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    LMENTS ET THORIE

    L'ARCHITECTURE

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    MAON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS.

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    A F

    ELEMENTS ET THEORIEDEL'ARCHITECTURECOURS PROFESS A L'COLE NATIONALE ET SPCIALE

    DES BEAUX-ARTS

    J. GUADETl'ROFESSEl'H

    IRftPBCTBUn i;in:hal in-:s hatiments civilsMKMIIMK Ml CONSlill. SUrHIBI'll DB I. ENSEIGNEMENT DKS BEAUX-AHTS

    OUVRAGE HONOR D'UNE SOUSCRIPTION ET COURONN PAR L'ACADMIE DES BEAUX-ARTSNOUVELLE DITION REVUE ET AUGMENTE

    TOME III

    Vry (\

    LIBRAIRIE DE LA CONSTRUCTION MODERNEPARIS13, Rue Bonaparte, 13

    ( Bn face de l'Ecole tles Beaux-Arts.'

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    LIVRE X

    LES

    LMENTS DE LA COMPOSITIONDANS

    LES DIFICES D'USAGE PUBLIC

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    CHAPITRE PREMIER

    LMENTS DES DIFICES COMMERCIAUXSOMMAIRE. Conditions gnrales. La Boutique. Maisons

    disposes pour le commerce. Grands magasins de vente. Dockset dpts. Ateliers industriels.En abordant l'tude des difices dusage public, je commence

    par dclarer vicieuse cette appellation, que j'adopte, faute demieux, pour grouper des difices qui ne se rattachent pas descatgories prcises, et qui n'ont entre eux que ce lien d'usagepublic. Assurment, ce n'est pas une dfinition, il faut donc desexemples pour expliquer ce titre : ce seront les difices com-merciaux, les halles et marchs, les Bourses, les entrepts, lesgares, etc., puis les thtres, les concerts, les casinos, etc.

    Dans tout cela, il est assez difficile de prsenter une thorie :il faudrait plutt une srie de monographies, et tel n'tant pasle plan de ce cours, j'ai surtout vous dire, en somme, que surses sujets vous trouverez avant tout l'enseignement dans votrebibliothque. Essayons cependant.Le commerce, et en premier lieu le commerce d'alimentation,fut de tout temps une ncessit imprieuse de la vie civilise,et la condition mme de l'existence des villes. Commerce degros, commerce de dtail, ce mcanisme existe de tout temps,et devait crer une architecture : architecture prive par le maga-

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    4 LMENTS ET THORIE DE L ARCHITECTUREsin et la boutique, architecture publique par le march. Nousavons dj rencontr la boutique en parlant de la maison; etquant au magasin ce qu'on en peut dire tout d'abord, c'est qu'ildoit tre clair, libre d'encombrements, accessible et facile sur-veiller avec d'ailleurs toutes les multiples particularits quipourront rsulter de chaque programme, c'est--dire de chaquenature de marchandises. Ainsi par exemple un magasin de fersmarchands, o les fers se placent debout, ne ressemblera en rien un magasin de petits objets classs dans des tiroirs hauteurde la main.

    Je confesse d'ailleurs mon embarras vous parler des con-structions l'usage du commerce ou de l'industrie. Cela est envrit trop vaste et trop vari pour se prter l'exposition delois gnrales, et les applications changent si frquemment, l'in-gniosit marche une telle allure, que ce qui serait vrai aumoment o j'cris ne le serait plus au moment o vous meliriez. Peut-tre cependant est-il possible de dgager quelquesvrits d'ordre gnral.

    Il est vident que, en pure logique, chaque commercedevrait correspondre une conception approprie du local devente. Il est bien clair en effet que ce qui convient pour la ventedes fleurs par exemple, n'est pas ce qui convient pour la ventede la quincaillerie. Mais il est trs rare que le commerant fasseconstruire en vue de son commerce : c'est un gros risque queles maisons puissantes et sres de leur avenir ou qui croientl'tre peuvent seules se permettre. En gnral, le rgime destablissements commerciaux est plus modeste et plus banal,c'est la location. Et cette location, c'est presque ncessairementla location tout faire.Que peut faire en effet le propritaire qui construit ? Il ne sait

    quel sera le locataire de ses boutiques, et le saurait-il pour le

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    LMENTS DES DIFICES COMMERCIAUX 5moment prsent qu'il l'ignorerait pour un avenir prochain. Ilne peut donc crer qu'un endroit banal; et quand il lui auradonn autant que possible l'espace et la lumire, il devra s'entenir l. Je vous ai dit un mot dj des boutiques, en parlantde nos maisons, et de la difficult de composition et d'tudequi en rsulte pour nos rez-de-chausses; et je vous avertissaisque si vous cherchiez vous drober aux ncessits commer-ciales de la boutique, elles seraient plus fortes que vous. Faitesrsolument des boutiques : ce conseil parat oiseux, et cepen-dant on a souvent cherch donner la boutique un caractreanormal, en dissimulant presque sa destination sous une appa-rence monumentale qu'elle ne tolre pas. On en est toujourspuni.

    Pour tre vrai dans la conception et l'tude du local com-mercial, il faut se mettre la place du vendeur et de l'ache-teur; au fond, cela revient au mme : il faut avant tout que laboutique soit, engageante.

    Et pour cela, il faut en premier lieu qu'elle ait le plus pos-sible d'talage ou de devanture. Le client aime voir avantd'entrer, ou mme il n'entre que parce qu'il a vu. L'talage doitarrter le passant, le tenter, le sduire. Vous n'aurez doncjamais de vitrages trop grands, et l'on tend de plus en plus faire descendre presque jusqu'au sol les glaces de devanture.Mais pour que le client soit tent, il faut qu'il s'arrte, et s'ilpeut dans cet arrt tre l'abri des bousculades du trottoir oude la pluie, il sjournera davantage : de l est venue l'habitude,encore timide, de mnager devant la devanture un espace enretrait, sorte de porche extrieur, ou d'antichambre de la bou-tique, o bien entendu il se fera aussi des talages. Ce parti estsduisant, mais il n'est pas toujours possible. Il faut que laboutique soit assez profonde pour qu'on puisse prlever sur elle

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    6 LMENTS ET THORIE DE L ARCHITECTUREcet espace libre ; il faut aussi qu'elle soit assez haute pour qu'iln'en rsulte pas un assombrissement sensible, surtout lorsque larue est troite; puis l'clairage et l'aration dessous-sols, dpen-dance ordinaire de la boutique, deviennent ainsi plus difficiles.Cela ne convient d'ailleurs que pour certains commerces et nonpour d'autres : je vous parlais tout l'heure de fleurs et de quin-caillerie : cela pourrait tre avantageux pour le fleuriste, sansobjet pour le quincailler.

    Ce sont donc l des dispositions qui ne peuvent tre prisesque par le locataire, au moyen de constructions aussi provisoiresque sa location mme, et ce serait une faute que de rendre ceparti obligatoire par le fait d'une construction dfinitive. Le vraicaractre de la boutique est d'tre libre de se prter toutesles combinaisons personnelles de l'occupant : quand l'architecteaura assur la solidit de la maison en rduisant au minimuml'obstruction des locaux commerciaux, il aura fait tout ce qu'ilpouvait faire.

    Mais dans les quartiers essentiellement commerants, le com-merce occupe souvent tous les tages d'une maison, et il s'ac-commode mal d'appartements conus pour l'habitation. Aussi,lorsqu'on construit dans ces quartiers, faut-il se demander si onfera la maison d'habitation ou la maison de commerce : car ilfaut choisir.

    La maison de commerce a en effet des exigences autres quela maison d'habitation. Son entre sera large et bien en vue, etdonnera accs un escalier principal ou plusieurs facileset clairs. Ils ne seront jamais trop larges ni trop doux. Lespaliers devront tre larges, desservis d'ailleurs par des ascen-seurs s'il y a lieu. Quant au local commercial, sauf qu'ici il n'ya pas de devanture sur la voie publique, il devra comme la

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    ELEMENTS DES EDIFICES COMMERCIAUX 7boutique tre aussi libre que possible de points d'appui, large-ment clair, d'une distribution claire, et surtout susceptible dedistributions variables.Un soin ncessaire dans ces maisons est de faire les planchersassez rsistants pour supporter des poids considrables. Il y ade nombreux commerces qui entassent des choses lourdes, et ilne faut pas croire que ce soit toujours rez-de-chausse. Dansles tages, si un jour vous n'avez que des plumes porter, vouspourrez un autre jour recevoir un libraire, ou un marchand detapis, de papiers, d'objets de mtal, etc. Je crois que la prvi-sion d'une surcharge de 600 kilos par mtre superficiel de plan-chers n'a rien d'exagr.La faade sera trs ouverte, car le plus souvent ce n'est que

    la rue qui claire, les faades sur cours intrieures apportantpeu de contingent de lumire. Vous aurez donc presque l'archi-tecture des boutiques remontant jusqu'au dernier tage. Et il ya cela une autre raison encore que l'clairage : tous lestages, le commerant veut appeler l'attention des passants ;s'il ne peut avoir l'talage proprement dit, il aura l'enseigne, lesgrands vitrages clairs le soir. Et s'il lui faut une lumire plusattnue pour dissimuler l'infriorit de sa marchandise celaarrive il sera toujours facile de recourir au verre dpoli ouau rideau pais.

    Quelle pourra tre l'expression architecturale de ces maisons ?Rien ne s'oppose ce qu'elle ait sa valeur srieuse et origi-nale, rien, si ce n'est l'enseigne qui viendra dtruire toute ligne,submerger toute tude, anantir toute proportion- A cela nousne pouvons rien. On a cherch localiser tout au moins l'en-seigne en crant dans la faade des grands panneaux horizon-taux entre les tages successifs de fentres : pure illusion; lecommerant, qui en gnral n'est pas gn par les scrupules

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    8 LMENTS ET THORIE DE L ARCHITECTUREesthtiques, dbordera toujours toute limite prpare sarclame; si son voisin a des lettres monstrueuses d'un mtre etdemi, il lui en faudra de deux mtres; et plus ce sera laid,

    JmHHBHHHHHHHHBMHMMBHMk1 i 3 i S C 7 S J II

    Fig. 86i. Magasins runis, Paris.criard, de couleur agaante, plus aussi cela attirera l'oeil avecviolence, et c'est le but !

    Je ne puis vous montrer d'exemple en quelque sorte classiquede cette architecture des maisons destines au commerce. Il en at fait de nombreuses et assez varies, et somme toute lesrues comme la rue Raumur qui sont purement commercialesont peut-tre plus de varit et de caractre d'ensemble que les

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    ELEMENTS DES EDIFICES COMMERCIAUXrues rserves l'habitation bourgeoise. Je vous citerai toutefoisla construction importante difie pour les Magasins runis(fig. 86 1), tudie avec une proccupation artistique du carac-tre spcial au programme.

    Il a t fait aussi danscet ordre d'ides des ten-tatives intressantes deconstructions mtalliques,et peut-tre est-ce dans cesens que le programmede la maison commercialeest appel recevoir sasolution. Telle est celleque M. Raulin a con-struite rue d'Uzs (fig.862).

