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Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) Division du Centre d’investissement GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE GABONAISE APPUI À LA MISE EN ŒUVRE DU NEPAD–PDDAA TCP/GAB/2907 (I) (NEPAD Ref.05/09 F) Volume IV de V PROFIL DE PROJET D’INVESTISSEMENT BANCABLE Appui au développement de la filière manioc Octobre 2005

GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE GABONAISE

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Nouveau partenariat pour le

développement de l’Afrique (NEPAD) Organisation des Nations Unies

pour l’alimentation et l’agriculture Programme détaillé pour le

développement de l’agriculture africaine (PDDAA)

Division du Centre d’investissement

GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE GABONAISE

APPUI À LA MISE EN ŒUVRE DU NEPAD–PDDAA

TCP/GAB/2907 (I) (NEPAD Ref.05/09 F)

Volume IV de V

PROFIL DE PROJET D’INVESTISSEMENT BANCABLE

Appui au développement de la filière manioc

Octobre 2005

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GABON: Appui à la mise en œuvre du NEPAD–PDDAA

Volume I: Programme national d’investissement à moyen terme (PNIMT)

Profils de projets d’investissement bancables (PPIB)

Volume II: Relance des services d’appui techniques au développement agricole

Volume III: Appui à l’intensification de la filière de la banane et du plantain

Volume IV: Appui au développement de la filière manioc

Volume V: Fonds d’appui à la diversification des productions en milieu rural

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PROFIL DE PROJET D’INVESTISSEMENT BANCABLE DU PDDAA–NEPAD

Pays: Gabon

Secteur d’activité: Développement des filières agricoles

Titre du projet proposé: Appui au développement de la filière manioc

Zone du projet: Trois provinces du pays: Haut Ogooué, Moyen Ogooué et Ngounié

Durée du projet: 4 ans

Coût estimé: Coût en devises:........................ 2,69 millions de dollars EU Coût en monnaie locale: ........... 4,69 millions de dollars EU Total....................................... 7,38 millions de dollars EU

Financement envisagé:

Source Millions de FCFA1 Millions de $EU % du total

Gouvernement 1 659 3,02 41

Institution(s) de financement 2 175 3,95 54

Bénéficiaires 227 0,41 5

Total 4 060 7,38 100

1 Equivalence monétaire:

Unité monétaire = franc CFA (FCFA) 1 $EU = 550 FCFA 100 FCFA = 0,18 $EU

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GABON

Profil de projet d’investissement bancable du PDDAA–NEPAD « Appui au développement de la filière manioc »

Table des matières

Abréviations.......................................................................................................................................... iii

I. CONTEXTE DU PROJET..........................................................................................................1 A. Origine du projet ...............................................................................................................1 B. Généralités..........................................................................................................................2

II. ZONE DU PROJET.....................................................................................................................6

III. JUSTIFICATION ........................................................................................................................8

IV. OBJECTIFS DU PROJET........................................................................................................11

V. DESCRIPTION DU PROJET ..................................................................................................12 Composante 1: Appui à la structuration de la filière .............................................................12 Composante 2: Appui à la commercialisation.........................................................................13 Composante 3: Appui à la transformation et post–récolte.....................................................13 Composante 4: Appui à la production .....................................................................................14 Composante 5: Coordination, gestion et suivi–évaluation du projet ....................................15

VI. COÛTS INDICATIFS ...............................................................................................................15

VII. SOURCES DE FINANCEMENT ENVISAGÉES ..................................................................17

VIII. BÉNÉFICES ATTENDUS ........................................................................................................18

IX. DISPOSITIFS INSTITUTIONNELS DE MISE EN ŒUVRE ..............................................19

X. BESOINS EN ASSISTANCE TECHNIQUE ..........................................................................21

XI. PROBLÈMES EN SUSPENS ET ACTIONS PROPOSÉES .................................................22

XII. RISQUES POTENTIELS .........................................................................................................22

ANNEXES.............................................................................................................................................25 Annexe 1: Carte de la zone du projet.......................................................................................27 Annexe 2: Evolution de la production, des surfaces cultivées et des rendements des

principales cultures vivrières au Gabon ........................................................................29 Annexe 3: Evolution de la consommation en produits caloriques.........................................31 Annexe 4: Note sur l’offre, la demande et la consommation de manioc et de plantain.......33 Annexe 5: Estimation des besoins en consommation de manioc et de plantain ...................37 Annexe 6: Cadre logique des activités du projet .....................................................................39 Annexe 7: Arbre logique ...........................................................................................................43 Annexe 8: Budget du projet d’appui au développement de la filière manioc.......................45 Annexe 9: Budget détaillé des prestations de services ............................................................47 Annexe 10: Budget préliminaire de culture du manioc amélioré et de la

transformation .................................................................................................................49 Annexe 11: Cadre institutionnel de l’appui au développement agricole ..............................51

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NEPAD – Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine Gabon: Profil de projet d’investissement « Appui au développement de la filière manioc »

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Abréviations

BAD Banque africaine de développement BADEA Banque arabe pour le développement économique en Afrique CES Conseil économique et social CIAM Centre d’introduction, d’adaptation et de multiplication du matériel végétal CIAT Centre international pour l’agriculture tropicale (Cali, Colombie) CIRAD Centre international de recherche agronomique pour le développement DSRP Document de stratégie de réduction de la pauvreté FAO Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation FEAMO Femmes agricoles de Moanda FIDA Fonds international de développement agricole IGAD Institut gabonais d’appui au développement IITA Institut international pour l’agriculture tropicale (Ibadan, Nigéria) INSAB Institut national des sciences agronomiques et des biotechnologies LDAT Loi de développement et d’aménagement du territoire LOA Loi d’orientation agricole MAEDR Ministère de l’agriculture de l’élevage et du développement rural NEPAD Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique NRI Natural Resources Institute (London) OMC Organisation mondiale du commerce ONG Organisation non gouvernementale PDDAA Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine PIB Produit intérieur brut PNDASA Programme national pour le développement agricole et la sécurité alimentaire PNIMT Programme national d’investissement à moyen terme PPI Production et protection intégrée R–D Recherche–développement R&T Racines et tubercules

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NEPAD – Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine Gabon: Profil de projet d’investissement « Appui au développement de la filière manioc »

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I. CONTEXTE DU PROJET

A. Origine du projet

I.1. Le processus de mise en œuvre du PDDAA du NEPAD permettra de renforcer la réalisation des actions prioritaires définies par le Gouvernement gabonais pour le développement du secteur rural: le programme d’investissement proposé à moyen terme visera principalement, conformément à la LDAT et au DSRP, la diversification de l’économie nationale, le développement du capital humain et la lutte contre la pauvreté.

I.2. Le secteur agricole recèle un potentiel qui dépasse de beaucoup son niveau de production actuel, de sorte que son développement peut: (i) jouer un rôle dans la relance économique du pays, notamment en limitant les besoins en produits importés, en augmentant les revenus des paysans et en réduisant l’exode rural; et (ii) en générant de nouveaux emplois et participant de façon significative à la réduction de la pauvreté en milieu rural.

I.3. Au regard de la situation économique du pays, le Gouvernement gabonais s’est engagé dans sa restructuration et sa réorientation. L’objectif principal du gouvernement est de transformer l’économie de rente dépendant exclusivement du pétrole en une économie diversifiée et libéralisée visant à éradiquer la pauvreté. Pour matérialiser cette orientation, le gouvernement a entrepris, avec l’appui de ses partenaires au développement un vaste programme de réformes économiques, élaboré une loi de développement et d’aménagement du territoire (LDAT) et un document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) intérimaire. Un projet de loi d’orientation agricole (LOA) est aussi en cours de validation au Ministère de l’agriculture, de l’élevage et du développement rural (MAEDR).

I.4. Conformément à la politique et aux priorité définies dans la LDAT et le DSRP, les orientations du PDDAA, les priorités d’orientation de la LOA et les réflexions stratégiques en cours avec l’appui des bailleurs de fonds sur le développement du secteur rural, ont été mis en exergue dans le cadre des axes prioritaires du PNIMT qui recommande:

• la gestion durable des ressources agricoles par la mobilisation et la gestion de l’eau, la sédentarisation de l’agriculture pluviale par une gestion durable de la fertilité des sols et leur protection contre la l’érosion, la promotion d’exploitations familiales modernes intégrées; et le développement des cultures pérennes familiales;

• l’amélioration de l’accès aux marchés locaux et nationaux pour les produits agricoles compétitifs par le désenclavement des zones de production, le développement de la transformation ou la valorisation locale des produits, l’amélioration des filières de commercialisation des produits agricoles, l’amélioration de l’accès et de la diffusion de l’information économique et sociale, notamment par la mise en place d’un système d’information sur les marchés;

• l’amélioration de l’autosuffisance alimentaire du Gabon par une diminution de la dépendance du pays par rapport aux importations alimentaires, l’intensification de la production agricole vivrière et maraîchère par l’utilisation de technologies améliorées d’intensification et de diversification, en vue d’adapter l’offre à la demande urbaine;

• le renforcement des capacités productives en milieu rural par le développement du capital humain, notamment des organisations paysannes et des capacités techniques des services de conseil privés et publics, le soutien à la création de services privés d’approvisionnement en intrants, le renforcement des capacités techniques et de gestion des producteurs ruraux et de leurs organisations, la promotion d’une recherche–développement (R–D) adaptée aux besoins des systèmes traditionnels de production.

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I.5. Au cours de l’atelier national de validation du PNIMT/NEPAD/GABON tenu à Libreville les 13 et 14 octobre 2004, les partenaires du développement ont recommandé que l’appui à la production et la transformation du manioc dans le Haut Ogooué, le Moyen Ogooué et la Ngounié soit considéré comme une priorité d’investissement du PDDAA. Ainsi, ce projet a été préparé en collaboration avec les opérateurs du secteur (producteurs, ONG, administrations): il s’appuie sur les initiatives précédentes menées au sein du MAEDR au cours des vingt dernières années, en vue de d’assurer la sécurité alimentaire aux populations vulnérables, pour lesquelles le manioc constitue la base de l’alimentation.

