Griffon Sala 1

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  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

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    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

    Regnabit. Revue universelle du

    Sacr-Coeur

    http://gallica.bnf.fr/http://www.bnf.fr/
  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    2/66

    Regnabit. Revue universelle du Sacr-Coeur. 04/1928.

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    7 ANIMEE

    -

    N-

    11

    VR L

    taaa

    LE

    GRAND

    DUEL

    D AMOUR

    ...

    Entre

    les

    deux

    plans

    :

    de

    l Absolu,

    qu il

    occupe

    total,

    de l fluence, o

    nous rampons,

    misres couronnes de la

    pen-

    se, l Infini

    d Energie, Dieu

    veut

    que

    s institue... le

    grand dtael

    d amour.

    Et,

    pour

    ce

    grand

    duel

    o Lui-mme qui

    n est,

    bien

    que

    triple

    Agissant,

    qu un Agisseur

    unique, il

    s aligne Aymeur fort

    de

    son

    indivisible

    Infinitude,

    il

    veut,

    lui, Dieu,

    se

    crer

    et

    camper,

    devant

    sa

    face,

    au

    plan

    de

    la

    fluence,

    un

    colluctant

    qui

    ne

    soit

    pas

    indigne.

    Aymeur

    -

    fluat

    et

    Dieu, l Infini d Energie,

    cet

    unique

    duel

    prodigieux

    les

    montre

    s entr aimant,

    encore que

    lutteurs

    tant

    ingaux,

    stricte

    galit d amour.

    Cet unique

    duel, aussi

    grand

    que

    le

    monde

    et

    aussi

    grand

    que

    Dieu

    :

    la

    Christiade, messieurs,

    oui,

    la Chris-

    tiade

    i).

    Bien vous disiez

    cela,

    Frre

    Avit,

    au

    milieu des

    ton-

    nerres.

    Et

    votre

    voix

    ardente

    en mon coeur

    a

    flu

    comme

    lave

    qui

    coule.

    i)

    La

    Christiade,

    par

    Dodat

    de Basly,

    3

    vol.

    Chez Vrin,

    6,

    Place

    de la

    Sorbonne,

    Paris.

    T. II,

    p. 174.

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    258

    Doctrine

    Frre Avit

    Un duel

    de

    rciproque

    amour,

    duel

    im-

    mense

    et

    merveilleux de l Infini d Energie

    volontaire

    et

    d un

    fluat de choix, s agite

    au

    fond

    de l intrigue

    aperue

    de

    la

    pice

    du monde,

    et

    jusqu au

    coeur

    des

    jeux de

    ce

    qui n est

    qu atomes

    d lectricit

    (1)

    .

    Et

    l pique rcit

    de

    ce

    duel

    immense,

    soyez

    bni,

    mon

    frre,

    de

    nous

    l avoir cont.

    Frre

    Avit.

    La

    Christiade,

    pope

    idyllique

    et tra-

    gique

    la

    fois, dont

    le sublime jeu

    remplit, depuis

    que

    Dieu

    le

    commena,

    tout

    le chteau du

    monde. Du

    monde

    autant

    caste

    heureux

    de

    l Aymeur qui jouit, qu hroque

    donjon

    de

    l Aymeur. qui

    se

    bat

    (2).

    Et

    si bien,

    frre

    Avit,

    vous

    nous

    l avez

    place devant

    nos yeux

    ouverts

    la

    grande

    question

    :

    quel tre,

    quel

    rel

    tre,

    exactement, est

    Jsus-Christ

    ?

    (3 ). Si

    nettement

    vous nous

    l avez plac, devant

    nos yeux

    ouverts,

    Celui

    qui doit

    Dieu

    rendre

    amour pour amour.

    Frm Avit

    :

    C est

    par

    l ide

    de l Infini spirituel

    jug

    non pas

    seulement rel, mais le Rel unique

    ayant par

    soi

    sa

    raison

    d tre,

    jug

    la vie eflectrice des vies, de

    tous

    les

    non-

    nant,

    que

    notre

    ordre

    chrtien

    rgle

    le monde, le mne

    et.

    l quilibre (4)

    .

    Mais,

    qui

    demandaient

    quel

    est

    cet

    aymeur

    colluc-

    tant

    que

    l Eternel

    se

    cre

    pour

    le duel d amour

    (5),

    pourquoi

    souffrez, ami,

    que

    je

    vous

    le demande

    pourquoi

    tant

    avoir

    dit

    tel

    point

    que vous

    leur

    avez

    dit?

    Frre

    Avit

    :

    Combats d ides,

    luttes d abmes

    (6).

    Combats d ides

    ?

    Nombreux

    sont

    les champs

    clos

    tout

    prts

    pour

    les tournois.

    Mais le

    voici,

    l abme

    o

    le

    combat

    se

    porte.

    *

    *

    L Aymeur qui aime Dieu, il faut qu il soit quelqu un

    ?

    (1) La

    Christiade. T.

    II,

    p.

    1S5.

    (2)

    La

    Christiade.

    T.

    I,

    p.

    65.

    (3)

    La

    Christiade.

    T.

    I,

    p.

    66,

    114,

    117,

    210

    213

    ;

    T.

    II,

    p.

    52,

    68,

    etc.

    (4)

    La

    Christiade.

    T.

    I,

    argument,

    XV.

    {5)

    La

    Christiade. T. II,

    p.

    182.

    (6)

    La

    Christiade. T. I,

    p.

    181.

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    Le

    grand

    duel

    d amour

    259

    Frre

    Avit.

    Il

    faut

    tre quelqu un

    pour

    tre

    un

    aymeur

    vrai.

    1)

    Mais

    cet

    Aymeur, qui

    est

    quelqu un, cela

    qui

    fait

    qu il

    est

    quelqu un

    est-ce

    directement

    cet

    humain

    qu il

    possde,

    est-ce

    directement

    le

    Verbe

    en

    qui subsiste

    cet

    humain

    ?

    Le

    quelqu un qu est

    Jsus

    est-il extrieur

    l Absolu

    ;

    est-il

    cet

    Absolu

    lui-mme

    ?

    Frre Avit.

    Dieu s aime. Et Dieu,

    s aimant-,

    veut,

    d amour

    ordonn,

    tous

    les

    aymeurs

    extrinsques

    Lui. Par

    un

    autre

    l aimant

    d insurpassable

    amour

    par un

    autre,

    enten-

    dez,

    qui

    soit

    quelqu un d extrieur

    l absolu

    Dieu

    Trinit

    se

    veut externement

    aim 2)

    .

    Vous

    dites,

    Frre

    Avit,

    que

    l Aymeur

    est

    quelqu un

    d extrinsque

    Dieu?

    Frre Avit.

    Dieu,

    libre, prtend

    tre

    aim

    par un

    Autt\e,

    un

    Autre qui

    l aime, Lui l Infini,

    d un

    amour

    qui

    attei-

    gne au

    summum

    de

    l Amour.

    Amour,

    je

    dis,

    de

    quelqu un

    que

    Dieu

    pose

    extrinsque

    lui-mme

    3

    ).

    Vous

    dites,

    Frre Avit, qu en

    ce

    tout

    l

    qu est

    Jsus-

    Christ,

    vous

    dites

    qu il

    y a

    deux

    quelqu un,

    encore

    qu il

    n y ait

    qu une

    personne

    ?

    Frre Avit.

    Tout

    concret

    individuel

    est

    quelque

    chose. Il

    n est

    que

    quelque

    chose,

    s il

    n est

    pas un

    esprit.

    Ce

    quelque chose

    est

    quelqu un

    s il

    est

    un

    esprit, si

    un

    esprit

    entre

    en sa

    composition, tel

    un

    homme. Et

    ce

    quelque

    chose

    qui

    est

    un

    quelqu un,

    est,

    de

    plus

    ou

    n est

    pas

    une

    Personne.

    Mais

    ce

    fait, pour un quelqu un

    d tre

    ou

    de n tre pas

    une

    Personne,

    est

    d ordre

    substantiel,

    ou

    ne

    relve

    pas

    du

    sp.bstantialiter.

    Il

    est

    d ordre

    substantiel

    si l on

    refuse l me

    humaine

    spare

    du

    corps

    le

    titre de Personne,

    parce

    qu elle

    se

    trouve*

    tre

    alors

    substance

    incomplte,

    encore

    qu elle soit

    substance

    spi-

    rituelle. Il

    ne

    relve

    pas

    de l ordre

    substantiel,

    ce

    fait,

    si c est

    pour

    une cause

    trangre

    sa

    substance

    que

    le

    quelqu un

    se

    trouve

    n tre

    pas une

    personne.

    C est

    pour

    cette

    cause

    quel

    VAssumptus

    Homo{

    qui

    est

    quelqu un

    diffrent

    du

    quelqu un,

    qu est

    le

    Verbe,

    n est

    pas une

    Personne

    autre

    que

    cette

    Per->

    sonne

    complexe,

    concrte,

    que

    sont,

    unis,

    le

    Verbe,

    personne

    divine,

    et

    l Homo

    assumptus.

    1)

    La Christiade. T, I,

    p. 210.

    2)

    La Christiade. T. II,

    p.

    234.

    3)

    La Christiade. T. I,

    p.

    209.

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

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    26o

    Doctrine

    '.

    A

    noter

    que, en

    dpit

    du

    mot

    Personne,

    appliqu

    au

    Verbe,

    le Verbe

    n'est

    pas

    Agisseur

    autonome

    et

    indpendant

    au

    plan

    de

    l'Infini,

    et

    que,

    VAssumptus

    Homo,

    bien qu'il

    ne

    s'appelle

    pas une

    Personne,

    mais

    parcequ'il

    est

    quelqu'un,

    est

    Agisseur

    autonome.

    Dans la

    Personne

    unique,

    concrte

    et

    complexe

    qu'ils

    constituent physiquement unis,

    VAssumptus Homo

    et

    le

    Verbe,

    sont autre et

    autre

    substance,

    c'est--dire

    autre

    et autre

    quel-

    que chose

    ;

    ils

    sont autre et autre

    quelqu'un

    ;

    ils

    ne

    sont

    pas

    autre

    et

    autre

    Personne

    (i).

    Et

    donc

    vous affirmez, mon frre Avit, que

    la

    chair

    et

    l'me

    de

    ce

    Jsus

    que nous

    aimons,

    sa

    vraie chair

    et

    son

    me

    lui,

    sont

    directement la

    chair

    et

    l'me

    d'un quelqu'un

    humain,

    et

    donc de quelqu'un

    autre

    que

    le

    Verbe>

    et

    donc qu'ils

    ne

    sont

    pas

    directement

    la chair

    et

    l'me

    du

    Verbe-Dieu

    ?

