647
SOMMAIRE Avant-propos XV Conventions et symboles XXI Introduction 1. Une discipline et son objet 1 1.1. Les langues, instruments de communication 2 1.2. Les langues, systèmes de signes 5 1.3. La dimension sociale des langues 10 2. La grammaire dans tous ses états 12 2.1. Il y a grammaire et grammaires 12 2.2. Grammaire et linguistique : les grammaires descriptives 13 2.3. Grammaires partielles et grammaires globales 14 2.4. Grammaires descriptives et grammaires prescriptives 14 3. L'analyse grammaticale 16 3.1. La description de la compétence langagière 16 3-2. Les règles grammaticales 17 '3.3. Les données grammaticales 18 3.4. Acceptabilité et grammaticalité 19 3.5. Les domaines de la description grammaticale 20 PREMIÈRE PARTIE LES FORMES DE L'ÉCRIT ET DE L'ORAL PHONÉTIQUE ET ORTHOGRAPHE Chapitre I. Code oral / code écrit 1. L'oral et l'écrit 29 1.1. Aperçu historique 29 1.2. La distinction oral / écrit 30 2. Analyses contrastives : français écrit / parlé 31 2.1. Phonèmes et graphèmes 31 2.2. Correspondances morphologiques : les marques grammaticales 33 2.3. Correspondances lexicales : les mots 34 2.4. Analyse du discours oral 35

Grammaire méthodique du français, 3e éd. Quadrige

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SOMMAIRE

Avant-propos Conventions et symboles Introduction 1. Une discipline et son objet 1.1. Les langues, instruments de communication 1.2. Les langues, systmes de signes 1.3. La dimension sociale des langues 2. La grammaire dans tous ses tats 2.1. Il y a grammaire et grammaires 2.2. Grammaire et linguistique : les grammaires descriptives 2.3. Grammaires partielles et grammaires globales 2.4. Grammaires descriptives et grammaires prescriptives 3. L'analyse grammaticale 3.1. La description de la comptence langagire 3-2. Les rgles grammaticales ' 3 . 3 . Les donnes grammaticales 3.4. Acceptabilit et grammaticalit 3.5. Les domaines de la description grammaticale

XV XXI

1 2 5 10 12 12 13 14 14 16 16 17 18 19 20

PREMIRE PARTIELES F O R M E S D E L ' C R I T E T D E L ' O R A L P H O N T I Q U E ET O R T H O G R A P H E Chapitre I. C o d e oral / c o d e crit

1. L'oral et l'crit 1.1. Aperu historique 1.2. La distinction oral / crit 2. Analyses contrastives : franais crit / parl 2.1. Phonmes et graphmes 2.2. Correspondances morphologiques : les marques grammaticales 2.3. Correspondances lexicales : les mots 2.4. Analyse du discours oral

29 29 30 31 31 33 34 35

VI

Grammaire mthodique du franais

Chapitre II. Les sons du franais : phontique et phonologie 1. De la phontique la phonologie 1.1. La phontique articulatoire 1.2. De la syllabe au phonme 2. Les phonmes du franais 2.1. Description des phonmes 2.2. Systme des phonmes 2.3. Variation des phonmes 3. La chane parle 3.1. La syllabe phonique 3.2. Les jointures 3.3. Le groupe accentuel 3.4. Le rythme 3.5. L'intonation 3.6. Le sens des sons Chapitre III. L'orthographe franaise 1. Les deux principes de fonctionnement 2. Les units graphiques 2.1. Graphmes et lettres 2.2. La syllabe graphique 3. Le systme orthographique franais 3.1. Les phonogrammes 3.2. Les morphogrammes 3.3. Les logogrammes 3.4. Lettres tymologiques et historiques 3.5. Conclusion 4. Variations graphiques 4.1. Forme et taille des lettres; romains et italiques 4.2. Capitales, majuscules, minuscules 4.3. Les accents 4.4. Les autres signes auxiliaires 5. Annexe : Les Rectifications de l'orthographe (1990) Chapitre IV. La ponctuation 1. Dfinition ' 2. Fonctions des signes de ponctuation 2.1. Fonction prosodique 2.2. Fonction syntaxique 2.3. Fonction smantique 3. Signes marquant des pauses 3.1. Point, point-virgule, virgule 3.2. Points de suspension 4. Signes valeur smantique et nonciative 4.1. Les deux-points 4.2. Le point d'interrogation et le point d'exclamation 83 84 85 85 86 87 87 90 92 92 93 63 65 65 66 67 / '' ' 70 71 72 72 73 73 74 75 77 80 39 40 40 41 41 47 51 53 53 55 57 59 61 61

Sommaire 4.3. Les guillemets 4.4. Parenthses et crochets 4.5- Les barres obliques 4.6. Le tiret 5. Autres signes de ponctuation 5.1. Le trait d'union 5.2. L'astrisque 6. Signes typographiques 6.1. L'alina 6.2. Les variations typographiques

VII

_

94 95 96 97 97 97 98 98 98 98

DEUXIME PARTIE SYNTAXE D E LA P H R A S E S I M P L E

Chapitre V. Les structures de la phrase 1. La phrase, cadre de l'analyse syntaxique 1.1. Dfinitions et critres d'identification 1.2. La phrase et ses lments 1.3. Les fonctions syntaxiques 2. La structure syntaxique de la phrase simple 2.1. Un modle canonique : la phrase de base 2.2. La structure hirarchique de la phrase 2.3. Les classes syntaxiques 3. L'interprtation des relations syntaxiques 3.1. La notion de valence et l'analyse actancielle 3.2. Relations syntaxiques et rles smantiques 4. Les structures fondamentales de la phrase simple 4.1. La phrase minimale 4.2. La phrase tendue 4.3. La fonction sujet 4.4. Le groupe verbal 4.5. Les complments circonstanciels Chapitre VI. Le groupe nominal 1. Les structures du groupe nominal 147 1.1. Caractrisation externe et interne 147 1.2. Du groupe nominal minimal au groupe nominal tendu 148 1.3. Interprtation smantique et usages communicatifs du groupe nominal . . 150 1.4. L'accord dans le groupe nominal 150 2. Les dterminants 151 2.1. Formes et fonctions 152 2.2. Les dterminants dfinis 154 2.3. Les dterminants indfinis 159 2.4. Autres dterminants 162 2.5. L'absence de dterminant 163 103 103 105 106 108 108 109 118 123 123 124 127 127 128 129 140 140

VIII

Grammaire mthodique du franais

3. Le nom 3.1. Le nom, partie du discours 3.2. La catgorie des noms communs 3.3. La sous-catgorisation des noms communs 3.4. La morphologie des noms communs 3.5- Les noms propres 4. Le groupe nominal tendu 4.1. Le nom et ses modificateurs 4.2. L'adjectif pithte 4.3. Les participes pithtes 4.4. Les noms pithtes 4.5. Le groupe prpositionnel complment du nom 4.6. Les modificateurs propositionnels 4.7. Les modificateurs en position dtache 5. Les substituts du groupe nominal 5.1. La catgorie gnrale des pronoms 5.2. Les pronoms personnels 5.3. Les pronoms possessifs 5.4. Les pronoms dmonstratifs 5.5. Les pronoms interrogatifs 5.6. Les pronoms relatifs 5.7. Les pronoms indfinis 5.8. Genre, nombre et accord des pronoms

167 167 168 170 172 175 179 179 180 185 186 187 188 190 192 192 196 204 205 207 208 210 213

Chapitre VII. Le groupe verbal 1. La syntaxe du groupe verbal 1.1. Les structures du groupe verbal 1.2. Le verbe et ses complments 1.3. Les constructions des verbes 1.3.1. Constructions transitives, intransitives et attributives 1.3.2. Les emplois absolus des verbes transitifs directs et indirects 1.3.3. L'objet interne 1.4. Les diffrents types de complments 1.4.1. Verbes transitifs et emplois intransitifs 1.4.2. Le complment d'objet direct 1.4.3. Le complment d'objet indirect 1.4.4. Les verbes deux complments 1.4.5. Les verbes triple complmentation 1.4.6. Les verbes retournement 1.4.7. Les constructions causatives 1.4.8. Les verbes supports 1.5. Les constructions attributives 1.5.1. La fonction attribut 1.5.2. Les attributs du sujet 1.5.3. Les attributs du complment d'objet 1.5.4. L'accord dans le syntagme attributif 215 215 216 218 218 219 220 221 221 221 222 225 227 227 229 231 233 233 233 239 241

Sommaire

K

2. Le verbe 2.1. La catgorie du verbe 2.1.1. Dfinition 2.1.2. Les catgories morphologiques associes au verbe 2.2. Morphologie verbale : la conjugaison te - 2.2.1. Radical verbal et dsinences 2.2.2. Forme simples, composes et surcomposes 2.2.3. Les auxiliaires aspectuels et modaux 2.2.4. Formes actives et passives 2.2.5. Verbes pronominaux et constructions pronominales 2.2.6. Classement des verbes Tableaux de conjugaison 2.2.7. Les verbes dfectifs 2.3. Mode, temps et aspect 2.3.1. Les modes du verbe 2.3.2. Les temps du verbe 2.3.3. L'aspect verbal 2.4. L'emploi des modes et des temps du verbe 2.4.1. L'indicatif 2.4.1.1. Le prsent de l'indicatif 2.4.1.2. Le pass compos 2.4.1.3. Le pass simple 2.4.1.4. L'imparfait de l'indicatif 2.4.1.5. Le plus-que-parfait et le pass antrieur 2.4.1.6. Le futui simple 2.4.1.7. Le futur antrieur 2.4.1.8. Le conditionnel 2.4.2. Le subjonctif . .`\ 2.4.3. L'impratif 2.4.4. L'infinitif . 2.4.5. Participe et grondif 2.5. L'accord du verbe 2.5.1. L'accord des formes personnelles du verbe avec le sujet 2.5.2. L'accord du participe pass

