Godin, B., Ratel, S. (1999) Jalons pour une histoire de la mesure de la science

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    Notede recherche

    Jalons pour une histoire

    de la mesure de la science

    Benot Godin

    Stphane Ratel

    99-11

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    Pour se procurer des copies de cette note de recherche communiquer avec leschercheurs:

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    JALONS POUR UNE HISTOIRE DE LA MESURE DE LA SCIENCE

    Benot Godin, professeur, INRS

    etStphane Ratel, tudiant, UQAM

    Communication prsente la confrenceInternationalisme statistique, pratiques tatiques et traditions nationales,

    21-23 septembre 1999, UQAM, Montral

    Introduction

    La mesure de la science et de la technologie est encore jeune. Elle a une quarantaine

    dannes peine - du moins dans le monde occidental. On peut certes identifier avant les

    annes 1960 des tentatives, parfois trs systmatises de mesure de la science et de la

    technologie; toutefois, ces expriences se confinent lEurope de lEst 1. Une revue de la

    littrature sur lhistoire de la statistique sociale nous apprend que la mesure de la science

    et de la technologie a t compltement ignore.2 Par consquent, son histoire reste

    crire. Cette communication se veut une contribution en ce sens.

    La mesure de la science et de la technologie ne sinscrit pas dans les catgories de la

    statistique sociale telle que lhistoire ltudie aujourdhui. Premirement, il ne sagit pas

    dune statistique sociale proprement dite; en effet, elle ne sintresse pas la population,

    mais une catgorie spcifique dindividus - les chercheurs - et aux connaissances et

    innovations quils produisent. Ce sont ces dernires qui intressent les gouvernements et

    qui font lobjet de la politique scientifique et technologique. Deuximement, la mesure de

    la science et de la technologie ne loge pas non plus du ct des statistiques conomiques.

    En effet, elle ne sintresse pas, historiquement du moins, au march des biens produits par

    1 C. Freeman et A. Young, Leffort de R-D en Europe Occidentale, Amrique du Nord et Union Sovitique,Paris : OCDE, 1965.2 Un balayage de la revue Social Indicators Research indique quelle est compltement dlaisse par leschercheurs du champ de la statistique sociale.

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    la science mais aux producteurs de savoir, au nombre desquels les universits. Diverses

    considrations expliquent la spcificit de la mesure de la science et de la technologie,

    parmi lesquelles des facteurs idologiques, politiques, et mthodologiques que nous

    aborderons plus loin.

    La prsente communication entend montrer les spcificits de la mesure de la science et de

    la technologie par rapport ce que nous enseigne lhistoire de la statistique sociale. Trois

    hypothses guident notre expos. Premirement, la mesure de la science et de la

    technologie na pas pour objectif le contrle des acteurs comme on pourrait le croire la

    lumire de la littrature sur lhistoire de la statistique sociale. Nous prenons ici au srieux

    la remarque de Ian Hacking leffet que les gouvernements ont mis sur pied des bureaux

    de statistique davantage pour compter que pour contrler3 : les gouvernements ne sont

    pas parvenus mettre excution les vises de lconomie morale, mais les bureaux de

    statistique se sont dvelopps selon une logique autonome. Deuximement, la mesure de

    la science et de la technologie est un exercice qui sest dfini au niveau international

    concurremment au niveau national. La mesure na pas connu la linarit temporelle le

    passage de la diversit des dfinitions et mthodes luniversalisation et la

    standardisation - qui semble caractriser dautres statistiques (et plusieurs normes

    technologiques). Enfin, lorganisation institutionnelle de la mesure de la science et de la

    technologie nest pas bicphale, cest--dire quelle ne sest pas dfinie la lumire dun

    dbat entre un organisme statistique central et des ministres. La mesure de la science et

    de la technologie forme un systme compos de multiples acteurs qui oprent selon une

    division du travail dicte la fois par une idologie partage et par des mthodologies

    spcifiques.

    1. Lart de ne pas mesurer la science

    Il nest plus besoin de rappeler aujourdhui que la statistique sest dveloppe en lien avec

    ltat dont les vises de contrle des populations et dintervention dans le champ social

    3 I. Hacking, Biopower and the Avalanche of Numbers, Humanities in Society, 5 (3-4), 1982: 281-282.

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    furent les moteurs 4. Que ce soit pour le prestige du Roi dont il sagissait de dmontrer la

    grandeur via le nombre de ses sujets, ou pour le dveloppement de ltat moderne qui se

    proccupe de la sant de ses citoyens, la statistique est place sous lemblme de la

    rationalit instrumentale : ltat investit dans celle-ci pour laction 5.

    La statistique officielle sur la science et la technologie ne fait pas exception la rgle : elle

    prend la mesure de la science parce que des fins socio-conomiques meuvent les

    interventions et les discours des gouvernements lgard de la science et de la

    technologie. Mais elle prend des mesures bien particulires de cet objet.

    La mesure de la science et de la technologie repose sur un modle, souvent implicite,

    appel intrants/extrants (Figure 1). Des investissements (intrants) sont raliss dans des

    activits de recherche, activits qui produisent des rsultats (extrants) et, ultimement, des

    impacts. Cest l un modle idal : il identifie les principales dimensions de la science et de

    la technologie, mais la statistique ne les mesure pas toutes dgale faon. En effet, la

    statistique officielle sur la science et la technologie ne mesure ni les activits des

    chercheurs ni les extrants (les biens produits). Elle mesure essentiellement les intrants,

    soit les ressources financires et humaines investies en science et technologie.

    Figure 1 Le modle intrants/extrants

    Intrants Activits Extrants Impacts

    4 I. Hacking, Making Up People, in T.C. Heller, Reconstructing Individualism, Stanford : Stanford UniversityPress, 1986 : 222-236; A. Desrosires, How to Make Things Which Hold Together: Social Science,Statistics and the State, in P. Wagner, B. Wittrock et R. Whitley (ed.), Discourses in Society, Netherlands:Kluger, 1990: 195-218.5 Pour une critique de cette ide, voir: B. Godin, De lutilisation symbolique et idologique de la science,Bulletin dhistoire politique, 7 (3), 1999: 79-92.

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    La statistique officielle prend deux mesures de la science : les ressources financires

    investies en recherche, qui permettent notamment de calculer ce que lon appelle la

    Dpense Intrieure Brute de R-D (DIRD), et les ressources humaines affectes ces

    activits. Chacune de ces mesures est analyse en fonction de trois classifications. Dabord

    selon la nature de la recherche, cest--dire selon que la recherche est fondamentale,

    applique, ou quelle concerne le dveloppement de produits et procds. Cest l, nous le

    verrons, une classification centrale de la mesure de la science et de la technologie. Ensuite,

    selon les secteurs qui financent ou qui excutent la recherche : gouvernement, universit,

    industrie, organismes sans but lucratif, tranger. Nous verrons galement que ce sont ces

    institutions qui sont mesures, et non les individus qui les composent. Enfin, et en lien

    avec la dimension prcdente, les ressources montaires et humaines sont classes par

    disciplines dans le cas du secteur universitaire, par secteurs industriels pour les entreprises,

    et par missions ou objectifs socio-conomiques pour les ministres. Nous verrons, enfin,

    que ces contenus sont loin de satisfaire les besoins de la politique publique et de

    lconomie.

