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Gestion des fuites mineures de phosphore provenant des serres V. Hilborn, ing. FICHE TECHNIQUE 17-022 AGDEX 731/215 AOÛT 2017 INTRODUCTION La présente fiche technique porte sur les moyens de réduire les fuites mineures de phosphore dans les serres en empêchant l’eau contenant de grandes quantités d’éléments nutritifs de s’introduire dans un bassin de gestion des eaux pluviales. La diminution des fuites de phosphore dans une serre joue un rôle prépondérant dans la réduction du coût des matières fertilisantes, l’atténuation des répercussions sur l’environnement et permet aussi à l’exploitation de se conformer à la réglementation. Le phosphore est un élément nutritif majeur indispensable à la bonne croissance des plantes et il contribue au développement des racines et des fruits. Dans bon nombre d’exploitations serricoles, le phosphore est apporté directement par l’eau fournie aux plants par irrigation goutte à goutte (figure 1). Environ 25 à 30 % de cette eau est inutilisée et recueillie dans des systèmes de rigoles (figure 2). Dans la plupart des cas, cette eau riche en éléments nutritifs est traitée et recyclée pour être redirigée vers les plants. Figure 1. Culture de légumes en serre dans des rigoles suspendues. Figure 2. Culture de fleurs en serre dans des rigoles. Dans le cas des exploitations serricoles où l’on recueille cette eau riche en éléments nutritifs, de légères fuites provenant du système de rigoles peuvent entraîner l’introduction de phosphore dans les eaux de surface par lessivage jusqu’aux tuyaux de drainage souterrains ou aux conduites d’eau pluviale. Des quantités excessives de phosphore dans les lacs et les rivières risquent de provoquer des proliférations d’algues, qui peuvent contaminer les rives, nuire aux populations de

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Gestion des fuites mineures de phosphore provenant des serres

V. Hilborn, ing.

FicHe tecHnique 17-022 AGDeX 731/215 AOÛt 2017

intrODuctiOnLa présente fiche technique porte sur les moyens de réduire les fuites mineures de phosphore dans les serres en empêchant l’eau contenant de grandes quantités d’éléments nutritifs de s’introduire dans un bassin de gestion des eaux pluviales. La diminution des fuites de phosphore dans une serre joue un rôle prépondérant dans la réduction du coût des matières fertilisantes, l’atténuation des répercussions sur l’environnement et permet aussi à l’exploitation de se conformer à la réglementation.

Le phosphore est un élément nutritif majeur indispensable à la bonne croissance des plantes et il contribue au développement des racines et des fruits. Dans bon nombre d’exploitations serricoles, le phosphore est apporté directement par l’eau fournie aux plants par irrigation goutte à goutte (figure 1). Environ 25 à 30 % de cette eau est inutilisée et recueillie dans des systèmes de rigoles (figure 2). Dans la plupart des cas, cette eau riche en éléments nutritifs est traitée et recyclée pour être redirigée vers les plants.

Figure 1. Culture de légumes en serre dans des rigoles suspendues.

Figure 2. Culture de fleurs en serre dans des rigoles.

Dans le cas des exploitations serricoles où l’on recueille cette eau riche en éléments nutritifs, de légères fuites provenant du système de rigoles peuvent entraîner l’introduction de phosphore dans les eaux de surface par lessivage jusqu’aux tuyaux de drainage souterrains ou aux conduites d’eau pluviale. Des quantités excessives de phosphore dans les lacs et les rivières risquent de provoquer des proliférations d’algues, qui peuvent contaminer les rives, nuire aux populations de

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réDuctiOn Des Fuites mineures De pHOspHOre prOVenAnt D’une serreToute personne travaillant dans une serre devrait comprendre comment même de petites fuites d’eau riche en éléments nutritifs peuvent devenir une source de graves problèmes. Toute l’équipe de travailleurs doit donc être consciente de l’importance de repérer et de réparer ces petites fuites.