242 242 242 244 245 245 248 252 254 254 263 285 287 287 289 291 297 297 298 301 303 305 310 312 315 315 320 330 333 339 345 345 348

Chapitre VIII. L'adjectif et le groupe adjectival 1. Adjectifs qualificatifs et adjectifs relationnels 2. Les classes morphosyntaxiques de l'adjectif 2.1. Les adjectifs forme simple ou complexe 2.2. Les adjectifs par conversion 3. Les variations en genre et en nombre des adjectifs 3.1. Les marques du genre 3.2. Les marques du nombre 4. Les degrs de signification des adjectifs qualificatifs 4.1. Intensit et comparaison 4.2. Les degrs d'intensit 4.3. Les degrs de comparaison 355 357 357 358 358 358 360 361 361 362 364

X

Grammaire mthodique du franais

5- Le groupe adjectival 5.1. La modification par un adverbe 5.2. Les complments prpositionnels 5-3. Les complments propositionnels Chapitre IX. La prposition et le groupe prpositionnel 1. Les classes morphologiques de prpositions 2. La syntaxe des prpositions : le groupe prpositionnel 3. La smantique des constructions prpositionnelles Chapitre X. L'adverbe 1. Une catgorie grammaticale htrogne * 2. Les constructions syntaxiques de l'adverbe 3. L'interprtation smantique des constructions adverbiales 4. La morphologie des adverbes 4.1. Formes et formations de l'adverbe 4.2. Les adverbes suffixes en -ment 4.3. L'emploi adverb(i)al des adjectifs 4.4. L'adverbe et les autres catgories grammaticales 5. Le groupe adverbial Chapitre XI. Les types de phrases 1. Dfinition. Types obligatoires et types facultatifs 2. L'interrogation 2.1. Dfinition 2.2. L'interrogation totale 2.3. L'interrogation partielle 2.4. L'interrogation alternative 2.5. Pragmatique de l'interrogation 3. L'exclamation 3.1. Prsentation de l'exclamation 3.2. Les structures exclamatives 4. L'injonction 4.1. Dfinition 4.2. Morphosyntaxe du type injonctif 4.3. Modulations de l'injonction 5. La ngation 5.1. Porte de la ngation 5.2. Emploi des mots ngatifs 5.3. Ngation, quantification et modalisation 5.4. Ngation descriptive et ngation polmique 6. L'emphase : dislocation et extraction 6.1. La dislocation de la phrase 6.2. L'extraction

366 366 367 367

369 370 371

375 376 377 380 380 381 382 382 383

385 391 391 392 394 399 399 401 401 402 407 407 408 409 410 411 415 423 424 425 426 430

Sommaire

XI

7. Le passif 7.1. Le passif, forme verbale et type de phrase 7.2. Les verbes passivables 7.3. Le complment d'agent 7.4. L'emploi du passif dans le discours 7.5. Autres formes du passif 8. L'impersonnel. Verbes impersonnels et constructions impersonnelles 8.1. Verbes, constructions et pronom impersonnels 8.2. Verbes impersonnels et locutions impersonnelles 8.3. Les constructions impersonnelles 8.4. Usages, variations et tendances 9. Phrases atypiques 9.1. Phrases prsentatif 9.2. Les phrases nominales. Les noncs un et deux termes 9.3. Insertion d'une phrase : incises et incidentes 9.4. Aux marges de la phrase

433 433 435 436 439 442 444 444 445 447 450 453 453 457 460 462

TROISIME PARTIESYNTAXE D E LA P H R A S E C O M P L E X E

Chapitre XII.

La p h r a s e c o m p l e x e : j u x t a p o s i t i o n , c o o r d i n a t i o n et s u b o r d i n a t i o n

1. De la phrase simple la phrase complexe 2. Phrases et propositions 3. La subordination 3.1. Les propositions subordonnes 3.2. Les marques de la subordination 3.3. Les quivalences catgorielles et fonctionnelles 3.4. Les conjonctions de subordination

469 472 472 472 474 475 477

Chapitre XIII. Les relatives 1. Propositions relatives et termes relatifs 2. Les relatives adjectives 2.1. La relativisation du groupe nominal sujet : qui 2.2. La relativisation du groupe nominal complment direct : que 2.3. La relativisation d'un groupe prpositionnel 2.4. Les relatives du second degr 2.5. La smantique des relatives 2.6. Le mode dans les relatives 3. Les relatives substantives 3.1. Les relatives indfinies 3.2. Les relatives priphrastiques 4. Les relatives comme expressions circonstancielles 479 480 480 481 481 483 483 485 486 486 487 488

XII

Grammaire mthodique du franais

Chapitre XIV. Les compltives 1. Compltives introduites par la conjonction que 1.1. Complments directs du verbe 1.2. Suites de formes impersonnelles 1.3. Sujets 1.4. Complments indirects introduits par ce que, de ce que 1.5. Complments de noms et d'adjectifs 1.6. Dtaches 2. Constructions infnitives 2.1. Infinitif dont le sujet est identique celui du verbe principal 2.2. Infinitif dont le sujet est diffrent de celui du verbe principal 2.3. Infinitifs dpendant d'un tour impersonnel 2.4. Infinitifs sujets 2.5. Alternance entre constructions conjonctives et infnitives 3. Constructions interrogatives 3.1. Interrogation totale 3.2. Interrogation partielle 4. Constructions exclamatives 491 491 492 493 493 494 495 495 496 497 498 498 498 499 500 500 501

Chapitre XV. Les circonstancielles 0. La catgorie gnrale des subordonnes circonstancielles 0.1. identification des circonstancielles 0.2. Place des circonstancielles 0.3. Sens des circonstancielles 0.4. Circonstancielles elliptiques 1. Circonstancielles dcrivant une situation 1.1. Circonstancielles introduites par une conjonction 1.2. Alternance avec les constructions infnitives et participiales 2. Circonstancielles dcrivant une perspective 2.1. Par anticipation 2.2. Par limination 3. Systmes corrlatifs 3.1. Systmes comparatifs 3.2. Systmes conscutifs 3.3. Variantes des circonstancielles de situation ou de perspective 503 503 504 504 505 506 506 510 510 511 512 514 514 516 517

Chapitre XVI. Juxtaposition et coordination 1. La juxtaposition 2. La coordination 2.1. Les constructions coordonnes 2.2. La coordination de propositions et de phrases 2.3. La coordination de mots et de groupes de mots 2.4. Les termes coordonnants 519 521 521 522 524 525

Sommaire

XIII

QUA TRIME PARTIEGRAMMAIRE ET LEXIQUE

Chapitre XVII. M o r p h o l o g i e g r a m m a t i c a l e e t lexicale

1. Les units de l'analyse morphologique : mots et morphmes 1.1. Le mot, unit grammaticale et lexicale 1.2. La structure morphologique des mots 2. Morphologie grammaticale et morphologie lexicale 2.1. Morphmes grammaticaux et morphmes lexicaux 2.2. Affixes flexionnels et a f F i x e s drivationnels 2.3. Le phnomne de l'accord 3. La morphologie lexicale 3.1. Morphologie et lexique 3.2. Mots complexes et mots construits 3.3. La drivation affixale 3.4. La conversion 3.5. La composition 3.6. Sigles et abrviationsChapitre XVIII. S m a n t i q u e lexicale et g r a m m a t i c a l e

531 531 533 536 536 537 538 539 539 540 541 546 547 551

1. Les signes linguistiques 1.1. Signes, signifiants, signifis et rfrents 1.2. La nature des signes linguistiques: arbitraire et motivation 2. Les relations de sens dans le lexique 2.1. La structuration smantique du lexique 2.2. Monosmie, polysmie et homonymie 2.3. La synonymie 2.4. L'hyponymie 2.5. L'antonymie 3. La reprsentation smantique des noncs 3.1. Le sens phrastique 3.2. Du sens phrastique la signification nonciative 3.3. Une dfinition instructionnelle des formes signifiantes

555 555 557 558 558 558 560 561 562 562 562 564 564

CINQUIME PARTIEGRAMMAIRE ET C O M M U N I C A T I O N

Chapitre XIX La rfrence

1. Sens et rfrence 2. Expressions prdicatives et expressions rfrentielles 3. Typologie des expressions rfrentielles 3.1. L'extension et le mode d'existence du rfrent 3.2. Le type grammatical de l'expression rfrentielle 3.3. La localisation du rfrent

569 570 571 571 572 572

XIV

Grammaire mthodique du franais

3.4. Les connaissances de l'interlocuteur 3.5. Le mode de donation du rfrent Chapitre XX. L'nonciation 1. Le cadre nonciatif. Enonciation et nonc 2. Les indices de l'nonciation 2.1. Les dictiques 2.2. Les modalits 3. Les actes de langage 3 1 . Caractristiques d'un acte de langage 3.2. Les actes de langage directs 3.3. Les actes de langage indirects 4. Attitude et perspective d'nonciation 4.1. Enonciation historique et enonciation de discours 4.2. Discours narratif et discours commentatif 5. Le discours rapport 5.1. Le discours direct 5.2. Le discours indirect 5.3. Le style indirect libre Chapitre XXI. La structuration du texte 1. La grammaire de texte 1.1. La cohrence du texte 1.2. Les rgles de cohrence du texte 2. Thme et propos. La progression thmatique 2.1. Thme et propos 2.2. La progression thmatique 3. L'anaphore 3.1. Dfinition 3.2. Les expressions anaphoriques 4. Les connecteurs 4.1. Dfinition. Les rles des connecteurs 4.2. Classement des connecteurs Bibliographie Index

573 573

575 577 577 579 583 584 586 588 590 590 595 597 597 598 600

603 603 604 604 604 608 610 610 612 616 616 618 625 631

A

V

A

N

T

-

P

R

O

P

O

S

La Grammaire mthodique du franais est destine tous ceux que leurs travaux ou leurs activits amnent aborder le franais contemporain dans une optique rsolument linguistique : tudiants et enseignants de franais, de linguistique gnrale ou de langues trangres. Elle s'adresse aussi aux littraires un moment o la linguistique s'ouvre sur l'analyse du discours littraire et o ia pragmatique linguistique prend le relais de l'ancienne rhtorique. Elle se propose enfin de rpondre aux demandes d'un plus vaste public en resituant les difficults pratiques du franais contemporain (accords de toute sorte, emplois des temps et des modes verbaux, constructions problmatiques, etc.) dans le cadre d'une description mthodique. Qu'est-ce en effet qu'une grammaire sinon une grille de lecture qui, projete sur les noncs de la langue, nous rvle comment ils sont, doivent ou devraient tre construits ? Cette grille peut tre fine ou grossire, gnrale ou partielle, bien ou mal adapte son usage. Tout dpend des objectifs du grammairien, de son outillage descriptif et, en dernier ressort, de la justesse de ses analyses. A cet gard, les rcents dveloppements des sciences du langage ont profondment modifi les donnes et les problmatiques qui caractrisaient le domaine grammatical traditionnel. Aussi les auteurs de cet ouvrage ont-ils d procder des choix qui leur ont t dicts par une certaine ide de ce que pouvait tre aujourd'hui une grammaire de la langue franaise.

