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Tous droits réservés © Santé mentale au Québec, 1984 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 29 déc. 2020 14:47 Santé mentale au Québec Groupe de thérapie par l’art graphique Group therapy through graphic art Denise Cimon, Monique Frenette et André Henry Pratique analytique et psychose Volume 9, numéro 1, juin 1984 URI : https://id.erudit.org/iderudit/030213ar DOI : https://doi.org/10.7202/030213ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Revue Santé mentale au Québec ISSN 0383-6320 (imprimé) 1708-3923 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Cimon, D., Frenette, M. & Henry, A. (1984). Groupe de thérapie par l’art graphique. Santé mentale au Québec, 9 (1), 97–110. https://doi.org/10.7202/030213ar Résumé de l'article Dans cet article, nous décrivons et commentons deux groupes de thérapie par l'art graphique. Est-il possible de réaliser un travail d'ordre psychothérapeutique dans de tels groupes? Nous tentons de répondre à cette question à partir d'exemples tirés du vécu de ces groupes différents. Nous expliquons d'abord comment fonctionnent ces derniers, de quelle façon nous y intervenons, l'évolution générale de ceux-ci et pour terminer, nous présentons de façon approfondie l'évolution d'un des participants.

Groupe de thérapie par l’art graphique...Groupe de thérapie par Fart graphique Denise Cimon* Monique Frenette* André Henry* Dans cet article, nous décrivons et commentons deux

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Page 1: Groupe de thérapie par l’art graphique...Groupe de thérapie par Fart graphique Denise Cimon* Monique Frenette* André Henry* Dans cet article, nous décrivons et commentons deux

Tous droits réservés © Santé mentale au Québec, 1984 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation desservices d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politiqued’utilisation que vous pouvez consulter en ligne.https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/

Cet article est diffusé et préservé par Érudit.Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé del’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec àMontréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.https://www.erudit.org/fr/

Document généré le 29 déc. 2020 14:47

Santé mentale au Québec

Groupe de thérapie par l’art graphiqueGroup therapy through graphic artDenise Cimon, Monique Frenette et André Henry

Pratique analytique et psychoseVolume 9, numéro 1, juin 1984

URI : https://id.erudit.org/iderudit/030213arDOI : https://doi.org/10.7202/030213ar

Aller au sommaire du numéro

Éditeur(s)Revue Santé mentale au Québec

ISSN0383-6320 (imprimé)1708-3923 (numérique)

Découvrir la revue

Citer cet articleCimon, D., Frenette, M. & Henry, A. (1984). Groupe de thérapie par l’artgraphique. Santé mentale au Québec, 9 (1), 97–110.https://doi.org/10.7202/030213ar

Résumé de l'articleDans cet article, nous décrivons et commentons deux groupes de thérapie parl'art graphique. Est-il possible de réaliser un travail d'ordrepsychothérapeutique dans de tels groupes? Nous tentons de répondre à cettequestion à partir d'exemples tirés du vécu de ces groupes différents. Nousexpliquons d'abord comment fonctionnent ces derniers, de quelle façon nous yintervenons, l'évolution générale de ceux-ci et pour terminer, nous présentonsde façon approfondie l'évolution d'un des participants.

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Groupe de thérapie par Fart graphique

Denise Cimon*Monique Frenette*

André Henry*

Dans cet article, nous décrivons et commentons deux groupes de thérapie par l'art graphique. Est-il possible de réaliserun travail d'ordre psychothérapeutique dans de tels groupes? Nous tentons de répondre à cette question à partir d'exem-ples tirés du vécu de ces groupes différents. Nous expliquons d'abord comment fonctionnent ces derniers, de quellefaçon nous y intervenons, l'évolution générale de ceux-ci et pour terminer, nous présentons de façon approfondie l'évo-lution d'un des participants.

À l'origine de notre démarche, il y a le constatde l'insuffisance et de l'inefficacité de l'approcheindividuelle dans le traitement d'un certain nombrede patients. En effet, dans une telle situation le thé-rapeute peut se heurter à des blocages de la penséefantasmatique : le patient ne fait plus d'associationou s'enferme dans un discours répétitif. Ou encore,le patient peut présenter des résistances si fortesqu'il cesse toute rencontre.