    L'architecte, il faut lereconnatre, est plusmatre de sa compositionlorsqu'il lve un dificeen vue d'un commercedtermi n, l'occu pant danstoutes ses parties, du sous-sol aux combles. Et cepen-dant il est rare que cesgrands ensembles aient t crs d'un seul jet ou pour cettedestination spciale. Le plus souvent, il ne s'agit que d'adapta-tions o il se dpense beaucoup d'ingniosit pour assurermalgr tout des dispositions pratiques. Vous pouvez nanmoinsvoir un exemple intressant d'une construction de ce genre,

    Fig. 862 Maison commerciale rue d'Uzs.

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    10 LMENTS ET THORIE DE L ARCHITECTURE

    Fig. 86;. Magasins du Printemps. Plan et coupe.

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    ELEMENTS DES EDIFICES COMMERCIAUX IIrellement conue pour son programme : c'est le magasin duPrintemps (fig. 863 ). Je ne puis le dcrire dans toutes ses parties :essayons du moins de dterminer les conditons invariables deces sortes de magasins qu'on y vende d'ailleurs des toffes, desmtaux, ou mme de tout.

    D'abord, facilit d'accs du dehors, par des portes de plusieurscts : il faut toujours que le passant soit engag entrer; faci-lit de circulation, mais aussi facilit de surveillance; et enfinl'aspect qui doitdonner ds le pre-mier abord l'ide,exagre au be-soin, de l'impor-tance et de la ri-chesse de l'ta-blissement. Ilfaut aussi la faci-lit de translationd'un rayon unautre : dans ces magasins, trs vastes, la disposition est en gn-ral un grand hall vitr central, avec des galeries latrales, entrois et parfois quatre tages. Si le vitrage central est trs long,l'acheteur qui aura termin ses emplettes dans la galerie de droiteaura faire un parcours long et compliqu pour se rendre lagalerie de gauche. Il faut donc des passerelles pour les runir ;et comme tout ici est lieu de vente, ces passerelles seront encoredes galeries transversales entre deux vitrages. Ainsi, d'une part,considrations d'clairage qui demanderaient des vitrages aussigrands que possible; d'autre part, besoin de communicationsqui conduisent les diviser : questions dlicates de mesure etd'tude. Le magasin de la Belle Jardinire (fig. 864) peut encore

    Fig. 864. Magasins de la Belle Jardinire.

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    12 LMENTS ET THORIE DE L'ARCHITECTUREtre cit comme rpondant assez heureusement ces ncessites.

    Ces derniers exemples se rapportent aux difices o se pressela plus nombreuse afluence du public. A certains gards, cesgrands magasins sont des muses de marchandises.

    D'autres maisons de vente, non moins considrables, n'ontpas compter avec les foules, soit qu'on n'y fasse que le com-merce de gros, soit qu'elles ne s'adressent qu' une clientlespciale. Dans cet ordre d'ides, les varits sont nombreuses; ilfaut toujours le plus d'espace possible, de l'ordre, de la clart,mais cela participe toujours un peu de l'entrept ou du magasin.Je vous parlerai plus loin des entrepts de liquides ou decrales, mais ce ne sont pas les seuls : tout commerce, touteindustrie a ses entrepts. Lorsque ces dpts sont affects unenature spciale de marchandises, le programme est nettementdfini : ainsi par exemple une grande usine telle qu'une fonderieaura dans des villes des dpts de ses marchandises : ce serapresque un muse de ses modles : on y reoit des commandesplutt qu'on n'y fait des ventes; le client compare, choisit, et lacommande est transmise l'usine, qui livrera les objets com-mands. Un des plus importants tablissements de ce genre estle dpt des fonderies du Val d'Osne, Paris (fig. 865). Dansla composition de ces dpts, l'architecte est dirig par la naturemme des marchandises, grandes et menues, lourdes ou lgres,rsistantes ou fragiles. Rien de gnral ne peut tre indiqu ce sujet.

    Mais il y a d'autres dpts commerciaux, destins des mar-chandises trs diverses ce qu'on appelle Magasins gnraux.Pour des raisons quelconques un commerant y dpose desmarchandises qui pourront tre des liquides en fts ou en bou-teilles, des machines, des meubles, ou des petits objets portatifs.Il faut donc ces magasins des caves, des locaux spacieux pour

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    LMENTS DHS DIFICES COMMERCIAUX 13es gros objets, des rez-de-chausse levset des cours couvertes pour ce qui estlourd et encombrant; puis des tagesmultiples pour les objets plus maniablesou plus dlicats. Pour tout cela, de l'ordreet de la clart, des divisions faciles, desplanchers trs rsistants, des tages assezbas pour que la manipulation soit facile,et des moyens mcaniques pour l'lva-tion et la descente des marchandises parde nombreux monte-charges judicieuse-ment rpartis.

    Tout ce qui se vend se prpare dansdes ateliers industriels. Pour quelquescommerces, l'atelier est encore la chambrede l'ouvrier : je n'ai rien de spcial endire; au hasard de la location, l'ouvrierchoisit le local o il pourra le mieux oule moins mal exercer son industrie. Maisla grande masse des produits ouvrs seprpare dans des ateliers collectifs, avecces deux lments indispensables de l'co-nomie : le travail des machines, et ladivision du travail.

    Ici, tout est affaire de programme, et iln'y a gure de principes gnraux : l'archi-tecture n'est gure que l'enveloppe d'uneorganisation qui a ses exigences prcises.Tout ce qu'on en peut dire, c'est qu'elledoit se prter la plus grande libert des

    Fig. 865. Dpt des fonderiesdu Val d'Osne.1, boutiques en location. 2, escalierdu directeur. 3, deslocataires

    4. concierge. s. ateliers de sculp-ture et de dessin. 6, caisse etcomptabilit. 7, vente. 8, corres-pondance. 9, directeur. 10. marins. 1 1, emballage et d-ballage. it, montage. l. ma-chine a vapeur. 14, menuiserie.1 >, monte-charge.

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    14 LMENTS ET THORIE DE L'ARCHITECTUREtransformations frquentes de l'industrie : il ne suffit pas que ladisposition satisfasse au programme d'aujourd'hui, il faut encorequ'elle se prte au programme de demain. Par consquent, moins ily aura de points d'appui intrieurs, de murs de refend, mieux celavaudra : il n'y a gure qu' constituer des espaces clos, couverts,ars et clairs, aussi vastes que l'emplacement le permettra.En l'tat actuel de l'industrie, on ne peut gure que prsumer

    ce que pourra amener l'utilisation de plus en plus gnrale del'nergie lectrique; il en rsultera certainement une grandesimplification de l'architecture industrielle, surtout si l'lectricitest produite au dehors et non dans l'usine mme. Un tempsviendra, bientt sans doute, o l'usine ne contiendra plus demoteurs et ne devra plus abriter que des machines-outils. Maisnous avons encore compter avec la vapeur ou la force hydrau-lique directe : de l, dans nos usines, deux grandes divisions : laproduction de la force et son utilisation.A l'tat schmatique, la force motrice vapeur ou chuted'eau fait tourner un ou plusieurs arbres de couche, en l'air ousous terre ; ces arbres sont munis de poulies qui par l'interm-diaire de courroies ou de cbles sans fin font tourner l'arbre del'outil, puis ce mouvement de rotation se transforme en mouve-ments divers. L'arbre de couche est donc le premier organe del'atelier, et son action sera d'autant plus utile qu'il sera prolongen droite ligne, sans renvois ni retours. Il faut donc l'atelierde longs alignements, aussi bien pour l'utile amnagement dela force que pour l'ordre et la clart du travail et la surveillance.Mais l'atelier reoit cette force des moteurs qui seront en gn-ral dans une salle contigu, et proximit des gnrateurs s'ils'agit de vapeur. Remarquez que je dis proximit : en effet, ilne faut pas que les gnrateurs soient dans la mme salle queles machines, car les gnrateurs produisent de la poussire de

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    LMENTS DES DIFICES COMMERCIAUX 15charbons ou de cendres dont les machines doivent tre soigneu-sement prserves. Mais il faut aussi que le voisinage soit imm-diat et les relations trs faciles : un vitrage entre la salle desmachines et celles des gnrateurs est une disposition excellente.Il est ncessaire aussi que les gnrateurs soient en contrebas :lorsque la vapeur a produit son travail dans les cylindres de lamachine, elle en est rejete, et l'conomie exige que la puissancequ'elle contient encore ne soit pas perdue par l'chappement direct.Elle devra donc, l'tat d'eau encore trs chaude, retourner auxgnrateurs o un nouvel chauffement la convertira de nou-veau en source de puissance, et si les niveaux sont bien observs,la pente seule des canalisations suffira la ramener son foyer.Tout ce que je vous dis l est purement lmentaire; je passe

    sur les dtails qui sont infinis, et qui varient constamment ; jene puis, vous devez le comprendre, que vous indiquer le prin-cipe gnral de ces installations : vous trouverez dans chaqueprogramme des donnes particulires, trs dissemblables : ce sontdes sujets que je ne puis aborder, et aprs vous avoir dit quelquesmots de ce que le bon sens impose ici comme conception gn-rale, je ne m'arrterai pas plus longtemps sur l'architectureindustrielle.

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    CHAPITRE IILMENTS DES DIFICES D'ALIMENTATION

    SOMMAIRE. Considrations gnrales. Les anciens forum. Lahalle. Marchs couverts et dcouverts. Les Halles centrales.

    Entrepts, rserves et magasins, etc. Abattoirs.Les restaurants.

    Quittant les difices destins au commerce en quelque sortepersonnel, nous trouvons ceux qui doivent abriter le commercecollectif, spcialement le commerce d'alimentation.

    Les marchs publics ont tenu et tiennent encore une trsgrande place dans l'architecture; mais leur composition a bienchang, et ici il m'est impossible de ne pas vous parler un peudu pass.

    Ce grand et glorieux mot de Forum qui domine notre con-ception de l'histoire romaine, c'est le march. March aussiYAgora des Grecs. Nos foires n'ont pas d'autre tymologie que leforum. Et si, Rome, les forum ont fini par devenir des placesde pur luxe, il n'en tait pas ainsi sous la Rpublique : il yavait alors dj plusieurs forum, sans parler du principal leforum Romanum mais ces forum taient affects des com-merces spciaux : il y avait par exemple le forum olitorium, cequi signifie tout bonnement march aux huiles, etc.

