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Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Numéro 5 : Juin 2018 RCCA Page 403 Gouvernance et croissance des PME camerounaises : Une étude empirique du cas spécifique des EMF Governance and growth of Cameroonian SMEs : An empirical study of the specific case of MFIs MAKANI Samuel Roland Doctorant PhD en Sciences de Gestion, département de comptabilité-Finance, Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, Laboratoire de Recherche en Management (LAREMA), Université de Dschang-Cameroun [email protected] / [email protected] TEMOMO WAMBA Romuald Doctorant PhD en Sciences de Gestion, département de comptabilité-Finance, Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, Laboratoire de Recherche en Management (LAREMA), Université de Dschang-Cameroun [email protected]

Gouvernance et croissance des PME camerounaises : Une

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Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Numéro 5 : Juin 2018

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Gouvernance et croissance des PME camerounaises : Une

étude empirique du cas spécifique des EMF

Governance and growth of Cameroonian SMEs : An

empirical study of the specific case of MFIs

MAKANI Samuel Roland

Doctorant PhD en Sciences de Gestion, département de comptabilité-Finance, Faculté des

Sciences Economiques et de Gestion, Laboratoire de Recherche en Management (LAREMA),

Université de Dschang-Cameroun

[email protected] / [email protected]

TEMOMO WAMBA Romuald

Doctorant PhD en Sciences de Gestion, département de comptabilité-Finance, Faculté des

Sciences Economiques et de Gestion, Laboratoire de Recherche en Management (LAREMA),

Université de Dschang-Cameroun

[email protected]

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Résumé :

La gouvernance des entreprises, considéré comme principale facteur de crise dans les PME

en général et les EMF en particulier fait l’objet de plusieurs recherches. Notre contribution

avait pour objectif de vérifier l’influence de cette gouvernance sur la croissance des EMF

camerounaises. Pour atteindre notre objectif, 80 EMF ont constitué notre échantillon d’étude

et l’analyse de classification, le test de Khi-deux et la régression logistique ont été utilisés

pour analyser les données. A l’issu de cet analyse, les résultats obtenues nous ont montré que

la gouvernance exerce une influence significative autant positive que négative sur la

croissance des EMF camerounaises, mesurée par la performance financière et sociale qui ont

été les facteurs de mesure retenus dans notre étude.

Mots clés : Gouvernance, Croissance, Performance financière, Performance sociale,

Mécanisme de Gouvernance

Abstract:

Corporate governance, considered as the main factor of crisis in SMEs in general and the

MFIs in particular is the subject of several researches. Our contribution aimed to verify the

influence of this governance on the growth of Cameroonian MFIs. To achieve our goal, 80

EMFs were our study sample and the classification analysis, chi-square test and logistic

regression were used to analyze the data. At the end of this analysis, the results obtained

showed us that governance exerts a significant positive and negative influence on the growth

of Cameroonian MFIs, measured by the financial and social performance that were the factors

of measurement retained in our study. .

Keywords: Governance, Growth, Financial Performance, Social Performance,

Governance Mechanism

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Introduction

La gouvernance est devenue depuis le début des années 90 un concept souvent incontournable

pour traiter des problèmes de développement économique et social (Lapenu, 2002).

D’utilisation récente dans le développement du monde des entreprises et à effets de mode ou

d’apparence de nouveauté1, à l’échelle mondiale ou national, une bonne gouvernance

conduisant à une gestion efficace des organisations et des activités, repose sur des principes

de droit, de participation directe (par le biais d’institutions légitimes et démocratiques), de

transparence (libre circulation de l’information et possibilités d’y accéder pour le plus grand

nombre), d’équité, de responsabilisation, de décentralisation et de légitimité (Lapenu, 2002).

Elle est définit dans les écrits2 comme « le processus utilisé par le conseil d’administration

pour aider une institution à remplir sa mission et protéger l’actif de cette institution au fil des

années (Rock et al., 1998) ». Employée au sujet des entreprises, la notion de gouvernance est

centrée sur la relation entre les dirigeants et les détenteurs des ressources de l’entreprise. Les

différents acteurs de l’entreprise ont généralement des intérêts divergents. Il s’agit de protéger

les droits des actionnaires et d’encourager une coopération active entre les parties prenantes

afin de créer de la richesse, des emplois et la durabilité d’entreprises saines financièrement

(Lapenu, 2002).

C’est dans ce sens, surtout celui de la création des emplois qu’après la crise des années 1980

au Cameroun que la notion de microfinance à commencer à voir le jour. La monté des

Etablissements de Micro Finances (EMF) relevant de l’informel était pratiquée par une

catégorie spécifique de personnes à travers des associations que l’on appelle communément

« tontine ». Creuset (2006) soulignait que la micro finance sous sa forme traditionnelle

(tontine) date de plus d’un siècle. C’est seulement à partir de 1963 qu’est créée la première

coopérative d’épargne et de crédit « crédit union » ou caisse populaire dans la zone dite

anglophone du Cameroun, sous l’impulsion des missionnaires hollandais. L’idée des EMF par

d’un constat, celui de la dépense des populations non bancarisées envers les usuriers et

prêteurs de gages dont le but qui est celui de la responsabilité sociale, n’en demeure pas moins

l’accaparement maximal des biens du débiteur (Lhérian, 2009).

Le règlement N°01/02/CEMAC/UMAC/COBAC relatif aux conditions d’exercice et de

contrôle de l’activité de micro finance dans la zone CEMAC souligne que c’est une activité

exercée par des entités agrées n’ayant pas le statut de banque ou d’établissement financier et

1 Les « arts de gouverner » ont été étudiés de longue date (Confucius, Machiavel, Foucault, etc.) avant que le

terme de gouvernance ne soit utilisé (Lapenu, 2002). 2 Les écrits en micro finance ( Lapenu, 2002).