B. Généralités

I.6. Le Gabon2 est un pays d’une superficie de 267 667 km², situé au centre du Golfe de Guinée, de part et d’autre de l’Equateur en Afrique Centrale. Sa population actuelle est estimée à près de 1,3 millions habitants en 2001 (soit 4,7 hab./km²) avec un taux d’accroissement de l’ordre de 2,8% par an. Elle est inégalement répartie entre les provinces (plus de 45% dans l’Estuaire). Cette population dont plus de 75% est urbaine, se caractérise par sa jeunesse3 (41% ont moins de 15 ans), par un taux élevé d’immigration (près de 21% de la population est d’origine étrangère). Les trois principales villes du pays (Libreville4, Port–Gentil et Franceville) concentrent la plupart des activités et des équipements socio–économiques et représentent à elles seules plus de la moitié de la population du pays.

I.7. Le Gabon dispose de ressources naturelles abondantes, avec les trois quarts de son territoire recouvert de forêts, de réserves halieutiques abondantes, de gisements pétroliers et de manganèse. Avec un revenu moyen par habitant de 3 437 $EU en 2001, il est classé comme pays à revenus intermédiaires, mais ses performances sociales sont faibles avec une grande majorité de la population confrontée à des problèmes de manque de revenus et d’accès aux services sociaux de base de qualité. L’économie gabonaise est caractérisée par: (i) sa faible diversification et sa forte dépendance de l’extérieur, (ii) un niveau élevé des dépenses publiques, et (iii) un niveau d’endettement élevé. Elle est basée essentiellement sur les revenus du pétrole, qui représentait en 2002, 48% du PIB et 75% des revenus d’exportation. En 2002, le secteur primaire (forêt, agriculture) constituait environ 7,8% du PIB et occupait près de 65% de la main d’œuvre. Ainsi, de 1960 à 1990, le taux de croissance moyen annuel (en volume) des importations des principales denrées était compris entre 2 et 3,4%, alors que la valeur totale des importations est passée de 1,4 milliards de FCFA en 1961, à 2,7 milliards de FCFA en 1982, à 49 milliards de FCFA en 1990 et à 120 milliards de FCFA en 2001.

I.8. Le climat gabonais est de type équatorial chaud et humide, caractérisé par des températures annuelles moyennes de 25°C, une forte humidité relative (80% en moyenne) et des précipitations abondantes et fréquentes de 1 500 mm à 3 000 mm par an. Seuls 150 000 hectares, soit 1% des terres arables, sont utilisées pour la production agricole. Les principaux systèmes d’exploitation agricoles au Gabon sont: (i) les systèmes agricoles forestiers sur défriche–brûlis, qui comptent environ 70 000 exploitations vivrières familiales, (ii) les systèmes agroindustriels axés sur les cultures de rente (palmier, hévéa, canne à sucre) et l’élevage, actuellement en cours de privatisation; et (iii) les systèmes agraires périurbains5 axés sur l’horticulture, principalement le maraîchage.

2 Le pays est divisé en 9 provinces, le Gabon compte 47 départements, 152 cantons, 52 communes, 26 sous–

préfectures et 3 304 villages et regroupements de villages. 3 Excepté la population rurale qui est vieillissante. 4 La capitale Libreville compterait la moitié de la population urbaine du pays soit 35–40% de la population

totale. 5 L’agriculture périurbaine (systèmes maraîchers, petit élevage et fruitiers) se développe depuis une dizaine

d’années, principalement en raison de la proximité des marchés urbains: cette croissance a été fortement

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I.9. Systèmes de production agricoles. L’agriculture gabonaise de subsistance6 est caractérisée par des petites exploitations d’environ 1 ha en moyenne: les méthodes traditionnelles de production agricole, à travers les pratiques d’une agriculture itinérante sur brûlis, constituent sans conteste une source d’épuisement des sols et de destruction par le feu des niches écologiques. L’agriculture paysanne est avant tout vivrière et orientée vers la satisfaction des besoins de consommation des ménages ruraux. Les principales cultures vivrières des systèmes de production paysans sont le manioc (230 000 tonnes/an)7, la banane et le plantain (270 000 t/an), et secondairement par le taro (59 000 t), l’igname (155 000 t), l’arachide (20 000 t), le maïs (26 000 t) et les légumes–feuilles. La part commercialisée reste assez faible et les revenus paysans proviennent de la vente des surplus vivriers, mais également des cultures de rente (café, cacao, etc.) et des produits de la chasse et ou de la pêche.

I.10. La prédominance8 des cultures traditionnelles selon les provinces se présente de la manière suivante: (i) la banane dans la Nyanga, (ii) le manioc et les courges dans le Woleu–Ntem, (iii) le maïs dans le Haut Ogooué et l’Ogooué Ivindo, (iv) l’igname dans le Haut Ogooué et l’Ogooué lolo, (v) le taros dans l’Ogooué Lolo, et (vi) la canne à sucre dans l’Estuaire et le Woleu–Ntem. L’agriculture paysanne de rente s’appuie sur divers avantages comparatifs, notamment pour; (i) le café et le cacao (Haut Ogooué, Ogooué Ivindo et Woleu–Ntem), (ii) l’hévéa (Estuaire et Woleu–Ntem), et (iii) les productions vivrières, telles que le plantain (Woleu–Ntem), le plantain (Woleu–Ntem et Nyanga) et l’horticulture de rente (Estuaire).

I.11. Production du manioc. La production totale de manioc dans les systèmes de production traditionnels est estimée à environ 230 000 t/an9. Les rendements moyens sont très faibles (4–5 t/ha): l’intensification des systèmes de production traditionnels constitue une priorité, alors que l’extension des cultures pourra constituer une étape ultérieure pour les producteurs performants. A cet effet, le renouvellement du stock de matériel végétal10 et les pratiques de gestion durable des sols (assolement, rotation, techniques de régénération des sols) devront être considérés comme des priorités. Délaissé depuis plusieurs années, les dispositifs de production/multiplication de variétés améliorées de manioc ne sont pas adaptés aux besoins des paysans: à ce titre, la décentralisation des systèmes de la R–D et la responsabilisation des productrices/producteurs sont nécessaires.

I.12. Post–récolte. Le fait que les racines de manioc récoltées se dégradent rapidement (3 à 4 jours) les pratiques paysannes actuelles consistent: (i) soit de laisser le produit en champ11 avec le triple inconvénient de l’occupation prolongée du sol, de la lignification des racines et des attaques de rongeurs ou autres pestes, (ii) soit de transformer les racines en produits fermentés secs (cosettes) ou prêts à la consommation (i.e. bâtons). La question du transport des produits R&T (environ 70% d’eau) du champ vers le village et/ou les marchés constitue également une contrainte majeure en termes de pénibilité du travail12, de coût et de détérioration de la qualité du produit.

I.13. Transformation. Le manioc fait traditionnellement l’objet d’une véritable activité de transformation artisanale13, principalement pour la consommation familiale, du fait de sa haute

stimulée par l’IGAD à Libreville (470 exploitants en 2001 sur 1 123 ha), Franceville et Oyem. 6 Croissance moyenne entre 0 et 1%, de loin inférieur à la croissance démographique estimée à 2,8%. 7 Source FAOSTAT 1960–2002. 8 L’importance relative des diverses cultures reflète avant tout les différences de régime alimentaire des

groupes ethniques et plus rarement la demande du marché (i.e. banane dans la Nyanga). 9 Source FAOSTAT: ces données sont d’une fiabilité relative et qui reflète les données disponibles au niveau

des services nationaux de statistiques agricoles, actuellement en réforme. 10 Soit par des variétés tolérantes adaptées, soit par assainissement du matériel végétal local. 11 Ainsi une partie significative du manioc n’est jamais récolté et restent dans les jachères. 12 Le portage des récoltes est réalisé principalement par les femmes. 13 Excepté le manioc doux consommé sous forme bouillie ou braisée (racines jeunes).

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périssabilité, de sa toxicité notamment sa teneur en acide cyanhydrique14, et de l’augmentation de sa valeur nutritive après fermentation. La transformation du manioc pour la vente dans les villages semble lié à quatre facteurs principaux: (i) la disponibilité après autoconsommation en frais et/ou transformé, (ii) l’accès aux marchés de consommation et la demande des consommateurs, (ii) les traditions locales de transformation et (iv) la « mécanisation »15 du processus de transformation (coopératives, associations de femmes ou micro–entreprises).

I.14. La transformation artisanale du manioc comprend les produits majeurs suivants: (i) les cossettes obtenues par épluchage, découpage, séchage, et qui broyées donnent de la farine, (ii) la pulpe sèche obtenue par fermentation et séchage à l’air et qui, broyée et cuite donne le fufu, (iii) la pulpe humide obtenue par épluchage, râpage, fermentation, pressage, émiettement et torréfaction donne le gari, (iv) le bâton de manioc obtenu par épluchage, râpage, double fermentation et qui, emballé dans des feuilles et cuites, donne le chickwange ou le bobolo/miondo et (v) enfin l’amidon obtenu par extraction après râpage, mise en eau, filtration, décantation et séchage. Ces processus sont caractérisés par une faible efficience, une pénibilité du travail, généralement réalisé par les femmes, et une gestion erratique.