    Le march tait donc une place, rgulire ou non, entourede portiques quand on le pouvait, en tous cas munie de quelques

    lments et Thorie de l'Architecture. III. 1

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    i8 LMENTS ET THORIE DE L ARCHITECTUREabris, et accompagne de sa basilique. Les transactions se faisaienten plein air, soit sur chantillons, soit au dtail. Le cadre taitsouvent magnifique, mais rien n'tait plus simple, vous le

    Fig. 866. Forum de Pompi.voyez, que le fonctionnement du march. Les forum de Rome,tels qu'ils nous sont parvenus, sont ceux de l'poque impriale,et n'avaient plus gure cette destination du march. Onretrouve plutt le forum utilitaire Pompi (fig. 866) ou encoredans la ville rcemment fouille de Timgad en Algrie. Je vous

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    LMENTS DES DIFICES D ALIMENTATION 19ai d'ailleurs dj montr le Forum de Trajan (V. plus haut,fig. 796) en traitant des Basiliques.On rapproche parfois, tout au moins en rhtorique, le baiardes Orientaux du forum des Romains. Cela ne se ressemblegure cependant. Le forum tait une place, le bazar est un quar-tier de la ville. On va au bazar comme on allait au forum, maisau bazar on circule dans des rues troites, irrgulires, bordesde boutiques. C'est trs pittoresque, mais nullement monumen-tal : juste l'inverse du forum.

    C'est plutt dans les coutumes du Moyen-ge et de la Renais-sance, et dans les pays mridionaux, que nous trouverions unesurvivance de l'ancien forum, notamment dans les villes d'Italieo se rencontre la place publique avec sa loggia, portique d'abriqui la complte. Telle est la place de la Signorie Florence, etla Place aux herbes de Vrone : traduisez march auxlgumes . Comme le vieux forum, cette place marchande estle cur de la ville, et la premire chose que va voir l'artiste.

    Mais tout cela, c'est toujours une place o l'on vend ; la mar-chandise est sur le sol, aucune architecture spciale n'existe :c'est encore le march de nos villages ou de nos petites villes le seul qui soit pittoresque et anim, et, il faut le dire, le seulqui russisse au point de vue de la vente.

    Avec la vente du Moyen-ge peut-tre est-elle plus ancienne nous arrivons l'ide de l'abri, de la vente sous un toit. Toutd'abord, et pendant longtemps, la halle n'a pas t autre chose,c'est ce qu'elle est encore dans certains pays rests moins exi-geants : des piliers ou des poteaux qui portent une toiture. Telstaient Paris les Piliers des Halles rests clbres dans nostraditions parisiennes; tel tait encore ce bel difice, les Hallesd'Ypres (fig. 867); mais l le service des halles est surmontdes services municipaux de la ville et domin par son imposant

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    20 LMENTS ET THORIE DE L'ARCHITECTUREbeffroi. Si simple que ft d'ailleurs cet abri, il y en avait detrs pittoresques, combins parfois avec un vritable got artis-tique.Comme variante, nous avons eu souvent la halle, toujoursouverte, mais surmonte d'un grenier, surtout lorsque la halletait plus spcialement affecte au commerce des crales. Ces

    Fig. 867. Les Halles d'Ypres.difices taient souvent en bois; prs de Paris, il y en a un joliexemple Noyon ; en pierre et une poque plus rapproche,on peut citer la maison du Poids public Clermont-Ferrand.

    Le programme est d'ailleurs absolument simple, et je ne vousen parle que pour dire que cela a donn lieu quand mme desuvres d'art. Ainsi, parmi bien d'autres, et pour me borner un exemple en fait de halles modestes, je choisirai un jolipetit difice, la Halle de Mirecourt (fig. 868), surmonte d'unesalle de runion laquelle on accde par un escalier extrieur.

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    KLKMKNTS DES EDIFICES D ALIMENTATION 21Mais, vous le savez, on devient plus exigeant de nos jours.

    De mme qu'on n'admet plus l'escalier tout ouvert, le portique

    Faade postrieure. Faade principale.

    Plan. Vue perspective.Fig. 868. Halles Mirecourt.

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    2 2 LMENTS ET THORIE DE LARCH1TECTUREsans vitrage ou l'glise sans calorifre, on n'admet plus cette halleouverte du vieux temps, et le programme moderne, c'est lemarch ferm. Seulement, comme on ne violente pas impun-ment la logique, on se trouve ici en prsence de contradictionsqu'on essaie vainement de concilier.

    Si on ferme un march, de crainte du froid pour les vendeursou les acheteurs, on. en fait un local sinon chauff cela vien-dra peut-tre tout au moins soustrait aux refroidissements.Pour cela, il faut le soustraire aux courants d'air. Et pour cela,on l'entoure de murs pleins, jusqu' hauteur de 2 ou 3 mtrs.

    Mais si on construit un march, c'est pour qu'il s'y trouve enabondance des marchandises, gnralement des comestibles, quitrs vite arrivent dgager toutes sortes d'odeurs. Commentpeut-on combattre ces odeurs ? Par une large aration, par depuissants courants d'air.

    Enfin, si on construit un march, c'est pour que les acheteursy viennent. Or, l'acheteur n'aime pas pntrer dans un lieude vente sans avoir au moins aperu la marchandise ; il s'arrtedevant l'talage, et n'entre que lorsque cet examen lui a inspirconfiance. Et, le march tant ferm, il ne voit pas : ne voyantpas il n'entre pas.

    Aussi le march moderne, en dpit de tous les efforts, est lafois aussi dangereux pour les vendeurs que l'ancienne halleouverte : plus perfide mme, car les courants d'air y sont partielset d'autant plus rapides; insuffisamment ar cependant pourles marchandises; et de plus il loigne la clientle au lieude l'attirer.

    Et alors, Paris mme, tandis que quelques vieux marchstenus sous les anciens parapluies de toile goudronne russissent merveille, les marchs neufs, construits grands frais, amna-gs avec luxe, ferment les uns aprs les autres.

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    24 LMENTS ET THEORIE DE L ARCHITECTUREest un peu sombre, l'aration plutt insuffisante, il est mainte-nant presque compltement dsert. Peut-tre cependant sa con-struction en maonnerie, sa charpente en bois, sa couverturesaillante en tuiles creuses, en y entretenant une tempraturemoins froide en hiver, moins chaude en t, en font-ils ensomme une conception plus pratique que celles des marchsmtalliques avec leurs minces parois et leurs couvertures en zinc.Avec les Halles Centrales (fg. 870 et 871), on a abord nette-ment le march mtallique. Les Halles comportent des sous-solsou caves votes, mais votes en briques sur ossature mtal-lique. Les pavillons sont d'ailleurs affects des usages diffrents :crie, puis vente au dtail de marchandises diverses, poisson,volaille, beurre et ufs, boucherie, lgumes, fruits, fleurs. Malgrcette diversit d'usage, ils sont tous pareils entre eux. Peut-tretait-ce le cas de varier.

    Je suis trs embarrass pour vous parler des Halles; je les aitoujours entendu admirer, et je crois pourtant qu'il y avait toutautre chose faire. Ce doit tre moi qui ai tort.Vous connaissez d'ailleurs cette ossature mtallique, avec rem-

    plissages en briques, puis lames de persiennes en verre ; combleavec lanterne vitre surleve. La lumire est assez abondante,l'aration peu prs suffisante, grce aux courants d'air qui ontdjou les prcautions prises contre eux. Quant l'accs desboutiques, on trouve ici tous les inconvnients des marchs fer-ms; les premires, celles qui se voient un peu du dehors,vendent un peu ; celles qui sont au milieu de longues rangesvoient rarement un acheteur.Avec la proccupation de l'aration, il y en a une autre quis'impose l'architecte : la facile vacuation des eaux de lavage,toujours trs abondantes. Il n'y a pas de projet de march sansune tude attentive des canalisations. Il est indispensable aussi de

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    32 LMENTS ET THORIE DE L ARCHITECTUREdisposition est absolument logique: les animaux sont amensdans les bouveries ou bergeries; de l, ils passent la cour detravail o ils sont abattus ; puis aux chaudoirs. Les chaudoirsouvrent sur une vaste cour centrale o les voitures des bou-chers viennent attendre et charger la marchandise. Vous pouvezsuivre sur le plan la marche ncessaire des oprations, qui sefont avec ordre et facilit, grce une disposition bien comprisedans toutes ses parties.

    Il importe naturellement que les lavages puissent tre frquentset abondants, l'coulement rapide. La question des vacuationsest tudier ds l'abord. Lorsqu'on le peut, on dirige toutes leseaux de lavage sur des bassins de dcantation o elles aban-donnent les rsidus organiques, qu'on traite alors chimique-ment.

    L'abattoir se complte par des parcs et tables pour les animaux,des fonderies, etc. Tout cela ne prsente pas de particularitsnotables. Le plan ci- contre du nouvel abattoir de la Rive gauche Paris vous montrera une disposition complte de ces diversservices. J'y joins une coupe prise sur la salle de travail et leschaudoirs de l'abattoir de Besanon (fig. 876).

    Je ne puis, propos des difices usage public vous parlerde tous les tablissements o se vendent des denres, et en par-ticulier les comestibles, bien que ce soient parfois des construc-tions importantes cres pour cet usage. Ce qu'il y faut toujours,c'est de la clart, de la surveillance facile, le plus d'exposition pos-sible en montre, la circulation aise des acheteurs. Mais en plusde ce qui se voit, il y a toute une partie que le public ne con-nat pas, ce sont les rserves, les caves, les glacires, les dptsde marchandises, pour lesquels il faut surtout de l'aration et dela fracheur.

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    i. i

    Fig. 877. Bourse de commercede Londres.

    propos des difices judiciaires; j'aurai vous en reparler lorsquenous serons arrivs l'architecture religieuse. Pour le moment,

    je ne veux retenir que la trs grandefacilit d'accs des anciennes Basi-liques. Tandis que le temple avaitune lourde porte, le plus souvent auhaut d'un perron lev, la basiliquetait largement ouverte, peut-tremme compltement ouverte, etn'tait pas prcde de plus de deuxou trois marches. C'tait la conti-nuation, couvert, de la placepublique, du march du Forum.

    Pendant le Moyen-ge et aprs lui encore, il a t construiten divers pays des Bourses de commerce, notamment dans lesFlandres et les Pays-Bas. Le plus souvent, c'tait une simplecour entoure de larges portiques. Il en subsiste de beaux etcurieux exemples,ainsi notamment laBourse de Londres(% 877)-

    Il a t fait aus-si des salles affec-tes un commer-ce spcial, commepar exemple laBourse des draps, Perpignan (fig.878); enfin, dansle Midi, les Loges, dont je vous ai montr un exemple avec laLoge des LanTJ, Florence; la Loge des Banquiers ou le Banco

    Fig. 878. Bourse des draps Perpignan.

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    iiiii s

    Fig. 883. Bourse de Paris. Plan et coupe.

    rien d'obligatoire : il ne fau-drait donc pas vous figurerque ces services fussent desdpendances indispensa-bles d'une Bourse. Au sur-plus, les lments en sontce que nous avons vu pourles difices judiciaires.A ce programme desBourses, se rattache parcertains cts celui desBanques, et en gnral destablissements financiers.Mais je vous en ai parlen traitant des difices ad-ministratifs; je n'y revien-drai pas.1, pristvle. 2, vestibule du grand escalier

    3, vestiaire. 4, vestibule de la salle de laBourse. S, vestibule des courtiers de com-merce. 6, concierge 7, grande sal'e de laBourse. 8, corbeille et estrade des agents dechange. 9, galeries du public. 10, galeriedes agents de change. 11, 15, 14, salle, syn-dicat, bureaux des agents de change. 12, dga-gements. 16, 16, 17, salle, syndicat, secrta-riat des courtiers de Commerce. 18, courtiersn'auiances maritimes. 19, cabinet et bureaudu commissaire prs la Hourse. 20, galeriesextrieures.