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qui appartiennent à titre habituel à des opérations de crédit et non de collecte de l’épargne et

offrent des services financiers spécifiques aux populations évoluant pour l’essentiel en marge

du circuit bancaire traditionnel.

Au Cameroun ces dix dernières années, plusieurs EMF ont été fermé suite à de nombreuses

crises de gestion interne. En quatre (4) ans à peine, l’on a eu le cas de la GBF (Goldy

Businessmen Fund) le 07/07/2008, le cas de COFINEST (Compagnie financière de l’estuaire)

le 21/02/2011, le cas de FIFFA (First Investment For Financial Assistance) en Août 2012 et le

cas de CAPCOL (Caisse Populaire Coopérative du Littoral). Si on s’en tient au (MINFI,

2017)3, 34 EMF se sont vues retirer leur agreement. Aujourd’hui, même si on dénombre

environ un total de 418 EMF en activités au Cameroun, le problème de Gestion reste toujours

posé. A la suite de ces constats, nous nous sommes posé la question suivante à laquelle nous

allons tenter de répondre « quelle est l’influence de la gouvernance sur la croissance des

EMF camerounaises ? »

L’objectif principal de cette étude étant de vérifier si la gouvernance des PME (EMF)

camerounaises influence leur croissance va se subdiviser en deux objectifs spécifiques qui

consistent de vérifier :

- Si les mécanismes de la gouvernance structurelle influencent la croissance

(performance financière et sociale) des EMF camerounaises.

- Si les mécanismes de la gouvernance institutionnelle influencent la croissance

(performance financière et sociale) des EMF camerounaises.

Il est question dans ce qui va suivre de revenir dans un premier temps sur le concept de

gouvernance, dans un second temps sur le concept de croissance, troisièmement de présenter

les théories qui sont mobilisées pour justifier l’existence de la gouvernance dans les PME et

en particulier dans les EMF, quatrièmement de présenter les hypothèses de la recherche et la

méthodologie utilisée et enfin de commenter les résultats obtenus avant de conclure.

1. La gouvernance d’entreprise

La propriété étant l’un des fondements de la corporate governance (North et Thomas, 1973 ;

Shleifer et Vishny, 1986), dont la traduction française est la gouvernance d’entreprise

(Charreaux, 1997). Pour comprendre les pratiques de cette gouvernance d’entreprise dans un

pays, il faut analyser l’impact de ses systèmes de propriété comme cadre définissant le

pouvoir, mais aussi comme cadre de performance que se donnent les entreprises. L’analyse

3 Le rapport du Ministère des Finance 2017.

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des pratiques de gouvernance des dirigeants est nécessaire à la compréhension du

fonctionnement des entreprises et à l’amélioration de leurs performances. Cette analyse passe

par les différents types de gouvernance et de leurs mécanismes. Les dirigeants étant au cœur

des processus de décision il est fort possible que les stratégies personnelles viennent

influencer celles de l’entreprise (Paquerot 1997).

Les mécanismes de la Gestion d’Entreprise (GE) prévus par l’OHADA concernent le

fonctionnement et la régulation des organes sociaux, visent ainsi la préservation des intérêts

des actionnaires et le contrôle de la direction générale. Selon Sangué-Fotso (2015), deux des

trois formes de GE analysées par La Porta et al. (1999) sont effectivement observées dans les

Etats membres de l’OHADA, notamment le Cameroun. La première forme est la gouvernance

managériale, caractérisée par la séparation entre la propriété et le contrôle. Cette forme de

gouvernance est systématiquement observée dans les entreprises cotées à la Douala Stock

Exchange. Les pratiques de gouvernance de ces entreprises cotées ne diffèrent pas de celles

observées dans les pays développés. Quelques entreprises à capitaux camerounais imitent les

modèles occidentaux de gouvernance, oubliant l’influence des cultures et des traditions

locales sur l’organisation de l’entreprise. L’autre forme de gouvernance observée est

beaucoup plus familiale et se retrouve dans la quasi-totalité des entreprises camerounaises,

notamment les petites et moyennes entreprises familiales ou les sociétés unipersonnelles. La

gestion patrimoniale, largement pratiquée dans les entreprises publiques et dans les

entreprises privées, fait penser qu’il n’y a pas de compte à rendre ; alors que l’un des postulats

essentiels de la gouvernance est de rendre compte (Sangué-Fotso, 2015). Ainsi, les chefs

d’entreprise s’accaparent de tous les pouvoirs (décisionnel, financier, communicationnel). Les

organes sociaux (assemblée générale, conseil d’administration, direction générale) sont

passifs et contrôlés par le dirigeant propriétaire. Les actionnaires sont alors des prête-noms

qui n’ont pris aucun risque financier pouvant les amener à adopter un comportement

proactif (Sangué-Fotso, 2015).

La gouvernance est identifiée comme une cause majeure des crises dans des PME, en

particulier dans les EMF (CSFI, 2008)4, et une priorité dans leur réussite : sans que des

analyses précises n’aient systématiquement été menées, différents auteurs évoquent cependant

les responsabilités insuffisantes des acteurs, la confusion de la propriété ou encore le flou et la

complexité des processus de décisions comme des facteurs qui aggravent et amplifient les

crises dans les PME et EMF.

4 Centre for the Study of Financial Innovation

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Dans cette logique, la gouvernance en micro finance est définie comme « le processus utilisé

par le conseil d’administration pour aider une institution à remplir sa mission et protéger

l’actif de cette institution au fil des années (Rock et al. 1998) ». On peut considérer qu’il y a

deux mécanismes qui concourent pour atteindre cet objectif : les mécanismes internes et les

mécanismes externes.