Une grammaire globale du franais contemporain O n a rsolument opt pour une grammaire au sens large du terme, qui prend en compte tous les aspects de la forme et de l'interprtation des noncs. Les dimensions raisonnables d'un manuel de grammaire interdisant l'exhaustivit, la place centrale a t dvolue aux classes et aux catgories morpho-syntaxiques (parties du discours, groupes fonctionnels, schmas de phrases) qui constituent l'ossature de la langue. Non pas pour sacrifier la tradition ou quelque doctrine d'cole, mais parce que le discours grammatical est d'abord un discours sur la forme des expressions d'une langue. Cette considration justifie galement les chapitres consacrs l'oral et ses rap-

XVI

Grammaire mthodique du franais

ports avec l'crit : on y trouvera des dveloppements mthodiques sur ces laisss pour compte des grammaires que sont le systme phonologique, la prosodie et la ponctuation du franais, ainsi qu'une mise en perspective de son orthographe. Une place non ngligeable a t accorde l'interprtation smantique des formes grammaticales et la manire dont elles catgorisent la ralit : la smantique des dterminants et des temps verbaux, les rles associs aux structures actancielles des verbes et des adjectifs, les proprits nonciatives des types de phrases et des subordonnes ont donn lieu des dveloppements substantiels. Les trois chapitres de la dernire partie sont consacrs aux aspects plus typiquement communicatifs des mcanismes grammaticaux : expressions rfrentielles, marques de la subjectivit du locuteur et principes d'organisation textuelle. Dans tous ces domaines, on s'est donn pour rgle de privilgier l'architecture proprement linguistique des noncs plutt que les conditions psychologiques et sociologiques de leur production - sauf lorsque ces dernires clairent de faon dterminante l'interprtation et l'usage des formes linguistiques. Un ouvrage consacr au franais d'aujourd'hui ne pouvait ignorer les problmes de la norme. O n a donc enregistr les variations les plus caractristiques du franais tel qu'il se parle et s'crit; rappel certaines prescriptions des grammaires normatives ; signal les principales tolrances grammaticales tablies par l'arrt du 28-12-76 et les rcentes propositions de rectification de l'orthographe publies au J.O. du 06-12-90 ; et surtout tent de situer les usages concurrents selon les registres de langue et les clivages entre langue crite et langue parle.

Une grammaire mthodique S'il est vrai que tout savoir prsuppose un examen critique de ses fondements, les connaissances grammaticales ne peuvent avoir de validit qu' l'intrieur de cadres thoriques bien dtermins. Ce qui suppose dans leur prsentation un minimum d'analyse et de prises de positions explicites, mais ne signifie pas pour autant qu'il faille s'en tenir une seule approche thorique, encore moins s'enfermer dans l'orthodoxie troite d'une chapelle linguistique. En fait, la richesse et la complexit des donnes linguistiques sont telles qu'il n'est l'heure actuelle aucun point de vue exclusif capable de traiter globalement la diversit des phnomnes qui mritent de figurer dans une grammaire. O n ne s'tonnera donc pas que les concepts descriptifs de cet ouvrage s'inscrivent dans plus d'un cadre thorique. Sans renier les apports d'une longue tradition grammaticale, vritable rservoir de donnes, les auteurs se sont rsolument inspirs des acquis de la linguistique contemporaine et, l'occasion, de ses plus rcents dveloppements. L'clectisme mthodologique bien tempr qui anime cette grammaire trouvait ds lors ses limites naturellement fixes par un double principe : privilgier parmi les orientations tho-

Avant-propos

XVII

riques celles qui ont fait le plus progresser notre connaissance du langage en ouvrant des domaines auparavant insouponns et celles, souvent les mmes, qui permettent un traitement unifi du plus grand nombre de faits. On a toutefois suivi par principe la terminologie grammaticale officielle telle qu'elle a t fixe par la Nomenclature grammaticale pour l'enseignement du franais dans le second degr ' et les indications complmentaires fournies par les programmes d'enseignement du franais dans le second cycle de l'enseignement secondaire . Cette nomenclature constitue le seul mtalangage effectivement commun au grand public, aux enseignants et aux chercheurs. Mais comme elle n'est pas exempte d'inconsquences, il a bien fallu changer quelques appellations et modifier les dfinitions de certaines catgories traditionnelles afin de les rendre vraiment opratoires. O n ne pouvait davantage faire l'conomie des concepts linguistiques les plus fondamentaux, ceux justement qui dans un pass rcent ont profondment modifi notre faon de voir et de dcrire les langues. L'tiquetage est une ncessit de l'analyse grammaticale, qui identifie et classe. C'est dire qu'il demeure constamment subordonn au projet d'une description raisonne de cet instrument de mise en forme du sens qu'est la langue. C'est dire aussi qu'une mise en perspective linguistique de la description s'impose. A cet effet, l'Introduction prsente sommairement les concepts linguistiques fondamentaux qui dlimitent et structurent le champ de l'analyse grammaticale. D'autres, plus spcifiques, seront prsents par la suite au fur et mesure des problmes particuliers abords. Ces connaissances constituent le bagage minimal de linguistique gnrale sans lequel il est aujourd'hui impossible de comprendre et de pratiquer une analyse grammaticale, encore plus de l'valuer.2

Une grammaire ouverte En grammaire comme ailleurs, les analyses ne sont jamais acheves ni les rponses dfinitives. Au contraire, l'histoire rcente de la linguistique montre que le savoir grammatical reste en perptuelle construction, sujet rvisions et toujours ouvert sur de nouveaux horizons. Ensuite, quelles que soient les dimensions d'une grammaire destine un large public, elles seront toujours trop troites pour une description globale. O n a donc dlibrment ignor les dbats qui n'ont plus qu'un intrt historique et les controverses actuelles lorsqu'elles portent sur des points de dtail. En revanche, les grandes questions qui traversent l'histoire de la grammaire franaise ont t revisites et traites la lumire de points de vue thoriques plus rcents.

1. Bulletin officiel de l'Education natmrmle, n 3 0 d u 3 1 - 0 7 - 1 9 7 5 , n 3 8 d u 2 3 - 1 0 - 1 9 7 5 et n 4 7 d u 2 5 - 1 2 1975. 2. Bulletin officiel de l'Education nationale, n s p c i a l 1 d u 0 5 - 0 2 - 1 9 8 7 e t s u p p l m e n t a u n 2 2 d u 0 9 - 0 6 - 1 9 8 8 .

XVIII

Grammaire mthodique du franais

Devant l'impossibilit d'entrer dans le dtail de toutes les questions, l'esprit de synthse imposait de privilgier les grandes rgularits structurales au dtriment de faits jugs mineurs ou hors systme. La dcision tait relativement facile lorsqu'il s'agissait de questions (comme le fminin des adjectifs ou les noms pluriel irrgulier) dont la rponse se trouve dans un dictionnaire des difficults de la langue franaise, voire dans un simple dictionnaire. Mais les tudes linguistiques se sont tellement diversifies et certaines ont atteint un tel point de technicit qu'il n'tait pas possible, mme sur les questions les plus fondamentales, de prsenter tous les points de vue. Aussi les auteurs se sont-ils donn pour rgle de fournir un choix d'indications bibliographiques aux lecteurs soucieux de complter et de diversifier leur information. Ces derniers pourront ainsi dcouvrir d'autres analyses, en comparer les mrites respectifs et relire d'un oeil critique celles que dveloppe le prsent ouvrage. Les exemples ont une fonction essentiellement illustrative qui est directement proportionnelle leur simplicit. Aussi beaucoup ont-ils t forgs pour les besoins de la cause, non par esprit de systme et encore moins au dtriment d'exemples attests (crits ou oraux, littraires et non littraires) prsentant les mmes avantages. La caution d'crivains reconnus s'imposait chaque fois qu'il s'agissait de caractriser comme tels des emplois littraires ou de dgager des rgularits dans divers domaines - qu'il s'agisse de la ponctuation ou de certains emplois du subjonctif - o, faute d'une codification explicite, les modles littraires font autorit. Selon un usage aujourd'hui bien tabli, des squences agrammaticales (prcdes d'un astrisque) ont t utilises comme contre-exemples lorsqu'elles contribuent de faon dcisive l'tablissement et la vrification d'une rgle. Enfin on eu a recours quelques exemples d'autres langues lorsque la comparaison clairait mieux qu'un long discours la spcificit du franais.

Une grammaire d'information et de formation Sauf exception, une grammaire ne se lit pas comme un roman, mais fait l'objet de consultations ponctuelles et pisodiques. Il importait donc de fournir l'usager un accs direct et commode aux connaissances qui permettent aussi bien de vrifier un point de dtail que de rassembler le maximum d'informations sur un thme plus large : - Une table des matires dtaille schmatise la distribution de l'ensemble de la matire grammaticale dans les chapitres, sections et sous-sections. L'ordre gnral de l'exposition obit un triple principe : aller du simple au complexe, des formes leur(s) interprtation(s) et des rgularits intrinsques, indpendantes des conditions d'utilisation, celles qui ne s'expliquent qu' partir de ces conditions. - Un index regroupant le vocabulaire technique de la terminologie grammaticale facilitera l'orientation de l'usager et le guidera dans ses recherches thmatiques.