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    CHAPITRE IVLMENTS DE L'ARCHITECTURE

    DES BAINS PUBLICS

    SOMMAIRE. Les Thermes antiques. Leurs lments multiples. Parties essentielles de leur programme. Votes. clairage. Caractre de l'architecture romaine.Les grandes salles des Thermes. Leur influence sur l'architecture desglises.

    tablissements thermaux. Bains turcs, etc.Dans cette revue rapide des difices d'utilit ou d'usage public,

    une place est due aux Bains, surtout afin d'avoir une occasionde vous parler des Thermes; ces difices sont ceux o peuts'tudier le plus compltement l'architecture romaine, qui a euune influence si grande sur tout ce qui l'a suivie, y compris,quoi qu'on en ait dit, l'architecture du Moyen-ge, transformationlente et successive de celle des difices romains.

    Chez nous, les bains n'existent vraiment pas comme pro-gramme de composition; l'habitude de plus en plus rpanduedes salles de bains dans l'habitation, rend de plus en plus mis-rable l'installation des tablissements publics de bains. Dans cettemisre, il y a des nuances, mais le programme de bains dignesd'une population aise et luxueuse n'existe pas. Je ne vous diraidonc rien de ces tablissements que vous connaissez, o les

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    42 LMENTS ET THORIE DE L ARCHITECTUREcabinets de bains ont quelques centimtres de plus ou de moins.On a essay des

    piscines, desbains populaires,mais il faut ledire, tout cela estrest l'tat d'in-tention, et cen'est que dansles difices d'as-sistance publique,hospices ou h-pitaux, que le pro-gramme mo-derne des bainsa t tudi avecsoin et avec suc-cs. Je vous enai parl plus haut.

    Il y a aussi destentatives int-ressantes dans di-vers tablisse-ments thermaux,notamment ceuxdu Mont-Dore(fig.884 et88)),

    Fig. 885. tablissement thermal du Mont-Dore. Plan du 1" tage.

    de Bagnres-de-Fig.884. tablissement thermal du Mont-Dore. Plan du rez-de-chausse. Bigorre(fig.886)

    et d'Aix-les-Bains. Mais savez-vous quel est le plus grand loge qu'on puisse

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    LMENTS DE L ARCHITECTURE DES BAINS PUBLICS 43faire de ces tablissements ? C'est de reconnatre qu'ils rappellentun peu de loin les Thermes des Romains, rests le typede ce programme, et rests tout prendre sa solution mmemoderne. Car, en passant par les bains orientaux, modesteshritiers des bains romains, le raffinement moderne est revenu la conception et au besoin ressenti de tout ce que les Romainsavaient runi dans leurs Thermes : tous ces dtails de la toiletteou de l'hygine contemporaine, depuis le bain simple, chaud oufroid, jusqu'aux tuves, aux frictions et massages, aux entrane-ments simultans de l'hydrothrapie et de la gymnastique, toutcela est un retour aux errements romains. Mais chez nous, celaest divis, abrit et l i-ry I 1 rndans des espces de han- !=L--~ -- .LL- jd tjgars - - jusqu' prsent du [^frlrr!!] [ '_ UUl^imoins ou reste person- '-^-'jiliel danS la riche habitation. Fig. 886. - tablissement thermalv T > , 1 . r de Bagnres-de-Bieorre.Nous n avons pas cet dificeconsacr l'hygine, la propret, l'exercice physique et aussiau repos et au plaisir, qui sans doute rpondait si bien aux dsirsdes Romains, puisque l'un des plus srs moyens de leur fairesa cour tait d'ajouter de nouveaux Thermes aux Thermes djexistants.

    Il faut signaler cependant des efforts srieux faits pour grou-per dans des ensembles utiles les bains populaires et les lavoirs.A Caen notamment il existe un difice qui rpond bien cedouble programme (fig. 887).

    Il n'entre pas dans mon plan de vous retenir longuement surle pass. Je ne vous dcrirai donc pas les Thermes, tout en vousengageant fort tudier les publications spciales ce sujet.Toutefois, pour vous donner une ide de l'importance de ces

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    LMENTS DE L ARCHITECTURE DES BAINS PUBLICS 45on a trouve des chefs-d'uvre de la sculpture antique. C'tait undifice dmocratique assurment, et la pense de sa fondationn'tait sans doute qu'une adulation intresse envers un peuplequi voulait tre flatt. Mais nous n'avons pas rechercher lescirconstances qui nous valent de beaux monuments, et je puisvous assurer que, si j'ai vu Rome des visiteurs parfois bientonnants dans leurs rflexions, je n'ai vu personne, artiste ounon, inculte ou cultiv, qui ne ft merveill et puissammentsaisi l'aspect des ruines des Thermes de Caracalla.Vous connaissez ce plan de l'difice central, qui peut tre

    considr comme un type de plan compact. Et cependant, touty est clair. La grande piscine dcouverte, les deux cours por-tiques de chaque ct introduisent de larges clairages, et quatrepetites cours clairent les salles bloques au centre de la com-position, les extrmits du spheristeriuni, et les tuves.

    Il y a deux entres, chacune avec des vestiaires, conduisantaux extrmits du spheristeriuni, c'est--dire de la grande salle desThermes, o l'on se livrait divers exercices, o des piscinesexistaient sous les bas-cts, mais qui tait videmment avanttout une salle des Pas-perdus, desservant tout le reste.

    Voyez en effet, comme de ce centre on va partout : lapiscine d'eau courante, en avant, si c'est le bain froid qu'on vientchercher; au contraire, si c'est le bain chaud, on trouve l'op-pos le tepidanum d'abord, salle plus chaude, qui prpare entrerdans le caldarium ou bains chauds, grande salle circulaire avecpiscine et bassins spars. De l, on ressortait latralement pard'autres salles tides, puis des salles fraches; vous voyez avecquelles savantes gradations on passait d'un rgime l'autre.

    Voulait-on au contraire aller simplement se runir d'autres,taire socit comme on dit, on trouvait aux deux extrmits dela salle des Pas-perdus les cours portiques, lieux de prome-

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    46 LMENTS ET THORIE DE L'ARCHITECTUREnade, donnant accs aux salles d'escrime et de gymnastique, auxsalles de lecture et peut-tre de jeu. Vous retrouverez peu dechose prs les mmes dispositions dans les autres thermes,notamment ceux de Diocltien.Comment cet ensemble, si condens, pouvait-il tre clair et

    ar ? Par des jours habilement tages. Dans les thermes, toutsans exception est vot : or, sauf quelques portiques ou corri-dors vots en berceau, vous n'y trouvez que les votes quipermettent l'clairage des parties hautes : la vote d'arte avanttout, avec de grands jours dans ses tympans; la vote sph-rique sur la grande salle du caldarium, avec son ouverture circu-laire, son ociilus, au sommet (fig. 888), la vote en abside ouquart de sphre sur les salles demi-circulaires, avec aussi degrands jours dans ses tympans.

    Et alors, les salles qui se trouvent claires directement sur ledehors sont les plus basses (le caldarium except) tandis que lagrande salle centrale se hausse pour ainsi dire pour aller cher-cher la lumire au-dessus de ses voisines.

    Mais dans tout cela, ds que les votes ont clos l'espace, dsqu'il n'y a plus besoin de rien pour la construction, il n'y aplus rien. Les pentes des toitures se couchent sur les votes,sans intermdiaires : l o la construction est finie, l'architec-ture est finie aussi.

    Je vous en prie, remarquez-le bien, et laissez-moi y insister,car tout l'enseignement de l'architecture antique est l. Nousl'avons vu dj lors de l'tude des lments, je vous disaisalors : Cela est ainsi, parce que cela ne peut pas tre autre-ment. Je vous le dis maintenant propos de composition.Voil un plan admirable, des salles de proportions superbes,tudies pour des besoins prcis : tout est une chelle prodi-gieuse, mais tout est en proportion. Ces salles se construisent,

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    ELEMENTS DE L ARCHITECTURE DES BAINS PUBLICS 47leur clture est la vote,tantt cylindrique, tan-tt sphrique : la voteest close son tour :que faut-il de plus ?Nous autres modernes,nous rverions de cou-ronnements, de balus-trades, de festons etd'astragales que sais-je?Eh bien, non. L'ar-

    chitecte romain ouplutt grec trs proba-blement, se dit seule-ment que, pour l'cou-lement des eaux, il vautmieux des plans incli-ns que des extradosde cylindres dont lapartie suprieure seraittrop plate; que, au con-traire, les votes sph-riques peuvent conser-ver leur forme, car lapartie qui serait tropplate est supprime parYoculus; alors, il dressedes plans inclins tan-gents ses extrados devotes cylindriques, il tSSs

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    ELEMENTS DE L ARCHITECTURE DES BAINS PUBLICS 49un architecte antique ? C'tait l'homme de l'architecture antique,et l'architecture antique, c'tait uniquement une vrit. Et nullepart vous ne trouverez plus clatante que dans les thermes ladmonstration de ce caractre. L'architecture antique a deuxlments constitutifs : la colonnade ou la plate-bande avecl'architecture des ordres; l'arcade ou la vote avec l'architecturedes grands monuments romains. La colonnade, plus ancienneen date, consacre et traditionnelle, a son expression parfaitedans les temples; puis on la dtourne de son origine et, dansles monuments romains, nous voyons souvent des ordrespurement dcoratifs. Il semble que, les programmes s'amplifiant,les moyens de construction se multipliant, on n'ait pas trouvles expressions architecturales correspondant ces nouveauxprogrammes, ces constructions nouvelles, avec la parfaiteconcordance que nous constatons entre le temple et sa colon-nade. L'architecture du temple, ce monument simple et res-treint, est devenu le dcor des palais immenses, des amphi-thtres colossaux, la colonnade est deveuue le dcor de l'arcade.

    Mais, dans les thermes, en face de ce programme d'utilitpublique, avec des proportions de votes et de baies qui dpas-saient les dimensions ordinaires, il n'y a que raison, logique etvrit : ces accommodements, ces habillages n'existent plus : lesthermes, c'est aussi net, aussi franc, aussi brutalement vrai quele temple dorique : vous n'y sauriez faire la part de la construc-tion et celle de l'architecture, et vous auriez certes bien tonnl'architecte des Thermes de Caracalla si vous aviez pu luisuggrer qu'il y et l deux ides distinctes appelant deuxexpressions.