Notre expérience nous a également appris que lasituation de groupe permet de diluer la relationtransférielle et de la rendre ainsi moins angoissantepour le patient. C'est ainsi que nous est venue l'idéede mettre sur pied des groupes d'expression gra-phique. Le principal avantage de ces groupes estde rejoindre plus facilement et plus rapidementl'imaginaire, le dessin venant concrétiser le langagesymbolique. De plus, la relation thérapeutique neprésente plus le caractère menaçant de la proximitéaffective de la relation duelle : le dessin étant investicomme objet premier, le thérapeute n'est plus l'ob-jet unique.

Cette hypothèse s'est avérée juste : ce type d'ap-proche a permis à certains patients d'assouplir leursdéfenses et de dépasser leurs résistances sans semorceler, ce qui nous a permis de les accompagnerplus loin dans leur cheminement intérieur.

Cette approche n'est pas nouvelle en santé men-tale mais elle n'a jamais été très prisée dans le milieupsychiatrique. La rareté des publications sur le sujeten serait-elle la cause? Peut-être. Il nous a donc paruutile de vous communiquer cette expérience-pilotefaite avec deux groupes et ayant débuté en 1981 auCentre de Santé Mentale Communautaire de l'hô-pital Saint-Luc.

Nous présenterons d'abord les paramètres desgroupes, leur mode de sélection, les techniques uti-lisées et quelques données socio-médicales sur lesparticipants. Nous décrirons ensuite notre méthoded'intervention. Par la suite nous nous attarderonsà décrire l'évolution générale, des deux groupes enfonction des thèmes graphiques que nous leur avionsproposés. Nous terminerons par une description del'évolution d'un patient. Comme nous avons privi-légié l'introspection de chaque participant plutôt queles interactions dans le groupe sans bien sûr négli-ger ces dernières, nous avons jugé opportun de vousprésenter un patient de façon un peu plus approfon-die. Il sera ainsi plus facile de comprendre com-ment une telle approche favorise l'évolution indi-viduelle à l'intérieur d'un groupe.

Denise Cimon et Monique Frenette, ergothérapeutes etAndré Henry, moniteur en réadaptation, travaillent auC.S.M.C. de l'Hôpital Saint-Luc.

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98 Santé mentale au Québec

TABLEAU 1Comparaison de certaines données socio-médicales entre les deux groupes

Paramètres 1 e r groupe 2 e groupe

Sexe 4 femmes3 hommes

Âge moyenne : 36 ans

Diagnostic 2 psychoses maniaco-dépressive1 dépression psychotique1 dépression névrotique1 schizo-paranoïde1 épisode psychotique de type

paranoïde1 anorexique

Mécanismes de défense* les narcissiques : négationplus utilisés par les participants immatures : projection

névrotiques : intellectualisa-tion, répression

Médication 1 sans6 avec

Patients suivis simultanément 6 en thérapie individuelledans d'autres types d'approche 2 en ergothérapie

3 femmes6 hommes

moyenne : 31 ans

2 schizo-affectifs2 personnalités immatures1 personnalité paranoïde1 personnalité passive-

dépendante1 dépression majeure1 personnalité schizoïde1 schizo-paranoïdenarcissiques : projection, néga

tionimmatures : acting-out, projec

tion, fantaisies,schizoïdes

névrotiques : inhibition, ré-pression, rationalisation

4 sans5 avec6 en thérapie individuelle3 en ergothérapie3 dans aucune

* D'après la définition des mécanismes de défense de Kaplan et Freedman, 1975.

LES PARAMÈTRES DES GROUPES

Chacun des groupes devait en principe être ferméet compter huit personnes au maximum. Les séan-ces duraient deux heures à chaque semaine etdevaient s'étaler sur une année. Elles ont toujours eulieu dans le même local. Trois thérapeutes étaientprésents, l'un animait et les deux autres dessinaientau même titre que les participants, et ce, à tour derôle.

LE CHOIX DES PARTICIPANTS

Pour sélectionner les participants, nous nous som-mes inspirés d'une évaluation individuelle fourniepar le MAP1 (maison, arbre, personne) qui nouspermet de percevoir la capacité de chacun à s'ex-primer par le dessin. Nous avons aussi insisté sur

la motivation au changement et sur la nécessitéd'une participation soutenue.

Nous avons orienté notre choix vers des candi-dats ayant des personnalités schizoïdes, peu verba-les, inhibées, obsessionnelles, névrotiques ou desmélancoliques présentant un ralentissement psy-chomoteur.