    Frre Avit.

    La chair

    et

    l'me

    qui, joints vitale-

    ment,

    ne

    peuvent

    ne pas

    composer

    un

    homme,

    sont

    la chair

    et

    l'me

    de

    cet

    homme,

    et

    ne

    sont

    pas

    directement le

    corps

    du

    Verbe,

    l'me

    du

    Verbe,

    encore que

    le

    Verbe,

    soit,

    titre extrin-

    sque, le

    sujet

    possesseur de

    l'homme qu'ils

    composent

    (2

    ).

    Mon

    frre Avit, le

    bien

    nomm

    Avitus

    :

    celui-l

    qui

    tient de

    son

    aeul. Mais quel

    est

    votre

    aeul dans

    l'ordre

    du

    pen-

    ser

    thologique

    ?

    Vous tes

    Avitus.

    Je

    suis

    Avitissime.

    Vous

    allez

    Duns Scot. Je

    remonte

    plus haut.

    Est

    une

    vraie

    personne,

    me

    dit

    mon

    saint Thomas,

    tout

    quelqu'un qui

    est

    intelligent.

    Car la

    personne

    est exactement

    cela

    :

    l'individu

    intelligent

    :

    la

    substance

    individuelle d'une

    nature

    rationnelle.

    S'il

    y

    avait

    en Jsus

    un quelqu'un hu-

    main, qui soit

    autre

    que

    le

    quelqu'un

    du Verbe,

    ce

    quelqu'un

    humain

    serait

    lui

    aussi

    de

    nature

    intelligente puisqu'il

    est

    de

    nature

    humaine.

    Voil donc

    en

    Jsus

    deux

    quelqu'un de

    na->

    ture

    intelligente,

    voil

    deux moi

    intelligents,

    ce

    qui

    est

    dire,

    trs

    exactement,

    voil deux

    personnes.

    Ce

    que

    la foi

    nous

    inter-

    dit de

    penser.

    D'ailleurs, la

    ralit

    du

    quelqu'un,

    c'est

    ce

    qui

    rpond

    au

    moi de celui

    qui dit moi.

    C'efct le

    sujet qui

    sont

    attribues

    toutes

    les

    oprations qui

    de

    tel

    sujet

    sont

    affirmes.

    Le quel-,

    qu'un

    qui

    est

    cet

    homme

    ,

    c'est ce

    quoi

    j'attribue

    tout

    ce

    que

    je dis qui lui revient.

    Si dans

    le

    Christ il

    y a

    un

    quel-

    qu'un humain

    qui soit

    autre

    que

    le

    quelqu'un divin,

    c'est

    ce

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    7/66

    Le

    grand

    duel d amour 261

    quelqu un humain qu il faut

    attribuer

    ce

    qui

    convient

    au

    Christ

    raison

    de

    son

    humanit. C est

    ce

    quelqu un

    humain,

    et

    ce

    n est

    pas

    le

    quelqu un du

    Verbe,

    qui

    est

    n

    de

    Marie.

    C est

    ce

    quelqu un humain,

    et

    ce

    n est

    pas

    le quelqu un du

    Verbe,

    qui

    est mort

    pour

    moi.

    C est

    ce

    quelqu un humain,

    et

    ce

    n est

    pas

    le quelqu un du

    Verbe,

    dont

    je

    mange

    la

    chair.

    Pareille

    division, je

    n en

    veux pas

    1).

    Frre Avit.

    Agisseur

    autonome,

    active

    Autonomie,

    comment,

    tranche

    qu il

    est

    de force

    intellective

    et

    volontaire,

    esprit

    se

    pensant

    :

    Je,

    homme

    se

    disant

    :

    Moi,

    comment

    aurait-

    il

    pu,

    homme,

    ne l tre

    pas

    ?

    2)

    .

    -

    Ce

    n est

    pas

    toute

    substance individuelle

    qui

    est

    quel-

    qu un.

    Ma

    main, qui

    est

    individuelle, n est

    pas

    elle-mme

    un

    individu. L individu, le

    quelqu un, c est la

    substance

    indivi-

    duelle

    acheve

    et

    complte, subsistant

    en

    soi

    3).

    La

    nature

    humaine, dans l Incarnation,

    est

    une

    nature

    individue dans

    la

    personne

    mme du Fils de

    Dieu,

    non

    dans

    un

    individu humain.

    Il

    n y

    a

    point

    l d autre

    individu

    que

    l individu

    divin qui ejst

    le Verbe

    mme

    ou

    le Fils de

    Dieu

    en

    personne

    4). Il

    n y

    a

    point

    l d autre

    agisseur que le Verbe de

    Dieu.

    Il

    n y

    a

    en,

    Jsus qu un agisseur unique,

    et

    c est

    le

    Verbe agissant

    par

    sa

    double

    nature.

    Celui-l qui

    rabota des

    planches dans l atelier

    \

    de Joseph, c est le

    mme

    quelqu un, c est

    exactement

    le mme

    moi, qui

    commanda Lazare de

    sortir du

    tombeau.

    Homme

    se

    disant

    :

    Moi?

    Frre Avit,

    quand

    cet

    homme

    dit

    :

    moi,

    son

    humanit individuelle

    qui n est

    pas

    1) Persona

    supra

    hypostasim

    non

    addit nisi determinatam

    naturam,

    scfliet

    rationalem...

    Et

    ideo idem

    est attribuere propriam hypostasim humanae

    naturae

    in

    Christo,

    et

    propriam

    personam.

    Hypostasis

    est

    cui attribuuntur

    operationes

    et

    proprietates

    naturae...

    Si

    ergo

    sit alia hypostasis in

    Christo

    praeter

    hypostasim

    Verbi,

    squetur

    quod de aliquo

    alio

    quam

    de Verbo verificentur

    ea

    quae

    sunt

    hominis,

    puta

    esse

    natuni

    de Virgule* passum,

    crucifixum

    et

    sepultum.

    S. Theol. III,

    q. 2, a.

    3.

    Ici,

    et

    dans

    l article

    6

    de la mme question,

    saint

    Thomas qualifie trs

    svrement

    ceux

    qui affirment

    qu il

    y a

    dans

    le Christ deux

    suppts, deux hypostases,

    deux individus

    subsistants, disons

    deux quelqu un. Dans

    ses

    notes

    explicatives

    sur

    ce passage

    de la Somme, le P.

    Hris

    se

    montre

    moins

    rigoureux

    que

    le Matre. Exposant

    trois opinions, prement

    attaques

    et

    dfendues

    au

    cours

    du XIIe

    sicle,

    sur

    l union hypostatique

    :

    D aprs la premire

    opinion, il

    y

    a

    dans le Christ, crit le P.

    Hris, union de

    l me

    et

    du

    corps,

    d o il rsulte

    tin

    individu-homme, hic

    Itomo,

    uni

    substantiellement

    au

    Verbe,

    et

    constituant

    avec

    lui

    une

    personne

    simple... Cette opinion, saint

    Thomas

    qui,

    dans

    son

    Commentaire

    sur

    les Sentences,

    la

    dclare

    seulement

    fausse,

    la

    considre,

    -dans

    la

    Somme, comme

    for-

    mellement hrtique,

    parce que

    se

    ramenant

    la

    doctrine de

    Nestorius, Aucune

    dcision

    ecclsiastique

    cependant n est

    intervenue

    ce

    sujet. Il semble

    qu elle ait t

    peu

    peu

    abandonne

    par

    les thologiens,

    comme

    trop

    favorable

    au

    Nestorianisme.

    Somme

    Thologique.

    Le

    Verbe

    Incarn. Appendice. Notes

    explicatives,

    n

    12.

    2)

    La

    Christiade.

    T.

    II,

    p.

    19s.

    3)

    S. Theol. III,

    q.

    2, a.

    3,

    ad.

    2.

    4)

    Pgues,

    0. P.

    Commentaire

    franais littral de l Somme

    Thologique.

    T.

    XV,

    p.

    162.

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    8/66

    22

    Doctrine

    un

    individu humain

    ne

    le

    prononce pas

    comme

    ce

    qui

    dit

    :

    moi, mais comme

    ce

    par

    quoi

    le

    quelqu un du

    Verbe s affirme.

    Toute

    la

    diffrence

    entre l ordre

    du

    quo

    et

    l autre

    ordre:

    du

    quod.

    Le

    penser

    humain de Jsus, c est

    le

    penser

    par

    qui le

    quelqu un du

    Verbe ternel humainement

    se

    pense.

    La

    parole

    humaine de Jsus,

    c est le

    mot

    par

    lequel

    le

    quelqu un

    du

    Verbe

    infini

    humainement

    me

    parle. Le

    corps

    de Jsus,

    c est

    le

    corps

    par

    qui

    le quelqu un du Verbe spirituel

    corporellement

    me

    touche.

    Quand l Homme-Dieu

    me

    touche,

    ou

    me

    parle,

    ou

    m aime,

    celui qui m aime, celui

    que

    j entends,

    celui

    que

    je

    prends,

    c est directement

    le moi

    du

    Verbe,

    et

    non

    pas

    quel-

    qu un autre

    que son

    quelqu un

    lui.

    Frr e Avit.

    Il

    est

    donc

    moins,

    cet

    homme,

    que

    nous ne

    sommes,

    nous,

    Hommes

    qui

    subsistons.

    Homme,

    il

    est

    fraternellement

    notre

    gal

    dans l ordre

    de la

    nature.

    Dans l ordre de

    la

    subsistance,

    il

    est tout autre

    et

    bien

    plus

    que nous.

    Cette

    nature

    humaine de

    Jsus, qui dans;

    l ordre de la

    nature

    possde vraiment

    toutes

    les

    caractristiques

    d une

    humanit

    individuelle,

    il

    ne

    faut

    point la

    chercher parmi

    celles qui

    subsistent d une

    subsistance

    humaine. Dans

    l ordre

    de

    la

    subsistance,

    elle

    est

    leve

    au

    plan

    de l infini,

    jusqu

    la per-

    sonne

    divine

    en

    qui

    elle

    subsiste.

    Poiur

    elle,

    le

    fait de

    ne pas,

    subsister

    dans

    un

    individu humain

    ,

    ce

    n est

    pas un

    moins\,

    c est

    un

    plus. Si elle

    ne

    subsiste

    pas en un

    quelqu un

    qui

    soit

    d ordre humain,

    c est

    parce

    qu elle subsiste

    en un

    quelqu un

    qui

    est

    d ordre

    divin,

    et

    qui l lve jusqu

    cet

    ordre.