    Mditez maintenant ce magnifique plan, non plus au pointde vue de la disposition, mais de la construction : comme on

    lments et Thorie de l'Architecture. III. 4

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    50 LMENTS ET THEORIE DE L ARCHITECTUREvoit immdiatement que tout est vot ! Les paisseurs, lespoints de poch comme vous dites, sont leur place voulue etlogique crivant la vote d'arte par les rsistances assures.Vous pourriez seulement objecter que, dans ces salles votesen votes d'arte, les murs qui ne sont que de simples clturesde tympans vous paraissent inutilement pais.

    C'est vrai, si l'on se rfre notre mode de construction ; cen'est plus vrai si l'on se transporte l'poque romaine. Si lesRomains ont pu lever de si nombreux et si grands monuments,cela tient un tat historique qui se caractrise d'un mot : l'exis-tence de nombreux prisonniers de guerre et, par suite, la main-d'uvre presque gratuite. Pour cet tat politique, il fallait unmode de construction qui permt d'employer des foules, sansqu'on et leur demander d'habilet : dix manuvres peut-trepour un ouvrier. La solution du problme est dans le mur enagglomrs : des parements seulement en briques triangulaires,monts par des gens du mtier; et un remplissage central endchets de toute espce, tasss et pilonns avec un bon mor-tier pur travail de manuvre.

    De mme pour les votes : les artiers, les arcs-doubleaux,toutes les lignes de construction ou plutt d'ossatures sont enbriques, soigneusement poses par des gens du mtier; entreces ossatures, un remplissage analogue celui des murs saufque les dchets sont ici remplacs par de la pierre ponce causede son extrme lgret.

    Des murs ainsi compris exigent forcment une assez grandepaisseur, les votes une assez forte masse, crant un vritablemonolithe. Et certainement, si les murs taient en pierre appa-reille ou en briques pleines, le plan serait diffrent.

    Je vous ai dj parl au dbut de ce mode de construction,mais j'ai pens qu'il tait propos d'y revenir, car c'est une des

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    LMENTS DE L'ARCHITECTURE DES BAINS PUBLICS 5 Iconsidrations qui expliquent la composition des thermes, enmontrant aussi l'action invitable des circonstances politiqueset sociales sur l'architecture d'une poque, mme dans ce quisemblerait le plus tranger cette influence.

    Avant de quitter ce sujet, sur lequel je vous retiens un peulongtemps cause de son importance, examinons en particulierla grande salle des thermes. Pour vous dire d'un mot l'intrtde cette tude, cette salle est l'anctre de tout ce qui plus tard acompos une nef et des bas-cts avec votes, c'est--dire detoutes les glises votes. Et comme l'glise a toujours t,tout au moins jusqu'au xvie sicle, l'avant-garde de tout mou-vement architectural, vous voyez par l combien nous doitintresser tous les points de vue cette magnifique cration dela salle des thermes.

    La salle se compose, comme vous le savez, de trois grandestraves : de grandes et hautes votes d'arte, purement cylin-driques, retombent sur de hautes colonnes montant de fond,isoles en avant du pilier. La hauteur sous clef est d'environ33 mtrs, la porte des votes d'environ 25. La naissance desvotes est trs surleve au-dessus de l'entablement descolonnes. Forcment, ces trois votes d'arte dterminent sixtympans latraux, et deux aux extrmits : ces huit tympansdemi- circulaires sont percs de grands jours, pratiqus en faadedans les pignons qui se relvent en contre-haut de l'gout destoitures, les noues de la couverture correspondant exactementaux artes de la vote.

    La salle est ainsi parfaitement claire par la lumire ext-rieure introduite au niveau des votes.

    Au-dessous de ces grands jours le mur de la grande nej estperc d'arcades ouvrant sur les bas-cts, lesquels sont leur tourclairs par de grands jours ouverts dans les murs latraux. Ces

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    ELEMENTS DE L ARCHITECTURE DES BAINS PUBLICS 53

    S s8-2

    2relis entre eux par de larges arcs-doubleaux contrebutant les

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    GLISES VOTES 247pousses l'intrieur de l'difice. La toiture recouvre tous lesorganismes de la construction. C'est le parti des grandes sallesromaines, tout diffrent de celui que nous trouverons plus tard,et qui va chercher les rsistances et les points d'appui en enjam-bant l'espace au-dessus des toitures.

    C'est bien antique aussi cet aspect de stabilit qui rassure : iln'est pas ncessaire de connatre les lois de la pousse des votespour voir que l on n'a rien craindre. Les moyens dersistance s'affirment et se font voir; tandis que plus tardla construction tonnera par sa hardiesse, inquitera presque.On verra des votes qui paratront se reporter sur de faiblesmurs ou sur de minces piliers, sans qu'on pt comprendreleur stabilit, si l'on ne savait qu'il y a plus loin des rsis-tances qu'on n'aperoit pas, et dont l'invisibilit cause cet ton-nement.

    Il est intressant de comparer ces glises, si fermementassises dans leur construction relativement simple, des compo-sitions trs analogues comme parti gnral, mais plus ambi-tieuses d'effet. Saint-Pierre de Rome, telle que l'avait conueMichel-Ange (V. plus haut, vol. I, fig. 369 372), est une gliseen croix grecque, avec cette diffrence toutefois que les bras de lacroix, au lieu d'tre vots en coupoles, sont couverts par desvotes en berceau. L'glise de Sainte-Genevive Paris, parSouffiot, devenue le Panthon, est entirement conforme lacomposition des glises grecques : coupole centrale, et sur lesquatre bras de la croix, quatre coupoles moins leves. Mais part cette analogie, les diffrences sont profondes, surtout parl'importance capitale donne la coupole centrale. Je ne tais ausurplus que vous signaler quant prsent cette similitude decomposition, me rservant de vous parler plus loin de ces deuxmonuments.

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    248 LMENTS ET THORIE DE L ARCHITECTUREDans tout cela d'ailleurs, comme je vous le disais en com-

    menant, je ne suis pas l'ordre chronologique, et j'aurai reve-nir en arrire. C'est que l'ordre chronologique n'est pas l'ordrelogique lorsqu'il s'agit d'tudier la composition. Nous avons vujusqu'ici deux grandes familles d'glises; nous allons en voirune autre, sorte de fusion des deux premires : les glisesvotes avec dispositions basilicales.

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    CHAPITRE VIIILES GLISES VOTES(Suite.)

    APPLICATION DE LA VOUTE AU PLAN BASILICAL

    SOMMAIRE. Division des glises votes en compositions pousseuniformment rpartie ou pousses localises. glises votes enberceau sans bas cts avec bas cts. clairage difficile. La tour lanterne au centre du transept.

    Les absides. Multiplication des chapelles.Faades. Sculptures.Nous avons vu que les anciennes glises basilicales, couvertes

    en charpente apparente, avaient subi de frquents incendies,quelques-uns accidentels, le plus grand nombre la suite deguerres et de pillages. Avec les invasions des Normands, celane fit que crotre et embellir; il fallait des glises incombustibles,et ds lors des glises votes.

    Mais en Occident, en France mme, le temps n'tait pas pro-pice aux grands efforts de l'architecture. S'il y eut avec Charle-magne un instant de brillante renaissance, la nuit de l'anarchieintellectuelle et morale s'paissit de nouveau, et bien que lesmonastres conservassent quelques traditions prcieuses, l'arttait tomb si bas qu'il n'existait plus. Seule la partie mridio-nale de la France, le Languedoc et l'Aquitaine avaient gardquelques lueurs, soit que les barbares fussent l moins sauvages

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    250 LMENTS ET THORIE DE L'ARCHITECTUREque dans le Nord, soit qu'ils aient t plus absorbs dans unfond de population gallo-romaine plus cultive.

    Aussi dut-il tre tent bien des essais informes pour arriver voter les glises; il est probable qu'il y eut bien des croule-ments. On persvra, et on fit bien. Il est d'ailleurs manifesteque des architectes orientaux vinrent apporter leur savoir, parti-culirement dans le Midi, et que peut-tre des architectes duMidi de la France allrent s'instruire en Orient. Toujours est-ilque les architectes orientaux, grecs ou byzantins, furent visible-ment les matres de ceux de ces rgions, plus avances en artque les provinces du Nord. De l le caractre videmment byzan-tin non des compositions, mais des moyens architecturaux,dans un grand nombre des anciens monuments du midi etensuite de l'ouest, tandis que les architectes du nord ttonnaientencore de timides essais.

    Ici, pour me bien faire comprendre sur ce sujet qui est quelquepeu abstrait, il faut que je me reporte la distinction fondamen-tale que j'ai fait ressortir dans la premire partie de ce coursentre les diverses natures de votes. Rappelons ces principesessentiels :

    Toute vote pousse, plus ou moins nergiquement d'ailleurssuivant son poids et sa forme, suivant surtout le plus ou moinsde cohsion de ses matriaux; une vote pousse en se dfor-mant, c'est--dire en se brisant l o elle peut le faire, dansles joints plutt que dans les pierres : pas de dformation, pasde pousse : un monolithe en berceau, en coupole, ne pousseraitpas : ce serait un couvercle. La pousse doit tre neutralisepar une rsistance suffisante des piliers : cette rsistance seradue leur masse, la charge qu'ils supportent; plusieursvotes contigus dont les pousses se font quilibre ne chargentque verticalement les piliers intermdiaires ; la pousse se

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    KGLISES VOUTEES 251reporte en dernire analyse sur les piliers extrieurs ou extrmes.

    Or, dans les votes considres en elles-mmes, nous avons. reconnu cette premire classification : Les votes pousse uniformment rpartie; Les votes pousses localises.

    Les premires comprennent les votes en berceau, en arc declotre, circulaires, annulaires ; les secondes, les votes d'arte etcelles en pendentifs.

    Cette distinction essentielle, qui dtermine de si profondesdiffrences dans les plans de salles votes, se poursuit naturel-lement propos des glises, plus encore que partout ailleurs,car l'glise tant en gnral trs leve, les pousses des votesagissent au haut des piliers avec toute la puissance d'un longbras de levier, et ds lors c'est l plus qu'ailleurs que le dangerdes votes est redoutable, l plus qu'ailleurs que le plan doittre combin pour assurer les rsistances que rclame chaquecombinaison de votes.Nous aurons donc ici encore cette classification : Les glises votes pousse uniformment rpartie; Les glises votes pousses localises.Aussi, et bien que ces analogies de construction m'amnent

    grouper des difices aussi dissemblables d'ailleurs qu'une gliserectangulaire et une glise circulaire, je crois devoir suivre cetordre en runissant sous la mme rubrique les glises quiposent les mmes problmes d'architecture.