I.15. La commercialisation du manioc est considérée actuellement comme inadéquate avec une forte dissipation de la plus–value dans l’intermédiation, des pertes quantitatives et qualitatives du produit et faiblement orientée sur la demande. Plusieurs causes sont à l’origine de cette situation, dont: (i) la faible potentiel de conservation des produits, excepté pour les produits secs, (ii) une forte dispersion de l’offre, (iii) le manque de normes de qualité, (iv) les mauvaises conditions de transport et leur coût élevé, (v) l’absence d’organisation des marchés et d’information sur les prix, et (vi) la faible adaptation des produits actuels à base de racines et tubercules aux conditions de vie urbaines. Cependant, la croissance rapide des populations urbaines alimente une demande importante, en particulier en matière de produits faciles à conserver, bons marché et prêts à la consommation tels que le gari, les bâtons, etc.

I.16. La consommation des racines et tubercules, et du manioc en particulier, est fortement liée à l’évolution de du mode de vie de la population gabonaise. Ainsi la forte urbanisation enregistrée depuis l’indépendance a induit une diminution drastique de la consommation moyenne nette de manioc de 220 kg/hab./an en 1960 à environ 75 kg/hab./an actuellement16. De même, la contribution moyenne du manioc aux besoins caloriques des populations a baissée de 30% (625 kCal/j) en 1960 à 10% (210 kCal/j) actuellement. Ainsi les produits locaux ont été graduellement remplacés par les céréales importés, principalement le blé et le riz, qui représentent actuellement, en milieu urbain, environ 45–50% de la consommation calorique moyenne, contre 10% en 1960.

14 Les risques d’intoxication à l’acide cyanhydrique sont liés à plusieurs facteurs, dont (a) la fréquence de la

consommation du manioc amer, (b) la qualité du processus de transformation et de l’élimination des composés cyanhydriques, et (c) la teneur en iode dans l’eau (l’iode agit comme agent catalyseur pour l’élimination des composés cyanhydriques de l’organisme). La consommation de sel iodé constitué une solution pratique, peu chère et efficace pour éviter l’accumulation de faibles quantités d’acide cyanhydrique.

15 Ainsi, dans les zones à production de gari, la disponibilité locale d’une machine à râper augmenterait de plus de 60% la capacité de transformation des groupements/entrepreneurs, mais également l’efficience du processus. d’environ 15% en limitant les pertes.

16 Adapté de FAOSTAT (1960–2002): voir en Annexes 2 et 3. Ces chiffres doivent être relativisés du fait de la faible fiabilité des données de production et de la sous–estimation des importations de manioc. Par ailleurs ces données ne correspondent pas aux résultats des enquêtes nutritionnelles qui indiquent une consommation moyenne de produits à base de manioc équivalent à 268 kCal/pers/jour à Libreville, où le niveau de consommation est le plus faible (J. Moubamba, 2002).

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I.17. Services d’appui au développement agricole. Les expériences passées d’appui au développement, y compris les OZI (Opérations zonales intégrées) et les opérations paysannes des agro–industries parapubliques, ne se sont pas avérées efficientes, voire contre–productives, soit en terme de coûts/bénéfices ou d’impact sur les systèmes de production, et globalement en termes d’amélioration des conditions d’existence des populations rurales. Actuellement, les services d’appui du Ministère de l’agriculture dans les zones rurales est caractérisée par une faible capacité d’appui, liée notamment à: (i) la faible capacité de gestion/planification, de supervision et de formation du personnel de terrain, (ii) un effectif insuffisant et le manque de moyens de fonctionnement. La mise en veille des activités de R–D du CIAM a induit l’absence de matériel végétal de plantation amélioré. En dehors des opérations agro–industrielles et de l’horticulture, l’utilisation des engrais et des produits phytosanitaires reste à un niveau très faible, par ailleurs peu rentable au regard des techniques de production traditionnelles. Les prestataires de service du secteur privé et associatif (ONG, etc.) ne sont pas nombreux et ils sont surtout présents en zone urbaine. Les expériences de micro–finances restent concentrées principalement sur le secteur commercial en milieu urbain: des appuis à l’investissement agricole ont été tentées par des projets d’appui, mais les résultats en milieu rural restent mitigés.

I.18. Les associations. On dénombre au Gabon près de 300 associations et ONG locales intervenant dans les domaines social, culturel, économique, éducatif et sanitaire: seul une quinzaine, ont jusqu’ici démontré des capacités réelles d’intervention sur le terrain. Ce secteur connaît cependant un regain de dynamisme grâce à l’action du Conseil économique et social (CES) et du ministère en charge de la femme. On distingue: (i) les associations locales à vocation d’entraide et coopération, y compris les organisations de producteurs agricoles (OPA), souvent de petite taille et disposent en général de très peu de moyens financiers et techniques, (ii) les Organisations non gouvernementales (ONG) nationales17, peu nombreuses et sous–équipées, disposant de compétences diversifiées, qui constituent des noyaux de base de services d’appui émergeants, (iii) les ONG internationales qui interviennent surtout dans le domaine de la forêt et de l’environnement, bénéficiant de l’appui de leur réseau de donateurs.

I.19. Les grands défis du secteur des racines et tubercules sont:

• en 2010, environ 85% des Gabonais vivront en milieu urbain, tandis que le nombre de productrices/producteurs agricoles sera pratiquement au même niveau qu’actuellement: ainsi, le surplus commercialisé de racines et tubercules par ménage–producteur devra augmenter de 50% pour satisfaire à la demande et la production totale devra augmenter de 30%;

• actuellement, les acteurs de la filière du manioc réagissent insuffisamment aux opportunités du marché, du fait notamment de l’insuffisante maîtrise de la production et de la transformation, du mauvais état des infrastructures de communication et de transport, de la faible structuration de la chaîne commerciale, et de la forte compétition des produits importés (manioc et céréales importées) en termes de qualité et de prix;

• outre les racines, les feuilles (têtes) de manioc constituent le premier légume consommé au Gabon durant toute l’année: leur vente en frais limite les sources d’approvisionnement aux zones périurbaines et le long des grands axes routiers, alors que la transformation locale générerait des plus–values rurales et éviterait des pertes conséquentes.

17 Parmi les ONG d’appui les plus expérimentées, il y a lieu de citer l’Institut gabonais d’appui au

développement (IGAD) qui appuie depuis plusieurs années le développement de l’agriculture en zone périurbaine, notamment à Libreville.

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I.20. Pourtant il existe des opportunités pour le développement des productions vivrières et notamment pour l’intensification de la filière de production du manioc et de sa transformation, dont: (i) les variétés améliorées résistantes aux maladies et plus productives, (ii) l’amélioration des pratiques traditionnelles de culture et de transformation (i.e. mécanisation), (iii) le renforcement de pôles de production bénéficiant d’un réseau routier praticable en toutes saisons et/ou du passage du chemin de fer, (iv) une importante réserve foncière pour l’extension des surfaces, (iv) la présence d’ONG prestataires de services au développement rural, (vi) le pouvoir d’achat relativement élevé des urbains, y compris dans les villes secondaires, etc.

I.21. Le projet vise à lever les contraintes identifiées, à assurer une plus value aux producteurs/transformateurs de manioc et ainsi contribuer à la sécurité alimentaire de la population gabonaise. En outre le projet vise l’amélioration des performances du secteur agricole traditionnel en augmentant l’efficience du travail rural, les revenus paysans et en substituant les importations actuelles par la production nationale.

II. ZONE DU PROJET

II.1. Les critères de choix des zones ciblées par le projet proposé sont: (i) la tradition et le savoir–faire local pour la culture et la transformation du manioc, comme base des systèmes de production agricoles, (ii) l’accessibilité des régions en toute saison pour faciliter l’acheminement des intrants et l’écoulement des produits, (iii) une bonne densité de population permettant d’assurer un meilleur ratio coût–efficience aux actions et de leur impact. Sur cette base, le projet ciblera18 en priorité les provinces du Haut Ogooué, du Moyen Ogooué et de la Ngounié, dont les principales spéculations agricoles sont le manioc, la banane plantain, le taro, l’igname et les cultures légumières. Les provinces retenues appartiennent aux principales zones agro–écologiques du pays et offrent un potentiel de réplication ultérieure: ainsi, le Moyen Ogooué se trouve en zone forestière, le Haut Ogooué en zone de savane alors que la Ngounié est située en zone mixte de forêt–savane

II.2. La Province du Haut Ogooué a une superficie de 36 547 km² pour une population rurale de 27 923 habitants19, soit 30,2% de la population totale. Situé à l’est du pays, cette province est majoritairement dominée par la savane, bien que le département de la Sébé Brikolo (Okondja) soit forestier. Compte tenu de sa faible densité de population rurale (0,8 hab./km2) cette province possède une importante réserve de terres non cultivées et favorables à l’agriculture et à l’élevage. Le réseau routier (bitumé ou recouvert de latérite) est globalement praticable en toutes saisons et le chemin de fer (Franceville–Libreville) traverse cette province. La présence de grandes entreprises minières, forestières ou agricoles ainsi que de centres administratifs peuvent assurer un débouché local pour les productions supplémentaires générées. Par ailleurs, les produits du manioc en provenance de cette province sont fort appréciés des populations urbaines, notamment Libreville, qui peut être ravitaillée par train. Par ailleurs, l’Institut national des sciences agronomiques et des biotechnologies (INSAB) apportera son assistance scientifique et technique aux actions qui seront menées dans la province. Des ONG dynamiques comme l’ONG Femmes agricoles de Moanda (FEAMO) s’activent pour la production et la transformation de ce produit et pourraient accompagner la mise au point et stimuler la diffusion de processus de transformation plus efficients.

18 Voir carte en Annexe 1. 19 Selon le recensement de 1993; la population rurale fut estimée à 37 750 en 2000, soit 27% de la population

totale.