LES TECHNIQUES GRAPHIQUES

Nous avons utilisé les techniques graphiques sui-vantes : la glaise, la peinture digitale, la gouache,la peinture acrylique, l'aquarelle, les crayons feu-tres, les pastels à l'huile, les pastels secs, le fusainet les crayons à mine. Les participants étaient libresde choisir entre ces techniques, seule une séancede modelage avec la glaise a été imposée.

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Groupe de thérapie par l'art graphique 99

DONNÉES SOCIO-MÉDICALESSUR LES PARTICIPANTS

Nous présentons au tableau 1 diverses donnéesdécrivant les participants aux deux groupes. D'aprèsces données, les patients du premier groupe béné-ficiaient au départ de mécanismes de défense plusévolués que ceux de l'autre groupe, ce qui nous per-met de supposer qu'ils avaient plus facilement accèsà leurs émotions, étant moins menacés par elles, queceux du deuxième groupe. En effet, les participantsdu premier groupe qui utilisaient un mécanisme dedéfense immature comme la projection exprimaientaussi difficilement leurs fantaisies et leurs émotionsque ceux du second groupe. Ils en parlaient en ter-mes concrets au lieu de communiquer les affectsvécus dans une situation comme avaient tendanceà le faire les participants du premier groupe utili-sant des mécanismes de défense plus évolués.

Notons également que les diagnostics n'ont pasété utiles dans la prédiction de la capacité d'une per-sonne à bénéficier du groupe.

Le tableau 1 nous indique également que certainspatients suivaient simultanément un autre traitementselon d'autres approches telles que thérapie de sup-port, psychothérapie, ergothérapie, etc. Dans cer-tains cas, le matériel ayant émergé lors de séancesdu groupe d'expression graphique a été utilisé parles patients dans une autre forme de thérapie. Troispatients seulement n'ont suivi que le groupe d'ex-pression graphique.

ÉVOLUTION GÉNÉRALE

Nous avons pu respecter notre échéance initialed'une année avec le premier groupe. Le second aduré plus d'un an à cause de sa composition. Il com-prenait en effet certains patients présentant des com-portements immatures ou des traits caractériels ouencore n'ayant pas une motivation assez soutenuepour assurer leur continuité dans le groupe. Il a doncdû être prolongé suite à plusieurs défections et à l'in-troduction de nouveaux participants.

Contrairement aux membres du premier groupequi se sont reliés entre eux dès le début en se sou-tenant mutuellement, ceux du second n'y sont pasparvenus tout de suite. Comme le montre le tableau 2,les gens du premier groupe ont commencé dès la

sixième séance à interagir de façon plus émotive.C'est également à ce moment que les mécanismesde défense apparaissent dans les dessins. Vers ladixième séance émergent les projections transféren-tielles, entre autres, l'idéalisation des thérapeutes.À la même période, le second groupe ne présentetoujours que des résistances primaires reliés à la par-ticipation. Nous avons donc décidé d'y introduirede nouvelles personnes en pensant provoquer unenouvelle dynamique.

À la seizième séance, le deuxième groupe com-mence à être stable et nous décidons de le fermer.Néanmoins, les gens interagissent peu, ils ont ten-dance à se parler à eux-mêmes. Au même moment,les participants du premier groupe commencent déjàà exprimer leurs phantasmes et se permettent de pro-jeter sur les dessins des autres; atteignant ainsi notreobjectif principal. Le deuxième groupe suivra sen-siblement le même cheminement que le premier,mais seulement à partir de la seizième séancejusqu'à la fin.

LE MODÈLE D'INTERVENTION

Pour mener à bien notre travail thérapeutiquenous avons utilisé les verbalisations des participantset leurs dessins en faisant ressortir de ces derniersla symbolique sous-jacente aux éléments conscients.Notre modèle d'intervention a été le même dans lesdeux groupes et s'est réalisé selon trois formes prin-cipales. Pour expliquer chacune de ces formes, nousrecourons à des exemples de notre travail auprèsd'individus de l'un ou l'autre groupe.

Notre premier type d'intervention a consisté àdiminuer les mécanismes de défense en les souli-gnant afin de faciliter l'expression des émotions etdes fantaisies.