Exemples de mesures à court terme permettant de limiter ces fuites dans les serres existantes :

• formation du personnel concernant le repérage et le signalement des fuites;

• planification d’inspections hebdomadaires des extrémités et des joints des rigoles afin de repérer les dommages ou les fuites et de réparer les rigoles ou de les remplacer au besoin;

• ajout d’une « tâche » aux programmes existants de gestion de la main-d’œuvre afin de s’assurer que le personnel inspecte les allées pour vérifier la présence éventuelle de fuites dans les rigoles (aux extrémités et sur les côtés) et signale les fuites aux préposés à l’entretien;

• vérification de la qualité du nettoyage des rigoles aux extrémités à la fin de chaque récolte afin de réduire l’accumulation de chaux ou d’autres sédiments;

• remplacement des rigoles lorsqu’elles sont usées, endommagées ou qu’elles présentent des fuites;

• vérification de l’étanchéité des raccords ou des joints au moment de l’installation des rigoles (figure 4);

• remplacement périodique des revêtements de plastique sur le sol afin d’empêcher les fuites d’eau riche en éléments nutritifs de pénétrer dans le sol.

Exemples de solutions à long terme pour les serres neuves ou rénovées :

• Ne pas installer des conduites d’eau pluviale en dessous du plancher qui se trouve sous les cultures (indispensable). Dans le cas des serres rénovées, replacer les conduites principales d’eau pluviale et les tuyaux de drainage à l’extérieur de la serre et à l’écart du plancher.

• Installer un revêtement imperméable sur le sol qui se trouve sous les rigoles et recueillir toute l’eau riche en éléments nutritifs qui provient des fuites. Transférer l’eau recueillie à un bassin central, où elle sera filtrée, traitée et remise en circulation. Inspecter ce revêtement chaque année et le réparer ou le remplacer au besoin.

poissons et, dans certains cas, dégager des substances toxiques susceptibles de contaminer des sources d’eau potable.

Étant donné ces préoccupations environnementales et le coût des matières fertilisantes, il est avantageux pour les exploitations serricoles de limiter les fuites d’eau riche en éléments nutritifs. Les producteurs en serre pourront trouver des recommandations sur l’utilisation de l’eau et des matières fertilisantes dans la publication du MAAARO intitulée, Auto-évaluation et pratiques de gestion optimales - Utilisation de l’eau et des fertilisants dans la culture des légumes de serre, à ontario.ca/maaaro.

sOurces Des Fuites D’eAu ricHe en éléments nutritiFsLes fuites mineures d’eau riche en éléments nutritifs peuvent se produire de différentes manières dans une serre :

• par des rigoles d’écoulement courbées ou instables (figure 3);

• par des rigoles qui présentent des fuites ou qui se sont détachées;

• par des fuites dans les tuyaux d’irrigation, surtout au niveau des tuyaux goutteurs.

L’eau riche en éléments nutritifs qui s’échappe des rigoles ou des joints s’accumule sur le sol de la serre et risque de s’introduire dans les tuyaux de drainage ou les conduites d’eau pluviale, qui sont enfouis dans le sol. Par conséquent, cette eau risque de pénétrer dans le bassin de gestion des eaux pluviales.

Figure 3. Cette rigole d’écoulement est courbée ou instable, ce qui cause un écoulement d’eau sur le sol.

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Figure 4. Tuyau de drainage sortant d’une rigole et doté d’un joint étanche.

cOnFOrmité à lA rèGlementAtiOn sur l’enVirOnnementLes eaux usées (qui peuvent être considérées comme des eaux d’égout) dans les serres peuvent habituellement provenir de trois sources différentes, selon les conditions qui prévalent dans la serre :

• des eaux de procédé (ex. : rejets d’eaux riches en éléments nutritifs, eaux de lavage de produits maraîchers);

• des eaux pluviales (ex. : eaux provenant du toit et des surfaces pavées sur le site);

• des eaux usées sanitaires (ex. : eaux usées générées par les activités humaines).

Exemples de méthodes acceptables pour gérer les eaux de procédé et les eaux pluviales :

• recyclage interne des eaux de procédé ou des eaux pluviales sans rejet;

• épandage sur les terres à titre d’éléments nutritifs en vertu du Règlement de l’Ontario sur les solutions nutritives de serre (SNS);

• épandage sur des terres à des fins d’élimination en vertu d’une Autorisation environnementale (AE);

• traitement sur le site et rejet dans l’environnement naturel en vertu d’une AE;

• élimination hors du site par un transporteur de déchets détenteur d’un permis du ministère de l’Environnement et de l’Action en matière de changement climatique (MEACC);

• rejet dans un égout sanitaire municipal;• rejet dans un système souterrain de traitement des

eaux usées (ex. : une fosse septique);

• séparation des eaux de procédé et des eaux pluviales et présentation d’une demande d’AE relative aux eaux pluviales.

La gestion des eaux usées sanitaires dépasse le cadre de la présente fiche technique.