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II.3. La Province de la Ngounié, située dans le sud du pays, a une superficie de 37 750 km² pour une population rurale de 40 261 habitants20, soit 56,5% de la population totale de la province. Situé en zone mixte de forêts et de savanes, propice aux productions végétales et animales, cette province possède un réseau routier praticable en toute saison par les véhicules tout–terrain avec une capacité de transport de 1,5 tonnes. Les spéculations dominantes de la province sont le manioc, le taro, la banane plantain et l’arachide: le « bâton de manioc » constitue la spécialité des producteurs du sud de la province. Dans l’état actuel d’organisation de la filière, les producteurs réussissent déjà à écouler en partie leurs produits vers les centres de consommation, dont Libreville distant de 600 km. Les populations dynamiques et volontaires de cette zone ne demandent qu’à être soutenus pour accroître leurs capacités de production, de transformation et ce commercialisation de produits à base de manioc.

II.4. La province du Moyen Ogooué, située au centre du pays, a une superficie de 18 535 km² pour une population rurale de 23 590 habitants21, soit 60,5% de la population totale de la province. Dominée par la forêt, cette province constitue un carrefour de communication avec réseau routier praticable en toutes saisons et le chemin de fer Franceville–Libreville qui la traverse. Plusieurs associations de producteurs dynamiques existent dans la zone, notamment au niveau d’associations paysannes et féminines.

II.5. Les provinces choisies pour le projet sont soumises à plusieurs contraintes socio–économiques qui entravent leur développement agricole, dont celui de la filière du manioc: (i) une main d’œuvre rurale vieillissante dont la moyenne d’âge est au dessus de 45 ans, (ii) des systèmes de production traditionnels peu intensifs (faible utilisation d’intrants et d’outils performants) rendant la productivité du travail agricole très faible, (iii) un faible niveau de modernisation de la transformation, (iv) des services d’appui insuffisants en ce qui concerne la vulgarisation, l’accès aux intrants, l’accès à l’information technico–économique et à la formation professionnelle, (v) la faible organisation des acteurs de la filière, (vi) le manque d’organisation des circuits de commercialisation, et (vii) la faiblesse des investissements publics et privés dans le secteur agricole.

II.6. Bien que le manioc soit la principale filière agricole dans les provinces sélectionnées, la mise en valeur des opportunités offertes par la filière des racines et tubercules n’est que très faiblement exploitée par le groupe cible, en termes de moyens d’existence durables:

Tableau 1: Résumé des résultats du groupe cible en terme de moyens d’existence durable Moyens d’existence durable

Atouts Contraintes

Capital humain • aptitude à travailler en bonne santé • connaissances endogènes maîtrisées

• manque d’accès aux technologies améliorées • manque d’accès aux opportunités de formation • manque de capacités de gestion

Capital naturel • conditions agro–écologiques favorables • accès à la terre: usufruit garanti à tous • contrôle des systèmes de production

• le statut foncier de la femme ne donne pas de droit de propriété

Capital social • existence de petits groupes de travail, tontines, etc. • institutions traditionnelles encore en place par

endroits, avec un rôle dans la législation foncière coutumière

• manque d’organisation sociale à la base (OPA) pour réaliser des objectifs économiques et délivrer des biens et services

• manque d’organisation et de contrôle des partenaires sur les maillons clés: financement, commercialisation

20 Selon le recensement de 1993; la population rurale fut estimée à 49 500 en 2000, soit 50% de la population

totale. 21 Selon le recensement de 1993; la population rurale fut estimée à 30 250 en 2000, soit 56% de la population

totale.

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Tableau 1: Résumé des résultats du groupe cible en terme de moyens d’existence durable Moyens d’existence durable

Atouts Contraintes

Capital physique • infrastructures en place, notamment au niveau du réseau routier principal

• moyens de communication des informations

• infrastructures (marchés et pistes secondaires) parfois en état piteux ou mal entretenues, voire inexistantes

• manque d’accès aux équipements de production et de transformation

Capital technique • savoir–faire technique local • faiblesse des services d’appui techniques en agriculture (R–D, vulgarisation)

• services de maintenance non disponibles Capital financier • possibilité d’améliorer les marges bénéficiaires

potentielles dans la filière • existence d’opportunités à travers les programmes

de développement communautaire et autres mécanismes d’appui

• manque d’accès aux sources de financement en zone rurale

• faibles possibilités d’accéder aux mécanismes de financement (microcrédit)

• niveau actuel des revenus paysans très bas

II.7. En résumé, les provinces ciblées présentent les caractéristiques suivantes:

Tableau 2: Population rurale des provinces ciblées (2000) Population totale % de ménages ruraux Provinces

1993 (a) 2000 (b) 1993 Est. 2000 Nb. de ménages

ruraux (est. 2000) Moyen Ogooué 42 161 54 600 60,5 55,7 5 500 Haut Ogooué 103 583 134 500 30,2 26,8 6 500 Ngounié 77 302 100 300 56,5 50,0 9 000 Total 3 provinces 223 046 289 400 45% 40,0 21 000 Total Gabon 1 010 275 1 308 600 28,6 Sources: Sur la base de (a) RGPH 1993 et (b) Populstat 2000 (estimation des ménages ruraux 2000 à composition des ménages constante = 5,5 pers/ménage)

II.8. La population directement ciblée par le projet est estimée à environ 10 000 ménages22 ruraux, soit environ 55 000 habitants, représentant 50% de la population rurale des provinces retenues. Ainsi le projet travaillera dans chaque province retenue sur 40 à 50 sites/villages ou regroupements de 60 à 80 ménages chacun en moyenne.

III. JUSTIFICATION

III.1. Malgré les potentialités agro–écologiques, la sécurité alimentaire au Gabon est de plus en plus dépendante des importations de céréales23, dont la farine de blé et le riz. Les produits vivriers locaux (i.e. manioc, plantain) occupent toujours une place prépondérante dans les habitudes alimentaires des populations en zone rurale, mais régressent significativement au niveau de la consommation urbaine.

III.2. Au Gabon, le coût de la calorie de manioc revient plus cher que celle du riz, en raison notamment de la faible productivité du travail et des coûts d’intermédiation/commercialisation très élevés (transport, bénéfices des intermédiaires). Ce fait, combiné à la meilleure adaptation des produits à base de céréales à la vie urbaine, justifie l’évolution graduelle des habitudes de consommation avec 22 Voir répartition annuelle proposée en Annexe 9. 23 Importations de 88 000 t en 2003, principalement le riz et le blé (pain, etc.): ces céréales représentent 45% de

l’apport calorique moyen de la population de Libreville (voir estimations en Annexes 2 et 3).

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l’urbanisation. De plus, les racines et tubercules sont d’abord produites pour assurer la sécurité alimentaire des petits exploitants ruraux dans les zones humides: seul l’excédent est commercialisé et la répartition très défavorable des marges bénéficiaires24 n’encouragent pas vraiment les productrices/transformatrices à augmenter leurs excédents commercialisables.

III.3. Suivant les chiffres officiels, la production brute de manioc est estimée à 230 000 t en 2003 (FAOSTAT). Compte tenu de la consommation rurale (310 kg brut/an en moyenne) et du fait que 10–15% de la production de manioc n’est jamais récolté25, la quantité de manioc commercialisé à destination des grands et petits centres urbains est estimée à environ l’équivalent de 100 000 t de racines par an, ce qui correspond à une disponibilité nette26 d’environ 75 000 t d’équivalent de manioc frais. La demande annuelle en manioc, tout produit confondu, est estimée à 144 et 240 kg d’équivalent de racines brutes par an, respectivement à Libreville et dans les villes secondaires dont les habitudes alimentaires sont considérées comme intermédiaires. Sur cette base, la demande totale en manioc est estimée à environ 311 000 t brutes d’équivalent racines fraîches (pertes comprises), soit un déficit d’environ 81 000 t de racines par rapport à la production actuelle27.

III.4. Sur la base des estimations de la croissance de la population et de l’évolution de l’exode rural, et compte tenu des habitudes alimentaires actuelles28 des populations rurales et urbaines, les besoins totaux en produits de manioc sont estimés à environ 349 000 t de racines en 2010 et 391 500 t en 2015. Ainsi, sans l’amélioration des pratiques de production, de transformation et l’organisation de la commercialisation du manioc, le déficit de la production locale pourrait encore s’accroître considérablement au cours des prochaines années. Outre l’impact négatif sur la balance commerciale, cette dépendance croissante vis–à–vis des importations de produits à base de manioc en provenance des pays limitrophes et/ou de céréales, achetées sur le marché mondial, réduiraient également l’accès des populations vulnérables à leur nourriture de base préférée.

III.5. Contraintes. L’accès limité des productrices et transformatrices de manioc aux biens et services tels que les technologies adaptées, les intrants, les services d’appui et financiers, les marchés, etc. constitue la contrainte majeure de la filière. Au niveau des différents maillons, les contraintes globales se déclinent comme suit:

• la commercialisation: le faible niveau d’organisation des commerçants/transporteurs, l’inadéquation des systèmes et infrastructures de transport et de stockage et le faible accès aux informations du marché (non transparence) résultent dans une capacité limitée de réaction à la demande des marchés;

• la transformation: les technologies souvent rudimentaires à faible productivité, la faible capacité d’investissement, le nombre et la performance limitée des transformateurs « spécialisés », la qualité variable des produits, etc., constituent autant d’handicaps du maillon de la transformation;

24 Pour les produits vivriers les prix de détail à Libreville représentent respectivement 336% du prix d’achat des

produits au Sud–Cameroun et 168% du prix d’achat au petit producteur dans la périphérie de la ville. Les marges de gros et de détail ont été estimés à 40–50% et 20–30% respectivement de leur prix de revient (Source: Etude de la consommation alimentaire à Libreville, J. Moubamba, 1998).

25 Notamment lors du passage des récoltes aux parcelles des cycles suivants; ce phénomène est généralement plus marqué dans les zones à faible accès aux marchés.

26 En moyenne un minimum de 25% de pertes sont enregistrés entre la production brute et la consommation nette, dû entre autres aux pourritures, aux pertes à la transformation, épluchage, etc.

27 Voir détails des estimations en Annexe 4 et 5. 28 Le projet devrait en partie contribuer partiellement à inverser les tendances actuelles de la consommation des

populations urbaines.