    Etant donn le programme d'une glise dispose en basilique,c'est--dire avec nef longue et rectangulaire, et l'abside au fond,le problme serait assez simple si la nef tait une salle unique,sans bas cts. Des glises et des chapelles ainsi construitesexistent encore; l'ide la plus naturelle tait dans ce cas la cou-

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    252 LMENTS ET THORIE DE L ARCHITECTUREverture de la nef par une vote en berceau, des fentres dans lesmurs latraux, une toiture sur le tout, soit sur une charpenteindpendante, soit, la faon des Romains, portant sur lemassif mme de la vote. Pourvu que les murs fussent d'pais-seur suffisante et pour plus de sret, on l'exagrait cesdifices devaient tenir. Il existe donc, dans bien des rgions etspcialement dans le Sud-Ouest de la France, un certain nombred'glises votes sans bas cts. Quelques-unes sont votes enberceau; la construction est alors toute simple; mais la voteen berceau est obscure, et il importait de faire pntrer lalumire jusque dans la hauteur des votes. Aussi les plusimportantes de ces glises sans bas cts sont-elles disposesavec des votes en pendentifs. Mais ces glises ne rentrent pasdans la classification des nefs pousse uniformment rpartie,j'aurai donc les rserver quant prsent, pour me renfermerdans cette classification.On avait l'habitude des bas cts, ils taient devenus nces-saires ; si l'usage des tribunes avait en partie disparu, il restaitdu moins cette obligation pour les architectes, de faire des glisesvotes, avec nefs et bas cts. Problme certainement difficile.Nous avons vu en effet que, dans la basilique charpente,l'existence de bas cts est une garantie de solidit, parce quealors la nef ne spare pas deux simples murs abandonns, maisdeux btiments solidariss par l'existence d'un second mur etdu comble des bas cts. Il n'en est pas ainsi lorsque les bascts sont vots. Leur vote exerce deux pousses, l'une surle mur extrieur du dedans au dehors : on peut y parer aveccertitude par l'paisseur de ces murs ou par des contreforts, quine gnent en rien la circulation intrieure; l'autre, du dehors audedans, sur les piliers de la nef, qu'elle tend renverser ou courber dans leur milieu : effet videmment dangereux

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    hGLISKS VOUTEES 253(fig. 1021). Contre cet effort latral, on n'a que deux lmentsde rsistance : la force des piliers, par leur paisseur propre (caron ne peut pas compter ici sur l'paulcment de contreforts sail-lants) et la charge des parties hautes qui en augmente larsistance. L'exprience et le savoir ont conduit trouver lesproportions justes qui permettent de compter sur la stabilit,sans exagrer l'encombrement de l'difice par des pointsd'appui de dimension inutiles : mais cen'est qu'aprs de longs efforts, et peut-trede cruelles leons, que les architectes ontacquis la possession de cette certitude. Leproblme tait d'ailleurs aussi inquitant,qu'il s'agt d'glises pousse uniform-ment rpartie, ou pousses localises.

    Mais l'glise sans bas cts ne rpondaitpas suffisamment aux besoins, et bien vite

    1

    on arriva ce groupe nombreux des glises p. io2i _ Tivotes en berceau avec bas cts. Quel-ques-unes des plus anciennes subsistentencore : preuve que leur construction pouvait braver le temps.Mais elles sont trs timides. Une nef troite est spare des bascts par de lourds et massifs piliers. L'une des plus intres-santes est l'glise de Sainte-Marie-du-Port, Clermont (fig. 1022,1023, 1024 et 102$), remarquable aussi bien l'intrieur qu'l'extrieur. Mais cette nef, couverte en berceau, est sombre, carn'osant pas se fier ses murs pour rsister aux votes, onlevait les bas cts ou les tribunes assez haut pour que leurvote vnt contrebuter celle de la nef. Aussi, ces votes collat-rales taient souvent en quart de cercle avec leur clef au-dessusdu niveau des naissances de la vote principale. La nef n'ayantpas de fentres tait obscure et ne recevait de jour qu' travers

    endance aurenversement des votes

    d'glises non comrebutes.

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    2)4 LMENTS ET THORIE DE L'ARCHITECTURE

    Jl,,..., ;.,., ,. .,. ,Fig. 1022. glise de N.-D.-du-Port,

    Clermont. Plan. k

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    GLISES VOTES 255Nous y trouverons entre autres un lment qui n'en est pas,

    sl-'ig. 1025. glise N.-l).-du-Port, Clcrmont. Faade latrale.

    vrai dire, sa premire apparition,mais dont vous saisirez la fonction sivous considrez la coupe transversalede cette glise forcment sombre ; cetlment, c'est la tour-lanterne leve lacroix du transept.

    Fig. 1026. 1-glisc d'Issoirc. Plan. Pfg. 1027. glise d'hsoire. Coupe transversale.

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    256 ELEMENTS ET THEORIE DE L ARCHITECTUREEn effet, cette rencontre de la nef et du transept donne lieu

    quatre arcades, qui sont paules trs srement par les lignes depoints d'appui. On peut donc les charger sans crainte, pourvu

    / , --, '//^/W:^:i < :;. . ,;:. ,;.*;;;>-.;. v .. .:;,;, ,/;.:>,,:,....'.. ./y>,/,..v,'.;///7//,y,

    Fig. 1028. Tour-lanterne de Saint-Nectaire.qu'on n'aille pas jusqu' l'crasement vertical de la pierre cequi est parfois arriv.

    Rien n'empche donc de surmonter ces arcs par des murs,dans ces murs de pratiquer des fentres, et d'avoir ainsi larencontre des nefs une partie suprieure qui projette de lalumire sous les votes sombres de l'glise. Telle est la fonc-tion des tours-lanternes que vous voyez dans ces vieilles glises, Issoire, Ainay dans Lyon, Saint-Nectaire (fig. 1028), Saint-Sernin de Toulouse, etc., jusqu'aux proportions si lan-

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    GLISES VOTES 2)7ces que nous trouverons plus tard avec la tour-lanterne del'glise Saint-Maclou, Rouen (fig. 1029), qui deviendront unmotif de grand effet, notam-ment l'glise Notre-Damede Dijon, la cathdrale deBurgos et la cathdrale d'-vreux; dans cette derniresurtout, la tour-lanterne estun charmant exemple, d'unetrs grande lgance ; puis,par un filiation suivie, cestours deviennent les gran-des coupoles de Saint-Pierrede Rome et des glises quien procdent. Elles ne doi-vent pas tre confonduesavec les clochers, dont jevous parlerai plus tard.

    Ainsi, les glises votesen berceau se dcomposentelles-mmes en glises simple nef, ou glises avecnefs et bas cts. Ces der-nires ont souvent, commeles anciennes basiliques,une tribune au-dessus dubas ct; bas cts ou tri-bunes sont votes par unberceau soit demi-cylin-drique, soit en quart de cercle seulement; non pas, notez-lebien, que cette disposition affranchisse de la pousse latrale les

    lments et Thorie de l'Architecture. III. ,-

    Fig. 1029. Tour-lanterne de l'glise Saint-M.wUm.Coupe longitudinale,

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    258 LMENTS ET THORIE DE L'ARCHITECTUREpiliers de la nef le quart de cercle pousse aussi bien que ledemi-cercle; mais elle permet d'lever davantage les arcades

    u s /o /s 20 is mFig. 1050. glise Saint-Sernin, Toulouse. Plan.

    et de diminuer la masse de pierre qui les charge tout en laissantsur les piliers la charge ncessaire leur stabilit. Pour cesglises, si loin qu'elles soient de la hardiesse des ges suivants,

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    EGLISES VOUTEES 259il se posait dj des problmes d'architecture trs complexes, etune construction savante tait dj ncessaire : sachons bien queces architectes du xi c ou du xne sicle taient des hommes trs

    Fig. 103 1. glise Saint-Sernin, Toulouse. Coupe transversale.

    habiles, mais forts d'ailleurs du groupement et de la mise encommun de toutes les expriences individuelles.A ces monuments de la priode romane proprement dite ce

    n'est pas la grandeur qui manque, ni la puissance des moyens

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    260 LMENTS ET THORIE DE l'ARCHITECTUREde construction. L'glise Saint-Sernin de Toulouse (fig. 1030 1033), par exemple, est un difice considrable produisant ungrand effet par la longueur de ses nefs; sa tour-lanterne est unouvrage trs curieux plus curieux que beau mon avis qui s'lve une hauteur considrable. Le parti de l'abside avecson collatral autour du chur, ses chapelles rayonnantes, et leschapelles accoles au transept qui en continuent l'effet, donnelieu une des plus belles compositions que prsentent lesfaades postrieures des glises, et avec une rare unit de pro-portions et de style (fig. 1032 et 1033). Ce qui manque encore,c'est la connaissance des ressources diverses de la vote et descombinaisons auxquelles elle se prte.

    Je viens de vous parler des absides. Il s'est fait dans l'archi-tecture des glises, vers le xie ou le commencement du xn c sicle,une innovation qui rsulte videmment de changements dans leculte et les crmonies. Dans les basiliques primitives, nousl'avons vu, le matre autel est l'entre d'une abside qui est lefond mme du monument; derrire le mur demi-circulaire decette abside, c'est le dehors. Deux absidioles accompagnent gn-ralement cette abside, l'extrmit des bas cts et leur faisantface. Cette disposition n'est pas particulire l'glise charpente,nous la retrouvons dans des glises votes, par exemple cellede Ferrires, glise d'ailleurs vote en votes d'arte (fig. 1034et 1035). Mais, voulant avoir un nombre plus grand de cha-pelles, et cependant conserver une certaine dmarcation entre lapartie du clerg et celle du peuple, on a admis que des chapellespussent se grouper autour ou auprs du chur; l'orientationdevint ds lors une rgle moins svre, ou tout au moinsl'orientation gnrale du chur fut rpute orienter son entou-rage consacr. Mais ces chapelles rayonnantes il fallait unaccs; les bas cts furent donc continus au pourtour de

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    GLISES VOUTEES 26l

    ~~ M /J . XI 5.

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    22 ELEMENTS ET THEORIE DE L ARCHITECTUREl'abside, sauf que souvent le sol en tait relev de quelquesmarches comme le chur lui-mme. C'est ainsi que, Saint-

    Sernin, aux glises romanes dePoitiers, l'glise trs primitived'Issoire dont je vous ai djparl, Orcival, dont l'abside estl'une des plus intressantes (fig.1036 et 1037), et dans beaucoup

    Fig. 1034. glise de Ferrires.Plan.

    Fig. 1035. Eglise de Fcrricres.Coupe.

    d'autres que je ne puis vous numrer, vous voyez le chevet,ou l'abside, prendre une importance considrable, au profit

    d'ailleurs de trs belles com-positions. Plus tard, ces cha-pelles rayonnantes autour duchur ne suffiront plus, leschapelles se rpandront toutautour de l'glise.

    C'est l un des grands griefsdu protestantisme sinon contreles glises catholiques, toutau moins contre le programme

    qui les inspire. Une religion monothiste ne doit, dit-il, connatrequ'un seul sanctuaire; la multiplicit des autels fait admettre la

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    GLISES VOTES 263

    Fig. io;7- gliM de N.-l). d'Ordval. Ftde de l'abside.