    Par-del ces objets, la statistique officielle mesure galement linnovation par lentremise

    du dnombrement des brevets et des changes technologiques entre pays (Balance des

    Paiements Technologiques). Mais lessentiel des efforts est investi dans la mesure des

    intrants. Un regard jet sur lensemble des indicateurs qui servent mesurer la science

    (voir Annexe 1) nous apprend que plus on se dplace des intrants vers les extrants et les

    impacts, moins on dispose dindicateurs 6.

    Cest quen fait une idologie particulire guide la mesure de la science et de la

    technologie. En effet, on a longtemps cru quil ntait pas ncessaire de mesurer les

    activits et les extrants de la recherche et quil tait impossible de mesurer les impacts. On

    postule que ceux-ci sont implicites. La recherche conduit ncessairement au progrs. Il ne

    sagit donc pas, laube de la naissance de la politique scientifique, soit au sortir de la

    6 B. Godin, Ltat des indicateurs scientifiques et technologiques dans les pays de lOCDE, Ottawa:Statistique Canada, 1996; B. Godin, Les indicateurs de la recherche universitaire, Montral: CREPUQ,1997.

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    deuxime guerre mondiale, dorienter ou de contrler la recherche et les scientifiques,

    mais de sassurer que ces derniers disposent des moyens de produire des connaissances.

    Do lemphase mise sur la mesure des intrants.

    Ltat de actuel de la mesure de la science et de la technologie sexplique par le fait que

    cette dernire vhicule en arrire-plan une certaine ide de la science. Celle-ci sarticule

    autour de deux lments.

    Premirement, lide de lautonomie universitaire. En effet, les chercheurs universitaires

    sont rputs libres, de cette libert qui fut un important cheval de bataille vis--vis de

    ltat tout au long de ce sicle 7. En consquence, les chercheurs ont obtenu, au sortir de

    la deuxime guerre mondiale, que le financement de la recherche soit ralis sur la

    promesse de rsultats 8. Ce succs va de pair avec le fait que les universits sont des

    institutions autonomes. Du point de vue de la mesure, cela implique quelles ne figurent

    pas dans la comptabilit nationale en tant quentits institutionnelles distinctes. Elles

    disposent de leur propre comptabilit.

    Limportance de la libert acadmique dans les affaires scientifiques est tellement

    prgnante quelle va jusqu dfinir une catgorie centrale de la mesure de la science et de

    la technologie : la recherche fondamentale. En effet, la recherche fondamentale est dfinie

    comme une recherche ralise en vue dacqurir des connaissances sur les fondements

    des phnomnes sans envisager une application ou une utilisation particulire 9. La

    recherche est ainsi dfinie par le but vis, soit la curiosit 10. Il nexiste pourtant aucun lien

    7 Science and Freedom, London: Secker & Warburg, 1955; M. Polanyi, The Republic of Science: ItsPolitical and Economic Theory, Minerva, 1, 1962: 54-73; M. Weber (1919), Le savant et le politique, Paris:

    Plon, 1959.8 S.P. Turner, Forms of Patronage, in S.E. Cozzens et T.F. Gieryn, Theories of Science in Society,Bloomington: Indiana University Press, 1990; D.H. Guston et K. Keniston, The Fragile Contract: UniversityScience and the Federal Government, Cambridge (Mass.): Cambridge University Press, 1994; D. Braun,Who Govers Intermediary Agencies? Principal-Agent Relations in Research Policy-Making, Journal ofPublic Policy, 13 (2), 1993: 135-162.9 OCDE, La mesure des activits scientifiques et techniques: mthode type propose pour les enqutessur la recherche et le dveloppement exprimental(Manuel de Frascati), Paris, 1993: p. 74.10 Cette classification a fait lobjet de nombreux dbats. Voir: NSF, Categories of Scientific Research,Washington, 1979; NSF, Report of the Task Force on Research and Development Taxonomy,

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    logique entre la recherche fondamentale et labsence de vise relative lapplication des

    rsultats de cette recherche. On peut trs bien raliser de la recherche fondamentale dans

    le but de rsoudre des problmes dtermins. Le cas de la recherche en sant est typique

    cet gard.

    Deuximement, lide de science sarticule autour de la notion de recherche pure. La

    science est considre comme un bien public pur, cest--dire un bien dont les bnfices ne

    sont pas appropriables par son producteur contrairement aux biens privs - et dont les

    rsultats et retombes sont incertains et difficilement mesurables 11. En complment

    cette ide, la littrature conomique a dvelopp un modle qui guide la comprhension de

    la science et de la technologie : le modle linaire. Celui-ci postule que linnovation prend

    ncessairement naissance avec la recherche fondamentale, recherche qui se traduit, dans un

    second temps seulement, en recherche applique puis en innovations 12. Cest donc au

    profit de la recherche fondamentale, soit dans les universits, que les gouvernements

    doivent investir - lindustrie ny investissant pas suffisamment.

    Cette idologie a eu trois consquences pour la mesure de la science et de la technologie.

    Premirement, un grand nombre de pays refusent de raliser des enqutes sur la recherche-

    dveloppement (R-D) universitaire. Certes, un manuel international de mthode a t

    publi cet effet en 1989 par lOCDE 13. Mais ses recommandations ne sont pas vraiment

    suivies par les organismes statistiques nationaux. Quelles en sont les raisons?

    Washington, 1989; O.D. Hensley, The Classification of Research, Lubbock: Texas Tech University Press,1989; D. E. Stokes, Pasteurs Quadrant: Basic Science and Technological Innovation, Washington:Brookings Institution Press, 1997.11 R.R. Nelson, The Simple Economics of Basic Scientific Research, Journal of Political Economy, 67,1959: 297-306; K. J. Arrow, Economic Welfare and the Allocation of Ressources for Invention, in NBER,The Rate and Direction of Inventive Activity: Economic and Social Factors, Princeton: Princeton UniversityPress,1962: 609-626.12 La gnalogie de cette ide remonte J. Schumpeter qui distingua invention et innovation. Puis lesconomistes dvelopprent ce qui est maintenant connu sous le nom de modle linaire. Voir : J.E.Forrest, Models of the Process of Technological Innovation, Technology Analysis and StrategicManagement, 3 (4), 1991: 439-452; M.A. Saren, A Classification and Review of Models of the Intra-FirmInnovation Process, R&D Management, 14 (1), 1984: 11-24; S.J. Kline, Innovation Is Not a Linear Model,Research Management, juillet/aot 1985: 36-45.