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• la production: l’écart entre les rendement paysans (4–5 t/ha) en comparaison des rendements potentiels obtenus en station de recherche (15–20 t/ha et plus) est dû notamment au faible accès des paysans aux options techniques améliorées (variétés, techniques de production et de protection), mais également à la faible intégration des besoins spécifiques des systèmes de production paysans dans les programmes de recherche.

III.6. Opportunités. Le manioc est une plante dont la culture et la transformation font partie des habitudes des producteurs locaux29 qui disposent d’un savoir–faire traditionnel. Les conditions agro–écologiques du Gabon sont favorables à son intensification et à l’extension des superficies emblavées, en accord avec les objectifs du PDDAA/NEPAD. Le facteur limitant est l’organisation de la commercialisation et de la transformation (décentralisation efficiente) en vue de répondre à la demande des consommateurs, tant en quantité qu’en qualité (types de produits et normes). Ainsi, l’organisation des circuits de commercialisation et la facilitation de la transformation, ciblée sur la demande, permettront de relancer l’offre et d’encourager les paysans à intensifier et étendre leurs cultures de manioc, en vue d’une opération commerciale.

III.7. En 2001, la FAO et le FIDA, avec la collaboration de IITA, du CIAT, de NRI et du CIRAD, ont organisé un forum consacré à la mise au point d’une stratégie globale et d’un plan de mise en œuvre du développement de la filière manioc30. La vision et les stratégies exprimées dans ce document, qui prend appui sur les travaux antérieurs (1998) de Plucknett, Phillips et Kagbo, sont originales à plusieurs égards, dont: (i) les premiers éléments (assez intuitifs) d’une approche par la demande, (ii) la mise en évidence des marges latentes de filière (jusque là insuffisamment accessibles aux productrices) et (iii) le potentiel du marché des dérivés industriels du manioc. S’agissant de market driven, le document suggère de considérer les étapes suivantes: (i) l’identification des marchés en croissance ou en potentiel de croissance, (ii) la mise en marché d’un produit relativement uniforme, (iii) la définition du concept de prix compétitif et des rationalisations permettant de l’atteindre, et (iv) la structuration des liens entre ceux qui veulent gérer les opportunités de ce marché.

III.8. Options gouvernementales. L’objectif principal de la stratégie du gouvernement est de réunir les conditions d’une croissance forte et de qualité du secteur rural capable d’affronter avec succès les défis majeurs que représentent la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire, la mondialisation du commerce et la protection de l’environnement. A cette fin, l’amélioration de la productivité des systèmes de production paysans et des performances des filières de production en terme de compétitivité, prix et de qualité constitue un préalable. Pour ce faire, le LOA prévoit également de mettre en place un cadre institutionnel permettant d’une part de recentrer l’Etat sur ses fonctions régaliennes et d’assurer les services publics de qualité, et d’autre part de promouvoir le développement des organisations paysannes dans les différentes filières, des institutions privées, associatives ou individuelles (micro–entreprises), garantissant un meilleur fonctionnement du marché.

III.9. Options pour le développement de la filière du manioc. Globalement, une des questions essentielles à résoudre pour les bénéficiaires (groupe cible des producteurs et transformateurs de manioc) est d’améliorer leurs conditions d’existence. Cet objectif peut être atteint par deux chemins complémentaires qui sont: (i) d’améliorer l’efficience de leur(s) activité(s) de production et de transformation dans la filière et aptes à réduire la charge de travail, et (ii) de bénéficier d’une partage plus équitable des bénéfices de la filière. Pour atteindre ces deux résultats, il est absolument nécessaire que les bénéficiaires s’organisent en véritable filière pour: (i) d’une part, pouvoir bénéficier des biens et services dont ils ont besoin pour rendre leur activité efficace, et (ii) d’autre part, que leurs 29 Voir « Le paysan est généralement une femme » de N. Hahn. 30 The Global Cassava Development Strategy and Implementation Plan.

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organisations paysannes puissent assurer au niveau des différents maillons de la filière, les fonctions qui leur permettront d’assurer une part accrue du prix payé par le consommateur. La combinaison de ces éléments devrait induire l’amélioration des moyens d’existence des ruraux, mais également à terme une diminution des prix des produits à base de manioc pour les consommateurs.

III.10. Répondre à la demande. Outre la substitution des importations de manioc en provenance des pays limitrophes, il existe d’importantes opportunités de substitution des produits à base de céréales par la production locale. Ainsi, l’adaptation de l’offre des produits à base de manioc à la demande urbaine requiert notamment la promotion de produits tels que le gari/atiéké et la production semi–industrielle31 de bâtons de manioc de qualité, de farine de manioc pour la boulangerie32, etc. Ces options permettraient aux produits à base de manioc de reprendre une position concurrentielle par rapport aux aliments importés, non seulement en termes de prix, mais également en termes de besoins alimentaires (calories) et de satisfaction des préférences alimentaires des populations urbaines.

III.11. Stimuler l’offre. Les variétés améliorées à haut rendement sont actuellement peu utilisées et tout le potentiel de transformation du manioc n’a pas encore été exploité dans la zone du projet. L’introduction de techniques simples de multiplication de matériel végétal et des râpes motorisées pour la transformation permettront d’accroître la productivité et de réduire la pénibilité du travail et ainsi d’améliorer l’offre en produits transformés. En outre, la diversification des produits de transformation (i.e. la production du gari) permettrait de mieux répondre à la demande urbaine, principalement de la population immigrée ouest africaine.

III.12. Ainsi, le projet contribuerait à: (i) la modernisation durable de la filière manioc (commercialisation, transformation et production), (ii) l’amélioration de l’efficience paysanne et la réduction de la pénibilité du travail, (iii) la restructuration du cadre institutionnel par la responsabilisation des organisations paysannes et à la promotion du secteur privé, et (vi) la promotion de la gestion durable des ressources naturelles.

IV. OBJECTIFS DU PROJET

IV.1. L’objectif général du projet33 serait de contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire et des moyens d’existence des populations rurales, principalement des femmes, à travers la promotion du développement de la filière manioc.

IV.2. L’objectif spécifique du projet serait de relancer la production de qualité et la consommation du manioc (frais et transformé) en vue de satisfaire aux besoins des consommateurs et d’augmenter la part de la production nationale dans la consommation alimentaire de base et améliorer les conditions d’existence des paysans, spécialement des femmes.

IV.3. Pour le développement de la filière manioc, le projet appuierait les différents acteurs concernés pour mettre en place un système dont le fonctionnement général permet d’aboutir aux trois niveaux de résultats suivants:

31 Unités à établir en zone urbaine/périurbaine, en combinaison avec la fabrication de produits intermédiaires

élaborés au niveau rural, si nécessaire. 32 La farine de manioc peut être substituée à la farine de blé à raison de 15–20% sans que la qualité du pain en

soit affectée. 33 Voir arbre logique en Annexe 6.

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• les résultats liés aux biens et services à produire et/ou acquérir par la structuration de la filière;

• les résultats finaux pour les bénéficiaires en termes d’amélioration des moyens d’existence durable (capital humain, capital social, capital physique, capital financier); et

• les résultats liés à la qualité de la gouvernance du système, notamment en termes de partage des bénéfices, d’efficience et de durabilité institutionnelle et environnementale.

IV.4. A cette fin, le programme développerait des outils participatifs de diagnostic et d’analyse qui permettront aux productrices/transformatrices de la filière, et notamment les plus pauvres, de s’approprier dès le départ le processus de diagnostic et d’analyse en vue de d’évaluer leurs besoins en structuration concrétisés au niveau d’un plan d’action. De plus, les capacités du groupe cible seraient également renforcées, tant au niveau technique, que de la gestion et de la structuration.

V. DESCRIPTION DU PROJET

V.1. Le projet34 s’appuierait sur les expériences du même type initiées par le MAEDR en collaboration avec les ONG prestataires de services: en vue de la durabilité, les activités seraient graduellement transférées aux acteurs de la filière, notamment par le renforcement de leur structuration et de leur capacité de gestion. La durée du projet serait de 4 ans et il comprendrait cinq composantes, dont quatre composantes techniques et une composante de coordination, de gestion et de suivi–évaluation.

Composante 1: Appui à la structuration de la filière

V.2. Cette composante viserait à renforcer la structuration de la filière manioc à travers le soutien aux organisations des producteurs/transformateurs et aux autres acteurs, en vue de promouvoir le développement du secteur de manière intégrée, interprofessionnelle et durable. Les résultats attendus et les activités prévues pour les atteindre sont décrits ci–après:

• Les outils et les approches techniques nécessaires pour la structuration organisationnelle et le renforcement des capacités des organisations des bénéficiaires sont élaborés et maîtrisés par les prestataires. Les actions envisagées sont notamment: (i) d’identifier et renforcer les prestataires de services publics et privés (Etat, ONG, etc.), (ii) de former les prestataires en méthodes de vulgarisation participative, de structuration paysanne, de techniques de production et de gestion;

• Les groupes cibles sont identifiés dans les différents villages retenus, sensibilisés aux nécessités de l’organisation paysanne et formés dans le cadre du mode organisationnel choisi par eux;

• Les organisations paysannes de la filière sont appuyées pour leur structuration en vue d’assurer leurs fonctions représentatives, notamment par la formation technique et en gestion des leaders paysans;

• Les organisations de la filière à diverses échelles disposent des capacités requises pour assurer de manière efficiente, leurs compétences respectives, notamment par la formation

34 Voir cadre logique préliminaire en Annexe 11.

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des acteurs à l’approche filière, le suivi des acteurs/partenaires et la concertation entre les professionnels;

• La stimulation des micro–entreprises locales de production des biens et services requis (transport, labour, transformation, formation) par: (i) l’identification participative des services dont les producteurs ont besoin, (ii) leur formation à la gestion de micro–entreprises de services, et (iii) l’appui économique par la mise en relation des entrepreneurs avec les institutions de micro–crédit.