    Bien loin

    de perdre

    en

    dignit

    au

    fait de

    ne pas

    constituer

    un

    tre

    ind-

    pendant

    ou

    un

    tre qui serait soi dans

    l ordre infrieur,

    elle

    acquiert

    la

    dignit mme de Dieu

    en

    devenant

    Lui,

    en

    tant

    personnellement quelque

    chose de

    Lui

    i).

    Frre

    Avit. L humain de l Homme Dieu,

    dfense

    de

    le

    croire

    un

    simple

    quelque chose 2)

    .

    Dfense,

    Frre Avit, de le dire quelqu un*.

    En ralit,

    toute

    substance individuelle, du

    seul

    fait

    de

    son

    individuation,

    ne

    constitue

    pas

    une

    hypostase. Disons

    quelle

    ne

    devient

    pas, par sa

    seule individuation,

    quelqu un).

    La

    main,

    le pied,

    l oeil

    sont

    des

    substances

    individuelles,

    mais

    non

    hypostasies.

    Il

    y a

    hypostase

    disons

    :

    il

    y

    a

    quelqu un,

    il

    y

    a

    un moi) quand

    une

    substance

    n est

    pas partie d un

    tout,

    et

    qu elle

    se

    tient, qu elle subsiste

    par

    elle-mme.

    La

    nature

    humaine

    du

    Christ...

    est

    complte

    sans

    doute,

    sous

    le

    rapport

    1) Pgues,.

    O.

    P.

    Commentaire franais littral de

    la Somme Thologale.

    T.

    XV,

    p.

    74.

    2)

    La Christiade. T.

    II,

    p.

    195.

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    9/66

    Le

    grand

    duel d amour

    .263

    de la

    nature,

    mais

    elle

    ne

    subsiste

    pas par

    elle-mme,

    elle

    n est

    pas

    le

    tout,

    elle

    fait

    partie

    seulement de ce

    tout

    qui est

    le

    Christ,

    et

    qui seul

    a

    droit

    au

    nom

    de

    suppt

    ou

    d hypostase.

    Elle

    est

    bien quelque chose de particulier,

    d individuel,

    aliquid

    ;

    elle n est

    pas

    quelqu un,

    aliquis.

    Ce quelqu un c est le Christ,

    et

    plus

    formellement la

    personne

    du

    Verbe,

    principe

    d unit

    et

    de subsistance

    pour

    les deux

    natures,

    divine

    et

    humaine

    1).

    Et

    ce

    qui empche

    que

    soit

    quelqu un

    l humain

    concret

    de

    l Homme-Dieu,

    c est

    que

    cet

    humain

    ne

    subsiste

    pas en

    lui-

    mme, mais

    qu il vient

    en

    union

    de

    ce

    tout

    achev,

    le

    Christ

    Homme

    et

    Dieu,

    qu il

    concourt

    constituer 2

    ).

    Innarrable

    joie

    pour

    lui, et

    gloire

    unique.

    Frre

    Avit. L humain de l Homme-Dieu,

    dfense de

    le

    croire

    un

    passif

    instrument

    que,

    seul

    des

    Trois de

    l Absolu,

    manoeuvrerait

    le

    Verbe,

    Agisseur

    autonome

    3)

    .

    Non

    pas

    simple instrument

    passif,

    Frre Avit.

    Est

    simple instrument

    que

    j emploie,

    celui-l cette hache,

    ce

    cou-

    teau)

    que

    je

    m unis uniquement

    comme

    agisseur,

    et

    sans

    en

    faire

    quelque chose

    de moi. Mais

    cet

    humain du

    Christ

    est

    l instrument

    du

    Verbe en

    l ordre

    de

    l agir, parce

    que d abordl

    lev

    par

    le

    Verbe jusqu

    faire

    un

    avec

    lui dans

    l ordre de la

    subsistance.

    Cet humain

    du Christ,

    ce corps

    de Jsus,

    cette

    me

    de

    Jsus,

    ce

    n est

    pas un

    instrument,

    qui,

    existant

    par

    soi,

    ne

    fait

    que se

    prter

    l action

    du Verbe.

    L humanit concrte

    et

    individuelle de

    l Homme-Dieu n existe

    pas en

    soi

    et

    par

    soi. Elle

    existe

    en

    plus

    digne qu elle,

    par

    plus digne qu elle.

    Quand

    le

    Verbe

    agit

    par

    elle qui

    subsiste

    par

    lui,

    non,

    elle n est

    pas

    simple instrument

    du Verbe,

    mon

    Frre Avit

    ;

    elle

    est

    sort

    instrument

    comme

    est

    le mien

    mon corps

    :

    instrument

    qui

    avec lui,

    dans

    l ordre

    de

    la

    subsistance,

    fait

    un

    4).

    Et,

    cause

    de cela,

    cet

    instrument du Verbe,

    est

    minem-

    ment

    actif.

    Mais il faut

    savoir de quelle

    faon. Mme

    en

    moi,

    ma

    nature

    humaine

    moi, qui

    est certes

    bien

    active,

    ne

    l est

    pourtant

    pas comme un

    principe qui agit,

    mais

    comme

    le prin-

    cipe

    par

    lequel

    agit

    mon

    moi qui agit

    par

    elle. Et

    de

    mme

    la

    nature

    humaine du

    Christ

    est

    active

    ;

    mais

    non pas comme

    un

    principe qui agit; elle

    l est

    comme

    le

    principe

    pat

    lequeb

    agit le

    moi qui

    par

    elle agit. La

    diffrence

    entre

    Lui

    et

    moi,

    c est

    qu en

    moi,

    le

    moi

    qui agit

    n est

    qu un moi

    humain,

    un

    moi qui

    est

    proportionn

    ma

    nature.

    Tandis qu en

    Jsus,

    le

    1)

    P.

    Hris,

    0. P.

    Somme Thologique.

    Le

    Verbe

    Incarn. Appendice

    I.

    Note

    13.

    2)

    S.

    Theol. ITI,

    q. 2, a.

    3,

    ad

    2.

    3)

    La

    Christiade. T. II,

    p.

    195.

    4) S. Theol. III,

    q. 2, a.

    6,

    ad

    4.

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    10/66

    264

    Doctrine

    moi qui

    agit

    c est

    le

    moi du

    Verbe,

    le

    moi d un

    Dieu

    agissant

    par une

    nature

    humaine.

    Frre

    Avit.

    Quel tre

    est

    Jsus-Christ

    ?

    A

    parler

    proprement

    et

    in

    recto

    :

    Jsus-Christ

    est

    VAssumptus

    Homo dans

    lequel

    a

    t

    cre,

    soude, persiste, inaltrable

    la subjonction

    du plan de

    la fluence

    au

    plan de l infini...

    In obliquo,

    toutes

    les questions poses

    sur

    Jsus-Christ

    changent

    d aspect

    et

    demandent

    d autres rponses

    quand

    on

    emploie

    le vocable*

    Jsus-Christ

    pour

    nommer

    in.

    obliquo

    :

    a) soit le

    Verbe-Homme...

    b)

    soit le

    Tout, la Personne complexe

    constitue

    par

    le

    Verbe-Dieu

    et

    VAssumptus

    Homo...

    Mais

    quand

    on

    a

    discouru,

    comme

    il faut

    discourir, de

    Jsus-Christ

    entendu

    in obliquo, savoir

    :

    a) de

    Jsus-Christ,

    Verbe Incarn,

    Verbe

    Homme

    ;

    b)

    de Jsus-Christ,

    personne

    unique,

    mais

    complexe;

    Alors,

    si l on

    s abstient

    de parler

    de

    VAssumptus

    Homo,

    d engager la

    question directement

    sur

    lui

    :

    Dans

    ce cas,

    il

    reste

    que

    l on

    a

    tout

    simplement

    tourn

    autour

    du

    sujet

    Jsus-Christ

    ,

    sans

    l aborder

    de front...

    ,

    C est lui,

    l Homme-Verbe,

    l Homme-Dieu, c est lui

    tout

    seul qui,

    proprement

    et

    in

    recto,

    s appelle Jsus-Christ.

    i)

    Quel

    tre,

    frre

    Avit, quel

    tre

    est

    Jsus-Christ

    ?

    A

    votre

    inlectable,

    votre

    redoutable

    question

    tant

    aime,

    mon

    tour

    je

    ferai

    ma

    rponse

    :

    Homme,

    dit saint

    Thomas

    ;

    quelqu un

    qui

    a

    l huma-

    .nit

    .

    Dieu, dit saint

    Thomas

    :

    quelqu un qui

    a

    la

    divinit.

    Dans

    le premier

    cas,

    je

    mets

    en

    relief la

    nature

    humaine.

    Dans

    le

    second

    cas,

    je mets

    en

    relief

    la nature

    divine,

    Dans

    l un

    et

    dans l autre

    cas,

    j affirme

    quelqu un.

    Car

    le

    terme

    con-

    cret

    dsigne

    le

    suppt, la

    personne

    ;

    le

    terme

    abstrait,

    la

    nature

    2). Et,

    s il

    s agit du

    Christ,

    le

    quelqu un

    que

    j affirme

    dans le premier

    cas

    est

    exactement

    le mme

    que

    celui

    que

    j af-

    firme dans

    l autre.

    Et

    ce

    mme quelqu un,

    cet

    unique

    quelqu un,

    c est le quelqu un

    du

    Verbe.

    Avec

    vous, par

    le

    mot

    Jsus, j entends

    signifier

    directement

    l homme

    .

    Et

    c est l

    ce que

    fait

    mon

    docteur.

    Le

    nom

    Jsus dsigne distinctement le

    quelqu un qui

    a

    l humanit,

    savoir

    sous ses

    proprits

    individuelles dtermines

    ;

    comme

    aussi

    ce

    mot

    Fils

    de

    Dieu, dsigne le quelqu un qui

    a

    la

    divi-

    nit,

    sous

    la

    dtermination de la proprit personnelle 3)

    .

    1)

    La Christiade. T.

    II,

    p. 333,

    334.

    2)

    HUGON,

    0. P.

    Le mystre de

    VIncarnation,

    3e

    partie, cli.

    4,

    p.

    193.

    3) S.

    Theol., III,

    q.

    XVII,

    a.

    I.

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    11/66

    Le

    grand

    duel d amour

    265

    Ainsi,

    quand je

    dis de Jsus qu il

    est

    homme,

    je dis

    exacte-

    ment

    qu il

    est

    quelqu un

    qui

    a

    telle

    humanit.

