pour la paix» J. __ Ce documentaire, qui mélange intelligemment archives et scènes reconstituées, montre qu’il est parfois presque aussi difficile de signer la paix que de faire la guerre. Mais c’est un peu superficiel.M620.45 NCIS : «Plaisirs coupables », «Justice parallèle», «Une vieille his-toire», «Terrain miné». Série avec Mark Harmon, M. Weatherly 2.Canal +20.50 kiss & kill A. Comédie (2010) de Robert Luketic, avec Katherine Heigl, Ashton Kutcher, Tom Selleck (1h37). __] Assez amusant, mais outrancier.KTO20.40 Une famille antillaise à Paris. Documentaire.21.45 La vie des diocèses «Mgr Mahuza Yava- Vicariat de Mayotte- Archipel des Comores».22.25 Goudji, sacré art !

TF120.50 koh-Lanta. Divertissement présenté par Denis Brogniart.22.40 Spécial Bêtisier. 02.50 En plein cœur A. Drame (1998) de Pierre Jolivet, avec Gérard Lanvin, Virginie Ledoyen, Carole Bouquet (1h37) 2. _] Un remake décevant et banal de «En cas de malheur».France 220.35 Envoyé spécial : «Gaspillage alimentaire : Plongée dans nos poubelles», «L’Amérique en faillite», «De si petites filles en fleurs». 22.05 Complément d’enquête «Rire : Un business qui ne connaît pas la crise». Magazine.23.10 Infrarouge «Piégés». France 320.35 Duplicity GA. Espionnage (2008) de Tony Gilroy, avec Julia Roberts, Clive Owen (2h). _ On a du mal à s’intéresser à cette his-toire inutilement compliquée, construite sur de trop nombreux flash-back, dans lesquels le spec-tateur finit par se perdre.

23.20 Tout le monde dit I love you GA. Comédie musicale (1996) de et avec Woody Allen, et avec Goldie Hawn, Julia Roberts (1h37). (voir notre analyse page 35)Arte20.40 Down in the valley A/Ø. Drame (2006) de David Jacobson, avec Edward Norton, Evan Rachel Woods (1h44) 3. __]] Pre-nant, mais elliptique, violent et avec des images très suggestives.22.30 Bomb it. Documentaire.M620.45 The good wife : «Une pro-position indécente», «Traitement de choc», «Mauvaises filles», «Sur écoute». Série avec J. Margulies.Canal +20.55 The event (14 et 15/22) GA. Série avec Jason Ritter 2. __ Il y a de plus en plus de coups de théâ–tre dans ces épisodes palpitants.KTO20.40 L’entreprise à visage humain : La Tête Haute. Docu-mentaire, suivi d’un débat avec Marie-Lise Penchard, le général Dominique Artur, Mgr Luc Ravel.22.15 Entretien avec le cardinal André Vingt-Trois.22.45 Concert «Bach : les Cantates retrouvées».

Mercredi 9 novembre Jeudi 10 novembre vendredi 11 novembre

T : ToutpublicJ : AdolescentsGA: GrandsadolescentsA : AdultesØ : Œuvre(ouscène)nocive_: Elémentpositif]: Elémentnégatif

Repères

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FRANCECatholique n°3280 4 novembre 2011 37

RaDioSRadio Notre-DameSamedi 5 novembre 6h54 et 8h50et dimanche 6 novembre 9h et 11h56 : « Le billet de Tugdual Derville ».Samedi 5 novembre7h30 à quoi ça sert l’Église ? pré-senté par Sylvain Sismondi, «Ce paradis perdu qui nous attend», avec le Père Anne-Guillaume Ver-naeckt, MontligeonDimanche 6 novembre21h Un prêtre vous répond, avec le Père Gilles de Raucourt.Lundi 7 nov. au jeudi 10 novembre7h03 et 8h15 : Écoutez la chronique de Gérard Leclerc.RCFSamedi 5 novembre16h «Le concours, un patrimoine pour demain» (à l’occasion du salon international du patrimoine culturel, du 3 au 6 novembre, au Carrousel du Louvre à Paris)19h30 Grand Témoin Mary et Michel Vienot «La foi du clown»Lundi 7 novembre14h30 Halte spirituelle «Heureux les simples», avec Jean-Marie Pelt (biologiste), (1/5) (tous les jours, à 14h30 et 20h45).Mercredi 9 novembre17h Visages Philippe Pozzo di Borgo, le vrai héros du film «Intouchables» (cf. page 33). Un directeur de cham-pagne devenu tétraplégique. (redif-fusion à 23h)France CultureDimanche 6 novembre10h Messe. «Trente-deuxième dimanche ordinaire», depuis l’église Saint-Étienne du Mont, place Sainte-Geneviève, 75005 Paris. Instru-ments : grandes orgues - Vincent Warnier. Prédicateur : Père Lemerle (aumônier d’Henri IV et de Louis le Grand). Marie BIZIEN

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Paris✔ À l'espace Charenton, 327 rue Charenton, 75012 Paris, un col-loque organisé par l'AED (Aide à l'Église en Détresse) est prévu le 9 novembre (9h-18h30), sur le thème "Le Christianisme aura-t-il encore sa place en Europe ?". Réflexion sur la liberté de pen-sée, de conscience et de religion. Avec Chantal Delsol (philosophe), Gérard Leclerc (philosophe et journaliste), Mgr Castet (évêque de Luçon), Père Alexandre Siniakov (recteur du Séminaire orthodoxe russe de Paris), Tugdual Derville (Alliance pour les droits de la vie), François de Lacoste Laraymondie (Fondation de Service poli t ique), Grégor Puppinck (European center for law and justice), Alexandre Del Valle (géopolitologue), Gudrun Kugler (Observatoire de l’intolérance et de la discrimination contre les chrétiens).