Au cours d'une séance, une patiente modèle sonpropre corps en glaise. Elle tente désespérémentde le faire tenir debout, mais il se retrouve fina-lement dans une position de gisant. Elle nous ditalors que ça lui rappelle son état au moment deson hospitalisation. À la séance suivante, lethème porte sur «Comment on se voit à l'inté-rieur de soi». Elle se dessine alors sur un fondjaune lumineux remplissant presque toute lafeuille, les bras levés dans l'attente. Elle dit voirclair dans sa vie, mieux se comprendre, s'appré-cier mieux. Elle précise qu'elle s'est représen-tée les bras tendus parce que c'est du mouve-ment, de la vie. Avant même qu'elle ne parle,

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100 Santé mentale au Québec

TABLEAU 2

Evolution comparée des deux groupes

Premier groupe (1981-82) Deuxième groupe (1982-83)32 séances 47 séances

De la l re à la 16e séance :

— Résistances primaires reliées à la participa-tion même.

À la 5 e séance :— Défection d'un participant.

À la 6 e séance :— Début d'interactions.— Apparition des mécanismes de défense.

À la 10e séance : À la 10e séance :— Projections transférentielles sur nos dessins. — Introduction de nouveaux membres.— Idéalisation des thérapeutes.

À la 11e séance :— Défection d'un participant.

À la 12e séance :— Défection d'un participant.

À la 16e séance : Aux 16e et 17e séances :— Début d'expressions fantasmatiques. — Stabilisation du groupe.— Projections sur les dessins des autres. — Peu d'interaction.

— Expressions de sentiments dépressifs.— Projections transférentielles sur nos dessins.

À la 21 e séance :— Défection d'un participant.

À la 22e séance :— Projection sur les dessins des autres.— Beaucoup d'interactions.

Aux 28e, 29e, 30e et 3le séances : À la 30e séance :— Thèmes sur la séparation. — Défection d'un participant.

À la 32e séance :— Rétrospective.

Aux 4le, 42e et 46e séances :— Thèmes sur la séparation.

À la 47e séance :— Rétrospective.

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Groupe de thérapie par l'art graphique 101

Fig. I :"La femme enceinte"

lors de l'exécution de son dessin, un thérapeutelui fait la remarque «si jaune que cela?». Puis,lorsqu'elle dit voir clair dans sa vie, «si clair quecela?». On lui fait le lien entre la figurine de lasemaine précédente qui était immobile, rigide etgisante et le fait qu'elle tienne à être en mouve-ment sur ce dessin-ci. Cela lui permet de direqu'elle ne voulait surtout pas se représentercomme la figurine de glaise qui lui rappelait sadépression car elle a peur de se retrouver paraly-sée comme au moment de son hospitalisation(elle pleure). Finalement, notre intervention luipermet d'exprimer sa peur, en faisant ressortirsa négation.

Notre second type d'intervention concerne lacompréhension dynamique dans un processus sem-

blable à celui de la psychothérapie. Cependant nousutilisons directement le matériel projectif, diver-geant de la psychothérapie sur ce point.

Arthur2, à ses débuts dans le groupe, était trèsrenfermé, difficilement capable d'exprimer sesémotions. Il faisait des dessins plutôt concrets.Au cours de son cheminement, il eut graduelle-ment accès à son vécu intérieur, au symbolisme.Lors d'une des dernières séances dont le thèmeest «Comment on vit la fin du groupe» (voir des-sin 1 : la femme enceinte) il dit : «Le groupe,c'est une expérience, comme une femmeenceinte. Lorsqu'on s'en sort c'est pour retrou-ver le soleil qui est petit mais qui va grossir. Legroupe m'a apporté la lumière. C'était gênantau début parce que je ne connaissais personne,

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Fig. 2 : "Le paradis terrestre"

mais j 'en ai retiré beaucoup parce que j 'ai beau-coup moins de difficulté à m'exprimer». Nouslui faisons remarquer que concrètement le groupeen est à son neuvième mois, qu'il est le per-sonnage de son dessin, portant en lui ce quele groupe lui a apporté : c'est comme une re-naissance.

Nous prenons donc les symboles exprimés dansle dessin comme reflétant la réalité du patient et nousintervenons directement en les utilisant.