    Quand je dis

    qu il

    est

    l Homme-Dieu,

    je

    dis.

    exactement

    qu il

    est

    quelqu un

    qui

    a

    l humanit

    et

    la divinit

    tout

    ensemble. Mme

    quand,

    prononant

    le

    nom

    de Jsus,

    j voque

    son

    humanit

    d abord, il

    reste

    que

    Celui

    que

    j voque,

    c est trs

    exactement

    le quelqu un

    qui

    a

    la

    nature

    humaine. Non

    pas un

    autre

    quelqu un

    que

    le

    quel-

    qu un

    du Verbe.

    Mais

    trs

    exactement

    le

    quelqu un (comme la

    personne) du Verbe

    Incarn.

    L Aymeur colluctant

    ,

    l Aymeur

    choisi,

    l Aymeur aim,

    l indfectible

    et

    triomphant Aymeur,

    c est l unique

    Moi du

    Verbe, exactement

    l innarrable

    Moi de celui

    qui

    avec le

    Pre

    spire pendant la toujours

    actuelle

    ternit

    l Amour subsistant

    et

    qui

    perptuellement

    nous

    envoie

    ce

    mme Esprit

    d Amour

    ;

    c est le Moi du Verbe

    Eternel,

    venu

    temporellement

    jeter

    sur

    la

    terre

    le feu de

    l amour

    :

    amour

    qui claire

    et

    qui

    embrase

    ;

    amour

    qui

    est

    strictement humain

    par

    le

    foyer

    humain dont

    il jaillit,

    amour

    qui

    est

    de

    valeur

    strictement

    infinie

    par

    la

    personne

    divine,

    par

    le

    quelqu un infini qui

    en

    pousse

    les

    nalmmes

    ;

    amour

    humain

    et

    infini

    tendu

    vers

    Dieu

    qui satisfait

    en

    lui

    son

    dsir de

    provoquer

    et

    de

    recevoir le

    plus

    beau

    possible

    des

    amours

    crs

    ;

    amour

    humain et

    infini

    qui,

    par ses

    effets

    admirables

    et

    dans

    le

    symbole d un Coeur

    em-

    bras,

    se

    tend

    pour

    les

    conqurir

    vers

    tous

    les

    hommes.

    Voil

    l Aymeur

    humain essentiel. Et

    c est

    le

    Verbe

    Incarn,

    le

    Verbe

    qui

    s est incarn

    par amour

    et

    qui, faisant

    corps

    avec

    toute

    l humanit,

    veut

    la

    ramener

    par

    la voie

    de l amour

    au

    principe

    qui

    l a cre

    et

    qui la

    divinise

    par

    amour.

    Frre Avit.

    Les

    luttes

    de l esprit

    (1)

    Maia

    ferrailler

    ainsi,

    c est

    preuve

    qu on s entr aime (2)

    .

    Et

    tant

    vous ai-je aim,

    frre

    Avit,

    pour

    tant

    de vos

    pensers

    profonds,

    et

    pour

    le doux

    parler

    de

    celui qui

    vers vous

    m amena

    Ces beaux

    alexandrins du

    Pre

    Dodat, qui chantent

    Les

    longs cinq

    ans

    guerriers

    pesaient

    un

    millnaire

    (3).

    La

    rcente Amrique

    arrivait

    la

    gloire... (4)

    C est

    le droit

    soutenu

    qui

    sacre

    la vaillance

    (s).

    Les

    seuls

    esprits

    chrtiens ne sont

    pas

    sans

    substance

    (6).

    (1)

    La

    Christiade. T. I,

    p. 13.

    (2)

    La

    Christiade. T. II,

    p.

    87.

    (3) Ibid., T.

    I,

    Prologue,

    iIC

    ligne.

    (4O Ibid., T.

    I,

    p. 20.

    (5)

    Ibid. T.

    I,

    p. 29.

    (6)

    Ibid. T. I,

    p.

    32.

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    12/66

    2

    66 Doctrine

    Et

    ces

    lignes premires

    du

    chapitre

    premier, dont

    j cris

    en

    retrait

    les

    phrases

    musicales,

    pour que

    mieux

    s en

    exhale

    le

    charme pntrant.

    Sur la plaine

    ondulante,

    encor que

    calme

    et

    nue,

    de l Atlantique

    immense

    allait, depuis

    cinq

    jours,

    filait,

    filait, fivreux,

    et portant

    haut

    sa

    proue,

    le

    grand

    Apadna.

    Les

    eaux

    qu il labourait

    du

    soc

    de

    son

    trave,

    indolentes blesses,

    ne

    retournaient

    vers

    le

    passant

    brutal

    que

    des

    crtes

    languides

    (i).

    Et

    ce

    rythme partout animant

    vos discours,

    frre Avit

    :

    A

    ne

    voir

    que

    sa

    forme,

    la

    Christiade,

    c est, vraiment,

    l enthousiaste

    lan des

    mots

    s entranant,

    s entr aidant

    clbrer

    Jsus.

    C est

    dans

    un

    verbe

    sonore,

    et

    pur,

    et

    nom-

    breux,

    excitateur

    d amour, pique

    enfin,

    comme

    une

    messe,

    ardente

    et

    littraire,

    de minuit (2)

    .

    Un

    peu

    trop

    d clat

    peut-tre

    ;

    un

    peu

    trop

    de guirlandes

    aux

    colonnes

    ;

    un peu

    trop

    de fumes d encens.

    Excs dont

    ne

    sauraient

    se

    rendre

    coupables

    tous

    ceux-l qui le blment

    Mais

    pas

    trop

    de vraie

    lumire.

    Tout

    le

    mystre

    de

    Jsus,

    que

    je

    vous

    aime,

    frre

    Avit,

    de l avoir

    plac dans

    la

    lumire de l Amour

    Est-il bien

    vrai

    que

    c est

    du motif d existence de

    Jsus

    que

    doit

    se

    prendre

    le

    la de Dieu (3)

    ?

    Cette

    note

    sur

    laquelle

    il

    faut

    que

    les instruments s accordent,

    se

    peut-il qu il

    nous

    la

    faille demander des diapasons

    dont

    aucun

    n est officiellement

    garanti juste

    ?

    (4).

    Et s il tait vrai

    que ce

    soit

    d abord

    ce

    point

    mystrieux

    qu il

    faille

    nous

    rfrer, tes

    vous

    sr

    que

    ce

    soit

    sur

    votre note

    vous

    que se

    formeraient les accords qui

    chanteraient

    mieux

    _

    l Amour

    ?

    Lorsque la

    bont,

    vous

    diraient

    vos

    frres,

    lorsque la

    bont vient au-devant d une trs grande

    misre,

    elle

    est

    d autant

    plus

    gnreuse,

    plus touchante

    et

    plus magnifique.

    Sans doute, du Christ glorificateur l humanit

    non

    pcheresse,

    (1) La Christiade. T. I, p.

    3.

    (2)

    La

    Christiade,

    T. I,

    p. 124.

    (3)

    La

    Christiade.

    T. I,

    p.

    194.

    (4)

    Les thologiens, crit le P. Scluvalm,

    ne

    sont

    pas

    d accord

    sur

    cette

    ques-

    tion

    (du motif

    de

    l Incarnation)

    au

    sujet de laquelle

    aucune

    dfinition

    de

    foi n a

    t

    porte,

    et

    les

    textes

    de

    l Ecriture

    ne

    la

    rsolvent

    pas

    d une manire

    videmment

    rebelle

    a

    des exgses divergentes.

    Schwalm, O.

    P. Le

    Christ d aprs

    saint Thomas

    d Aquin,

    p. 40.

    Mais l opinion de

    son

    matre

    lui

    semble offrir

    pourtant

    une.

    probabilit aussi

    hauie

    que

    possible

    (ibid.,

    p.

    52).

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    13/66

    Le

    grand duel d amour

    267

    il

    y a

    toujours la distance infinie du Verbe la

    chair. Mais,

    en

    celle-ci,

    l innocence

    primitive

    conserve

    et

    empch

    de

    surgir

    ces

    vices qui s opposent

    tant

    au

    mouvement

    de

    l esprit. Au

    contraire,

    pour

    s incarner

    au

    milieu de

    notre

    race corrompue,

    et

    cause

    de

    sa

    corruption mme,

    le

    Verbe

    a

    d

    vaincre

    tout

    la

    fois

    la saintet

    de

    sa

    propre

    justice

    et

    les rvoltes de l homme

    charnel

    que

    le Sauveur

    voulait s unir

    comme

    membre de

    son

    corps

    mystique.

    Aussi la bont

    divine clate bien plus dans

    l ordre de l Incarnation rdemptrice

    que

    dans

    l hypothse d une

    incarnation

    purement

    glorificatrice, puisque la

    gratuit de la

    gloire

    s y double

    de la

    gratuit du

    pardon.

    La

    toute-puissance

    de

    la

    divine misricorde

    y

    dborde

    vraiment

    ;

    d un

    plus

    grand

    mal Dieu tire l occasion

    d un

    plus

    grand bien

    :

    l

    o

    le

    pch

    abondait, la grce

    a

    surabond 1)

    .

    Pour moi,

    mon

    frre Avit,

    regardant

    non

    point

    tant

    ce

    qu offre

    de

    mystrieux l insondable

    libert de l Eternel, mais le

    fait

    trs certain de l Incarnation,

    ce

    fait immense,

    aux

    cons-

    quences

    illimites, du Verbe qui, vritablement

    Dieu,

    assume

    son

    moi

    une

    vraie

    nature

    humaine

    par

    laquelle il

    veut

    s unir

    mystiquement

    tous

    les hommes,

    Je

    veux avec vous

    le placer,

    ce

    mystre, dans la lumire de

    l Amour

    qui

    seul

    m en

    explique le pourquoi

    ;

    Avec

    Mose,

    avec

    Elie,

    avec vous,

    frre Avit,

    moi, qui

    demeure Avitissime, je

    veux, coeur

    tout

    livr, couter

    l Aymeur.

