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INFOS PRATIQUES Y ALLER En transports publics Depuis Martigny, train jusqu’à Orsières, puis bus jusqu’au parking de l’ancienne station du Super-Saint-Bernard. Renseignement sur les horaires auprès de la compagnie TMR au 027 721 68 40. En voiture Parking gratuit à l’ancienne station du Super-Saint-Bernard. LE PARCOURS Montée: 5 km pour 500 m de dénivelé positif. Descente: idem. Sans difficulté, l’itinéraire est balisé par des piquets. Compter de 2 h à 2 h 30 pour monter et environ 30 minutes pour descendre. SE RESTAURER Un menu unique (et très bon) est servi midi et soir. Réservations possibles du lundi au samedi, de 10 h à 11 h 30 et de 16 h à 17 h, au 027 787 12 36. SE RENSEIGNER Pour en savoir plus sur l’hospice: www.gsbernard.net. Avant de partir, renseignez-vous sur les conditions nivologiques auprès des chanoines. À EMPORTER Équipement habituel de ski de randonnée ainsi que pelle, sonde et détecteur de victimes d’avalanches. Habits chauds pour la descente. Si vous montez de nuit, n’oubliez pas votre frontale... et les piles qui vont avec! NOTRE GUIDE François Perraudin, rue de Prarreyer 53, 1947 Versegères, tél. 079 680 02 33. VALAIS Marcher vers le Saint-Bernard à skis R andonner à skis de nuit est toujours une expérience particulière. Au- jourd’hui, ce n’est pas un sommet que nous avons en ligne de mire, mais l’hospice du Grand-Saint-Bernard, situé au pied du col éponyme séparant la Suisse et l’Italie, à 2473 mètres d’altitude. «Fondé en 1050 par Bernard de Menthon, archidiacre d’Aoste, il a toujours eu la vocation d’ac- cueillir et de protéger les voyageurs transi- tant par les Alpes, explique notre accompa- gnant du jour, le guide valaisan François Perraudin. L’hospice est ouvert à tous, à l’année, indépendamment de leur origine et de leur confession.» Tétras-lyres au crépuscule En ce lundi soir, le parking de la station du Super-Saint-Bernard est désert. Mettant les peaux de phoque sous nos skis, nous admirons le Vélan, qui nous domine du haut de ses 3727 mètres et dont la cime est en train de s’embraser d’une lumière rosée irréelle. Nous nous mettons en route tran- quillement et en silence, pour mieux nous imprégner de la beauté des montagnes. «Un tétras-lyre!» s’exclame François Perraudin, désignant une petite silhouette noire qui se détache sur le blanc de la neige. Discret, l’oiseau ne se laisse pas facilement aperce- voir. Nous avons de la chance. Notre balade en direction de l’hospice commence... sous les meilleurs auspices! Balisée par des piquets mis en place par les chanoines, la montée est douce et d’autant plus agréable qu’elle a été damée par le pas- sage de nombreux skieurs et de randon- neurs à raquettes ces derniers jours. Gra- duellement, passant par toutes les teintes du bleu, le ciel s’assombrit. Les unes après les autres, les étoiles s’allument au-dessus de nos têtes. Le glissement des skis sur la neige et le rythme régulier de notre pro- gression invitent à la contemplation et à l’introspection. À moins que ce ne soit la présence toute proche de l’hospice qui se fasse déjà sentir? Accueillis à bras ouverts Justement, on devine ses lumières, au loin, comme un phare dans la nuit. Après avoir skié pendant près de deux heures dans un paysage vierge de traces humaines – hormis quelques pylônes et les bouches d’aération du tunnel du Grand-Saint-Bernard, qui dé- passent ici et là de la neige –, c’est une vi- sion presque étrange. Nous continuons notre progression. Une dernière pente à gra- vir et nous y sommes. Avec ses fenêtres illu- minées, le bâtiment apparaît particulière- ment accueillant. Nous pressons le pas. Le repas est servi pour tous les convives à 18 h 30, et nous avons pris du retard. Il en faudrait heureusement plus pour contrarier Anne-Marie Maillard, l’oblate, qui nous reçoit à bras ouverts. «Lors des Fêtes, le mauvais temps nous a bloqués ici deux semaines, nous raconte-t-elle, alors que l’aide de cuisine pose sur la table une marmite remplie d’une délicieuse soupe de courge. C’est un plaisir de pouvoir accueil- lir à nouveau des visiteurs. Pour nous qui sommes membres de la congrégation du Saint-Bernard, c’est une tradition très im- portante.» Nous continuons à parler, échangeant des nouvelles de la vie d’en haut et de celle d’en bas. Le souper terminé, Anne-Marie nous fait encore visiter le tré- sor, où sont exposés les plus beaux objets qui font partie de l’histoire de l’hospice, puis l’incroyable église, dont les fondations datent du XIII e siècle, et enfin la crypte, où l’on vient pour prier ou méditer. On reste- rait bien, mais nous avons prévu de redes- cendre ce soir. Nous nous lançons dans la pente sans même allumer nos lampes fron- tales, tandis que tout autour de nous, la pleine lune projette sur les montagnes en- vironnantes une lueur enchanteresse. Alexander Zelenka n Lieu d’accueil et d’hospitalité millénaire, l’hospice du Grand-Saint- Bernard est une destination magique l’hiver venu. Quand en plus on monte à peaux de phoque, avec la pleine lune, l’enchantement est garanti. © PHOTOS FRANÇOIS PERRAUDIN Bourg Saint-Pierre Bourg Saint-Bernard Hospice du Grand Saint-Bernard Col du Grand Saint-Bernard Mont Telliers Pointe de Drône ITALIE ITALIE Monter à l’hospice du Grand-Saint- Bernard en hiver est un véritable voyage en soi. Pour prolon- ger le plaisir et s’imprégner de la magie de ce lieu de passage historique à travers les Alpes, il est possible de prendre un repas à l’hospice, voire d’y passer la nuit. 1. Arriver à l’hospice après avoir randonné durant deux heures à skis est une belle récompense. 2. Le Mont-Mort, qui culmine à 2866 mètres d’altitude, est un objectif prisé des skieurs confirmés. 3. L’hospice du Grand-Saint-Bernard est un phare qui brille dans la nuit. Balade 28 JANVIER 2016 13 1 2 3 GRAND-SAINT-BERNARD