Avant-propos

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- Pour remdier l'invitable dispersion de la matire, on a multipli les renvois dans le texte mme. En tablissant directement des relations transversales entre les sections et les chapitres, ils permettent au lecteur d'tendre de proche en proche son champ d'investigation. En dfinitive, cette grammaire se prte deux types de consultations. O n y cherchera et souvent on y trouvera la rponse cls en main une question ou la solution d'une difficult. Mais c'est aussi une banque de donnes qui, l'instar des encyclopdies modernes, invite une dmarche interactive : par exemple, pour dlimiter des problmatiques, mobiliser rapidement une srie de connaissances autour d'une question, ou encore baliser les lignes directrices d'une analyse - bref, pour donner au lecteur les moyens de produire ses propres gnralisations.

Les auteurs savent tout ce qu'ils doivent leurs devanciers et tous les chercheurs dont les travaux ont enrichi leur information, nourri leur rflexion et guid, voire redress leurs analyses. Ils remercient chaleureusement leurs collgues et les tudiants de l'Universit des Sciences Humaines de Strasbourg qui les ont aids de leurs remarques et de leurs suggestions, en particulier Georges Kleiber, Marc Hug et Franois Wioland. Ils expriment leur profonde gratitude Guy Serbat qui ne leur a mnag ni ses conseils ni ses encouragements et sans qui cette grammaire n'aurait pas vu le jour. Ils doivent la vigilance de plusieurs lecteurs et en particulier aux observations de Jean-Paul Colin la correction de maintes coquilles et inadvertances des premires ditions.

C O N V E N T I O N S ET SYMBOLES

Conventions typographiques Les termes techniques sont imprims en caractres gras lors de leur premire apparition. Les caractres italiques signalent toute donne linguistique (syllabe, morphme, syntagme, phrase, l'exception des transcriptions phontiques) mentionne comme telle ou cite en exemple. Ex. : L'adjectif belle est pithte du nom marquise dans l'apostrophe belle marquise. Les renvois sont signals par l'indication entre parenthses et en caractres gras de la (sous-)section et ventuellement du chapitre. Beaucoup de sections ou sous-sections sont suivies d'indications bibliographiques se rapportant directement aux questions qui y sont traites. Pour viter les rptitions, les rfrences des ouvrages et articles cits en plusieurs endroits sont indiques sous forme abrge: initiale du prnom, nom de l'auteur, anne d'dition (et ventuellement pagination). Les rfrences intgrales figurent dans la bibliographie gnrale regroupe en fin d'ouvrage. Les exemples sont toujours en italiques. Lorsqu'ils s'intgrent dans un dveloppement, ils peuvent faire l'objet d'une numrotation continue qui ne s'tend jamais au-del d'une section. Sauf exception, les citations crites sont identifies par le nom de l'auteur, s'il s'agit d'une oeuvre littraire ou d'une publication scientifique; par le titre, la date et la page, pour les journaux, priodiques, etc. ; par la nature de leur support dans les autres cas. Les abrviations LM, DNA et AAF dsignent respectivement Le Monde, les Dernires Nouvelles d'Alsace et l' Atlas Air France (magazine mensuel distribu bord des vols d'Air France).

Abrviations et symboles Les auteurs n'ont pas cru devoir renoncer aux commodits d'un symbolisme minimal alliant la concision la prcision. Certains systmes plus spcifiques de notation et de reprsentation (rgles de rcritures, schmas arborescents et parenthtiques, etc.) sont prsents dans le corps de l'ouvrage. Les trois listes qui suivent regroupent les abrviations et les symboles les plus courants et

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Grammaire mthodique du franais

les moins techniques. Ce sont aussi ceux qui apparaissent rgulirement dans cette grammaire et qu'il convient donc de prsenter d'emble au lecteur. Symboles reprsentant des groupes fonctionnels P = phrase. queV = subordonne compltive. Ex : On diraitqu'ilpleut. VI nf = goupe infinitif, c..d. infinitif accompagn de ses complments ventuels. Ex. : // veut changer de voiture - On a vainement tent Ae l'en empcher, il = squence quelconque de comptment(s) d'un verbe, d'un nom ou d'un adjectif. Ex : Pierre veut il Pierre veut une glace I que Paulparu Ipartir. GN > groupe nominal. Ex. : les chiens ne font pas diijGV = groupe verbal. Ex. : Le verbe s'accorde avec son sujet. GP = groupe prpositionnel. Ex. : Les chemises de l'archiduchesse sont-elles sches ? GA groupe adjectival. Ex. : Jamais je n 'ai d couter si long discours. N. = groupe nominal dont le chiffre en indice indique l'ordre d'apparition dans la phrase de base : N est le sujet, N, le premier complment, etc. Ex. : La justice a confi la farde des enfants la mre = N * V * N , + i + N a.s. = attribut du sujet. Ex : Ce livre est ennuyeux. a.c.o. attribut du complment d'objet. Ex : // a trouv ce livre ennuyeux. c.o.d. complment d'objet direct. Ex : Soigne Ajnlkc o . i . complment d'objet indirect. Ex : Occupe-toi d'Amlie.o 2

Symboles notant les parties du discours N Adj Dt Art Pro Prp V Adv V ant Vpp [....] nom (substantif) : arbre, vitesse = adjectif : rapide, routinier = dterminant : ce, mon, quelques article : le, un, du pronom : nous, qui, personne prposition : de, , avec verbe : ternuer, chanter, = adverbe : trs, vraiment = forme du participe prsent d'un verbe : chantant = forme du participe pass d'un verbe : chant = trait (positif ou ngatif) de sous-catgorisation. N [+ humain] indique que le rfrent de N appartient la classe des humains. Ex. : pilote [+ humain] ; avion [- humain]. [] Les crochets droits signalent un regroupement syntaxique (p. ex. : la squence j y [verbe - complment]), la coupure dans une citation tronque ou enca drent une rfrence bibliographique.

Autres symboles * : Les squences juges syntaxiquement et / ou smantiqucment inacceptables sont prcdes d'un astrisque. Ex. : * incourageux * Il va la ville - * Le plafond enraye les problmes friables.

entions et symboles

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Les squences difficilement ac c eptables ou dont l'acceptabilit est juge douteu se sont prcdes d'un point d'interrogation. Ex. : ? // a (t beaucoup parl pen dant cette soire en contraste avec // a t beaucoup bu pendant cette soire. Le trait symbolise la position d'un lment dans un environnement syntaxique caractristique. Ex. : le sc hma [Dt + N + ] reprsente ta position d'un adjectif pithte (p. ex. blanc) postpos un nom l'intrieur d'un groupe nomi nal (p. ex. le lys). Les barres obliques sparent deux ou plusieurs termes qui appartiennent un mme paradigme (p. ex.: le/un/du/ce vin) ou, selon l'usage ordinaire et en concurrence avec vs, les lments d'un c ouple dic hotomique (p. ex. : singulier / pluriel). Forme abrge de versus, qui indique l'opposition entre deux termes (p. ex. singu lier v% pluriel). L'enchanement syntaxique (concatnation) de deux termes est reprsent soit par un tiret, soit par le signe +. Ex. : GN Dt + N ou bien GN Dt N se lit un groupe nominal se dcompose en un dterminant suivi d'un nom . La flche simple symbolise soit la rec riture (dc omposition) d'une squenc e en ses constituants (p. ex. : GN Dt + N), soit la drivation d'une c onstruc tion partir d'une autre. Ex. : Paul espre qu 'il russira Paul espre russir. La flche double reprsente une relation de c orrespondanc e entre deux ou plu sieurs types de constructions (p. ex. entre les diffrents types d'une mme phrase). Ex. : Jean connat le chemin Jean connatil le chemin .' M 990, p. 204].

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Grammaire mthodique du franais

Le pass simple (je partis) et l'imparfait du subjonctif (qu'il partit), ainsi que les temps composs correspondants, sont rservs essentiellement l'usage crit. La premire personne du pluriel (nouspartons) est frquemment remplace l'oral, familier surtout, par on (on part), ce qui supprime une distinction de personne assure par la dsinence verbale ; dans les verbes du type chanter, cinq formes de personnes sont alors identiques : je, tu, il, on, ils [fut]. Le futur simple (jepartirai) est souvent remplac l'oral par le futur priphrastique form de l'auxiliaire aller suivi de l'infinitif (je vais partir) (VII: 2.2.3). Cependant, selon C. Jeanjean, les deux expressions du futur ne sont pas quivalentes : le futur priphrastique avec le verbe aller exprime une vise prospective et marque un ancrage dans l'nonciation , alors que le futur simple, qui a une valeur plus gnrale, continue tre bien reprsent en franais parl [cite par C. Blanche-Benveniste : 1990, p. 1 9 9 - 2 0 2 ] . Pour les temps et les modes qui sont employs aussi bien l'oral qu' l'crit, leurs conditions d'utilisation ne sont pas identiques. Ainsi, le prsent de l'indicatif est plus rpandu l'oral comme temps omnitemporel, pouvant dnoter aussi bien le prsent que le pass ou l'avenir (VII: 2.4.1.1). Le subjonctif (VII: 2.4.2) est employ l'oral par tous les locuteurs ; selon les tudes du GARS (Groupe aixois de recherches en syntaxe), il se rencontre d'abord aprs des verbes impersonnels (35 % des emplois), puis aprs des verbes sujet personnel (28 % : je veux, attends que, etc.), aprs pour que, pour pas que et avant que (11,5 %) ; il est moins frquent dans les relatives (4 % ) , essentiellement aprs un antcdent indfini ou quand le verbe pouvoir figure dans la relative [C. Blanche-Benveniste: 1990, p. 1 9 7 - 1 9 9 ] .Bibliographie. ). Dubois, 1965 - C. Blanche-Benveniste, 1990 - H. P. H e l l a n d , 1994.

et 2.4).