    Je suis Jsus, l Aymeur

    que

    Dieu-Trine, voulant,

    par un

    dcret unique, irrformable, efficace

    dcret, tre aim du

    dehors

    autant

    que par

    suprme

    amour

    il le

    puisse tre,

    a

    pos

    l Aymeur-Chef

    ;

    je

    dois,

    sur

    mon

    amour

    que

    Dieu-Trine

    fait

    tre insurpassable,

    indfectible

    amour,

    porter,

    guider

    et

    provo-

    quer,

    faire agrer de Lui

    tous

    les

    autres

    aymeurs

    que

    j amne

    l amour. Si

    ce

    n est dans

    mon

    seul

    rayonnement

    vital voulu

    par

    Dieu

    centre

    de

    tout,

    nul n aime nulle

    part

    de nul

    amour

    qui

    puisse

    se

    flatter d tre

    agr de Dieu. Je suis,

    par mes

    pouvoirs

    reus,

    dlgu matre rpondant de la

    cration totale. Moi seul,

    je suis pos, Homme-Verbe, Homme-Dieu, le

    roi, le prtre,

    le

    docteur, le juge des

    Aymeurs

    et

    de

    tous

    leurs

    amours

    2)

    .

    ...

    En

    claire vision, Mose,

    Elie, du

    Golgotha depuis

    trente

    deux

    ans

    bientt

    que

    je suis,

    Homme-Verbe,

    me

    savoir,

    me

    sentir

    exister

    et

    penser,

    je

    vole

    ce

    midi prochain

    le

    midi

    de

    l amour).

    Je

    m y vois arriver, j y confine, j y suis. L occision

    1) Schwalm, 0. P.

    Le Christ d aprs saint Thomas d Aquin

    :

    ch. I, fin..

    2)

    La

    Christiade.

    T.

    II,

    p.

    251.

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    14/66

    2

    68

    Doctrine

    de Jean

    par

    lui-mme

    accepte,

    ces

    derniers jours,

    sans

    qu il

    se

    tt,

    sans

    qu il

    faiblt,-

    un

    vigoureux

    exemple,

    un

    signal

    prophtique,

    un

    magistral prlude. Chef de l amour

    de

    ce

    grand

    univers,

    non,

    je

    ne me

    tiens plus, Mose,

    Elie,

    non,

    plus

    que,

    hiss

    sur

    la

    croix, je

    ne

    m y voie mourir,

    pour

    Dieu-Trine

    m aimant,

    dans l

    ptir d amour,

    Pauvre

    chair de

    mon

    coeur

    qui

    te

    cabrais

    hier dans

    les mois d horreur

    et

    d pouvante,

    et

    qui,

    demain,

    te

    cabreras

    quand la

    terreur

    fera

    claquer

    mes

    dents

    C est demain, oui, demain, qu il faudra dire

    :

    Allons

    .

    Et quand

    j aurai mont

    sur mes

    sanglants

    genoux

    la

    sente

    ravi-

    neuse,

    abrupte,

    au

    haut

    de laquelle

    ma

    vie

    par

    d innombrables

    plaies

    bantes

    s coulera

    toute,

    ce

    fate,

    ma

    mort

    sur

    la

    croix

    outrageuse

    o

    les

    hommes

    verront

    que

    j aurai

    su

    dresser, moi

    l Homme-Verbe, leur

    profit substantiel,

    mon

    libre

    amour

    de

    l Infiniment

    Beau, Mose,

    Elie,

    cette

    cime de l amour ils

    salueront vcu le plus grand idal. Et,

    comme on

    fait

    aux

    plus

    lointains

    sommets,

    les

    seuls

    qui soient fascinateurs,

    dsesp-

    rables points des

    abmes d en haut,

    ma

    cime

    d amour, c est l

    que

    les

    esprits

    auront,

    en

    prouesses

    d lans

    vers

    l Infinie

    Gran-

    deur,

    se

    suspendre. Et les hommes

    sauront,

    les

    yeux

    fixs

    sur

    ce

    sommet,

    ne

    sourire la

    vie

    que

    pour

    apprendre

    sourire

    la

    mort. Ravis

    et

    conforts,

    et

    fiers

    de

    s appuyer

    moi, moi

    qui,

    vrai homme, suis l un d eux,

    mes

    hommes, s adjoignant

    mes

    anges

    du ciel sauvs

    par mes amours

    prvus,

    mes

    hommes

    s crieront

    :

    Nous

    croyons

    l amour mont de parmi

    vous

    Dieu

    qui

    nous

    vaut,

    nous

    tous, torrents

    de

    salvatrice

    grce

    et

    de

    dbordante misricorde (i)

    .

    Avec

    tous

    mes

    frres,

    et

    avec vous,

    mon

    frre Avit,

    moi

    qui

    demeure

    Avitissime,

    je

    veux

    regarder

    et

    grce

    vous

    mieux

    je

    verrai

    l amour

    qui de

    parmi

    nous

    monte

    Dieu.

    Avec

    tous

    mes

    frres,

    et

    avec vous,

    mon

    frre Avit, moi qui

    demeure-Avitissime,je

    veux

    louer

    Dieu

    et

    grce

    vous

    mieux

    je

    le

    louerai

    de s tre fait

    un

    Christ qui le

    lout,

    qui, Matre

    Aymeur, Indfectible Aymeur,

    ment

    le chant

    d amour dans la

    masse

    des choeurs

    intelligents

    de l Univers symphonial (2)

    .

    Flix ANIZAN.

    (1)

    La

    Christiade,

    T.

    II,

    p.

    267.

    (2)

    La

    Christiade.

    T.

    I,

    p.

    213,

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    15/66

    L Iconographie emblmatique de

    Jsus-Christ

    LE GRIFFON

    -

    LA

    SALAMANDRE

    I,

    LE MYTHE

    DU

    GKIFFON

    AVANT LE

    CHRISTIANISME

    Avec le

    symbolisme de la

    Licorne

    nous

    avons

    abord

    le

    royaume

    des

    tres fabuleux

    ;

    le

    symbolisme du

    Griffon

    nous

    place,

    maintenant,

    en

    face

    de

    ceux

    de

    ces

    animaux

    fantastiques

    qui

    sont

    hybrides,

    ou

    plus

    exactement,

    selon

    l expression

    de;

    Dante,

    qui

    sont

    biformes

    .

    Le

    Griffon,

    tel que l Antiquit

    le cra,

    se

    compose

    d un poi-

    trail

    et

    d une

    tte d aigle

    greffs

    sur

    un

    corps

    de lion

    ;

    quelque-

    fois

    son

    arrire-train finit

    en

    queue

    de saurien

    :

    les

    hraldistes

    franais diront plus tard

    que

    c est le

    Griffon

    dragonne

    en

    parallle

    avec

    le

    Griffon

    lionne

    .

    Certains

    savants ont

    pens

    que

    les

    Griffons

    sont

    ns dans

    la

    pense

    des matres de

    cette

    Assyrie

    dont les

    artistes

    ont

    t,

    pendant les vingt

    sicles qui

    prcdrent

    notre

    re,

    de

    si

    prestigieux

    animaliers,

    ou

    bien

    en

    Chalde, quelque

    part

    vers

    Babylone.

    Nous

    trouvons,

    en

    effet,

    le

    Griffon

    dans l art antique

    de

    ces

    r-

    gions. Je le

    reproduis ci-

    contre

    d aprs

    un

    sceau

    cylindrique

    babylonien

    en

    pierre fine

    grave,

    o

    nous

    le

    voyons

    se

    dresser

    contre

    l emblme

    sacr de l Arbre

    de

    Vie

    que surmontent

    le

    Globe solaire

    et

    le

    Croissant

    lunaire

    ;

    un

    gnie ail

    attaque

    l ani-

    mal

    par

    derrire

    avec un

    glaive

    tranchant

    convexe

    i).

    Fig.1).

    Fia

    I).

    Sceau

    cylindrique.,

    babylonien

    grav

    sur

    pierre

    fine.

    j) D aprs L. Delaporte,

    Cylindres

    orientaux,

    in Annales du

    Muse Guimet,

    an.

    1909, p.

    88,

    PI. VIII,

    n

    114.

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    16/66

    .270

    Doctrine

    Le linteau du portail,

    au

    palais

    du roi

    d Assyrie

    Sennach-.

    rib,

    VIIe

    sicle

    avant

    J.-C, tait

    dcor

    de

    deux Griffons

    qui

    buvaient

    dans

    un

    vase

    entre

    eux pla-

    c

    (1

    ). Les Perses

    connurent

    aussi,

    une

    poque certainement

    plus

    recule,

    le

    mythe

    du Griffon

    :

    Je

    donne

    ci-contre

    la

    trs

    belle tte de

    cet

    animal

    trouve

    sur

    les bords de

    l Araxe,

    Perspolis

    (Fig.

    II) (2).

    Au

    Ve

    sicle

    avant notre

    re,

    le

    Grec Ctsias,

    mdecin

    du roi de

    Perse

    Artaxescs,

    croyait

    l existence, loin-

    taine

    de lui sans

    doute, des

    griffons

    qu il

    dcrit

    comme

    des

    oiseaux

    quadrupdes

    de

    la

    taille

    du

    loup,

    le

    corps

    couvert

    de

    plumes noires

    sur

    le

    dos

    et

    rouges sur

    la poitrine (3).

    D autres

    rudits

    ont

    pens

    que

    l Orient

    aurait

    emprunt le mythe

    du Griffon la

    trs

    ancienne

    Grce,

    et

    qu il

    serait

    arriv

    en

    Asie

    par

    l intermdiaire

    de

    l art

    chypriote qui

    l aurait

    lui-mme

    reu

    de l art

    mycnien

    (4). Sir

    Arthur.Evans

    nous assure que

    ce

    type

    d animal hybride

    remonte,

    au

    moins,

    pour la

    Grce,

    au

    XVIe

    sicle

    avant

    J.-C.

    (s).

    Quoi qu il

    en

    soit, Pline

    dcrit

    les

    griphis

    avec son

    habi-

    tuelle richesse d illusions

    et

    les

    dit

    originaires du

    pays

    des

    Scy-

    thes,

    c est--dire

    de

    la

    Russie septentrionale

    (6), alors

    qu Es-

    (FIG. II).

    Tte de

    Grijjon

    en

    bronze.

    (Perspolis)

    (FIG. III).

    Le

    Grijjon,

    pice

    d art

    mycnien.

    (1)

    Cf.

    PJRROT

    et

    CHIPIEZ.

    Histoire de l Art.

    T.

    II,

    p.

    248.

    (2)

    D aprs

    Ch.

    de

    LINAS.

    Les origines

    de

    l orfvrerie

    cloisonne,

    in

    Revue

    de.

    l Art Chrtien,

    T. XXIII,

    p. 34.

    (3) CTESIAS,

    Indica, XII.

    HRODOTE,

    III,

    102

    ;

    ELIEN,

    Histoire

    des Animaux,

    IV,

    27.

    (4)

    V .

    Ren

    DUSSAUD.

    Le sarcophage peint

    de Hagia

    Triada, in

    Rev. Hist.

    des

    Religions,

    ann.