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    264 LMENTS ET THORIE DE L ARCHITECTUREmultiplicit des invocations, et chaque chapelle tant consacre un saint, c'est le saint qui en devient le dieu, on introduit ainsile polythisme dans la religion chrtienne. Nous n'avons pas nous immiscer dans ces abstractions thologiques; en fait,d'ailleurs, la raison d'tre de cette disposition est toute pratique :chaque prtre, vous le savez, doit dire la messe chaque jour ;lorsque le clerg d'une glise est nombreux, trois autels nesuffisent plus, il en faut donc un plus grand nombre.Au surplus, comme je vous l'ai souvent dit, le programme

    ne vous appartient pas. Ce n'est pas l'architecte qui dcidera siune glise n'aura qu'un autel ou aura vingt chapelles; maisc'est l'architecture qui dispose le mieux possible et de la faonla plus belle qu'elle peut, les vingt chapelles ou l'autel uniqueque lui demande le programme man de qui de droit.

    Il va d'ailleurs sans dire que les classifications ne sauraienttre absolues. Je vous cite comme glises pousses uniformesdes glises dont la nef seule est vote en berceau, tandis queles bas cts ont des votes d'arte. C'est que c'est la choseprincipale qu'il faut s'attacher; et puis enfin, nous ne classifionspas. Un cours de thorie d'architecture n'est pas un meuble tiroirs o tout difice quelconque doive trouver sa case, ft-cesous l'tiquette style de transition ou composite, etc., appellationscommodes pour donner l'apparence d'un savoir profond endissimulant les incertitudes. Il est parfaitement logique que dansun mme monument vous puissiez avoir les diverses sortes devotes; mais chacune aura ses consquences et ses ncessits :et c'est l ce qu'il importe de savoir et de demander l'exp-rience des sicles.

    C'est je crois en France qu'on voit les plus beaux exemples

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    GLISES von l ES 265

    Rg. io;S. Portail Je la cathdrale d'Angoulcme.

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    266 ELEMENTS ET THEORIE DE L ARCHITECTUREdes glises votes en berceau. Si l'intrieur en reste toujoursimparfait, il s'y trouve des faades remarquables, surtout peut-tre dans les absides, mais d'ailleurs sur toutes les faces du

    Fig. 1059. Portail de l'glise de Moissac.monument. La composition n'a pas encore la grandeur qu'elleatteindra plus tard, avec les puissants lments qui assurent sonunit de la base au sommet : vous ne trouverez pas dans cesanciennes glises la grandeur monumentale de Notre-Dame deParis par exemple. Mais les morceaux exquis abondent. Rien

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    GLISES VOTES 267n'est plus lgant de proportions, plus empreint de got, plusjuste d'effet que le portail de Notre-Dame de Poitiers, un peulourd toutefois, et dont la faade de la cathdrale d'Angoulmerappelle la composition avec plus d'lgance (fig. 1038); queceux de Sainte-Croix de Bordeaux, de Moissac (fig. 1039); que,dans un esprit svre et imposant, les faades d'Ainay Lyon,de Notre-Dame-du-Port Clermont; enfin que ces joyaux

    Fig. 1040. Hglisc Saint-Gilles du Gard.uniques, la faade de Saint-Trophime Arles, et de Saint-Gillesdu Gard (fig. 1040).Comme ces glises taient moins leves qu'on ne les fitplus tard, les faades ne pouvaient avoir ce caractre en quelquesorte triomphateur des glises des sicles suivants, dominanttoute une ville par leur lvation. N'ayant pas chercher ceprestige lointain, travaillant en gnral pour des emplacementstroits et encombrs, les architectes se sont attachs surtout aumorceau visible, le porche, le portail, la chapelle saillante. En

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    268 LMENTS ET THORIE DE LARCHITECTUREgnral, il y a opposition entre la richesse de ces parties trsdcores et la simplicit rustique du monument.

    Remarquez aussi le grand rle que commence jouer lasculpture dans l'architecture religieuse.

    Longtemps le Christianisme fut l'ennemi implacable de lasculpture. Reprochant au paganisme son idoltrie, il devait con-fondre la reprsentation des divinits antiques avec ces divinitsmmes, voir dans la statue du lieu l'idole elle-mme, 'voir lesfaux dieux dans l'image grossire ou parfaite. Aussi dtruisit-ille plus qu'il put de statues antiques, mutilant des chefs-d'uvresans remords : les idoles renverses violemment et brises parPolyeucte auraient pu tre des merveilles de Phidias !

    Cet acharnement la destruction fut surtout l'uvre de lasecte des Iconoclastes (briseurs d'images). Si la Vnus de Milo n'aplus de bras ni de pieds, si les caryatides d'Athnes sont sanspieds, sans bras, sans nez, si les mtopes et les frises du Par-thnon sont mutiles et camardes, la cause en est l. Onchafaudait un monument pour que des tailleurs de pierrepussent aller, la masse et au ciseau, dtruire les ttes, les mains,les pieds des dmons.Tant que dura ce fanatisme nfaste bien autrement des-tructeur que les barbares le Christianisme ne songea pas des reprsentations graphiques. Aussi, les premires basiliquesfurent-elles dnues de toute sculpture; puis, timidement, fur-tivement, pourrait-on dire, on reprsenta sur les linteaux de laporte les anges protecteurs de l'glise. Puis enfin, ces luttesune fois oublies, on comprit que toute religion a besoin desarts, qu'il tait ncessaire de donner aux nophytes et aux illet-trs une ide de l'histoire sacre et des dogmes; de l les statuesdes saints, des anges, la reprsentation du jugement dernier, del'enfer et du paradis, pour agir sur les imaginations, en un motla propagande par l'image sculpte.

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    GLISES VOUTEES 269Voyez ces monuments, tudiez-les avec tout votre respect :

    vous ne les copierez pas, je l'espre du moins, mais vous ytrouverez une leon touchante de dvouement artistique et derecherche passionne du progrs.Comme je l'ai fait en vous parlant des glises composes encroix grecque, je me bornerai ici vous signaler l'analogie deproblme qui existe entre ces vieilles glises romanes et desglises modernes. Certes, la chapelle de Versailles est d'unearchitecture trs diffrente de celle de l'glise d'Issoire; etcependant, le problme est le mme. A Paris, la nef du Val-de-Grce, part des fentres en pntration, est vote en berceaucomme celle de Saint-Sernin de Toulouse. Mais l s'arrte l'ana-logie, et je ne puis assez largir le cadre de chaque chapitre poury faire entrer en mme temps des choses aussi dissemblables.

    Il faut donc que, quant prsent, je me limite au Moyen-ge ; le champ est suffisamment vaste!

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    CHAPITRE IXLES GLISES VOTES

    (Suite.)POUSSES LOCALISES ET RSISTANCES INTRIEURES

    SOMMAIRE. L'arc bris, dit ogive. Sa raison d'tre. Le plan del'glise command par les votes. Stabilit. Actions rciproque-ment neutralises, quilibre. Rsistances intrieures.J'aborde maintenant les glises votes pousses localises,

    c'est--dire de beaucoup les plus nombreuses, et celles qui ontdonn lieu aux monuments les plus considrables; entre celles-ci, j'aurai faire encore une distinction essentielle entre lesglises o les rsistances sont intrieures ou extrieures : diff-rence de composition au premier chef. Ce sujet embrassepresque entirement l'architecture des glises du Moyen-ge, etil me faudra d'assez longs dveloppements pour le traiter.

    Mais, franchement, je voudrais bien pouvoir rcuser l'emploide ces termes : architecture romane, architecture gothique, qui nesignifient rien, le dernier surtout, les Goths n'ayant jamais eud'architecture. Gothique est un terme de mpris par lequella Renaissance dsignait tout ce qui s'interposait entre elle etl'antique : cela signifiait tout simplement barbare . A cetteappellation on a voulu substituer celle d'architecture ogivale,tire d'lments techniques, mais qui a le tort grave de voir le

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    272 ELEMENTS ET THEORIE DE L ARCHITECTUREcaractre distinctif d'une architecture dans ce qui ne serait qu'uneapparence si l'on ne savait y voir la composition mme desmonuments ; d'autant moins juste d'ailleurs que la courbe ogi-vale se trouve dans des difices invariablement classs commeromans (ainsi la section de la vote en berceau de Saint-Tro-phime est une courbe deux centres) et que cette courbe estabandonne dans des glises, comme Saint-Eustache de Paris,qui sont encore de la grande famille du Moyen-ge par leurcomposition et le systme constructif.Comme cette forme ogivale, ou d'arc bris, se rencontrera tout instant dans les monuments que nous allons examiner,c'est peut-tre le moment d'une digression ce sujet.

    L'arc bris se rencontre et l dans des constructions trsanciennes de l'Asie; il y en a mme quelques exemples dansl'architecture antique, pour des arcs de dcharge. Nous l'avonsvu aussi dans ces glises purement basilicales et charpentes, lacathdrale de Montrale et la chapelle Palatine de Palerme. Onlui a attribu une origine orientale, persane ou arabe : sa pra-tique aurait t importe en Europe la suite des croisades.C'est possible, vraisemblable peut-tre, mais d'un intrtmdiocre. Ces explications, qui ne tiennent compte que d'unpremier fait, laissent de ct ce qui est bien autrement intres-sant connatre, c'est que l'arc bris tait un lment de con-struction presque invitable avec le parti de composition quiallait tre adopt pour les glises : c'tait presque la conditionncessaire de cette composition, du moment o l'on tendait deplus en plus les faire leves et lances.

    La construction des glises votes, pour s'affranchir destimidits des votes que je vous ai dcrites, devenait de plusen plus difficile et hardie. L'architecture du Moyen-ge, je nesaurais trop le rpter, est une lutte continuelle contre les dan-

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    GLISES VOUTEES 273gers de la vote : ce danger, c'est la pousse : premire raisonpour chercher un arc qui pousst moins que le plein cintre,c'est--dire un arc surlev. Or, de toutes les formes qu'on peutdonner un arc surlev, ellipses d'un trac et d'une excutiondifficiles, courbes plusieurs centres, la plus simple est lacourbe deux centres, qui conserve le cercle comme gnrationgomtrique; et ce qui est plus facile tracer est aussi plusfacile excuter.

    Et remarquez bien que si l'arc bris ou l'ogive avait t l'im-portation d'une mode, rompant subitement avec une modeabandonne, on n'assisterait pas cette transformation graduelleet presque insensible que rvlent les monuments : les pre-mires ogives sont peine surhausses par rapport au demi-cercle; c'est par des loignements successifs des centres que lacourbe arrive a sa forme franchement accuse.