GRAND-SAINT-BERNARD · rue de Prarreyer 53, 1947 Versegères, tél. 079 680 02 33. VALAIS Marcher vers le Saint-Bernard à skis R andonner à skis de nuit est toujours une expérience

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  • INFOS PRATIQUES

    Y ALLER En transports publics Depuis Martigny, train jusqu’à Orsières, puis bus jusqu’au parking de l’ancienne station du Super-Saint-Bernard. Renseignement sur les horaires auprès de la compagnie TMR au 027 721 68 40. En voiture Parking gratuit à l’ancienne station du Super-Saint-Bernard.

    LE PARCOURS Montée: 5 km pour 500 m de dénivelé positif. Descente: idem. Sans difficulté, l’itinéraire est balisé par des piquets. Compter de 2 h à 2 h 30 pour monter et environ 30 minutes pour descendre.

    SE RESTAURER Un menu unique (et très bon) est servi midi et soir. Réservations possibles du lundi au samedi, de 10 h à 11 h 30 et de 16 h à 17 h, au 027 787 12 36.

    SE RENSEIGNER Pour en savoir plus sur l’hospice: www.gsbernard.net. Avant de partir, renseignez-vous sur les conditions nivologiques auprès des chanoines.

    À EMPORTER Équipement habituel de ski de randonnée ainsi que pelle, sonde et détecteur de victimes d’avalanches. Habits chauds pour la descente. Si vous montez de nuit, n’oubliez pas votre frontale... et les piles qui vont avec!

    NOTRE GUIDE François Perraudin, rue de Prarreyer 53, 1947 Versegères, tél. 079 680 02 33.

    VALAIS

    Marcher vers le Saint-Bernard à skis

    Randonner à skis de nuit est toujours une expérience particulière. Au-jourd’hui, ce n’est pas un sommet que nous avons en ligne de mire, mais l’hospice du Grand-Saint-Bernard, situé au pied du col éponyme séparant la Suisse et l’Italie, à 2473 mètres d’altitude. «Fondé en 1050 par Bernard de Menthon, archidiacre d’Aoste, il a toujours eu la vocation d’ac-cueillir et de protéger les voyageurs transi-tant par les Alpes, explique notre accompa-gnant du jour, le guide valaisan François Perraudin. L’hospice est ouvert à tous, à l’année, indépendamment de leur origine et de leur confession.»