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    Le supplment au Manuel de Frascati explique la difficult de mesurer la R-D universitaire

    par des contraintes dordre technique. La premire dentre elles est relative aux systmes

    comptables des universits : les systmes de comptabilit des universits ne fournissent

    pas dinformations ventiles [sur les chercheurs] (...). Cela tient principalement au fait que

    cette information, outre quelle est assez difficile compiler, nintresse gure les

    comptables des tablissements denseignement suprieur 14. La deuxime raison avance

    est relative la spcificit du travail professoral qui rendrait la mesure difficile sinon

    impossible. Dabord, la recherche est intimement lie lenseignement, ce qui rend trs

    difficile de dire avec prcision o se terminent les activits denseignement ou de

    formation du personnel de lenseignement suprieur et de ses tudiants, et o commencent

    les activits de recherche, et vice versa 15. Ensuite, les professeurs ont des horaires de

    travail libres et non contrls : les activits de R-D sont plus nombreuses dans ce secteur

    pendant les priodes de vacances universitaires que pendant la dure des cours. En outre,

    la R-D na pas ncessairement lieu pendant les heures officielles de travail. Elle peut

    seffectuer au domicile des chercheurs, pendant les week-ends ou le soir. Cela signifie que

    ces chercheurs sont plus libres de disposer de leurs heures de travail 16. Cette

    argumentation est reprise fidlement par les organismes statistiques nationaux. Citons

    Statistique Canada, par exemple :

    La collecte de donnes sur les activits de R-D dans le secteur de lenseignement suprieur pose desproblmes particulirement srieux. Dabord, la R-D nest pas normalement une activitinstitutionnelle organise, mais plutt une activit personnelle des membres des institutions. (...) Larecherche fait partie des fonctions normales des professeurs, et ni ceux-ci, ni les institutions nont tenir compte des ressources consacres cette activit (principalement leur propre temps). 17

    En raison de ces difficults, les gouvernements mnent des enqutes sur la R-D industrielle

    et la R-D gouvernementale, mais plusieurs dveloppent plutt des mthodes destimation

    13 OCDE, La mesure des activits scientifiques et techniques: statistiques de R-D et mesure des rsultatsdans lenseignement suprieur, Paris, 1989.14 OCDE, ibidem, p. 23.15 OCDE, ibidem, p. 24.16 OCDE, ibidem, p. 12.17 Statistique Canada, Estimation des dpenses au titre de la R-D dans le secteur de lenseignementsuprieur, Ottawa, document ST-96-07, Ottawa, 1996: p. 5.

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    quand vient le temps de mesurer les investissements dans la recherche universitaire 18,

    mthodes par ailleurs trs critiques 19. Le manuel de lOCDE admet pourtant que les

    difficults de mesure ne sont pas incontournables 20, du moins dans la mesure o les

    gouvernements acceptent de faire des enqutes. Mais cest justement l que le bt blesse :

    les gouvernements ne font pas denqutes. Au fil des annes, les pays ont abord le

    problme de lidentification et de la mesure de la R-D au moyen de mthodes diverses,

    influences, entre autres, par le temps et les ressources financires dont ils pouvaient

    disposer pour procder lexercice de collecte de donnes, et aussi par limportance que

    les autorits nationales accordent la R-D mene dans le secteur de lenseignement

    suprieur par rapport la recherche effectue dans dautres secteurs de lconomie 21.

    Ce constat tmoigne du fait qu lidologie de lautonomie universitaire, qui suggrait

    que la recherche universitaire ne devait pas tre mesure, de nouvelles considrations

    sajoutent aujourdhui qui vont dans le mme sens : les gouvernements se proccupent

    davantage de lentreprise et de linnovation que de la recherche universitaire.

    Une deuxime consquence de lidologie de lautonomie universitaire est que la plupart

    des pays refusent systmatiquement de mesurer les extrants de la recherche universitaire.

    La question est certes discute de faon rcurrente dans les manuels de mthode et

    demeure continuellement lagenda des runions des experts internationaux 22, mais

    aucune mesure ne fait consensus auprs des instances gouvernementales. Les raisons

    avances sont les suivantes : en raison de la nature fondamentale de cette recherche, les

    rsultats et les outputs sont difficiles chiffrer et se prsentent en grande partie sous la

    forme de publications et de rapports 23. Du fait que les chercheurs produisent

    18 OCDE, Measuring R-D in the Higher Education Sector: Methods Used in the OECD/EU MemberCountries, Working Paper, DSTI, Paris, 1997.

    19 J. Irvine, B.R. Martin, et P.A. Isard, Investing in the Future: An International Comparison of GovernmentFunding of Academic and Related Research, Hants: Edward Elgar, 1990.20 La mesure en quivalent temps plein (ETP) est la solution privilgie par le manuel. Voir OCDE,Supplment au manuel de Frascati, pp. 34-35.21 OCDE, ibidem, p. 13.22 C. Freeman, Mesure de loutput de la recherche et du dveloppement exprimental, Paris: Unesco,1970. Voir aussi: manuel de Frascati, ditions de 1963 (pp. 40-43) et de 1981 (annexe 2), de mme que lesupplment au manuel de Frascati(1989): chapitre 7.23 OCDE, Supplment au manuel de Frascati, p. 12.

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    essentiellement des connaissances, les outputs de la R-D ne peuvent tre immdiatement

    identifis en termes de produits ou de systmes nouveaux, mais sont plus vagues et

    difficiles dfinir, mesurer, et valuer 24.

    Dernire consquence de lidologie de lautonomie universitaire : les activits des

    chercheurs ne sont pas mesures. Lunit dobservation des donnes sur la science et la

    technologie nest pas le chercheur ni les activits de recherche, mais le secteur dexcution

    de la recherche : universits, gouvernements, entreprises. Le niveau de dtail le plus

    dsagrg pour parler des contenus scientifiques est relatif aux divisions de chacun de ces

    secteurs : disciplines, secteurs industriels, ministres. Les activits scientifiques demeurent

    pour linstant une bote noire laisse la sociologie et lhistoire des sciences. Les seules

    mesures des activits disponibles sont indirectes. On mesure la nature des activits de

    recherche, par exemple les activits menes en collaboration, en identifiant les sommes

    dpenses cet effet.

    Bref, ni les activits des individus ni les biens produits quils soient dailleurs issus du

    monde universitaire ou autre - ne sont systmatiquement mesurs. Le portrait prcdent de

    la mesure de la science et de la technologie est partag par lensemble des pays

    occidentaux. Et ce parce quun messager influent se profile derrire eux : lOCDE. Un

    messager de plus en plus important mesure que les gouvernements sabraient dans leurs

    effectifs de rflexion en matire de politique publique.

    2. Linternationalisme statistique

    Lhistoire de la mesure et de la statistique a montr comment cette dernire a germ sur

    des sols nationaux pour ensuite, dans un deuxime temps seulement, faire lobjet de

    standardisation au niveau international 25. En matire de science et technologie, ce ne fut

    pas le cas. En effet, les mthodes actuelles de mesure de la science et de la technologie

    sont largement redevables un organisme international, soit lOCDE qui, ds 1963, publie

    24 OCDE, ibidem, p. 13.

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    leManuel de Frascati26. Le manuel suggre aux pays membres une faon de collecter les

    donnes sur la R-D et fournit des classifications et des indications pour organiser celles-ci,

    en vue de permettre une meilleure comparabilit internationale des donnes sur la science

    et la technologie (voir pp. 3-4).

    Ce travail de standardisation a commenc au milieu des annes 1950, soit en mme temps

    que certains pays (tats-Unis, Grande-Bretagne) initiaient les premires enqutes sur la

    science et la technologie. Pourquoi lOCDE, poursuivant la rflexion amorce par son

    prdcesseur lOECE27, prend-t-elle place dans le champ de la science et de la technologie

    et plus particulirement dans le champ de la mesure de la science et de la technologie? En

    effet, larticle 2 de la Convention fondatrice de 1960 mentionne explicitement la science et

    la technologie comme moyen daction. Notre hypothse, puisquil sagit pour le moment

    dune hypothse, est que cette occupation lui permet de prendre part la dfinition

    (conomique) des termes dun enjeu majeur, en mergence et peu matris par les

    gouvernements : la science et la technologie. Cette occupation lui permet en mme temps

    de renforcer sa mission premire, soit celle du progrs conomique (via la science et la

    technologie).