Composante 2: Appui à la commercialisation

V.3. L’appui à la commercialisation aurait pour objectif d’améliorer l’accès des organisations de producteurs/transformateurs aux circuits locaux, régionaux et nationaux de commercialisation du manioc, tant en frais que sous la forme de produits transformés. Les résultats à atteindre seraient:

• La connaissance de l’offre et de la demande de manioc, notamment urbaine en quantité /qualité et de leur potentiels est acquise, notamment par (i) l’organisation d’une enquête de base sur l’offre et la demande des produits de manioc par le marché (études de marché, recherche de tendances, etc.); et (ii) le suivi continu des prix et des quantités échangées de manioc au niveau de l’offre et de la demande (à intégrer dans le système d’enquête national sur les produits agricoles);

• Un système d’information durable sur l’offre, la demande ainsi que les prix pratiqués sur les marchés est mis en place et diffuse les informations utilisées par les producteurs et commerçants (notamment par la Radio Rurale);

• Des dynamiques de transformation existantes (acteurs et filières) sont promues, notamment des produits de terroir (labels, normalisation), et des nouvelles opportunités (gari, amidon, farines pour boulangerie, etc.);

• L’amélioration des infrastructures rurales (désenclavement notamment des points critiques, amélioration des sentiers aménagés entre les champs et les villages, etc.) et urbaines (marchés) facilite l’écoulement des denrées et diminue les coûts de commercialisation;

• La professionnalisation des commerçantes et des commerçants est promue, notamment par la formation en: (i) marketing, gestion de la qualité et standardisation des produits, (iii) gestion et organisation des transports, y compris le groupage.

Composante 3: Appui à la transformation et post–récolte

V.4. Cette composante ciblerait l’amélioration de la réponse des transformateurs à la demande quantitative et qualitative des marchés de consommation, notamment par l’amélioration de l’accès aux technologies/informations appropriées de post–récolte et de transformation. Les résultats attendus et quelques activités prévues pour les atteindre seraient:

• La connaissance des processus de transformation locaux pour le manioc, y compris les spécificités et qualité des produits, leurs contraintes et potentialités sont identifiées par les exploitants (spécificité des femmes);

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• Les processus locaux de transformation primaire sont améliorés en vue d’augmenter leur efficience (travail, rendement, etc.) et de leur adéquation à la demande spécifique des marchés (R–D), infrastructures rurales et équipements). Les producteurs seront formés à des pratiques efficientes et adaptées aux conditions du milieu et l’accès des organisations paysannes aux équipements (microprojets) facilité;

• De nouvelles technologies de transformation (processus et équipements) sont adaptées aux conditions locales et promues, notamment par la sensibilisation et la formation des transformateurs et équipementiers aux nouvelles technologies et produits;

• Les capacités de gestion et techniques des micro–entreprises de transformation artisanales du manioc sont renforcées et diversifiées. (Fonds d’appui pour des micro–projets associatifs de transformation du manioc),

• Les normes de qualité (dont le taux de HCN, l’emballage, le stockage, le traitement des déchets, etc.) sont standardisées et pratiquées; un système de contrôle interne de qualité est établi;

• Les contraintes de post–récolte (transport primaire, stockage, transformation) du manioc sont identifiées par les producteurs et des technologies appropriées adoptées.

Composante 4: Appui à la production

V.5. La composante d’appui à la production contribuerait à l’intensification durable de la production du manioc par l’utilisation de technologies améliorées, adaptés aux systèmes de production des agriculteurs familiaux/pauvres et en particulier les femmes, en vue de répondre aux besoins des marchés. Les résultats attendus et quelques activités prévues pour les atteindre sont décrits ci–après:

• Les contraintes et besoins prioritaires (maladies, fertilité, productivité variétale, qualité des produits, etc.) des producteurs et leur savoir faire en matière de production de manioc sont identifiés de manière participative au niveau des groupements de producteurs locaux et les priorités de la R–D adaptées;

• Les techniques de production et protection intégrée (PPI) du manioc sont popularisées, notamment par: (i) l’utilisation des variétés35 améliorées à haut potentiel stable/durable, résistantes, adaptées aux besoins et acceptées, (ii) la popularisation des bonnes pratiques culturales pour la gestion des ressources (sol, eau) et l’intensification d’une production de qualité, (iii) les pratiques de protection intégrée, sur base de résultats de la R/D et des paysans innovateurs;

• Le matériel de plantation amélioré et sain (manioc, etc.) est développé, multiplié par des réseaux paysans multiplicateurs et (auto) diffusé. Pour la R–D, les activités prioritaires suivantes pourraient être réalisées: (i) la compilation des résultats des essais de rendement avancés et uniformes et des essais paysans sur la base des rapports d’activités de l’amélioration variétale du manioc et des résultats des sélections au CIAM au cours des 20 dernières années; (ii) la synthèse des informations collectées par l’IGAD et par d’autres opérateurs au cours des campagnes passées, notamment en terme d’acceptabilité et de potentiel d’intégration dans les systèmes de production améliorés; (iii) sur la base de la combinaison des informations paysannes, la sélection de variétés

35 Notamment par l’appui à la R–D, à la multiplication paysanne et à la diffusion des variétés améliorées dans

les systèmes de production traditionnels.

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élites de collection locale (3–5) et de celles issues du matériel introduit (7–12); (iv) l’appui à la diffusion du matériel élite auprès des paysans. Pour le long terme, il sera impératif d’assurer: (i) la poursuite de la multiplication de base; (ii) le suivi des parcelles paysannes; (iii) la distribution du matériel à de nouveaux groupements de paysans; (iv) l’introduction de matériel clonal issu des centres internationaux de recherche agricole; et (v) la continuité de la sélection du matériel végétal adapté aux conditions agro–écologiques locales, aux systèmes de production et aux qualités requises par la demande.

• Les intrants sont disponibles et accessibles (organisation de la demande, accès au crédit, etc.) notamment par (i) l’organisation de la demande des producteurs en intrants; (ii) l’amélioration de la liaison avec les fournisseurs et les institutions de micro–crédit;

• La gestion concertée et durable des sols et des ressources environnementales est promue et pratiquée, notamment par: (i) l’utilisation de plantes de couverture, cultures en couloir, techniques de non labour et semis direct, (ii) la rotation des cultures, etc.

Composante 5: Coordination, gestion et suivi–évaluation du projet

V.6. Cette composante comprendrait la gestion administrative et financière du projet qui serait assurée par une unité légère dans chaque province ciblée et « supervisée » par une cellule légère au niveau national. Ces unités assureraient notamment: (i) la coordination des activités et de la réalisation des objectifs du projet; (ii) l’établissement des plans d’actions opérationnels avec les organisations concernées; (iii) la bonne gestion des ressources humaines, matérielles et financières; (iv) la capitalisation et la valorisation des actions réalisées et des résultats obtenus par l’établissement de rapports; et (v) l’entretien des relations avec les institutions partenaires.

V.7. La prise en charge progressive de toutes les activités régionales du projet par les différents acteurs de la filière devrait assurer, le transfert complet des responsabilités en fin de projet.

VI. COÛTS INDICATIFS

VI.1. Sur une durée de 4 ans, le coût total du projet36 proposé est évalué à 4 060 millions de FCFA (équivalent à 7,4 millions de $EU), dont 36,5% en devises (soit l’équivalent de 1 482 millions de FCFA). Les coûts par composante sont évalués comme suit:

Tableau 3: Résumé des coûts du projet par composante et besoins en devises Total Composante

millions de FCFA

% Devises (millions de $EU)

Monnaie locale

(millions de $EU)

% en devises

1. Appui à la structuration de la filière 1 437 35 2,61 0,65 25 2. Appui à la commercialisation 803 20 1,46 0,73 50 3. Appui à la transformation et la post–récolte 318 8 0,58 0,17 30 4. Appui à la production 460 11 0,84 0,25 30 5. Coordination, gestion et suivi–évaluation du projet 707 17 1,29 0,64 50 Total coûts de base 3 725 92 6,77 2,45 36 Imprévus physiques 186 5 0,34 0,14 40 Imprévus sur les prix 149 4 0,27 0,11 40 Coût total du projet 4 060 100 7,38 2,69 36

36 Voir détails en Annexes 7 et 8.

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VI.2. La répartition budgétaire entre composantes attribuerait 35% du financement à l’appui à la structuration de la filière, y compris le développement des centres de service au niveau des secteurs agricoles37 (composante 1), 20% à l’appui à la commercialisation (composante 2), 8% au renforcement des capacités de transformation et de gestion post–récolte (composante 3), 11% à l’intensification de la production du manioc (composante 4) et 17% à la coordination et la gestion du projet. Un taux moyen de 5% pour les imprévus physiques a été appliqué à toutes les composantes: la provision pour les imprévus physiques est de 186 millions de FCFA. Pour la hausse des prix, un taux moyen de 4% a été pris en compte sur l’ensemble du budget. Au total, l’enveloppe prévue pour les imprévus physiques et la hausse de prix représenterait environ 9% du coût total du projet, soit environ 335 millions d’FCFA.