    Tétras-lyres au crépuscule En ce lundi soir, le parking de la station du Super-Saint-Bernard est désert. Mettant les peaux de phoque sous nos skis, nous admirons le Vélan, qui nous domine du haut de ses 3727 mètres et dont la cime est en train de s’embraser d’une lumière rosée irréelle. Nous nous mettons en route tran-quillement et en silence, pour mieux nous imprégner de la beauté des montagnes. «Un tétras-lyre!» s’exclame François Perraudin, désignant une petite silhouette noire qui se détache sur le blanc de la neige. Discret, l’oiseau ne se laisse pas facilement aperce-

    voir. Nous avons de la chance. Notre balade en direction de l’hospice commence... sous les meilleurs auspices! Balisée par des piquets mis en place par les chanoines, la montée est douce et d’autant plus agréable qu’elle a été damée par le pas-sage de nombreux skieurs et de randon-neurs à raquettes ces derniers jours. Gra-duellement, passant par toutes les teintes du bleu, le ciel s’assombrit. Les unes après les autres, les étoiles s’allument au-dessus de nos têtes. Le glissement des skis sur la neige et le rythme régulier de notre pro-gression invitent à la contemplation et à l’introspection. À moins que ce ne soit la présence toute proche de l’hospice qui se fasse déjà sentir?

    Accueillis à bras ouverts Justement, on devine ses lumières, au loin, comme un phare dans la nuit. Après avoir skié pendant près de deux heures dans un paysage vierge de traces humaines – hormis quelques pylônes et les bouches d’aération du tunnel du Grand-Saint-Bernard, qui dé-passent ici et là de la neige –, c’est une vi-sion presque étrange. Nous continuons notre progression. Une dernière pente à gra-vir et nous y sommes. Avec ses fenêtres illu-minées, le bâtiment apparaît particulière-

    ment accueillant. Nous pressons le pas. Le repas est servi pour tous les convives à 18 h 30, et nous avons pris du retard.Il en faudrait heureusement plus pour contrarier Anne-Marie Maillard, l’oblate, qui nous reçoit à bras ouverts. «Lors des Fêtes, le mauvais temps nous a bloqués ici deux semaines, nous raconte-t-elle, alors que l’aide de cuisine pose sur la table une marmite remplie d’une délicieuse soupe de courge. C’est un plaisir de pouvoir accueil-lir à nouveau des visiteurs. Pour nous qui sommes membres de la congrégation du Saint-Bernard, c’est une tradition très im-portante.» Nous continuons à parler, échangeant des nouvelles de la vie d’en haut et de celle d’en bas. Le souper terminé, Anne-Marie nous fait encore visiter le tré-sor, où sont exposés les plus beaux objets qui font partie de l’histoire de l’hospice, puis l’incroyable église, dont les fondations datent du XIIIe siècle, et enfin la crypte, où l’on vient pour prier ou méditer. On reste-rait bien, mais nous avons prévu de redes-cendre ce soir. Nous nous lançons dans la pente sans même allumer nos lampes fron-tales, tandis que tout autour de nous, la pleine lune projette sur les montagnes en-vironnantes une lueur enchanteresse.

    Alexander Zelenka n

    Lieu d’accueil et d’hospitalité millénaire, l’hospice du Grand-Saint- Bernard est une destination magique l’hiver venu. Quand en plus on monte à peaux de phoque, avec la pleine lune, l’enchantement est garanti.

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    Monter à l’hospice du Grand-Saint-Bernard en hiver est un véritable voyage en soi. Pour prolon-ger le plaisir et s’imprégner de la magie de ce lieu de passage historique à travers les Alpes, il est possible de prendre un repas à l’hospice, voire d’y passer la nuit.

    1. Arriver à l’hospice après avoir randonné durant deux heures à skis est une belle récompense. 2. Le Mont-Mort, qui culmine à 2866 mètres d’altitude, est un objectif prisé des skieurs confirmés. 3. L’hospice du Grand-Saint-Bernard est un phare qui brille dans la nuit.

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