    Certes, il peut tre tentant de justifier lintervention de lOCDE en la matire par une

    volont de freiner et de contrler les dpenses. On lit par exemple dans le rappel historique

    plac en annexe la dernire dition du Manuel de Frascati que cest vers 1960 que la

    plupart des pays Membres de lOCDE ont t incits, de par la croissance rapide des

    ressources nationales consacres la recherche et au dveloppement exprimental (R-D),

    recueillir des donnes statistiques dans ce domaine 28. Cette argumentation demande

    interprtation, et elle est dailleurs trs nuance dans la premire dition du manuel 29.

    25 E. Brian, Statistique administrative et internationalisme statistique pendant la seconde moiti du XIXesicle, Histoire et Mesure, 4 (3-4), 1989: 201-224.26 Voir note 8.27 Cest le Comit de la recherche applique de lOECE qui initie ces discussion en 1957.28 OCDE, Manuel de Frascati, Paris, 1993: p. 143.29 OCDE, Mthode type propose pour les enqutes sur la recherche et le dveloppement, Paris, 1963:pp. 5-7.

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    Cette dernire associe cinq objectifs la mesure : information, suivi, comparaison, gestion,

    valuation (p. 9-11). Dans dautres documents de lOCDE, contemporains du Manuel de

    Frascati (dition 1993), on parle de la ncessit de disposer dindicateurs pour mieux

    comprendre les relations entre science et conomie 30.

    Une lecture de lhistoire la lumire de lide de contrle nous apparat donc vhiculer

    une rationalisation du pass faite la lumire du prsent. Au dbut des annes 1960, tous

    les gouvernements croient limportance des investissements en science et technologie 31.

    La dcroissance nest pas encore lhorizon. Cest dailleurs cette poque que lOCDE

    initiera la production dune abondante littrature plaidant la ncessit pour les pays de

    disposer dune politique scientifique et dinvestir dans les activits scientifiques. partir

    de 1964, lorganisation produit des dizaines dtudes sur les politiques scientifiques et

    technologiques nationales dans autant de pays (voir Annexe 2), ainsi quune synthse

    importante intitule The Research System (trois volumes parus entre 1972 et 1974). Elle

    produit galement, ds 1963, de nombreux documents de rflexion sur la politique

    scientifique et technologique et ses objectifs (Tableau 1).

    Ce travail se poursuivra sans relche dans les annes 1980 et 1990. LOCDE lance une

    srie rgulire danalyse sur les enjeux de la science et de la technologie pour les politiques

    publiques : Perspectives de politique scientifique et technologique (1985, 1988, 1991,

    1994), suivie de Perspectives de la science, de la technologie et de lindustrie (1996,

    1998). Elle met sur pied une revue spcialise en 1986 et intitule Revue STI. Elle publie

    ds 1988 des rpertoires annuels de statistiques sur la science et la technologie, rpertoires

    qui sont le fruit des rsultats des enqutes gouvernementales sur la science et la

    technologie 32. Enfin, lOCDE ralise cinq manuels de mthode : le manuel dOslo

    30 OCDE, La technologie et lconomie: les relations dterminantes, Paris, 1992: pp. 317 et suivantes.31 Voir par exemple le compte-rendu de la premire confrence des ministres de la science : OCDE, Lesministres et la science, Paris, 1965.32 Avant cette date, et ce depuis 1965, lOCDE publiait un document intitul International Survey of theResources Devoted to R&D by OECD Member Countries .

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    (1997) 33, le manuel de Canberra (1995) 34, le manuel brevets (1994) 35, le manuel BPT

    (1990) 36, le Manuel de Frascati (1963) et son supplment sur lenseignement suprieur

    (1989). LeManuel de Frascati fera lobjet defforts continus et assidus de mise jour. Il

    en est aujourdhui sa cinquime dition.

    Tableau 1.

    Documents majeurs de politique scientifique (OCDE)

    Science and the Policies of Government (1963)

    Science, croissance conomique et politique gouvernementale (1963)

    Les ministres et la Science (1965)

    La recherche gouvernementale et la politique des gouvernements (1966)

    Science, croissance et socit (1971)

    Changement technique et politique conomique (1980)

    La politique scientifique et technologique pour les annes 1980 (1981)

    Nouvelles technologies : une stratgie socio-conomique pour les annes 90 (1988)

    La technologie et lconomie (1992)

    Technologie, productivit et cration demplois (1996)

    Le contrle des dpenses nest donc pas le leitmotiv derrire la mesure. Cette dernire est

    plutt rendue ncessaire pour appuyer et dmontrer le progrs (socio)conomique qui

    dfinit la mission de lOCDE et pour dterminer, consquemment, les lieux institutionnels

    (universits, entreprises, ministres) o ltat doit investir. Cest en effet un besoin des

    gouvernements lpoque de dterminer o investir dans le but de dvelopper leurs

    activits scientifiques et de maximiser les retombes de celles-ci. Cest lpoque aussi o

    33 OCDE, Principes directeurs proposs pour le recueil et linterprtation des donnes sur linnovationtechnologique, Paris, 1996.34 OCDE, Manuel pour la mesure des ressources humaines consacres la science et la technologie ,Paris, 1995.35 OCDE, Les donnes sur les brevets dinvention et leur utilisation comme indicateurs de la science et dela technologie, Paris, 1994.36 OCDE, Mthode type propose pour le recueil et linterprtation des donnes sur la balance des

    paiements technologiques, Paris, 1990.

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    les conomistes commencent sintresser la science et publient des rsultats

    dmontrant la contribution significative de celle-ci au progrs conomique 37.

    Par del cet intrt, la science possde un atout supplmentaire pour lOCDE. Elle a le

    bnfice de partager une caractristique centrale de la mission de lorganisation : celle de

    la collaboration (entre tats). En effet, et ceci est souvent rappel dans les crits de

    lOCDE sur la science et la technologie, la science est internationale, et ce dans les deux

    sens suivants. Dabord, la science est internationale per se : un lectron se comporte

    semblablement au Qubec et au Zimbabwe. Ensuite, la science est une activit qui se

    droule entre scientifiques de diffrents pays : ctait dj lidal de la Rpublique des

    Savants au 18e sicle. La science constituerait donc un indicateur privilgi de la

    collaboration entre les tats de lOCDE.

    Mais pourquoi les gouvernements nationaux participent-ils si docilement lpoque aux

    efforts de lOCDE en suivant du mieux quils peuvent les recommandations de lOCDE?

    Certes, ce sont les pays membres de lOCDE qui dfinissent les termes du dbat et

    participent la rdaction des documents. Mais au-del de cet intrt constitutif, plusieurs

    raisons peuvent tre avances.

    Premirement, lOCDE des annes 1960 jouit dj dune excellente rputation et dispose

    de ressources importantes 38. Elle dispose du capital symbolique et des moyens financiers

    pour dvelopper des mthodes 39. Deuximement, il existe peu de ministres de science et

    de technologie dans les pays membres et peu de rflexion sur la politique scientifique. Ces

    ministres natront la fin des annes 1960 et au dbut des annes 1970. Dans ce

    contexte, le modle propos par lOCDE vient combler de faon pratique le besoin des

    tats membres en matire de mesure de la science et de la technologie. De surcrot, le37 R. Solow, Technical Change and the Aggregate Production Function, Review of Economics andStatistics, 39, 1957: 312-320; Z. Griliches, Research Costs and Social Returns: Hybrid Corn and RelatedInnovations, Journal of Political Economy, 66, 1958: 419-431.38 Mise sur pied en 1961, lOCDE succde lOECE , elle-mme cre en 1948 afin dassurer lacoordination du programme amricain de reconstruction de lEurope (plan Marshall).