1.1. Les mécanismes internes

Les indicateurs utilisés pour appréhender cette dimension de la gouvernance sont:

La taille du CA (conseil d’administration)

La composition du CA

L’indépendance ou non du CA

La rotation des principaux dirigeants

La durée de mandat des membres du CA

La séparation du pouvoir entre le directeur général et le président du CA

La méthodologie de crédit utilisée

Le statut légal

La présence des institutionnels

La forme organisationnelle

La COBAC à travers ses textes réglementaires (art.51) mentionne également que pour les

EMF organisés en réseau, l’organe faitier à l’obligation d’effectuer régulièrement le contrôle

des établissements affiliés.

1.2. Les mécanismes externes

Parmi les mécanismes externes nous relevons:

La supervision assurée notamment par la COBAC ou le MINFI

La notation par les agences de ratings

La réglementation définit les règles relatives aux conditions de recours aux emprunts,

aux prises de participation dans ces établissements, aux normes de gestion etc. (ratios

prudentiels de la COBAC)

L’audit externe est effectué par les commissaires aux comptes ou les auditeurs

externes (art.49 Texte réglementaires relatif à l’activité de micro finance)

La discipline de marché pour les IMF cotées en bourse.

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2. La croissance

La croissance des PME et surtout des EMF est abordée ici selon deux approches

2.1. L’approche sociale

L’approche sociale (welfariste) est une approche qui se focalise sur la réduction de la pauvreté

à travers la fourniture de services financiers aux pauvres, notamment les très pauvres, pour les

aider à surmonter la pauvreté et à gagner leur autonomie et ainsi améliorer leur bien-être.

Dans les EMF, le microcrédit est un service financier de proximité destiné à améliorer le

niveau de vie des ménages pauvres. Selon Woller et al. (1999), cette approche cherche, à

travers le microcrédit, à améliorer les conditions de vie des ménages pauvres soit en termes de

pouvoir d’achat et ou de qualité de vie (éducation, santé, etc.).

Cette vision explique l’importance du recours des EMF aux subventions d’origine interne

(État) et externe (ONG) pour combler l’offre de microcrédit destinée aux ménages pauvres.

Dans cette optique, la notion de rentabilité des institutions de la micro finance est exclue sur

le long terme, car leur désire est d’améliorer le plus vite possible le bien-être des clients

(Woller et al. 1999). L’école welfariste évalue donc la performance des institutions de micro

finance par les critères basés sur la portée des activités et sur leur impact sur les conditions de

vie des participants (Adair et Berguiga ,2010).

2.2. L’approche financière

Pour les auteurs tels que Morduch (2000), De Briey (2005) et Cornée (2007),

« l’augmentation de l’offre de crédit ne suffit pas à elle seule pour assurer la croissance du

secteur. Il va falloir inciter les EMF à atteindre des objectifs de rentabilité financière afin de

pérenniser l’activité de microcrédit. De ce point de vue, le micro financement nécessite à la

fois l’atteinte des objectifs sociaux (amélioration des niveaux et financement des activités

génératrices de revenu, etc.) et financiers (hausse des remboursements, rentabilité des fonds

propres, amélioration de la qualité du portefeuille à risque, etc.) ». Cette démarche incite les

EMF à recourir aux ressources financières privées, en délaissant progressivement les

subventions ce qui renforce leur autonomie financière (Morduch ,2000).

Autrement, les EMF doivent chercher à atteindre le plus grand nombre de pauvres et non pas

le ciblage des populations les plus pauvres. C’est cette étendue des opérations qui permettra

aux EMF de réaliser certaines économies d’échelles et par suite d’aspirer à atteindre la

viabilité financière. Les institutionnalistes 5(Morduch 2000 ; De Briey 2005 ; Cornée 2007…)

5 Ce sont les auteurs qui pensent que la croissance des entreprises doit passer par une réalisation, un

accomplissement financier et non sociale.

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affirment que l’objectif principal de la micro finance est de mettre en place un système

d’intermédiation financière durable dédié spécialement aux pauvres.

3. La justification théorique de la gouvernance

Selon Lapenu (2002), les aspects théoriques de la gouvernance s’appuient essentiellement sur

les notions de la théorie néo-institutionnelle : la séparation entre la gestion de l’entreprise et sa

propriété entraîne un problème d’agence et des conflits d’intérêts possibles entre les dirigeants

et un actionnariat dispersé ou entre actionnaires minoritaires et actionnaires exerçant le

contrôle. Il s’agit alors d’identifier les risques de comportements opportunistes (moral

hasard), de favoriser les mécanismes de régulation (marché, contrôle « interne » exercé par

différentes parties prenantes), de réduire les asymétries d’information dont bénéficient les

managers internes, de favoriser la mise en place de systèmes d’incitations et de rémunérations

amenant ces derniers à poursuivre l’objectif prioritaire de l’entreprise (création de valeur

actionnariale par exemple), etc. (Revue d’économie financière, 2001) (Lapenu, 2002)

3.1. Opportunisme et asymétrie d’information

En général, les conflits d’intérêt apparaissent entre les différentes parties prenantes de

l’entreprise autour des options comptables adoptées par les entreprises qui influencent les

informations financières diffusées (Ananga et Makani, 2018). L’asymétrie de l’information

associée à une divergence des intérêts donnent naissance au problème d’agence. En effet, s’il

n’existe pas de divergence dans les préférences des acteurs, l’asymétrie informationnelle ne

va pas poser de problèmes dans la mesure où l’agent choisira son action en accord avec le

principal. De la même façon, en l’absence de problème d’asymétrie informationnelle, les

éventuels conflits d’intérêt seront aisément surmontés dans la mesure où le principal détectera

immédiatement tout comportement opportuniste de la part de l’agent. Or, la relation d’agence

n’existe que parce que le principal estime l’agent mieux placé que lui pour gérer son bien. Il

lui reconnaît des capacités et un savoir particuliers.