Notre troisième type d'intervention a porté surle matériel transférentiel. Ce matériel a pu être prin-cipalement travaillé par l'intermédiaire de nos pro-

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Groupe de thérapie par l'art graphique 103

Fig. 3 : "'Projection morcelée des autres"

près dessins et des fantaisies exprimées à leur sujetpar les participants. Ce phénomène transférentiels'est répété de façon semblable dans les deux grou-pes et comporte trois phases. Dans un premiertemps, on retrouve une image idéalisée des théra-peutes. Les patients s'amoindrissent en percevantun meilleur esthetisme et surtout un plus grand équi-libre dans nos dessins que dans les leurs.

Une patiente est tellement impressionnée par lesexplications d'un thérapeute sur son propre des-sin qu'elle voudrait les enregistrer, elle dit :«C'est comme cela qu'il faudrait être mais j 'ensuis incapable».

Devant le dessin d'un thérapeute représentant unesituation de deuil, un autre patient dit que le thé-rapeute a bien vécu la séparation alors que lui-même a l'impression qu'il en serait mort. Noussaisissons l'occasion pour faire voir aux partici-pants qu'ils nous idéalisent.

Lors de la deuxième phase, l'idéalisation s'ame-nuise, les gens perçoivent dans nos dessins des émo-tions difficiles, voire de la souffrance et cela lesétonne.

Un patient suggère à deux thérapeutes, lors deséances différentes, qu'ils devraient peut-êtreconsulter un psychiatre. Nous lui soulignonsnotre impression qu'il nous croit incapables deressentir des émotions parce que nous sommesthérapeutes. Il acquiesce.

Dans un dernier temps, ils expriment plus faci-lement leurs fantaisies à travers nos dessins, sur-tout leurs phantasmes sexuels ainsi que leurhostilité.

Aline2 apostrophe un thérapeute lors de laséance portant sur le thème «Fantaisies sur sonpropre corps». Celui-ci a dessiné une échelledans son corps, elle lui dit qu'elle est là pour queles femmes montent dedans et qu'il ne peut rien

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y faire parce que c'est lui qui a provoqué cela.Réjean2, lui, réagit à plusieurs reprises aux des-sins d'un thérapeute en disant qu'ils ne disentrien, qu'ils sont généraux et trop structurés.

Dans cette dernière étape, il n'a pas été néces-saire d'intervenir, sauf à propos des mécanismes dedéfense, notre objectif étant de rejoindre le maté-riel inconscient. Précisons que nous avons pu êtreplus incisifs la première année parce que les parti-cipants du premier groupe semblaient posséder unMoi suffisamment fort et présentaient des mécanis-mes de défense moins primaires, comme nousl'avons déjà vu au tableau 1.

ÉVOLUTION DES THÈMES

Étant donné la courte limite de temps imposée audépart au groupe, nous avons choisi de proposer desthèmes à chaque séance afin de faire surgir plusrapidement le matériel nécessaire à notre travail.

Nous partons du matériel fourni par les séancesprécédentes pour proposer les thèmes. Par exem-ple, à un moment donné les patients contestaientbeaucoup, semblaient insatisfaits et avaient de la dif-ficulté à respecter les horaires. Afin de travaillerce qui nous apparaissait comme une résistance nousavons suggéré le thème «Qu'est-ce qu'on attend desautres?».

TABLEAU 3

Thèmes couverts par les deux groupes

1 e r groupe 2 e groupe

lre séance2 e séance

3 e séance

4e séance

5 e séance

6 e séance

7 e séance

8 e séance

9 e séance

10e séance

11e séance

12e séance

13e séance

14e séance

15e séance

16e séance

Essai de différentes techniquesLe jour et la nuit

Une situation dans laquelle on aimeraitêtre présentement

Une ou des personnes que l'on n'aimepas dans la situation de notre choix

L'espoir

La solitude

Comment on se sent présentement

La colère

L'autorité

Le désir

La violence

Votre plus vieux souvenir

L'absence d'une personne significative

La glaise : modelage de son proprecorpsComment on se voit à l'intérieur de soiDans la forme de son corps (grandeurnature); laisser aller ses fantaisies

Essai des différentes techniquesSituation réelle ou imaginaire danslaquelle on aimerait êtreComment on se sent présentement

La solitude

La colère

Comment on se sent face à quelqu'un quinous dirige

Le désir; ce que l'on aimerait être

Comment on se sent ou réagit quand unepersonne nous approche; entre en contactavec nous

L'évasion

«Qu'est-ce qu'on attend des autres?»