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    modle est dinspiration amricaine, gage de succs lpoque. Enfin, il y a consensus sur

    les catgories mesurer40: la recherche fondamentale quon distingue soigneusement de la

    recherche applique; luniversit, responsable de la premire, quon oppose lindustrie;

    les intrants quon prfre mesurer aux extrants. Ce consensus a dailleurs une longue

    gnalogie. En effet, la hirarchie du savoir thorique sur le savoir pratique caractrise

    dj les Grecs (la contemplation) et a aliment la philosophie jusquau prsent sicle 41.

    Elle a ensuite t vhicule par les discours des savants sous la forme de deux

    dichotomies : science/technologie, recherche fondamentale/recherche applique 42. Elle a,

    enfin, t intgre dans les politiques scientifiques ds les annes 1950 43. Cest en effet le

    fameux rapport Bush, conduisant la cration de la National Science Foundation (NSF)

    aux Etats-Unis, qui devient pour plusieurs dcennies la rfrence des gouvernements

    occidentaux en matire de politique scientifique 44. Il reconnat aux gouvernements un rle

    en matire de science et de technologie, mais un rle bien particulier : celui de financerla

    recherche, et de financer la recherche fondamentale entendre la recherche universitaire.

    Car cest la recherche fondamentale, et elle seule, qui serait ultimement lorigine de la

    cration demplois, de lamlioration de la sant des individus, et de la protection des

    citoyens (technologies militaires)45.

    39 Cest galement aujourdhui le cas de lUnion europenne qui a t responsable, conjointement aveclOCDE, de la conception et de llaboration des manuels dOslo et de Canberra.40 Mentionnons que larticle 6 de la convention de 1960 retient le principe du consensus commemcanisme de dcision de lOCDE.41 H. Arendt (1958), Condition de lhomme moderne, Paris: Calmann-Lvy, 1983. N. Lobkowicz, Theoryand Practice: History of a Concept from Aristotle to Marx, Notre Dame: University of Notre Dame, 1967.42 R. Kline, Construing Technology as Applied Science, ISIS, 86, 1995: 194-221; S. Toulmin, A HistoricalReappraisal, in O.D. Hensley (ed.), The Classification of Research, Lubbock (Texas): Texas TechUniversity Press, 1988; E.T. Layton, American Ideologies of Science and Engineering, Technology andCulture, 17 (4), 1976: 688-700; E.T. Layton, Technology as Knowledge, Technology and Culture, 15 (1),1974: 31-41; A.M. Weinberg, The Axiology of Science,American Scientist, 58, 1970: 612-617.

    43 B.L.R. Smith,American Science Policy since World War II, Washington: Brookings Institution, 1990; D.Sarewitz, Frontiers of Illusion: Science, Technology, and the Politics of Progress , Philadelphia: TempleUniversity Press, 1996; H. A. Averch, A Strategic Analysis of Science and Technology Policy, Baltimore:John Hopkins, 1985; D. E. Stokes, Pasteurs Quadrant: Basic Science and Technological Innovation,Washington: Brookings Institution Press, 1997; D.L. Kleinman, Politics and the Endless Frontier: PostwarResearch Policy in the USA, Durham: Duke University Press, 1995; C.E. Barfield (ed.), Science for the21th Century: The Bush Report Revisited, Washington: AEI Press, 1997.44 V. Bush (1945), Science: The Endless Frontier, Washington: National Science Foundation: 1995.45 Les discours des scientifiques nont pas beaucoup chang quarante ans plus tard. Voir: L.M. Lederman,Science: The End of the Frontier?, Washington: AAAS, 1991.

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    Ce consensus nempche pas quil circule depuis quelque temps des propositions visant

    modifier la classification de la recherche actuellement en vigueur. Certains suggrent

    dintroduire entre la recherche fondamentale et la recherche applique un type de

    recherche appelle stratgique 46. Toutefois, le manque daccord sur la manire de

    lidentifier sparment dans les pays membres fait quaucune recommandation ne peut tre

    formule pour le moment 47.

    Malgr de rels efforts dharmonisation, il ne faut pas croire non plus que les pays suivent

    tous galement ou trs finement les instructions du Manuel de Frascati. Chaque pays

    dispose dune comptabilit propre qui ne rend pas toujours facile la collecte et la

    prsentation des donnes tel que suggr dans le manuel. Ainsi sexplique la mesure du

    personnel de recherche en personnes physiques plutt quen quivalent temps plein au

    Japon, en personnes engages seulement dans la R-D budgtairement spare aux tats-

    Unis, ou le refus du Canada de colliger les donnes auprs de lexcutant plutt quauprs

    de celui qui finance la recherche comme il est recommand par lOCDE. De plus, certains

    pays refusent de se plier diverses mesures pour des raisons qui demeurent explorer. Tel

    est le cas du Canada qui refuse de mesurer la haute technologie 48. Dans lensemble

    cependant, le manuel sert une communaut dintrts convergents.

    3. Des chiffres qui forment systme

    Certains auteurs ont identifi un enjeu important de lhistoire de la statistique officielle : la

    localisation des activits de mesure qui se traduit souvent par un dbat en termes de

    46 N.K. Nason, Distinctions Between Basic and Applied in Industrial Research, Research Management,1981: 23-28; J. Irvine et B.R. Martin, Foresight in Science: Picking the Winners, London: Frances Pinter,1984.47 OCDE, Manuel de Frascati, 1993, p. 76.48 J.R. Baldwin et G. Gellathy,Are There High-Tech Industries or Only High-Tech Firms? Evidence FromNew Technology-Based Firms, Research Paper no. 120, Ottawa: Statistics Canada, 1998.

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    centralisation/dcentralisation 49. En matire de mesure de la science et de la technologie,

    ce dbat na pas eu lieu. Certes, on observe parfois dans lhistoire rcente des tensions

    entre les producteurs de donnes et les utilisateurs, mais on assiste surtout une relative

    harmonie entre les organismes statistiques centraux et les ministres, harmonie qui est

    mme alle jusqu la cohabitation pendant un certain temps au Canada 50.

    La mesure de la science et de la technologie est aujourdhui organise en un systme

    acteurs multiples et caractrise par une division du travail assez claire. Cette division du

    travail noppose pas vraiment les agences statistiques aux ministres ils partagent de

    semblables objectifs - mais plutt ceux-ci dautres producteurs dinformations

    statistiques.