Rens. ✆ 01.39.17.30.10, www.aed-france.org

✔ Les Franciscaines Réparatrices de Jésus-Hostie, 127 av. de Villiers, 75017 Paris, ✆ 01.43.80. 38.12, vous invitent à leurs "Journées d'amitié", du jeudi 17 au lundi 21 novembre (chaque jour à partir de 10h), avec comp-toirs variés : services brodés, art religieux, papeterie, parfume-rie, confiserie, linge de maison, tricots, épicerie fine et grands choix de vins fins... Grande tom-bola... S'inscrire pour les repas [déjeuner en 2 services 11h45 et 13h30, dîner 1 service à partir de 19h] (pas de repas le lundi 21).✔ Le 16e colloque de l’Union pour la Vie aura lieu le 21 no–vembre (17h30-22h) sur le thème «Identités nouvelles ? Nouveau féminisme», à la maison Eymard, 23 av. de Friedland, 75008 Paris, avec Élisabeth Montfort (ancien député européen et Présidente de l’Alliance pour un Nouveau Féminisme Européen) et Mgr Tony Anatrella (psychanalyste, spécialiste en Psychiatrie sociale, enseignant à l’IPC et au Collège des Bernardins...).

Rens. : l’Union Pour la Vie, 31 rue Rennequin, 75017 Paris, ✆ 01. 47.66.21.91, [email protected] / www.unionpourlavie.net✔ L'IPC, Facultés Libres de Philo-sophie et de Psychologie, 70 av. Denfert-Rochereau, 75014 Paris, ✆ 01.43.35.38.50, fax 01.43. 35.59.80 / [email protected] propose des cours tout public, à partir du 5 novembre : «L’art de l’argumentation I», problémati-ser, définir, argumenter, par Bruno Couillaud ; «La question du "genre"», être, et naître homme et femme ou le devenir ? par Michel Boyancé ; «L’art de l’argumenta-tion II», débattre, réfuter, persua-der, par Bruno Couillaud.Alpes-Maritimes✔ Accueil des reliques de Louis et Zélie Martin, parents de la «Petite Thérèse», au Sanctuaire Notre-Dame de Laghet, 06340 La Trinité, du 10 (18h) au 13 novembre prochain. Messes avec vénération des reliques. Conférences avec le Père P. Descouvemont et Mgr L.Sankale.

Veillée de prière chaque soir (20h30). Vendredi 11 : "Prière avec les malades", et le soir "Nuit d’adoration pour les voca-tions". Samedi 12 : "Pèlerinage de Monaco et RDV «vie profes-sionnelle»". Week-end pour les familles. Dimanche 13 : pèle-rinage avec Mgr Louis Sankalé. Rens./réservation (repas-héberge-ment) ✆ 04.92.41.50.50.http://sanctuaire-laghet.cef.frCalvados✔ Le sanctuaire Sainte Thérèse de Lisieux organise un colloque du 10 (20h) au 13 novembre (16h) «La fratrie à la lumière de la famille Martin». Avec conféren-ces, ateliers thématiques et offices liturgiques. Tarif : 15 €, gratuit pour les étudiants. Rens./insc. : Service Colloque 2011, BP 62095, 31 rue du Carmel, 14102 Lisieux cedex, ✆ 02.31.48.55.00, [email protected]✔ L’atelier Saint Nicolas des Lorrains présente une expo-sition (du 25 novembre au 23