L’asymétrie d’information est donc à l’origine de la relation contractuelle (Gomez, 1996b).

Les problèmes d’agence sont liés à la fois à l’incertitude, à l’imparfaite observation des efforts

de l’agent ainsi qu’aux coûts d’établissement et d’exécution des contrats. Nous savons que

l’information est une source de pouvoir pour celui qui la détient, alors la prises de décision à

la base des informations erronées ne contribue en rien à la croissance d’une entreprise.

3.2. Enracinement du dirigeant

La première forme de la théorie de l’enracinement est habituellement attribuée à Shleifer et

Vishny (1989). Ces derniers supposent qu’en réalisant des investissements qui leur sont

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spécifiques, les dirigeants réduisent le risque d’être remplacés « s’enracinent », obtiennent des

rémunérations plus importantes sous forme de salaires ou d’avantages non pécuniaires et

accroissent leur pouvoir décisionnelle. Les investissements sont dits idiosyncratiques ou

spécifiques au dirigeant si son remplacement entraîne une perte de valeur des actifs, supportée

par les actionnaires.

Leur éviction étant coûteuse pour les actionnaires, les dirigeants sont à mesure de s’approprier

une partie des rentes à leurs dépens. L’enracinement suppose une efficacité limitée des

mécanismes disciplinaires qui résulte, soit de leur imperfection (liée notamment à

l’incomplétude des contrats), soit du comportement actif des dirigeants dont l’intérêt peut être

de neutraliser le système de contrôle, si les gains issus de cette action sont supérieurs aux

coûts induits. Cette situation visée par les dirigeants n’a qu’un but, celui d’accroitre leurs

intérêts personnel ce qui n’est pas favorable pour l’entreprise et peut constituer un frein pour

sa croissance.

4. Hypothèses et méthodologie

4.1. Hypothèses de la recherche

Les entreprises des pays africains faisant face à de nombreux problèmes de gestion ont

conduit comme le précisent (Etounga Manguellé, 1991 et Sangué-Fotso, 2015), certains

experts à estimer que les problèmes économiques que connaissent ces derniers résultent d’un

blocage culturel et ils proposent comme remède un changement des mentalités pour se

conformer à la modernité occidentale .Pourtant, selon Sangué-Fotso (2015), il n’en demeure

pas moins que le problème de la Gestion d’Entreprises (GE (en Afrique a au moins deux

sources principales : la faiblesse des institutions caractérisées par des textes inadaptés et

l’inobservation des lois existantes. L’environnement institutionnel camerounais est

globalement stable, ce qui pourrait être un facteur facilitateur de la gouvernance d’entreprise.

La vétusté des lois N° 87/1141 du 20 août 1987 fixant la rémunération et les avantages des

personnels des sociétés d’Etat, des établissements publics et des sociétés d’économie mixte et

la N° 99/012 du 22 décembre 1999 portant statut général des établissements publics et des

entreprises du secteur public et parapublic (toujours d’actualité) sont de parfaites illustrations

des contraintes environnementales qui influencent l’avancée de la gouvernance et la

restauration de l’éthique managériale (Sangué-Fotso, 2015). En partant de ces observations

nous formulons les deux hypothèses suivantes :

H1 : Les mécanismes de la gouvernance structurelle influencent significativement la

croissance (performance financière et sociale) des EME camerounaises.

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H2 : Les mécanismes de la gouvernance institutionnelle influencent significativement la

croissance (performance financière et sociale) des EME camerounaises.

4.2. Méthode de recherche

4.2.1. Les données

Nous avons travaillé avec des données primaires. Le mode de collecte des données primaires

le plus développé dans les recherches quantitatives est le questionnaire que nous avons utilisé.

Celui-ci a l’avantage pour le chercheur de le confronter directement aux personnes détentrices

de l’information. A l’issue de notre enquête, qui portait sur les EMF camerounaises, 80

questionnaires ont été retenu pour être utilisé dans notre travail. Les 80 questionnaires retenus

sont issus des enquêtes réalisées dans 04 régions du Cameroun comme indiqué dans le tableau

ci-dessous.

Tableau 1 : Présentation de l’échantillon

Regions Nombres Pourcentage %

Centre 20 25

Littoral 39 48,75

Ouest 14 17,50

Sud 07 08,75

Total 80 100 Source : des Auteurs

4.2.2. Modèle

L’émergence, sous ses différentes mesures, est la variable endogène sur laquelle agissent les

autres variables dans nos estimations. Notre objectif est d’étudier les effets des variables

explicatives la gouvernance interne et externe sur la croissance des EMF. Au total, deux types

de mesure de la croissance ont été pris en compte dans notre étude, à savoir : la performance

financière et la performance sociale. Nous avons construit les deux modèles économétriques

ci-dessous en nous référant des travaux de Manel Kolsi et Hanen Ghorbel (2011).

Modèle 1 :

La forme empirique complète du modèle est :

TAIL AG

Avec et désigne les entreprises

Croissancei : caractérise la croissance sociale ou financière

GOV_INST = gouvernance institutionnelle

TAIL : la taille de l’entreprise

AGE : l’âge de la PME

α : la constance

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ε : le terme d’erreur

sont des coefficients

Modèle 2 :

La forme empirique complète du modèle est :

TAIL AGE

Avec GO_ STRU = gouvernance structurelle

4.2.2. Description des variables

4.2.2.1. Variable expliquée

La croissance des PME est notre principale variable endogène ou expliquée. La croissance est

ici caractérisée par la performance financière et sociale.