    Le systme de mesure de la science et de la technologie est compos de six catgories de

    producteurs (Figure 2) : 1) des organismes supranationaux tels lOCDE, lUNESCO et

    lUnion Europenne, 2) des organismes statistiques nationaux centraux, 3) des ministres,

    4) des agences spcifiques au champ de la science et de la technologie 51, 5) des

    chercheurs universitaires 52, et 6) des firmes prives. 53

    Ces acteurs se distinguent selon le rle la fois spcifique et complmentaire quils

    occupent dans le champ de la mesure de la science et de la technologie. Les organismes

    statistiques centraux et les ministres se spcialisent dans la mesure des intrants, mesure

    quils ralisent partir denqutes, et ce dans le but de produire des donnes (faits). Nous

    avons vu que cest linitiative de lOCDE quils investissent le champ, et ce dans le but

    49 A. Desrosires, La politique des grands nombres: histoire de la raison statistique , Paris: La Dcouverte,1993, chapitres 5 et 6; J.-P. Beaud et J.-G. Prvost, La forme est le fond : la structuration des appareils

    statistiques nationaux (1800-1945), Revue de synthse, 4 (4), 1997: 419-456.50 B. Godin, The Measure of Science and Technology and the Construction of a Statistical Territory,Canadian Journal of Political Science, submitted.51 National Science Foundation (NSF), Observatoire des sciences et des techniques (OST), les Bureauxde brevets.52 Le Science Policy Research Unit (SPRU) de luniversit de Sussex en Grande-Bretagne, le Centre desociologie de linnovation (CSI) de lcole des mines Paris, le Center for Science and Technology Studies luniversit de Leiden (Pays-Bas), et lObservatoire des sciences et des technologies (OST) au Qubec.53 Institute of Scientific Information (ISI), Computer Horizon inc. (CHI).

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    de mieux dfinir les politiques scientifiques et technologiques. loppos, les chercheurs

    universitaires et les firmes prives se spcialisent plutt dans la mesure des extrants. Ils

    ralisent leurs travaux partir de banques de donnes produites dautres fins ( des fins

    bibliographiques). Contrairement aux organismes centraux et aux ministres, ils visent

    produire des statistiques et non des donnes brutes. Ces acteurs ont pris place dans le

    champ de la mesure peu prs au mme moment que les gouvernements nationaux et

    lOCDE, mais pour des raisons diffrentes 54. Les chercheurs universitaires voyaient l des

    outils empiriques pour une sociologie de la science en mergence.

    54 D.J. De Solla Price, Little Science, Big Science, Columbia University Press, 1963. Voir aussi note 57.

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    Figure 2.

    Lorganisation du systme de la mesure de la science

    intrants extrantsenqutes banque de donnesdonnes statistiques

    Enfin, les agences spcialises ( lexception de la NSF qui ralise ses propres enqutes) et

    les organismes supra-gouvernementaux jouent un rle charnire entre les organismes

    prcdents. Ils organisent et analysent les informations produites par ceux-ci, informations

    quils achtent ou commandent diverses sources, ou quils reproduisent tout simplement,

    et ce dans le but de produire des documents-synthse.

    Ce dernier type dacteur ajoute une comptence importante aux fonctions usuellement

    attribues aux organismes statistiques, cest--dire aux fonctions de production et de

    coordination des donnes : une activit dorganisation de linformation. Cette activit est

    importante plus dun titre, mais notamment parce que les deux autres types de

    producteurs, mus par une mthodologie qui leur est propre, tendent signorer

    mutuellement. En effet, les organismes gouvernementaux, suivant en cela lOCDE,

    mesurent surtout les intrants et ne travaillent quavec les informations quils produisent

    parce quils en matrisent et en contrlent entirement loutil : les enqutes. Ils produisent

    Organismessupra-gouvernementaux

    Entreprises

    Universitaires

    Agences Scienceet Technologie

    MinistresScience et

    Technologie

    Organismesstatistiquescentraux

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    surtout des donnes brutes, que lon doit distinguer des statistiques proprement dites 55.

    Les rares organismes qui se sont aventurs sur un autre terrain Statistique Canada par

    exemple, avec son exprience sur le dnombrement des publications dans les annes

    1980 56 refusent aujourdhui de rpter lexprience. Les chercheurs universitaires, quant

    eux, utilisent peu les donnes publiques en raison notamment des difficults lies la

    confidentialit des donnes. Ils exploitent plutt les banques de donnes secondaires

    produites par des firmes prives et se permettent daller au-del des intrants dune part, et

    des faits dautre part. Ils transcendent les donnes sur les intrants par la mesure des

    extrants (dnombrement des publications), ce qui a dailleurs donn naissance une

    spcialit nouvelle quon appelle la bibliomtrie. Ils transcendent les faits parce quils

    visent la dcouverte de lois (la loi du dveloppement exponentiel de Price 57, la loi de

    Lotka 58), la construction dindices (le facteur dimpact 59, lindice de spcialisation 60), et

    lanalyse des rseaux scientifiques (grce lanalyse des co-citations 61).

    LOCDE suggre aux gouvernements que les rsultats de la recherche [extrants]

    doiventtre mesurs chaque fois que cela est possible, en tenant compte des limites des

    mthodes utilises 62 et en faisant appel, dans la mesure du possible, non pas un seul

    indicateur mais plusieurs 63. Elle affirme mme que lintrt port la R-D va

    davantage aux nouvelles connaissances et inventions qui en dcoulent qu cette activit

    55 Sur la distinction entre les deux, voir: G. Holton, Can Science Be Measured?, in Y. Elkana et al.,Towards a Metric of Science : The Advent of Science Indicators, New York: Wiley & Sons, 1978: 52-53;G.N. Gilbert et S. Woolgar, The Quantitative Study of Science: An Examination of the Literature, ScienceStudies, 4, 1974: 279-294.56 K. Walker, Indicators of Canadian research output (1984), Ottawa: Statistique Canada, 1988; J. B.MacAulay, Un indicateur de lexcellence de la recherche scientifique au Canada, Ottawa: StatistiqueCanada, 1985.57 D.J. Price, Quantitative Measures of the Development of Science,Archives internationales dhistoire dessciences, 5, 1951: 85-93; D.S. Price, The Exponential Curve of Science, Discovery, 17, 1956: 240-243.

    58 A.J. Lotka, The Frequency Distribution of Scientific Productivity, Journal of the Washington Academy ofSciences, 16 (12), 1926: 317-323.59 E. Garfield, Citation Analysis as a Tool in Journal Evaluation, Science, 178, 1972: 471-479.60 B. Godin, Y. Gingras, et L. Davignon, Les flux de connaissances au Canada tels que mesurs par labibliomtrie, Statistique Canada, 1997.61 H. Small et B.C. Griffith, The Structure of Scientific Literature : Identifying and Graphing Specialties,Science Studies, 4, 1974: 339-365.62 OCDE, Supplment au manuel de Frascati, 1989: p. 15.63 OCDE, ibidem, p. 47.

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    considre en elle-mme 64. Mais les gouvernements nationaux sopposent de telles

    mesures 65. Les organismes statistiques ne sont dailleurs pas les seuls pour qui la mesure

    ne fait pas lunanimit. Au sein de la communaut universitaire elle-mme

    (particulirement en Grande-Bretagne) 66 et des chercheurs universitaires intresss par la

    sociologie de la science, la bibliomtrie est encore mal reue 67. En consquence, la mesure

    des extrants de la recherche universitaire doit se contenter lheure actuelle dun

    document de travail plutt que dun manuel de mthode 68.

    Bref, on observe au sein du systme de mesure de la science et de la technologie une

    dichotomie de vues et de mthodes qui nest pas sans rappeler celle qui opposait Quetelet

    plusieurs statisticiens du sicle pass. Derrire les chiffres (les faits), Quetelet voulait

    identifier les rgularits et les lois de la socit 69. Dans ce contexte, les organismes-

    charnire du troisime groupe font le pont entre les deux types de producteurs. Ils se

    donnent pour mission de dresser une cartographie complte du systme de la science et de

    la technologie en allant chercher les informations l o elles se trouvent. cette fin, ils

    publient ce que lon appelle des rpertoires ou compendiums statistiques dindicateurs.