2.2.2. La flexion des verbes diffre aussi sensiblement de l'crit l'oral (VII: 2.2

2.3. C o r r e s p o n d a n c e s lexicales : les m o t s Il est artificiel d'opposer les mots de l'oral aux mots de l'crit : le choix du vocabulaire est largement conditionn par les registres de langue et les domaines d'emploi, et certains dressent des listes de vocabulaire parl qui sont en fait fondes sur le registre familier. Il est dj plus intressant d'observer que les frquepces d'emploi des mots ne sont pas les mmes l'crit et l'oral. Dans les annes 1950, l'enqute sur le Franais fondamental a dfini un noyau de 800 1000 mots frquents que les locuteurs emploient constamment l'oral, commencer par les mots grammaticaux (dterminants, pronoms, conjonctions et prpositions) ; ce noyau de base se retrouve aussi l'crit, qui partage avec l'oral un fonds de vocabulaire commun. Mais une diffrence discursive importante tient au travail de dnomination l'oral : le locuteur s'interroge sur l'emploi du terme exact, ce qui se traduit par

/-

Code oral/code crit

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des commentaires mtalinguisciques [comme on dit, comment dire, non pas..., mais..., etc.) ou par l'utilisation de termes vagues comme truc, machin [C. Blanche-Benveniste : 1990, p. 2 5 - 2 9 ] . Dans le dcoupage de la chane parle (II: 3), le mot ne constitue pas une unit orale stable en franais : ses contours sont mouvants et incertains dans le discours oral. Comme le franais est une langue accent de groupe, et non de mot, les mots ne peuvent pas tre isols par un accent qui leur est propre, et les pauses marquent rarement la sparation des mots. Au contraire, depuis la gnralisation des imprims (XVI sicle) le mot est une ralit graphique : un mot est isol l'crit par les deux blancs qui l'encadrent. Cependant, la dtermination irrgulire des mots composs montre que cette dlimitation ne va pas sans difficults en franais (XVII: 3.5).e

Bibliographie. C . Gougenheim, P. Micha, P. Rivenc, A. Sauvageot, L'laboration du franais lmentaire. Etude sur l'tablissement d'un vocabulaire et d'une syntaxe de base, Didier, 1956 - A . Sauvageot, Franais crit, franais parl Hachette, 1962 ; Analyse du franais parl Hachette, 1972.

2.4. Analyse du discours oral 2.4.1. La tradition grammaticale prend implicitement pour objet la langue crite et, de ce fait, nglige ou ignore la langue orale. Certes, l'oral et l'crit partagent des structures communes, et il est artificiel d'opposer la syntaxe de l'oral et la syntaxe de l'crit, surtout si l'on fonde cette opposition sur la norme qui oppose l'crit correct et l'oral fautif. Mais il est ncessaire d'tudier la syntaxe du franais parl pour complter la description grammaticale de la langue : l'tude du franais parl est importante pour l'tude du franais tout court [C. Blanche-Benveniste: 1983, p. 27], quitte remettre en cause les cadres de l'analyse traditionnelle. Cependant, il n'est pas question de couper l'analyse de l'oral du reste de la grammaire, en la mettant l'cart dans une partie rserve : les usages oraux se manifestent dans tous les domaines grammaticaux. Aussi se limite-t-on ici une rapide prsentation des caractristiques de la syntaxe de l'oral et, puisque la phrase est une ralit linguistique moins facile dlimiter l'oral, on se place dans le cadre plus vaste du discours oral. 2.4.2. Une srie de caractristiques des discours oraux tient leurs conditions de production : lorsque nous produisons des discours non prpars, nous les composons au fur et mesure de leur production, en laissant des traces de cette production [C. Blanche-Benveniste : 1990, p. 17]. Si l'on veut effectuer une comparaison entre l'oral et l'crit, il est plus lgitime de rapprocher l'oral non de l'crit corrig et labor, mais des brouillons, de ce que J. Bellemin-No'l appelle l'avant-texte [Le texte et l'Avant-Texte, Larousse, 1972]. Comparer les productions orales non prpares des brouillons d e l'crit permet de mieux expliquer leurs caractristiques, bien qu'il s o i t difficile d e faire le tri, l'oral, entre les erreurs manifestes et les retouches voulues [C. Blanche-Benveniste et C. Jeanjean: 1987, p. 155-161].

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Grammaire mthodique du franais

Le discours oral prsente des scories : rptitions, rats, faux dparts, reprises, interruptions, ruptures de construction (en cours de phrase), phrases inacheves, etc. L'auditeur assiste en direct au processus de production du discours et il arrive souvent au locuteur de commenter ce qu'il est en train de dire (choix du terme exact, manire de parler, etc.). La situation de dialogue peut expliquer en partie ces scories : l'change avec un interlocuteur provoque des interruptions dans le discours du locuteur, qui peut rester inachev ou reprendre quelques rpliques plus tard, ce qui peut amener des rptitions; deux discours peuvent se chevaucher, ce qui perturbe leur droulement. Mais, dans une situation de monologue, un locuteur peut aussi hsiter, s'interrompre, se reprendre, se corriger... 2.4.3. Le discours oral est aussi caractris par des phnomnes linguistiques particuliers, qui tiennent aussi la situation de production : Emploi de phatmes: dans une situation d'change, le locuteur fait rgulirement appel son interlocuteur au moyen de la fonction phatique (Int: 1.1). Il emploie des termes qui ont pour fonction d'attirer ou de maintenir l'attention d'autrui : hein, n'est-ce pas?, bon, vous voyez, vous savez,... et qui jouent le rle de ponctuation du discours oral. Procds de mise en relief: le locuteur peut lire usage de structures emphatiques (XI: 6), antposer un complment circonstanciel ou modifier l'ordre des mots pour donner plus d'expressivit son discours. La distinction smantique en thme/ propos (XXI : 2) commande davantage la structuration du discours oral que l'organisation syntaxique canonique sujet-verbe-complment (il est souvent difficile de dlimiter une phrase l'oral). L'usage des phrases nominales s'explique pour la mme raison: les constructions binaires, en particulier, opposent nettement un thme et un propos : Excellent, ce caf!- Ce livre, quel chef-d'uvre !' (XI : 9.2) Importance des dictiques : la communication orale se ralisant en situation, l'emploi des dictiques y est frquent. On observe une frquence bien plus leve qu' l'crit des prsentatifs (XI: 9.1), notamment c'est et il y a, qui embrayent sur la situation : Il y a quelqu'un? C'est moi. Une enqute de l'Universit Paris V [1975] les relve dans une phrase sur quatre l'oral et dans une phrase sur vingt l'crit. L'oral fait galement un usage plus frquent de a, avec une valeur dictique {Ecoute un peu a.) ou dans une structure emphatique (Faire une marche populaire, (a fatigue.). O n considre traditionnellement a comme une variante familire de cela, mais il semble que son emploi dpasse le seul registre oral familier. De mme, l'oral remplace frquemment nous par on, bien que nous ne soit pas exclu (On va au cinma?). Cet emploi de on reste marqu comme familier; il est stigmatis par la norme l'crit. Simplifications de l'oral: le souci d'conomie peut expliquer certaines particularits de l'oral: omission du ne ngatif (Tu veux ou tu veux pas?), parataxe

/ - Code oral I code crit

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vitant la subordination. Par ailleurs, les risques d'ambiguts orales expliquent que l'on vite l'inversion du sujet et que l'on prfre, pour l'interrogation (XI, 2), la seule intonation (Tu viens?) ou la marque est-ce que (Est-ce que tu viens?). Mais ces simplifications ne sont pas constantes l'oral: elles dpendent aussi du registre de langue (l'omission de ne est sanctionne comme familire l'crit). Rptitions de termes et de structures: les rptitions sont frquentes dans tout discours oral non prpar [C. Blanche-Benveniste : 1990, c h . V , p. 177 et s u i v . ] . Dans les configurations orales, un mme terme peut tre rpt dans des positions semblables (c.o.d., attribut,...) ou des places syntaxiques diffrentes. Dans ce cas, il passe souvent du propos au thme : j'ai connu Edith Piaf Edith Piaf je l'ai connue [C. Blanche-Benveniste : p. 180] On peut aussi rpter une mme srructure syntaxique dans deux noncs diffrents : moi je jouais dans un orchestre elle elle chantait euh elle dans les cours [ ibid. ] Ces rptitions peuvent avoir diffrentes raisons : hsitations, rats, reprises, procds stylistiques, ... En rsum, il existe, quelle que soit la situation de communication, des constantes de l'oral qui tiennent la nature mme de l'oralit. Les faits linguistiques propres l'oral font partie du systme de la langue franaise, qu'ils mettent en jeu des structures spcifiques ou qu'ils manifestent, avec des frquences diffrentes, les mmes rgles qu' l'crit.Bibliographie. A. Berrendonner, Pour une macro-syntaxe, Travaux Linguistiques, 2 1 , 1990, p. 25-35 - C l . Blanche-Benveniste, 1997 - D. Franois, Franais parl. Analyse des units phoniques et significatives d'un corpus recueilli dans la rgion parisienne, S E L A F , 2 v o l . , 1974 - Paris V, G r o u p e d e Recherche Pdagogique de l'UER de Linguistique Gnrale et Applique de l'Universit Ren-Descartes, Rapports 1974, 1975 (L'emploi de c'est et il y a), 1976 (dactylogr.) - F. Gadet, Les outils grammaticaux de l'oral non standard, Travaux Linguistiques, 2 1 , 1990, p. 13-24 - Recherches sur le franais parl, G A R S , n " 1 , 1977,... - Langue franaise, L ' o r a l du d b a t " , n ' 6 5 , 1985, et L'oral dans l'crit , n 89, 199,- LINX, n" 18, 1988.-