- La performance financière est mesurée à travers le Return On Assets (ROA), du

Return On Equity (ROE) et de la variation de la dette ( . En effet, la première variable

représente la rentabilité des capitaux investis et exprime la capacité de ces capitaux à créer un

certain niveau de bénéfices opérationnels ; la deuxième quant à elle, représente la rentabilité

des capitaux propres et exprime la capacité des capitaux investis par les actionnaires à

dégager un certain niveau de bénéfices nets. Pour ce qui est de la , elle se mesure à

travers l’évolution des taux d’impayés des crédits.

- La performance sociale quant à elle a deux approches d’évaluation qui sont

complémentaires et peuvent être adoptées : une approche centrée sur l’institution à travers la

portée sociale et une approche centrée sur les clients à travers l’analyse de l’impact. Pour

mesurer la portée sociale, certains indicateurs peuvent être utilisés en termes d’étendue ou en

termes de degré. L’étendue correspond aux nombres de clients servis et aux volumes des

services comme le total de l’épargne en dépôt et l’encours total du portefeuille (Lafourcade et

Al, 2005). Le degré de la portée permet de savoir le niveau socioéconomique de la clientèle

servie par les IMF, c’est-à-dire le niveau de pauvreté de ces clients.

4.2.2.2. Variables explicatives

Nous avons deux types de variables : celles relatives à la gouvernance et les variables de

contrôles.

Les variables de la gouvernance

Les variables relatives à la gouvernance d’entreprise ont été définies et opérationnalisées au

regard de la revue de littérature sur et des critères de notation utilisés par les agences de rating

en la matière. Nous avons cherché à déterminer les variables les plus précises pour décrire le

niveau de gouvernance d’entreprise.

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- La gouvernance structurelle : Elle se mesure à travers la composition du conseil

d’administration ; la structure de propriété ; les caractéristiques du dirigeant et le contrôle

interne.

- La gouvernance institutionnelle : Elle s’identifie par les organes de supervisions et

de contrôles. Dans cette logique, l’adhésion des EMF à l’ANEMCAM ; les contrôles inopinés

des autorités monétaires et la mise sur administration provisoire de certaines EMF par la

COBAC

Les variables de contrôle

Notre avons utilisé deux variables de contrôle pour mieux déterminer l’influence des variables

dépendantes dans notre modèle. Selon Thiétart (1999), l’inclusion des variables de contrôle

permet d’améliorer le degré de validité externe des résultats. Leurs fonction principale est de

mieux contrôler les variables qui peuvent influencer l’émergence de la firme. On distingue

ainsi une variable de la taille de l’EMF (TAILL) mesurée par l’effectif du personnel ; une

deuxième variable étant l’âge de l’EMF (AGE), qui est un des critères spécifiques de succès

(Steinmetz, 1969) car avec l’âge, une institution acquiert de l’expérience (Mersland et

Strom ,2009).

Tableau 2 : opérationnalisation et mesures des variables

Variables Type de

variable

Mesures Auteurs

Endogène

Emergence

(Croissance)

Binaire Le ROA ; le ROE ; le jugement

sur la fréquence d’évolution

des taux d’impayés de crédits

et l’évolution social.

Mersland et

strom(2009) ;

H.Tchankounté

2009

Exogènes

Gouvernance

institutionnelle

Nominale Contrôle inopiné des autorités

monétaires, l’adhésion à

l’ANEMCAM, le contrôle

mené par la COBAC.

Sheifer et

Vishny (1989) ;

Jensen et

meckling (1976)

Gouvernance

structurelle

Nominale La structure de propriété, les

caractéristiques du dirigeant, le

contrôle interne et la

composition du conseil

d’administration.

COBAC (2002)

Age

Nominale Le nombre d’année d’existence

de l’EMF.

Mersland et

Strom (2009 )

Taille

Nominale

L’effectif du personnel

exerçant dans l’entreprise.

Ngongang

2010 ;

Bensabeur-

Slimane Asma

2016; Source : des Auteurs

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4.2.3 Méthodes de traitement et d’analyse des données

La variable dépendante de notre recherche, c’est-à-dire la croissance est de type dichotomique

parce qu’elle ne peut prendre que deux valeurs (0, 1), les probabilités et les proportions de la

variable sont également comprises entre 0 et 1, de même que le terme d’erreur, qui suivent

ainsi une loi discrète. Dans ce contexte, la régression linéaire simple n’est pas appropriée

étant donné qu’elle ne considère pas de maximum ou minimum et qu’elle assume la normalité

des termes d’erreurs (Pampel, 2000). Nous avons plutôt utilisé un modèle de choix binaire où

l’on à estimer la probabilité associée à un événement. Ainsi dans notre étude nous avons

estimé la performance financière par une régression logistique ordinale tandis que la

performance sociale a été estimée à travers une régression logistique binaire. De façon

précise, pour traiter nos données nous avons utilisé une analyse descriptive et une régression

logistique.