    1008,

    p. 370.

    (5) A..

    EVANS,

    Acad. des Inscriptions,

    sance du

    25

    sept.

    1925.

    (6) PLINE,

    Hist.

    Natnr. VII,

    2.

    XXX11I,

    4-21.

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    17/66

    Le

    Griffon

    -

    La Salamandre

    271

    chyle

    les

    situent

    chez

    les

    Ethiopiens (1).

    Leurs

    opinions

    se

    valent.

    Mais c est

    un

    fait

    que

    le

    sol

    de

    la

    Grce

    a

    donn,

    par

    exemple

    dans

    les

    fouilles

    de

    Schliemann

    Mycnes,

    des Griffons

    .

    de mtal d une

    allure trs

    archaque (2)

    (Fig.

    III).

    Et

    le

    Griffon

    se

    voit

    sur

    de

    belles

    monnaies

    grecques,

    celles d Abdre,

    par

    exemple (3), de

    Chersonse

    et

    de Tas

    (4).

    Le

    Griffon

    et toute cette

    lgion d animaux

    monstrueux

    figurs

    dans

    l art

    oriental

    n taient pas

    de simples dbauiches

    d imagination, dit judicieusement Dom Leclercq, ils

    avaient

    une

    signification

    symbolique

    :

    il

    tait

    un

    emblme

    et

    revtait

    un

    caractre

    religieux

    (5). Rien n est plus certain, mais

    nous ne

    savons

    quels

    sens

    varis lui furent

    attachs

    par

    l Orient antique

    :

    le

    sceau

    cylindrique babylonien reproduit plus haut

    nous

    le

    mon-

    tre

    comme un

    tre malfaisant,

    comme

    le

    Satan, l Adversaire de

    l Arbre

    de Vie

    ;

    mais

    qui

    dira quelle

    merveilleuse

    et

    cleste li-

    queur,

    quel divin Soma d apothose buvaient, dans la

    vasque

    sacre, les Griffons du palais de Sennachrib

    ?

    Le

    rle

    emblmatique

    le

    plus

    connu

    que

    les ides religieuses

    de

    la

    Grce

    et

    de Rome

    attachrent

    au

    Griffon

    fut de faire

    de lui le gardien

    des tombeaux

    (6).

    Une partie

    d un

    sarcophage

    gallo-romain,

    du

    II

    0

    sicle

    ou

    du IIP,

    d inspiration

    grecque,

    trouve

    Vertou (Loire-Infrieure) (7),

    nous

    montre

    une

    des

    plus magnifiques images du Griffon

    funraire.

    (Fig. IV).

    Nous

    la

    voyons

    aussi

    sur

    deux

    sarcophages

    chrtiens

    d Arles,

    en

    Pro-

    vence

    (8),

    sur un

    autre

    de

    Nmes,

    aussi

    ;

    (9)

    etc..

    Une

    autre

    conception

    fit du

    Griffon, chez

    les

    Griecs,

    un

    animal de

    lumire.

    C est

    la raison pour laquelle

    il

    est

    assis,

    par-

    fois,

    aux

    pieds

    des

    statues

    d Apollon

    comme

    on

    le

    voit

    sur

    la

    trs

    belle

    statuette

    en

    bronze

    de Dresde (10).

    Deux

    Griffons

    (1)

    ESCHYLE,

    Promthe

    enchan,

    803.

    (2) SCHLIEMANN, Mycnes,

    p. 257.

    (3) Cf. J. de FoviLLE, Rcv.

    Numismatique,

    ann. 1911, p.

    293.

    (4) Cf. L.

    MNAKD.

    Hist. de Grecs.

    T.

    I,

    p.

    199

    et

    269.

    (5) Dom

    H. LECLERCQ. Dictionn. d Archolog.

    chrl.

    et

    de Liturgie.

    T.

    VI, vol.

    II,

    col.

    1S22.

    (6) Cf.

    A.

    RiCH,

    Dict.

    des

    Antiquit.

    grecq.

    et

    romaines, traduct.

    Chruelle,

    p.

    3Q4-

    (7)

    L.

    MATRE,

    Vertou,

    p.

    6.

    (8) Cf. Ed.

    LE BLANT.

    Elude

    sur

    les

    Sarcophages

    chrtiens

    de la mile d Arles\

    p.

    8,

    n

    6,

    et

    p.

    68,

    n

    67.

    (9) Cf. Ed. LE

    ILANT, Les Sarcophages

    chrtiens de

    la Gaule,

    p. 109,

    n

    123.

    (10) Cf. Sal. REINACII. Rpertoire

    de la Statuaire

    grecq.

    et

    romaine.

    T.

    II, vol. I,

    p.

    104,

    n

    3.

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    18/66

    Doctrine

    flanquaient

    aussi la

    statue

    d Apollon dans

    le temple de

    Dl-

    los i).

    Aussi voit-on le

    Griffon

    sur

    certaines

    lampes

    antiques

    2

    )

    ;

    l une

    d elles,

    de

    provenance

    poitevine

    le reprsente

    en

    plein

    vol 3).

    Un

    ornement

    grec,

    provenant

    aussi

    d une

    lampe,

    nous

    montre

    le

    double

    animal

    posant

    son

    pied griffu

    sur

    la Roue

    solaire

    4). Philostrate, du

    reste,

    nous

    assure que

    le Griffon,

    qu il dit tre

    originaire

    d Asie,

    est

    l animal

    sacr

    d Hlios

    5),

    Par

    suite de

    cette

    conscration l Apollon, dieu

    de

    lumire

    et

    de beaut,

    le

    Griffon figura

    chez

    les Anciens,

    lTnspSration

    potique

    qui

    emporte

    l esprit

    loin des

    vulgarits

    de

    ce

    monde,

    jcomme

    le

    buste ail de

    l Aigle enlve, chez

    le

    Griffon,

    l arrire-

    train

    pesant

    du Lion.

    Aussi, parfois,

    ce

    n est

    plus

    sur

    le

    socllfe

    1) Cf. J.

    DCHELETTE,

    Le culte du Soleil

    aux

    temps

    prhistoriques, in Bevt

    Archeologiq.,

    4e

    sr.

    T. XIV

    1909),

    p.

    388.

    2) Cf.

    Ant.

    RiCH. Ouvr.

    cit,

    p.

    30S.

    3) Collect.

    50c.

    des Antiquaires de l Orient.

    Muse

    des

    Grandes Ecoles,

    Poitiers.

    4) Cf. Salomon REINACH, Rpert.

    de la statuaire

    grecq.

    et

    rom.

    T.

    II,

    vol. II,

    p.

    696,

    n

    6.

    5)

    PHILQSTRATE,

    Vie d Apollon, III, 4-8.

    I

    FIG.

    IV).

    Le Grijjon

    funraire

    de Vertou,

    d aprs

    1

    photographie.

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    19/66

    Le Griffon

    -

    La Salamandre

    7

    des

    statues

    du dieu,

    mais

    sur sa

    lyre elle-mme,

    que nous voyons

    l image

    du

    Griffon (1).

    Reste

    savoir

    si

    ce

    caractre d animal

    de

    lumire

    ne

    fut

    point

    emprunt

    par

    les

    Grecs

    aux

    fictions orientales

    :

    le

    Griffon

    boit la

    flamme

    la

    coupe

    des pyres, dans

    l art

    archaque

    de la

    Perse

    et

    de l Assyrie. Quelques

    anciens

    prtendaient,

    dit

    l rudit

    Schliemann

    que

    les peuples

    de

    l Inde regardaient les Griffons

    comme

    attels

    au

    char

    du Soleil (2).

    Ce

    ne

    fut

    pas

    .seulement

    par

    la

    pure

    Lumire

    et

    par

    la Posie

    que

    le

    Griffon

    fut rattach

    par

    les

    Grecs

    leur

    Phoibos-Apollon

    ;

    ils le regardaient gale-

    ment

    comme

    le gardien

    vigilant

    et

    invincible

    des

    trsors de

    ce

    dieu,

    nous

    dit Hrodote. Et,

    conception

    plus

    haute,

    ils le

    considraient

    comme

    le gardien,

    aussi, des

    voies

    du

    sa-

    lut

    (3)

    ;

    c est

    tou-

    jours

    sur

    ce

    chemin

    que

    se

    rencontrentdans

    l art

    et

    la

    littrature

    antiques (4)

    les ad-

    versaires

    des Griffons

    :

    les

    fourmis colossales

    dont

    parle Ctesias, l arme

    monte

    des

    gants

    Anmaspes,

    a

    loeu

    unique,

    dont

    parle Eschyle,

    et

    les

    serpents

    que

    leur

    opposent

    l art

    religieux

    des

    Grecs

    et

    des

    Romains (5) (Fig. V).

    (FIG.

    V).

    Le

    Grijjon

    combattant le

    Serpent

    ;

    bronze

    grec

    antique.

    IL

    LE

    GRIFFON

    DANS

    L ART CHRTIEN

    Il semblerait

    que

    le

    Griffon,

    riche d une

    telle fortune

    dja

    symbolisme

    lev,

    aurait

    d tre

    adopt

    par

    l emblmatique

    chr-

    tienne ds

    son

    premier ge.

    Il

    n en

    a

    rien t,

    cependant

    :

    Le

    Griffon

    est

    absent

    de

    la

    faune

    reprsente

    par

    l art

    pictural

    des

    Catacombes,

    et

    c est

    sous un

    mauvais

    aspect

    que nous

    le

    verrons

    plus

    tard

    sur

    quelques lampes

    chrtiennes du

    IVe

    sicle

    ou

    du Ve

    L industrie

    ou,

    si

    l on

    y

    tient,

    l art

    longobard, d abord,

    puis,

    (1) Cf.

    Hron

    de VILLEOSSE.

    La

    statue

    colossale d Apollon

    assis,

    trouve

    Entrains

    (.Nivre),

    in

    Revue Archologique,

    2e

    sr.

    T.

    XXXI (1876),

    p. 37.

    (2) Cf.

    SCHLIEMANN,

    Mycnes,

    p. 257.

    (3)

    Cf.

    J.

    CARCOPINO.

    La Basilique

    pythagoricienne

    de la Porte-Majeure,

    p.

    38

    et

    299.

    (4)

    J.

    CAECOPINO.

    Ibid.,

    gr.

    XIX,

    p. 304-305.

    (5)

    Cf. S.

    REINACH.

    Rpertoire

    de

    la Statuaire

    grecq.

    et

    romaine.

    T. IV,

    p. 443,

    n

    1

    et

    4.