    Mais une autre raison l'appelait encore plus ncessairement.Les votes du Moyen-ge, vous ai-je dit, sont composes d'arcsindpendants et de remplissages. Arcs et remplissages setrouvent galement dans les votes romaines, mais au mmenu : sur le cintre gnral de la vote gnrale les architectesromains pouvaient tracer les arcs : qu'ils fussent simple ou double courbure, circulaires ou elliptiques, il n'y avait aucunedifficult : l'ouvrier posait les briques sur le trac, bloquaitensuite le remplissage"; au dcintrement, tout apparaissait; lemaon avait fait par exemple des arcs double courbure sans lesavoir. Rien de tel n'est possible avec la vote du Moyen-ge,ou pour parler plus exactement avec la construction d'arcs quiporteront une vote. C'est l'arc qui doit tre cintr et appareill,trac au pralable en pure, construit avec des voussoirs taillsd'avance. Il faut donc que cet arc soit d'un trac sr, d'un appa-reil facile, d'une excution mathmatique.

    lments et Thorie le l'Architecture. III. 18

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    274 ELEMENTS ET THEORIE DE L ARCHITECTUREOr, si je suppose le cas le plus simple, la croise d'ogive sur

    plan carr, et si je la construis au moyen de six arcs, savoir :deux arcs-doubleaux en travers de la nef, deux arcs formerets lelong des murs latraux, et deux arcs diagonaux, il se pro-duira de deux choses l'une :Ou les arcs seront de mme forme, demi-circulaires parexemple (c'est le plus simple) et alors les arcs diagonaux ayantpour diamtre la diagonale du carr tandis que les formerets

    Fig. 1041. Croise d'ogive surplan carr, tous les arcs tracs enplein cintre. Remplissages enportions de sphre.

    Fig. 1042. Croise d'ogive surplan carr, clefs de niveau, arcsdirecteurs en plein cintre, arcdiagonal en ellipse surbaisse.

    ont le ct pour diamtre, les arcs diagonaux s'lveront unehauteur plus grande (fig. 1041); la clef de la vote sera plushaute que celle des arcs-doubleaux et formerets, et la surfaceenveloppe coupe par des demi-cercles suivant ces arcs, et aussisuivant ses diagonales, sera tout simplement une sphre. Cettevote sera en somme une vote sphrique pendentifs, soute-nue par deux arcs diagonaux. Et tel fut en effet le passage dela vote en pendentifs la vote sur arcs indpendants.Ou bien l'architecte voudra que les clefs soient de niveau ou peu prs. Alors, les arcs ne peuvent tre semblables. Si lesarcs-doubleaux et formerets sont en plein cintre, l'arc diagonal

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    GLISES VOTES 275sera une ellipse surbaisse dont les axes seront dans le rapport dela diagonale au ct du carr (fig. 1042). Si ce sont les arcsdiagonaux qui sont plein cintre, les arcs-doubleaux et formeretsseront des ellipses surhausses avec le mme rapport entre lesaxes.

    Mais un arc en ellipse, surbaiss ou surhauss, est d'un tracdifficile, passible d'erreurs ; d'une excution difficile, car lesvoussoirs sont constamment diffrents, et ne peuvent guretre prpars d'avance avec certitude. Il se posait donc ce pro-blme :

    tant donns deux arcs, qui doivent avoir mme hauteur etdes bases diffrentes, trouver la courbe qui permette pour cesarcs une excution facile.

    La solution devait tre ncessairement l'arc bris, qui permetles mmes hauteurs de clefs, et qui permet le trac des vous-soirs sur une courbe toujours circulaire, et l'excution parvoussoirs identiques ce qui est d'importance capitale. Et l'onaura alors le cas si frquent dans l'architecture du Moyen-ge :les arcs diagonaux tracs en demi-cercle, et les arcs de tte enarc bris de mme hauteur (fig. 1043).Mais ce cas simple est l'exception, et dans les plansdes glises du Moyen- ge, vous verrez presque toujoursla vote d'arte couvrir une surface rectangulaire, tandisque dans l'architecture antique elle couvre presque toujoursune surface carre. Si vous vous reportez nos tudesdes lments d'architecture, vous vous rappelez que, sur unplan de trave rectangulaire, et mme dans la vote stroto-mique, la vote d'arte cylindrique aboutit l'une ou l'autre deces combinaisons : ou le petit cylindre est demi -circulaire etalors le grand est elliptique surbaiss ; ou le grand cylindre estdemi-circulaire, et alors le petit est elliptique surhauss. Si donc

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    276 ELEMENTS ET THEORIE DE L ARCHITECTUREon veut comme on le voulait au Moyen-ge que les arcspuissent toujours se tracer au compas, il faut pour que la votede la nef ou d'un bas ct ne soit pas aplatie, que les votestransversales de la nef dpassent elles-mmes en hauteur la sec-tion demi-circulaire (fig, 1044). Et il faut remarquer que si lesplus anciennes votes de nefs sont presque toutes sur plan carr,comme les votes des salles de Thermes, celles des bas cts

    Fig. 1043. Croise d'ogive surplan carr, clefs de niveau, arcsdirecteurs en ogive, arc diagonalen plein cintre.

    Fig. 1044. Croise d'ogive surplan rectangulaire, arcs directeursogivaux, arc diagonal pleincintre.

    sont souvent sur des traves rectangulaires. Du reste, que cestraves soient carres ou rectangulaires, les considrations queje viens d'exposer pour les nefs s'appliquent ncessairementencore aux votes des bas cts. Il est vrai que ce cintre pour-rait rester demi-circulaire ses extrmits, par exemple lesarcades entre la nef et les bas cts pourraient rester en pleincintre; mais alors, elles s'lvent sensiblement moins haut quela vote des bas cts, et la pntration va en montant dutympan la clef; c'est ce qu'on ne voulait pas : on voulaitdeux choses : rduire au minimum le poids mort au-dessus desarcs et introduire le plus de lumire possible dans la nef. Pourcela, il fallait que les arcs latraux atteignissent la hauteur mme

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    GLISES VOTES 277de la vote ; et, tant donn d'ailleurs que les naissances desvotes, des arcs, et de tout ce qui se pntrait devait tre unmme niveau, une courbe plus leve que le demi-cercletait une ncessit. Et cette courbe surleve, c'tait ici encorel'arc bris qui en donnait la solution la plus simple et la plusfacilement excutable.Tout cela est un peu aride, un peu gomtrique, mais c'est

    l'explication architecturale d'un mode de construction qui a per-sist pendant trois sicles. Ne voyez donc pas dans l'ogive unesimple mode, une simple habitude d'une poque : voyez-y cequi est, un lment constructif, logique et ncessaire, de l'archi-tecture que nous allons tudier : un lment de raison, et nonun lment de fantaisie.Ces considrations de pousse et de niveau des clefs d'arcssont, il est vrai, imprieuses dans les combinaisons de votes,et le sont beaucoup moins dans les faades o les arcs, percsdans des murs pleins, sont forcment contre-buts par la massedu mur. Au point de vue purement statique, il serait trsrationnel que Notre-Dame par exemple et ses arcs de nef enogive, et que ses portails fussent en plein cintre. Mais l'harmo-nie n'existerait plus, et il tait naturel que le trac ogival desarcs de vote et pour consquence le trac ogival des arcs defaades, portes, fentres, etc. Pour moi, et quelle que soit icil'histoire, c'est la vote qui devait appeler l'ogive, et c'est l'ogivedes votes qui devait appeler l'ogive des baies dans les murs.

    Je vous ai entretenu tout d'abord de l'ogive ou arc bris,parce que c'est l'lment le plus usuel des glises votes pousses localises. Excusez cette digression, je reviens monsujet, et je veux tout d'abord appeler une fois de plus votreattention sur les consquences du parti adopt pour les votes,

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    278 LMENTS ET THORIE DE LARCHITECTUREau point de vue du plan, c'est--dire de la composition gn-rale de l'difice.Au risque de me rpter, je rappellerai encore ici les principesque je vous ai exposs plus haut, en vous parlant des votesen gnral :En mcanique, ou si vous le prfrez en dynamique, on peut

    se proposer deux objectifs absolument diffrents : la stabilit oule mouvement. Le mouvement est le but de toutes les combi-naisons qui tendent dplacer les corps, telles que la balistique,les locomotions : pour nous, le mouvement reste l'tat excep-tionnel, pour des applications spciales, telles que l'hydraulique,la ventilation, le chauffage; mais en gnral, et notammentpour la composition architecturale, nous n'avons connatre leslois du mouvement des corps que pour le combattre : la stabi-lit, qui est la ncessit premire des constructions, n'est obte-nue que par la suppression, l'annihilation du mouvement.

    Mais si nous devons arriver supprimer le mouvement, ilne dpend pas de nous de supprimer les actions. Dans le reposimmuable de l'difice construit, il y a des actions, temporairesou permanentes, qui tendent le ruiner ; ce sont les pressions,les pousses, les tractions, les flexions, qui toutes peuvent seconcevoir comme des modes divers d'application de la pesan-teur sans parler ici des actions chimiques ou physiques quitendent l'altration ou la dcomposition des matriaux.Pour que la stabilit existe, ou en d'autres termes pour que cesactions restent inoffensives, il faut que des rsistances suffisantesleur fassent obstacle : si la rsistance se trouvait exactementgale l'action, il y aurait quilibre, mais quilibre instable :l'quilibre stable n'est obtenu que si les rsistances sont sup-rieures aux actions. C'est la loi fondamentale de l'architecture.Rsistances d'ailleurs aussi diversement combines que les

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    GLISES VOUTEES 279ictions sont elles-mmes diverses. Ainsi donc, toute actiondoit correspondre une rsistance approprie, sans quoi il n'y aplus stabililit : l'action verticale de la pesanteur des construc-tions, vous opposez des piliers de section suffisante pourrsister l'crasement ; l'ac-tion incline des pousses,vous devez opposer des r-sistances qui par leur masseet leur direction neutralisentces actions; si la poussen'a lieu qu'en des points d-termins, c'est en ces pointsque la rsistance est utile ;donc aux pousses localisescorrespondent des rsistanceslocalises. Nous l'avons cons-tat propos des salles dethermes des Romains; cemme principe prside lacomposition des glises duMoyen-ge, et des glisesmodernes. Et ce sujet, jevous montrerai tout de suitele plan de la cathdraled'Amiens qui est un exemplefrappant de cette vrit (fig. 1045). Dans cette glise si grande,aux combinaisons multiples, vous voyez clairement des pointsde faible section qui ne sont videmment faits que pour porterune charge verticale, puis dans diverses directions des pointsd'appui rectangulaires disposs pour rsister des actions hori-zontales, dans le sens mme de ces actions.

    j, : : zFig. 1045. Cathdrale d'Amiens. Plan.

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    280 LMENTS ET THORIE DE L ARCHITECTUREIl est peine besoin d'indiquer que les actions verticales sont

    les moins redoutables, ou en tous cas les plus faciles neutra-liser et aussi calculer. La pierre est dans sa fonction naturellelorsqu'elle n'a rsister qu' des efforts de pression verticale, oud'crasement. Il est facile alors de calculer approximativement lepoids des constructions supportes par un pilier, et de dter-miner en consquence la section de ce pilier, en tenant comptede la rsistance de la pierre employe. Cependant, ce point devue mme, il y a des dangers ne pas ngliger, car il y a dansnos glises des points trs chargs, par exemple sous les tours,aux angles des transepts ou sous des retombes de coupolesleves. Mais l'action renversante est de beaucoup la plus dan-gereuse : voyez un pilier isol quelconque : pour l'craser sousla pression d'un poids purement vertical, il faudrait une actionque vous sentez bien devoir tre norme. Ainsi un ft cylin-drique compos d'une pierre dure pouvant rsister