    Publis pour la plupart aux deux ans, ces rpertoires en sont leur 13e dition dans le cas

    de la NSF 70, la 6e pour Eurostat (Office statistique des Communauts europennes) 71,

    la 4e pour lOST 72, la 3e dans le cas de lUNESCO 73 et la 2e pour la Commission

    europenne. 74

    64 OCDE, ibidem, p. 18.65 On trouvera rappeles dans OCDE, ibidem: pp. 50-51 les critiques que les gouvernements nationauxadressent la bibliomtrie.66 Science (1993), Measure for Measure in Science, 14 mai: 884-886; Science (1991), No Citation

    Analyses Please, Were British, 252, 3 mai: 639.67 D. Edge, Quantitative Measures of Communication in Science: A Critical Review, History of Science,27, 1979: 102-134; S. Woolgar, Beyond the Citation Debate: Towards a Sociology of Measurement

    Technologies and Their Use in Science Policy, Science and Public Policy, 18 (5), 1991: 319-326.68 OCDE, Bibliometric Indicators and Analysis of Research Systems: Methods and Examples, Paris, 1997.69 Voir: T.M. Porter, The Rise of Statistical Thinking: 1820-1900, Princeton: Princeton University Press,1986: p. 41.70Science and Enginering Indicators, 1998.71Recherche et dveloppement: Statistiques annuelles, 1998.72Science et Technologie: Indicateurs, 1998.73Rapport mondial sur la science, 1998.74European Report on Science and Technology Indicators, 1997.

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    Quoi quil en soit de la prsence de ce groupe dorganismes-charnire, il nen demeure pas

    moins que lorganisation du systme de mesure de la science et de la technologie est

    entirement fonde sur un principe de division. La sociologie a montr que ce principe,

    souvent appel boundary-work , est une technique importante du travail de

    construction sociale 75. Le champ de la science et de la technologie pullule de telles

    divisions : science/technologie, recherche fondamentale/recherche applique,

    science/socit, universit/industrie, pairs/utilisateurs, scientifiques/amateurs,

    science/pseudo-science. Une double division caractrise galement lorganisation du

    systme de mesure. Dabord, une division conceptuelle sous la forme dune dichotomie o

    les donnes sur la science et la technologie sont rparties selon le modle

    intrants/extrants . Ensuite, une division institutionnelle o chaque versant de la

    dichotomie conceptuelle correspond un type dacteur avec une mthodologie propre :

    dun ct les organismes statistiques nationaux et les ministres qui se refusent mesurer

    les universitaires, de lautre les chercheurs universitaires et les firmes prives qui mesurent

    ceux-ci.

    Par del ces constructions, terminons en mentionnant une autre dichotomie, reflet des

    juridictions bureaucratiques cette fois, que cherchent galement dpasser les organismes

    charnires : la dichotomie R-D/ducation. En effet, les statistiques sur lducation ne se

    retrouvent gnralement pas parmi les statistiques sur la science et la technologie. Elles

    sont produites par une autre division des organismes statistiques, ou par dautres

    ministres que les ministres de science et de technologie. Elles ne se retrouvent intgres

    que dans les documents-synthses des organismes-charnire.

    75 C.A. Taylor, Defining Science: A Rhetoric of Demarcation, Madison: university of Wisconsin Press,1996; T.F. Gieryn, Boundary-Work and the Demarcation of Science From Non-Science: Strains andInterests in Professional Ideologies of Scientists, American Sociological Review, 48, 1983: 781-795; T.F.Gieryn, Cultural Boundaries of Science, Chicago: University of Chicago Press, 1999; R.G.A. Dolby, On the

    Autonomy of Pure Science: The Construction and Maintenance of Barriers Between ScientificEstablishments and Popular Culture, in N. Elias, H. Martins et R. Whitley (eds.), Scientific Establishmentsand Hierarchies, Dordrecht: Reidel, 1982: 267-292; L. Laudan, The Demise of the Demarcation Problem, inBeyond Positivism and Relativism, Boulder: Westview Press, 1996: 210-222.

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    Conclusion

    Lhistoire de la statistique ne sest pas intresse ce jour la statistique sur la science et

    la technologie. En rupture avec la littrature existante, nous avons dcrit comment la

    mesure de la science et de la technologie fait systme. En rupture aussi, nous avons

    montr que la statistique sur la science et la technologie sest dveloppe au niveau

    international en mme temps quau niveau national. En rupture enfin, nous avons avanc

    que la mesure de la science et de la technologie sest dveloppe ds le dpart en

    opposition lide de contrle. Les gouvernements croyaient lpoque que les

    scientifiques devaient agir libres de contraintes. En lien avec cette ide, les gouvernements

    nont jamais mesur les scientifiques.

    Les choses semblent toutefois en voie de changer76. En effet, la mesure des impacts est

    lagenda de tous les gouvernements. Il sagit maintenant de spcifier les lieux prcis o

    doit se raliser la recherche : secteurs dexcution, domaines de recherche. Il sagit aussi

    de mieux contrler les rsultats issus de ces travaux. Deux types de mesures sont

    actuellement dveloppes cet effet. Premirement, des mesures qui permettent

    dapprcier les activits de commercialisation des connaissances via le dnombrement des

    brevets universitaires par exemple 77. On aurait l un indicateur de la pertinence socio-

    conomique de la recherche. Deuximement, des mesures sur le degr de collaboration des

    chercheurs avec le monde extra-universitaire. Lhypothse derrire cette mesure est que

    plus il y a collaboration, plus il y a de probabilits quil y ait impacts. Ce type de mesure

    demeure toutefois ce que lon appelle un proxy de la mesure des impacts, mesure qui

    demeure encore trs difficile sinon impossible.

    76 Voir par exemple: OCDE, La technologie et lconomie: les relations dterminantes, Paris, 1992: pp.317-349.77 B. Sherman, Governing Science: Patents and Public Sector Research, Science in Context, 7 (3), 1994:515-537.

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    Ces nouvelles mesures sont en lien direct avec les objectifs de la politique scientifique des

    quinze dernires annes. En effet, la politique scientifique est passe dans les annes 1980

    dune politique pour la science une politique o la science doit servir des fins socio-

    conomiques 78. Il ne sagit plus de financer le dveloppement dactivits scientifiques en

    soi, mais plutt celles qui contribuent au progrs conomique et au bien-tre social. Les

    mesures prcdentes sont une rponse ces nouveaux impratifs. Elles visent

    dfinitivement accrotre le contrle des gouvernements sur les scientifiques.

    Il ne faudrait toutefois pas croire que ces mesures sont loeuvre des seuls gouvernements.

    Elles ont en mme temps un intrt acadmique, en tout cas un intrt pour la

    communaut scientifique intresse par la mesure de la science et de la technologie. En

    effet, la notion de systme national dinnovation (SNI) qui cherche comprendre dans leur

    complexit et leurs interactions les systmes scientifiques notion dont lOCDE par

    ailleurs est une ardente promotrice 79 ne peut prendre corps qui si les chercheurs

    disposent de mesures visant comprendre la science dans toutes ses dimensions.

    Toutefois, la mesure des impacts demeure empreinte de difficults considrables. Les

    impacts socio-conomiques de la science et de la technologie sont diffus, ils ne se

    manifestent bien souvent qu long terme, et ils se mesurent un niveau macro : le lien

    avec le niveau micro nest mthodologiquement pas facile tablir. En somme, la mesure

    des impacts en est au stade o se situait la mesure des intrants au dbut des annes 1960.