VI.3. Compte tenu des investissements matériels, des appuis techniques plus prononcés en début de projet, de la nécessité du renforcement de l’organisation des populations locales et du désengagement graduel38 des opérateurs privés d’appui au cours du projet, le calendrier des dépenses par composante a été évalué comme suit, sur la base d’une durée du projet de quatre années:

Tableau 4: Calendrier des dépenses par composante Composante An 1 An 2 An 3 An 4 Total 1. Appui à la structuration de la filière 638,5 301,4 268,6 228,5 1 437,0 2. Appui à la commercialisation 150,6 250,9 250,9 150,6 803,0 3. Appui à la transformation et la post–récolte 61,5 97,5 97,5 61,5 318,0 4. Appui à la production 115,0 115,0 115,0 115,0 460,0 5. Coordination, gestion et suivi–évaluation du projet 181,9 177,4 180,3 167,4 707,0 Total coûts de base 1 147,5 942,2 912,3 723,0 3 725,0 Imprévus physiques 57,2 47,0 45,6 36,2 186,0 Imprévus sur les prix 45,9 37,7 36,5 28,9 149,0 Coût total du projet (millions de FCFA) 1 250,6 1 026,9 994,4 788,1 4 060,0

37 La mise en oeuvre du projet d’appui au développement des services agricoles (voir proposition de projet

bancable PNIMT) dans les zones ciblées par le présent projet, permettra de réduire les coûts du présent projet d’environ 750 millions de FCFA (80% du coût de fonctionnement des CSA).

38 Voir détails en Annexe 8.

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VII. SOURCES DE FINANCEMENT ENVISAGÉES

VII.1. Trois principales sources de financement sont envisagées pour le projet:

VII.2. Le projet serait financé conjointement par les institutions financières (i.e. la BAD, la BADEA, FIDA, etc.), les bailleurs de la coopération bilatérale et/ou multilatérale (dons au travers de projets et des aides budgétaires, etc.), le Gouvernement du Gabon et les bénéficiaires, y compris les privés (i.e. transformateurs et commerçants).

Tableau 5: Répartition des sources de financement du projet Composante Total Bénéficiaires Gouvernent Institutions de

financement 1. Appui à la structuration de la filière 1 437 121 607 709 2. Appui à la commercialisation 803 42 222 540 3. Appui à la transformation et la post–récolte 318 18 87 213 4. Appui à la production 460 41 230 189 5. Coordination, gestion et suivi–évaluation du projet 707 4 346 357 Total coûts de base 3 725 227 1 491 2 007 Imprévus physiques 186 0 93 93 Imprévus sur les prix 149 0 75 75 Coût total du projet (millions de FCFA) 4 060 227 1 659 2 175

en% 100% 5,6% 40,9% 53,6% Financement extérieur (millions de $EU) 3,95

VII.3. La contribution des institutions de financement39, d’un montant total de 2 175 millions de FCFA (soit environ 3,95 millions de $EU), représenterait 53,6% du coût total du projet.

VII.4. Le gouvernement contribuerait, sur fonds propres, dans le cadre de son programme d’investissement à hauteur de 1 659 millions de FCFA au coût total du projet, soit 40,9% du coût total. Les ressources budgétaires du gouvernement seraient prioritairement affectées aux dépenses de fonctionnement récurrentes que le gouvernement continuerait à assurer après la fin du projet et/ou partagerait graduellement avec les partenaires locaux. En outre, le gouvernement s’engagerait à fournir les moyens humains prenant en charge leurs salaires, facilités de bureau et une partie de leur fonctionnement à travers le Ministère de l’Agriculture au niveau central, provincial et départemental (secteur agricole).

VII.5. La contribution des bénéficiaires au projet est estimée à 227 millions de FCFA (soit environ 5,6% du coût total du projet: cette contribution serait fournie principalement sous la forme de travail non spécialisé, apport de matériaux locaux, contributions aux formations, structuration de la filière, etc., mais également sous la forme de contributions financières symboliques aux investissements en infrastructures et équipements individuels (microprojets) et/ou collectifs établis par le projet.

39 Le gouvernement explorera auprès des partenaires bi– et multilatéraux la possibilité de cofinancer une partie

(composante) des montants requis sous la forme d’aide à la coopération.

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VIII. BÉNÉFICES ATTENDUS

VIII.1. Les principaux bénéficiaires seraient les petits producteurs agricoles et ruraux structurés au sein des communautés rurales des zones directement ciblées par les actions du projet. Outre les bénéficiaires directs, tous les producteurs et consommateurs bénéficieraient de la disponibilité accrue de produits de qualité à base de manioc à un prix compétitif. Les principaux bénéfices attendus de la mise en œuvre du projet sont, entre autres:

• l’amélioration durable de la capacité de production et de la rentabilité des systèmes de production paysans y compris leur diversification et valorisation pour des conditions de vie rurale meilleures;

• l’intensification et la diversification des produits de la filière manioc: ces augmentations de productions amélioreront la situation alimentaire (en quantité et en qualité) de la population rurale et les excédents dynamiseront les circuits de transformation et de commercialisation vers les centres urbains;

• la sensibilisation et la structuration des communautés rurales et de leurs associations renforceront les capacités d’organisation et d’initiative économique des acteurs locaux;

• le fonctionnement d’un cadre de concertation entre tous les acteurs du développement rural aux niveaux local, départemental et provincial dynamisera l’activité économique de la filière, y compris en amont et en aval;

• l’émergence et le renforcement des opérateurs privés d’appui au développement agricole local (ONG, bureaux d’études) développera une capacité d’appui à la structuration paysanne et assurera des services d’appui technico–économiques de qualité;

VIII.2. Les principaux effets directs induits par les actions du projet seraient:

VIII.3. Au niveau alimentaire. Le manioc sera disponible en plus grandes quantités de produits de qualité et présent sous différentes formes dans les marchés. L’intensification des systèmes de production traditionnels, soit 1 ha par ménage en moyenne pour la population ciblée directement (10 000 ménages), permettra de promouvoir une production annuelle de manioc additionnelle de 50-60 000 t/an par an (passage de 5–6 t/ha/an à 10–12 t/ha/an)40 et de réduire les pertes de post–récolte. Outre l’effet de tâche d’huile des actions du projet sur les producteurs/transformateurs proximaux, l’augmentation de la demande, de l’efficience de la commercialisation et de la modernisation de la transformation induira la mise en place de surfaces supplémentaires de manioc, considéré comme culture de rente potentielle. A ce stade, le niveau de baisse des prix aux consommateurs est difficile à estimer, mais les coûts actuels de production laissent présager de fortes possibilités de baisse des prix au consommateur, en cas d’accroissement de l’offre.

VIII.4. Au niveau institutionnel. Les services agricoles locaux seront renforcés et organisés de manière à favoriser l’intensification de la production et la création d’unités modernes de production et de transformation de manioc dans les zones choisies. Les ONG et les entreprises auront pris le relais de l’administration dans le domaine de l’appui conseil technique aux paysans et de la fourniture des intrants. En outre, l’établissement de la concertation entre tous les partenaires de la filière (plate–forme) permettra l’appropriation de du développement socio–économique local.

40 Voir détails en Annexe 9.

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VIII.5. Au niveau économique. L’augmentation de la production et de l’efficience de la filière du manioc permettra de réduire largement les importations actuelles, non seulement de produits équivalents en provenance des pays limitrophes, mais également de substituer partiellement les importations de céréales en provenance du marché mondial.

VIII.6. Au niveau des bénéficiaires. L’intensification durable de la production et la modernisation de la transformation de la filière manioc permettra une meilleure efficience de l’utilisation de leurs ressources (terres, travail, etc.) en vue de l’amélioration durable de leurs revenus et de leurs conditions d’existence.

IX. DISPOSITIFS INSTITUTIONNELS DE MISE EN ŒUVRE

IX.1. Le MAEDR délèguerait41 la maîtrise d’ouvrage du projet à une Cellule de coordination nationale (CCN), assistée d’une Cellule de coordination provinciale (CCP) au niveau de chaque province concernée. A cette fin, le projet s’appuierait sur les structures publiques existantes et fournirait les moyens de renforcement nécessaires pour sa mise en œuvre. En dehors de la coordination et de gestion financière du projet, toutes les opérations de mise en œuvre seraient sous–traitées à des prestataires de services42 nationaux, tels que des ONG, des cabinets d’expertise agricole ou des associations économiques temporaires, dont l’expérience technico–économique dans la filière est reconnue. Chaque province appuyée constituerait un lot et un appel d’offre national serait lancé pour sélectionner les offres techniques et financières les mieux disantes.

IX.2. La mise en œuvre du projet impliquerait le dispositif institutionnel suivant:

IX.3. Un Comité de pilotage (CP), présidé par un représentant du MAEDR, assisté des autres ministères concernés (Ministère de la Planification, Ministère des finances et les Ministères responsables de l’aménagement du territoire et des infrastructures) comprendra des représentants des différents acteurs de la filière manioc, y compris les organisations des producteurs, des transformateurs, des transporteurs et des commerçants. Le CP se réunirait deux fois par an pour examiner l’état d’avancement du projet: il approuvera également les programmes de travail et les rapports annuels de la coordination nationale (CCN) et des coordinations provinciales (CCP).

IX.4. Une Cellule de coordination nationale (CCN) légère, sise au MAEDR à Libreville, serait composée d’un coordonnateur national, assisté de deux techniciens spécialisés, responsables de la coordination des actions techniques (production/transformation) et de la commercialisation (agro–économiste) respectivement. La cellule comprendrait en outre un agent comptable, une secrétaire et un chauffeur. La CCN assurerait la responsabilité générale de la coordination et de la gestion du projet: à ce titre elle serait notamment responsable de la consolidation des plans d’action provinciaux, de leur présentation au comité de pilotage, du suivi des réalisation au plan national (tableau de bord), de le gestion financière et des achats groupés et de la concertation entre partenaires au niveau national.

IX.5. Trois Cellules de coordination provinciales (CCP), seraient mises en place au niveau des délégations provinciales de l’agriculture pour assurer la mise en œuvre du projet dans les provinces ciblées. Chacune des CCP serait composée d’un coordonnateur provincial, assisté de deux techniciens spécialisés et d’une secrétaire/comptable. Les CCP seraient chargées de la coordination et de la 41 Voir également organigramme en Annexe 10. 42 Chaque prestataire de services ne pourra soumettre une offre que pour un seul lot. L’association de

prestataires de services nationaux et internationaux sera une formule préférée, en vue de promouvoir le renforcement des capacités nationales.