ObtentiOn Des AutOrisAtiOns enVirOnnementAles pertinentesBon nombre des méthodes de gestion énumérées ici exigent des autorisations du MEACC, du MAAARO ou d’autres organismes. On doit se procurer toutes les autorisations requises relatives aux eaux de procédé et aux pluviales avant de les éliminer ou de les épandre sur des terres.

On doit obtenir une AE du MEACC avant d’utiliser, de faire fonctionner, de mettre en place, de modifier, d’agrandir ou de remplacer une station neuve ou existante d’épuration d’eaux d’égout rejetées dans l’environnement naturel ou épandues à des fins d’élimination. Selon la Loi de 1990 sur les ressources en eau de l’Ontario, on entend par « station d’épuration des eaux d’égout » une installation servant à capter, conduire, traiter et éliminer des eaux d’égout, ou une partie de telles installations à l’exclusion des installations de plomberie auxquelles s’applique la Loi de 1992 sur le code du bâtiment, y compris les fosses septiques dont le débit nominal est inférieur à 10 000 m3/jour (et qui sont approuvées par la municipalité).

Pour obtenir une AE relative aux eaux pluviales, on doit séparer les eaux pluviales des eaux de procédé (y compris les eaux riches en éléments nutritifs). Il est important de garder l’eau propre (comme l’eau de pluie) séparée de l’eau riche en éléments nutritifs. Le rejet des eaux de procédé ou des eaux pluviales dans l’environnement naturel (même après les avoir traitées) sans les autorisations appropriées constitue une infraction à la Loi de 1990 sur les ressources en eau de l’Ontario.

Pour en savoir davantage sur les exigences concernant les AE relatives aux eaux pluviales et aux eaux de procédé provenant de serres, communiquer avec le bureau de district local du MEACC (ontario.ca/fr/environnement-et-energie/localisateur-des-districts-du-ministere-de-lenvironnement-et-de-laction-en-matiere-de-changement).

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L’épandage de solutions nutritives de serre (SNS) en vertu de la Loi de 2002 sur la gestion des éléments nutritifs (LGEN) représente un autre moyen d’utiliser les eaux usées riches en éléments nutritifs, préalablement retirées d’un système de circulation fermé. Cette méthode permet aux éléments nutritifs d’être utilisés par les cultures au champ lorsque les conditions sont appropriées. Afin de mieux comprendre les exigences relatives à l’épandage de SNS en vertu de la LGEN, communiquer avec un conseiller en matière de gestion des éléments nutritifs (french.nutrientmanagement.ca) ou consulter l’information diffusée sur le site Web du MAAARO à ce sujet (ontario.ca/maaaro).

résuméIl est possible de réduire les fuites mineures de phosphore par une bonne formation du personnel, des inspections régulières, un bon entretien du matériel, l’assurance que les raccords et les joints sont étanches ainsi que par l’utilisation d’un revêtement de plastique imperméable pour protéger le plancher de la serre. Le repérage et la réparation des fuites d’eau riche en éléments nutritifs permettront de diminuer les coûts des matières fertilisantes et d’éviter que le phosphore pénètre dans les eaux de surface par lessivage dans les tuyaux de drainage souterrains ou les conduites d’eau pluviale.

Il est indispensable d’obtenir toutes les autorisations nécessaires avant de rejeter ou d’épandre des eaux de procédé et des eaux pluviales.

On peut en apprendre davantage sur les différentes mesures à prendre pour réduire les fuites mineures dans les serres en communiquant avec un représentant de son regroupement de producteurs spécialisé.

Cette fiche technique a été rédigée par Vicki Hilborn, ing., ingénieriste, systèmes de génie civil, MAAARO, London, et révisée par Shalin Khosla, spécialiste de la culture des légumes en serre, MAAARO, Harrow; Chevonne Carlow, spécialiste de la floriculture en serre, MAAARO, Vineland; Trevor Robak, spécialiste de l’environnement, MAAARO, London; Nathan Scaiff, spécialiste des programmes de la Division, MEACC, London ainsi que par Justine Taylor, directrice scientifique et des relations avec le gouvernement, Ontario Greenhouse Vegetable Growers Association, Leamington, Ontario.

Publié par le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario© Imprimeur de la Reine pour l’Ontario, 2017, Toronto, CanadaISSN 1198-7138 Also available in English (Factsheet 17-021)

centre d’information agricole :1 877 424-1300

1 855 696-2811 (ATS)courriel : [email protected]

ontario.ca/maaaro