Le bon et le mauvais à l'intérieur de soi

La peur

Comment on se perçoit à l'intérieur de lafamille

Le sexe

Modelage de son propre corps (en glaise)

Le besoin

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Groupe de thérapie par l'art graphique 105

17e séance La peur L'effort

18e séance La mère La déception

19e séance Le père Dessiner une émotion qui nous touche

personnellement

20e séance La sexualité Dessiner un rêve (sommeil)

21 e séance La colère L'interdit

22e séance Sans thème : dessiner une émotion, une Dessiner une émotion qui nous touche

idée qui nous touche personnellement

23 e séance Le besoin La mère

24e séance La souffrance Le père

25 e séance Le bon et le mauvais à l'intérieur de L'abandonsoi

26e séance L'effort et le temps que ça prend pour Libre (dessiner une émotion)parvenir à son but

27e séance L'ambivalence Le plaisir

28e séance Le plus vieux souvenir de séparation L'absence d'une personne significativepénible

29e séance Comment on vit les séparations Libre. Dessiner une émotion que l'onmaintenant ressent présentement

30e séance Comment on vit la fin du groupe Dessiner une émotion que l'on ressentprésentement

31 e séance «Qu'est-ce qui vient après la fin du Ce qui vous rend enthousiaste.groupe? Comment on s'en sort aprèsune séparation.»

32e séance Rétrospective de l'année La confiance

33 e séance La perfection34e séance La honte

35e séance Thème libre, dessiner une émotion

36e séance Fantaisies sur la forme de son corps,grandeur nature

37e séance Comment on a l'impression que les autresnous voient

38e séance Thème libre, dessiner une émotion

39e séance Thème libre, dessiner une émotion

40e séance L'avenir

4le séance Un ancien souvenir de séparation pénible

42e séance Et si le groupe continuait... (fantaisies)

43^ séance Thème libre (dessin collectif)

44^ séance La colère (dessin collectif)

45 e séance L'amour (dessin collectif)

46e séance La perte

47 e séance Rétrospective de l'année

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Leurs suggestions peuvent également être à l'ori-gine du choix d'un thème. Ainsi, lors d'une séanceayant pour thème «le besoin» une patiente nous adéclaré avoir résolu tous ses problèmes depuisqu'elle a un nouvel amoureux. H nous a semblé quec'était là une tentative de nier ses problèmes d'au-tant plus qu'elle suggérait «la souffrance» commethème. Nous avons choisi ce thème la semaine sui-vante et lui avons ainsi permis d'être plus près desa dépression.

L'évolution du choix des thèmes comporte troisphases. La première est une période d'apprivoise-ment à la technique et au groupe, avec des thèmeslarges et non menaçants, pouvant laisser libre coursà leurs fantaisies comme «le jour et la nuit», «unesituation réelle ou imaginaire dans laquelle on aime-rait être, etc.».

Lorsque le groupe atteint une certaine cohérence,nous entrons dans une seconde phase où nous pou-vons aborder des thèmes rejoignant plus directementles difficultés émotionnelles des patients comme «laviolence», «le désir», «la peur», «la famille», «lesexe», etc. Nous sommes alors au coeur même decette démarche thérapeutique.

Ayant senti une colère sous-jacente chez la plu-part, nous avons choisi de proposer «la colère»comme thème. En effet, un patient utilisait sou-vent le noir et le rouge dans des scènes de vio-lence; d'autres exprimaient peu d'émotion dansleurs productions, une autre dessinait des éclairsen parlant d'énergie stérile et disait ne ressentirqu'une seule émotion, la dépression.

La troisième phase sert à préparer la fin des séan-ces de groupe. Elle porte donc sur des thèmes reliésà l'abandon ou la séparation. Cette succession desthèmes a été la même dans les deux groupes, mêmesi elle ne s'est pas faite au même rythme et si lesthèmes n'y ont pas été amenés aux mêmes moments.

EVOLUTION D'UN PATIENT-TYPE

Au risque de vous paraître trop «concrets» en nousservant une fois de plus d'un exemple pour illus-trer notre propos, nous avons pensé étayer notrearticle par l'étude longitudinale d'un patient.Réjean2, le patient dont nous parlerons, a pu pro-gresser à travers un des groupes lui permettant d'af-faiblir ses mécanismes de défenses et d'avoir ainsiaccès à sa dépression.