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supervision de l’exécution du projet dans les provinces concernées, notamment dans le Moyen Ogooué, le Haut Ogooué et la Ngounié: elles seraient basées respectivement au sein des délégations provinciales de l’agriculture sises à Lambaréné, Franceville et Mouila. Le personnel technique des délégations provinciales du MAEDR apporterait l’appui technique à la demande aux CSA, notamment pour la finalisation des études d’exécution de micro–projets et l’accompagnement technique de l’exécution. A ce titre, le personnel des services provinciaux du MAEDR impliqués dans les cellules de coordination bénéficierait de formations et de primes de performances de la part du projet.

IX.6. Les actions d’appui de terrain seraient contractées à des prestataires de service spécialisés (ONG, bureaux d’études, etc.) qui seront en charge de l’exécution des programmes de travail sur le terrain, y compris la programmation participative, la mise en œuvre et le suivi sur le terrain. Chaque prestataire de services provincial fournirait une équipe d’appui composé d’un responsable et de trois techniciens spécialisés respectivement en appui technique et économique. Cette équipe dynamiserait les différents partenaires de la filière manioc et travaillera en étroite collaboration avec les centres de services agricoles (CSA)43 des secteurs. Dans le cadre de l’exécution du projet, le prestataire de services en appui à la filière manioc coordonnerait ses activités avec les CSA44, qui assureront les services d’appui techniques (vulgarisation agricole) aux communautés bénéficiaires, y compris la consolidation des organisations paysannes.

IX.7. Les prestataires de services assisteraient les CSA dans la structuration des OPA45 et l’organisation de la demande paysanne. La planification initiale jouerait un rôle clé pour garantir la pleine participation des producteurs et la prise en compte de leurs souhaits pour le développement agricole et rural. Des plates–formes de concertation seraient mises en place en vue de la programmation et la mise en œuvre de la promotion durable des activités agricoles, y compris de recherche–développement, avec l’appui du prestataire de services contracté.

IX.8. Les bénéficiaires (producteurs, transformateurs, transporteurs et commerçants) seraient impliqués et responsabilisés dans la planification, la conception, la mise en oeuvre et le suivi du projet. Les prestataires de services assisteraient les acteurs de la filière manioc au cours de la phase initiale de structuration et à la demande. La planification initiale jouerait un rôle clé pour garantir la pleine participation des producteurs et la prise en compte de leurs souhaits pour le développement de la filière. Les partenaires de la filière s’organiseraient au niveau local (associations, etc.) et régional (fédérations): des plates–formes de concertation seraient mises en place en vue de la programmation et la mise en œuvre des activités de promotion durable de la filière, avec l’appui du prestataire de services contracté. Outre les appuis techniques et le renforcement des capacités humaines, le projet appuierait et co–financerait46 avec les partenaires locaux, sur une base compétitive, des microprojets prioritaires pour le développement de la filière manioc, y compris des unités expérimentales de valorisation et de commercialisation des produits à base de manioc. Les microprojets seront gérés directement par des associations locales et/ou des privés sur la base de leur initiative à 43 Voir Projet d’appui au renforcement des capacités des services d’appui agricoles. Au cas où ce projet ne

serait pas mis en œuvre, le présent projet mettra en place et financera ce système de services agricoles harmonisé au niveau des provinces concernées: cette option budgétaire fut retenue et les coûts des CSA seront déduits du budget global dans le cas contraire.

44 Voir détails dans le projet d’appui au développement des services agricoles. 45 Suivant la forme choisie par les bénéficiaires ces groupements prendront la forme de d’associations

communautaires de base (ACB), des organisations paysannes de filières voir de coopératives: les fédérations des organisations paysannes seront formées au niveau communal, secteur, provincial ou national suivant nécessités.

46 Dans le cadre du Fonds d’appui aux microprojets de la filière manioc, principalement axés sur la promotion de la transformation (voir budget). Au niveau de la production, le projet appuiera l’intensification des systèmes de production paysans, notamment par le diffusion de variétés améliorées et le conseil agricole.

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l’investissement, suivant l’évolution et la réalité économique et technique de chaque communauté locale et région.

IX.9. Les autorités administratives locales seraient mises à contribution pour les actions de sensibilisation par des émissions radiodiffusées ou par d’autres moyens efficaces. Le projet collaborerait également avec les autres intervenants dans le domaine agricole (IGAD, FEAMO, PSSA, Projets FIDA, CIAM, ONG, promoteurs privés, etc.) en vue d’harmoniser les actions d’appui au développement de la filière manioc.

IX.10. Une évaluation à mi–parcours serait effectuée par un bureau d’étude spécialisé pour analyser l’état d’avancement du projet et proposer des solutions aux problèmes rencontrés durant les deux premières années. Une évaluation de fin de projet établirait les impacts, tirerait les enseignements du projet en termes de résultats obtenus et recommanderait les orientations pertinentes aux différents partenaires en vue de développer et pérenniser les acquis du projet. Un audit technique et financier serait réalisé annuellement par des institutions/personnes indépendantes du MAEDR, sur la base d’un concours public national.

X. BESOINS EN ASSISTANCE TECHNIQUE

X.1. Une assistance technique47 dégressive accompagnerait la mise ne œuvre du projet dans les domaines où les compétences nationales n’auront pas encore développé une expertise suffisante. Ainsi, le projet nécessiterait, en première approche, une assistance technique sous la forme de consultations court terme, en matière de:

• gestion de projet: un consultant international et deux consultants nationaux de préférence agroéconomiste pour assister périodiquement la coordination nationale et régionales;

• organisation de la filière manioc: des experts internationaux et/ou nationaux assisteront les opérateurs de terrain à renforcer les partenariats pour le renforcement de l’organisation de la filière manioc;

• intensification de la production: des spécialistes internationaux et nationaux en production végétale, et plus particulièrement en systèmes de production durables de manioc, accompagneront les actions de cette composante, tant pour la R–D que pour le conseil technique;

• transformation et commercialisation du manioc: des experts internationaux et nationaux en techniques de transformation et de commercialisation des produits à base de manioc appuieront les actions technico–économiques de cette composante.

47 Les besoins spécifiques en assistance technique seront affinés durant la phase de formulation du projet. Vu

les similarités d’une partie des besoins en appuis techniques avec la filière du plantain, une coordination inter–filières sera requise et permettra des économies d’échelle.

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XI. PROBLÈMES EN SUSPENS ET ACTIONS PROPOSÉES

XI.1. Plusieurs aspects devront être examinés au cours des étapes ultérieures de préparation et de formulation du projet. Il s’agit notamment de:

• l’actualisation des statistiques de production et d’importation du manioc au niveau régional et national;

• l’étude des habitudes de consommation et des flux de commercialisation des produits à base de manioc dans chaque province concernée et au niveau national;

• le renforcement des capacités de R–D paysanne et de production de matériel végétal sain adapté aux conditions agro écologiques du pays: le CIAM sera sollicité pour appuyer la mise en place des parcelles de multiplication de matériel amélioré de plantation par les producteurs;

• le renforcement des services conseil agricoles par l’établissement des Centres de services agricoles (CSA) au niveau des secteurs et leur formation spécialisée notamment en techniques de production et transformation du manioc;

• la recherche et des études à mener dans le cadre de la lutte contre les rongeurs (aulacodes) qui font de nombreux dégâts dans les champs, ainsi que sur la multiplication des feuilles pour emballer les bâtons de manioc;

• les besoins prioritaires en termes de réhabilitation des infrastructures de transport, de marchés, de communication (radio rurale, etc.), etc.

XI.2. Le rôle joué par la participation des communautés dans la conception et l’exécution du projet est crucial. Des méthodes permettant d’assurer une pleine participation volontaire des communautés locales dans la planification, l’exécution et le suivi du programme devront être élaborées. Il existe des exemples de planification participative réussie au niveau de coopératives de services, qui pourront servir de modèles. Dans la mesure du possible, des ONG locales ayant une expérience de terrain dans ce domaine seront sous contractées pour assurer la mise en œuvre du renforcement des capacités sociales des bénéficiaires.

XII. RISQUES POTENTIELS

XII.1. Au niveau financier, le pays est actuellement sous programme intermédiaire avec le FMI et devra avoir obtenu l’accord définitif avant de s’engager dans de nouveaux emprunts extérieurs nécessaires au financement de son développement.

XII.2. La mise en œuvre du projet comprend plusieurs risques, parmi lesquels:

• Au niveau politique, la loi d’orientation en cours d’élaboration au niveau du MAEDR devra fixer les orientations politiques pour le développement rural à moyen terme.

• La réflexion sur les services agricoles a été initiée: dans un premier temps, il est possible que les services agricoles ne soient pas en mesure d’assurer l’appui conseil aux paysans compte tenu de leurs faibles capacités actuelles en termes de personnel, capacités

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financières et techniques. Au cas où les services agricoles au niveau des secteurs (CSA)48 ne seraient pas renforcés, le projet intègrera cette composante dans les trois provinces concernées.

• Le faible niveau de structuration du monde paysan ou des filières pourrait retarder l’atteinte des résultats: cependant les actions spécifiques du projet et d’autres intervenants devraient permettre de lever cet écueil.

• Le projet pourrait être retardé par la non disponibilité de matériel végétal sain et adapté de manioc, vu que le CIAM, pourvoyeur de matériel végétal, est actuellement en pleine restructuration et réhabilitation.

• Par ailleurs, le faible nombre de prestataires de services privés (ONG, etc.) et leurs capacités limitées en termes de prestations de services dans le secteur rural, pourrait rallonger les délais de mise en œuvre du projet.

• La réorientation de la consommation urbaine (demande) vers les produits à base de manioc, requiert simultanément une sensibilisation des populations combinée avec un approvisionnement régulier en produits de qualité à des prix accessibles aux masses populaires urbaines.

48 Voir projet d’appui au renforcement des services d’appui techniques au niveau des secteurs agricoles.

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