Chapitre II LES SONS D U FRANAIS : PHONTIQUE ET PHONOLOGIE

1. DE LA P H O N T I Q U E A LA P H O N O L O G I E Les francophones ont, bien entendu, une connaissance pratique du systme des sons propres leur langue. Mais l'ide qu'ils s'en font est souvent trs loigne des faits. Sans doute, c'est l'ensemble des structures mises en jeu dans l'acte de parler qui reste largement hors du champ de la conscience; mais dans le domaine phontique les reprsentations sont en outre brouilles par l'image de la forme graphique des mots, d'autant plus trompeuse que la correspondance entre lettres et sons est irrgulire et peu fidle (1:2.1 et III). Plusieurs approches scientifiques distinctes, mais complmentaires, permettent d'tudier plus objectivement les faits : la production, la transmission et la perception des sons. O n peut, grce aux radiographies et divers instruments de mesure appliqus aux organes de la parole, en dcrire le fonctionnement : c'est la phontique articulatoire, dont les mthodes relvent de la physiologie. O n peut, grce l'enregistrement des ondes sonores visualisant, selon leur droulement dans le temps, leurs variations de frquence et d'intensit, dcrire la structure objective des sons tels qu'ils sont transmis : c'est la phontique acoustique, dont les mthodes relvent de la physique. O n peut encore dterminer de quelle faon les sujets parlants (ou plutt, ici, entendants) distinguent les sons et en oprent la catgorisation : c'est la phontique perceptive, dont les mthodes relvent de la psychologie exprimentale. O n peut enfin slectionner, dans la masse des faits physiologiques, physiques et perceptifs mis en vidence par la phontique, ceux qui assurent la communication du sens, c'est--dire qui permettent de distinguer entre elles les units significatives: c'est la phontique fonctionnelle ou phonologie, dont les mthodes relvent de la linguistique. Dcrire les sons du franais oblige de frquents allers et retours entre ces divers points de vue: en effet les descriptions articulatoires, acoustiques et

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Grammaire mthodique du franais

perceptives tant en grande partie parallles, choisir entre les termes relatifs l'une et l'autre relve de la commodit; d'autre part, elles sont d'avance orientes par des considrations fonctionnelles. Rciproquement, les analyses phonologiques seraient bien abstraites si elles ne trouvaient pas s'exprimer dans les termes propres aux trois autres disciplines.

1.1. La phontique articulatoire Il est commode de se placer d'abord sur le plan physiologique, le plus simple dcrire. L'mission de la parole y fait intervenir toute une srie d'organes, dont aucun, d'ailleurs, n'est exclusivement rserv la phonation, et qui sont videmment tous commands et coordonns par le cortex, plus spcialement par certaines zones situes dans la partie antrieure de l'hmisphre gauche : les poumons qui, sous la pression des muscles pectoraux, fournissent l'air ;

le larynx, dont l'lment principal, les cordes vocales, fournit, sous la pression de l'air expir et sous le contrle de sa musculature propre, des vibrations de frquence variable et d'intensit plus ou moins forte (la voix ou voisement) qui caractrisent voyelles et consonnes sonores ; les organes mobiles, principalement la langue, les lvres, le voile du palais, plus rarement la luette, qui peuvent, en s'interposant sur le passage de l'air expir, produire diverses rsonances ou diffrents bruits ; les rsonateurs, cavits dont certaines peuvent entrer en jeu (les fosses nasales, par l'abaissement du voile du palais ; l'espace interlabial, par la projection en avant et l'arrondissement des lvres) ou dont le volume est susceptible de varier (essentiellement l'espace buccal, grce la plasticit de la langue qui peut se rapprocher des dents suprieures, de la partie gaufre dite alvolaire situe derrire celles-ci, du palais dur ou, enfin, du voile du palais). Ces rsonateurs slectionnent ou renforcent certaines frquences caractristiques.

1.2. D e la syllabe au p h o n m e La syllabe est en relation troite avec la physiologie de la parole. Sur les tracs acoustiques, la parole apparat comme un tout remarquablement continu o les syllabes et les mots ne sont absolument pas spars. Si les sujets parlants ont nanmoins une conscience trs nette de la syllabe, c'est qu'elle correspond une ralit perceptive : l'existence de sons de transition entre les syllabes ; et surtout une ralit articulatoire dont les sujets parlants peuvent tre conscients : l'effort musculaire, qui, pour la production de chaque syllabe, va croissant, passe par un maximum d'ouverture vocalique, puis dcrot.

// Les sons du franais : phontique et phonologie

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La syllabe peut se dfinir comme le groupe de sons qui se prononcent en une seule mission de voix : elle comporte obligatoirement une et une seule voyelle et, facultativement (mais le plus souvent!), une ou plusieurs consonnes qui la prcdent ou la suivent. Il n'y a pas en franais de syllabes non-vocaliques, alors que dans d'autres langues le rle de noyau vocalique peut tre jou par une sonante, I ml, I ni, I 1 / ou / R /. Par ailleurs, le franais standard actuel ne connat pas de diphtongue. La situation est on ne peut plus simple : autant de voyelles prononces, autant de syllabes. Il est donc possible de dfinir (un peu approximativement comme on le verra) la voyelle comme le son lmentaire qui peut former une syllabe lui seul ; alors que la consonne (tymologiquement : qui sonne avec) ne peut tre prononce isolment sans l'appui d'une voyelle. Une dfinition plus satisfaisante serait fournie par la phontique acoustique : la voyelle est un son priodique complexe, alors que la consonne comporte des bruits (des sons de frquence irrgulire). Nous donnerons dsormais ces sons lmentaires, voyelles ou consonnes, leur nom scientifique de phonmes. Ceux-ci se dfinissent comme les units minimales distinctives sur le plan sonore. Leur identification est la tche premire de la phonologie, qui les isole en prenant en considration les paires minimales, c'est--dire les squences qui ne se distinguent que par la plus petite diffrence possible : / p / et / b / sont deux phonmes distincts dans la mesure o une pierre n'est pas une bire .Bibliographie. F. W i o l a n d , 1991 - F. Carton, 1974 -J.-L. Duchet, 1 9 8 1 .

2. LES P H O N M E S D U FRANAIS

2.1. Description des phonmes Les phonmes ne s'crivent pas proprement parler, mais ils se transcrivent, et il importe de connatre les principes de leur transcription. Etant donn qu'il n'y a que 26 lettres dans notre alphabet pour reprsenter 33 phonmes (ou mme 36, si l'on prend en considration 3 phonmes problmatiques ou en voie de disparition), il est clair qu'il faudra avoir recours des signes supplmentaires ; d'autre pan, certaines lettres de l'alphabet doivent tre cartes, car elles seraient quivoques. L'accord se fait de plus en plus pour adopter l'alphabet cr en 1888 par l'Association phontique internationale ( A . P . I . ) . La transcription phontique est toujours trace en caracrres d'imprimerie, sans lien entre les signes, sans sparation entre les mots, et elle est toujours encadre de crochets droits.

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Grammaire mthodique du franais

Voyelles[i] [e] [e] [y] [] [] [u] [o] [D] [a] [c] le nid [ni], la pie [pi] le nez [ne], le th [te] il nat [ne], la mer [meR] tout nu [ny], du jus [gy] un nud [n], un jeu [30] l'heure [R], l'uf [f] nous [nu], un bout [bu] un seau [so], deux mots [mo] la note [not], la mode [mod] il bat [ba], quatre pattes [pat] un brin (de muguet) [bre], un gain [g] [5] un bond [b5], un don [d] [] un banc [b], un ganr [g] Voyelles problmatiques (voir ci-dessous) [a] je (suis) [33], la mesure [mazyR] [a] le bt [ba], la pte [pat] [] numro un [], un gars brun [bR]

Consonnes[p] [b] [t] [d] [k] [g] [m] [n] [ji] [f] [v] [s] [z] [J] [3] [1] [r] un pot [po], trs peu [p] un vieux beau [bo], des bufs [b] trop tt [to], c'est tout [tu] le dos [do], tout doux [du] un cas [ka], les trois coups [ku] un gars [ga], du got [gu] la main [me], c'est mou [mu] un nain [n], la haine [en] un signe [sin], un pagne [pajl] un fou [fu], une folle [fol] c'est vous [vu], il vole [vol] un sot [so], la hausse [os] le zoo [zo] il ose [oz] un chou [fu] une huche [yj] la joue tu], cher ange [33] le loup [lu], trs lent [l] la raie [ne], un rang [R]

[j] un lien [lj], la houille [uj] [q] lui [lui], huit [qit] [w] oui [wi], la loi [lwa]

// Les sons du franais : phontique et phonologie

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2.1.1. Les voyelles AntrieuresORALES

Antrieures/labialisesy ce

Postrieures (labialises) u o0

fermes mi-fermes mi-ouvertes ouvertesNASALES

ie c

ac c

o 5

mi-ouvertes ouvertes

Sur une coupe de la cavit buccale ralise selon le plan de symtrie du corps, les points d'articulation des voyelles extrmes (les plus fermes et la plus ouverte), c'est--dire les lieux o le canal buccal est le plus troit au moment de l'mission de chacune d'elles se situent, pour le [i], en haut et en avant ; pour le [u], en haut et en arrire ; et pour le [a], en bas et en position mdiane. La figure forme en prenant comme sommets ces points constitue ce qu'il est convenu d'appeler le triangle vocalique du franais (il est d'ailleurs sensiblement le mme dans toutes les langues). La langue, pour les sons les plus ferms (ceux o elle est le plus prs de cette vote) peut se porter vers l'avant (pour [i] par exemple) ou vers l'arrire (pour [u]). Pour les sons les plus ouverts, comme [a], elle se tasse sur le plancher de la bouche et n'a plus la mme latitude de dplacement. C'est pourquoi la figure reliant les points d'articulation a la forme d'un triangle renvers ou plutt d'un trapze, dans la mesure o le franais actuel connat deux a: [a] antrieur et [a] postrieur. D'autre part, [u] est un peu plus en avant que [o], ce qui rend ce prtendu triangle encore plus irrgulier! O n observe qu'il existe en franais deux niveaux intermdiaires d'aperture, par exemple ceux de [e], ferm, et [c], ouvert, soit en tout quatre degrs en comprenant le niveau d'aperture minimale, celui de [i] et le niveau d'aperture maximale, celui de [a]. Chaque voyelle se dfinit : - par son degr d'aperture, - par son lieu d'articulation (en avant ou en arrire), - par l'adjonction ou non d'une rsonance labiale, c'est--dire produite par l'allongement de la cavit forme par les lvres (voyelle arrondie ou non) - par l'adjonction ou non d'une rsonance nasale (voyelle nasale ou orale).Remarque. Ces caractristiques ont leur correspondant sur le plan acoustique. La description acoustique des voyelles fait entrer e n ligne de compte deux formants d e base, dfinis par leur fr-

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Grammaire mthodique du franais

quence, le formant bas F l et le formant haut 2. Le schma obtenu e n plaant en ordonne les valeurs de F l et en abscisse celles de F2 forme le mme triangle acoustique que le schma des points d'articulation.