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    20/66

    274

    Doctrine

    vers

    le VF

    sicle,

    celui des

    Burgondes,

    drivs

    tous

    les deux

    de

    l industrie

    gothe du

    bassin de

    la

    Mer Noire,

    ont

    rpandu

    chezi

    nous

    un bijou

    barbare

    commun

    dans

    nos

    provinces franaises

    de

    l Est

    :

    c est

    un

    fermait de ceinturon qui

    porte

    un

    Griffon buvant

    dans

    une coupe

    ;

    quelquefois, soit devant l animal

    plaque

    de

    Testona

    Fig.

    VI), soit

    sur

    lui-mme

    plaques

    de Chlons-sur-

    Sane

    et

    de

    Joches

    i),

    le

    monogramme

    du

    Christ

    a

    t

    grav.

    Dom H. Leclercq

    croit

    que

    le

    vase

    accost

    de deux Griffons,

    sur

    les

    sarcophages chrtiens d Arles

    et

    celui o boit

    l animal des

    boucles

    de ceinturons

    burgondes

    semblent moins

    procder

    de

    l art

    chrtien des Catacombes

    que

    de

    l art antique

    2). Il

    pense

    que

    les

    Goths dans leurs migrations

    nous

    ont

    apport

    le

    type

    du

    Griffon buvant

    au vase sans nous

    apprendre quel

    sens

    s attachait lui dans

    son

    pays

    d origine

    3

    ).

    Le

    savant

    bndictin

    a

    parfaitement raison,

    ce me

    semble. 1]

    est peut

    tre

    moins

    sr

    que

    les Monogrammes

    du

    Sauveur,

    dont

    ces

    boucles

    sont

    or-

    nes,

    n ont

    t

    gravs

    sur

    elles

    que

    postrieurement

    leur

    fabri-

    cation,

    ils

    peuvent trs

    bien avoir christianis l ensemble du bi-

    jou,

    ds

    ce

    moment-l,

    sans

    donner ncessairement

    un sens

    chr-

    tien l animal qui

    s y

    trouve

    reprsent. Cependant j avoue

    que

    le

    Griffon

    marqu

    du chiffre

    du

    Christ

    laisse

    un

    peu

    rveur,

    d autant

    qu une

    lgende

    dont

    nous

    parlerons

    plus loin,

    raconte

    que

    le

    roi Clovis vit

    en songe

    deux

    Saints

    sous

    la

    forme

    de deux

    Griffons.

    Les

    sicles

    passent

    :

    avec

    le

    Moyen-Age,

    le symbolisme

    christique

    du

    Griffon

    s affirme indniablement. La

    coupe

    orien-

    tale

    o

    il

    s abreuve,

    pleine

    pour

    nous

    d un

    nigme

    insoluble,

    devint,

    sur

    les

    chapiteaux

    et

    les

    archivoltes des

    glises

    romanes

    d Occident,

    pour

    le

    peuple

    chrtien

    qui

    voyait

    en

    tant

    de choses

    FIG.

    VI).

    Plaque ceinturon barbare

    d>e

    TESTONA.

    1) D aprs le

    Baron

    J. de

    BAYE.

    Industrie longobarde.

    PI. VIII,

    noa

    i,

    3

    et

    4.

    2)

    Dom

    LECLERCQ,

    Dict.

    d Archolog. chrtienne. T. VI,

    vol.

    II,

    col.

    1S17.

    3)

    Ibid., col.

    1818

    et

    1S32.

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    21/66

    Le

    Griffon

    -

    La

    Salamandre

    275

    son

    Sauveur

    et

    ses

    dons, le calice

    du

    salut dbordant du Sang

    divin.

    Le Grijjon Psychopompe.

    Et

    puis,

    cette

    mme

    poque, les moines

    savants

    tirrent

    de

    l oubli

    l antique

    lgende des Griffons

    emportant

    vers

    le

    ciel

    Alexandre le

    Grand,

    et

    les artistes

    sculptrent

    cette

    scne

    dans

    les clotres

    et

    dans

    le dcor de pierre ds grandes

    glises.

    Voici, traduit

    d un

    vieux

    texte

    franais

    d alors,

    cette

    fiction

    de

    l ascension d Alexandre

    :

    Les soldats du

    grand roi Alexandre

    passent

    par

    une

    contre

    trange

    et

    dserte

    appele Sixte.

    En

    cette

    terre

    habitent

    des

    oiseaux

    hideux

    et

    gigantesques qu on

    appelle griffons. Le

    Roi

    en

    fait

    attacher

    plusieurs

    une

    chambre

    de bois

    et

    de

    cuir

    frais

    qu ils avait fait

    construire

    exprs

    et

    dans laquelle il

    prend

    place.

    Il

    lve

    lors,

    hors

    de

    cette

    logette,

    un morceau

    de viande

    atta-

    ch

    la pointe d une

    lance.

    Aussitt

    les griffons s lvent,

    en-

    tranant

    Alexandre dans la direction

    o

    il pointe

    sa

    lance,

    Il

    monte

    aussi jusqu au

    ciel de

    feu.

    La chaleur excessive le

    con-

    traint

    enfin descendre,

    ce

    qu il fit

    en

    abaissant

    sa

    lance

    (1).

    D aprs d autres auteurs

    anciens qui ont

    prvalu,

    Alexandre

    aurait captur

    deux

    griffons

    ;

    les

    ayant

    fait jener

    trois

    jours,

    il les

    attacha des deux

    cts de

    son

    trne,

    et

    leva

    vers

    le ciel,

    au-dessus de leurs ttes, deux longues lances

    qui

    portaient

    leur

    sommet

    des viandes rties

    ;

    les griffons affams,

    pour

    at-

    teindre

    cette

    proie, prirent

    leur

    vol

    et

    montrent

    ainsi pendant

    sept

    jours,

    entranant

    Alexandre

    jusqu au

    sjour

    de Dieu

    ;

    il

    en

    aurait dpass

    le

    seuil

    sans

    un ange

    qui lui dit

    :

    Pourquoi,

    Roi,

    vouloir connatre les

    choses du ciel, alors

    que

    tu

    ignoresi

    encore

    celles de la

    terre.

    Le

    roi comprit

    sa

    prsomption, baissa

    ses

    lances,

    et

    les

    griffons

    le ramenrent

    sur

    notre

    globe (2

    ).

    La Perse

    ancienne prtait

    une

    aussi

    prsomptueuse

    entre-

    prise

    au

    roi Kanide Ka-Kaous qui

    se

    servit, lui, d aigles gants

    dont l envol l emporta Dieu

    seul le

    sait

    o,

    car

    on ne

    le

    revt

    point (3).

    L ascension

    d Alexandre

    fut

    reprsente

    au

    XII

    0

    sicle,

    notamment

    en

    Italie dans

    les

    cathdrales d Otrante,

    de Saint-

    Marc

    de Venise (4),

    de Borgo

    san

    Donnino.

    On la

    voit

    aussi

    en

    France

    et

    je la reproduis

    ci-contre

    d aprs

    un

    chapiteau

    indit

    (1)

    Cf.

    LAMBERT

    LE

    CORS

    et

    Alexandre de BERNAY. Li Romans d Alixandre.

    XIIe

    s.

    (2)

    Cf. E. TALROT, Essai

    sur

    la

    lgende d Alexandre

    le Grand

    dans

    le

    romain

    fianais

    du

    XIIe

    sicle,

    p.

    160

    et

    aussi E. MALI:, L Art religieux

    au

    XII

    sicle

    en

    France,

    p. 271.

    (3)

    Cf.

    SHAH

    NAWEH, Ed. MOLH.

    T. II,

    p. 45-

    (4)

    Mgr

    B. de MONTAULT,

    Trait d Iconograph. chrt.

    T. II,

    p.

    80

    et

    pi.

    XXIV,

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    22/66

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    23/66

    Le

    Griffon

    -

    La

    Salamandre

    277

    FIG.

    VIllj.

    ^e

    Grijjon

    psycho-

    pompe

    de la Voie Latine,

    Rome.

    le

    ciel, des emblmes de

    Jsus-Christ, sauveur de

    nos

    Ames

    qui,

    aprs

    avoir

    rendu possible leur

    salut

    par

    l effusion

    de

    son

    sang,-lve

    ds

    ici-

    bas

    nos

    esprits

    vers

    les

    rgions clestes.

    Il

    est,

    en

    outre,

    mieux

    que

    les

    Griffons d Apollon,

    le

    bon

    gardien

    de la voie

    du

    salut

    :

    il

    carte

    les

    monstres

    devant

    la

    mar-

    che ascendante

    des Ames

    qui

    le lui

    demandent,

    et

    c est

    sans

    doute

    pour-

    quoi le Griffon,

    son em-

    blme

    en

    cela,

    fut

    repr-

    sent

    parfois

    terrassant

    sous

    ses

    griffes

    nerveu-

    ses,

    le Dragon,

    symbole de

    Satan

    1),

    ou

    bien

    arrtant

    le

    serpent

    dans sa

    marche. Fig.

    V).

    La

    mentalit

    vraie

    sur

    le

    Sacr-Coeur

    n est

    pas

    faite,

    La

    faire

    sera

    l oeuvre

    du

    RAYONNEMENT

    INTELLECTUEL

    DU

    SRCR-COEUR

    R. P.

    H...)

    1)

    Cf.

    AUBER,

    Histoire

    et

    thorie du

    symbolisme religieux,

    T. IV,

    p.

    44f.

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    24/66

    CATECHISME

    DU

    SACR-COEUR

    LEONS XIV

    -

    XV

    11e

    et

    12e

    Articles

    du Symbole

    :

    LES FINS

    DERNIRES

    /.

    -

    \Vant la

    rsurrection

    gnrale,

    (MORT-JUGEMENT

    PARTICULIER, ENFER, LIMBES,

    PURGATOIRE,

    CIEL)

    Suite

    (i).

    D.

    Par

    qui

    l me est-elle juge

    au

    jugement

    particulier

    qui

    suit la

    mort

    ?

    R.

    Assitt aprs la

    mort,

    l me

    est

    juge

    par

    le Sacr-

    Coeur.

    Nous

    l avons

    vu

    plus haut, c est

    par son

    Coeur

    que

    Jsus-Christ

    exerce

    sa

    Royaut

    et

    par

    l mme

    sa

    puissance

    judiciaire

    sur

    les

    vivants

    et

    sur

    les

    morts

    :

    Il

    juge

    au nom

    de l Amour

    D.

    Comment

    se

    fait-il

    que

    le Coeur

    si aimant de

    Jsus

    condamne

    une

    ternit

    de

    peines dans l enfer l me de

    celui

    qui

    meurt

    dans

    l impnitence

    ?