    Il reste voir si la volont actuelle des gouvernements de mesurer ceux-ci se traduira par

    des efforts et des investissements semblables ceux qui ont conduit la production du

    Manuel de Frascati et aux enqutes subsquentes et rgulirement mises jour par les

    organismes statistiques et les ministres.

    78 M. Gibbons et al., The New Production of Knowledge, London: Sage, 1994; B. Godin et M. Trpanier,La politique scientifique et technologique qubcoise: la mise en place dun nouveau systme nationaldinnovation, Recherches sociographiques, 36 (3), 1995: 445-477.79 OCDE, National Innovation Systems, Paris, 1997; OCDE, Grer les systmes nationaux dinnovation,Paris, 1999. Voir aussi: Revue STI, no. 14, 1994.

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    Annexe 1

    Les indicateurs de la science et de la technologie 80

    Les indicateurs dintrants

    financement (selon:)

    objectifssecteurstypes

    personneladministrateurs

    professeurs-chercheursprofessionnels

    assistants-tudiantsquipementsinformation

    Les indicateurs dextrantsconcernant les pairs (connaissances)publications

    livrearticle

    communications et confrencesconcernant les tudiants (main-doeuvre)

    diplms

    concernant le milieu socio-conomique (expertise)rapports de recherchemmoires et avisinnovations (brevets)

    produits

    procds (et instruments)concernant le grand public (culture)crations et interprtations (arts et lettres)expositionsdocuments (crits et audiovisuels) de vulgarisation

    Les indicateurs dactivits

    formation (2e et 3e cycles)enseignementencadrement

    rechercheobjets (thmatiques)individuelle/collectivenature (fondamentale/applique; libre/oriente)interdisciplinarit

    innovationtransfert et expertise

    consultationvulgarisationintervention

    80Les indicateurs prsents dans les rpertoires apparaissent en caractres gras.

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    Les indicateurs dimpacts

    impact scientifiquecitations

    reconnaissancesprix et distinctions

    rayonnementattraction de postdoctorants trangersinvitations ltranger

    impact socioconomiqueconomique

    croissance conomique (PIB)profitsrduction des cots

    productivitexportations (balance des paiements technologiques)taux de diffusion

    taux demploi des diplms spin-off

    citations de la recherche dans les brevetsculturel

    matrise des connaissances scientifiques

    socialaccroissement du bien-trenouvelles pratiques sociales

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    Annexe 2

    Documents relatifs aux

    Politiques nationales de la science et de la technologie (OCDE)

    Document AnnePolitiques nationales de la science et de la technologie Sude 1964Politiques nationales de la science et de la technologie Belgique 1966Politiques nationales de la science et de la technologie Grce 1966Politiques nationales de la science et de la technologie France 1966Politiques nationales de la science et de la technologie Royaume-Uni etAllemagne

    1967

    Politiques nationales de la science et de la technologie Japon 1967Politiques nationales de la science et de la technologie tats-Unis 1968Politiques nationales de la science et de la technologie Canada 1969Politiques nationales de la science et de la technologie Italie 1969Politiques nationales de la science et de la technologie Norvge 1970Politiques nationales de la science et de la technologie Espagne 1971Politiques nationales de la science et de la technologie Autriche 1971Politiques nationales de la science et de la technologie Suisse 1971Politiques nationales de la science et de la technologie Pays-Bas 1973Politiques nationales de la science et de la technologie Islande 1973Politiques nationales de la science et de la technologie Irlande 1974Politiques nationales de la science et de la technologie Yougoslavie 1976Politiques nationales de la science et de la technologie Australie 1977Politiques nationales de la science et de la technologie Islande 1983

    Politiques nationales de la science et de la technologie Grce 1984Politiques nationales de la science et de la technologie Norvge 1985Politiques nationales de la science et de la technologie Australie 1986Politiques nationales de la science et de la technologie Portugal 1986Politiques nationales de la science et de la technologie Sude 1987Politiques nationales de la science et de la technologie Finlande 1987Politiques nationales de la science et de la technologie Pays-Bas 1987Politiques nationales de la science et de la technologie Autriche 1988Politiques nationales de la science et de la technologie Danemark 1988Politiques nationales de la science et de la technologie Suisse 1989

    Politiques nationales de la science et de la technologie Italie 1992Politiques nationales de la science et de la technologie Tchcoslovaquie 1992Politiques nationales de la science et de la technologie Portugal 1993Politiques nationales de la science et de la technologie Mexique 1994Politiques nationales de la science et de la technologie Turquie 1995Politiques nationales de la science et de la technologie Pologne 1995Politiques nationales de la science et de la technologie Rpublique de Core 1996

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    Titres parus

    95-01 Hanel, Petr, R&D, inter-industry and international spillovers of technology and the total factorproductivity growth of manufacturing industries in Canada, 1974-1989

    95-02 Niosi, Jorge, L'mergence de l'volutionnisme en sciences sociales

    95-03 Dalp, Robert et Frances Anderson; Contracting out of Science and Technology Services

    96-01 Godin, Benot; The rhetoric of technology: the Microprocessor Patient Card

    96-02 Doray, Pierre et Claude Dubar; Vers de nouvelles articulations entre formation et travail ?

    96-03 St-Pierre, Alain et Petr Hanel; Direct and indirect effects of R&D activity on the profitability offirms

    98-01 Hanel, Petr et Jorge Niosi; La technologie et la croissance conomique : survol de lalittrature

    99-01Doray, Pierre ; Diane Gabrielle Tremblay et Line Painchaud, Le dveloppement dun projetdeformation engageant lcole et lentreprise : modalits organisationnelles et effets sur lescarrires

    99-02Doray, Pierre ; Carine Lalibert, Diane Gabrielle Tremblay et Carol Landry, Lconomiecommunautaire et la planification de loffre et de formation : quelles orientationsinstitutionnelles ?

    99-03Auger, Jean-Franois et Robert Gagnon, An Independant inventor in a university setting :Jean-Charles Bernier at the cole Polytechnique de Montral, 1925-1975

    99-04Auger, Jean-Franois, Le laboratoire dlectronique applique de lEPM et les transferts detechniques vers les entreprises, 1950-1975

    99-05Doray, Pierre, La participation la formation en entreprise au Canada : quelques lmentsdanalyse

    99-06Baud, Jean-Pierre et Jean-Guy Prvost, Lancrage statistique des identits : les minoritsvisibles dans le recensement canadien

    99-07Godin, Benot et Yves Gingras, Limpact de la recherche en collaboration et le rle desuniversits dans le systme de production des connaissances

    99-08Albert, Mathieu et Paul Bernard, Sous lempire de la science : la nouvelle production deconnaissance et les sciences conomiques universitaires qubcoises

    99-09Albert, Mathieu et Paul Bernard, Faire utile ou faire savant ? : La nouvelle production deconnaissances et la sociologie universitaire qubcoise

    99-10Gemme, Brigitte, Yves Gingras et Benot Godin, La commercialisation de la rechercheuniversitaire : que disent vraiment les chiffres ?

    99-11Godin, Benot et Stphane Ratel, Jalons pour une histoire de la mesure de la science

    99-12Albert, Mathieu, Stratgies d'adaptation des organismes subventionnaires en scienceshumaines et sociales au Canada et au Qubec aux compressions budgtairesgouvernementales