5. Résultats des analyses

5.1. Résultats de la statistique descriptive et du test de dépendance du Khi-2 de la

gouvernance structurelle sur la croissance des EMF

5.1.1. Résultats de la statistique descriptive

Tableau 3 : caractéristique de la gouvernance structurelle

Réponses

Variables

Pas du tout

d’accord

Pas

d’accord

Indécis

D’accord

Tout à fait

d’accord

Total

CumfonDG 30% 8% 7,5% 28,5% 26% 100%

PropDG 25,5% 13,5% 6% 27,5% 27,5% 100%

Qconin 27% 21% 16,5% 15,5% 20% 100%

LifamDG 50% 17% 16% 8,5% 6% 100%

DurmaDG 37,5% 12,5% 32,5% 7,5% 10% 100%

ActionDG 55% 10% 8% 15% 12% 100%

Durcemp 60% 15% 7,5% 15% 2,5% 100%

Dmissio 22% 5% 15,5% 32% 20,5% 100%

Cipriv 5% 5% 5% 35% 50% 100%

Auditexter 2,5% 5% 10% 42,5% 40% 100%

Source : des Auteurs à partir de l’exploitation des données recueillies

A la lecture de ce tableau, on constate que sur la base de de l’échantillon étudié, 30% des

répondants contre 26% estime que le cumul de fonction de direction et de contrôle par le DG

(CumfonDG) est facteur limitant la bonne gouvernance. La majorité des contrats d’emploi

(Durcemp) sont à durée indéterminé (60%) même si la fréquence des démissions est

relativement faible (avis de 22% des répondants). Toutefois, le contrôle interne qui améliore

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RCCA Page 416

la qualité de la gouvernance (Cipriv) (50%) est davantage pertinent lorsque les auditeurs

externes sont privilégié par l’EMF (avis de 45% des enquêtés.

5.1.2. Résultat du test de dépendance du Khi-2

Tableau 4 : Test de dépendance du Khi-deux de la gouvernance structurelle sur la

croissance

Gou

ver

nan

ce s

tru

ctu

rel

le

Variables d’émergence

Variables Performance financière Performance sociale

ROA ROE JUGTC EMP ESE EEE

CumfoDG 9,268

(0,754)

8,881

(0,912)

9,594

(0,544)

5,337

(0,435)

3,927

(0,657)

6,522

(0,319)

PropDG 32,981**

(0,05)

16,959

(0,509)

7,162

(0,648)

7,923

(0,227)

4,482

(0,332)

7,341

(0,548)

Qconin 12,119

(0,691)

21,512

(0,152)

14,449

(0,300)

23,118***

(0,001)

6,575

(0,264)

4,140

(0,232)

LifamDG 13,658

(0,383)

17,709

(0,311)

11,878

(0,235)

13,501**

(0,043)

8,152

(0,224)

5,087

(0,537)

DurmaDG 16,075

(0,188)

11,430

(0,492)

8,652

(0,372)

9,445*

(0,074)

2,906

(0,574)

5,858

(0,210)

ActionDG 22,659*

(0,098)

14,537

(0,638)

4,399

(0,119)

7,119

(0,196)

4,854

(0,323)

55,278

(0,257)

Durcemp 11,151

(0,707)

9,836

(0,714)

5,622

(0,676)

4,743

(0,845)

4,287

(0,643)

4,905

(0,753)

Dmissio 21,328

(0,148)

11,501

(0,820)

7,667

(0,462)

4,265

(0,559)

6,055

(0,621)

9,718

(0,172)

Cipriv 6,392

(0,489)

2,251

(0,861)

5,373

(0,504)

8,469

(0,209)

4,811

(0,225)

8,634

(0,268)

Audiext 5,216

(0,916)

7,512

(0,284)

9,321

(0,205)

6,253

(0,137)

4,565

(0,658)

8,961

(0,811)

*** ; ** ; * Représente respectivement la significativité au seuil de 1% ; 5% et 10%

Source : des Auteurs à partir de l’exploitation des données analysées

A la lecture de ce tableau, la valeur du khi-deux calculé à partir de l’échantillon étudié pour

des variables propriétaire du DG (PropDG) et actionnaire dirigeant (ActionDG) sont

respectivement significatif au seuil de ; 5% et 10%. Ceci suppose que ces deux variables ont

une influence sur la performance financière (ROA). Par contre la qualité du contrôle interne

(Qconin), le lien de familiarité du DG avec les administrateurs interne (LifamDG) et la durée

du mandat du DG (DurmaDG) représentent respectivement comme valeurs du Khi-deux

calculé 23,118 ; 13,501 et 9,445. Ces trois variables qui sont significatives au seuil de 1% ;

5% et 10% ont une influence sur la performance sociale des (EMP).

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Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Numéro 5 : Juin 2018

RCCA Page 417

5.1.3. Résultat de la régression logistique

Tableau 5 : Résultat de la régression logistique de la gouvernance structurelle sur la

croissance

Méthode : régression logistique ordinale Méthode : régression logistique binaire

Performance financière Performance sociale

Gou

ver

nan

ce S

tru

ctu

rell

e

Variables ROE ROA JUGTC EMP OR ESE OR EEE OR

CumfoDG

0,636*

(0,064)

0,559*

(0,067)

0,867**

(0,062)

-1,826*

(0,036)

0,17

9

0,419

(0,170)

1,5

21

-0,304

(0,249)

0,7

37

PropDG

0,084

(0,523)

-0,068

(0,822)

0,278

(0,341)

-1,087

(0,13)

0,33

7

0,164

(0,623)

1,1

78

-0,386

(0,20)

0,6

79

Qconin

-0,162

(0,936)

-0,074

(0,816)

0,418

(0,186)

0,428

(0,517)

1,53

5

0,213

(0,567)

1,2

37

-0,527*

(0,09)

0,5

90

LifamDG

-0,024

(0,943)

-0,107

(0,775)

0,015

(0,969)

-1,346*

(0,075)

0,26 -0,924*

(0,038)

0,3

96

-0,257

(0,46)

0,7

73

DurmaDG

0,935**

(0,044)

0,969*

(0,044)

-0,225

(0,602)

1,169

(0,261)

3,22 -0,598

(0,254)

0,5

49

0,167

(0,67)

1,1

82

ActionDG

-0,319

(0,432)

-0,049

(0,908)

-0,264

(0,415)

5,296**

(0,026)

19,9

7

-0,042

(0,910)

0,9

58

0,305

(0,38)

1,3

57

Durcemp

0,004

(0,991)