    R:

    Parce

    que

    par

    la sparation

    de

    cette

    me

    d avec

    son

    corps

    elle

    se

    trouve

    jamais

    fixe dans

    son

    tat d impnitence

    finale

    et

    ne

    peut

    plus tre ds

    lors

    que

    l objet

    de

    la

    colre.

    vengeresse

    de l Amour

    du

    Coeur de

    Jsus

    mpris

    pour

    toujours

    et

    jaloux

    avant tout

    de

    la gloire

    de

    son

    Pre.

    Pour

    que

    le

    Coeur

    misricordieux de Jsus puisse encore

    par-

    donner

    l me

    de celui

    qui

    est

    mort

    dans l impnitence

    finale,

    il faudrait

    qu aprs

    la

    mort

    la

    conversion

    de

    cette

    me

    soit

    encore

    possible. Or

    cette

    conversion

    se

    heurte

    de

    fait

    et

    pour

    toujours

    deux

    impossibilits.

    Premirement,

    une

    impossibilit

    psychologique,

    (i)

    Voir

    Regnabil,

    mars

    1928,

    p.

    200.

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    25/66

    Catchisme

    du

    Sacr-Coeur

    279

    ayant

    sa

    raison

    d tre

    dans les

    conditions

    nouvelles

    d activit

    de

    l me

    une

    fois

    spare

    du

    corps,

    activit

    indpendante

    de

    toute

    opration

    sensible,

    le

    corps

    n tant

    plus l

    pour

    lui

    fournir

    les

    images

    et

    les

    motions sensibles

    qui

    sur

    terre

    veillent,

    prcisent,

    modifient

    nos

    ides

    et

    nos

    inclinations volontaires

    dans

    le

    sens

    du bien

    ou

    du

    mal. D aprs

    cette

    loi psychologique de la

    connais-

    sance

    et

    de l amour dans

    les mes

    spares, il n y

    donc

    plus

    de

    variabilit

    relativement

    l objet

    que

    cette

    me

    aura

    plac

    au,

    sommet

    de

    ses

    affections

    et

    aim

    par-dessus

    tout.

    Alors

    l amour

    de

    cet

    objet

    devient

    l immuable

    pivot

    de

    son

    libre

    arbitre

    et cet

    objet

    lui-mme le

    ple fixe

    vers

    lequel

    restent

    dsormais

    tendues

    toutes

    les

    puissances

    de

    son

    vouloir

    .

    (Cardinal Billot, La Providence de

    Dieu,

    dans

    Etudes

    1923).

    Aprs

    la mort,

    la volont de

    l me imp-

    nitente

    reste

    donc

    jamais

    immobile

    dans

    le mal,

    c est--dire dans

    le

    choix qu elle

    a

    fait d une

    fin

    dernire mauvaise laquelle elle

    rapporte toute

    chose.

    Secondement,

    il

    y

    a

    aussi

    une

    impossibilit

    physique

    la

    con-

    version de

    l me impnitente

    aprs

    sa

    mort

    :

    non

    seulement

    la

    vo-

    lont de

    cette

    me

    reste

    immobile dans le

    mal,

    en

    raison mme

    de

    la

    fixit

    de

    ses

    dispositions

    par

    rapport

    la

    fin dernire,

    mais

    elle

    ne

    peut

    plus tre

    mobile

    et

    ramene

    au

    bien,

    parce que

    l acte lui-

    mme

    par

    lequel l me

    spare

    se

    fixe

    dans

    sa

    fin

    dernire

    est

    un

    acte

    mesur

    non

    plus

    par

    le

    temps,

    mais

    pas

    1

    viternit

    .

    C est

    un acte

    qui

    demeure

    toujours ternellement prsent

    sans

    qu un

    instant

    se

    puisse prsenter dans

    un

    avenir

    quelconque, o l me

    pourrait

    rtracter

    son

    premier choix.

    (Ami

    du

    Clerg, anne

    1922,

    p.

    516).

    Le Coeur de

    Jsus

    lui-mme

    ne

    pourrait triompher

    de

    cette

    impossibilit

    physique,

    sans

    bouleverser

    l ordre tabli

    dans

    la

    na-

    ture

    par

    la

    sagesse

    de

    son

    Pre

    bien-aim.

    Que de

    fois

    ce

    Coeur si misricordieux

    a

    frapp, mais

    en

    vain,

    la

    porte

    de

    cette

    me

    durant

    sa

    vie mortelle

    Obstinment

    elle

    s est

    refuse prter l oreille

    aux

    appels de

    son

    Amour,

    et

    la

    voil

    maintenant,

    par

    l effet mme de

    la

    mort,

    fixe

    tout

    jamais dans

    son obstination. Ds lors

    le

    Coeur

    saint

    du

    Fils

    de

    Dieu ne peut

    plus

    trouver

    en

    elle

    que

    rbellion ternelle

    son

    Pre,

    et,

    jaloux

    avant tout

    des droits de

    son

    Pre

    pour

    la gloire de

    qui

    cette

    me

    avait t cre,

    rachete

    et

    comble

    de

    bienfaits,

    il

    ne

    lui

    reste

    plus

    qu

    venger

    cette

    gloire

    suprme

    en

    crasant

    cette

    me, fige

    dans

    sa

    monstrueuse

    rbellion,

    sous

    le

    poids

    terrible de

    maldiction ter-

    nelle

    de

    son

    Amour irrit

    D.

    Le Coeur de Jsus

    punt-il

    les

    damns

    autant

    qu ils

    le

    mritent

    ?

    R.

    Non, la

    Misricorde

    du

    Coeur

    de Jsus

    trouve

    encore

    s appliquer

    aux

    damns

    en

    les

    punissant

    au-dessous

    de

    ce

    qu ils

    mritent.

    C est

    du

    moins

    la doctrine

    de

    Saint

    Thomas

    (In

    IV

    Sent.,

    dist.

    46,

    q.

    2,

    a.

    2

    (Vives,

    t.

    XI,

    p. 402,

    408),

    de

    Saint

    Bonaventure,

    d Estins,

    de

    Saint Franois

    de

    Sales,

    de Bossuet.

    Chose

    tonnante

    mais

    vritable, dit

    Saint Franois

    de

    Sales, si

    les damns n taient

  • 7/26/2019 Griffon Sala 1

    26/66

    280

    Doctrine

    pas

    aveugls

    par

    leur

    obstination, ils

    trouveraient de

    la

    consolation

    dans

    leurs

    peines,

    et

    verraient

    la

    misricorde divine admirablement

    mle

    avec

    les

    flammes

    qui les brlent ternellement...

    Les

    saints

    voyant

    que

    ces

    peines, quoique

    ternelles

    et

    incomprhensibles,

    sont

    toutefois moindres

    de beaucoup

    que

    les

    fautes

    et

    les crimes

    pour

    lesquels

    elles

    sont

    infliges,

    ravis de

    l'infinie

    misricorde

    de

    Dieu

    :

    O

    Seigneur

    diront-ils.

    que vous

    tes

    bon

    puisque,

    au

    plus fort de

    votre

    colre,

    vous ne pouvez

    contenir le

    torrent

    de

    vos

    misricordes,

    et

    empcher

    qu'elles n'coulent leurs

    eaux

    dans les imptueuses

    flammes

    de

    l'enfer.

    (Trait

    de

    l'Amour

    de Dieu,

    1.

    9,

    ch.

    1.)

    Toutefois

    il faut bien

    se

    souvenir

    que

    la

    misricorde

    ne

    saurait

    supprimer la

    justice

    dans le Coeur trois fois

    saint

    du

    Fils

    de Dieu

    et

    que donc

    la substance

    des supplices

    des

    damns

    est

    ternelle

    et

    proportionne

    aux

    fautes

    de

    chacun d'eux

    et

    ne

    peut comporter

    une

    mitigation progressive

    et

    indfinie.

    La

    Saintet de

    justice

    du Coeur

    de

    Jsus

    les

    a

    condamns inexorablement

    :

    entre

    le

    coeur

    ternelle-

    '

    ment

    rebelle

    du

    damn

    et

    le Coeur

    du Dieu

    de

    saintet, il

    y a un

    abme jamais infranchissable

    D.

    L'enfer

    n'st-il

    pas

    une

    cration

    de l'Amour

    infini

    du

    Sacr-Coeur

    en

    faveur des mes

    de bonne volont

    ?

    R.

    Oui, l'Amour infini

    du

    Sacr-Coeur

    a

    cr l'enfer

    non

    point

    seulement

    comme

    instrument

    de

    sa

    vengeance mais

    comme un moyen

    de salut

    pour

    les mes de bonne volont.

    1

    En

    ce que

    cette

    cration

    leur

    cause

    la seule

    crainte

    qui

    parfois

    soit efficace. Du moins,

    cette

    crainte

    tait

    l'un

    des

    moyens

    possibles

    de

    salut,

    il fallait bien

    que

    Dieu l'employt, puisque

    son amour

    Le

    presse

    de

    les

    mettre

    tous

    en

    oeuvre

    .

    2

    En

    ce

    que

    l'enfer

    est

    la plus vive

    des

    clarts

    qui

    montrent

    les sentiments

    de

    Dieu

    l'gard

    du

    pch. Du moins, c'tait

    une.

    lumire

    possible

    ,

    et

    Dieu voulait

    sur ce

    point

    nous

    clairer

    de

    toutes

    faons

    .

    3

    En

    ce que

    la

    vue

    de ces

    peines

    horribles doit

    exciter

    en

    nous

    une

    affectueuse

    reconnaissance

    l'gard

    du Rdempteur qui

    nous en a

    dlivrs

    .

    (R.

    P. Anizan, Par Lui,

    p.

    98).

    Reconnaissez

    donc, s'crie Saint

    Jean

    Eudes,

    que

    les

    bonts

    de

    l'aimable

    Coeur

    de

    ce

    divin

    Sauveur

    sont

    si

    admirables,

    qu'il

    em-

    ploie

    mme

    les

    feux

    de l'enfer

    pour nous

    engager

    l'aimer,

    et

    par

    consquent tre

    du

    nombre de

    ceux

    qui

    le

    possderont

    ternelle-

    ment

    .

    (OEuvres

    compltes,

    t.

    VIII,

    ch.

    VII,

    p.

    243).

    D.

    Le

    sort

    des enfants

    morts

    sans

    baptme

    et

    privs

    dans les

    Limbes

    de la

    vision

    batifique peut-il

    nous

    faire douter

    de l'Amour

    du