Réjean est référé par un C.L.S.C. Il consulteparce qu'il se sent perdre de plus en plus contactavec la réalité. Il dit vivre dans un monde abstrait,se sentir ailleurs. Il s'isole de plus en plus et perdintérêt à tout. Il présente des difficultés d'attentionet de concentration. Il perçoit les autres commemenaçants. Il fait de la peinture mais selon lui, ilne réussit jamais à s'y exprimer comme il le vou-drait, dévalorisant ainsi ses productions. Il dit enplus avoir de la difficulté à verbaliser ses émotions.Après l'évaluation, Réjean n'a été vu qu'à l'inté-rieur du groupe d'expression et n'a reçu aucunemédication.

Nous ne décrirons pas en détail tous les dessinset les verbalisations de Réjean. Nous nous conten-terons de faire ressortir les étapes importantes deson cheminement avec leurs principales caracté-ristiques.

Au début, Réjean arrive à n'importe quelleheure, comme s'il avait une notion du temps pré-caire. «Il est fripé comme un coquelicot». D noustient des propos confus et contradictoireslorsqu'il nous parle de ses dessins qui représen-tent souvent des personnages dédoublés, déchi-rés, morcelés. Ses productions sont aussi flouesque ses propos (voir dessin 2 : le paradis terres-tre). Nous y voyons le désir de communier avecla nature, d'être protégé et nourri par elle. H per-çoit la colère comme destructrice et la projetteà l'extérieur de lui, et se prétend indifférent. Ilse sent sans défense et parle «d'agression défen-sive». À ce stade, il lui semble impossible defaire des compromis entre son désir de perfec-tion et celui de vivre ses émotions. Il est paralysé,au point d'en arriver à se représenter comme unestatue dans un dessin.

À partir du thème «comment on se perçoit àl'intérieur de la famille» suit une courte étape aucours de laquelle il tente désespérément de seréparer concrètement. Plusieurs de ses dessins,dont le dessin 3 représentent alors des projec-tions morcelées des autres. Comme il essaie derelier ces morceaux entre eux, nous lui reflétonsque ce sont ses propres morceaux qu'il tente derecoller. Il nous parle de sa difficulté à se rap-procher des autres parce qu'il est flou, il voulaitd'ailleurs se dessiner à l'état liquide et il pensequ'il lui faudrait se condenser. Il voit le groupecomme un repère qui l'empêche de se dissoudre.

Ensuite, à partir du thème «l'effort», émergeun idéal du moi inatteignable au point où touteffort pour y accéder paraît vain. Il éprouve alorsun sentiment d'impuissance et pense qu'il fautsouffrir afin d'arriver à la perfection. Il ne sait

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l'art graphique 107

Fig. 4 : La chute

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pas comment passer à l'action et ne trouve pasd'issu à son problème. Nous intervenons à quel-ques reprises de façon à lui souligner que savolonté d'atteindre un idéal inaccessible est àl'origine de sa crainte d'être déçu par ses efforts.Il réagit en devenant hostile envers nous parceque nous ne sommes plus de bons parents. Nouspercevons même de la colère contre nous lors-que nous amenons le thème de «la honte» à uneséance. Comme la honte lui semble un sentimentinsupportable il évite de l'aborder et revient authème de la semaine précédente, la perfection.