Srie [i] [e] [e] [a]Dans cette srie, antrieure et non arrondie, les commissures des lvres sont cartes, surtout pour les sons les plus ferms, par exemple [i]. Srie [y] [] [ce] Cette srie, la fois antrieure et arrondie (deux caractristiques rarement runies) est une des originalits du franais et donne quelques difficults aux trangers qui ne la possdent pas dans leur langue. Notons qu'elle est situe lgrement moins en avant que la prcdente. C'est ici qu'il convient de poser le problme du e . Le son quelquefois not [9] que l'on trouve dans ce travail [satRavaj] ou Livres closes [levRakloz] est gnralement dcrit, du point de vue articulatoire, comme un son central, miouvert mi-ferm, mi-antrieur mi-postrieur, et mme mi-labialis : la ralit, on le verra, est un peu diffrente. Il est quelquefois qualifi de e caduc, et il est vrai que parfois il tombe en effet et disparait ; ou encore de e muet, mais c'est quand il n'est pas muet qu'il peut tre caractris comme phonme, sinon il ne correspond plus aucune ralit observable - autant dire qu'il n'est plus rien du tout ; ou enfin de e atone, et cette appellation est exacte, car on ne le trouve en tout cas jamais en syllabe accentue, mais elle est purement ngative. En ralit, quand il est prononc, il n'est pas distinct de [], c'est--dire qu'il correspond un son intermdiaire entre [0] et [ce] : prcisment, en syllabe inaccentue inaccentuable ouverte, l'opposition entre ces deux derniers phonmes est neutralise (22) au profit de ce son moyen ; e est donc phontiquement intgr la srie. Toutefois, en ce qui concerne certains phnomnes (lision, 3.2.2 et versification, 3.4) il est intressant de lui faire un sort particulier, et c'est pourquoi nous l'avons conserv dans la notation.R e m a r q u e . Dans Prends-le (pronom complment postpos l'impratif positif), la graphie e correspond au phonme accentu [0). Bibliographie. F. W i o l a n d 1 9 9 1 , p. 82-86 - H. Bonnard, CLLF, la lettre E, p. 1433-41.

' Srie [u][o] [D][a] C'est, toujours par ordre d'aperture croissante, la srie postrieure arrondie. Toutefois, [u] n'est pas en arrire de [o] mais au mme niveau ou lgrement en avant. Srie [c)[][)[l] La srie des voyelles nasales se caractrise physiologiquemenr par l'abaissement du voile du palais (ou palais mou). Elles ont, par suite, deux composantes : d'une part une articulation orale correspondant approximativement

//-

Les sons du franais : phontique et phonologie

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celle des voyelles les plus ouvertes [c], [ce], [d], [a] ; d'autre part, une rsonance nasale identique pour toutes, due au passage de l'air par les fosses nasales. 2.1.2. Les consonnesOCCLUSIVES

sourdes sonores nasalesCONSTRICTTVES

labiales P b m labioden taiesf

dentales t d n alvolaires s z

palatales/vlaires k g Ji(rj) prpalatales/bilabialesJ a

sourdes sonores latrale vibrante semi-consonnes

v alvolaire 1

dorsovlaire R palatale/labialise M vlaire w

palatale j

Chaque consonne se dfinit : - par son mode d'articulation, soit occlusif (avec fermeture totale puis ouverture brusque du canal buccal produisant un bruit d'explosion), sit constrictif (avec un resserrement des organes produisant un bruit de friction) ; - par son lieu d'articulation (s'chelonnant de bilabial, le plus en avant, vlaire, le plus en arrire pour le franais) ; - par la prsence ou l'absence de vibrations des cordes vocales (consonnes sonores dans le premier cas, sourdes dans le second) ; - par l'adjonction ou non de rsonance des cavits nasale ([m], [n]) ou labiale ( [ / ] , [g], [q], [w]). Les occlusives Sries bilahiale [p] [b] [m] et dentale [t] [d] [n] De ces deux sries, la premire est caractrise par l'accolement des deux lvres, puis, lorsque la pression de l'air s'est accumule derrire ce barrage, par leur cartement brusque. La seconde est caractrise par un mcanisme analogue au cours duquel la pointe de la langue entre en contact avec la zone (dite alvolaire) situe immdiatement derrire les dents suprieures. Les deux sries opposent un phonme sourd fortement articul [p] [t] et un phonme sonore d'articulation moins nergique [b] [d].

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Grammaire mthodique du franais

En outre deux nasales, [m] [n], en principe sonores et donc identiques [b] [d] sur le plan de l'articulation buccale, associent ce processus occlusif, par l'abaissement du voile du palais, une rsonance nasale. Srie palato-vLaire [k] [g] [ji] Cette srie est analogue aux deux prcdentes. Mais elle connat quelques particularits remarquables. [k] et [g] sont particulirement sensibles leur environnement phontique: vlaires devant les voyelles postrieures, par exemple dans coup, got; palatales devant les voyelles antrieures, par exemple dans qui, Guy (dans ce cas on devrait en toute rigueur les transcrire respectivement [c] et [}]. [], la nasale palatale de mignon [miji5] tend de plus en plus dissocier ses lments constitutifs. Colette, dans Sido, se moque de ceux qui prononcent minion [minj] : ils sont de plus en plus nombreux. Enfin, on voit apparatre une nasale vlaire [rj] dans la terminaison de mots emprunts l'anglais, par exemple standing [stdirj].

Les constrictives Srie [fj [v] Dans cette srie labiodentale, la lvre infrieure se rapproche incompltement des dents suprieures, produisant un bruit de souffle, [f] est sourd, [v] est sonore. Srie [s] [z] Cette srie, dite sifflante, est caractrise par le rapprochement de la pointe de la langue et de la zone alvolaire situe derrire les dents suprieures, [s] est sourd, [z] est sonore. Srie [J`] [3] Cette srie, dite chuintante (terme expressif, voquant le cri de la chouette, ou encore le bruit d'un jet de vapeur, mais imprcis), est articule lgrement plus en arrire que la prcdente, mais s'en distingue par une nette rsonance bilabiale. De ces deux consonnes arrondies, [J] est la sourde, [3] la sonore. &fViV[j]{q][w] Cette srie est celle des semi-consonnes . En fait il s'agit bien de consonnes, mais qui correspondent trait pour trait aux trois voyelles les plus fermes lorsqu'un degr plus fort de resserrement transforme le son en bruit de frottement; elles restent bien entendu, en principe, sonores comme le sont toutes les voyelles. [j], correspondant [i], est comme lui antrieur (palatal). [q], correspondant [y], est comme lui antrieur (palatal), mais arrondi (bilabial). [w], enfin, correspondant [u], est la fois postrieur (vlaire) et arrondi.

// Les sons du franais : phontique et phonologie

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Remarque. IJ] CONSTITUE SOUVENT UN SON DE TRANSITION ENTRE LI] ET L SYLLABE SUIVANTE COMMENANT A PAR UNE VOYELLE (EX. riant (RIJ]).

Phonmes [1] [ R ]Le [1], c o n s o n n e latrale, e n principe sonore, est caractris par l'coulement plus o u m o i n s symtrique de l'air d e part et d'autre d u barrage mdian constitu par la langue. En franais moderne, il est apical : la pointe de la langue (apex en latin) se colle la zone alvolaire. Il en a exist u n e version dorsopalatale, dite 1 m o u i l l [`] qui existe dans certaines langues c o m m e l'italien et tait encore dfendue et maintenue au XIX s. par Littr. Mais la dissociation entre l'articulation latrale et l'articulation palatale est de rgle aujourd'hui : millionnaire se dit [miljoncR] o u m m e , dans le parler populaire [mijjncR].e

Enfin, le phonme/r/, consonne vibrante, unique sur le plan fonctionnel, connat des ralisations phontiques trs diffrentes selon la rgion: parfois [r] roul, avec deux cinq battements de la pointe de la langue contre la rgion alvolaire ; le plus souvent [R] avec battement du voile ou de la luette contre le dos de la langue ; parfois m m e [K], avec une vibration peu sensible de la luette seule : c'est le son que l'on entend dans le parler populaire parisien [paKizj]. Un m o t , pour finir, sur les tendances articulatoires d u franais (chaque langue a les siennes). Le franais privilgie les sons antrieurs (9 voyelles sur 16 ; 15 consonnes sur 20) - ce qui fait volontiers ressentir aux francophones certaines autres langues c o m m e gutturales. Il favorise - nous y reviendrons - une locution gale o les syllabes accentues se dtachent faiblement d u point de vue acoustique. Enfin et surtout l'articulation y est particulirement t e n d u e et nette : de l vient l'absence de diphtongue phontique e n franais et la prdominance d e la syllabation ouverte, c'est--dire que la syllabe se termine gnralement sur la voyelle plutt que sur une c o n s o n n e prononce.Bibliographie. M . GRAMMONT, 1 9 3 3 , Trait de phontique, DELAGRAVE - F. CARTON, 1 9 7 4 , P . 1 9 - 5 6

- H . BONNARD, CLLF, VOYELLES, P . 6 5 8 6 - 9 1 ; CONSONNES, P . 9 2 6 - 3 2 - F. WIOLAND, 1 9 9 1 , P . 1 5 - 2 9 .