0,214

(0,616)

-0,388

(0,292)

0,308*

(0,078)

1,36

1

0,143

(0,734)

1,1

53

0,350

(0,38)

1,3

57

Dmissio

-0,057

(0,856)

0,542**

(0,110)

-0,209

(0,531)

0,337*

(0,078)

1,40

1

0,294

(0,434)

1,3

42

-0,604*

(0,08)

0,6

72

Cipriv

0,333

(0,585)

-0,644

(0,307)

0,975

(0,114)

1,826**

*

(0,009)

6,20

9

3,560*

(0,045)

3,5

17

1,139

(0,09)

3,1

25

Audiext

0,412

(0,409)

-0,189

(0,699)

-1,305*

(0,054)

-1,219

(0,383)

0,29

5

3,469**

(0,039)

3,2

13

-0,342

(0,49)

0,7

09

Effectif pers

1,001**

(0,024)

-0,564

(0,195)

-1,287

***

(0,004)

-1,007

(0,277)

0,36

4

3,108**

(0,022)

22,

385

0,729*

(0,07)

1,2

98

Age EMF -0,436

(0,285)

-0,257

(0,522)

-1,167

(0,639)

0,249

(0,251)

1,28

3

-0,0505

(0,900)

0,9

5

0,257

(0,24)

0,7

37

Nobsertion :

Chi 2 :

pseudo R2 :

80

25,64

0,3424

80

28,60

0,3460

80

27,92

0,3389

80

29,38

0,5221

80

46,16

0,6963

80

52,64

0,4283

*** ; ** ; * Représente respectivement la significativité au seuil de 1%; 5% et10%

Source : des Auteurs à partir de l’exploitation des données analysées

Les résultats obtenus pour le Modèle 1 de l’échantillon étudié, montrent que la régression est

significative dans son ensemble, au seuil de 10%. Le coefficient R², demeure néanmoins

faible (R²=0.3460). Au niveau des variables explicatives de la gouvernance sur la

performance financière, la régression nous montre que les variables cumul de fonction, durée

du mandat DG, et effectif du personnel sont respectivement significatif au seuil de 10% 5% et

5%. Ces variables indépendantes expliquent la variable dépendent performance financière à

travers le (ROE). Par contre le ROA, mesuré par le cumul de fonction, la durée du mandat du

DG, et le niveau de démission du personnel sont respectivement significatifs au seuil de 10%,

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Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Numéro 5 : Juin 2018

RCCA Page 418

10% et 5%. La variables JUGTC est mieux expliqué par le cumul de fonction du DG 5%,

l’audit externe 10% et l’effectif du personnel 1%. Cependant, les autres variables exogènes

non cités ci-dessus ne sont pas significatives car les probabilités de leurs coefficients sont

strictement supérieures à 10%.

Pour le modèle 2 de l’échantillon étudié, la performance sociale qui est mesurée à partir de

trois variables, donc la première c’est-à-dire l’EMP est influencée négativement et

significativement (OR<1) par le cumul de fonction du DG au seuil de 10%, son lien de

familiarité avec son personnel au seuil de 10%, et influencée positivement et

significativement par le fait que le DG est actionnaire au seuil de 5%, au seuil de 10% par la

durée du contrat des employés et les démissions et au seuil de 1% par le contrôle interne qui

privilégie la qualité de la gouvernance (Cipriv). La variable endogène ESE, est influencée

négativement et significativement par le lien de familiarité du DG avec les membres du

Conseil d’administration au seuil de 10% et influencée positivement et significativement

(OR>1) par le contrôle interne qui privilégie la qualité de la gouvernance (Cipriv), l’audit

externe et l’effectif des employés respectivement au seuil de 10%, 5% et 5%. La variable EEE

quant à elle subit du fait de la qualité du contrôle interne (Qconin) et du nombre de démission

des employés (Dmissio) une influence négative et significative au seuil de 10% et une

influence positive et significative de l’effectif des employés au seuil de 10%. L’âge de

l’établissement étant une exception car OR=0,737.

Ces résultats corroborent l’hypothèse de l’impact social, qui stipule que plus l’entreprise est

performante sur le plan social, plus elle est performante sur le plan économique et financier.

Cette hypothèse trouve son origine dans la théorie des parties prenantes (Freeman, 1984).

5.2. Résultats de la statistique descriptive et du test de dépendance l’influence de

la gouvernance institutionnelle sur la croissance des EMF

5.2.1 Résultat de la statistique descriptive

Tableau 6 : caractéristique de la gouvernance institutionnelle

Réponses

Variables

Pas du tout

d’accord

Pas

d’accord

Indécis

D’accord

Tout à fait

d’accord

Total

Ancam 5% 7,5% 12% 20,5% 52,5% 100%

Conino 2% 2,5% 7,5% 30,5% 57,5% 100%

Admpr 75% 10% 5% 5% 2,5% 100%

Source : des Auteurs à partir de l’exploitation des données analysées

En observant ce tableau, on constate que plus de la moitié des EMF enquêtés appartienne à

l’association nationale des établissements de micro finances du Cameroun et reçoive

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RCCA Page 419

régulièrement les visites inopinées des autorités monétaires. Seulement, 75% des répondants

estiment que leur entreprise n’a jamais été mise sur administration provisoire par la COBAC.