À partir du moment où l'idéal du moi devientmoins omniprésent, apparaissent des propos plusdépressifs. Ce mode dépressif est occasionné parla prise de conscience de l'impossibilité de seconformer à un modèle trop élevé. Lorsqu'ilaborde le thème de l'abandon, il l'associe avecun souvenir où il est seul. Il lui semble que leplaisir lui est devenu inaccessible, il se sent inerteà côté des autres qui lui paraissent s'amuser beau-coup. Il lui devient difficile d'accomplir les ges-tes du quotidien et commence à remarquer ledésordre dans sa chambre qui correspond à celuiqu'il ressent à l'intérieur de lui. Comme le mon-tre le dessin 4 "la chute", il a subi une cruelledéception. Avant, il se voyait comme quelqu'und'important. Mais il est tombé de haut lorsqu'ils'est aperçu que c'était une illusion. Il a réagien se renfermant, en se retirant; il s'est senti ridi-cule de s'être trompé. En conséquence, il se voittout petit devant les autres tous plus grands quelui. Ce dessin montre à la fois l'importance del'idéal du moi et la honte ressentie de ne pas ycorrespondre. Par la suite (voir dessin 5 : la par-tie de hockey), il devient capable de nous parlerdu souvenir d'une perte subie dans son enfanceet d'exprimer pour la première fois sa colère con-tre ses parents. Selon ses dires, ces derniers, sousprétexte de s'occuper du bien-être de leursenfants, n'agissaient que selon leur bon vouloirsans tenir compte de ces derniers. C'est la pre-mière fois que son dessin est bien structuré, bienvivant, c'est un des rares dessins concrets qu'ilait fait. Réjean est entré en contact avec ses sen-timents dépressifs. Comme le groupe prenait finà ce moment, son cheminement s'est arrêté là.Comme nous pensions qu'il pourrait continuerà évoluer avec ce type de thérapie, nous lui avonsproposé de poursuivre avec un nouveau groupe.

Le parcours décrit plus haut ne s'est pas fait defaçon continue. En effet, nous avons remarquéqu'après chacun des arrêts pour les vacances, lecontenu des dessins de Réjean redevenait morcelé,flou. Il a établi peu de relations significatives avecles autres participants, ses interactions étant surtout

transférentielles. Ses verbalisations nous donnaientl'impression qu'il reproduisait avec nous le modèlefamilial : un des thérapeutes représentait l'autorité,un autre était identifié comme la bonne mère et letroisième était associé à la partie souffrante de lui-même.

CONCLUSION

II est certain que cette approche ne s'adapte pasà tous les types de patients, entre autres aux patientsà la personnalité immature, aux mécanismes dedéfenses cristallisés ou incapables d'accéder à lapensée métaphorique.

En dehors de l'utilisation d'un médium, le des-sin, le travail dynamique à l'intérieur d'un grouped'expression graphique chemine de façon assezsimilaire à celui qui se fait dans une psychothéra-pie classique. Comme dans cette dernière, l'inter-vention porte sur les résistances, le transfert, tentede rejoindre l'inconscient et d'avoir accès aux élé-ments dépressifs.

Selon nous, cette forme de thérapie peut être unealternative à la relation dyadique parce qu'ellerejoint un matériel qui, dans certains cas, n'appa-raît pas spontanément en thérapie verbale. C'est ceque nous avons voulu démontrer en vous présen-tant Réjean. Cependant, le matériel émergé dans cecadre peut également être utilisé de façon parallèleet stimuler une thérapie individuelle stagnante.

Un tel groupe favorise le travail des élémentsémotifs chez des patients peu verbaux. En effet,l'abstraction du langage ne permet pas à certainsd'exprimer ces émotions de façon satisfaisante alorsque chez d'autres, l'utilisation de mécanismes dedéfenses tels que la négation ou la projection lesempêchent d'y accéder. Nous trouvons essentiel desélectionner, au moyen de l'évaluation avec leMAP, les patients qui manifestent une certaine capa-cité d'expression graphique de leurs phantasmes.En effet, nos deux années d'expérience ont démon-tré que les candidats dont le MAP permettait de dou-ter de leur capacité à accéder à leurs phantasmes,ont peu profité de cette approche. Ils n'ont réaliséque des dessins de situations concrètes, n'exprimantque peu ou pas d'émotions ou de fantaisies.

Nous ne sommes pas en mesure à l'heure actuellede tirer des conclusions plus larges de notre expé-rience. Nous continuons à accumuler des données

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Fig. 5 : La partie de hockey

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avec d'autres groupes. Peut-être serons-nous enmesure, dans l'avenir, d'élaborer plus en profon-deur cette approche thérapeutique.

NOTES

1. Traduction libre et adaptée du H.T.P. Test, N. Buck, 1948,Journal of Clinical Psychology, vol. IV, n° 4, octobre,319-396.

2. Nom fictif.

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SUMMARY

In this article we describe and comment upon two graphic arttherapy groups. Is it possible to accomplish work of a psycho-therapeutic nature in such groups? We attempt to respond to thisquestion using examples taken from the experience of these dif-ferent groups. First, we explain how the groups operate, ourmethod of intervention, the general evolution, and finally, wepresent, in an in-depth fashion, the progress of one of theparticipants.