2.2. Systme des p h o n m e sCe qui intresse au premier chef le linguiste, ce n'est pas la ralit matrielle des sons (susceptible d'infinies variantes, c o m m e o n le verra plus loin), mais ce qui e n eux assure le fonctionnement de la c o m m u n i c a t i o n , ce en quoi ils constituent u n systme. O n passe ici d u plan de la phontique celui de la phonologie. A chaque fois que l'on aura besoin de distinguer de la transcription phontique (toujours entre crochets droits) une notation purement phonologique, celle-ci apparatra entre barres obliques.

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Grammaire mthodique du franais

Le systme phonologique est constitu par l'ensemble des oppositions jouant un rle effectivement distinctif. Et chaque phonme est alors dfini par la somme de ses traits pertinents, c'est--dire des caractristiques permettant de le diffrencier des autres phonmes, abstraction faite des traits qui ne sont pas fonctionnels. Dcrire, pour chaque phonme, la totalit de ses traits pertinents serait inutilement long et fcheusement abstrait. Mieux vaut dgager par la procdure des paires minimales les oppositions fonctionnelles mises en oeuvre dans le systme phonologique ; en pratique, pour mettre en vidence l'conomie de celui-ci, on s'en tiendra surtout celles qui font problme par la faiblesse de leur rendement ou qui mme, dans certains cas, sont neutralises, c'est--dire cessent d'avoir valeur distinctive : on nommera alors archiphonme l'ensemble des traits pertinents communs ces deux phonmes.

2.2.1. Les voyelles le Voyelles moyennes [e] / [c], [] / [ce], [o] / []De CES TROIS PAIRES, LA PREMIRE EST CELLE DONT L'OPPOSITION EST LA PLUS NETTE ET RENDEMENT LE PLUS LEV: ON DISTINGUE T H [TE] DE

taie [te], fe

[FE] DE

fait

[FE], ETC. Et LA TRANSCRIPTION PHONOLOGIQUE SERA BIEN / T E / , / TE / , / F E / , / FC / .

Encore

FAUT-IL REMARQUER QUE CETTE OPPOSITION EST NEUTRALISE EN SYLLABE

DITE FERME OU ENTRAVE (C'EST--DIRE TERMINE PAR UNE CONSONNE) : PHONOLOGIQUEMENT ON A DONC AFFAIRE EN CE CAS L'ARCHIPHONME / E / DONT LA RALISATION PHONTIQUE EST TOUJOURS [ C ] . Il EN EST AINSI AUSSI BIEN LA fin ME DANS D'UN MOT, C O M MOT

jardinire

[3aRdinjcR]

OU

mer

[ M C R ] , QU' L'INTRIEUR D ' U N

LORSQUE LA CONSONNE QUI SUIT EXEMPLE. (La

/E/

TERMINE LA SYLLABE : DANS

merci

[ M C R S I ] PAR

TRANSCRIPTION PHONOLOGIQUE SERA / 3 A R D I N I E R / , / M E R / , / M E R S I / ) .

Mais

IL FAUT RECONNATRE QUE DANS LES SYLLABES INACCENTUES, C'EST--DIRE AUTRES

QUE LES FINALES, L'OPPOSITION DE TIMBRE EST TOUJOURS ATTNUE. TION DE L'ORTHOGRAPHE QU'ENTENDONS-NOUS DANS

Faisant ? La

ABSTRACQUESTION des,

mler

[MLE] OU [ M D E ] ? DANS [LE] OU [LE] ?

veill

[EVEJE] OU [EVCJE] ? DANS

tlescope [TELESKOP]

OU [TELESKOP]

TOUCHE LE PLURIEL D ' U N GRAND NOMBRE DE DTERMINANTS : les, [DE] OU [DE] ?

mes,

[ M E ] OU [ M E ] ?

j'ai

Enfin,[GE] ET

M M E EN FINALE ABSOLUE, L'OPPOSITION TEND S'ESTOMPER DANS CER-

TAINS PARLERS (

Paris NOTAMMENT) ET ON CESSE D'OPPOSER gai [GE], ET guet [GE], (que) j'aie [ 3 c ] , (je) viendrai [VJDRE] ET (je) viendrais [VJDRE] :

LA NEUTRALISATION PROFITE ALORS [ E ] , AUX DPENS DE [ E ] .

TE. de

Le CAS DES DEUX AUTRES PAIRES SE PRSENTE D ' U N E faon LGREMENT DIFFRENCette FOIS, C'EST AU CONTRAIRE EN SYLLABE OUVERTE QUE L'OPPOSITION EST NEUTRAET [0] NE SONT JAMAIS EN FINALE ABSOLUE DE M O T OU NE FORMENT JAMAIS SYLLABE EUX SEULS, C'EST POURQUOI ILS CONTREVIENNENT LA DFINITION DE LA

LISE : [ce]

VOYELLE MENTIONNE PLUS HAUT.

// - Les sons du franais : phontique et phonologie

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C e p e n d a n t c e s o n t bien d e u x units p h o n o l o g i q u e m e n t distinctes d a n s la mesure o l'on peut opposer

lent

[vcel],

rauque

[Rok] e t

jene fn] roc [ R o k ] , o u

et

encore

jeune h c e n ] o u veule [ v l ] e t veusaute [ s o t ] e t sotte [ s o t ] . L ' a n a -

lyse pourrait tre p o u s s e p l u s l o i n e t prciser d e v a n t quelles c o n s o n n e s prcis m e n t l'opposition est neutralise.

Deux

o p p o s i t i o n s m e n a c e s : [ a ] / [ a ] e t [c]

/ [ ]

C e s o p p o s i t i o n s s o n t p e r t i n e n t e s d a n s le parler d e b e a u c o u p d e f r a n c o p h o n e s , m a i s elles n e s o n t pas observes partout e t par tous. Les Parisiens, par e x e m p l e , f o n t d e m o i n s e n m o i n s l a d i f f r e n c e e n t r e accomplir une tche [ t a j ] et ou

nettoyer une tache un[ ] et

[ta/], entre

c'est un mle

[ m a l ] et

r a l i s e n t u n [a] m o y e n . Ils n ' o p p o s e n t p a s n o n p l u s

c'est un mal [ m a l ] : i l s brun [bRc] e t brin [ b R c ] ,

hein

[c] : l a n e u t r a l i s a t i o n s ' o p r e a u p r o f i t d e [] p a r a f f a i b l i s s e -

m e n t d e l a l a b i a l i s a t i o n (Int : 1.2.4). Le faible r e n d e m e n t d e ces o p p o s i t i o n s e x p l i q u e l a r g e m e n t cette v o l u t i o n ( l e s [ a ] , p a r e x e m p l e , t a i e n t i n f i n i m e n t p l u s rares q u e les [ a ] , e t c e l a e x p l i q u e q u e les p r e m i e r s disparaissent a u profit d e s s e c o n d s ) . L ep r o b l m e d u [a] L a ralit p h o n o l o g i q u e d e [ a ] , o u si l ' o n v e u t s a f o n c t i o n d i s t i n c t i v e , p e u t t r e f o r t e m e n t m i s e e n q u e s t i o n . T o u t d ' a b o r d , il n ' a p p a r a t j a m a i s e n s y l l a b e a c c e n t u e . D ' a u t r e part, o n n e p e u t g u r e l'opposer p h o n t i q u e m e n t ses p r o ches voisins [] e t [ ] q u i p r c i s m e n t s o n t neutraliss e n syllabe i n a c c e n t u e a u profit d ' u n s o n m o y e n [ ] . E t surtout o n c o n s t a t e q u e d a n s les m o t s m m e s o il arrive q u ' i l s e t r o u v e , s a d i s p a r i t i o n f r q u e n t e n ' a a u c u n e c o n s q u e n c e s u r la c o m m u n i c a t i o n : [ l a f o n e t R ] o u [ l a f n e t R ] , c ' e s t t o u j o u r s la fentre; une bonne grammaire p e u t aussi b i e n t r e [ y n b o n g R a m ( m ) c R ] Simple qu'[ynabonagRam(m)cR].

lubrifiant phontique

[ M a r t i n e t ] , il s e m b l e n ' a v o i r p o u r r a i s o n d ' t r e q u e

d ' v i t e r , a u t a n t q u e faire s e p e u t , l a s u c c e s s i o n d e c e r t a i n e s c o n s o n n e s . Il reste p r s e n t l o c e r i s q u e e x i s t e . Il d i s p a r a t d a n s l e c a s c o n t r a i r e . O n d i r a d o n c [ktny] [kalmam]

contenu, m a i s calmement.

[ktRabas]

contrebasse, [ t R k i l m ] tranquillement,

mais

O n v o q u e parfois c e p r o p o s la loi d e s t r o i s c o n s o n -

n e s , c e q u i s i g n i f i e r a i t q u e l e [a] a p o u r r l e d ' v i t e r q u ' i l s e f o r m e u n g r o u p e d e p l u s d e d e u x c o n s o n n e s . A i n s i , c o m m e n t p r o n o n c e r u n e s q u e n c e c o m m e Je

ne te le redemanderai pas?

P a r e x e m p l e [ ^ a n t a l R a d m d R e p a ] : e n g a r d a n t u n [a]

s u r d e u x ; o n s e t r o u v e a l o r s satisfaire e x a c t e m e n t c e t t e l o i , d o n t o n p o u r r a i t v o i r u n e c o n f i r m a t i o n d a n s l ' a p p a r i t i o n d ' u n [a] t o u t fait p o s t i c h e d e s t i n faciliter l ' a r t i c u l a t i o n d ' u n e e x p r e s s i o n c o m m e [