5.2.2. Résultat du test de dépendance du Khi-deux de Pearson

Tableau 7 : Test de dépendance du Khi-deux de Pearson

Gou

ver

nan

ce

inst

itu

tion

nel

le

Variables d’émergence

Variables Performance financière Performance sociale

ROA ROE JUGTC EMP ESE EEE

Anecam 10,467

(0,652)

11,381

(0,650)

11,375*

(0,070)

6,675

(0,275)

8,340

(0,197)

6,076

(0,215)

Conino 9,724

(0,563)

6,033

(0,831)

8,033

(0,418)

3,738

(0,864)

4,118

(0,548)

15,118

(0,593)

Admpr 1,902

(0,870)

6,692

(0,893)

7,781

(0,650)

4,316

(0,651)

6,193

(0,822)

2,716

(0,744)

Source : des Auteurs à partir de l’exploitation des données analysées

A la lecture de ce tableau, la valeur du Khi-deux calculé de l’association professionnelle est

de 10,175. Cette variable est significative au seuil de 10% ; ceci montre qu’elle a une

influence sur la performance financière (JUGTC). Les deux autres variables n’ont aucun effet

sur la croissance.

5.2.2. Résultat sur la régression logistique

Tableau 8 : Résultat de régression logistique de la gouvernance institutionnelle sur la

croissance

Méthode : régression logistique ordinale Méthode : régression logistique binaire

Performance financière Performance sociale

G

ou

ver

nan

ce i

nst

itu

tion

nel

le

Variable ROE ROA JUGTIC EMP OR ESE OR EEE OR

Anecam 0,770**

(0,047)

0,508

(0,152)

0,164

(0,647)

0,751*

(0,077)

2,12

0

0,751*

(0,077)

2,12

0

-0,106

(0,755)

0,89

9

Conino -0,707

(0,345)

-1,225

(0,120)

0,719

(0,288)

-

0,151*

*

(0,037)

0,85

9

-

1,564*

*

(0,026)

0,20

9

1.630*

*

(0,021)

5,12

Admpr 0,766

(0,174)

0,120

(0,798)

-0,369

(0,464)

-0,174

(0,691)

0,84

0

-0,174

(0,691)

0,84

0

0,717

(0,079)

2,04

9

Effpers 1,041***

(0,010)

0,684*

(0,075)

-

1,263***

(0,002)

-0,145

(0,726)

0,86

4

0,686*

(0,090)

1,98

7

0,342*

(0,094)

1,40

8

Ageemf -0,430

(0,182)

-0,450

(0,188)

0,494*

(0,086)

0,512

(0,137)

1,66

9

0,368

(0,258)

1,44

6

0,052

(0,853)

1,05

3

Nobservation :

chi 2 :

80

21,76

80

13,43

80

16,68

80

58,65

80

60,27

80

63,18

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Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Numéro 5 : Juin 2018

RCCA Page 420

pseudo R2 :

0,2614 0,1683 0,1976 0,5715 0,6883 0,6574

*** ; ** ; * Représente respectivement la significativité au seuil de 1%; 5% et10%

Source : des Auteurs à partir de l’exploitation des données analysées

Les résultats obtenus pour le modèle 1 de l’échantillon étudié montrent que la régression est

significative dans son ensemble, au seuil de 1%. Le coefficient R², demeure néanmoins faible

(R²=0.2614). Au niveau des variables explicatives, la régression de la gouvernance

institutionnelle sur la performance financière (PF) montre que les variables Anecam, et

Effectif du personnel sont respectivement significatif au seuil de 5% et1% explique le mieux

la variable dépendent (ROE). Par contre le ROA est influencé significativement par l’effectif

du personnel au seuil de10%. D’un autre côté, le JUGTC est mieux expliqué par l’effectif du

personnel et l’âge de l’EMF. Cependant, les autres variables exogènes non cités ci-dessus ne

sont pas significatives car les probabilités de leurs coefficients sont strictement supérieures à

10%.

La performance sociale au niveau du modèle 2 de l’échantillon étudié, à travers l’EMP est

influencée négativement et significativement (OR<1) par le contrôle inopiné des autorités

monétaires (Conino) au seuil de 5% puis positivement et non significativement (OR>1) par

l’appartenance à l’ANEMCAM au seuil de 10%. La variable endogène ESE, est influencée

négativement et significativement par le contrôle inopiné (OR>1) au seuil de 5% et

positivement par l’effectif des employés au seuil de 10%. L’EEE qui est la troisième mesure,

subit du fait du contrôle inopiné de l’administration provisoire et de l’effectif du personnel;

une influence positive non significative respectivement au seuil de 5% et 10%.

Conclusion

Il était question pour nous dans cette étude de vérifier si la gouvernance a une influence sur la

croissance des entreprises. Mesurée à partir de ses deux composantes (structurelle et

institutionnelle) la gouvernance c’est avéré avoir une influence significative autant positive

que négative sur la croissance des EMF de l’échantillon qui, elle a été capté par deux

dimensions de la performance (financière et sociale). Nous avons, pour mieux contrôler le

modèle de régression utilisé des variables spécifiques (âge, taille) des EMF. Parmi ces

variables, la taille de l’entreprise a une influence sur la croissance. Les résultats de nos

analyses ont montré que la gouvernance exerce une influence sur toutes les variables de la

performance financière et sociale utilisées. Dans cette même logique, (Tchakoute, 2010)

estime que l’efficacité des mécanismes de gouvernance peut être considérée comme un levier

Page 19: Gouvernance et croissance des PME camerounaises : Une

Revue du Contrôle de la Comptabilité et de l’Audit ISSN: 2550-469X Numéro 5 : Juin 2018

RCCA Page 421

de création de la valeur sociale et financière dans les IMF. Les résultats de cette étude nous

permettent de la généraliser, mais elle présente quelques limites notamment liées à la taille de

l’échantillon et aux variables utilisées pour mesurer la croissance des entreprises. Plus de

précisions et d’éclaircissements pourront être apportés dans le cadre des études qui prendront

en compte un échantillon plus grand et d’autres dimensions pour mesurer la croissance tels

que la performance économique, environnementale, managériale…

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