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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décembre) «Les Femmes dans l’iconographie», à la Galerie d’art actuel Socles et Cimaises, MJC Philippe Desforges, 27 rue de la République, 54000 Nancy. Le vernissage de la 10e biennale de l’icône aura lieu le 25 novembre (18h30). Les icônes contri-buent à leur manière à cette Révélation et à l’approfondisse-ment de la Parole. Les icônes de la Vierge, des femmes de l’An-cien, du nouveau Testament, des saintes de tous les temps rayonnent la sainteté divine. Leur visage, cœur du message de l’icône, nous donnent de contempler la tendresse, la com-passion et l’amour infini de Dieu. Rens. ✆ 03.83.27.40.53.Pas-de-Calais✔ Au Foyer de Charité de Courset, BP 105, 62 240 Courset, ✆ 03.21.91.62.52, fax 03.21.83. 87.13 / [email protected], des activités sont proposées, seul ou en famille (accueil des enfants à partir de 4 ans). Des haltes spirituelles : les 26 et 27 novembre «La Charité du Christ nous presse», avec le Père Gérard Leprêtre ; les 26 et 27 novembre «La Doctrine Sociale de l’Église, c ’est quoi ?» , avec Thierry Coustenoble ; également des retraites, pour tous, du 26 au 31 décembre «Je vous annonce une grande joie (...) aujourd’hui vous est né un Sauveur», avec le Père Laurent Boucly, possibilité de rester pour la veillée du 31 décembre.Val-de-Marne✔ L'association Jeanne de France propose ses "Journées d'amitié" au Monastère de l'Annonciade, 38, rue J.-F. Marmontel, 94320 Thiais, les 9, 11, 12 et 13 novembre (10h-12h et 14h-18h30). Les moniales seront heureuses de vous accueillir dans les différents stands qui vous sont proposés (alimentation, antiquités, artisa-nat, broderie, carterie, objets reli-gieux...). La messe du dimanche 13 (9h45) sera célébrée à toutes les intentions. Rens. ✆ 01.48.84. 75.58, fax 01.48.52.24.98.Yvelines✔ Le 1er Festival des Artistes Chrétiens en Yvelines est organi-sé du 12 au 22 novembre «Que la Lumière soit !», avec exposi-tions, concerts, eurythmie, pro-jection, échanges, atelier, ins-

tallations, créations... à Ram-bouillet, à l'Église Saint-Lubin (Place Jeanne-d’Arc) et à l'Église Sainte-Bernadette (2 rue de la Paix), avec Arts-cultures-foi du diocèse de Versailles. Rens. ✆ 06.12.52.40.35 / [email protected] - Entrées libres. Avec notamment à l'Église Saint-Lubin, le 12 (18h30) messe d’ouverture présidée par le Père Guy Lecourt, (20h30) concert vocal «Dieu dit que cela était beau», le 13 (20h30) «Intermezzo artistique», le 16 (20h30) Chorals Spirituals «Schemelli» de Jean-Sébastien Bach, le 18 (20h30) «Violon et orgue», le 19 (20h30) «Récital de violon, piano et création pictu-rale». À l'Église Sainte-Bernadette, le 20 (15h) projection de «Être chrétien dans un état totalitaire» suivi d’un débat, animé par le Père Claude Touraille.Semaines Sociales✔ Chaque année, les Semaines Sociales organisent une session nationale de 3 jours consacrée à une question sociale contempo-raine. Ces journées, qui rassem-blent près de 4 000 personnes, se composent de conférences plénières, de débats et d’ateliers et font intervenir de nombreuses personnalités : sociologues, phi-losophes, théologiens, hommes politiques... La session 2011 s’in-titule «La démocratie, une idée neuve» et se tiendra du 25 au 27 novembre au Parc Floral de Paris.Paul Thibaud (philosophe), Jean-Paul Delevoye (président du Conseil économique, social et envi-ronnemental), Michel Camdessus ou encore Pascal Lamy (directeur général de l’OMC), figurent parmi les intervenants inscrits au pro-gramme de cette 86e session qui s’annonce très riche. Plusieurs candidats à l’élection présiden-tielle participeront par ailleurs à une table ronde sur la ques-tion de leur «ouverture démo-cratique» et tous les participants seront conviés à participer à une expérience de délibéra-tion démocratique en ateliers. Rens. ✆ 01.74.31.69.00, fax 01.74.31.60.99 / [email protected] www.ssf-fr.orgPèlerinage✔ Un pèlerinage en Terre Sainte aura lieu du 2 au 14 août 2012. Nazareth - Mont des Béatitudes - Tabgha - Capharnaüm - Mont Thabor - Jéricho - Aïn Karem - Bethléem - Jérusalem. Découvrir ou redécouvrir les sources de la

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foi chrétienne, suivre Jésus sur la terre qu’Il a choisie, notre «lieu de naissance», guidés par les prêtres de la communauté Aïn Karem, autour du Père Michel Gitton. Revivre des grands moments de l’année liturgique sur les lieux mêmes où Dieu s’est mani-festé à l’homme depuis l’Ancien Testament et sur les lieux qui ont connu le Christ dans son humani-té. Suivre pas à pas le Sauveur en méditant sa parole et en célébrant la liturgie.Trois routes pour trois styles : n°1, pour les couples et les céli-bataires, avec le Père Henri de l’Éprevier [Environ 1877 €] ; n°2, avec des conditions de confort plus réduites et un rythme

soutenu, avec le Père Jean-Luc Leverrier. [Environ 1495 €] ; n°3, programme prévu dans la jour-née pour les enfants de six à onze ans et pour les jeunes gens de douze à dix-sept ans, avec les Pères Frédéric Roder et Gilles de Raucourt. [Environ 1644 €]. Services fournis par l’agence Ichtus. Programme détaillé des visites, des messes et offices sur place, inscriptions et renseigne-ments, par courriel : [email protected], par courrier : Michèle Gabarrou, 31 rue de la Tour, 77171 Léchelle.

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